La Passion de l'Église

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  • Le Retour des juifs à Jérusalem & en terre d'Israël dans nos temps modernes : signe formel de la fin des temps.

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  • La vraie et seule solution du problème de la cohabitation des juifs et des arabes en Terre sainte, ou le miracle extraordinaire de la théandrie.

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  • La canonisation de Jean-Paul II : une "si grande contradiction" (He XII, 3).

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  • L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église catholique ?

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Les Évêques Réclamants d'Angleterre réclament une seconde fois près le pape Pie VII...

 
 
 
Les Évêques Réclamants d'Angleterre
réclament une seconde fois près le pape Pie VII...
 
 
 
 
"Voici que le dominateur,
le Seigneur des armées,
va ôter de Jérusalem et de Juda
l'homme valide et l'homme fort,
toute la force du pain et toute la force de l'eau,
l'homme fort et l'homme de guerre,
le juge et le prophète, le devin et le vieillard,
le chef de cinquante et l'homme au visage vénérable,
le conseiller, les plus sages d'entre les architectes,
et ceux qui ont l'intelligence des paroles mystiques.
Je leur donnerai des enfants pour princes,
et des efféminés domineront sur eux"
(Is. III, 1-4)
           
        ... Que prophétise par-là de précis Isaïe, le plus grand des prophètes de Yahweh, et qui nous regarde si fort, tellement fort ?
           
        En ce qui concerne notre ère post-révolutionnaire, il prophétise que le Dieu de Sainteté et de Justice, qui a créé l'homme avec une colonne vertébrale sur le plan spirituel plus encore que sur celui physique, est tellement fâché de voir sa créature la plus parfaite faite "à son image et ressemblance" (Gen I, 26) consentir depuis la Révolution à s'avilir ignominieusement devant Lui, en se comportant, dans ses devoirs d'Amour et de Religion envers Dieu et envers son prochain, comme un mollusque flasque, de la gélatine molle, un ectoplasme de zombie heureux de l'être, qu'Il a décidé d'ôter de ce peuple indigne tout chef et guide qui ressemblerait à un homme avec une colonne vertébrale. Car le peuple a les chefs qu'il mérite ; et on est toujours puni par où l'on a péché et par où l'on persiste à pécher encore. Et l'on a péché et on pèche encore, depuis la Révolution, essentiellement en tuant quant au Politique et en prostituant quant au Religieux, les Institutions de salut données par Dieu à l'homme pour qu'en en usant, il vive avec une colonne vertébrale.
 
        Voilà le grand châtiment du monde des hommes venant après la Révolution, qui, en vérité, n'est plus un monde d'hommes réels mais un monde d'hommes fantomatiques : Tout gouvernant avec une colonne vertébrale, autrement dit qui sait et met en pratique que la Vie de Dieu est la source génésiaque unique de la vie de l'homme sur cette terre sinon rien, sera ôté du milieu du peuple. Comme s'était écrié Léon Bloy, le plus grand des petits prophètes modernes, il y a déjà plus d'un siècle à présent : "Après les hippopotames, nous avons droit aux tapirs !", c'est-à-dire que des invertébrés indignes à face humaine de toutes sortes, sans jamais être autre chose que des invertébrés qui ont "oublié" qu'ils sont des hommes, par ailleurs mâles ou femelles, se succèdent et se succèderont les uns après les autres pour gouverner les hommes sans colonne vertébrale, c'est-à-dire sans Dieu, tant que le châtiment post-révolutionnaire divin durera...
 
        Quant à la massa damnata, comme disait saint Augustin en parlant des foules qui suivent les maximes du monde et sa séduction, les gouvernés qui, depuis la Révolution, boivent les "droits de l'homme" comme de l'eau et sont donc en train de se damner (sans pour autant qu'il faille en conclure qu'ils se damneront certainement, Notre-Dame à Fatima nous ayant demandé de prier expressément pour qu'il n'en soit pas ainsi : "Ô mon Jésus... prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde"), de ces peuples indignes désormais gouvernés pour leur punition par des hommes sans colonne vertébrale, voici ce qu'on en peut dire :
           
        "[Ce peuple dégénéré et corrompu] a autant de nerf et de ressort moral qu’une holothurie [= classe d'animaux marins au corps mou et oblong, dénuée de toute structure osseuse] rejetée sur la plage et attendant flasquement la prochaine vague. Son problème est justement l’absence totale de conviction de quelque bord que ce soit, car elle n’est pas CAPABLE d’avoir des convictions. Le fait est que cette entité collective amorphe suivra mollement ce qui bouge, ce qui lui semble avoir le pouvoir, ou même parler le plus fort. Donc pour le moment elle suit les satanistes aux manettes, mais à part constituer un bloc compact mais informe et inanimé, elle ne sert à rien.
           
        "Est-ce ce poulpe mongolien que les optimistes prétendent éveiller ? Mais chers amis, ce poulpe n’a ni pensée ni mouvement propre sauf celui que lui donne la gravité terrestre : lâché d’une certaine hauteur, il tombe jusqu’à atteindre le sol, où il reste immobile. Retournez le bocal (= renversez le pouvoir actuel) et l’acquisition d’une énergie potentielle le fera tomber à nouveau, c’est à dire qu’il suivra le nouveau pouvoir. Que le terme énergie ne vous donne pas de faux espoirs le concernant, il est bien trompeur dans son cas. Il est possible qu’une partie de la masse poulpesque réagisse, autant qu’elle en est capable du moins, lorsque les tyrans [qui la gouvernent] se mettront réellement à «décompenser», comme on parle en psychiatrie, c’est à dire lorsqu’ils passeront à l’action sanglante, ce qui ne saurait guère tarder je le crains. Même là, je pense pourtant que la majorité se laissera exterminer physiquement sans guère réagir, ou tout au plus ce sera la réaction purement nerveuse, et… quelque peu tardive, du canard qui court sans sa tête.
           
        "Le paysage de notre fin des temps étant ainsi brossé, force est de constater qu’au fil de mes méditations sur ce blog, quoique par des chemins divers, je reviens toujours à la même conclusion : en ces temps probablement terminaux, ce que Dieu demande de nous est notre sanctification. Comme dans tous les autres temps de l’Histoire, me direz-vous. Certes, mais le fait que nous soyons sortis ou sur le point de sortir de l’Histoire, ne fait que rendre plus évidente cette exigence, puisqu’on peut dire en simplifiant que ce qui était jusqu’alors notre priorité est devenu par la force des événements eschatologiques notre unique but ou devoir. Dieu nous a tellement ôté toute possibilité d’œuvrer à autre chose qu’il semble difficile de ne pas le comprendre (sauf à vouloir rejoindre la montagne flasque et gluante des holothuries : Dieu nous en garde !)" (L'impuissance et l'indispensable abandon, La Mésange, 15 novembre 2021, cf. https://blogdelamesange.wordpress.com/2021/11/15/limpuissance-et-lindispensable-abandon/).
           
        Isaïe résume très-bien l'affreuse situation applicable à notre monde post-révolutionnaire, ainsi : "Jérusalem chancelle et Juda va tomber, parce que leurs paroles et leurs œuvres sont contre le Seigneur, pour provoquer les yeux de Sa majesté. L'aspect de leur visage témoigne contre eux, et ils ont publié hautement leur péché comme Sodome, et ils ne l'ont point caché. Malheur à leur âme, parce que des maux sont tombés sur eux !" (Is III, 8-9).
           
        Ce qu'Isaïe prophétise là est très-clair pour notre monde de prévarication tous azimuts depuis la Révolution : non seulement les hommes n'ont plus de colonne vertébrale depuis qu'ils ont tué ou prostitué les Institutions politique et religieuse de salut données à l'homme par Dieu et son Christ-Messie, en proclamant orgueilleusement à la Face de Dieu les "droits de l'homme" par lesquels ils prétendent subsister et se sustenter par eux-mêmes, avec eux-mêmes et en eux-mêmes, dans une pseudo-liturgie sataniquement à l'envers, per ipsum et cum ipso et in ipso (car, en effet, l'authentique droit de l'homme n'existe que parce que le Droit de Dieu existe et le fait subséquemment exister), mais en outre, "mettant leur gloire dans ce qui est leur honte" (Phil III, 19), ils montrent devant la Face de Dieu et devant leur prochain, avec une arrogance et une impudence extrêmes et extrêmement insupportables, leur fierté d'être... sans colonne vertébrale, c'est-à-dire sans vouloir plus jamais que le Principe surnaturel donnât vie, innervât, celui seulement naturel, excommuniant en leurs âmes au moins implicitement ce qui vient de Dieu, le juste et le bon, l'intelligent et le vertueux, le beau et le distingué, le divin et la stabilité éternelle, la paix joyeuse et la force virile, pour ne plus faire de ces charismes divins dans leur vie humaine dégénérée que des succédanés très-damnés.
           
        ... Évidemment, si on fait une application étroite et étriquée de cette grande prophétie d'Isaïe à l'actu qui buzze et le buzz de l'actu, comme je le faisais pour commencer le discours de fond de mon dernier article, par exemple en l'appliquant au récent remaniement ministériel du pseudo-gouvernement constitutionnellement athée qui régit actuellement la France pour la punition des français, on ne peut qu'être extrêmement frappé de sa formidable justesse de vue et précision... surtout quand on a devant les yeux la mignonnette non moins que poupinette figure de celui qui s'est et qu'on a catapulté dans le rôle de premier ministre pseudo (je crois que si on pressait le nez de cet enfant efféminé, comme dit Isaïe, sûrement il en sortirait encore du lait, car il est permis de douter qu'il soit encore sevré...).
           
        Mais est-il besoin de dire que l'application de la prophétie d'Isaïe à notre époque formatée par la Révolution est beaucoup plus large et générale. Elle ne concerne évidemment pas que la sphère politicarde, la politicaillerie basse, méprisable et sordide du moment, elle concerne surtout celle religieuse par excellence, celle catholique à son plus haut sommet pontifical, et, plus encore, en fait, elle regarde toute la sphère métaphysique de l'homme, tout son cosmos salvifique, tout le domaine de l'homme et de l'humanité ordonné à son salut.
           
        C'est en effet d'une manière vraiment universelle que, depuis la Révolution, il n'y a quasi plus d'hommes sur la terre, ni dans les gouvernants ni dans le peuple ni surtout dans l'Église, plus d'hommes tel que Dieu l'a créé avec une colonne vertébrale, comme vivant de Dieu et ayant conscience que Dieu le fait vivre, qu'il tire de Dieu sa propre vie terrestre et passagère non pas seulement lors de sa naissance mais plus encore si l'on peut dire, jour après jour, instant après instant. Et Isaïe nous dit bien pourquoi, plus loin dans sa grande prophétie, c'est dans son ch. LIX, qui se peut résumer ainsi : "Il n'y a plus d'homme parce que la Vérité est à terre".
           
        Or, la Vérité, c'est Jésus-Christ, le Verbe de Dieu incarné qui s'est déclaré "Voie, Vérité et Vie" (Jn XIV, 6), par qui "toutes choses ont été faites [tout spécialement, l'homme, bien sûr], et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui. En Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes" (Jn I, 3-4). Et Jésus-Christ, Vérité incarnée qui fait vivre l'homme avec sa colonne vertébrale, a, dans son Amour ineffable pour l'homme, instauré une société en adéquation avec elle, à savoir 1/ la Société très-chrétienne sacrale, basée constitutionnellement explicitement sur le Christ, qui, pour faire court, originée à la Noël de l'an 496 par le premier roy très-chrétien, Clovis 1er, au moyen de la Sainte-Ampoule, fut détruite et assassinée radicalement au for public dans la très-sacrilège décapitation de son dernier successeur, Louis XVI, l'an 1792, et 2/ l'Église catholique, apostolique et romaine vivant intégralement au for public de la bonne Foi et dans les bonnes Mœurs, ce qui n'est plus du tout le cas depuis le Concordat au niveau des Mœurs, et encore moins depuis Vatican II, la corruption des Mœurs ayant envahi et corrompu la Foi, tout étant depuis lors entièrement corrompu au for public dans l'Église, prostitué à la Bête apocalyptique.
           
        Si en effet l'Église, contrairement à la première Institution politique de droit divin, ne fut pas radicalement détruite au for public lors de la Révolution, elle n'en fut pas moins radicalement subvertie par le principe révolutionnaire dès cette époque, tout en restant vivante, au moyen collaborationniste du Concordat napoléonien, dès 1801, ce qui la mit sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53) et la fit rentrer, dès le sortir immédiat de la Révolution, dans l'économie de la Passion du Christ, étant dès lors "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), sous le rapport des seules Mœurs pour commencer (en attendant que lesdites Mœurs corrompues corrompent la Foi, ce qui aura lieu quelqu'un siècle et demi plus tard, à Vatican II), dans l'attente de sa mort sur la croix, qui aura lieu lors du règne de l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps. Mort qui ne saurait plus tarder à présent, car "quant à l'échéance, elle est surabondamment indiquée par ceci qu'il n'y a presque plus moyen d'attendre, et que l'holocauste va empuantir l'univers, s'il n'est pas bientôt consumé" (Le fils de Louis XVI, Léon Bloy, ch. II).
           
        Mais seuls les hommes avec une colonne vertébrale, dignes de Dieu, vivant de la Vérité intégrale (et non intégriste), peuvent se rendre un compte exact, devant Dieu et dans le miroir de leur âme, de cette vraie situation, affreuse et surnaturellement épouvantable, tous les autres, qui ont abdiqué leur dignité d'homme vivant de Dieu, qui rampent sur la terre en avalant la poussière du sol, ne peuvent plus en prendre conscience...
 
Holothuria fuscopunctata Maldives 1024x768
Homme moderne après la Révolution...
... Oooôooh pardon !! HOLOTHURIE
       
        Ces hommes avec colonne vertébrale, qui ont gardé la Foi intégralement avec les bonnes Mœurs politiques constitutionnelles, sont connus de l'Histoire, quoiqu'il faille devoir se servir d'un microscope très-puissant pour les apercevoir, et même du télescope Hubble, car, comme dit la prophétie, ils sont si peu nombreux qu'ils tiendraient ensemble sous un pommier : ce sont les anti-concordataires catholiques. Et, catholiques, eux seuls, en effet, le sont véritablement, intégralement et authentiquement. Eux seuls, effectivement, ont su garder l'intégralité de la Foi avec l'intégralité des bonnes Mœurs, entendues au sens large et complet du mot, qui inclue suréminemment le domaine Politique constitutionnel.
           
        Nous avons déjà pu nous en rendre compte en étudiant dans mon précédent article les premières Réclamations, etc., des Évêques Réclamants au pape Pie VII, par lesquelles ils dénonçaient son sacrilège attentat contre l'Ordre épiscopal fondé par le Christ c'est-à-dire en fait contre la Constitution divine de l'Église elle-même, en démissionnant de force tout le corps épiscopal national français légitime d'Ancien-Régime (sans même parler de son non moins sacrilège attentat contre le criterium paulinien de validité des sociétés politiques enseigné en Rom XIII, en osant réputer valides et légitimes les nouveaux pouvoirs politiques athées issus de la Révolution, à commencer par l'État français de Napoléon, rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire co-contractant, un de ces pouvoirs invalides, l'État français de Napoléon, ce qui était ipso-facto le réputer être valide).
           
        Dans ce nouvel article, nous allons continuer à voir où se trouvent la vraie Foi et les bonnes Mœurs intégrales en étudiant la seconde mouture de leurs Réclamations, etc., aussi catholiquement forte, c'est le moins qu'on puisse en dire, que la première...
           
        Auparavant, cependant, avant de rentrer dans la chair du sujet, il ne me semble pas du tout inutile de méditer le descriptif que, dans le ch. LIX, Isaïe nous fait du monde des hommes sans colonne vertébrale de la post-Révolution, parce qu'ils ont tué la Vérité qui est Jésus-Christ en détruisant ou prostituant les Institutions politique et religieuse de salut qu'Il avait créées pour la faire vivre parmi les enfants des hommes. Considérons avec soin comme ce descriptif est criant de vérité sur notre situation. Jugez-en vous-même, amis lecteurs, je détache chaque verset, car ils méritent vraiment qu'on les rumine lentement, au profond et dans l'intime de nos âmes :
           
        "Ce sont vos iniquités qui ont mis une séparation entre vous et votre Dieu, et ce sont vos péchés qui Lui ont fait cacher Sa face pour ne plus vous exaucer" (v. 2).
           
        "Car vos mains sont souillées de sang, et vos doigts d'iniquité ; vos lèvres ont proféré le mensonge, et votre langue dit l'iniquité" (v. 3).
 
        "Personne n'invoque la justice, et personne ne juge selon la vérité ; mais ils se confient dans le néant et disent des vanités ; ils conçoivent l'affliction, et ils enfantent l'iniquité" (v. 4).
           
        "C'est pour cela que l'équité s'est éloignée de nous, et que la justice ne nous atteint pas. Nous attendions la lumière, et voici les ténèbres ; la clarté, et nous marchons dans l'obscurité" (v. 9).
           
        "Nous tâtonnons comme des aveugles le long des murs, nous marchons à tâtons comme ceux qui n'ont pas d'yeux ; nous nous heurtons en plein midi comme dans les ténèbres, nous sommes dans l'obscurité comme les morts" (v. 10).
           
        "Nous rugissons tous comme des ours, nous soupirons et nous gémissons comme des colombes ; nous attendions le jugement, et il n'est pas venu ; le salut et il est loin de nous" (v. 11).
           
        "Car nos iniquités se sont multipliées devant Vous, et nos péchés témoignent contre nous, parce que nos crimes nous sont présents, et nous connaissons nos iniquités :" (v. 12).
           
        "nous avons péché et nous avons menti contre le Seigneur ; nous nous sommes détournés pour ne pas marcher à la suite de notre Dieu [c'est exactement ce que la Révolution a fait faire aux enfants des hommes, abominablement cautionnés et confortés dans leur rébellion contre l'Institution de salut sociopolitique très-chrétienne par les papes modernes concordataires à partir de Pie VII], pour proférer la calomnie et la violence ; nous avons conçu et fait sortir de notre cœur des paroles de mensonge [= nos nouvelles structures politiques constitutionnellement athées sont aussi valides et légitimes que celles de l'Ordre très-chrétien, si, si !, c'est pourquoi, dira Pie VII, il faut leur faire serment d'obéissance !, c'est pourquoi il faut prier pour leur salut à l'église !, c'est pourquoi il faut attribuer à ces pouvoirs politiques athées les "droits et prérogatives" réservés à l'Ordre très-chrétien !, comme ce pape dégénéré osera le formuler dans les art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat]" (v. 13).
           
        "Et la justice s'est retournée en arrière, et la justice se tient éloignée, parce que la vérité a été renversée sur la place publique, et que l'équité n'y a pu entrer" [Depuis la Révolution confirmée par le Concordat sacrilègement parce que religieusement, il n'y a rigoureusement plus aucune possibilité pour l'Ordre très-chrétien d'exister au for public, pour y procurer à l'homme son salut] (v. 14).
           
        "La vérité a été en oubli, ET CELUI QUI S'EST RETIRÉ DU MAL A ÉTÉ DÉPOUILLÉ [... comme cela décrit à merveille la situation faite aux Évêques Réclamants par le pape apostat de l'Ordre très-chrétien, qui leur a invalidement arraché la possession légitime de leurs églises-épouses diocésaines dans l'iniquité la plus totale !]. LE SEIGNEUR L'A VU, et Ses yeux ont été blessés de ce qu'il n'y avait plus de justice" (v. 15).
           
        "Il a vu qu'IL N'Y A PAS D'HOMME, et Il a été étonné que personne n'intervînt [non seulement pour dénoncer la sacrilège iniquité du Concordat de 1801, mais même après l'épopée napoléonienne, lors du concordat avorté de 1817 passé avec Louis XVIII, "personne n'intervînt" pour rétablir véritablement l'Ordre très-chrétien des diocèses, et surtout pas le pape Pie VII, perdu de démocratisme, comme vont excellemment bien nous le dire les Évêques Réclamants d'Angleterre, ainsi qu'on va le voir sans tarder] ; alors Son bras L'a sauvé, et Sa propre justice L'a soutenu" (v. 16).
           
        "Il S'est revêtu de la justice comme d'une cuirasse, et Il a mis sur Sa tête le casque du salut ; Il S'est revêtu de la vengeance comme d'un vêtement, et Il S'est couvert de Sa colère comme d'un manteau" (v. 17).
           
        "Il Se vengera, Il punira dans Sa colère Ses ennemis, Il rendra à Ses adversaires ce qu'ils méritent [punition des méchants et bien sûr, en parallèle implicite, récompense des justes qui auront su garder, au moins dans l'intime de leur âme humiliée et persécutée, la Foi intégrale et les bonnes Mœurs en matière de Politique constitutionnelle, Justice certes à venir, que Dieu accomplira lors de la Parousie, après la chute de l'Antéchrist-personne... car soyons bien convaincus que plus la Justice tarde, moins elle meure, plus elle est vivante, plus elle est glorieuse et forte...]" (v. 18).
           
        Après avoir bien brossé la toile de fond, nous allons donc continuer ensemble, chers amis lecteurs, dans ce nouvel article qui sera une suite directe de mon tout dernier (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/coup-d-il-profond-sur-lactu-qui-buzze-et-le-buzz-de-lactu-invalidit-de-la-destitution-de-mgr-strickland-par-fran-ois-comme-de-celle-des-82-v-ques-fran-ais-par-pie-vii-lors-du-concordat-napol-onien-d-fense-des-v-ques-r-clamants-?Itemid=191), à entretenir notre Foi avec les seuls hommes spirituels forts de la force de Dieu qui, après la Révolution, ont eu l'insigne et très-méritoire courage de manifester sa Vérité et sa Justice intégrales, à savoir les Évêques Réclamants de Louis XVI refusant le Concordat napoléonien attentant, de par la caution pontificale très-hérétique et même apostate du pape Pie VII, à la Constitution divine de l'Église quant à l'Ordre épiscopal, non moins que plongeant l'Église de France (pour commencer ; toutes les autres nations de l'univers, dans le courant du XIXème siècle et début XXème, suivront "la fille aînée de l'Église" désormais concordatairement prostituée à la Bête de l'Apocalypse, sa vocation divine de diriger les peuples au Temps des nations fonctionnant toujours à merveille, certes, car "les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance" ― Rom XI, 29, mais fonctionnant sataniquement à l'envers, "face de Dieu dans les ténèbres" dira Léon Bloy), plongeant l'Église de France disais-je, au beau milieu des ténèbres mortifères de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint en l'obligeant sous peine de damnation à se soumettre à un pouvoir politique constitutionnellement athée, sur le plan des Mœurs (pour commencer, là encore ; cette corruption des Mœurs ecclésiales amenant infailliblement, quelqu'un siècle et demi plus tard, la corruption de la Foi, à Vatican II).
 
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        Mon lecteur se souvient sûrement que ces Évêques dont la colonne vertébrale n'était pas brisée étaient au nombre de trente-huit pour signer en 1803 la première série des Réclamation, etc., au pape Pie VII. Ce nombre d'hommes forts de l'Église réunissait là les vingt-cinq évêques de Louis XVI réfugiés en Allemagne, la plupart à Münster (... dont mes "ancêtres spirituels" si je puis dire, j'ai l'honneur insigne de nommer Messeigneurs Louis-Charles et Jean-Baptiste du Plessis d'Argentré...!), auxquels s'étaient associés treize autres, qui, quant à eux, s'étaient réfugiés en Angleterre, souvent près de Londres.
           
        Or, ceux qui étaient exilés en Angleterre rédigèrent un an après, en 1804, dans la foulée et la continuité catholiquement si forte et saintement virile des premières Réclamations, etc., une seconde série de Réclamations, etc., que cependant, pour des raisons conjoncturelles, ils ne purent faire signer par leurs pairs et frères Évêques Réclamants réfugiés en Allemagne.
           
        Mais plutôt que de faire une présentation de ces dernières, je préfère laisser parler eux-mêmes nos édifiants Pères français dans la Foi, ce sera mieux fait :
           
        "TRÈS-SAINT PÈRE,
           
        "Les Réclamations Canoniques et très-respectueuses contre différens [sic ; comme avec les premières Réclamations, etc., j'avertis que je conserverai l'orthographe vieux-françois du texte de ces secondes Réclamations, etc.] Actes relatifs à l'Église Gallicane que nous avons déjà mises aux pieds de Votre Sainteté, ont eu principalement pour objet les cinq premiers articles de la Convention conclue entre Votre Sainteté et le Gouvernement François, le 15 Juillet 1801 [= le Concordat], et ce qui a été fait ensuite pour mettre ces cinq articles à exécution.
           
        "Nous y avons représenté à Votre Sainteté, avec le profond respect qui lui est dû, et les témoignages les plus expressifs d'une soumission filiale, ce que nous avions reconnu dans l'amertume de notre âme, que, du consentement donné par Votre Sainteté à ces cinq articles et de ce qui a été fait ensuite pour les mettre à exécution, «il résulterait (contre l'intention sans doute de Votre Sainteté [... du moins, les Évêques Réclamants avaient la bonté grande et très-miséricordieuse de vouloir le croire...]) que si l'on ne se hâtait de remédier au mal [en revenant à l'ancien Ordre très-chrétien], si, par des délais, on le laissait s'enraciner, la Catholicité souffriroit un énorme préjudice ; les droits sacrés de l'Épiscopat se trouveroient anéantis ; la Constitution de l'Église se trouveroit altérée ; l'état entier de la Religion deviendroit précaire et incertain, et se verroit à la merci de tout gouvernement civil qui prétendroit dicter des lois, même en ce qui concerne les objets qui appartiennent le plus à l'ordre surnaturel» (Premières Réclamations, etc.) ; qu'enfin toutes les opérations qui avaient eu lieu jusqu'alors dans l'affaire dont il s'agit n'avaient abouti qu'à rendre l'état de la Religion Catholique en France, «plus fâcheux, et le danger de sa perte plus imminent» (Premières Réclamations, etc.).
           
        "En même temps, nous nous sommes aussi réservés «la faculté d'exposer encore d'autres griefs auxquels donnent lieu surtout la Convention conclue entre Votre Sainteté et le Gouvernement François le 15 Juillet 1801 [le Concordat] ; les Articles dits Organiques de cette Convention, publiés à Paris le 6 Avril 1802 ; et tant de faits affligeans qui ayant suivi la publication de ces deux Actes, semblent en être les fruits amers, d'où il résulte que de pernicieuses nouveautés sont introduites dans l'Église ; que la Religion de la Seconde Majesté [Notre-Seigneur Jésus-Christ et Son Église] est lésée ; qu'enfin, les droits de Dieu même et ceux des hommes sont si peu respectés que Dieu n'a plus ce que la piété lui a consacré, et que les hommes se trouvent frustrés de leurs propriétés incontestables» (Premières Réclamations, etc.) ; Griefs auxquels s'étendent nos [premières] réclamations.
           
        "Obligés, pour ne manquer à aucun de nos devoirs, de remplir cette seconde partie d'une tâche si pénible, et d'exposer ces autres griefs que, jusqu'à présent, nous n'avions fait qu'indiquer, nous commençons par celui auquel donnent lieu les articles VI, VII, Vlll, et XVI de la Convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat]. Cette marche nous semble tracée par le rang même que les trois premiers de ces articles tiennent dans la susdite Convention. Ces articles portent :
           
        "«Art. VI ― Les Évêques, avant d'entrer en fonctions, prêteront directement, entre les mains du premier Consul, le serment de fidélité qui était en usage avant le changement de gouvernement, exprimé dans les termes suivants : “Je jure et promets à Dieu, sur les saints Évangiles, de garder obéissance et fidélité au Gouvernement établi par la Constitution de la République française. Je promets aussi de n'avoir aucune intelligence, de n'assister à aucun conseil, de n'entretenir aucune ligue, soit au dedans, soit au dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique ; et si, dans mon diocèse ou ailleurs, j'apprends qu'il se trame quelque chose au préjudice de l'État, je le ferai savoir au Gouvernement”.
           
        "«Art. VII ― Les ecclésiastiques du second ordre prêteront le même serment entre les mains des autorités civiles désignées par le Gouvernement.
           
        "«Art. VIII ― La formule de prière suivante sera récitée à la fin de l'office divin, dans toutes les églises catholiques de France : “Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine, salvos fac Consules” (Seigneur, sauvez la République ; Seigneur, sauvez les Consuls).
           
        "«Art. XVI ― Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement».
           
        "Nous nous bornerons ici à considérer les effets qu'a produits le consentement donné par Votre Sainteté à de si étonnantes stipulations. Que ces effets sont déplorables !, et qu'il nous seroit difficile de peindre la douleur profonde dont leur vue pénètre des Évêques qui regardent comme un devoir sacré la fidélité inébranlable à leur légitime Souverain.
           
        "Votre Sainteté n'ignore pas que la France a un Roi légitime : elle l'a solemnellement reconnu elle-même en écrivant à cet auguste Prince, comme aux têtes couronnées, pour lui faire part de son avènement au Siège de Saint Pierre.
           
        "En effet, le 14 Mars 1800, Votre Sainteté a adressé à Louis XVIII, Roi Très-Chrétien, une lettre dans laquelle on lit :
           
        "«La divine Providence, toujours impénétrable dans Ses jugemens, a voulu nous charger du très-pesant fardeau de régir et de gouverner son Église..... Une de nos premières pensées au milieu des sollicitudes multipliées dont nous sommes accablés dans ces premiers momens, a été de faire part nous-même à Votre Majesté de la nouvelle de notre élection..... Certes, nous n'omettrons rien pour vous faire connoître notre prédilection particulière, et nous rechercherons avec empressement les occasions de pouvoir montrer à Votre Majesté quelle est notre estime et notre amour pour elle. Nous prions votre Majesté d'être persuadée de ces sentimens intimes de notre cœur, et de croire que nous ne négligerons pas d'offrir à Dieu des vœux continuels pour Votre Majesté Très-Chrétienne, à laquelle et à sa Royale Compagne, nous donnons, avec la plus grande affection de notre cœur, la Bénédiction Paternelle Apostolique (Lettre Carissimo in Christo filio nostro Ludovico XVIII, Regi Christianissimo)».
           
        "Souverain vous-même au temporel dans vos États, Très-Saint Père, en même-temps que chef visible de la Religion seule véritable, sous ce double rapport, vous n'avez assurément voulu nuire en aucune manière aux droits que tient de Dieu le successeur légitime de tant de Monarques qui ont regardé et chéri comme les plus beaux de leurs titres les titres religieux de fils aînés de l'Église, et de Rois très-chrétiens. Cependant, les quatre articles de la Convention contre lesquels nous nous trouvons maintenant forcés de réclamer, ont fait, (contre l'intention sans doute de Votre Sainteté [... veulent toujours croire par très-grande bonté nos très-indulgents Évêques Réclamants...]) sur beaucoup d'esprits, de si funestes impressions, que ces droits incontestables et consacrés par l'autorité de Dieu même, en ont souffert un énorme préjudice" (pp. 3-9).
 
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Drapeau de la France très-chrétienne
 
        Ici, pour bien comprendre la grande justesse et la très-édifiante catholicité de la réclamation faite quant au Politique par les Évêques Réclamants au pape Pie VII trahissant abominablement la Foi par ses décrets concordataires regardant le domaine Politique constitutionnel (mais faisant mine de n'en rien faire, faisant semblant dans sa susdite lettre au roi Louis XVIII, qu'on ne peut que connoter de très-hypocrite, de reconnaître la légitimité de son pouvoir royal sur la France, bien marquée par lui au moins en filigrane ― pour simplifier, je fais ici abstraction de la mystérieuse question de la survie de Louis XVII, car de toutes façons cela ne change rien au fond de l'affaire), il est excessivement important de bien saisir le fond du problème : il regarde essentiellement une question de validité et de légitimité des sociétés politiques, comme étant constitutionnellement et structurellement aptes à procurer le salut éternel de l'homme en étant basées sur le droit divin (direct pour la France et indirect pour toutes les autres Nations), et subséquemment ordonnées à la poursuite du Bien commun, tant sur le plan surnaturel que naturel, criterium fondamental de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en Rom XIII, comme je l'ai expliqué dans les premières pages de mon article précédent. Il ne s'agit nullement, qu'on le comprenne bien, d'une question de forme de gouvernement, royauté ou république, mais d'une question de fond.
           
        Qu'on saisisse donc bien que les Évêques Réclamants, ces hommes à colonne vertébrale intacte et non-brisée, ne vont pas, dans la suite de leurs Réclamations qu'on va lire maintenant, reprocher au pape Pie VII d'abandonner une forme particulière de gouvernance des peuples, à savoir la royauté, la question n'est pas du tout là, ils vont lui reprocher, à si juste et si catholique titre, à ce pape abominablement corrompu non pas même dans le républicanisme mais carrément dans le démocratisme sangniériste avant la lettre, ce dont fait (mauvaise) foi son très-exécrable sermon de la Noël 1797 (que Napoléon, l'ayant lu, qualifia de "sermon jacobin"), d'apostasier la Société politique très-chrétienne d'Ancien-Régime dans son acception large, de Clovis à Louis XVI, seule valide et légitime devant Dieu et devant les hommes jusqu'à la fin des temps (ce qu'a prophétisé l'évêque saint Rémy de Reims en sacrant Clovis), parce que basée explicitement sur le droit divin christique et ordonnée constitutionnellement et structurellement à la poursuite du Bien commun, satisfaisant donc au criterium paulinien de validité des sociétés politiques venant de Dieu, omnis potestas a Deo ; et, conséquence inévitable de cette apostasie par Pie VII de la seule Société politique valide et légitime durant tout le Temps des nations (ce qu'il ose professer dans le Concordat, en l'appelant dans l'art. XVI "l'ancien gouvernement", et déjà dans les articles IV & VI, il évoquait sans complexe le "changement de gouvernement"), ils vont lui reprocher en parallèle de réputer valide et légitime l'État français de Napoléon supplantant sataniquement en lieu et place l'Ordre très-chrétien, société politique très-assurément invalide et illégitime car rejetant formellement de se baser sur le droit divin, donc non-ordonnée au salut éternel de l'homme et ne satisfaisant nullement au criterium paulinien de validité des sociétés politiques, et subséquemment d'oser lui donner les droits juridiques fondés sur le droit divin qui n'appartiennent qu'aux sociétés politiques valides et légitimes (ce que Pie VII va oser dire dans le même art. XVI : "Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement").
           
        C'est en effet essentiellement une question de fond, et non de forme, dont il s'agit, il ne s'agit pas de royalisme ou de républicanisme, il s'agit de sociétés politiques constitutionnellement ordonnées à Dieu et au salut de l'homme, donc valides et légitimes, ou n'y étant pas constitutionnellement ordonnées, donc invalides et illégitimes.
           
        Voilà qui déjà déboute les calomniateurs hypocrites des Évêques Réclamants et des anti-concordataires, ces faux-culs de première qui remplissent tout le XIXème siècle, généralement ensoutanés, et même enturbannés comme le cardinal Pie l'évêque religieusement mondain de Poitiers, grand-phraseur et blablateur s'il en fut jamais, valet suffisant et infatué de lui-même de l'Église concordataire, aimant les honneurs de l'Église et d'y pontifier, ou encore le partisan, escrimailleur mais superficiel abbé Augustin Barruel, le P. de Clorivière même, et tutti quanti s'excitant comme des malades sans aucune Charité et encore moins de raisons théologiques valables contre les anti-concordataires, du haut de leur propre ou plutôt très-sale péché concordataire d'apostasie en matière Politique constitutionnelle, osant juger sans miséricorde la paille des anti-concordataires du haut de leur poutre concordataire, les accuser par exemple de rejeter le Concordat uniquement par leur attachement à une forme de gouvernement, le royalisme. Rien n'était plus faux, gravement calomniateur et mensonger. Mais je me réserve de régler le compte de tous ces "artisans d'iniquité" (Ps XXV, 4 ; Lc XIII, 27) qui se sont fendus à qui mieux mieux de raisonnements captieux contre l'anti-concordatisme, en finale de cet article...
           
        Car si les Évêques Réclamants s'attachent par la Foi à la Société politique d'Ancien-Régime conspuée et méprisée hérétiquement par le pape Pie VII, fieffé démocrate, ce n'est pas du tout par amour de sa forme royale, mais parce que cette dite Société d'Ancien-Régime, certes de forme royale, est constitutionnellement basée sur le droit divin, et que la nouvelle société post-révolutionnaire, républicaine, ne l'est constitutionnellement pas. C'est donc au nom d'une Foi très-pure qu'ils reprochent à si juste titre à Pie VII d'abandonner sacrilègement cette dite Société d'Ancien-Régime, seule légitime et valide devant Dieu et qui donc doit l'être identiquement devant les hommes jusqu'à la fin des temps.
           
        Nous en avons une fort belle preuve avec Mgr Jean-René Asseline (1742-1813), un des plus édifiants Évêques Réclamants de Louis XVI, né soit dit en passant dans les plus basses couches de la société, son père étant palefrenier de la maison d'Orléans, et s'étant élevé par son seul talent qui n'était pas petit, aidé et soutenu à cela par la bonne grâce de la famille d'Orléans, jusqu'à l'épiscopat. Considéré comme "un des plus savants prélats de son temps" et par ailleurs homme très-énergique dès qu'il s'agissait de la défense de la Religion, il est bon de savoir que c'est lui qui prit l'initiative près les Évêques exilés en Allemagne de rédiger les premières Réclamations, etc., que nous avons vues dans mon précédent article. Cependant, quoique très-attaché à la famille royale de France et à la personne de Louis XVIII ("il est en 1807, le confesseur du duc et de la duchesse d'Angoulême, sœur de Louis XVII et il succédera à l'abbé Henri Edgeworth de Firmont comme aumônier de Louis XVIII, à Mitau en Courlande. Il le suit en Suède puis en Angleterre et réside alors à Aylesbury près d'Hartwell"), lorsque celui-ci "lui demande dans une lettre, ainsi qu'à quatre autres prélats des plus distingués et des plus attachés à sa personne, son projet de confier à des prêtres d'élite la mission de ranimer et de soutenir chez les populations l'espoir et l'amour de la royauté, Mgr Asseline lui répond carrément le 31 octobre 1797 : «Il est impossible d'enseigner aux peuples que la religion catholique ne se lie bien qu'à la monarchie…, parce que la vérité est que la religion catholique se lie bien à toute forme de gouvernement légitime»" (cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Jean-Ren%C3%A9_Asseline).
           
        ... Et que voilà donc là le dernier mot et en même temps le premier, le mot du début, du juste milieu et de la fin de la chose, qui crée un abîme infranchissable, sans pont ni waypoint de passage, entre cette profession de Foi catholique de l'Évêque Réclamant de Boulogne-sur-Mer, et la profession de Foi apostate des papes concordataires et post, à commencer par celle de Pie VII : le mot... LÉGITIME !! Ce qui est important, effectivement, ce n'est pas tellement d'avoir des roys, des présidents, des consuls, des basileus, des archontes, ou tout ce que vous voulez, à la tête des peuples, mais de les avoir dans un gouvernement LÉGITIME, ce qui signifie, nous l'avons vu, que le gouvernement soit fondé constitutionnellement sur le droit divin (et, il est fort important de le bien comprendre, cette fondation politique sur le droit divin inclue obligatoirement le sacre du chef de l'État de droit divin, qu'on le dénomme roi ou non, le sacre étant signe topique signifiant formellement que l'autorité politique exercée par celui qui est sacré EST CELLE DE DIEU ELLE-MÊME, il n'est que le lieutenant, le tenant-lieu de cette Autorité divine qui lui est commise pour gouverner les hommes et les peuples), et qu'il soit subséquemment ordonné au Bien commun tant surnaturel que naturel. Ce que comprenait fort le dernier évêque légitime de Boulogne-sur-Mer (son diocèse fut supprimé concordatairement)... mais plus du tout le pape Pie VII ni plus aucuns de ses successeurs pontificaux qui l'ont suivi post-concordatairement sur le Siège de Pierre jusqu'à François, même les plus saints en leur for privé.
           
        Et tout l'enténèbrement mortifère de l'Église moderne vient de là : ne plus tenir compte du droit divin qui fonde l'existence métaphysique du pouvoir politique dans les Nations après la Révélation, sinon rien...
 
JeanMarieAsseline 3
Mgr Jean-René Asseline (1742-1813)
           
        Car si mon regard courroucé de sainte-colère se tourne vers les papes concordataires et post, je ne peux que constater que c'est cette question de fond super-essentielle justement, d'une Société politique valide d'Ancien-Régime contre une pseudo-société politique invalide d'État français napoléonien née des entrailles pestilentielles et diaboliques de la Révolution, question de fond qui domine toute la problématique, que tous les papes concordataires et post évacueront systématiquement et formellement de leurs raisonnements tordus, comme si elle n'existait pas, d'une manière scandaleuse presque incroyable, complètement apostate plus encore qu'hérétique, ne voulant voir mensongèrement et le plus faussement du monde la problématique que seulement sous une fallacieuse question de forme, ce qui eut pour résultat très-certain et effet damnable de cacher sataniquement à tout regard que la seule vraie question, quant aux sociétés politiques modernes post-révolutionnaires, était la question de fond, celle de la légitimité gouvernementale fondée sur le droit divin et le Bien commun, ou bien la non-légitimité.
           
        C'est tellement vrai ce que je dis que même le "meilleur" des papes post-concordataires, à savoir Pie X (1903-1914), nous donne une illustration fort honteuse de cette attitude aveuglée et mensongère des papes modernes de vouloir voir la problématique des sociétés politiques modernes sur une question exclusivement de forme, et non de fond.
           
        Pie X, en effet, pris d'instinct comme saint-patron des tradis mitigés comme les robinets entre l'eau chaude et l'eau froide, qui se satisfont des vérités diminuées (ne suivez pas mon regard), ne s'est pas du tout montré en reste de l’hérétique discours concordataire. Il est fort éloigné de dénoncer la non-ordonnance constitutionnelle des gouvernements modernes post-révolutionnaires au droit divin et au Bien commun, et donc d'avoir à les connoter formellement d'invalides et d'illégitimes, comme la Foi catholique lui en faisait cependant devoir extrême et très-grave, en tant que Vicaire du Christ-Roy.
           
        Commençons par nous pencher sur ce qu’il écrit dans sa lettre condamnant Le Sillon : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur [Léon XIII, de très-sinistre mémoire ralliériste], c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 297). Certes, Pie X dénonçait ici Marc Sangnier qui posait que le catholicisme supposait nécessairement la forme démocratique de gouvernement, et ce n'est pas notre problème. Cependant, je cite ce passage parce qu'il illustre bien que Pie X ne comprend pas le vrai problème, le problème de fond. On constate en effet déjà sans peine que dans ce que le pape Pie X dit, il manque juste... ce qu'il ne fallait absolument pas qu'il manque pour faire de son propos, un propos bien catholique en matière politique constitutionnelle : le principe de légitimité. Il manque bougrement à son propos, pourtant apparemment identique à celui tenu au roi Louis XVIII par Mgr Asseline, qu'on vient de voir (= "Il est impossible d'enseigner aux peuples que la religion catholique ne se lie bien qu'à la monarchie…, parce que la vérité est que la religion catholique se lie bien à toute forme de gouvernement légitime"), le principe de légitimité des sociétés politiques. Le propos du pape Pie X aurait été parfaitement catholique, comme celui de Mgr Asseline, s'il avait dit par exemple : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur, c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement, du moment que ledit gouvernement soit légitime, comme étant constitutionnellement basé sur le droit divin et ordonné au Bien commun". Mais on ne trouve pas cette précision indispensable pour la catholicité du propos chez le pape Pie X, qu'on est heureux de trouver en un seul mot, le si bien nommé dernier mot, chez le très-catholique Évêque Réclamant de Louis XVI, Mgr Jean-René Asseline...
           
        La vérité, c'est que le pape Pie X ne comprend pas plus que ses prédécesseurs post-concordataires (et pas plus que ceux qui le suivront, jusqu'à François), ce fond exact du problème. Arrive pour lui la grande épreuve politico-religieuse de son pontificat, la crise de la Séparation de l’Église et de l’État que ce pape dut affronter en 1904-1905. Dans un très-pénible aveuglement de l'esprit, on va voir que Pie X va y professer sans équivoque aucune le discours concordataire pontifical invariable et hérétique depuis son prédécesseur Pie VII, commun à tous les papes post-concordataires, en ce compris les plus saints en leur for privé comme c’est ici le cas, à savoir l'indifférentisme de principe quant à l'ordonnancement ou bien non des pouvoirs politiques au criterium de validité paulinien des sociétés politiques.
           
        Voyons comment il se défend, dans le feu du combat, contre les sectaires : "Ce que vont être, contre Notre présent décret et Nos ordres, les récriminations des ennemis de l’Église, il n’est point difficile de le prévoir. Ils s’efforceront de persuader au peuple que Nous n’avons pas en vue uniquement le salut de l’Église de France ; que Nous avons eu un autre dessein, étranger [!] à la religion ; que la forme de République en France Nous est odieuse, et que Nous secondons, pour la renverser, les efforts des partis adverses ; que Nous refusons aux Français ce que le Saint-Siège a, sans difficulté [...!!], accordé à d’autres [à savoir, concrètement, de créer et de choisir leur constitution politique moderne, bien sûr républicaine-démocrate basée sur les "droits de l’homme"... athées !, donc non-ordonnée constitutionnellement au droit divin et au Bien commun !, puis, comme Napoléon l'a fait avec Pie VII, d'aller ensuite et par après demander un concordat et un coup de goupillon à l’Église pour la vernir frauduleusement de légitimité ! ; ce que donc, l’Église… accepte SANS DIFFICULTÉ, Pie X ose le dire !!]. Ces récriminations et autres semblables (…), Nous les dénonçons d’ores et déjà et avec toute Notre indignation, comme des faussetés" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 393).
           
        Saint Pie X donc, dénonce avec indignation, c’est lui qui le dit, le fait qu’on veut lui imputer que la constitution républicaine ATHÉE en France lui est odieuse. Mais si elle ne lui est pas odieuse, elle lui est donc... agréable, elle lui plaît, placet ! Il ose déclarer étranger aux sollicitudes de l’Église ce qui concrètement est la non-ordonnance constitutionnelle au droit divin et à la poursuite du Bien commun des gouvernements adoptée dans les nations après la Révolution, il ose se féliciter des concordats d’essence napoléonienne impie passés avec les gouvernements des autres nations, dont les constitutions, elles non plus, ne sont pas plus ordonnées au droit divin et à la poursuite du Bien commun que celle française post-révolutionnaire. Tu quoque, filii…
           
        En vérité, comment ne point voir ici que les vicaires du Christ-... Roy, préparent de leurs propres mains pontificales les conditions politiques idéales pour le triomphe de la subversion de la Liberté religieuse à Vatican II, l’indifférentisme politique constitutionnel qu'ils théorisent et pratiquent hérétiquement sans faille et qu'ils consomment sans modération, eux et personne d'autres, depuis Pie VII et le Concordat, amenant infailliblement à l’indifférentisme religieux, étant en fait rien moins que l’indifférentisme religieux de facto, le tout devant finir par le règne de l’Antéchrist-personne.
           
        Inutile, donc, soit dit en passant, d'aller chercher, par complotisme profondément obscurantiste, à œillères mensongères et inintelligent, des ennemis extra muros de l'Église pour la subvertir, les ennemis intra muros, ... et le plus puissant d'iceux-là puisqu'il s'agit du... pape légitime !, y suffisant fort bien, suffisant bien en effet à vérifier l'adage que le poisson pourrit par la tête (par SA tête, pas par la tête des autres...).
 
Carbonarism
Les papes concordataires modernes,
infiniment plus doués que les franc-maçons
pour subvertir l'Église et le Siège de Pierre...??
 
        À ce sujet, et en contrepoint de ce qui précède, je ne peux manquer ici d'évoquer les très-mauvais raisonnements cathos tradis qui ont été faits à propos des projets franc-maçonniques des carbonari italiens, aux temps des papes Léon XII, Grégoire XVI et de Pie IX. Certes, ceux-ci, en vrais fils de Satan, prévoyaient l'invasion du Siège de Pierre dès le début du XIXème siècle, non par un des leurs mais par un pape acquis aux idéaux de la Révolution. Citons par exemples quelques extraits, significatifs sur cela, de leurs courriers tirés des archives secrètes du Vatican, dont l'authenticité est certifiée par un bref de Pie IX adressé à l'écrivain Crétineau-Joly lorsque celui-ci les fit paraître avec sa bénédiction et presque sous son ordre, au beau milieu du XIXème siècle : "Ce que nous devons demander, ce que nous devons chercher et attendre, comme les Juifs attendent le Messie, c’est un pape selon nos besoins". Ou encore : "On a chargé nos épaules d’un lourd fardeau, cher Volpe. Nous devons faire l’éducation immorale de l’Église, et arriver, par de petits moyens bien gradués quoique assez mal définis, au triomphe de l’idée révolutionnaire par un pape".
           
        Or, ces lettres ont pratiquement tout le temps été citées inintelligemment, à l'appui de thèses contre-révolutionnaires partisanes, obscurantistes et complotistes, voulant que l'ennemi soit toujours à situer à l'extérieur de l'Église, et jamais, ô grand jamais !, à l'intérieur. Mais, avec l'affaire du Concordat, nous sommes en train de nous rendre compte que les Nubius et autre Volpe, ces adeptes carbonari, étaient complètement... dépassés !, ils avaient vraiment raté le train ! En effet, il suffit de lire le sermon démocrato-sangniériste de Chiaramonti futur Pie VII pour se rendre compte qu'il est complètement converti, déjà en 1797, avant même d'être élu pape, à l'idée, maçonnique s'il en est, de la démocratie en Politique, où l'homme prétend exister en lui-même, par lui-même, pour lui-même et avec lui-même, à l'exclusion formelle de Dieu ! Il suffit aussi de prendre acte que c'est Pie VII lui-même soi-même qui faisait rentrer les ennemis dans le Sacré-Collège puisque, par l'art. XVI du Concordat, il donnait des cardinaux avec droit d'exclusive au conclave à la République française... athée !! Mais en vérité, comment donc mieux faire que le pape Pie VII le fit dans le Concordat, pour arriver à faire élire un pape acquis "à l'idée révolutionnaire", que de donner des droits d'élection active et passive dans le conclave à des cardinaux qui étaient les instruments dociles d'un pouvoir politique maçonnique constitutionnellement... athée ?!! Heureusement, sûrement par une grâce d'aveuglement de la Providence divine, les impies à la tête de l'État français post-révolutionnaire constitutionnellement athée ne se rendirent pas compte que le pape du Concordat leur avait donné un tel incroyable pouvoir sur l'élection pontificale... mais s'ils s'en étaient rendus compte, ils auraient très-bien pu actionner par le cardinal français à leur botte et dévotion ce droit d'exclusive que Pie VII avait concordatairement mis dans leurs mains, pour, sinon mettre un mauvais pape des leurs sur le Siège de Pierre, à tout le moins empêcher l'élection d'un bon pape !!!
           
        Voici en effet le détail de ces "droits et prérogatives" auxquels faisait allusion Pie VII dans l'art. XVI du Concordat, d’après Boulay de la Meurthe : «La principale est d’avoir des cardinaux [!] ; il faut aussi mentionner le droit pour le gouvernement français d’avoir à Rome un cardinal-protecteur, un auditeur de Rote, un ambassadeur avec des préséances, une juridiction et l’exclusive dans le conclave [!!], des établissement, une académie des arts et une poste particulière [dans Rome]»" (Documents, t. III, p. 758, cité par DTC, art. "Concordats", col. 753). Tuediable & morsangbleu ! Est-ce qu’on se rend bien compte de ce qu’on vient de lire ?! Le pape Pie VII, de par le Concordat, plus satanique encore en vérité que la Révolution ne le fut car elle, au moins, affichait couleurs et gonfanon de Satan, accordait en droit à la République française constitutionnellement athée, des... cardinaux ayant droit d’exclusive dans le conclave !!
           
        Donc, en fait, loin qu'il faille s'imaginer d'une manière fort malsaine, et même dangereuse pour la Foi, des complots ourdis dans la noirceur ténébreuse des arrières-loges maçonniques contre le Siège de Pierre (il en existe sans doute, mais ils sont loin d'être le facteur principal de la pénétration subversive du Saint-Siège que l'on constate de nos jours), convient-il surtout de prendre acte que ce sont les papes eux-mêmes qui se sont déjà pervertis à l'idéal maçonnico-démocratique dès le Concordat napoléonien, dès... 1801 ! C'est sans doute un peu moins glorieux, mais c'est ainsi. Un psychiatre pourrait dénoncer ici un évident transfert de culpabilité : les milieux catholiques, à commencer par les papes du reste car c'est Pie IX qui veut révéler, par l'écrivain Crétineau-Joly, ces lettres de la franc-maçonnerie italienne, ne voulaient absolument pas prendre conscience ni admettre leur propre et gravissime faute commise par le Concordat, c'est-à-dire, concrètement, leur affreuse conversion aux idéaux maçonniques dans les Mœurs politiques constitutionnelles, et c'est pourquoi ils la mettent publiquement, cette faute, pour s'en dédouaner eux-mêmes et paraître rester doctrinalement "tout blanc", sur le dos de méchants situés extra muros... C'est certes toujours plus facile de frapper sa coulpe sur la poitrine de son ennemi que sur la sienne propre...
           
        C'est donc le pape Pie IX qui lance le premier le bouchon dans l'eau, un bouchon que, par exemple, Mgr Marcel Lefebvre gobera on ne peut mieux, mordant dans l'hameçon pontifical. Léon XIII suivant Pie IX, tombera lui aussi dans ce "transfert de culpabilité" en tâchant de dire, dans son célèbre exorcisme, que c'étaient les méchants (et eux seuls) qui tâchaient de subvertir le Siège de Pierre : "L'Église, épouse de l'Agneau Immaculé, la voici saturée d'amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l'impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé". La tirade est fort belle assurément, très-lyrique, presque romantique, mais un peu de mea culpa sur la poitrine pontificale n'aurait pas fait de mal, car qui donc, incontinent depuis le Concordat, subvertissait le plus le Siège de Pierre sinon le pape moderne lui-même soi-même, par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement non-ordonnés au droit divin et à la poursuite du Bien commun, ce qui était très-concrètement pourrir les Mœurs des catholiques, à vocation certaine que cesdites Mœurs pourris pourrissent elle-même, plutôt tôt que tard, la Foi ?!?
           
        Les tradis sont donc tombés dans le panneau de ce "transfert de culpabilité". Mgr Lefebvre, pour en rester à lui, avait beaucoup retenu ces histoires de francs-maçons que l'historien Crétineau-Joly, aiguillé par le pape Pie IX, avait trouvé dans les archives secrètes du Vatican, et révélé dans son histoire L'Église romaine en face de la Révolution, ouvrage qui fut réédité comme par hasard en 1976, l'année même où Mgr Lefebvre montait au créneau pour lancer son combat contre la subversion de la Foi à Vatican II.
           
        Les méchants au reste, dans l'affaire, apparaissent comme ce qu'ils sont : de parfaits crétins complotant et supputant pour un futur qu'ils espéraient proche une subversion du Siège de Pierre qui était... déjà arrivée dans l'Église ! Ce dont, les sots, ils ne s'étaient même pas rendus comte !! "Le triomphe de l'idée révolutionnaire" sur le Siège de Pierre ? Mais c'est en effet... LE CONCORDAT NAPOLÉONIEN, tout simplement ! La suite, l'envahissement progressif de l'Église par les idéaux maçonniques, se transvasant par lentes graduations des Mœurs dans la Foi comme le rêvaient les méchants, n'en était que subséquence, conséquence, jusqu'à Vatican II qui verra crever l'abcès. Et ce ne sont pas eux, les méchants, qui l'ont fait triompher, cette "idée révolutionnaire", ce sont les papes eux-mêmes, essentiellement PAR LA PRATIQUE CONCORDATAIRE PONTIFICALE AVEC DES ÉTATS CONSTITUTIONNELLEMENT ATHÉES. Avec l'accord au moins tacite des grands-clercs de toute une génération ecclésiale, puisque, pour en rester à Pie VII, je rappelle qu'il fut élu alors que les grands électeurs près le Siège de Pierre étaient parfaitement au courant de son tristement fameux sermon démocrato-sangniériste de la Noël 1797...
           
        Mais, après cette digression importante, nécessitée par les graves erreurs de raisonnement adoptées par la généralité des cathos de préférence tradis, j'en reviens à présent au pape Pie X. Dans la question politique constitutionnelle, il n’est que trop vrai de dire qu'il fut aussi lamentable que son prédécesseur Léon XIII de mortifère mémoire ralliériste, et, au vrai, que tous les papes qui lui succèderont, jusqu'à François. Ainsi, toujours dans cette crise de la Séparation de l'Église et de l'État en 1904-1905, l’on voit Pie X réunir un consistoire secret, faire calmement devant les cardinaux le constat de l'antichristianisme virulent du gouvernement français, puis poursuivre : "… Tandis que les actes publics du Saint-Siège disent hautement qu'à ses yeux la profession du christianisme peut s'accorder parfaitement avec la forme républicaine, ceux-là [le gouvernement Combes], semble-t-il, veulent, au contraire affirmer que la République, telle qu'elle existe en France, ne peut avoir rien de commun avec la religion chrétienne. Double calomnie [!] qui blesse les Français, à la fois comme catholiques et comme citoyens" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 372).
           
        Quelle pénible chose d'avoir à commenter ici que le saint pape ne comprend rien à rien du fond vrai du problème, se trompe bougrement, complètement, voulant le plus follement possible s'en tenir à une question regardant la forme des gouvernements dans l'abstraction complète de la question de fond, et que les sectaires ont... cent mille fois raison contre lui ! Quelle humiliation de voir que les méchants crient la VÉ­RITÉ ! Et que le pape, le saint pape en plus, NE L'ENTEND ABSOLUMENT PAS ! Que lui crient-ils ? Ils lui crient que la République en France est constitutionnellement et obligatoirement antichrétienne, et ne peut qu'être ainsi (en effet, la forme gouvernementale en France ne peut être, par Volonté divine, que royale théocratique ; si donc l'on supprime les roys très-chrétiens, la république qui les supplante contre la Volonté divine ne peut évidemment qu'être... antichrétienne viscéralement, elle ne peut être donc que non-ordonnée constitutionnellement au droit divin et à la poursuite du Bien commun).
           
        Or, Pie X, la tête embarbouillée de l'utopie de Léon XIII à base d'une très-mauvaise scolastique, fait semblant de croire, ... ou malheureusement croit véritablement !, que ce n'est pas vrai, que les sectaires mentent, qu'en France, une république peut très-bien être constitutionnellement chrétienne et donc ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Mais comment pouvait-il faire un raisonnement aussi fou et insensé par tous les côtés, puisque la République qu'il avait en face de lui, en 1905, était constitutionnellement... athée ?!?, comme toutes les républiques en France, d'ailleurs, le furent depuis l'État français de Napoléon ?!? C'était donc toujours et encore l'idolâtrie de l'en-soi politique, scolastiquement entendu, qui possédait son esprit comme celui de tous les papes modernes post-concordataires : la République de 1905 était une société constituée, un gouvernement établi, donc, elle ne pouvait QUE venir de Dieu et y ordonner son agir politique, raisonnement qui se déduit d'une lecture hérétique absolutiste de Rom XIII...
           
        Oh, combien, ici, se vérifie douloureusement une nième fois de plus que les fils des ténèbres sont plus habiles que les fils de la Lumière ! La Providence divine, cela crie dans l’occurrence, voulait réapprendre une bonne leçon au Saint-Siège défaillant depuis Pie VII et même Pie VI (je veux parler du Pie VI de 1796, celui de Pastoralis Sollicitudo, Bref dont j'ai dénoncé la doctrine abominable dans le premier de ma trilogie d'articles sur la question, cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1). Or, l'on voit fort bien dans ce passage que Pie X sent l’aiguillon de la providentielle leçon, mais… il ne la comprend pas, il n'en tire absolument rien, lui non plus, en restant d'une manière très-obsédée à une question gouvernementale de forme, quand il s'agissait essentiellement d'une question gouvernementale de fond. La preuve, c'est sa conclusion : "double calomnie !", s’écrie-t-il, indigné. Pour lui donc, c'est une calomnie de dire qu'en France, il ne peut y avoir une république chrétienne sur une constitution post-révolutionnaire… athée !!! Avouez qu'on est vraiment là en pleine folie, en pleine folie pontificale totale...
 
ConcordatBaiserLamourette
Sous l'apparence tellement trompeuse d'une "union sacrée", 
d'un très-hypocrite baiser Lamourette entre l'Église et l'État,
TOUS les articles du Concordat étaient hérétiques et apostats...
           
        Mais il est temps que je me rabatte maintenant sur le sujet principal de mon article, revenons-en à la brebis dont on est en train de tondre la bonne laine... Je pense avoir bien montré que pour comprendre les reproches et réclamations que les Évêques Réclamants de Louis XVI vont faire au pape Pie VII, dans la première partie de leurs Réclamations, etc., dénonçant l'hétérodoxie des art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat professant la validité de l'État français de Napoléon... invalide, il faut bien saisir que la question essentielle est la validité et la légitimité de la Société politique d'Ancien-Régime basées sur le droit divin et son ordonnance constitutionnelle à la poursuite du Bien commun, et, en parallèle, l'invalidité et l'illégitimité de toute société politique née de la Révolution, comme ne satisfaisant nullement au criterium de validité paulinien des sociétés politiques, ainsi que l'était, dans l'occurrence du Concordat, l'État français de Napoléon. Tout le reste n'a, à vrai dire, aucune importance, surtout quant à la forme de cesdits gouvernements respectifs, royaliste ou républicaine. Or, Pie VII, homme d'Église sans colonne vertébrale apostasiant réellement la Foi à la Face de Dieu et des peuples en s'abouchant et faisant s'aboucher l'Église avec la société politique issue de la Révolution, osant, dans le même acte, sacrilègement réputer aboli radicalement "l'ancien gouvernement" très-chrétien d'Ancien-Régime basé sur le droit divin, voyait, en face de lui, des Évêques Réclamants mener courageusement le bonum certamen certavi, le bon combat de la Foi, hommes à colonne vertébrale intacte qui lui rappelaient que la seule société politique à exister métapolitiquement devant Dieu et les hommes était encore et toujours celle d'Ancien-Régime basée sur le droit divin, Dieu, aux toutes dernières nouvelles à la fraîche, n'ayant donné son placet strictement à aucune autre.
           
        Dans les premières Réclamations, etc., dont les extraits principaux ont rempli mon précédent article, nos Évêques Réclamants ont fort bien montré et dénoncé l'inconstitutionalité radicale des cinq premiers Articles du Concordat, lesquels regardaient la destitution des évêques français d'Ancien-Régime en corps national ainsi que la destruction de la structure géographique diocésaine remontant aux premiers âges chrétiens de la France, et la reconstruction ex nihilo par-dessus d'une toute nouvelle réorganisation diocésaine, tant au niveau du personnel épiscopal qu'à celui géographique, véritable nouvelle Église de France formatée pour être entièrement soumise au premier Consul Napoléon et donc, derrière lui, à un État politique invalide et illégitime. Le tout par le seul, unique et exclusif moyen d'un simple motu proprio pontifical. Ce qui était théologiquement radicalement attentatoire à la Constitution divine de l'Église, de plusieurs manières et sous plusieurs chefs, comme on l'a vu.
           
        Suivons à présent nos chers Évêques Réclamants dans leurs secondes Réclamations, etc. Ils vont commencer cette fois-ci par montrer l'inconstitutionalité non moins formelle des articles concordataires suivant les cinq premiers, VI, VII et VIII, plus le XVIème, par lesquels le pape osait réputer et professer on ne peut mieux, non moins qu'hérétiquement, la validité et la légitimité de l'État français napoléonien constitutionnellement... athée, en faisant prêter aux clergés du premier et du second ordre (les évêques et les curés), obligatoire serment solennel devant Dieu d'obéissance inconditionnelle audit État... athée, assorti, s'il vous plaît, d'un formel devoir de délation audit État de tout opposant venant à leur connaissance (art. VI & VII), en faisant prier rituellement à l'église les fidèles pour le salut (!!!) dudit État... athée... très-certainement pour que le Bon Dieu, dans sa très-grande Miséricorde, accordât à cet État la grâce des grâces d'être encore plus athée qu'il ne l'était déjà (art. VIII), et en donnant les droits et prérogatives réservés à un État fondé sur le droit divin, audit État napoléonien... qui n'y était pas fondé (art. XVI).
             
        Nous avons vu, donc, que nos bons Évêques Réclamants se récrient de "si étonnantes stipulations", très-doux euphémisme, en vérité, de leur miséricordieuse part pour stigmatiser comme il convenait la véritable apostasie que constituaient cesdits articles du Concordat, se récrient d'une telle réputation de validité et de légitimité faite par le pape au nom de l'Église à un État napoléonien parfaitement invalide et illégitime, qui entraînait de soi et ipso-facto la suppression sacrilège de l'Ordre très-chrétien, et donc des droits de Louis XVIII qui en était le légitime représentant. Voyons maintenant l'exposé de leurs raisonnements imparables pour dénoncer l'hétérodoxie de cette incroyable et très-scandaleuse réputation de validité de l'État napoléonien dans le Concordat, griefs auxquels Pie VII ne fera pas plus de réponse (Pie IX le confirmera dans une lettre que nous verrons en finale des présentes lignes), pour cause d'impuissance radicale à en faire, que François n'en a fait aux Dubia des cardinaux lui reprochant l'hétérodoxie d'Amoris lætitia... :
           
        "Plusieurs de ceux qui avant le Concordat conclu entre V. S. et le Gouvernement François, regardoient ce Gouvernement comme illégitime, ainsi qu'il l'est en effet ; qui étoient bien convaincus que le descendant, l'héritier, le successeur légitime de St. Louis, avoit seul droit de régner sur le peuple que ce Saint Roi a gouverné avec tant de gloire ; qui en conséquence conservaient religieusement à leur Roi la fidélité qu'ils lui doivent, par le fait même de leur naissance, ont paru depuis la publication des quatre articles dont il s'agit [VI, VII, VIII & XVI], avoir changé d'idées et de sentiments : et dès lors, appuyés sur l'aveu qu'il leur a semblé que V. S. donnoit aux droits de la nouvelle puissance, leur conviction s'est affoiblie et ils ont cherché à se persuader que le Gouvernement actuel était légitime ; que l'héritier de St. Louis étoit déchu du droit au sceptre que ce saint Roi a porté : qu'enfin ils étaient eux-mêmes déchargés de toute obligation envers le Prince dont Dieu les a faits naître sujets ; comme si ces quatre articles se réunissoient à prouver que V. S. reconnoît que le Gouvernement actuel de la France est légitime ; que l'héritier de St. Louis n'a plus de droit à la couronne, et que les François n'ont plus de devoirs à remplir envers le successeur des Rois qui, durant tant de siècles, ont gouverné leurs pères. Hélas ! il n'a malheureusement été que trop facile d'insinuer cette fausse opinion à des esprits inconsidérés. (...) On n'a pas balancé à dire :
           
        "1° ― Sa Sainteté a consenti que les Évêques et les Ecclésiastiques du second ordre prêtassent serment de fidélité et d'obéissance au gouvernement établi par la constitution de la République Françoise, jusqu'à s'engager à faire savoir à ce gouvernement tout ce qu'ils apprendraient se traiter quelque part que ce fût, au préjudice de l'État ; mais il est hors de doute que le Gouvernement qui exige ce serment, regarde comme préjudiciable à l'État tous projets qui auraient pour but le rétablissement du Souverain légitime : que c'est nommément de ces projets, s'il s'en formoit quelques-uns, qu'il est jaloux d'être instruit ; et qu'il faudroit s'aveugler volontairement pour ne point voir que ce gouvernement, en prescrivant le serment dont s'agit, il entende qu'il s'étende auxdits projets : ainsi Sa Sainteté, qui ne peut assurément tolérer qu'aucun serment soit fait autrement que selon l'intention de celui qui l'exige, connue par celui qui le prête, a réellement consenti que Ies Évêques et les Ecclésiastiques du second ordre prêtassent serment d'obéissance et de fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République Françoise, jusqu'à s'engager à faire savoir à ce gouvernement, tout ce qu'ils apprendroient se projeter, quelque part que ce pût être, dans Ia vue de rétablir le Souverain légitime : mais Sa Sainteté auroit-elle pu donner un pareil consentement, si elle ne regardoit le gouvernement actuel de la France comme légitime, et l'héritier de St. Louis, comme déchu du droit au trône ?
           
        "2° ― Sa Sainteté a ordonné que dans toutes les Églises Catholiques de France, après les offices divins, on priât en ces termes : Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine, salvos fac Consules. Seigneur, sauvez la République ; Seigneur, sauvez les Consuls.
           
        "Et par conséquent, elle a prescrit des prières publiques pour demander à Dieu la conservation de la nouvelle forme de gouvernement introduite en France : or Sa Sainteté auroit-el!e pu prescrire cette manière de prier, et en même temps considérer le gouvernement actuel de la France comme illégitime ? Seroit-ce une chose conforme à la piété que d'ordonner de prier pour la conservation d'une forme de gouvernement qu'on juge être née du crime, et porter encore, parce que rien ne l'a effacée, la tache affreuse de sa coupable origine ? Prier à cette fin, que seroit-ce, sinon demander à Dieu qu'il conserve une forme de gouvernement contraire à l'ordre qu'Il a établi, un état de choses qu'Il ne peut manquer d'avoir en horreur, puisqu'il blesse grièvement sa Souveraine Majesté ? [Considérez comme on retombe là dans les anathèmes prophétiques d'Isaïe que j'ai cités en commençant ces lignes ! : "Leurs paroles et leurs œuvres sont contre le Seigneur, pour provoquer les yeux de Sa majesté" !]. Et peut-on penser que le chef visible de l'Église ait voulu faire retentir tous nos temples d'une pareille invocation ? [Hélas oui, on peut le penser...]
           
        "3° ― Sa Sainteté a déclaré qu'elle reconnaissoit dans le premier Consul de la République Françoise les mêmes droits et privilèges dont l'ancien gouvernement jouissoit auprès du St. Siège : il est assurément impossible de se dissimuler l'étendue de cette déclaration : Sa Sainteté y reconnoît (et telle étoit aussi l'intention indubitable du gouvernement avec lequel elle traitoit) dans le premier Consul de la République Françoise, non seulement l'exercice des droits et privilèges dont les Rois Très-Chrétiens jouissoient auprès du St. Siège, mais ces droits et ces privilèges eux-mêmes [nos Évêques Réclamants voient fort bien que Pie VII n'hésite pas à aller jusqu'au fond, jusqu'au bout de son péché : il ne donne pas à Napoléon ces droits et prérogatives en effet, seulement dans le de facto, il les lui donne dans le de jure !] : or, Sa Sainteté auroit-elle pu reconnoître dans le premier Consul de République françoise ces droits et privilèges eux-mêmes si elle croyoit que l'héritier de St. Louis en est encore investi, si elle pensoit que ce Prince conserve encore quelque droit à la couronne à laquelle ces droits et ces privilèges appartiennent ?
           
        "Cette erreur sur les droits du Roi s'est répandue dans le public, et elle a été entretenue par des écrits qu'on fait paroître des Évêques nommés ensuite de la convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat]" (pp. 10-14).
           
        On ne saurait franchement mieux dire, que ne le font ici nos Évêques Réclamants. Que ces serments, prières rituelles et attributions des droits et prérogatives des pouvoirs politiques légitimes donnés pontificalement à un pouvoir politique illégitime, que toutes ces abominations réputassent formellement non moins que sacrilègement validité et légitimité à l'État français de Napoléon constitutionnellement athée et donc invalide, je l'avais fort remarqué dans ma trilogie d'articles mentionnée dans mon précédent article, et concluais cette abomination mise hérétiquement en œuvre par le pape Pie VII, ainsi :  
           
        "Récapitulons cette multiple et abominable abomination de la désolation dans le Lieu-Saint [qu'est le Concordat]. Nous en sommes à cinq affirmations formelles de la validité de l'État français dans le Concordat, très-fort cautionnées et voulues par le pape Pie VII. 1/ l'acceptation de l'État français dans un concordat dont la forme juridique synallagmatique présuppose systématiquement et formellement la validité de tous et chacun des co-contractants concordataires acceptés ; 2/ le serment solennel obligatoire passé devant Dieu, intimé aux clergé français "du premier et du second ordre" envers la République de Napoléon (art. 6 & 7) ; 3/ les prières publiques à l’Église pour ladite République (art. 8) ; 4/ les mêmes prérogatives et droits transférés tels quels de l’ancien au nouveau gouvernement de ladite République (art. 16), dont 5/ les plus suprêmes et suréminents sont la nomination des premiers pasteurs de France accordée à l'État français de Napoléon (art. 4 & 5).
           
        "... Comment dès lors pourrait-on s'étonner, le pape criant si fortement dans le Concordat à tous les échos non pas du Ciel mais de l'enfer, à gosier ouvert et à tue-tête, la validité de l'État français de Napoléon, de voir le très-sérieux et ultramontain Dictionnaire de Théologie Catholique (DTC), écrire, tout naturellement : «LE CONCORDAT IMPLIQUAIT LA RECONNAISSANCE DE LA RÉPUBLIQUE PAR LE PAPE» (art. Concordats, col. 753)…!" (https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1)
           
        Puis, l'on voit nos édifiants et chers Évêques Réclamants avoir la force morale (je confesse admirer leur courage, mais quant à moi, je m'honore de ne l'avoir point du tout), de citer les abominables mandements de quelques épiscopes concordataires qui, à peine nommés pour remplir les Sièges nouveaux en 1801, n'eurent rien de plus pressé, avant même d'adorer Dieu, que de se dépêcher de monter avec la plus grande hâte dans leur cathèdre épiscopale pour y éructer et débiter à leurs ouailles, avec une flamme infernale, d'insupportables flagorneries flatt'merde & lèche-cul envers Napoléon, et plus encore d'inadmissibles mensonges sacrilèges et scandaleux, à la suite apostate de Pie VII, sur la légitimité du nouveau pouvoir post-révolutionnaire de Napoléon. Désirant garder quant à moi un fond de bile à peu près sain, je n'aurai la force que d'en citer ceci, qui vaut son pesant d'assignats et plus encore de fumier :
           
        "Quelle dette est donc la nôtre, nos très-chers frères, envers le gouvernement, envers son chef suprême surtout..... En toute occasion, nous dirons aux peuples que votre autorité vient de Dieu, et nous avertirons quiconque vous résisteroit, qu'il est rebelle à l'ordre que Dieu a établi [Notons avec soin comme l'épiscope concordataire, à la suite de Pie VII, reprend là la lecture absolutiste hérétique de Rom XIII, comme quoi TOUT pouvoir politique, qu'il soit ou non ordonné constitutionnellement au Bien commun, est légitime...]. Tels sont les devoirs et la morale des Évêques et des ministres de l'intérieur du Sanctuaire. Vous êtes les évêques du dehors : c'est de ce nom que les Saints ont appelé la puissance que vous avez de protéger l'Église, et votre Épiscopat [... Napoléon : un Évêque du dehors avec un É majuscule !!!] n'est pas moins un devoir envers elle que le nôtre : elle fonde sur l'un et sur l'autre de grandes espérances (Lettre pastorale de M. de Pancemont -nommé ensuite de la Convention [le Concordat]-, Évêque de Vannes. Donnée à Vannes le Jeudi 1er Fructidor an 10 -19 Août 1802-)" (pp. 16-17). Un autre épiscope de la cuvée concordataire prostituée osera éructer très-religieusement : "... C'est comme citoyens, c'est comme fidèles, que vous devez servir un gouvernement qui se lie à tous les intérêts de l'Église, comme à ceux de la prospérité publique. Les desseins de la Providence sont remplis ; et vous devez, François et Chrétiens, servir de toutes vos facultés, environner de votre amour et de votre reconnoissance ce gouvernement protecteur, ce gouvernement légitime, à la fois national et catholique, sans lequel nous n'aurions ni culte ni patrie (Instruction pastorale de M. de Boisgelin -nommé ensuite de la convention [le Concordat]-, Archevêque de Tours, aux curés des églises paroissiales et aux desservants des Églises succursales de son Diocèse. Donnée à Tours l'an de Notre-Seigneur 1802, le 30 décembre -9 Nivôse an XI de la Rép. franç.-)" (pp. 15-16).
           
        ... Autant de mots, autant de mensonges ; autant de flagorneries, autant de sacrilèges...
           
        Loin des Évêques Réclamants, hommes si dignes, un tel avilissement ignominieux, un tel reniement sacrilège de la Foi au for public ! C'est pourquoi on les voit conclure : "À la vue de cet égarement de l'opinion [autant, donc, dans les chefs que dans les peuples, tous devenus des holothuries sans colonne vertébrale, suivant flasquement et mollement la puissance de la Bête apocalyptique, comme disait La Mésange...], de cet oubli de la Religion de la seconde Majesté [= Notre-Seigneur Jésus-Christ et son Église, dans l'Institution christique sacrée de l'Ordre très-chrétien], il nous a été impossible de garder le silence, et pour remplir les obligations que nous impose la double qualité d'Évêques et de sujets, nous avons déclaré, dans un acte dressé à cet effet, que notre très-honoré Seigneur et Roi légitime, Louis XVIII, conserve dans toute leur intégrité les droits qu'il tient de Dieu à la couronne de France, que rien n'a pu dégager les François de la fidélité qu'ils doivent à cet auguste Prince, en vertu de la loi de Dieu ; et nous avons protesté contre tous actes contraires à cette déclaration. Nous mettons aux pieds de Votre Sainteté un exemplaire de nos susdites déclaration et protestation" (p. 17).
           
        Je ne saurai dire ce qui est le plus admirable ici, chez nos si édifiants Évêques Réclamants, de leur courage à dénoncer, quasi seuls devant la massa damnata des holothuries, l'hétérodoxie formelle du Concordat professant hérétiquement la validité de l'État français de Napoléon constitutionnellement athée, ou de mettre en montre glorieusement la pérennité de l'Institution sociopolitique très-chrétienne, nullement abolie, car elle ne pourrait l'être que par Dieu qui ne l'a point fait, ni par la décapitation sacrilège de Louis XVI, ni par le Concordat napoléonien prostitué et parjure, et qui se continuait tant bien que mal avec le roi Louis XVIII.
 
(c) National Trust, Hartwell House; Supplied by The Public Catalogue Foundation
Le roi Louis XVIII (1755-1824)
 
        Je ne saurai manquer de faire remarquer qu'ils étaient très-fondés à s'appuyer sur le roi Louis XVIII (quand bien même sa Restauration n'en était pas vraiment une, au niveau du droit divin elle n'était pas du tout une reprise constitutionnelle à l'identique de l'Ancien-Régime, il s'en faut extrêmement, et c'est une des raisons principales d'ailleurs pour laquelle les anti-concordataires resteront campés sur leurs positions, même après la Restauration). Ce premier roy de la Restauration après l'évanouissement de l'épopée napoléonienne, pourtant catholiquement peu fervent en son privé paraît-il (un vieil article de L'Ami du Clergé a été jusqu'à croire devoir s'inquiéter, mais à tort, s'il avait daigné recevoir les derniers Sacrements avant de mourir), saura en effet cependant bien entrevoir un Concordat catholique avec l'Église, sur le modèle très-orthodoxe du premier Concordat ayant existé dans l'Histoire de l'Église, celui de Bologne avec François 1er, l'an 1516, infiniment plus catholique en cela que le pape, que Pie VII. Louis XVIII avait préparé à cet effet une Charte avec les français en 1814, qu'il aurait voulu voir tout naturellement se transmuer en Concordat authentique et officiel avec l'Église, mais l'affaire avorta, et, si on va au fond de la question, le principal fauteur en fut toujours et encore le très-démocrate Pie VII. Et il n'est pas bien difficile de deviner pourquoi : un vrai Concordat catholique, c'était implicitement un cinglant rappel à l'ordre pour un pape hérétiquement très-défaillant sur le chapitre, qui par ailleurs tout imbu de démocratisme sangniériste dès avant son élection au Siège de Pierre (son sermon scandaleux à ses ouailles d’Imola à la Noël 1797 le prouve suréminemment), gardait une mauvaise dent, et même deux, pour tout ce qui pouvait sentir ou ressembler à un roi très-chrétien...
           
        La Charte de 1814, passé par le roy avec les français, et que Louis XVIII voulait donc convertir en Concordat contenait certes un art. V libéral voulant donner sa part aux "droits de l’homme", ainsi rédigé : "Chacun professe sa religion avec une égale liberté et obtient pour son culte la même protection…", mais ce libéral art. V était immédiatement complété par l’art. VI suivant, ainsi rédigé : "… Cependant, la religion catholique, apostolique et romaine, EST LA RELIGION DE L’ÉTAT".
           
        Or, on ne peut pas même s'étonner de voir le pape Pie VII préférer son Concordat napoléonien athée à cette Charte catholique, qu'il ne voulut jamais convertir en Concordat, il serait plus exact de dire qu'il la haïssait sourdement ! Comparez en effet les deux formules : "Le gouvernement de la république reconnaît que la religion catholique, apostolique et romaine est la religion de la grande majorité des français" (Concordat napoléonien ― N'oublions pas que Napoléon refusa totalement de déclarer que la Religion catholique était la Religion de l'État, ce qu'accepta hérétiquement Pie VII, et qui, théologiquement, rendait parfaitement invalide son Concordat), avec : "La Religion catholique, apostolique et romaine est la Religion de l’État" (Charte de Louis XVIII, devant servir de base au nouveau Concordat), … et dites laquelle est la plus catholique !
           
        "On aboutit, après de longs pourparlers [entre le Saint-Siège et Louis XVIII], à la convention du 25 août 1816 d’après laquelle le concordat de 1516 [de Bologne, passé avec le roi François 1er] devait être rétabli. Celui de 1801 n’était ni désavoué, ni expressément révoqué, mais devait cesser de porter son effet : les Articles organiques étaient abrogés, et c’est pour obtenir ce résultat que Pie VII avait consenti à abandonner le concordat de 1801 [… seulement, donc, pour cela, et nullement parce que la nouvelle convention concordataire de Louis XVIII basée sur la Charte contenait, contrairement au Concordat napoléonien, la déclaration que le catholicisme "était Religion d’État" ! Il est affligeant de constater que ce "détail" n’a aucune importance pour le Vicaire du Christ-Roi, pour Pie VII…]. Les gallicans n’étaient cependant pas encore satisfaits, et le roi ne ratifia la convention que sous réserve «des libertés de l’Église gallicane». Devant cette nouvelle prétention, le pape refusa de ratifier le traité ; le concordat de 1801 rentrait en vigueur. De nouvelles négociations aboutirent à la conclusion du concordat du 11 juin 1817. Les propositions du pape y étaient admises en principe, mais avec des restrictions qui permettaient pratiquement de les éluder quand le roi le jugerait bon. (…) Le pape, fatigué de ces variations incessantes du gouvernement français, et peu satisfait d’ailleurs d’une convention qu’il n’avait signée que comme un pis-aller [… car même sans les outrances gallicanes hétérodoxes, Pie VII préférait en soi son Concordat athée à celui catholique proposé par Louis XVIII…], déclara par un «Proprio motu» du 23 août 1819, maintenir provisoirement le Concordat de 1801. Ce provisoire, comme il arrive souvent, devint définitif, et l’on s’en tint finalement au concordat de 1801 [qui donc, de par la volonté de Pie VII, continua à faire régner l'athéisme d'État dans les Mœurs de l'Église de France, jusqu’à sa dénonciation en 1905 par le gouvernement français sectaire]" (Histoire des papes illustrée, Gaston Castella, t. II, p. 340).
           
        Selon le DTC, "le cardinal Consalvi [cheville ouvrière, rappelons-nous, du Concordat napoléonien], redevenu secrétaire d’État, répondit [à la proposition du Concordat faite par le roi Louis XVIII] qu’il était de la dignité du pape de ne pas revenir sur l’acte de 1801 et de la dignité de l’épiscopat de ne point sembler à la merci du pape" (DTC, art. "Concordats", col. 776). Tuediable & morsangbleu !, voilà qui ne manque vraiment pas de sel !! C'est dommage que Consalvi n’ait pas pensé à la dignité des évêques de Louis XVI, bien autrement supérieure à celle des évêques concordataires prostitués à un pouvoir politique athée, lorsque le pape osa exiger brutalement d'eux, sans raison autre que satisfaire l'athéisme constitutionnel de Napoléon, leur démission en corps national d’institution…!!!
 
Concordat1801
"Un concordat est un acte entre deux parties
dans lequel chacune donne à l'autre
ce qu'elle n'a ni le droit ni le pouvoir de lui donner"
           
        Mais, après la dénonciation ô combien justifiée des art. VI, VII, VIII & XVI du Concordat, voici un autre grief d'une gravité extrême exposé par les Évêques Réclamants contre le Concordat, ils ciblent cette fois-ci son art. XIII, ainsi rédigé : "Sa Sainteté, pour le bien de la paix et l'heureux rétablissement de la Religion catholique, déclare que ni elle ni ses successeurs ne troubleront en aucune manière les acquéreurs des biens ecclésiastiques aliénés ; et qu'en conséquence la propriété de ces biens demeurera incommutable entre leurs mains ou celles de leurs ayants cause".
           
        C'était ni plus ni moins, de la part du pape, absoudre le voleur sans que celui-ci n'ait le moins du monde à reconnaître son péché de vol, dont la matière est de soi toujours grave et mortelle, ni encore moins à restituer le bien volé, ce que la loi divine non moins que celle de l'Église exige formellement pour l'absolution valide du péché de vol...
           
        Laissons nos Évêques Réclamants bien exposer la question dans toute son étendue, moralement griève et gravissime, ce qui va remplir quasi les deux/tiers de ces secondes Réclamations, etc., tellement l'affaire est importante. Ils vont commencer l'exposé de ce grief plus que fondé en citant textuellement ce qu'ose dire le pape Pie VII dans la Bulle Ecclesia Christi du 15 Août 1801, qui, souvenons-nous, parut le même jour que la promulgation du Concordat lui-même, et que voici : "Persistant dans la résolution de condescendre, pour le bien de l'unité, à tous les sacrifices auxquels il est possible de se prêter en conservant la Religion, et aussi pour coopérer, autant qu'il est en nous, à la tranquillité de la France, qui seroit de nouveau plongée dans le trouble s'il fallait revendiquer les biens ecclésiastiques aliénés, et afin (ce qui est le plus important) que l'heureux rétablissement de la Religion Catholique ait lieu, nous, suivant les exemples de nos Prédécesseurs, déclarons que ceux qui ont acquis les biens ecclésiastiques aliénés, ne seront inquiétés en aucune manière, ni par nous ni par les Souverains Pontifes nos successeurs : et en conséquence, la propriété de ces mêmes biens, les revenus et droits y attachés, demeureront incommutables entre leurs mains, et celles de leurs ayant-cause".
           
        Or, deux mois après avoir accédé au Siège de Pierre, le même pape Pie VII, par lettre-encyclique du 15 mai 1800, condamnait clairement... le vol des biens appartenant à l'Église de France, simple écho dans cette condamnation de toute la Tradition catholique en la matière, basée sur la plus élémentaire et fondamentale loi morale de justice et d'équité, comme ne vont pas manquer de le rappeler les Évêques Réclamants... au même pape Pie VII donc, soudainement défaillant sur cela quelqu'un an seulement plus tard dans le Concordat :
           
        "Votre Sainteté elle-même, dans la lettre qu'elle a adressée à tous les Évêques catholiques [de France], au commencement de son Pontificat, nous a rappelé de la manière la plus solennelle les devoirs que nous avons à remplir à l'égard des biens consacrés au Seigneur : «Qu'avons-nous à vous prescrire, Vénérables Frères (lisons-nous dans cette lettre) sur ce qui concerne le dépôt des biens de l'Église, qui sont, comme l'enseignent et le déclarent les Pères, les Conciles et les divines Écritures, des offrandes faites au Seigneur, des deniers sacrés, la subsistance des Saints, la chose de Dieu et dont l'Église se trouve aujourd'hui misérablement privée et dépouillée ? Nous ne vous enjoignons qu'une seule chose à cet égard, savoir, de n'omettre ni soins ni efforts pour que chacun comprenne et grave dans son esprit la décision courte, claire et exacte donnée autrefois par un Concile d'Aix-la-Chapelle en ces termes : Quiconque aura enlevé ou entrepris d'enlever ce que d'autres fidèles ont consacré à Dieu des biens qui leur sont échus en héritage pour les besoins de leurs âmes, pour l'honneur et la splendeur de l'Église et l'entretien des ministres, fait indubitablement servir les offrandes des autres, à mettre son âme en danger. Si nous nous déterminons à réclamer ces biens, dont il nous est ordonné d'être de prudens et fidèles dispensateurs, et certes (et nous pouvons en toute manière l'assurer, aussi bien que St. Agapet notre prédécesseur), nous ne sommes point mûs par un attachement sordide aux choses de la terre et aux intérêts temporels mais par la considération du compte qu'il en faudra rendre au jugement de Dieu».
           
        "Et en lisant ce passage de la lettre de Votre Sainteté, nous avons cru entendre retentir à nos oreilles le langage uniforme de Ia tradition de tous les siècles de l'Ère Chrétienne : c'est ainsi en effet que se sont expliqué sur cet objet les Souverains Pontifes vos prédécesseurs, les Conciles et les Évêques qui se sont rendus les plus recommandables par les services immortels qu'ils ont rendu à la Religion" (pp. 18-19).
           
        ... Comme on est hélas obligé de s'en rendre compte ici : la contradiction sur le Siège de Pierre, le tout et le contraire de tout pontificalement dit à quelque très-courts temps d'intervalle, ne prend pas date seulement au souverain Pontificat de notre inénarrable François, n'est pas seulement le fait du jésuitisme, comme on a pu le lire à son propos, Barnabé Chiaramonti futur Pie VII étant bénédictin avant de monter sur le Siège de Pierre ! Tant il est vrai que si je me consacre pour un but mauvais et œuvre pour le mal, comme hélas on voit les papes modernes le faire au for externe, je suis, avec moi-même pour commencer avant de l'être avec Dieu, en pleine contradiction, signe topique du règne de Satan dans mon âme.
           
        En tous cas, le premier positionnement adopté par Pie VII de condamner le vol des biens ecclésiastiques de France était un bel écho de toute la Tradition. Les Évêques Réclamants n'ont pas manqué de le lui dire, puis de lui rappeler pour illustration la ferme et magnifique lettre du pape Nicolas 1er (858-567), son lointain prédécesseur, sur le sujet :
           
        "Nous avons appris, dit ce pape aux habitants de l'Aquitaine, que parmi vous, quelques-uns s'élèvent contre le Seigneur, de manière..... qu'ils ne craignent point de piller les Églises et de détourner les choses qui leur appartiennent..... Il nous seroit impossible d'exprimer la douleur dont une pareille entreprise a pénétré notre âme. C'est pourquoi, nos très-chers Fils, nous avons soin de vous exhorter, pour l'intérêt de votre salut, non-seulement à mettre fin à une si étrange barbarie, mais encore à réparer un si énorme sacrilège, en rendant tout ce qu'en contravention de la loi, vous avez enlevé, ou par violence, ou de quelqu'autre manière que ce puisse être. En effet, quoique la terre et tout ce qu'elle contient soit au Seigneur, cependant on ne balance pas à regarder les biens que des princes religieux, ou d'autres personnes pieuses, quelles qu'elles soient, ont donné aux lieux-saints, comme appartenant spécialement au Seigneur, puisqu'on les voit consacrés à son culte, d'où il résulte que quiconque ose usurper ces biens, et s'en emparer d'une manière illicite, pèche indubitablement contre le Seigneur et est convaincu de lui porter préjudice..... C'est pourquoi nous vous prions et conjurons..... de rendre sans délai à chaque lieu consacré au Seigneur, ce qui est à lui..... car si tous ceux qui ravissent le bien d'autrui doivent....., à moins qu'ils ne réparent leur injustice, être punis très-sévèrement, sinon dans cette vie par le jugement des hommes, certainement dans l'autre par le jugement de Dieu, quel châtiment pensez-vous que doivent subir ceux qui sont manifestement coupables de grands maux commis contre le Seigneur lui-même.... Ainsi, parce que c'est une chose terrible de tomber entre les mains du Dieu vivant, nous vous avertissons et vous exhortons à n'user d'aucun retardement ni délai pour rendre les biens des Églises que vous retenez injustement..... Que si quelqu'un d'entre vous méprise nos salutaires avis, et ne se met aucunement en peine de nous obéir....., en observant et accomplissant ce que nous nous efforçons de vous persuader....., qu'il soit entièrement privé de la communion du corps adorable et du précieux sang de Notre Seigneur Jésus Christ" (pp. 20-21).
           
        Puis dans la suite de leur édifiant texte, nos Évêques Réclamants de citer plusieurs écrits des saints Pères pour condamner le vol des biens d'Église, si enrichissants pour l'entretien de notre Foi rien qu'à les lire, ... ils sentent si bons l'odeur de Jésus-Christ, et nous la sentons si peu nous autres, de la part de nos "membres enseignants" !, mais que je ne peux trop reproduire, pour éviter les longueurs dans mon article déjà conséquent. Ils évoquent par exemple la lettre du pape Grégoire IX (1227-1241) à Frédéric roi de Sicile, où ce saint pape équivaut le vol des biens ecclésiastiques à un "outrage au Rédempteur" (p. 21), puis citent la Lettre synodale des Pères du concile de Toul aux factieux du temps de Charles-le-Chauve (823-877), où on peut lire : "Plusieurs d'entre vous, renonçant à la crainte de Dieu....., enlèvent les possessions des Églises....., qui ont été données à Dieu par ceux qui, avant vous, ont fait profession de la Religion Chrétienne, (...) et parce que Dieu ne se venge pas sur le champ, vous possédez avec une espèce de sécurité ce que vous lui avez ravi..... Ce crime énorme par lequel vous faites tort à vos contemporains et aux générations futures, Dieu s'en vengeroit dès à présent parce qu'il est juste, s'il n'étoit patient : mais qu'il est à souhaiter que la patience de Dieu conduise à la pénitence tous ceux qui en agissent ainsi..... ; que si l'on s'obstine dans des crimes de cette nature, moins on est puni maintenant, plus le châtiment que l'inflexible vengeance fera subir dans la suite, sera rigoureux : Dieu l'a dit : Je me suis tu, me tairai-Je toujours ? Cette parole signifie : je n'agis point durant cette vie, Je punirai dans l'autre" (pp. 22-23).
           
        Pour nos Pères dans la Foi qui avaient des colonnes vertébrales, l'on peut bien voir que le vol des biens ecclésiastiques est un grand crime qui, s'il n'est dûment réparé ici-bas comme il se doit, le sera terriblement dans l'Au-delà...
           
        Puis encore, de citer saint Boniface (675-754), Archevêque de Mayence, Légat du St. Siège en Allemagne, écrivant à Athelbalde, Roi d'Angleterre : "On nous a rapporté que vous aviez violé beaucoup de privilèges des Églises et des Monastères, et que vous en aviez enlevé quelques biens : Si cela est vrai, il est manifeste que c'est un grand péché, selon le témoignage de la Ste Écriture, qui porte : Celui qui dérobe quelque chose à son Père et à sa Mère, et qui dit que ce n'est pas un péché, a part au crime des homicides (Pr XXVIII, 24). Dieu sans doute est notre Père, il nous a créés : l'Église est notre Mère, elle nous a spirituellement régénérés dans le baptême : par conséquent, celui qui par fraude ou par violence s'empare des deniers de Jésus-Christ et de l'Église, sera réputé homicide en présence du juste Juge.....; celui qui ravit les deniers de son prochain, commet une injustice ; mais celui qui enlève les deniers de l'Église commet un sacrilège" (pp. 23-24). Et de rapporter pour finir, le célèbre décret du Concile de Trente (22ème session tenue le 17 septembre 1562), qui résume synthétiquement toute cette doctrine catholique quant au vol des biens ecclésiastiques, en fulminant l'anathème latæ sententiæ à tout voleur desdits biens, réservant la levée dudit anathème au seul Souverain Pontife, après restitution des biens d'Église volés.
           
        Puis enfin, de conclure : "C'est ainsi que l'Église, toujours attentive à veiller à la conservation des grands principes de morale et de justice, et animée d'un saint zèle pour le salut de ses enfans, réprime les injustices et les scandales : [Et, se remettant soudain devant les yeux l'incroyable dol et vol universels dont s'est rendu coupable la République française en s'attribuant purement et simplement la possession et la disposition de TOUS les biens ecclésiastique sis en France, sans en excepter aucun, par décret inique de l'Assemblée Nationale révolutionnaire du 2 novembre 1789, de s'exclamer devant l'énormité du crime inconnue des siècles passés :] Éh ! quelle injustice plus énorme que de faire servir, par esprit de cupidité, par force et par menaces, la spoliation entière de l'Église [de France], l'envahissement de ses ornemens précieux, jusqu'aux vases sacrés, et la vente même de ses édifices, au succès de la révolte et au triomphe de l'iniquité [Car en effet, les biens ecclésiastiques volés pendant la Révolution ne le sont pas que par de simples voleurs, ils le sont par les ennemis jurés de l'Église, qui veulent sa mort...] ! Non jamais, cette Mère tendre n'aurait pu à plus juste titre déployer sa miséricordieuse sévérité, dans la seule vue de soustraire des coupables à ce jugement sans miséricorde, qui attend tous ceux qui obstinés dans leurs injustices, auraient méprisé ses salutaires terreurs. Si cependant, des motifs de prudence et de charité l'ont empêché quelquefois d'appliquer dans toute leur rigueur les lois qu'elle a rendues contre les spoliateurs de ses biens, qui pourrait croire qu'elle voulût jamais consacrer des invasions dont l'objet est de la détruire elle-même ?" [comme n'a pas été rebuté de le faire sacrilègement le pape Pie VII en promulguant cet incroyable art. XIII dans le Concordat, aussi diabolique dans son essence que les autres...].
           
        "Ayant reçu ces renseignernens de ceux qui, pendant tant de siècles, ont été regardés comme les colonnes de l'Église elle-même, si nous réclamons aujourd'hui, et si nous rappellons l'observation des règles qui nous ont été tracées par des autorités si graves sur ce qui a rapport aux biens consacrés à Dieu, nous pouvons, d'après le témoignage de notre conscience, assurer, comme [le pape] St. Agapet, que nous ne sommes point mûs par «un attachement sordide aux choses de la terre et aux intérêts temporels» (S. Agap. pp. 1. Epist. 6 ad Cæsar. Arelat.). (...) Non, aucun sacrifice personnel ne nous coûtera, et nous embrassons volontiers la pauvreté jusqu'au tombeau, mais nous ne pouvons perdre de vue «le compte qu'il nous faudra rendre au jugement de Dieu» (St. Agapet, ibid.), du patrimoine de nos Églises ; la considération de ce redoutable jugement nous presse de ne rien omettre pour n'être exposés à aucun reproche sur la fidélité à conserver ce dépôt : enfin, de remplir autant qu'il est en nous cette partie de notre devoir :
 
PieVIISignantConcordat
Le pape Pie VII, signant le Concordat...
           
        "Premièrement, nous ne dissimulerons point à Votre Sainteté les fâcheuses impressions d'étonnement et de tristesse qu'a produites sur une multitude d'esprits, la déclaration énoncée en l'article XIII, rapporté ci-dessus, de la Convention du 15 Juillet 1801 [le Concordat], et ratifié ensuite par la Bulle Ecclesia Christi, qui pareillement a déjà été citée.
           
        "À peine cette déclaration a-t-elle été rendue publique, qu'on a entendu dire de toutes parts : Pourroit-on regarder comme un apanage de la primauté d'honneur et de juridiction dans toute l'Église, qui appartient de droit au successeur de Saint Pierre, que le Souverain Pontife puisse, de son propre mouvement et par un seuI acte de sa volonté [motu proprio], transférer en d'autres mains la propriété de tant de biens (ensemble des droits et revenus y attachés), dont se trouvent dépouillés 136 tant Archevêchés qu'Évêchés, autant de Chapitres Métropolitains et Cathédraux ; plus de 40,000 Cures ; toutes les Abbayes, Prieurés, Églises collégiales, Monastères, Congrégations ; en un mot tous les bénéfices et établissemens religieux d'un grand royaume ; et livrer à des usages profanes tous ces biens que les pieux fondateurs avaient consacrés au culte divin, à l'entretien des ministres de l'Église, au soulagement des pauvres ? [Notons soigneusement comme là encore, le pape outrait derechef et outrepassait scandaleusement dans l'abus son pouvoir pontifical en prenant cette mesure de l'art. XIII de liquider les biens ecclésiastiques de France par simple "motu proprio" pontifical, sans aucunement en référer aux évêques français, alors qu'il n'en avait rigoureusement pas plus le droit que de destituer les Évêques de Louis XVI ou de détruire tous les diocèses d'Ancien-Régime en employant toujours et encore le même seul et théologiquement insuffisant procédé du "motu proprio" pontifical, comme vont maintenant, à juste droit, le lui souligner en gras de gras et en rouge vif les Évêques Réclamants :]
           
        "Pourrait-on regarder comme un apanage de la Primauté, que le Souverain Pontife puisse faire une opération d'une aussi grande conséquence ?
           
        "1° ― À l'insu des Évêques légitimes qui, par leur titre même, ont le droit incontestable et sont dans l'indispensable obligation de veiller à la garde de tous les biens consacrés à Dieu dans leurs Diocèses respectifs ?
           
        "2° ― À l'insu du Souverain légitime protecteur-né de ces biens, et qui de plus représente ses glorieux Ancêtres, qui ont fondé dès l'origine, ou augmenté par des donations postérieures, une si grande partie de ces établissemens de piété ?
           
        "3° ― Au préjudice des intérêts spirituels d'une multitude de fondateurs qui avoient donné une partie de leurs biens pour s'assurer à eux-mêmes, à leurs auteurs, et à leurs descendans des prières dont tous se trouvent désormais privés ?
           
        "4° ― Au préjudice des intérêts temporels de beaucoup d'héritiers frustrés de biens, dont les saisiroit la volonté toujours inviolable des fondateurs ? Il y a en effet beaucoup de fondateurs qui ont expressément stipulé, dans les actes même de fondation, que si la bonne œuvre pour laquelle ils donnoient leurs biens cessoit un jour d'avoir son exécution, ces mêmes biens retourneroient alors à leurs héritiers. C'est à cette condition que lesdites fondations ont été faites et acceptées : et malgré cet engagement sacré, beaucoup d'héritiers voient aujourd'hui attribuer à d'autres la propriété incommutable de biens, dont selon toutes Ies lois, la volonté si respectable de leurs auteurs les saisissoit comme seuls légitimes propriétaires.
           
        "5° ― Sans avoir pris aucune précaution efficace pour assurer la subsistance des titulaires de bénéfices, des membres actuels de monastères, de congrégations ?
           
        "6° ― Enfin, pour faire servir ces biens au maintient de la rébellion et au renversement de l'Autel et du Trône ? [En effet ! La République française n'est pas seulement un simple voleur, c'est un voleur qui vole pour anéantir l'Église, le but de son vol est la destruction de l'Église elle-même !, ce qui aggrave considérablement son péché... et celui de Pie VII qui s'en rend complice !]
           
        "Non, les annales de la Religion ne fournissent aucun trait semblable : non, durant ce long espace de dix-huit siècles qui se sont écoulés depuis l'établissement de l'Église, aucun Souverain Pontife n'a rien entrepris de pareil, aucun ne s'est attribué un pouvoir si exorbitant. (...) Telles sont, disons-nous, les réflexions qui ont été faites de toutes parts, et qui donnent assez à connoître les impressions fâcheuses d'étonnement et de tristesse qu'a produite sur une multitude d'esprits cet article [XIII] qui déclare que la propriété des biens ecclésiastiques aliénés, les droits et revenus y attachés demeureront incommutables entre les mains des acquéreurs de ces mêmes biens, ou de leur ayant cause.
           
        "En second lieu, nous sommes forcés de mettre sous les yeux de Votre Sainteté une autre considération qui, par son importance, demande à être, de préférence à toutes les autres, attentivement pesée : c'est que, si l'on a égard surtout aux circonstances qui ont précédé et suivi la convention conclu entre Votre Sainteté et le Gouvernement François le 15 Juillet 1801 [le Concordat], il est visible que l'article XIII de cette Convention, que votre Sainteté s'est déterminée à confirmer, dans la vue de procurer l'heureux rétablissement de la Religion Catholique en France (Bulle Ecclesia Christi), y a porté au contraire à cette Religion sainte, le plus grand préjudice, et même un coup mortel, si le présent ordre des choses subsiste.
           
        "Ceux qui avoient formé le funeste projet de dépouiller l'Église de France, et de lui ôter absolument toutes les ressources temporelles, n'ont pas trouvé de moyen plus propre à les conduire aux fins criminelles qu'ils s'étaient proposées, que de faire décréter par I'Assemblée Nationale, que les biens Ecclésiastiques étoient à la disposition de la Nation : aussi les a-t-on vus, dès qu'ils eurent réussi à faire donner à cette erreur, une apparence de loi (L'Assemblée Nationale déclare que tous les biens ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation. Décret, 2 novembre 1789), envahir aussitôt tout ce qui avoit été consacré a Dieu durant une si longue suite de siècles ; l'usurper, s'en emparer, et en disposer de la manière la plus arbitraire, avec une entière indépendance, et sans connoître à cet égard d'autre règle que leur volonté. Certes, il suffit de jeter un coup d'œil sur les vénérables monumens de la tradition pour juger combien une assemblée politique qui s'est saisie de la force, abuse de cette force, dont elle s'est emparée, lorsqu'elle ne craint point d'afficher ce prétendu droit, et qu'au mépris de toutes les règles, elle se permet d'exercer.
           
        "En effet, de tous les gouvernemens Chrétiens, Monarchiques ou Républicains, quelqu'étendue qu'ils aient donné au droit de haut domaine sur les propriétés de leurs sujets, aucun n'a jamais érigé en principe le droit d'en disposer à son gré, de quelque nature que fussent ces propriétés. C'est cependant ce principe monstrueux que l'Assemblée Nationale n'a pas craint de proclamer à l'égard des propriétés ecclésiastiques, par ce décret qui porte : Les Biens Ecclésiastiques sont à la disposition de la Nation.
           
        "Il est vrai qu'on a vu des puissances abuser de leurs forces, et, sans établir le droit en principe [comme l'a fait sacrilègement la Révolution], dépouiller l'Église et ses ministres de toutes leurs propriétés [de facto seulement, comme l'a fait par exemple le petit-fils de Charlemagne, Charles-le-Chauve au IXème siècle] ; mais ces spoliations universelles rappellent toujours le temps des factions, les divisions dans l'État, les guerres civiles, Ies persécutions, et la détermination de détruire la Religion, dont on usurpoit les possessions. Jamais on n'auroit imaginé que le sacrifice entier de ces biens, fait aux spoliateurs, fût un moyen de rétablir la Religion [comme osait le dire le pape Pie VII dans sa Bulle Ecclesia Christi complétant le réprouvé art. XIII du Concordat]" (pp. 25-33)
           
        Une chose en effet est que ces spoliations ecclésiastiques soient toujours considérées comme un mal, comme ce fut le cas dans tous les siècles chrétiens du passé, les spoliateurs restant toujours des spoliateurs obligés, tôt ou tard, à rendre les biens spoliés, tout autre chose est de connoter in fine comme un bien ces spoliations, ainsi que le faisait Pie VII en déclarant incommutables dans les mains des spoliateurs les biens ecclésiastiques volés sous prétexte que c'était pour le Bien du rétablissement de la Religion en France. Comme si un vol non-absous, un péché de soi mortel, pouvait jamais servir au Bien de la Religion !, ce que font remarquer à si juste titre nos Évêques Réclamants. Un fondement essentiel de la théologie morale, en effet, n'est-il pas qu'il n'est jamais permis de faire un mal pour obtenir un bien ? Pie VII, comme pour tout le reste, l'avait donc "oublié".
           
        En tous cas, on ne saurait mieux dire ni poser la question dans la vérité vraie de la chose que ne le font nos chers et bons Évêques Réclamants. Des gens à courte vue, comme il n'en manque jamais chez les holothuries, ... et, O tempora, O mores !, y a-t-il désormais une autre race sur cette terre depuis la Révolution où tout le monde, chefs et peuples, s'est cassé la colonne vertébrale...?, veulent croire superficiellement que ce n'est pas si mal que ça que les bâtiments ecclésiastiques appartiennent à l'État après la Révolution, car c'est lui qui est obligé de financer leur coûteux entretien. Ils n'oublient qu'une chose, la plus importante, c'est à savoir que celui qui est plein-propriétaire d'un bien, comme donc l'État français s'est formellement réputé l'être sacrilègement depuis la Révolution des biens ecclésiastiques de France, peut juridiquement lui donner la destination qu'il veut. Pour l'instant certes, les bâtiments d'églises qui donc n'appartiennent plus à son légitime propriétaire, la Sainte Église de Jésus-Christ mais à leur spoliateur et voleur, l'État républicain français, ont une destination cultuelle, mais si l'État constitutionnellement athée voulait tout-à-coup leur donner une autre destination non-cultuelle et non-catholique, il serait juridiquement parfaitement fondé à le faire, libre et autorisé, en droit (républicain), de le faire.
           
        Car n'oublions pas que l'État athée post-révolutionnaire n'a passé en France un Concordat avec la Religion catholique que parce qu'elle est la Religion "de la majorité des français" (art. 1er). Alors, ce n'est pas compliqué : si demain c'était la religion athée (car c'en est une, comme le disait l'ancien ministre Vincent Peillon), plus encore que la religion musulmane, qui devenait la religion de "la majorité des français", ... mais que dis-je bien, demain !!, puisque c'est déjà le cas aujourd'hui !, alors, suivant la loi qu'il a posée dans l'art. 1er du Concordat, c'est-à-dire prenant comme criterium premier et très-démocratique "la religion de la majorité des français", l'État athée changerait comme tout naturellement et à son gré, sans même besoin de faire de nouvelles lois, juste en suivant son (pseudo-)droit républicain, la destination catholique des bâtiments d'églises qui lui "appartiennent" par spoliations et vols approuvés par le pape Pie VII dans l'art. XIII du Concordat... "pour l'heureux rétablissement de la Religion en France" (Bulle Ecclesia Christi), en en faisant des centres culturels, des musées, des, pourquoi pas, boîtes de nuit, des salles de gymnastiques, ou les vendant à des hommes d'affaires qui en feraient des hôtels-restaurants de luxe, comme cela s'est déjà vu, etc. ... comme du reste ladite République l'avait déjà fait en pleine période révolutionnaire après 1789, en faisant des églises de France, autant d'écuries, de granges à foin, d'étables et magasins de fourrage pour l’armée, de temples de la Raison, etc.
           
        Et nos Évêques Réclamants de faire remarquer dans leur suite, justement, la différence essentielle entre l'inique Concordat et les temps très-chrétiens où le Principe de justice et d'équité restait debout, quant bien même il pouvait y avoir parfois des atteintes aux biens ecclésiastiques, car les méchants existent de tout temps :
           
        "Qu'ils ont été différens [de ceux de Pie VII] les sentimens du Prince et de l'État lorsqu'ils ont été animés du désir sincère de rétablir la Religion et de réparer ses pertes ! Leur premier soin a été de remettre en vigueur des principes oubliés et des droits foulés aux pieds, dans des temps d'anarchie, où l'on ne connoissoit d'autres lois que celles de la force et du brigandage [contrairement donc à Pie VII qui sacrifie sacrilègement ces droits et ces principes... fondés sur le droit divin]. La Nation, et son auguste Souverain, Charlemagne, nous en offrent un bel exemple dans Ia requête que le peuple présenta à l'Empereur sur cet objet au Concile de Worms, et dans la réponse que l'empereur fit à cette requête de son peuple :
           
        "«Nous savons que les biens de l'Église sont consacrés à Dieu : nous savons que ce sont des offrandes faites par les fidèles pour la rémission de leurs péchés : c'est pourquoi, si quelqu'un les enlève aux Églises à qui ils ont été donnés par les fidèles pour être consacrés à Dieu, il est hors de doute qu'il commet un sacrilège : il faudroit être aveugle pour ne pas le voir : en effet, quiconque d'entre nous donne ses biens à l'Église, les offre et consacre au Seigneur Dieu et à ses Saints, et non à aucun autre : car voici ce qu'il dit, voici ce qu'il fait : Il dresse un acte énonciatif des objets qu'il désire donner à Dieu, et tenant en main cet acte devant ou au-dessus de l'autel, il dit aux prêtres et aux gardiens du lieu : J'offre et consacre à Dieu tous les objets mentionnés dans le présent acte, pour la rémission de mes péchés, de ceux de mes parens et de mes enfans, (ou pour quelqu'autre motif que ce puisse être qui le détermine à cette offrande), afin qu'ils servent à Dieu pour les sacrifices, pour les solemnités des messes, pour les prières, pour le luminaire, pour l'entretien des pauvres et des clercs, et pour l'avantage de cette Église : Que si quelqu'un (ce que je ne crois nullement) les enlève, il deviendra coupable de sacrilège et en rendra un compte très-sévère au Seigneur, à qui je les offre et consacre..... Si prendre quelque chose à son ami, c'est un vol ; frustrer l'Église de ce qui lui appartient, c'est incontestablement un sacrilège : c'est pourquoi les Saints Canons, qui ont été faits avec l'assistance de l'esprit de Dieu, portent : Si quelqu'un veut recevoir ou donner hors de l'Église, ce qui a été offert à l'Église, et en agir ainsi sans l'aveu de l'Évêque ou de celui à qui ces fonctions sont commises..... qu'il soit anathème. Afin donc que tout ceci soit observé dans les temps à venir avec une entière exactitude, par vous et par nous, par vos successeurs et par les nôtres, ordonnez qu'il en soit fait mention dans vos Capitulaires».
           
        "À des représentations si religieuses et si équitables [de son peuple] l'Empereur répondit : «Nous octroyons ce que vous avez demandé... Nous savons que la chute de plusieurs Royaumes et de leurs Rois a eu lieu, parce qu'ils ont dépouillé les Églises, qu'ils en ont ravagé, aliéné, pillé les biens; et qu'ils les ont enlevé aux Évêques et aux Prêtres, et qui plus est, à leurs Églises. Et afin que ce que vous venez de nous demander soit plus religieusement observé dans la suite, nous ordonnons et enjoignons que personne, soit de nos jours, soit dans les temps à venir, ne demande jamais, soit à nous, soit à nos successeurs, sans le consentement et la volonté des Évêques respectifs, les biens des Églises, et n'ose entreprendre de les envahir, de les ravager, ou de les aliéner de quelque manière que ce puisse être. Que si quelqu'un le fait, qu'il soit de notre temps et du temps de nos successeurs, soumis aux peines du sacrilège : qu'il soit légalement puni par nous, nos successeurs et nos juges, comme sacrilège, comme homicide, comme voleur sacrilège, et qu'il soit excommunié par nos Évêques» (Cap. Franc., Tom. 1)" (pp. 34-36).
           
        Puis, après avoir rappelé ce qu'étaient capables d'édicter les peuples et les rois qui avaient une colonne vertébrale, vivant avec le droit de Dieu précisément pour vivre authentiquement et concrètement leur droit de l'homme vrai et véritable, les Évêques Réclamants de conclure :
           
        "Il n'est, en effet, aucun gouvernement qui n'ait senti qu'ériger en principe le droit de disposer à son gré des biens consacrés à Dieu, comme de sa propriété, étoit commettre un attentat contre l'ordre social et renverser toutes les idées de justice et de Religion, pour leur substituer une erreur manifestement contraire à la gloire de Dieu, parce qu'elle tend à faire disparoître de dessus la terre l'éclat des honneurs qui lui sont dus. Les fabricateurs de ce mensonge (Jb XIII, 4) veulent éteindre la gloire du temple du Seigneur et de son autel (Est XIV, 9). Cette erreur détourneroit infailliblement les hommes d'aimer la beauté de la maison du Seigneur. On ne les verroit plus rien entreprendre, faire aucun sacrifice pour la splendeur du culte divin : et qui voudra jamais consacrer une partie de ses biens à la subsistance des ministres, à la pompe des solemnités, à l'entretien des temples, à la décoration des autels, s'il est reçu que cette destination si sainte peut être changée au gré de la force séculière ; que celle-ci peut arbitrairement s'emparer de ces biens, et sans aucun égard à la volonté des pieux donateurs, les employer à des usages profanes, peut-être même, comme nous avons eu le malheur de le voir, les faire servir à la ruine de la Religion, dont ils étoient le patrimoine ?
           
        "Aussi, le prédécesseur immédiat de Votre Sainteté, Pie VI, s'est-il élevé avec une grande force contre ce décret de l'Assemblée Nationale. «Nous passons maintenant (écrivoit cet illustre Pontife, dans sa lettre Apostolique donnée à Rome, à St.-Pierre, le 10 Mars 1791), à l'envahissement des biens Ecclésiastiques, autre erreur de Marsille de Padoue..... condamnée par une constitution de Jean XXII, et long-temps avant, par cette décision du Pape St. Boniface 1er : Il n'est permis à personne d'ignorer que ce qui a été une fois donné au Seigneur, lui demeure irrévocablement consacré, et appartient au droit des prêtres : c'est pourquoi l'on est inexcusable d'enlever, de ravager, d'envahir ou de piller ce qui est à Dieu ou à l'Église : et quiconque se rend coupable de pareils délits doit être regardé comme sacrilège jusqu'à ce qu'il se soit amendé et qu'il ait satisfait à l'Église : et celui qui refuse de s'amender doit être excommunié..... mais que ceux qui participent à l'usurpation dont il s'agit lisent la vengeance que Dieu a tirée d'Héliodore et de ses complices, parce qu'ils avaient entrepris d'enlever du temple des trésors qui y étaient déposés. L'Esprit de Dieu s'est fait voir d'une manière bien sensible pour réprimer leur audace, en sorte que tous ceux qui avaient osé obéir à Héliodore étant renversés par une vertu divine, furent tout d'un coup frappés d'une terreur qui les mit hors d'eux-mêmes. Qu'il est aisé de voir que dans cet envahissement des biens Ecclésiastiques [fait par la Révolution en France] on s'est proposé, entr'autres choses et on a eu en vue de profaner les saints temples, d'attirer le mépris général sur les ministres de l'Église, et de détourner les autres de s'engager désormais dans la milice du Seigneur ! Car à peine avoit-on commencé à envahir ces biens que l'abolition du culte de Dieu s'en est aussitôt suivie ; les temples ont été fermés ; les ornemens sacrés ont été enlevés ; et il a été prescrit de cesser dans les Églises Ie chant des divins office" (Lettre apostolique, 10 mars 1791).
 
BiensNationauxTalleyrand
Le diable inspirant de Talleyrand-Périgord,
de proposer à l'Assemblée nationale de nationaliser
les biens ecclésiastiques, le 2 novembre 1789...
           
        "Cependant, Ie gouvernement avec lequel Votre Sainteté a conclu la convention déjà tant de fois mentionnée, du 15 Juillet 1801 [le Concordat], professe hautement cette même erreur dans laquelle avaient donné ceux qui les premiers ont décrété que les biens consacrés à Dieu étaient à la disposition de la Nation" (pp. 35-39).
           
        Et de citer Portalis, ce misérable impie très-actif dans les hauts-rouages juridiques de l'État napoléonien, blabateur pseudo-philosophique orgueilleux, franc-maçon très-distingué qui, tout au service de la cause révolutionnaire, trompait avec astuce et mensonge ceux qui avait la sottise de l'écouter, dans une langue très-hypocrite, fielleuse et mielleuse, un Portalis que Napoléon avait fait son ministre des cultes (notez bien le pluriel), mais qu'il complimentait en l'appelant "notre plus grand orateur de France s'il avait su s'arrêter".
           
        Qu'on juge de l'ignoblerie du personnage par ce qu'il ose dire sur notre sujet, et qu'on veuille bien noter comme cet impie caresse avec grande tendresse Pie VII, comme aidant tellement et si bien à l'impiété révolutionnaire qu'il défend et cautionne pour sa réprouvée mais pontificale part : "Nous avons dit que, dès les premières années de la révolution, le Clergé Catholique fut dépouillé des grands biens qu'il possédait : le temporel des états, étant entièrement étranger au ministère du Pontife de Rome, comme à celui des autres Pontifes [... par exemples, les Évêques diocésains où ces biens étaient sis, leurs seuls légitimes propriétaires !], l'intervention du Pape n'était certainement pas requise pour consolider et affermir la propriété des acquéreurs des biens ecclésiastiques : les ministres d'une Religion qui n'est que l'éducation de l'homme pour une autre vie, n'ont point à s'immiscer dans les affaires de celle-ci : mais il a été utile que la voix du Chef de l'Église, qui n'a point à promulguer des lois dans la société, pût retentir doucement dans les consciences [!!!], et y apaiser des craintes et des inquiétudes que la loi n'a pas toujours le pouvoir de calmer [!!!]. C'est ce qui explique la clause [le très-exécrable non moins que sacrilège art. XIII du Concordat] par laquelle le Pape, dans sa convention avec le Gouvernement, reconnoît les acquéreurs des biens du Clergé comme propriétaires incommutables de ces biens" (Discours prononcé par le citoyen Portalis, orateur du Gouvernement, dans la séance du Corps Législatif du 15 Germinal an X, sur l'organisation des Cultes)" (pp. 39-40).
           
        Puis, nos bons Évêques Réclamants, pleins de justice et de vérité, font remarquer que l'État napoléonien a pris des mesures pour empêcher juridiquement que les possesseurs de biens ecclésiastiques qui s'en sont rendus peccamineusement acquéreurs mais qui en éprouvent un juste remord, puissent ultérieurement jamais les redonner, sous forme déguisée de fondation libre, à l'Église de France, leur propriétaire légitime, invoquant à cet effet... le droit des familles à ne pas être dépossédées d'un bien acquis...!
           
        "Et nous ne pouvons nous empêcher d'observer ici, qu'il a été pris un parti bien funeste aux acquéreurs des biens ecclésiastiques, quand on leur a ôté la faculté d'effectuer maintenant la restitution de ces biens, dont au dernier jour il leur faudra rendre compte au Souverain Juge. Qu'il est a craindre, en effet, que tant qu'ils auront en possession ces biens mal acquis, Dieu ne leur soit point propice, et ne répande point sur eux ses bénédictions ! Non, jamais les dépouilles des Églises et des pauvres n'ont présagé des événemens favorables..... Jésus-Christ, qui est la souveraine justice, ne souffre pas que ces spoliateurs aient une heureuse issue. Voilà donc à quoi expose les acquéreurs ce déplorable article XIII du Concordat, qui leur persuade, contre l'intention de Votre Sainteté, que les fruits de l'iniquité deviennent légitimes entre leurs mains, et cette mesure plus déplorable encore du Gouvernement qui met obstacle aux restitutions que leur conscience, mieux éclairée, pourroit leur suggérer. Est-ce donc en perpétuant l'injustice que l'heureux rétablissement de la Religion aura lieu ? Comment la raison d'État peut-elle mettre obstacle à ces restitutions qui, n'étant commandées que par le cri de la conscience, loin de troubler l'État, rendent à la patrie des citoyens probes et religieux. La Religion est tellement inséparable de la Justice, que c'est s'abuser que de croire qu'à la faveur des décrets du Gouvernement et des renonciations alléguées, les spoliateurs puissent revenir sincèrement à Dieu" (pp. 43-45).
           
        Puis encore, nos Évêques Réclamants font judicieusement remarquer que le scandale de l'art. XIII est beaucoup plus grand et peccamineux que s'il regardait seulement les biens de l'Église : car en effet, dès qu'il a été appris que le pape l'avait signé et promulgué pour les biens ecclésiastiques, il a aussitôt été fait la réflexion que les biens nationaux vendus mais n'appartenant ni de près ni de loin à l'Église, seulement à des particuliers, souvent aux français qui avaient émigré et qui, ayant été déclarés "ennemis de la République", s'étaient vus spolier par l'État tous leurs biens, que ces biens nationaux non-ecclésiastiques disais-je, devaient recevoir le même traitement que ceux ecclésiastiques. Car si le pape passait l'éponge sur le dol et le vol des biens ecclésiastiques qui de soi sont sacrés, déclarant propriétaires incommutables leurs acquéreurs, a fortiori devait-il donc en être de même pour les biens nationaux non-sacrés, comme appartenant simplement à des particuliers...! Et cela, en invoquant, plus scandaleusement encore sur le plan moral, "l'heureux rétablissement de la paix en France", une paix décidément diabolique, basée sur le dol et le vol des révolutionnaires. Si, pour la tranquillité de la France, Pie VII exigeait qu'on n'inquiétât pas les acquéreurs des biens nationaux ecclésiastiques, tout le monde en France ne pouvait que suivre l'exemple de celui qui a la plus haute autorité morale au monde, mais cette fois-ci pour les biens non-ecclésiastiques "parce que d'un côté, ces biens, qui n'appartenoient ni aux Églises ni à aucun autre établissement de piété, n'étoient assurément pas plus sacrés que les biens ecclésiastiques eux-mêmes : et que de l'autre, la tranquillité de la France demandoit que les uns et les autres, qui ont été aliénés par la même autorité ne fussent point redemandés aux acquéreurs. Cependant, qu'une pareille assertion est opposée aux véritables règles de la justice !" (pp. 45-46)
           
        Par cet abominable art. XIII, le pape cautionnait moralement, donc, en réalité, par rebond, TOUT le vol des biens, à la fois ecclésiastiques et non-ecclésiastiques, dont la Révolution s'était rendue coupable envers les prêtres et les simple français rejetant la Révolution, qui donc majoritairement étaient des gens de bien attachés à l'Ordre très-chrétien, en envahissant les biens très-notamment des émigrés... mais pas que, il s'en faut de beaucoup, extrêmement même. Avant les émigrés, avant même ceux qu'on déclarait mensongèrement émigrés pour pouvoir s'emparer de leurs biens, et ces malheureux ne furent pas peu nombreux, il y avait en effet ceux que la Révolution guillotinait et dont les tribunaux révolutionnaires ne rougissaient pas d'avouer souvent que c'était pour remplir le Trésor national, leur seul crime étant en fait de... posséder des biens. Combien furent guillotinés uniquement pour que leurs biens deviennent biens nationaux !
           
        Il y a donc derrière ce blanchissement de sépulcres qu'est l'appellation "biens nationaux" non seulement le péché de vol et de dol mais au moins à égalité avec lui, l'infiniment plus grave péché encore, de crime et d'homicide, de calomnie et de mensonge, notamment en déclarant "émigré" des particuliers qui demeuraient encore en France, tous péchés de malice infernale et de passion ténébreuse dans le crime... Et voilà donc maintenant, depuis l'art. XIII du Concordat, la lâcheté et la trahison tellement coupable du pape Pie VII, tous ces biens tout ce qu'il y a de plus mal acquis, "odieux amas de rapines" (p. 50), devenus des biens déclaré possessions légitimes... pour "la tranquillité et le rétablissement de la paix en France" !! Comme commentaient, horrifiés, les Évêques Réclamants : "Qui pourra jamais entendre sans horreur proclamer le meurtre comme un titre en vertu duquel on acquiert Ia propriété des biens de celui à qui l'on a fait subir une mort injuste ? Qui peut, au contraire, ignorer le terrible jugement que Dieu Lui-même a porté contre Achab et Jézabel après que cette reine impie eût fait lapider Naboth, afin de pouvoir s'emparer de sa vigne et par-là satisfaire la convoitise du Roi son époux (cf. I Reg XXI) ?" (p. 52)
           
        Formidable, affreux délit, en vérité, de la part de Pie VII, que cet art. XIII du Concordat, dont il devra rendre compte rigoureux à Dieu...
           
        Mais ce pape concordataire, qui avait décidé de manger avec le diable sans longue cuillère, ne peut que se contredire lui-même, vivre dans la contradiction, comme on en a déjà noté deux tout-à-l'heure, puisqu'il suit un mauvais chemin (comme l'on voit : le pape François n'est pas le premier à nous abrutir de contradictions...). Ainsi, ne le voit-on pas, lorsque les armées de la République envahissent les États Pontificaux et se mettent à y "acquérir" des biens, eux aussi appelés Nationaux, condamner pro domo ces agissements ! Nos Évêques Réclamants le lui font remarquer : "Obligés par notre ministère de conserver dans toute son intégrité le dépôt non seulement de la foi, mais aussi de la morale évangélique, sur laquelle tout l'ordre social porte comme sur la base la plus solide, nous ne pouvons nous empêcher d'élever la voix pour réclamer contre une aussi pernicieuse altération des principes de la Justice [à laquelle mène l'abominable art. XIII du Concordat, qui renverse radicalement toute idée de propriété, de justice, abolissant le péché de vol, etc.]. En remplissant cette partie de nos devoirs, nous avons pour guide Votre Sainteté elle-même durant ces temps orageux qui ont aussi pesé sur la souveraineté temporelle de Votre Sainteté. Il s'y est fait de semblables aliénations de biens qui ont de même été appelés : Nationaux ; et, après un mûr examen, Votre Sainteté par un édit solemnel a déclaré que les acquéreurs de ces sortes de biens ne pouvoient légitimement, ni en retenir la possession, ni exercer sur eux aucun droit de propriété, parce que l'un et l'autre est contraire aux règles, soit du droit public, soit de la justice particulière (Editto daro delle Stanzo del Quirinale, questo di 24 octobre 1801)" (pp. 48-49)...!!
           
        Mais il faut suivre jusqu'au bout de l'infamie nos Évêques Réclamants dans leur dénonciation des conséquences les plus damnables de ce révoltant art. XIII. Puisque donc le pape l'avait promulgué, il ne restait plus aux prêtres, quels qu'ils soient, qu'à le suivre. Jusqu'à déclarer propriétaires incommutables, non seulement les acquéreurs des biens ecclésiastiques, mais aussi ceux qui avaient acquis des biens NON-ecclésiastiques, c'est-à-dire ceux des émigrés, des guillotinés, etc !! Il est par ailleurs à peine besoin de préciser que les nouveaux Évêques concordataire se donnèrent à cette tâche... apostolique que leur assignait le pape, presque... à cœur joie. Ne s'agissait-il point, mes très-chers frères, de travailler à "l'heureux rétablissement de la paix et de la tranquillité en France", comme disait Pie VII...?
           
        "Les Ecclésiastiques requis par les possesseurs de biens nationaux de déclarer s'ils peuvent les retenir, sont obligés de répondre, afin que la paix publique et l'ordre social ne soient point troublés [!], que personne ne peut s'opposer aux lois existantes rendues par le gouvernement souverain, relativement à ces biens, et qu'en conséquence, ils peuvent légitimement retenir la possession de ces mêmes biens [qu'il s'agisse de biens ecclésiastiques OU NON-ECCLÉSIASTIQUES !] ; et plusieurs Évêques nommés d'après le Concordat, l'ont publiée ; en attribuant à Son Eminence le Cardinal Légat a latere de Votre Sainteté et du St. Siège Apostolique, et enjoignant de la manière la plus pressante aux Ecclésiastiques de s'y conformer, comme on le voit par ce qui suit : «Le Cardinal Légat nous a transmis une décision sur l'aliénation des biens nationaux qu'il importe de vous communiquer..... Son Éminence..... veut, sans aucune distinction, que les prêtres, interrogés par les acquéreurs des biens nationaux, leur répondent qu'ils peuvent légitimement retenir la possession de ces biens» (Extrait d'une lettre de M. Cambacérès -appelé Archevêque de Rouen, suivant la nouvelle circonscription-, contenant diverses instructions pour les Ecclésiastiques de son Diocèse).
           
        "«Nous sommes informés que plusieurs d'entre vous, nos chers Coopérateurs, se permettent de troubler les consciences des acquéreurs des biens nationaux..... Ils prétendent que la possession n'en est pas légitime, qu'ils ont été usurpés sur les propriétaires, qu'ils sont mal acquis, et qu'on ne peut, sans crime, en conserver la possession..... Ces plaintes ont été d'autant plus sensibles pour nous, que les dispositions des prêtres qui les ont occasionnées, annoncent qu'ils sont dirigés par des principes contraires aux lois de l'Église et de l'État, et qu'ils sont animés d'un zèle exagéré, et point assez éclairé. Cependant, nous vous avons transmis dans le rescrit du Légat a latere la règle de conduite que vous aviez à tenir à l'égard des acquéreurs des biens nationaux : nous avions donc droit d'attendre de vous, nos chers Coopérateurs, que vous vous y conformeriez..... Nous sommes infiniment peinés d'avoir à reprocher à des prêtres, qui doivent l'exemple de la soumission, une infraction aux lois de l'Église et de l'État : notre devoir et la sagesse de nos principes ne nous permettent pas de nous taire plus long-temps sur une pareille conduite..... Nous vous déclarons que ceux des ecclésiastiques de notre Diocèse qui ne se conformeront pas à l'avenir aux lois de l'Église et de l'État, perdront notre confiance, et encourront les peines que le gouvernement ne manquera pas de leur infliger» (Metz, le 15 Février de l'an de N. S. 1803, 26 Pluviôse an XI de la République) [Il est à peine besoin de faire remarquer ici que l'épiscope concordataire, sans sûrement s'en rendre compte lui-même, unifie comme si elles n'étaient qu'une, les lois de l'Église et de l'État, un État constitutionnellement... athée !, les lois athées étant donc celles, aussi, de l'Église... concordatisée, comme il fallait s'y attendre]
           
        "On voit même, continuent nos Évêques Réclamants, cette décision appuyée sur votre autorité par M. Rousseau (appelé Évêque de Coutances, suivant la nouvelle circonscription) dans sa lettre adressée à un acquéreur de biens laïcs qui le consulte, et qui est conçu en ces termes : «Je suis, Monsieur, édifié de la délicatesse de votre conscience [!!], et je m'empresse de la tranquilliser. Le Souverain Pontife a déclaré que les acquéreurs des biens nationaux en étaient détenteurs légitimes : ainsi l'on peut les posséder religieusement [!!!] sans aucune inquiétude» (Signé : Claude-Louis, Évêque de Coutances, 9 Pluviôse an XI).
           
        "Qui pourrait néanmoins, sans être pénétré de la plus vive douleur, penser aux maux que cette décision à déjà occasionnés ?
           
        "Avertis par les remords de leur conscience, plusieurs de ceux qui ont acquis des biens laïcs dits Nationaux, avoient reconnu les droits des propriétaires légitimes ; la justice et la paix allaient s'embrasser, lorsque tout-à-coup la décision dont nous parlons [celle de Votre Sainteté dans l'art. XIII du Concordat, confirmée et mise concrètement en œuvre par Votre Légat a latere] a détruit ces heureuses dispositions, apaisé les remords, et anéanti toutes les idées de justice. Les acquéreurs des biens dits Nationaux, qui n'appartenoient ni aux Églises, ni à aucuns autres établissements de piété, ayant une fois reçu cette décision qui flatte leur cupidité, l'ont regardée comme un oracle d'après lequel ils pouvoient, sans aucun scrupule, retenir la possession desdits biens : en conséquence, les légitimes propriétaires, frustrés de l'espérance qu'ils avoient conçue, n'ont que trop senti que cette même décision leur portoit un énorme préjudice, puisqu'elle leur arrachoit l'adoucissement de leur malheureux sort, au moment où il leur sembloit être sur le point de l'obtenir. Ainsi cette funeste décision a, tout à la fois, retiré les uns des sentiers de la justice dans lesquels ils rentroient, et replongé les autres dans les angoisses de la pauvreté d'où ils alloient sortir" (pp. 56-60)
           
        Et nos Évêques Réclamants de citer une lettre écrite au pape Pie VII par quelques émigrés dépossédés de leurs chez eux français : "Il restoit encore une étincelle de justice dans le cœur de ceux qui ont acquis nos biens..... Déjà plusieurs nous avoient écrit pour nous proposer un accommodement..... ainsi nous avons vu luire l'espérance de pouvoir au moyen des arrangemens qui nous étoient offerts, recouvrer une partie de nos propriétés..... et par-là pourvoir à nos besoins..... mais cet espoir, si consolant pour nous, est devenu bien éloigné lorsque..... tout récemment il a été décidé qu'il ne falloit plus contester la légitimité de la détention de nos biens, et que les prêtres ne pouvoient pas refuser d'absoudre sous prétexte de leur injuste détention..... Si une pareille décision pouvoit subsister, il n'est, Très-Saint Père, aucun homme sage qui ne voie, qu'au mépris des commandemens de Dieu, il faudroit dire avec des philosophes novateurs qu'un crime heureux cesse d'être crime : c'est pourquoi, ayant à nous plaindre d'un sort si énorme qui nous a été fait, nous nous prosternons humblement aux pieds de Votre Sainteté, et la supplions de ne pas permettre qu'une pareille décisions subsiste" (p. 60).
           
        ... Las !, pauvres malheureux !, c'était Pie VII lui-même soi-même qui, principalement par l'art. XIII du Concordat, avait pris cette décision ! Comment voulez-vous qu'il la rapporte, cette décision, puisque, fort loin d'ailleurs de la regretter, il s'y était engagé et y avait engagé tout son pouvoir pontifical devant tous les peuples et tous leurs chefs, surtout celui, Napoléon, dont il était littéralement obsédé, et ce, le plus publiquement possible !
           
        ... Dieu !!!, alors, quelle trahison inouïe dès 1801 sur le Siège de Pierre, sous tout rapport !! Et, considérant, affligés, atterrés, interdits, le pape Pie VII et tous les papes qui le suivront pendant tout le XIXème siècle puis le XXème, qui de plus aggraveront considérablement leur cas à partir de Vatican II, y corrompant la Foi par la corruption concordataire des Mœurs, jusqu'à François, considérant disais-je, tout cet amas d'iniquités pontificales, combien le redoutable mystère de Judas, mysterium iniquitatis, s'impose soudain à la réflexion catholique !
           
        Pour finir l'exposé de leurs justes et catholiques griefs faits au pape Pie VII quant à l'affaire du Concordat, par trop bien fondé en Église et dans la Foi, les Évêques Réclamants sortent du Concordat à proprement parler, pour dénoncer quelques propositions hérétiques et antichrétiennes du Code civil napoléonien, dont la cheville ouvrière principale fut le franc-maçon Portalis, sur la question du mariage ; ce qui prouve outre-mesure, s'il était encore besoin de le faire mais il n'en est nul besoin, que l'État français de Napoléon (et de toutes les Républiques post-révolutionnaires qui le suivront) n'était pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, condition essentielle et fondamentale pour la validité du pouvoir politique comme l'enseigne saint Paul, condition subséquente, je le rappelle, pour avoir le droit d'être accepté validement dans un Concordat passé avec l'Église du Christ...
 
portalis
Jean-Étienne Portalis (1746-1807)
âme doctrinaire damnée de Napoléon
           
        Nos Évêques Réclamants n'ont aucun mal à montrer que le Code Civil attaque très-hérétiquement les décrets du concile de Trente ainsi que les commentaires plus qu'autorisés qu'en a donnés le grand canoniste qu'était le pape Benoît XIV (1740-1758), sur beaucoup de points regardant le mariage, tel qu'il a été rétabli dans sa pureté originelle par Notre-Seigneur Jésus-Christ, à savoir :
           
        1/ Donner à l'État le pouvoir de faire des dispenses d'empêchements dirimants, consanguinité ou autres (ce misérable impie plein d'orgueil qu'était Portalis osera par exemple dire : "Dans l'ancienne jurisprudence, les dispenses étaient accordées par les ministres de l'Église, mais en ce point, dans tout ce qui concernait le contrat, les ministres de l'Église n'étaient que les vice-gérens de la puissance temporelle" ― p. 69) ;
           
        2/ Donner à l'État le pouvoir de faire la validité du mariage et l'enlever à l'Église ("Le mariage est un contrat qui, comme tous les autres, est du ressort de la puissance séculière à laquelle seule il appartient de régler les contrats..... Il est donc évident qu'il doit être défendu aux ministres du culte d'administrer le sacrement de mariage toutes les fois qu'on ne leur justifiera pas d'un mariage civilement contracté" ― p. 68...! Étonnez-vous, cher lecteur, qu'après ce sacrilège empiètement de l'État républicain athée sur les Droits de l'Église dérivant de ceux divins de Notre-Seigneur Jésus-Christ quant aux unions matrimoniales, fort bien acté comme on le voit dès les années 1800 du Code Civil, étonnez-vous disais-je, de la répartie de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques, montant au créneau pour faire passer la loi Taubira : "Le mariage est une institution républicaine, et grâce à ce texte [la loi Taubira] il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré [!!!], sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" ― Intervention de la ci-devant ci-derrière à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) ;
           
        3/ Et bien entendu, donner à l'État le pouvoir d'introduire le divorce dans les mœurs matrimoniales des français (Une autre mauvaise herbe que Portalis, de commenter superbement, au nom du Gouvernement : "Le divorce ne doit pas être signalé comme un mal, s'il peut être un remède quelquefois nécessaire..... Dans les maux physiques, un artiste habile est forcé quelquefois de sacrifier un membre pour sauver le corps entier ; ainsi des législateurs admettent le divorce pour arrêter des maux plus grands : puissions-nous un jour par de bonnes institutions en rendre l'usage inutile ! (...) Mais jusque-là, gardons-nous de repousser un remède que l'état actuel de nos mœurs rend encore, et trop souvent nécessaire" ― Motifs de la septième loi, exposés par le citoyen Treilhard. Cod. Civil. tom. 1, Paris an XI, 1803 ― p. 75).
           
        Nos chers Évêques Réclamants sont on ne peut plus fondés à fustiger d'importance et couvrir de confusion les sycophantes républicains impies et hypocrites de la Religion catholique dans ses Mœurs pures : "Ainsi Jésus-Christ se seroit trompé en rappelant pour toujours le mariage à son indissolubilité primitive ! C'est lorsque la terre couverte des ténèbres épaisses de l'idolâtrie étoit en même temps inondée d'un déluge de crimes, que le Dieu des sciences (I Reg II, 3), celui à qui aucune créature n'est cachée, aux yeux duquel tout est à nue, à découvert (Hebr IV, 13), qui connoît toutes choses avant même qu'elles se fassent (Dan XIII, 42), a statué que l'union conjugale seroit désormais indissoluble, comme elle l'avait été au commencement (Matth XIX, 8) : mais s'il faut en croire l'orateur dont il vient d'être fait mention, quand Jésus-Christ en qui habite véritablement et substantiellement toute la plénitude de la Divinité, a défendu pour toute la suite des siècles que l'homme séparât des époux que Dieu auroit unis, il n'a point aperçu cet abîme de désordres dans lequel se précipiteraient un jour des peuples qui auroient reçu la connaissance du vrai Dieu : il n'a pas prévu que dix-huit cents ans après sa vie mortelle, la corruption dès mœurs parmi des hommes qui feroient profession d'être ses disciples, seroit portée au point qu'il en résulterait une nécessité indispensable d'admettre le divorce, et il a fallu que la sagesse des législateurs modernes, suppléant au défaut de la législation de l'Homme-Dieu, apportât à la dépravation de ceux à qui ils donnent des lois, un remède proscrit par l'Évangile !" (pp. 75-77)
           
        ... On ne saurait mieux dire !! Combien, dans leurs judicieuses réflexions, se voient ici en transparence l'impiété et l'orgueil des révolutionnaires ! Mais on ne sera pas sans remarquer que cette prétendue justification d'une soi-disant nécessité de déborder la morale enseignée par Jésus-Christ qui avait lieu dans la période immédiatement post-révolutionnaire, se reproduit quasi à l'identique... de nos jours. La bénédiction des homosexuels n'est-elle pas dire à la Providence divine : "Tu n'as pas su prévoir que dans la période après Vatican II, les hommes n'auraient plus la force morale de respecter la Création de Dieu le Père, homme et femme, dorénavant il faut donc donner un statut moral aux hommes qui s'unissent entre eux..." !
           
        Après avoir mis en montre l'impiété et la non-ordonnance au Bien commun, tant naturel que surnaturel, des sociétés politiques post-révolutionnaires, nos Évêques Réclamants commentent judicieusement et mettent le doigt où ça fait mal quant à l'illusionnisme mortifère dans lequel Pie VII voulait entretenir à faux son esprit, perverti de démocratisme et s'obsédant, s'obnubilant perseverare diabolicum sur une très-funeste et antichristique chimère : "Or, qui ne voit combien ces entreprises multipliées [de l'État républicain] sur les droits de l'Église, ces systèmes opposés à son enseignement, ces renversements de sa discipline, qui sont autant de traits lancés contre la Religion Catholique, s'accordent peu avec l'heureux rétablissement de notre Sainte Religion que Votre Sainteté avoit en vue de procurer en France" (pp. 70-71)... c'est le moins qu'on puisse dire !!
           
        Mais laissons nos Pères françois dans la Foi conclure eux-mêmes la seconde série de leurs remarquables et si édifiantes Réclamations, etc. :
 
        "À la vue de tous ces maux et de tant d'autres que nous passons encore maintenant sous silence [bien d'autres griefs pourraient en effet tout-à-fait encore être rajoutés...], nous ne pouvons nous empêcher d'adresser à votre Sainteté les mêmes paroles qu'adressait autrefois Saint Bernard au pape Eugène III votre prédécesseur : «Voyez, ô Père commun ! jusqu'à quel point votre religion a été surprise..... l'apparence du bien vous a trompé..... Mais maintenant que le zèle se lève, et qu'il déploie toute son énergie..... que Dieu vous inspire d'accueillir avec des sentiments paternels nos respectueuses représentations, et de faire une réponse [il n'y en aura aucune...] qui, donnant l'espoir de voir le bien renaître, procure une vraie consolation à nous tous qui sommes désolés à l'excès, et affligés au-delà de toutes expressions» (Epist. CCLXX ad Dominum Papam Eugenium).
           
        "Et, prosternés aux pieds de Votre Sainteté, nous la conjurons humblement de nous accorder sa Bénédiction Apostolique.
 
"De Votre Sainteté,
"TRÈS-SAINT PÈRE,
"Les très-humbles et très-obéissans
"Serviteurs et Fils"
(p. 77).
[Suivent les signatures
des treize Évêques Réclamants
résidant en Angleterre]
 
ReclamationsEvequesLouisXVISUITEPremièrePage
 
"Le titre authentique était : Canonicæ et reverendissimæ
expostulationes apud SS. DD. Pium VII, divina Providentia Papam,
de variis actis ad Ecclesiam Gallicanam spectantibus.
Imprimée à Londres une traduction française en parut à Bruxelles l'an 1804,
une autre à Londres, l'an 1813, sous le titre indiqué plus haut.
Parmi les signataires figuraient trois noms nouveaux,
ceux des évêques de Tarbes, d'Orape, coadjuteur de l'évêque de Metz
et de «l'ancien évêque» de Rieux. Ne figurait pas l'évêque de Grenoble"
(Cf. Revue des sciences religieuses, t. XVI, 1936, C. Constantin, p. 371) 
         
        Tout au long de notre lecture de ces très-admirables Réclamations, etc., seconde mouture, comme du reste dans la première, on ne peut manquer de remarquer à quel point, dans tout leur texte, les Évêques Réclamants vénèrent la fonction pontificale de Pierre dans la personne de Pie VII, et d'en être profondément édifiés. Ils ont un tel respect du pape pourtant tombé dans les pires reniements au for public concordataire, qu'ils emploient moult et sans cesse la formule "contre l'intention de Votre Sainteté" lorsqu'ils sont obligés d'exposer les pires conséquences hérétiques du Concordat, ayant visiblement à cœur d'en décharger le pape, contre même, hélas !, l'évidence des actes ou décrets posés par Pie VII. Il n'est pas étonnant, dès lors, que leurs Réclamations, etc., première et seconde moutures, servirent de véritable bible à tous les groupes anti-concordataires qui vont naître dans la mouvance morale de nos bons Évêques Réclamants, se constituant par la suite ecclésialement ou bien non en Petite-Église. Et le comportement chrétien très-digne de la plupart d'entre les anti-concordataires, au niveau de leur piété, de leurs mœurs, souffrant sans haine la persécution de l'Église concordataire, fut souvent remarqué, avec étonnement, par les observateurs se penchant plus ou moins sociologiquement sur leurs communautés. L'accusation de jansénisme qui a été faite par certains contre eux n'est qu'une calomnie de plus à leur endroit : n'oublions pas qu'il faut salir préalablement celui qu'on a décidé d'égorger, ce qui est le propre de l'esprit sectaire, qu'on trouve en vérité beaucoup plus chez les concordataires que chez les anti-concordataires...
           
        À propos de calomnies, je ne saurai passer sans réagir sur la Première lettre pastorale aux dissidents de la Petite-Église, à l'occasion du jubilé demi-séculaire, 25 octobre 1851, du cardinal Pie. Cette lettre infâme est une véritable et ignoble salauderie pleine d'emphase pompeuse, remplie hypocritement de mots de la Charité mais sans la Charité, dégoulinant de graisse ecclésiastique impure, pleine de suffisance de pharisien, et n'ayant en définitive qu'un seul et misérable but non-avoué : écraser l'anti-concordataire et ne pas même lui laisser la peau sur les os.
           
        Qu'on en juge ! Cet évêque de Poitiers que des conservateurs obscurantistes ont dressé en statue à vénérer à genoux dans certains milieux tradis peu doués du côté de la cervelle, qui ne fut cardinal qu'un an avant de mourir, après avoir hypocritement esquivé la question doctrinale de fond, très-gênante en effet pour des carriéristes concordataires de son espèce, n'a voulu superbement en rester dans sa lettre "pastorale", qu'à étaler indécemment et mettre en grand relief l'état déplorable où subsistaient les anti-concordataires dans son diocèse. Il ose prendre comme base de son pamphlet scandaleux la situation misérable où ils se trouvaient réduits, souffrant dans leurs vies humaines forcément réduites sur le plan social, affligés de faim spirituelle, absence de Sacrements, etc., à cause de leur fidélité même à la pureté de la Foi : "Il n'entre pas dans notre dessein, ose dire cet histrion emphatique, de traiter à fond des questions [doctrinales ayant trait au Concordat] parfaitement éclaircies par tant de controverses pleines d'érudition et de solidité [mensonge éhonté, scandaleux, effet d'affiche misérable et hypocrite : ces controverses soi-disant victorieuses contre l'anti-concordatisme... n'existent pas ! Mais ce gros mensonge avait pour but d'assommer les gens simples que le méprisable orateur avait en face de lui...]. C'est en prenant la Dissidence dans son état actuel que nous voulons lui montrer qu'elle est évidemment hors de la vérité"...! C'est tout-à-fait comme si, pénétrant dans un camp de concentration nazi pendant la seconde guerre mondiale, vous jetiez à la tête des prisonniers dans un état physique lamentable, mourant de faim, de soif, etc., que leur état déplorable était la preuve que leur combat antinazi était mauvais !! Une telle attitude juge non pas les victimes mais celui qui les accuse, et peut-être même l'Église concordataire et pharisienne qui se cachait derrière le cardinal Pie.
           
        Par contre, la lettre que le pape Pie IX lui-même adressa à quelques anti-concordataires en 1854, équilibrée et dépourvue de tout orgueil et de toute haine, est fort intéressante quant à l'exposé bien fait des raisons de fond que l'Église prétend donner pour soutenir l'orthodoxie du Concordat, elles nous permettent de voir qu'elles sont toutes controuvées et fausses. Je commence d'abord par citer intégralement cette missive du pape Pie IX, puis je la commenterai ensuite :
           
        "Aux honorables Félix Costes et autres signataires de la lettre collective à nous adressée. PIE lX , PAPE.
           
        "Hommes honorables, salut.
           
        "La lettre par laquelle vous témoignez de votre dévouement envers notre personne et le Saint-Siège, a été pour nous un grand sujet de consolation. Quant aux questions que vous posez, nous répondons que Pie VII, notre prédécesseur, de glorieuse mémoire, dans le Concordat de 1801 et dans ses actes de la même année et de la suivante, après mûr et libre examen de l'état des choses, a, il est vrai, usé de remèdes extraordinaires pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique et obvier ainsi aux périls que couraient les âmes, en raison de la difficulté des secours spirituels, mais qu'il n'a jamais rien statué ni fait contre la doctrine proclamée par Pie VI, son prédécesseur, dans ses lettres apostoliques concernant les affaires de France ; nous répondons ensuite que Pie VII lui-même n'a jamais, en aucune manière, approuvé les réclamations des évêques qui n'avaient pas voulu consentir aux mesures prises par lui pour la réorganisation des Églises de France, et que, bien plus, ces mêmes réclamations ont été condamnées par un décret de la Congrégation de l'Index et par l'autorité du même souverain pontife ; nous répondons, en outre, que Pie VII, le 24 mai 1802, a publiquement demandé la correction des articles organiques, peu de jours auparavant décrétés à son insu par le gouvernement français et promulgués à Paris en même temps que le Concordat, et il n'a cessé, dans la suite, d'improuver par des plaintes réitérées ces mêmes articles, en tant que contraires aux lois divines et ecclésiastiques ; nous répondons enfin que non seulement vous pouvez, mais encore que vous devez absolument vous mettre en communion avec les prêtres qui exercent parmi vous le saint ministère, sous l'autorité de notre vénérable frère Jean-François Croizier, qui a été fait évêque de Rhodez par notre prédécesseur immédiat, Grégoire XVI, et qui gouverne cette église en pleine communion avec nous.
           
        "En effet, les véritables enfants du Saint-Siège et de la sainte Église catholique doivent reconnaître comme les vrais pasteurs des diocèses de France tous les prélats qui ont été préposés aux Églises de France par Pie VII, ou par ses successeurs Léon XII, Pie VIII et Grégoire XVI, ou par Nous-même. Rappelez-vous la déclaration dogmatique du Concile de Trente sur cette matière, dans sa session XXIII, canon 8, qui porte : "Si quelqu'un dit que les évêques qui sont établis par l'autorité du pontife romain ne sont pas légitimes et vrais évêques, mais une invention humaine, qu'il soit anathème !" Hâtez-vous d'acquiescer à nos avertissements, et, sans plus tarder, revenez à l'obéissance à votre évêque, auprès duquel vous trouverez tous les secours spirituels dont vous avez besoin, afin que, purifiant vos âmes des œuvres mortes et accomplissant les commandements de Dieu et de Son Église, vous obteniez le salut, qui est la fin de votre foi. Quant à nous, dans notre sollicitude à cet égard, nous vous recommandons à Dieu et à la parole de Sa grâce, et nous aimons à espérer que bientôt nous recevrons l'heureuse nouvelle de votre retour à la communion de votre évêque ; c'est alors que nous pourrons reconnaître dans chacun de vous un fils bien-aimé, réellement uni et respectueusement soumis au Saint-Siège et à Nous, qui y sommes assis, et vous donner, avec toute l'affection de notre paternelle charité, la bénédiction apostolique.
           
        "Donné à Naples, au faubourg de Portici, le dix mars de l'année 1854, le quatrième de notre pontificat.
 
        "PIE IX, PP.
           
        "Nous certifions que cette traduction remplit fidèlement le texte original et y est en tout point conforme.
"CÉLESTIN, card. Du PONT, Archevêque de Bourges".
           
        Cette lettre émanant du pape Pie IX en tant que docteur privé n'est qu'un tissu de faux raisonnements, dont il est évidemment très-important de montrer au grand jour les sophismes pour la gloire et le triomphe de la Vérité vraie, au moins dans les âmes, à cause même, bien évidemment, de l'autorité suréminente de son auteur pontifical.
           
        Le raisonnement de fond de Pie IX pour justifier le Concordat est de dire, d'ailleurs à la suite de son prédécesseur Pie VII, que ce dernier a "usé de remèdes extraordinaires pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique et obvier ainsi aux périls que couraient les âmes".
           
        Premièrement, son pouvoir pontifical suprême, même étendu dans la plénitude absolue de son exercice, n'était pas habilité à user des remèdes extraordinaires dont il s'est servi, et dont le principal est bien sûr la totale, incroyable et radicale refonte des diocèses en France, comme comprenant absolument toutes les personnes épiscopales et toutes les structures géographiques remontant aux assises chrétiennes mêmes de la France. Je l'ai exposé dans mon premier article : de par la Constitution divine même de l'Église, le droit divin pontifical n'est pas absolutiste comme les concordataires veulent le croire, mais seulement tempéré. C'est-à-dire que si le pape est effectivement bien le maître de la juridiction, si même il est au-dessus du Droit canon, il n'a cependant aucun pouvoir sur le droit divin constitutif de l'Église, tel que le Christ l'a confectionné lorsqu'Il est venu sur terre il y a 2 000 ans, très-notamment le droit divin épiscopal une fois celui-ci mis canoniquement en œuvre.
           
        Si le pape a effectivement bien un pouvoir discrétionnaire absolu sur la juridiction épiscopale en amont, c'est-à-dire pour donner à un évêque une portion du troupeau du Christ, une église particulière ou diocèse (aucun évêque en effet n'a le pouvoir de se donner à lui-même une juridiction en Église), une fois et dès lors qu'il a institué canoniquement le nouvel évêque dans cette église particulière qui devient très-théologiquement son épouse, le droit divin épiscopal se développe immédiatement à équiparité en face du droit divin pontifical. On pourrait tout-à-fait dire, en prenant la juste comparaison avec ce qui se passe dans les périodes de vacance du Siège de Pierre par mort de pape, lorsque tous les cardinaux, assumant en corps d'institution la Juridiction universelle mettent rituellement leur rochet à découvert par-dessus tous leurs autres vêtements, insigne vestimentaire qui symbolisait leur pouvoir juridictionnel : une fois l'évêque canoniquement institué dans son diocèse par le pape, dès lors véritablement uni par un lien sponsal très-sacré créé par le Saint-Esprit avec son épouse-église, il a immédiatement et formellement, lui aussi, son rochet à découvert. Ce qui signifie, et les Évêques Réclamants le diront assez et en exposeront avec soin les assises et racines scripturaires et traditionnelles très-catholiques (et non gallicano-conciliaristes, comme de vils calomniateurs ou ignorants ne connaissant pas leur théologie tâcheront en pure perte de le faire accroire) dans leur première mouture de Réclamations, etc., comme nous l'avons vu ensemble dans mon précédent article, ce qui signifie disais-je, que le pape, sur l'évêque une fois dûment institué, n'a pas le pouvoir de le destituer par seul motu proprio pontifical (il y faut adjoindre alors, pour la validité de la destitution, soit l'accord de l'évêque lui-même, soit procès en cour de Rome prononçant légitimement la destitution de l'évêque, et dans ce cas, le motif n'en peut être qu'une faute grave de l'évêque, à l'exclusion de toute autre raison). Supposer que le pape aurait le droit de destituer validement un évêque par seul motu proprio pontifical serait juste supposer que le droit divin du pape a le pouvoir de supprimer le droit divin de l'évêque, ce qui, théologiquement, est bien sûr une aberration, une absurdité complète, comme aboutissant à une sorte de hara-kiri radical de l'Église.
 
Rochet plisse
Rochet plissé
 
        Deuxièmement, à supposer, ce qui n'est donc absolument pas le cas, que le pape Pie VII aurait eu le pouvoir de destituer tous les évêques de Louis XVI par seul et simple motu proprio pontifical, comme il l'a fait, mais de soi invalidement, dans le Concordat, le but d'un tel acte, comme croit pouvoir l'affirmer mais à gtand'tort le pape Pie IX après Pie VII, n'était pas du tout "pour rétablir en France l'exercice public de la religion catholique", mais pour établir en France, et non rétablir, son exact et satanique contraire : un succédané très-damné de Religion catholique, amputé d'un de ses deux éléments constitutifs essentiels, à savoir les Mœurs. La Religion catholique, en effet, ce n'est pas seulement la Foi, c'est, à égalité, la Foi ET les Mœurs. Or, pour que le rétablissement authentique de la Religion catholique dans un pays donné soit un fait avéré, que le but affiché par Pie VII soit vérifié, il faut sine qua non que, non pas seulement la Foi, mais les Mœurs avec la Foi, soient rétablies dans toute leur intégrité catholique, ce qui présuppose et exige formellement que la Religion catholique soit la seule Religion à régner au for public, sociopolitique, c'est-à-dire soit Religion d'État. Sinon, à défaut de la liberté des enfants de Dieu dans le for public, à défaut du rétablissement intégral des Mœurs autrement dit, il est totalement faux et mensonger de parler de rétablissement de la Religion catholique, comme l'a prétendu Pie VII, et comme, à sa suite, le prétend Pie IX dans sa lettre. Le rétablissement de la Religion catholique, c'est en effet à la fois le rétablissement de la Foi et des Mœurs, et si l'un seulement est rétabli à défaut de l'autre, la Foi sans les Mœurs, ou les Mœurs sans la Foi, alors, c'est mentir de dire qu'il y a rétablissement de la Religion catholique. La Religion du Dieu véritable, en effet, c'est tout, ou rien. Pour bien le comprendre, on peut prendre l'exemple de l'être humain. Un être humain, c'est une âme et un corps. Il serait vain, et on le comprend facilement, de prétendre qu'un être humain puisse être dit existant avec seulement une âme (= la Foi), sans que son corps (= les Mœurs) existât et lui soit obligatoirement adjoint.
           
        Or, l'État constitutionnellement athée français de Napoléon fait régner dans le for public, ce qui a directe incidence sur les Mœurs, non pas la Religion catholique, mais l'indifférentisme religieux le plus absolu tiré d'un principe constitutif de sa constitution athée, toutes les religions, la vraie mélangée avec les fausses étant toutes constitutivement réputées égales en droit. Le Concordat ne rétablissant donc en France la Religion catholique que seulement au niveau de la Foi, mais ne la rétablissant nullement au niveau des Mœurs (c'est tout le contraire qui est vrai, car il détruit très-concrètement les Mœurs catholiques rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire l'État français athée qui professe l'indifférentisme religieux dans les Mœurs au for public), il est donc totalement faux et mensonger de parler de rétablissement de la Religion catholique en France par le moyen du Concordat, comme le font tous les papes concordataires et post, Pie IX, donc, ainsi qu'on vient de le lire, après Pie VII. Le rétablissement de la Religion catholique en France aurait été vrai après le Concordat, si, et seulement si, comme dans les temps très-chrétiens d'Ancien-Régime, la Religion catholique avait été déclarée par l'État seule Religion existante au for public, ce qui n'est pas du tout le cas après le Concordat.
           
        Mais puisque donc le but de l'opération concordataire était un mauvais but, non pas le rétablissement de la Religion catholique en France mais l'établissement nouveau d'un succédané très-damné de Religion catholique soumise à une puissance politique constitutionnellement athée corrompant radicalement ses Mœurs, Pie VII n'était théologiquement fondé à n'employer aucun moyen, qu'il soit extraordinaire ou bien non, pour le mettre en œuvre, attendu que le pape n'a le droit d'œuvrer légitimement en Église que pour le Bien-Fin de l'Épouse du Christ et jamais pour un mauvais but.
           
        C'est donc rien moins que sous deux motifs théologiques fondamentaux, dont l'un comme l'autre est formellement dirimant pris tout seul, que le pape Pie VII n'avait pas le droit d'employer ce que Pie IX appelle "les remèdes extraordinaires" : 1/ son pouvoir pontifical ne pouvait théologiquement s'étendre jusqu'à les employer ; et 2/ le but mauvais qu'il poursuivait, cependant, comme le disent si bien les Évêques Réclamants, "contre l'intention de Votre Sainteté", Pie VII n'ayant certes aucune mauvaise intention de mal faire, lui interdisait formellement de les prendre, eût-il pu théologiquement les prendre...
           
        Troisièmement, le pape Pie IX croit pouvoir préciser, dans la dernière partie de sa formulation, que le rétablissement de la Religion catholique en France, "obvi[ait] ainsi aux périls que couraient les âmes". Allons...!!, voyons, soyons sérieux : comment supposer une seule seconde que, les Mœurs de cet établissement nouveau de l'Église catholique en France, et non son rétablissement, étant complètement prostituées à un État constitutionnellement athée, ce succédané très-damné de Religion catholique puisse favoriser et travailler au salut des âmes...?!? Les papes concordataires et post, se mettant un bandeau d'aveuglement sur les yeux, naviguent là en pleine absurdité, en plein mensonge même.
           
        Pour n'évoquer que quelques faits qui contredisent totalement que le Concordat œuvrait au salut des âmes, au salus animarum, est-ce en faisant sacrilègement prier à l'église, dans les solennités du rite, pour le salut d'une République constitutionnellement athée... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en faisant des évêques et des curés, des serviteurs à la botte d'un État constitutionnellement athée, en les obligeant rigoureusement à lui prêter serment et à lui dénoncer tout opposant au régime athée... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en obligeant les fidèles à rendre le devoir d'obéissance aux lois civiles républicaines athées, n'ayant sournoisement en vue profonde que la destruction de la Religion catholique, comme le divorce, le fait de réputer valide le mariage par l'État et non plus par l'Église, ce qui est parfaitement hérétique et condamné par le concile de Trente, le fait de voir l'État athée s'arroger le droit sur les dispenses de mariage... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en faisant table rase du droit de propriété, en légitimant par l'art. XIII le vol et le dol des biens non seulement ecclésiastiques, mais par extension morale tous les biens volés des émigrés et des français ayant déplu à la Révolution (et c'était donc la sanior pars des français), d'une manière en définitive très... communiste !... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ? Est-ce en donnant sacrilègement "les droits et prérogatives" réservés aux rois très-chrétiens, aux consuls de l'État français constitutionnellement athée, avec possibilité pour eux de se servir du droit d'exclusive dans le conclave (!)... que le Concordat œuvrait au salut des âmes ?
           
        Et je pourrai encore continuer très-longtemps la maudite liste. Il suffit d'ailleurs de relire les Réclamations, etc., première et seconde moutures, pour voir que la matière ne manque hélas pas... Mais ce qui était indiscutablement le point le plus préjudiciable au salus animarum des français, résidait évidemment dans le non-Règne du Christ et de sa Religion véritable au for public de l'État français de Napoléon. Tout le reste en découlait. Comme disaient si bien les Évêques Réclamants : "ils [les sacrifices faits par Pie VII sur l'autel de Napoléon] n'ont abouti qu'à rendre plus déplorable l'état de cette Religion sainte [en France], et à la mettre, pour ainsi dire, à deux doigts de sa ruine totale".
           
        La vérité, en effet, c'est que les Mœurs concordataires pourries ainsi confectionnées ne pouvaient avoir la vocation réprouvée que de pourrir tôt ou tard, quoique occultement et insensiblement au fil du temps, la Foi elle-même des catholiques obligés de vivre ces Mœurs pourries, par contamination obligée... ce qui a fini par être explicité abominablement, au bout de quelqu'un siècle et demi, au concile Vatican II. De plus, il ne faudrait pas oublier le point essentiel du débat : le pape Pie VII attentait au criterium de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en Rom XIII, rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire un pouvoir politique constitutionnellement athée, réputant ainsi formellement la validité à une puissance qui était invalide comme n'étant pas ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, ce qui est hérétique.      
           
        Mais je continue maintenant à lire l'intéressante missive du pape Pie IX. Il nous affirme que le pape Pie VII "n'a jamais rien statué ni fait contre la doctrine proclamée par Pie VI, son prédécesseur, dans ses lettres apostoliques concernant les affaires de France". Si l'on regarde uniquement la grande affaire de la Constitution civile du Clergé, à laquelle semble faire allusion Pie IX, c'est presque vrai. Je dis presque, parce que si, théoriquement, le pape Pie VII n'a rien supprimé des justes et catholiques condamnations de Pie VI relativement à la Constitution civile du Clergé, il n'en a pas moins, cependant, dans la restructuration fort impurement mélangée de l'épiscopat français suite au Concordat, laissé beaucoup d'évêques constitutionnels remplir les nouveaux Sièges épiscopaux sans faire ni vouloir faire aucune abjuration (ce que Napoléon avait exigé, et, comme pour tout le reste et le reste du reste, Pie VII fut obligé de lui céder sur ce point), comme l'ont bien fait remarquer nos Évêques Réclamants dans la première série de leurs Réclamations, etc. Voilà qui nuance un peu et même sévèrement, le propos de Pie IX.
           
        De plus, il n'est pas du tout vrai de dire que Pie VII n'a rien fait contre ce qu'a fait Pie VI pour lutter contre la Révolution : en 1790-91, nous l'avons vu dans la première mouture des Réclamations, etc., Pie VI s'était opposé fermement au désossement, à la désarticulation des diocèses français déjà voulue par l'Assemblée Nationale, se retranchant d'ailleurs fort habilement, on l'a vu, derrière l'autorité des évêques français ; or, l'État français de Napoléon reprenant dans le Concordat pour copie conforme et ne varietur le projet des révolutionnaires qui ne datait que de dix ans, Pie VII s'est quant à lui positionné au rebours complet de ce positionnement catholique de Pie VI, non seulement en acceptant la restructuration tabula rasa des diocèses français, mais de plus, loin de respecter et de se retrancher derrière l'autorité des évêques, il n'a fait que suivre la volonté "apostolicide" de Napoléon en les guillotinant pontificalement ! C'était bel et bien là se positionner du tout au tout, radicalement, contre ce qu'avait fait le pape Pie VI ! Autre point aussi grave où l'on trouve Pie VII en contradiction flagrante et formelle avec Pie VI : son très-exécrable art. XIII, qui légitime la possession par vol des biens ecclésiastiques, ce que Pie VI avait formellement condamné, comme on l'a bien vu. Le moins qu'on puisse dire, donc, c'est qu'on ne peut vraiment pas souscrire à l'affirmation de Pie IX, comme quoi Pie VII n'aurait rien fait contre le positionnement à la fois doctrinal et pratique de son immédiat prédécesseur, Pie VI, dans la période révolutionnaire...
           
        Mais j'arrive maintenant, dans la lettre de Pie IX, à la cerise sur le gâteau. "Nous répondons ensuite que Pie VII lui-même n'a jamais, en aucune manière, approuvé les réclamations des évêques qui n'avaient pas voulu consentir aux mesures prises par lui pour la réorganisation des Églises de France, et que, bien plus, ces mêmes réclamations ont été condamnées par un décret de la Congrégation de l'Index et par l'autorité du même souverain pontife".
           
        Voilà qui rappelle que lorsque Notre-Seigneur Jésus-Christ comparut devant le sanhédrin et Caïphe, après leur avoir vertement rappelé la vérité, un sbire le gifla. "Un des satellites, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : «Est-ce ainsi que Tu réponds au grand prêtre ?» Jésus lui répondit: «Si J'ai mal parlé, montre ce que J'ai dit de mal ; mais, si J'ai bien parlé, pourquoi Me frappes-tu ?»" (Jn XVIII, 22-23)
           
        Je crois que les Évêques Réclamants pourraient en dire de même : POUR QUELLE VÉRITÉ DANS NOS RÉCLAMATIONS, ETC., NOUS SOUFFLÈTES-TU, NOUS FRAPPES-TU, Ô ROME CONVERTIE À LA BABYLONE ANTICHRISTIQUE DES NATIONS DEPUIS LE CONCORDAT ?
           
        Quel scandale digne de pharisiens, que cette inique mise à l'Index des vérités qui dérangent, que les grands-prêtres, pardon, les papes concordataires ne peuvent faire taire, n'ayant plus dès lors que l'issue des méchants, scandaleuse et réprouvée, de les assassiner ecclésialement ! Comme ce genre de procédé est honteux pour l'Église concordataire, comme il dénonce bien son mauvais chemin emprunté !! On ne peut plus penser à de l'innocence, là, nous sommes en pleine malice de pharisien, et il est bon de rouvrir certaines pages d'Évangile... Cette condamnation ecclésiastique du Juste persécuté ne dérange cependant pas beaucoup. Attendu que le premier excommunié injustement par une Église officielle, s'appelle Jésus-Christ Lui-même Soi-même. Et ma foi, le sort n'est pas trop mauvais de se trouver en compagnie de Jésus-Christ condamné injustement non moins qu'ecclésialement. C'est en souriant comme le fit Mgr Lefebvre dans son sermon du sacre des quatre évêques en juin 1988, que je dirai moi aussi : "Ils vont encore nous dire schismatiques !, ils vont lancer haut en l'air le grand mot de schisme !" disait-il en riant...
           
        Quant aux Articles organiques, le pape Pie IX ne pouvait, dans sa lettre, qu'avoir vraiment beaucoup de mal à s'en... dépatouiller et à en... débarbouiller son prédécesseur Pie VII. Pie VII n'a cessé, durant de longues et infructueuses années, s'empresse-t-il de mettre en montre et en avant, de réclamer leur abolition près l'État français de Napoléon ? C'est très-exact, mais ce qui l'est encore plus, c'est que, dans le principe de la chose, il s'était engagé lui-même, pape Pie VII, dans le corps du texte concordataire, à l'art. 1, à... les suivre, à y obtempérer ! Les Évêques Réclamants soulignaient à combien juste titre cette contradiction tellement significative de Pie VII, une de plus soit dit en passant, rappelons-nous, c'était dans leurs premières Réclamations, etc. : "Plût à Dieu qu'on n'eût pas donné occasion à ces Articles [organiques], en souscrivant purement et simplement, sans aucune précaution, à la seconde partie du premier article de la susdite Convention du 15 Juillet 1801, lequel est conçu en ces termes : «La Religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France..... en se conformant aux règlements de police que le Gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique»". Or, les Articles organiques n'étaient rien d'autres que ces... "règlements de police que le Gouvernement a jugé nécessaires pour la tranquillité publique"...! Il est bien dit là, le plus clairement du monde, que c'est le Gouvernement qui a l'autorité pour juger ce qui est nécessaire à la tranquillité publique, et lui seul ! Sans avoir à en référer au pape, ni lui demander son avis, encore moins son placet. Stipulation que le pape a acceptée rien qu'en signant le Concordat. Le Gouvernement n'a donc fait que mettre en application cet art. 1er par les Articles organiques. Mais qu'avait donc à y redire Pie VII, sinon à manger la honte de son inconséquence ?
           
        Et les Évêques Réclamants d'en conclure fort justement : "Hélas ! cette Convention [le Concordat], prise dans tout son ensemble, loin de guérir les maux de l'Église, n'a fait que les aigrir (sans doute contre l'intention de V. S.) mais la seconde partie de l'article premier lui a été spécialement funeste, parce qu'elle a fourni à la Puissance séculière l'occasion de s'emparer du Gouvernement spirituel, occasion qu'elle n'a eu garde de laisser échapper. Oui, voilà ce qui lui a applani le chemin pour en venir à tant d'étonnantes dispositions, auxquelles un Catholique ne peut penser sans la plus vive douleur. Et comme, d'une part, V. S. a formellement reconnu dans son Allocution du 24 Mai 1802, que lesdits Articles, tels qu'ils sont, mettent obstacle à l'exécution de ce qui est prescrit par la Constitution de notre Sainte Religion, ainsi qu'à l'exacte et fidèle observance de la Discipline établie par les loix de l'Église ; et que de l'autre ces mêmes Articles, tels qu'ils existent, sont des règlements de Police qui ont force de loi en France, et auxquels on est tenu de se conformer dans l'exercice de la Religion ; il s'en suit évidemment que la Religion catholique, apostolique et romaine, est aujourd'hui exercée en France, sous la condition expresse, que ses Ministres obéiront à des réglemens qui, au jugement de V. S. elle-même, s'opposent à ce que l'on pratique ce qu'exige la divine Constitution de notre Sainte Religion, et à ce que l'on observe fidèlement la salutaire Discipline que l'Église a établie par ses loix" (Premières Réclamations, etc., pp. 94-101). Et que voilà-t-il pas, soit dit en passant, une raison de plus, que j'ai oubliée de consigner tout-à-l'heure, comme quoi il était faux et mensonger de dire, comme Pie IX voulait le dire, que le Concordat "obvi[ait] ainsi aux périls que couraient les âmes" ! Loin d'y obvier, il y précipitait les âmes, en les obligeant, par l'inconséquence damnable de Pie VII, à l'obéissance aux Articles organiques !!
           
        Avouez qu'on ne saurait mieux dire que ne le firent nos chers Évêques Réclamants... mais Pie IX, quant à lui, se garde bien de le dire ! Il préfère souscrire, comme on le comprend, à l'interdiction pharisaïque de lire ces vérités dénonciatrices condamnant le très-mauvais chemin pris par la papauté concordataire et post...!
           
        ... Quant à moi, écrivain catholique ainsi que je signe tous mes articles, et de plus l'étant de manière insupportablement invétérée et, j'espère, impénitente, n'ayant abyssalement que foutre ni que faire des oukase pharisiens de l'Église concordataire cependant légitime, lesquels n'ont aucune valeur devant la Cour éternelle de Dieu, je préfère de beaucoup m'inspirer, genou en terre, en tant que catholique véritable, des derniers cris du cœur de Mgr Alexandre de Lauzières-Thémines (1742-1829), l'évêque Réclamant si édifiant de Blois, qui sentent si bons la bonne odeur du Juste persécuté, et auxquels mes deux derniers articles tâchent un peu de faire écho et de répondre : "Le plus nécessaire sera de parler après notre mort, pour que les simples fidèles soient sauvés dans leur simplicité, et que les enfants de lumière marchent dans la Lumière... Plaise au Ciel que les Réclamations et Oppositions de l'Église Gallicane soient perpétuées jusqu'au redressement des torts et des injures, qu'un cri Apostolique fasse entendre partout, comme il s'est déjà entendu quelque part : PERSONNE DANS L'ÉGLISE DE JÉSUS-CHRIST N'A LE DROIT DE FAIRE DES INTRUS" (Lettre à Louis XVIII, 15 octobre 1817) ; dans un autre endroit, le même prélat, de s'écrier : "Si tout est perdu, la vérité nous reste !" ; ou encore ceci, qui, bien sûr, n'est pas sans me toucher personnellement et même profondément : "Plusieurs prétendent que les laïques ne doivent pas se mêler de cette affaire religieuse, et moi je dis que la succession Apostolique est au contraire le dogme salutaire de tout le monde. OMNIS HOMO MILES [Tout homme est soldat]" (Lettre à un ancien magistrat, 20 août 1825) ― (cf., pour les citations de ce § : https://www.jstor.org/stable/44814719).
     
        Mgr de Lauzières-Thémines, issue d'une vieille et noble famille de France, "se voua à l'état ecclésiastique avec élan et piété. Il avait une belle fortune et tous les avantages de la naissance, de l'éducation et du talent. Il fut, tout jeune, grand-vicaire de Senlis et aumônier du Roi. À trente-trois ans, il était appelé à l'épiscopat et sacré à Blois, le 6 octobre 1776. Pendant vingt-cinq ans, il administra son diocèse dans la paix et la charité, et sa vie était aussi édifiante que bien remplie. Il parut quelquefois dans les chaires de Paris en de solennelles circonstances, comme par exemple pour prêcher l'Oraisons funèbre de l'Impératrice Marie-Thérèse d'Autriche, le 30 mai 1781, en l'église Cathédrale, devant le plus brillant auditoire. Mgr de Thémines était un digne et pieux évêque, entouré de la vénération du clergé et des fidèles. Tous lui en donnèrent la preuve, quand la Constitution civile fut décrétée. La lettre si touchante qu'il écrivit aux administrateurs du département de Loir-et-Cher est instructive à cet égard. «... Ce serait, dit Mgr de Thémines, un honneur et un devoir très consolant pour moi de n'avoir qu'à vous remercier des égards que M. le Président a bien voulu me témoigner de votre part ; mais les ministres de Jésus-Christ ne peuvent plus guère apercevoir des égards, dès qu'ils n'accompagnent que la subversion des règles et de l'autorité de l'Église : ils ne peuvent y répondre que par l'expression de leurs sentiments et de leur douleur».
 
        "Il se livra un rude combat dans son cœur quand il fallut prendre parti. «... Des fidèles qui se croient abandonnés ! Des vierges consternées dans les cloîtres ! Le jeune clergé qui se voit sans appui ! Nous nous sommes trouvé accablé sous le poids de tous ceux qui gémissent ; et quand on est pasteur, conseil et père de cette nombreuse famille, ah ! il faut avoir un cœur de bronze pour ne pas défaillir comme Rachel, “qui ne veut pas se consoler, parce ses enfants ne sont plus”. Il est des moments où il faut, comme les Apôtres, entrer dans le Cénacle avec les gens de bien, pour demander les secours que la terre ne fournit pas». Il protesta avec force et dignité contre l'élection de l'intrus Grégoire [venant usurper son Siège de Blois, comme évêque constitutionnel civil], qui devait devenir le chef de l'Église constitutionnelle ; et ce devoir accompli, il prit avec une grande tristesse le chemin de l'exil. Il ne se consola jamais d'être éloigné de son diocèse et de sa cathédrale, et il conserva, jusqu'à son dernier jour, l'espérance d'y reprendre sa place. À la Restauration de 1814, pressé à diverses fois par ses amis de revenir à Paris, comme plusieurs de ses confrères, il répondit : «Pour ramener un évêque français dans sa patrie après tant de tourmentes, il ne suffit pas de la restauration de la monarchie, il faut de plus l'entière et parfaite restauration de la religion de nos pères». Mgr de Thémines quitta l'Angleterre pour venir se fixer à Bruxelles, où il vécut en paix ses dernières années. Il mourut à Bruxelles, le 2 novembre 1829, à l'âge de quatre-vingt-huit ans (cf. http://shenandoahdavis.canalblog.com/archives/2019/06/17/37417472.html)".
 
MgrDeLauzièresThémines
Mgr Alexandre de Lauzières-Thémines (1742-1829)
... Une grande tristesse et souffrance morale,
celle du Juste persécuté, n'est-elle pas empreinte sur le visage
de cet homme dont les habits ne sont plus vraiment ceux d'un évêque ?
"La vérité a été en oubli, et celui qui s'est retiré du mal a été dépouillé" (Is LIX, 15)
       
        À son lit de mort ou peu s'en faut, Mgr de Lauzières-Thémines se résigna héroïquement à faire sa soumission au pape Pie VII, et reconnut, dans le principe de l'acte, le Concordat. En cela, et comme je le professe de faire moi-même, il accepta d'être crucifié avec l'Église, de vivre (et mourir en même temps) "LA PASSION DE L'ÉGLISE", endossant généreusement et prenant là le rôle de saint Jean au pied du Calvaire Rédempteur, quand, de leur côté très-imparfait, les clercs, grands ou petits, de l'Église concordataire, rejetant très-loin d'eux d'embrasser cette "PASSION DE L'ÉGLISE", ne voulant surtout pas prendre conscience de l'hétérodoxie viscérale et irréformable de la doctrine du Concordat qui leur aurait fait comprendre cette "PASSION DE L'ÉGLISE", frayaient donc avec les onze Apôtres sur douze qui fuirent coupablement la Passion du Christ, et dont l'un d'entre eux, il est toujours bon de s'en rafraîchir la mémoire, est mort en odeur de damnation.
 
        Il est en effet très-important, dans notre affaire, de comprendre ceci : une chose est d'accepter l'acte magistériel du Concordat, qui sont les clous qui crucifient l'Église sur la croix de la co-Rédemption, parce qu'il émane du pape légitime, une toute autre chose ou plus exactement dit un autre devoir aussi grand et aussi nécessaire à remplir quand on est catholique, est de condamner absolument la doctrine du Concordat moderne post-révolutionnaire, un devoir que ne comprennent absolument pas ceux qui font haro sur les anti-concordataires, ces derniers étant catholiques dans cette dénonciation et condamnation quand les concordataires ne le sont pas de ne pas la dénoncer ni la condamner. On est catholique véritable quand on satisfait à l'un ET à l'autre devoir, on ne l'est pas si l'on remplit seulement l'un SANS l'autre, soit condamner la doctrine du Concordat mais en refusant de faire allégeance au pape Pie VII et donc reconnaître la validité du Concordat, à la manière schismatique des sédévacantistes actuels, soit accepter le Concordat et bien sûr la légitimité du pape Pie VII mais sans dénoncier ni condamner l'hétérodoxie doctrinale du Concordat (et les deux devoirs peuvent et doivent être remplis tous les deux, attendu, quant au second, que le péché doctrinal du Concordat est ordonné à l'économie de la Passion du Christ, au "être fait péché pour le salut" que saint Paul enseigne en II Cor V, 21, c'est-à-dire à un simple péché matériel sans coulpe, et non bien sûr à un péché formel qui ne pourrait que signifier que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", ce qui bien sûr est impossible). La perfection catholique réside en effet dans l'acceptation crucifiée de l'Acte concordataire, tout en condamnant et rejetant la doctrine hérétique qu'il contient de très-multiples façons (c'en est même un feu d'artifices...).           
       
        Justement, le pape Pie IX finit sa missive sur le prêchi-prêcha facile et ficelle, venant de l'Église concordataire certainement légitime, celle de Rome, en direction de fidèles anti-concordataires sur sa marge, dans "les périphéries" dirait François : Revenez, chers enfants du Seigneur, dans le Bercail du Christ. Il faut continuer à en dire quelques mots, pour bien exposer ce qu'est "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Bien sûr, c'est vrai, il faut vivre sa Foi en Église en étant dans l'obédience des prêtres, et évêques, et papes, certainement légitimes. Mais je le redis encore une fois ici, car c'est le plus important à comprendre : dans le contexte cataclysmique et apocalyptique de "la crise de l'Église", qui commence au Concordat et qui se continue par Vatican II en attendant le règne de l'Antéchrist-personne, la seule manière de vivre sa Foi en Église en toute orthodoxie est de professer puis de vivre spirituellement "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Seule en effet, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" peut permettre au catholique de comprendre que l'Épouse du Christ puisse être "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21), sans pour cela aucunement qu'elle le soit avec coulpe, faute réelle séparant de Dieu, et bien entendu, subséquemment, sans qu'elle ne soit plus l'Épouse légitime du Christ. Que ce soit dans l'occurrence peccamineuse du Concordat, quant au péché pontifical commis contre les Mœurs, ou dans celle non moins peccamineuse du Concile Vatican II, quant au péché pontifical commis cette fois-ci contre la Foi. C'est ainsi, et ainsi seulement, par "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que le fidèle catholique peut être prémuni du scandale de la Foi, sans verser de babord ou de tribord, ni dans le schisme ni dans l'hérésie voire l'apostasie. Appréciation réelle de la situation ecclésiale moderne qui permet donc au catholique, et elle seule le lui permet, de continuer à entretenir sa Foi, comme il doit le faire, dans l'Église de Rome, toujours légitime, tout en prenant parallèlement bien conscience, ce que ne font pas les concordataires ou les conciliaires, du péché matériel inhérent à l'économie de la Passion du Christ, dans lequel péché matériel, désormais, gît, et vit et meurt, l'Église, qu'il s'agisse du péché concordataire ou de celui conciliaire, signe topique de sa crucifixion sur la croix de co-Rédemption, dans l'attente non certes de sa mort mystique qui aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, mais plutôt de sa Résurrection lors de la Parousie qui seule, pourra terminer et terminera "la crise de l'Église".
           
        Ceci, de fondamental, étant dit, revenons à la vraie question à poser en l'occurrence des anti-concordataires, suite à l'exhortation que le pape Pie IX leur fait en finale de sa lettre d'avoir à rentrer dans l'Église de Rome, question qui est la suivante : se sont-ils vraiment retirés schismatiquement de l'Église légitime de Rome, hélas devenue concordataire, c'est-à-dire "faite péché pour notre salut" (ce dont, soit dit en passant, ni Pie IX ni aucun autre pape moderne ne prennent conscience) ?
           
        D'une manière pratique, certes, les anti-concordataires s'en sont retirés, mais très-probablement pas d'une manière théorique, à la manière doctrinale sédévacantiste que nous montrent les extrémistes et/ou fanatiques de nos jours vaticandeux, du moins pour la plupart d'entre eux. La situation est en effet la suivante, après la signature du Concordat. Ceux qui le refusaient, le déclarent tout de go et naturellement en effet, dans un premier temps, à leurs frères chrétiens avec lesquels ils ont l'habitude de frayer, qui, quant à eux, acceptant le Concordat, ne tardent évidemment pas à leur faire reproche de le rejeter, puis tardent encore moins à leur déclarer qu'ils ne peuvent être catholiques s'ils n'acceptent pas le Concordat. Et, les positions se cabrant rapidement sous l'impulsion des passions humaines, les concordataires, le cardinal Pie l'a honteusement montré, montrant autant de passion à traiter en ennemis les anti-concordataires que ces derniers à s'exclure de la communion des concordataires, tout le monde arrive presque sans y penser à un clivage radical, sans cependant que des positions doctrinales schismatiques aient été vraiment formellement posées de la part des anti-concordataires, c'est plutôt de manière pratique qu'ils se retirent et s'excluent de l'Église officielle.
           
        Nous en avons une belle preuve dans la lettre que les anti-concordataires enverront aux Pères du concile de Vatican 1er, et qu'ils préparent avec beaucoup d'énergie et de soins dès 1868, faisant de grandes réunions entre eux dès qu'ils ont vent de l'intention de Pie IX d'ouvrir un concile universel, lettre dont l'intitulé est fait au pape et à tous les évêques de l'orbe catholique tout entière, qui contient des formules d'obédience parfaite de leur part, en tant qu'enfants soumis de l'Église. Ce qui aurait été bien sûr impossible si les anti-concordataires avaient été de vrais schismatiques ou sédévacantistes (exactement d'ailleurs, il faut le remarquer, de la même manière totalement soumise au pape que l'ont fait les Évêques Réclamants dans leurs Réclamations, etc. ; et le plus probable, d'ailleurs, c'est que c'est précisément en suivant l'humble exemple de ces bons pasteurs d'âmes, qu'ils vénèrent dans leur lettre, que leurs ouailles se déclarent soumises entièrement et sans réserve au pape Pie IX et à tous les évêques catholiques, dans leur grande lettre envoyée à tous les membres du concile Vatican 1er, avec les Réclamations, etc., en pièce jointe s'il vous plaît, lettre qu'on peut lire intégralement, ici : https://www.jstor.org/stable/44814719).
           
        Mais en voici assez dit, il me semble, pour la lettre du pape Pie IX. J'ai lu également, dans les documents historiques si l'on peut dire des argumentaires anti-concordataires, le délayage verbeux insupportable, entrelardé de mensonges au moins implicites, de l'abbé Augustin Barruel, contre-révolutionnaire bien connu mais d'esprit très-partisan. Il n'y a rien à dire de ce texte d'une superficialité lamentable étant donné la gravité du sujet, on a affaire à un discours bassement polémique et théologiquement complètement insuffisant, un verbiage inconsistant et insipide.
           
        Et je terminerai cette recension pénible d'auteurs s'imaginant dans leur vacuité spirituelle régler leur compte aux anti-concordataires, par le Père de Clorivière, contre-révolutionnaire lui aussi complètement insuffisant dans ses réflexions d'une lâcheté vraiment honteuse à dénoncer le Concordat, ce qui est du devoir de tout catholique. Qu'on en juge sur pièce : "Je viens de lire le Concordat, ma chère fille, et mon cœur en est navré de douleur. Cependant, le dogme catholique est à couvert [!!!] ; la religion sera publiquement exercée [mais.. quelle religion ? Le P. de Clorivières ne se pose même pas la question ! Or, il s'agit d'un Religion émasculée de ses Mœurs catholiques, dont le for public est radicalement subverti par l'indifférentisme religieux professé et imposé par l'État français républicain... athée. Mais voilà qui ne trouble point trop le très-cher P. de Clorivières...] ; bien des personnes pourront être secourues ; mais l’Église et ses ministres seront dans l’oppression exposés de la part des méchants à toutes sortes de vexations [Ah !, tout-de-même !, un peu de bon sens !] ; le chef de l’Église en qui je vénère l’autorité de Jésus-Christ, a cru pouvoir tolérer toutes ces choses pour le salut du peuple et le bien même de l’Église et de la religion. Je me soumets et je ne veux rien examiner ; Dieu sait tirer le bien du mal. Ce premier pas peut nous acheminer vers quelque chose de mieux. Tout coopère au bien de ceux qui aiment Dieu. Bornons là toutes nos vues, tous nos désirs, et rien de ce que font les hommes ne pourra nous nuire". 
 
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        Quant à moi, ma conclusion générale sur le Concordat, la voilà. S'il m'est permis de penser qu'il puisse encore rester en ce très-bas monde un ressort dans le ventre mou et spongieux des holothuries (ce que ne sont certainement pas mes lecteurs qui m'ont lu jusque là !), je leur conseille de méditer cette conclusion générale que j'ai déjà formulée dans mon précédent article, et je ne vois pas mieux à faire pour ce présent article que de la recopier ici à nouveau, car elle me semble synthétiser fort bien ce qui est le plus important à comprendre et retenir, dans cette terrible et affreuse affaire du Concordat de 1801, déclenchant, il y a plus de deux siècles à présent, notre apocalyptique "crise de l'Église" :
           
        "C'est donc bien à partir du Concordat que l'Église-Épouse du Christ est «faite péché pour notre salut» (II Cor V, 21), qu'elle vit dès lors dans la «si grande contradiction» (He XII, 3), sous «la puissance des ténèbres» (Lc XXII, 53), autrement dit qu'elle rentre dans l'économie spécifique de la Passion du Christ, pour vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» et, in fine, à la toute-fin du processus, en mourir de mâlemort sous le règne de l'Antéchrist-personne. On ne s'en rendit absolument pas compte lors du Concordat et après, parce que cette mise de l'Église dans le «être fait péché pour le salut» co-Rédempteur fut vécu occultement de 1801 jusqu'au concile Vatican II, seulement au niveau des Mœurs ecclésiales, la Foi restant contradictoirement encore sauve au for externe public et ecclésial des choses, trompant ainsi toutes les âmes, on ne s'en rendit généralement compte qu'au moment fatidique où la corruption des Mœurs ayant infesté et infecté occultement la Foi pendant plus d'un siècle et demi, la corruption de la Foi perça soudainement et brutalement à Vatican II dans les années 1961-65, comme elle avait spectaculairement et non moins brutalement percé au niveau des seules Mœurs, en 1801. Et toujours, remarquons-le avec soin, par un pape, Pie VII puis Paul VI... tant il est vrai que le poisson, qui fut pris comme symbole du christianisme dans la primitive Église, pourrit par la tête. Tout le mouvement tradi, par exemple, a fondé sa juste et légitime réaction à l'hétérodoxie de Vatican II sans prendre du tout conscience, à commencer par Mgr Marcel Lefebvre, de ce grand point : le premier épisode de «la crise de l'Église» qui donc est «PASSION DE L'ÉGLISE», est le Concordat napoléonien et nullement Vatican II, qui n'en est que subséquente et lointaine suite et débouché débauché..." (fin de citation)
 
En la fête de la Conversion de Saint Paul,
l'Apôtre des nations,
Ce 25 janvier 2024.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
ConversionSaintPaul
 
 
 
25-01-2024 09:12:00
 

Coup d'œil profond sur l'actu qui buzze et le buzz de l'actu (INVALIDITÉ de la destitution de Mgr Strickland par François... comme de celle des 82 évêques français par Pie VII lors du Concordat napoléonien...! ― Défense des évêques Réclamants)

 
 
 
 
Coup d'œil profond sur l'actu qui buzze et le buzz de l'actu
(INVALIDITÉ de la destitution de Mgr Strickland par François...
comme de celle des 82 évêques français par Pie VII
lors du Concordat napoléonien...!
― Défense des évêques Réclamants)
 
 
           
           
À Messeigneurs
Louis-Charles & Jean-Baptiste
du Plessis d'Argentré,
Évêques glorieusement Réclamants,
dont le bien-fond familial breton est
ma commune... Argentré-du-Plessis.
 
Blason du Plessis dArgentré2               
 
        Il est très-important pour le catholique actuel d'activer et tisonner sans cesse sa Foi, de la mettre sans relâche en œuvre avec vigueur et énergie, pour qu'elle triomphe victorieusement tous les jours sur les faits de l'actualité qui viennent, eux aussi sans cesse, surtout ceux ecclésiaux, l'agresser dans son âme aux fins évidentes de l'y faire mourir. La Foi en Jésus-Christ mort et ressuscité, la Foi dans son Épouse-Église très-sainte, doit toujours rester victorieuse en nous. C'est un exercice spirituel, ou plutôt un combat à mort incessant dans l'arène, que le catho de nos jours doit mener sans jamais se lasser mais tout au contraire en saisissant le taureau par les cornes pour toujours vaincre. Cela a pour effet non seulement de nous faire garder la Foi véritable jusqu'à la fin, assurance de notre salut éternel, mais de l'aguerrir et la rendre de plus en plus forte, corsetée de fer contre le mysterium iniquitatis qui, autrement, la ferait tôt ou tard mourir dans l'âme si ce bon combat n'était mené. C'est un combat à mort et sans merci, qui ne vainc pas sera vaincu, que Jésus a mené avant nous contre les pharisiens et les anciens du peuple juif, quand bien même, quant à Lui, évidemment, Il n'avait pas besoin de mener ce combat spirituel pour garder la grâce divine de son Père, étant le Saint des saints et Dieu Lui-même.
           
        C'est à ce prix que nous pouvons connaître dès ici-bas et maintenant, à l'instar des martyrs, la joie intérieure suréminente et pleine de gloire divine que Jésus-Christ n'a jamais manqué de posséder lors même qu'il Lui fallait vivre et mourir sa terrible et affreuse Passion, selon qu'Il le révéla à ses Apôtres le soir du Jeudi-Saint : "Je vous ai dit ces choses, afin que Ma joie soit en vous, et que votre joie soit parfaite. (...) Mais maintenant Je viens à Vous [ô Père saint, par la Passion qui va commencer pour Moi], et Je dis ces choses dans le monde, afin qu'ils [mes Apôtres] aient Ma joie complète en eux-mêmes" (Jn XV, 11 & XVII, 13). Jésus, en effet, prononçait ces Paroles de joie quelque très-court moment seulement avant de souffrir la mâlemort mystique, une agonie morale épouvantable dans la grotte de Gethsémani, jusqu'à en suer Son sang : "Mon âme est triste jusqu'à la mort" (Matth XXVI, 38). Cela nous enseigne que dans cette "crise de l'Église" atroce que nous vivons, qui réplique en décalcomanie la Passion du Christ puisqu'elle est "PASSION DE L'ÉGLISE", nous pouvons, nous aussi, si nous faisons sans cesse, en combattants infatigables, triompher la Foi dans nos âmes sur toute contradiction prétendument mortelle mais en réalité inconsistante et passagère, connaître cette joie et cette paix glorieuses et divines qui dépassent tout sentiment, dont l'âme du Christ était inhabitée jusque dans sa Passion...
           
        C'est dans cet esprit de triomphe surnaturel invincible du Bien sur le mal, alors même que, ecclésialement, de nos jours, nous sommes tous, au for externe, "foulés aux pieds par la Bête" (Dan VII, 25), que je vous livre maintenant, chers amis catholiques fidèles à votre Foi, le fruit de mon combat spirituel de ces derniers mois, interpellé voire pris au collet par certains faits qui buzzent dans l'actu à qui mieux mieux pour prétendument contredire la Foi et la renverser sans merci.
 
Jacob Angel Delacroix 
Lutte de Jacob avec l'Ange (Delacroix)
 
        Le principal fait ecclésial en montre spectaculaire qui interpelle vigoureusement ma Foi, est en soi tout positif quant à lui. C'est la magnifique figure d'un saint évêque de l'Église moderne actuelle, Mgr Joseph Strickland (à laquelle figure de saint pontife du Seigneur, on peut joindre aussi celle du cardinal chinois, Joseph Zen, vieux par l'âge mais si jeune d'âme, pareillement issu de l'Église moderne). Tout le monde connaît son histoire, et il est bien inutile que je rappelle ici que le plus clair de ce qui a motivé sa destitution épiscopale par le pape François, est qu'il est non seulement catholique ("curé mais catholique", comme disait l'abbé Sulmont !), mais qu'il l'est... saintement et héroïquement, jusqu'à pouvoir mériter la palme du martyre.
           
        Or, pour notre Foi, il y a là une toute première très-grande leçon à retenir de ce fait ecclésial bougrement aberrant, je n'ai cependant vu personne y réfléchir : c'est tout simplement qu'un fidèle catholique formé dans le giron de l'Église moderne pendant toute sa vie, de l'enfance à l'épiscopat, puisse... devenir fervent voire saint, estimer la Tradition, tant celle doctrinale que liturgique, enfin mener vraiment dans sa vie le saint combat spirituel, le bonum certamen paulinien ! Ce qui signifie que l'Église Universelle actuelle dont François est le pape crucificateur est donc bien encore assistée par le Saint-Esprit puisqu'elle peut donner et donne effectivement la grâce de la sainteté à ses membres qui la désirent ardemment et sincèrement. Comment, en effet, autrement, si l'on voyait "la crise de l'Église" avec la télé en noir et blanc des années 60, les bons d'un côté (tradi) les méchants de l'autre côté (moderne), pourrait-il bien surgir de cette Église contemporaine pourtant bel et bien abominablement "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), des géants de sainteté à la Foi pure, vraie, forte et innocente, comme Mgr Strickland, n'hésitant pas à aller avec force d'âme jusqu'au sacrifice personnel, vivant authentiquement de Jésus-Christ crucifié ?, ainsi qu'on le constate presque interloqué par les messages si édifiants, d'une Foi vive, humble, simple et ardente, presque incroyable, adressés aux fidèles par cet évêque américain se mouvant dans le giron de l'Église moderne depuis qu'il est prêtre, sans jamais rejoindre quelque mouvance tradi que ce soit...??
           
        C'est une très-belle et excellentissime première leçon que Mgr Strickland, sûrement sans s'en rendre compte, nous donne là, elle nous aide à mieux comprendre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" en évitant et expurgeant soigneusement de notre âme tout pharisaïsme intégriste. Je viens d'écrire une nouvelle fois que l'Église, vivant dans sa période moderne sa Passion propre et personnelle, est "faite péché pour notre salut". Cela veut dire qu'elle est faite péché simplement matériel et sans coulpe aucune, en toute innocence. C'est bien pourquoi justement ses membres, d'une manière générale, en ce compris ceux qui sont les plus élevés dans l'échelle hiérarchique, n'ont pas la moindre conscience et advertance de ce "être fait péché" ecclésial et peuvent donc y trouver la grâce de la sainteté véritable, ce que j'ai montré dans plusieurs de mes précédents articles (très-notamment, par exemple, à propos du pape Benoît XVI, dans l'article écrit après sa mort, cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Que%20le%20pape%20Beno%C3%AEt%20XVI,%20MALGR%C3%89%20%20TOUT,%20repose%20en%20paix%20dans%20le%20Christ?Itemid=1), un péché simplement matériel que par ailleurs l'Église moderne vit non seulement depuis Vatican II mais bien avant, beaucoup avant, depuis le Concordat napoléonien comme nous allons le voir tout-de-suite, là aussi de manière éclatante.
           
        Quoiqu'étant faite péché, l'Église moderne qui est aussi Universelle n'en garde pas moins, en effet, la Note de sainteté (car elle est faite péché pour notre salut, donc dans une mission immaculée de co-Rédemption que la Providence de Dieu lui impartit, vivant ainsi l'économie spécifique de la Passion), Note de sainteté qu'elle peut donc, comme en tous temps ecclésiaux ordinaires, transmettre de par le Saint-Esprit à ses membres aspirant sincèrement à la perfection chrétienne. Il ne faudrait pas s'imaginer en effet que cette Note de sainteté inhérente à l'Épouse du Christ est désormais le seul apanage des morceaux d'Église tradis, elle réside autant, et à égalité, dans le grand morceau de l'Église moderne, bien entendu à la discrétion et saint vouloir d'en user de la part des membres respectifs de cesdits morceaux d'Église, qu'ils soient tradis ou modernes. Quant à l'Église moderne, Mgr Joseph Strickland en est donc, à la vérité, une preuve merveilleuse et éclatante, un témoin des plus édifiants et aussi, des plus surprenants. On voit certes d'autres évêques et cardinaux post-vaticandeux se lever dans l'Église actuelle pour défendre la vraie Foi, et il est important de bien remarquer qu'ils le font tous non pas à partir d'une conversion au traditionalisme mais tout simplement à partir de la grâce du Saint-Esprit qu'ils ont puisée dans leur morceau d'Église moderne, car elle y reste encore et toujours, mais il faut reconnaître qu'ils n'ont pas cette héroïcité pure et forte de témoin de la Foi, étymologiquement martyr, qu'on voit, édifié, dans Mgr Joseph Strickland...
           
        ... Prions pour que le Bon Dieu soutienne dans sa grande épreuve actuelle ce saint prélat (dont il est bon de noter qu'il fut sacré évêque par le pape Benoît XVI), par laquelle il lui est désormais donné la meilleure et plus grande récompense, celle du Juste persécuté, à savoir d'être ecclésialement crucifié. Comme Jésus-Christ le fut il y a 2 000 ans par l'église synagogale-mosaïque, au mont Golgotha qui se situait en-dehors des murailles de Jérusalem, signe formel de Son excommunication religieuse.
 
        Jésus, en effet, ayons bien garde de l'oublier, fut le premier excommunié par l'Église...................
 
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Mgr Joseph Strickland, évêque de Tyler (USA)
 
        Concernant Mgr Strickland, j'ai lu des choses bien surprenantes ces derniers jours, mais qui vont nous permettre de dégager une autre leçon extrêmement grave et importante, et de pénétrer beaucoup plus avant dans la profondeur et la vérité des choses de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Certains clercs et prélats qui ont réagi à l'annonce de la destitution de Mgr Strickland par François, non seulement ont dénié toute raison canonique valable à cette destitution, et c'est juste l'évidence catholique des choses de dire que ce très-édifiant évêque n'a commis aucune vraie faute la justifiant, mais ont été jusqu'à connoter d'anormale la destitution elle-même. Car en fait il n'y a pas eu de procès canonique où l'accusé puisse présenter juridiquement sa défense, et pas plus n'y a-t-il eu un jugement ecclésiastique formel, il n'y a eu qu'une décision motu proprio du pape sans procès ni possibilité de faire appel, suite à une visite apostolique complètement hypocrite de son diocèse, scandaleusement tendancieuse et pro-bergoglienne. Celui qui a le mieux exprimé la question est Mgr Rob Mutsaerts, évêque auxiliaire de Bois-le-Duc aux Pays-Bas (... autre exemplaire d'évêque de l'Église moderne, soit dit en passant, qui, lui aussi, a néanmoins trouvé dans son sacerdoce issu de cette dite Église la grâce du Saint-Esprit de s'appuyer sur la Tradition et de la défendre avec vigueur...). Mais laissons cet évêque néerlandais nous dire son profond scandale quant à la procédure, ou bien plutôt absence de procédure, de destitution de Mgr Strickland : "Il est extrêmement inhabituel d'être privé d'une procédure canonique. Ce sont des méthodes que l'on pourrait s'attendre à voir en Corée du Nord ou à Rome à l'époque de Néron". Plus loin, il souligne à juste titre : "Aucune accusation spécifique n'a été portée [contre Mgr Strickland, qui] n'a même pas eu l'occasion d'être entendu". Mgr Mutsaerts s'est particulièrement indigné de l'absence de recours canonique ouvert à son frère évêque : "Ce n'est pas la première fois, note-t-il, que le pape François impose personnellement une telle sanction, en tant qu'autorité suprême de l'Église. Privant ainsi son destinataire de toute forme d'«appel à la défense». (...) Le pape étant la plus haute autorité, aucun appel ou défense n'est possible. Une procédure canonique s'imposerait pourtant" (Cf. https://www.lifesitenews.com/fr/blogs/le-pape-francis-a-eu-tort-de-destituer-leveque-strickland-sans-appel/). 
           
        Cette réflexion de Mgr Mutsaerts va certes dans le bon sens, il a au moins le grand mérite de lever le lièvre (il est au reste bien le seul à le faire), mais c'est cependant mal formuler et poser le problème. La vraie grande question qui se pose en l'occurrence est en effet, premièrement et en avant de toute autre, celle-ci : Le pape a-t-il le droit et le pouvoir, théologiquement et canoniquement, de destituer un évêque légitimement intronisé dans son diocèse sans aucun procès canonique, uniquement par voie de motu proprio appuyé sur la plénitude universelle de son pouvoir pontifical...?
           
        Or, je vais en faire la démonstration théologique tout-à-l'heure, la réponse à la question est formellement NON. Le pape n'en a, de droit divin, ni le droit ni le pouvoir. Une prétendue procédure de destitution par le pape d'un évêque légitimement intronisé dans son diocèse, sans aucun procès canonique en bonne et due forme près la cour de Rome, est, dans le principe de droit divin de la chose, formellement INVALIDE ; quelque soit par ailleurs le motif, non-fondé ou même fondé, de cette destitution. Dire donc qu'une telle procédure est seulement "inhabituelle", comme le fait Mgr Mutsaerts, c'est maladroitement et surtout inexactement affirmer implicitement qu'elle serait valide, quoiqu'étant cependant à ranger dans la catégorie "exception confirmant la règle générale en la matière", ce qui est faux. La vérité est toute autre : il est rigoureusement impossible de qualifier une telle procédure, ou plus exactement dit une telle absence de procédure, de rare, inhabituel, mais qui pourrait cependant arriver, par conséquent être valide, sans commettre ipso-facto un attentat mortel contre la Constitution divine de l'Église telle que le Christ l'a confectionnée quant à l'Ordre épiscopal, je vais bien l'expliquer tout-à-l'heure.
           
        Parvenu ici dans mon discours, je donnerai ce grave avertissement. Il est vraiment grand'temps que les catholiques actuels, qu'ils soient d'ailleurs modernes ou tradis, sortent de l'engourdissement cataleptique, de l'aveuglement spirituel où ils croupissent quasi tous, peu ou prou, depuis de si longues décennies, depuis de si nombreux et calamiteux lustres, et même très-miteux, bien avant Vatican II. Qu'ils veuillent bien enfin tirer le bandeau d'aveuglement qu'ils ont sur les yeux, afin de ne pas ressembler à l'insensé "qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s'être regardé, s'en va, et oublie aussitôt quel il était" (Jac I, 23-24).
           
        Ne se souviennent-ils donc pas que ce problème de destitutions épiscopales iniques et invalides par un pape est terriblement déjà arrivé dans l'Église lors du Concordat napoléonien il y a plus de deux siècles à présent ?, que ce fut le tout premier acte pontifical très-peccamineux qui ouvrit ainsi la porte à "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53) pour subvertir et investir l'Église, d'abord celle de France puis ensuite celles du monde entier ?, générant et accouchant dans la suite des temps, de Charybde en Scylla, "la crise de l'Église" dans sa phase terminale, c'est-à-dire son épisode vaticandeux final ? Veulent-ils donc toujours continuer à ressembler jusqu'à leur mort à la tête de linotte sans cervelle de l'épître de saint Jacques qui, à peine ayant vu, oublie ce qu'elle a vu, oublie ce que l'Histoire ecclésiastique a pourtant formellement enregistré ? Le premier épisode de "la crise de l'Église" que nous vivons actuellement, en effet, et dont le dernier volet spectaculaire et scandaleux est l'inique destitution de Mgr Strickland, n'est pas du tout le Concile Vatican II, se situant chronologiquement dans la moitié du siècle précédent (1961-1965), c'est le Concordat napoléonien, se situant chronologiquement dès le sortir de la Révolution française (1801) qui, nous allons le voir avec le pape du Concordat, à savoir Pie VII Chiaramonti, fit bien pire que ce que fait actuellement notre pape François post-vaticandeux, quant aux mœurs pontificales pour destituer injustement des évêques.
           
        ... Qu'est-ce bien, en effet, la destitution non-canonique de quelques évêques épars, par-ci par-là, de temps à autre, par coups d'autoritarisme félons, comme s'en rend certes bougrement coupable le pape François, comparée à l'incroyable destitution non-canonique, en forme d'oukase et sans aucun respect de la personne épiscopale, de TOUT l'épiscopat français en corps de nation par le pape Pie VII, quatre-vingt deux évêques en bloc, sans leur demander le moins du monde leur avis, tout au contraire leur interdisant sévèrement de le donner, pour permettre la signature hérétique et inique du Concordat, sinon... rien ?
           
        L'actualité ecclésiale qui buzze rend donc apparemment urgentissime la mise à plat chirurgicale de cette cataclysmique page historique, et on va voir qu'elle éclaire prodigieusement "LA PASSION DE L'ÉGLISE" en nous faisant comprendre que celle-ci commence dès le Concordat napoléonien, Vatican II n'en étant qu'une lointaine et subséquente suite, qu'on pourrait même évaluer comme étant moins hérétiquement grave, ou, à tout le moins, n'étant pas la cause génésiaque première du mal hérétique que ce très-funeste concile universel a eu le malheur immense de manifester ad extra dans l'Église au niveau de la Foi, ce mal hérétique étant en effet déjà vécu occultement ad intra au niveau des Mœurs depuis le Concordat napoléonien, plus d'un siècle et demi auparavant...
 
440px Gérard Signature du Concordat entre la France et le Saint Siège le 15 juillet 1801
Dans ce tableau si représentatif, remarquons bien
 comme l'État (Napoléon) est ASSIS, regard impérieux,
quand l'Église (Cal Consalvi) est DEBOUT, regard baissé...
 
        Pour commencer, je ne saurai évidemment pas reproduire ici, dans ce nouvel article, les raisons théologiques qui font que le Concordat napoléonien est intrinsèquement mauvais et pervers. J'ai établi soigneusement ces raisons dans une trilogie d'articles rédigée il y a plus de trois ans à présent, en mai 2020, intitulée Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1), et bien sûr aussi dans mon livre J'accuse le Concordat !, datant quant à lui de 2009 (cf. https://eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        Je n'en ferai ici que résumer les attendus de fond, renvoyant le lecteur qui veut l'exposé complet et le grand détail de la question, aux articles et livre susdits : le Concordat napoléonien est en effet intrinsèquement mauvais et pervers, pour la fondamentale raison qu'il a attenté hérétiquement au criterium catholique de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en son célèbres chapitre XIII de l'épître aux Romains, que voici (je résume synthétiquement l'enseignement paulinien) : Une société politique est valide et l'exercice de son pouvoir est légitime, si, et seulement si, elle est constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun véritable, normé à la fois sur les lois naturelles et celles surnaturelles ; si une société politique n'est pas ordonnée constitutionnellement à la poursuite dudit Bien commun, par-là même, elle n'est pas valide et n'a aucune existence aux Yeux de Dieu, et bien sûr n'en doit avoir aucune pour les hommes.      
           
        Saint Paul, en effet, dans ce chapitre politique de Rom XIII, ne parle que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, à l'exclusion formelle de tout autre. La démonstration en est facile à faire.      
           
        Nous en avons la preuve formelle dans le v. 3 dudit chapitre XIII, qui, Lapalisse l'aurait dit, suit immédiatement les deux premiers versets, que voici : "Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures : car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par Dieu. C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordre établi par Dieu ; et ceux qui résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes". Et saint Paul, de continuer immédiatement au v. 3, en disant, sans hiatus : "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises. Veux-tu donc ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN, ET ELLE TE LOUERA".      
           
        La pensée de saint Paul est claire : il nous dit là qu'à chaque et toutes les fois que je fais le bien dans l'ordre public, la puissance m'en louera, m'en récompensera. Mais, théologiquement, il est rigoureusement impossible qu'une puissance qui n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun, puisse, à tout coup, à chaque et toutes les fois, me louer pour le bien public que je fais : il ne reste en effet pas assez de grâce dans l'homme taré du péché originel, qu'il soit seul ou réuni avec ses semblables également tarés comme lui, pour pouvoir, à chaque et toutes les fois que le bien public est acté, opéré, louer celui qui le fait. Un pouvoir politique qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, pourra certes louer quelques biens publics, mais pas tous et à chaque fois, comme l'enseigne saint Paul. Or, depuis le passage du Christ sur la terre, Lui qui a tout racheté dans sa Rédemption y compris la sphère sociopolitique, seul un pouvoir politique chrétien-sacral constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, c'est-à-dire basant son pouvoir politique explicitement sur le Christ, a ce pouvoir de louer tout bien public opéré par l'homme, quel qu'il soit.      
           
        Il est donc clair que saint Paul n'entend parler, dans son fameux ch. XIII aux Romains, que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, qui, eux et eux seuls, sont capables de louer celui qui fait le bien dans l'ordre public, à chaque et toutes les fois qu'il l'opère. Lorsque saint Paul dit : "Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu", omnis potestas a Deo, cela ne doit être entendu que de la façon suivante : "Il n'y a pas d'autorité ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun qui ne vienne de Dieu". Un point catholique, c'est tout. Les autres "autorités" n'existent tout simplement pas, pour saint Paul, et c'est pourquoi il n'a aucun mot pour elles (le cas de l'Empire romain, qui était le pouvoir politique aux temps de saint Paul, ne contrevient nullement à cette grande loi que je rappelle : sans faute de sa part, le pouvoir romain ne connaît pas Jésus-Christ, certes, cependant, comme toutes les structures politiques de l'Antiquité, sa constitution est ordonnée inchoativement à la poursuite du Bien commun, et c'est pourquoi saint Paul le range dans les autorités politiques "qui viennent de Dieu", auxquelles, donc, le devoir de soumission des chrétiens est dû ; mais il serait hors-sujet et trop long d'en donner toute l'explication ici, je l'ai donnée dans la seconde partie de mon article L'obéissance et le respect dûs aux Autorités politiques légitimes sont-ils dûs à la République française actuelle et aux dépositaires de son "pouvoir"...?, auquel je renvoie mon lecteur, article qu'il pourra trouver ici : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/l-obeissance-et-le-respect-dus-aux-autorites-politiques-legitimes-sont-ils-dus-a-la-republique-francaise-actuelle-et-aux-depositaires-de-son-pouvoir?Itemid=483).      
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs l'Apôtre des Nations continue très-logiquement son propos, dans le v. 4, par ces mots : "CAR elle [la puissance politique] est le ministre de Dieu pour le bien", qui a même sens et complète très-bien le "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises" du v. 3. Comprenons bien là encore ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement et très-faussement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, l'Apôtre des Nations nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit précisément qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue tout naturellement et systématiquement. Et c'est également pourquoi du reste, toujours aussi logiquement, saint Paul continue ainsi ce v. 4 : "Que si tu fais le mal, crains ; car ce n'est pas sans motif qu'elle [la puissance politique] porte le glaive, puisqu'elle est le ministre de Dieu dans sa colère contre celui qui fait le mal". Notons soigneusement comme saint Paul fait exactement le même raisonnement pour celui qui fait le mal au for public que pour celui qui y fait le bien : celui qui fait le mal au for public doit s'attendre, à chaque et toutes les fois qu'il le commet, à être châtié par "la puissance", comme il dit pour parler des pouvoirs politiques. Or, si à chaque et toutes les fois que je fais le mal au for public, je dois m'attendre à être châtié par la puissance, c'est donc bien que ladite puissance est constitutionnellement ordonnée au Bien commun, et non accidentellement.      
           
        Il est donc absolument clair et tout ce qu'il y a de plus indiscutable que dans Rom XIII, saint Paul n'entend parler que des pouvoirs politiques qui sont ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, À L'EXCLUSION FORMELLE DE TOUS LES AUTRES. Or, depuis la Révélation, c'est-à-dire depuis le passage du Christ sur la terre, le Bien commun a un Nom : celui du Christ, celui de Jésus. Tout pouvoir politique donc, depuis lors, pour être ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun sur la terre, doit être explicitement basé sur le Christ, ou, à tout le moins, sur le Dieu Un et Trine, le vrai Dieu catholique. Sous peine, tout simplement, de... ne pas exister métaphysiquement. La doctrine que j'expose ici à la suite de saint Paul, et qui veut qu'un pouvoir politique qui n'est pas constitutionnellement ordonné au Dieu vrai et à son Christ, et donc au Bien commun, n'a aucune existence métaphysique, n'est pas nouvelle, elle est au contraire celle de la Foi catholique, bien connu de tous les papes... avant les papes modernes. Voyez par exemple le pape saint Pie V reprenant vertement le faible roy de France Charles IX d'avoir nommé dans une lettre "empereur" le Pacha turc, en ces termes : "... Votre Majesté désigne le tyran le plus inhumain, qui est en même temps l’ennemi le plus acharné de la Religion chrétienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, COMME SI CELUI QUI NE CONNAÎT PAS LE VRAI DIEU POUVAIT JAMAIS ÊTRE EMPEREUR ! Très cher fils en Jésus-Christ, donner le nom d’empereur à un tyran et à un infidèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Tilloy, p. 248). Pour saint Pie V, comme pour tout vrai catholique, le Politique dérive du Religieux, tout pouvoir politique post-christique qui ne s'appuie pas sur le Dieu vrai et sur son Christ-Messie, explicitement et constitutionnellement, n'existe... tout simplement pas.      
           
        Ce criterium de validité des sociétés politiques, basé sur l'ordonnance constitutionnelle obligatoire desdits sociétés politiques à la poursuite du Bien commun, regarde au premier chef, c'est bien le cas de le dire, les Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église. Prenons donc bien conscience qu'on ne saurait le rejeter sans pécher hérétiquement contre les Mœurs AUSSI GRAVEMENT QUE SI L'ON TOUCHAIT À UN DOGME DÉFINI DANS LA FOI.
           
        Or, les sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement basées sur les "droits de l'homme", lesquels rejettent formellement le vrai Dieu et son Christ à la source du pouvoir politique, ne satisfont pas à ce criterium paulinien fondamental d'être constitutionnellement ordonnées au Bien commun (on s'en rend compte de nos jours par les lois sur l'avortement, le mariage gay, etc., mais dès l'État français de Napoléon, le Code civil, base juridique de cet État, introduisait et légalisait le divorce, sans parler de son fondement juridique destructeur de la famille ; il était en effet rédigé, dira un célèbre auteur dont le nom malheureusement m'échappe, "pour un homme qui n'a ni père ni mère, ni enfants", pour l'individu des "droits de l'homme" autrement dit, au détriment de la famille, un individu idéologique formaté par les prétendues Lumières, inexistentiel, qui n'est pas l'homme vivant, c'est-à-dire l'homme-famille, que Dieu crée), et à cause de cela même, elles ne sont pas valides, elle sont radicalement invalides, in radice.
           
        C'est pourquoi le pape Pie VII n'avait théologiquement pas le moindre droit de recevoir dans un concordat comme partenaire co-contractant l'État français de Napoléon qui était un de ces pouvoirs post-révolutionnaires invalides, car le seul fait d'accepter un partenaire concordataire est lui réputer ipso-facto et formellement la validité, à cause de la structure synallagmatique de tout concordat, acte diplomatique solennel qui présuppose juridiquement la validité de tout co-contractant audit acte. Mais dire d'un pouvoir politique constitutionnellement athée et donc invalide, qu'il est valide, c'est une hérésie gravissime comme étant un attentat formel et à son plus haut niveau contre les Mœurs, dont l'Église est garante infailliblement, au même titre que pour la Foi.
           
        Or, ce qui aggrave considérablement la faute commise, c'est que Pie VII, en acceptant l'État français non-valide dans le Concordat napoléonien, lui réputant ainsi hérétiquement la validité, n'a pas seulement commis une faute passagère, dans le de facto, seulement pour l'État français de Napoléon, c'est au contraire dans le principe même de droit divin de la chose qu'il a prétendu changer radicalement le criterium de validité des Sociétés politiques enseigné par saint Paul, appuyé sur une fausse philosophie scolastique idolâtrant l'en-soi, l'être politique par laquelle on a, depuis le Concordat qui a servi de matrice archétypale à ce nouvel enseignement hérétique pour tous les temps qui lui ont succédé, donné une interprétation hérétique de Rom XIII, en voulant que le "tout pouvoir vient de Dieu" paulinien, omnis potestas a Deo, soit à entendre d'une manière absolutiste, qu'il s'appliquât désormais aux pouvoirs constitutionnellement mauvais comme à ceux qui sont constitutionnellement bons, sans plus tenir aucun compte du théologiquement nécessaire et obligatoire ordonnancement constitutionnel au Bien commun du pouvoir politique, ce qui est hérétique. C'était là pécher, et soumettre l'Église audit péché, en commettant un attentat formel contre les Mœurs, auxquelles sont inhérentes toutes choses regardant le domaine politique constitutionnel, et singulièrement quand il était ni plus ni moins question de renverser le criterium paulinien catholique de validité des puissances, comme dit l'Apôtre des nations en parlant des pouvoirs politiques. C'était là, pour la première fois depuis les assises de l'Église, depuis dix-huit siècles, faire rentrer l'Épouse du Christ dans l'économie de la Passion qui consiste essentiellement à être "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21), le Concordat s'avérant être le portillon du jardin de Gethsémani...
           
        Cependant, dans cette question du Concordat, ce n'est pas cette problématique de fond que j'étudierai ici, l'ayant déjà fait et bien fait dans les grandes profondeurs me semble-t-il, notamment dans mes écrits sus-visés, mais celle en relation directe avec la destitution invalide de Mgr Strickland par le pape François... qu'on retrouve exactement à l'identique, pour copie conforme, et cela ne saurait surprendre, dans la destitution invalide et en bloc, d'un seul coup d'un seul, des quatre-vingt deux (!) évêques français d'Ancien-Régime par le pape Pie VII, pour permettre la signature du Concordat. On ne saurait se montrer étonné, en effet, que le moyen employé par François Bergoglio ou par Pie VII Chiaramonti pour mettre en œuvre leur agenda respectif au service du diable, à deux siècles de distance, soit lui-même hérétique, car en effet, si j'ai un mauvais but, je ne peux qu'employer de mauvais moyens pour y arriver.
           
        C'est ce qu'on va voir maintenant...
 
Claude Louis Desrais signature concordat Bonaparte encre lavis 1024x669
Signature du Concordat, très-faussement représentée
en stéréotype idéal et parfait entre l'État et l'Église...
(Remarquons avec soin comme l'allégorie du fond,
censée représenter la Religion et donc Dieu derrière,
est tournée vers Napoléon et non vers le pape,
comme s'il était le premier Dispensateur de la Religion
... par-dessus le pape)
 
        Commençons par dire que le pape Pie VII ne se rangea pas tout-de-suite à la tyrannique et implacable exigence de Napoléon sur ce chapitre, car c'est Napoléon en effet qui exigea, comme condition sine qua non du Concordat, la destitution de tous les évêques français en place à la fin de la Révolution. Cet hypocrite fils de Satan mit haut et fort en avant la raison du royalisme de ces évêques, mais en réalité, la véritable et profonde raison de son exigence était que des évêques catholiques intégraux l'auraient empêché radicalement de mettre en œuvre la reconstruction totale de la France qu'il voulait faire sur la seule base exclusive des "droits de l'homme", tant politiquement que religieusement. Napoléon en effet voulait rien moins que construire un véritable novus ordo sæculorum, en France pour commencer, exactement comme de nos jours les tenants de la IVème révolution dite industrielle veulent, derrière le mondialiste initiatique Klaus Schwab accouplé à la papauté moderne corrompue, introduire le monde dans une nouvelle économie de salut tant politique que religieuse. Comme il avait fait dire à son frère Jérôme Bonaparte, "La Révolution, c'est autre chose que du fumier retourné", il ne s'agissait pas de faire quelques amendements à une vieille constitution, il s'agissait de TOUT reformater le cosmos sociopolitique dans un tohu-bohu pseudo-génésiaque car franc-maçonnique... Or, dans les deux cas, la Religion catholique est un obstacle absolu qui empêche ce grand'œuvre initiatique, opera magnum, et il faut bien sûr commencer les choses par le supprimer, cet obstacle. Il faut donc bien comprendre que derrière son hypocrite volonté de supprimer non seulement tout le corps épiscopal français mais encore toute la structure géographique spirituelle des anciens diocèses qui remontaient à la naissance de la France chrétienne et qui fleuraient bon la sainteté antique, Napoléon n'avait rien moins en projet que de vouloir effacer complètement et radicalement toute trace de la vraie Religion en France...
           
        Et c'est pourquoi, pour y aboutir, sachant fort bien qu'il ne pouvait pas se passer de la force religieuse mais qu'il ne pouvait au contraire qu'en avoir nécessairement besoin pour bâtir son ordre nouveau, ayant vitalement besoin de la force de cohésion sociale que le Spirituel génère et lui seul, il lui fallait absolument des évêques dévoués corps et âmes à l'État, faisant obligatoirement allégeance à son pouvoir... constitutionnellement athée ("L’abbé Bernier [négociateur de l'État français] fait valoir que le Gouvernement «ne veut en France d’autre clergé que celui sur les dispositions duquel il pourra parfaitement compter» ― Lettre de l’abbé Bernier à Mgr Spina du 17 brumaire an IX -8 novembre 1800- Cf. Un coup de force dans l’église : le bref Tam multa du 15 août 1801, Arnaud Decroix, in https://books.openedition.org/putc/12694?lang=fr). Et c'est la raison profonde pour laquelle ce précurseur de l'Antéchrist-personne voulait refaire toute la structure épiscopale en France, personnes et diocèses et même jusqu'aux simples cures, le redécoupage de toutes les paroisses de France et de Navarre étant en effet au programme, en commençant bien évidemment par la destruction radicale de l'ancien Clergé. Par certaines déclarations, on peut bien voir que le fond de la pensée de Napoléon était la haine de la Religion catholique et que s’il avait pu, il l’aurait rayée de la face de la terre. Voyez par exemple, sa petite phrase au philosophe-médecin Cabanis : "Je veux rétablir la religion [catholique en France] comme vous la vaccine, l’inoculer POUR LA DÉTRUIRE". Il écrivit aussi à son frère Joseph Bonaparte, après la mort de Pie VI, faisant écho aux pires sans-culottes révolutionnaires : "Mettez tout en œuvre, pour qu’un autre Pape ne soit pas élu !" (Jeanne d’Arc et la Monarchie, abbé Marie-Léon Vial, p. 496). Le drame, c'est qu'on va voir le pape Pie VII, complètement aveuglé par sa propre corruption démocratique personnelle, lui donner entièrement main et même bras pour cela, honteusement, jusqu'au pire du pire...
           
        De plus, on a peine à s'imaginer, en nos jours éloignés de l'épopée napoléonienne, l'inouïe emprise morale que, certainement pour la punition des peuples et... des papes, la Providence de Dieu avait donné à Napoléon Bonaparte sur tous les esprits, même sur ceux qui le haïssaient, c'était ni plus ni moins cette "puissance active d'égarement" dont parle saint Paul lorsqu'il traite de l'Antéchrist-personne, venant "avec toutes les séductions de l'iniquité pour ceux qui périssent, parce qu'ils n'ont pas reçu l'amour de la vérité pour être sauvés. C'est pourquoi Dieu leur enverra une puissance d'égarement, pour qu'ils croient au mensonge" (II Thess II, 10).
           
        Une dizaine d'années après sa mort (1821), Henri Heine, séjournant à Paris dans les années 1830, aura ce commentaire sur la puissance maléfique de Napoléon sur les esprits, donnant cette photo littéraire de l'époque : "Napoléon est pour les français une parole magique qui les électrise et les éblouit... Le portrait de l'homme est suspendu dans chaque chaumière... Je l'ai trouvé couronné d'immortelles, comme nos images du Sauveur pendant la Semaine-Sainte [!!!]" (La postérité spirituelle de Joachim de Flore, Henri de Lubac, t. II, p. 255). Mais voici un souvenir personnel. Au cours d’un pèlerinage, j’ai eu l’occasion de toucher l’orgue Aubertin de l’église saint Louis à Vichy, église qui a été rebâtie par Napoléon III (1808-1873) et que Pétain fréquenta entre 1940 et 1943. Or, quelle ne fut pas ma surprise d’apprendre par l’organiste qui tenait à me présenter son originale église, que le généreux bienfaiteur, voulant que les vitraux du fond représentassent les saints de la famille impériale, y adjoignit, à côté des saints Eugène, Jean, Hortense, Louis, Eugénie, Joseph et Charles, un vitrail représentant le fameux saint… Napoleone (qui n’existe pas, au Martyrologe !), avec, tenez-vous bien… LA TÊTE DE NAPOLÉON 1ER !!! Bien entendu, le vitrail, dont je reproduis la carte postale ci-dessous (car apparemment le clergé est fier de ce qui fait sa honte), fut béni-oui-oui par la clergie post-concordataire XIXème siècle…!!!
 
NapoléonVitrailEgliseVichy
 "Ils mettent leur gloire
dans ce qui est leur honte"
(Phil III, 19)
       
        Nous sommes là dans l'idolâtrie du personnage post-mortem. Que dire, de son pouvoir magique sur les esprits faibles et pas assez catholiques, c'est-à-dire sur les 99 % de la tourbe humaine, de son vivant !! Le premier à être séduit, c'était... le pape Pie VII, il était complètement sous l'emprise totale et honteuse de son faux charme d'"homme fort" basé sur l'orgueil et l'idolâtrie très-révolutionnaire de l'homme (... alors que le seul "homme fort" qui a jamais existé et qui existera jamais, c'est Jésus-Christ...). Ce qui le prédisposa à cette emprise maléfique fut certainement les opinions politiques non pas même seulement républicaines mais démocrates qu'il avait, comme il osa le montrer scandaleusement dans son incroyable sermon de la Noël 1797 à ses ouailles d'Imola (que j'ai reproduit et analysé dans la 1ère partie de ma trilogie d'articles sus-mentionnée), lequel, Napoléon, l'ayant lu, qualifia de "sermon jacobin".
           
        Mais pour en finir sur le mauvais sujet de l'époque, je dirai que Napoléon Bonaparte ne fut qu'une sale bête malfaisante très-pénétrée de l'orgueil luciférien des "droits de l'homme" au service de l'Antéchrist et de Satan. Peut-être, au reste, en quelques très-rares éclairs de lucidité sur ce qu'il était vraiment devant le Seigneur, il s'en rendit compte lui-même, témoin cette phrase qu'il prononça un jour lorsqu'il fit halte sur la tombe de Jean-Jacques Rousseau, en Suisse : "Il eut mieux valu pour les hommes que ni lui ni moi ne fussions nés". Terrible aveu, qui n'est pas sans faire penser à la parole indignée du Christ lorsqu'Il prédit la trahison de Judas : "Malheur à l'homme par qui le Fils de l'homme sera trahi ! Il aurait mieux valu pour cet homme de n'être jamais né" (Matth XXVI, 24)...
 
        Le Fils de l'Homme n'était-Il pas abominablement trahi dans son Épouse l'Église par le Concordat, dont Napoléon, bien plus que Pie VII, est la principale cheville ouvrière d'iniquité...?
 
og napoleon waterloo
Napoléon, après la défaite de Waterloo : comprit-il enfin
qu'il avait un Maître, un Dieu, comme tout le monde...?
       
        Toujours est-il que lorsque Napoléon fit part directement à la cour romaine de son exigence inconditionnelle de destituer tous les évêques de France en 1800, le pape Pie VII, dans un premier temps, tâcha de trouver des expédients pour l'éviter. Il avait tout-de-même trop conscience de l'anormalité incroyable de destituer tout un corps épiscopal national d'un seul coup d'un seul... quand bien même il finit par céder sur toute la ligne à la volonté inflexible de Napoléon qui l'obligea à marcher sur sa conscience pontificale, laquelle lui montrait pourtant la radicale inconstitutionalité d'une telle procédure par rapport à la Constitution divine de l'Église quant à l'Ordre épiscopal, ainsi que je vais le montrer plus loin.
           
        Ce rusé antichrist, devinant fort bien que s'il avait commencer d'exposer son projet de destitution aux évêques légitimes de France, ceux-ci, évidemment, l'auraient rejeté d'emblée, les court-circuita d'entrée de jeu, dès les prémisses de la négociation, en s'adressant directement, par-dessus leurs têtes, au pape, à Pie VII. Une fois averti des intentions de Napoléon, Pie VII, "par une lettre en date du 13 septembre 1800, informe les évêques de France de la tenue de négociations avec le Gouvernement français. Cependant, là encore, les évêques sont tenus éloignés de l’avancée des négociations que se réserve le Saint-Père, qui ne consulte qu’un petit nombre de cardinaux et de théologiens à qui est imposé le secret" (Decroix, ibid.). Ainsi donc, scandalisé, on voit le pape, foulant aux pieds les droits les plus élémentaires et sacrés des évêques français, ne manifester honteusement aucune autre volonté que celle de suivre Napoléon comme un petit toutou dans la sacrilège mise sur la touche des évêques concernant la grande affaire de leur destitution et du saccage complet de leurs diocèses...
           
        Les négociations du Concordat, qui durèrent plus d'un an, commencent en effet "immédiatement par la question si difficile et si grave de la démission des anciens évêques. Le gouvernement consulaire exige, en effet, l’acceptation de cette mesure comme préalable à toute discussion. Mgr Spina [négociateur du pape] s’efforce de combattre cette position, sachant combien la conscience de Pie VII s’oppose à la démarche impérative qui lui est demandée. Il propose, ainsi, la voie de l’exhortation et de l’obéissance [faite aux évêques légitimes d'avoir à démissionner] au lieu de celle du commandement. Cependant, il ne peut rien obtenir. Le Premier consul reste inflexible et maintient ses exigences qu’il prétend imposer au Saint-Siège comme clauses fondamentales du futur concordat. Ainsi, bien que Rome porte, en partie, devant l’histoire la responsabilité du coup de force que nous étudions, elle n’a, cependant, rien négligé au début pour résister à la demande brutale de Bonaparte" (Decroix, ibid.).
           
        On voit très-bien ici que le grand point, le point le plus important du Concordat voulu par Napoléon, était bel et bien la destruction de tout le corps épiscopal national de la France réelle doublé de l'anéantissement géographique des anciens diocèses, basés sur l'Ordre très-chrétien remontant aux assises mêmes de la fille aînée de l'Église, c'est "l’article essentiel, la clef de voûte du Concordat" (Initiation à l’histoire ecclésiastique, Dom Poulet, t. II, p. 36, cité par Decroix, ibid.). Napoléon va même jusqu'à faire du chantage pour l'obtenir, car il menaçait d'envahir les États Pontificaux dont il avait déjà occupé les Légations, et même Rome : "Vous réclamez les Légations ? Vous voulez être débarrassé des troupes ? Tout dépendra de la réponse que vous ferez à mes demandes, particulièrement au sujet des évêques" (Le Premier consul à Mgr Spina, in L’Église de France sous le Consulat et l’Empire 1800-1814, abbé Constant, p. 113, cité par Decroix, ibid.).
           
        Mais Pie VII, personnellement perverti par son démocratisme, ne comprend pas qu'en cédant à cet homicide spirituel inouï, il va ainsi introduire le sanglier dans la Vigne du Seigneur et que celui-ci, une fois dedans, va la ravager, y faisant son office diabolique. Le rouge de la honte au front mais encore la sainte-colère Boanergès dans l'âme, on le voit se soumettre à la volonté antichristique de Napoléon, et, faute gravissime de sa part pontificale, le suivre dans le mépris sacrilège de l'autorité des évêques légitimes de France pour décider, excusez du peu, de leur... destitution. Ainsi donc, le pape obéissant à Napoléon décida du sort des évêques sans les consulter aucunement, sans aucune forme de procès, par un autoritarisme outrant son pouvoir pontifical et attentant sacrilègement à l'autorité épiscopale et à la Constitution divine de l'Église, ce qui, je vais l'expliquer tout-à-l'heure, invalidait formellement la procédure de leur destitution sur le plan théologique (... et c'est exactement la même chose qui arrive avec Mgr Strickland, de nos jours...).
           
        Puis, le cardinal Ercole Consalvi, Secrétaire d'État de Pie VII, homme énergique qui prendra auprès de Napoléon la suite des négociations après l'effacement de Mgr Spina, finit la convention, après de mémorables entretiens entre Napoléon et lui dont il nous a laissé le souvenir haut en couleurs dans ses Mémoires (dans lesquels, entre autres, on voit l'odieux sans-culotte refuser de déclarer catholique la France dans l'acte concordataire), et le Concordat, achevé de rédiger le 15 juillet 1801, fut avalisé promptement par le pape Pie VII le 15 août suivant. L'article principal du Concordat en était donc le § 3, dans lequel le pape, d'une manière incroyable, inconcevable sur le plan catholique, détruisait non seulement tout l'épiscopat légitime de France mais encore la structure même des diocèses et des cures dont la plupart existaient depuis l'ère mérovingienne, voire même avant, dans l'ère gallo-romaine, c'est-à-dire, on l'a compris, dès la naissance chrétienne de la France (ce que le § 2 formulait lapidairement ainsi : "Il sera fait par le Saint-Siège, de concert avec le Gouvernement, une nouvelle circonscription des diocèses français") ! Ce que le pape, je vais l'exposer plus loin, n'avait rigoureusement pas plus le droit de faire quant à la géographie spirituelle de la France que quant à l'institution épiscopale légitime...
           
        Mais voici cet article 3 du Concordat, suivi du 4 qui lui est attaché : "Sa Sainteté déclare aux titulaires des évêchés français qu'elle attend d'eux avec une ferme confiance, pour le bien de la paix et de l'unité, toute espèce de sacrifices, même celui de leurs sièges. D'après cette exhortation, s'ils se refusaient à ce sacrifice, commandé par le bien de l'Église (refus, néanmoins, auquel sa Sainteté ne s'attend pas), il sera pourvu par de nouveaux titulaires au gouvernement des évêchés de la circonscription nouvelle, de la manière suivante : Article 4. Le premier Consul de la République nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la circonscription nouvelle. Sa Sainteté conférera l'institution canonique suivant les formes établies par rapport à la France avec le changement de gouvernement".
           
        Il est clair ici que le pape destitue l'évêque légitime français, ou menace de le faire sans appel s'il refusait, par motu proprio ou mouvement propre qu'il prétend abusivement pouvoir tirer de son pouvoir pontifical suprême. C'est exactement ce qu'il va oser leur dire dans le bref Tam multa, lettre adressée le jour même de la promulgation du Concordat, le 15 août 1801, à tous les évêques légitimes de France, pour exiger d'eux brutalement et sans ménagements aucuns autrement que de pure forme, leur démission obligatoire (cf. https://www.vatican.va/content/pius-vii/it/documents/breve-tam-multa-15-agosto-1801.html, en italien). Mais laissons Arnaud Decroix résumer le bref, il le fait très-bien, quoiqu'en suivant la doxa pro-concordataire : "Le bref Tam multa commence par un éloge des évêques qui ont souffert pour l’Église. Mais le Pape termine en leur demandant le sacrifice de leurs sièges, dans l’intérêt de l’unité de l’Église et du rétablissement de la religion catholique en France. En effet, ces motifs justifient la démission des évêques légitimes de leurs sièges. Ils doivent, alors, en faire librement la remise entre les mains du Pape. Ainsi, le bref est rédigé en termes impératifs : les victimes, priées de se «démettre spontanément», sont tenues d’envoyer dans les dix jours une réponse définitive, «absolue et non dilatoire», faute de quoi le Saint-Père passera outre. Par ailleurs, il se dispense de communiquer le traité qui motive cette rigueur. Par conséquent, soit que les évêques donnent leur démission passé ce délai de dix jours, soit qu’ils ne la donnent pas, ils seront réputés en avoir donné une négative. Dans ce cas, Sa Sainteté peut, alors, procéder, sans autre avertissement, à ce qui est nécessaire pour rétablir la religion, conformément à l’article 3 du concordat. De plus, ce court délai de dix jours vise également à empêcher d’éventuelles concertations entre les évêques auxquels la démission est demandée" (Decroix, ibid.).
           
        Consignons dès ici le résultat de la demande du pape aux évêques français : "Au total [sur les 135 évêques institués lorsque la Révolution commence en 1789, il n'y en avait plus que 98 toujours en vie en 1801], 37 refusent la démission contre 48 qui l’acceptent et 13 qui le font avec réserves et protestations, ce qui constitue selon Camille Latreille une «majorité morale pour la résistance»" (L’opposition religieuse au Concordat de 1792 à 1803, Camille Latreille, pp. 214-215)" (Anticoncordataires ou Petite Église ? Les oppositions religieuses à la loi du 18 germinal an X, Jean-Pierre Chantin, p. 99).
 
Pie VII
 Barnabé Chiaramonti, futur Pie VII
 
        Or, cette lettre Tam multa contient deux gravissimes mensonges de la part de Pie VII, qui en invalident complètement les exigences, in radice.
           
        Le premier mensonge, c'est le motif de fond qui soi-disant légitimerait sur le plan spirituel l'acte concordataire, à savoir "l’intérêt de l’unité de l’Église et du rétablissement de la religion catholique en France". Or, la vérité, c'est que le Concordat, c'est tout, sauf ça. Le Concordat ne rétablit en effet nullement la vraie Religion catholique en France, doctrinalement intégrale, pure et libre comme devant, ce qui donc, en conséquence, ne peut pas servir "l'intérêt de l'unité de l'Église". Il n'y rétablit en effet qu'un ersatz frelaté, hérétique et corrompu, de religion catholique, institutionnellement ligotée à une puissance politique constitutionnellement athée, avec en plus l'obligation de professer la validité de ladite puissance... invalide, sous peine de destitution et même d'excommunication, ce qui attente au criterium paulinien de validité des sociétés politiques comme on l'a vu plus haut. Loin de servir "l'intérêt de l'unité de l'Église", le Concordat ne fit donc en droit et en fait qu'établir une église schismatique en France, au regard de toutes les autres églises du monde entier qui, elles, vivaient toujours dans la vraie liberté des enfants de Dieu, dans les Mœurs politiques constitutionnelles toujours catholiques, comme respectant le criterium paulinien de validité des sociétés politiques. Ce qui donc, à partir du Concordat, n'était plus du tout le cas de la seule Église de France parmi toutes les autres églises dans le monde entier, elle ne vivait plus, dès lors, qu'inféodée à l'Antichrist politique, sous la botte de son précurseur Napoléon qui, gloussant de plaisir d'être arrivé à ses fins une fois l'acte signé, par la faute gravissime du pape, parlait sans cesse de "MES curés et mes gendarmes", appelant SES évêques, mes préfets en violet...
           
        La conséquence, c'est que si la Foi restait encore intacte doctrinalement, les Mœurs de cette prétendue "religion catholique" rétablie en France par le Concordat étaient corrompues jusqu'à la mœlle et de force par l'indifférentisme religieux au for public imposé à tout fidèle catholique par l'État constitutionnellement athée et approuvé par le pape rien qu'en promulguant le Concordat, lequel indifférentisme, par la dynamique du mal, après un siècle et demi de transvasement des Mœurs dans la Foi, toujours insensible et occulte, finira par amener Vatican II avec sa proclamation apostate de la Liberté religieuse. Car si je ne vis pas par mes Mœurs comme je pense par ma Foi, je serai inéluctablement obligé, tôt ou tard, de penser par ma Foi comme je vis au niveau de mes Mœurs. La raison en est que les Mœurs et la Foi sont aussi viscéralement liées entre elles que le corps et l'âme dans l'être humain, elles ont une interaction directe et immédiate l'une sur l'autre, se forçant mutuellement à l'unité absolue de direction métaphysique. Ce n'était donc pas la Religion catholique véritable qui était rétablie en France par le Concordat, intégralement pure quant aux Mœurs et quant à la Foi, elle n'était pure seulement, et encore pas pour très-longtemps, que quant à la Foi et affreusement impure quant aux Mœurs sur le plan Politique constitutionnel, on avait en fait affaire à une prétendue "religion catholique" ayant en outre maudite vocation de corrompre tôt ou tard la Foi par ses très-mauvaises Mœurs, ce qui arriva à Vatican II.
           
        Et non seulement on rétablissait la Religion catholique en France en corrompant radicalement ses Mœurs, mais de plus, seconde raison théologique mais non des moindres que le Concordat ne travaillait nullement pour "le bien supérieur de l'Église" comme osait le dire le pape Pie VII, on attribuait le fait de ce rétablissement à l'homme et non pas à Dieu. Alors que Dieu, et Lui seul, a le pouvoir, qui est tout surnaturel, de faire vivre ses enfants dans la liberté de la Religion. On orientait donc ainsi les âmes à la fois sur l'effacement, l'apostasie de Dieu, et sur l'idolâtrie de l'homme déifié, en prétendant attribuer faussement à ce dernier le pouvoir de donner la liberté de Religion. La doctrine concordataire napoléonienne professe en effet que c'est l'homme qui donne la liberté des enfants de Dieu en matière de Religion, non seulement d'ailleurs aux catholiques, mais à tous les tenants des autres religions en France (l'État français, en effet, ne contracta pas un Concordat seulement avec la Religion catholique, il en contracta d'autres, dans la foulée, avec les protestants, avec les juifs, et même avec... les franc-maçons !).
           
        En voici une illustration, parmi tant d’autres. Le pieux biographe de saint Vincent Ferrier au XIXe siècle, le R.P. Fages, relate une anecdote du temps de la Révolution, une sordide effigie sans-culotte qui, au fronton d’une des portes de Vannes, avait été mise en lieu et place de la belle statue du saint, qui avait été détrônée… mais voyez plutôt comment il termine l’épisode : "Ce mannequin disparut en 1802, dès que le concordat eût accordé aux catholiques la Liberté religieuse" (saint Vincent Ferrier, Fages, p. 187) ! Voyez comme dans l’esprit de l’auteur, pourtant fort catholique, ce n’est déjà plus Dieu qui accorde la Liberté religieuse, mais un traité humain, mais l'homme… la glissade infernale est commencée. Il faut d'ailleurs bien remarquer que c'est le pape lui-même, c'est le démocrate Pie VII, qui, dans le Préambule du Concordat, gauchit la bonne doctrine en la matière, en formulant que la liberté de Religion en France dépend désormais de la bonne volonté des... Consuls de la République : "Sa Sainteté reconnaît également que cette même religion [catholique, apostolique et romaine] a retiré et attend encore en ce moment le plus grand bien, et le plus grand éclat de l'établissement du culte catholique en France et la protection particulière qu'en font les Consuls de la République" (notons comme la formule, soit dit en passant, est étrangement tarabiscotée et absconse...).
           
        Donc, nous sommes en train de voir que le prétendu "bien supérieur de l'Église", au nom duquel le pape prétend légitimer le Concordat devant Dieu et les hommes... et légitimer la destitution des évêques légitimes de France, est un pur mensonge, un diabolique trompe-l'œil en carton-pâte, une très-funeste illusion d'optique, une super-supercherie. La vérité, si l'on va au fond des choses, c'est qu'il s'agit en fait d'un "mal supérieur de l'Église", comme étant le premier épisode de la mise de l'Église sous "la puissance des ténèbres" antichristiques, par lequel l'homme, épousant la doctrine révolutionnaire, prétend être l'étalon normatif du droit de la Religion, et non plus Dieu. Il est trop vrai que le Concordat, première pierre fondatrice de construction sur laquelle s'ajouteront beaucoup d'autres dans la suite des temps post-concordataires, est métaphysiquement ordonné à l'avènement du règne de l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps, adveniat regnum antechristus tuum, c'est-à-dire au "mal supérieur de l'Église"...
           
        La conclusion est simple. Le pape Pie VII ne pouvait donc absolument pas prétendre être moralement fondé à déployer ce qu'il croyait être la plénitude de son pouvoir pontifical au nom de ce qui est objectivement "le mal supérieur de l'Église", mais qu'il voulait appeler très-mensongèrement "le bien supérieur de l'Église" : cette dite plénitude de pouvoir, en effet, aurait-elle pu être théologiquement déployée pour destituer tous les évêques légitimes de France par simple motu proprio pontifical (et nous allons voir que non, là encore le pape se trompait complètement), ne le pouvait théologiquement être, de toutes façons et en tout état de cause, que sur une bonne motivation, une bonne raison de l'employer. Le pape en effet, n'est autorisé à employer son pouvoir magistériel pontifical que pour le Bien-Fin de l'Église...
 
consalvi 1840
Le cardinal Ercole Consalvi qui finit
au bras-de-fer le Concordat avec Napoléon...
       
        Or, justement, deuxième mensonge gravissime dans le bref comminatoire et brutal Tam multa, très-napoléonien, non seulement le pape Pie VII n'était nullement habilité à déployer la plénitude de sa puissance pontificale pour un mauvais objet, mais en outre, le déploiement de la plénitude de sa puissance pontificale ne pouvait théologiquement pas aller jusqu'à destituer des évêques par simple motu proprio. Même si la motivation pour le faire eût été spirituellement bonne. C'est ce que n'ont pas voulu comprendre les thuriféraires mondains du Concordat, qui, fort honteusement, voudront tous s'éblouir, se shooter jusqu'à l'extase, de la prétendue extraordinaire puissance pontificale déployée en l'occurrence par le pape Pie VII dans le § 3 du Concordat...
           
        ... Dieu sait assez en effet, ad nauseam, leurs dithyrambes hérétiques, impudents et indécents !
           
        Avant de poursuivre, il n'est d'ailleurs pas inutile, pour se dérider un peu dans un sujet d'étude tellement triste et funeste, d'en citer quelques-uns, rapportés par Arnaud Decroix. Voici, pour commencer, une tirade signée de l'abbé Émery, un des pires collabos qui se puissent jamais non pas rêver mais cauchemarder, aux temps atroces de la Révolution (sa biographie fait penser à Laval, le ministre de Pétain durant la seconde guerre mondiale...) : "Les papes qui ont porté le plus loin leur autorité n’ont point fait dans la suite des siècles des coups d’autorité aussi grands, aussi importants que ceux qui ont été faits en ce moment par le pape Pie VII" (Decroix, ibid.).
           
        Grand-clerc de cette époque qui alla sans cesse dans le sens d’une compromission aveugle avec les nouvelles "autorités constituées", comme osait dire le pape Pie VI dans son bref Pastoralis Sollicitudo du 5 juillet 1796 en parlant du gouvernement du Directoire, le plus franc-maçon des gouvernements révolutionnaires, l'abbé Émery s’abouchait sans vergogne aucune avec lesdites nouvelles "autorités constituées", quelles qu'elles soient, même les pires coupeurs de têtes, et quoiqu'il en soit. Il ira dans ce sens jusqu’à la limite insupportable de la servilité, de la veulerie, de la malhonnêteté intellectuelle insoutenable, voire de l'abandon de la Foi. Un seul exemple. Le serment que le Directoire fit prêter l’an V de la République incluait une déclaration explicite "de haine à la royauté". Émery, sans jamais vouloir quitter sa position de reconnaître les nouvelles "autorités constituées" adoptée par lui dès le début de la Révolution, se disculpa toujours de donner un quelconque mot d’ordre sur ce qu’il fallait faire dans ce cas précis, signer ou non (signer était faire profession de haine envers une catégorie de prochain, en l’occurrence les roys, ce qui est formellement incompatible avec la profession de Foi chrétienne ; ne pas signer, c’était se mettre en infraction avec les nouvelles "autorités constituées")... Émery était là bel et bien coincé dans ses petites sinuosités intellectuelles et ses subtils distinguos, il se contenta donc de ne... rien dire, de ne donner… aucun mot d’ordre. Et voilà à quel genre d’impasse insurmontable on voit tôt ou tard se vouer infailliblement, dans leurs impures caresses aux "nouvelles autorités constituées", les contempteurs de l’Ordre très-chrétien que Pie VII, dans le Concordat, osa sacrilègement appeler "l'ancien gouvernement" (§ 16) !
           
        L'influence de l'abbé Émery fut cependant très-grande pendant toute la période révolutionnaire au sein du clergé français voire même romain : au pire moment de la tourmente révolutionnaire, celui que P. de la Gorce appela "l’éminence grise de l’Église gallicane" (Histoire religieuse de la Révolution, t. IV, p. 161), par de rusées et fort subtiles complicités avec les nouvelles "autorités constituées", résidait toujours à Paris, même en pleine Terreur, sans être inquiété ! Et de là, avec bénédiction de Rome, il fut celui qu’on consultait sur les affaires de France, le maître à penser de l’Église gallicane jusqu’à Napoléon, lequel fit de ce prêtre, contradictoirement saint dans son privé, "l’un de ses conseillers favoris" (Monsieur Émery, l’Église d’Ancien-Régime et la Révolution, Leflon, p. 557).
           
        Mais je redis sa tirade, j'en éprouve beaucoup de plaisir : "Les papes qui ont porté le plus loin leur autorité n’ont point fait dans la suite des siècles des coups d’autorité aussi grands, aussi importants que ceux qui ont été faits en ce moment par le pape Pie VII". À la peser sur la balance de la vérité, nous n'allons pas tarder à voir ce que cela vaut, convertis en assignats...
           
        Arnaud Decroix cite d'autres mondains qui lancent l'encensoir très-haut en l'air dans le ciel en faveur du Concordat. Mgr Frayssinous, la coqueluche ecclésiastique mondaine sous la Restauration, le qualifia de "plus grand acte de puissance pontificale qui se fût produit depuis dix-huit siècles" (Histoire religieuse de la France, Goyau & Hanotaux, p. 290, cité par Decroix, ibid.)...!! Portalis, le ministre des Cultes de Napoléon (notez bien le pluriel) et franc-maçon très-distingué, le considérait quant à lui comme un véritable "prodige politique et moral" (Decroix, ibid.). L'historien Rohrbacher n'est pas en reste, lui aussi, de son côté, lorsqu’il commente ainsi la suppression en corps d’institution de tous les évêques français lors du Concordat : "Il s’agissait d’une opération unique dans l’histoire ; il s’agissait, par un même acte, d’anéantir tout un monde et d’en créer un autre" (Histoire universelle de l'Église catholique, t. XXVII, p. 578). C'est effectivement très-exactement ça : comme je l'ai écrit que dessus, il s'agissait pour Napoléon d'anéantir tout un monde vivant sur le droit divin pour le remplacer par un monde maçonnique d'iniquité fondé sur le droit du diable. C'était effectivement un peu autre chose que "du fumier retourné" dans le champ du monde...
           
        Mais il me semble que Hippolyte Taine, cartésien et positiviste, mérite haut la main le 1er accessit avec les félicitations du jury pour son dithyrambe exalté et illuminé dont les pieds ne touchent visiblement plus du tout la terre du réel, lorsqu'il reconnaît au pape, dans son acte de destruction de toute une Église nationale et la reconstruction d'une autre sur ses ruines, "un pouvoir extraordinaire qui n’est limité par aucune coutume, ni par aucun canon, une autorité plénière et absolue, un droit au-dessus de tous les droits, en vertu duquel, dans des cas qu’il détermine lui-même, il pourvoit d’une façon discrétionnaire aux intérêts catholiques, dont il devient ainsi l’arbitre suprême, l’interprète unique et le juge en dernier ressort" (Les origines de la France contemporaine, t. II, p. 637-638, cité par Decroix, ibid.)...!!! Il n'a vraiment manqué à cet alumbrados bourgeois XIXème siècle d'un nouveau genre que de faire un tout petit peu de théologie élémentaire : ce qu'il décrit là ne fait guère, en effet, que montrer un pouvoir absolutiste du pape, et donc complètement hétérodoxe...!! Mais un siècle plus tard, un auteur interroge encore : "Qui aurait jamais pu imaginer un pareil coup d’autorité ?" (Hippolyte Prélot, in Études, t. LXXXVIII, 1901, p. 306, cité par Decroix, ibid.).
             
        À un seul mot et "détail" près, je suis tout-à-fait d'accord avec ce dernier auteur : qui aurait jamais pu imaginer un pareil ABUS d'autorité...?
           
        Car nous sommes là bel et bien en présence d'un pur abus d'autorité de la part du pape, comme nous l'allons voir à présent...
 
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        Ainsi donc qu'on vient de le constater, les thuriféraires du Concordat, suivis d'une multitude complètement innombrable de nabots de la pensée jusqu'en nos sinistres jours, se sont extasiés jusqu'au délire indécent sur le prodigieux pouvoir employé par le pape dans l'acte de destitution de tous les évêques légitimes de France. Alors que la vraie signification de cet acte inique s'il en fût jamais en Église, était que Rome avait été "l'instrument docile d’apaisement de Napoléon et comme l’exécuteur d’un meurtre des apôtres" (La primauté du Pape, son histoire, des origines à nos jours, Klaus Schatz, p. 214, cité par Decroix, ibid.), d'autres auteurs bien inspirés ayant qualifié le bref Tam multa d'"apostolicide" (Nouvelle Histoire de l’Église, Rogier, Bertier de Sauvigny & Hajjar, t. IV, p. 279 & Histoire religieuse de la France contemporaine, Dansette, p. 141, cités par Decroix, ibid.).
           
        Dès lors, convenait-il vraiment, était-il décent, de s'enthousiasmer sans retenue de l'assassinat spirituel de tout un corps épiscopal national, de quatre-vingt deux évêques valeureux et méritants ayant souffert généreusement les affres de la Révolution sans faiblir, mais destitués à la guillotine pontificale, sans aucun droit d'appel...? Même le cardinal Consalvi, qui pourtant mena à terme le Concordat dans un duel éreintant et personnel avec Napoléon, s'en rendit compte : "Qu’on lise tant que l’on voudra l’histoire ecclésiastique. On ne trouvera pas un exemple semblable. Un massacre de cent évêques ne se peut faire" (Histoire religieuse de la France contemporaine, Dansette, p. 133, cité par Decroix, ibid.). Il n'est pas le seul, s'occupant aux premières lignes de l'affaire du Concordat, à s'en rendre compte : "La majorité des membres de la Congrégation [ad hoc, constituée par Pie VII pour s'occuper de la grande affaire], à la suite de Mgr Di Pietro, déclare que le Pape ne doit pas commettre un pareil abus d’autorité. Selon Mgr Spina : «Vous ne trouverez pas de pareils exemples dans l’histoire ecclésiastique. Quoique l’objet de cette destitution et substitution des nouveaux évêques fût le précieux rétablissement de la religion catholique en France [ce qui était archi-faux, nous l'avons vu, il s'agissait du rétablissement d'une religion catholique prostituée à la Bête républicaine constitutionnellement athée, avec obligation hérétique de professer sa validité et d'attenter ainsi très-hérétiquement aux Mœurs de l'Église], il serait bien étrange de voir arborer de nouveau dans ses provinces l’étendard de notre sainte religion sur les ruines de quatre-vingts colonnes de la foi renversées et anéanties par le même bras de Pierre qui doit les soutenir et les protéger» (Lettre de Mgr Spina à l’abbé Bernier du 11 novembre 1800, cité par Theiner, in Histoire des deux Concordats de la République française et de la République cisalpine, p. 96)" (Decroix, ibid.).
           
        Mais tous les intervenants et acteurs du Concordat au plus haut niveau, tant du côté ecclésiastique que gouvernemental, désirant rester à s'éblouir les yeux avec le miroir aux alouettes concordataire, tous, cul et chemise, se poussant du coude à qui mieux mieux les uns les autres à pécher à cet effet très-passionnellement voulu de tous, ne voulurent conclure qu'une chose, c'est que le pape avait le droit d'employer son pouvoir pontifical pour cet acte inouï de destituer d'un seul coup d'un seul tout un corps national épiscopal, évitant soigneusement d'avoir à se demander si, en fait, il le faisait en outrepassant hérétiquement son pouvoir pontifical, tel que le Christ l'a donné à Pierre, ou bien non.
           
        C'était pourtant bien la toute première question théologique de fond dont il fallait impérativement s'occuper dans l'affaire, et dont je vais m'occuper maintenant, Deo adjuvante.
           
        Je vais d'abord commencer par mettre en exergue la grande règle catholique en la matière, qui domine toute la problématique :
           
        Le modèle constitutionnel de l'Église ordonné par le Christ est fondamentalement et exemplairement tempéré : autant de vouloir abolir l'Autorité pontificale par l'ensemble des évêques de l'orbe catholique (doctrine conciliariste et/ou gallicane, donnant un pouvoir absolutiste aux évêques), est formellement prohibé pour cause d'hérésie, autant de vouloir abolir l'Autorité épiscopale d'une manière absolutiste par le pouvoir universel pontifical, l'est.
           
        La raison théologique en est que, autant l'institution de la Papauté que l'institution de l'Épiscopat, est sujet de droit divin. Laissons un théologien pourtant vraiment pas recommandable par son modernisme ultra, Karl Rahner, fort bien synthétiser la doctrine sur cela : "L’essence juridique de l’Église est constituée à la fois par la Primauté pontificale et par l’Épiscopat, qui, tous deux, procèdent de manière également immédiate de l’Institution par le Christ" (in Quelques réflexions sur les principes constitutionnels de l’Église, cité par Decroix, ibid.). Ce qui signifie qu'il est impossible que l'une des deux Institutions puissent avoir droit de vie ou de mort sur l'autre, car l'une comme l'autre est de droit divin. C'est pourtant ce que l'on veut supposer en donnant un pouvoir discrétionnaire au pape de destituer par motu proprio l'évêque... Par ailleurs, saisissons bien que si l'une des deux donnait la mort à l'autre, elle se donnerait la mort à elle-même ipso-facto, par et dans le même acte, et les deux droits divins fondateurs de l'Église étant morts signeraient par le fait même la mort instantanée de l'Église.
           
        Il devient d'une grande nécessité, parvenu ici, de bien exposer la doctrine, en la décortiquant avec soin de long et de large, pour avoir une vue exacte sur cette question très-importante. L'Institution de droit divin de l'évêque comprend son pouvoir d'Ordre sacramentel (Christ-Prêtre), et son pouvoir de juridiction (Christ-Roy). Dans l'affaire qui nous occupe, il n'est évidemment question que du pouvoir de juridiction épiscopal. Cependant, il faut déjà bien comprendre que dès lors que ce pouvoir de juridiction est donné par le pape à l'évêque lors de l'institution canonique sur une église particulière ou diocèse, il se lie aussitôt ipso-facto au pouvoir d'Ordre et participe intrinsèquement immédiatement du droit divin. Il y a en effet un distinguo très-important à faire entre la juridiction épiscopale en amont, donnée par le pape à l'évêque lors de son investiture, et celle en aval, dont jouit l'évêque une fois qu'il est canoniquement institué...
           
        Mais commençons par régler une question préliminaire, qui a agité les siècles ecclésiastiques sans être résolue vraiment que dans ces derniers temps, sous le pontificat du pape Pie XII : la juridiction donnée à l'évêque sur une portion du troupeau du Christ est-elle donnée médiatement ou immédiatement par le pape ? C'est-à-dire, ressort-elle au premier chef du Christ ou du pape ?
           
        L'abbé Fsspx Gleize a fort bien exposé la question dans son article L'opinion commune des théologiens sur l'épiscopat (cf. https://laportelatine.org/formation/crise-eglise/sacres-1988/lopinion-commune-des-theologiens-sur-lepiscopat#footnote_4_193460), lisons-le : "Dans l’état de l’explicitation de la doctrine, relative à l’épiscopat, telle qu’elle avait été proposée par le Magistère avant Pie XII, les théologiens restaient partagés pour résoudre la question de l’origine de la juridiction chez l’évêque. Certains d’entre eux ont pu estimer que les évêques reçoivent leur pouvoir de juridiction immédiatement du Christ, l’investiture du Pape n’intervenant que comme une condition nécessaire mais non suffisante. On rencontre cette explication chez les espagnols François de Vitoria, op (1492–1546), Alphonse de Castro, ofm (1495–1558), Gabriel Vasquez, sj (1549–1604) et chez le lazariste français Pierre Collet (1693–1770). Pour ces théologiens, le pouvoir de juridiction est donné immédiatement par le Christ, et moyennant la mission canonique du pape qui joue le rôle d’une simple condition. Il est bien connu que cette explication théologique a été élaborée à l’occasion de la 23e session du concile de Trente. Cette explication ne dit pas encore que le Christ donne l’investiture [juridictionnelle] dans et par le sacre, et distinction est donc faite entre le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction non seulement selon leur essence de pouvoir mais même selon leur origine.
           
        "Par la suite, d’autres théologiens sont même allés jusqu’à soutenir que ce pouvoir de juridiction était formellement communiqué à l’évêque par la consécration épiscopale, de concert avec le pouvoir d’ordre. Cette explication se présente sous sa forme la plus achevée chez Jean-Vincent Bolgeni (1733-1811), dans son ouvrage L'Episcopato ossia la potestà di governare la Chiesa, de 1789. Ces explications sont restées relativement isolées.
           
        "Avant le concile de Trente et après, la plupart des théologiens suivent l’opinion classique, déjà soutenue par saint Thomas, selon laquelle l’évêque reçoit son pouvoir de juridiction directement du Pape lors de l’investiture ou de l’institution canonique : Jean de Torquemada, op (1388-1458), saint Robert Bellarmin, sj (1542-1621) et Benoît XIV (1675-1758) en sont les témoins principaux. L’explication de Bolgeni, en particulier, a été critiquée et réfutée par la grande majorité des théologiens" (ibid.).
           
        Il aurait semblé, pourtant, que la thèse soutenue par Bolgeni avait grande valeur, s'appuyant sur des raisons théologiques très-fortes. En effet, on dit souvent sans trop réfléchir à ce qu'on dit que les évêques sont les "successeurs des Apôtres". Mais les Apôtres, qui donc sont les tout premiers évêques, ont reçu leur juridiction directement par le Christ Lui-même, et de plus, leur juridiction était de soi universelle, sans être circonscrite de quelque manière par Pierre ! Puisque donc les évêques sont les "successeurs des Apôtres", il semblait des plus orthodoxes de pouvoir soutenir qu'ils reçoivent leur juridiction directement du Christ, et l'on pourrait même ajouter de plus que leur juridiction, à tous et chacun des évêques postérieurs aux Apôtres jusqu'à ceux de maintenant, serait, de soi, virtuellement universelle ! L'abbé Gleize, dans les grandes lignes, ne peut qu'en convenir : "Certes, cette opinion nouvelle [de Bolgeni] ne va pas directement contre la Foi, dans la mesure où elle reste conciliable avec le dogme du Primat du Souverain Pontife et avec la distinction formelle entre le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction" (ibid.).
           
        Mais la thèse Bolgeni doit être abandonnée, après décision de Pie XII : "Cependant, les enseignements subséquents du Magistère de Pie XII ont fini par dirimer la question. En vertu de l’autorité de ce Magistère ordinaire tel qu’il s’est exprimé notamment dans les trois Encycliques Mystici corporis, Ad sinarum gentem et Ad apostolorum principis, les fidèles catholiques doivent désormais regarder comme une doctrine catholique commune et certaine l’explication traditionnelle selon laquelle l’évêque reçoit sa juridiction immédiatement du Pape, de par l’investiture canonique, et indépendamment de la consécration épiscopale. Pie XII déclare en effet dans la troisième de ces Encycliques, qui fait référence aux deux autres, que : «la juridiction ne parvient aux évêques que par l’intermédiaire du Pontife romain, comme Nous vous en avertissions dans Notre encyclique Mystici Corporis : “Si les évêques jouissent du pouvoir ordinaire de juridiction, ce pouvoir leur est immédiatement communiqué par le Souverain Pontife [immediate sibi ab eodem Pontifice impertita]”. Nous avons rappelé cet enseignement dans la lettre encyclique, à vous destinée, Ad Sinarum gentem : “Le pouvoir de juridiction, qui est conféré directement au Souverain Pontife par le droit divin, les évêques le reçoivent du même droit [divin] mais seulement à travers le Successeur de saint Pierre”. L’opinion inverse doit être logiquement abandonnée comme étant — implicitement — sinon téméraire et fausse, à tout le moins improbable"(ibid.).
           
        Soit dit en passant, ne soyons pas surpris de ces hésitations quant à formuler le dogme dans une "sententia finalis terminativa" (Dom Paul Nau) au cours de l'histoire ecclésiastique, rien là que de très-normal, le Dépôt de la Foi, le Donné révélé, depositum fidei, n'est pas en effet un catalogue de règles mais avant tout la Vie du Christ en son Église, que l'avancement des siècles, sous l'inspiration du Saint-Esprit, désenveloppe harmonieusement à l'intelligence des fidèles sous forme doctrinale (sans que ne s'y trouve jamais aucune vraie contradiction, comme le veulent les modernistes), quand bien même tout le fond doctrinal se trouve bien sûr déjà dans l'Église dès sa naissance au pied de la croix du Salut. On pouvait déjà aussi noter, quant à la doctrine de la Légitimité pontificale, une pareille hésitation doctrinale à laquelle Pie XII, là encore, mettra un terme, autour de la question : Le pape est-il vrai pape dès le moment de son élection conclavique approuvé par lui ou seulement au moment de son intronisation-couronnement, ayant lieu rituellement dans l'octave de ladite élection conclavique ? Dans l'Ancien-Régime et plus généralement depuis la Renaissance, les papes opinaient pour l'intronisation-couronnement, mais les papes modernes, surtout Pie XII, décidèrent qu'un pape est vrai pape dès son élection conclavique approuvée par lui, et non pas seulement à son couronnement ou intronisation.
           
        Mais revenons à notre sujet. Ce bon exposé de la question nous permet déjà d'avoir les idées très-claires sur l'origine de la juridiction chez l'évêque, la juridiction en amont : elle est toute entière dans la main du pape. C'est le pape qui donne formellement la juridiction à l'évêque, et il la donne de manière discrétionnaire, à qui il veut et comme il veut, c'est-à-dire en délimitant selon sa seule volonté pontificale la portion du troupeau des fidèles du Christ donnée à gérer par l'évêque.
           
        Mais il nous faut maintenant impérativement poser la doctrine catholique quant à la juridiction épiscopale en aval, c'est-à-dire définir son statut théologique après que l'évêque en ait été légitimement institué par le pape. Car c'est là que se situe notre problème, le nœud gordien à dénouer. Or, il s'en faut qu'une fois canoniquement donné par le pape à l'évêque, le pape ait le même pouvoir discrétionnaire sur le pouvoir de juridiction épiscopal en aval que celui dont il disposait pour ledit pouvoir en amont, de par la Constitution divine même de l'Église fondée par le Christ quant à l'Ordre épiscopal ! Le pape, en effet, une fois canoniquement donné à l'évêque le pouvoir de juridiction, n'a pas plus de pouvoir sur lui que l'évêque le possédant légitimement, ils ont tous les deux à parité, de droit divin, le même pouvoir sur lui, pape et évêque, évêque et pape. C'est ce point extrêmement important que n'ont pas compris, ou plutôt n'ont pas voulu comprendre, les concordataires (à commencer par Pie VII), qui ont tous passionnellement foulé aux pieds la doctrine sur cela, aux fins mauvaises d'autoriser le pape à faire le Concordat dont le premier point préliminaire était, nous l'avons vu, la destitution du corps épiscopal français.
           
        Expliquons-la bien, cette doctrine, si importante pour notre sujet, de la juridiction épiscopale en aval. Avant de donner à l'évêque le pouvoir de juridiction, celui-ci, en effet, est à l'entière discrétion du pape ; mais après l'avoir donné, et immédiatement après et non médiatement, le pouvoir de juridiction donné à l'évêque n'est plus du tout à la discrétion du pape, parce que, rien qu'en le donnant, le pape a mis immédiatement en œuvre un lien sponsal sacré créé par le Saint-Esprit entre l'évêque institué et son église particulière qui devient son épouse, également entre l'Ordre et la juridiction de l'évêque sur l'objet de l'église particulière épousée, par lequel lien sponsal sacré, qui a plusieurs objets, le droit divin épiscopal joue automatiquement, se met automatiquement en œuvre. L'Église percevait si bien et si fortement le lien sponsal sacré entre l'évêque institué et son église-épouse particulière, qu'elle interdisait très-sévèrement les translations d'un siège épiscopal à un autre, ce qui eut lieu au moins jusqu'au IXème. Tellement l'évêque, une fois canoniquement institué, est considéré comme l'époux de son église particulière, et alors joue pour lui instantanément la grande règle de l'indissolubilité du mariage. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, l'élection au Siège de Pierre était toujours doublée du sacre épiscopal de l'élu, car, avant le IXème siècle, celui qui devait être le nouveau Vicaire du Christ n'était jamais évêque.
           
        Le pouvoir juridictionnel de l'évêque légitimement institué par le pape est à partir de là théandriquement immédiatement lié à son pouvoir d'Ordre, dans l'unité du droit divin épiscopal mis en œuvre. "Avec ceci, il reste vrai que les deux pouvoirs sont un, d’une unité d’ordre, car l’un dépend de l’autre dans son exercice et c’est pourquoi ils sont le plus souvent sinon ordinairement exercés par un seul et même sujet. Dans le passage déjà cité, Charles Journet a soin de le préciser. «Le pouvoir d’ordre et le pouvoir de juridiction sont deux pouvoirs réellement distincts. Ils ne sont pas cependant, disons-le ici déjà succinctement, indépendants l’un de l’autre»" (Gleize, ibid.).
           
        Ce qui signifie qu'une fois intronisé canoniquement par le pape dans son église particulière, alors, les deux droits divins qui fondent l'Église Universelle, celui du pape et celui de l'évêque, sont tous deux à équiparité en présence dans l'évêque institué, à parfaite égalité, l'un en regard de l'autre dans la Charité de Dieu, et qu'on ne saurait plus du tout supposer sans attenter mortellement à la Constitution divine de l'Église que l'un, tout seul, aurait droit de supprimer l'autre sans son formel accord, sans devoir en conclure ipso-facto que l'Église est, par-là même, radicalement détruite. Ce qui signifie évidemment que le pape Pie VII n'avait absolument pas le droit de destituer les évêques légitimes de toute la France de son seul propre mouvement, motu proprio, sans que lesdits évêques concernés, à parité de pouvoir avec lui, ne donnassent leur exprès et formel accord à cette destitution, sous peine d'invalidité radicale et ipso-facto de ladite destitution. Et, on l'a déjà compris, le même raisonnement est à faire pour la "destitution" par le pape François de Mgr Strickland...
           
        C'est précisément cette doctrine très-catholique des épousailles de droit divin de l'évêque avec son église particulière, de soi indissolubles une fois l'évêque canoniquement institué par le pape, doctrine qui existe dès les assises de l'Église, que vont rappeler d'une manière très-édifiante les évêques français Réclamants dans leurs Réclamations canoniques et très-respectueuses adressées à notre très-saint Père Pie VII, par la Providence divine, Souverain Pontife, contre différens Actes relatifs à l'Église Gallicane, 1804 (cf. https://books.google.fr/books?id=hp7ugYcbWSEC&printsec=frontcover&hl=fr&source=gbs_ge_summary_r&cad=0#v=onepage&q&f=false).
           
        Doctrine très-catholique disais-je, dont il faut remarquer avec grand'soin que si elle avait été respectée par Pie VII, qui se serait retranché derrière elle dans un triomphant Non possumus (Nous ne pouvons pas destituer validement les évêques de France par notre seul pouvoir pontifical, il Nous faut obligatoirement leur libre accord), comme il aurait été catholiquement tellement souhaitable qu'il le fît et comme nous verrons tout-à-l'heure son prédécesseur, Pie VI, le faire en 1790, elle aurait instantanément dressé un rempart infranchissable et inexpugnable qui aurait d'un seul coup d'un seul terrassé Napoléon et son projet maçonnique de détruire la vraie Église de France dans ses évêques, projet auquel s'est hélas accouplé misérablement, traîtreusement, hérétiquement et ignominieusement Pie VII ; doctrine très-catholique qui, en sauvant l'Église de France aurait en même temps empêché radicalement la subversion a-posteriori de l'Église Universelle, mais que les habituels mondains de service, minus habens avec ou sans soutane, petits insectes méprisables, affecteront de connoter péjorativement de gallicane pour mieux l'évacuer, alors qu'elle n'était que romaine et très-catholique...
 
RéclamationsEvêquesDeFrancePageDeTitre redressé
           
        Voyons, justement, le remarquable exposé qu'en font les victimes épiscopales du Concordat, ces glorieux évêques de Louis XVI dont l'assiette diocésaine remontait aux assises mêmes de la France très-chrétienne. Voici la première phrase qu'ils prononcent dans leur discours de gémissements plaintifs, comme de doux agneaux innocents qu'on mène à l'abattoir, sans pour autant qu'ils aient, pas plus que le Christ Lui-même, aucun mauvais sentiment contre celui qui les y mène :
           
        "Nous supplions instamment et nous conjurons VOTRE SAINTETÉ, avec un profond sentiment de respect et d'amour, comme il convient à des enfans [sic ; j'avertis dès maintenant que je respecterai l'orthographe vieux-françois du texte], de daigner, dans sa justice, nous écouter favorablement ; nous allons plaider la Cause la plus importante, peut-être, et la plus intéressante qu'il soit possible d'imaginer. (...) Ce témoignage de notre dévouement ne peut paroître suspect à V. S., puisqu'il lui est rendu par des Évêques blanchis dans l'exil et sous le poids d'une longue tribulation, pour avoir toujours enseigné, soutenu, défendu, avec un courage invincible, la primauté d'honneur et de jurisdiction dans l'Église universelle, qui appartient de droit divin au Pontife Romain. Ni les calomnies, ni les invectives ne répandront jamais le moindre nuage sur cette foi dont nous faisons profession, sur cette amour filial pour le Siège apostolique et pour VOTRE SAINTETÉ, que tant de voyages, de dangers, d'exils, de travaux et de souffrances ont annoncés depuis douze ans, et annoncent encore à l'univers" (pp. 11-13).
           
        Voilà comment les victimes innocentes s'exprimaient dans la grande sincérité de leur Foi pure, avec un ton d'humilité touchant qu'il n'est pas besoin de souligner.
 
CharlesLouisDuPlessisDArgentré Jean BaptisteDuPlessisDArgentré Alexandre Angélique de Talleyrand Périgord
De gauche à droite :
Louis-Charles du Plessis d'Argentré (Limoges), Jean-Baptiste du Plessis d'Argentré (Séez), 
Alexandre-Angélique de Talleyrand-Périgord, oncle du "diable boîteux" (Reims),
 
Évêques Réclamants
 
        Puis, les évêques Réclamants, après avoir dit à grande raison que l'affaire de la destitution de leurs sièges épiscopaux par la seule main du pape est une affaire qui ne regarde pas seulement leurs personnes épiscopales, mais qu'elle regarde le statut même de l'Épiscopat catholique dans l'Église, car "il s'agissait du sort de chacun de nos Diocèses en particulier, de toute l'Église gallicane, et même de tout l'Épiscopat catholique" (p. 19), commencent par montrer que le pape n'a eu aucun respect envers leur fonction épiscopale de droit divin, très-notamment en fixant un délai comminatoire, brutal et irrespectueux, napoléonien pour tout dire, de dix jours seulement, si petit pour une si grande affaire, donné pour faire l'envoi de leur démission au pape. Surtout pour ceux qui, parmi eux, n'avaient même pas reçu le bref Tam multa où ce délai leur était intimé, car il y en eût dont ce fut le cas, mais qui furent traités comme s'ils l'avaient reçu, subissant comme les autres le couperet de leur destitution formelle et définitive décrétée dans le bref du 29 novembre 1801.
 
        C'était ignominieusement montrer là que Pie VII n'avait aucun souci des évêques français légitimes, le seul souci qu'il montrait était, encore et toujours, de satisfaire à tout prix la volonté de Napoléon de construire une nouvelle église en France, donc de faire à toute vitesse la démission des évêques français pour satisfaire ce précurseur de l'Antéchrist, sans aucuns égards pour eux, et non seulement quant à leurs personnes privées mais infiniment plus gravement quant à leur fonction épiscopale de droit divin, dont le pape, honteusement indigne de la Chaire de Pierre, montrait qu'il n'avait que foutre...
           
        Le pape, en effet, osait refuser dans le bref Tam multa toute concertation avec les évêques français pour leur démission, leur interdisant en dictateur toute réponse "dilatoire" à sa demande de démission pure et simple. Il est à peine besoin de faire remarquer que c'était là faire usage d'un despotisme absolutiste complètement réprouvé, que la fonction pontificale suprême de Pierre ne permet absolument pas sur la fonction épiscopale, et dont, soit dit en passant, on voit de nos jours le pape François faire un bougre d'usage immodéré... très-notamment dans l'affaire de Mgr Strickland. Il était évident que Pie VII voulait faire l'acte de démission des évêques français tout seul, en tant que pape, et en cela précisément, il outrepassait hérétiquement le pouvoir de la fonction pontificale, comme nous l'avons vu plus haut en définissant le pouvoir juridictionnel des évêques en aval, dont je rappelle ici l'élément essentiel : dès lors que l'évêque est institué canoniquement, les deux droits divins de l'Église, celui du pape et celui de l'évêque, sont théologiquement en équiparité, et donc, la démission d'un évêque ne peut canoniquement se faire qu'avec l'accord de l'évêque (sauf s'il y a faute grave de l'évêque, et que celui-ci ne veut pas donner sa démission : dans ce cas, certes, seul un procès canonique en cours de Rome peut prononcer sa destitution valide ; mais là, avec les évêques Réclamants, nous sommes exactement dans le cas contraire : c'est le pape qui est en faute, et les évêques ont le bon droit pour eux ; en ce cas, si l'évêque, injustement poussé, acculé à démission, ne la donne pas, la destitution par le pape seul ne peut avoir et n'a effectivement aucune valeur canonique).
           
        Mais qu'à cela ne tienne : Pie VII, sans cesse obsédé par Napoléon comme je ne le serai pas d'une prostituée sur le bord du trottoir (dès que le Concordat fut signé, Pie VII entra dans une "agitation, une inquiétude, et le désir d'une jeune épousée qui n'ose se réjouir le jour de son mariage"Histoire religieuse de la France contemporaine de la Révolution à la troisième République, Dansette, p. 175), ne tint absolument aucun compte de ses évêques français, qu'il trucida sans vergogne dans le décret du 29 novembre 1801, sans aucune Charité, avec une brutalité toute... napoléonienne, et, ce qui est à peine croyable, absolument sans aucun égard pour le droit divin épiscopal inhérent à la Constitution divine de l'Église dont il était le suprême Pasteur et Gardien. Laissons les victimes porter leur juste plainte à la barre : "Maintenant V. S. a passé outre ; ce qu'elle ne nous avoit d'abord annoncé qu'à mots couverts [dans le bref Tam multa du 15 août 1801], elle l'exécute aujourd'hui publiquement [dans le bref Qui Christi Domini vices du 29 novembre 1801] ; et elle prononce, à la face de toute I'Église, un décret en vertu duquel ceux d'entre nous dont les libres démissions ne lui sont pas parvenues au 29 Novembre 1801 subiroient un sort parfaitement semblable à celui des Évêques punis par une sentence de déposition. (...) Nos Églises seroient regardées comme vacantes, quoique de notre vivant, et malgré notre refus de nous démettre ; nous-mêmes interdits à perpétuité de tout exercice de la Jurisdiction ecclésiastique, et les actes que nous en pourrions faire à l'avenir, déclarés nuls et invalides" (p. 20).
           
        Nous venons pourtant de voir que le droit ecclésial fondé sur le droit divin, et du pape, et de l'évêque, exigeait que dans l'affaire d'une démission épiscopale sans qu'il y ait aucune faute grave de l'évêque, il y eut obligatoirement concertation et accord entre le pape et l'évêque pour ladite démission. Sans quoi, tout est frappé d'invalidité formelle. Le pape Pie VII était donc, dans sa procédure, ou plutôt son absence de procédure (dont on voit un exemple de nos jours dans la "destitution" forcée de Mgr Strickland), doublement en faute, et en faute gravissime : premièrement, il n'avait pas à prononcer une sentence de déposition de l'évêque, qui en l'occurrence était rien moins, excusez du peu, que tout un corps épiscopal national de 82 évêques, laquelle, théologiquement, ne valait rien sans l'accord formel des évêques de France, mais de plus, le droit lui faisait obligation d'en débattre préalablement avec l'évêque. Ce qui signifie bien évidemment qu'il n'avait rigoureusement pas le moindre droit d'exiger des évêques français qu'ils ne fassent aucune demande d'explication quant à cette demande de démission, mais juste de la donner sans aucun commentaire, comme il osa scandaleusement le formuler quasi manu militari dans Tam multa, en leur interdisant avec une brutalité inqualifiable quoique enrobée dans du papier de soie, toute réponse "dilatoire" à sa demande de démission !
           
        Dilatoire veut dire, en effet : "Qui tend à différer l'instruction ou le jugement d'une affaire, d'un procès" (Cnrtl). Or précisément, la justice théologique de l'affaire EXIGEAIT TOUT AU CONTRAIRE qu'il y eût ajournement de la demande de démission des évêques français tant qu'elle ne fut pas instruite par lesdits évêques français à parité et de concert avec le pape ! Le pape, aux antipodes du bon droit et de la justice, exigeant de traiter la question tout seul en excluant formellement l'avis des évêques dont il ne voulait aucune "réponse dilatoire", voulait là une procédure complètement hérétique, eu égard au droit divin épiscopal. Et c'est là qu'on est bien obligé de remarquer, atterré, que le démocrate pape Pie VII rentrait étonnamment bien dans les vues antichristiques de Napoléon, comme pied dans chausse exactement de même pointure ; indigné, on le voit ne pas du tout reculer devant l'attentat mortel contre la Constitution divine de l'Église fondée par le Christ quant au droit divin épiscopal, pour œuvrer de son pontifical côté et satisfaire à la mise en œuvre du plan antichristique de Napoléon... Je ferai remarquer ici qu'on détecte déjà dans Pie VII, dès le Concordat de 1801 donc, toute l'attitude radicalement pro-antichristique qu'on est affligé et plus encore encoléré de sainte-colère de constater dans François...
 
Louis Joseph de Montmorency Laval 1 arthur richard dillon quartier saint cyprien toulouse Louis Hilaire de Conzié
De gauche à droite : Cardinal-évêque Louis-Joseph de Montmorency-Laval (Metz), 
Arthur-Richard Dillon (Narbonne), Louis-François-Marc-Hilaire de Conzié (Arras),
 
Évêques Réclamants
       
        Mais après s'être justement plaint saintement, avec douceur et sans passion, de leur hérétique mise à l'écart par le pape dans l'affaire de leur démission, les évêques français vont maintenant faire appel au droit, ce qui va convaincre la procédure de Pie VII d'hérésie dans l'affaire de leur démission sans leur accord exprès (dans ce qui va suivre, je vais mettre en gras voire en rouge ce qui, dans leur texte, fait allusion au droit divin épiscopal foulé aux pieds scandaleusement par le pape Pie VII, comme vil sanglier saccageant la Vigne du Seigneur) :
           
        "D'ailleurs, comment faire un crime à des Évêques de ces réponses dilatoires, dont l'objet n'était pas de chercher des prétextes pour reculer leurs démissions, mais d'exposer clairement les motifs [en italiques dans le texte] qui leur imposoient l'obligation de les différer ; de ces réponses, dans lesquelles ces mêmes Évêques, avec tous les égards et toutes les marques d'une soumission filiale, ainsi qu'il convenait, ont représenté à V. S. ce qu'ils craignoient pour leurs Diocèses respectifs, pour leur Église nationale de France, pour tout l'Ordre épiscopal, pour l'Église catholique toute entière, pour le Saint-Siège lui-même, si l'on consommoit les projets dont l'exécution paroissoit déjà entreprise ; de ces réponses, dans lesquelles ils ont supplié, conjuré V. S., avec de si vives instances, de leur communiquer, avec bonté, les motifs qu'elle avoit de se rassurer et de se livrer à la confiance pour l'avenir, s'il pouvoit y en avoir quelques-uns dans des conjonctures aussi extraordinaires ?
           
        "Votre Prédécesseur, Benoit XIV, de glorieuse mémoire, a enseigné que des Évêques qui se conduisent de la sorte [en faisant leurs représentations au pape], non-seulement sont exempts de tout reproche, mais qu'ils ne font que s'acquitter d'un devoir indispensable. «Un Évêque, disoit ce Pontife (dans son Traité du Synode diocésain), qui a lieu de craindre qu'une loi du Siège apostolique ne soit préjudiciable à son Diocèse, a non-seulement le droit de faire ses représentations au Pontife Romain, mais il y est même étroitement obligé» (Benoît XIV, Traité du Synode diocésain, Liv. 9, ch. VIII, n° 3).
           
        "Pie VI, pareillement de glorieuse mémoire, votre Prédécesseur immédiat, n'a pas moins expressément justifié d'avance les Évêques françois qui, dans l'affaire importante dont il est question et qui concerne leur Église, exposent, avec respect, leurs sentimens à V. S., lui qui, dans ses Lettres données à Rome à Saint-Pierre, le 10 Mars 1791, les prioit, les supplioit si ardemment de lui faire parvenir leurs avis. «Le Roi nous demande entr'autres choses, écrivoit Pie VI, d'exhorter les Métropolitains et les Évêques à consentir à la division et à la suppression des Églises métropolitaines et épiscopales..... cette demande du Roi prouve clairement qu'il reconnoît lui-même la nécessité de consulter les Évêques dans une pareille circonstance, et qu'en conséquence il est juste que nous ne décidions rien avant de les avoir entendus. Ainsi nous vous demandons un exposé fidèle de vos avis, de vos sentimens, de vos résolutions, signés de tous, ou du plus grand nombre. Nos idées s'appuyeront sur ce monument comme sur une base solide ; il sera le guide et la règle de nos délibérations ; il nous aidera à prononcer un jugement convenable, également avantageux pour vous et pour tout le Royaume de France..... Nous vous conjurons de nous faire connoître comment nous pourrions parvenir à concilier les esprits. La grande distance des lieux ne nous permet pas de juger quels sont les moyens les plus convenables. Mais vous, placés au centre des événemens, vous trouverez, peut-être, quelqu'expédient qui ne blesse point le Dogme catholique, ni la Discipline universelle de l'Église. Nous vous prions de nous le communiquer, afin que nous puissions l'examiner avec soin et le soumettre à une mûre délibération» (pp. 22-25).
           
        "Pie VI, Prédécesseur de V. S., avoit jugé, dans une affaire absolument semblable [à celle du Concordat], que le Chef visible de l'Église devoit la traiter d'une manière bien différente. Il n'ignoroit pas à quel triste état se trouvoit réduite la Religion en France, lorsqu'on lui demandoit [en 1791] d'approuver la nouvelle circonscription des Diocèses de France, décrétée par l'Assemblée nationale (alors investie du pouvoir) comme le Gouvernement actuel a signifié à V. S. qu'il vouloit pareillement une nouvelle division des Diocèses. Voici néanmoins de quelle manière s'expliqua Pie VI sur la proposition qui lui étoit faite. «On nous demande, dit-on, d'approuver cette division des Diocèses décrétée par l'Assemblée nationale. Mais ne faut-il pas que nous examinions mûrement si nous devons le faire ?..... car il ne s'agit pas ici de quelques changemens dans un ou deux Diocèses, mais du bouleversement universel de tous les Diocèses d'un grand Empire. Il s'agit de déplacer une multitude d'Églises illustres, de réduire des Archevêques au simple titre d'Évêques, nouveauté expressément condamnée par Innocent III, qui fit à ce sujet les reproches les plus vifs au Patriarche d'Antioche..... Ajoutez à cela qu'avant de consentir à une telle opération, il nous faudroit consulter les Évêques dont il s'agit d'abolir les droits ; prononcer sur leur sort sans les avoir entendus, ce seroit violer à leur égard, les lois de la justice.... » (Lettres apostoliques du 19 Mars 1791)" (pp. 50-51).
                 
        "Il est bon d'observer que dans cette nouvelle circonscription des Diocèses voulue par le Gouvernement actuel de France, se rencontrent précisément les mêmes inconvéniens dont vient de parler Pie VI, et qu'il a jugés aussi graves que difficiles à lever. (...) Mais surtout, ce qu'il ne faut pas oublier et ce qui est ici le point le plus important, c'est que Pie VI a déclaré hautement et à la face de toute l'Église, dont il étoit le Chef à la place de Pierre, qu'avant d'approuver la nouvelle division des Diocèses, il étoit absolument nécessaire d'interroger les Évêques des droits desquels il s'agissoit, de peur qu'on ne l'accusât d'avoir violé, à leur égard, les lois de la justice" (pp. 51-52).
 
JosephFrançoisDeMalide LouisAndréDeGrimaldi Jean Louis dUsson de Bonnac
De gauche à droite : Joseph-François de Malide (Montpellier),
Louis-André de Grimaldi (Noyon), Jean-Louis d'Usson de Bonnac (Agen),
 
Évêques Réclamants
       
        Les Évêques Réclamants faisaient là allusion à l'attitude du pape Pie VI lorsque l'Assemblée Constituante, en 1790-91, complotait déjà de détruire l'Église de France, non seulement par la Constitution civile du Clergé, mais déjà, donc, en voulant la destruction géographique des diocèses existants en bouleversant et saccageant toute la structure diocésaine érigée au fil de longs siècles sous l'inspiration et l'Action divine du Saint-Esprit en France. C'est cependant une chose qu'ils ne purent réaliser parce que le pape Pie VI s'y opposa, comme le font fort bien remarquer nos évêques Réclamants, mais que Napoléon, reprenant le projet antichristique des "grands-ancêtres", réalisa... par la main scandaleusement lâche et traîtresse du pape Pie VII. Notons bien, en effet, que tout seul, Napoléon n'y serait pas plus arrivé que les révolutionnaires de 1790 ! Le comble, c'est qu'il y arriva... "grâce" au pape !! "Alors que le refus massif avait, en 1791, aux yeux du pouvoir, rendu de fait les évêques démissionnaires, Bonaparte a l’habileté en 1801 de charger le pape lui-même de la basse besogne de demander sa démission à l’épiscopat réfractaire, et même, comble d’ironie, aux évêques constitutionnels" (Histoire des catholiques de France, du XVe siècle à nos jours, Lebrun, p. 276, cité par Decroix, ibid.). Or, il n'est pas besoin de souligner beaucoup, dans ce qu'on vient de lire, que le pape Pie VI, en l'an 1791 qui voit le même cas de figure qu'en 1801 avec le Concordat, respectant la Constitution divine de l'Église en la matière et le droit divin épiscopal quant à la structure géographique des diocèses, met entièrement dans les mains des évêques français concernés la décision à prendre en l'occurrence. On est exactement, et très-catholiquement, aux antipodes du comportement hérétique de Pie VII... à dix ans d'écart seulement.
           
        L'attitude du pape Pie VI a d'autant plus de poids qu'elle est soutenue par tout le Collège cardinalice, comme le soulignent à juste titre nos évêques Réclamants : "Il ne faut pas oublier d'observer que Pie VI témoigne en avoir agi ainsi d'après l'avis des Cardinaux assemblés ; car voici comment s'en explique ce vénérable Pontife, dans ses Lettres monitoriales, données à Saint-Pierre, le 13 Avril de la même année 1791 : «S'étant assemblés deux fois pour en conférer, l'avis unanime des Cardinaux de la Sainte Église romaine, appelés à notre conseil, d'après un examen sérieux et approfondi, a été qu'il falloit demander aux Évêques de France leur sentiment sur ce sujet»" (pp. 25-26).
             
        Devant la volonté des sans-culottes de détruire les diocèses de France, ce qui touche au droit divin des évêques français canoniquement institués dans lesdits diocèses, on a donc deux attitudes pontificales :
           
        — En 1791, le pape Pie VI et ses cardinaux, refusant ce qui est presque un sacrilège, ont l'habileté des fils de la Lumière de se retrancher derrière l'autorité des évêques de France pour soutenir leur propre cardinalice et pontifical refus de toucher à la structure des diocèses ;
           
        — En 1801, le pape Pie VII et ses cardinaux, acquiesçant à ce quasi sacrilège, ont l'habileté des fils des ténèbres de court-circuiter les évêques de France pour autoriser Napoléon dans le Concordat, par un abus hérétique d'autorité pontificale, à détruire les diocèses, attentant ainsi hérétiquement non seulement au droit divin épiscopal mais encore, comme vont le souligner plus loin les évêques Réclamants, à la Constitution divine de l'Église.
           
        C'est donc peu dire qu'ils étaient plus que fondés à conclure ainsi : "Il est indubitable que le Gouvernement civil n'a aucun droit de prescrire des règles sur cette matière [soit toucher à la structure des diocèses, soit démissionner leurs évêques] ; et que de l'autre, c'est une chose avouée de tout le monde, qu'il n'existe aucune loi ecclésiastique qui enjoigne aux Évêques d'abdiquer l'Épiscopat, promptement et sans en connoître les raisons, dès que cette démission leur est demandée par un Souverain Pontife (...). Enfin, comme ces Prélats ne sont accusés d'aucun crime, qu'on n'a formé contr'eux aucune plainte, qu'on n'a entamé aucune procédure, les règles les plus sacrées et les plus inviolables de tous les droits s'opposent invinciblement à ce qu'on prononce contre eux un jugement de condamnation" (pp. 26 & 27).
           
        "Qui pourroit encore douter du grand préjudice que portent à la Religion le mépris des Saints Canons, et les innovations introduites dans la Discipline générale de l'Église, quand il est manifeste que c'est pour avoir abandonné le chemin frayé par nos Pères, que les choses en sont venues au point (sans doute contre l'intention de VOTRE SAINTETÉ) que si l'on ne remédie promptement au mal, et si on n'en arrête les progrès, c'en est fait de la Religion ? Car, comment peut-elle subsister, lorsqu'on foule aux pieds les droits sacrés de l'Épiscopat ("Cette cause [de la destitution des sièges épiscopaux par le pape seul] regarde l’épiscopat de toute la catholicité" ― Lettre de Mgr de Coucy du 4 novembre 1801, cité par Decroix, ibid.) ; qu'on ébranle la Constitution de l'Église ; qu'on ne lui laisse plus qu'une existence précaire, incertaine, qu'on la met sous la dépendance de tous les Gouvernemens civils, même dans les choses qui sont le plus incontestablement du ressort de la Puissance spirituelle ?" (pp. 43-44).
           
        "Mais, ce qui n'est pas moins déplorable, c'est la manière dont on s'y est pris pour exécuter ces innovations. Car, pour en venir à cette suppression et extinction de tant d'Églises, opération jusqu'alors sans exemple, on n'a observé aucunes formes canoniques. Tout s'est fait sans entendre ni les Peuples, ni les Chapitres, ni même les Évêques, des droits desquels il s'agissoit, et auxquels cependant on a refusé la liberté d'exposer leurs raisons. (...) Quoique les Archevêques et les Évêques qui occupoient leurs Églises, voyant les dangers extrêmes dont la Religion catholique étoit menacée, eussent refusé leurs démissions ; quoiqu'ils demandassent à être entendus dans des affaires aussi importantes et qui les touchoient de si près, ils ont cependant été repoussés ; ils n'ont été ni interrogés, ni écoutés" (pp. 48-49).
 
PierreJosephDeLastic 560px Mgr Jean François de La Marche Pierre Augustin Godart de Belbeuf 
 De gauche à droite : Pierre-Joseph de Lastic (Rieux, émérite),
Jean-François de La Marche (Léon), Pierre-Augustin de Belbeuf (Avranches),
 
Évêques Réclamants
       
        Puis, de poursuivre en mettant le doigt là où ça fait vraiment mal : "Lorsque ce vénérable Pontife [Pie VI] proclamoit d'une manière si solemnelle, que cette dette du Chef de l'Église envers les Évêques étoit d'une étroite et rigoureuse justice, il étoit bien éloigné de penser (comme on l'a souvent répété depuis) que le pouvoir de faire des opérations dont, pour de puissantes raisons, il se croyoit obligé de s'abstenir, appartenoit à la primauté de son Siège non pas, à la vérité, dans les circonstances ordinaires, mais dans les temps orageux. Car, nous le demandons, en quelles conjonctures se trouvoit-il placé lui-même, lorsqu'il parloit ainsi ?, étoit-ce dans des circonstances ordinaires, ou plutôt n'étoit-ce pas au milieu de la plus furieuse tempête [en 1790, veulent dire les évêques Réclamants, la situation politique et religieuse était aussi bousculée et terrible qu'en 1800] ? Et cependant il a prouvé par sa conduite combien il étoit persuadé que les lois de la justice ne pouvoient pas se prêter aux variations et à l'inconstance des événemens humains, et que les difficultés des temps, quelques terribles qu'elles fussent, n'autorisoient jamais le Pontife Romain à enfreindre ces lois à l'égard de qui que ce fût puisque la primauté du Saint-Siège apostolique a été établie par Celui-là même qui est l'unique et divine source de tout droit et de toute justice [contrairement à Pie VII qui osa invoquer dans Tam multa "la nécessité urgente des temps", formule très-moderniste soit dit en passant, pour s'autoriser à renverser les lois de la Constitution divine de l'Église quant au droit divin épiscopal...].
           
        "Il falloit d'autant plus se donner de garde de violer ces lois de la justice à l'égard des Évêques, que leurs droits sacrés n'ont pu être blessés dans cette affaire, comme ils l'ont été réellement, sans que la Constitution de l'Église ne fût en même-temps ébranlée.
           
        "Et, en effet, conclure une affaire d'une telle conséquence sans l'intervention des Évêques qui s'y trouvoient spécialement intéressés ; juger seul des circonstances infiniment graves et périlleuses dans lesquelles, pour prévenir ou pour détourner le mal, il étoit plus nécessaire que jamais de s'aider des lumières et des conseils de plusieurs, comme l'ont fait tant de fois les Souverains Pontifes, en sollicitant du haut de leur Chaire les secours de leurs frères les Évêques [ainsi que Pie VI lui-même l'avait fait, comme on l'a vu, en 1791] ; décider, dans des temps si critiques, du sort, de l'état, de tous les biens, de tous les droits de tant d'Églises, non-seulement sans interroger les Évêques des intérêts desquels il s'agit, mais sans vouloir même les écouter lorsqu'ils demandent la liberté de dire leurs raisons, comme ils ont droit de le faire ; n'est-ce pas agir comme si Dieu n'avoit établi qu'une seule puissance pour le Gouvernement de l'Église, celle du Pontife Romain ? Or, telle n'est point la Constitution que Jésus-Christ a donnée à son Église.
           
        "Que les Évêques soient appelés de Dieu à prendre part au Gouvernement de l'Église, c'est ce qu'enseignent de concert les Livres saints et la Tradition universelle. Car ce n'est pas seulement à Pierre et à ses successeurs, mais à tous les Apôtres et à leurs successeurs que Jésus-Christ a dit : «Allez donc, enseignez toutes les Nations, les baptisant au nom du Père, et du Fils et du Saint-Esprit..... Et voilà que je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles» (Matth XXVIII, 19-20).
           
        "On ne doit donc pas être surpris de ce que saint Augustin écrivoit au Pape saint Boniface 1er : «La surveillance pastorale nous est commune à nous tous qui sommes Évêques, quoique vous teniez un rang plus éminent dans le gouvernement de l'Église» (Saint Augustin, Liv. I, Contre deux lettres des Pélagiens, ch. I, n° 2). Nous lisons aussi dans saint Cyprien : «Il n'y a qu'un seul Épiscopat ; chaque Évêque en a reçu et en exerce solidairement une portion» (Saint Cyprien, De l'unité de l'Église). Le Pape saint Jean 1er écrivoit à des Évêques : «Le soin de l'Église a été confié à vous et à nous : travaillons donc pour tous» (Saint Jean 1er, Pape, lettre à Zacharie, Archevêque).
           
        "Mais comment les Évêques auroient-ils été établis par le Saint-Esprit pour gouverner I'Église de Dieu ?, comment la Sainte Église leur auroit-elle été confiée, ainsi que le dit le Pape saint Jean 1er ?, comment la surveillance pastorale leur seroit-elle commune à tous, ainsi que l'écrit Saint-Augustin ?, comment enfin pourroit-on dire, avec saint Cyprien, que chaque Évêque est chargé solidairement d'une portion de cet Épiscopat unique que Jésus-Christ a institué, si, sans avoir le moindre égard pour eux, sans les interroger, sans vouloir même les écouter, lorsqu'ils demandent à être entendus, on peut validement décider du sort, de tous les biens, de tous les droits d'un grand nombre d'Églises qui leur ont été confiées canoniquement ; en supprimer, annuller et éteindre à perpétuité le titre, le nom et l'état tout entier ? S'il en étoit ainsi, ne faudroit-il pas (ce qu'à Dieu ne plaise) changer le langage des Livres-Saints et de toute la Tradition, et dire dorénavant que le Pape seul a été établi par le Saint-Esprit pour gouverner l'Église ; que c'est à lui seul qu'elle a été confiée ; qu'à lui seul appartient la surveillance pastorale, à l'exclusion de tous les Évêques ; que lui seul enfin possède tout l'Épiscopat ; en sorte qu'il ne peut être solidairement partagé ni exercé par chacun des Évêques ?
           
        "Car (ce qu'on n'a jamais vu dans l'Église jusqu'à ce jour) il a été décrété, dans ces Lettres [Tam multa, du 15 août 1801 & Qui Christi Domini vices, du 29 novembre 1801], que de légitimes Évêques seroient chassés de leurs Sièges canoniquement érigés et canoniquement subsistans ; et cela, sans aucune procédure, sans aucune forme de jugement, du propre mouvement [motu proprio] du Chef de l'Église, et comme en vertu de sa Providence pontificale [il faut hélas remarquer que non seulement Pie VII procédait dans l'hérésie, mais en outre, il le faisait avec un orgueil peu croyable, ce qui est perceptible dans la bulle de saccage révolutionnaire des diocèses de France du 29 novembre 1801, intitulé Qui Christi Domini vices, qui signifie : Celui qui est le vicaire du Christ...].
           
        "Quel Évêque catholique pourra à l'avenir se croire en sûreté sur son Siège ? [Mgr Strickland en sait quelque choses...], comment les Fidèles pourront-ils se reposer sur la sollicitude paternelle de leurs Évêques canoniquement institués, s'il est permis, même sous le prétexte d'une nouvelle circonscription de Diocèses, de chasser de légitimes Évêques de leurs Sièges canoniquement érigés et canoniquement subsistans, sans procédure, sans aucune forme de jugement, du propre mouvement du Pape, et en vertu de sa Providence pontificale ; ce qui supposeroit que l'Épiscopat n'a aucune stabilité, et qu'il peut être révoqué au gré du Pontife Romain ? Mais assurément, Jésus-Christ n'a pas établi son Église, sous cette condition qu'elle seroit composée d'Évêques révocables à la volonté d'un seul homme, pas même de celui qu'il leur a donné pour Chef et pour Supérieur.
           
        "Dans toutes les Églises catholiques et de temps immémorial, on a cru et enseigné unanimement, que la dignité Épiscopale étoit stable et inamovible ; en sorte que les Évêques canoniquement institués ne peuvent être privés de leurs Sièges selon le bon plaisir de qui que ce fût, et sans une sentence juridiquement prononcée, après les instructions et procédures requises.
           
        "Mais Saint Grégoire le Grand s'exprime là dessus d'une manière encore plus précise : «Si nous ne conservons pas à chaque Évêque la Jurisdiction qui lui appartient, que faisons-nous autre chose, que mettre le trouble et le désordre dans l'Église, tandis que c'est à nous à y maintenir la paix» (Saint-Grégoire le Grand, Liv. XI, lettre 37, à Romain, défenseur de Sicile ; alias, liv. IX, Lett. 324) ? Ce saint Pontife nous fait assez entendre par ces paroles, combien il étoit éloigné de s'attribuer le pouvoir d'interdire à de légitimes Archevêques ou Évêques, l'exercice de toute Jurisdiction ecclésiastique dans leurs Diocèses respectifs, sans examen, sans procédure, sans aucune forme de jugement, de son propre mouvement et en vertu de sa Providence Pontificale ; et de déclarer, nonobstant le défaut de démission de leur part, leurs Églises et Diocèses entièrement libres, afin d'en disposer et ordonner selon une forme nouvelle.
           
        "[Voici] ce que disoit Pie VI, il y a quelques années, aux Évêques de France, touchant la manière dont peut être rompu le lien spirituel qui unit les Évêques à leurs Églises : «C'est à vous maintenant que nous adressons la parole, VÉNÉRABLES FRÈRES qui tous, à l'exception d'un très-petit nombre ; avez si bien connu vos devoirs envers votre troupeau, qui, foulant aux pieds tous les intérêts humains, avez fait une profession publique de la saine doctrine, et qui avez jugé que vos soins et vos travaux devoient être proportionnés à la grandeur du péril..... Le spectacle de votre conduite est pour nous une consolation bien douce, et nous vous exhortons instamment à persister dans vos généreuses résolutions. Retracez-vous sans cesse le souvenir de l'alliance spirituelle qui vous unit à vos Églises, et qui ne peut être rompue que par votre mort, ou par notre Autorité apostolique, en suivant les formes que nous prescrivent les Canons. Restez-y donc inviolablement attachés (Lettres Monitoriales du 13 Avril 1791)».
           
        "Or, il n'y a que deux formes canoniques selon lesquelles l'Autorité apostolique puisse rompre le lien de ce mariage spirituel des Évêques avec leurs Églises : la première, quand le Souverain Pontife, conformément à la discipline actuelle de l'Église, accepte la libre démission d'un Évêque faite entre ses mains ; «car l'abdication de l'Épiscopat...... est nulle et invalide aux yeux de l'Église, tant qu'elle n'a pas été ratifiée par le consentement et l'autorité du Pontife Romain» (Lettre de Son Éminence, Monseigneur le Cardinal de Zélada, écrite par ordre de Pie VI, aux Grands-Vicaires du Diocèse d'Autun, le 2 Avril 1791). La seconde, quand on prononce contre un Évêque une sentence juridique de déposition, après avoir exactement observé toutes les formalités requises pour la validité d'un jugement, selon les règles, usages et coutumes de chaque Église.
           
        "Mais c'est une chose inouïe dans toute l'antiquité, QUE LE PROPRE MOUVEMENT DU PAPE [MOTU PROPRIO] SOIT UNE FORME CANONIQUE, en vertu de laquelle puisse être validement dissous le mariage spirituel qui unit les Évêques à leurs Églises, sans qu'il soit besoin d'examen, de discussion, ni de jugement.
           
        "Au contraire, Pie VI ayant, à l'exemple des anciens Pères, comparé à l'union conjugale, le lien spirituel qui attache les Évêques à leurs Églises («Il est hors de doute que l'Église de l'Évêque est son Épouse» — Saint Calixte 1er, Pape, Lettre 2, aux Évêques des Gaules ; «Puisqu'un lien spirituel est plus fort qu'un lien corporel, on ne doit pas douter que le Dieu tout-puissant n'ait réservé à son jugement seul de dissoudre le mariage spirituel qui existe entre l'Évêque et son Église» — Innocent III, chap. Inter corporalia 2, de translation Episcopi), nous a clairement enseigné par là que ces Évêques, liés à leurs Épouses par l'institution divine, n'en peuvent être arbitrairement séparés par qui que ce soit, et qu'il ne peut y avoir d'autre manière de rompre une si sainte alliance, que celle qui a été établie et consacrée par les loix de l'Église, ou par une Tradition constante et perpétuelle. Or, selon les lois de l'Église, et d'après une Tradition non-interrompue, un Siège épiscopal, occupé canoniquement, ne peut devenir vacant que par la mort du légitime titulaire, ou par sa démission volontaire et acceptée [par le pape], ou enfin par une sentence de déposition prononcée juridiquement, après que la cause a été instruite, et en observant religieusement toutes les formalités prescrites pour la validité de pareils jugemens.
           
        "Le lien spirituel qui unit les Évêques canoniquement institués avec leurs Églises, subsiste donc dans son entier et dans toute sa force, tant qu'ils vivent, ou qu'ils n'ont pas donné librement leurs démissions, ou qu'ils n'ont pas été dépossédés par une sentence juridique, rendue selon les formes requises par les saints Canons.
           
        "Mais tant que ce lien spirituel subsiste dans son entier, les Églises, qui ont leurs Époux, ne peuvent, en aucune manière, être réputées libres, ni l'être effectivement. D'où il suit, qu'en donnant à ces Églises, ou à quelques portions d'entr'elles, de nouveaux Évêques, même sous prétexte d'une nouvelle circonscription de Diocèses, on introduit dans l'Église du Dieu vivant, un état de choses entièrement contraire à sa Constitution, et qui l'expose aux plus grands périls" (pp. 52-78).
           
        L'inconstitutionalité de la procédure, ou plutôt absence de procédure, employé par le pape Pie VII pour destituer les évêques de France, est donc patente et formelle (il en est de même pour la manière dont a été destitué Mgr Strickland, bien évidemment, qui n'est presque qu'une pâle suite, on en conviendra, de l'attentat inouï qui fut commis par le pape Pie VII lors du Concordat envers quatre-vingt deux évêques légitimes...) ; l'attentat mortel contre la Constitution divine de l'Église ne l'est pas moins.
           
        Nos évêques Réclamants le disent fort bien. Continuons à les lire, genou en terre et yeux baissés, comme devant la bonne et sainte Justice de Dieu :
           
        "Sans doute les Évêques qui, se conformant aux avis de Pie VI, rapportés ci-dessus, ont cru devoir s'attacher de plus en plus à leurs Églises, loin de les abandonner, peuvent, du moins, se rendre ce témoignage, que pénétrés de tendresse pour leurs Épouses, ainsi que de vénération pour V. S., ils ont fait provisoirement tout ce qui pouvoit dépendre d'eux, pour prévenir les maux considérables qu'ils prévoyoient, sans peine, devoir résulter de ces étranges innovations ; mais il n'a pas dépendu d'eux d'empêcher qu'elles n'altérassent la Constitution de l'Église. Car, comme d'un côté, il n'est rien de si contraire à cette divine Constitution que le défaut d'unité, et que de l'autre l'unité de l'Église consiste, en grande partie, dans l'unité des Pasteurs, il est impossible que la Constitution de l'Église ne soit point altérée, lorsqu'on donne de nouveaux Évêques à des Diocèses dont les Titulaires, canoniquement institués, sont encore vivans, et continuent de demeurer attachés à leurs Épouses, c'est-à-dire, leurs Églises, puisqu'alors le nœud sacré qui les unit à elles, n'a point été rompu.
           
        "«L'Apôtre dit : “Une femme est liée par la loi, tant que son mari est vivant ; mais lorsqu'il est mort, elle est affranchie de la loi du mariage”. De même l'Épouse de l'Évêque, c'est-à-dire, son Église, lui demeure liée, tant qu'il est vivant. S'il vient à mourir, elle est libre, et peut se choisir un autre époux, pourvu que ce soit dans le Seigneur, c'est-à-dire, en observant les saintes Règles : mais si une Église, du vivant de son Évêque, c'est-à-dire, de son Époux, s'attache à un autre, elle devient adultère» (Saint Calixte 1er, Pape, Lett. 2, aux Évêques des Gaules)" (pp. 78-80).
 
        Les évêques Réclamants sont par trop bien fondés à décrire à présent ce qui va s'ensuivre de l'attentat sacrilège et inouï commis dans le Concordat par Pie VII. Et ici, ces bons évêques, toujours légitimes, mais persécutés, calomniés, humiliés et foulés aux pieds avec une brutalité toute napoléonienne par un pape misérablement et ignominieusement séduit et obsédé de démocratisme et de napoléonisme, vont visiblement user du charisme prophétique divin attaché à leur rang d'Apôtres, ils vont revêtir tout soudain la livrée glorieuse des grands Prophètes de Yahweh Sabaoth, le Dieu des Armées célestes. À genoux dans notre âme, considérons en effet et méditons avec soin à quel point de véracité quasi divine nous voyons tout le XIXème siècle et plus encore le XXème et à l'excès notre début de XXIème, réaliser dans l'Église leurs malédictions divines et sinistres prédictions faites en... 1801 : "Alors l'Église subira toutes les variations que la mobilité des intérêts et des passions du monde introduira dans le Gouvernement temporel («Nous ne croyons pas que la mobilité des intérêts du monde doive rendre l'Église de Dieu sujette à l'instabilité» — Saint Innocent 1er, Lett. 24, à Alexandre, Évêque d'Antioche, chap. 2, n° 2, tom. I, col. 852, édit. de D. Coustant). L'état entier de la Religion deviendra flottant et incertain ; les Souverains Pontifes, jamais tranquilles sur le premier Siège, sans cesse fatigués par d'importunes et vives instances, forcés par l'urgente nécessité des temps, se verront obligés de céder, et paroîtront, en quelque sorte, avoir abandonné les rênes du gouvernement de l'Église. Bientôt les hommes les regarderont moins comme les Vicaires de Jésus-Christ, régnant dans les Cieux, que comme les Ministres de toute Puissance temporelle, quelle qu'elle soit, à qui il plaira de vouloir disposer à son gré des objets mêmes les plus divins et les plus spirituels ; et les maux que souffrira l'Église seront d'autant plus difficiles à guérir, que son Chef visible lui-même deviendra le complice des coups qui lui auront été portés [... n'est-ce pas que cela décrit fort bien François, pour ne parler que de lui parmi les papes modernes post-concordataires...?].
           
        "Ces lugubres pressentimens, cette vue anticipée de tant de calamités, produit sur notre âme une si vive impression de crainte et d'horreur, que nous ne pouvons nous empêcher d'adresser à V. S. la même prière qu'adressoit autrefois au Pape Paschal II, saint Bruno, Évêque de Segni et Abbé du Mont-Cassin. «Ayez pitié de l'Église de Dieu, de l'Épouse de Jésus-Christ, et faites en sorte, par votre prudence, qu'elle recouvre sa liberté (et nous, nous ajoutons : sa Constitution) qu'elle semble avoir perdue» (Baronius, Annales ecclésiastiques, an. IV, n° 24)" (p. 85).
 
 PhilippeFrançoisDAlbignac FH de VS Eveque de Gap Cardinal de la Fare
De gauche à droite :
Philippe-François d'Albignac (Angoulême), François-Henri de la Broüe de Vareilles (Gap),
Anne-Louis-Henri de La Fare, qui deviendra cardinal sous la Restauration (Nancy),
 
Évêques Réclamants
           
        ... "All’urgente necessità dei tempi", osera invoquer Pie VII pour s'autoriser à ses attentats sacrilèges contre la Constitution divine de l'Église, dans Tam multa ("Nous sommes contraints par la nécessité urgente des temps -qui exerce en cela aussi sa force sur Nous- à vous rappeler l’impérieuse nécessité que vous donniez une réponse écrite à cette lettre dans le délai d’au moins dix jours"), osant très-hérétiquement, par cette formule très-moderniste, soumettre la Constitution divine de l'Église donnée aux hommes par le Sacrifice divin de Jésus-Christ pour leur Rédemption et salut éternel, à la volonté mauvaise des hommes, en l'occurrence aux "droits de l'homme" athées, sous les auspices desquels Napoléon voulait construire son novus ordo sæculorum, ce que remarquent bien nos évêques Réclamants, qui poursuivent ainsi : "Depuis dix-huit siècles que la Religion catholique, bâtie sur la pierre ferme, est demeurée inébranlable au milieu de tant d'orages dont elle a été battue, il est souvent arrivé que l'urgente nécessité des temps exerçât son empire, et sur les Papes, et sur les Évêques. Cependant jamais aucun Souverain Pontife n'a, de son propre mouvement, et sous prétexte d'apaiser la tempête, bouleversé à la fois tous les Diocèses d'une immense étendue de pays, et anéanti une multitude d'Églises illustres : aucun n'a entrepris de dépouiller de son Siège, sans forme de jugement, un seul Évêque canoniquement institué, et non convaincu de quelque crime" (p. 89).
           
        Et de rappeler à excellente et très-bonne enseigne le cas du pape Pascal II (1050-1118) qui, cédant sur la question des Investitures, ce qui était hérétique, sous la menace d'un sac de Rome et du massacre des romains par l'empereur césariste Henri V d'Allemagne, se rétracta très-peu de temps après, généreusement et avec grande humilité, devant un concile rassemblé à ce sujet dans la basilique romaine Saint Jean de Latran. Mais voici comment nos évêques Réclamants résument la question... suivez leur regard en direction de Pie VII : "Le Pape Paschal II se vit pareillement dans des conjonctures difficiles, et il céda aussi à l'urgente nécessité des temps : mais il reconnut sa faute, et il avoua publiquement le jugement qu'il portoit lui-même du Décret sur les Investitures, qui lui avoit été arraché par la force impérieuse des circonstances" (p. 88). Et de conclure très-catholiquement : "Ajoutons à cela que, comme selon saint Augustin, «il ne peut jamais y avoir de vraie nécessité de rompre l'unité de l'Église» (Saint Augustin, contre Parménien, Liv. II, chap. 2), de même il ne peut y en avoir non plus d'ébranler sa Constitution, par la raison évidente et décisive qu'en donne le Pape saint Félix II ; c'est qu'«il est certain qu'au jour du jugement, Dieu nous redemandera son Église dans toute son intégrité, telle que nous l'avons reçue de nos Pères» (Saint Félix II, Lettre à Acace de C. P. dans Baronius, an. 485, n° 29).
           
        "Non, il n'est jamais permis, quelques violentes que soient les tempêtes qui s'élèvent contre la maison de Dieu, jamais il n'est permis, même sous prétexte de rétablir le calme, d'altérer le moins du monde la Constitution de l'Église et quand il arriveroit qu'on en fût réduit à une telle extrémité, qu'il ne parût plus y avoir aucun autre moyen d'apaiser les flots irrités, que de consentir à une telle altération, il faut bien se donner de garde d'exercer, même dans la vue de procurer le salut de l'Église, un pouvoir que Jésus-Christ n'a conféré à personne : car si on en agissoit ainsi [comme l'a fait sans remords le pape Pie VII...], outre que tout ce qu'on feroit seroit nul et invalide, on sembleroit accuser la Providence du Rédempteur, de n'avoir pas suffisamment pourvu aux besoins de son Épouse. Il faut alors reconnoître, avec humilité, que tout le pouvoir des hommes est insuffisant, qu'il ne leur appartient pas de faire cesser l'orage ; et recourir à Jésus-Christ, «l'Apôtre et le Pontife» (Hebr III, 1) de la Religion que nous professons" (pp. 90-91 & 93).
 
 
FrançoisMarieDeVintimille Jean Charles de Coucy JeanMarieAsseline 2
De gauche à droite : François-Marie-Fortuné de Vintimille (Carcassonne),
Jean-Charles de Coucy (La Rochelle), Jean-Marie Asseline (Boulogne-sur-Mer),
 
Évêques Réclamants 
       
        Puis encore, d'aborder la question fameuse des Articles organiques, qui montrent quant et quant que l'Église concordatisée est abominablement jugulée, ligotée, esclavagisée jusque dans son fondement spirituel sous la puissance de l'État constitutionnellement athée avec lequel, ayant accepté l'obligation faite par le pape de manger avec le diable sans longue cuillère, elle s'est prostituée... sous l'impulsion très-ardente du pape Pie VII. Il ne sert à rien, en effet, de se récrier hautement et hypocritement, avec de grands accents hystériques et effarouchés de vierges violées, que le pape n'accepta jamais lesdits Articles organiques, qu'il portât sans cesse et à maintes reprises au fil des ans sa réclamation près le Gouvernement français, qui, avec une extrême politesse de fin de non-recevoir et de grands ronds-de-jambe diplomatiques n'en tint jamais aucun compte, pour la raison très-simple que dans le corps du texte concordataire, le pape s'y était lui-même librement soumis en promulguant le § 1, ainsi rédigé : "La religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France. Son culte sera public, en se conformant aux règlements de police, que le Gouvernement jugera nécessaire pour la tranquillité publique". Or, les Articles organiques n'étaient rien d'autres que cesdits "règlements de police" mis en forme...! Ce qui montre l'incohérence et l'illogisme insensés où s'était enfermé le pape, dès lors qu'il était rentré dans l'attentat contre la Constitution divine de l'Église par le Concordat. De quel droit en effet pouvait-il bien réclamer contre ces Articles organiques puisqu'il s'y était lui-même librement soumis dans le principe de la question par le § 1 du Concordat qu'il avait promulgué...?! Mais laissons nos évêques Réclamants fort bien exposer la question au regard de la Foi, comme on les voit se montrer fort accoutumés de le faire si bellement, depuis que nous les lisons :
           
        "Il est d'autant plus fâcheux que cette conduite [de ne pas mettre hérétiquement la prétendue "nécessité urgente des temps" au-dessus de la Constitution divine de l'Église] n'ait pas été suivie dans la triste affaire dont il est question, que c'est précisément parce que l'on s'en est écarté, que la Religion catholique, apostolique et romaine, loin d'avoir retiré un avantage réel de ce qui a été fait, en éprouve, au contraire, un grand dommage et un énorme préjudice.
           
        "Car, quoique V. S. ait toujours eu l'intention, comme elle l'a déclaré, «de porter la condescendance jusqu'à faire pour le bien de l'unité tous les sacrifices qui ne sont pas incompatibles avec l'essence de la Religion» (Bulle Ecclesia Christi), il s'en faut de beaucoup néanmoins, qu'elle ait obtenu, au prix de ces sacrifices, la conservation de la Religion en France (ce qui étoit le grand objet de ses vœux), puisqu'au contraire ils n'ont abouti qu'à y rendre plus déplorable l'état de cette Religion sainte, et à la mettre, pour ainsi dire, à deux doigts de sa ruine totale. Comment, en effet, pourroit-on espérer de voir la Religion se maintenir dans notre malheureuse Patrie ; qui ne craindroit plutôt pour elle les plus terribles désastres, en considérant cette suite de Décrets que le Gouvernement françois a publiés le 6 Avril 1802, sous le titre d'Articles organiques de la Convention du 26 Messidor, an IX ; Articles dont V. S. a eu tant de raison de se plaindre, comme elle l'a fait dans le Consistoire secret du 24 Mai de la même année 1802, et au sujet desquels elle a déclaré qu'elle n'en avoit eu aucune connoissance avant leur publication.
           
        "Car, outre que ces Articles renferment plusieurs dispositions qui tendent nécessairement à détruire la Religion, ils assujétissent entièrement à la Puissance séculière le Ministère que Jésus-Christ n'a confié qu'à son Église, et convainquent leurs auteurs, avec la dernière évidence, d'avoir usurpé l'autorité spirituelle. Il n'est que trop visible que les auteurs desdits Articles ont réellement usurpé la puissance de l'Église ; et qu'ils n'ont pas craint de porter des lois sur des objets spirituels, en attirant à eux ce qui y a rapport : c'est ainsi que s'arrogeant un Ministère qui n'est nullement de leur compétence, ils se sont ouvertement déclarés les ennemis de la divine Constitution de la Religion catholique.
           
        "Et plût à Dieu qu'on n'eût pas donné occasion à ces Articles, en souscrivant purement et simplement, sans aucune précaution, à la seconde partie du premier article de la susdite Convention du 15 Juillet 1801, lequel est conçu en ces termes : La Religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France..... en se conformant aux règlements de police que le Gouvernement jugera nécessaires pour la tranquillité publique.
           
        "Hélas ! cette Convention, prise dans tout son ensemble, loin de guérir les maux de l'Église, n'a fait que les aigrir (sans doute contre l'intention de V. S.) mais la seconde partie de l'article premier lui a été spécialement funeste, parce qu'elle a fourni à la Puissance séculière l'occasion de s'emparer du Gouvernement spirituel, occasion qu'elle n'a eu garde de laisser échapper. Oui, voilà ce qui lui a applani le chemin pour en venir à tant d'étonnantes dispositions, auxquelles un Catholique ne peut penser sans la plus vive douleur. Et comme, d'une part, V. S. a formellement reconnu dans son Allocution du 24 Mai 1802, que lesdits Articles, tels qu'ils sont, mettent obstacle à l'exécution de ce qui est prescrit par la Constitution de notre Sainte Religion, ainsi qu'à l'exacte et fidèle observance de la Discipline établie par les loix de l'Église ; et que de l'autre ces mêmes Articles, tels qu'ils existent, sont des règlements de Police qui ont force de loi en France, et auxquels on est tenu de se conformer dans l'exercice de la Religion ; il s'en suit évidemment que la Religion catholique, apostolique et romaine, est aujourd'hui exercée en France, sous la condition expresse, que ses Ministres obéiront à des réglemens qui, au jugement de V. S. elle-même, s'opposent à ce que l'on pratique ce qu'exige la divine Constitution de notre Sainte Religion, et à ce que l'on observe fidèlement la salutaire Discipline que l'Église a établie par ses loix" (pp. 94-101).
           
        ... Amen ! Il n'y avait rien à dire face à ces vérités si criantes rappelées par nos évêques Réclamants montrant l'hétérodoxie radicale du Concordat et de son application en France, Pie VII n'avait plus qu'à pleurer de honte son péché, en se frappant la poitrine d'un mea MAXIMA culpa retentissant, tel saint Pierre après avoir renié le Christ lors de sa Passion, tel Pascal II l'avait fait... Hélas !, on ne le sait que trop bien : Pie VII ne le fit point ; et même, bien pire : il n'y pensa jamais. Comme non plus, on ne le vit faire aucune réponse aux Réclamations, etc., rédigées par nos évêques Réclamants, dont on peut bien se rendre compte, depuis qu'on les lit, que les critiques savantes, pieuses, fermes et toutes ciselées dans une extrême droiture de Foi non moins que toutes mesurées dans la plus grande Charité envers le pape étrangement défaillant, sont toutes forgées à l'aune de la plus pure Vérité catholique... Quelle ressemblance, n'est-ce pas, avec l'attitude coupable de François ne faisant, lui non plus, aucune réponse aux Dubia des cardinaux relativement à Amoris Laetitia !!
 
 
Marie Joseph de Galard de Terraube JeanBaptisteDuChilleau Francois de Gain de Montaignac 1782 Tarbes 
De gauche à droite : Marie-Joseph de Galard de Terraube (Puy-en-Velay),
Jean-Baptiste du Chilleau (Châlon-sur-Saône), François de Gain de Montagnac (Tarbes),
 
Évêques Réclamants
       
        Mais voici le pire. Et ce pire du pire nous met incroyablement de plain-pied avec ce que nous vivons et mourons à la fois en Église de nos jours, à savoir que les hérétiques et les scandaleux vont très-concrètement être acceptés et accueillis dans l'Église concordatisée de France, au même titre que les catholiques purs de toute hérésie et de tout scandale... Non, ô lecteur !, tu ne vas pas lire, dans ce qui va suivre, un commentaire autorisé sur ce qui se passe actuellement dans l'Église Universelle aux temps cala(très)miteux du Synode sur la synodalité, tu vas lire ce qui s'est passé il y a 220 ans dans l'Église de France... avec les prêtres jureurs et/ou mariés synodalisés de par la Constitution civile du Clergé, et réintégrés sans aucune repentance dans le clergé officiel, de par le Concordat. Napoléon, en effet, avait exigé du pape, qui lui céda sur ce chapitre comme sur tous les autres, qu'on n'inquiétât pas ces pécheurs ecclésiastiques et qu'on leur réservât le même traitement que les prêtres restés purement catholiques, dans la recomposition prostituée du Clergé concordataire... Toute ressemblance, évidemment, avec la situation des pécheurs de notre temps, par exemple les divorcés remariés et autres déviants sexuels qu'on veut admettre sans repentance dans l'Église et au banquet eucharistique, est bien sûr totalement fortuite, comme on dit dans les films biopics...
           
        Or, de quoi se rendaient coupables les prêtres qui avaient juré la Constitution civile du Clergé ? Ils se rendaient coupables de souscrire à une synodalisation de la vie de l'Église en France... exactement comme on la voit de nos jours vouloir ressurgir et s'imposer, non seulement sous le pontificat de François mais par François lui-même.
           
        La Constitution civile du Clergé en effet, était essentiellement basée sur la doctrine hérétique du richérisme. Qu'est-ce que le richérisme ? C'était tout simplement vouloir que l'Autorité dans l'Église parte de la base pour remonter vers le haut, aux antipodes radicales mêmes de la structure hiérarchique voulue par le Christ pour son Épouse, qui part du haut pour descendre vers le bas, et que la théologie a cristallisé par les termes "membres enseignants" et "membres enseignés". Le richérisme, c'est, sous terminologie différente, théoriser une Église... synodale, prétendant ainsi revenir à une soi-disant pureté de l'Église primitive. Le principe essentiel d'Edmond Richer (1559-1631), était en effet celui-ci : "Chaque communauté a droit immédiatement et essentiellement de se gouverner elle-même, c’est à elle et non à aucun particulier que la puissance et la juridiction a été donnée" (cherchez où est l'erreur, avec la doctrine actuelle du Synode sur la synodalité...!).
           
        "La doctrine entend appliquer le principe de gouvernement des communautés à tous les niveaux de l’organisation ecclésiale. Au niveau supérieur, le richérisme se confond avec la doctrine gallicane qui considère que le Pape est soumis, en termes d’autorité temporelle et dogmatique, au Concile, donc à l’ensemble des évêques représentant le peuple chrétien. Mais la doctrine n’en reste pas à ce premier niveau. Ainsi de la même manière, l’évêque est soumis, au synode diocésain, donc à l’ensemble des curés représentant le peuple chrétien du diocèse. On comprend que le richérisme recueillait les faveurs du bas-clergé. Et enfin au troisième niveau, le curé est soumis à l’assemblée paroissiale, donc à l’ensemble du peuple chrétien de la paroisse. Très influents à l’Assemblée constituante, les partisans du richérisme orientèrent la réorganisation de l’Église gallicane, tant à l’égard de la constitution civile du clergé qu’à l’égard de la constitution ecclésiastique, autour du principe de gouvernement démocratique des communautés paroissiales et diocésaines dont le système de Richer avait fourni l’une des premières théorisations" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Edmond_Richer).
           
        En condamnant la Constitution civile du Clergé, c'est surtout la doctrine du richérisme qui la sous-tendait que le pape Pie VI condamna solennellement, mais le Concordat va voir les prêtres qui avaient hérétiquement juré ladite Constitution, c'est-à-dire qui étaient au moins implicitement richéristes, c'est-à-dire... synodaux !, être mis à rang d'égalité avec les prêtres réfractaires, c'est-à-dire catholiques, qui avaient refusé d'y souscrire. Exactement, l'analogie est frappante, comme dans l'Église de nos jours, les plus hauts prélats richéristes-synodaux, notamment ceux d'Allemagne, gardent place et faveur près le pape, et ne sont pas sanctionnés (ce sont les catholiques qui le sont, tel Mgr Strickland).
           
        Mais, pour exposer l'affaire, je laisse parler, ils le font si bien, nos bons Pères dans la Foi, nos évêques français Réclamants.
           
        "Rien, en effet, de plus déplorable, et en même temps de plus certain que ce qui est arrivé depuis peu, lorsqu'il s'est agi de la rétractation à laquelle étoient si justement obligés les Ecclésiastiques assermentés, intrus, invaseurs, [ayant juré la Constitution civile du Clergé], et de la réparation du scandale causé par ces Prêtres, qui ont osé contracter des mariages sacrilèges [c'est principalement sous la Terreur, entre 1793 et 1794, que 70 % des prêtres mariés pendant la Révolution se marient, on ne peut attribuer en soi à la Constitution civile du Clergé d'en être responsable, quand bien même "le mariage des prêtres est un phénomène important qui a touché près de 6 000 individus, soit près du quart du clergé constitutionnel"Les prêtres mariés sous la Révolution française, thèse soutenue à Paris 1 par Xavier Maréchaux, 1995].
           
        "Le Prédécesseur de V. S., Pie VI, d'heureuse mémoire, après avoir condamné la Constitution civile du Clergé, décrétée par l'Assemblée nationale, après avoir prononcé des peines canoniques contre les Ecclésiastiques qui avoient prêté purement et simplement, et n'auroient pas rétracté dans le temps prescrit, le Serment civique, «source empoisonnée de toutes sortes d'erreurs, et la principale cause des maux qui affligent l'Église de France» (Lettres monitoriales du 13 Avril 1791), comme aussi contre ceux qui s'étoient souillés du crime de l'intrusion, ou qui s'en souilleroient à l'avenir, régla la manière dont les uns et les autres pourroient être réconciliés avec l'Église, «en ne consultant que sa Discipline la plus douce et la plus favorable» (Indult du 13 Juin 1792).
           
        "Le Saint-Père se réserva à lui seul et à ses Successeurs, la faculté d'absoudre les Archevêques et les Évêques. Cependant il n'ôta point auxdits Archevêques et Évêques tout espoir de pardon, il ajouta, au contraire, dans les mêmes Lettres : «À Dieu ne plaise que cette réserve que nous faisons à notre Tribunal soit, pour les coupables, un sujet de découragement. Notre désir le plus ardent est qu'elle soit, au contraire, pour eux un plus pressant motif de recourir, avec confiance, à notre commune Mère, et de se jetter dans son sein avec empressement. Si leur pénitence est sincère, s'ils sont disposés à avouer leurs fautes, à les réparer pleinement, et à renoncer aux Églises qu'ils ont usurpées, nous l'avons déjà déclaré avec Saint-Léon, et nous le déclarons de nouveau, nous les recevrons à bras ouverts , et nous les ferons jouir de l'Unité de notre paix et de notre communion (Indult du 13 Juin 1792)».
           
        "Quant aux Ecclésiastiques du second ordre, le même Pontife accorde aux Archevêques, Évêques et Administrateurs des Diocèses du Royaume de France, d'abord la faculté d'absoudre ceux qui auroient prêté le Serment civique, à condition néanmoins que ceux-ci rétracteroient, ou plutôt, après qu'ils auroient rétracté ledit Serment, et réparé, le mieux qu'il leur seroit possible, le scandale qu'ils auroient donné aux fidèles (Indult du 19 Mars 1792).
           
        "Il a ensuite accordé aux légitimes Archevêques, Évêques et Administrateurs des Diocèses, le pouvoir d'absoudre les Intrus, en prescrivant, toutefois, les conditions préalables que ceux-ci auroient à remplir pour obtenir cette grâce : «Afin d'empêcher, dit Pie VI, que ces sortes d'absolutions ne soient accordées indiscrettement, ou qu'elles ne présentent des formes diverses, nous en tenant..... à la plus douce discipline de l'Église, nous défendons qu'aucun Intrus ne soit absous, à moins d'avoir auparavant rétracté, par écrit, le Serment civique, et les erreurs contenues dans la Constitution civile du Clergé de France, et déclaré spécialement que les Ordinations reçues ou conférées par les Intrus, sont toutes sacrilèges ; que l'autorité déléguée par eux est nulle ; que leur intrusion viole toutes les lois de la justice, et que tous les actes qui en ont été la suite, sont frappés d'une nullité radicale ; d'avoir promis, avec serment, obéissance au Saint-Siège apostolique et aux légitimes Évêques ; enfin d'avoir renoncé à la Paroisse, ou à la portion de Paroisse qu'ils ont envahies ; lesquelles rétractations et abdications doivent être publiques, comme le crime l'a été» (Indult du 13 Juin 1792).
           
        "Une heureuse expérience a fait voir que, si cette manière de procéder, tracée par Pie VI, étoit nécessaire, aussi n'a-t-elle pas été inutile et sans fruit. Beaucoup d'Ecclésiastiques qui avoient prêté le Serment, ou qui s'étoient souillés du crime de l'intrusion, se soumirent avec une scrupuleuse exactitude, aux conditions prescrites ; satisfirent pleinement pour le passé ; rentrèrent en grâce avec l'Église, leur mère, et la consolèrent, par la sincérité de leur pénitence, après l'avoir contristée par leurs égaremens. Ainsi, quoiqu'elle eût la douleur d'être privée du Culte public et solemnel [dans les années 1791-1800], on voyoit de temps en temps triompher l'Unité par le renoncement public au schisme, et par la rétractation du fatal Serment qui y avoit donné lieu ; on voyoit de temps en temps triompher la Foi par l'abjuration publique de l'erreur ; on voyoit de temps en temps triompher la Discipline, la sauvegarde de la Foi, par la condamnation solemnelle que faisoient les pécheurs publics des crimes énormes qu'ils avoient commis.
           
        "Mais les choses se sont passées et se passent encore bien différemment, depuis la publication de la Convention conclue le 15 Juillet 1801, entre V. S. et le Gouvernement françois [c'est-à-dire le Concordat lui-même], et des Articles dits organiques de cette même Convention" (pp. 101-107).
           
        Napoléon, en effet, exigeait que le clergé constitutionnel civil, de soi hérétique et schismatique, soit traité de la même manière que le clergé qui n'avait pas péché contre l'Unité de l'Église, qu'on ne leur demandât aucune rétractation de quoi que ce soit. Et il imposa cette mesure au pape comme condition du Concordat, lequel laissa faire, et on ne peut y voir de la part de Napoléon, une fois de plus, qu'il n'avait que foutre de la pureté de la Foi catholique, son seul désir étant de se créer un clergé français inféodé à son pouvoir politique. C'est pourquoi les prêtres jureurs redressèrent la tête en rebelles impénitents lorsque le Légat Caprara, au nom du pape Pie VII, vint à Paris recueillir leurs rétractations. Ils se savaient soutenus par le Gouvernement, et refusèrent hautement toute rétractation. Mais le plus grave, et même l'incroyable, c'est que le Légat s'est prêté et plié scandaleusement à une parodie de rétractation, et, pour satisfaire aux exigences du Gouvernement napoléonien, s'est avili sacrilègement à donner des Lettres d'absolution à ceux qui lui déclaraient en face ne point se rétracter. Voici ce qu'en disent nos édifiants évêques Réclamants :
           
        "Parmi les Ecclésiastiques qui avoient prêté le Serment civique, ainsi qu'il a été dit, et qui, de plus, s'étoient souillés du crime de l'intrusion, en occupant, contre les lois de l'Église, des Sièges épiscopaux, et qui, à raison de ces délits, avoient encouru la peine de suspense, et étoient ensuite tombés dans l'irrégularité, plusieurs ont été promus à des Archevêchés ou Évêchés de la nouvelle circonscription : cependant ils n'ont point condamné leur criminelle conduite ; bien loin de là, quelques-uns d'entr'eux ont publié des écrits, où déposant tout honte, ils se vantent de n'avoir fait aucune rétractation, d'être dans la résolution de n'en jamais faire, et se font gloire d'avoir rejetté, avec mépris, la grâce de l'absolution qui leur à été offerte, parce que, disent-ils, «il n'en avoient pas besoin».
           
        "C'est ce qu'on lit dans la lettre de Dominique Lacombe (appellé Évêque d'Angoulême, selon la nouvelle circonscription), au vénérable Prêtre Binos, ancien Chanoine de St-Bertrand, écrite à Paris le 4 Juin 1802, et imprimée à Bordeaux chez Simart, rue Ste-Catherine. «Il est très-vrai que M. le Légat a voulu de nous une rétractation ; il est très-vrai qu'il ne l'a pas obtenue..... Je déclarai que je ne faisois l'abandon de la Constitution civile du Clergé, que parce qu'une nouvelle loi la rend impraticable ; qu'ayant respecté et aimé ses dispositions, je continuerois de les respecter et de les aimer ; que bien loin de me blâmer d'y avoir obéi, d'y avoir été fidèle, je regardois comme les meilleurs actes de ma vie, comme les plus dignes des récompenses éternelles, tous les actes qu'elle m'a prescrits, et auxquels je me féliciterai toujours de m'être prêté. On vous dira, peut-être, que M. le Légat nous a donné l'absolution, que la preuve en est dans les registres de sa Légation, qu'on y a vu..... plusieurs exemplaires d'un Decretum absolutionis humblement demandé par plusieurs de nous, et à plusieurs de nous charitablement accordé. Comment repousserez-vous ces faits là ? Vous direz avec moi, que M. le Légat, aux mépris des règles usitées dans le Sacrement de Pénitence, au mépris de ces paroles célèbres d'une infinité de Papes : Nisi vere contritis et confessis, a donné une absolution qui n'étoit ni voulue ni demandée ; que lorsque le Decretum en a été remis.... à quelques-uns d'entre nous, ils en ont fait justice en le jettant au feu, en présence de celui de qui ils l'avoient reçu..... Vous direz de plus, que le constitutionnel Lacombe n'a pas été gratifié de ce Decretum : sans doute qu'on a craint qu'il ne fût moins patient que les autres».
           
        "Qui pourroit assez déplorer une pareille obstination, une si invincible opiniâtreté, dans l'erreur ? Qui ne seroit pénétré d'indignation, en voyant que ces Hérétiques, loin d'avoir demandé avec humilité la grâce de la réconciliation dont ils ont tant besoin, l'ont, au contraire, orgueilleusement repoussée, au grand mépris du Saint-Siège apostolique ? N'est-ce pas ici le cas de dire avec saint Bernard : «Beaucoup de gens s'étonnent et se scandalisent de voir de pareils hommes protégés, défendus, favorisés, comblés d'honneurs» (Saint Bernard, Lett. 178, au Pape Innocent II, n. 3) ? Quelle doctrine vont enseigner au Clergé et au Peuple des hommes qui ne rougissent pas de manifester un respect et un attachement si opiniâtres pour cette Constitution civile du Clergé, qui, comme personne ne l'ignore, a été condamnée par un jugement solemnel du Saint-Siège apostolique, aux applaudissemens de toute l'Église gallicane ; et sans la moindre réclamation de la part des autres Églises catholiques ; condamnée, disons-nous, «comme étant un composé de principes hérétiques, par conséquent hérétique elle-même, et contraire au Dogme catholique en plusieurs de ses Décrets ; schismatique et sacrilège, dans d'autres ; destructive des droits de la primauté du S. Siège et de ceux de l'Église ; opposée à la Discipline, tant ancienne que nouvelle, et qui enfin n'a été inventée et publiée que dans le dessein d'abolir entièrement la Religion catholique» (Lettres monitoriales du 13 Avril 1791) ?
           
        "Quelle est grande et quelle est juste l'horreur de toute l'Église, lorsqu'elle voit des hommes frappés de la censure de suspense, qui ont encouru l'irrégularité ; et qui, après avoir repoussé avec mépris le bienfait de l'absolution, s'emparent du Gouvernement d'immenses Diocèses, et ont l'audace d'y exercer les fonctions épiscopales !
           
        "Au reste, nous n'avons pas seulement à gémir des fautes commises par les Ecclésiastiques depuis la conclusion du Concordat et des Articles dits Organiques ci-dessus mentionnés, il est encore émané du Gouvernement civil et de ses Agents, depuis la même époque, des actes plus funestes à la Religion qu'il n'est possible de l'exprimer.
           
        "En effet, quoique Pie VI, Prédécesseur de V. S., s'en tenant, comme nous l'avons déjà observé, à la plus douce discipline de l'Église, ait défendu d'absoudre aucun Ecclésiastique Jureur ou Intrus, à moins, qu'au préalable, il n'eût satisfait à l'obligation indispensable de se rétracter, ainsi que les saints Canons l'ont prescrit dans tous les temps, et n'eût rendu sa rétractation aussi publique que le crime l'avoit été (Indults du 19 Mars et du 13 Juin 1792), la Puissance séculière a néanmoins défendu d'en exiger d'aucune espèce. Car voici ce qu'on lit dans la lettre circulaire du Ministre de la Police générale, aux Préfets, datée de Paris, 18 Prairial, an X, le 7 Juin 1802 : «Vous devez porter une égale attention à ce qu'aucun des partis qui ont divisé l'Église, n'exige aucune espèce de rétractation. Je vous ait fait connoître la volonté du Gouvernement à cet égard. On ne peut, sans la méconnoître, demander aux Prêtres ni Serment, ni Formule, autre que la déclaration qu'ils adhérent au Concordat, et qu'ils sont dans la Communion des Évêques nommés par le Premier Consul. Si l'on se croyoit autorisé, de part et d'autre, à demander des rétractations réciproques, où seroient les fruits de la réconciliation religieuse, dans laquelle doivent s'éteindre toutes les haines et tous les souvenirs du passé ? L'organisation des Cultes est dans l'Église ce que le 18 Brumaire est dans l'État. Ce n'est le triomphe d'aucun parti, mais la réunion de tous dans l'esprit de la République et de l'Église».
           
        "Après cette défense d'exiger aucune espèce de rétractation des Ecclésiastiques, soit Jureurs, soit Intrus, les Archevêques et les Évêques des Diocèses de nouvelle circonscription, ont reçu une instruction, ou pour mieux dire, un ordre du Gouvernement civil, de ne mettre aucune différence entre les Prêtres qui ont obéi à l'Église, et ceux qui lui ont désobéi, et d'appeller ces derniers dans une proportion du tiers au quart à remplir les fonctions de Curés et de Vicaires. Car on trouve ce qui suit dans la lettre circulaire du Conseiller d'État chargé de toutes les affaires concernant les Cultes, écrite le 8 Juin 1802, aux Archevêques de nouvelle circonscription, lettre si répréhensible à tant d'autres égards. «L'intention du Premier Consul est que, pour réaliser un système d'impartialité équitable, vous choisissiez un de vos Grands-Vicaires parmi les Ecclésiastiques du second Ordre qui ont appartenu à ce qu'on appeloit le Clergé constitutionnel, et que les Ecclésiastiques de la même classe soient appellés dans une proportion du tiers au quart à remplir les fonctions de Curés, de Chanoines et de Desservans».
           
        "Enfin, quel est celui qui n'a pas frémi d'horreur, lorsqu'il a entendu traiter de véritable scandale la réparation publique d'un sacrilège commis publiquement, et qu'il a vu une réparation si digne d'éloges sévèrement blâmée et rigoureusement interdite à l'avenir ? Le Conseiller d'État chargé de toutes les affaires concernant les Cultes, a écrit ce qui suit au Préfet du Département de la Somme, le 14 Mai 1802 : «Avec votre lettre du 10 du courant, j'ai reçu, Citoyen Préfet, les pièces qui constatent la rétractation publique faite par Claude de la Cour, Prêtre marié, et l'anathème dont il frappe son mariage. Cette démarche est un véritable scandale..... Les Prêtres qui administrent la Paroisse ou l'Église dans laquelle de la Cour a fait sa rétractation solemnelle, auroient dû veiller à ce que pareil scandale n'eut pas lieu ; et vous les avez très-justement rendus responsables, pour l'avenir, de tout évènement pareil».
           
        "Quoi donc ! Est-ce que le scandale ne vient pas ici tout entier de la part de ces malheureux Prêtres, qui ont osé se marier ? Et le simple bon sens ne dit-il pas qu'on ne peut faire un crime à un pécheur de réparer publiquement un scandale qu'il a donné en public ? Pour justifier de si étranges mesures, on allègue le prétexte de rétablir la Paix et l'Unité. Mais, comme le disoit autrefois saint Hilaire de Poitiers : «S'il n'y a effectivement rien de plus précieux et de plus beau que les noms de Paix et d'Unité, personne ne peut ignorer que l'Église et l'Évangile ne connoissent d'autre Paix, ne connoissent d'autre Unité, que la Paix de Jésus-Christ, que l'Unité de Jésus-Christ» (Saint Hilaire, Livre contre les Ariens ou contre Auxence de Milan, n° 4). Et, par la manière dont nous avons dit que se faisoit la réconciliation des pécheurs publics, ce n'est point la Paix de Jésus-Christ, l'Unité de Jésus- Christ qu'on établit ; mais, au mépris de la vérité évangélique, on introduit dans l'Église un simulacre de Paix, un simulacre d'Unité, beaucoup plus dangereux qu'une guerre ouverte et qu'un schisme déclaré.
           
        "Peut-on dire qu'on a la Paix de Jésus-Christ, l'Unité de Jésus-Christ, lorsqu'un Gouvernement temporel usurpe, contre la volonté de Jésus-Christ, une autorité toute spirituelle, s'érige en juge de controverses qui se sont élevées sur la doctrine, ordonne de regarder comme de pures questions oiseuses et qui ne touchent point à la Foi, des erreurs solemnellement condamnées par l'autorité légitime ; lorsqu'il décide que la rétractation de ces erreurs n'est pas nécessaire ; et, qui plus est ; lorsqu'il ne craint pas de défendre ces rétractations qui ont été prescrites par l'autorité ecclésiastique, et va jusqu'à fixer de nouvelles conditions, lesquelles, selon lui, n'ont rien que de licite, et sont suffisantes pour réconcilier avec l'Église ; en sorte que ceux qui avoient commis les crimes le plus énormes, et à qui on avoit interdit très-justement les fonctions redoutables du Saint-Ministère, reprennent aussitôt et sans autre obstacle, l'exercice de ces mêmes fonctions ?
           
        "Peut-on dire qu'on a la Paix de Jésus-Christ, l'Unité de Jésus-Christ, lorsque l'Église, son Épouse, est avilie au point d'être regardée comme une faction qui produit des troubles, et dont il est nécessaire de réprimer les mouvemens séditieux pour avoir la tranquillité ?
           
        "On représente l'Église comme ayant été déchirée par différentes factions ! Le pape Pie VI étoit-il donc le chef d'une faction, lorsque, s'acquittant des devoirs de l'Apostolat, il a déclaré et prononcé du haut de son Siège, que, «de l'aveu et du consentement unanime de toute l'Église gallicane, les Sermens civiques devoient être regardés comme autant de parjures et de sacrilèges, absolument indignes, non-seulement de tout Ecclésiastique, mais de tout bon catholique, et que tous les actes subséquens devoient être réputés schismatiques, entièrement nuls, et qu'ils méritoient d'être soumis aux censures les plus graves. Nous ordonnons, par ces présentes, à tous, sans aucune exception, Cardinaux de la sainte Église romaine, Archevêques, Évêques, Abbés, Vicaires, Chanoines, Curés, Prêtres, et à tous autres Ecclésiastiques séculiers ou réguliers, qui auroient prêté le Serment civique, purement et simplement, tel qu'il a été prescrit par l'Assemblée nationale...... de le rétracter dans l'espace de quarante jours, à compter de la date des présentes. Que ceux qui, dans cet intervalle, n'auroient pas fait la rétractation prescrite, soient suspens de l'exercice de tout Ordre quelconque, et soumis à l'irrégularité, s'ils en exercent les fonctions (Lettres monitoriales du 13 Avril 1791)».
           
        "L'Église a constamment maintenu, sur ce point, la sévérité de sa Discipline, et ne s'est jamais relâchée d'une vigueur aussi salutaire qu'indispensable ; c'est ce qu'atteste, de la manière la plus énergique, le Pape saint Gélase 1er : «Que l'on parcoure les Annales de la Religion chrétienne, disoit ce saint Pontife, dans son Avertissement à Fauste, et que l'on cite un seul fait, un seul exemple qui prouve que, dans l'Église de Dieu, les Pontifes les Apôtres, Jésus-Christ lui-même aient jamais accordé le pardon à d'autres qu'à ceux qui ont témoigné un sincère repentir. On n'a lu nulle part, jamais on n'a ouï-dire, qu'on ait entendu tenir un langage pareil à celui qui sort de la bouche de ces gens-ci : Pardonnez-nous, mais permettez-nous en même temps de persévérer dans nos erreurs».
           
        "Il ne faut donc pas croire (quoiqu'en aient pu dire contre nous tant de calomniateurs et d'hommes mal-intentionnés) qu'en nous plaignant de ce que ceux qui ont attaqué la Foi et rompu l'Unité, n'en ont pas fait une pleine et entière réparation, nous soyons inspirés par la haine que nous leur portons. Bien éloignés d'une disposition si condamnable, en même-temps que nous accomplissons le devoir que nous impose le zèle pour la loi (I Mach II, 54-58), nous n'en conservons pas moins, à leur égard, au fond de nos cœurs, l'amour fraternel (II Petr I, 7) et la charité évangélique.
           
        "Mais aujourd'hui il n'est point abattu ce mur de séparation élevé par l'erreur. Il est ordonné, au contraire, de fermer les yeux sur l'obstination des errans, afin de pouvoir présenter une fausse apparence de Paix. On prescrit de dissimuler l'impénitence de ceux qui sont tombés, afin de pouvoir présenter une fausse apparence d'Unité.
           
        "Cependant il est encore d'autres maux énormes qui résultent de la défense qu'on a faite de rétracter l'erreur, d'abjurer le Schisme et de réparer le scandale qui en a été la suite ; ainsi que de l'ordre qui a été donné, d'admettre aux fonctions saintes les Ecclésiastiques dont la conduite a été criminelle, sans exiger d'eux aucune pénitence, aucune épreuve préalable. Car, outre qu'en agissant ainsi, l'on augmente l'impudence des errants et des prévaricateurs, on jette encore les fidèles dans les plus grandes perplexités, et la Foi des peuples devient presqu'incertaine et chancelante. Aussi se rencontre-t-il des fidèles qui, lorsqu'ils viennent à comparer ce qu'ils ont vu avec ce qu'ils voient maintenant, ne savent plus quel parti prendre, ni à quoi s'en tenir. Plusieurs sont tentés de croire que Pie VI s'est donc trompé, en s'imaginant voir l'erreur là où il n'y en avoit pas, et que la Constitution civile du Clergé ne renferme rien de contraire à la Doctrine catholique, puisqu'on n'exige plus de rétractation de ceux qui y ont adhéré. Beaucoup d'autres croient avoir un juste sujet de se plaindre amèrement, de ce qu'on les a gratuitement et sans cause exposés aux fureurs de la persécution la plus cruelle, en leur défendant de communiquer, dans les choses saintes, avec les Intrus, quel qu'ils fussent, puisque ces mêmes hommes sont maintenant admis à exercer toutes les fonctions du Saint Ministère, sans avoir préalablement condamné leur Intrusion et leur résistance à l'Autorité de l'Église. Les Intrus font tous leurs efforts pour entretenir dans le Peuple ces fausses idées ; car ils se vantent, de tous les côtés (quoique sans aucun fondement), d'avoir remporté, au jugement de VOTRE SAINTETÉ elle-même, une victoire complette de sorte, qu'à les entendre, ce n'est pas V. S. qui leur a fait grâce, mais ce sont eux qui ont triomphé de V. S., en l'amenant au point d'approuver leurs erreurs.
           
        "Nous avouons que depuis la publication du Concordat conclu entre VOTRE SAINTETÉ eť le Gouvernement françois, on a obtenu une espèce de permission, qu'on n'avoit pas auparavant, d'exercer publiquement le Culte catholique. Mais les sacrifices qu'il a fallu faire pour cela prouvent évidemment que le sort de la Religion n'en est pas devenu meilleur.
           
        "Et, en effet, à quel prix a-t-on acheté cette espèce de permission ? Notre esprit n'y pense qu'avec horreur, notre main se refuse à l'écrire ; car, pour ne parler ici que de ce qui fait le sujet de nos présentes Réclamations, cette permission, si on peut l'appeller de la sorte, n'a été accordée qu'au prix d'une violation des lois canoniques et de la Discipline de l'Église, dont les siècles passés ne fournissent pas un seul exemple, et capable d'entraîner, pour la suite, les plus dangereuses conséquences ; au prix des droits sacrés de l'Épiscopat et de la Constitution même de l'Église qui a été ébranlée. Pour avoir ce Culte public, il a été nécessaire de mettre la Religion, cette très-Sainte Religion que Jésus-Christ a établie par l'effusion de son sang, sous le dur esclavage d'un Gouvernement laïque, et de la rendre entièrement dépendante. Enfin, pour procurer ce Culte public, on a donné, contre toutes les lois canoniques, l'institution à des Ministres, qui, après s'être rendu coupables publiquement des crimes les plus énormes, loin d'en avoir réparé le scandale par une pénitence proportionnée, les ont, au contraire, aggravés par leur endurcissement, et n'ont donné que trop de sujet de craindre qu'ils se serviroient du pouvoir spirituel qu'on leur confioit, non pour édifier, mais pour détruire (II Cor X, 8 & XIII, 10)" (pp. 113-149).
           
        Qu'on se rende bien compte, en effet, à quels ignominieux abaissements et sacrilèges le Concordat réduisait l'Église, par le fait suivant : lorsqu'il s'est agi de sacrer évêque tous ceux que Napoléon et Pie VII avaient promus de concert pour remplir les nouveaux sièges concordataires mais qui ne l'étaient pas encore, l'évêque consécrateur qui fut choisi pour le faire à toute vitesse fut... l'ex-évêque d'Autun, de Talleyrand-Périgord, qui avait défroqué puis s'était marié et qui ne savait même plus toutes les rubriques à respecter quand il devait dire une messe, par ailleurs effrayé et tremblant comme une feuille quand il fallait qu'il en dise une, tout juste relevé d'excommunication par le pape... Et voilà comment fut mise debout la toute première génération épiscopale française enfantée impudiquement par le Concordat : comme une putain qui accouche ses enfants de fornication sur le fumier !
 
        Mais je laisse nos dignes évêques Réclamants donner leur conclusion générale :
           
RéclamationsEvêquesDeFrancePageDeTitre redressé
 
        "Tout cela mûrement considéré, voyant la grandeur du péril dont notre Sainte Religion est menacée, et voulant, dans des circonstances aussi critiques, ne rien omettre de ce que nous devons à nos Diocèses, à l'Église Gallicane, au Saint-Siège, à l'Église Catholique toute entière :
 
"NOUS RÉCLAMONS PAR CES PRÉSENTES
           
        "Contre [suit la liste détaillée des sept actes magistériels promulgués par le pape Pie VII relatifs au Concordat]
           
        "Et sans nous départir, en aucune manière, du profond respect que nous ne cesserons jamais de porter à VOTRE SAINTETÉ ;
 
"NOUS FORMONS OPPOSITION AUX SUSDITS ACTES.
 
"Prosternés aux pieds de VOTRE SAINTETÉ,
"nous la conjurons de nous accorder
"sa Bénédiction apostolique.
 
"DE VOTRE SAINTETÉ,
"TRÈS-SAINT PÈRE,
 
"Les très-humbles et très-obéissans 
"serviteurs et Fils"
(pp. 150, 152 & 156)
           
        J'ai cité tout au long ces passages, parce qu'ils sont très-intéressants dans le parallélisme presque transparent avec ce que le processus synodal engagé dans l'Église de nos jours, nous montre : pas besoin d'être grand'clerc pour comprendre que le refus qu'on fait d'une conversion des divorcés remariés, des transgenres, etc., avant de les intégrer dans l'Église, que la démocratisation richériste-synodale inconstitutionnelle de l'Église, avec l'accord du pape François, au moins par défaut, se retrouve étonnamment dans la situation de l'Église de France, lorsqu'elle fut soumise avec l'accord du pape Pie VII, au moins par défaut, au lois du Concordat et à son régime réintégrant sans pénitence ni abjuration convenables les tenants hérétiques richéristes-synodaux de la Constitution civile du Clergé et autres scandaleux...
 
France Ancien Régime Diocèses 1789 
Carte de France des anciens diocèses 
       
        Il y a un autre point très-important, dans l'affaire du Concordat, que je n'ai pas vu traiter, sauf en passant, par les évêques Réclamants dans leurs Réclamations, etc., c'est la question du bouleversement géographique de fond en comble des diocèses de France, par son § 2, dont je rappelle ici les mots exacts, extrêmement lapidaires mais de conséquence inouïe non moins extrême, sacrilège et cataclysmique : "Il sera fait par le Saint-Siège, de concert avec le Gouvernement, une nouvelle circonscription des diocèses français", et que la bulle Qui Christi Domini du 29 novembre 1801 mettra concrètement en œuvre à coups de bulldozer en détruisant complètement toute l'ancienne structure diocésaine. La question, là encore, est, comme pour la destitution pontificale motu proprio des évêques dont nous venons de voir qu'elle est radicalement non-canonique, et donc invalide : Le pape Pie VII avait-il le droit, par simple motu proprio pontifical, de faire tabula rasa de cette structure géographique diocésaine traditionnelle en France, suivant ainsi sans aucun scrupule de conscience la maxime très-révolutionnaire : "Du passé, faisons table rase" ?
           
        Là encore, la réponse est NON, théologiquement NON. Le grand point qui fonde cette réponse négative, est toujours le même : Ces églises particulières étaient, jusque dans leur structure géographique, les épouses des évêques français canoniquement institués, qui, dès lors, étaient leurs époux très-sacrés. Le pape n'avait donc pas le moindre droit de les "toucher" si j'ose le dire ainsi, ces épouses, pour carrément les tuer sur le plan géographique, autrement qu'avec l'accord desdits époux, déroger à cet accord était attenter au droit divin épiscopal comme nous l'avons vu. Or, le pape Pie VII détruisit les épouses sans le moindre accord de leurs époux, ce qui, par-là même, frappait d'INVALIDITÉ radicale cette dite destruction géographique des diocèses très-chrétiens d'Ancien-Régime...
           
        Rappelons ici qu'il s'agissait, pour Napoléon dont Pie VII suivra les volontés les plus sacrilèges sans sourciller le moins du monde, je l'ai déjà dit, de casser, détruire radicalement toute la structure très-chrétienne en France, tant sur le plan purement spirituel que sur celui matériel géographique, pour refaire ex nihilo un simulacre de reconstruction d'Église catholique dont le fondement le plus certain était d'être institutionnellement inféodé au pouvoir politique constitutionnellement athée qu'il représentait, aux fins occultes voulus par Napoléon, et après lui par tous ses successeurs républicains dans le pouvoir politique sur la France, de construire un novus ordo sæculorum qui excluait dans le principe métaphysique la Religion catholique. Car le fond de la question, c'est que Napoléon, digne précurseur de l'Antéchrist, avait nécessairement besoin de la force morale et spirituelle de la Religion pour établir son grand-œuvre maçonnique, il ne pouvait pas s'en passer, mais c'était non pas pour la Religion, mais tout au contraire contre la Religion. Le grand paradoxe en effet, c'est que le méchant, et c'est son supplice, ne peut pas se passer du surcroît du Royaume de Dieu pour supprimer le Royaume de Dieu, son but profond ! Comme le disait si bien saint Eucher de Lyon, un des premiers Pères de l'Église des Gaules au IVème siècle : "Ceux qui n'aiment pas Dieu ne peuvent cependant aimer que ce que Dieu a créé"...
           
        C'est bien pourquoi, d'ailleurs, un siècle après le Concordat, les hommes politiques de la IIIème République, affichant bien en montre, pour que nul n'en ignore, ce désir religiocide qui sous-tend en soubassement essentiel tout pouvoir politique post-révolutionnaire constitutionnellement athée, quelque soit la forme qu'il adopte, voudront la séparation de l'Église et de l'État : pour bien faire saisir à tout homme qui acceptait de réfléchir, ce qui ne fut absolument pas le cas des papes, que s'ils avaient besoin de la virtus de la Religion, ce n'était absolument pas pour la Religion, mais tout au contraire, contre elle, c'était pour la détruire ! Et, mettant soudain bas le masque de leur hypocrisie, ils croyaient, en 1905, le moment venu pour donner le coup fatal à l'Église ! Raison profonde que le pape Pie X, à l'époque, ne comprit pas plus que son prédécesseur Pie VII, tous les papes venant après la Révolution en effet, même les plus saints en leur for privé, ayant bandeau d'aveuglement très-honteux sur les yeux quant à la mise de l'Église sous "la puissance des ténèbres" par le Concordat napoléonien, au niveau des seules Mœurs pour commencer, au niveau politique constitutionnel. Un journaliste pouvait bien résumer la question ainsi, en 1905 : "Le Concordat qui, religieusement, avait clos la Révolution, n'existe plus ; religieusement, la Révolution recommence" (Le Correspondant, 25 décembre 1905).
           
        Mais revenons à notre sujet précis. "Déjà en 1790 [car, nous l'avons vu, dès cette date l'Assemblée Constituante avait dans le collimateur la destruction radicale de la structure géographique des diocèses français, ce qu'elle ne réussit pas à faire grâce à l'opposition de Pie VI... quand Napoléon réussit à le faire "grâce" à la trahison collaborationniste de Pie VII], l’abbé Maury estimait que ni l’Assemblée constituante, ni même le Pape, ne pouvait «bouleverser de son propre mouvement [motu proprio] tous les diocèses du royaume et les étendre ou les circonscrire à son gré» (Conscience religieuse en révolution, Plongeron, p. 201, cité par Decroix, ibid.).
           
        Car rappelons-nous que lesdits évêques destitués en corps de nation par le pape Pie VII, tant sur le plan spirituel que celui géographique, de cette manière scandaleusement superficielle et tellement désinvolte qu'on voit dans le Concordat, étaient les successeurs légitimes de ceux gallo-romains puis mérovingiens, puis carolingiens, puis capétiens, qui fondèrent tous la France non seulement religieuse, mais celle sociale, géographique, et encore bien celle purement politique ! Ce sont les évêques en effet, les tout premiers d'entre eux, les gallo-romains devenus mérovingiens, qui élevèrent politiquement Clovis à la royauté sur une Gaule virtuellement Unie pour commencer, créant ainsi ce que le géant romain n'avait pu faire ! En vérité, en détruisant leurs légitimes successeurs, comment mieux montrer qu’on voulait détruire complètement, radicalement, la France RÉELLE, c’est-à-dire celle sacrale, acheiropoïète (= non-faite de main d'homme) aux fins et profit de la nouvelle fondation d’une AU­TRE France religieuse et politique non-réelle, car faite de main d’homme et non-sacrale, et donc donnée à Satan ! Et c'était le pape qui mettait le plus et le mieux la haute-main à cela !!
 
        La France politique réelle est en effet très-véritablement née par un acte collectif des évêques gallo-romains de la Gaule, de la Neustrie, de la Germanie, toute l'Europe d'alors, derrière saint Rémy de Reims, c’est historique (cf. mon ouvrage L’extraordinaire conversion de Clovis ou le devoir catholique de NE PAS voter, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/L'extraordinaireConversionDeClovis.pdf), évêques gallo-romains dont justement les évêques de Louis XVI, que le pape démissionnait tous de force comme des malpropres, étaient les légitimes successeurs ! En fait, le pape Pie VII, perverti de républicanisme et même de démocratisme, ce qui le mettait à la remorque infâme de Napoléon, tirait là sacrilègement un trait annihilateur sur la France réelle, religieuse mais encore politique, d’ailleurs, ... ô douleur et mille hontes !, sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, tel un vil barbare, un méprisable vandale qui ne sait pas penser, un sanglier dévastateur qui ravage la Vigne du Seigneur sans du tout savoir ce qu'il fait, mais dont les ennemis du nom chrétien, avec Satan leur maître, savaient bien, eux, ce qu'il faisait ou plutôt ce qu'il défaisait !!!
           
        Quant à la géographie de cette France réelle, acheiropoïète, qui existe de par le Christ qui innerve la structure naturelle, commençons par dire qu'on ne méditera jamais assez cette remarquable réflexion de Fustel de Coulanges : "Il est digne de remarquer que les vieux états gaulois ont conservé jusqu'à une époque très voisine de nous, leur nom, leurs limites et une sorte d'existence morale dans les souvenirs et les affections des hommes. Ni les Romains, ni les Germains, ni la féodalité, ni la monarchie n'ont détruit ces unités vivaces ; on les retrouve encore dans les provinces et les pays de la France actuelle" (Histoire des institutions politiques de l'ancienne France, Fustel de Coulanges, p. 7).
           
        C'est précisément sur ce réel géographique que les diocèses chrétiens vivant dans cette structure naturelle innervé surnaturellement par la grâce divine, vont se construire, jusqu'au Concordat, principalement sous la très-active impulsion des grands, saints et énergiques évêques mérovingiens dont la plupart étaient des dignitaires de l'ancien Empire romain, et qui, en ce temps-là, in illo tempore, géraient les peuples autant dans l'ordre sociopolitique que dans celui purement spirituel, surtout après l'écroulement de l'Empire romain.
           
        "La Gaule est christianisée progressivement à partir du IIème siècle. Les communautés chrétiennes apparaissent d'abord dans les grandes villes, notamment à Lyon (sainte Blandine). Lorsque les communautés chrétiennes sont organisées, notamment après l'édit de tolérance de l'empereur Constantin, elles sont placées sous la direction d'un évêque (episcopus) siégeant au chef-lieu de la cité. Les évêques sont eux-mêmes placés sous la direction d'un métropolitain ou archevêque dont le siège est au chef-lieu de la province, voire du diocèse impérial. Les premiers archidiocèses de Gaule sont Lyon, Bordeaux et Reims (chefs-lieux des provinces d'Auguste).
           
        "Par un glissement sémantique, le terme «diocèse» est utilisé pour désigner le ressort d'un évêque. Mais le mot «cité» reste lié à la fonction épiscopale : une ville ou un quartier de ville est une «cité» s'il s'agit d'un siège épiscopal (par exemple : l'île de la Cité à Paris). Une des conséquence est que très souvent, la ville épiscopale perd son nom gaulois ou romain et prend le nom du peuple éponyme : par exemple, Condevicnum, chef-lieu de la cité des Namnètes (Namnetes), reçoit au IVe siècle le nom de Namnetes (puis de «Nantes»). Le même processus a lieu à Poitiers (Limonum), Angers, Vannes (Durioritum), Avranches, Bayeux, Lisieux, Vieux, Amiens, Arras, etc. Certains sièges épiscopaux conservent cependant leur nom antique : Lyon, Bordeaux (Burdigala), Lillebonne (Juliobona), Narbonne (Narbo), etc.
           
        "Lorsque l'Empire romain s'effondre dans sa partie occidentale en raison des invasions germaniques, du sac de Rome en 410 à la déposition de l'empereur d'Occident en 476, les structures administratives impériales disparaissent aussi (notamment les décurions), la seule structure qui résiste [et qui donc est fondée sur le Réel naturel] est celle de l'Église chrétienne. Les structures ecclésiastiques perdurent ensuite pour une grande part jusqu'à la fin de l'Ancien Régime, voire au-delà" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Territoires_du_royaume_de_France#cite_ref-3). 
           
        Or, le Saint-Esprit ne travaille pas contre le Saint-Esprit. Impossible de supposer qu'ayant patiemment donné sa Grâce pour la lente et toujours homogène élaboration ordonnée des diocèses français pendant de si nombreux siècles depuis l'ère gallo-romaine puis mérovingienne, carolingienne, capétienne, sans qu'il n'y ait jamais de destruction tabula rasa mais toujours un harmonieux et saint développement des structures, le Saint-Esprit puisse avoir soudain la volonté de tout détruire, tout supprimer d'un trait de plume concordataire ce travail divin qu'Il avait fait dans les siècles très-chrétiens, pour refaire à zéro, sans tenir aucun compte de Son travail antécédent fait avec les hommes saints ses serviteurs, un tout nouveau découpage de diocèses, comme le veut très-sacrilègement le § 2 du Concordat. Le Saint-Esprit ne méprise pas le Saint-Esprit, Il travaille toujours en continuité très-respectueuse avec ce qu'Il a précédemment fait avec le concours des saints, ses "serviteurs inutiles" (Lc XVII, 10). Car en effet : "Si un royaume est divisé contre lui-même, ce royaume ne peut subsister" (Mc III, 24).
           
        Et c'est pourquoi il est donc rigoureusement impossible de supposer une reconstruction ex nihilo de la structure géographique diocésaine en France ne tenant pas compte de la structure naturelle antécédente, qui serait soi-disant agréée par le Saint-Esprit via l'aval, le placet, du pape. Cette non-conformité radicale de la nouvelle structure moderne par rapport à l'ancienne n'est par ailleurs que trop bien montré rien que par le chiffre des nouveaux diocèses redécoupés par le Concordat : "Alors que la France d’Ancien Régime comptait 135 diocèses, le concordat n’en prévoit dans un premier temps que 60 : dix métropoles et cinquante évêchés. Ce nombre limité a essentiellement pour cause une raison financière : il s’agit de limiter les traitements épiscopaux et les frais de remise en état des cathédrales" (Decroix, ibid.). Tuediable ! De cent trente-cinq, les diocèses français sont réduits à soixante !! Il est évident, rien que par ce chiffre, que tout est reconstruit idéologiquement et anarchiquement, sous impulsion maudite des Lumières et de son coryphée Lucifer, ange déchu qui vit dans une idée qu'il s'est inventée du Réel, à la fois naturel et surnaturel, idée qu'il veut voir supplanter le vrai Réel, qui est le Dieu vrai et son Christ, tant sur le plan surnaturel que sur le plan naturel qui est généré par celui purement surnaturel...
 
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Voici le plus beau calvaire que j'ai vu, 
tiré du trésor de la cathédrale Saint-Lizier (Ariège),
supprimée par le Concordat...
       
        Et puis, soit dit en passant, là encore : comment pourrait-il être pour "le bien supérieur de l'Église", comme osait le dire très-mensongèrement le pape Pie VII du Concordat, que l'État ne subvienne plus financièrement qu'à 60 diocèses, alors que l'ancien Ordre très-chrétien en gérait sans difficulté 135...? Impossible à supposer, bien évidemment, le nombre réduit d'évêques et de prêtres et l'augmentation du territoire diocésain à gérer, multiplié par deux, ne pouvant évidemment plus donner la même qualité de service spirituel aux fidèles. Car c'est en effet ce prétexte financier que le Gouvernement napoléonien osera invoquer sans rougir de honte jusqu'à la crête pour réduire à plus de la moitié le nombre des diocèses... alors qu'il avait par ailleurs volé les biens du Clergé et de l'Église de France, et que donc l'entretien financier des nouvelles églises était un dû formel de l'État à l'Église, mais vol dont, là encore, Pie VII l'absoudra sans eau bénite dans le Concordat sans que le voleur ait à reconnaître le moins du monde son vol (§ 13), pas plus que les richéristes-synodaux ayant souscrit à la Constitution civile du Clergé ne furent obligés de faire rétractation de leur hérésie.
           
        ... Est-il encore besoin de rajouter que par tous les bouts où on prend le Concordat, on voit la patte du diable, toujours, partout, partout, toujours, à tous les endroits, carrefours, chemins de traverse, culs de basse-fosse, impasses et surtout mauvais lieux et autres bouges...         
           
        Mêmes les auteurs profanes, qui analysent le phénomène concordataire de manière seulement universitaire, s'en rendent compte. Voici par exemple ce qu'on peut lire dans Wikipedia, frappé du sceau du bon sens :
           
        "Les dispositions édictées par cette bulle [Qui Christi Domini, du 29 novembre 1801] sont absolument uniques dans l'histoire de l'Église. Jamais un pape ne s'était accordé le droit de supprimer purement et simplement un seul siège épiscopal, ni a fortiori tous les sièges d'une nation ou d'un royaume, ni de déposer un ou plusieurs évêques hormis les cas de schisme, hérésie ou scandale. Les réorganisations territoriales des diocèses qui ont eu lieu dans l'histoire de l'Église se sont traduites par exemple par la création de nouveaux sièges dont le territoire diocésain était démembré d'un ancien diocèse ; ou encore, on a réuni des diocèses à un même siège. Mais jamais on n'a supprimé purement et simplement des sièges et des diocèses, surtout à une telle échelle.
           
        "Par cette bulle, tous les sièges épiscopaux, remontant la plupart à l'Antiquité, étaient supprimés et abolis ; et de nouveaux sièges étaient érigés. Comme les nouveaux sièges ont été fondés la plupart dans les mêmes villes et les mêmes cathédrales que les anciens, cette mesure est passée un peu inaperçue. Néanmoins, elle a causé un grand étonnement parmi de nombreux fidèles. Certains ont continué à reconnaître les anciens évêques canoniquement installés, d'autres ont rejeté les évêques constitutionnels installés par le pape sur des nouveaux sièges. Ainsi, ceux qui ont rejeté ces mesures inouïes ont constitué une sorte de schisme qui dure encore au XXIe siècle. (...) Cette politique de la tabula rasa a pour conséquence que les évêques diocésains français, à partir de 1801, ne sont pas, juridiquement, les successeurs des anciens évêques, quoiqu'ils le demeurent du point de vue symbolique. Par exemple, l'archevêque de Lyon a comme plus lointain prédécesseur non pas les saints Pothin et Irénée, mais le cardinal Fesch [le cardinal-oncle de Napoléon, né en 1763, mort en 1839, premier archevêque concordataire de Lyon en 1802].
           
        "(...) Malgré la suppression de tous les sièges épiscopaux et l'érection de soixante nouveaux sièges, le Pape Pie VII autorisa le port, par les nouveaux évêques, du titre de quelques anciens sièges, mais uniquement à titre de «souvenir», sans qu'on puisse en conclure que ces Églises «n'ont pas été réellement supprimées» : «Nous ordonnons, en vertu de l'autorité apostolique à nous déléguée, et nous donnons respectivement la faculté aux archevêques et aux évêques qui seront canoniquement institués, de joindre chacun au titre de l'église qui lui sera confiée, les autres titres des églises supprimées que nous avons mentionnés dans le tableau ci-dessus ; de manière, cependant, que de cette union et de cette application de titres, uniquement faites pour l'honneur et pour conserver le souvenir de ces églises illustres, on ne puisse en aucun temps en conclure, ou que ces églises subsistent encore, ou qu'elles n'ont pas été réellement supprimées, ou que les évêques à qui nous permettons d'en joindre les titres au titre de celle qu'ils gouverneront, acquièrent par-là aucune autre juridiction que celle qui est expressément conservée à chacun d'eux par la teneur de notre présent décret»" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Qui_Christi_Domini#cite_ref-1). Comme on le voit, indigné, le pape Pie VII tenait donc énormément à ce qu'il ne reste RIEN de l'ancienne structure diocésaine très-chrétienne, à épouser la cause révolutionnaire qui veut faire du passé, table rase !!!
           
        Donc, pour conclure cette question très-importante de la structure de droit divin des diocèses de France d'Ancien-Régime : leur restructuration faisant table rase de leur socle très-chrétien sans l'accord de leurs époux légitimes, à savoir les évêques d'Ancien-Régime, était radicalement invalide, tant sur le plan théologique que canonique...
           
        Certes, il est vrai d'autre part, que sur ce sacrilège, le pape légitime a créé ex nihilo d'autres diocèses qui ne peuvent être, quant à eux, que légitimes puisque le pape l'est et qu'il est le maître de la juridiction universelle. Mais comme le souligne fort bien l'auteur de l'article de Wikipedia que nous venons de lire, les titulaires de ces nouveaux diocèses ne peuvent plus dire qu'ils sont les successeurs des évêques très-chrétiens d'avant le Concordat sacrilègement destructeur, ni remonter aux glorieuses assises de leur fondation, "par exemple, l'archevêque de Lyon a comme plus lointain prédécesseur non pas les saints Pothin et Irénée, mais le cardinal Fesch" (ibid.).
           
        Ceci soulève d'ailleurs une question extrêmement grave, celle de la Note d'Apostolicité des Églises concordataires, depuis 1801. Celles-ci l'ont-elles... encore ? Gardons-nous bien de répondre par la négative, car comme aucune église catholique ne saurait l'être sans posséder la Note d'Apostolicité, alors, si les églises concordataires ne la possédaient pas, cela équivaudrait à dire qu'elles ne sont... pas catholiques ! Le vrai, sur le sujet, c'est qu'elles sont en possession de la Note d'Apostolicité, effectivement, mais non plus par l'Apôtre qui fonde les antiques églises de France (par exemple, saint Jean Apôtre, d'où est très-probablement issue l'apostolicité de l'évêque saint Pothin, premier évêque de la ville et du diocèse de Lyon), désormais toutes le sont uniquement par le seul Apôtre Pierre, puisqu'elles reçoivent toutes leur institution canonique par le pape Pie VII. Mais cette nouvelle institution n'était pas que seulement apostoliquement pétrinienne, elle était en même temps, par le même acte concordataire, ayons garde de l'oublier, prostituée obligatoirement à un État constitutionnellement athée, pervertie dans ses Mœurs, entachée hérétiquement de l'attentat contre le criterium paulinien de la validité des puissances politiques...
           
        Non seulement donc, pour conclure ce chapitre, la destitution des évêques français d'Ancien-Régime attaquait en son cœur la Constitution divine de l'Église, comme nous l'avons vu plus haut et comme nos évêques Réclamants le soulignent à si juste titre dans leurs Réclamations, etc., mais encore bien, ne l'attaquait pas moins la destruction puis restructuration radicales des diocèses français par le Concordat. Tous deux en effet étaient actées sans le moindre accord des époux desdites églises et diocèses, à savoir leurs évêques légitimes, ce qui était théologiquement formellement proscrit et rédhibitoire.
 
 
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        C'est donc bien à partir du Concordat que l'Église-Épouse du Christ est "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), qu'elle vit dès lors dans la "si grande contradiction" (He XII, 3), sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), autrement dit qu'elle rentre dans l'économie spécifique de la Passion du Christ, pour vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et, in fine, à la toute-fin du processus, en mourir de mâlemort sous le règne de l'Antéchrist-personne. On ne s'en rendit absolument pas compte lors du Concordat et après, parce que cette mise de l'Église dans le "être fait péché pour le salut" co-Rédempteur fut vécu occultement de 1801 jusqu'au concile Vatican II, seulement au niveau des Mœurs ecclésiales, la Foi restant contradictoirement encore sauve au for externe public et ecclésial des choses, trompant ainsi toutes les âmes, on ne s'en rendit généralement compte qu'au moment fatidique où la corruption des Mœurs ayant infesté et infecté occultement la Foi pendant plus d'un siècle et demi, la corruption de la Foi perça soudainement et brutalement à Vatican II dans les années 1961-65, comme elle avait spectaculairement et non moins brutalement percé au niveau des seules Mœurs, en 1801. Et toujours, remarquons-le bien, par un pape, Pie VII puis Paul VI... tant il est vrai que le poisson, qui fut pris comme symbole du christianisme dans la primitive Église, pourrit par la tête. Tout le mouvement tradi, par exemple, a fondé sa juste et légitime réaction à l'hétérodoxie de Vatican II sans prendre du tout conscience, à commencer par Mgr Marcel Lefebvre, de ce grand point : le premier épisode de "la crise de l'Église" qui donc est "PASSION DE L'ÉGLISE", est le Concordat napoléonien et nullement Vatican II, qui n'en est que subséquente et lointaine suite et débouché débauché... 
           
        Certains voudront sûrement opposer à la prostitution concordataire de l'Église de France après 1801 par laquelle elle est très-véritablement "faite péché pour notre salut", les nombreux saints qui ont surgi en son sein durant tout le XIXème siècle, et puis encore l'immense élan missionnaire qui remplit surtout la dernière moitié de ce siècle immédiatement post-concordataire, jusqu'au martyr de tant de ses saints membres. L'objection est facile à faire, mais plus encore ficelle, de bien peu de portée. Un mot, un, seulement, sera suffisant pour détruire l’amalgame vicieux qu’on prétend faire en mettant les saints du XIXème siècle dans la charrette concordataire. Ce constat qu’il y eut de nombreux saints au XIXe siècle, ce qui est parfaitement vrai, en vérité, ne prouve absolument rien quant à démontrer que Dieu cautionne le Concordat. De tout temps, en effet, Dieu avait prévu de susciter des saints pour ce XIXème siècle. Mais ce n’est pas parce que les hommes ont prévariqué à la fin du XVIIIème siècle, qu’Il va rapporter son plan, Lui, Dieu, Il l’exécute, Il envoie les saints qu’Il avait prévu d’envoyer pour ce temps ecclésial. Cela ne fait que prouver que l'Église concordataire est toujours inhabitée du Saint-Esprit qui donne toujours sa grâce à qui veut être saint, son Action est toujours là, quand bien même le vers est désormais dans le fruit, quand bien même cette Église est désormais "faite péché pour notre salut", vivant désormais l'économie de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Il n’y a donc là nulle caution de la part des saints, encore moins de Dieu, apportée au Concordat de l’abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. C'est comme si on disait, pour justifier Vatican II et sa dérive doctrinale, que puisqu'il y a encore des saints dans l'Église moderne, ce que donc Mgr Strickland, pour sa très-édifiante part, vérifie, comme je l'ai fait remarquer en commençant ces lignes, donc cela prouverait que Vatican II ne peut être mauvais ! On voit tout-de-suite la fausseté intrinsèque du raisonnement. En vérité, cet argument qu'on croit pouvoir soutenir ne pourrait être fondé et prouver que Dieu approuve et même suscite le Concordat que si, et seulement si, Dieu avait donné un saint au XIXème siècle avec mission publique spéciale et expresse d'enseigner que Dieu approuvait le Concordat, que c'était un moyen de salut voulu par Lui… Mais est-il besoin de préciser que le XIXème siècle n’enregistre AUCUN "saint" de cet acabit-là, pas le plus petit, pas un seul, je mets bien au défi tout concordataire de m’en citer un seul ou une seule...!! La plupart des saints suscités par Dieu pour cette malheureuse époque, n’ont-ils pas, tout au contraire, réparé d'une manière pratique autant qu’ils ont pu les désordres révolutionnaires près des peuples ? Réparer les désordres, c’est bien autre chose que les agréer en cautionnant Napoléon et son Concordat (car il est bien plus de lui que du pape), qui faisaient passer dans la vie des peuples les principes révolutionnaires qui les avaient produits, ces désordres !
           
        Et puis, je rappelle qu'à Pontmain, en 1870, lorsque tout prêtre français était encore sous le régime concordataire de 1801, la très-sainte Vierge se mit aussitôt sur la grande défensive dès que le curé Guérin, le prêtre de Pontmain, pourtant saint en son privé, arriva sur le lieu de l'Apparition, exactement comme si elle avait affaire à un ennemi potentiellement mortel ! La très-sainte Vierge n'était pas dupe. Quand bien même le prêtre de Pontmain était un saint prêtre en son for privé, elle n'en avais pas moins affaire, quant à son for public, à un prêtre... concordataire, donc parfaitement ennemi de son Fils sous ce rapport ! Et c'est ce qu'elle manifesta dans l'appareil de l'Apparition (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-saint-abbe-guerin-cure-de-pontmain-aux-temps-des-apparitions-a-t-il-plu-en-tout-a-la-tres-sainte-vierge-et-au-bon-dieu?Itemid=1). Et puis, et puis, trente ans auparavant, lorsqu'elle apparaissait à La Salette, pourquoi fustigea-t-elle d'importance le clergé français en général, en le traitant de "cloaque d'impureté" ? On ne peut pas dire qu'à cette époque il s'agissait de l'impureté charnelle des prêtres, comme hélas la nôtre l'enregistre, Notre-Dame de La Salette ne pouvait donc dénoncer là, dans les prêtres de France, que l'impureté concordataire...
 
 
 Blason du Plessis dArgentré2
 
Blason des Du Plessis d'Argentré
       
        J'ai eu grand'plaisir à découvrir, en listant les trente-huit signataires de ces Réclamations, etc., Messeigneurs DU PLESSIS D'ARGENTRÉ, Louis-Charles (1723-1808), évêque de Limoges, et Jean-Baptiste (1720-1805), évêques de Séez, deux frères ayant trois ans d'écart entre eux et qui se sont beaucoup suivis dans la vie, tant pour leurs études, leurs carrières ecclésiastiques très Ancien-Régime, que lorsqu'il s'est agi pour tous deux d'émigrer ensemble en Allemagne très-peu de temps après que la Révolution éclata. En effet, le bien-fonds familial des du Plessis d'Argentré est devenu précisément la commune que j'habite... ARGENTRÉ-DU-PLESSIS !
           
        Le comportement de Mgr Louis-Charles du Plessis d'Argentré, d'ailleurs, quant à la grande affaire du Concordat, est fort instructif et même édifiant, au moins dans les grandes diagonales. Ainsi qu'on l'a vu, "[il] signe d'abord, avec trente-sept autres évêques français [dont son frère Jean-Baptiste], des remontrances qui sont adressées à Pie VII. Mais, craignant un schisme qui serait fatal à l'Église, il fait passer, le 20 février 1802, aux fidèles de son diocèse, un avertissement, avec des instructions pour les vicaires généraux et pour le clergé : il reconnaît le nouvel évêque qui est entré en fonctions avec l'autorisation du pape, il retire ses pouvoirs aux vicaires généraux que lui-même a institués. Par suite de cette décision, il n'y eut presque point d'ecclésiastiques dissidents dans ce diocèse, et l'ancien évêque fut constamment en relation avec son successeur l'évêque concordataire Jean-Marie-Philippe Dubourg" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_Charles_du_Plessis_d%27Argentr%C3%A9).
           
        Cette attitude de Mgr Louis-Charles du Plessis d'Argentré est très-intéressante, quoiqu'elle n'aille pas jusqu'au bout de la question, qui est de comprendre que par le Concordat, l'Église Universelle, pour commencer, seulement dans sa portion française, est rentrée dans l'économie de "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Elle relève en tous cas d'une grande sagesse, et me fait penser à l'attitude de Mgr Marcel Lefebvre lors du concile Vatican II. Dans sa biographie monumentale sur le fondateur de la Fsspx, Mgr Tissier de Mallerais révèle en effet dans un endroit que Mgr Lefebvre a lutté à de nombreuses reprises, tant qu'il a pu, contre le décret de la Liberté religieuse, pour qu'il ne soit pas promulgué, dénonçant à si juste titre son caractère doctrinalement hérétique ; mais dès qu'il apprit que le pape, Paul VI, l'avait signé et promulgué, il se résigna et s'obligea immédiatement à le signer lui-même, mais seulement en signe d'union avec le pape actuel légitime, Paul VI, faisant toute expresse réserve sur l'orthodoxie dudit décret. Et la raison de l'attitude qu'il donna de sa conduite était très-louable : il s'appuyait sur la raison théologique très-forte qu'on ne saurait s'opposer au pape légitime actuel sur le plan doctrinal. En droit théologique, rien de plus catholique, et même édifiant, c'était tout-à-fait exact.
           
        Et précisément, nous devons avoir la même attitude quant au Concordat. Et c'est donc l'attitude adoptée, on vient de le voir, par Mgr Louis-Charles du Plessis d'Argentré. Premièrement, le Concordat est intrinsèquement mauvais et pervers, car,  il corrompt formellement les Mœurs des fidèles en les obligeant à reconnaître la validité à un pouvoir politique qui ne l'est pas, ce qui est pécher contre le criterium catholique de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul. De là, évidemment, résulte que dorénavant les catholiques sont donc obligés de professer et pratiquer l'hérétique indifférentisme religieux au for public, que professe et pratique ledit pouvoir politique mauvais, nonobstant toutes autres très-mauvaises lois qu'il tire de son mauvais fond constitutionnel. De plus, et, théologiquement, c'est encore plus grave, le Concordat attente hérétiquement à la Constitution divine de l'Église quant à l'Ordre épiscopal, tant sur le plan de la destitution des évêques légitimes que quant à celui de la restructuration des diocèses. Mais deuxièmement, ce qui est aussi sûr, c'est qu'il est promulgué par un pape légitime, Pie VII, et nous devons donc, en tant que catholiques respectant l'intégralité des exigences de la Foi, l'accepter, en tant qu'instrument crucificateur de l'Église-Épouse, comme les clous fixant mains et pieds du Christ sur la croix jusqu'à ce que mort s'ensuive, usque ad mortem...
           
        En fait, face au Concordat, il y a deux écueils dont il faut se garder avec soin, à savoir : soit le sédévacantisme, c'est-à-dire faire schisme avec Pie VII et l'Église Universelle, comme un seul Évêque Réclamant cependant, il est bon de le rappeler et de le souligner, l'a possiblement fait parmi les anticoncordataires (tous les Évêques Réclamants qu'on a vu, même Mgr de Coucy, ont fini par se rallier au pape Pie VII, parfois à l'article de la mort, comme Mgr de Lauzières-Thémines, et aucun n'a fini sa vie dans le schisme sédévacantiste, sauf peut-être, semble-t-il, mais c'est fort loin d'être sûr, Mgr Louis-André de Grimaldi) ; soit tout au contraire blanchir à la chaux pharisienne le péché concordataire (... comme les Ralliés l'ont fait pour la Liberté religieuse de Vatican II...), vouloir voir blanc ce qui est très-objectivement noir, comme tous les cathos l'ont fait à partir du Concordat jusqu'à nos jours, qu'ils soient modernes ou tradis, en voulant connoter comme très-orthodoxe la nouvelle doctrine concordataire moderne qui veut que tout pouvoir politique, quelqu'il soit, est de soi valide, même ceux qui ne sont pas constitutionnellement ordonnés au Bien commun, ce qui est hérétique et contraire à l'enseignement catholique de saint Paul.
           
        La seule vraie et équilibrée solution théologique de "la crise de l'Église" déjà manifestée par le Concordat, bien avant donc Vatican II qui voit la même problématique, consiste et réside dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" : d'abord, premièrement, reconnaître le péché ecclésial soit concordataire soit conciliaire ; ensuite, connoter ce péché ecclésial de simplement matériel et sans coulpe, comme étant le signe topique de la mise de l'Épouse du Christ dans l'économie de la Passion du Christ, celle-ci étant, par cesdits actes concordataire puis conciliaire, "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21). Et enfin, vivre et mourir quant à soi, en union avec saint Jean et les saintes femmes au pied de la croix, la Passion, sans reniement laxiste de la Foi, sans non plus de durcissement stérile...
 
Mgr Joseph Strickland Diocese of Tyler
           
        En conclusion générale de mon long article, et pour revenir sur l'actu qui buzze et le buzz de l'actu, je vais citer la belle lettre ouverte aux fidèles que Mgr Joseph Strickland a publié le 27 novembre dernier, laquelle permet de bien faire le point sur sa............... "des-ti-tu-tion" (Tonton, pourquoi tu tousses ?, comme disait Fernand Raynaud) :
           
        "Comme vous l'avez certainement appris, j'ai été démis de mes fonctions d'évêque du diocèse de Tyler. On m'a demandé de rencontrer le nonce apostolique aux États-Unis et, au cours de cette réunion, on m'a lu la liste des raisons pour lesquelles j'étais démis de mes fonctions. Je mettrais ces raisons à votre disposition si cela était possible ; cependant, je n'ai pas reçu de copie de cette liste à ce moment-là, et je n'ai pas encore été en mesure d'en obtenir une malgré mes demandes.
           
        "Dans les raisons qui m'ont été lues, aucune mention n'a été faite de problèmes administratifs ou d'une mauvaise gestion du diocèse pour justifier mon renvoi. Les raisons invoquées semblaient être liées, pour la plupart, au fait que je disais la vérité sur notre foi catholique et que je mettais en garde contre tout ce qui menaçait cette vérité (y compris les questions soulevées lors du Synode sur la synodalité). On a également mentionné le fait que je n'ai pas accompagné mes frères évêques lorsque j'ai défendu l'Église et ses enseignements immuables, et que je n'ai pas mis en œuvre le motu proprio Traditionis custodes. Si je l'avais mise en œuvre, j'aurais dû laisser une partie de mon troupeau sans nourriture et sans soins. En tant que berger et protecteur de mon diocèse, je ne pouvais pas prendre des mesures dont je savais avec certitude qu'elles porteraient préjudice à une partie de mon troupeau et le priveraient des biens spirituels que le Christ a confiés à son Église. Je maintiens mes actions car elles étaient nécessaires pour protéger mon troupeau et défendre le dépôt sacré de la foi.
           
        "C'est le moment où tout ce qui est actuellement couvert doit être découvert et où tout ce qui est actuellement caché doit être clarifié. En fait, c'est à l'époque où l'on cachait des choses concernant le cardinal Theodore Mc-Carrick, aujourd'hui en disgrâce, et le scandale des abus sexuels de l'Église, que je suis apparu pour la première fois dans le collimateur du Vatican. Mon principal crime, hier comme aujourd'hui, semble avoir toujours été de mettre en lumière ce que d'autres voulaient garder caché. Malheureusement, il semble aujourd'hui que c'est la Vérité elle-même, notre Seigneur Jésus-Christ, que beaucoup souhaitent voir cachée.
           
        "Même si je n'ai plus de diocèse, je suis toujours un évêque de l'Église et donc un successeur des apôtres, et je dois continuer à dire la Vérité, même si cela exige ma propre vie. Je veux vous dire ceci à tous aujourd'hui : ne quittez jamais, jamais, jamais l'Église ! Elle est l'Épouse du Christ ! Elle est en train de vivre sa Passion, et vous devez vous résoudre à vous tenir résolument à la croix ! Il est important d'assister à la messe tous les dimanches et aussi souvent que possible, de passer du temps en adoration, de prier le rosaire tous les jours, de se confesser régulièrement et d'appeler toujours les saints à l'aide ! Je vous exhorte à persévérer afin de pouvoir dire à la fin : "J'ai combattu le bon combat jusqu'au bout, j'ai couru la course jusqu'à l'arrivée, j'ai gardé la foi".
           
        "Que Dieu tout-puissant vous bénisse et que notre sainte et bienheureuse Mère intercède pour vous et vous renvoie toujours à son Divin Fils Jésus en ce temps de l'Avent.
           
        "Je reste votre humble père et votre serviteur,
 
            "L'évêque Joseph E. Strickland"
           
           
        ... "Ne quittez jamais, jamais, jamais, l'Église ! Elle est l'Épouse du Christ !" Voilà qui fait penser à l'admirable image empruntée par le cardinal Zen pour faire comprendre le devoir catholique de rester dans l'Église, quand bien même son âme est déchirée de voir son Église chinoise être abominablement crucifiée par un concordat chinois qui n'est rien d'autre qu'un énième scandaleux copier-coller du Concordat napoléonien : "Quand un enfant reçoit une fessée par sa mère, loin de s'en éloigner, il se colle à elle, s'agrippe en pleurant à ses jupes"...
           
        Monseigneur Strickland au Rome Life Forum 2023, a eu également une autre très-belle parole : "Les catholiques qui vivent cette crise doivent se rappeler qu’ils sont nés pour cela". Voilà une parole très-inspirée, qui rejoint celle que le Christ prononça pour Lui-même lorsqu'il eût à vivre et mourir sa Passion : "Maintenant Mon âme est troublée [car le moment où je dois vivre ma Passion est arrivé pour Moi]. Et que dirai-Je ? Père, délivrez-Moi de cette heure. Mais c'est pour cela que Je suis arrivé à cette heure" (Jn XII, 27).
           
        D'une certaine manière ou plutôt d'une manière certaine, on pourrait dire, comme pour le Christ : c'est pour vivre la Passion à la fin des temps, que le chrétien est né il y a 2 000 ans...
           
        N'est-ce pas cela, "la largeur, et la longueur, et la sublimité, et la profondeur du mystère du salut" (Eph III, 18) manifesté de nos jours dans et par "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...?
 
En la très-grande fête de
L'IMMACULÉE-CONCEPTION,
Ce 8 décembre 2023,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
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"Que soy era Immaculada Councepciou"
 
 
08-12-2023 08:12:00
 

La Foi très-schismatique de Mgr Carlo-Maria Viganò ― Précis d'Histoire sur le grand-schisme d'Occident, d'où l'on tire que l'anti-pape Clément VII ne fut pas approuvé par l'Église Universelle, Mgr Viganò s'abusant fort en disant le contraire

 
 
 
La Foi très-schismatique
de Mgr Carlo-Maria Viganò ―
Précis d'Histoire sur le grand-schisme d'Occident,
d'où l'on tire que l'anti-pape Clément VII
ne fut pas approuvé par l'Église Universelle,
Mgr Viganò s'abusant fort en disant le contraire.
 
 
        Mgr Viganò vient de lancer il y a quelques jours, le 3 octobre dernier, une très-violente diatribe contre le pape François, un brûlot qu'il voudrait ardemment voir enflammer toute la Chrétienté.
 
        Cependant, à le lire, on ne peut manquer de constater non seulement le ton très-passionnel de son propos virulent, quoique en très-grande partie justifié au niveau factuel de ce qu'il reproche au pape François, mais surtout son incompréhension totale de "la crise de l'Église", dont le fond est d'être "PASSION DE L'ÉGLISE" (il en parle évasivement, certes, en finale, mais sans savoir ce qu'elle est, comme je l'expose au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2). Il en veut évidemment toujours énormément, avec bien de la rancœur, c'est manifeste et, au reste, cela, humainement parlant, peut se comprendre aisément, au pape François qui a méprisé le rapport complet qu'il lui avait envoyé concernant l'affaire du scandaleux cardinal Mc-Carrick...     
      
        Mais d'une manière générale, tout ce qu'il reproche à François, en termes de scandales contre la Foi, par exemple son allégeance au mondialisme, peut très-bien être reproché également à tous les papes modernes sans exception, singulièrement bien sûr, à ceux vaticandeux et post. Tout focaliser "la crise de l'Église" sur la seule personne, certes catholiquement très-peu aimable, de Jorge Mario Bergoglio, comme le fait Mgr Viganò, montre le déséquilibre tendancieux, fanatique et hélas passionnellement haineux, de son analyse.
 
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        Cette diatribe est de plus toute entachée du péché en soi mortel de schisme, ce qui est beaucoup plus grave. Mgr Viganò ose en effet soutenir, par des raisons théologiquement toutes plus fausses les unes que les autres, l'invalidité de l'élection pontificale de François au Siège de Pierre en 2013, ou à tout le moins la possibilité très-grande qu'il en soit ainsi, fort notamment en professant la soi-disant non-valeur de l'approbation par l'Église Universelle du pape actuel au Siège de Pierre, comme criterium primordial à retenir prouvant formellement la validité de toute élection pontificale, et bien sûr de celle de François qui en a bénéficié et en bénéficie toujours et encore, à l'heure où Mgr Viganò a écrit ses lignes erronées et à celle où j'écris maintenant les miennes, rectificatrices. Car, théologiquement, c'est de l'Église Universelle que dépend, et d'elle seule, la validité ou l'invalidité de toute élection pontificale (je n'ai pas lu Mgr Schneider qui soutient lui aussi cette doctrine catholique, au rapport de Mgr Viganò, et c'est bien à tort qu'il le contredit sur cela dans son texte).           
           
        Mais une fois hérétiquement évacué le criterium de l'Église Universelle pour savoir si un pape l'est ou ne l'est pas, ne reste plus alors, l'hérésie appelant l'hérésie, que le libre-examen hétérodoxe de la Foi du pape et le jugement subséquent de déchéance pontificale qu'on en fait, sans avoir aucune autorité pour le faire, si l'on juge que cette foi pontificale est hérétique. Mgr Viganò, hélas pour lui, n'y manque bougrement pas, et après avoir jugé que la Foi de François est hérétique, il le déchoit ou appelle véhémentement dans sa diatribe à le faire (certes, tout catholique peut et même doit faire le constat de l'hérésie dans le Magistère des papes modernes, pas seulement celui de François, mais ce n'est qu'un constat intellectuel qui ne donne aucun pouvoir pour déchoir les papes modernes : théologiquement, seul le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un peut déchoir un pape en place ; le constat seulement intellectuel de l'hérésie dans le Magistère des papes modernes n'est que le premier palier, l'amorce, pour commencer une bonne réflexion de Foi qui, menée à excellente fin, doit aboutir à comprendre et vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE", cedit constat ne doit pas pousser à s'engouffrer violemment tête baissée, avec colère réprouvée, aveuglement et orgueil, dans le schisme sédévacantiste, comme taureau impulsif et passionnel qui fonce sans réflexion sur chiffon rouge).           
           
        En cela, Mgr Viganò adopte une attitude schismatique très-dangereuse pour la pureté de la Foi, attitude qui a été anathématisée dans les hussites et autres wicliffistes, ces pré-protestants, par les Pères du concile de Constance, anathème dont on ne manquera pas de remarquer qu'il foudroie tout le raisonnement de fond de sa diatribe. Jean Hus, par exemple, condamné par le Concile de Constance, professait : "Ce n'est pas parce que les électeurs [du pape], ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue [pape] ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu [d'être vrai pape]" (26ème ERREUR).           
           
        Nous sommes là les pieds en plein dans la double hérésie sédévacantiste adoptée par Mgr Viganò, qui professe non seulement que c'est la mise en œuvre du Bien-Fin de l'Église qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale mais qui en plus s'arroge le pouvoir de juger si le pape opère ou bien non cedit Bien-Fin de l'Église, et donc s'il est vrai pape ou bien non. Mgr Viganò le formule très-clairement, hélas : "Ainsi, en prenant acte du fait que Bergoglio est un hérétique - et Amoris Lætitia ou sa déclaration sur l'immoralité intrinsèque de la peine capitale suffiraient à le prouver - nous devons nous demander si l'élection de 2013 a été en quelque sorte invalidée par un défaut de consentement, c'est-à-dire si l'élu a voulu devenir pape de l'Église catholique". Et d'insister lourdement, en citant à l'appui Matth VII, 16-20 : "Vous les connaîtrez par leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits ; mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, ni un mauvais arbre produire de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Vous les reconnaîtrez donc à leurs fruits". Tirez la chevillette du raisonnement, et la bobinette cherra : puisque le pape François produit de mauvais fruits, il n'est donc pas pape, quand bien même le Saint-Esprit l'a adoubé infailliblement comme vrai pape, verus papa, par l'organe transparent de l'Église Universelle représentée par les cardinaux dans leur majorité canonique...           
           
        Or, on vient de le lire, les Pères de Constance anathématisent dans Jean Hus cette proposition comme étant... hérétique. Wycliff, dans une proposition hérétique similaire, est lui aussi condamné par le Concile de Constance, cette fois-ci sous forme de question : "[Les partisans de Wycliff] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ?" (24ème ERREUR). Remarquons avec soin que dans cette formulation, il n'est nullement question, pour les Pères de Constance, du criterium de la Foi pour décider si un pape l'est ou bien non, mais uniquement du criterium de l'Église Universelle qui "élit canoniquement" ; or, le sédévacantiste se trompe hérétiquement précisément en mettant le criterium de la Foi à la place de celui de l'Église Universelle assistée du Saint-Esprit, qu'il ose considérer blasphématoirement comme inexistant. Le Concile de Constance pose cette question aux partisans de Wyclif, précisément parce qu'ils ne croient pas que le pape canoniquement élu est avec certitude le successeur de Pierre, mais que sa légitimité est conditionnée par ses œuvres.           
           
        Il est clair que le Concile de Constance, dans ces deux hérésies de Jean Hus et Wicliff, condamne l'affirmation selon laquelle un pape canoniquement élu n'est pas pape avec certitude, nonobstant toute considération de Foi. Ce qui signifie a contrario qu'on doit reconnaître comme successeur de Pierre la personne canoniquement élue par l'Église Universelle, et que cette dernière l'est en toute certitude théologique, nonobstant tout criterium de Foi.           
           
        Donc, la doctrine de la reconnaissance ecclésiale universelle du pape actuel comme règle prochaine de la légitimité pontificale, est la Foi de toute l'Église, et, dans nos derniers temps modernes, les cardinaux Billot et Journet, dans leurs travaux théologiques, n'ont rien fait d'autre que d'exprimer cette Foi de l'Église, à croire sous peine d'anathème formel.
 
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        Mais, dans sa diatribe, comme si cela ne lui suffisait pas d'épouser l'hérésie sédévacantiste dans la mauvaise compagnie des Hus et des Wicliff, Mgr Viganò aggrave son péché schismatique en osant soutenir effrontément que l'Église Universelle se serait trompée en reconnaissant comme vrai pape le premier antipape du grand-schisme d'Occident, Clément VII, ce qui donc, suivez son regard, prouverait bel et bien que l'Église, même dans son universalité, ne serait pas infaillible lorsqu'elle reconnaît un tel pour le Vicaire du Christ actuel. Voilà qui, premièrement, est un pur blasphème contre le Saint-Esprit qui assiste infailliblement en permanence l'Église Universelle depuis la Pentecôte jusqu'à la fin des temps, très-singulièrement dans toute élection pontificale, blasphème doublé, dans le cas cité, d'un pur mensonge historique en ce qui concerne l'antipape Clément VII. Celui-ci, en effet, n'a absolument pas été le sujet d'une approbation par l'Église Universelle de son anti-papauté comme si elle était la vraie, jamais et à aucun moment de l'histoire certes fort tourmentée, bousculée, du grand-schisme d'Occident, nous l'allons voir ensemble sans tarder.           
           
        Ayant en effet déjà énormément écrit pour bien asseoir le caractère certain et indubitable de la règle prochaine de la Légitimité pontificale, en avant et par-dessus toute autre règle ou loi, à savoir la Reconnaissance par l'Église Universelle de la qualité de pape actuel sur un tel, Église Universelle représentée ordinairement, pour cet acte capital, par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un, je ne me fatiguerai pas à le rappeler ici de nouveau, je renvoie le lecteur à mes écrits très-nombreux sur le sujet, qui, en long et en large, le démontrent formellement et surtout irréfutablement (voir, par exemple, ma démonstration théologique de l'intégration de cette loi fondamentale dans le Magistère ordinaire & universel, toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale et à croire de Foi, de fide, sous peine d'anathème ipso-facto, au début de cet article : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1 ; on lira aussi avec beaucoup de fruit l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/o-se-situe-lacte-de-droit-divin-qui-fait-certainement-le-pape-actuel-chez-les-cardinaux-qui-l-lisent-canoniquement-dans-le-conclave-ou-chez-les-v-ques-de-lorbe-catholique-qui-approuvent-a-posteriori-l-lection-des-cardinaux-?Itemid=1).           
           
        À un certain moment de la discussion avec ceux qui rejettent la vérité (qui est toujours Jésus-Christ Lui-même, en Personne, "Je suis la Voie, la Vérité et la Vie" ― Jn XIV, 6 ; et plus elle est importante, cette vérité, plus elle EST Jésus-Christ), il ne convient plus, en effet, devant leur mauvaise foi, de la leur présenter à nouveau et plus longtemps : par le long laps de temps pendant lequel la bonne doctrine leur a été sans cesse et de nombreuses fois exposée (... plus de vingt-cinq ans, en ce qui me concerne...) et qu'ils ont sans cesse méprisée perseverare diabolicum, ils se montrent indignes qu'on la leur réexpose une énième nouvelle fois, ce serait même fautif de continuer à le faire, n'étant désormais plus, selon le mot cinglant du Christ Lui-même, que des "chiens et des pourceaux" (Matth VII, 6). C'est l'attitude adoptée par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même devant ses ennemis de mauvaise foi, lorsqu'Il comparaît devant eux dans la nuit du Jeudi-Saint, attitude qu'à Sa divine suite, j'adopte donc moi-même. Lorsque le grand-prêtre Caïphe ose Lui demander quelle était sa doctrine, alors que Jésus l'avait sans cesse moult prêchée publiquement pendant trois ans dans leurs synagogues et que donc Caïphe et les anciens du peuple ne pouvaient que la connaître, Jésus les renvoie abruptement à ce qu'Il en avait dit antécédemment et que nul ne pouvait ignorer, surtout pas eux : "Cependant, le grand prêtre interrogea Jésus sur Ses disciples et sur Sa doctrine. Jésus lui répondit : «J'ai parlé ouvertement au monde ; J'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et Je n'ai rien dit en secret. Pourquoi M'interroges-tu ? Demande à ceux qui M'ont entendu ce que Je leur ai dit ; eux, ils savent ce que J'ai dit»" (Jn XVIII, 19-21).           
           
        Je me contenterai donc ici, dans ce nouvel article, de dénoncer l'erreur historique flagrante dont, pour sa grande honte, se rend coupable Mgr Viganò, à savoir que l'antipape Clément VII aurait soi-disant été approuvé comme vrai pape par l'Église Universelle, ce qui est totalement faux, et par rebond, effet boomerang, cette erreur démasquera le péché de schisme que commet Mgr Viganò en refusant de se soumettre quant au pape François à la grande loi fondamentale basée sur les fondements premiers mêmes de la Constitution divine de l'Église en ce qui concerne la légitimité des élections pontificales, à savoir, l'infaillibilité de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel, encore appelée pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, qui est toujours et à chaque fois, un fait dogmatique doté de l'infaillibilité.
 
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        Commençons à lire cette grande et très-douloureuse page historique par le commencement, c'est-à-dire par le dernier pape siégeant au Siège de Pierre dans la paix de l'Église Universelle, avant que le grand-schisme d'Occident ne la déchirât scandaleusement pendant trente-neuf ans fort pénibles à toute la Chrétienté. Il s'agit de Grégoire XI (1331-1378), dernier pape français à remplir le Siège de Pierre jusqu'à nos jours de fin des temps (avant lui, on compte dix papes français dans la liste des papes) ; et d'aucuns, à juste titre, y verront une punition de Dieu sur la France, car le gravissime péché du grand-schisme d'Occident est à mettre principalement sur la tête orgueilleuse et insoumise des cardinaux français, comme nous l'allons voir.           
           
        À cette époque en effet, rappelons-nous que la France avait une énorme prépondérance dans les affaires du Saint-Siège, jusqu'à attirer sur son sol la papauté à Avignon, ce qui était certes un déséquilibre dans le Plan divin, et les saints d'alors, sainte Catherine de Sienne fort notamment, faisaient tout pour ramener le pape à Rome, là où la Providence divine voulait qu'il dirigeât les destinées de toute la Chrétienté. Précisément, Grégoire XI va obéir en 1377 à cette injonction divine de ramener le Siège de Pierre à Rome, il en avait d'ailleurs l'intention dès 1372, pour que finisse ce que les saints du temps appelaient à juste titre l'exil de Babylone qui, pesons bien la chose, dura autant que l'exil juif antique, soit soixante-dix ans mystiques, de 1305 à 1377, avec une succession de papes uniquement français à Avignon, on aurait vraiment dit que la papauté et le Siège de Pierre étaient devenus et à jamais, exclusivement français ("Les sept papes qui siégèrent à Avignon de 1305 à 1377 sont tous français selon le territoire actuel ; en réalité, ce sont des papes de langue d'oc dont la région d'origine dépendait, soit directement du roi de France, soit du roi d'Angleterre -pour ses terres relevant du roi de France-, soit du comté de Provence -qui relevait du Saint-Empire romain germanique-" ― https://fr.wikipedia.org/wiki/Papaut%C3%A9_d%27Avignon), à savoir : Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), Benoît XII (1334-1342), Clément VI (1342-1352), Innocent VI (1352-1362), Urbain V (1362-1370) & Grégoire XI (1370-1378).           
           
        Mais, quelqu'un an seulement après être revenu à Rome, le pape Grégoire, de santé fragile et très-notamment ébranlé par les incessantes révoltes politicardes brouillonnes et agressives du peuple romain, meurt le 27 mars 1378, presque subitement, à quarante-sept ans seulement. Les cardinaux présents à Rome, peu nombreux (seize seulement), presque uniquement des français (quatre, seulement, sont italiens, et un, espagnol), se réunissent alors le plus canoniquement du monde, pour élire son successeur. Ces seize cardinaux, donc, élisent le plus canoniquement du monde en conclave l'archevêque de Bari, Barthélemy, et celui-ci prend le nom d'Urbain, sixième du nom pontifical. Puis, ils en écrivent aux six cardinaux, tous français, qui étaient encore restés à Avignon après le départ du pape Grégoire à Rome en 1377. Et ceux-ci approuvent tous l'élection. L'élection d'Urbain au Siège de Pierre était donc faite et approuvée à l'unanimité absolue du Sacré-Collège cardinalice composé en tout, lors de la mort du pape Grégoire XI, de vingt-trois membres, bien au-delà donc des théologiquement nécessaires deux/tiers plus un (le seul cardinal qui approuva a-posteriori l'élection pontificale d'Urbain VI, étant absent de Rome lors de l'élection, fut le cardinal d'Amiens : "Venant à Rome, de sa légation de Toscane, le vingt-cinquième d'avril, [il] fut reçu en consistoire comme légat, et salua Urbain comme Pape. Ainsi, il fut reconnu expressément par tous les vingt-trois qui composaient alors le Sacré-Collège. Reconnu par tous les cardinaux, il le fut par tous les royaumes chrétiens, notamment par la France, où l'on trouve plusieurs actes datés de son pontificat" ― Histoire universelle de l'Église catholique, abbé Rohrbacher, t. XXI, p. 2).           
           
        Rohrbacher relate fort bien toute l'affaire dans sa très-célèbre Histoire universelle de l'Église catholique parue au XIXème siècle, et on ne saurait mieux faire, pour bien comprendre le fond de toute l'histoire, que de le suivre :           
           
        "Le pape Grégoire XI était mort le vingt-sept mars 1378. Le dix-neuf du mois d'avril, les seize cardinaux qui étaient à Rome écrivirent aux six qui étaient demeurés à Avignon une lettre où ils disaient : «Afin que vous sachiez la vérité de ce qui s'est ici passé, et n'ajoutiez pas foi à ceux qui vous l'ont autrement rapporté, sachez qu'après la mort de notre seigneur et père, le pape Grégoire XI, de sainte et heureuse mémoire, nous sommes entrés en conclave le septième de ce mois, et le lendemain matin, vers l'heure de tierce, nous avons élu librement et unanimement pour Pape le seigneur Barthélemi, archevêque de Bari, homme distingué par l'éclat de grands mérites et de beaucoup de vertus, et nous avons déclaré cette élection en présence d'une très-grande multitude de peuple. Le neuvième de ce mois, l'élu, intronisé publiquement, a pris le nom d'Urbain, et, le jour de Pâques, il a été couronné solennellement dans la basilique du prince des apôtres, aux acclamations d'un peuple innombrable. Nous vous mandons ces choses, afin que, comme vous avez été affligés de la mort du seigneur Grégoire, vous vous réjouissiez avec nous d'avoir obtenu ce nouveau Père ; car nous espérons de celui dont il tient la place sur la terre, que sous son gouvernement l'état de l'Église romaine et catholique refleurira, et que la foi orthodoxe prendra d'heureux accroissements».           
           
        "Cette lettre est signée des seize cardinaux qui étaient à Rome, notamment de Robert de Genève, fait cardinal-prêtre des douze apôtres en 1371 [... qui deviendra l'anti-pape Clément VII, à propos duquel fantasme hérétiquement Mgr Viganò...], et de l'Aragonais Pierre de Lune, fait cardinal-diacre de Sainte-Marie-en-Cosmedin, l'an 1375 [... qui deviendra le trop célèbre anti-pape Benoît XIII...], l'un et l'autre par le pape Grégoire XI. Le cardinal Robert de Genève écrivit en son particulier à l'empereur, Charles IV, au roi de France, Charles V, au roi d'Angleterre, Richard II, témoignant de la libre élections d'Urbain VI. D'autres cardinaux écrivirent individuellement, dans le même sens, à d'autres personnages" (ibid., pp. 1 & 2).
 
        Puis, après avoir relaté que les cardinaux français étaient encore si puissants qu'ils pouvaient faire à eux tout seuls une élection pontificale valide (ils étaient en effet pas moins de dix-huit cardinaux sur les vingt-trois composant le Sacré-Collège lors de l'élection d'Urbain, soit largement plus des deux/tiers plus un nécessaires pour confectionner une élection pontificale valide), Rohrbacher nous explique qu'étant eux-mêmes divisés entre eux, cardinaux français, sensiblement par moitié, les uns voulant continuer l'élection d'un pape du Limousin, comme les quatre derniers l'avaient été depuis Clément VI, quand les autres n'en voulaient plus, "disant que le monde chrétien s'ennuyait de voir toujours des Limousins sur le Saint-Siège, et qu'il était temps de finir une domination qui semblait héréditaire dans un coin de la France" (ibid., p. 2), chaque moitié cardinalice française ne pouvait plus, à elle seule, atteindre les fameux deux/tiers plus un des voix pour faire une élection pontificale valide. C'est alors que la candidature de l'archevêque de Bari, Barthélemi Pignano, fut avancée et acceptée par tous les partis, les dix-huit cardinaux des deux partis français, les italiens qui n'étaient que quatre, et le seul espagnol, comme aplanissant toute difficulté.           
           
        Pour conclure ce premier point très-important, on peut dire que nulle élection pontificale ne fut plus canonique que celle de l'archevêque de Bari devenu le pape Urbain VI.
 
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        Pour contrer cela, les schismatiques cardinaux français, lorsqu'ils décidèrent six mois après cette élection parfaitement canonique de faire scission avec le nouveau pape, pour la raison que je vais exposer tout-à-l'heure, invoquèrent hautement le tumulte et la non-liberté qui entoura le conclave une fois réuni, fomenté par le peuple romain, ou plutôt sa populace, qui, selon qu'ils l'affirmèrent a-posteriori mensongèrement, entachèrent la nouvelle élection pontificale d'Urbain VI d'invalidité. Ce n'était qu'un mensonger et mauvais prétexte, totalement faux, sataniquement tourné exactement à l'envers de la vérité des faits de ce qui se passa réellement au conclave, et il importe évidemment de bien l'établir.           
           
        Premièrement, l'élection de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre fut décidée par la majorité canonique des cardinaux électeurs AVANT que le conclave fut réuni, et donc hors de tout tumulte et violence faites aux cardinaux. Les cardinaux français ne pouvaient donc pas dire que c'était le peuple romain qui les avait forcé à élire l'archevêque de Bari par tumulte et violence. "Or, ces prélats [les cardinaux électeurs] ne s'accordant pas entre eux, à cause de la haine qu'on portait aux Limousins, ceux-ci, pour donner aussi l'exclusion aux autres, jetèrent les yeux sur Barthélemi Prignona, archevêque de Bari. Ils considéraient son mérite personnel, ses habitudes anciennes avec la cour d'Avignon, où il avait rempli la place de vice-chancelier, ses liaisons avec Pierre de Monterne, cardinal de Pampelune et Limousin, un des six qui étaient demeurés à Avignon, enfin sa qualité de sujet de la reine de Naples, princesse très-affectionnée à l'Église et à la cour romaine. Tout cela fut agité avant l'ouverture du conclave. Les cardinaux y entrèrent le sept avril, et ils y furent gardés par des gens de confiance et nommés de leur part. Ce jour-là même, les cardinaux d'Aigrefeuille et de Poitiers proposèrent l'archevêque de Bari, et trouvèrent déjà les deux tiers des cardinaux assez disposés à le nommer. Le lendemain, après la messe du Saint-Esprit, comme on songeait à terminer l'affaire, (....) le cardinal de Limoges déclara purement et librement qu'il donnait sa voix à Barthélemi, archevêque de Bari, et presque tous les autres cardinaux furent du même avis. L'élection ainsi faite, on différa néanmoins de la publier, parce que l'archevêque était absent et qu'il y avait sujet de craindre qu'en l'annonçant au peuple, qui demandait un Pape romain, il ne se fit quelque tumulte, et que le prélat lui-même, qui était Napolitain, ne fût insulté en venant au palais. On l'appela donc, avec d'autres évêques italiens, sous prétexte de quelques affaires importantes, et, après midi, l'élection fut réitérée d'un consentement unanime" (ibid., pp. 3-4).           
           
        "On pria [les cardinaux] de revenir le lendemain au palais pour ratifier l'élection ; ce qu'ils firent avec tout l'ordre et toute la liberté possibles. L'intronisation se passa de même. Toute la Semaine-Sainte le nouveau Pape, qui avait pris le nom d'Urbain VI, célébra les offices de l'Église avec le sacré collège. Le dimanche de Pâques, le couronnement se fit à l'ordinaire, et les seize cardinaux y étaient présents. Tout le reste du temps qu'ils demeurèrent auprès d'Urbain, ils le traitèrent comme Pape légitime, lui demandant des dispenses et des grâces pour eux et pour leurs amis, lui faisant à leur tour de petits présents, le nommant en public et en particulier, à la messe et dans les autres prières de l'Église, officiant toujours avec lui aux grandes fêtes de Pâques, de l'Ascension, de la Pentecôte et du Saint-Sacrement ; surtout, écrivant de tous côtés qu'ils avaient élu très-unanimement et très-librement le seigneur Barthélemi, archevêque de Bari, présentement appelé Urbain VI. Aux cardinaux électeurs se joignirent Jean de la Grange, cardinal d'Amiens, qui, pendant l'élection, était légat en Toscane et qui, à son retour de Rome, rendit à Urbain tous les hommages dûs au souverain Pontife. Tel est en somme la narration des auteurs italiens et même de quelques autres, comme d'Alphonse, ancien évêque de Jaën, et compagnon de sainte Brigitte, ainsi que de Gobelin Person, né en Westphalie, employé à la cour romaine pendant ces évènements, et qui, dans histoire universelle, transcrit et adopte le récit d'Alphonse" (ibid., pp. 4 & 5).           
           
        "Or, tout cela se passa six heures entières avant qu'il y eût le moindre mouvement parmi le peuple. (...) Quand la populace sut que l'archevêque de Bari avait eu les suffrages, la sédition devint générale parce que ce prélat n'était pas romain. Les cardinaux voulurent s'enfuir, mais on les ramena de force dans le conclave, pour procéder à une autre élection. Le tocsin sonnait à Saint-Pierre, on pillait, on cherchait l'archevêque de Bari, les uns pour le tuer, les autres pour le forcer à se démettre. Cependant les cardinaux ne se laissèrent point intimider ; ils dirent qu'ils n'éliraient point un Pape romain, et que l'élection de l'archevêque de Bari étant faite, ils s'en tiendraient là, dût-il leur en coûter la vie. Enfin, plusieurs personne de considération, entre autres Agapit Colonne et l'abbé du Mont-Cassin, s'entremirent pour faire entendre raison à cette troupe de mutins, que la relation dépeint plutôt comme des gens ivres que comme des factieux. Le calme était rétabli dans la ville dès le vendredi neuvième d'avril. Ce jour-là douze cardinaux s'assemblèrent au palais, annoncèrent le pontificat à l'archevêque de Bari, le pressèrent de l'accepter ; et, après qu'il se fut excusé quelque temps et qu'il eut consenti ensuite, on l'intronisa, on le couronna sans qu'il parût aucun vestige de sédition dans Rome, ou de mécontentement dans la cour romaine" (ibid., pp. 5 & 6).           
           
        L'on voit très-bien, par ce récit des faits exacts tels qu'ils se passèrent dans l'élection pontificale d'Urbain VI, que les cardinaux français qui, six mois après avoir fait l'élection de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, l'avoir canoniquement approuvé et accepté, acceptus et probatus, osèrent soutenir que son élection était invalide parce qu'ils avaient été forcé de l'élire par la sédition du peuple romain, mentirent effrontément et scandaleusement, sataniquement même car la vérité des faits se situait dans l'exact contraire de ce qu'ils dirent alors : loin que le peuple romain les força à élire l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, c'est tout le contraire qui se passa : les cardinaux ayant élu librement l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, c'est alors, et alors seulement, que le peuple ou plutôt la populace, fit sédition, ne voulant, dans un entêtement de bourrique du diable, qu'un pape romain et non pas seulement italien comme l'était le napolitain archevêque de Bari !
           
        Rohrbacher est donc très-fondé à conclure son exposé, ainsi : "D'après ces divers témoignages, il y eut de la part du peuple romain quelque mouvement, quelque violence, non pour faire élire l'archevêque de Bari, mais plutôt pour empêcher son élection. D'où il est naturel de conclure que l'élection d'Urbain VI ne fut point l'effet de la violence, mais qu'elle se fit librement par les cardinaux, comme eux-mêmes l'assurent dans leurs lettres à leurs collègues d'Avignon [lettre qu'on a lue plus haut]. (...) Le nouveau pape, Urbain VI, ayant pris possession du Saint-Siège suivant les anciennes coutumes, écrivit à tous les évêques et à tous les princes de la Chrétienté, pour leur notifier la mort de Grégoire XI et sa propre élection par le choix unanime des cardinaux. Celle qu'il écrivit au clergé d'Angleterre est du dix-neuf avril. De leur côté, ainsi que déjà nous l'avons vu, les cardinaux écrivirent dans le même sens, entre autres une lettre commune à l'empereur Charles IV, qui plus tard la rendit publique. (...) «Alors, dit Théodoric de Niem, témoin oculaire, il n'y avait aucune doute, aucun bruit sinistre dans la ville de Rome, même entre les cardinaux ou autres personnes quelconques, que le même Urbain ne fût le vrai Pape, ou qu'il eût été élu par violence ou d'une autre manière peu canonique ; au contraire, tous les cardinaux disaient alors, et par écrit et de vive voix, et en public et en particulier, à tout le monde, même à ceux qui conféraient avec eux à ce sujet, que le même Urbain était vrai Pape, canoniquement et unanimement élu par eux. Telle est la vérité, et on n'a pu la nier». Ce témoignage est bien remarquable" (ibid., pp. 6 & 7).
 
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        Urbain VI étant donc incontestablement vrai pape légitime, verus papa, comme peut-être, si je puis dire, aucun autre pape ne le fut aussi sûrement que lui, comment donc alors se fait-il que, tout-à-coup, l'ensemble des cardinaux qui l'avaient élu en vinrent unanimement à le haïr, à vouloir s'en détacher formellement, au point inouï jamais arrivé dans toute l'histoire pourtant fort tourmentée de l'Église, de mentir sur son élection parfaitement canonique en voulant le considérer seulement comme un intrus sur le Siège de Pierre, c'est-à-dire qu'il n'aurait jamais été pape, et de vouloir subséquemment créer un autre pape ? Je vais donner tout-de-suite cette raison de la haine des cardinaux contre Urbain VI, mais auparavant, je veux en rester à dénouer l'aspect purement théologique de la question. Nous verrons plus loin que si les cardinaux avaient reconnu la canonicité de l'élection pontificale d'Urbain VI qu'ils avaient faite, comme elle l'était formellement en effet, et si, retirant après-coup unanimement leur obédience à Urbain dans la majorité canonique du Sacré-Collège, ils avaient acté canoniquement sa déchéance du suprême Pontificat, cette déchéance prononcée par l'ensemble des cardinaux aurait été parfaitement valide, et Urbain n'aurait plus été pape. Or, aveuglés par la haine qu'ils éprouvaient contre Urbain, les cardinaux français ne prirent pas du tout cette voie qu'ils devaient suivre pour déchoir validement Urbain, au contraire, voulant considérer faussement qu'Urbain n'était qu'un intrus, c'est-à-dire qu'il n'avait jamais été un pape légitime, ils ne le déchurent donc pas du suprême Pontificat comme ils en avaient théologiquement le pouvoir... puisqu'évidemment, on ne déchoit pas un pape qu'on veut considérer comme n'ayant jamais été pape !, ce qui fait donc, pour la fin, que... Urbain VI restait bel et bien, de droit et de fait, toujours le seul pape légitime actuel de l'Église, même après la révolte des cardinaux français contre lui.           
           
        N'oublions pas, en effet, et je l'ai rappelé dans d'autres articles, que la règle est la suivante, concernant la déchéance d'un pape jugé indigne : qui a pouvoir de faire le pape, a aussi pouvoir de le défaire. Or, ceux qui ont pouvoir de faire le pape, ce sont les cardinaux dans leur majorité canonique des deux/tiers plus un, et eux seuls, réunis dans le Sacré-Collège cardinalice ; ainsi donc, pour défaire un pape indigne, c'est le même Sacré-Collège dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un qui a également pouvoir, et lui seul, de déclarer déchu tel pape indigne, en lui faisant soustraction d'obédience (ou plus exactement dit, dans les termes théologiques idoines et adéquats : les cardinaux ont pouvoir, de par Dieu, de retirer la matière du Souverain Pontificat à un pape légitimement fait, puisqu'ils ont pouvoir de la lui donner, et Dieu, qui leur a donné ce pouvoir, les suivant, retire quant à Lui la forme du Pontificat à l'instant même où les cardinaux lui en retirent la matière, et donc, matière et forme de ce qui fait le pape étant retirés à ce pape, celui-ci ne l'est plus du tout). Cependant, la Providence divine, dirigeant toutes choses derrière les causes secondes ou humaines, ne permit point que les cardinaux qui avaient élu légitimement Urbain au Siège de Pierre, ne posassent l'acte canonique qui aurait prononcé formellement sa déposition devant toute l'Église, quand bien même, dans le même temps, en brouillons pressés mettant passionnellement la charrue avant les bœufs, mûs par un grand orgueil, ils élisaient en face de lui le premier antipape du grand-schisme d'Occident, Clément VII, sur lequel phantasme Mgr Viganò.           
           
        ... Mais bien sûr, maintenant, il est fort important de dire pourquoi le pape Urbain VI fut, soudain, l'objet de tant d'aversion et même de haine, de la part de tous les cardinaux qui l'avaient élu, au point incroyable de vouloir faire, à la face scandalisée de toute l'Église et du monde, un autre pape à sa place. L'histoire en est fort peu glorieuse, autant du reste des deux côtés, celui du pape et celui des cardinaux, mais, à lire cette affligeante page ecclésiastique, ce nous sera à nous, pauvres cloportes du Seigneur souvent indignes, une bonne leçon d'humilité quant à ce que vaut vraiment l'homme qui veut se diriger uniquement par son propre mouvement, motu proprio, et non sous la mouvance humble de Dieu et de son Esprit-Saint... Je laisse à nouveau Rohrbacher nous l'expliquer, il le fait fort bien :
 
        "Il y avait cinq à six mois que le monde chrétien reconnaissait ainsi unanimement le pape Urbain VI, lorsqu'on apprit tout-à-coup que les mêmes cardinaux, qui avaient déclaré dans leurs lettres l'avoir élu très-librement et très-unanimement, venaient d'en élire un autre le vingt septembre de la même année 1378. Voici les principaux faits de cette déplorable division.           
           
        "Barthélemi Prignano, devenu le pape Urbain VI, serait demeuré en paisible possession de la chaire de Saint-Pierre, s'il avait su se ménager avec les cardinaux. Il semble que cela était aisé avec toutes les qualités qu'on admira dans lui avant sa promotion. Prignano était de Naples, né d'une famille noble, âgé d'environ soixante ans, d'une taille au-dessus de la médiocre et d'une complexion robuste. Il avait été d'abord archevêque de Cirenza, au royaume de Naples ; ensuite, Grégoire XI le transféra au siège de Bari, et lui confia le soin de la chancellerie romaine en l'absence du cardinal de Pampelune. C'était par estime pour son mérite. Il passait pour un des plus habiles hommes de son siècle dans le droit canon et dans le style de la cour de Rome. D'ailleurs grand homme de bien, ennemi de la simonie et du faste, ami des gens de lettres, modeste, dévôt, dur à lui-même, portant sans cesse le cilice, jeûnant tout l'Avent et depuis la sexagésime jusqu'à Pâques, patient dans l'adversité, sensible au malheur des autres, en un mot l'homme du monde le plus digne d'être Pape, s'il ne l'avait jamais été ; c'est la réflexion des auteurs, même italiens. Cela veut dire qu'il lui arriva, comme à bien d'autres, de ne pouvoir porter le poids de sa dignité. Barthélemi Prignano fut un homme presque parfait ; Urbain VI fut, de l'aveu de tout le monde, trop entier dans ses volontés, trop peu liant pour le caractère, et trop précipité dans les vues de réforme qu'il s'était proposées : conduite qui pensa le renverser du trône apostolique, et qui contribua beaucoup à faire naître dans l'Église un schisme de cinquante ans.           
           
        "(...) Le premier trait qui aliéna d'Urbain VI les esprits, fut une invective qu'il hasarda, dès le lendemain de son couronnement, contre les évêques de sa cour. À la fin des vêpres, où il avait assisté avec eux dans sa chapelle, il les retint pour leur dire qu'ils étaient des parjures d'avoir abandonné leurs églises et d'être venus faire leur résidence ordinaire en cour de Rome. Sur quoi, Martin de Salve, évêque de Pampelune et référendaire du pape Grégoire XI, prit la parole et répliqua assez vivement qu'il n'était point un parjure, que son séjour en cour de Rome n'était que pour les affaires générales de l'Église, et qu'au reste, il retournerait volontiers dans son diocèse.           
           
        "Quinze jours après, Urbain tint un grand consistoire ; et, dans un sermon dont le texte était : Je suis un bon pasteur, il attaqua ouvertement, et d'un style même peu convenable, la conduite des cardinaux et des autres prélats, qui le trouvèrent très-mauvais, et qui n'en furent pas plus disposés à retrancher les abus qu'on leur reprochait. Sur la fin d'avril, le cardinal d'Amiens, Jean de la Grange, vint reconnaître le nouveau Pape. Il en fut reçu d'abord avec honneur ; mais bientôt l'humeur prenant le dessus avec Urbain, le cardinal n'entendit plus de sa bouche que des duretés. Un jour, Urbain lui reprocha son avarice et sa perfidie, l'une et l'autre à l'occasion de la guerre qui durait depuis si long-temps entre les rois de France et d'Angleterre. C'était, disait le Pape, un artifice du cardinal, qui, pour s'enrichir en faisant durer sa commission de légat, bien loin de travailler à la paix, comme Grégoire XI le lui avait recommandé, fomentait sous main l'antipathie des deux nations. Une autre fois, il l'accusa d'être l'auteur des divisions entre les rois de Castille, d'Aragon et de Navarre, et d'avoir trompé le Saint-Siège dans les traités conclus avec le duc de Milan et les Florentins. Enfin, dans une autre occasion, il s'échappa jusqu'à dire qu'il n'y avait point de mal au monde que le cardinal d'Amiens n'eût fait. À ce mot, le prélat, piqué au vif, se leva et faisant un geste menaçant : «Comme archevêque de Bari, lui dit-il, vous en avez menti» ; et sur-le-champ, il prit la fuite, suivi de quelques autres cardinaux.           
           
        "C'étaient tous les jours de nouvelles scènes, où paraissait à découvert le caractère inflexible du Pape. Tantôt affectant un grand mépris pour les richesses, il renvoyait avec des injures les collecteurs des revenus du Saint-Siège ; tantôt oubliant ce qu'il devait à la reine de Naples, il traitait avec peu de ménagement Othon de Brunsvick, son mari, et cela dans le temps même que ce prince était à Rome, faisant sa cour avec plus d'assiduité que les officiers du palais et les prélats ; tantôt sans égards pour les premières têtes d'Europe, il disait qu'il saurait bien se faire justice des rois de France et d'Angleterre, dont les divisions avaient causé tant de maux à la Chrétienté. Ces manières si déplacées étonnaient fort les cardinaux, et ils étaient tentés de croire que le faîte des honneurs avait ébranlé le cerveau de ce Pontife" (ibid., pp. 7-10).           
           
        Barthélemi Prignano, une fois sur le Siège de Pierre, était donc soudain devenu un despote énergumène, au caractère impossible à vivre...           
           
        ... Mais voilà-t-il pas qui nous replonge abruptement dans le problème de notre papauté actuelle, celle de François, lui aussi despote, et despote énergumène ! Dès 2013, il me souvient que François l'avait d'ailleurs annoncé aux cardinaux qui venaient de l'élire : "Vous allez regretter de m'avoir élu pape, vous allez le regretter"... Et dernièrement, n'a-t-il pas sorti qu'il se ressentait comme "une victime du Saint-Esprit" ? Le caractère despotique, tyrannique, de son pontificat est si fort, si marqué, qu'un certain auteur en a fait le titre d'un livre sur lui : Le pape dictateur.
 
        ... Et voilà qui nous replonge aussi dans le pontificat du pape Paul IV, qui fut au moins aussi énergumène despotique que Urbain VI. Ayant la folie paranoïaque de voir des hérétiques partout, ne destitua-t-il pas de sa légation en Angleterre le grand et saint cardinal Réginald Pole sur simple soupçon (infondé) d'hérésie, ce qui eut pour résultat certain de faire triompher définitivement jusqu'à la fin des temps le protestantisme dans toute la nation d'Angleterre, un protestantisme que ce prélat, qui était de la plus haute noblesse anglaise, après la crapuleuse défection du roi Henry VIII duquel il était d'ailleurs parent, était en train de résorber victorieusement par de grands et fort édifiants travaux apostoliques sinon d'anéantir radicalement, de concert avec la très-catholique reine Marie ?           
           
        Paul IV n'alla-t-il pas jusqu'à invectiver le futur pape saint Pie V en lui disant qu'il regrettait de l'avoir créé cardinal, certains craignant dès lors pour lui qu'il soit emprisonné au château Saint-Ange ? Dans une certaine affaire de soupçon d'hérésie contre un très-haut prélat portugais que le pape lui avait commise (avec Paul IV, c'était toujours la même histoire), le cardinal Alexandrin futur saint Pie V tâcha de tempérer la procédure draconienne voulue par le pape, et le tourner à un peu plus de justice envers l'accusé. Mal lui en prit ! "Cela jeta le Pape, que sa santé rendait de plus en plus anxieux et violent, dans un état tel qu'il fit, pendant une demi-heure, de si violents reproches à ce cardinal si hautement estimé dans le Consistoire, que le cardinal Consiglieri déclara qu'on ne pouvait plus vivre ni traiter de quoi que ce soit avec le Pape. Dans un nouveau consistoire, Paul IV réitéra ses reproches envers Ghislieri, le déclara indigne de sa place et assura qu'il regrettait de lui avoir donné la pourpre. Un rapport du 5 Août 1559 mande de Rome qu'on craignait là-bas que le grand-inquisiteur Ghislieri fût emprisonné au château Saint-Ange. Ce fut en ce temps que Paul IV déclara à l'ambassadeur français que l'hérésie était un crime si grave, que si peu qu'un homme en fût atteint, il ne lui restait d'autre moyen de salut que de le livrer au feu immédiatement, sans se soucier qu'il occupât le plus haut rang" (Histoire des Papes depuis la fin du Moyen-Âge, Pastor, t. XIV, p. 256).           
           
        Combien de saints prélats furent victimes des foudres paranoïaques du pape Paul IV, sur simple soupçon d'hérésie non-fondé, calomniés pontificalement mais jamais réhabilités publiquement, leur réputation en étant pontificalement détruite à jamais ! "On en vint aussi [sous Paul IV] contre des évêques et même des cardinaux à des accusations et à des procès aussi incompréhensibles que dénués de fondement. Un véritable régime de terreur commença, qui accabla tout le monde à Rome" (Pastor, p. 232).           
           
        Autre illustration, fort peu glorieuse pour Paul IV, non seulement de son tempérament complètement paranoïaque mais surtout de son incroyable absence de discernement dans la chose spirituelle : au rebours de ses trois prédécesseurs, les papes Paul III, Jules III et Marcel II, qui avaient vu naître la Compagnie de Jésus et en avaient globalement favorisé le développement, Paul IV la suspecta d'emblée (comme d'habitude ! En fait, il suspectait tout le monde qui n'était pas lui !...), et l'entrava, "voulant l'unir à sa propre congrégation, les Théatins. En guerre avec l'Espagne, il va jusqu'à faire perquisitionner chez Ignace [de Loyola] qui, sa mort venant, demande quand même sa bénédiction [... on mesure là toute la sainteté du fondateur des Jésuites, mais on ne saurait en dire autant de Paul IV…]" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. Jésuites, p. 966, 2e col.) ! Par ailleurs, il considérait saint Ignace, qu'il avait fréquenté avant son élévation au Souverain Pontificat, comme un… "tyran" (Pastor) !!           
           
        Et que dire de ce pape énergumène qui n'a rien à envier à Urbain VI, quand il osa virer comme un malpropre de la Chapelle papale le plus grand polyphoniste pieux de tous les temps, Palestrina, ce qui entrava gravement sa carrière, sous la raison complètement folle et insensée que le pape ne saurait souffrir d'ouïr les voix de gens mariés dans sa Chapelle !! Etc.           
           
        Certes, ces papes, Urbain VI, Paul IV, et notre inénarrable François, ne sont pas fous, ce qui serait une cause d'invalidation de leur pontificat, ils sont "seulement", si je puis dire, caractériels profonds, énergumaniaques, rendant la vie impossible à leur entourage. Et malheureusement, rappelons-nous que l'entourage du Vicaire du Christ, c'est tout simplement... le monde entier !, à commencer par ceux qui leur sont les plus proches, c'est-à-dire les catholiques... les plus fervents !           
           
        Mais voilà la grande différence avec Urbain VI, qui va engendrer l'affreuse catastrophe : sous Paul IV et François, les cardinaux, évêques, communautés religieuses, et tous ceux qui subissent les coups iniques du pape énergumène et despotique, restent soumis à l'Autorité pontificale, acceptant dans la sainte-Croix du Christ la persécution crucifiante d'un chef peut-être pas mauvais au fond mais à tout le moins très-crucifiant (ce qui est singulièrement le cas avec François, puisque nous vivons les temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ; quant à son pontificat, il ne s'agit donc pas seulement d'une crucifixion personnelle, mais d'une crucifixion institutionnelle, je vais mieux l'expliquer plus loin).           
           
        Le malheur du grand-schisme d'Occident, et ce fut certainement une épreuve voulue par Dieu pour punir une Chrétienté devenue spirituellement paresseuse, c'est qu'il n'en fut pas du tout de même sous Urbain VI. Il trouva en face de lui des cardinaux français très-orgueilleux, très-montés sur le piédestal de leurs hautes prérogatives, habitués depuis sept longues décennies de pouvoir presque absolu sur la papauté durant l'exil babylonien d'Avignon, à considérer le Saint-Siège et ses affaires presque comme... leur propriété. Ils avaient trop en tête d'avoir comme une plénipotence absolue sur les affaires du Saint-Siège, considérant le pape, sans doute tout-de-même pas comme leur subordonné, leur homme-lige, mais comme leur homme d'affaires, et la dernière chose à laquelle ils pouvaient penser fut de se soumettre par pénitence bien chrétiennement entendue à leur "homme d'affaires" au caractère qui se révélait très-difficile. Ils se cabrèrent au contraire immédiatement contre lui avec hauteur, raideur et rancœur pleine d'orgueil, et même haine, ce qui leur fit commettre le très-grave péché de schisme pour toute la Chrétienté. Car ce n'est pas Urbain VI qui le commet, ce gravissime péché, c'est bien eux, les cardinaux à grande majorité française, qui le commettent, lorsqu'ils pseudo-élisent un anti-pape, Clément VII, Rohrbacher, en des propos indignés, va nous le dire tout-à-l'heure. Le scandaleux raisonnement des cardinaux trop puissants de ce temps-là était en effet, sans tenir aucun compte du caractère sacro-saint de la fonction pontificale suprême, que quand un homme d'affaires ne plaît pas, on s'en choisit un autre...           
           
        Ces cardinaux français très-orgueilleux, imbus d'eux-mêmes, de leurs richesses et de leur pouvoir, ne sentirent donc nullement l'énorme péché qu'ils commettaient en refusant d'obéir à un chef qu'ils avaient eux-mêmes créé, sous le vain prétexte, non-chrétien, que ce pape avait très-mauvais caractère et les maltraitait. En fait, c'était Dieu Lui-même qui leur infligeait cette pénitence certes fort pénible, pour leur vie trop peu humble et mortifiée, d'avoir un chef qui révéla, soudainement et à la grande surprise générale, un caractère énergumène et vraiment impossible dès qu'il remplit le Siège de Pierre. Et ils auraient dû l'accepter de bon cœur, cette pénitence, souffrant d'Urbain VI ses mauvais traitements pour réparer leur péché, sinon avec joie spirituelle du moins avec une sainte résignation. Ils auraient dû tous relire la leçon que saint Pierre donnait sur le sujet : "Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres ; non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Car c'est une grâce d'endurer des peines et de souffrir injustement, par motif de conscience envers Dieu. En effet, quelle gloire y a-t-il, si battu pour avoir commis des fautes, vous le supportez ? Mais si, en faisant le bien, vous souffrez avec patience, voilà ce qui est une grâce devant Dieu. Car c'est à cela que vous avez été appelés, parce que le Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez Ses traces : Lui qui n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel ne s'est pas trouvée de fraude ; Lui qui, injurié, ne rendait point d'injures, et, maltraité, ne faisait point de menaces, mais Se livrait à celui qui Le jugeait injustement" (I Pet II, 18-23).
 
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        Nous en sommes donc maintenant rendus, dans notre histoire, au point crucial, dramatique, où le pape et ses cardinaux se raidissent dangereusement à qui mieux mieux l'un contre les autres, les autres contre l'un, jusqu'à ne pouvoir plus faire autrement que d'arriver au grand clash public. Les cardinaux, prenant prétexte des chaleurs excessives à Rome en été, se retirèrent au nombre de treize à Anagni, et c'est là que, dans un cas de figure qui ressemble étrangement à ce qui a été appelé "la mafia de Saint-Gall" pour, paraît-il, démissionner le pape Benoît XVI (si tant est que cette histoire est vraie), ils commencèrent à comploter leur détachement d'avec le pape Urbain VI.           
           
        "Cependant, le pape Urbain lui-même se mit en route pour Anagni, avec les quatre cardinaux italiens qui étaient demeurés avec lui à Rome. Mais il s'arrêta dans la ville de Tivoli ou Tibur, qui est à moitié chemin. Il apprit de plus d'une manière que les cardinaux français tramaient quelque chose contre lui, qu'ils mettaient en doute la légitimité de son pontificat, et que même ils cherchaient à s'emparer de sa personne" (ibid., p. 11).           
           
        C'est alors que les cardinaux français firent leur premier pas réprouvé dans le schisme, par le péché de mensonge. "En effet, le vingt de juillet, les cardinaux français écrivirent aux cardinaux italiens une lettre où ils leur représentent l'élection d'Urbain VI comme faite par crainte et par violence, et les invitent à venir délibérer avec eux sur les moyens de pourvoir au salut de l'Église romaine, de l'Église Universelle et de la foi orthodoxe. Les cardinaux italiens n'accédèrent point à la téméraire entreprise de leurs collègues : ils demeurèrent avec le Pape, l'aidèrent de leurs conseils. (...) Ils allèrent même, par mandement du Pape, trouver leurs collègues dissidents d'Anagni, pour les réconcilier avec lui ; n'y ayant pu réussir, ils revinrent auprès de sa personne" (ibid., p. 11).           
           
        C'est donc par le mensonge que les cardinaux français commencent leur procédure schismatique qui aboutira à créer leur anti-pape Clément VII : nous avons vu en effet plus haut que loin d'avoir élu Urbain par crainte et par violence de la part de la populace romaine qui soi-disant les aurait obligé à le faire, c'est tout au contraire tellement par leur libre vouloir qu'ils ont élu Urbain au Siège de Pierre, qu'ils ont été capable de soutenir cette élection pontificale même en dépit de la pression et des violences de ladite populace romaine qui, loin de les pousser à élire l'archevêque de Bari... n'en voulait tout au contraire absolument pas, et faisait donc tumulte et violence pour cette seule raison ! Donc, c'est non seulement dans la liberté absolue qu'ils ont élu pape Urbain VI, mais dans une liberté qui souffre persécution ! Le mensonge sur lequel ils osaient s'appuyer pour tâcher de se trouver un argument canonique aux fins d'invalider l'élection pontificale d'Urbain, était donc patent, honteux et flagrant...           
           
        Cependant, les cardinaux français, savamment déboutés de leur prétention d'invalider l'élection du pape Urbain par deux jurisconsultes renommés qu'ils avaient consultés en vain pour asseoir leur volonté de faire schisme, n'éprouvèrent aucun scrupule de s'adresser au... roi de France, Charles V, faisant donc intervenir fort dangereusement la Politique là où il était très-répréhensible de la faire intervenir, à savoir dans une élection pontificale, ce qui, déjà, rien que dans le principe de la chose, les condamnait, condamnait leur cause, étant en soi un crime : "Se plaignant [mensongèrement] d'avoir été contraints d'élire Urbain VI, ils offrirent au roi, veuf depuis quelque temps, de le nommer Pape lui-même" (ibid., p. 11)...!!! Rohrbacher, ici, ne peut empêcher son indignation de saillir : "En vérité, d'après ces faits, qui son hors de doute, nous ne pouvons nous empêcher de répondre comme juré historique : Oui, les cardinaux français sont coupables du grand-schisme d'Occident ; oui, les cardinaux français sont responsables, devant Dieu et devant les hommes, des malheurs de la France et de l'Église" (ibid., p. 12).           
           
        "Mais le mal allait toujours en augmentant. Les cardinaux français d'Anagni se constituèrent juges eux-mêmes de leur différend avec le Pape" (ibid., p. 12). Toute leur procédure pour invalider l'élection d'Urbain VI est elle-même invalide et sans valeur théologique ni canonique aucune, car, comme je l'ai déjà souligné, ils la basent entièrement sur le faux argument très-mensonger que Urbain était un intrus, c'est-à-dire que son élection au Siège de Pierre faite pourtant par les cardinaux français de la manière la plus légitime du monde, ainsi qu'on l'a vu, n'avait, selon eux, aucune valeur, s'appuyant pour le dire sur leur mensonge qu'elle aurait été faite dans la non-liberté de l'Église. Par conséquent, voulant juger un intrus sur le Siège de Pierre, et non un pape légitime comme le fut indubitablement Urbain VI, toute leur procédure tombait à l'eau, ne valait rien. Mais ils répandaient de plus en plus partout dans la Chrétienté leur mensonge, par lettres et libelles venimeux, déclarant désormais à qui voulait l'entendre, urbi et orbi, l'invalidité de l'élection d'Urbain VI au Siège de Pierre...           
           
        Un magistrat de la ville de Florence, outré de colère contre les cardinaux français, leur écrivit une lettre intitulé Aux cardinaux d'au-delà des monts, [de la part de] toute la multitude des fidèles. N'en citons que ceci, bien vert et qui allait au fond du donf de la question : "... Et maintenant, ce Pontife que vous avez créé de vos mains, vous l'appelez dans vos lettres un apostat et un antechrist. Mais s'il est un intrus, qui est-ce qui ne vous appellera pas les criminels auteurs de son intrusion ? S'il est un antechrist, n'est-ce pas vous qui l'avez élevé contre le Christ par vos suffrages ? Il est par trop ridicule de blâmer impudemment ce que vous ne pouvez nier à la face des hommes d'avoir fait vous-mêmes" (ibid., pp. 13-14).           
           
        "Au lieu de répondre, soit alors, soit depuis, à ces questions embarrassantes, les cardinaux français s'efforcèrent de gagner les trois cardinaux italiens [l'un d'eux, car ils étaient quatre à la mort de Grégoire XI, étant décédé entre-temps]. Voici le dernier moyen qu'ils employèrent. Ils écrivirent à chacun des trois une lettre confidentielle, avec promesse de le nommer Pape à la place d'Urbain VI ; on lui demandait seulement le secret. La tentation était bien séduisante : les trois Italiens donnèrent chacun dans le même panneau. Ils se retirèrent d'abord de la cour d'Urbain VI dans le château de l'un d'entre eux, et enfin, se réunirent aux Français.
 
        "Le pape Urbain VI se voyant ainsi abandonné de tous les cardinaux, en créa vingt-neuf autres le dix-huit septembre. Trois n'acceptèrent pas ; sur les vingt-six qui acceptèrent, il y avait deux Français.           
           
        "(...) Ayant appris cette promotion de cardinaux de la part d'Urbain VI, les cardinaux français procédèrent deux jours après à l'élection d'un autre Pape. C'était à Fondi, plus près de Naples, où ils s'étaient retirés d'Anagni dès le vingt-sept août 1378. Ils s'assemblèrent, au nombre de quinze, dans le palais du comte, le vingtième jour de septembre. Les trois cardinaux italiens étaient présents, s'attendant peut-être chacun à être élu. Ils y furent bien trompés. Toutes les voix se portèrent sur le cardinal Robert de Genève, qui prit le nom de Clément VII, mais qui n'est point reconnu comme tel par l'Église romaine, où l'on ne reconnaît de Clément VII que Jules de Médicis, successeur de Léon X, au seizième siècle. Les trois Italiens, Pierre de Porto, Simon de Milan et Jacques des Ursins, se voyant ainsi joués, ne portèrent point de suffrages et se retirèrent le même jour sur les terres du troisième d'entre eux. On prétend toutefois qu'ils saluèrent le nouveau [anti-]pape" (ibid., pp. 14 & 15).
           
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        On voit donc les faits se bousculer à toute vitesse à qui mieux mieux vers le mal pour achever l'œuvre d'iniquité, mysterium iniquitatis, dans la fourchette très-étroite de deux jours seulement, c'était visiblement à qui, du pape et des cardinaux, irait le plus vite pour mal faire, le diable s'en frottant sûrement les mains de plaisir.
 
        Il convient à présent de bien commenter ces derniers faits historiques certains, qui vont débouter radicalement et complètement l'affirmation erronée de Mgr Viganò, qui voudrait que l'élection de Clément VII ait été approuvée par l'Église Universelle. Le texte de Rohrbacher réfute d'ailleurs d'emblée son affirmation controuvée très-clairement, sans équivoque : "... Clément VII, qui n'est point reconnu comme tel [comme vrai pape] par l'Église romaine [qui est le "nom d'humilité" (Journet) de l'Église Universelle quant à tout ce qui touche aux élections pontificales], où l'on ne reconnaît de Clément VII que Jules de Médicis, successeur de Léon X, au seizième siècle". On ne peut s'empêcher de se demander comment Mgr Viganò a pu asseoir l'opinion si manifestement fausse par tous les côtés où on la prend, comme nous l'allons voir maintenant, que le Clément VII du temps d'Urbain VI ait été approuvé par l'Église Universelle...           
           
        Premièrement, nous avons assez vu plus haut que l'archevêque de Bari fut le sujet d'une élection pontificale parfaitement valide, étant donc, depuis lors, le seul pape légitime actuel de toute l'orbe catholique. Comme on l'a déjà vu également, si les cardinaux français qui se sont dressés contre lui avaient reconnu la validité impeccable de son élection au Siège de Pierre, alors, en présence d'un pape vrai pape, ils auraient pu canoniquement, dans la majorité canonique du Sacré-Collège qui donc s'était détachée complètement de lui, acter ensemble sa déchéance, qui aurait eu pleine valeur, sur le plan théologique. Mais, aveuglés par leur passion, orgueil et haine d'Urbain, ils ne voulurent pas même considérer la validité de l'élection pontificale qu'ils avaient pourtant eux-mêmes dûment faite de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre ! Ainsi donc, canoniquement, ne voulant considérer Urbain que comme un intrus sur le Siège de Pierre, c'est-à-dire n'ayant jamais été pape, ils se mirent eux-mêmes théologiquement hors-course, ne pensant pas même, dès lors, à acter une déchéance canonique d'un pape qu'ils ne veulent considérer que comme n'ayant jamais été pape. Au final, ce qu'il faut retenir sur le plan théologique, c'est que les cardinaux français n'ont pas acté la déchéance d'Urbain dans leur majorité canonique, et donc, condamnant par-là eux-même leur propre cause, ils n'ont pu empêcher que Urbain VI, qu'ils avaient légitimement élu, ne... restât pleinement et validement le seul pape légitime.           
           
        Et c'est alors que ce pape certainement pape, dès qu'il vit qu'il était abandonné par tous ses cardinaux aveuglés par leur haine et rancœur, va les prendre de vitesse. Il crée pour les remplacer le 18 septembre 1378 vingt-six nouveaux cardinaux, certainement cardinaux puisque lui, Urbain VI, restait toujours certainement vrai pape actuel. Dès lors, le Sacré-Collège se composait désormais, à partir de cette date, non plus seulement des vingt-trois cardinaux créés par Grégoire XI, en place dans le début de la crise, mais était augmenté des nouveaux cardinaux créés par Urbain VI, soit vingt-six, ce qui portait la composition du Sacré-Collège à quarante-neuf cardinaux.           
           
        Or, bien sûr, pour qu'une nouvelle élection pontificale postérieure au 18 septembre 1378 soit valide, comme étant faite légitimement par la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice, il fallait désormais nécessairement qu'elle soit faite par les deux/tiers plus un des... quarante-neuf cardinaux, soit par trente-trois cardinaux.           
           
        Ce qui signifie très-clairement que l'élection de Clément VII faite deux jours après la création de vingt-six nouveaux cardinaux par le pape Urbain, le 20 septembre 1378, par seulement quinze des cardinaux français, n'était pas valide et ne pouvait l'être d'aucune manière, non seulement parce que Urbain VI était toujours vrai pape, mais comme étant faite seulement par une fraction non-canonique du Sacré-Collège, n'étant pas approuvée par les deux/tiers du Sacré-Collège cardinalice plus un, seuls qualifiés pour représenter l'Église Universelle dans toute élection pontificale.           
           
        Ce qui convainc d'erreur totale Mgr Viganò, lorsqu'il dit le plus faussement du monde, trompant gravement ceux qui le lisent : "En 1378, après l'élection du pape Urbain VI, la majorité des cardinaux, des prélats et du peuple ont reconnu Clément VII comme pape, alors qu'il était en réalité un antipape". On se demande franchement où Mgr Viganò a été pêché cela ! "La majorité des cardinaux, des prélats et du peuple" reconnaissant comme pape Clément VII... n'était en réalité réduite qu'à... quinze cardinaux français félons et rebelles claquemurés à volets fermés dans le palais du comte de Fondi, lesquels, n'atteignant nullement par leur nombre réduit la majorité canonique des deux/tiers plus un du Sacré-Collège composé, après le 18 septembre 1378, de quarante-neuf cardinaux, ne pouvaient donc en aucune manière représenter l'Église Universelle à eux tout seuls. C'est pourquoi, immédiatement après sa pseudo-élection, Clément VII se trouve en compétition avec le pape Urbain VI et tous ceux qui lui faisait obédience, à peu près la moitié de l'orbe catholique toute entière, lui ôtant ainsi la moitié des suffrages de toute l'Église. Il est donc complètement faux de dire que Clément VII fut approuvé par l'Église Universelle. Et c'est bien pourquoi l'Église Universelle ne l'a jamais reconnu comme vrai pape, ni sur le moment ni par après, on en a la preuve pratique, de facto, par le simple fait que plus d'un siècle après, un pape postérieur légitime a pris le nom pontifical de Clément VII, et non VIII.           
           
        Non seulement donc, Clément VII ne fut qu'un anti-pape, ayant été élu par une fraction non-canonique du Sacré-Collège alors qu'Urbain était et restait toujours le pape actuel légitime, mais cet anti-pape n'a jamais été le sujet de la Reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de vrai pape actuel, qui ne peut être actée que par la majorité canonique du Sacré-Collège.          
           
        Or, si l'on exclue, comme la vérité historique oblige à le faire, le cas de l'antipape Clément VII, IL N'Y A AUCUN CAS D'ANTIPAPE DANS TOUTE L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE QUI AURAIT SOI-DISANT ÉTÉ APPROUVÉ PAR L'ÉGLISE UNIVERSELLE. Je jette le gant et défie bien personnellement tout sédévacantiste de prouver jamais le contraire, en ce compris Mgr Viganò. Ce qui montre bien que la loi fondamentale de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel, est véridique et règle prochaine de la Légitimité pontificale.           
           
        Sur cela, pour le dire en passant, la journaliste tradi Michèle Reboul s'était fort avilie lorsque, dans un accès de fièvre sédévacantiste maligne, elle avait, dans les années 1990 si mes souvenirs sont bons, diffusé une liste de papes salement accouplés avec des antipapes très-nombreux, sans marquer aucune différence entre les uns et les autres, en… "oubliant" juste de préciser qu'AUCUN, parmi les nombreux antipapes listés, n'avait bénéficié de l'acte infaillible de la reconnaissance ecclésiale universelle sur sa schismatique personne…! Le sacrilège mélange laissait à penser au lecteur, d'une manière très-impie, que les élections pontificales n'étaient donc vraiment que, mille pardons, des... "bordels de foutoirs".
 
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        ... Hélas, Mgr Viganò, mû par l'hérésie sédévacantiste, ne trompe pas ses lecteurs seulement sur ce seul point dans son texte, il continue en les trompant sur un autre point important qu'on va maintenant aborder, toujours dans le même mauvais sens sédévacantiste.           
           
        Il voudrait pouvoir arguer, dans plusieurs passages de sa diatribe, que François n'aurait pas l'intention du Bien-Fin de la Papauté, telle qu'elle a été fondée par le Christ. Je le cite : "Ainsi, en prenant acte du fait que Bergoglio est un hérétique - et Amoris Lætitia ou sa déclaration sur l'immoralité intrinsèque de la peine capitale suffiraient à le prouver - nous devons nous demander si l'élection de 2013 a été en quelque sorte invalidée par un défaut de consentement, c'est-à-dire si l'élu a voulu devenir pape de l'Église catholique". Et donc, croit-il pouvoir en déduire, le fait que François ne veuille pas être pape comme le Christ l'a voulu pour l'Église, est une cause dirimante qui invalide son élection de 2013.           
           
        Là encore, on est bien obligé de constater à nouveau que Mgr Viganò s'enferre dans son raisonnement sédévacantiste hérétique, qui fait abstraction totale de l'Assistance du Saint-Esprit à l'Église Universelle dans les élections pontificales, assurant infailliblement, à toutes et chacune d'elles depuis saint Pierre, leur validité formelle, à partir du moment où elles sont théologiquement achevées, ce qui est formellement le cas dès lors que l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel est acté sur le nouvel élu au Siège de Pierre.           
           
        Voilà comment doit raisonner en effet le catholique orthodoxe, ce que n'est pas hélas, sur le sujet, Mgr Viganò : supposons un papabile hérétique qui n'a pas l'intention de réaliser le Bien-Fin de l'Église, mais cela est caché à la grande majorité des cardinaux qui doivent élire un nouveau pape, et, habile à séduire et déguiser son apostasie, il recueille de plus en plus de voix cardinalices sur sa tête dans le conclave. Éh bien !, il est de Foi, de fide, que ce loup déguisé en agneau ne pourra pas recueillir les deux/tiers des voix cardinalices plus une, théologiquement nécessaires pour le faire vrai pape, verus papa, le Saint-Esprit, qui n'a pas le Bras raccourci, suscitera un évènement ou un autre pour l'empêcher.
           
        C'est ce qu'explique fort bien le cardinal Louis Billot, très-grand théologien néo-thomiste, une des dernières grandes figures cardinalices avant la tourmente vaticandeuse sous les papes Pie X et Pie XI, en prenant l'exemple de Savonarole qui opinait à tort que le pape Alexandre VI était hérétique et que donc il n'était pas pape. Billot objecte immédiatement contre cette opinion le raisonnement de Foi en la matière, que je conseille fort à Mgr Viganò de méditer à deux genoux devant son crucifix : impossible que le pape Alexandre VI soit hérétique formel, puisque il est approuvé et reconnu comme vrai pape par toute l'Église. Et bien sûr, le même raisonnement est à faire quant au pape François. Mais lisons le cardinal Billot dans les mots mêmes qu'il emploie : "… Disons ce mot, au passage, contre ceux qui, cherchant à justifier certaines tentatives de schisme faites à l'époque d'Alexandre VI, allèguent que l'instigateur de ce schisme répandait qu'il avait des preuves très-certaines de l'hérésie d'Alexandre, et qu'il serait prêt à les révéler dans un concile général. Sans donner d'autres raisons qui permettraient de réfuter aisément cette opinion, qu'il suffise de rappeler ceci : il est certain que lorsque Savonarole écrivait ses lettres aux princes [pour dénoncer cette soi-disant "hérésie" d'Alexandre VI], toute la chrétienté adhérait à Alexandre VI et lui obéissait comme au vrai pontife. POUR CETTE RAISON MÊME, ALEXANDRE VI N'ÉTAIT PAS UN FAUX PAPE, MAIS UN PAPE LÉGITIME. DONC, IL N'ÉTAIT PAS HÉRÉTIQUE, au moins dans ce sens qu'un héré­tique cesse d'être membre de l'Église et qu'il est privé en conséquence, par la nature même des choses, du pouvoir pontifical et de toute autre juridiction" (De Ecclesio, cardinal Billot, t. XXIX, § 3, p. 612-613).           
           
        Voilà un point de Foi qui détruit complètement le raisonnement schismatico-hérétique que fait Mgr Viganò quant au pape François dont il veut supposer qu'il est hérétique formel, comme n'ayant pas l'intention de remplir l'office de pape tel que le Christ l'a constitué, et que donc il faut professer qu'il n'est pas pape. Pour paraphraser Billot : Il est certain que lorsque Mgr Viganò écrit sa diatribe pour dénoncer aux fidèles la soi-disant hérésie formelle de François, toute la Chrétienté adhère à François et lui obéit comme au vrai pontife. Pour cette raison même, François n'est pas un faux pape, mais un pape légitime. Donc, il n'est pas hérétique formel, etc.           
           
        Causa finita est, la cause est finie.
 
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        Dans le même ordre d'idées sédévacantistes fausses, Mgr Viganò évoque évasivement aussi le fait que l'élection de François pourrait bien avoir fait préalablement l'objet d'intrigues secrètes de la part de certains cardinaux en liaison avec ce qu'il appelle "l'église profonde" et "l'état profond", ce qui, argue-t-il, invaliderait son élection pontificale... quand bien même celle-ci a fait l'objet de l'infaillible reconnaissance ecclésiale universelle qui assure de fide au catholique qu'elle est valide... mais de cela, le sédévacantiste, on ne le sait que trop, n'a cure, considérant comme inexistant ce Digitus Dei hic est du Saint-Esprit, et donc inexistant le... Saint-Esprit Lui-même, excusez du peu.           
           
        Mgr Viganò rejoint là le raisonnement du cardinal Raymond Burke qui, partant d'une pure supputation complotiste qui n'est absolument pas démontrée, il le reconnaît lui-même, celle dite du "groupe de Saint-Gall" (il est bon de rappeler que le cardinal Kasper a formellement démenti qu'il ait été question d'élection pontificale dans ces réunions, dont il était un des principaux membres), a invoqué le § 79 de la Constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II sur les élections pontificales, lequel, selon lui, pourrait invalider l'élection de François au Siège de Pierre, laquelle pourtant a été théologiquement dûment faite par la majorité canonique des cardinaux jusqu'à son "oui, accepto" et ne peut donc qu'être valide, car elle aurait été possiblement obtenue par un pacte secret entre grands-cardinaux électeurs, en quelque sorte par "délit d'initiés" pourrait-on dire dans un langage de financiers modernes...          
           
        Or, notre cardinal de mouvance conservatrice, et Mgr Viganò derrière lui, visiblement trop pressés, ont mal lu ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II. Je le cite textuellement, tout d'abord : "§ 79. ― De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".           
           
        Cependant, pour bien comprendre la théologie qui sous-tend ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales, il faut lire préalablement le n° 78 où elle est exposée explicitement, qui a trait aux élections pontificales simoniaques. Le cardinal Burke est vraiment en faute de ne l'avoir point fait. Pour ce qui est de moi, que Dieu a consacré et qui me suis consacré à la vérité intégrale et non intégriste quant à la théologie de "la crise de l'Église", je lis donc ensemble ces deux numéros 78 & 79, parce que c'est seulement de cette manière que l'on aura le vrai sens de ce qu'il faut entendre dans le n° 79:       
           
        "§ 78. ― Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23).          
           
        "§ 79. ― DE MÊME, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".   
           
        Voyons maintenant ce que Jean-Paul II mettait dans sa note 23, qui fonde sur la Tradition magistérielle tout le raisonnement qu'il tient dans ce n° 78, qui, lui-même, va être l'assise doctrinale du n° 79 : "Cf. S. PIE X, Const. ap. Vacante Sede Apostolica (25 décembre 1904), n. 79 : Pii X Pontificis Maximi Acta, III, (1908), p. 282 ; PIE XII, Const. ap. Vacantis Apostolicæ Sedis (8 décembre 1945), n. 92 : AAS 38 (1946), p. 94 ; PAUL VI, Const. ap. Romano Pontifici eligendo (1er octobre 1975), n. 79 : AAS 67 (1975), p. 641".           
           
        Ainsi donc, il suffisait de... bien lire (!) la constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales pour invalider complètement le raisonnement sédévacantiste attentatoire à la Constitution divine de l'Église qu'ose tenir le cardinal Raymond Burke, auquel Mgr Viganò se rallie, au moins implicitement. Le raisonnement que tient Jean-Paul II dans ces numéros 78 & 79 est en effet le suivant : si une élection pontificale est délictueuse ou défectueuse, soit par simonie soit par intrigues, sont excommuniés tous ceux qui prennent part active à ce délit ou cette défectuosité, MAIS L'ÉLECTION DU NOUVEAU VICAIRE DU CHRIST AINSI FAITE ET ENTACHÉE, EST ET RESTE VALIDE. Et la même règle fondamentale régit toute élection pontificale qui serait délictueuse ou défectueuse pour une raison ou pour une autre, de droit divin ou de droit canon, car elle est basée sur la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui veut qu'une élection pontificale ne saurait plus être entachée d'aucun vice, ni de forme ni de fond, à partir du moment où elle est reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice.        
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs, Jean-Paul II introduit son § 79 par "DE MÊME", qui le lie formellement dans le raisonnement théologique au § 78, c'est-à-dire que le même raisonnement théologique qu'on y a vu, qui excommunie les fauteurs de simonie mais ne touche en rien à la validité de l'élection pontificale simoniaque, s'applique également à une élection pontificale entachée d'intrigues.           
           
        La conclusion est donc des plus certaines : même si l'élection de François succédant à Benoît XVI avait été faite par "délit d'initiés", par intrigues secrètes entre grands cardinaux électeurs, ce qui serait certes un vice dans son élection, les cardinaux qui se seraient rendus coupables d'un tel délit seraient excommuniés, MAIS L'ÉLECTION DU PAPE FRANÇOIS QU'ILS AURAIENT AINSI FAITE FRAUDULEUSEMENT SERAIT ET RESTERAIT VALIDE.           
           
        Mais nous n'avons pas encore recueilli tout le fruit excellent, très-catholique, du raisonnement que tient Jean-Paul II quant aux élections du Pontife romain. Après avoir dit, s'appuyant pour cela sur ses prédécesseurs, les Pie X, Pie XII et Paul VI, dans sa Constitution sur les élections pontificales, que les élections pontificales simoniaques, c'est-à-dire canoniquement entachées, n'en restent pas moins parfaitement valides, il en donne la raison théologique : "... et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23)".           
           
        ― "Comme cela a été établi par mes Prédécesseurs". Jean-Paul II faisait là briève mais fort exacte allusion principalement à la Constitution du pape Pie X sur les élections pontificales, de 1904. Pie X fut effectivement le premier pape à supprimer la nullité des élections pontificales simoniaques.           
           
        ― "Afin que, pour cette raison, (...) ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain" : c'est implicitement professer qu'une élection pontificale théologiquement achevée par la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de vrai pape sur le nouvel élu au Siège de Pierre, ne saurait jamais être remise en cause et déclarée invalide, pour quelque cause que ce soit... et c'est précisément là retomber dans la doctrine catholique sur le sujet, que je mets bien haut sur le chandelier dans mon présent article, comme je l'ai sans cesse fait dans tant d'autres que j'ai écris depuis plus de vingt-cinq ans, doctrine catholique hérétiquement niée par les schismatico-sédévacantistes de tout poil.           
           
        Là encore : causa finita est.
 
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        Il me tient beaucoup à cœur et à grand'devoir de régler un autre point, fort important pour bien comprendre le fond de "la crise de l'Église", que le sédévacantiste, par son attitude mentale fanatique et obscurantiste, ne saurait comprendre.           
           
        À lire Mgr Viganò dans sa diatribe virulente, on serait presque tenté de croire que le pape François serait la cause principale de "la crise de l'Église" !, on aurait presque envie d'en déduire : éh bien, mais alors, mais réglons-lui son compte à celui-là, faisons-lui son affaire, destituons-le, et même n'hésitons pas à faire un autre pape, comme les orgueilleux cardinaux français du temps d'Urbain VI l'ont fait et comme des sédévacantistes l'ont fait eux aussi, tout aussi orgueilleusement, ... et pourquoi pas choisir Mgr Viganò lui-même puisqu'aussi bien il a été "élu pape" à la place de François en 2019 par les fanatiques chorévêques sédévacs du Patriarcat Catholique Byzantins (cf. mon précédent article, au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/...%20HABEMUS%20PAPAM%20!!!?Itemid=154), et alors, alors, l'Église pourra repartir sur de bonnes bases...!             
           
        Or, bien sûr, il serait ridicule de faire pareil raisonnement. Il faut dépassionner le problème, le dépersonnaliser quant à la fonction pontificale, pour bien comprendre "la crise de l'Église". Loin que celle-ci soit imputable au seul François, et c'est juste une grossière évidence que de le dire, elle remonte beaucoup plus loin, Mgr Viganò d'ailleurs le reconnaît, n'hésitant pas à incriminer Vatican II comme source du mal ecclésial contemporain ; et c'est louable de sa part, lui qui est resté les pieds dans une Église vaticandeuse sans réagir jusqu'à la scandaleuse crise Mc-Carrick, autrement dit jusque très-tard dans ces dernières années donc, étant véritablement un ouvrier de la onzième heure et demi dans le combat de la Foi.           
           
        Prenons par exemple l'allégeance des papes modernes au mondialisme initiatique. Mais je commence par citer le reproche violent fait à François par Mgr Viganò de son mondialisme : "La participation de Bergoglio à un événement sponsorisé par la Fondation Clinton, après d'autres soutiens non moins scandaleux de l'élite mondialiste, confirme son rôle de liquidateur de la faillite de l'Église, dans le but de lui substituer la constitution de cette Religion de l'Humanité qui servira de servante à la synarchie du Nouvel Ordre Mondial".           
           
        Or, la vérité, c'est qu'en faisant allégeance au mondialisme, François ne fait là rien d'autre que prendre la succession et l'héritage maudit de TOUS les papes modernes, peu ou prou.           
           
        Voyons cela de plus près et dans le grand détail, c'est évidemment très-important pour avoir une vraie vue des choses de "LA PASSION DE l'ÉGLISE". Commençons par noter que saint Jean-Paul II a reçu les membres de la Trilatérale en 1983, ces francs-maçons ouvertement mondialistes du pire mondialisme initiatique, dont la Fondation Clinton n'est guère qu'un épigone parmi d'autres, en les accueillant d'un chaleureux : "C'est avec plaisir que je rencontre les membres de la Commission Trilatérale" (cf. Documentation Catholique numéro 1852, p. 516).           
           
        Et Jean-Paul II ne faisait là que suivre Paul VI. Son discours à l'ONU du 4 octobre 1965, où il prostitue d'une manière éhontée, humiliante et affreuse, le Siège de Pierre et toute l'Église à la prostituée de Babylone, au mondialisme, comme peut-être aucun autre pape avant et après lui ne l'a fait, pas même François, le montre abominablement.           
           
        En voici un florilège éloquent : "Les peuples se tournent vers les Nations Unies comme vers l’ultime [!!] espoir de la concorde et de la paix ; Nous osons apporter ici, avec le Nôtre, leur tribut d’honneur et d’espérance [!!!]" ― "En plus de notre hommage personnel, Nous vous apportons celui du second Concile œcuménique du Vatican, actuellement réuni à Rome : en leur nom comme au Nôtre, à vous tous, honneur et salut !" ― "C'est depuis longtemps que Nous sommes en route, et Nous portons avec Nous une longue histoire ; Nous célébrons ici l'épilogue d'un laborieux pèlerinage à la recherche d'un colloque avec le monde entier, depuis le jour où il Nous fut commandé «Allez porter la bonne nouvelle à toutes les Nations !» Or, c'est vous qui représentez toutes les nations [Quelle scandaleuse tricherie dans ces phrases ! Comme si l'Église avaient vécu ses vingt siècles de christianisme aux fins ultimes de pouvoir... épouser le monde dans un colloque, c'est-à-dire un dialogue non-convertisseur, pire, un dialogue où c'est le Vicaire du Christ qui se convertit et convertit l'Église au monde via l'ONU !!! Un colloque qui contredit du tout au tout le commandement évangélique cité !!!] ― "Laissez-Nous vous dire que Nous avons pour vous tous un message, oui, un heureux message, à remettre à chacun d'entre vous. Notre message veut être tout d'abord une ratification morale et solennelle de cette haute institution, (...) convaincu comme Nous le sommes que cette Organisation représente le chemin obligé de la civilisation moderne et de la paix mondiale [!!!]" ― "L'édifice que vous avez construit ne doit plus jamais tomber en ruines : il doit être perfectionné et adapté aux exigences que l'histoire du monde présentera. Vous marquez une étape dans le développement de l'humanité : désormais, impossible de reculer, il faut avancer" ― "Vous ne conférez certes pas l'existence aux États : mais vous qualifiez comme dignes de siéger dans l'assemblée ordonnée des peuples chacune des nations, vous lui garantissez une honorable citoyenneté internationale. C'est déjà un grand service rendu à la cause de l'humanité" ― "... Tel est Notre éloge et Notre souhait, et comme vous le voyez Nous ne les attribuons pas du dehors : Nous les tirons du dedans, du génie même de votre Institution [!!!]"― "Vous êtes une Association. Vous êtes un pont entre les peuples. Vous êtes un réseau de rapports entre les États. Nous serions tentés de dire que votre caractéristique reflète en quelque sorte dans l'ordre temporel ce que notre Église Catholique veut être dans l'ordre spirituel : unique et universel [Propos scandaleusement blasphématoire !!! Paul VI ose dire que l'ONU réalise le Royaume, c'est-à-dire la partie temporelle de l'Église, ni plus ni moins !!! C'est à ce genre de détours que l'on voit bien que les papes modernes ont complètement cédé à la tentation du pseudo-Millenium de l'Antéchrist ou mondialisme initiatique...]. On ne peut rien concevoir de plus élevé sur le plan naturel, dans la construction idéologique de l'humanité [??!]" ― "Qui ne voit la nécessité d'arriver ainsi progressivement à instaurer une autorité mondiale en mesure d'agir efficacement sur le plan juridique et politique ?" ― "Ici encore, nous répétons Notre souhait : allez de l'avant !" ― "Vous avez, Messieurs, accompli, et vous accomplissez une grande œuvre : vous enseignez aux hommes la paix [Propos scandaleux, inouïs, blasphématoires, antéchrists au plus haut point !!! Ce n'est plus le Christ qui donne la paix au monde "Je vous donne MA paix", pour Paul VI c'est l'ONU qui la donne, et c'est le pape qui ose dire cela !!!]" ― "L'ONU est la grande école où l'on reçoit cette éducation, et nous sommes ici dans l'Aula Magna de cette école [!!!]. Quiconque prend place ici devient élève et devient maître dans l'art de construire la paix [!!!]. Et quand vous sortez de cette salle, le monde regarde vers vous comme vers les architectes, les constructeurs de la paix [!!!]" ― "Mais vous, votre courage et votre valeur vous poussent à étudier les moyens de garantir la sécurité de la vie internationale sans recourir aux armes (...). Et pour cela, il faut que grandisse la confiance unanime en cette Institution, que grandisse son autorité ; et le but alors (on peut l'espérer) sera atteint" ― "Vous ne vous contentez pas de faciliter la coexistence entre les nations : vous faites un bien plus grand pas en avant, digne de Notre éloge et de Notre appui : vous organisez la collaboration fraternelle des Peuples. Ici s'instaure un système de solidarité qui fait que de hautes finalités, dans l'ordre de la civilisation, reçoivent l'appui unanime et ordonné de toute la famille des Peuples, pour le bien de tous et de chacun. C'est ce qu'il y a de plus beau dans l'Organisation des Nations Unies, c'est son visage humain le plus authentique [!!!] ; c'est l'idéal dont rêve l'humanité dans son pèlerinage à travers le temps ; c'est le plus grand espoir du monde [!!!] ; Nous oserons dire : c'est le reflet du dessein de Dieu (dessein transcendant et plein d'amour) pour le progrès de la société humaine sur la terre, reflet où Nous voyons le message évangélique, de céleste, se faire terrestre [On voit très-bien ici le pape céder complètement à la tentation de prendre le mondialisme initiatique ou pseudo-Millenium antéchristique pour le vrai Millenium, le vrai Royaume...]" ― "Mais il ne suffit pas de nourrir les affamés, encore faut-il assurer à chaque homme une vie conforme à sa dignité. Et c'est ce que vous vous efforcez de faire. N'est-ce pas l'accomplissement, sous Nos yeux, et grâce à vous, de l'annonce prophétique qui s'applique si bien à votre Institution : «Ils fondront leurs épées pour en faire des charrues et leurs lances pour en faire des faux» (Is II, 4) [Cette prophétie d'Isaïe concerne le Millenium qui sera instauré par le Christ glorieux après la chute de l'Antéchrist-personne... et non avant : continuation de l'illuminisme pseudo-millénariste du pape, qui ose blasphématoirement appliquer les prophéties divines qui ont trait au Royaume de la gloire du Christ ou Millenium, d'essence surnaturelle-eschatologique, au projet mondialiste initiatique antéchristique...] ? N'employez-vous pas les prodigieuses énergies de la terre et les magnifiques inventions de la science non plus en instruments de mort, mais en instruments de vie pour la nouvelle ère de l'humanité ?" (fin de citation).           
           
        Paul VI, dans un passage que je n'ai pas cité de ce dithyrambe spirituellement impudique à la louange de l'ONU, qui nous couvre de honte cuisante et remue en même temps dans notre âme une sainte-colère Boanergès, évoquait la dernière encyclique de Jean XXIII, Pacem in terris, en 1963. Éh oui, il nous faut remonter encore plus haut dans la papauté, pour comprendre que les papes modernes sont pervertis depuis longtemps par le mondialisme initiatique, François n'étant en définitive presque qu'un pâle épigone. Ayons le courage de la Foi de le faire, et parcourons donc un peu cette encyclique de 1963 :           
           
        Pour commencer, notons que c'est la première fois depuis la Révolution, que les "droits de l'homme" sont reconnus bons et sains en soi par un pape dans une encyclique, via la formule de 1948 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, éloge de Jean XXIII à peine bémolisé par de vagues réserves non-formulées expressément. Or, bien sûr, les "droits de l'homme" sont le fondement métaphysique du mondialisme initiatique... Mais toute l'encyclique est bâtie sur les "droits de l'homme" d'un humanisme pseudo-chrétien intégral à la Maritain menant inéluctablement au mondialisme, qui va être, comme on va le voir, montré par le pape aux peuples comme une nécessité non seulement primordiale mais urgente à mettre en œuvre (... en 1963 !), un aboutissement de leur destinée commune moralement... obligatoire. Autrement dit, sous Jean XXIII, "valeurs laïques et valeurs chrétiennes sont appelées à se conforter pour promouvoir fraternellement la liberté et l’égalité dans la société qui naît aujourd’hui", comme blablatait l’épiscope Defois qui sévissait à la tête de l'épiscopat français dans les années 1990. C’est-à-dire que cesdites valeurs, mises sur pied d'égalité, deviennent parfaitement synonymes : ce qui signifie que le christianisme se laïcisant de l’intérieur et le laïcisme se christianisant par l’extérieur, se rejoignent et s'épousent pour engendrer le monstre d'iniquité d'une société mondialiste complètement antéchristisée qui sex-appeal le surgissement soudain d'un "homme providentiel" pour la diriger, "l'homme-qui-vient" (Soloviev), l'Antéchrist-personne, venant couronner le mondialisme initiatique dans son règne... que le monde et les papes lui auront préparé.           
           
        Mais restons à notre sujet précis, l'allégeance du pape Jean XXIII au mondialisme onusien. Il ne faut pas chercher loin dans Pacem in terris pour la trouver...           
           
        Après avoir dit qu'à notre époque plus aucun peuple ne peut vivre dans l'indépendance par rapport aux autres peuples (= "On voit par là qu'un pays pris isolément n'est absolument plus en mesure de subvenir convenablement à ses besoins, ni d'atteindre son développement normal. Le progrès et la prospérité de chaque nation sont à la fois cause et effet de la prospérité et du progrès de toutes les autres" ― § 131), le pape, le Vicaire du Christ-Roy, pose la nécessité absolue d'instaurer... un gouvernement mondial : "De nos jours, de profonds changements sont intervenus dans les rapports entre les États. D'une part, le bien commun universel soulève des problèmes extrêmement graves, difficiles, et qui exigent une solution rapide, surtout quand il s’agit de la défense de la sécurité et de la paix mondiales. D'autre part, au regard du droit, les pouvoirs publics des diverses communautés politiques se trouvent sur un pied d'égalité les uns à l'égard des autres ; ils ont beau multiplier les Congrès et les recherches en vue d'établir de meilleurs instruments juridiques, ils ne parviennent plus à affronter et à résoudre efficacement ces problèmes. Non pas qu'eux-mêmes manquent de bonne volonté et d'initiative, mais c'est l'autorité dont ils sont investis qui est insuffisante. Dans les conditions actuelles de la communauté humaine, l'organisation et le fonctionnement des États aussi bien que l'autorité conférée à tous les gouvernements ne permettent pas, il faut l'avouer, de promouvoir comme il faut le bien commun universel" (§§ 134-135).
 
        Après ces prolégomènes qui font plus que flécher, comme Bison futé, la direction à suivre, Jean XXIII, de conclure cqfd : "De nos jours, le bien commun universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d'action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l'étendue de la terre. C'est donc l'ordre moral lui-même qui exige la constitution d'une autorité publique de compétence universelle" (§ 137) !!!
 
        Mais vous voudriez peut-être vous dire, amis chrétiens, que cette "autorité publique de compétence universelle" n'est pas dite par le pape devoir être sous égide de l'ONU, qu'elle pourrait donc ne pas faire référence au mondialisme initiatique ? Détrompez-vous. Jean XXIII, anticipant le délire fou de Paul VI dans Pacem in terris (qui d'ailleurs, probablement, fut écrite par le cardinal Montini futur Paul VI), et, nous allons le voir, ne faisant lui-même que suivre Pie XII sur cela, va explicitement faire découler cette dite autorité mondiale... de l'autorité de l'ONU.           
           
        Après donc avoir posé quasi "théologiquement" la nécessité morale pour nos temps de l'établissement d'un nouvel ordre mondial à base d'humanisme intégral, Jean XXIII poursuivait : "Cet organisme de caractère général, dont l'autorité vaille au plan mondial et qui possède les moyens efficaces pour promouvoir le bien universel, doit être constitué par un accord unanime" (§ 138) ; et de préciser plus damnablement encore : "Pas plus que le bien commun d'une nation en particulier, le bien commun universel ne peut être défini sans référence à la personne humaine. C'est pourquoi les pouvoirs publics de la communauté mondiale doivent se proposer comme objectif fondamental la reconnaissance, le respect, la défense et le développement des droits de la personne humaine. Ce qui peut être obtenu soit par son intervention directe, s'il y a lieu [c'est-à-dire que le pape suppose révolutionnairement une autorité mondiale qui puisse annihiler carrément, dans certains cas, l'autorité souverainiste de toutes et chacune des nations...!!], soit en créant sur le plan mondial les conditions qui permettront aux gouvernements nationaux de mieux remplir leur mission" (§ 139).           
           
        Tout pouvoir est donc donné par le pape à l'organisme juridique international mondialiste sur tout homme (... Bill Gates et Ursula von der Leyen seraient ravis de lire cela, n'est-ce pas leur plan de donner à l'OMS, branche de l'ONU, tout pouvoir vaccinal sanitaire sur toutes les nations, donc sur tous les hommes, en court-circuitant l'autorité des nations ?), et de plus il est évident ici que les droits de la personne humaine sont rigoureusement pensés et normés en adéquation avec la très-athée Déclaration universelle des droits de l'homme dont le pape ose dire qu'il s'agit d'"un des actes les plus importants accomplis par l'ONU" (§ 143)...!!! Convenez avec moi que l'Antéchrist-personne n'aura presque rien à faire quand il prendra les rênes de l'ONU, le pape lui aura mâché tout le boulot, lui aura tout préparé, ayant conféré à l'organisme universel qu'il n'aura qu'à patronner, tous pouvoirs clef en mains ! Il n'aura plus qu'à tourner la clef de contact... C'est alors que se comprend d'autant mieux la grande prophétie apocalyptique : "Je te garderai de l'heure de la tentation qui va s'abattre sur l'univers entier" (III, 10)... une tentation universelle mise en œuvre ou du moins sponsorisée, donc, par les papes modernes.           
           
        Justement, le pape moderne "antéchristisé" de Pacem in terris voit un signe des temps, justement, dans... la création de l'ONU : "Comme chacun sait, le 6 juin 1945, a été fondée l'Organisation des Nations Unies (ONU), à laquelle sont venus se rattacher, par la suite, des organismes intergouvernementaux. À ces organisations ont été confiées de vastes attributions de portée internationale, sur le plan économique et social, culturel, éducatif et sanitaire. Le but essentiel de l'Organisation des Nations Unies est de maintenir et de consolider la paix entre les peuples, de favoriser et de développer entre eux des relations amicales, fondées sur le principe de l'égalité, du respect réciproque et de la collaboration la plus large dans tous les secteurs de l'activité humaine" (§ 142). Puis encore, Jean XXIII approuve la très-athée Déclaration universelle des droits de l'homme : "Nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l'établissement d'une organisation juridico-politique de la communauté mondiale" (§ 144) !!! C'est là qu'on voit bien que les papes modernes ont cédé pas à n'importe quel mondialisme, mais au mondialisme initiatique qui mènera au règne de l'Antéchrist-personne. Ce n'est plus seulement du délire abstrait et utopique dans les nuages, c'est de l'apostasie pure et simple.
 
        Puis enfin, quittant le ton neutre et doctoral de l'encyclique, le pape livre le fond de son cœur pontifical, il montre son grand et immense bonheur de... l'existence de l'ONU, dont Pie XII avait dit dans son Message de Noël 1944, nous allons le voir car il faut actionner encore d'un cran en arrière la machine pontificale à remonter le temps, que "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution [menant à la création de l'ONU] avec plus de joie, PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici [que Nous-même]". Jean XXIII n'est pas en reste : "Nous désirons donc vivement que l'organisation des Nations Unies puisse de plus en plus adapter ses structures et ses moyens d'action à l'étendue et à la haute valeur de sa mission. Puisse-t-il arriver bientôt, le moment où cette Organisation garantira efficacement les droits qui dérivent directement de notre dignité naturelle, et qui, pour cette raison, sont universels, inviolables et inaliénables. Ce vœu est d'autant plus ardent qu'aujourd'hui les hommes participent davantage aux affaires publiques de leur propre pays, qu'ils témoignent d'un intérêt croissant pour les problèmes de portée mondiale et prennent une conscience plus vive de leur qualité de membres actifs de la famille humaine universelle" (§ 145).
 
        Donc : la sauvegarde de ma dignité d'homme ne me vient plus de Dieu par Sa Providence, comme la Foi catholique me l'enseigne, elle est commise aux hommes et doit me venir uniquement par eux... vive la bigbrothérisation orwelienne de la société. Comment, ici, ne pas penser à l'anathème de saint Paul : "QUAND LES HOMMES DIRONT «PAIX & SÉCURITÉ», SUBITEMENT LA CATASTROPHE LES SAISIRA COMME LES DOULEURS PRENNENT LA FEMME QUI VA ENFANTER, ET ILS N'ÉCHAPPERONT PAS"(I Thess V, 3). Combien saint Paul nous révèle là que les hommes déclenchent la Sainte-Colère de Dieu sur eux lorsque, tels les antiques rebelles de la tour de Babel, ils veulent établir par eux-mêmes la paix mondiale...! Alors, voir que ce sont les papes qui les poussent ardemment à cela...!!! Oh ! quelle tristesse de voir que ce sont les papes modernes qui réalisent les prophéties concernant les derniers Temps, qui appellent véhémentement, via le mondialisme initiatique, le règne de l'Antéchrist-personne...           
           
        Et je remonte à présent au pape Pie XII, appelant très-ardemment de tous ses vœux pontificaux, dans le Message de Noël 1944, cette paix mondiale que les hommes créent, se donnent entre eux dans des instances internationales qu'ils érigent eux-mêmes démocratiquement et qui seront le substrat mondialiste initiatique du pouvoir de l'Antéchrist-personne (je tire cela de mon Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, pp. 265, sq.) :           
           
        "... Pie XII, à la fin de la guerre, ne se retient plus. Dans cette dernière allocution urbi & orbi, immédiatement après un petit préambule sur l’espérance surnaturelle apportée par Noël dans les âmes, le pape ose en faire abruptement l’application à l’avènement du... nouvel ordre international, que fait miroiter la prochaine création de l’ONU dont tout le monde parle : «Aurore d’espérance.— Béni soit le Seigneur ! Des lugubres gémissements de la douleur, du sein même de l’angoisse déchirante des individus et des pays opprimés, se lève une aurore d’espérance. Dans une partie toujours croissante de nobles esprits [...?], surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’UNE ÈRE NOUVELLE POUR LE RENOUVELLEMENT PROFOND, LA RÉORGANISATION TOTALE DU MONDE. À cet effet, tandis que les armées continuent à s’épuiser en luttes meurtrières, avec des moyens de combat toujours plus cruels, les hommes de gouvernement, représentants responsables des nations, se réunissent pour des conversations, pour des conférences, en vue de déterminer les droits et les devoirs fondamentaux sur lesquels devrait être reconstruite une communauté des États, de tracer le chemin vers un avenir meilleur, plus sûr, plus digne de l’humanité. Antithèse étrange, cette coïncidence d’une guerre dont l’âpreté tend au paroxysme, et du remarquable progrès des aspirations et des projets vers une entente pour une paix solide et durable ! On peut bien discuter sans doute la valeur, l’applicabilité, l’efficacité de tel ou tel projet, le jugement à porter sur eux peut bien rester en suspens ; MAIS IL N’EN RESTE PAS MOINS VRAI QUE LE MOUVEMENT EST EN COURS [ce dont Pie XII ose se réjouir...]».           
           
        "Puis, on voit Pie XII exalter le principe de «l’unité du genre humain et de la famille des peuples» : «De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII fait là allusion à la défunte SDN], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l’autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE [... Comprenons bien l'incroyable, l'inouï propos de Pie XII : il déclare là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et milite de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux, autrement dit, c'est carrément vouloir "changer les temps et les lois" comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne ; car dire de la souveraineté nationale qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas ; parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant et surtout absurde ; mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de la nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium, un mondialisme de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos...]. C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure».           
           
        "Et Pie XII de conclure le radio-message de Noël 1944, par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : «Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques accords de Yalta !] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d’un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [... Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !!! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective. "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici veut se nommer] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE, (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [= Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.           
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE].
 
        Et hélas, ce Noël 1944 n'est pas, de la part de Pie XII, une sorte de lapsus calami, un enthousiasme délirant de passage dû au soulagement que procurait le sortir de l'atroce seconde guerre mondiale, hélas non, c'est exactement tout le contraire qui est vrai : dans ce point d'orgue du Noël 1944, Pie XII ne faisait que dire sans voile ce qu'il suggérait déjà dans TOUS ses Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943 et donc 1944, comme étant sa pensée la plus profonde, six allocutions péniblement humanistes et déjà pro-antéchristiques, proposant aux peuples, à toutes les nations, d'ériger par voie juridique internationale et dans l'entente cordiale de tous, une Société de justice et de paix, pure création humaine sans le Christ au fronton de l'édifice humain ainsi créé, à la première place. D'ailleurs, on vient de le lire, le pape Pie XII ne manque pas d'insister lui-même sur le fait que c'est "depuis longtemps" qu'il milite pour une nouvelle économie de salut sociopolitique internationale où la paix humaine sera garantie par voie... humaine, juridique et morale.           
           
        Dans le Message de Noël 1939 par exemple, alors que la seconde guerre mondiale vient de commencer, Pie XII formule "Les cinq conditions fondamentales d’une juste paix". La troisième va beaucoup nous intéresser : "3. La constitution d’un organisme juridique international. (...) Il est d’une importance décisive, en vue d’une honorable acceptation d’un traité de paix, et pour prévenir soit les entorses futures soit les interprétations arbitraires et unilatérales, que soient constituées des institutions juridiques capables de garantir la loyale et fidèle application des conventions, voire, en cas de nécessité manifeste, de les réviser et de les corriger".
 
        Il n'est pas inutile de noter ici la parfaite convergence de vues du cardinal Pacelli avec... Roosevelt, le franc-maçon Roosevelt ! "La diplomatie vaticane trouve en même temps un allié précieux, et de taille, dans le Président des États-Unis [dès le début de la guerre]. Le pape accueille avec une joie profonde l’envoi d’un représentant personnel de Roosevelt auprès du Saint-Siège, Myron C. Taylor. Trois ans plus tôt, lors de la légation du cardinal Pacelli aux États-Unis, les deux hommes d’État avaient rendu manifeste la conformité essentielle de leurs vues sur la reconstruction du monde [!!!]. Roosevelt n’avait-il pas qualifié le légat de «mon bon, mon vieil ami» ?" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. III, p. 237). On tremble dans l’âme, à lire ça…           
           
        Mais c'est que, la guerre finie, les Noëls suivants continuent tous, peu ou prou, sur la même pensée de fond, qui donc, n'a pas quitté Pie XII durant les quasi vingt ans de son pontificat. La maladie est incurable. Pas question évidemment de les éplucher tous, ne serait-ce que pour garder un fond de bile à peu près sain. Dans le Message de Noël 1956, le pape disait : "Si Nous faisons allusion à ces aspects défectueux [Pie XII venait de critiquer les États qui entravent l'autorité des missions d'observateurs envoyés par l’ONU dans les régions du monde impactées par les conflits armés], C’EST PARCE QUE NOUS DÉSIRONS VOIR RENFORCER L’AUTORITÉ DE L’ONU, surtout pour l’obtention du désarmement général qui Nous tient tant à cœur. (...) En effet, c’est seulement dans le cadre d’une Institution comme celle des Nations-Unies que l’engagement de chacun des États (...) pourra être pris d’un commun accord et transformé en obligation stricte de droit international".           
           
        On l'a compris : une fois de plus, le pape soutient l'érection de la tour de Babel moderne qui prétend réparer les effets du péché originel, par l'homme, et avec l'homme, et en l'homme, per ipsum, et cum ipso, et in ipso, dans une pseudo-liturgie mondialiste sataniquement à l'envers, anthropocentrique, ce péché universel devant être couronné, en finale ultime, par "l'homme d'iniquité" récapitulant en lui l'iniquité universelle, à commencer par celle... pontificale. Ce sera en effet le grand-œuvre de l'Antéchrist-personne ; mais c'est déjà tout le projet ardemment voulu par les papes modernes...           
           
        Pour bien montrer à quel point presque incroyable les papes modernes ont l'esprit possédé, le mot n'est hélas que trop juste, par l'utopie antéchristique de vouloir "changer les temps et les lois", j'ai cité longuement Pie XII, mais il faut hélas apporter la précision qu'il n’est lui-même que la suite des papes Pie XI et encore bien de Benoît XV, dont d'ailleurs il fut la cheville ouvrière ("Mgr Eugenio Pacelli, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires, avait été dès 1915, l’artisan et le messager des propositions de Benoît XV, puis le principal architecte de la nouvelle doctrine sous le pontificat de Pie XI, qui en fit son cardinal secrétaire d’État en 1929" ― Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. guerre mondiale –deuxième-, p. 781, 1ère col.). Il était donc bien normal que je me cristallise sur son pontificat.           
           
        Quant à Benoît XV, dont la majorité du pontificat se déroula durant la première guerre mondiale, voyez que déjà, "dans son message de paix aux chefs des nations belligérantes (Dès le début, 1er août 1917), le Saint-Siège préconisait l’institution d’une procédure internationale d’arbitrage qui viendrait en substitution des forces armée, rétablissant la «force suprême» du droit" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.). Le projet à vocation antéchristique de Pie XII est donc là déjà au moins embryonnairement exprimé…           
           
        Or, hélas !, on se rend compte, en étudiant l'agir du pape Benoît XV pendant toute la première guerre mondiale, qu'il est aussi entiché du projet antéchristique de vouloir que les hommes se donnent à eux-mêmes la paix du monde, que Pie XII quelques courtes décennies plus tard... au point d'accepter de se mettre à dos le monde entier, toutes les parties belligérantes en présence, pendant toute la durée de la guerre, pour soutenir cette idée nouvelle ! L’attitude de ce pape pendant la première guerre mondiale est en effet déjà une anticipation quasi parfaite de celle de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale (et probablement donc, le monsignore Pacelli de l'époque, futur Pie XII, en fut l'artisan principal), déjà plus qu’imprégnée de cette maudite gnose antéchristique qui consiste à vouloir "changer les temps et les lois", instaurer soi-même le Millenium parmi les hommes, c'est-à-dire la grande paix universelle, prétendre faire "ce que Dieu s'est proposé de faire" (Donoso Cortès), preuve, soit dit en passant, que cette prise de position pro-antéchristique pontificale, dont le premier acte fut posé immédiatement après la grande Révolution par Pie VII, au moyen de la signature du Concordat napoléonien de 1801, comme je vais l'exposer tout-de-suite, est fort suivie par tous les papes post-concordataires...
 
        On ne peut en effet manquer de souligner ici, à la suite d’un historien qui l’a remarqué lui aussi, ce qu’a de très-singulier et de non-traditionnel l’appel à la paix lancé par Benoît XV au début de la grande guerre : "Dans sa première encyclique, Ad beatissimi, Benoît XV affirma que : «Chaque jour, la terre ruisselle de sang nouveau, se couvre de morts et de blessés. Qui pourrait croire que ces gens, qui se battent les uns contre les autres, descendent d’un même ancêtre, que nous sommes tous de même nature, et que nous appartenons tous à une même société humaine ? Qui reconnaîtrait en eux des frères, fils d’un seul Père qui est dans les cieux ?» À la suite de jugements aussi nets et sans appel, on a considéré que Benoît XV avait été le premier pape à REJETER LA DOCTRINE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE D’UNE GUERRE JUSTE" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.). C'est-à-dire : de TOUTE guerre en soi, par principe, veut dire l’historien que je cite, traduisant fort bien la pensée de Benoît XV.           
           
        Car ce n’est pas du tout à l'injustice viscérale des fondements de la première guerre mondiale que fait allusion le pape Benoît XV dans son encyclique, il professe que le principe même d’une guerre juste n’est, en soi, plus possible, que toute guerre est en soi INJUSTE. Or, ceci présuppose théologiquement l’avènement d’une nouvelle économie de salut, et donc, rien que par cette pétition de principe, les papes modernes prêchent pratiquement le nouvel Évangile antéchristique où le royaume de Dieu n’a plus besoin, pour s’actualiser sur cette terre, de la force mise au service du droit du Christ, les vertus morales politiques mûries dans l’homme suffisant, ou plutôt devant prétendument suffire, à en remplir l’office...           
           
        À la fin de la guerre, Benoît XV va explicitement demander une structure internationale pour régler humainement les problèmes de politique internationale. En 1917, le Saint-Siège, en effet, sous l’ordre du pape, fit une Note de paix à l’adresse de tous les belligérants, mais surtout aux Allemands, visant à l’obtention d’un règlement négocié du conflit, qui va carrément évoquer la solution antéchristique d’un organisme juridique international pour régler les conflits. "La note exprimait, en même temps qu’une condamnation TOTALE de la guerre [= de toute guerre en soi], «des propositions plus concrètes et pratiques» pour mettre fin aux hostilités. Elle souhaitait des pourparlers généraux BASÉS SUR L’AFFIRMATION DU DROIT et non pas sur les armes. Ce qui entraînait une réduction des armements ET L’INSTITUTION D’UN ARBITRAGE INTERNATIONAL AYANT UNE FONCTION PACIFICATRICE" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.).
 
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        Convenez avec moi que ce rappel de l'histoire pontificale moderne fait presque oublier le mondialisme de François...! Pour le coup, nous avons maintenant une vue panoramique de la vraie situation de "la crise de l'Église", beaucoup plus équilibrée que lorsqu'elle était zoomée, focalisée, sur le seul pape actuel du moment, celui de nos humbles jours terrestres, sur lequel pape actuel certains cèdent à la tentation d'en faire un bouc émissaire, de tout lui mettre sur le dos, de décharger sur lui sa propre souffrance morale de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que la Providence de Dieu nous destine tous à endurer, nous qui voulons rester fidèles à notre Foi catholique...
 
        ... En avez-vous assez ? Ad nauseam ? Éh bien, moi, non, pas du tout, je vous fais l'aveu que je n'en ai pas du tout assez, bien au contraire, ce rappel historique n'a fait qu'aiguiser mon appétit en faim de loup haletant. Je veux désormais absolument comprendre, maintenant, pourquoi tous ces papes modernes, déjà bien avant le concile Vatican II qui dans notre affaire n'est même pas une ligne de démarcation entre le bien et le mal, pourquoi les Benoît XV, les Pie XII, les Jean XXIII, les Paul VI, les Jean-Paul II, et donc, simple épigone lointain de nos jours, les François, pourquoi, disais-je, ces papes modernes se sont pontificalement convertis à la Prostituée de Babylone, au mondialisme initiatique menant inéluctablement au règne de l'Antéchrist-personne ?           
           
        Or bien, la réponse, je n'ai pas à la chercher au loin, elle réside toute entière dans la faute gravissime que commit le pape Pie VII au sortir même de la Révolution, lorsque, par le truchement d'un concordat avec l'État révolutionnaire français sous Napoléon, il a formellement reconnu la validité et la légitimité des États modernes issus de la Révolution, tous constitutionnellement athées et non-basés sur le Christ. Or, c'est là que gît le péché originel de "la crise de l'Église" jusqu'à ce que mort s'ensuive, usque ad mortem.           
           
        Il faut bien saisir en effet que les papes modernes ont chuté et se sont soumis à la Bête antéchristique dès la fin de la période révolutionnaire française, par le Concordat napoléonien (1801), parce que celui-ci répute formellement validité et légitimité à une République constitutionnellement athée (à cause de la structure synallagmatique de tout concordat, qui présuppose juridiquement formellement la validité de toute partie co-contractante dans l'acte concordataire : donc, le simple et seul fait, pour le pape, d'accepter un partenaire concordataire, quel qu'il soit, est ipso-facto lui réputer formellement la validité, ce que le pape Pie VII fit donc pour la République française de Napoléon... constitutionnellement athée).           
           
        Or, évidemment, à partir du moment où est accepté par la papauté le principe de réputer et reconnaître validité et légitimité aux sociétés constitutionnellement laïques au sens athée du qualificatif, dans l'ordre sociopolitique national puis international (car ce nouveau branle donné par le concordat napoléonien va être la règle adoptée sans faille avec tous les autres gouvernements constitutionnellement athées, dans la suite des temps post-révolutionnaires), c'est le principe laïc-athée de ces sociétés qui, dès lors, devient le moteur spirituel énergétique du monde. Ce n'est plus le Bien qui est la locomotive du monde via le Siège de Pierre et l'Église de droit divin, c'est le mal. La dynamique métapolitique des choses est désormais, après le Concordat napoléonien, dans les mains du mal, de ces sociétés constitutionnellement athées prises dans leur ensemble planétaire universel, auxquelles tous les papes, depuis Pie VII, ont scandaleusement fait béni-oui-oui, c'est-à-dire tous les papes du XIXème siècle puis du XXème en ce compris même les plus saints en leur for privé comme Pie X. Jusqu'à arriver à Vatican II qui va mettre ad extra dans la Foi, très-notamment par l'apostate Liberté religieuse, cette corruption des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, à laquelle avait cédé l'Église dès le sortir de la période révolutionnaire, et qui n'était vécu jusque là par elle qu'ad intra, occultement, jusqu'à Vatican II (j'explique tout cela en profondeur dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1).
           
        Après le concordat napoléonien, le pape, et bien sûr l'Église toute entière derrière lui, n'était plus dès lors qu'un wagon parmi les autres, pourquoi pas le premier, mais obligatoirement à la traîne, derrière la locomotive d'un mondialisme initiatique qui ne dira pas son antéchristique nom tout-de-suite, obligé de céder encore et encore et toujours encore plus au mal et de suivre les mauvais aiguillages toujours plus mauvais de la locomotive des nations constitutionnellement athées du monde entier, pour finir, en notre temps, par carrément épouser la cause du mondialisme initiatique, du règne de l'Antéchrist-personne...           
           
        Si en effet l'on reconnaît la validité à des sociétés constitutionnellement athées, alors, lorsque par une dynamique naturelle et suivant l'avancement des temps menant tous les peuples au Millenium, cesdites sociétés élaborent entre elles une structure mondialiste, il faut donc les suivre dans leur mondialisme hétérodoxe et initiatique patronné par Satan... et, avalant notre honte de catholique et la rougeur au front jusqu'à la crête, l'on a vu à quel point d'enthousiasme délirant et fou Pie XII et surtout Paul VI l'ont fait.
 
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        Mais on voudra maintenant me voir mettre en avant et bien expliquer comment la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", contrairement aux autres thèses professées dans les mouvances tradis qui, toutes, versent soit dans l'hérésie soit dans le schisme, résout victorieusement dans la pureté de la Foi intégrale, et elle seule, le problème théologique gravissime posé par "la crise de l'Église", dont on voit bien à présent, après mon petit rappel historique, qu'elle semble, sur le plan humain, vraiment insoluble, Mgr Viganò reconnaissant lui-même que "cette situation est humainement irrémédiable, parce que les forces en jeu sont immenses et parce que la corruption de l'Autorité ne peut être guérie par ceux qui la subissent".           
           
        Je vais le faire une énième fois. Pour autant, il me semble avoir le droit de dire préalablement, ayant déjà tellement exposé dans mes travaux "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que je serai moralement vraiment en droit, pour avoir à le faire de nouveau ici, de dire, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ : "Ô génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-Je avec vous ?, jusques à quand vous souffrirai-Je ?" (Matth XVII, 16), ou de prendre à mon compte ce qu'Il a répondu la nuit du Jeudi-Saint, comme je l'ai rapporté au tout début de ces lignes : "J'ai parlé ouvertement au monde ; j'ai toujours enseigné dans mes écrits «LA PASSION DE L'ÉGLISE» depuis plus de vingt-cinq ans, et je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous ? Demandez à ceux qui m'ont lu et qui ont compris ce que j'ai écrit ; eux, ils savent ce que j'ai dit"... Mais je veux m'oublier, ne penser qu'à faire charitablement mon devoir pour le salut des âmes, sans retour sur moi-même, car, qu'on me permette, avec un brin de malice, de pasticher François : "qui suis-je pour juger" ceux qui ne comprennent pas (encore) "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...??           
           
        Donc, voici. Dans le petit rappel historique pontifical que je viens de faire, nous avons bien vu ensemble que la papauté moderne, en ce compris bien sûr François, pèche contre les fondements mêmes de la Constitution divine de l'Église et de sa Foi catholique : pour en rester au seul mondialisme initiatique, impossible de le compatibiliser avec la Foi et les fondements surnaturels de l'Église. Mais il faut bien prendre conscience que ces papes modernes ne pèchent pas dans leur personne pontificale privée, comme bien des courants tradis ont voulu s'y cantonner frileusement et mensongèrement, ils pèchent in Persona Ecclesiae, au nom et pour le compte de l'Église Universelle, ce qui est très-clair avec le concile Vatican II qui met en jeu le Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, très-notamment dans le pire décret conciliaire qui, sur le plan doctrinal, n'est même plus de l'hérésie mais carrément de l'apostasie, celui de la Liberté religieuse.           
           
        Ce qui signifie très-clairement que, en fait, nous devons premièrement bien saisir et prendre fortement conscience que, dans notre affaire, c'est l'Église qui pèche, et non les personnes pontificales privées en cause, puisque celles-ci ont toute péché in Persona Ecclesiae.           
           
        Immédiatement bien sûr, nous vient en face des yeux de la Foi, que l'Église, Épouse immaculée du Christ, ne peut absolument pas pécher, la deuxième Note positive que nous récitons avec ferveur dans le Credo à toutes les messes le dimanche, interdit de le dire : "Je crois (...) à l'Église, une, SAINTE, catholique et apostolique". 
           
        ... Alors, l'Église a-t-elle péché, ou bien non ?           
           
        C'est là, justement, dans la réponse à faire à la question, que se situe le nœud gordien à dénouer, toute la problématique est là, nœud que nous ne pouvons pas dénouer si nous restons trop dans des raisonnements purement humains, nous ne pouvons au contraire que passer à pieds joints sur la solution catholique à y apporter, sans même l'apercevoir...           
           
        L'Église ne peut absolument pas pécher ? En êtes-vous bien si sûr que cela, que l'Église ne peut pas pécher d'une certaine manière sans coulpe, sans séparation d'avec le Saint-Esprit...? Vous venez en effet de dire que l'Église Universelle est l'Épouse immaculée du Christ, mais alors, précisément parce qu'elle est immaculée dans sa ressemblance d'épousailles parfaites avec le Christ, cela signifie qu'elle réplique dans sa propre vie ecclésiale tous les moments de la Vie terrestre du Christ, y compris bien sûr le terrible et affreux moment de la Passion du Christ. En effet, si, comme le formule lui-même Mgr Viganò dans sa diatribe, nous vivons une "passio Ecclesiæ" qui nous fait "parcour[ir] la Via Dolorosa de la Croix", il devient capital et urgentissime pour nos âmes, de comprendre en quoi consiste très-précisément l'économie surnaturelle de la Passion du Christ pour bien saisir, par décalcomanie spirituelle, ce qu'a à vivre son Épouse immaculée dans sa fin des temps à elle, qui est notre période moderne...           
           
        Or, nous avons beaucoup de chance : saint Paul, l'inégalable Apôtre des nations quant aux révélations transcendantes, nous l'a défini parfaitement. Il nous a révélé l'essence de l'économie de la Passion du Christ en ces termes lapidaires et tout-à-fait essentiels : "Le Christ a été fait péché pour notre salut" en II Cor, V, 21 (ce qu'il complète en précisant aux Hébreux qu'il s'agit là d'une "si grande contradiction" ― He XII, 3).           
           
        Tout est dit, là, en si peu de mots, mais transcendants, pour que nous comprenions et vivions victorieusement dans la Foi, cette terrible et affreuse "crise de l'Église" qui est "PASSION DE L'ÉGLISE", dans l'attente non pas tant de la mort de cette Église dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre (car qui est crucifié à la croix de la Passion, en meurt sans merci, le Christ l'a montré dans sa Passion archétypale de toute passion), laquelle aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, mais dans l'attente ou plutôt l'Espérance de la Résurrection de l'Église dans une nouvelle économie de salut glorieuse, qui sera le fameux Millenium, que cherche à supplanter, justement, le mondialisme initiatique, aidé en cela par les papes modernes aussi trompés que les antiques grands-prêtres juifs lors de la première Passion, celle du Christ.           
           
        Tout est dit, en effet, dans cette révélation "Le Christ a été fait péché pour notre salut". Grâce à saint Paul, nous avons, dans le principe même de la Foi, la certitude que ce péché du monde que l'Église épouse par les papes modernes, est, de sa part, absolument sans aucune espèce de coulpe ou faute séparant de la vie de la grâce et de Dieu, par le texte même de saint Paul, qui précise fort bien... la seule chose qu'il était justement capital de préciser, à savoir que le Christ (= et donc l'Église de nos jours) "est fait(e) péché POUR NOTRE SALUT", lorsque le Christ ou l'Église ont leur Passion respective à vivre. Saint Paul, en effet, ne dit pas seulement que le Christ a été "fait péché", mais qu'Il a été fait péché "pour notre salut". Or, cette dernière précision interdit formellement de supposer que Jésus-Christ dans sa Passion ait pu être fait péché avec coulpe (comme l'avait blasphématoirement supposé Luther), même la plus petite soit-elle, car il est en effet impossible que ce qui est fait pour le salut puisse contenir quelque coulpe que ce soit. S'il y avait eu une quelconque coulpe dans la manière dont le Christ a été fait péché pour endurer sa Passion, alors, saint Paul aurait été obligé de dire que le Christ a été fait péché pour... notre damnation. Et non pour notre salut.           
           
        Ainsi donc, de par la Lumière du Saint-Esprit, nous savons maintenant, grâce à saint Paul, que si le Christ a pu être "fait péché" sans aucunement cesser d'être le Saint des saints pur de toute coulpe devant Dieu, cela signifie que l'Église, lorsqu'elle vit elle-même l'économie de la Passion à la fin des temps, et c'est très-précisément notre situation ecclésiale contemporaine, va donc être elle-même également faite péché sans coulpe aucune.           
           
        Voilà qui, déjà, apporte un singulier éclairage sur le positionnement moral que nous devons adopter envers tous ces papes modernes qui hérissent le poil de notre Foi : ils ont péché in Persona Ecclesiæ, certes, mais sans aucune coulpe, car le Saint-Esprit les a plongé tous dans un aveuglement spirituel invincible justement pour faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion dont le péché matériel est l'élément fondamental, le caractère essentiel. Et donc, tout en rejetant avec toute la vigueur de notre Foi leur péché, nous devons le faire sans condamner en quelque manière que ce soit ces papes qui l'ont commis, mais toujours, au contraire, en voyant en eux l'image du Christ qui vit sa Passion... Mgr Williamson avait eu une très-belle phrase pour le dire : "Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats [modernes] ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n'oublie que ceux-ci ne sont pas autant coupables de la destruction de l'Église du Christ comme l'auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d'honorer leur office" (Kyrie Eleison, Problème profond, 17 novembre 2012). C'est la quadrature du cercle ? Non, c'est juste le crucifiement de nos âmes catholiques sur la croix du salut, en co-rédempteurs, à l'exemple du Christ donnant libéralement sa vie pour le salut du monde. La récompense du juste, sur cette terre, est en effet d'être... crucifié. Le Christ l'a montré. Ainsi donc, nous ne devons pas prendre dans notre vie de Foi cette Passion ecclésiale que nous avons à vivre pour un châtiment, mais plutôt comme une... récompense.          
           
        Il importe maintenant extrêmement d'expliquer comment le Christ et donc l'Église puissent être théologiquement "faits péché" sans avoir à connaître, au sens biblique du terme, la coulpe du péché, chose qui semble, à première vue humaine, radicalement impossible. Nous sommes là en fait dans une question technique de théologie morale extrêmement intéressante (parce que, soit dit en passant, elle impacte énormément la situation spirituelle des âmes de nos jours, sans que même, la plupart du temps, elles en prennent conscience), beaucoup plus que dans une question de théologie dogmatique. Je l'ai fort expliqué dans mon exposé de fond sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", au lien suivant https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2, et je serai en droit d'y reporter, sans plus m'attarder dans ce présent article. Mais je veux faire mon devoir jusqu'au bout, et vais continuer à l'expliquer.           
           
        Comment, donc, le Christ, puis l'Église de nos jours, peuvent-ils être "faits péché" sans pécher réellement, c'est-à-dire avec coulpe séparant de Dieu ?           
           
        Tout simplement en étant faits purement péché matériel. C'est ce distinguo élémentaire de théologie morale qui nous permet de comprendre parfaitement comment le Christ puis l'Église à sa suite, peuvent être faits péché sans que s'y joigne ni adjoigne d'aucune manière une quelconque coulpe de péché.           
           
        Qu'est-ce qu'un péché purement matériel ?           
           
        Je rappellerai à ce sujet les distinctions classiques en la matière : un péché est mortel (= formel) uniquement lorsque trois conditions sont réunies ENSEMBLE, et ensemble SEULEMENT, à savoir : 1/ la matière mortelle du péché commis, 2/ la connaissance pleine et entière qu'il s'agit d'une faute matériellement mortelle au moment de la commettre, 3/ et la conscience et le vouloir pleins et entiers de le faire au moment de l'acte peccamineux. S'il manque deux voire même une seule de ces trois conditions au moment de l'acte peccamineux, celui-ci peut bien n'être... rien du tout, pas même forcément un péché véniel ni même une imperfection. C'est ce que les théologiens appellent un simple péché matériel.           
           
        L'exemple qui est classiquement donné d'un péché matériel sans aucune coulpe rajoutée, est celui d'un soldat qui, dans le cadre d'une guerre juste, par exemple pour défendre le sol de sa patrie injustement agressée, tue un soldat ennemi. Ce soldat patriote a commis la matière d'un vrai péché, par ailleurs fort grave, l'homicide, et cependant, non seulement ce péché ne contient aucune coulpe séparant de Dieu, mais ce soldat défendant sa patrie sera loué de cet acte de péché matériel d'homicide non seulement par les hommes, ses compatriotes, mais par Dieu Lui-même.           
           
        D'autres exemples de péchés matériels sans aucune coulpe les accompagnant peuvent être tirés du Martyrologe : des martyrs sont sortis de cette vie par un péché matériel de suicide. 1/ sainte Apolline, fêtée au 9 février, au temps des grandes persécutions des premiers siècles chrétiens, après avoir été affreusement torturée, a couru se jeter d'elle-même dans le feu en s'échappant des mains des bourreaux : stricto sensu, il y a donc là la matière d'un péché mortel de suicide, mais l'Église a considéré que notre sainte avait été animée par la pure motion du Saint-Esprit pour le commettre, et donc son péché matériel de suicide excluait toute espèce de faute réelle ou coulpe ; c'est pourquoi l'Église n'a pas eu la moindre hésitation pour canoniser cette grande martyre ; 2/ une autre jeune sainte de quinze ans, pour échapper aux persécutions des séducteurs païens, s'est jetée du toit de sa maison et est morte sur le coup, autrement dit, elle a, elle aussi, commis un péché matériel de suicide, ce qui, là non plus comme pour sainte Apolline, n'a nullement empêché l'Église de la canoniser (il s'agit de sainte Pélagie, fêtée au 12 juin).           
           
        On peut tirer aussi de la sainte Écriture des exemples de péché matériel sans coulpe, je n'en retiendrais que deux, en l'occurrence des péchés matériels de mensonge. 1/ Jacob ment à Isaac son père devenu aveugle, pour en recevoir la bénédiction du droit d'aînesse, lui disant qu'il est Esaü après s'être revêtu d'une tunique de poils afin de se faire passer pour son frère aîné velu : "... Qui êtes-vous, mon fils ? Jacob lui répondit : Je suis Esaü votre fils aîné" (Gn XXVII, 18-19) & "Isaac, le [Jacob] bénissant donc, lui dit : Êtes-vous mon fils Esaü ? Je le suis, répondit Jacob" (Gen XXVII, 23-24). Le mensonge est patent, flagrant, mais il est inspiré par le Saint-Esprit à Jacob et est évidemment exempt de toute coulpe. Il ne faut pas oublier en effet qu'Esaü avait auparavant vendu à Jacob son droit d'aînesse contre un plat de lentilles, et qu'il n'en était plus digne. 2/ Mais il y a mieux, si je puis dire ! On prend l'Ange Raphaël en flagrant délit de mensonge, dans l'admirable histoire de Tobie. Or, faut-il le dire, cet Ange de Dieu était incapable de la moindre coulpe, étant confirmé en la grâce divine impeccable. On est donc absolument certain qu'il ne commit dans l'affaire qu'un péché purement matériel sans aucune coulpe quelle qu'elle soit, lorsque, répondant à la question du père de Tobie qui lui demande qui il est, il répond, avant que Tobie père accepte qu'il serve de guide à Tobie fils, pour son long voyage : "Je suis Azarias, fils du grand Ananias. Et Tobie répondit : Vous êtes d'une race illustre. Mais je vous prie de ne pas vous fâcher, si j'ai désiré connaître votre race. L'Ange lui dit : Je conduirai votre fils en bonne santé, et le ramènerai de même" (Tb V, 18-20). Mais après le voyage et son bon succès, le soi-disant "Azarias" révèle à Tobie qui il est véritablement, un Ange de Dieu : "Car je suis l'Ange Raphaël, l'un des sept qui nous tenons en la présence du Seigneur" (Tb XII, 15).           
           
        Le Saint-Esprit, donc, comme on le voit, est fort éloigné de ne pas utiliser, quand c'est nécessaire pour l'avancement du Royaume de Dieu sur cette terre toujours soumise au "prince de ce monde", le moyen du péché matériel sans coulpe, comme quelque chose qui n'est pas du tout indigne de Lui ni de sa Sainteté sans faille...!           
           
        Dans un contexte évidemment fort différent des exemples qui précèdent, c'est dans cette même situation théologique de péché matériel sans coulpe que l'Église se trouve, depuis qu'elle est rentrée dans la Passion, ce qui est le cas dès le Concordat napoléonien quant aux Mœurs seulement, et depuis Vatican II quant aux Mœurs et à la Foi.           
           
        Mais bien entendu, si ce péché matériel commis par les papes modernes in Persona Ecclesiae n'a aucune incidence sur la Note de sainteté de l'Église, il en a, et terriblement, pour revêtir au for externe l'Épouse immaculée du Christ de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église, maudite comme une lépreuse, singulièrement depuis Vatican II, et de plus en plus léprosée plus le temps avance, désormais pieds et mains liés sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3), l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra à mort l'Épouse du Christ léprosée et clouée sur sa croix co-Rédemptrice, dans son règne.           
           
        Cette situation de voir notre Église contemporaine être "faite péché" serait certes désespérante si nous n'avions la certitude de Foi qu'elle l'est "POUR NOTRE SALUT". Alors, il n'y a plus à désespérer, il y a au contraire, avec une grande joie intérieure dans l'âme, à souffrir généreusement en union avec l'Épouse du Christ, en gardant la sainte-patience par la méditation incessante de la Passion du Christ, en attendant que le Christ vienne en Parousie, après la mort de l'Église dans son économie de salut actuelle, la ressusciter dans une gloire incomparable et inconnue du temps des nations, celle du Millenium, qu'elle aura précisément méritée par les affres de la Passion, et nous avec si nous savons souffrir avec elle.           
           
        Je souhaite ce bon courage à tous mes lecteurs.
 
GrandSchismeDOccident1
           
        Je ne saurai terminer ce nouvel article sans commenter ce que dit Mgr Viganò dans ce passage : "La question fondamentale est de comprendre le plan subversif de l'Église profonde qui, utilisant les méthodes dénoncées à l'époque par saint Pie X à l'égard des modernistes, s'est organisée pour réaliser un coup d'État au sein de l'Église et amener le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre".           
           
        Il y a là plusieurs points de vue gravement faux. Le premier est de décrire "la crise de l'Église" comme une subversion du Bien par les forces du mal sans que le Bien puisse faire autre chose qu'être inéluctablement subverti et vaincu par le mal, ce qui est tout simplement dire que le Saint-Esprit est vaincu dans l'Église, que Dieu est vaincu par Satan, que les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église, et enfin, tomber peu ou prou dans le manichéisme qui veut croire à deux Dieu, un Dieu du Bien à parité avec un Dieu du mal, puisque ce dernier aurait soi-disant pouvoir de vaincre, s'il s'y prend bien, le Dieu du Bien !           
           
         Le descriptif que fait Mgr Viganò ne répond pas du tout à la question à la fois spirituelle et théologique de fond quant à "la crise de l'Église", que voici : comment se fait-il que la "barrière immunologique" surnaturelle des Pères Enseignants de toute une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, ait pu, par exemple à Vatican II, être ainsi abaissée au point que le mysterium iniquitatis puisse subvertir ladite génération ecclésiale et lui faire commettre des actes d'hérésie magistériellement promulgués et sous couvert de l'infaillibilité ecclésiale, de par le mode ordinaire & universel ? Dire que le fait de la subversion a eu lieu, comme le fait Mgr Viganò, ne résout absolument rien du tout : ce qu'il faut expliquer, c'est POURQUOI, malgré la Présence toute-puissante du Saint-Esprit dans un concile universel, cette dite subversion a pu avoir la possibilité de triompher, POURQUOI le fait de la subversion a-t-il pu exister ?           
           
        La raison essentielle et principale de la subversion des "membres enseignants" à Vatican II ne réside donc absolument pas, comme l'imaginent d'une manière complotiste et même favens hæresim très-malsaine Mgr Viganò et tant d'autres esprits conservateurs avec lui, vivant leur Foi dans l'obscurantisme et l'inintelligence profonde des assises de "la crise de l'Église", dans des forces ténébreuses qui auraient soi-disant le pouvoir de subvertir naturellement l'Église (cette thèse, en effet, est parfaitement hérétique, en cela qu'elle donne en soi une force victorieuse aux puissances du mal pour renverser l'Église, comme si, ... ô blasphème !, Satan était plus fort que le Christ), elle réside dans le fait que c'est l'Église ELLE-MÊME qui a perverti ses Mœurs, par la pratique concordataire pontificale avec des sociétés politiques constitutionnellement athées, dont elle a subséquemment été obligée d'épouser les Mœurs athées, puis, enfin, en bout de course fatidique, d'en corrompre sa Foi : ne vivant plus comme elle pensait, elle s'est réduite à devoir penser comme elle vivait. Vatican II a été la fin de cet écartèlement contre-nature entre la Foi et les Mœurs vécu depuis le concordat napoléonien pendant tout le XIXème siècle et le début du XXème, en faisant correspondre désormais les mauvaises mœurs avec... la mauvaise Foi (Liberté religieuse), faisant cesser la tension insupportable d'une doctrine catholique contre les nouvelles mœurs adoptées, mais la faisant cesser hélas en cédant au mal.       
           
        On me dira sans doute que je ne fais là que reculer le problème de fond : si l'explication que je donne de la corruption de la Foi à Vatican II est vraie, et elle est vraie, c'est-à-dire s'il est vrai que ce sont les Mœurs mauvaises de l'Église adoptées par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées qui ont fini par pervertir radicalement la Foi de l'Église à Vatican II, alors, comment est-il théologiquement possible que les Mœurs de l'Église aient pu être, elles aussi, elles les premières, perverties de par le Concordat napoléonien qui est LE VATICAN II DES MŒURS, puisqu'aussi bien, le charisme de l'infaillibilité est donné par le Christ à son Église autant pour les Mœurs que pour la Foi, l'Église étant en effet infaillible non pas seulement pour la Foi mais aussi, à parité, pour les Mœurs ?           
           
        Voilà en effet une très-excellente question, et moi, avec le courage de la Foi, je vais donner la bonne réponse, je ne vais pas fuir, fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". La réponse réside dans un adage antique : Jupiter commence par rendre fous ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. Dieu met un voile d'aveuglement dans l'esprit des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, qu'elle soit celle des Mœurs avec Pie VII ou celle de la Foi avec Paul VI, pour que, aveuglés, ils mettent l'Église qu'ils représentent, sans faute aucune de leur part (croyant même faire le mieux du mieux en faisant le pire du pire), dans l'économie de la Passion du Christ qui consiste essentiellement à "être fait péché pour le salut", par des actes magistériels matériellement mauvais. Ils sont ainsi "perdus", de Volonté divine (il ne s'agit pas bien sûr d'une perdition éternelle, mais d'une perdition temporelle, dans la figure du monde qui passe, comme celle du Christ perdu, abandonné par son Père sur la croix, et mourant, dans un but de Rédemption et de co-Rédemption ecclésiale). Parce que cette Heure fatidique décrétée par la Providence divine, dont a parlé le Christ lorsqu'Il eut à vivre et mourir sa Passion ("Voici l'heure et la puissance des ténèbres" ― Lc XXII, 53), est venue, pour l'Épouse comme pour l'Époux.           
           
        Et c'est pourquoi "Jupiter" aveugle l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée de toute Éternité à faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion : pour qu'elle soit "faite péché pour notre salut", ce qui est l'essence même de la Passion. Et depuis 1801 quant aux Mœurs et depuis 1965 quant aux Mœurs & à la Foi, nous vivons une Église "faite péché pour le salut". Et nous allons le vivre jusqu'à la mort, usque ad mortem, car une fois cloué sur le bois de la croix, le Christ "fait péché pour notre salut" ne fut pas décloué (... il n'y aura donc pas de bon pape à venir reprenant la bonne doctrine pour terminer "la crise de l'Église", comme semble le prédire Mgr Viganò, après le clouement doctrinal de l'Église à et par Vatican II...)Cette mort de l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre, aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, tel qu'annoncé par les saintes Écritures infailliblement. Puis, enfin, parousiaquement, viendront le Christ Jésus en Gloire et son Royaume glorieux...           
           
        Je précise que j'exposais tout cela dans un précédent article rédigé il y a plus de trois ans sur Mgr Viganò, Le survol théologique très-superficiel de Mgr Viganò pour solutionner "la crise de l'Église" générée par Vatican II, qu'on trouvera au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1.           
           
        Deuxième point gravement déficient dans le propos relevé ci-dessus de Mgr Viganò, et il est loin d'être le seul à se tromper sur ce sujet. Il est certes tout-à-fait dans le vrai lorsqu'il nous dit que le but du mysterium iniquitatis dans l'Église, est d'amener "le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre". Mais encore faut-il bien préciser que ledit prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre, c'est l'Antéchrist lui-même soi-même, et non pas un prétendu autre et second personnage qu'une obscurantiste et fausse interprétation très en vogue dans le passé, qui s'est faussement connoté de traditionnelle, a voulu baptiser "faux-prophète" et voir à côté de l'Antéchrist-personne lui-même, comme deux personnages distincts et  différents l'un de l'autre. Il n'y a PAS de deuxième personnage du mal qui, soi-disant, viendrait faire des prodiges devant l'Antéchrist-personne, il n'y a qu'UN faux-prophète, c'est l'Antéchrist-personne lui-même, lequel est dans la sainte-Écriture appelé ainsi, faux-prophète, par antonomase (= "figure de style, dans lequel un nom propre ou bien une périphrase énonçant sa qualité essentielle, est utilisé comme nom commun, ou inversement, quand un nom commun est employé pour signifier un nom propre" Wikipedia ― Exemple : dire de quelqu'un qu'il est un Tartuffe pour dire qu'il est un hypocrite), et même par antonomase d'excellence (= "Plus spécifique, l’antonomase d'excellence utilise un nom commun pour désigner la «valeur superlative» dans le domaine où une personne s’est illustrée. Cette variété est presque toujours précédée de l'article défini singulier, et commence normalement par une majuscule" Wikipedia ― Exemple : dire de l'Antéchrist-personne qu'il est LE faux-Prophète, comme le plus grand faux-prophète qui existera jamais sur cette terre ; et c'est exactement ce que fait saint Jean dans l'Apocalypse...), comme je l'expliquais je crois fort bien et avec soin dans un article écrit sur le sujet il y a un peu plus de deux ans, qu'on pourra lire au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-faux-prophete-l-antechrist-sont-une-seule-et-meme-personne-et-non-deux?Itemid=1.           
           
        D'ailleurs, si on voulait bien réfléchir un peu, et même extrêmement peu, on ne manquerait pas de remarquer qu'il est parfaitement ridicule de voir un faux-prophète venir faire la retape de la doctrine du mal devant l'Antéchrist-personne. Car en effet, pourquoi le faux-prophète est-il dit faire des prodiges, dans la sainte-Écriture ? Il est dit faire des prodiges pour séduire au mal celui ou ceux devant qui il les fait. Il est donc parfaitement absurde de dire qu'un personnage appelé le faux-prophète ferait des prodiges devant l'Antéchrist... puisque ce dernier, étant le coryphée du mal, l'homme d'iniquité le plus corrompu qui pourra jamais exister sur terre, n'a évidemment nullement besoin qu'on fasse des prodiges devant lui pour le... convertir au mal ! L'interprétation pseudo-traditionnelle est donc complètement absurde (et pas seulement, il s'en faut de beaucoup, pour cette seule raison), soutenue en grande majorité, soit dit en passant, par les mêmes auteurs classiques, de préférence saints, qui nous ont si bien trompé sur la question du Millenium. Nous sommes là, en vérité, devant une fausse doctrine traditionnelle. La vérité, c'est que donc le faux-prophète EST l'Antéchrist-personne lui-même, et c'est alors qu'on comprend très-bien que la sainte-Écriture nous dit qu'il fera des prodiges devant la Bête pour séduire au mal ceux devant qui il les fera, car la Bête dont il est question dans les passages de l'Apocalypse où il est montré un faux-prophète à côté de la Bête (ch. XVI, XIX & XX), n'est pas la Bête de la terre, c'est-à-dire l'Antéchrist-personne, mais la Bête de la mer, c'est-à-dire tous les peuples corrompus de la terre qui auront cédé au mal en acceptant le marquage 666...           
           
        Mais voilà ce à quoi je veux arriver dans mon explication : si l'on dit, et Mgr Viganò a parfaitement raison de le soutenir, que la fin ultime du mysterium iniquitatis dans l'Église est d'"amener le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre", alors, cela prophétise que ce sera l'Antéchrist-personne LUI-MÊME SOI-MÊME qui viendra occuper le Trône de Pierre, remplir le Saint-Siège... comme un possédé du démon autrement puissant, énergumène et furieux, que les Urbain VI, les Paul IV et les François le furent et le sont encore pour ce dernier. Il est à peine besoin de faire remarquer ici que c'est exactement ce que nous prédisait Notre-Dame à La Salette, venant dire en Reine des prophètes que "Rome perdra la Foi ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST". Et il est encore plus inutile de dire que le seul but de l'Antéchrist-personne, une fois sur le Siège de Pierre, sera de tuer l'Épouse du Christ, dans son économie de salut actuelle dite du temps des nations et de Rome son centre, ce que la Providence de Dieu, pour son châtiment éternel, lui permettra de faire, car cela rentre dans le Plan divin pour l'instauration du Millenium.
 
        La seule question alors qui reste vraiment à résoudre, encore en suspens, absolument redoutable, c'est juste celle-ci : l'Antéchrist-personne viendra-t-il dans le Siège de Pierre comme un intrus, ainsi que dans le grand-schisme d'Occident les cardinaux français avaient voulu le voir dans Urbain VI, ou alors, viendra-t-il en tant que dernier pape... légitime, dûment intronisé par la majorité canonique des cardinaux du Sacré-Collège, dont on a vu qu'ils sont la règle prochaine de toute légitimité pontificale, comme représentant formellement, et eux seuls, l'Église Universelle ?, et dont on sait trop bien de nos jours ce qu'ils valent, pour parler par antiphrase, c'est-à-dire à quel point ils sont majoritairement tout-à-fait capables d'acquiescer et de souscrire au mal... et même au plus grand mal possible, ce que représentera l'Antéchrist-personne cherchant à accéder, en grand séducteur, au Siège de Pierre...?? Est-ce que, horresco referens, ce ne serait pas par hasard cela que la sainte-Écriture appelle, dans une formulation mystérieuse jamais vraiment élucidée jusqu'à présent : l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint...???           
           
        C'est la terrible et très-redoutable question à laquelle j'ai tâché de répondre, en m'accrochant à la Foi très-fort et en tremblant, mais sans pusillanimité, dans un grand article que j'ai écrit il y a quasi sept ans, et qu'on pourra trouver au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf.
 
GrandSchismeDOccident2           
           
        Il me semble que je ne peux mieux mettre le point final à ce nouvel article consacré à la très-respectable figure de Mgr Carlo-Maria Viganò, qu'en recopiant la conclusion de mon article écrit sur lui il y a plus de trois ans à présent :           
           
        "Je n'ai plus rien à dire, sauf ceci : Mgr Viganò et Mgr Schneider sont de bons et édifiants «lanceurs d'alerte», je les estime sincèrement et ai grand respect pour eux, car, en tant que prêtres du Seigneur, ils ont su faire humblement et publiquement machine arrière et tâcher, tant bien que mal, de reprendre le flambeau de la vraie Foi, à la face de toute l'Église, alors qu'ils étaient déjà propulsés très-loin dans les nuées modernistes par le tremplin de Vatican II. Réagir avec vigueur, même imparfaitement (comme je suis hélas obligé de le dire dans ce présent article, pas par plaisir, de Mgr Viganò, et il y aurait aussi beaucoup de choses à redire quant à Mgr Schneider), après cinquante ans de tromperie ecclésiale dont on est victime, est peut-être beaucoup plus méritoire aux Yeux du Seigneur que réagir aux lendemains même du concile moderne sans en être soi-même aucunement contaminé, ce qui fut le cas des premiers traditionalistes.           
           
        "Mais je dis qu'il faudrait qu'ils aient le courage maintenant d'aller jusqu'au bout de leur conversion, au bout de la Foi, qui leur révèlera que la «crise de l'Église» s'épèle «PASSION DE L'ÉGLISE», qu'elle est dernière, vraiment «la der des der», et de nature apocalyptique.         
           
        "Fasse le Ciel que mon présent écrit, rédigé ad aedificationem et non ad destructionem, leur vienne en aide" (fin de citation). 
 
En la fête de sainte Thérèse d'Avila,
grande mystique au cœur si viril,
Ce 15 octobre 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
           
        P.S. : Voici le lien de l'Association Exsurge Domine, récemment créée par Mgr Viganò pour soutenir les personnes consacrées, prêtres et religieux, persécutées dans l'Église bergoglienne. Quand bien même Mgr Vigano le fait (pour l'instant) avec un esprit schismatique, on ne peut que soutenir, pour ceux qui le peuvent, son œuvre, surnaturellement positive : https://exsurgedomine.it/fr/
 
 
 
 Teresa de Jesús
 
 
 
 
15-10-2023 10:57:00
 

... HABEMUS PAPAM !!!

 
 
 
... HABEMUS PAPAM !!!
 
 
        ... Oui, oui, oui, oui !!!, habemus papam !!, nous avons un nouveau pape, un pape enfin catholique tout de bon cette fois-ci, remplaçant de par Dieu l'abominable homme des neiges du Vatican, François !! Nous en avons même, chers amis, au moment où j'écris ces lignes, au moins... trois ou quatre, si pas plus (car il ne faut pas oublier les sédévac-survivantistes qui s'auto-élisent des papes du passé, Paul VI ou Benoît XVI, rajoutant donc de leur côté deux numéros à la liste !), tous élus, je rassure mon lecteur, non pas par le Saint-Esprit mais par les esprits hérétiques et schismatiques des sédévacantistes voulant aller perseverare diabolicum jusqu'au bout de leur hérésie et de leur schisme.
           
        Et c'est pourquoi on ne peut certainement pas s'en conjouir et féliciter entre nous, catholiques, dans la sainte, glorieuse et joyeuse union des âmes, annonciatrice de la joie divine immarcescible qui sera communautairement nôtre dans la Vie éternelle du Ciel, comme lorsqu'un nouveau vrai Vicaire du Christ est légitimement élu par l'Église Universelle, je vous annonce une grande joie, annuntio vobis gaudium magnum..................
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
 
        J'aurais très-volontiers, qu'on le croit bien, passé sans m'arrêter sur ces délires d'esprits fanatiques et sectaires, obscurantistes et inintelligents, rebelles au Plan divin de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et extrémistes, prétendant réparer à la pélagienne l'Église Universelle mortellement malade de Vatican II par leurs propres forces et non par la grâce du Christ, si je n'étais tombé dernièrement sur un hit, pardon, un pur sommet dans le genre, qui appelle vraiment à grands cris une remise à niveaux, un... remontage théologique de bretelles.
 
        Je veux parler du nouveau "pape" qui a été "élu" par le Patriarcat Catholique Byzantin, lequel, apparemment, car ce n'est pas très-clair, a son siège en Ukraine, à Donetsk (...!), et s'avère n'être rien d'autre, en fait, qu'une petite communauté groupusculaire gréco-catholique sédévac qui se prend à peu près pour l'Église Universelle à elle toute seule, sous couverture prophétique. Cela remonte d'ailleurs à quelques courtes années puisque c'est le 14 octobre 2019 que ledit Patriarcat a "élu" comme nouveau Souverain Pontife... Mgr Carlo-Maria Viganò !! Oui-da, vous avez bien lu !!
 
        Et il l'a fait le plus "sérieusement" du monde, comme il appert de sa proclamation fantastico-fantastique faite sur cette vidéo ci-dessous, par laquelle il annonce très-solennellement cette nouvelle "élection pontificale" à la ville et au monde, urbi & orbi (attention !, soyez bien assis sur votre chaise, mettez la ceinture de sécurité, vérifiez avec soin la prise de terre : effet électrochoc garanti) :
 
 
           
         Vous avez vu cette vidéo ? Alors, je vous laisse vous remettre de vos émotions...!
           
        Cependant que nos catholiques byzantins sont bien obligés d'avouer dans un entrefilet obscur sur leur site (http://vkpatriarhat.org/fr/), un peu piteux quand même, que Mgr Viganò n'a pas répondu à la lettre qu'ils lui ont envoyée pour lui annoncer avec un éclat de trompette d'Apocalypse risible son élection au Souverain Pontificat. Ne pouvant pas toujours pleurer, convenons en effet que ce serait vraiment drôle : il n'y aurait, aux dernières nouvelles qui remontent au 14 octobre 2019, date de cette super-élection pontificale, pas d'acceptation de la part de Mgr Viganò, accepto, du moins elle ne serait pas connue de l'Église et dûment scellée par la note ecclésiale de Visibilité indispensable en la matière, donc, évidemment, pas de nom pontifical choisi par l'intéressé, ce qui, au final, signifie de manière flagrante qu'en fait... il n'y a même pas de pseudo-pape élu !
 
        Encore qu'en vérité, on se voit obligé de dire qu'on n'en sait vraiment trop rien, on ne sait pas si Mgr Viganò l'a acceptée ou bien non, car l'ancien nonce apostolique aux États-Unis est fort éloigné de cacher son sédévacantisme au moins pratique quant à François, qu'il n'appelle jamais que "Bergoglio" dans ses interventions publiques, ce qui, dans notre contexte ecclésial, est la première porte grande ouverte à deux battants pour accepter l'élection d'un nouveau pape... et pourquoi pas soi-même, puisqu'on est grand'prélat émérite et qu'on y est bougrement poussé (cf., par exemple, sa récente interview du 11 août dernier par Matt Gaspers, rédacteur en chef au "Catholic Family News", un journal web traditionaliste américain : https://catholicfamilynews.com/blog/2023/08/11/cfn-interviews-vigano-francis-trump-ukraine-child-trafficking-and-more/, dans laquelle, ne tenant hérétiquement nul compte de la règle prochaine de la légitimité de toute élection pontificale, à savoir l'infaillible pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, Mgr Viganò ose mettre en doute la validité certaine du conclave théologiquement achevé qui a élu François au Siège de Pierre en 2013). Et donc, comme ne manquent surtout pas de le faire remarquer nos byzantins sédévacs, si Mgr Viganò n'a pas accepté son élection comme pape, il ne l'a pas non plus refusée (suivez mon regard).
           
        Car en effet, il faut de toute nécessité un pape à la tête de l'Église militante, et comme la surnature plus encore que la nature a horreur du vide, si Mgr Viganò soutient sédévacantistement qu'il n'y en a pas actuellement sur le Siège de Pierre, alors, il n'est pas vraiment impossible qu'il se soit senti obligé d'accepter occultement l'élection de sa personne au Souverain Pontificat faite par les byzantins. Lui seul pourrait le dire évidemment, mais Mgr Viganò peut en effet aller jusque là, car, n'ayant pas vraiment compris le cadre eschatologique de "la crise de l'Église", qui s'épèle "PASSION DE L'ÉGLISE", qui est vraiment la der des der ordonnée en finale au règne de l'Antéchrist-personne et surtout à la Parousie du Christ glorieux qui le terrassera définitivement, cela lui fait émettre des opinions théologiques complètement erronées pour la solutionner, cela le soumet dangereusement à toutes sortes de tentations hétérodoxes et scabreuses, dont bien sûr, éventuellement, celle d'accepter une pseudo-élection pontificale de sa personne de toutes façons ecclésialement éminente. J'ai fait remarquer ces graves erreurs et insuffisances de Mgr Viganò dans le bon combat spirituel que par ailleurs il mène, quoique dans un conservatisme peu éclairé, dans un article le concernant écrit il y a trois ans, qu'on pourra lire au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1.
           
        Nous aurions donc, au moins possiblement, un nouveau pseudo-pape sédévac dans la personne de Mgr Viganò. Maintenant, il va être intéressant de savoir qui furent les électeurs de cette pseudo-élection pontificale byzantine...? Ce ne sont même pas des évêques diocésains ayant juridiction active, ce sont seulement huit simples évêques de campagne ou chorévêques (korâs - episcopos), dont peut-être uniquement l'un d'entre eux, le plus âgé, a rang d'évêque diocésain, ayant été sacré secrètement, selon ce qu'il en dit, par un évêque des catacombes sous le régime communiste soviétique. Les chorévêques, dont l'institution s'est développée beaucoup plus en Orient qu'en Occident, sont effectivement de vrais évêques possédant la plénitude du sacerdoce, mais ils n'ont qu'une juridiction très-limitée qui peut ne pas dépasser les dimensions d'une simple paroisse, et surtout ils sont eux-mêmes sous juridiction d'un évêque diocésain. On pourrait dire dans une formule sans doute un peu rapide que ce sont des curés de campagne ayant la plénitude du sacerdoce. C'est surtout dans les premiers âges chrétiens que cette institution épiscopale subalterne fonctionna, issue, semble-t-il, de la tradition apostolique de saint Jean Apôtre ; quant au statut d'évêque diocésain qui, depuis, est le seul à pratiquement exister dans l'Église, il prend plus sa source sur la lignée apostolique des saints Pierre & Paul Apôtres. Après le XIème-XIIème siècle, on ne trouve pratiquement plus trace de ces chorévêques dans l'Église, du moins en Occident, sauf de manière honorifique, pour perpétuer et respecter une tradition immémoriale (par exemples, dans certaines cathédrales d'Allemagne) ; il n'en va pas de même en Orient, où cette institution a plus ou moins perduré, selon les régions et les églises.
           
        Quant à nos chorévêques orientaux ayant "élu pape" Mgr Viganò, on peut voir clairement leurs noms sur leur site, l'un d'entre eux se baptisant même archevêque (...???), probablement sans eau bénite ; de ce côté-là du moins, ils ne sont pas comme Archidiacre, ils n'avancent pas masqués, larvatus prodeo. Et par ailleurs, Dieu me garde de juger leurs personnes sacerdotales. Il suffit de visiter leur site pour se rendre compte qu'ils vivent leur vie de Foi dans une vraie spiritualité, en mettant fort l'accent sur la prière et l'oraison quotidiennes, comme les orientaux savent peut-être mieux le faire que les occidentaux. Qui sait si, parmi eux, il n'existe pas, trompé de bonne foi, un saint plus saint que moi devant Dieu ?, un P. Cyril Gordien comme chez les "ralliés" ? Il n'en reste pas moins, ne me jugeant pas moi-même, ni en plus ni en moins par rapport à qui que ce soit, que je dois, en tant que catholique et beaucoup plus encore en tant que prophète dans "la crise de l'Église", dénoncer à mon prochain l'hétérodoxie viscérale de leur agir ecclésial quant au Siège de Pierre.
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Pour commencer, je ne chipoterai pas sur leurs pouvoirs épiscopaux et prendrai l'hypothèse qui leur est la plus favorable, à savoir que ces huit chorévêques byzantins possèdent tous vraiment la plénitude du sacerdoce comme ils l'affirment, c'est-à-dire qu'ils sont vraiment évêques, ce qui est possible. Mais alors, cela signifie donc que la pseudo-élection pontificale de Mgr Viganò, dans ce synode extraordinaire tenu le 14 octobre 2019, aurait été faite exclusivement par des évêques, puisqu'ils le seraient, tous et chacun d'eux.
           
        Et c'est justement là où le bât blesse mortellement, rien que cela fait s'écrouler toute leur procédure, nonobstant toutes autres raisons fondamentales invalidantes, très-nombreuses. Car, comme je l'expliquais dans un précédent article, il est rigoureusement impossible, eu égard à la Constitution divine de l'Église, que les évêques puissent avoir la moindre part à une élection pontificale sans que, par-là même et pour cette seule raison dirimante, celle-ci soit radicalement et complètement invalide. Je n'en referais pas ici la démonstration théologique, je renvoie le lecteur à ce précédent article où je la fais (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/o-se-situe-lacte-de-droit-divin-qui-fait-certainement-le-pape-actuel-chez-les-cardinaux-qui-l-lisent-canoniquement-dans-le-conclave-ou-chez-les-v-ques-de-lorbe-catholique-qui-approuvent-a-posteriori-l-lection-des-cardinaux-?Itemid=1).
           
        Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que des sédévacs veulent élire un nouveau pape uniquement par une assemblée d'évêques, ils n'en sont pas à leur coup d'essai, on enregistre déjà, depuis Vatican II, au moins trois "papes" sédévacs élus de cette manière. Mais les chorévêques du Patriarcat Catholique Byzantin ne le savent peut-être pas, et il me semble bon, surtout pour eux (à qui je vais envoyer les présentes), de rafraîchir ce qui est maintenant presque une page d'histoire dans le traditionalisme.
           
        Lorsque je rédigeais il y a plus de vingt-cinq ans mon ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église", L'Impubliable, je reçus un jour un document très-intéressant émanant d'un de ces groupes de catholiques sédévacantistes voulant procéder à l'élection d'un nouveau pape. Dans celui-ci, les auteurs exposaient dans le grand détail les lois théologiques sur lesquelles ils croyaient pouvoir fonder leur action. Les arguments étaient clairs, bien développés, quoique avec une syntaxe très-défectueuse puisqu'il s'agissait d'une traduction d'un texte en provenance des États-Unis ; cependant, par souci de bien respecter la pensée des auteurs, je n'y avais fait aucune correction lorsque je le relatais in extenso et ne varietur dans L'Impubliable, et je recopie maintenant ici de même ce document, tel quel :
 
"Dossier New True Pope (Nouveau Vrai Pape)
           
        "III. 9 - Droit de suppléance contre faux cardinaux
           
        "A. Droit de suppléance dans l'élection du Pape Martin en 1417.
           
        "Le 11 novembre 1417 le grand-schisme d'Occident fut terminé après 39 ans, grâce à l'élection du pape Martin V. Cette élection papale a été réalisée sans le Collège normal des cardinaux.
           
        "Depuis 1378, il y avait deux papes, l'un à Rome et l'autre à Avignon en France. Puis depuis 1409, il y en avait trois : Bénédict XIII en France, Grégoire XII à Rome et Alexandre V en Allemagne. Chacun de ces trois papes créait ses propres cardinaux et consacrait ses propres évêques. Enfin, sur l'initiative de l'empereur d'Allemagne, ces trois groupes de cardinaux vinrent s'assembler à Constance. Outre les cardinaux, venaient aussi les évêques consacrés par ces papes, avec plusieurs théologiens de renom de toute l'Europe.
           
        "On peut dire qu'aucun de ces trois papes n'est vrai pape depuis longtemps. Mais même si nous supposons que l'un des trois est vrai pape, la conférence de Constance n'en comprenait pas moins de deux tiers de cardinaux invalides et évêques également invalides, parce que ceux-ci avaient été créés et consacrés par de faux papes. D'un pape invalide, tous les actes sont invalides.
           
        "Dans leurs divisions, que faisaient ces dignitaires de validité plus ou moins douteuse ? Basés sur les langues, ils formaient cinq groupes appelés «Groupes de Nations». Impossible de distinguer les cardinaux valides (si valides il y en ait), des invalides. Chacun croyait fermement que lui-même était valide. Dans cette confusion inextricable, il fut vite admis que tous les cardinaux étaient autorisés à élire le nouveau pape.
           
        "Il n'était pas si simple que cela. Chaque pape était soutenu par des nations différentes, si bien que ce rassemblement disparate (qui devait élire un vrai pape au lieu et place de trois douteux) devint une affaire politique. Si un ou plusieurs «Groupes de Nations» ne reconnaissaient pas le résultat de l'élection, le Schisme continuerait pour le pire. Il fallait donc prendre des mesures appropriées pour éviter cette catastrophe. Quelles étaient ces mesures ? Lisons ce qu'écrivit l'historien ecclésiastique Auguste Frésen :
           
        "«Il fallait un procédé spécial pour choisir l'homme qui conviendrait à tout le monde, qui pourrait jouir de l'approbation universelle. À cette fin, en plus de vingt-six cardinaux, chaque «Groupe de Nations» avait six représentants pour entrer en Conclave le 8 novembre 1417. Cinquante-six électeurs en tout. L'Hôtel de ville de Constance avait été aménagé spécialement pour servir cette gravissime élection papale. Le choix s'avérait très difficile. Ce fut seulement trois jours plus tard, dans une atmosphère d'«exaltation religieuse au-dedans du conclave» (Flink) pendant qu'au-dehors se déroulait une procession, que fut trouvée la conciliation qui paraissait déjà aux contemporains comme un miracle opéré par le Saint-Esprit. Le 11 novembre 1417, le cardinal Odo Colonna fut élu pape. Il prit le nom de Martin V selon le Saint du jour. Non seulement au Concile, mais partout en Occident, régnait une joie indescriptible... L'Église avait à nouveau un chef qui était reconnu par tout le monde et qui avait été élu légalement» (Citation d'après Johannes Rothkranz).
           
        "Légalement fut élu le pape Martin, malgré le fait que parmi les 56 électeurs seulement 8 ou 9 étaient peut-être vrais cardinaux et que plus de la moitié des électeurs n'étaient pas du tout cardinaux. Dans ce cas de nécessité exceptionnelle, en effet, ces 56 électeurs étaient considérés à juste titre comme les représentants les plus dignes de toute la Chrétienté et ils agissaient conformément au Droit de Suppléance. Si vous n'admettez pas la validité de cette élection papale de 1417, vous aurez à admettre que l'Église Catholique n'a pas eu de papes valides depuis 1417, durant ces dernières 582 années.
           
        "La leçon à tirer de ce fait historique est que : en cas d'exception, quand l'Église n'a plus de vrais cardinaux, d'autres délégués ont à s'avancer pour élire un nouveau Pape.
           
        "B. Droit de Suppléance dans le Droit Canon.
           
        "«Faux cardinaux sans doute, mais cardinaux quand même», certains le prétendent et nourrissent le vain espoir que le présent Collège des cardinaux éliront un vrai Pape pour succéder au faux actuellement. Contrairement à leur espérance, l'existence des hérésies contenues dans les documents du Concile Vatican II n'est plus une question [à débattre], mais une certitude bien établie ; si bien qu'en les proclamant officiellement le 7 décembre 1965, Paul VI et tous les cardinaux, archevêques et évêques en communion avec lui sont devenus hérétiques publiques et furent déchus de leur charge et dignité pastorales ipso-facto. Faux collège de faux cardinaux n'a aucun pouvoir pour élire aucun valide pape. Alors, sans un valable collège de cardinaux, serons nous sans vrai pape jusqu'à la fin des temps ?
           
        "L'ancien Droit Canon (1917) a prévu ce cas anormal et nous a donné une solution au Canon 20. Dans une circonstance extraordinaire, quand les électeurs pourvus du droit d'élire manquent à leur prérogative, il peut y avoir un droit de Suppléance pour leurs remplaçants. Ce droit sera déterminé conformément aux quatre normes : 1. Legibus latis similibus. 2. Generalibus Juris principiis cum æquitate canonica servatis. 3. Stylo et praxi Curiæ Romanæ. 4. Communiconstantique sententia doctorum. ― Un professeur espagnol, Dr. Tomas Tello Corraliza a fait des recherches en ces quatre domaines de 1. lois semblables, 2. principes généraux de droit, 3. pratique usuelle de la Curie romaine, et 4. opinions communes, constantes, des docteurs ; et il est venu à conclure : «Le résultat des recherches sur ces quatre domaines : légal, juridique, pratique et doctrinal, est une étonnante, harmonieuse convergence sur une même conclusion, à savoir que les électeurs de droit pour organiser une élection papale dans les circonstances actuelles sont les Évêques fidèles» (voir son Dictamen Guide de base pour une élection papale, mai 1994). Les Canons «semblables» que le professeur a consultés sont les numéros 109, 166 ; «la pratique» de l'Église à laquelle il s'est référé fut trouvée dans une documentation digne de foi, Dictionnaire de la Théologie Catholique (art. Élection des papes), les «docteurs» qu'il a personnellement consultés, et quelques-uns des récents chercheurs (qu'il mentionne : abbé A.M. Zins, Daly J. Britons, H. Johas, K.-J. Mock), sont : Cajetan, Vitoria, St. Robert Bellarmine, Jean de St. Thomas, Dom Grea, L. Billot et Ch. Journet.
           
        "Dr. Homero Johas, professeur brésilien, avait affirmé que «Dieu ne détermine pas la forme de l'élection papale, mais la nécessité de l'élection papale continue à être de mandat divin». Puis, il discute le Droit de Suppléance sur la base des opinions des Docteurs de l'Église. Un autre chercheur, Mgr Charles Journet, se base sur la doctrine du grand théologien Cajetan et de Jean de St. Thomas pour affirmer que : En cas d'exception le pouvoir d'élire le pape est transféré à l'Église par restitution. «Exceptionnellement, par exemple, quand il est incertain qui sont vrais cardinaux, qui est vrai pape, comme il est arrivé au temps du Grand-schisme d'Occident, alors le pouvoir d'élire sera retourné à l'Église Universelle... Il revient à l'Église par restitution» (Cajetan, Apologia, chap. XIII). Restitution, au sens strictement canonique, comme Cajetan l'explique lui-même, signifie transmission de la part d'un supérieur à son inférieur immédiat... Dans notre cas, les électeurs de droit sont les Évêques fidèles, qu'ils soient nombreux ou pas, auxquels nous pouvons nous fier en nos temps présents.
           
        "Voilà déjà la réponse à la première question : Qui seront les électeurs légitimes du prochain Pape ? Pr. Tomas Tello Corraliza a précisé : «Reviennent exclusivement au corps des Évêques Sédévacantistes le devoir et le pouvoir d'élire un pape dans les circonstances actuelles». Une deuxième question a été soulevée et examinée par le même professeur : «Quelle sera la procédure à suivre pour une telle élection ?» Quand le pape Pie VI fut tenu prisonnier par Napoléon, il accorda de larges pouvoirs aux cardinaux pour décider sur la loi du Conclave ainsi que sur les réglementations en cérémonies, formalités concernant la suivante élection papale. Son successeur, Pie VII, en fit de même. Quant à Pie IX, suivant l'invasion des États pontificaux, il établit une législation spéciale à servir comme alternative au cas où les lois normales ne pourraient pas être observées. Professeur Corraliza cite tout cela du Dictionn. De la Théologie Catho., pour supporter sa déclaration : Les Évêques électeurs de droit sont souverains pour déterminer les conditions spécifiques et la procédure de cette élection, v.g. nombre et qualités des représentants électeurs, majorité requise, etc.
           
        "En pratique, la masse des fidèles ont à savoir qui sont, nominativement, les Évêques sédévacantistes dignes de confiance, qui restent fidèles à la Sainte Tradition de l'Église d'avant Vatican II et qui combattent les hérésies. Sont ils seulement parmi les successeurs apostoliques de l'Archevêque P. M. Ngo Dinh Thuc ? Ceux-ci pourtant, consacrés validement comparés aux innombrables faux évêques consacrés invalidement selon le rite nouveau, ne sont pas tous entièrement dignes de confiance. Par exemple, celui qui semble ignorer complètement ce qu'avait fait son Archevêque [Ngo Dinh Thuc] quand il écrivit : «Après l'Archevêque Lefebvre, Mgr Castro-Meyer est l'Évêque le plus connu parmi les traditionalistes...» La résignation de Mgr Castro-Meyer éteint le dernier espoir pour un évêque en position avec juridiction, pour accuser Jean Paul II d'hérésies. Un autre Évêque [de la lignée Thuc] semble déplorer la déclaration du 25 février 1982 de Mgr Ngo Dinh Thuc à Munic, quand il écrit de France : «En 1979, puis en 1981, spécialement en 1982 avec sa déclaration, Mgr Thuc nous a laissé un drôle d'héritage». Deux autres Évêques [de cette même lignée Thuc sédévacantiste] nous conseillent de rester tranquilles et prier, en attendant que Dieu intervienne en Son temps et à Sa manière.
           
        "Validement consacrés, ayant à cœur de combattre les hérésies et «anathématiser les hérétiques» (St. Martin 1er, pape martyr) afin de préserver la vraie Foi, de tels Évêques [sédévacantistes, qu'ils soient ou non de la lignée Thuc, veulent dire les auteurs] sont vrais successeurs des Apôtres, quoique leur nombre est minime. De rares religieux et religieuses, qui sont restés fidèles à leur vocation initiale, sont vivants idéaux de la Foi traditionnelle, comme précieux survivants d'espèces en voie de s'éteindre. De vrais fidèles laïcs, qui ont hérité d'une solide formation religieuse traditionnelle, sont multitudes mais ils restent silencieux pour la plupart. Que ces trois catégories, qui constituent la vraie Église du Christ, s'unissent pour prier et agir en vue d'un Nouveau Vrai Pape.
           
        "Notre-Dame de La Salette, priez pour nous.
           
        "Note. L'original en anglais daté du 6 Avril, cette version française le 8 août 1999" (fin de citation).
           
        Après avoir cité tout ce texte du plus haut intérêt pour la question du jour, il n'est pas difficile de voir que nos chorévêques byzantins se rangent exactement dans les mêmes arguments que ceux exposés il y a vingt-cinq ans par les sédévacantistes américains de mon texte...
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Mais voici comment je commentais ce texte apologétique des élections pseudo-pontificales sédévacantistes, il y a donc presque vingt-cinq ans maintenant, dans L'Impubliable :
           
        "Une erreur sédévacantiste d'aiguillage : l'élection hic et nunc d'un nouveau pape.
           
        "On l'a vu : la thèse sédévacantiste professe la vacance actuelle du Siège de Pierre. Or, la nature a horreur du vide, plus encore lorsqu'il s'agit de la vie sur-naturelle de l'Église, de laquelle dépend le salut de nos âmes : poser en principe que nous n'avons plus de pape depuis Vatican II pousse bon gré mal gré le sédévacantiste à aller jusqu'au bout de son raisonnement, à savoir tout mettre en œuvre dans l'Église pour procéder à l'élection d'un nouveau vrai pape, afin de supprimer l'insoutenable et insupportable absence du «doux Christ en terre» (sainte Catherine de Sienne). Certes, tous les sédévacantistes ne s'autorisent pas à aller jusque là (... ce qui, soit dit en passant mais il est important de le dire, ne les disculpe nullement du même gravissime péché de schisme dont se rendent coupables ceux qui vont jusque là, car, ne reconnaissant pas le pape actuel désigné infailliblement par l'Église Universelle, qui est François, ceux qui cantonnent leur sédévacantisme uniquement au non-una cum liturgique sans vouloir élire un nouveau pape, commettent autant ce péché matériellement mortel de schisme que ceux qui, parmi eux, allant jusqu'au bout du non-una cum liturgique, plus logiquement avec leurs principes et moins hypocritement, décident de faire un nouveau pape...), mais un certain nombre d'entre eux s'en font un devoir de conscience. C'est ainsi que, dans ces dernières années, des groupes sédévacantistes, en Allemagne, aux États-Unis, en Angleterre, etc., ont été jusqu'à procéder concrètement à l'élection d'un nouveau... «pape». Qu'en penser ?
           
        "Face à cette «solution», la première question à se poser est celle-ci : dans le cas théologique précis de notre «crise de l'Église», cette «action» ecclésiale apporterait-elle une solution valable, une réparation théologiquement adéquate de l'Église, eu égard à sa divine Constitution ? La réponse est formellement négative, cette prétendue solution est totalement inadéquate. Pour la raison essentielle suivante : nous avons bien montré en effet dans notre étude que le problème théologique posé par «la crise de l'Église» n'est pas tant le fait d'un pape hérétique en tant que docteur privé que celui de toute l'Église Enseignante hérétique, puisqu'elle fut unanime dans la signature du décret sur la Liberté religieuse, una cum le pape. C'est infiniment autre chose, infiniment plus grave que le problème d'un simple pape hérétique en tant que docteur privé. En fait, il est capital de prendre bien conscience que ce qui est arrivé dans l'Église le 7 décembre 1965 avec la Liberté religieuse NE POUVAIT PAS ARRIVER SUR LE PLAN THÉOLOGIQUE. Donc, tout raisonnement exclusivement canonique de «la crise de l'Église» (et toute action subséquente, comme ici l'élection d'un nouveau pape), est radicalement impuissant à apporter la moindre solution : il n'y a pas de solution canonique à cela. Et d'ailleurs, si l'on en restait au premier degré du constat objectif, comme le feront les impies, il faudrait conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", au rebours de la promesse pourtant formelle du Christ. Il n'y a en effet AUCUNE solution canonique ou théologique à l'impasse que nous manifeste «la crise de l'Église» issue de Vatican II, quelle qu'elle soit, parce qu'elle est radicale et touche l'essence même de la Constitution divine de l'Église.
           
        "Seule l'appréciation mystique de la situation permet au catholique contemporain de comprendre ce qui se passe dans l'Église de son temps, par la Mystique de la très-sainte Passion du Christ, et de rentrer humblement le plus qu'il peut dans les Voies certes humainement incompréhensibles de la Sagesse divine : il n'y a plus qu'à contempler l'Église crucifiée, que l'on voit, tel Jésus, être «faite péché pour notre salut» (II Cor V, 21), un péché bien sûr matériel et non formel, les actes hérétiques de Vatican II ayant été posés seulement matériellement par les Pères de l'Église actuelle una cum Paul VI, c'est-à-dire en toute inadvertance du caractère hérétique formel des doctrines y professées, en prendre sa propre part de co-Rédemption dans sa vie personnelle de chrétien, puis attendre la Mort mystique de l'Épouse très-sainte du Christ dans son économie de salut actuelle dite du temps des nations et de Rome son centre (Mort mystique qui concrètement sera le règne de l'Antéchrist-personne), prélude indispensable à sa Résurrection dans le Millenium par la Parousie du Christ Glorieux venant venger l'outrage et l'opprobre suprêmes faite à l'Épouse immaculée du Christ et des âmes d'avoir été «faite péché»... mais pour le salut, comme le dit lapidairement si bien saint Paul à propos du Christ vivant et mourant sa Passion. Et ne pas se scandaliser de cette Heure certes terrible, affreuse, qui est l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, car c'est d'elle que le Christ a dit : «C'est POUR cette Heure que Je suis venu» (Jn XII, 27).
           
        "On voit donc par-là à quel point est totalement inadéquate pour solutionner «la crise de l'Église», vraiment hors-sujet, l'élection d'un nouveau pape. À quoi servirait-il bien, en effet, d'élire un nouveau pape, à supposer que la chose soit possible (et nous allons voir qu'elle ne l'est pas du tout, et surtout pas par un "conclave d'évêques") ? À rien du tout, puisque cela ne réparerait nullement, sur le plan théologique, le fait qu'il y a eu dans l'Église le 7 décembre 1965 la promulgation d'une hérésie, quand bien même elle n'est que matérielle et non-formelle, non pas par un pape seul mais par tout le Collège Enseignant una cum le pape, c'est-à-dire par l'Église Universelle. Ce qui met l'Épouse du Christ dans l'économie de la Passion, laquelle, une fois mise en œuvre, ne peut plus se terminer que par la mort de l'Église dans son économie de salut actuelle, dite du temps des nations et de Rome son centre...
           
        "Et précisément, une preuve pratique que cette solution n'en est pas une, c'est que ceux qui ont cru devoir l'adopter n'ont pas réussi à réunir l'Église UNIVERSELLE, condition cependant indispensable pour procéder validement à l'élection d'un nouveau pape dans les conditions actuelles. Chaque groupe sédévacantiste qui a cru pouvoir procéder à «l'élection» d'un nouveau pape a pourtant bien prétendu réunir l'Église Universelle, mais, sensiblement dans le même laps de temps, ils ont été... plusieurs groupes sédévacantistes à faire ce raisonnement, et cela a abouti concrètement à la création de... trois «nouveaux papes» (significative analogie avec le Grand-Schisme d'Occident !), lesquels se partagent désormais une certaine obédience sédévacantiste (nous avons en effet un Pierre II, un Michel 1er, un Linus II... et à ces trois «anciens», il faut désormais rajouter un Pie XIII, ce dernier frais émoulu d'octobre 1998, tous issus de divers groupuscules sédévacantistes), preuve pratique que pour chacune de ces élections particulières, l'Église Universelle n'était nullement réunie, n'était pas au rendez-vous. Cela montre que le Saint-Esprit ne cautionne aucun de ces papes. Ce simple fait pratique est une preuve théologique de plus qui montre bien que la théorie sédévacantiste qui fonde cette action d'élire un nouveau pape, dont nous avons montré plus haut dans notre étude toute la spécieuse et hérétique fausseté, n'est pas valable.
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        "Mais il est temps de rappeler l'authentique doctrine de l'Église concernant les électeurs canoniques du Souverain Pontife. Le cardinal Charles Journet, cité trop évasivement par nos auteurs sédévacs américains, en faisait une synthèse remarquable en ces termes très précis : «Le pouvoir d'élire le pape réside formellement (c'est-à-dire, au sens aristotélicien, comme apte à procéder immédiatement à l'acte d'élection) dans l'Église Romaine, en comprenant dans l'Église Romaine les cardinaux-évêques qui sont, en quelque sorte, les suffragants de l'Évêque de Rome (le pape). C'est pourquoi, selon l'ordre canonique prévu, le droit d'élire le Pape appartiendra de fait aux cardinaux seuls. C'est pourquoi encore, quand les dispositions du droit canonique seraient irréalisables, ce serait aux membres certains de l'Église de Rome qu'il appartiendrait d'élire le Pape. À DÉFAUT DU CLERGÉ DE ROME, CE SERAIT À L'ÉGLISE UNIVERSELLE, dont le pape doit être l'Évêque» (L'Église du Verbe Incarné, Journet, p. 623). La question qui nous occupe donc, se résume ainsi très précisément : l'élection pontificale revient au Haut-Clergé de Rome ; à son défaut, elle revient au Bas-Clergé de Rome ; à son défaut encore, elle revient à l'Église Universelle, comme du reste l'ont fort bien noté nos sédévacs américains en rappelant Cajetan, ainsi qu'on l'a vu plus haut : «En cas d'exception le pouvoir d'élire le pape est transféré à l'Église par restitution. Exceptionnellement, par exemple, quand il est incertain qui sont vrais cardinaux, qui est vrai pape, comme il est arrivé au temps du Grand-Schisme d'Occident, alors le pouvoir d'élire sera retourné à l'Église Universelle... Il revient à l'Église par restitution. Restitution, au sens strictement canonique, comme Cajetan l'explique lui-même, signifie transmission de la part d'un supérieur à son inférieur immédiat...».
           
        "Ceci étant bien posé, supposons, pour suivre la thèse de nos sédévacantistes, que la solution théologique de notre «crise de l'Église» résiderait dans l'élection d'un nouveau pape par l'Église Universelle, l'Église romaine, dans son haut et bas clergé, ayant en corps défailli toute entière le 7 décembre 1965 par la signature à Vatican II du très-hérétique décret sur la Liberté religieuse. Toute la question reviendrait alors à définir «l'Église Universelle». Qu'est ce que l'Église Universelle, en matière d'élection pontificale ? La réponse est simple : l'Église Universelle, c'est la réunion de tous les membres enseignants avec les membres enseignés, sans distinction de rang ni d'autorité dans l'Église, ni surtout exclusions aucunes, c'est l'assemblée plénière de tous les fidèles du Christ actuellement intégrés à son Église, c'est-à-dire qui ne sont ni excommuniés, ni schismatiques, ni hérétiques, ni apostats, c'est vraiment l'universitas fidelium. Et c'est justement ici que nos sédévacantistes font une grave erreur d'aiguillage, d'où le titre de mon excursus, en faisant consister l'Église Universelle, pour ce qui est de l'élection pontificale extra-ordinaire, dans les seuls Évêques. Ainsi que je l'ai dis plus haut, leur erreur d'assimiler l'Église Universelle purement et simplement aux seuls Évêques certainement catholiques (... soit, pour eux : exclusivement ceux qui sont sédévacantistes !) est, quant à la Constitution divine de l'Église, fort grave, comme s'assimilant à l'hérétique conciliarisme.
           
        "À l'appui de leur thèse, les sédévacs américains citent l'exemple historique du Grand-Schisme d'Occident. Ils font très-bien, car c'est effectivement le seul cas dans toute l'histoire de l'Église où un pape fut élu par ce moyen très-extraordinaire d'un «conclave universel» qui, en l'occurrence, nous allons le constater, fut fort éloigné de n'être composé que des... seuls évêques, ce qui condamne la thèse de nos sédévacs américains (reprise de nos jours par nos chorévêques byzantins), qui, apparemment, n'en ont nullement pris conscience. Un mot, cependant, avant de continuer, sur ce mode très-exceptionnel de l'élection pontificale. Il faut bien comprendre, et nos auteurs l'ont parfaitement saisi dans leur petit dossier, à quel point ce mode d'élection par voie universelle est extraordinaire, et nécessite pour ainsi dire visiblement l'Assistance toute-puissante du Saint Esprit. Car par les voies humaines, la réunion de toute l'Église pour ne former qu'une seule voix, est radicalement IMPOSSIBLE. C'est pourquoi, l'Assistance divine était presque palpable dans cette élection de Martin V terminant le Grand-Schisme d'Occident. C'est vraiment un moyen de toute dernière extrémité au-delà duquel l'Église militante meure, qui nécessite quasi le miracle visible.
           
        "Penchons-nous à présent sur les électeurs de Martin V. Toutes les histoires ecclésiastiques les rangent en deux catégories bien marquées, bien distinctes l'une de l'autre, et nos auteurs eux-même n'ont pu s'empêcher de les distinguer ainsi dans leur article : il y a les vingt-six cardinaux de toute obédience des trois papes douteux d'un côté, et, de l'autre côté, les trente représentants des cinq Nations chrétiennes principales d'alors. On ne saurait mieux marquer la distinction membres enseignants et membres enseignés, dont la réunion, et elle seule, réalise théologiquement l'Église Universelle quant à la chose juridictionnelle dont dépend l'élection pontificale (nous ne sommes pas là en effet dans le domaine sacramentel ou celui de l'enseignement de la Foi, pour lequel, certes, les membres enseignants, c'est-à-dire le pape et les évêques, représentent, et eux seuls, l'Église Universelle). Là, on peut le dire, c'était vraiment l'Église Universelle qui était représentée par ces cinquante-six électeurs, composés de deux moitiés sensiblement égales de membres enseignants et de membres enseignés. Car en effet, notons avec soin que même s'il y avait (forcément) des évêques parmi ces trente représentants des cinq nations, ils ne l'étaient pas tous, et de plus, ceux qui l'étaient n'agirent au conclave nullement en tant qu'évêques de l'Église catholique, mais comme simples mandataires des nations.
           
        "Toutes les Histoires de l'Église le révèlent bien ; limitons-nous à deux exemples : dans sa célèbre Histoire universelle de l'Église catholique écrite au siècle dernier, l'abbé Rohrbacher, à propos de ces trente représentants des cinq nations principales de la Chrétienté ayant voix au conclave duquel sortira Martin V, emploie le mot très-révélateur de «députés». Députés de qui ? Pas de l'Église, mais des nations chrétiennes qui, ici, figurent les membres enseignés, les laïcs autrement dit (même nos auteurs sédévacantistes ne peuvent s'empêcher, dans leur texte, de classer ces électeurs qui ne furent pas cardinaux dans des "Groupes de Nations"). Or, quand on est «député», on n'a pas plus de pouvoir que celui qui nous députe, c'est en effet un principe formel de droit que le mandataire n'a pas plus de pouvoir que ceux possédés par son mandant. Autrement dit, les personnes juridiques des nations n'ayant nullement le pouvoir d'Ordre qui appartient exclusivement à l'Église, les députés qu'elles envoyaient au «conclave universel» pour les représenter, ne l'étaient nullement en tant qu'évêques, pour ceux qui l'étaient. Il est tout-à-fait inutile de préciser que les nations chrétiennes, en effet, dans l'Ordre de l'Église, ne sont pas des membres enseignants (quoique, dans l'ordre sociopolitique inhérent au Temps des Nations qui est le nôtre jusqu'au règne de l'Antéchrist, on peut les considérer comme des sortes d'Institutions divines sub-ordonnées à l'Église), elles sont théologiquement des personnes juridiques LAÏQUES intégrées aux membres enseignés, et leurs roys très-chrétiens, quoiqu'ayant une mission très grande dans le Plan divin du salut des âmes, ne sont que des «évêques du dehors». C'est pourquoi l'appellation de Rohrbacher dans son Histoire nous semble être la plus juste, à propos de ces représentants des «Groupes de Nations» : «députés», sous-entendus de tous les membres enseignés de l'Église Universelle, dûment représentés moralement par les cinq nations chrétiennes principales d'alors, France, Allemagne, Angleterre, Italie & Espagne. Un autre historien, Gaston Castella, désigne ces trente députés des nations ayant voix au conclave universel par la double dénomination fort significative pour notre sujet de : «prélats et docteurs», parce qu'elle laisse encore mieux entendre que s'il y eut des évêques parmi ces électeurs des nations, il y eut également des laïcs, docteurs de Sorbonne, Salamanque ou autres ("Prendraient part, cette fois-là, à l'élection, non seulement les cardinaux présents, mais trente prélats et docteurs, soit six de chacune des cinq nations" ― Histoire des papes illustrée, t. 1, p. 315).
           
        "Remarquons au passage que nos auteurs sédévacantistes américains semblent s'être rendus compte de leur bévue comme malgré eux puisque le dernier paragraphe de leur article en revient à plus d'orthodoxie : concluant d'une manière générale leur harangue sur la nécessité de faire un nouveau pape, ils font un appel solennel cette fois-ci non plus seulement aux seuls évêques sédévacantistes, mais ils leur adjoignent à parité les «rares religieux et religieuses restés fidèles à leur vocation initiale» et les «vrais fidèles laïcs qui sont multitude quoique silencieux pour la plupart» : «que ces trois catégories, qui constituent la vraie Église du Christ, s'unissent pour prier et agir en vue d'un Nouveau Vrai Pape». Là, ils sont dans le vrai (... sauf à considérer le "et agir" qui sent son activisme à plein nez...!, parce qu'il est rigoureusement impossible de toute impossibilité aux hommes de réunir l'Église Universelle dans les conditions actuelles post-vaticandeuses) : ces «trois catégories» forment effectivement l'Église Universelle, l'universitas fidelium, seule apte à procéder par un consensus omnium à l'élection d'un nouveau pape lorsque les cardinaux de la sainte Église romaine sont hors-course.
           
        "Retenons de tout ceci que la théologie pose deux choses fondamentales : 1/ Une élection pontificale par l'Église Universelle est une chose très-extraordinaire, qui nécessite quasi un miracle de Dieu ; 2/ Quant à l'élection pontificale, l'Église Universelle n'est pas représentée par les seuls Évêques, mais par l'ensemble de tous les fidèles catholiques vivant au moment où l'élection a lieu, universitas fidelium, qu'ils soient clercs ou laïcs, qu'ils aient ou non autorité dans l'Église, qu'ils soient membres enseignants ou enseignés. Tout le monde catholique doit être dûment représenté et c'est précisément pourquoi la réunion universelle de l'Église est si extraordinaire" (L'Impubliable, p. 285, note de fin de texte "v").
           
        J'exposais donc tout ceci dans L'Impubliable, 3ème édition du 25 décembre 1999. Mais onze ans auparavant, en 1988, je le formulais déjà dans L'extraordinaire Secret de La Salette, en ces termes : "Notons bien, en passant, que les évêques n'ont pas plus de pouvoir sur l'acte d'élection du pape que le simple catholique du rang, à quelque niveau que ce soit de l'élection. Ceci, pour sauvegarder le merveilleux équilibre constitutionnel de l'Église : si l'évêque avait un quelconque droit dans l'élection du pape, c'en serait bien fini de la liberté du pape ainsi élu !" (pp. 325-326)
 
.Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Et en effet. Faire élire un pape par les seuls évêques est anti-théologique au possible : souvenons-nous du concil(iabul)e de Bâle voire même de Constance à ses débuts, lesquels n'avaient rien moins en projet que de soumettre en principe le pape à tout concile général (qui sont composés des seuls évêques quant aux voix actives). Ce n'est qu'à fort grand'peine si l'Église romaine réussit, notamment grâce à l'action intelligente, pondérée, inspirée et persévérante, du pape Eugène IV (1431-1447) et de sa Curie, à sauvegarder sa constitution voulue par le Christ, à savoir que l'Autorité du Pape prévaut sur tout concile général. Or, depuis ces conciliabules du XVe siècle, très agressifs dans leur dernier avatar, celui de Bâle, étouffés d'extrême justesse, cette révolte contre l'Autorité pontificale ne cessa jamais : les hérésiarques parus dans l'Église depuis lors, qu'ils soient luthériens, calvinistes, hussites puis jansénistes et enfin modernistes, ont tous voulu battre en brèche l'autorité du Souverain Pontife, en voulant la plier démocratiquement aux voix épiscopales de l'Église, qu'on fasse résider ces voix dans des assemblées "parlementaires" d'Église, conçues comme de véritables "États généraux permanents de l'Église" reconductibles tacitement, ou bien dans des conciles nationaux, comme avec les jansénistes français. C'est d'ailleurs cette sourde mais continuelle et formidable révolte qui a fini par susciter la proclamation libératrice de Pie IX en 1870, concernant l'infaillibilité pontificale ex cathedra. Nonobstant le caractère anti-théologique et anti-constitutionnel de la chose, soumettre donc ne serait-ce qu'une seule élection pontificale à un conclave composé exclusivement d'évêques, ce serait du même coup créer un précédent des plus fâcheux dans la vie de l'Église militante, alors que les ennemis du Christ et de son Église n'ont jamais renoncé à abattre l'Autorité pontificale. Il est bien facile de comprendre qu'une fois ce "conclave d'évêques" canoniquement enregistré dans les annales ecclésiastiques, rien ni personne ne pourrait plus désormais contredire les prétentions indues des démocrates révolutionnaires qui veulent soumettre par principe le pape au concile général d'évêques. Ne serait-ce que pour cette raison, la thèse de nos auteurs sédévacantistes de faire élire le nouveau pape par les seuls évêques catholiques actuels, serait proscrite formellement.
           
        Conclusion générale : nonobstant la bonne intention des sédévacantistes qui veulent faire un nouveau pape au moyen d'un conclave d'évêques exclusivement de leur bord, croyant sincèrement quoique naïvement arranger ainsi les affaires, cette thèse est radicalement et absolument insoutenable, pour deux raisons théologiques fondamentales, dont une seule suffirait pour la débouter : 1/ Sur le plan théologique, l'élection d'un nouveau pape bien catholique ne réparerait en rien "la crise de l'Église", puisque l'Église a été "faite péché pour notre salut", qu'elle est rentrée dans l'économie de la Passion, le 7 décembre 1965, par la Liberté religieuse, et que rien, et surtout pas un nouveau pape, ne peut la sortir de la Passion que désormais elle endure à l'instar du Christ jusqu'à la mort, usque ad mortem, car elle est voulue par la Providence de Dieu ; 2/ L'élection d'un nouveau pape dans un conclave exclusivement composé d'évêques, même certainement catholiques, serait ipso-facto formellement invalide, car les seuls évêques ne représentent théologiquement nullement l'Église Universelle dans la procédure extraordinaire d'une élection pontificale.
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Pour qu'on comprenne bien à quel point il est dangereux de donner un quelconque pouvoir à l'évêque dans l'élection pontificale, je ne finirai pas cette mise au point sans citer de larges extraits de l'instructif article sur le conciliarisme contenu dans le Dictionnaire historique de la papauté, par Philippe Levillain, 1994 :
           
        "Conciliarisme. ― Le mouvement composite du conciliarisme, qui naquit dans les milieux du concile de Bâle (1431-1449), reposait sur la conviction que le pouvoir pontifical devait être tempéré. C'est pourquoi l'assemblée générale de l'Église (concile œcuménique) devait intervenir, même et surtout dans le cadre d'une véritable réforme de l'Église elle-même. Dans sa phase plus évoluée, c'est-à-dire du XIVe au XVe siècle, cette conception aurait pu conduire à la démocratisation de l'Église. (...) Les théories conciliaristes se développèrent à partir [des thèses émises par certains théologiens sur la déchéance par l'Église Universelle d'un pape hérétique, d'où leur prétention de faire passer l'Église Universelle par-dessus le pape, même ordinairement ; au passage, remarquez bien comme les motivations théologiques du sédévacantisme et du conciliarisme sont identiques...]. Un autre canoniste, Enrico da Susa († 1271), parla de l'Église comme d'une "corporation" dans laquelle l'autorité devait être exercée non seulement par le chef, mais aussi par les membres, l'autorité du chef étant limitée par le bien général. Ces idées seront reprises par Jean Quidort († 1306). Comme le pape, les Évêques reçoivent leur pouvoir directement de Dieu. En tant qu'administrateur d'une corporation, le pontife a le droit d'agir tant qu'il recherche le bien commun, mais il peut être jugé et déposé quand il ne le fait plus, car son autorité est le fruit d'une délégation humaine, obtenue par l'intermédiaire de l'Église représentée par les cardinaux électeurs [c'est exactement le raisonnement sédévacantiste : mais cela revient à professer hérétiquement l'inexistence du droit divin de la fonction pontificale...]. L'Évêque Guillaume Durand le Jeune († 1328) peut être considéré comme un autre "père" du conciliarisme. Avant toute véritable réforme, il pensait qu'il fallait d'abord diminuer un pouvoir pontifical exorbitant. Il souhaitait donc que l'Évêque retrouvât son ancienne importance [???] et que le concile œcuménique, cessant d'être un événement extraordinaire, fût convoqué tous les dix ans, en application du principe juridique selon lequel "quod omnes tangit ab omnibus approbari debet". Par conséquent, le concile n'était plus seulement une espèce de cour d'appel ou un instrument de pression sur un pape négligent, mais un véritable organe de contrôle, essentiel pour un bon fonctionnement du gouvernement ecclésiastique.
           
        "Le conciliarisme dans le Grand-Schisme d'Occident. ― La double élection pontificale de 1378, et l'impossibilité évidente de dénouer la situation en faisant appel à la bonne volonté des deux papes rivaux, amena théologiens et canonistes à réétudier les textes du droit canonique des deux derniers siècles afin d'en déduire des solutions possibles. Deux théologiens influents, Conrad de Gelnhausen († 1390) et Heinrich de Lagenstein († 1397), s'appuyèrent sur ces textes (et de nouveaux apports des maîtres Marsile de Padoue et Guillaume d'Ockham [ce qu'oublie de dire l'auteur, c'est que ces auteurs cités ne font pas particulièrement partie des meilleurs théologiens de l'Église : le conciliarisme s'appuie donc sur des théologies douteuses de docteurs situés pour le moins sur la frange de l'Église...]). En 1380, le premier publia l'Epistola concordiae, dans laquelle était exposée, pour la première fois de façon systématique, la thèse selon laquelle seule la "via concilii" pouvait résoudre la crise en cours. Il tirait les conséquences d'un critère ecclésiologique bien précis. L'Église universelle étant constituée par l'"universitas fidelium", la primauté revenait donc au concile général qui la représentait.
           
        "[il y a ici une précision excessivement importante à faire, que ne fait nullement l'auteur encyclopédique de cette notice, lequel semble prendre fait et cause pour la chose conciliariste qu'il expose, c'est à savoir que la "via concilii" n'est légitime que dans la situation extraordinaire où le pape est empêché ou inexistant ou douteux, par la loi d'épikie qui veut qu'en cas d'impossibilité de la loi supérieure (le pape, règle vivante et immédiate de la Foi), c'est la loi inférieure qui fait règle (l'Église Universelle, normalement représentée par le pape), mais la "via concilii" n'est point du tout légitime dans la situation ordinaire où le pape est dans le libre exercice de ses fonctions, car dans ce cas, c'est le pape qui, de droit divin, prend lui seul les rênes de l'Église ; autrement dit, à proportion même où le pape est empêché, l'Église universelle assume ce qu'il ne peut faire, mais il est capital de comprendre que l'inverse est encore plus vrai, à savoir qu'à proportion même où le pape peut agir librement et universellement, l'Église universelle concrétisée par la "via concilii" n'a strictement plus aucun pouvoir et s'efface complètement derrière lui. Et il ne faut pas insinuer faussement qu'il en était autrement dans les premiers siècles de l'Église en invoquant une mensongère "ancienne importance de l'évêque", comme le fait l'auteur : dès les premiers siècles chrétiens, toute l'orbe catholique reconnaissait dans le pape la règle première et prochaine de la Foi et de la discipline pour réformer l'Église. Même en Afrique. Même en Orient. Où, lors de la tenue de conciles plus ou moins œcuméniques, on ne les considérait comme obligeant de Foi que lorsqu'ils avaient reçu le placet du pape... Les monuments ecclésiastiques des saints Pères de l'Église sont sur cela sans équivoque et innombrables. Cette règle de la primauté du pape, l'histoire des concil(iabul)es de Pise, Constance, Bâle, etc., l'a d'ailleurs fort bien montré... au grand dam des conciliaristes : après avoir rempli leur mission essentielle consistant à redonner une tête à l'Église pour terminer le dramatique Grand-Schisme d'Occident, c'est ce nouveau pape qu'ils ont créé qui a ipso facto repris en main la gestion suprême de la loi, en tant que premier rector (ce qui s'est fait très difficilement car justement les conciliaristes voulaient toujours indûment, même une fois le pape fait, continuer à dominer dans l'Église sur le pape !) ; continuons cependant à lire cet article hélas insidieusement apologétique du conciliarisme, mais fort intéressant sur le plan documentaire pour bien comprendre l'erreur grave et profonde de nos sédévacantistes qui veulent faire élire un nouveau pape... par des évêques :].
           
        "Peu après, ses thèses étaient reprises par Lagenstein, auteur de l'Epistola concilli pacis. La conception conciliaire fut défendue tout particulièrement par les théologiens de l'université de Paris, creuset de ce gallicanisme où le conciliarisme puisa une grande partie de son argumentation doctrinale et politique [... ça n'est pas précisément une référence d'orthodoxie !]. En 1403, l'évêque Pierre d'Ailly († 1420) publia un traité savant dans lequel il justifiait l'utilité d'un concile universel dans lequel le vote ne serait pas limité aux Évêques, mais étendu aux théologiens et aux canonistes. Les docteurs de l'université de Bologne reprirent la doctrine de certains canonistes et rappelèrent que le pape pouvait être jugé en s'appuyant aussi sur le délit de schisme. Le fait de persister dans celui-ci pouvait être assimilé au crime d'hérésie. Ils ajoutaient que, si les cardinaux négligeaient de convoquer le concile, l'initiative pouvait être prise par quiconque avait à cœur le bien de l'Église [c'est parfaitement exact pour une situation hors-la-loi ordinaire où le pape est absent de l'Église, mais précisément n'oublions surtout pas que cet agir dans l'Église est extraordinaire, et non ordinaire, et ne mélangeons surtout pas les deux cas, comme il semble que fait l'auteur].
           
        "Le conciliarisme aux conciles de Pise, Constance et Bâle. ― C'est ainsi que l'on arriva à 1409 et à la décision déchirante des collèges cardinalices des deux "obédiences" de convoquer un concile à Pise sans (et contre) la volonté des papes. Dans cette assemblée très représentative étant donné la quantité et la qualité des participants, de claires professions de foi conciliariste furent exprimées, à commencer par le discours inaugural prononcé par Petros Filargès († 1410), largement inspiré par les écrits de Gelnhausen. On aboutit à la déposition formelle des deux rivaux [... par le concile lui-même, mais les deux rivaux en question, dont surtout le légitime et urbaniste Grégoire XII, n'avaient nullement donné leur accord à cette déposition ! Et d'autre part, certaines nations et villes restaient dans l'obédience de l'un ou l'autre : donc, l'Église Universelle n'était pas représentée dans le concile de Pise] et à l'élection de Filargès lui-même (qui devint Alexandre V [éphémère antipape dont on peut dire qu'il doit son élection de par la grâce du conciliarisme, et duquel Jean XXIII prendra la suite douteuse et mouvementée, jusqu'à son abdication forcée]).
           
        "Ce concile, première étape de l'application des théories conciliaristes à la vie de l'Église, permit celui de Constance et la fin du schisme. Son échec apparent, dû à l'obstination des deux papes à refuser les décisions de l'Église Universelle, ne détourna pas le plus grand nombre de continuer à penser que la voie conciliaire était la seule à suivre. Fort de cette amère expérience, le théologien et chroniqueur Dietrich von Niem († 1418) écrivit que le concile deviendrait un moyen efficace d'unification et de réforme s'il était pris en main par le détenteur du pouvoir temporel dans la chrétienté, l'empereur [!]. C'est ce qui eut lieu [... mais pas à la manière conciliariste, comme nous l'assure mensongèrement l'auteur tendancieux de cet article ; l'empereur Sigismond s'est effectivement montré très-zèlé pour procurer un nouveau pape à l'Église et pour éteindre le Grand-Schisme, prenant comme en main parfois les destinées du concile par des initiatives hardies auprès des prélats, mais il s'est immédiatement parfaitement soumis au pape dès que celui-ci fut créé...], et l'unité fut retrouvée grâce au concile de Constance (1414 1418) [au concile, oui, mais pas aux thèses conciliaristes...].
           
        "Surtout, le 6 avril 1415 fut promulgué le décret Hæc sancta. Celui-ci faisait du conciliarisme la doctrine officielle de l'Église dans des termes que l'on peut ainsi résumer : le concile universel est inspiré par le Saint-Esprit ; son pouvoir provient directement du Christ et il représente toute l'Église ; en conséquence, chacun, même revêtu de la dignité pontificale, est tenu de se conformer à ses décisions. Ce décret représente donc la sanction officielle du conciliarisme, sinon dans la forme qui voulait réduire le pape à un simple organe exécutif subordonné, du moins dans celle qui attribuait au concile une fonction d'"instance de contrôle" du pape [ce que dit l'auteur est gravement faux. Cedit décret ne fut pas du tout approuvé par le concile, pas même par tous les conciliaristes, et son enregistrement fut refusé dans les actes officiels après d'homériques batailles au sein de l'aula conciliaire entre les cardinaux avec lesquels s'étaient rangés tous les saints prélats du concile, d'une part, et les conciliaristes durs, d'autre part : le non-enregistrement de ce décret concocté par les "progressistes" du concile, était effectivement chose très importante, et il fut obtenu ; justement, pour le dire en passant, il est instructif au plus haut point de constater que ce même cas de figure s'est reproduit à l'identique dans Vatican II, mais cette fois-ci, ce sont les "progressistes" qui ont triomphé et qui ont réussi à faire enregistrer par toute l'Église leurs décrets hérétiques, très-notamment celui de la Liberté religieuse]. Par ailleurs, cette fonction [d'un concile universel omnipotent dans l'Église, même sur le pape] ne devait pas se limiter à des moments particuliers de crise, mais être permanente [c'est précisément là que réside toute l'hétérodoxie de la thèse conciliariste, qui n'a jamais été décrétée loi d'Église dans le concile de Constance, n'en déplaise à l'auteur ; au contraire, l'auteur aurait bien fait d'ajouter que dans ce même concile, on condamna Wicleff précisément sur cela, qu'il ne reconnaissait pas la suprématie du pape sur toute l'Église Universelle...].
           
        "En effet, par un autre décret, du 9 octobre 1417 (Frequens), le concile fixait des échéances périodiques précises pour la réunion des conciles généraux [là encore, ce décret ne fut pas plus approuvé que le précédent, Hæc sancta]. Si ces décisions solennelles avaient été appliquées par la suite, le visage de l'Église en aurait été transformé [... Oh oui certes !, mais pas pour la sanctification de l'Église, bien plutôt pour sa subversion destructrice par le démocratisme dit chrétien, dont Lamennais se fera le prophète quelques siècles plus tard, et que le Dauphin de France fustigera en ces termes remarquables, quand, à leur retour, il tancera d'importance les théologiens français qui s'étaient fait les promoteurs du conciliarisme au concile de Constance : "[Le conciliarisme] fut sévèrement blâmé à la cour de France. Les députés de l'université [qui l'avaient soutenu au Concile, Gerson en tête] y ayant paru, le dauphin, qui était encore Louis, duc de Guyenne, les reçut fort mal, et leur dit en colère : «Il y a longtemps que vous vous en faîtes un peu trop accroire, en vous donnant la liberté d'entreprendre des choses qui sont bien au-dessus de votre condition : ce qui a causé bien du désordre dans l'État. Mais qui vous a fait si hardis que d'avoir osé attaquer le Pape et lui enlever la tiare [en invoquant la thèse conciliariste que le pape est inférieur au concile universel, non pas un pape douteux, mais tout pape en tant que tel], en le dépouillant de sa dignité, comme vous avez fait à Constance ? Il ne vous reste plus, après cela, que d'entreprendre encore de disposer de la couronne du roi, mon seigneur, et de l'état de princes de son sang ; mais nous saurons bien vous en empêcher»" ― Rohrbacher, t. XXI, p. 152].
           
        "En revanche, la Curie romaine effectua un travail subtil et persévérant pour les rendre vaines [c'est tout à l'honneur de la Curie, qui, avec l'intelligent Eugène IV, étouffa avec grande diplomatie et douceur des moyens cette gravissime subversion naissante du conciliarisme, évitant avec beaucoup de tact tout combat frontal avec les dangereux tenants conciliaristes, ce qui finira par les isoler, puis les réduire comme tout naturellement ; ici, avec grande tristesse, on ne peut que rappeler à nouveau que c'est exactement l'inverse qui arriva à Vatican II, la Curie romaine représentée par le cardinal Ottaviani fut subvertie par les prélats progressistes du Rhin...]. (...) La papauté reprit rapidement en main la situation. (...) Pie II (naguère conciliariste à Bâle [mais seulement pour résoudre une situation extraordinaire de l'Église, ici le Grand-Schisme, et point du tout à la manière hétérodoxe qui veut que tout pape, en situation ordinaire de l'Église, est soumis au concile général, comme le sous-entend sournoisement l'auteur...]) arriva à formuler une condamnation explicite du conciliarisme par la bulle Exsecrabilis du 18 janvier 1460. Dès lors, les condamnations pontificales se succédèrent, mais l'idée ne cessa pas de circuler. (...) Sur le concile de Trente, bien que solidement tenu par les papes, plana encore le spectre du conciliarisme dont, parmi les épigones, se trouvent plusieurs positions ultérieures visant à accroître l'autorité des Évêques ou même celle des curés (richerisme)" (fin de citation).
           
        "L'idée ne cessa pas de circuler", moins encore les mauvais procédés pour l'accréditer, comme il arrive toujours d'être poussé à le faire quand on est dans le mauvais camp. C'est ainsi que les actes officiels du concile de Constance, ceux approuvés par le pape, furent falsifiés subtilement de la manière suivante : "En vérité, le conciliarisme est basé [entre autres] sur un faux en écriture. En décembre 1865, un prélat découvrit dans les archives de la bibliothèque vaticane les manuscrits originaux de toutes les sessions du concile de Constance. Il remarqua que des faussaires avaient recopié infidèlement les actes originaux : ils avaient remplacé un mot par un autre, en substituant la lettre «d» à la lettre «n». En changeant à peine une lettre de l'alphabet, ils transformèrent le mot «finem» en «fidem», ce qui donne un sens tout-à-fait différent. Car le concile de Constance se réunit pour mettre «fin» au schisme, et non pour juger la «foi» du pape (= donc soutenir que le concile serait supérieur au pape). «Ce synode, légitimement assemblé au nom du Saint-Esprit, formant un concile général représentant l'Église catholique militante, tient immédiatement de Jésus-Christ son pouvoir, auquel toute personne de tout état, de toute dignité, même papale, est tenue d'obéir, en ce qui regarde l'extinction et l'extirpation dudit schisme (obedire tenetur in his qui æpertinent ad FINEM et extirpationem dicti schismatis)» (concile de Constance, IVe session du 30 mars 1414). FAUSSE version : «est tenus d'obéir en ce qui regarde la foi et l'extirpation dudit schisme»" (Mystère d'iniquité, etc., pp. 103-104).
           
        Le lecteur, qui saisit bien pourquoi j'ai cité longuement l'article du Dictionnaire de Levillain augmenté du petit appendice complémentaire sur la falsification des actes du concile de Constance, est mieux à même de comprendre à présent combien l'élection d'un pape par un conclave formé exclusivement d'évêques est totalement proscrite, sur le plan théologique. En aucun cas, et surtout pas le nôtre, elle ne saurait apporter la moindre "solution", aggravant au contraire d'une manière extrêmement dangereuse la situation…
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Portons notre réflexion, à présent, sur le fond du problème. D'où vient cette très-mauvaise et déplorable idée de "faire un pape bien catholique" dans le contexte ecclésial actuel ? Elle vient, on le sait, nous l'avons vu, de la thèse sédévacantiste, qui est d'abord une hérésie quant à la doctrine de la Légitimité pontificale, puis un schisme lorsque ses tenants, ses adeptes, la mettent en œuvre, déniant à François son caractère certain de vrai Vicaire du Christ actuel.
           
        La doctrine catholique quant à la Légitimité pontificale est pourtant excessivement simple et claire : c'est l'Église Universelle, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un, qui fait formellement le pape actuel, verus papa.
           
        Dès lors donc que le catholique, du plus haut rang ou au contraire du rang le plus modeste dans la chrétienté, sait que les cardinaux ont élu puis reconnu au nom de l'Église Universelle un tel comme pape actuel (et les cardinaux agissent toujours au nom de l'Église Universelle, in Persona Ecclesiae, dès lors qu'ils élisent un pape dans un conclave dûment réuni), il a l'obligation formelle de croire que celui-là est le pape que Jésus-Christ lui donne pour ses jours terrestres actuels, sous peine de s'exclure lui-même soi-même ipso-facto de l'Église, de s'auto-anathématiser sur le champ dès le moment où il refuse de faire obédience à ce nouveau pape. C'est pourquoi nous avons vu, dans un mien article fouillé sur le sujet dont j'ai mis le lien Internet au début de ces lignes, que le grand théologien thomiste Jean de Saint-Thomas professe : "Dès que les hommes voient ou apprennent qu’un pape a été élu, ils sont obligés de croire que cet homme est le pape, et de l’accepter" (Cursus Thelogicus, t. VI, questions 1-7, Sur la Foi, Disputation VIII, 1640).
           
        Notons avec grand'soin que Jean de Saint-Thomas ne fait pas rentrer le criterium de la Foi dans l'obligation de la croyance "que cet homme est le pape" mais UNIQUEMENT le criterium de l'Église Universelle : dès lors qu'elle a parlé par l'organe des cardinaux, et l'Église Universelle le fait toujours infailliblement de par le Saint-Esprit, la croyance de fide est actée et obligatoire pour tout fidèle. Par ailleurs, le jugement de la Foi du papabile puis du pape est commis dans les seules mains des cardinaux, et non point du tout dans celles des simples "membres enseignés" comme le croient, dans un raisonnement de libre-examen hétérodoxe luthérien, les sédévacantistes (ils peuvent certes, par l'intellect seulement, prendre acte que le Magistère des papes moderne est doctrinalement défectueux, mais qu'ils comprennent bien que cette prise de conscience purement intellectuelle de leur part, comme au reste de la part de tous les catholiques dignes de ce nom, ne leur donne aucun pouvoir, aucun droit, sur le plan théologique, pour juger le pape moderne au sens fort, c'est-à-dire le déclarer déchu, pouvoir de déchéance pontificale qui est, là encore, aux seules mains des cardinaux dans leur majorité canonique).
           
        C'est pourquoi, tout catholique actuel a l'obligation formelle de professer que François est notre pape actuel puisqu'il est le sujet avéré de l'infaillible pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, règle prochaine de la Légitimité pontificale, par laquelle le Saint-Esprit parle depuis 2013 à toute âme vivante fidèle.
           
        Pour refuser en rebelles revolvere la Foi de l'Église en matière de Légitimité pontificale, s'anathématisant ainsi eux-mêmes très-certainement, les sédévacantistes vont jusque dans les plus folles "solutions", les plus déjantées, dont celle de nos chorévêques byzantins n'est qu'un échantillon. On les voit se diviser en plusieurs groupes.
           
        1/ Le premier groupe en reste paresseusement au non-una cum liturgique et ne va pas plus loin. Ces communautés réunissent le plus grand nombre (relatif) des sédévacantistes. Les adeptes de ce premier groupe, de toutes façons, je l'ai rappelé plus haut, commettent un péché de schisme aussi grave que les sédévacs qui, allant plus logiquement au bout du toub de leur positionnement hérétique, pseudo-élisent des papes par assemblée d'évêques, ou s'auto-élisent des papes du passé, Paul VI ou Benoît XVI, par survivantisme. Car qu'on comprenne bien les choses : ce qui fait le péché de schisme, c'est le refus de croire que François est notre pape actuel, quelque soit la manière dont ce refus est posé. Or, ce refus est formellement acté rien que par le non-una cum liturgique, même si le sédévac ne se choisit pas un autre pseudo-pape actuel, par pseudo-conclave d'évêques ou par survivantisme non moins pseudo.
           
        2/ Le deuxième groupe est constitué par les sédévacantistes radicaux qui, non satisfaits dans leur Foi sédévac par le seul non-una cum liturgique y adjoigne l'obligatoire nécessité d'élire un nouveau pape par assemblée pseudo-conclavique d'évêques. Ceux-là sont très-peu nombreux, d'autant plus qu'ils se divisent en plusieurs factions puisque chacune, prétendant à faux représenter l'Église Universelle, a élu "son" pape, quatre à ma connaissance sans que je sois très-sûr du nombre. C'est évidemment dans ce groupe-là que se situe le Patriarcat Catholique Byzantin... quand bien même, dans son cas, on ne sait même pas si l'heureux élu pour remplacer François, Mgr Viganò, a accepté ou bien non sa pseudo-élection au Siège de Pierre ! Cependant, tous ces pseudo-papes sédévacs le sont ex nihilo, théologiquement tirés du néant et devant y retourner tôt ou tard... Pour la (très) petite histoire, je consigne ici que le pseudo-pape original et illuminé Pierre II m'avait téléphoné un jour, c'était un... garagiste de profession, qui, quant à lui, avait reçu son pseudo-Souverain Pontificat... directement du Ciel, par révélation privée, et, m'avait-il précisé très-fièrement, il était aussi... une ceinture noire de karaté, un dan (... rien à voir avec la tribu juive de Dan, de laquelle certains Pères de l'Église veulent voir sortir l'Antéchrist-personne...!!!) ; je me rappelle avoir eu du mal à ne pas rire, Dieu me pardonne, et qu'Il daigne aussi avoir fait miséricorde à ce pauvre illuminé de Pierre II, parce que je pense qu'il doit être décédé maintenant, rip.
           
        3/ Le troisième et dernier groupe est constitué par les sédévacs survivantistes. Ceux-là se subdivisent en deux catégories, dont la première, certes, est la plus déjantée.
           
        a) Les adeptes de "la survie physique de Paul VI" (... si, si, il en existe encore, je suis fort bien placé pour le savoir !) : des brontosaures de Jurassic Park, qui, s'imaginant dans les vaps une "conversion" de Paul VI dont ils n'ont strictement aucune preuve mais qui l'aurait rendu aussi blanc doctrinalement que sa soutane pontificale, vivent désormais, en 2023, leur survivantisme pontifical en schizophrènes isolés dans leurs têtes et sur leur île-laboratoire, comme dans le film... Non seulement ils n'ont aucune preuve de la "conversion" de leur pape survivant, mais ils n'en ont pas plus de son existence physique, pas l'ombre de l'ombre du plus petit indice, après la mort de Paul VI, le 6 août 1978 : ce qui ne les empêche nullement de toujours croire à... "la survie de Paul VI" (qui, né en 1897, aurait actuellement... 126 ans), dans un fidéisme surréaliste bétonné en forme de bunker, résolument à toute épreuve...!
           
        b) Les adeptes de la survie, seulement théologique cette fois-ci, de Benoît XVI. Ceux-là, contrairement aux premiers survivantistes, ne croient pas à une survie physique de Benoît XVI, mais seulement à sa survie théologique à partir de 2013, déclarant invalide son abdication de la fonction pontificale suprême. C'est-à-dire que, premièrement, ils croient que François n'est pas pape, et deuxièmement, à l'instar des adeptes de "la survie de Paul VI" qui veulent s'amouracher d'un Paul VI converti après lequel, pontificalement parlant, il n'y aurait rigoureusement plus rien sur le Siège de Pierre, Benoît XVI serait, lui aussi, le dernier pape vraiment catholique de l'Église catholique, apostolique et romaine. Ils vivent donc de sa doctrine (enfin, de ce qu'ils veulent en prendre de catholique, mettant de sérieuses œillères très-rabattues sur leurs yeux pour ne pas voir les professions de foi ratzingériennes parfaitement modernistes que j'ai eu la tristesse de relater dans cet article : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Que%20le%20pape%20Beno%C3%AEt%20XVI,%20MALGR%C3%89%20%20TOUT,%20repose%20en%20paix%20dans%20le%20Christ?Itemid=1), tirant un trait sur le présent Magistère pontifical de François qui crucifie l'Église...
           
        Le point commun entre ces deux sortes de sédévacantisme-survivantisme réside dans le fait que leurs adeptes respectifs vivent dans leurs têtes avec un pape imaginaire qui serait doctrinalement "tout blanc", bien catholique, qui ne crucifierait pas l'Épouse du Christ, au contraire, qui la garderait avec soin d'être sous "la puissance des ténèbres". Or, justement, c'est précisément par-là même qu'ils se trompent le plus complètement et le plus radicalement possible dans leur compréhension de "la crise de l'Église". Par cette illusion qu'on pourrait retrouver un pape doctrinalement "tout blanc" aux temps de la "PASSION DE L'ÉGLISE" que nous vivons et mourons présentement, illusion que l'ange des fausses lumières, en riant, attise dans leurs âmes, ils rejettent ce que le Saint-Esprit fait vivre à l'Église aujourd'hui : sa Passion propre et personnelle, c'est-à-dire le "être fait péché" ecclésial opéré par la papauté elle-même, et donc se mettent par-là même hors de l'Église sur le plan spirituel. C'est-à-dire que les survivantistes n'ont rien compris à rien de "la crise de l'Église", qui est "PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        C'est en effet par la papauté au premier chef, c'est bien le cas de le dire, que, dans notre âge moderne, l'Église est "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), qu'elle en est crucifiée usque ad mortem, jusqu'à ce que mort s'ensuive dans et par le règne de l'Antéchrist-personne... Il faut même aller plus loin, si l'on veut comprendre le fond mystique de la question : c'est le Saint-Esprit qui aveugle les papes modernes POUR QUE ils crucifient l'Église sans même s'en rendre compte, car Sa volonté est de faire vivre la Passion à l'Épouse du Christ ; exactement comme le Père VOULAIT la Passion de son Fils, non pas faut-il le dire pour la Passion en elle-même mais pour son fruit surnaturel de grâce. Vouloir donc vivre avec un pape doctrinalement "tout blanc", un pape qui ne serait pas le surnaturel instrument de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", est donc rejeter ce que Dieu fait vivre à l'Église contemporaine, juste dire qu'on ne comprend rien à rien de ce que le Saint-Esprit fait vivre à l'Épouse du Christ en nos jours.
           
        Car en outre, cela ne remonte pas à hier : les papes ont mis l'Église en état de péché matériel inhérent à l'économie de la Passion d'abord au niveau des Mœurs, et ce fut le pape Pie VII qui initia la chose dès le sortir de la Révolution, dès 1801, par l'abominable Concordat napoléonien qui fut rien moins que le "Vatican II des Mœurs", auxquelles Mœurs sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle ; puis il en a été de même au niveau de la Foi, pour sceller la longue contamination occulte des Mœurs corrompant de plus en plus la Foi pendant plus d'un siècle et demi, et ce fut Paul VI qui en fut le maître d'œuvre au moyen de Vatican II et de son décret le plus exécrable, la Liberté religieuse, le 7 décembre 1965.
           
        Mais nos survivantistes pontificaux sont dans cette illusion totale de vouloir s'abstraire de la Volonté du Père et du Saint-Esprit de faire vivre l'économie de la Passion à l'Église. Ils disent en leurs âmes rebelles et obscurantistes : "Père, que ce calice s'éloigne de moi, et pour qu'il en soit bien ainsi, que Ta volonté, ô Père, NE soit PAS faite !"
           
        Voyez par exemple ce récent article du site Benoît & moi, dont sa responsable est complètement obnubilée par la seule personne pontificale de Benoît XVI qu'elle veut voir doctrinalement "tout blanc", en en faisant quasi une religion (suivant d'ailleurs en cela les traces des survivantistes première mouture, qui veulent voir Paul VI comme le pape martyr de la fin des temps) :
 
Benedikt hat nie abgedankt2
 
Benedikt hat nie abgedankt
 
"Benoît XVI n’a jamais abdiqué"
           
           
        "Giuseppe Nardi
           
        "katholisches.info/
           
        "3 août 2023 
           
        "(Rome) Peu avant le départ du pape François pour le Portugal [pour les JMJ à Lisbonne], un incident s’est produit dimanche dernier sur la place Saint-Pierre. Lors de l’Angélus dominical, une femme a montré une banderole sur laquelle on pouvait lire : «Benoît XVI n’a jamais abdiqué». 
           
        "Le message qui persiste depuis dix ans.
           
        "Ce message correspond à celui qui, deux semaines plus tôt, le 16 juillet, également un dimanche, avait été affiché par un avion sous forme de banderole au-dessus de la côte au large de Rome. L’avion volait vers le sud depuis Ostie, le long d’une côte envahie par les visiteurs de la plage.
           
        "Il n’est pas possible de dire s’il existe un lien entre les deux événements. On peut toutefois supposer que ce message veut exprimer un rejet de l’actuel pontificat du pape François. Un rejet qui est si grand dans certaines parties de l’Église qu’elles continuent à se référer à Benoît XVI même après sa mort.
           
        "Cela montre que la combinaison de l’abdication surprenante et jusqu’à aujourd’hui pas vraiment explicable de Benoît XVI et du pontificat de François qui a suivi, a infligé une blessure profonde à l’Église" (cf. https://www.benoit-et-moi.fr/2020/2023/08/03/le-message-quon-ne-peut-pas-faire-taire-benoit-xvi-na-pas-abdique/).
           
        Ce site, qui véhicule sans trop le dire la survivance théologique de Benoît XVI (et donc, suivez mon regard, l'invalidité de François comme pape), est aussi clivé que les adeptes de la survie de Paul VI pour considérer que c'est le dernier pape légitime de l'Église catholique parce qu'il est doctrinalement impeccable (...!) : ainsi, après son décès, le site a créé toute une rubrique "École Ratzinger", pour toujours vivre doctrinalement du meilleur de lui, en tant que chef de l'Église... faisant totale abstraction ou plutôt obstruction sur le fait que Benoît XVI, lorsqu'il était sur le Siège de Pierre, mettait l'Église sous "la puissance des ténèbres" mortifères rien qu'en la soumettant à Vatican II et à la Liberté religieuse... pour en rester là.
           
        ... Savez-vous à qui me font penser les sédévacantistes, qu'ils soient survivantistes ou non ? Ils me font penser à la racaille du peuple juif qui préférait le criminel Barrabas à son Sauveur Jésus-Christ, lorsqu'Il comparaissait devant Pilate, dans sa Passion...
           
        Où se situe le Sauveur, de nos jours ? Le Sauveur, dans tous les temps de l'Église y compris celui de la fin des fins, le nôtre par conséquent, c'est le pape actuel, "le doux christ en terre" comme l'appelait sainte Catherine de Sienne. Or, le Saint-Esprit désigne infailliblement François pour être, de nos jours, ce "doux christ en terre" ! Comme cela semble contradictoire !! C'est certes, au premier examen superficiel, vraiment la "si grande contradiction" (Heb XII, 3) inhérente à "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Et cependant, si nous voulions bien rentrer humblement dans les Desseins et les Agirs du Saint-Esprit, au lieu de nous croire plus malin que Lui pour le salut de l'humanité...?? Le pape Bergoglio, en crucifiant véritablement l'Église, n'agit-il pas en croyant faire le MIEUX DU MIEUX alors qu'en fait il fait le PIRE DU PIRE, exactement comme, peu ou prou, tous les papes modernes le font depuis Vatican II pour faire court ? Par cet aveuglement total où demeurent leurs esprits, et qui est une disposition de la Providence divine à leur égard, le Saint-Esprit se sert d'eux comme d'instruments pour faire vivre la Passion à l'Église, c'est trop sûr.
           
        Mais, l'économie de la Passion est-elle, en soi, un péché ? Non, bien sûr. Loin de l'être, la première Passion, celle archétypale du Christ, nous mérita la Rédemption parfaite et plénière. Il en sera de même lors de la seconde Passion, celle de l'Église : lorsqu'elle sera finie, par sa mort arrivée dans le règne de l'Antéchrist-personne, elle nous méritera un surcroît de grâce inouï en faisant advenir parmi nous le Millenium, nouvelle économie de salut qui monte d'un palier vers le Ciel par rapport à l'économie de l'Église actuelle, dite du temps des nations et de Rome son centre.
           
        Or, puisque François est désigné par le Saint-Esprit pour être le légitime pape actuel, digitus Dei hic est, alors, si l'on veut bien saisir les choses, il ne faut pas le voir dans sa personne humaine pontificale, il faut le voir comme représentant l'Église elle-même, in Persona Ecclesiæ. Prenant la suite et succession de tous les papes modernes, François crucifie certes l'Église, en en rajoutant une sérieuse couche quant à lui, quoique en toute inadvertance, mais encore, dans sa fonction suréminente, il est aussi, mystérieusement, L'ÉGLISE ELLE-MÊME. Et c'est en représentant de droit divin l'Épouse-Église que le pape François Bergoglio représente en surnaturelle décalcomanie LE CHRIST DE LA PASSION. En fait, ce n'est pas lui qui représente le Christ de la Passion, mais l'Église-Épouse qu'il représente, c'est elle qui représente le Christ de la Passion. Il faut certes s'élever très-haut pour comprendre cela, mais il est plutôt conseillé de le faire, ou du moins de s'y essayer, si l'on ne veut pas courir après des Barrabas au lieu de suivre le Christ...
           
        À quoi ressemblent les sédévacantistes qui ne veulent pas du pape que leur envoie le Saint-Esprit, mais qui s'en inventent criminellement de toutes sortes par le péché d'hérésie et de schisme ? Ne ressemblent-ils pas à la populace juive qui, lors de la Passion du Christ, criait "Barrabas !" au lieu de "Jésus !"...?
           
        Le Patriarcat Catholique Byzantin qui s'est créé un pseudo-pape... qui n'existe même pas, probablement, en tant que pseudo-pape, crie : "Barrabas !"
           
        Tous ces sédévacantistes s'assemblant fébrilement dans des pseudo-conclaves d'évêques, comme le firent nos américains, créant des Linus II, des Michel 1er, des Pie XIII, crient : "Barrabas !"
           
        Les sédévacs illuminés qui, tel Pierre II, s'auto-élisent pape par pseudo-révélation privée, crient : "Barrabas !"
           
        Les sédévacs qui s'en tiennent au non-una cum liturgique, sans créer des pseudo-papes mais en rejetant la légitimité de François, eux aussi crient à pleins poumons : "Barrabas !"
           
        Les sédévac-survivantistes de "la survie physique de Paul VI", crient tout aussi fort : "Barrabas !"
           
        Les sédévac-survivantistes de la survie seulement théologique de Benoît XVI, crient : "Barrabas !"
           
        Ils donnent tous leurs cœurs et leurs âmes à Barrabas le criminel, parce que c'est par le crime d'hérésie et de schisme qu'ils se créent leurs pseudo-papes et/ou en rejetant simplement le vrai pape actuel désigné par le Saint-Esprit, c'est-à-dire François. Tous, en effet, préfèrent s'acoquiner du criminel, c'est-à-dire du crime d'hérésie et de schisme, plutôt que de suivre le Saint-Esprit révélant "LA PASSION DE L'ÉGLISE" en désignant infailliblement François comme pape actuel. 
           
        Notre-Seigneur fait remarquer aux pharisiens que c'est à tort qu'ils se vantent de faire mieux que leurs pères qui ont tué les prophètes, car en vérité ils commettent le même crime qu'eux. Les sédévacs font exactement de même : ils s'imaginent qu'ils n'auraient jamais fait ce qu'ont fait les juifs en préférant Barrabas au Christ lors de la Passion, un criminel au Juste. Mais lors de la Passion présente, non plus du Christ mais de l'Épouse-Église, on les voit préférer, par crime d'hérésie puis de schisme, les papes de leur choix au lieu du pape que le Saint-Esprit donne à l'Église pour vivre et mourir sa Passion, et qui est actuellement François. C'est exactement comme s'ils criaient "Barrabas !" au lieu de Jésus-Christ...
           
        Il ne va pas être mauvais, d'ailleurs, de relire cet anathème du Christ : "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et qui ornez les monuments des justes, et qui dites : «Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes». Par là, vous témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc aussi la mesure de vos pères. Serpents, race de vipères, comment échapperez-vous au jugement de la géhenne ? C'est pourquoi, voici que Je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous tuerez et crucifierez les uns, et vous flagellerez les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel. En vérité, Je vous le dis, toutes ces choses retomberont sur cette génération" (Matth XXIII, 29-36)
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        Nous avons vu avec nos byzantins jusqu'où peut aller la folie des sédévacs : se créer un pseudo-pape dont on ne sait même pas s'il existe puisqu'on ne sait pas si Mgr Viganò a accepté ou refusé sa pseudo-élection pontificale !
           
        Mais il est fort peccamineux, sur le plan de la Foi, de créer des faux papes, car c'est là titiller très-dangereusement la fibre mauvaise de l'homme, sa tendance au sectarisme et au fanatisme, son prurit luciférien de se passer de l'Église que Dieu nous donne par le Sacrifice de son Fils, en s'en auto-créant une soi-même pour auto-gérer le propre cosmos de salut qu'on s'invente, en gnostique... ce qui commence bien évidemment par s'auto-créer un pape de son choix. Il y a des précédents historiques qui montrent fort bien cette dangerosité extrême pour le salut de l'homme. Créer un faux pape est un très-grave péché pour celui qui le commet, car il peut avoir de très-graves suites. Le Grand-Schisme d'Occident nous en donne un exemple frappant, avec la figure de l'antipape Benoît XIII, très-entêté de son pseudo-pontificat et élisant un successeur, même après l'élection légitime du vrai pape, Martin V. Cette page historique est remplie d'une grande leçon pour notre sujet, que les sédévacantistes qui osent élire des pseudo-papes la lisent avec attention :
           
        "Et si les papes d’Avignon existaient toujours ?…
           
        "Les antipapes du Moyen-Âge n’ont pas eu de postérité, même si une séduisante légende s’est forgée autour de la figure de Pedro de Luna (1329–1423), originaire d’Aragon, qui devint pape à Avignon en 1394 et prit le nom de Benoît XIII. Après de multiples péripéties, l’Occident se retrouva en 1409 avec trois papes. La crise fut finalement surmontée, mais Benoît XIII, retiré en Aragon, refusa le compromis qui avait mis fin au grand schisme [par l'élection de Martin V au Siège de Pierre, en 1417]. Il désigna quatre cardinaux : trois d’entre eux choisirent à sa mort un nouveau pape, Clément VIII, qui abdiqua en 1429 en reconnaissant le pape de Rome, Martin V.
           
        "Mais l’un des cardinaux de Pedro de Luna s’obstina dans sa résistance : il se nommait Jean Carrier et, arrivé par la suite, contesta pour simonie l’élection de Clément VIII. Il aurait alors élu seul un pape en 1425 en la personne d’un prêtre, Bernard Garnier, même si ce dernier contesta avoir été appelé à cette fonction. Jean Carrier mourut en prison, quasiment abandonné, en 1433. Il y eut cependant des paysans du Rouergue qui restèrent fidèles à l’héritage de Pedro de Luna et finirent par mener une existence de proscrits dans les gorges du Viaur, mais les derniers moururent ou furent condamnés en 1467 (leur histoire a été racontée dans un article ancien par Noël Valois, “La prolongation du Grand Schisme d’Occident au XVe siècle dans le Midi de la France”, Annuaire-Bulletin de la Société de l’histoire de France, t. 36, 1899, pp. 162–195 ; voir également Nicole Lemaître, Le Rouergue flamboyant : le clergé et les fidèles du diocèse de Rodez, 1417–1563, Paris, éd. du Cerf, 1988, pp. 87–99.)
           
        "Fascinés par le destin de ces ultimes fidèles, certains auteurs contemporains ont cependant laissé entendre que l’Église avignonnaise aurait clandestinement survécu jusqu’à aujourd’hui. On doit notamment la diffusion de cette thèse à Pierre Geyraud, qui a consacré à “Une survivance secrète du Grand Schisme d’Occident” un chapitre de son livre L’Occultisme à Paris (Paris, Éditions Émile-Paul-Frères, 1953, pp. 161–177). Selon Geyraud, l’Église catholique apostolique avignonnaise durerait “à travers les siècles par la personne d’un successeur légitime”: celui-ci porterait le titre d’”Évêque d’Avignon, Vicaire de Jésus-Christ, successeur du Prince des Apôtres, Pontife Suprême de l’Église universelle, Patriarche d’Occident, Primat de France, Archevêque et Métropolitain de la Province Avignonnaise, humblement régnant”. Le Saint-Siège avignonnais serait secrètement installé dans un monastère en Suisse. Geyraud lui attribuait douze cardinaux, une vingtaine de préfets apostoliques, des évêques et quelque 10.000 fidèles tenus au secret. Certains éminents prélats de l’Église catholique romaine y appartiendraient. L’Église avignonnaise, toujours selon Geyraud, aurait décidé de “conférer à l’Église romaine la légitimité pontificale qui lui manque, afin de légitimer son action”: “À chaque élection d’un nouveau pape romain, notification écrite lui est donnée par le pape avignonnais qu’il devient son mandataire”. Il est à peine besoin de préciser que le Vatican dément avoir jamais reçu de telles notifications…
           
        "Si la légende de la survivance de la papauté avignonnaise et de la résistance de Pedro de Luna et de Jean Carrier ne semble pouvoir s’appuyer sur aucune preuve historique, elle ne cesse de fasciner : il m’est déjà arrivé de recevoir des courriers de personnes espérant que je pourrais les aider à identifier le monastère suisse supposé abriter le pape d’Avignon" (cf. l'article très-intéressant de Jean-François Mayer, d'où je tire cet extrait, Quand le pape n'est plus à Rome : antipapes et sédévacantistes, au lien suivant : https://www.orbis.info/2013/03/quand-le-pape-nest-plus-a-rome-antipapes-et-sedevacantistes/).
           
        Pour éviter d'aboutir à ce genre de folies honteuses, très-dangereuses pour le salut non seulement de sa propre âme mais de celles qu'on contamine par la pseudo-création de faux papes, et qu'on contamine possiblement après sa propre mort sans pouvoir plus y apporter aucun remède, il ne reste plus aux sédévacantistes qu'à admettre le devoir formel de Foi que leur intime la règle prochaine de la Légitimité pontificale, devoir qui leur est tout tracé pour redevenir de bons catholiques, ce que je leur souhaite bien sincèrement : puisque la désignation-reconnaissance ecclésiale universelle du pape fait infailliblement le vrai pape, verus papa, majeure, puisque François est le pape actuel qui en bénéficie formellement, mineure, les sédévacantistes de toutes mouvances ont donc, conclusion, sous peine d'anathème formel, à professer que François est le vrai pape actuel. C'est le devoir de tout catholique digne de ce nom, qui ne se fabrique pas orgueilleusement ex nihilo son église voire même son pape par une pseudo-élection lors d'un synode conclavique ou par auto-élection dans les nuages d'un pape du passé, mais qui prend l'une et l'autre des Mains du Saint-Esprit et du Christ, dans l'état de crucifixion et de Passion où l'Église se trouve avec le pape François. Parce que c'est là que Dieu la veut.           
           
        Reconnaître François comme verus papa, ainsi que l'Église romaine actuelle comme toujours vraie Épouse du Christ, est certes un vrai martyre pour le catholique actuel, mais justement, c'est cela le chemin de l'Église aujourd'hui : vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" précisément parce que François est vrai pape, précisément parce que l'Église romaine est vraie Église. Si l'on ne reconnaît pas François comme vrai pape, l'Église romaine comme vraie Église, alors, on ne vit pas "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que le Saint-Esprit et Dieu le Père font vivre à l'Épouse du Christ aujourd'hui, dans notre contemporanéité ecclésiale depuis Vatican II. On s'invente alors damnablement une vie ecclésiale qui surnaturellement n'existe pas, qui vit dans les ténèbres extérieures inexistentielles puisqu'elle n'est plus dans l'Église Universelle.           
           
        Rejeter avec rébellion ce formel devoir de Foi, s'appuyant sur la mauvaise force de l'orgueil, c'est en effet vivre hérétiquement sa Foi dans une bulle de savon surréaliste qui n'existe pas, c'est se créer contre la Volonté divine un petit nid douillet de pseudo-église, de petite-église schismatique, et mettre son âme, par un chemin insoupçonné du sédévacantiste, sur la voie de la damnation.           
           
        Que les sédévacantistes prennent à cœur de ne pas mériter qu'on entende dire d'eux ce que saint Bernard disait des hérétiques cathares de son temps : "On ne les convainc ni par le raisonnement (ils ne comprennent pas), ni par les autorités (ils ne les reçoivent pas), ni par la persuasion (car ils sont de mauvaise foi)" !           
           
        Que Dieu et sa très-sainte Mère, et saint Joseph Patron de l'Église Universelle, soient en bonne et victorieuse aide aux sédévacantistes pour les aider à vaincre leur démon, qui ne leur est si terrible, qui aveugle si formidablement leurs yeux au point qu'ils ne peuvent plus du tout les ouvrir, que parce qu'ils l'ont trop couvé et caressé dans leur sein, en se mettant au-dessus de tout le monde !
 
Habemus Papam 1415
Habemus papam, au concile de Constance
terminant le Grand-Schisme d'Occident
par l'élection de Martin V (1369-1431)
           
        "Veilleur, que vois-tu dans la nuit opaque de notre monde et de notre Église...??"
           
        Le veilleur répond : "Je ne vois que ténèbres, sépulcres blanchis et ossements de morts ; et si je prends à devoir de percer d'un regard d'aigle de Pathmos ces ténèbres de la mort et de l'enfer, j'y vois tous les vices de Satan, essentiellement folie et orgueil, orgueil et folie, possédant tous les hommes" ― "Le Seigneur a regardé du haut du Ciel sur les enfants des hommes, pour voir s'il y a quelqu'un qui soit intelligent ou qui cherche Dieu. Tous se sont détournés, ils sont tous devenus inutiles. Il n'y en a point qui fasse le bien, il n'y en a pas un seul. Leur gosier est un sépulcre ouvert ; ils se servent de leurs langues pour tromper ; le venin des aspics est sous leurs lèvres !" (Ps XIII, 1-3 & Ps LII, 3-4).
           
        Et tous les humains en sont là, en effet, parce que tous fuient "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. l'exposé de la thèse, à ce lien : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf). Ils fuient le Royaume céleste tel que la Providence de Dieu le manifeste ecclésialement pour notre temps, et souvent pour des raisons de préférence les plus futiles, les plus indignes et très-outrageantes envers la Providence divine, que Jésus-Christ, déjà, consigne prophétiquement dans l'Évangile lorsqu'Il montre la réaction des hommes lorsque le Royaume leur est annoncé : "Tous, unanimement, commencèrent à s'excuser. Le premier lui dit : J'ai acheté une terre, et il est nécessaire que j'aille la voir ; je t'en prie, excuse-moi. Le second dit : J'ai acheté cinq paires de bœufs, et je vais les essayer ; je t'en prie, excuse-moi. Et un autre dit : J'ai épousé une femme, et c'est pourquoi je ne puis venir" (Lc XIV, 18-20).
           
        ... Comment ne pas conclure d'une telle attitude, qui est celle de tous les hommes de nos jours, de préférence ceux qui parmi eux se croient les meilleurs, et de préférence parmi ces meilleurs, les catholiques de toutes mouvances, ce que saint Jean Baptiste le Précurseur concluait :
           
        "Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui s'en vient ?" (Matth III, 7).
En la fête du Cœur Immaculé de Marie,
Ce 22 Août 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
  
 
Coeur Immaculé de Marie 
 
 
 
 
22-08-2023 17:16:00
 

Vie et mort d'un bon jeune prêtre... "rallié"

 
  
 
 
Abbé Cyril Gordien
L'abbé Cyril Gordien, le 5 mars 2022 (30 avril 1974-14 mars 2023) © LA NEF
 
 
 
 
Vie et mort d'un bon jeune prêtre... "rallié"
 
 
Præambulum
       
        Voici la lettre que je viens d'envoyer en collectif aux abonnés de mon site : 
 
        "Chers amis lecteurs,
       
        "Il est fort important, devant Dieu, de garder la pureté de la Foi comme on garde la prunelle de son œil, et donc de mener le bon combat contre ceux qui y attentent, bonum certamen certavi (II Thim IV, 7). «Il vaut mieux mourir en ce monde plutôt que de corrompre la chasteté de la vérité» (pape saint Pie X) est un programme de vie de Foi des plus exaltants, des plus enthousiasmants, spirituellement enrichissant, qui en outre attire puissamment Dieu à vivre dans l'âme qui le met en œuvre autant qu'elle peut, je vous en porte personnellement témoignage.
 
        "Pour autant, il est tout aussi important de ne pas juger les personnes qui se trouvent dans des camps mauvais, dont certaines, dans une proportion que Dieu seul connaît, peuvent certes très-bien, par une mystérieuse ignorance invincible du mal qu'elles épousent, mener un chemin authentique de sainteté véritable (le "Qui suis-je pour juger ?" du pape François a de toutes façons un fond certain de vérité... évangélique : "Ne jugez pas, et vous ne serez pas jugés" ― Lc VI, 37).
 
        "Dans mon dernier article, j'ai lutté avec grande force et éclat victorieux contre l'hérésie des «ralliés» qui, en voulant blanchir Vatican II et très-notamment la Liberté religieuse à la chaux et à la pharisienne, est une abomination. Et Dieu m'en bénit sûrement au Ciel (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-site-ralli-archidiacre-un-ramas-derreurs-graves-et-de-fausset-s-pr-sent-es-comme-des-v-rit-s-m-lang-quelques-vraies-v-rit-s-ce-qui-le-rend-plus-toxico-nocif-encore?Itemid=191‌).
 
        "Cependant, farfouillant aujourd'hui pour complément d'enquête sur le site «rallié» La Nef, je suis tombé par «hasard», et j'ai vite été édifié, sur le long testament spirituel d'un jeune prêtre «rallié», le P. Cyril Gordien (1974-2023), décédé d'un cancer à 49 ans. Dernier écrit de ce prêtre empreint d'une vraie vie de Foi, c'est un témoignage qui mérite fort d'être connu, surtout en notre temps de grande apostasie générale où tout semble extrêmement important (de préférence : ce qui ne l'est absolument pas), sauf Dieu et son Église, sauf le salut des âmes. Son testament spirituel est en effet une expression vibrante de Foi, d'Espérance et de Charité, quoique très-humble dans la trame et le filigrane du temps qui passe et trépasse, quoique, surtout, hélas, plombée par l'ignorance invincible dans laquelle vivait de toute évidence ce prêtre «rallié» quant à la malignité moderniste et progressiste des pontificats de Jean-Paul II & Benoît XVI.
 
        "Oui, il peut exister des saints authentiques même dans des mauvais camps... c'est une évidence, bien sûr, pour le chrétien qui connaît sa Religion, théoriquement, il le sait, mais il est toujours bon de s'en rafraîchir la mémoire par des exemples concrets, pour notre humilité. Est-ce que moi, qui suis dans le bon camp et qui y demeure par grâce de Dieu, je poursuis la sainteté autant que celui que je vois être dans un mauvais camp, mystérieusement aveuglé quant à lui dans l'ignorance invincible de son mauvais camp ? C'est en fait la seule vraie question, that's the question...
 
        "C'est pourquoi, chers amis lecteurs, je vous mets le lien du site «rallié» La Nef, où vous pourrez lire le beau testament spirituel de ce prêtre mort jeune : http://lanef.net/2023/03/20/le-testament-spirituel-de-labbe-cyril-gordien-pretre-au-coeur-de-la-souffrance/‌, lequel ne peut que contribuer, dans une saine émulation, à échauffer salutairement votre Foi personnelle (vous le trouverez aussi sur le nouvel article de mon Blog, au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/vie-et-mort-dun-bon-jeune-pr-tre-ralli-?Itemid=154).
 
        "Je vous en souhaite à tous une édifiante et fructueuse lecture, pour vous rapprocher du Bon Dieu.

"Vincent Morlier,
"Écrivain catholique.
"https://www.eglise-la-crise.fr/"
 
 
 
Le testament spirituel de l’abbé Cyril Gordien :
prêtre au cœur de la souffrance
 
 
        "L’abbé Cyril Gordien a été enterré ce matin, 20 mars [2023], en la fête de saint Joseph reportée à ce jour, en présence de 220 prêtres et plus de 2 000 fidèles dans l’église Saint-Pierre de Montrouge pleine à craquer. Mgr Ulrich, archevêque de Paris, présidait la cérémonie et le Père Guillaume de Menthière a prononcé une homélie forte et bouleversante. Le testament spirituel de l’abbé Gordien était distribué aux fidèles à l’entrée de l’église ― on peut aussi se le procurer en version papier à la paroisse Saint-Dominique. Nous le publions ici intégralement avec l’aimable autorisation de la famille" (La Nef ― cf. http://lanef.net/2023/03/20/le-testament-spirituel-de-labbe-cyril-gordien-pretre-au-coeur-de-la-souffrance/).
 
 
"Comment rendrais-je au Seigneur tout le bien qu’il m’a fait ?
J’élèverai la coupe du salut, j’invoquerai le nom du Seigneur" (Ps CXV, 12).
 
        Chaque jour, en célébrant la sainte Messe, j’élève la coupe du précieux Sang de notre Sauveur, et je lui rends grâce pour cet immense don qu’il m’a fait : être prêtre de Jésus-Christ, moi, son indigne serviteur.
 
        ITINÉRAIRE SPIRITUEL
 
        C’est par une immense action de grâce lancée à notre Seigneur que je voudrais débuter ces quelques lignes de méditation. Oui, je rends grâce à mon Dieu pour la foi que j’ai reçue dans mon enfance, une foi solide et pure, une foi qui n’a jamais failli malgré les nombreuses épreuves de la vie, une foi que mes chers parents m’ont transmise dans la fidélité et l’amour vrai de l’Église. Je rends grâce au Seigneur pour la famille unie dans laquelle je suis né, et pour tout l’amour que mes parents et mes frères m’ont prodigué. J’ai eu une enfance très heureuse, marquée par l’exemple que donnait mon père, exemple de don de soi dans son métier de chirurgien et de fidélité dans la pratique religieuse.
 
        Mon père m’a transmis le sens de l’effort, le dégoût pour la mollesse et la paresse, la rigueur dans le travail bien fait, et la force pour combattre. Il a toujours fait preuve d’un grand courage pour défendre la vie et la foi, à travers de multiples engagements, que ce soit pour toutes les questions bioéthiques, avec son expertise de chirurgien, ou que ce soit pour défendre l’école libre.
 
        Ma mère m’a transmis sa douceur et sa joie de vivre, son sens du beau et son bon sens, sa piété fidèle et sa finesse dans les relations. Elle aussi, a toujours fait preuve d’un immense courage pour soutenir mon père à la fin de sa vie, et pour affronter ensuite sa nouvelle vie de veuve, si jeune, avec ses enfants à charge. Elle n’a jamais baissé les bras, animée d’une foi indéfectible. Aujourd’hui encore, elle affronte ma maladie en m’apportant son caractère optimiste et joyeux pour avancer.
 
        Je rends grâce au Seigneur pour m’avoir appelé au sacerdoce, moi, son indigne serviteur. Lorsque j’ai ressenti cet appel au fond de mon cœur, il m’a rempli d’une joie indicible, et simultanément d’une crainte pleine de respect pour le Seigneur : pourquoi moi, qui me sens si indigne et si incapable d’assumer une telle charge et une si grande mission ? Mon chemin vers le sacerdoce, au séminaire, fut à la fois joyeux et douloureux. Joyeux, par les grâces reçues, lesquelles m’ont toujours conforté dans ma vocation, et par tout ce que j’ai reçu à travers la formation ; douloureux, aussi, par des épreuves et souffrances venant de l’Église.
 
        Je n’ai jamais trahi les convictions qui m’animaient, malgré les persécutions inévitables. J’ai toujours résisté, combattu et lutté quand je sentais que les mensonges, la médiocrité, ou la perversité étaient à l’œuvre. Cela m’a valu des coups reçus et des brimades, mais je ne regrette pas ces combats menés avec conviction. Le plus dur est de souffrir par l’Église.
 
        Le Pape saint Jean-Paul II fut le Pape de ma jeunesse. Je l’ai tellement aimé, dans l’exemple de force et de courage qu’il nous donnait. C’est lui qui m’a communiqué l’enthousiasme de la foi et l’ardeur apostolique. Avec lui, j’ai grandi dans l’amour de l’Église et la fidélité au Magistère. Le témoignage de sa vie donnée jusqu’au bout, dans la souffrance acceptée et offerte, dans la célébration de la Messe malgré les douleurs, m’a bouleversé. C’est toujours sur lui que je m’appuie aujourd’hui pour célébrer la messe. Quand les forces me manquent, quand je suis essoufflé, quand mon corps me fait mal, je lui parle et lui demande : "Très saint Père, donnez-moi votre force et votre courage pour célébrer les saints mystères, comme vous l’avez fait jusqu’au bout dans un don total". Il fut pour moi le témoin de la joie de la foi et de l’attachement au Christ. Il fut pour moi l’exemple d’un bloc de prière au milieu des tribulations de ce monde. Il fut confronté aux forces du mal, affrontant avec courage ces deux totalitarismes du vingtième siècle qui ont fait des millions de morts. Il a résisté, il a combattu, il a fait tomber le mur de Berlin qui écrasait l’humanité. Saint Jean-Paul II est pour moi un géant de la foi, un saint exceptionnel qui continue de me porter. Je n’oublierai jamais ces moments où j’ai eu la joie de le rencontrer. C’est pourquoi j’ai participé, malgré tous les obstacles, à ses funérailles, à sa béatification puis à sa canonisation.
 
        Le Pape Benoît XVI fut le Pape de mon sacerdoce. J’ai été ordonné le 25 juin 2005, deux mois après son élection. Il m’a porté d’une manière extraordinaire dans les débuts de ma vie de prêtre par la profondeur de ses homélies, par ses analyses pertinentes et prophétiques de notre monde, par ses réflexions lumineuses. L’exemple de son humilité et de sa douceur m’ont beaucoup touché. Il fut un vrai serviteur de Dieu, soucieux d’affermir la foi des fidèles pour le salut des âmes. Il a cherché sans cesse à ouvrir aux hommes l’accès à Dieu. Ce fut un homme de prière, enraciné dans la contemplation du Dieu vivant. Pendant près de dix ans, après sa renonciation, il vécut retiré du monde, mais le portant dans sa prière. Depuis son décès, je l’invoque pour notre Église, en proie à une grave crise. Il est pour moi l’exemple d’une vie donnée au service de la vérité, déployant toute sa grande intelligence pour mettre en lumière, de façon limpide, les plus hautes vérités de la foi. Je me plonge toujours dans ses écrits, ses livres, ses homélies, ses discours avec la joie profonde de celui qui apprend et commence à mieux comprendre. La défense et la transmission de la foi, dans la fidélité à la Tradition, furent son combat de chaque jour. Je puis témoigner du fait qu’il m’a affermi dans la foi. Je demeure toujours bouleversé par son cœur de bon Pasteur, en particulier lorsqu’il écrivit une lettre aux évêques du monde entier, suite aux attaques suscitées par son geste de communion en levant l’excommunication qui pesait sur les quatre évêques de la fraternité saint Pie X. Cette lettre est magnifique, c’est son cœur qui parle.
 
        Dans ma vie d’homme et de prêtre, j’ai connu pas mal d’épreuves. La mort d’Ingrid, ma si chère amie de jeunesse, en août 1995, puis celle de mon cher père en mars 1996 furent pour moi une véritable épreuve marquée par une profonde douleur du cœur. Deux êtres qui me sont si proches sont morts la même année à sept mois d’écart. La vie se poursuit, la foi demeure ma force. J’avance dans mes études, et l’appel au sacerdoce s’intensifie. Je rentre au séminaire en 1998 et serai ordonné prêtre le 25 juin 2005.
 
        Ma première mission fut au Liban, pays que j’ai beaucoup aimé, malgré les conditions éprouvantes dans lesquelles j’avais été envoyé. Je remercie les Carmes qui m’ont ouvert les portes de leur couvent et m’ont accueilli comme un frère. J’ai découvert un beau pays, marqué par la foi et l’amour de la France. Puis je fus nommé à la Paroisse sainte Jeanne de Chantal, où j’ai connu la grande joie de servir une communauté et une jeunesse que j’aimais. J’ai passé deux ans dans cette paroisse, heureux avec les paroissiens, et malheureux avec un curé qui n’a pas su me recevoir comme jeune prêtre.
 
        J’ai été nommé au bout de deux ans à la chapelle Notre Dame du Saint Sacrement, rue Cortambert. Mon apostolat s’est entièrement déployé auprès des jeunes, que ce soit dans les lycées où j’étais aumônier ou bien à la chapelle avec toutes les activités proposées. Ce furent des moments heureux et plein de joie au milieu de tous ces jeunes qui avaient soif d’une parole vraie et exigeante. Je n’ai hélas pas toujours rencontré le soutien escompté des responsables locaux (communauté des sœurs, conseil pastoral…), ayant sans cesse à subir des blocages dans les initiatives liturgiques et pastorales. Que de combats à mener !
 
        En septembre 2013, je fus nommé dans une paroisse voisine, Notre Dame de l’Assomption. C’est alors que survint l’affaire Gerson, en avril 2014, sur laquelle je ne m’étendrai pas. Je voudrais simplement confier que cette affaire fut fomentée de toute pièce par des parents d’élèves et des professeurs ne supportant pas l’impulsion religieuse déployée dans l’établissement. Dans ce combat, nous n’avons été soutenus ni par la direction diocésaine, qui alimentait la crise, ni par le diocèse. Je n’ai jamais été consulté pour donner mon avis sur la manière dont je percevais les choses de l’intérieur. Cette crise fut éprouvante, mais nous l’avons surmontée grâce à notre unité et nos convictions. J’ai encore constaté à cette occasion à quel point nos responsables ne prenaient pas soin des prêtres.
 
        Les six années passées à l’Assomption furent des années de grand bonheur : j’étais profondément heureux dans les missions auprès des jeunes, et nous étions très unis avec les prêtres, dans une ambiance joyeuse et fraternelle. Ce furent des années de grâces. Je remercie en particulier le Père de Menthière qui fut pour moi un modèle de curé et un ami. Je tiens ici à dire combien l’amitié sacerdotale est importante dans la vie du prêtre. J’ai de très bons amis prêtres, depuis le séminaire, et nous nous rencontrons régulièrement. La société sacerdotale de la Sainte Croix, dont je fais partie, m’assure aussi du soutien et de l’amitié de nombreux prêtres.
 
        Puis je fus nommé en septembre 2019 curé de la paroisse saint Dominique, dans le XIVe, quartier que je connaissais bien, ayant vécu trois ans chez mon grand-père, porte d’Orléans. Première paroisse comme curé : sa paroisse on l’aime, on s’émerveille, on se donne. Je me suis tout de suite engagé dans l’apostolat auprès des jeunes, qui me semblait quelque peu délaissé. J’ai entrepris peut-être trop vite des changements, notamment liturgiques, qui s’imposaient, sans prendre suffisamment le temps d’expliquer.
 
        Puis la crise du coronavirus est survenue. En mars 2020, six mois à peine après mon arrivée, la vie est paralysée. Je me retrouve totalement seul au presbytère et dans l’église, chacun étant parti se confiner ailleurs. Pour moi, une évidence s’impose : je ne peux pas célébrer la messe pour moi tout seul, en m’enfermant pour me protéger… Je ne suis pas prêtre pour moi, privant les fidèles des sacrements. Je décide de laisser l’église ouverte, toute la journée, et de célébrer la messe dans l’église, en exposant auparavant le Saint-Sacrement, me tenant disponible pour les confessions. Je n’ai prévenu personne, mais les fidèles sont venus d’eux-mêmes. J’assume pleinement ce choix, et ne le regrette en rien. Certains, partis en villégiature à la campagne, me l’ont reproché à distance. D’autres, à leur retour des confinements, m’ont fait de vifs reproches. Il est facile de critiquer quand on passe plusieurs semaines au soleil, en dehors de Paris…
 
        Cette crise révèle un drame de notre époque : on veut protéger son corps pour préserver sa vie, fût-ce au détriment des relations personnelles et de l’amour donné jusqu’au bout. On veut sauver son corps au détriment de son âme. Que vaut une société qui privilégie de manière absolue la santé du corps, laissant des personnes mourir dans une solitude effroyable, les privant de la présence de leurs proches ? Que vaut une société qui en vient à interdire le culte rendu au Seigneur ? Comme l’écrit le cardinal Sarah : "Aucune autorité humaine, gouvernementale ou ecclésiastique, ne peut s’arroger le droit d’empêcher Dieu de rassembler ses enfants, d’empêcher la manifestation de la foi par le culte rendu à Dieu. (…) Tout en prenant les précautions nécessaires contre la contagion, évêques, prêtres et fidèles devraient s’opposer de tout leur pouvoir à des lois de sécurité sanitaire qui ne respectent ni Dieu ni la liberté de culte, car de telles lois sont plus mortelles que le coronavirus" (1).
 
        PRÊTRE DE JÉSUS-CHRIST
 
        Le sacerdoce a été toute ma vie. Je n’ai jamais regretté un seul instant d’avoir répondu oui au Seigneur qui m’a comblé de ses grâces à travers mon ministère. Quel don inestimable que celui d’être prêtre de Jésus- Christ ! Quelle grâce ineffable ! Chaque jour, célébrer la sainte Messe fut un immense bonheur. Je mesure à peine le cadeau que le Seigneur m’a fait de pouvoir tenir dans mes pauvres mains son divin corps, et de lui prêter ma voix et mon humanité blessée afin qu’il puisse se rendre sacramentellement présent. Je vais à la sainte Messe en montant sur le Golgotha, conscient que le drame du salut s’est déroulé sur cette colline. Je recueille dans mon calice le précieux sang qui coule du cœur transpercé, ce sang sauveur qui coulait déjà à Gethsémani. C’est en transpirant des gouttes de sang que notre Seigneur Jésus a prononcé le grand oui à la volonté de son Père et qu’il a accepté d’offrir sa vie en sacrifice pour le salut de tous les hommes.
 
        Je ne suis qu’un petit vase d’argile dans lequel mon être fragile fut transformé par la grâce sacerdotale le jour de mon ordination. Je ne suis plus le même être qu’avant : désormais, le caractère sacerdotal imprègne mon corps et mon âme et me rend capable de donner Dieu aux hommes. Quel mystère et quelle grâce ! Le curé d’Ars disait : "Si le prêtre savait ce qu’il est, il mourrait". Je ne suis pas prêtre pour moi mais pour les âmes, pour leur salut. Quelle charge pèse sur mes épaules : prêtre pour le salut des âmes qui me sont confiées. Je médite avec humilité ces paroles du bon et saint Curé d’Ars. Elles m’aident à saisir la grandeur du sacerdoce qui ne m’appartient pas : "Si nous n’avions pas le sacrement de l’ordre, nous n’aurions pas Notre Seigneur. Qui est-ce qui l’a mis là, dans le tabernacle ? Le prêtre. Qui est-ce qui a reçu notre âme à son entrée dans la vie ? Le prêtre. Qui la nourrit pour lui donner la force de faire son pèlerinage ? Le prêtre. Qui la préparera à paraitre devant Dieu, en lavant cette âme pour la dernière fois dans le sang de Jésus-Christ ? Le prêtre, toujours le prêtre. Et si cette âme vient à mourir à cause du péché, qui la ressuscitera, qui lui rendra le calme et la paix ? Encore le prêtre. Après Dieu, le prêtre c’est tout. Le prêtre ne se comprendra bien que dans le ciel".
 
        J’ai conscience que le prêtre doit être à la fois du côté de Dieu et du côté de l’homme. C’est le Pape Benoit XVI qui m’a aidé à mieux comprendre la mission de médiateur du prêtre, lors d’une lectio divina qu’il donna aux prêtres de Rome. Le prêtre est un médiateur qui ouvre aux hommes les portes du chemin vers Dieu. Il est comme un pont qui relie l’homme à Dieu pour lui donner la vraie vie, la vie éternelle et le conduire à la lumière véritable. Le prêtre doit être d’abord et fondamentalement du côté de Dieu. Cela signifie qu’il doit passer du temps en présence du Seigneur pour être avec Lui. Le Seigneur choisit ses douze apôtres pour demeurer avec Lui, et ensuite, pour les envoyer prêcher. Il y a pour le prêtre une priorité absolue à se donner à Dieu en lui consacrant du temps : à travers la messe quotidienne, la prière du bréviaire, la méditation et l’oraison, la prière du chapelet, et tant d’autres dévotions qui nourrissent la vie intérieure. Si un prêtre ne prie plus, il ne peut plus porter de fruits.
 
        Arrivé comme curé dans ma paroisse en septembre 2019, j’ai eu le sentiment que beaucoup de belles choses se vivaient, mais surtout de manière horizontale. Même si une réelle vie de prière était présente, je percevais qu’il manquait une dimension verticale, transcendante, une dimension qui permettrait de tout supporter pour harnacher à Dieu l’ensemble de la vie paroissiale. C’est pourquoi j’ai eu la conviction qu’il fallait se lancer dans l’adoration permanente du Saint Sacrement. Sans l’appui indéfectible d’un fidèle couple de paroissiens dont la foi est un roc et l’engagement sans faille, je n’y serais jamais parvenu.
 
        Lorsque nous avons décidé de lancer l’adoration permanente en novembre 2020, je n’imaginais pas à quel point le démon se déchaînerait pour empêcher la réalisation de ce projet. Les obstacles furent nombreux, entre les contingences matérielles, les doutes, les inquiétudes, la recherche de volontaires engagés, et les contraintes dues à la situation sanitaire. Malgré tout, l’organisation se met en place progressivement, et nous pouvons raisonnablement envisager une adoration sur quatre jours et trois nuits. Les créneaux du soir et de la nuit sont vite comblés, puis viennent progressivement les créneaux du jour. Au bout de deux semaines, tout est prêt, le tableau est bien rempli. Une date est fixée : le mardi 10 novembre. C’est alors que survient comme un couperet l’annonce du couvre-feu… Nous décidons de maintenir malgré tout, en rappelant peu à peu les Adorateurs pour faciliter leur venue, en proposant aux plus jeunes de dormir sur place… Puis vient très vite la nouvelle du deuxième confinement, avec les départs en province de quelques paroissiens… Il nous faut à nouveau rappeler tout le monde, pour s’assurer de leur présence à Paris, de leur motivation, et appeler de nouveaux Adorateurs.
 
        Finalement, après toutes ces péripéties, nous parvenons à débuter l’Adoration comme prévu, le 10 novembre. Du mardi 8h jusqu’au vendredi 18h30, les fidèles se succèdent et se relaient pour adorer le Seigneur Jésus dans son Saint Sacrement. Comme prêtre, j’éprouve une immense joie à venir adorer au cœur de la nuit silencieuse. Je suis profondément heureux de voir les fidèles venir prier à toute heure, et constituer ainsi comme un foyer capable de rayonner de l’amour de Dieu. Je suis émerveillé devant ces jeunes, collégiens, lycéens ou étudiants, qui se sont engagés pour un créneau et qui viennent la nuit, ou bien juste à la sortie de leurs cours, sac au dos. Je suis admiratif devant ces pères de famille qui viennent dans la nuit, ou bien très tôt le matin avant de rejoindre leur lieu de travail, ou encore ces mères de famille qui emmènent leurs petits enfants. Je suis ému devant ces personnes âgées qui tiennent dans la fidélité, aux heures les plus mouvementées de la journée.
 
        Tous, de toute condition et de tout âge, se sont mobilisés pour mettre le Christ au centre de leur vie, l’adorer, le prier, lui confier leurs intentions, et porter leur paroisse. Je suis convaincu que cela est source de nombreuses grâces pour chacun et pour la vie paroissiale, et que cette prière continue est la source de la fécondité des diverses activités pastorales. Avec la sainte Vierge, je m’écrie, le cœur rempli de gratitude : "Mon âme exalte le Seigneur, exulte mon esprit en Dieu mon sauveur !".
 
        Oui, l’adoration est au cœur de la vie du prêtre. Je dois passer du temps devant le Seigneur, devant le tabernacle. Auprès de Lui, je peux confier mes peines et mes joies, lui ouvrir mon cœur, lui parler comme on parle à un ami cher, tout déposer près de son cœur, en étant certain qu’il est là, qu’il m’écoute, et qu’il parle à mon cœur.
 
        "Je vous dirai, confiait saint Josemaria Escriva, que le tabernacle a toujours été pour moi comme Béthanie, cet endroit tranquille et paisible qu’aimait le Christ, où nous pouvons lui raconter nos préoccupations, nos souffrances, nos espérances et nos joies, avec la simplicité et le naturel avec lesquels lui parlaient ses amis, Marthe, Marie et Lazare" (2).
 
        Le saint Pape Jean-Paul II nous a montré l’exemple de la dévotion eucharistique. Je me permets de le citer dans ce qui fut sa dernière encyclique : "Le culte rendu à l’Eucharistie en dehors de la Messe est d’une valeur inestimable dans la vie de l’Église. Ce culte est étroitement uni à la célébration du Sacrifice eucharistique. La présence du Christ sous les saintes espèces conservées après la Messe – présence qui dure tant que subsistent les espèces du pain et du vin – découle de la célébration du Sacrifice et tend à la communion sacramentelle et spirituelle. Il revient aux pasteurs d’encourager, y compris par leur témoignage personnel, le culte eucharistique, particulièrement les expositions du Saint-Sacrement, de même que l’adoration devant le Christ présent sous les espèces eucharistiques" (3). Dans la Sainte Eucharistie "se trouve le trésor de l’Église, le cœur du monde, le gage du terme auquel aspire tout homme, même inconsciemment. Il est grand ce mystère, assurément il nous dépasse et il met à rude épreuve les possibilités de notre esprit d’aller au-delà des apparences. Ici, nos sens défaillent ― "visus, tactus, gustus in te fallitur", est-il dit dans l’hymne Adoro te devote ―, mais notre foi seule, enracinée dans la parole du Christ transmise par les Apôtres, nous suffit. (…) Tout engagement vers la sainteté, toute action visant à l’accomplissement de la mission de l’Église, toute mise en œuvre de plans pastoraux, doit puiser dans le mystère eucharistique la force nécessaire et s’orienter vers lui comme vers le sommet. Dans l’Eucharistie, nous avons Jésus, nous avons son sacrifice rédempteur, nous avons sa résurrection, nous avons le don de l’Esprit Saint, nous avons l’adoration, l’obéissance et l’amour envers le Père. Si nous négligions l’Eucharistie, comment pourrions-nous porter remède à notre indigence ?" (4).
 
        Si le prêtre est du côté de Dieu, il doit aussi être du côté de l’homme. Et là je mesure mon indigence et mes grandes faiblesses. Le prêtre doit soutenir, encourager, exhorter, consoler, soigner par les sacrements tous ceux qui lui sont confiés, sans distinction ni préférence. Tout à tous. L’humanité du prêtre, blessée mais restaurée par le Christ, lui donne la capacité de compatir aux souffrances des hommes. Dans la lettre aux Hébreux (5), nous comprenons que la véritable humanité ne consiste pas à s’abstraire des souffrances de ce monde, mais au contraire à être capable de les rejoindre pour les porter dans la compassion. Le prêtre doit être une personne "en mesure de comprendre ceux qui pèchent par ignorance ou par égarement, car il est, lui aussi, rempli de faiblesse" (5, 2), à l’image du Christ qui, "pendant les jours de sa vie mortelle, a présenté, avec un grand cri et dans les larmes, sa prière et sa supplication à Dieu qui pouvait le sauver de la mort ; et, parce qu’il s’est soumis en tout, il a été exaucé" (5, 7).
 
        Ainsi, le prêtre est celui qui porte jusque dans son corps la souffrance des hommes pour faire monter vers Dieu leur cri, dans les larmes de la prière, pour porter au cœur de la divinité les peines et les misères humaines. Le prêtre porte la souffrance du monde dans son cœur et il souffre avec le monde. C’est à cette capacité de compassion que se mesure la véritable humanité.
 
        Combien de fois des fidèles m’ont-ils confié leurs déboires, leurs immenses peines, leurs combats et leurs épreuves. Parfois, je ressens ce poids du monde qui souffre, et il n’y a que le Christ qui puisse me soulager, lorsque je dépose à ses pieds ce lourd fardeau après lui avoir fait entendre la complainte des hommes souffrants. Il y a les misères matérielles, tous ces pauvres que nous croisons sur nos routes, et que nous essayons de soulager un peu, par un don, mais surtout par un regard, une parole, par le fait d’entrer en relation ; il existe aussi les misères morales, dues aux péchés, qui font que certaines personnes sont enlisées dans des situations qui semblent inextricables. Et puis nous rencontrons les misères du corps, tous ces malades qui n’en peuvent plus, tous ces blessés de la vie que nous essayons de consoler et de soulager, notamment par le sacrement des malades.
 
        Seigneur Jésus-Christ, combien notre humanité souffre ! Mais tu as présenté, "avec un grand cri et dans les larmes" la clameur de ces souffrances, et tu continues de les présenter à Dieu notre Père qui veille. Dans la foi, nous savons que ces souffrances ne sont pas vaines, mais que, si elles sont offertes dans un acte ultime d’amour, elles recèlent une mystérieuse fécondité.
 
        Je fais mienne cette belle prière de saint Ambroise : "Puisque Tu m’as donné de travailler pour ton Église, protège toujours les fruits de mon labeur. Tu m’as appelé au sacerdoce, alors que j’étais un enfant perdu ; ne permets pas que je me perde maintenant que je suis prêtre. Mais avant tout, donne-moi la grâce de savoir compatir aux pécheurs du plus profond de mon cœur. Donne-moi d’avoir compassion, chaque fois que je serai témoin de la chute d’un pécheur ; que je ne châtie pas avec arrogance ; mais que je pleure et m’afflige avec lui. Fais qu’en pleurant sur mon prochain, ce soit aussi sur moi-même que je pleure, et que je m’applique la parole «Thamar est plus juste que toi». Amen".
 
        Le Curé d’Ars est pour moi un modèle et un guide dans mon sacerdoce. Lorsque j’étais étudiant, et que je réfléchissais à la vocation, j’ai lu avec passion sa biographie écrite par Mgr. Trochu. Cette vie entièrement donnée, dans l’oubli total de soi, pour le salut des âmes, m’a bouleversé. Il fut un apôtre infatigable de la miséricorde de Dieu.
 
        La confession, avec la Messe, est au cœur de la vie du prêtre. Transmettre le Pardon de Dieu à travers le sacrement est une grâce extraordinaire. Qui suis-je, moi, pauvre homme, pour dire à quelqu’un : "Et moi je vous pardonne tous vos péchés…". Quelle immense joie que d’être le témoin de la miséricorde du Seigneur ! Le sacrement du pardon réjouit bien sûr le pénitent : arrivé avec un visage triste, portant le poids de ses péchés, il repart le cœur léger et purifié et la mine réjouie par l’amour de Dieu. Le sacrement suscite aussi la joie du prêtre : quel bonheur de permettre à une personne d’être libérée de ses péchés et de repartir le cœur en paix ! Ce sacrement entraîne aussi la joie du Seigneur, il réjouit le cœur de Dieu ! "Il y a plus de joie dans le Ciel pour un seul pécheur qui se convertit…".
 
        Le curé d’Ars disait : "Le sacerdoce, c’est l’amour du cœur de Jésus". Cela signifie que le prêtre puise auprès de notre Seigneur, penché sur sa poitrine dans la prière, comme l’apôtre saint Jean, l’amour qui jaillit de son divin cœur, pour ensuite le transmettre aux hommes par la grâce des sacrements.
 
        Parmi mes grandes joies sacerdotales, il y a la joie de l’apostolat auprès des jeunes. J’ai eu la chance, dans mes divers apostolats, d’avoir à accompagner beaucoup de jeunes : à travers le scoutisme, notamment comme conseiller religieux national des guides et scouts d’Europe ; comme aumônier de collèges et lycées ; comme prêtre de paroisse, en fondant un groupe Even ; en organisant et accompagnant de nombreux pèlerinages, aux JMJ, en Terre Sainte, en France…Je suis l’heureux témoin d’une belle jeunesse, qui a soif d’exigence, qui se confesse, qui désire se former, qui prie, qui progresse sur le chemin de la sainteté. Je voudrais dire à tous ces jeunes qu’il est beau de vivre et d’accueillir la vie comme un don de Dieu ! Il est beau de vouloir bâtir sa vie sur le roc de la foi ! Je voudrais vous encourager à vous engager, à désirer fonder une famille authentiquement chrétienne où la foi est au centre, à oser répondre à l’appel du Seigneur à tout quitter pour le suivre dans le sacerdoce ou la vie consacrée, sans crainte. Seul le Christ est capable de combler les plus hautes aspirations de nos cœurs !
 
        L’ÉPREUVE DE LA MALADIE
 
        Lorsque j’ai appris que j’étais atteint d’un cancer, en mars 2022, cela ne m’a pas vraiment surpris. J’avais l’intuition que quelque chose de grave se produirait et que je mourrai jeune.
 
        Mystère de la souffrance… J’ai eu la confirmation qu’il n’y avait pas de guérison possible pour mon cancer. La médecine peut simplement contenir relativement l’évolution de ce cancer au stade 4. Pour combien de temps ? Combien de mois me reste-t-il à vivre ? Moi qui ai souvent médité sur la mort, accompagné des mourants, célébré des funérailles, exhorté à l’espérance de la vie éternelle, me voici maintenant confronté à ma propre mort, à 48 ans. Je veux me préparer avec foi à cet instant décisif. Je n’ai pas peur de la mort, car je crois de tout mon être en la vie éternelle ; mais je crains mon Seigneur, d’une crainte pleine de respect et d’amour. "Je sais que mon Rédempteur est vivant", comme le professe Job. Je sais que mon Seigneur m’attend. Je sais aussi que je vais comparaître devant le Christ, et je dois me préparer à paraître face à Lui, humblement. Je reconnais mes péchés, mes nombreux péchés. Et j’implore pour moi la grande miséricorde de Dieu. Comme je suis indigne d’avoir été choisi pour devenir prêtre… Ai-je bien rempli ma mission ? Ai-je suffisamment aimé le bon Dieu, et par Lui, ai-je suffisamment aimé mon prochain ? Certainement pas. Ma faiblesse et mes péchés sont autant d’obstacles à l’amour véritable. Je sens la charge qui pèse sur mes épaules comme prêtre de Jésus-Christ. Je ne me suis pas assez donné ni sacrifié pour le salut des âmes. Je n’ai pas assez prié pour mes paroissiens, pour le bien de leur âme et leur salut. Je suis passé trop vite à côté des petits et des humbles, à côté de ceux qui souffrent. Je n’ai pas assez montré le chemin de la sainteté.
 
        Je ne prie pas assez pour ce que je souffre. Personne ne peut imaginer ce que j’endure depuis le mois de mars 2022 où tout a basculé. Comme il est difficile de porter sa croix, chaque jour… Je porte discrètement ces souffrances quotidiennes, ces humiliations cachées, ces blessures du corps qui font mal jusque dans les réalités de la vie quotidienne. J’essaye d’assumer, de ne rien montrer. Je désire accomplir au mieux, autant que je peux, ma mission de curé à travers les tria munera (les trois charges), en particulier dans la célébration quotidienne du sacrifice de la Messe. Je m’unis de tout mon être au Christ qui donne sa vie sur la Croix. En prononçant les saintes paroles, "Ceci est mon corps livré pour vous", je pense aussi à mon pauvre corps qui souffre et que je désire livrer pour le salut des âmes.
 
        J’ai dû accepter de nombreux renoncements, et c’est peut-être cela le plus éprouvant. Tel enseignement, tel pèlerinage avec les jeunes que j’avais préparé, tel mariage que je devais célébrer, telle veillée de prière que je devais mener, telle mission ou telle retraite auprès des élèves que je devais assumer… Tout cela, je n’ai pas pu l’accomplir à cause de mes opérations de mai et juin. J’ai dû renoncer, humblement, en apprenant à me reconnaitre malade. Cela m’a rendu si triste, j’ai beaucoup pleuré. Des joies tangibles de ma vie de prêtre m’étaient peu à peu retirées… Je découvrais mon impuissance, mon incapacité à accomplir certaines tâches, moi qui, auparavant, ne mesurais pas ma peine et dépensais toute mon énergie dans la fidélité à la mission confiée. J’ai beaucoup donné, de peine, de temps, de fatigue, dormant peu et prenant trop peu de repos. J’ai appris de mon père le renoncement à soi-même, le sens de l’effort et du sacrifice, la volonté de ne pas s’écouter et d’avancer malgré fatigue et contradictions. Je ne regrette pas cela, c’était ma façon de me donner et de m’oublier.
 
        Aujourd’hui, je souffre de ne pas parvenir à réaliser tout ce que je voudrais. Je suis mortifié par ces renoncements de chaque jour, par cette énergie que je n’ai plus, par cette force physique qui me manque cruellement. C’est sûrement ainsi, dans cette voie du dépouillement, que notre Seigneur désire me conduire désormais. Cela m’apprend le saint abandon, moi qui aimais décider, organiser, et tout planifier, jusque dans les moindres détails. Mes journées s’enchaînaient, rythmées par un programme précis, me tenant en haleine et sans repos, car le sacerdoce n’est pas fait pour les paresseux, les oisifs ou les planqués. Je perçois mieux la portée de cette parole du Christ adressée à saint Pierre, après la résurrection, au bord du lac : "En vérité, en vérité, je te le dis, quand tu étais jeune, tu mettais toi-même ta ceinture, et tu allais où tu voulais ; quand tu seras devenu vieux, tu étendras les mains, un autre te nouera ta ceinture et te mènera où tu ne voudrais pas" (Jn XXI, 18).
 
        Dans l’abbatiale de saint-Wandrille, je contemple la Croix du Christ, qui resplendit au milieu des ténèbres. Elle est illuminée tandis que tout est obscur alentour. Notre Seigneur Jésus a choisi librement le chemin de la Passion. Lui, l’Innocent, est mort crucifié sur cette croix effrayante, laquelle est pourtant devenue le signe de notre foi et l’instrument de notre salut. J’essaye de discerner un chemin lumineux au cœur de mes souffrances. Je regarde le Christ qui a donné sa vie pour moi. Suis-je prêt à donner ma vie ? Quel sens ont mes souffrances ? Mes larmes se mêlent à celles de la sainte Vierge, debout, au pied de la croix. C’est ma consolation. Je reçois cette parole de l’Évangile du jour comme une flèche de feu qui perce mon cœur et m’apporte réconfort et espérance : "Venez à moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau, et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos pour votre âme. Oui, mon joug est facile à porter, et mon fardeau, léger" (Mt XI, 29-30). Oui, Seigneur, je veux venir à toi, m’approcher de toi qui fais tout mon bonheur, et te confier ce fardeau de la souffrance qui pèse lourdement sur mes épaules. Si telle est ta volonté, j’accepte de le porter, mais avec toi, car sans toi, ma vie tombe en ruine. Je désire être chargé de ton joug, c’est-à-dire de ta très douce volonté, pour faire ce que tu veux et devenir ton vrai disciple. Ta sainte volonté est portée par la douceur, car elle ne s’impose jamais de force, mais elle suscite l’adhésion libre et confiante. Ta sainte volonté est portée par l’humilité, car elle s’enracine dans le grand oui adressé à la volonté de Dieu notre Père et scellé dans le sang. Auprès de toi, Seigneur Jésus, mon âme désire se reposer et s’apaiser. Que loin de moi s’enfuient les songes, et les angoisses de la nuit.
 
        Que veux-tu que je fasse, ô mon Dieu ? Je suis prêt à tout, j’accepte tout, du moins je l’exprime dans ma pauvre prière. Si tu le veux, Seigneur, tu peux me guérir, pour ta plus grande gloire. Je te le demande humblement. La médecine ne peut plus rien, seul un miracle peut me guérir. Je ne refuse pas le labeur et la peine, pour le salut des âmes, si tu désires que ma mission sacerdotale se poursuive encore sur cette terre. Mais si tu le veux, Seigneur, je veux aussi me préparer à ma mort, me sanctifier, implorer le pardon de mes fautes, purifier mon âme pour comparaître devant toi. J’accepte de mourir, car peut-être, selon ton désir, serais-je plus utile au Ciel que sur terre.
 
        Ma vie est entre tes mains. Je ne refuse pas le combat pour la vie. Si telle est ta volonté, je veux continuer à me battre, avec les armes de la médecine, vers une issue que Toi seul connais. Depuis le mois de mars, je lutte, je supporte, je souffre. Je suis prêt à poursuivre ce combat pour la vie, même s’il est si rude à travers toutes les chimiothérapies. Je désire me battre pour tous ceux qui comptent sur moi, pour ma famille, mes amis, mes paroissiens et fidèles. Je fais mienne la profession de foi de Marie, sœur de Lazare, à qui Jésus demandait : "Je suis la résurrection. Qui croit en moi, fût-il mort, vivra. Et quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais. Crois-tu cela ?" ― et Marie de répondre  "Oui Seigneur, je crois que tu es le Christ, le Fils de Dieu, celui qui devait venir en ce monde" (Jn XI, 25-27). Je demande au Seigneur la grâce d’accepter de quitter ce monde quand mon heure sera venue, dans la volonté de Dieu.
 
        Au-delà de la souffrance, je découvre une fécondité nouvelle. Auparavant, la fécondité de mon sacerdoce transparaissait bien souvent à travers des signes visibles : des joies et des grâces tangibles, des jeunes qui répondent à l’appel du Seigneur, des apostolats réussis, des gratitudes exprimées, des victoires obtenues. À présent, la fécondité de mon sacerdoce demeure voilée, mystérieuse, mais réelle. C’est la fécondité de la croix, le grand passage de l’apparent échec au triomphe de la vie.
 
        Nos petites actions, humbles, portées par la prière, possèdent une grande force. Notre Seigneur s’en sert pour toucher les cœurs, avec parfois plus d’efficacité que par une grande action éclatante. J’ai peut-être parfois trop cherché à briller devant les hommes, plutôt que de laisser le Christ briller à travers moi, lui qui est la Lumière du monde. Mon sacerdoce est celui du Christ, pas le mien. "Il faut que Lui grandisse, et que moi, je diminue" criait St Jean-Baptiste, en désignant le Christ, et en s’effaçant devant Lui. Je prends à présent un chemin d’abaissement et d’humiliation qui est celui de la Croix. Chemin d’abaissement, pour renoncer davantage à moi-même, et accepter ce que Dieu veut, en le laissant décider, en le laissant agir, en m’appuyant sur Lui. Chemin d’humiliation, car des humiliations me sont données, elles viennent de la maladie et s’imposent à moi comme des épines bienfaisantes, pour autant que je les accepte et les supporte avec le Christ.
 
        Comme je comprends mieux la portée de cette parole que nous recevons le jour de l’ordination sacerdotale : "Recevez l’offrande du peuple saint pour la présenter à Dieu. Ayez conscience de ce que vous ferez, imitez dans votre vie ce que vous accomplirez par ces rites et conformez-vous au mystère de la croix du Seigneur". Se conformer au mystère de la croix, c’est toute la vie du prêtre, en particulier dans la célébration des saints mystères. Mes années de sacerdoce m’ont appris la gravité de la Messe. Pour un prêtre, célébrer la sainte Messe signifie s’unir au Christ qui vit sa Passion et s’offre pour le salut du monde en gravissant le Golgotha. Je suis là, avec mes pauvres mains, ma pauvre voix, mes fragilités, au pied de la Croix, à côté de la sainte Vierge. Je suis là au milieu de ce déchaînement de haine, et je contemple la Croix. Je suis là pour accomplir ce que notre Seigneur a confié à ses apôtres puis à tous ses prêtres : rendre présent ce sacrifice chaque jour pour le salut des âmes.
 
        LA PURIFICATION PAR LA SOUFFRANCE
 
        Je vis un chemin de croix quotidien. Notre Seigneur désire certainement me purifier, m’unir à ses souffrances. Je ne comprends pas encore bien pourquoi je dois vivre tout cela. Je crie souvent vers le Seigneur, je pleure aussi, parfois. L’épreuve est lourde. Je ne me rebelle pas contre Dieu, mais j’ose crier, comme les psalmistes. Le cri de l’âme qui souffre est aussi une prière. Notre Seigneur Jésus a crié vers son Père, au moment de mourir : "Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’as-tu abandonné ?". Il prend sur lui les cris de souffrance de tous les hommes qui traversent les ténèbres, il les dépose auprès de son Père. Je sais dans la foi que mes prières douloureuses sont reçues par le Seigneur, qu’elles sont écoutées, et que le Seigneur répond comme il a répondu à son divin Fils sur la Croix. Réponse mystérieuse, que l’on aimerait plus claire, plus évidente. Mais réponse réelle, car le Seigneur console. Je garde gravée au plus profond de moi cette parole du Christ qui est la source d’une immense espérance : "Voici que je suis avec tous les jours, jusqu’à la fin du monde". Oui, le Seigneur est avec moi, il est là, il veille, il me soutient.
 
        "Si je traverse les ravins de la mort, je ne crains aucun mal, car ton bâton me guide et me rassure". J’ai souvent médité sur ce psaume qui m’assure du soutien du Seigneur dans les grands moments d’épreuve. Ces ravins de la mort prennent plusieurs aspects, que ce soit le combat spirituel ou la lutte contre la maladie. Seul, sans le Christ, il est impossible de se battre. Saint Pierre en a fait l’amère expérience, lorsqu’il se mit à couler parce qu’il avançait tout seul. Je saisis volontiers ce bâton du Seigneur, ce bâton qui fendit la Mer Rouge et perça le rocher. Ce bâton, c’est la houlette du Bon Pasteur. Et le pasteur a besoin de ce bâton pour chasser les bêtes sauvages, pour combattre les loups qui veulent s’emparer des brebis.
 
        À l’intérieur de l’Église, des loups se sont introduits. Ce sont des prêtres, et même parfois des évêques, qui ne cherchent pas le bien et le salut des âmes, mais qui désirent d’abord la réalisation de leurs propres intérêts, comme la réussite d’une "pseudo-carrière". Alors ils sont prêts à tout : céder à la pensée dominante, pactiser avec certains lobbies comme les LGBT, renoncer à la doctrine de la vraie foi pour s’adapter à l’air du temps, mentir pour parvenir à leurs fins. J’ai rencontré ce genre de loups déguisés en bons pasteurs, et j’ai souffert par l’Église. Dans les différentes crises que j’ai traversées, je me suis rendu compte que les autorités ne prenaient pas soin des prêtres et les défendaient rarement, prenant fait et cause pour des récriminations de laïcs progressistes en mal de pouvoir et voulant une liturgie plate dans une auto-célébration de l’assemblée. Comme prêtre, pasteur et guide des brebis qui vous sont confiées, si vous décidez de soigner la liturgie pour honorer notre Seigneur et lui rendre un culte véritable, il est peu probable que vous soyez soutenu en haut lieu face aux laïcs qui se plaignent.
 
        Aujourd’hui, je veux offrir mes souffrances pour l’Église, pour ma paroisse, pour les vocations. Toutes les vocations : sacerdotales, religieuses, maritales. Je demande au Seigneur la force de pardonner à ceux qui m’ont persécuté, et le courage d’avancer en portant ces croix de chaque jour. Comme Zachée, pour voir le Christ, il nous faut monter sur un arbre, l’arbre de la Croix. "Stat crux dum volvitur orbis" ― "La croix demeure tandis que le monde tourne" : telle est la devise des Chartreux. Au milieu des changements et des troubles de ce monde, demeure plantée sur notre terre de manière stable, comme le signe de notre foi, la croix de notre Sauveur.
 
        LA FORCE DE LA PRIÈRE
 
        En décembre 1993, j’ai suivi une retraite à l’abbaye Notre-Dame de Maylis, dans les Landes. C’était une école d’oraison, pour apprendre à prier, à l’écoute du Père Caffarel, qui fonda les équipes Notre Dame, mais fut aussi un maître d’oraison. J’ai beaucoup reçu de lui, en particulier à travers son livre : Cent lettres sur la prière. Durant ces jours, notre Seigneur m’a donné la grâce de percevoir son amour pour moi, et m’a fait découvrir la place éminente et vitale de la prière dans la vie chrétienne. Dès cet instant, ma vie a changé, car mes journées sont marquées au fer rouge de l’oraison qui transforme la vie et donne l’amour de Dieu.
 
        La prière est le secret d’une vie chrétienne féconde. Sans la prière, un chrétien ne peut pas tenir, car il ne peut affronter les puissances des ténèbres. Nous ne luttons pas contre de petits adversaires insignifiants, mais contre le démon, le prince des ténèbres, le père du mensonge. Comme nous y exhorte saint Paul : "Revêtez l’équipement de combat donné par Dieu, afin de pouvoir tenir contre les manœuvres du diable. Car nous ne luttons pas contre des êtres de sang et de chair, mais contre les Dominateurs de ce monde de ténèbres, les Principautés, les Souverainetés, les esprits du mal qui sont dans les régions célestes. Pour cela, prenez l’équipement de combat donné par Dieu ; ainsi, vous pourrez résister quand viendra le jour du malheur, et tout mettre en œuvre pour tenir bon" (Ep VI, 11-13).
 
        Pour résister et tenir bon, nous avons besoin de la puissance de la prière. C’est elle, la force qui en secret, transforme le monde. Si les chrétiens abandonnent la prière, en se laissant séduire par le règne de l’efficacité et de la rentabilité, alors la porte s’ouvre "sur la nuit spirituelle et la barbarie scientifique". Le Père Caffarel prophétise ainsi : "Ou bien le christianisme fera la conquête du monde en priant, ou bien il périra. Il y a là une question de vie ou de mort pour le christianisme" (cf. Présence à Dieu, Cent lettres sur la prière).
 
        Et saint Jean de la Croix d’affirmer : "Sans l’oraison, tout se réduit à frapper des coups de marteau pour ne produire à peu près rien, ou même absolument rien, et parfois plus de mal que de bien" (6). Et le curé d’Ars : "Vous avez un petit cœur, mais la prière l’élargit et le rend capable d’aimer Dieu".
 
        Dans la prière quotidienne, dans ce cœur à cœur avec le Seigneur, nous sommes transformés en profondeur. Le bon Dieu agit au fond de notre âme pour nous prodiguer toute sorte de bien. Ce n’est pas d’abord moi qui agis, par mes belles paroles ou médiations, mais c’est Dieu qui agit. Ce temps passé en sa présence est source de grâces, et ce qui compte, c’est la fidélité et la persévérance, chaque jour. Plus nous avons à faire et plus nous devons prier !
 
        Depuis l’annonce de mon cancer, la famille, les amis, les fidèles se sont engagés avec ardeur dans la prière pour demander ma guérison. Je suis émerveillé par toutes ces initiatives prises, des neuvaines aux veillées de prière. Je suis impressionné par ces chaînes de prière qui touchent jusqu’aux abbayes. Cette prière me porte et me soutient. Elle est vraiment efficace. C’est elle qui m’aide à garder confiance et à avancer avec courage. Je voudrais dire à tous ceux qui prient pour moi de continuer, d’être bien persuadés que leurs prières ne sont pas vaines. Comme j’aimerais qu’ils ne se découragent pas de prier et qu’ils voient leurs efforts couronnés, d’une manière ou d’une autre. Je ne veux pas les décevoir, c’est pourquoi je continue de lutter, soulevé comme par un souffle immense qui monte vers notre Seigneur.
 
        LA SAINTE VIERGE MARIE
 
        "Comment ai-je ce bonheur que la Mère de mon Seigneur vienne jusqu’à moi ?" s’interroge Elizabeth (Lc I, 43). Et je m’émerveille aussi devant la présence de Marie dans ma vie.
 
        La Vierge Marie a toujours été présente dans ma vie, depuis mon enfance jusqu’à aujourd’hui. C’est elle qui m’a guidé vers le sacerdoce, m’encourageant avec confiance, malgré le sentiment de mon indignité et de mon incapacité. Je me souviens avec émotion de ce moment de grâce où, dans une petite chapelle située sur la colline de Vezelay, Marie m’a comme pris par la main pour me rassurer et me lancer dans le chemin vers le sacerdoce. La sainte Vierge m’a toujours protégé, et consolé. Dans tous les moments d’épreuves que j’ai connus, dans toutes ces situations humaines qui semblaient perdues, je me suis toujours confié à Marie, réfugié sous son manteau blanc immaculé, placé sous sa protection. J’ai toujours éprouvé dans ces moments d’abandon une grâce de consolation, avec la certitude que Marie veillait, qu’elle était là, vigilante et protectrice. Je n’ai jamais été déçu ni abandonné par elle. Je voudrais témoigner combien la prière à Marie est source de grâces. La sainte Vierge ne nous retient pas contre elle, mais elle nous conduit vers son divin Fils, elle nous apprend, comme une mère, à le connaitre et à l’aimer.
 
        Dans ma vie de prêtre, Marie tient une place privilégiée, car c’est elle qui nous a donné le Sauveur, et telle est la mission du prêtre : donner le Seigneur aux hommes. Sans la sainte Vierge, sans un lien particulier et affectueux avec elle, sans une prière constante adressée à notre bonne Mère du Ciel, un prêtre ne pourra pas accomplir pleinement son ministère. Je voudrais citer ici le Cardinal Journet dont je fais miennes ses paroles : "La Vierge Marie est restée, et restera toujours, une joie dans notre vie de prêtre. Les fêtes de la Vierge, ainsi chaque samedi, sont comme un peu de soleil et un printemps dans nos cœurs. Lorsqu’on demeure près d’elle, la peur n’existe plus. Les menaces de la misère et de la médiocrité qui nous enveloppent cessent de nous accabler. Avec elle, nous sommes de l’autre côté parce que nous sommes devenus ses enfants" (7).
 
        C’est Marie qui a sans cesse fortifié ma foi. Je me suis toujours appuyé sur sa foi limpide et indéfectible. C’est avec elle que je désire prononcer mon Fiat au Seigneur, soutenu et entrainé par elle. Mon affection pour notre bonne mère du Ciel est portée par elle dans le cœur de son divin Fils. Grâce à Marie, mon amour pour le Christ s’est accru et affermi. Plus on aime Marie, et plus elle nous fait aimer son Fils. Plus on se confie à elle, plus notre foi grandit. Quel bonheur d’avoir Marie pour mère ! Quelle joie de sentir qu’elle intervient en notre faveur, et qu’elle nous prodigue sa tendresse toute maternelle. Marie nous console, elle sèche nos larmes comme une mère sait le faire. Elle a pleuré, à Nazareth, lorsque son Fils fut incompris, chassé et rejeté. Elle ne veut pas que nous souffrions, elle est à nos côtés pour soulager nos peines et nous aider à les porter.
 
        J’ai fait graver sur mon calice, offert pour mon ordination, une devise que je fais mienne et qui était celle de saint Jean-Paul II : "Totus tuus". Ces deux mots signifient mon désir de m’en remettre à Marie en toute chose, de passer par elle, de lui livrer et consacrer, en toute soumission et amour ― selon la prière de St Louis-Marie Grignon de Montfort ― mon corps et mon âme, et tout ce que je dois accomplir. Comme tout est plus simple et efficace lorsqu’on choisit de tout confier à la sainte Vierge ! Le secret, c’est de comprendre que notre Seigneur a voulu passer par Marie pour se donner aux hommes, et qu’il continue de faire ainsi : les grâces passent par la sainte Vierge.
 
        Dans mes pauvres prières de chaque jour, souvent marquées par la faiblesse, par la sécheresse du cœur, par les distractions, je me dis que Marie achève et complète ce que je ne parviens pas à réaliser. C’est elle qui présente à son divin Fils mes pauvres balbutiements de prière. C’est pourquoi, comme l’écrit le Curé d’Ars, "Lorsque nos mains ont touché des aromates, elles embaument tout ce qu’elles touchent. Faisons passer nos prières par les mains de la Sainte Vierge, elle les embaumera".
 
        Le récit de l’Annonciation est une des plus belles pages des Évangiles, car un double mystère nous est dévoilé : le mystère de l’Immaculée Conception, et celui de la conception virginale du Christ. Ces deux mystères sont reliés par la liberté de Marie qui prononce son Fiat au Seigneur en lui disant oui de tout son être. Ce Oui de Marie, comme l’écrit le Cardinal Charles Journet, "est le plus beau Oui que la terre n’ait jamais dit au Ciel" (8). Et saint Thomas d’Aquin d’affirmer : "Elle le prononce au nom de l’humanité tout entière, depuis le soir de la chute jusqu’à la fin du monde" (9).
 
        C’est par Marie, et avec elle, que nous pouvons dire oui au Seigneur et à sa sainte volonté. Son oui n’a pas été marqué par le péché originel et la rébellion contre Dieu. C’est un Oui pur, limpide, total, vrai, sans aucune retenue ni arrière-pensée. Nos "oui" à nous sont toujours marqués par un "mais" caché, par des conditions posées, par des fuites discrètes… "Oui Seigneur, mais… ". Pourtant, le Seigneur nous avertit : "Que votre parole soit oui, si c’est oui, non si c’est non ; ce qui est plus vient du Mauvais" (Mt V, 37). Avec Marie, nous pouvons enfin dire un vrai oui au Seigneur, elle nous aide à nous abandonner à son divin Fils, elle nous porte dans son Fiat.
 
        À la grotte de Massabielle, où je me suis rendu tant et tant de fois, j’ai demandé à Notre Dame de Lourdes de m’aider à vouloir ce que Dieu veut pour moi. Cette grotte est pour moi un refuge, un lieu saint, un rocher sur lequel s’appuyer pour reprendre des forces. La source d’eau vive qui coule au fond de la grotte est la fontaine de grâces que la sainte Vierge désire nous donner. Je me suis réjoui dans cette grotte, j’y ai rendu grâces, j’y ai déposé de nombreuses intentions de prière ; c’est aussi là que j’ai été guéri par Marie d’une blessure venant de l’Église. Ce lieu béni est pour moi un lieu fondateur de ma foi depuis mon enfance. Là, dans le froid du mois de janvier, je me confie à nouveau avec ardeur à Notre Dame de Lourdes. Je demeure devant la grotte, je prie en silence, je m’abandonne au Seigneur par les bras de Marie, je reprends des forces, je prie mon chapelet. Le froid ne parvient pas à me chasser de ce lieu béni. "La lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l’ont pas arrêtée". Je contemple cette lumière qui émane de la grotte, lumière bienfaisante et salutaire. Merci, Marie, pour ta protection maternelle et ta présence constante à mes côtés. J’entends résonner en moi la voix du psalmiste : "Espère le Seigneur, sois fort et prends courage, espère le Seigneur" (Ps XXVI, 14). Et je fais mienne la parole du lépreux, dans l’Évangile de ce jour : "Si tu le veux, tu peux me purifier" (Mc I, 40). Oui Seigneur, si telle est ta sainte volonté, tu peux guérir mon corps blessé. Mais que ta volonté soit faite ! Je confie à Marie cette humble prière.
 
        LE BON COMBAT
 
        Comme j’aimerais, au soir de ma vie, m’écrier comme saint Paul : "J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi" (2 Tm IV, 7). Quel est le bon combat à mener en ce monde ? Beaucoup dépensent de l’énergie pour des luttes qui n’en valent pas la peine, comme cette écologie érigée en nouvelle religion, ou cette défense de la cause animale au détriment des hommes. Voyez toute cette énergie dépensée pour des combats menés avec le diable, comme ceux de la culture de mort, de la théorie du genre, du transhumanisme, du wokisme…. Tout cela détourne les personnes de Dieu et leur fait mener de faux combats qui sont ceux du démon.
 
        Le bon combat est celui de la foi : garder la foi et transmettre la foi, dans la fidélité à la tradition de l’Église. Ma foi, aujourd’hui, est celle des patriarches, des prophètes, des apôtres, des saints et des saintes qui nous précèdent et qui nous ont transmis ce trésor de la foi au vrai Dieu. Au long des siècles de l’histoire de l’Église, que de sang versé, de souffrances subies, de persécutions violentes pour protéger et transmettre la foi !
 
        Le bon combat, c’est celui qui consiste à rester fidèle aux promesses de son baptême, à lutter pour demeurer uni au Seigneur Jésus, à vivre en chrétien, à garder ses convictions. C’est un combat de chaque jour, car le démon ne cesse de tenter de nous détourner de Dieu. Le bon combat, c’est celui de la fidélité au Christ, fidélité qui se gagne chaque jour à travers les devoirs de la vie chrétienne : la prière quotidienne, la messe dominicale, la confession régulière, la lutte contre tel ou tel péché qui revient sans cesse. Il y a des chrétiens héroïques qui se battent chaque jour pour terrasser un péché qui empoisonne leur vie. Ces combats de l’ombre, dans les secrets de la vie, sont autant de petites victoires remportées contre le Prince des ténèbres.
 
        Dans ma vie de prêtre, je mène ce combat avec ardeur, car je porte sur mes épaules la charge des âmes qui me sont confiées. Comment pourrais-je remplir ma mission sans une réelle vie intérieure, sans être uni au Christ par la prière et les sacrements ? Où puiser la force nécessaire pour sanctifier le peuple chrétien si ce n’est en Dieu lui- même ? Je me rends compte combien il est vital pour un prêtre de donner du temps au Seigneur, de lui consacrer un temps précieux, pour être avec Lui, pour l’aimer, pour l’adorer. Un prêtre doit d’abord être proche du Seigneur pour pouvoir donner Dieu aux hommes. La fécondité d’un apostolat ne tient qu’à la puissance de la prière qui le porte. J’ai lutté contre la tentation de l’activisme qui nous fait croire que le temps de la prière est inutile, ou bien impossible dans tel contexte. Celui qui prie ne perd pas son temps, celui qui prie n’est jamais seul. Combien de fois ai-je éprouvé dans ma vie de prêtre la force de la prière ! C’est la prière qui, de manière invisible, me donne la capacité de prêcher, d’enseigner, d’assumer une mission délicate, et surtout de m’effacer pour laisser toute la place au Christ. Sans la prière et l’union intérieure au Christ, notre vie tombe en ruine.
 
        Le bon combat, c’est celui de chaque instant pour bien accomplir son devoir d’état et porter le poids du jour sans récriminer contre Dieu. Les tâches de la vie quotidienne, humbles et souvent cachées, relèvent de ce combat qui nous aide à demeurer uni au Christ.
 
        Le bon combat, c’est celui qui consiste à suivre le Christ, pas à pas. "Celui qui veut marcher à ma suite, qu’il renonce à lui-même, qu’il prenne sa croix chaque jour et qu’il me suive" (Lc IX, 23). Telle est la condition de celui qui veut être disciple du Christ, en un mot, de celui qui veut être vraiment chrétien. Le chemin du Christ passe par la Croix, et c’est pourquoi le chemin de tout chrétien passe aussi par la croix. On ne choisit pas ses croix, on ne choisit pas ses souffrances. Elles se présentent à nous, sans que nous les ayons demandées. Il existe les petites croix de chaque jour, faites de renoncements, d’humiliations, d’efforts. Le devoir d’état.
 
        Et puis il existe les grandes croix de la vie, celles qui sont plantées dans notre être, corps et âme. Ce sont les souffrances dues à la maladie, les douleurs provoquées par la mort d’un être cher, les épreuves des combats à mener, les persécutions pour la foi. Ces grandes croix ne peuvent être portées qu’avec l’aide de Dieu. Le Christ a porté sa croix, si lourde, et il ne cesse de nous aider à porter les nôtres. Trois fois il est tombé, trois fois il s’est relevé avec la force de Dieu son Père. Il prend sur ses épaules notre fardeau, si nous lui confions, pour nous fortifier et nous soutenir.
 
        "LE MOMENT DE MON DÉPART EST VENU"
 
        "Moi, en effet, je suis déjà offert en sacrifice, le moment de mon départ est venu. J’ai mené le bon combat, j’ai achevé ma course, j’ai gardé la foi" (II Tim IV, 6-7).
 
        Voici près d’un an que je combats contre ce cancer. Un an de lutte acharnée, de souffrances quotidiennes, de diverses hospitalisations. Un an de chimiothérapies endurées toutes les deux semaines. Je sens bien que mon corps s’affaiblit, et que le cancer gagne du terrain. "Mais l’on ne se bat pas dans l’espoir du succès, non, non, c’est bien plus beau lorsque c’est inutile !" (Cyrano de Bergerac). La médecine semble baisser les armes, les chimios ne sont pas assez efficaces. Demeure toujours le combat de l’âme, pour tenir, avancer, garder l’espérance, s’abandonner au Seigneur, se confier à la sainte Vierge, prier sans relâche, encourager ses proches, garder la joie du cœur, et se préparer à la mort. Je veux mener ce dernier combat avec le courage et la force de la foi.
 
        Je me prépare donc à paraître devant mon Seigneur. J’ai confiance, car comme l’écrivait Benoit XVI, le Seigneur est à la fois mon juge et mon avocat : "Bientôt, je serai face au juge ultime de ma vie. Même si, en regardant ma longue vie, j’ai beaucoup de raisons d’avoir peur et d’être effrayé, j’ai néanmoins l’âme joyeuse, car j’ai la ferme conviction que le Seigneur n’est pas seulement le juge juste, mais en même temps l’ami et le frère qui a lui-même souffert de mes défauts et qui, par conséquent, en tant que juge, est également mon avocat" (Benoît XVI).
 
        Saint Josémaria disait : "La joie chrétienne a ses racines en forme de croix". Au soir de ma vie, malgré toutes ces souffrances, je garde une joie profonde, la joie de savoir que le Seigneur est avec moi, la joie de savoir que le Seigneur m’attend au Ciel. Si parfois la tristesse apparaît, je demande au Seigneur de la changer en joie. La mort d’un être cher provoque des pleurs, des larmes, des douleurs. Le Christ aussi a pleuré devant la mort de son ami Lazare. Mais que cette douleur du cœur, aussi intense soit-elle, n’éteigne pas la flamme de la foi et de l’espérance.
 
        "Quelle joie quand on m’a dit, nous irons à la maison du Seigneur ; maintenant notre marche prend fin, devant tes portes Jérusalem".
       
         Oui, ma marche prend fin, dans la joie de paraître bientôt devant le Seigneur. C’est avec la sainte Vierge que je veux franchir cette porte au dernier instant de ma vie, elle qui est la porte du Ciel.
 
        "Serviteur de votre joie", je vous bénis de tout cœur.
 
Abbé Cyril Gordien +
Prêtre pour l’éternité
 
(1) Cardinal Sarah, Catéchisme de la vie spirituelle, Fayard, 2022, p. 67.
(2) Saint Josémaria Escriva, Quand le Christ passe, 154.
(3) Saint Jean-Paul II, encyclique Ecclesia de Eucharistia, n.25.
(4) Saint Jean-Paul II, encyclique Ecclesia de Eucharistia, n.59.60.
(5) Cf. Benoit XVI, rencontre avec le clergé de Rome, Lectio divina, 18 février 2010.
(6) Saint Jean de la Croix, le Cantique spirituel, B, strophe 29,3.
(7) Card. Charles Journet, Entretiens sur Marie, p. 37.
(8) Card. Charles Journet, Entretiens sur Marie, p. 22.
(9) Somme théologique, IIIa, q.30.
 
LA NEF, mis en ligne le lundi 20 mars 2023, en la fête de saint Joseph ;
testament spirituel de l’abbé Gordien
(fin de citation)
 
En la fête de saint Laurent,
[cardinal-]diacre & martyr,
Ce 10 août 2023.
Vincent Morlier
Écrivain catholique.
 
 
 LaurentSaint
 
 
 
10-08-2023 07:47:00
 

Le site "rallié" Archidiacre : un ramas d'erreurs graves et de faussetés présentées comme des vérités, mélangé à quelques vraies vérités, ce qui le rend plus toxico-nocif encore...

16-07-2023 09:07:00
 

Où se situe l'acte de droit divin qui fait certainement le pape actuel ? Chez les cardinaux qui l'élisent canoniquement dans le conclave ? Ou chez les évêques de l'orbe catholique qui approuvent a-posteriori l'élection des cardinaux ?

 
 
 
 
 
Où se situe l'acte de droit divin
qui fait certainement le pape actuel ?
Chez les cardinaux qui l'élisent
canoniquement dans le conclave ?
Ou chez les évêques de l'orbe catholique
qui approuvent a-posteriori l'élection des cardinaux ?
 
            
        Mon titre résume bien la question. Qu'on me permette cependant, pour commencer mon nouvel article, de la reformuler ainsi avec un peu plus de précision : qui sont les sujets habilités à poser l'acte de droit divin désignant en toute certitude à tous les fidèles un tel comme le Vicaire du Christ actuel, ledit acte obligeant tout catholique à la croyance de fide, à défaut de laquelle croyance le fidèle se mettrait ipso-facto lui-même hors de l'Église ?
           
        Je soulève ce lièvre, car la lecture de quelques articles faite ces jours derniers m'a montré que certains auteurs de la mouvance "ralliée" professent que lesdits sujets sont seulement et exclusivement les évêques de l'orbe catholique toute entière, au nom de l'universitas fidelium. Selon ces auteurs en effet, la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel, encore dite pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, qui est de soi toujours un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, ne serait actée que par toute l'orbe catholique universelle, c'est-à-dire par absolument tous les fidèles de l'Église catholique en corps, sans distinction de rang, dont cependant les chefs seuls, qui sont tous les évêques, seraient habilités à poser, en leurs noms à tous, l'acte de droit divin engageant la croyance de fide de tous les fidèles. Dans cette thèse, l'acte double des cardinaux élisant le pape dans leur majorité canonique des deux/tiers, adhæsio cardinalice au nouveau pape actuel pourtant toujours antécédente à l'adhæsio de l'universitas fidelium, à savoir l'élection conclavique proprement dite théologiquement achevée par le "oui, accepto" du nouveau pape, puis, dans l'octave de cette dite élection, l'obédience cardinalice faite publiquement dans la cérémonie d'intronisation du nouveau pape, cet acte cardinalice double disais-je, n'aurait aucune valeur pour asseoir la croyance de fide dans le nouveau pape, il ne serait pas le fondement théologique de ce qu'on a appelé la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio.
           
        Or, cette thèse est manifestement et profondément erronée, elle ouvre même à deux battants grand'ouverts la porte à une grave hérésie attentant radicalement à l'Institution divine de la papauté et prétendant la détruire de fond en comble, à savoir le conciliarisme. C'est pourquoi je crois bon et utile de la dénoncer dans ce nouvel article.
           
        Mais partons tout d'abord d'un premier point, sur lequel tout le monde sera d'accord.
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
           
        Ce point fondamental et prolégoménique que je vais poser maintenant, que j'ai toujours posé ainsi dès les premières rédactions de L'impubliable, mon ouvrage de fond sur la théologie de la "crise de l'Église" (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf), est que les sujets habilités à poser l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel valant fait dogmatique doté de l'infaillibilité, ne peuvent qu'avoir, pour ce faire, Autorité de droit divin de représenter l'Église Universelle dans cette mission suréminente particulière de légitimer le pape actuel. Or, tout le monde dans l'Église, il s'en faut de beaucoup, n'a pas l'autorité de représenter l'Église Universelle dans sa mission de légitimer le pape actuel, il n'y en a au contraire que très-peu qui ont cette dite autorité. Avant de dire quelle catégorie de sujets dans l'Église ont, in capite et au premier chef, cette autorité, je ferai remarquer une chose.
           
        Si on lit les théologiens et les canonistes qui ont traité de la question, aucun, à ma connaissance, ne prend la peine de définir qui sont cesdits sujets, aussi étonnant et même incroyable cela puisse paraître. Je n'en citerai que quelques-uns qui, on le remarquera sans difficulté, en reste au générique, à la règle générale :
           
        ― "Dieu peut permettre que le Siège apostolique demeure vacant assez longtemps ; il peut permettre même qu'un doute s'élève sur la légitimité de tel ou tel élu ; mais il ne peut pas permettre que l'Église toute entière reconnaisse comme pontife légitime celui qui, en réalité, ne le serait point. Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, la question ne saurait plus être agitée d'un vice dans l'élection ou de l'absence d'une des conditions requises pour sa légitimité. L'adhésion de l'Église guérit pour ainsi dire radicalement tout vice possible de l'élection, et, d'une manière infaillible, elle démontre l'existence de toutes les conditions requises" (cardinal Billot) ;
           
        ― "L'acceptation pacifique de l'Église universelle s'unissant actuellement à tel élu comme au chef auquel elle se soumet, est un acte où l'Église engage sa destinée. C'est donc un acte de soi infaillible, et il est immédiatement connaissable comme tel (conséquemment et médiatement, il apparaîtra que toutes les conditions prérequises à la validité de l'élection ont été réalisées). L'acceptation de l'Église s'opère soit négativement, lorsque l'élection n'est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l'élection est d'abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres" (cardinal Journet, citant en finale Jean de Saint-Thomas) ;            
           
        ― "Peu importe que dans les siècles passés quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude ; il suffit qu'il ait été accepté ensuite comme pape par toute l'Église, car de ce fait, il est devenu le vrai pontife. Mais si pendant un certain temps, il n'avait pas été accepté vraiment et universellement par l'Église, pendant ce temps alors le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape" (saint Alphonse de Liguori) ;
           
        ― Plus récemment, et même extrêmement récemment, un auteur à sensation genre paparazzi ayant voulu mettre en doute la validité de l'élection pontificale de François, une canoniste italienne faisant autorité a réfuté sans aucune difficulté ses allégations mensongères, et conclut, elle aussi, comme tous les théologiens catholiques du passé : "Étant donnée l’absence totale de fondement juridique de ces suppositions [l'auteur à sensation affirmait qu'il y avait eu des erreurs de dépouillement de bulletins dans le conclave élisant François], on voit également disparaître, même si l’on veut ajouter foi aux informations dont il tire son origine, le cauchemar inconsidérément agité que serait la présence actuelle, sur la chaire de Pierre, d’un pape douteux. Quoi qu’il en soit, les canonistes ont constamment et unanimement enseigné que la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio est le signe et l’effet infaillible d’une élection valide et d’un souverain pontificat légitime. Et l’adhésion du peuple de Dieu au pape François ne peut être mise en doute d’aucune manière" (Geraldina Boni).
           
        On le constate sans peine : les membres de l'Église ayant Autorité et habilités à poser l'acte d'adhésion pacifique ou reconnaissance ecclésiale universelle sur le nouveau pape... ne sont pas définis. On laisse même pratiquement entendre qu'il s'agit tout simplement de l'universitas fidelium, c'est-à-dire en fait de tous les fidèles quels qu'ils soient, indistinctement, qu'ils soient grand'clercs ou simples laïcs, "membres enseignants" ou "membres enseignés", notre canoniste italienne contemporaine parlant même carrément, à la façon moderne voire même moderniste, de... "peuple de Dieu" !
           
        Or, théologiquement, il ne peut pas en être ainsi. En effet, de dire avec certitude qu'un pape est légitime engage une croyance de fide, c'est donc un enseignement, au sens théologique fort du terme, de l'Église Universelle à l'Église Universelle : c'est l'Église Universelle qui se révèle à elle-même qu'elle a un nouveau et vrai Vicaire du Christ, règle prochaine et immédiate de sa Foi. Or, tout enseignement d'une croyance de fide, dans l'Église, qu'il soit sur les choses de la Foi ou sur celles de la Légitimité pontificale, ne peut qu'être un enseignement autorisé, c'est-à-dire émanant d'une Autorité constituée de droit divin pour donner et délivrer cedit enseignement à croire de fide. Et il est évident que tous les fidèles, dans l'Église, n'ont pas cette autorité, même réunis tous ensemble : l'enseignement impliquant la croyance de fide, en effet, n'est pas démocratiquement délivré par l'Église à l'âme du fidèle, mais hiérarchiquement (hieros - archos), c'est-à-dire par des "membres enseignants" aux "membres enseignés", c'est ainsi que l'Église est divinement constituée par le Christ.
           
        La problématique que nous sommes en train d'étudier, à savoir l'enseignement dans l'âme de tout fidèle de l'Église de la Légitimité pontificale quant à un pape particulier d'une génération ecclésiale donnée, est du reste exactement la même que celle ayant trait à l'enseignement de la Foi. On peut dire aussi, d'une manière générale : "Toute l'Église a la Foi". Mais il n'est pas besoin de creuser la théologie bien loin pour comprendre que si tous les membres de l'Église ont la Foi, ils ne l'ont pas de la même manière : les uns enseignent la Foi, les autres la reçoivent. Saint Paul explique remarquablement bien toute l'articulation théologique de cette ordonnance par laquelle la Foi arrive jusqu'à l'âme du fidèle : "Comment donc invoquera-t-on Celui [le Christ Jésus] en qui on n'a pas encore cru ? Et comment croira-t-on en Celui dont on n'a pas entendu parler ? Et comment en entendra-t-on parler s'il n'y a pas de prédicateur ? Et comment seront-ils prédicateurs, s'ils ne sont pas envoyés [au sens fort, c'est-à-dire mandatés de droit divin par l'Église pour prêcher la Foi directement au nom du Christ = Magistère infaillible du pape et des évêques unis à lui] ?" (Rom X, 14‑15).
           
        Or donc, l'enseignement de la Légitimité pontificale se fait exactement de la même manière que l'enseignement de la Foi à l'âme du fidèle, on est en effet théologiquement tout-à-fait fondé à paraphraser saint Paul de cette manière : "Comment pourra-t-on prendre le nouveau pape pour règle prochaine de la Foi si on ne sait pas encore qu'il est certainement pape ? Et comment saura-t-on s'il est certainement pape, si personne ne nous le dit ? Et comment nous le dira-t-on s'il n'y a pas dans l'Église des prédicateurs, c'est-à-dire des membres autorisés par elle à dire la légitimité certaine du nouveau pape ? Et comment ces prédicateurs-là pourront-ils exister s'ils ne sont pas envoyés, c'est-à-dire s'ils n'ont pas la mission de droit divin, à eux donnée par l'Église Universelle, de dire à tous les fidèles qui est le pape actuel vrai et authentique ?"
           
        Ainsi donc, si l'adhésion pacifique de tous les membres de l'Église se fait autour d'un pape élu, il est certainement pape, tous les théologiens sont unanimes sur ce point : "toute l'Église a la Foi", aussi "toute l'Église adhère pacifiquement au vrai pape". Rien de plus sûr. Mais de la même hiérarchique manière que pour la Foi, certains membres, de droit divin, enseignent aux autres membres la certitude de la légitimité du nouveau pape, quand d'autres, ne font que recevoir cet enseignement.
           
        Et il est très-important de comprendre que ceux qui ont autorité dans l'Église pour dire qu'un tel est légitime Vicaire du Christ actuel, sont en vérité les SEULS à acter théologiquement ce qu'on appelle la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, qui a valeur de règle prochaine en matière de Légitimité pontificale, tant il est vrai que, dans l'Église, seul compte ce que font ceux qui ont autorité, c'est-à-dire les "membres enseignants". Ils sont les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale, et lorsqu'ils désignent et reconnaissent ensemble qu'un tel est le pape actuel de l'Église, leur acte de désignation et de reconnaissance fonde la croyance de fide de tous les autres fidèles en ce que ce un tel est certainement pape, verus papa, car tous les autres fidèles ne sont que "membres enseignés" de la Légitimité pontificale. Il est capital de bien saisir que cette dite croyance de tous les autres fidèles n'est qu'une subséquence de l'acte posé par les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale. C'est-à-dire que si tous les "membres enseignés" de la Légitimité pontificale acceptaient pacifiquement un tel pour pape, mais sans être unis et adjoints aux "membres enseignants" de la Légitimité pontificale dans cette acceptation pacifique, cela ne vaudrait rien, celui qu'ils auraient ainsi accepté pacifiquement comme pape, fussent-ils des milliards de simples fidèles, ne serait pas infailliblement vrai pape. C'est exactement la même chose pour l'enseignement de la Foi : si, tel Luther et les protestants qui le suivront, je prétends m'enseigner la Foi à moi-même sans passer par les "membres enseignants" mandatés de droit divin dans l'Église pour me l'enseigner, mon enseignement de la Foi à moi-même ne vaut rien (... encore moins vaut-il quelque chose pour les autres...).
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
           
        Maintenant que la loi fondamentale est bien exposée, quant à la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il ne va pas être très-difficile de définir avec précision qui sont ces membres de l'Église qui ont autorité pour dire à tous les autres membres de l'Église, qui est le pape légitime, autrement dit qui sont les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale, in capite et au premier chef : ce sont les cardinaux en corps d'institution dans le Sacré-Collège, dans leur majorité canonique des 2/3. Ce sont eux qui, premièrement, ont pouvoir et mandat dans l'Église de dire et d'enseigner, dans leur majorité canonique, qui est le pape actuel et qui ne l'est pas. Parce que, dans toute élection pontificale, ils représentent formellement l'Église romaine, laquelle, comme le dit merveilleusement bien le cardinal Journet dans L'Église du Verbe incarné, est "le nom d'humilité de l'Église Universelle". Ce qui signifie que lorsque, dans leur majorité canonique des deux/tiers, ils désignent et reconnaissent un tel comme vrai pape actuel, c'est l'Église Universelle qui parle par leur bouche, et par-delà l'Église Universelle, c'est évidemment le Saint-Esprit qui parle, c'est DIEU Lui-même... qui ne peut ni Se tromper ni nous tromper.
           
        Que ce soient les seuls cardinaux qui, in capite et au premier chef, sont les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale sur un pape actuel particulier, nous est déjà bien enseigné en filigrane par les monuments de l'histoire ecclésiastique.
           
        Ainsi, le premier rituel funé­raire des papes connu, daté de la fin du XIIIe siècle, suggère le transfert de toute l'Église institutionnelle dans l'Institution cardinalice par le pape mourant : "... Deux ou trois jours avant qu'il ne «perde la parole», le camerlingue doit convoquer les cardinaux afin que le pape mourant dicte son testament en leur présence, et choi­sisse le lieu de sa sépulture. Après avoir prononcé la profession de foi, le pape doit «recommander l'Église» aux cardinaux, appelés à choisir en paix et tranquillité un nouveau pasteur" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. "mort du pape (Moyen-Âge)", p. 1143, 2e col.). Le mot "recommander" dans un rituel est à lire au sens fort, c'est comme la "recommandation de l'âme" dans le rituel des agonisants : cela signifie une livraison complète de ce qui est recommandé dans les mains de ceux à qui elle est recommandée. Autrement dit, le rituel que nous venons de lire laisse entendre que l'Église Universelle est remise toute entière par le pape mourant dans le sein des cardinaux en corps d'institution : et c'est alors que ces derniers jouissent tout naturellement de l'infaillibilité de cette Église qui leur est confiée toute entière, pour lui redonner infailliblement un nouveau pape… qui jouira alors du charisme de l'infaillibilité (en vérité, admirons comme l'Église est bien organisée ! Comment n'y point voir le Sceau du Saint-Esprit ?).     
           
        Un autre rituel funéraire pontifical, établi un siècle plus tard, va tout-à-fait dans le même sens, plus explicitement encore : "En informant les princes et les prélats de la chrétienté de la mort du pape, les cardinaux doivent recourir au «style apostolique», «comme si l'expéditeur de la lettre fût le pape»" (ibid., p. 1144, 1e col.). Dans le Cérémo­nial de Grégoire XV relatif aux funérailles du pape, qui, avec peu de modifications, restera en vigueur jusque dans les temps modernes, "un détail de toilette mérite d'être noté. En quittant la chambre mortuaire [du pape de cujus], le [cardinal] camerlingue se retire un instant dans l'antichambre secrète pour déposer sa mantelletta et «découvrir son rochet». Devant le pape, tous les dignitaires de l'Église ont le rochet ou surplis recou­vert de la mantelletta, signe que leur pouvoir de juridiction est suspendu. Laisser voir le rochet, pendant la vacance du Siège, et porter la simple mozette ou pèlerine est donc, pour les cardinaux, le signe de l'Auto­rité en quelque sorte souveraine à laquelle chacun [d'eux] participe dans une mesure égale" (Le Conclave, Lucius Lector, p. 153).     
           
        Si nous passons des funérailles aux actes posés par le Sacré-Collège pendant la vacance du Saint-Siège, c'est le même enseignement : "Autrefois, les réunions du directoire exécutif [des cardinaux pendant la vacance du Saint-Siège] se tenaient régulièrement chaque soir. (…) Un maître des cérémonies introduisait les diverses personnes admises à l'audience, lesquelles faisaient devant les cardinaux la génuflexion comme devant le pape" (ibid., p. 186) ; et Lucius Lector de bien souligner : "C'est dans ces réunions que le Sacré-Collège as­semblé apparaît dans le plein exercice de sa souveraineté. Tous égaux entre eux, ses membres forment un corps unique qui gouverne momentanément le Siège apostolique et reçoit, à ce titre, toutes les marques extérieures de la déférence qui s'adressent au souverain et au pontife. Individuellement, nous l'avons vu déjà, ils affirment, par la façon de porter le rochet à découvert, l'épanouissement de leur juridiction. Ils ne peuvent admettre personne à leurs côtés, dans leurs voitures, à cause de leur participation à la souveraineté ; mais dès qu'ils sont réunis en corps, ne fût-ce qu'au nombre capitulaire de trois, tout fidèle fléchit le genou devant eux, parce qu'au-dessus et à travers leur personnalité collective apparaît l'image du Siège apostoli­que, celle du Christ qui vit dans la chaire de Pierre, selon le mot d'un Père de l'Église : «Vivit in Petro Christus [= le Christ vit en Pierre] !» Cette déférence, a-t-on dit aussi, est témoignée aux cardinaux parce que dans leurs rangs, se trouve celui qui sera l'élu de demain. Cela n'est vrai que dans une certaine mesure ; car l'élu pourra être un cardinal absent comme Adrien VI ou même un prélat non revêtu de la pourpre cardinalice, comme Urbain VI.
           
        "C'est donc comme corps souverain que le Sacré-Collège se présente aux regards des fidèles. Parce que chacun de ses membres participe, dans une mesure égale, à cette souveraineté, chacun aussi en porte quelques marques distinctives. Tous et chacun ont ainsi droit au baldaquin dans la salle du scrutin, lequel baldaquin s'abaissera au moment où sera proclamé le nom de l'élu. (…) Le camerlingue [sorte de "président" du Sacré-Collège], à partir du moment où il a constaté la mort du pape, est accompagné partout de la garde pontificale, pour affir­mer devant les populations son autorité suprême quoique provisoire. Jadis même il traversait dans ce but la ville, de temps en temps, en train de gala, dans le carrosse papal des grandes circonstances. À lui aussi revenait le droit souverain de battre monnaie à ses armes avec les insignes du pavillon patriarcal dominant les deux clefs d'or et d'argent du pontificat, sede vacante. Le droit ecclésiastique ne voit dans sa personne que le repré­sentant, primus inter pares, du Sacré-Collège ; comme le Sacré-Collège lui-même n'est que le détenteur momentané et collectif de l'autorité suprême, autorité qu'il lui est interdit d'aliéner ou simplement d'engager, à quelque titre que ce soit. Le pontife futur devra retrouver intacte et dans sa plénitude la juridiction suprême de l'Église, sans que ses électeurs aient pu en restreindre l'exercice ou en limiter l'étendue" (ibid., pp. 188-190). "Aussitôt désigné [comme nouveau pape], le [cardinal] camerlingue passe au doigt du pape l'anneau du pê­cheur, symbole de la juridiction ressuscités" (ibid., p. 639).      
           
        Ainsi donc, c'est par trop clair, tout, dans le droit ecclésiastique écrit ou simplement coutumier ayant trait à la vacance du Saint-Siège, va à cette idée fondamentale que le Sacré-Collège des cardinaux est bien récipiendaire collectif du plein-pouvoir divin et humain de l'Église, ce qui veut dire que réside dans son sein le charisme de l'infaillibilité, avec puissance d'en user pour élire le nouveau pape, et bien sûr uniquement pour cela. Terminons cette évocation de l'Histoire ecclésiastique avec Lucius Lector, nom de plume emprunté par un cardinal lorsqu'il écrivit un fort livre, Le Conclave, quelques années avant la mort du pape Léon XIII : "Sur cette communication [lorsque l'élu dit "oui" à son élection dans le conclave], les deux cardinaux les plus voisins de l'Élu s'écartent respectueusement de leur collègue devenu leur Chef ; après quoi, tous abaissent le baldaquin de leur stalle. Leur souveraineté éphémère a pris fin : l'autorité du Siège apostolique se trouve de nouveau concentrée tout entière dans la personne de l'Élu" (ibid., p. 636). 
           
        Ce sont donc les cardinaux qui, in capite et au premier chef, sont les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale quant à un pape actuel particulier, et qui génèrent théologiquement ce qu'on a appelé la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio en l'appliquant communément mais indûment à la seule réponse de l'universitas fidelium, qui ne sera seulement, en fait, que le tout dernier acte du long processus engageant la croyance de fide de tout fidèle envers le nouveau pape actuel, comme je le dirai mieux plus loin.
           
        On ne saurait donc s'étonner des forts propos d'un grand théologien thomiste, Jean de Saint-Thomas (1589-1644), pour cautionner cette proposition. Après avoir dit que la légitimité d'un pape actuel particulier est "une question de Foi, parce que [l'Église reçoit le nouveau pape] comme la règle infaillible de la Foi et comme le chef suprême auquel elle est unie, car l'unité de l'Église dépend de son union avec lui" (Cursus Thelogicus, t. VI, questions 1-7, Sur la Foi, Disputation VIII, 1640), Jean de Saint-Thomas pose alors la question qui suit immédiatement, la plus importante : mais qui, dans l'Église, a pouvoir de "proposer cette vérité comme de fide" (ibid.) ?, question qui commande évidemment tout le reste, dont j'ai fait justement le titre de mon nouvel article, questio magna. Et notre thomiste de répondre sans équivoque ni ambiguïté aucune : "Je réponds que l'élection et l'élu sont proposés par les cardinaux, non en leur propre personne, mais en la personne de l'Église et par son pouvoir, car c'est elle qui leur a confié le pouvoir d'élire le pape et de le déclarer élu. C'est pourquoi ils sont, à cet égard et pour cette tâche, L'ÉGLISE ELLE-MÊME REPRÉSENTATIVE. Ainsi les cardinaux, ou quiconque d’autre l’Église (c’est-à-dire le Pape) a légitimement désigné pour faire l’élection, représentent l’Église dans tout ce qui concerne l’élection de son chef, le successeur de Pierre" (ibid.).
           
        Notons avec soin que Jean de Saint-Thomas formule la même croyance que celle très-suggérée par les rituels moyenâgeux funéraires des papes que nous venons de voir : les cardinaux, en corps d'institution, SONT l'Église Universelle pour cette tâche suréminente, et bien sûr uniquement pour elle, de donner une nouvelle tête visible à l'Épouse du Christ. Or, puisque l'Église qui gît dans leur sein cardinalice est dotée de l'infaillibilité, la tâche que l'Église leur a donné mandat divin d'accomplir est donc elle-même dotée de l'infaillibilité. Il est de Foi, de fide, de dire que les cardinaux donnent donc un nouveau pape actuel à l'Église infailliblement, dès lors que le processus conclavique d'élection pontificale s'est dûment et canoniquement bien déroulé. Leur acte d'élection conclavique qui s'est canoniquement bien déroulé jusqu'à son achèvement théologique complet et définitif dans le "oui, accepto" du nouveau pape actuel, est doté de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        C'est pourquoi Jean de Saint-Thomas, après avoir comparé à l'identique l'acte d'élection du nouveau pape par les cardinaux à "une définition donnée par les évêques lors d'un concile légitimement réuni" (ibid.), ne manque pas de préciser que l'acceptation de l'élection par l'universitas fidelium n'est qu'un confirmatur de l'élection du nouveau pape faite par les cardinaux : "De plus, l’acceptation de l’Église est, pour nous, comme une confirmation de cette déclaration [cardinalice]" (ibid.). Ce qui signifie on ne peut plus clairement que la déclaration cardinalice d'avoir fait un nouveau pape actuel est suffisante en elle-même et à elle toute seule pour obliger à la croyance de fide tout catholique, sinon l'acceptation a-posteriori de l'universitas fidelium de cette déclaration cardinalice n'en serait pas une confirmation, un simple confirmatur. La confirmation d'une chose, en effet, n'est que la reconnaissance que la chose qui est confirmé existe déjà antécédemment à l'acte de confirmer. Et c'est pourquoi Jean de Saint-Thomas finit son exposé de la question en disant fortement : "Dès que les hommes voient ou apprennent qu’un pape a été élu, et que l’élection n’est pas contestée, ils sont obligés de croire que cet homme est le pape, et de l’accepter" (ibid.).
           
        ― "obligés de croire" : c'est-à-dire qu'ils n'ont pas la possibilité de NE PAS poser l'acte d'acceptation pacifique ecclésiale universelle du nouveau pape ; ce qui signifie très-clairement que cet acte est second dans l'ordre théologique, l'acte premier et fondateur étant l'élection cardinalice conclavique théologiquement achevée par le "oui, accepto" du nouvel élu au Siège de Pierre. L'acte d'acceptation par les évêques et les simples fidèles de l'orbe catholique toute entière n'est qu'un simple confirmatur de l'acte d'élection conclavique cardinalice qui est premier dans l'ordre théologique pour asseoir la croyance de fide de la légitimité du nouveau pape.
           
        ― "et que l'élection n'est pas contestée" : certes, Jean de Saint-Thomas formule que l'élection cardinalice, pour obliger à la croyance de fide, doit ne faire l'objet d'aucune contestation. Mais ce qu'il faut bien saisir, c'est qu'il n'est plus possible qu'une quelconque contestation, quelle qu'elle soit, puisse être validement mise en avant dès lors que l'élection conclavique est théologiquement achevée, ce qui est formellement le cas dès le "oui, accepto" du nouvel élu au Siège de Pierre. Cette possibilité de contestation, qui d'ailleurs ne peut qu'être interne au conclave, entre cardinaux seuls habilités à contester la procédure d'une élection pontificale, ad intra, et jamais être le fait postérieur de la part d'éléments extérieurs au conclave, ad extra, ne peut absolument plus exister dès lors et immédiatement que le "oui, accepto" a été dûment prononcé par le nouvel élu au Siège de Pierre (je vais bien l'expliquer tout-à-l'heure et en donner la raison mystique précise, avec Jérôme Bignon). Il manque ici une précision importante de la part de Jean de Saint-Thomas, qui semblerait laisser entendre qu'il peut exister une contestation après le "oui, accepto" de l'élu, après que le processus de l'élection pontificale soit théologiquement dûment achevé, pouvant soit disant remettre en cause toute l'élection qui vient d'avoir lieu, ce qui est faux.
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
           
        Qu'il ne puisse y avoir la moindre contestation de l'élection qui vient d'avoir lieu après le "oui, accepto" du nouveau pape élu, nous en avons la preuve par l'affirmation du pape Pie XII, dans sa Constitution de 1945 sur les élections pontificales. Pie XII dit très-clairement : "Le consentement (de l'élu à sa propre élection au Siège de Pierre) ayant été donné (…), l'élu est immédiatement VRAI PAPE, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l'univers entier (Code de Droit canon, can. CIS 219) ― "Hoc consensu prestito intra terminum, quatenus opus sit, pendenti arbitrio Cardinalium per majorem votorum humerum determinandun, illico electus VERUS PAPA, atclue actu plenam absolutamque iurisdictionem supra totum orbem acquirit et exercere potest" (Vacante Apostolicæ Sedis, 8 décembre 1945, § 101). Et Pie XII, de continuer immédiatement : "Dès lors, si quelqu’un ose attaquer des lettres ou décisions concernant n’importe quelles affaires, émanant du Pontife romain avant son couronnement, Nous le frappons de la peine d’excommunication à encourir ipso facto (Clément V, ch. 4, De sent, excomm., 5, 10, in Extravag. comm)" (§ 101).
 
        Notons bien que pour Pie XII, la croyance de fide est obligatoire dès le "oui, accepto" et non pas à partir de la cérémonie d'intronisation-couronnement qui intervient dans l'octave de l'élection. Sinon, le pape n'aurait pas été fondé, comme il le fait, à faire peser sur le contrevenant une peine d'excommunication latæ sententiæ dès le "oui, accepto" du nouveau pape.
           
        Or, si un pape n'était certainement pape que par l'adhæsio pacifique de l'universitas fidelium intervenant a-posteriori après l'élection cardinalice dûment et canoniquement terminée par le "oui, accepto" du nouveau pape, alors Pie XII n'aurait jamais pu écrire que le nouveau pape est verus papa après sa seule élection cardinalice, à laquelle l'adhésion de l'universitas fidelium a-posteriori n'a pas encore été donnée, il aurait seulement pu écrire qu'il est verus papa sub conditione, sous condition de l'adhæsio a-posteriori de l'universitas fidelium. Mais puisque Pie XII professe que le pape est vraiment et pleinement pape, verus papa, par la seule élection conclavique confectionnée par les SEULS cardinaux, c'est donc que l'acte exclusivement cardinalice qui fait le pape est de droit divin et confectionne à lui tout seul déjà le fait dogmatique toujours doté de l'infaillibilité ; ce qui signifie évidemment que la seule élection cardinalice théologiquement achevée dans et par le "oui, accepto" du nouveau pape élu implique la croyance de fide, avant toute intervention de l'universitas fidelium.
           
        Un an avant sa mort, Pie XII enseignera de nouveau cette très-catholique doctrine, lorsqu'il envisagera le cas extrême de l'élection d'un simple laïc au Siège de Pierre : "Le pouvoir d’enseigner et de gouverner, ainsi que le charisme de l’infaillibilité, lui seraient accordés dès l’instant de son acceptation, même avant son ordination" (Allocution au deuxième Congrès mondial de l’apostolat des laïcs, 5 octobre 1957).
           
        On ne saurait être étonnés de voir les papes succédant à Pie XII et ayant édicté des constitutions sur la vacance du Siège Apostolique et l'élection d'un nouveau pape, Paul VI et Jean-Paul II, reprendre quasi mot à mot la doctrine qui professe que le pape est vrai pape, verus papa, dès qu'il a prononcé son "oui, accepto".
             
        ― Paul VI : "§ 88. ― Après l'acceptation, l'élu qui a déjà reçu l'ordination épiscopale est immédiatement évêque de l'Église de Rome et en même temps vrai Pape et chef du collège épiscopal ; il acquiert en acte et peut exercer le pouvoir plein et absolu sur l'Église universelle. Si l'élu n'a pas le caractère épiscopal, il doit aussitôt être ordonné évêque" (Romano Pontifici eligendo, 1er octobre 1975).
           
        ― Jean-Paul II : "§ 87. ― L'élection ayant eu lieu canoniquement, le dernier des Cardinaux diacres appelle dans le lieu de l'élection le Secrétaire du Collège des Cardinaux et le Maître des Célébrations liturgiques pontificales ; ensuite, le Cardinal Doyen, ou le premier des Cardinaux par l'ordre et par l'ancienneté, au nom de tout le Collège des électeurs, demande le consentement de l'élu en ces termes : "Acceptez-vous votre élection canonique comme Souverain Pontife ?" Et aussitôt qu'il a reçu le consentement, il lui demande : "De quel nom voulez-vous être appelé ?" Alors le Maître des Célébrations liturgiques pontificales, faisant fonction de notaire et ayant comme témoins deux cérémoniaires qui seront appelés à ce moment-là, rédige un procès-verbal de l'acceptation du nouveau Pontife et du nom qu'il a pris. § 88. ― Après l'acceptation, l'élu qui a déjà reçu l'ordination épiscopale est immédiatement Évêque de l'Église de Rome, vrai Pape et Chef du Collège épiscopal ; il acquiert de facto et il peut exercer le pouvoir plein et suprême sur l'Église universelle. Si l'élu n'a pas le caractère épiscopal, il doit aussitôt être ordonné évêque" (Universi dominici gregis, 22 février 1996).
 
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        Pour bien comprendre pourquoi l'élection conclavique est dotée de l'infaillibilité dès lors qu'elle est théologiquement achevée par le "oui, accepto" du nouveau pape, rappelons qu'il y a deux temps forts dans tout conclave légitimement assemblé pour élire le futur pape.
           
        1/ L'un, le premier, n'est que sous la mouvance éloignée du Saint-Esprit, et donc ne bénéficie pas de l'infaillibilité à proprement parler quand bien même il jouit de l'Assistance divine, c'est lorsque les cardinaux assemblés commencent à essayer de s'accorder sur le choix de la personne du futur pape à élire, par voie humaine, souvent au moyen de factions qui s'opposent parfois violemment, tiraillées plus souvent encore en tous sens notamment par les intérêts politiques différents des grandes nations chrétiennes que représentent certains cardinaux majeurs du Sacré-Collège, etc. ; ce premier moment de tout conclave, qui n'est dirigé en sous-main par le Saint-Esprit que de manière éloignée, peut même durer beaucoup de temps, les exemples n'en sont pas rares. Supposons qu'à ce stade, une faction de cardinaux très-influents mais n'arrivant pas à réunir la majorité canonique du Sacré-Collège, décide d'élire toute seule le pape de son choix, comme l'ont fait les schismatiques cardinaux français en fomentant ainsi le grand-schisme d'Occident, alors, évidemment, l'élection, non-dotée de l'infaillibilité, serait parfaitement invalide, cela va presque sans dire. C'est à cette période préliminaire du conclave, et seulement à elle seule, qu'on peut dire, pour toutes raisons, qu'un conclave pourrait être douteux voire même invalide, comme Journet l'expose dans L'Église du Verbe incarné en ces termes : "On ne veut pas dire que l’élection du pape se fait toujours par une infaillible assistance puisqu’il est des cas où l’élection est invalide, où elle demeure douteuse, où elle reste donc en suspens".
           
        2/ Mais il y a, après ce premier moment conclavique non-doté de l'infaillibilité, le second et dernier temps fort de tout conclave, évidemment le plus important quoique le plus bref, c'est lorsqu'enfin tous les cardinaux, la plupart du temps par des retournements de tendance complètement inattendus, des découvertes soudaines de papabile auxquels personne n'avait pensé jusqu'alors, etc., qui montrent quant et quant l'Action du Saint-Esprit qui agit souverainement dans les conclaves en Cause première divine derrière les causes secondes humaines, parfois d'une manière presque transparente, c'est lorsqu'enfin les cardinaux disais-je, arrivent à s'entendre sur le choix UN de la personne du futur pape, d'UNE personne, laquelle voit réunir sur sa tête la majorité canonique du conclave, soit les 2/3 + 1.
           
        Alors, ce qu'il faut bien comprendre, c'est ceci : tant qu'il y a deux, trois, voire quatre ou plus, papabile en présence, qui se contrebattent et contrebalancent de séances de votes en séances de votes sans que le conclave puisse arriver à détacher du lot l'unité d'une seule personne pour être le futur pape, on est là, certes, dans les affaires humaines, quand bien même l'action du Saint-Esprit est derrière, très-présente, extrêmement présente et de plus en plus, plus l'unique personne qui doit être élue est approchée par le Sacré-Collège. Mais lorsque le conclave arrive à s'entendre sur UNE personne pour être le futur pape, alors, SOUDAIN, nous ne sommes plus là du tout dans l'ordre humain faillible voire peccable des choses conclaviques, mais immédiatement dans l'ordre humain entièrement assumé et transcendé par l'Ordre divin, de soi bien entendu infaillible, l'organe humain cardinalice n'étant plus dès lors qu'un suppôt passif du Saint-Esprit (= un suppôt, c'est une substance avec son mode d'exister). Seuls les esprits superficiels et/ou mondains ne se rendent pas compte de ce changement radical, qui évidemment n'apparaît pas au for externe, de cette prise en Main divine radicale de l'acte humain cardinalice qui, plus l'unité de la personne pontificale est approchée, plus cedit acte devient on pourrait dire inhabité du Saint-Esprit : ce ne sont plus alors tant les cardinaux qui agissent que le Saint-Esprit Lui-même. C'est-à-dire que l'acte humain, de faillible, devient infaillible, puisque transcendé par le Saint-Esprit.
           
        Qu'on réfléchisse bien en effet, qu'il est tout-à-fait IMPOSSIBLE à l'homme et à l'acte humain de faire le Don surnaturel de l'Unité à l'Église Universelle, Note qui est un charisme divin, ceci n'est pas en sa puissance et capacité (l'a assez prouvé, ce qui s'est passé dans le grand-schisme d'Occident), la Note surnaturelle de l'Unité à l'Église Universelle (Une, sainte, etc.), est en effet un Don exclusivement d'ordre divin, un Don de Dieu par la Personne du Saint-Esprit, tout spécialement bien sûr quand il s'agit du Don de la Tête unique du Corps mystique du Christ (c'est pourquoi justement, la formule populaire "le pape est l'élu du Saint-Esprit", loin d'être un simplisme inexact comme certains auteurs mal inspirés se l'imaginent, est tout au contraire un merveilleux raccourci catholique de la question). Dès lors que les cardinaux arrivent à s'entendre sur le choix d'UNE personne pour être le futur pape, il est très-important de saisir qu'ils ne sont plus alors, dans cette entente unanime, que suppôts passifs du Saint-Esprit, au même titre que l'écrivain sacré pour la sainte-Écriture. Car, théologiquement, il y a connexion très-immédiate entre l'Unité de l'Église et le Saint-Esprit. Quand bien même l'élu choisi n'est pas encore pape, le Don divin de l'Unité est déjà fait à l'Église par le Saint-Esprit, rien que par le fait, justement, que l'élu UN est conclaviquement choisi. En vérité, ce ne sont pas les cardinaux qui choisissent et désignent la personne UNE du futur pape, ils en sont viscéralement incapables de par leur nature humaine faillible voire peccable qui ne peut pas arriver à l'unité du choix surnaturel par leurs propres forces, c'est le Saint-Esprit (dans le grand-schisme d'Occident justement, on en a eu la très-excellente leçon, on a eu le spectacle lamentable de cardinaux laissés à eux-mêmes et à leurs propres forces, Dieu se retirant d'eux par punition de leur orgueil et de leur esprit de jouissance, et ils ont été absolument incapables de donner une tête UNE à l'Église pendant plus de quarante ans fort pénibles à toute la chrétienté...). Et évidemment tout ce que fait directement et immédiatement le Saint-Esprit est ipso-facto doté de l'infaillibilité faut-il avoir à en apporter la précision.
           
        Ce moment capital du conclave, où le Saint-Esprit remplace immédiatement l'homme cardinal électeur, supplée, prend en charge l'action humaine d'élire le futur pape sans supprimer pour autant l'acte humain mais en le transcendant radicalement, est atteint lorsque, tout-de-suite après que l'accord conclavique sur UNE personne est concrétisé, ordinairement par voie de vote, le cardinal-doyen du Sacré-Collège pose la fameuse question rituelle à celui qui bénéficie de l'élection : "Acceptes-tu l'élection qui vient d'être faite canoniquement de ta personne pour être le Souverain Pontife ?" À partir très-exactement de ce moment-là, ET AVANT MÊME que le cardinal objet du choix unanime de ses pairs dise "oui, accepto" à l'élection qui vient d'être faite de sa personne pour être le futur pape, l'élection pontificale est entièrement assumée transcendentalement par le Saint-Esprit et donc déjà formellement dotée de l'infaillibilité. Car le choix unanime des cardinaux sur UNE personne pour être le nouveau Pierre est le Choix de Dieu, il manifeste en effet la Note surnaturelle de l'Unité de l'Église, que Dieu seul a la toute-puissance de donner à l'Épouse du Christ (ce qui ne signifie pas que l'élu est déjà une matière de pape, il n'est, en effet, à ce stade où il n'a pas encore prononcé son "oui" à l'élection, qu'une virtualité de matière de pape). Arriver en effet à l'unité du choix pour la Tête de l'Église militante est un Acte purement et exclusivement divin dans lequel l'humain, par impuissance radicale, ne peut avoir ni n'a en effet strictement aucune part, stricto sensu. Ce qui signifie évidemment que ce nouveau pape choisi de Dieu et donné par Lui à l'Église, ne saurait être, une fois qu'il a accepté son élection au Siège de Pierre... non-pape (thèse sédévacantiste) ou... ne point posséder l'Autorité divine qui fait le pape vrai et réel (thèse guérardienne) !
           
        Et c'est bien la raison pour laquelle le sujet de l'élection pontificale ne refuse jamais son élection au Siège de Pierre, car il sait que le choix conclavique de sa personne pour être le futur pape UN, EST LE CHOIX DE DIEU. Et que bien sûr, le Choix de Dieu ne peut pas se refuser. Nous sommes là exactement dans le même cas de figure que lors de l'Annonciation : lorsque Dieu propose à la très-sainte Vierge qu'elle soit mère du Christ-Dieu, du Messie, alors, la très-sainte Vierge sait que c'est la Volonté divine qu'elle soit mère du Christ ; et donc, elle ne peut moralement que dire "oui", "fiat", au Plan divin. Théoriquement, la très-sainte Vierge Marie pouvait dire "non" au Plan divin, mais ça n'est qu'une supposition théologiquement ex absurdo (car, bien sûr, la très-sainte Vierge étant immaculée, elle ne pouvait donc dire "non"). De la même manière, pour le papabile pressenti à remplir le Siège de Pierre, théoriquement il peut certes refuser son élection au Siège de Pierre voulue par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, et donc voulue par le Saint-Esprit, mais, quoique à un degré évidemment très-inférieur à la très-sainte Vierge, il lui est moralement impossible de le faire, car il sait qu'il est le sujet du Choix divin.
           
        Car en outre, nous sommes là dans l'assemblée la plus sainte existant sur la terre, dans le Sacré-Collège, la plus digne moralement : donc quand en plus tous ses membres choisissent celui qu'ils pensent être le meilleur d'entre eux pour remplir le Siège de Pierre, on est assuré de sa dignité morale et qu'il sera parfaitement conscient qu'il ne peut refuser le Choix de Dieu sur sa personne. On peut certes se souvenir de bien des cas, ils sont en effet nombreux, où l'élu, humainement épouvanté de la responsabilité de la fonction pontificale suprême, va se cacher dans quelque coin secret de l'aula conclavique, et tâche de se faire oublier de ses pairs cardinaux qui viennent de l'élire pape, le dernier exemple en date est le cardinal Sarto qui devint le pape Pie X. La réaction bien compréhensible d'émotion forte de l'élu est la raison pour laquelle Pie XII prévoit, à la sagesse des membres du Sacré-Collège, de laisser un laps de temps déterminé pour que l'élu donne son acquiescement ; mais il ne lui est moralement pas possible d'opposer un refus parce qu'il se sait le sujet du Choix divin.
           
        ET C'EST POURQUOI ON NE TROUVE PAS UN SEUL EXEMPLE DANS TOUTE L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE D'UN ÉLU DU CONCLAVE QUI AIT REFUSÉ SON ÉLECTION PONTIFICALE (c'est d'ailleurs la même chose pour les cas de papes hérétiques en leur for privé : théoriquement, c'est possible, mais il n'en est pas un seul exemple dans toute l'histoire de l'Église, parce que moralement, c'est impossible, saint Robert Bellarmin l'avait bien compris). Certes, on pourrait objecter qu'on ne pourra jamais savoir s'il a existé ou non un papabile dûment élu ayant refusé son élection au Siège de Pierre, à cause du secret rigoureux dans lequel tous les conclaves se déroulent : donc théoriquement, on pourrait supposer qu'un élu ait pu dire non sans que personne du monde catholique n'en ait rien su ni n'en puisse jamais rien savoir, sauf les cardinaux présents au conclave et tenus au secret sur tout ce qui s'y est passé, le conclave continuant alors ses assises et élisant un autre pape. Mais cependant, moralement, cette assurance parfaite qu'aucun élu au Siège de Pierre n'a refusé son élection dans toute l'Histoire de l'Église, est en elle-même certaine : le papabile élu canoniquement, se sachant le Choix de Dieu, étant par ailleurs un homme catholique moralement très-digne, est dans l'impossibilité de refuser son élection.
           
        Jérôme Bignon (1589-1656), cet éminent intellectuel enfant prodige au temps d'Henri IV, d'une grande sagesse et intelligence, que le roy avait donné pour compagnon d'enfance au duc de Vendôme, rédigea, tout jeune encore, ... à l'âge de quatorze ans !, un Traicté sommaire de l'élection des papes, plus le plan du conclave, qui connut en son temps un tel succès par sa précision et son orthodoxie dans l'exposé de la question, qu'il fallut le rééditer "trois fois en une seule année" (Vie de Jérôme Bignon, avocat général et conseiller d'État, abbé Pérau, 1757, 1ère partie, pp. 28, sq.). Il exposait en effet si bien la doctrine de l'élection pontificale qu'il trouva un rééditeur de son œuvre en 1874, car, dit celui-ci dans l'Avertissement de sa réédition : "Bien que plus de deux siècles et demi nous séparent de la publication de cet opuscule, le travail de Bignon n'a pas perdu sa valeur ; les dispositions canoniques qui réglementent l'élection du pape sont les mêmes que de son temps". On y trouve justement, magistralement professée, cette doctrine catholique que je suis en train d'exposer. Je le cite :
           
        "Quand les deux tiers des voix [cardinalices] se rencontrent en une même personne, soit par le scrutin secret ou ouvert, ou par le moyen des Accessi, ou par la voie d'adoration, celui-là sans doute est le vrai Pape [je précise que dans le vieux françois du temps d'Henri IV, le qualificatif "sans doute" n'a jamais le sens dubitatif que, par antiphrase, il a reçu depuis dans la période moderne ; ce qui veut dire que Jérôme Bignon l'emploie ici pour dire ce que "sans doute" exprime très-littéralement, à savoir : "sans aucun doute", "très-certainement", "très-sûrement", ou toutes formules similaires signifiant une certitude absolue de l'élection pontificale qui vient d'avoir lieu]. Toutefois les autres Cardinaux [ceux qui n'ont pas fait partie des deux/tiers ayant emporté la majorité canonique du conclave sur l'élu] ont accoutumé d'y porter aussi leur consentement. Dès lors le premier Cardinal-Évêque, tous les autres étant assis, prononce et déclare au nom de tout le Collège qu'il élit un tel pour Pape. Et lui demande sa volonté, laquelle ayant été déclarée, et l'élection étant acceptée, tous se lèvent pour le gratifier, et à l'instant lui mettent son Rochet, le font asseoir sur un siège paré, qu'ils mettent devant la table, proche de l'Autel : ils lui baillent l'anneau du pêcheur, lui demandent, et font dire et déclarer de quel nom il veut être appelé".
           
        Dans ce remarquable exposé, à la fois très-concis et fort complet du tout, on notera avec soin que Jérôme Bignon professe que le moment où le pape est fait pape véritablement est moins quand il accepte l'élection qui vient d'avoir lieu de sa personne comme pape, que quand le cardinal-doyen du Sacré-Collège, au nom de tout le Sacré-Collège c'est-à-dire, au nom de l'Église Universelle, donc, en dernier lieu, au Nom du Saint-Esprit, le déclare élu pape. C'est bel et bien, comme je le formulais plus haut, quand la personne UNE du nouveau Pierre est élue à la majorité canonique par les cardinaux que le pape est absolument et vraiment fait pape ; son acceptation personnelle de cette décision divine de le faire pape apparaît alors, et notre remarquable, génial et jeune auteur l'exprime fort bien, comme secondaire, quoique évidemment nécessaire : il y a en effet obligation morale stricte pour le papabile élu, d'accepter le choix que Dieu fait de sa personne pour être le nouveau pape...
           
        Notez bien, en effet, la formule de Bignon : "... Et lui demande sa volonté, laquelle ayant été déclarée, et l'élection étant acceptée, tous se lèvent pour le gratifier, etc.". L'acceptation de l'élu est quasi décrite juste comme une simple formalité qui va de soi, Jérôme Bignon ne supposant pas même un seul instant, à juste titre, que l'élu puisse la refuser. En vérité, on est exactement là dans le cas de figure des plaids carolingiens où les seigneurs assemblés n'avaient pas le droit, une fois la décision prise par Charlemagne pour tout le monde, d'y opposer refus, au contraire ils se levaient tous pour acclamer la décision, et seulement pour cela. Aux temps des hommes dignes, c'est-à-dire avant la Révolution, tous comprenaient qu'une fois que Dieu avait parlé par l'Autorité de droit divin, celle religieuse ou celle politique, ou donc, quant à ce qui concerne notre affaire, celle conclavique, on n'avait plus qu'une chose à faire : s'y soumettre. Et en cela consistait précisément la dignité de l'homme (... comme nous sommes loin des mœurs post-révolutionnaires démocratiques où l'homme moderne prétend se gouverner soi-même puis imposer sa volonté à Dieu !!).
           
        Et lorsque Jérôme Bignon, pour être complet, décrit le processus de l'élection d'un pape par adoration, remarquons bien qu'il a la même doctrine, à savoir que le pape est fait pape dès lors que le Sacré-Collège se prononce sur une personne unique de papabile dans la majorité canonique : "Les Cardinaux, étant assemblés en la chapelle [sixtine], se tournent vers celui qu'ils désirent être fait Pape, et lui font la révérence, pliant le genou fort bas : et quand il se trouve que les deux tiers sont allés en cette sorte à l'adoration, le Cardinal adoré est fait Pape. Cette manière se rapporte à l'élection qui est appelée par les anciens et en droit Canon «Per inspirationem», et tenue pour être la voie du Saint-Esprit". Le propos lapidaire de Jérôme Bignon est fort clair : "le Cardinal adoré est fait pape". Immédiatement et formellement veut-il dire, par le fait même, ipso-facto, de recevoir cette adoration de la part de la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice, l'acceptation dudit nouvel élu étant subséquente, secondaire... presque superfétatoire et comme allant de soi !
           
        Cette doctrine est professée également dans les constitutions des papes de l'ère moderne, à tout le moins en filigrane. Lisons par exemple Pie XII, qui expose : "§ 99. ― Nous prions l’élu, Notre héritier et successeur, effrayé par la difficulté de la charge, de ne pas se refuser à la prendre, mais de se soumettre plutôt humblement au dessein de la volonté divine ; car Dieu qui impose la charge y mettra aussi la main lui-même, pour que l’élu ne soit pas incapable de la porter. En effet, lui qui donne le fardeau et la charge, est lui-même l’auxiliaire de la gestion ; et pour que la faiblesse ne succombe pas sous la grandeur de la grâce, Celui qui a conféré la dignité donnera la force (Léon XIII, const. Prædecessores Nostri)". Certes, pour respecter le libre-arbitre du nouveau pape, Pie XII dit bien que théoriquement le nouvel élu pourrait refuser la charge, mais il continue en disant immédiatement qu'il faut que le nouvel élu se soumette à la Volonté divine clairement manifestée par l'élection de sa personne UNE au Siège de Pierre, car Dieu impose la charge, donne le fardeau et la charge, etc. ...
           
        Résumons la belle et magnifique doctrine catholique, si bien, si clairement et lapidairement exprimée par le génial Jérôme Bignon : le pape est fait de droit divin dès que les cardinaux dans leur majorité canonique des deux/tiers l'ont élu pape. Bignon va en effet jusqu'à dire que le "oui" postérieur du nouvel élu est presque une subséquence obligée. A fortiori devons-nous penser qu'il en est de même de l'acte d'acceptation du nouveau pape par l'universitas fidelium : loin que cet acte soit fondateur du droit divin dans la nouvelle élection pontificale, comme il est communément (mal) pensé, il en est au contraire le tout dernier élément lointainement subséquent, le premier étant l'acte cardinalice unanime de le choisir pour la nouvelle tête de l'Église Universelle. C'est d'ailleurs pourquoi on a vu Jean de Saint-Thomas nous dire plus haut : "Dès que les hommes voient ou apprennent qu’un pape a été élu (...), ils sont obligés de croire que cet homme est le pape, et de l’accepter".
           
        ... Est-ce qu'on peut mieux comprendre, maintenant, à quel point il est prodigieusement IMPIE de dire que la Volonté de Dieu ainsi manifestée dans le conclave par le choix UN du futur Pontife romain... n'est pas dotée de l'infaillibilité ? La chose est donc bien claire : dès qu'un conclave légitime arrive à désigner UNE personne pour être le futur pape, par le fait même de l'unicité atteinte dans le processus de toute élection pontificale, qui ne peut qu'être un Don divin surnaturel, on sait que c'est le Saint-Esprit qui fait cette désignation UNE à travers les organes cardinalices transparents devenus dès lors Ses simples suppôts passifs, entièrement et saintement sous Sa mouvance. C'est donc le Saint-Esprit qui choisit l'élu, qui donne à l'Église Universelle le nouveau Pierre. Et bien entendu, tout ce que fait le Saint-Esprit est formellement doté de soi de l'infaillibilité, Il ne peut donner à l'Épouse du Christ un non-pape ou un pape dépourvu de ce qui fait la forme du pape, faut-il avoir à le dire. Car Dieu ne donne jamais à ses enfants des serpents, ou des pierres qui ne soient pas Pierre, pour remplir le Siège Apostolique, mais toujours du pain, le pain de Vie, le Christ Jésus vivant dans son Vicaire actuel sur la terre, Vivit in Petro Christus ! Dès lors que l'on sait que c'est Lui, Saint-Esprit, et Lui seul, qui donne un pape UN à l'Épouse du Christ, on est assuré qu'Il lui donne un pape vrai pape, verus papa, matière et forme.
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
           
        C'est pourquoi je n'hésite pas à dire que les propositions des papes de la Renaissance, Jules II (1443-1513) puis Paul IV (1476-1559), qui osèrent soutenir dans des bulles qu'une élection pontificale dûment opérée par la majorité canonique des cardinaux jusqu'au "oui, accepto" du nouveau pape, cardinalement confirmée de plus par l'obédience faite publiquement devant toute l'Église dans la cérémonie d'intronisation du nouveau pape élu intervenant dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite, qu'une telle élection pontificale théologiquement achevée pourrait cependant néanmoins être... invalide, pour cause soit de simonie (Jules II) soit d'hérésie antécédente à l'élection du nouveau pape (Paul IV), que ces propositions disais-je, sont formidablement impies, plus encore qu'elles ne sont hérétiques.
           
        Citons en effet maintenant ces propositions hélas magistérielles presque incroyables (mais, rassurons-nous, non-dotées de l'infaillibilité, car les bulles qui les contiennent n'étaient que disciplinaires).
           
        D'abord celle du pape Jules II (1443-1513), Cum tam divino, de 1506 ("et non 1503 ou 1505 ; elle ne fut publiée qu'en 1510 et devint constitution conciliaire en 1513" ― Dictionnaire historique de la Papauté, Philippe Levillain, art. Conclave, p. 439, 1ère col.) : "[Que le pape élu par simonie] n'acquerrait aucun droit à la papauté, ni par l'intronisation, ni par aucun acte de sa part ni de celle des cardinaux, et même si tous les cardinaux lui prêtent obédience, non plus que par le laps de temps [= Nec eiusmodi simoniaca electio per subsequentem ipsius intronizationem seu temporis cursum aut etiam omnium Cardinalium praestatam obedientiam ullo unquam tempore convalescat]". Et Philippe Levillain, de commenter : "Cette bulle fit grand bruit car elle pouvait permettre l'éclatement d'un schisme sous prétexte de simonie. Malgré ce risque et les critiques de nombreux canonistes, elle resta en vigueur jusqu'à son abrogation par Pie X en 1904 (Vacante sede apostolica)" (ibid.). On aura bien sûr noté que cette bulle ne fut pas en odeur de sainteté, même déjà du temps où elle parut... quand bien même elle accéda au rang de constitution conciliaire, étant en effet intégrée aux Actes du Vème concile de Latran... horresco referens !
           
        Puis, bien sûr, quelqu'un demi-siècle plus tard, la trop fameuse bulle de Paul IV, Cum ex apostolatus du 15 février 1559, trop célèbre dans les groupuscules sédévacantistes qui lui font dire n'importe quoi, surtout qu'elle est dogmatique alors qu'elle n'est que disciplinaire (cf. à ce sujet, ma récente réfutation du sédévacantisme dans ces deux articles : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1 & https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/un-compl-ment-dantidote-contre-lh-r-sie-s-d-vacantiste-par-saint-bernard-de-clairvaux?Itemid=1), reprend la même doctrine impie et hérétique, d'une manière même beaucoup plus détaillée et précise encore que celle de Jules II, ... et donc beaucoup plus répréhensible !, ainsi qu'on le constate sans peine dans le § 6 de la bulle, en ces termes : "De plus, si jamais un jour il apparaissait qu'un évêque, faisant même fonction d'archevêque, de patriarche ou de primat ; qu'un cardinal de l'Église romaine, même légat ; qu'un Souverain pontife lui-même, avant sa promotion et élévation au cardinalat ou au Souverain pontificat, déviant de la Foi catholique, est tombé en quelque hérésie, sa promotion ou élévation, même si elle a eu lieu dans la concorde et avec l'assentiment unanime de tous les cardinaux, est nulle, sans valeur, non-avenue. Son entrée en charge, consécration, gouvernement, administration, tout devra être tenu pour illégitime. S'il s'agit du Souverain Pontife, on ne pourra prétendre que son intronisation, adoration (agenouillement devant lui), l'obéissance à lui jurée, le cours d'une durée quelle qu'elle soit (de son règne), que tout cela a convalidé ou peut convalider son Pontificat : celui-ci ne peut être tenu pour légitime jamais et en aucun de ses actes"...!!
           
        Le pape Paul IV, comme on vient de s'en rendre compte, allait vraiment jusqu'au bout du péché contre le Saint-Esprit en matière d'élection pontificale, ce qui hélas ne peut pas vraiment surprendre de la part de ce pape au tempérament excessif voire pathologique, en tous cas et à tout le moins, théologiquement... pas trop logique.
           
        Il est bon de remarquer, par ailleurs, que toutes ces bulles ne brillent pas fort par la simplicité et la clarté dans l'expression, comme si la forme rejoignait le fond, doctrinalement défectueux. Lucius Lector, cardinal écrivant sur le conclave sous le pape Léon XIII, a ces lignes sévères mais justes sur la forme rédactionnelle de celle de Paul IV : "Préambule prolixe rédigé dans ce style ampoulé, sonore et creux, qu'ont affectionné parfois les scriptores de la chancellerie pontificale" ; "toute cette redondance d'un langage riche en pléonasmes menaçants" ; "En somme, ce sont là sept pages de style éclatant, pour amplifier ce que le décret du pape Symmaque avait dit en neuf lignes" (Lector, respectivement pp. 106-107 ; 108 ; 109). Ceci ne confirme-t-il point cela…
           
        Je crois bon de préciser ici pour ceux qui, papolâtrant trop la fonction pontificale (comme le font très-indécemment les "ralliés"), s'imagineraient qu'il est impossible de trouver des erreurs ou des hérésies dans des bulles magistérielles non-couvertes par l'infaillibilité, qu'ils en trouveront quelques exemples que j'expose dans L'Impubliable, aux pp. 201, sq.   
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024      
           
        Mais heureusement, les papes de l'ère moderne, en cela beaucoup plus catholiques que ceux de la Renaissance, Pie X, Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II, ont pris fort conscience de l'hétérodoxie formelle de ces propositions édictées magistériellement par leurs prédécesseurs, ils se sont empressés, tout en jetant discrètement le voile de Noé sur les vénérables figures de ces deux papes du passé (dont, soit dit en passant mais il faut bien sûr le dire, il n'est pas question de douter un seul instant qu'ils n'aient tous deux voulu fort bien faire, qu'il s'agisse de Jules II ou de Paul IV, loin de vouloir professer une quelconque hérésie ou impiété, et même vouloir faire un mieux... mais voilà, comme dit l'adage : "Le mieux est l'ENNEMI du bien"...! ; j'ai tâché de bien expliquer les raisons contextuelles ad hominem qui les firent promulguer ces bulles doctrinalement si défectueuses, aux pp. 198, sq. de L'Impubliable, auxquelles on pourra se reporter), les papes Pie X, Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II se sont empressés disais-je, d'abolir ces bulles parfaitement hérétiques sur la chose de la Foi (car rappelons que tout ce qui a trait à la Légitimité pontificale regarde immédiatement la Foi, puisque le pape actuel en est la règle prochaine).
           
        Voici comment le pape Pie X, qui fut le premier pape à abolir la bulle de Jules II, s'exprimait : "§ 79. ― Simoniae crimen, tam divino quam humano iure detestabile, in electione Romani Pontificis omnino sicut reprobatum esse constat, ita et Nos reprobamus atque damnamus, huiusque criminis reos poena excommunicationis latae sententiae innodamus ; sublata tamen irritatione electionis simoniacae, quam Deus avertat, a Iulio II (vel alio qualicumque decreto pontificio) statuta, ut praetextus amputetur impugnandi valorem electionis Romani Pontificis" (Vacante Sede Apostolica, 25 décembre 1904).
           
        C'est le dernier membre de phrase de ce § 79 qui est important : Pie X abolit la bulle de Jules II parce que, dit-il, l'annulation qu'édictait Jules II de toute élection pontificale simoniaque risquerait d'attaquer la valeur en soi des élections pontificales. Autrement dit, Pie X était parfaitement conscient de l'infaillibilité attachée de soi à tout acte de désignation cardinalice du Pontife romain actuel théologiquement achevée par le "oui, accepto" du nouveau pape, parce que, toujours et à tout coup, cet acte cardinalice est fait in Persona Ecclesiæ, au nom et pour le compte de l'Église Universelle, comme Jean de Saint-Thomas le dira explicitement. Cet acte est donc d'ores et déjà, et parfaitement, un fait dogmatique de soi toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale, et il est donc proscrit absolument, comme hélas Jules II suivi par Paul IV oseront le dire, qu'il puisse être, pour quelque cause ou raison que ce soit, invalide. Et c'est pourquoi Pie X abrogeait la bulle de Jules II, parce qu'il osait professer qu'une élection pontificale faite par la majorité canonique cardinalice in Persona Ecclesiæ et théologiquement achevée, donc en dernière analyse faite par le Saint-Esprit, pourrait cependant être invalide.
           
        Le pape Pie X comprit donc fort bien le grave danger hérétique de ces bulles de ses prédécesseurs de la Renaissance, Jules II et Paul IV (contrairement aux sédévacantistes qui s'y sont hélas empalés passionnellement, sans réflexion et fort inintelligemment, jusqu'à fond du donf). Concrètement, il abrogea donc juridiquement la seule bulle de Jules II (ou de tout successeur, notons-le bien), ce qui eut pour effet canonique immédiat d'obroger en même temps la bulle de Paul IV, c'est-à-dire que celle de Paul IV est désormais dans la situation d'une bulle officiellement abrogée sauf que, quant à elle, il n'y a pas eu de déclaration juridique abrogative explicite, c'est la seule différence ("obrogation : suppression ou abrogation indirecte d'une loi par une loi postérieure contraire et de même degré" ― Dictionnaire de droit canonique, Naz, 1957). Pie X, donc, gardait les anathèmes de son prédécesseur Jules II contre les fauteurs d'une élection pontificale simoniaque, mais il supprimait l'annulation d'une élection pontificale qui aurait eu lieu en étant entachée de simonie, parce que, dira-t-il très-explicitement, cela risquerait d'attaquer la valeur en soi des élections pontificales.     
           
        Obrogation de la bulle de Paul IV. En fait, la bulle de Paul IV n'est qu'une décalcomanie de celle de Jules II, de cinquante ans son aînée, dont elle est fille spirituelle, reprenant exactement le même raisonnement de fond qu'elle, allant même jusqu'à en copier les formules soufflées et boursouflées d'alors. Et bien sûr, si Pie X abroge la bulle de Jules II dans sa Constitution sur les élections pontificales de 1904 pour ce motif principal et précis qu'elle invalide les élections pontificales approuvées par les cardinaux agissant in Persona Ecclesiae, la bulle de Paul IV tombe sous la même sentence puisque cette proposition hérétique est explicitement formulée et sert de raisonnement de fond dans son § 6 incriminé (elle va même, comme on vient de le voir, beaucoup plus loin que celle de Jules II dans l'exposé hérétique...). Car que ce soit pour cause d'hérésie ou de simonie, le motif de l'abrogation par Pie X de la bulle de Jules II se retrouve identiquement et absolument dans celle de Paul IV : cette dernière subit donc la même sentence de condamnation, quoique seulement implicitement mais avec la même portée que la bulle de Jules II. La bulle de Paul IV, au moins depuis la Constitution de saint Pie X sur les élections pontificales, n'a donc plus aucune valeur en Église, justement précisément à cause de l'hérésie consommée de son § 6. Les deux bulles, en effet, on est bien obligé d'en prendre acte, que cela plaise ou non, péchaient contre la Foi en ne tenant aucun compte de la loi fondamentale de l'infaillibilité de l'acte de désignation ecclésiale universelle des papes nouvellement élus, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice.
           
        Ne soyons donc pas surpris de voir cette doctrine bien catholique, mise sur le chandelier pour la première fois depuis la Renaissance par le pape Pie X, être reprise presque mot à mot par les papes modernes qui le suivront sur le Siège de Pierre :
           
        ― Pie XII : "92. Le crime de simonie est abominable, en regard tant du droit divin que du droit humain. Comme c’est un fait bien établi qu’il est absolument réprouvé dans l’élection du Pontife romain, ainsi Nous aussi le réprouvons et le condamnons, et Nous frappons ceux qui s’en rendent coupables de la peine d’excommunication latæ sententiæ, en supprimant toutefois la nullité de l’élection simoniaque (que Dieu daigne éloigner pareille élection !) décrétée par Jules II (ou par tout autre décret pontifical), pour ôter un prétexte d’attaquer la valeur de l’élection du Pontife romain" (Vacante Apostolicæ Sedis, 8 décembre 1945).
           
        ― Paul VI : "79. Nous aussi, comme nos prédécesseurs, nous réprouvons et condamnons le détestable crime de simonie dans l'élection du Pontife romain, et nous frappons d'excommunication latae sententiae tous ceux qui s'en rendraient coupables ; mais nous confirmons également la décision de notre prédécesseur St Pie X, selon laquelle a été supprimée la nullité de l'élection simoniaque établie par Jules II ou tout autre décret pontifical, afin que la valeur de l'élection du Pontife romain ne soit pas mise en cause pour cette raison (cf. const. ap. Vacante Sede Apostolica, n. 79 ; Pii X Pontificis Maximi Acta, III, p. 282)" (Romano Pontifici eligendo, 1er octobre 1975).
           
        ― Jean-Paul II : "78. Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain" (Universi dominici gregis, 22 février 1996).
           
        Voici donc la doctrine très-traditionnelle réexposée par les papes de l'époque moderne, basée sur la grande loi fondamentale de la Légitimité pontificale que, je suis bien aise de m'en rendre un juste et mérité témoignage, j'ai sans cesse mise sur le chandelier de l'Église depuis plus de vingt-cinq ans, à savoir : toute élection pontificale conclavique théologiquement achevée, c'est-à-dire reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, est formellement valide, sans qu'aucune raison puisse jamais l'invalider pour quelque cause que ce soit, de droit divin ou de droit canon.
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
 
        ... La tentation sédévacantiste, qui prétend faire du libre-examen luthérien de la Légitimité pontificale, est hélas extrêmement forte, aux temps cala(très)miteux du pape François, elle est même si forte qu'il arrive de la voir professée extra muros, à l'extérieur des groupuscules tradis intégristes habituels, par des... cardinaux conservateurs.
           
        Ainsi, on a vu le cardinal Raymond Burke, partant d'une pure supputation complotiste qui n'est absolument pas démontrée, il le reconnaît lui-même, celle dite du "groupe de Saint-Gall" (il est bon de savoir que le cardinal Kasper a formellement démenti qu'il ait été question d'élection pontificale dans ces réunions, dont il était un des principaux membres), invoquer le § 79 de la constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II sur les élections pontificales, lequel, selon lui, pourrait invalider l'élection de François au Siège de Pierre, laquelle pourtant a été théologiquement dûment faite par la majorité canonique des cardinaux jusqu'à son "oui, accepto" et ne peut donc qu'être valide, car elle aurait été possiblement obtenue par un pacte secret entre grands-cardinaux électeurs, en quelque sorte un "délit d'initiés" pourrait-on dire dans un langage de financiers modernes...
           
        Or, notre cardinal, visiblement trop pressé, a mal lu le n° 79. Je cite textuellement ce n° 79, tout d'abord : "§ 79. ― De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Cependant, pour bien comprendre la théologie qui sous-tend ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales, il faut lire préalablement le n° 78 où elle est exposée explicitement, qui a trait aux élections pontificales simoniaques, et qu'on vient juste de lire plus haut ensemble. Le cardinal Burke, pour sa part, est vraiment en faute de ne l'avoir point fait. Pour ce qui est de moi, que Dieu a consacré et qui me suis consacré à la vérité intégrale quant à la théologie de "la crise de l'Église", je lis donc ensemble les deux numéros, 78 & 79, parce que c'est seulement de cette manière que l'on aura le vrai sens de ce qu'il faut entendre dans ce n° 79 :
           
        "§ 78. ― Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23).
           
        "§ 79. ― De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Ainsi donc, il suffisait de... bien lire (!) la constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales pour invalider complètement le raisonnement sédévacantiste attentatoire à la Constitution divine de l'Église qu'ose tenir le cardinal Raymond Burke. Le raisonnement que tient Jean-Paul II dans ces numéros 78 & 79 est en effet le suivant : si une élection pontificale est délictueuse ou défectueuse, soit par simonie soit par intrigues, sont excommuniés tous ceux qui prennent part active à ce délit ou cette défectuosité, MAIS L'ÉLECTION DU NOUVEAU VICAIRE DU CHRIST AINSI FAITE ET ENTACHÉE EST ET RESTE VALIDE. Et la même règle fondamentale régit toute élection pontificale qui serait délictueuse ou défectueuse pour une raison ou pour une autre, de droit divin ou de droit canon, car elle est basée sur la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui veut qu'une élection pontificale ne saurait plus être entachée d'aucun vice, ni de forme ni de fond, à partir du moment où elle est reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice.
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs, Jean-Paul II introduit son § 79 par "DE MÊME", qui le lie formellement dans le raisonnement théologique au § 78, c'est-à-dire que le même raisonnement théologique qu'on a vu, qui excommunie les fauteurs de simonie mais ne touche en rien à la validité de l'élection pontificale simoniaque, s'applique à une élection pontificale entachée d'intrigues. La conclusion est donc certaine : même si l'élection de François succédant à Benoît XVI avait été faite par "délit d'initiés", ce qui serait un vice dans son élection, les cardinaux qui se seraient rendus coupables d'un tel délit seraient excommuniés, MAIS L'ÉLECTION DU PAPE FRANÇOIS QU'ILS AURAIENT AINSI FAITE FRAUDULEUSEMENT SERAIT ET RESTERAIT VALIDE.
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
 
        Nous venons donc de voir ensemble que la certitude d'avoir un vrai pape, verus papa, nous est donnée premièrement et fondamentalement par la seule adhæsio cardinalice, c'est-à-dire dès le "oui, accepto" du nouvel élu au Siège de Pierre, confirmé s'il en était besoin (mais en vérité, théologiquement, il n'en est pas vraiment besoin) par l'obédience publique et solennelle des cardinaux envers le nouveau pape qu'ils viennent d'élire, lors de la cérémonie d'intronisation qui a lieu dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite, devant toute l'Église.
           
        C'est l'enseignement unanime de tous les papes de l'ère moderne, de Pie X à Jean-Paul II en passant par Pie XII et Paul VI, et on a vu qu'ils expriment cette doctrine très-explicitement, sans aucune ambiguïté ni équivoque, ils sont au contraire très-formels sur cela, supprimant dans leurs constitutions tout ce qui pourrait s'opposer à cette loi fondamentale : "Dès l'instant où le nouvel élu a donné son acceptation, il est pleinement et vrai pape, verus papa". Or, bien sûr, à ce stade du "oui, accepto", c'est la seule adhæsio cardinalice, au sein d'un conclave encore fermé et non-ouvert, qui a donné ce pape certainement vrai pape, sans que ne s'y adjoigne d'aucune façon quelque élément qui ne soit strictement cardinalice. Puisque donc, sur l'enseignement formel des papes contemporains, ce stade exclusivement cardinalice donne la certitude d'avoir un pape pleinement et vrai pape, c'est donc à ce stade que la nouvelle élection pontificale devient formellement un fait dogmatique, de soi toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale, ce qui signifie bien sûr que cela implique la croyance de fide de tout fidèle de croire que le nouveau pape est vrai pape, sous peine d'anathème ipso-facto, dès le stade du "oui, accepto". Et c'est bien de cette manière formelle que les papes de l'époque moderne l'entendent. Reprenons en effet la formule très-forte de Pie XII : "Le consentement (de l'élu à sa propre élection au Siège de Pierre) ayant été donné (…), l'élu est immédiatement VRAI PAPE, et il acquiert par le fait même et peut exercer une pleine et absolue juridiction sur l'univers entier" (supra).
           
        On peut alors se poser la question : que devient l'adhæsio a-posteriori de l'universitas fidelium ? Faudrait-il, au rebours complet de la thèse avancée communément (à savoir que l'élection pontificale devient fait dogmatique uniquement quand cet adhæsio de l'universitas fidelium est actée, celle cardinalice actée lors du "oui, accepto" du nouveau pape n'ayant aucune valeur ou seulement d'ordre moral n'emportant pas de soi le fait dogmatique), professer tout au contraire que, selon l'enseignement des papes modernes, ce serait cette adhæsio de l'universitas fidelium qui serait, elle, parfaitement superfétatoire, n'ayant aucune valeur théologique, seule l'adhæsio cardinalice opérée lors du "oui, accepto" qui la précède toujours dans l'ordre chronologique ayant, et elle seule, véritablement valeur pour opérer et acter le fait dogmatique ?
           
        Répondre à la question par l'affirmative serait un excès qui montrerait, de la part de celui qui souscrirait à cette thèse, une non-connaissance de la Constitution divine de l'Église. En effet, remettons-nous bien devant les yeux que l'Église Universelle, quant au charisme d'enseignement magistériel infaillible, ici enseignement quant à la Légitimité pontificale, est à la fois le pape seul, mais encore et à égalité le pape et tous les évêques qui lui sont unis.
           
        Or, dans la vacance du Siège Apostolique, nous avons vu plus haut que le Sacré-Collège, dans sa majorité canonique, tient lieu du pape et qu'en son sein réside l'infaillibilité ecclésiale pour élire le nouveau pape (dans cette situation sede vacante extra-ordinaire, on pourrait dire que les cardinaux sont en effet à peu près, en corps d'institution dans le Sacré-Collège, l'équivalent d'une matière de pape actuel en exercice pour l'acte d'élire le futur pape, et bien sûr uniquement pour cet acte ; ils n'ont certes pas la forme de la papauté évidemment laquelle exige l'unicité de la personne pontificale, c'est-à-dire l'Autorité divine qui fait le vrai pape actuel en exercice, mais ils en sont, à eux tous ensemble, comme une matière ; si la formule guérardienne n'était profondément hétérodoxe, je dirai que le Sacré-Collège cardinalice, en corps d'institution, est, dans la période sede vacante, un "pape materialiter"). C'est précisément la raison pour laquelle, dès que leur unanimité cardinalice a élu le pape UN, sous grâce divine et motion très-pure du Saint-Esprit comme on l'a vu, celui-ci, ayant accepté son élection, ne peut qu'être très-certainement le vrai pape, verus papa, le fait dogmatique engageant formellement la croyance de fide de tout fidèle étant acté dès ce moment-là, comme, notons-le avec soin, ont beaucoup tenu à nous l'enseigner les papes modernes.
           
        C'est donc l'adhæsio du Sacré-Collège cardinalice qui, pour l'enseignement des choses de la Légitimité pontificale, tient la place du pape seul. Cependant, l'adhæsio de l'universitas fidelium est, dérivée et liée à celle cardinalice, théologiquement aussi importante, comme tenant, quant à elle, la place des évêques de l'orbe catholique unis au pape, dans l'enseignement magistériel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale. L'adhésion de tous les fidèles au nouveau pape élu, lorsque les cardinaux en font la monstrance épiphanique à tout l'univers par l'habemus papam est donc très-importante et nullement superfétatoire (commençons par bien noter la formule, d'ailleurs : Annuntio vobis gaudium magnum : habemus papam. Je vous annonce une grande joie : nous avons un pape. Nous avons, c'est-à-dire : ça y est, c'est un fait accompli déjà et formellement dès que la formule est prononcée du haut du balcon de Saint-Pierre, le nouveau pape est déjà tout fait lorsque les cardinaux le présentent à "l'adoration" de la foule des fidèles, sans qu'il y ait nul besoin constitutivement de l'accord des fidèles pour qu'il soit vraiment vrai pape ! ; ce qui, une fois de plus, confirme la doctrine des papes modernes que l'adhæsio des cardinaux scellée par le "oui, accepto" du nouveau pape suffit à faire certainement le vrai pape, verus papa).
           
        Pour bien comprendre l'articulation théologique entre les deux adhæsio, prenons l'exemple de la proclamation dogmatique par le pape Pie IX, de l'encyclique Quanta Cura. Cette encyclique est dotée de l'infaillibilité par la seule promulgation du pape Pie IX. Cependant, un grand nombre d'évêques d'alors ont voulu souscrire et proclamer magistériellement, eux aussi, la doctrine contenue dans cette encyclique. Ils ont alors adressé une lettre collective à Pie IX, pour, en union avec lui, souscrire à Quanta Cura. C'était une simple lettre quant à la forme mais en fait, pour le fond, ça n'en était pas moins un véritable et authentique acte du Magistère épiscopal des évêques dispersés una cum le pape actuel, théologiquement un avec lui, et donc elle aussi, cette pourtant simple lettre, n'était pas moins qu'un document formel du Magistère infaillible, autant doté du charisme d'infaillibilité que l'encyclique du seul pape Pie IX promulguant Quanta Cura.
           
        "Pie IX promulgua ce Décret [Quanta Cura] dans des conditions d'infaillibilité certaines que tous, catholiques et opposants, reconnaissent. D'ailleurs, bien qu'il n'en soit nullement besoin, il n'est pas mauvais de préciser que ledit Décret fut ratifié a-posteriori par l’unanimité morale des Évêques de l'époque. Six mois après que le pape eut publié cette encyclique le 8 décembre 1864, cinq cents Évêques venus du monde entier, réunis à Rome, signèrent une adresse de salutation qui fut solennellement remise au pape le 1er Juillet 1865. On y lisait : «Dans la Foi que Pierre exprime par la bouche de Pie, nous disons, confirmons et déclarons aussi tout ce que tu as dis, confirmé et déclaré pour la sauvegarde du trésor de la Foi transmise. Nous rejetons aussi unanimement et d'un commun accord tout ce que ton jugement a trouvé nécessaire à désapprouver et à condamner». Ces cinq cents Évêques représentaient alors environ cinq/sixièmes de tous les Évêques du monde, c'est-à-dire la plus grande majorité" (La fidélité au Pape — un devoir sacré pour tout catholique, Johannes Rothkranz, 1998, p. 16).
           
        Voilà qui nous permet de bien comprendre l'articulation exacte entre l'adhæsio cardinalice et l'adhæsio de l'universitas fidelium : la première est fondamentale et acte déjà formellement le fait dogmatique quant à l'élection du nouveau pape, elle n'a nul besoin de la seconde pour exister, ni surtout pour la compléter constitutivement. La seconde, tout au contraire, a besoin de la première, celle cardinalice, pour exister, elle est effectivement, elle aussi, et pas moins que la première, dotée de l'infaillibilité et acte le fait dogmatique qui engage la croyance de fide pour tout fidèle, mais il est capital de comprendre qu'elle n'est infaillible que parce qu'elle est viscéralement entée sur la première et fondamentale adhæsio, celle cardinalice ; de la même manière que l'adresse collective faite à Pie IX par tous les évêques ne fut dotée de l'infaillibilité que parce qu'elle était entée sur la promulgation de Pie IX. Sans y être entée, elle n'aurait pas été dotée de l'infaillibilité (car les évêques seuls sans le pape ne peuvent jamais être infaillibles, pas plus du reste in docendo, en enseignant, que in credendo, en croyant l'enseignement, nous allons voir cela tout-à-l'heure) ; y étant entée, elle est elle-même infaillible. En fait, leur adresse épiscopale collective d'approuver Quanta Cura est infaillible avec le pape, mais pas sans lui. Et de la même façon quant aux choses de la Légitimité pontificale, l'adhæsio de l'universitas fidelium n'acte le fait dogmatique doté de l'infaillibilité que parce qu'elle est entée et entièrement dérivée de l'adhæsio cardinalice antécédente, actée quant à elle au moment précis du "oui, accepto" du nouveau pape. Elle acte le fait dogmatique impliquant la croyance de fide des fidèles, avec l'adhæsio cardinalice, mais pas sans elle. C'est l'adhæsio cardinalice qui fait que l'adhæsio de l'universitas fidelium puisse acter infailliblement, quant à elle, le fait dogmatique.
           
        On soutiendra alors que dans ce cas-là, seule l'adhæsio cardinalice formellement actée lors du "oui, accepto" de nouveau pape a vraiment de l'importance, fondant in capite et au premier chef le fait dogmatique. C'est, remarquons-le, justement exactement ce que nous disent les papes de l'ère moderne, comme nous l'avons vu ! Serait-ce à dire que, bien que dotée elle aussi de l'infaillibilité quand elle ente sa déclaration sur cette première adhæsio cardinalice, celle de l'universitas fidelium n'aurait aucune importance...?
           
        Il faut bien se garder de le croire. Cela équivaudrait à dire que la profession de Foi des évêques de l'orbe catholique n'aurait pas d'importance, même entée sur celle du pape, du moment que le pape seul proclame la doctrine. En réalité, cette adhæsio de l'universitas fidelium est aussi importante, sur le plan théologique, spirituel, que l'adhæsio cardinalice, quoique seconde non seulement chronologiquement mais surtout dans l'ordre théologique. Nous nous retrouvons là en fait avec l'enseignement de Jésus-Christ dans l'Évangile, lorsqu'Il répond à la question du pharisien, docteur de la loi : "Maître, quel est le plus grand commandement de la loi ? Jésus lui dit : Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme, et de tout ton esprit. C'est là le plus grand et le premier commandement. Mais le second lui est semblable : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Dans ces deux commandements sont renfermés la loi et les prophètes" (Matth XXII, 36-40). Il y a donc un premier, il y a donc aussi un second, mais les deux sont semblables, ont même valeur devant Dieu.
           
        C'est exactement la même chose pour notre affaire. Il y a deux adhæsio en fait, qui confectionnent le fait dogmatique, celle cardinalice (première et fondamentale) et celle de l'universitas fidelium (seconde et dérivée de la première). Mais elles ont toutes les deux, chacune à leur place, semblable valeur, cependant que la seconde ne peut exister qu'en étant entée viscéralement sur la première, en totale dépendance d'elle, à défaut tout simplement de pouvoir exister (le même raisonnement se tient, on l'a compris, pour la proclamation de la Foi par le pape seul, première dans l'ordre théologique, et la proclamation de la Foi par les évêques unis au pape, seconde dans l'ordre théologique).
           
        Il y a, c'est bien vrai, deux commandements divins, tu aimeras le Seigneur ton Dieu de toute ton âme et tu aimeras ton prochain comme toi-même, mais s'il y a un et deux, donc une ordonnance hiérarchique qui veut que un est toujours premier dans l'ordre, et que deux ne vient qu'à sa suite, ces un et deux sont semblables, c'est-à-dire ont même valeur théologique. C'est exactement la même chose pour notre affaire : l'adhæsio cardinalice est première dans l'ordre théologique pour fonder la croyance de fide dans le nouveau pape, l'adhæsio de l'universitas fidelium est toujours seconde, et cependant elles sont toutes deux semblables, c'est-à-dire que toutes deux opèrent la croyance de fide dans le nouveau pape, la seconde cependant ne pouvant l'opérer qu'en étant entée sur la première, de la même manière que je ne peux pas aimer mon prochain si, d'abord, je n'aime pas Dieu, car c'est uniquement par l'Amour de Dieu que je peux aimer réellement mon prochain.
           
        Dans sa remarque sur l'élection pontificale valide de François, Géraldina Boni a une formulation judicieuse, elle écrit que "la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio est le signe et l’effet infaillible d’une élection valide et d’un souverain pontificat légitime". Les mots sont effectivement fort bien choisis. Un signe est une "chose perçue qui permet de conclure à l'existence ou à la vérité d'une autre chose, qui la manifeste, la démontre ou permet de la prévoir, et à laquelle elle est liée" (Dictionnaire). C'est exactement cela qu'est l'adhæsio de l'universitas fidelium a-posteriori : le signe manifeste, démontré, que l'élection du nouveau pape est d'ores et déjà opérée de droit divin par le Sacré-Collège cardinalice, ça n'en est donc qu'un effet. L'adhæsio de l'universitas fidelium au nom de tous les fidèles n'est qu'un signe topique et un effet d'une élection pontificale qui est déjà formellement valide et légitime. Il ne faudrait pas comprendre cette adhæsio de l'universitas fidelium comme un constituant de la validité de la nouvelle élection pontificale, sous-entendu qu'à son défaut ladite élection ne saurait être notée de légitime ni de valide, comme les auteurs qui ont traité de cette question ont l'air de trop le croire. C'est le contraire qui est vrai, à savoir : l'adhæsio cardinalice réalise déjà et formellement l'élection pontificale valide et légitime, et l'adhæsio de l'universitas fidelium qui vient juste après, a-posteriori, n'est qu'un confirmatur (Jean de Saint-Thomas) qui entérine à son compte cette validité et légitimité déjà certaines sans elle. L'adhæsio de l'universitas fidelium n'est effectivement qu'un signe et un effet. Le signe qu'une chose est déjà absolument telle sans que le signe ait à réaliser en cette chose, de quelque substantielle manière que ce soit, la réalité de cette dite chose ; c'est donc un simple effet, qui ne produit aucune cause.
           
        L'image suivante va bien le faire saisir : si vous allumez un grand feu de bois, quasi aussitôt va s'en émaner de la fumée. La fumée de votre feu de bois ne crée évidemment pas le feu lui-même, elle n'en est que "le signe et l'effet", un effet obligatoire certes mais rien de plus qu'un effet, quand bien même elle possède un être substantiel à part entière, qui n'est pas celui du feu, et qui donc a même valeur que lui. De la même manière, l'adhæsio de l'universitas fidelium (fumée) est "signe et effet" de l'adhæsio cardinalice (feu) qui est la seule à créer et générer premièrement la croyance de fide pour tout fidèle quant à la légitimité du nouveau pape, cependant que l'adhæsio de l'universitas fidelium a même valeur théologique que l'adhæsio cardinalice, elle lui est "semblable", quoique seconde. Elle lui est tellement "semblable", que si jamais vous étiez loin du feu allumé, un rideau d'arbres vous le cachant, et que vous n'en voyiez que la fumée, vous seriez tout-à-fondé à conclure que le feu existe, aussi infailliblement et sûrement que si vous voyiez le feu lui-même. Ainsi de même, si, par extraordinaire et surtout par impossible, l'adhæsio de l'universitas fidelium seule était visible dans l'Église sans que l'adhæsio cardinalice le soit, elle prouverait formellement l'existence de cette dernière...
 
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        Justement, posons-nous à présent la question qui invalide complètement la thèse qui voudrait que la seule adhæsio de l'universitas fidelium ait pouvoir d'acter le fait dogmatique obligeant à la croyance de fide tout fidèle, autrement dit lapidairement, que "deux" seul existerait mais pas "un". Cette hypothèse va tout-de-suite montrer son absurdité, par la réponse faite à la question primordiale suivante : dans ce cas de figure où "deux" existerait sans que "un" existe, quels seraient les sujets de cette adhæsio de l'universitas fidelium ? Or, la vérité, c'est qu'on ne peut en trouver aucun qui puisse acter le fait dogmatique !! Même Jean de Saint-Thomas est bien obligé, ne sachant trop sur quel pied danser, d'avouer son impuissance à désigner cesdits sujets de l'adhæsio exclusive de l'universitas fidelium censés confectionner et acter le fait dogmatique : "Est-ce dès que les cardinaux proposent les élus aux fidèles qui sont dans la localité immédiate, ou seulement lorsque la connaissance de l’élection s’est suffisamment répandue dans le monde entier, où que se trouve l’Église ?", nous dit-il dans le brouillard-brouillon, bien obligé de se rabattre, pour la suite de son exposé, sur les cardinaux comme seuls sujets visiblement valables pour acter le fait dogmatique que constitue l'élection du nouveau pape...
           
        Rigoureusement impossible, en effet, de prendre les seuls "fidèles" comme sujets de l'adhæsio de l'universitas fidelium, pour acter le fait dogmatique doté de l'infaillibilité : les fidèles ou simples "membres enseignés", qu'ils soient très-peu nombreux comme ceux qui "sont dans la localité immédiate" de la proclamation cardinalice du nouveau pape, ou au contraire très-nombreux, sans qu'on puisse d'ailleurs jamais savoir s'ils représentent valablement ou bien non l'adhæsio "du monde entier, où que se trouve l'Église", les "fidèles" disais-je, qui ne sont que "membres enseignés", ne peuvent de toutes façons, en tout état théologique de cause, jamais acter un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, chose bien sûr réservée exclusivement aux "membres enseignants" !
           
        Les auteurs "ralliés" des articles que j'ai lus l'ont compris, et alors, cherchant désespérément quels pourraient bien être ces sujets problématiques de l'adhæsio de l'universitas fidelium seule résolument déconnectée de l'adhæsio cardinalice, soit disant théologiquement capables d'acter le fait dogmatique, ils ont voulu les trouver dans les chefs ecclésiaux de cesdits "fidèles" du monde catholique évoqués par Jean de Saint-Thomas, à savoir dans leurs évêques. Cette solution épiscopale a une apparence, mais une apparence seulement, de solidité, ceux-ci en effet étant des "membres enseignants" de par leur caractère épiscopal.
           
        Mais malheureusement pour ces auteurs "ralliés", ils ne font que se retourner le fer dans la plaie. Dans le cas qui nous occupe en effet, ces évêques seraient supposés acter le fait dogmatique... sans le pape. Et pour cause !, puisqu'il faudrait que, tous ensemble, évêques de l'orbe catholique toute entière, ils professent reconnaître le nouveau pape actuel, reconnaissance qu'ils ne pourraient acter évidemment que... sans lui, nouveau pape ! Or, bien sûr, tous les évêques seuls sans le pape n'étant jamais infaillibles dans l'enseignement magistériel, ils ne peuvent donc pas, en tout état de cause, confectionner le fait dogmatique quant au nouveau pape. Mes "ralliés" s'en sont bien rendus compte.
           
        Alors, piteusement et n'importe comment sur le plan théologique, ils ont tâché d'inventer un distinguo complètement aberrant : les évêques sans le pape ne sont certes jamais infaillibles dans l'enseignement (in docendo), mais, soutiennent-ils, ils pourraient être infaillibles ensemble sans le pape dans la croyance (in credendo) ! Nous sommes là en pleine absurdité : si les évêques sans le pape ne peuvent pas enseigner infailliblement, ils ne peuvent pas plus, sans le pape, croire infailliblement. Attendu que la croyance entraînant le fait dogmatique doit obligatoirement être théologiquement fondée, et que bien sûr, elle ne peut l'être si... l'on exclut par principe le pape actuel ou bien le Sacré-Collège cardinalice récipiendaire de l'infaillibilité dans les périodes sede vacante ! En effet, si l'on veut que les évêques catholiques dans leur universalité soient infaillibles dans la croyance, cela inclut la nécessité et l'obligation formelles d'avoir à fonder théologiquement leur croyance sur un suppôt doté de l'infaillibilité ; or, précisément, in casu, ils n'en peuvent trouver aucun, puisque le seul qui existe et sur lequel ils pourraient appuyer leur croyance est l'adhæsio cardinalice posée sur le nouveau pape au moment de son "oui, accepto", adhæsio cardinalice que, dans l'hypothèse envisagée, on veut que les évêques l'excluent pour poser leur croyance ! L'excluant par principe, les évêques de l'orbe catholique n'ont donc plus aucun moyen, aucune assise, pour fonder infailliblement leur croyance que le nouveau pape est certainement le vrai pape, non seulement pour eux-mêmes mais pour tous les fidèles dont ils ont charge...
           
        Vouloir que les évêques soient infaillibles in credendo à défaut de pouvoir l'être in docendo n'est donc en réalité qu'une pure sottise, c'était reculer pour mieux sauter...
           
        Résumons-nous. Si l'on veut que ce soit l'adhæsio de l'universitas fidelium toute seule, sans être entée de quelque manière que ce soit sur l'adhæsio cardinalice, qui fonde le fait dogmatique quant au nouveau pape élu, alors l'enquête serrée sur les sujets de cette adhæsio de l'universitas fidelium résolument déconnectée de l'adhæsio cardinalice montre qu'il est absolument et rigoureusement impossible... d'en trouver aucun pour la mettre en œuvre !! Les fidèles ? C'est non. Les évêques de cesdits fidèles ? C'est encore beaucoup plus non, in docendo comme in credendo !
           
        C'est montrer avec une grande clarté, et même éblouissante, la fausseté intégrale de cette thèse, qui n'a pouvoir que de s'empaler sur sa propre impuissance...
 
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        L'histoire ecclésiastique nous fournit d'ailleurs une preuve concrète supplémentaire que les évêques de l'orbe catholique n'ont strictement rien à voir dans les sujets pour acter le fait dogmatique d'avoir un nouveau pape, dans le cas du pape Pélage 1er. Voyons cela de plus près.
           
        Lors de l'élection de Pélage 1er (556-561), une fraction importante des évêques de l'univers catholique ne le reconnut pas durant de longs mois et même pour certains pendant tout son pontificat, et cependant Pélage n'en fut pas moins tenu par l'Église pour vrai pape, verus papa, et ce, dès le tout premier jour de son élection canonique par le haut-clergé de Rome (à cette époque reculée, le Sacré-Collège cardinalice n'existait pas encore, mais les archidiacres et autres primiciers qui formaient le haut-clergé romain en tenaient lieu). Ce qui montre bien que ceux qui, au tout premier chef, sont habilités et aptes à poser l'acte de droit divin entraînant la croyance de fide de tous les fidèles quant au nouveau pape actuel, sont les seuls cardinaux (ou leurs ancêtres) et non les évêques.
           
        Pélage vit en effet les premières années de son pontificat complètement brouillées par la pénible et toute passionnelle querelle des Trois Chapitres, avatar entortillé de l'hérésie monothélite, qui elle-même n'était qu'une sophistication intellectualiste de l'hérésie monophysite. L'infortuné pape fut sérieusement "boudé" par une fraction non-négligeable de l'Église d'alors, à savoir : quasi toute l'Église africaine et celle d'Illyricum (alors très-importantes dans l'orbe universelle), aussi, bien des évêques de Gaule (qui mirent tellement le doute dans l'esprit du roy Childebert, fils de Clovis, que celui-ci exigea du pape une profession de Foi ; la première, d'ailleurs, n'ayant pas satisfait, le pape Pélage 1er dut s'humilier à en rédiger une seconde...!), mais encore, les églises de Milan et d'Aquilée, d'Émilie, c'est-à-dire quasi toute l'Italie du Nord... ce qui, en tout, faisait vraiment pas mal de monde, et même beaucoup ! Il est du reste à noter que Pélage 1er "ne parvient pas à venir à bout des schismes de Milan et d'Aquilée, qui se prolongent jusque sous [son successeur] le pape Jean III [561-574] pour Milan et jusqu'au début du VIIe siècle pour Aquilée" (Dictionnaire historique de la papauté, etc., Levillain, p. 1296, 1ère col., art. "Pélage 1er").
           
        Donc, un nombre important d'églises, à commencer bien évidemment par les évêques qui étaient à leurs têtes, ne reconnaissaient pas Pélage 1er comme pape actuel. Pour autant, cela n'a nullement empêché que la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio fut parfaitement actée sur le pape Pélage dès le premier jour de son élection, ce que l'Église, postérieurement, a enregistré formellement dans ses annales officielles, ne faisant aucun doute sur la validité de l'élection de Pélage dès qu'il fut canoniquement choisi par les ancêtres romains des cardinaux. Ce qui, une fois de plus, prouve bien que ce sont les cardinaux, ou ceux qui en tenaient le rang dans les temps reculés, qui ont mandat et pouvoir divins de faire le vrai pape, verus papa, et ainsi de poser la croyance de fide pour tout fidèle, bien avant que les évêques ne le fassent, d'une manière seulement subséquente quant à eux et en union avec le haut-clergé romain, ne venant que confirmer et corroborer l'acte cardinalice in capite.
 
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        Les seuls sujets de l'adhæsio de l'universitas fidelium méritant un examen seraient donc les évêques de l'orbe catholique, nous dit-on. Hélas pour la thèse, on vient de voir qu'ils sont théologiquement encore plus inaptes à en être les sujets que les simples fidèles ! Outre ce que je viens de dire invalidant formellement leur emploi comme sujets de l'adhæsio de l'universitas fidelium pour désigner par le fait dogmatique le nouveau pape à tous les fidèles, une autre raison invalide beaucoup plus encore leur emploi pour être lesdits sujets. Si en effet l'universalité des évêques avaient un pouvoir quelconque pour légitimer le pape actuel, ne serait-ce qu'une fois dans un cadre extraordinaire, alors, ce serait souscrire et tomber ipso-facto dans l'hérésie du conciliarisme.
           
        Il est en effet absolument et radicalement proscrit que les évêques aient un quelconque pouvoir sur la fonction pontificale suprême, sur le pape. Ainsi donc, non seulement les évêques, comme nous venons de le voir, ne peuvent jamais être les sujets d'un acte infaillible sans le pape, qu'il soit in docendo ou in credendo, mais le pourraient-ils théoriquement, qu'il serait de toutes façons proscrit absolument qu'ils posent un tel acte pour légitimer un nouveau pape actuel. Or, évidemment, c'est ce qu'ils feraient si on mettait dans leurs mains épiscopales le pouvoir par-dessus les cardinaux d'acter le fait dogmatique quant à l'élection pontificale. Le pape ainsi élu et certainement pape mais seulement de par l'accord unanime des évêques de l'orbe catholique tout entière, ne serait donc pape que par le consentement épiscopal, et il n'y a pas besoin de continuer longtemps le raisonnement théologique pour comprendre que son autorité pontificale, en quelque matière elle s'exprimerait ultérieurement, serait donc à partir de là tout le temps dépendante de l'accord unanime des évêques... et c'est là toute l'hérésie conciliariste. Il est capital de comprendre que le pouvoir pontifical du pape ne doit dépendre jamais et d'aucune manière de celui épiscopal, sous peine de subvertir l'Institution pontificale telle que le Christ l'a constituée en disant à Pierre : "Tu es Pierre, et sur cette Pierre Je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18).
           
        Proscrire absolument tout conciliarisme dans les mœurs de l'Église. ― C'est pourquoi l'on voit le pape Pie IX n'avoir qu'une pensée, lorsqu'il édicte comment doit être réglée une nouvelle élection pontificale si jamais le pape devait mourir en plein concile général : celle d'en ôter absolument tout pouvoir aux évêques ; et il va jusqu'à déclarer aboli ledit concile général aux fins de supprimer tout empiètement, si minime soit-il, des évêques sur l'élection pontificale réservée aux seuls cardinaux, statuant haut et fort que lesdits évêques ne puissent avoir jamais aucune participation à l'élection pontificale qui aurait lieu après pour remplacer le pape de cujus. Or, si l'on suivait le mauvais raisonnement de ceux qui voudraient que les évêques soient les sujets formels de l'adhæsio de l'universitas fidelium pour confectionner le fait dogmatique quant au nouveau pape élu, alors, la mort d'un pape intervenant en plein concile général, cela simplifierait pratiquement énormément les choses, tous les évêques étant déjà réunis, de les utiliser tout-de-suite pour la prochaine élection pontificale s'ils y avaient un quelconque droit, surtout celui d'acter le fait dogmatique obligeant à la croyance de fide quant au nouveau pape élu.
           
        Mais le pape Pie IX, édictant en la matière, suivant en cela les prescriptions de son prédécesseur Jules II et lui-même suivi par le pape Pie X, fait le raisonnement exactement inverse : "Reprenant un usage introduit par Jules II, Pie IX a promulgué que, s'il arrivait qu'un pape mourût pendant la célébration d'un concile œcuménique, l'élection du successeur serait faite non par le concile, lequel est aussitôt interrompu ipso jure, MAIS PAR LE COLLÈGE SEUL DES CARDINAUX (Acta et decreta sacrosanti oecumenici concilii Vaticani, Romae, 1872, p. 104, sq.). Cette même disposition est rappelée dans la constitution Vacante sede apostolica, de Pie X, 25 décembre 1904, n° 28".
           
        Pie XII exposera cette doctrine d'une manière encore plus inflexible et plus militante : "§ 33. ― Si jamais il arrive que le Pontife romain meure durant la tenue d’un concile général, soit que le concile siège à Rome, soit qu’il ait lieu dans un autre endroit de l’univers, l’élection du nouveau pontife doit toujours être faite exclusivement par le seul Collège des cardinaux de la Sainte Église romaine, et non point par le concile lui-même, dont Nous déclarons nuls juridiquement les actes qui, d’une façon quelconque, sembleraient par une audace téméraire, affaiblir le droit exclusif du Sacré Collège des cardinaux ; de cette élection doivent absolument être exclues toutes les autres personnes qu’une autorité quelconque, même celle du concile, pourrait par hasard déléguer, hormis les cardinaux. Bien plus, pour qu’en cette élection les cardinaux mentionnés puissent, par la suppression de tout empêchement et l’éloignement de toute occasion de troubles et de divisions, procéder avec plus de liberté et de facilité, le concile lui-même, en quelque situation et étape qu’il se trouve, doit être regardé comme suspendu de droit, dès la réception de la nouvelle certaine du décès du pontife, de sorte que sans nul retard, il doit aussitôt cesser toutes réunions, congrégations et sessions, et arrêter la rédaction de tous décrets et canons, sous peine de nullité de ces actes, et ne pas se poursuivre pour n’importe quel motif, même si le motif paraissait très grave et digne de spéciale considération, jusqu’à ce que le nouveau pontife, canoniquement élu, ordonne de le reprendre et de le continuer (Pie IX, const. Cum Romanis Pontificibus, 11 ou 13 décembre 1869 ; Code de Droit canon, can. CIS 229)" (Vacantis Apostolicæ sedis, Pie XII, 8 décembre 1945).
           
        Ainsi donc, il est trop clair qu'on en revient toujours à la doctrine catholique en la matière, à savoir que non seulement les évêques n'ont aucun pouvoir sur l'élection pontificale, quelqu'il soit, mais que tout pouvoir quant à l'élection pontificale est donnée par l'Église aux seuls cardinaux ou haut-clergé de l'Église romaine, "nom d'humilité de l'Église Universelle" (Journet). Les papes Pie IX et Léon XIII le diront très-explicitement : "Le droit d'élire le Pontife romain appartient uniquement et personnellement aux cardinaux de la Sainte Église romaine, en excluant absolument et en éloignant toute intervention de n'importe quelle autorité ecclésiastique ou de toute puissance séculière, de quelque degré ou condition qu'elle soit" (Pie IX, const. In hac sublimi, 10 des calendes de septembre 1871 & Consulturi, 10 octobre 1877 ; Léon XIII, const. Praedecessores Nostri).
           
        Tout cela montre fort bien à quel point la thèse de l'adhæsio par les seuls évêques, brandie sans réflexion par les auteurs "ralliés" que j'ai lus, est radicalement fausse puisqu'elle verse ipso-facto dans l'hérésie conciliariste (nonobstant le fait, comme on l'a vu, que les évêques seuls sans le pape sont de toutes façons complètement impuissants à poser un acte doté de l'infaillibilité, in docendo ou in credendo, ce qui les exclut dans le principe de pouvoir poser le fait dogmatique quant à l'élection du nouveau pape).
           
        Si en effet l'on professait que la croyance de fide dans le nouveau pape ne dépend que de l'adhæsio des évêques de l'orbe catholique universelle, alors, on ferait dépendre toute Légitimité pontificale de l'union formelle des évêques, ce qui, sur le plan théologique, est similaire à l'union matérielle desdits évêques dans un concile général, et donc le pape ne serait pape que par l'accord des évêques, ce qui est virtuellement soumettre l'Autorité pontificale à cette union formelle des évêques, proposition qui est identique à celle voulant soumettre l'Autorité du pape au concile général épiscopal, ce qui a été condamné comme hérétique (conciliarisme) par le pape Martin V, à la fin du grand-schisme d'Occident, puis par Eugène IV son successeur. De jure, cette thèse de l'adhæsio épiscopale est donc condamnée ; elle ne l'est pas moins dans le de facto. En effet, si la certitude théologique d'avoir un vrai nouveau pape dépendait uniquement de l'adhæsio universelle des évêques, celle des cardinaux qui la précède ne valant théologiquement rien, cet adhæsio épiscopale universelle et unanime ne pourrait se former que dans un laps de temps très-long, ce qui est incompatible avec la loi fondamentale qui veut que le nouveau pape doit être règle immédiate de Foi pour tous les fidèles, dès son élection... loi fondamentale que par contre, réalise très-bien l'accord sur le nouveau pape par l'adhæsio des cardinaux dans leur majorité canonique, adhæsio cardinalice canoniquement unanime actée dès le jour même de l'élection conclavique, comme le formulait si bien notre génial adolescent de quatorze ans, Jérôme Bignon. Et c'est pourquoi, c'est leur acte à eux, cardinaux de la sainte Église romaine "nom d'humilité de l'Église Universelle" (Journet), qui est fondateur de celui, subséquent et seulement dérivé, des évêques approuvant a-posteriori la nouvelle élection pontificale au nom et pour le compte de l'universitas fidelium.
           
        Ceci, pour sauvegarder le merveilleux équilibre constitutionnel de l'Église : si l'évêque avait un quelconque droit dans l'élection du pape, c'en serait bien fini de la liberté du pape ainsi élu ! Faire dépendre la validité d'une élection pontificale de l'adhæsio des seuls évêques est anti-théologique au possible : souvenons-nous du concil(iabul)e de Bâle voire même de Constance à ses débuts, lesquels n'avaient rien moins en projet que de soumettre en principe le pape à tout concile général (qui sont composés des seuls évêques quant aux voix actives) ; il suffit en effet de lire les discours conciliaristes complètement hérétiques sur cela du français Gerson ; ce n'est qu'à fort grand'peine si l'Église romaine réussit, notamment grâce à l'action intelligente, pondérée, inspirée et persévérante, du pape Eugène IV (1431-1447) et de sa Curie, à sauvegarder sa constitution voulue par le Christ, à savoir que l'Autorité du Pape prévaut sur tout concile général. Or, depuis ces conciliabules du XVe siècle, très agressifs dans leur dernier avatar, celui de Bâle, étouffés d'extrême justesse, cette révolte contre l'Autorité pontificale ne cessa jamais : les hérésiarques parus dans l'Église depuis lors, qu'ils soient luthériens, calvinistes, hussites puis jansénistes et enfin modernistes, ont tous voulu battre en brèche l'autorité du Souverain Pontife, en voulant la plier démocratiquement aux voix épiscopales de l'Église, qu'on fasse résider ces voix dans des assemblées "parlementaires" d'Église, conçues comme de véritables "États généraux permanents de l'Église" reconductibles tacitement, ou bien dans des conciles nationaux, comme avec les jansénistes français. C'est d'ailleurs cette sourde mais continuelle et formidable révolte qui a fini par susciter la proclamation libératrice de Pie IX en 1870, concernant l'infaillibilité du pape seul, dans son Magistère ex cathedra.
           
        Nonobstant le caractère anti-théologique et anti constitutionnel de la chose, soumettre donc ne serait-ce qu'une seule élection pontificale à l'adhæsio exclusivement épiscopale au nom de l'universitas fidelium, serait du même coup créer un précédent des plus fâcheux dans la vie de l'Église militante, alors que les ennemis du Christ et de son Église n'ont jamais renoncé à abattre l'Autorité pontificale. Il est bien facile de comprendre qu'une fois cette adhæsio épiscopale canoniquement enregistrée dans les annales ecclésiastiques, rien ni personne ne pourrait plus désormais contredire les prétentions indues des démocrates révolutionnaires, ensoutanés ou non, qui veulent soumettre par principe le pape au concile général (ce qu'on voit de nos jours d'ailleurs, cet esprit synodal tous azimuts, en est une résurgence abâtardie ; mais, signe des temps apocalyptiques que nous vivons, cette fois-ci, c'est... le pape lui-même, notre inénarrable François, qui promeut cette subversion démocratique de la fonction pontificale instituée par le Christ !!).
 
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        Objection. ― Certains pourraient invoquer l'élection du pape Martin V (1369-1431), qui termina le grand-schisme d'Occident, comme argument pour soutenir qu'une élection pontificale peut être le fait des évêques, puisque les électeurs de Martin V, loin d'être seulement des cardinaux, furent aussi des évêques, du moins comptèrent-ils dans les électeurs admis.
           
        L'argument est cependant parfaitement faux, et un tout petit peu d'histoire ecclésiastique suffira à le bien montrer. Mais auparavant, il va être encore bon de rappeler que les seuls électeurs ordinaires du pape sont les cardinaux, et eux seuls. Nous l'avons déjà vu plus haut, les papes Pie IX et Léon XIII les font consister dans les seuls cardinaux, à l'exclusion formelle de tout autre tiers : "Le droit d'élire le Pontife romain appartient uniquement et personnellement aux cardinaux de la Sainte Église romaine, en excluant absolument et en éloignant toute intervention de n'importe quelle autorité ecclésiastique ou de toute puissance séculière, de quelque degré ou condition qu'elle soit" (supra).
           
        Cependant, le cardinal Journet, dans L'Église du Verbe incarné, résume lapidairement et merveilleusement bien la question en évoquant la possibilité d'électeurs extraordinaires, par ces propos : "Le pouvoir d'élire le pape réside formellement (c'est-à-dire, au sens aristotélicien, comme apte à procéder immédiatement à l'acte d'élection) dans l'Église Romaine, en comprenant dans l'Église Romaine les cardinaux-évêques qui sont, en quelque sorte, les suffragants de l'Évêque de Rome (le pape). C'est pourquoi, selon l'ordre canonique prévu, le droit d'élire le Pape appartiendra de fait aux cardinaux seuls. C'est pourquoi encore, quand les dispositions du droit canonique seraient irréalisables, ce serait aux membres certains de l'Église de Rome qu'il appartiendrait d'élire le Pape. À DÉFAUT DU CLERGÉ DE ROME, CE SERAIT À L'ÉGLISE UNIVERSELLE, dont le pape doit être l'Évêque" (L'Église du Verbe Incarné, Journet, p. 623). La question qui nous occupe donc se résume ainsi avec une grande précision : l'élection pontificale revient au Haut-Clergé de Rome ; à son défaut, elle revient au Bas-Clergé de Rome ; à son défaut encore, elle revient à l'Église Universelle.
           
        Il n'est pas bien difficile de remarquer que les évêques ne sont jamais nommés, ni dans les électeurs ordinaires ni dans ceux extraordinaires. Pour autant, devrait-on comprendre que, dans la situation très-extraordinaire où l'élection pontificale reviendrait à l'Église Universelle, les électeurs seraient les seuls évêques, ou du moins y auraient-ils une place prépondérante ? C'est justement ce qu'on voudrait pouvoir dire à propos de l'élection de Martin V, seule élection pontificale dans toute l'Histoire de l'Église qui eut lieu sous le mode extraordinaire de l'Église Universelle, mais nous allons voir qu'il n'en est rien.
           
        Toutes les histoires ecclésiastiques rangent en effet en deux catégories bien marquées, bien distinctes l'une de l'autre, les électeurs de Martin V : il y a les vingt-six cardinaux de toute obédience des trois papes douteux d'un côté, et, de l'autre, trente représentants des cinq Nations chrétiennes principales d'alors, France, Allemagne, Angleterre, Italie, Espagne, soit, en tout, cinquante-six électeurs. Or, notons bien que même s'il y avait (forcément) des évêques parmi ces trente représentants des cinq Nations qui donc n'étaient pas cardinaux, ils ne l'étaient pas tous, et de plus, ceux qui l'étaient n'agirent au conclave élisant Martin V nullement en tant qu'évêques, mais juste comme simples mandataires des nations, comme toutes les Histoires le révèlent fort bien.
           
        Limitons-nous à deux exemples : dans sa célèbre Histoire universelle de l'Église catholique écrite au XIXème siècle, l'abbé Rohrbacher, à propos de ces trente représentants des cinq nations principales de la Chrétienté ayant voix au conclave, emploie le mot très-révélateur de "députés". Députés de qui ? Pas de l'Église, mais des nations chrétiennes qu'ils représentaient. Or, quand on est "député", on n'a pas plus de pouvoir que celui qui nous députe, c'est en effet un principe formel de droit que le mandataire n'a pas plus de pouvoir que ceux possédés par son mandant. Autrement dit, les personnes juridiques des nations n'ayant bien entendu nullement le pouvoir d'Ordre qui appartient exclusivement à l'Église, les députés qu'elles envoyaient au "conclave universel" pour les représenter ne l'étaient nullement en tant qu'évêques, pour ceux qui l'étaient. C'est pourquoi l'appellation de Rohrbacher dans son Histoire, etc. nous semble être la plus juste, à propos de ces trente représentants des cinq nations principales d'alors : "députés". Un autre historien, Gaston Castella, désigne ces trente députés des nations par la double dénomination fort significative elle aussi pour notre sujet de : "prélats et docteurs", parce qu'elle laisse encore mieux entendre que s'il y eut certes des évêques parmi ces électeurs des nations, il y eut également des laïcs, docteurs de Sorbonne, de Salamanque ou autres ("Prendraient part, cette fois-là, à l'élection, non seulement les cardinaux présents, mais trente prélats et docteurs, soit six de chacune des cinq nations" ― Histoire des papes illustrée, t. 1, p. 315).
           
        C'est donc bien à tort qu'on invoquerait l'élection du pape Martin V terminant le grand-schisme d'Occident, pour cautionner la thèse de l'adhæsio de l'universitas fidelium par les seuls évêques de l'orbe catholique toute entière.
           
        Retenons de tout ceci que la théologie la plus assise dans la Constitution divine de l'Église pose deux choses fondamentales : 1/ À défaut d'une élection pontificale opérée par les électeurs ordinaires que sont les cardinaux de la sainte Église romaine ou à leur défaut le bas-clergé de Rome (second cas de figure ordinaire qui, au reste, ne s'est jamais produit dans toute l'Histoire de l'Église), l'élection pontificale par l'Église Universelle est une chose très-extraordinaire, qui nécessite quasi un miracle de Dieu pour pouvoir être opérée afin de donner à l'Église l'élu UN ; 2/ Dans ce cas très-extraordinaire, l'Église Universelle n'est pas du tout représentée par les seuls évêques agissant de par leur pouvoir d'Ordre, mais par l'ensemble des fidèles catholiques, universitas fidelium, qu'ils soient clercs ou laïcs, qu'ils aient ou non autorité dans l'Église, qu'ils soient membres enseignants ou enseignés. Tout le monde catholique doit être dûment représenté et c'est précisément pourquoi la réunion universelle de l'Église est si extraordinaire. On ne sait plus qu'il y a eu un vrai miracle du Saint-Esprit pour réaliser dans l'Unité et la concorde générale l'élection du pape Martin V terminant le grand-schisme d'Occident, il faut lire l'histoire de concile de Constance pour le comprendre et en être saintement émerveillé...
 
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        Nous avons donc bien vu ensemble, en suivant l'enseignement formel des papes de l'ère moderne, de Pie X à Jean-Paul II en passant par Pie XII et Paul VI, que c'est le "oui, accepto" du nouveau pape qui le fait vraiment pape, verus papa. Pour être complet sur la question, il faut cependant préciser que la cérémonie d'intronisation du nouveau pape, intervenant dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite, a parfois été retenue par les papes du passé comme étant le moment où le fait dogmatique était acté. Cela, de toutes façons, ne change rien quant au fond sur la doctrine qui veut que ce soit le seul Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique qui acte formellement le fait dogmatique, car que celui-ci soit acté lors du "oui, accepto" à la fin du conclave ou bien lors de l'intronisation du nouveau pape ayant lieu quelques courts jours seulement après ce "oui, accepto", nous sommes toujours là dans le cadre exclusif de l'adhæsio cardinalice seule. Mais il ne me semble pas inutile de rappeler que certains papes du passé ont voulu en effet privilégier l'intronisation du nouveau pape sur l'élection conclavique, comme étant le jour où commence vraiment son pontificat, où l'on est absolument sûr qu'il est vrai pape, verus papa, pour toute l'Église.
           
        Je l'exposais ainsi dans L'Impubliable : "L'acte de reconnaissance ecclésiale universelle du nouveau pape par l'organe des cardinaux unanimes est si important sur le plan théologique, que la coutume a été prise, depuis la décision du pape saint Léon IX (1048-1054), de dater le pontificat du jour du couronnement ou intronisation ou «adoration», et non à compter de celui de l'élection conclavique ou encore celui du Sacre épiscopal éventuel si le nouveau Pierre n'est pas encore évêque ; et «cet usage a persisté, en dépit de la Constitution Cum esset du 15 décembre 1633, dans laquelle Urbain VIII cherchait à faire prévaloir la date de l'élection» (Le Conclave, Lucius Lector, 1894, p. 667). La sigillographie illustre très-bien, elle aussi, l'importance plus grande, quant à la légitimité papale, de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle posé par les cardinaux le jour de l'intronisation du pape nouvellement élu, sur celui de l'acte d'élection conclavique : «Aux XIIIe, XIVe et XVe siècles, les papes ont utilisé, entre leur élection et leur couronnement un sceau de plomb incomplet, la demie-bulle (bulla dimidia, blanca, defectiva), ne comportant pas leur nom au revers ("mais seulement les effigies des saints Pierre & Paul" ― ibid., p. 666). Les actes ainsi scellés présentaient des particularités rédactionnelles : dans la suscription, le nom du pape était suivi du mot electus, la formule suscepti a nobis apostolatus officii remplaçait dans la date les mots pontificatus nostri, et une clause spéciale expliquait les raisons de l'emploi de la demi-bulle. Le plus ancien original connu scellé de cette façon est un acte de Grégoire X du 4 mars 1272» (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, 1994, art. "bulle", p. 240, col. 1).
           
        La reconnaissance officielle par les cardinaux représentant l'Église Universelle du pape nouvellement élu, qui est le fondement théologique de la cérémonie du couronnement et de l'intronisation, est un constituant intrinsèque si important de la légitimité pontificale, qu'un pape mort seulement quatre jours après son élection, sans avoir pu être «adoré» pontificalement, ne fut tout simplement pas inclus dans la liste officielle des papes durant tout le Moyen-Âge, comme s'il ne l'avait pas vraiment été : il s'agit d'Étienne II (mars 752). Et Lucius Lector, de préciser : «Il en est de même, probablement, d'un Jean XV en 985 ; plus tard, le cas se reproduit encore pour Urbain VII (1590)» (Lector, p. 661, note 1)" (L'Impubliable, note de fin de texte "s", p. 280).
 
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        Conclusion, récapitulation. ― Pour être sûr qu'un pape est certainement pape, c'est donc uniquement la reconnaissance de ce pape que les cardinaux posent dans leur majorité canonique, soit lors du "oui, accepto" à la fin du conclave, soit au sein de la cérémonie d'intronisation, qui est l'acte théologiquement enseignant, et nul autre. Une fois que cet acte, qui a valeur formelle de fait dogmatique, est posé, alors, la légitimité du nouveau pape ainsi reconnu par eux, cardinaux, est indubitable, certaine, et l'anathème est formel sur celui qui oserait y contredire. Sur cedit acte cardinalice théologiquement fondateur, vient se greffer, subséquemment, ensuite et par après, ce que les théologiens ont appelé l'acceptation pacifique universelle de l'Église, c'est-à-dire que derrière les cardinaux, tous les autres membres de l'Église sans distinction de rang, à leur tour, du plus grand des archevêques au plus simple laïc, tous indistinctement, reconnaissent eux aussi, comme pape vrai et indubitable, celui que les cardinaux viennent de désigner (dans l'élection conclavique) et reconnaître (dans la cérémonie d'intronisation), presque simultanément, comme vrai Vicaire du Christ, acceptus et probatus, en tant que "membres enseignants" de la légitimité pontificale. Le SEUL acte qui a valeur théologique formelle pour acter la légitimité pontificale, est celui des cardinaux dans leur majorité canonique des 2/3 posé, soit lors du "oui, accepto" à la fin du conclave, soit lors de la cérémonie d'intronisation : l'acceptation pacifique du nouveau pape par tous ceux qui, dans l'Église, ne sont pas cardinaux de la sainte Église romaine, qui lui est toujours postérieure, n'en est théologiquement que subséquence, et n'a pas, en soi et toute seule, valeur théologique. Elle n'endosse une valeur théologique, comme nous l'avons vu plus haut, que lorsqu'elle s'appuie, pour acter son acceptation, sur celle in capite des cardinaux.
           
        C'est dire que c'est donc au plus tard immédiatement le jour même de l'intronisation du pape élu, que l'acte théologiquement subséquent et non fondateur de l'acceptation pacifique universelle, est quant à lui posé par tout "le peuple de Dieu" (Géraldina Boni), agréant tout naturellement et immédiatement ce que les "membres enseignants" de ladite légitimité pontificale viennent tout juste de leur enseigner, soit dans le "oui, accepto" conclavique, soit dans et par la cérémonie d'intronisation du nouveau pape, à la face de l'Église Universelle et du monde entier. Par ailleurs, il est excessivement important que la certitude d'avoir un vrai pape soit connue très-rapidement après son élection conclavique, puisque le pape nouvellement élu est règle prochaine de la Foi pour tous les fidèles, rapidité que ne réalise pas l'acceptation pacifique universelle fondée sur la seule universitas fidelium.
           
        Enfin, il est important de dire une autre chose. Cet acte cardinalice infaillible de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape sur un tel étant posé au plus tard le jour de l'intronisation du nouveau pape élu, cedit acte, à partir de ce jour, se reconduit tacitement et implicitement tous les jours suivants du règne pontifical du nouveau pape, jusqu'à sa mort sans qu'il y ait plus besoin d'aucune autre déclaration cardinalice. C'est-à-dire que, une fois posée par les cardinaux au plus tard le jour de l'intronisation, la reconnaissance ecclésiale universelle du pape valant formelle légitimité de cedit pape couvre tout son pontificat, si elle n'est contredite postérieurement par le même organe et dans la même proportion de sa majorité canonique. Pour qu'elle soit remise valablement et validement en cause, il faudrait en effet que ceux qui l'ont acté, c'est-à-dire les "membres enseignants" de la légitimité pontificale que sont les cardinaux, déclarent publiquement dans leur majorité canonique des 2/3 + 1, retirer leur obédience au pape... chose qui ne s'est jamais produite, de saint Pierre jusqu'à François.
 
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        Il est vrai que si on lit d'une manière je ne dirai pas superficielle mais trop générique, les auteurs qui ont traité de la question par le passé (mais il est vrai que ceux contemporains professent généralement la même chose que ceux du passé), sans approfondir la doctrine comme j'ai tâché de le faire dans cet article, on aurait tendance à croire que l'Église Universelle approuvant une élection pontificale et confectionnant le fait dogmatique serait l'universitas fidelium dans son ensemble, ou plutôt dans sa généralité la plus nébuleuse, sans tenir aucun compte de la place in capite et première des cardinaux dans cette représentation de l'Église Universelle. Mais la fausseté du raisonnement de fond de la plupart de ces auteurs consiste essentiellement à dissocier l'Église Universelle du Sacré-Collège cardinalice. C'est là que gît l'erreur de parallaxe, c'est-à-dire qu'on prend une mesure à partir d'un mauvais point de vue, et donc la mesure est fausse. Car, voir les choses ainsi, c'est oublier que, en droit et en fait, l'Église Universelle, en matière d'élection pontificale, c'est avant tout... le Sacré-Collège cardinalice lui-même soi-même ! Ainsi, par exemple, on voit un auteur appeler la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, une "seconde élection par toute l'Église" (W. Wilmers, A Handbook of the Christian Religion, 1891, p. 95). L'appellation est plutôt exacte, mais il faut bien saisir que les sujets de cette "seconde élection" dont tout l'objet est juste d'approuver la première élection conclavique proprement dite, sont, in capite et premièrement... les mêmes que ceux qui ont confectionné la première élection, à savoir, bien sûr, les cardinaux de la sainte Église romaine, dans leur majorité canonique, avant que tous les autres membres de l'Église qui ne sont pas cardinaux de la sainte Église romaine ne puissent donner leur approbation ! C'est eux-mêmes qui, premièrement, approuvent au nom de l'Église Universelle l'élection conclavique du nouveau pape qu'ils viennent tout juste d'opérer de leurs propres mains, c'est eux-mêmes qui font cette "seconde élection" !
           
        Donc, puisqu'il en est ainsi, le processus théologique est le suivant : 1/ les cardinaux seuls, représentant l'Église Universelle, désignent le nouvel élu au Siège de Pierre ; 2/ puis secondement et enfin, le nouveau pape une fois canoniquement élu, les mêmes cardinaux approuvent, toujours au nom de l'Église Universelle, le nouveau pape qu'ils viennent d'élire, ce qui se fait dès qu'ils lui font leur obédience, pour la première fois, dans le sein du conclave lui-même, lorsque l'élu a prononcé son "oui, accepto". Il est capital de comprendre que cette première obédience faite par tous les cardinaux au nouveau pape qu'ils viennent de choisir, qu'on pourrait dire d'ordre privée, privatim, parce qu'elle n'est pas encore connue de l'universitas fidelium, est déjà la première expression de la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio qui fonde le fait dogmatique impliquant formellement la croyance de fide de tous les autres fidèles de l'Église qui ne sont pas cardinaux. C'est pourquoi, d'ailleurs, nous l'avons vu plus haut, le cardinal qui, juste après cette première obédience cardinalice privatim, présente le nouveau pape à tous les fidèles réunis place Saint-Pierre, dit sans équivoque, du haut du balcon de Saint-Pierre : habemus papam, nous avons un pape. Sous-entendu : il est non seulement déjà tout fait par nous cardinaux, mais il est de plus déjà formellement approuvé, acceptus et probatus, par l'Église Universelle que nous, cardinaux dans notre majorité canonique, représentons.
           
        Cette première obédience cardinalice manifestant déjà la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio dotée de l'infaillibilité en tant que fait dogmatique, sera suivie de deux autres obédiences cardinalices faites presque coup sur coup, ainsi qu'il ressort de la constitution de Pie XII sur les élections pontificales, et ce triple rite est là pour vraiment bien faire comprendre que dès que ces trois obédiences cardinalices sont dûment faites, la "seconde élection" est déjà faite, le fait dogmatique est théologiquement acté :
           
        "Ensuite [lorsque l'élection est théologiquement achevée par le "oui, accepto" du nouveau pape], après l’accomplissement de ce que demande la coutume selon le cérémonial romain [exemple : après le "oui, accepto" du nouveau pape, tous les cardinaux hormis celui qui venait d'être élu nouveau pape, abaissaient les baldaquins de leurs stalles, qui restaient élevés, en signe de leur souveraineté cardinalice collective, tout le temps sede vacante que durait la nouvelle élection pontificale avant que l'élu UN soit surnaturellement trouvé], les cardinaux font au Souverain Pontife élu la première obédience d’usage ; celle-ci achevée, et après le chant de l’hymne Te Deum, le premier des cardinaux diacres annonce au peuple qui attend l’élection le nom du nouveau Pontife romain et peu après le pontife lui-même donne la Bénédiction apostolique à Rome et au monde. Il y a ensuite la seconde obédience, que les cardinaux font, revêtus de la cappa violette" (§ 103).
           
        "Toutes choses enfin ayant été régulièrement accomplies, le conclave est ouvert, à l’intérieur, à l’extérieur et sur l’ordre du nouveau pontife. (...) Après l’ouverture du conclave sont admis ceux qui, selon la coutume, sont introduits pour faire l’obédience au pontife élu" (§ 105).
           
        "Pour faire la troisième obédience, les cardinaux devront être convoqués par le préfet des cérémonies apostoliques quand le Souverain Pontife le fixera" (§ 106).
           
        Il n'est cependant pas faux, nous l'avons vu plus haut, de voir que l'universitas fidelium, c'est-à-dire tous les évêques et simples fidèles qui ne sont pas cardinaux, acte elle aussi le fait dogmatique, cependant, seulement en adhérant à l'élection du nouveau pape par les cardinaux, étant entée sur l'antécédente adhæsio cardinalice. Mais ce serait une profonde erreur, que j'ai pris à tâche de dénoncer dans ce nouvel article, de voir le fait dogmatique n'être acté que lorsque l'universitas fidelium sans les cardinaux acte la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio pour sa part.
           
        J'ai fait remarquer en commençant ce chapitre que la plupart des auteurs du passé comme d'ailleurs du présent, en restent trop au générique nébuleux de l'universitas fidelium. Mais il est bon de noter que certains auteurs ou saints ont fort bien compris que l'acte qui fonde le fait dogmatique en matière d'élection pontificale est opéré in capite et premièrement par le Sacré-Collège cardinalice qui représente au premier chef cette universitas fidelium.
           
        Par exemple, lors du grand-schisme d'Occident, sainte Catherine de Sienne (1347-1380) le professe sans ambiguïté. Elle considère très-justement que ceux qui refusent le pape ayant bénéficié de l'adhesio cardinalice sont non seulement schismatiques mais hérétiques (... avis à Jules II et Paul IV !!), et, pour le dire, elle ne mâche pas ses mots bien crus et verts, comme on peut le voir dans une de ses Lettres aux schismatiques cardinaux français : "... Qu'est-ce qui me montre l'élection régulière par laquelle vous avez élu le seigneur Barthélemy, archevêque de Bari, aujourd'hui véritablement le Pape Urbain VI ? Cette vérité se montre dans la solennité de son couronnement. Que cette solennité se soit faite dans la vérité, la révérence [= l'adoration rituelle] que vous lui avez faite nous le montre. Ce que vous dites [à présent] fût-il vrai [à savoir : nier a-posteriori l'élection valide d'Urbain VI], ne nous auriez-vous pas menti, à nous, quand vous nous l'avez dit souverain Pontife, comme il l'est en effet ? Ne lui auriez-vous pas fait mensongèrement la révérence en l'adorant pour le Christ sur la terre [voilà qui condamne Paul IV qui récuse à l'adoration cardinalice, dans son hérétique § 6, la note d'infaillibilité !] ? D'anges terrestres que vous devriez être, pour ramener les brebis à l'obéissance de la sainte Église, vous avez pris l'office de démons en nous amenant à l'obéissance de l'Antéchrist, qui est membre du diable, et vous êtes avec lui, tant que vous persisterez dans cette hérésie"...!!
           
        Saint Robert Bellarmin est à citer également, lui qui a écrit : "Il arriva peu après que [le pape] Sylverius mourut et que Vigilius, qui jusque-là siégeait en schisme, commença maintenant à être le seul et légitime Pontife de façon certaine par la confirmation et la réception par le clergé et le peuple romain" (De Romano Pontifice, IV, chapitre 10).
           
        Et... Mgr Marcel Lefebvre lui-même soi-même, mais oui, le professait fort bien : "L’éloignement des cardinaux de plus de 80 ans et les conventicules qui ont préparé les deux derniers conclaves ne rendent-ils pas invalide l’élection de ces Papes ? Invalide, c’est trop affirmer, mais éventuellement douteux. Toutefois l’acceptation de fait postérieure à l’élection et unanime de la part des cardinaux et du clergé romain suffit à valider l’élection. C’est l’opinion des théologiens [!]" (La nouvelle messe et le Pape, Fideliter n° 13 de février 1980, d’après Cor unum de novembre 1979).
           
        Certains, dont les auteurs "ralliés" que j'ai lus, veulent nier que les cardinaux puissent acter le fait dogmatique de toute élection pontificale, sous le vain et très-faux prétexte que l'Institution cardinalice serait soit disant de droit ecclésiastique et non de droit divin, raison pour laquelle, croient-ils pouvoir déduire, ils n'auraient pas le pouvoir dans l'Église d'acter le fait dogmatique de toute élection pontificale.
           
        Ce raisonnement est théologiquement primaire et pèche à la base. D'abord et premièrement, ce n'est pas parce que le Sacré-Collège cardinalice serait d'institution seulement ecclésiastique, que ses membres ne pourraient pas avoir une fonction de droit divin, ce sont deux choses différentes. Or, les cardinaux ne tirent pas leur fonction suprême d'élire le pape de l'institution ecclésiastique mais de la Parole du Christ : "Tu es Pierre, et sur cette Pierre je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18), c'est-à-dire, on l'a compris, du droit divin. Cette fonction d'élire le pape est donc tout ce qu'il y a de plus fondée sur le droit divin ("La principale faculté des cardinaux est celle d’élire le Souverain Pontife" ― Vacante Apostolicæ Sedis, 8 décembre 1945, § 35).
           
        Et justement, secondement, ladite fonction étant de droit divin, rejaillit sur l'Institution cardinalice elle-même : puisque leur fonction, en tant que haut-clergé de l'Église de Rome, "nom d'humilité de l'Église Universelle", est de droit divin, alors cela signifie que l'Institution cardinalice est, elle aussi, et ne peut qu'être, de droit divin. C'est ce qu'a pensé saint Robert Bellarmin, qui, chacun le sait, est une autorité supérieure quant aux choses de l'élection pontificale : il émet l'hypothèse que l'Institution du Sacré-Collège est de droit divin dans son De Romano Pontifice (je n'ai malheureusement pas noté la référence où il le dit). Et cette thèse est non seulement probable, mais certaine. Car en effet, on se tromperait étrangement en voulant voir l'Institution du Sacré-Collège des cardinaux comme une création ex nihilo au XIIème siècle, sous-entendu qu'avant cette création, il n'y aurait rien eu, et que, tout-à-coup, on fait surgir dans l'Église une nouvelle chose, les cardinaux, par génération spontanée ! La vérité est aux antipodes : les cardinaux du Sacré-Collège ne sont rien d'autres que la simple continuation structurée du haut-clergé de l'Église de Rome, des archidiacres et autres primiciers des temps antiques, qui, quant à lui, haut-clergé romain, a toujours existé depuis saint Pierre, et qui est doté du droit divin dans son acte d'élire le Souverain Pontife pour l'Église de Rome et donc pour l'Église Universelle. Ce qui signifie bel et bien que les cardinaux agissent eux aussi de droit divin lorsqu'ils élisent le nouveau pape, en tant que simples successeurs de leurs ancêtres.
           
        Tout, d'ailleurs, le dit, dans le rituel scrupuleusement suivi et détaillé pour créer un nouveau pape qu'on peut voir dans la constitution de Pie XII de 1945.
           
        Lisons par exemple le § 38 : "Cependant si des cardinaux absents arrivent lorsque l’affaire de l’élection est encore entière, c’est-à-dire avant que l’Église soit pourvue d’un Pasteur, qu’ils soient admis à participer à l’élection en l’état où ils la trouveront" (Grégoire X, ch. 3, Ubi periculum, § 1, de elect., 1, 6, in Sext)". Il n'est pas bien difficile de comprendre de ce § 38 que lorsque l'élection faite uniquement par les cardinaux sera faite, alors, "l'Église sera pourvue d'un Pasteur", ce qui signifie très-clairement que le fait dogmatique sera acté lorsque les cardinaux, et les cardinaux seuls, auront fini l'élection en cours. C'est bien pourquoi d'ailleurs, nous l'avons déjà vu, lorsque l'élection est finie, le cardinal présentant le nouveau pape à "l'adoration" des fidèles massés Place Saint-Pierre, leur dit : nous avons un pape, habemus papam, il est tout fait, il n'y a plus rien à y rajouter pour qu'il soit verus papa, sujet formel de la croyance de fide de tout fidèle, sous peine d'anathème.
           
        Et lorsque le nouveau pape est élu, alors les cardinaux, comme on vient de le voir, lui font rien moins que... trois obédiences !      
           
        ... Du carton-pâte, ces obédiences au nombre trinitaire de trois, comme pour en bien marquer la signifiance de droit divin, qui, de plus, seront refaites deux fois par les cardinaux dans la cérémonie d'intronisation du nouveau pape, quelques jours après, soit en tout... cinq obédiences des cardinaux !? Allons donc, soyons sérieux ! Comment les papes de la Renaissance, Jules II et Paul IV, ont-ils bien pu oser s'autoriser à désacraliser ces rites cardinalices si fortement révélateurs du droit divin qui les habite, ou plutôt qui les inhabite par la Présence du Saint-Esprit...?!? Mystère, et mystère d'iniquité...
           
        Ces papes auraient quand même dû se rendre compte de l'impossibilité théologique radicale de leur thèse. Prenons en effet le § 6 de la bulle de Paul IV : il ose soutenir qu'un pape convaincu d'avoir été hérétique avant son élévation au Souverain pontificat n'aurait jamais été pape, même s'il avait été "adoré" par l'unanimité des cardinaux en bonne et dûe forme, même pendant un plus ou moins long temps : "[on ne peut prétendre que] le cours d'une durée quelle qu'elle soit (de son règne), que tout cela a convalidé ou peut convalider son Pontificat" (§ 6). Paul IV n'oubliait juste qu'une toute petite chose, qui invalidait in radice sa thèse : c'est à savoir que pendant tout le temps, qui peut être plus ou moins long, où ce pape, hérétique avant son élévation au Siège de Pierre, aurait été admis comme vrai pape dans toute l'Église, il n'y aurait pas eu que les seuls cardinaux à l'avoir reconnu et accepté comme vrai pape, dont on voudrait croire (très-faussement) que leur adhæsio n'est pas dotée de l'infaillibilité, mais encore l'acceptation et la reconnaissance de ce pape aurait été formellement actée par... l'universitas fidelium, qui suit dès l'élection pontificale l'adhæsio cardinalice, les deux en effet étant conjointes et quasi simultanées ! Or, l'universitas fidelium est dotée de l'infaillibilité, au rapport de tous les théologiens, de tous les canonistes, ce qui signifie bien sûr que ce pape approuvé non seulement par les cardinaux mais infailliblement par l'universitas fidelium... ne pouvait pas... ne pas être vrai pape, verus papa !
           
        Donc, en fait, Paul IV récusait implicitement mais formellement, dans son § 6, la loi fondamentale, expression du Magistère ordinaire & universel ecclésial, de l'infaillibilité de la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, et empêchait par-là même qu'un pape élu puisse jamais être certainement pape, jamais faire l'objet d'un fait dogmatique impliquant la croyance de fide de tout fidèle puisque, si l'on supprime l'infaillibilité de la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, il n'existe plus aucun autre moyen en Église pour savoir de fide qu'un pape est vrai pape ! Proposition parfaitement hérétique, puisque le pape étant règle prochaine de la Foi, dire qu'on ne peut jamais être sûr d'avoir un pape légitime (ce qui, soit dit en passant, est le soubassement de tout raisonnement schismatique sédévacantiste, et l'on comprend fort bien que les sédévacs actuels se soient entichés de cette fumeuse bulle qu'ils adorent... mais pas le pape), est tout simplement inférer le doute formel sur le dogme lui-même et sur toute l'Église ! Le § 6 de la bulle de Paul IV est donc bel et bien complètement hérétique...
           
        On pourrait s'étonner cependant de voir la très-grande majorité des auteurs qui ont parlé de la pacifica universalis ecclesiæ adhæsio n'avoir jamais dit explicitement que les sujets premiers en sont les cardinaux, mais n'avoir vu la question que d'une manière lointainement et nébuleusement générique ? On peut sans doute répondre en disant qu'ils se sont uniquement focalisés sur l'acte dernier de cette adhæsio, celui le plus épiphanique si je puis dire, le plus visible, posé effectivement par les évêques et les fidèles du monde entier. Sans chercher à décortiquer comme je viens de le faire l'articulation théologique précise qui, générée par l'adhæsio cardinalice, aboutit tout-à-fait en finale, et en finale seulement, à l'adhæsio de l'universitas fidelium, comme dernier acte qui fonde la croyance de fide dans le nouveau pape.
           
        Un dernier mot pour finir de finir. Ce point de doctrine que je viens d'exposer a certes son importance, mais il n'a... aucune incidence sur la question de la légitimité des pontificats modernes vaticandeux & post. Car de toutes façons, que ce soient par l'adhæsio de l'universitas fidelium ou par l'adhæsio cardinalice, une chose est absolument sûre et certaine, et doit être tenue pour telle par tout catholique sous peine d'anathème ipso-facto : tous les papes modernes, de Jean XXIII à François, ont dûment bénéficié de l'une ou de l'autre adhæsio, et même des deux à la fois, et donc la croyance de fide à la légitimité de leurs pontificats respectifs est absolument de rigueur, obligatoire, sous peine d'anathème formel ipso-facto pour qui ose y contredire.
 
        Notamment, il faut avoir le courage de le dire même si on s'en trouve crucifié dans sa Foi, quant au pape actuel, à savoir notre inénarrable pape François...
 
LeSueur Jesus Christ donnant les clefs à St Pierre 1024
 
        "Il faut se glorifier ? Cela ne sert de rien. (...) Si je voulais me glorifier, je ne serais pas insensé, car je dirais la vérité ; mais je m'en abstiens, de peur que quelqu'un ne m'estime au-dessus de ce qu'il voit en moi, ou de ce qu'il entend dire de moi" (II Cor XII, 1 & 6).
           
        Cependant, la vérité intégrale et complète de "la crise de l'Église" consistant en "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que je suis le seul à exposer en docteur in utroque dans tout le monde catholique (Dieu sait pourquoi, moi je ne le sais pas), est si conspuée et foulée aux pieds par les bêtes de toutes sortes, modernes comme tradis, qu'il m'apparaît utile, je le dis dans la confusion, de me "glorifier", quand bien même cela ne sert de rien. Je ne le fais uniquement que pour mettre en valeur non ma pauvre personne mais la vérité ecclésiale de notre temps, "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Alors je dirai, quoique cela ne serve de rien, que j'ai la gloire sans doute de désenvelopper pour la première fois dans l'Église le distinguo qui définit avec certitude les sujets habilités et aptes à acter théologiquement l'acceptation pacifique ecclésiale universelle du nouveau pape ayant valeur de règle prochaine de la Légitimité pontificale. Cependant, il est encore plus vrai que la gloire ne m'en appartient pas, elle revient à l'Église, car c'est "la crise de l'Église" elle-même qui m'a poussé invinciblement à cette explicitation, sans même que je m'en rende trop compte d'ailleurs, en la formulant dès les premières rédactions de L'Impubliable : cette crise de l'Église est en effet, depuis qu'elle a commencé, une crise toute centrée sur la Légitimité pontificale.
           
        Dès la fin de Vatican II, on a des gens qui mettent en doute publiquement et ardemment la légitimité de Paul VI, et qui parfois le font bruyamment Place Saint-Pierre, les Père Barbara, les abbé de Nantes, pas très-longtemps quant à ce dernier, les Père Guérard des Lauriers, etc. Cela m'a poussé à rendre explicite une doctrine qui n'était encore qu'implicite dans l'Église. Tant il est vrai que l'hérésie est opportune, opportet haereses (j'ai envie de rajouter, qu'on me pardonne, qu'avec les hérésies, les connards et leurs sottises aussi, sont opportuns, sorte d'aiguillons dans les côtes du théologien pour l'obliger à avancer...).
           
        Ainsi donc, comme dit saint Paul : "Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, et Sa grâce [quant à l'intelligence de la Foi appliquée à la théologie de la "crise de l'Église"] n'a pas été stérile en moi ; mais j'ai travaillé plus qu'eux tous [les prétendus "chefs de file" et théologiens non moins prétendus, dans le Tradiland et chez les modernes] : non pas moi toutefois, mais la grâce de Dieu qui est avec moi" (I Cor XV, 10).
           
        Puisque donc je me glorifie pour "LA PASSION DE L'ÉGLISE", j'en mets ici encore une fois le lien où je l'expose en profondeur, ex professo : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2.
           
        ... Amen, Alleluia, vive Dieu !
 
En la fête de saint Grégoire de Nazianze,
Ce 9 mai 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
               
 
GrégoireDeNazianze
Saint Grégoire de Nazianze (329-390)
 
 
 
 
09-05-2023 19:18:00
 

Faire enfin le point exact sur l'unicité pontificale aux temps ecclésiaux de Benoît et... de François

 
 
Faire enfin le point exact sur l'unicité pontificale
aux temps ecclésiaux de Benoît et... de François
               
               
        L'association "Terre et famille", de mouvance conservatrice, vient de faire, hier 27 février, l'envoi collectif par courriel, dont j'ai été l'un des destinataires, d'une vidéo exposant la thèse pontificale survivantiste du journaliste italien Andrea Cionci, sans un mot d'accompagnement. On trouvera cette vidéo au lien suivant : https://terre-et-famille.fr/dies-irae-rien-que-la-verite-sur-la-demission-de-benoit-xvi/.
               
        Bien qu'ayant déjà réfuté en règle la thèse survivantiste, qui s'avère n'être en fait qu'une sorte de sédévacantisme original mais illuministe, dans plusieurs articles fort charpentés et construits (cf. notamment : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/12-refutation-de-la-these-survivantiste & https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/encore-du-survivantisme-pontifical?Itemid=1), articles de fond que, bien entendu, ceux qui devraient les lire pour se convertir ne lisent pas parce qu'ils ont peur de... se convertir, j'ai cru devoir à nouveau, une fois visionné un peu par pénitence cette vidéo, rembarrer succinctement et à chaud les faux raisonnements qui y sont exposés, en les réduisant à rien par l'exposé simple de la vérité catholique qu'ils contredisent. Donc, j'ai envoyé un petit courriel de réponse hier à cette association "Terre et famille", ainsi rédigé :   
               
        "Bonjour,
               
        "La thèse exposée sur cette vidéo est radicalement fausse, quoique possédant un fond de vérité.
               
        "Elle est fausse pour deux raisons essentielles :
               
        "1/ Benoît XVI n'était pas du tout un traditionaliste au niveau de la Foi, mais seulement un conservateur parmi les modernistes. Il est donc en soi parfaitement faux de le voir comme un pape tradi défenseur de la Foi catholique intégrale et subissant le martyre pour cela, en fallacieuse opposition dialectique avec le pape François qui, lui, attaque la Foi, comme faisant parti des méchants. Vous le comprendrez en lisant mon dernier article : ‌https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Que%20le%20pape%20Beno%C3%AEt%20XVI,%20MALGR%C3%89%20%20TOUT,%20repose%20en%20paix%20dans%20le%20Christ?Itemid=1.
               
        "2/ Le cardinal Billot, sous Pie XI, l'avait fort bien dit, et il ne faisait là que résumer la Foi catholique la plus certaine en la matière : le criterium premier de la Légitimité pontificale, en avant de tous les autres, est LA RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LA QUALITÉ DE PONTIFE ROMAIN SUR TELLE PERSONNE. L'organe juridique pour poser cette dite reconnaissance est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des 2/3. Et il pose cet acte de reconnaissance dans la cérémonie solennelle d'intronisation du pape devant toute l’Église, qui suit généralement dans l'octave l'élection conclavique proprement dite du nouveau pape. Or, Bergoglio a dûment et légitimement bénéficié de cet acte de reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de pape, puisque tous les cardinaux l'ayant posé sur lui en 2013 étaient certainement vrais cardinaux, ayant tous été créés soit par Benoît XVI soit par ses légitimes prédécesseurs. DONC, Bergoglio est pape. Et donc, le raisonnement qui veut le voir comme un antipape est archi-faux, in radice.
               
        "Pour ces deux raisons, la thèse Cionci est théologiquement insoutenable, irrecevable, une seule de ces deux raisons, d'ailleurs, suffirait à la dirimer.
               
        "Cependant, il y a un grand fond de vrai dans cette thèse qui veut voir le pape Benoît comme «pape empêché». Je l'ai expliqué dans plusieurs autres de mes articles, par exemples : http://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=1‌,
               
        "Ou encore :
               
        "Je vous souhaite une bonne et fructueuse lecture de ces trois articles dont je vous mets les liens ci-dessus.
               
        "Passez une bonne fin de journée.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
        "https://www.eglise-la-crise.fr/".               
               
        Puis, le lendemain... c'est-à-dire aujourd'hui même, j'ai réfléchi que réfuter négativement la thèse Cionci n'est pas suffisant, quand bien même c'est nécessaire, il faut de plus expliquer positivement la situation théologique de ce pontificat double que nous ont montré Benoît et François entre 2013 et 2023. Or, ce qui n'est pas très-connu et certainement pas de Cionci, il y a un précédent historique entre deux papes du VIIème siècle, tous deux légitimes et fonctionnant un très-court laps de temps en même temps, qui permet d'exposer la situation théologique précise d'un pontificat fonctionnant en bi-double, à épeler au présent composé. Ce précédent historique permet au catholique de comprendre ce qui s'est passé de nos jours entre Benoît et François, sur le plan de la Légitimité pontificale. Je n'ai pas pensé à le dire hier dans mon courriel, j'ai donc renvoyé un nouveau petit courriel aujourd'hui même à cette association "Terre et Famille", ainsi rédigé :               
               
        "Bonjour,
               
        "J'ai omis, hier, en vous écrivant sur la thèse Cionci, de vous apporter une importante précision, que voici : il y a un précédent historique dans l'Histoire des papes, où l'on a vu deux papes parfaitement légitimes en même temps dans l’Église, et la solution apportée à cette situation par nos Pères dans la Foi nous permet de solutionner aussi notre situation, celle de Benoît et de François. Mais d'abord, voici l'épisode historique :
               
        "«Au mois d'octobre 649, Martin 1er convoqua le célèbre concile du Latran où l'hérésie monothélite fut condamnée. Quatre ans plus tard, le pape fut arrêté [par l'empereur d'Orient, qui favorisait l'hérésie], le 17 juin 653, qui le fit conduire à Constantinople après un an de captivité dans l'île de Naxos. L'enlèvement du pape avait eu lieu dans la basilique constantinienne attenante au Palais du Latran. La soldatesque envahit le saint-lieu, brisant tout sur son passage. Le pontife, malade, fut invectivé par l'exarque, qui lui reprocha de s'être emparé illégalement de ses fonctions et de n'être pas digne d'occuper le Siège apostolique. Condamné à la déposition et à l'exil, Martin fut embarqué le 26 mars 655 pour la Chersonèse où il mourut le 16 septembre suivant, exténué par les privations. Les insultes s'étaient ajoutées aux souffrances. (...) Il fut honoré comme un martyr et sa dépouille mortelle fut ramenée plus tard à Rome où elle repose dans l'église de saint-Martin-des-Monts. À l'automne de 654, saint Martin avait écrit de Constantinople que son exil ne justifiait pas l'élection d'un successeur et que l'archidiacre, l'archiprêtre et le primicier, ou chef des notaires apostoliques, devaient être tenus pour ses représentants pendant son absence [ces dignitaires ecclésiastiques étaient les ancêtres des cardinaux les plus importants, chefs d'ordre]. Aussi, les romains, qui ne voulaient pas qu'on leur imposât un pape monothélite, avait-ils attendu jusqu'au 10 août 655 [donc : avant la mort du pape Martin 1er] pour faire élire [pape] et consacrer le saint clerc Eugène 1er. Martin ne protesta point, se contentant de prier pour que le nouveau Pontife fût préservé de toute hérésie. Tant que vécut Martin, Eugène ne pouvait être tenu pour le Pape légitime, mais à sa mort, il lui succéda sans difficulté. Il se montra aussi ferme que ses prédécesseurs, repoussant toute concession aux professions de foi byzantine favorisant l'hérésie monothélite, etc.» (Histoire des papes illustrée, Gaston Castella, t. I, p. 123).
               
        "Il est facile de voir l'impressionnant parallèle avec notre situation pontificale Benoît-François. Le saint pape Martin fut mis par les méchants dans l'impossibilité d'exercer le ministerium (= "faire le pape", comme dit le chroniqueur de la vidéo que vous avez envoyée hier à vos correspondants), quoique restant le pape véritable de l'Église en possession du munus (= "être le pape", redit-il dans sa vidéo). Exactement comme Benoît fut mis lui aussi dans l'impossibilité d'exercer son ministerium, tout en gardant le munus. Cependant, pour remplacer les deux papes «empêchés», afin de permettre au ministerium pontifical d'être toujours mis en œuvre et en activité dans l'Église, ceux qui ont pouvoir et mandat divins de le faire ont alors élu deux nouveaux papes, et, ce faisant, ils n'ont pu le faire qu'en leur communiquant obligatoirement, de droit divin, le munus (car il est rigoureusement strictement impossible, théologiquement, de mettre en oeuvre le ministerium si l'on n'est pas en possession du munus) : Eugène pour remplacer Martin, et François pour remplacer Benoît. Or, notez bien que «Martin ne protesta point» contre l'élection pontificale d'Eugène... de même que Benoît n'a pas protesté, et il ne l'a jamais fait, contre l'élection pontificale de François. Martin se contenta et se cantonna juste à un devoir de prière pour celui qui le remplaça dans le ministerium... et, là encore, ce fut très-exactement la même fort édifiante attitude qu'adopta le pape Benoît envers François, beaucoup plus édifiante encore, d'ailleurs, de sa part, que chez le pape Martin (car Eugène qui remplaça Martin était dans le camp ami et du même parti catholique que Martin, tandis que François qui remplace Benoît est dans le camp ennemi qui persécuta Benoît).
               
        "Car, comme je vous le disais hier dans mon courriel, ce qui fait qu'un pape est vrai pape est, d'abord et en avant de toutes autres conditions, qu'il soit désigné par l'Église Universelle pour l'être, c'est la règle prochaine et le droit divin de la Légitimité pontificale. Or, Eugène est légitimement désigné par l'Église Universelle représentée par l'unanimité des grands-clercs romains de l'époque pour remplacer Martin... et François, de nos jours, est légitimement désigné exactement de même par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique représentant l'Église Universelle, pour remplacer Benoît. ILS FURENT DONC TOUS DEUX, EUGÈNE ET FRANÇOIS, DÈS QUE FUT POSÉ SUR EUX L'ACTE DE RECONNAISSANCE ECCLÉSIALE UNIVERSELLE DE LEUR QUALITÉ DE PAPE, TRÈS-CERTAINEMENT VRAIS PAPES, VERUS PAPA, C'EST-À-DIRE EN POSSESSION DU MUNUS. Quand bien même, très-anormalement et contradictoirement eu égard à la Constitution divine de l'Église, les papes «empêchés» qu'ils remplaçaient gardaient eux aussi la possession dudit munus. Mais puisque un seul pape peut être en possession actuelle du munus, les nouveaux papes Eugène et François, tant qu'ont vécu leurs prédécesseurs «empêchés» Martin ou Benoît, ne purent être tenus que comme papes virtuels. Ils ne furent vraiment pape que lorsque leurs prédécesseurs «empêchés» moururent : «À sa mort [de Martin], il [Eugène] lui succéda [comme vrai pape] SANS DIFFICULTÉ». Et de même pour notre situation à nous, François n'étant, comme Eugène, que pape virtuel tant que Benoît vécut, il lui succéda comme vrai pape sans difficulté lorsque Benoît mourut. Et tous les actes pontificaux posés par Eugène et François sous le mode d'un "munus passif" dû au fait que leurs prédécesseurs "empêchés" vivaient encore, prennent rétroactivement tous leurs effets, pleins et entiers, lorsque, à la mort de Martin et de Benoît, ils deviennent ipso-facto actifs. Par exemple, la création des cardinaux par François avant que Benoît ne meure, par un munus sous mode passif, devient effective et réelle sans autre forme de procédure, dès que Benoît meurt : ils sont dès lors vraiment cardinaux, par le seul fait que le munus de François, de passif, devient actif à la mort de Benoît.
               
        "Si donc, pour conclure d'une manière générale, il est possible de dire que François ne fut pas pleinement pape en 2013, n'étant alors que pape virtuel, il l'est désormais maintenant, depuis que Benoît est mort le 31 décembre 2022. Et il l'est ipso-facto, c'est-à-dire par le fait même de la mort de Benoît, sans qu'il soit besoin d'aucune autre procédure canonique ou théologique supplémentaire de légitimation de sa Charge pontificale, l'ayant reçue dûment dès son intronisation en 2013 ; Eugène succéda à Martin de la même manière, par le seul fait ipso-facto de la mort de Martin.
               
        "Il nous faut donc bien saisir ceci. En fait et en droit, Martin et Eugène ne furent qu'un seul pape, certes pendant un très-court laps de temps, seulement un bon mois, et il en fut de même de nos jours pour Benoît et François, pour un laps de temps cette fois-ci beaucoup plus long, neuf années. Benoît avait donc fort bien raison de dire sans cesse, pendant ces neuf longues années, très-intelligemment : «IL N'Y A QU'UN SEUL PAPE» sans JAMAIS préciser la personne humaine, de lui ou de François, endossant cette unicité pontificale. Et si on l'avait obligé à préciser, il aurait fallu qu'il nomme, et François, et lui-même, Benoît. Exactement de la même manière qu'aux temps de l'hérésie monothélite, il n'y avait qu'un seul pape, dans un laps de temps certes beaucoup plus court que les neuf longues années de Benoît et de François, seulement un mois bien tassé, du 10 août 655 au 16 septembre 655, et c'étaient à la fois Martin et Eugène...
               
        "Voilà. Fin de ma démonstration.
               
        "Je ne sais pas comment contacter Cionci, n'arrivant pas à trouver son e-mail même sur son blog (...?), mais il serait bon qu'il prenne connaissance de cette démonstration que je viens de faire, qui montre l'inanité complète de sa thèse et sa fort dangerosité pour la Foi (c'est en effet du sédévacantisme à la fois hérétique et schismatique, à vocation sectaire certaine), Foi catholique que nous devons entretenir en nous pure de tout illusionnisme sédévacantiste hérétique, de tout illuminisme schismatique Petite-Église, qui pourrait mettre gravement en péril notre salut si nous y accrochions notre âme.
               
        "Passez une excellente journée sous le regard de Dieu, en ce saint temps de Carême.
               
        "Vincent Morlier,                
        "Écrivain catholique.                
               
         Cette situation pontificale qui fonctionne un temps au présent composé est de toutes façons une situation tout-à-fait extra-ordinaire, qui ne peut avoir pour cause qu'une très-grande contradiction subie et vécue de force par l'Église. Prenons bien conscience que l'écartèlement qu'elle manifeste va presque à renverser la Constitution divine de l'Église fondée par le Christ. Et, quant à nous qui vivons la fin des temps, qui l'avons vu exister pendant neuf longues années interminables fort significatives, très-loin du seul mois où elle a existé fugitivement et comme en passant au VIIème siècle, elle ne peut vraiment se comprendre que par "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ainsi que je l'ai expliqué il me semble aux mieux dans l'article Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., qu'on pourra consulter au lien Internet rappelé ci-dessus.
               
        Je souhaite un très-bon temps pénitentiel de Carême à mes lecteurs.
 
 
En la fête de saint Romain, martyr,
ce 28 février 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
Basilica dei Santi Silvestro e Martino ai Monti
 Basilique mineure Saint-Martin-des-Monts (Rome)
où repose le saint pape martyr Martin 1er (v. 600-655)
 
 
 
 
 
 
28-02-2023 17:53:00
 

Que le pape Benoît XVI, MALGRÉ TOUT, repose en paix dans le Christ

 
 
 
 
 
Que le pape Benoît XVI,
MALGRÉ TOUT,
repose en paix dans le Christ
               
               
        ... Malgré tout ?, qu'est-ce à vouloir dire ? Malgré tout quoi ?
           
        Éh bien, premièrement, malgré la Foi pour le moins extrêmement mélangée de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, qui fut doctrinalement très-moderniste sous des dehors paradoxalement conservateurs, quand par ailleurs sa piété personnelle et son amour sincère envers Dieu sont restés cependant intacts et même édifiants, sans faille, durant toute sa vie jusqu'à sa mort, de manière certes si grandement contradictoire pour celui qui ne comprend pas "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qui ne comprend pas ce que vivent l'Église et les hommes d'aujourd'hui...
           
        Et puis, secondement, malgré la cérémonie de ses obsèques, que le pape François a visiblement volontairement bâclée et même saccagée le plus que cet énergumène de pape, pardon, a pu faire, d'une manière absolument honteuse, scandaleuse, et on peut même dire sacrilègement attentatoire à la dignité de l'église de Rome, mère universelle de toutes les églises. Benoît XVI avait vraiment de quoi s'en retourner dans son cercueil...
           
        Il me semble intéressant, pour le bon entretien de notre Foi en ce début d'année 2023 qui enregistre le rapide rappel à Dieu du pape crucifié (certains parlent de pape empêché, et la formule n'est pas du tout mauvaise si on sait ne pas lui donner une connotation sédévacantiste...), de mettre un peu l'accent sur ces deux points importants dans ce nouvel article, tout en tâchant de situer la place spirituelle de Joseph Ratzinger-Benoît XVI dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je l'ai certes déjà fait en profondeur dans plusieurs de mes articles (très-notamment dans celui-ci : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=1), mais il convient, dans l'occasion de son rappel à Dieu, de le refaire à nouveau.
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace  
Que Jésus, le Bon Pasteur, fasse miséricorde
à l'âme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI,
enfermée dans les ronces du modernisme !
  
           
        Quant au premièrement, il n'est que trop vrai que Joseph Ratzinger-Benoît XVI a eu en effet une Foi extrêmement moderniste sur le plan doctrinal.
           
        Et c'est hélas dès son jeune âge sacerdotal qu'on perçoit cette déviance gravissime dans son esprit. En juillet 1953, il a vingt-sept ans et est prêtre depuis deux ans, il devient docteur en théologie et prépare alors sa thèse d'habilitation afin de devenir professeur d'université. Or, dans son travail de thèse, "il développe l'idée que la Révélation est «un acte dans lequel Dieu se montre», mais cette Révélation ne peut se réduire aux propositions qui découlent des penseurs néo-scolastiques. En effet, pour Joseph Ratzinger, la Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»" (Benoît XVI, le choix de la Vérité, George Weigel, 2008, p. 233). Autrement dit, dans l'acte premier de la Révélation et non dans la phase seconde de sa réception, l'homme compte métaphysiquement autant que Dieu. Cette conception de la Révélation fut à juste titre vivement critiquée par son co-directeur de thèse, Michel Schmaus, comme étant moderniste. Joseph Ratzinger fut alors obligé de revoir son travail en y supprimant cette doctrine moderniste sur la Révélation, ce qu'il fit ; et cela lui permit d'obtenir son habilitation, qui lui fut accordée le 21 février 1957, il a à peine trente ans, puis il fut nommé maître de conférences à l'université de Munich. Mais il est trop évident qu'il ne s'est pas du tout converti de cette pensée moderniste sur la Révélation qu'il a formulée dans sa thèse d'habilitation et qu'on l'a obligé d'y retirer, la suite le démontrera très-rapidement, comme nous allons le voir tout-de-suite, notamment lorsque Joseph Ratzinger collaborera quelques courtes années plus tard, dans le cadre de Vatican II, avec un certain Karl Rahner (suivez mon regard) pour élaborer tous deux un schéma sur la Révélation qu'ils auraient bien voulu voir adopter par les Pères conciliaires...
           
        Or, cette pensée moderniste fondamentale sur la Révélation, "thème de prédilection du principal conseiller du cardinal [Frings] de Cologne, Joseph Ratzinger" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque), est à mon sens le péché originel qui va faire germer en rejetons d'icelui toutes les subséquentes déviances hétérodoxes de Joseph Ratzinger puis du pape Benoît XVI, qui seront trop nombreuses par la suite dans tous les domaines, œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., dont je vais éplucher quelques-unes plus loin dans mon travail, sans, hélas, aucunement prétendre à l'exhaustivité.
           
        Je vais rester un bon bout de temps sur cette pensée moderniste de fond de Joseph Ratzinger quant à la Révélation, car elle est en effet extrêmement grave et hétérodoxe, en voulant, dans un premier temps, mettre à rang d'égalité l'ontologie humaine avec l'Être Transcendant de Dieu, extrinsèque à l'homme, puis, en dernière étape obligée du processus métaphysique, en opérant carrément la supplantation luciférienne du Dieu Transcendant par l'homme, ce que ne voulaient sans doute pas tous ceux qui l'ont professée au départ sans prendre conscience de toutes ses ultimes implications (et sûrement pas Joseph Ratzinger), mais sans pouvoir empêcher que, par une dynamique obligée, elle n'aboutisse in fine jusqu'à cette supplantation métaphysique terminale luciférienne et antichristique du Dieu véritable par l'homme.
           
        Car bien développée dans toutes ses conséquences ultimes, cette pensée moderniste sur la Révélation est en effet pas moins que L'HÉRÉSIE DE L'ANTÉCHRIST. Lorsqu'il paraîtra en ce très-bas monde pour la punition des hommes, l'Antéchrist-personne ne fera rien d'autre que la mettre en œuvre radicalement sans y rien rajouter en terme de perversité doctrinale. On ne peut pas aller plus loin, en effet, dans la perversité hérétique, que cette pensée moderniste le fait. La raison métaphysique en est fort simple. Si je mets deux dieux à rang d'égalité et ensemble dans un même cosmos comme le veut Joseph Ratzinger pour la Révélation, alors, pour rester dieu, l'un va automatiquement et obligatoirement phagocyter l'autre. Car un dieu ne peut souffrir un autre dieu à côté de lui dans un même cosmos, sous peine de ne plus pouvoir être et s'appeler dieu. Certes, du côté de Dieu Transcendant, Trine, Lui n'anéantit pas le dieu-homme ou déité qu'Il a créé. Mais c'est parce qu'il est Amour substantiel (I Jn IV, 8). Et l'Amour substantiel, au contraire d'anéantir le dieu-homme, va le transformer, épanouir sa déité jusqu'à le rendre semblable à Lui, Dieu Amour Transcendant, l'assimiler à Lui, véritablement le convertir par inhabitation en sa propre Substance d'Amour super-essentielle, pour l'Éternité bienheureuse. Mais du côté du dieu-homme taré du péché originel, si on le met à rang d'égalité avec le Dieu Transcendant comme le fait le moderniste, alors, puisque lui n'est pas Amour substantiel, il va anéantir en lui le Dieu Transcendant, pas forcément d'ailleurs par haine, du moins au départ, mais juste pour rester dieu dans son cosmos. C'est précisément là la phase terminale de la pensée moderniste : phagocyter radicalement le Dieu Transcendant par et dans l'homme-dieu ou déité. Or, ce péché "qui perce la voûte des cieux" (Secret de La Salette), le plus grave qui puisse être commis par la créature de Dieu, est celui qui a été commis au tout début des temps par l'ange rebelle, Lucifer, et il sera commis à nouveau par l'Antéchrist-personne à la toute-fin des temps, dont le règne maudit s'annonce de nos jours à la terre de manière pressante et imminente, précisément, signe topique indéniable, par l'apostasie moderniste qui s'épanouit affreusement et universellement non seulement parmi les enfants des hommes mais parmi les plus grand'clercs de l'Église... jusqu'au pape légitime sur le Siège de Pierre, depuis Vatican II.
           
        Cette pensée de fond est en effet, sous différentes formes inchoatives plus ou moins abouties, le dénominateur commun de tous ces théologiens modernistes-progressistes, majoritairement allemands et français ou pays voisins, qui grouilleront ensemble dans la vie de l'Église pendant les années pré-conciliaires, et auxquels, d'instinct, s'affectionnera et s'acoquinera rapidement, avec une très-grande conviction et un très-grand enthousiasme, notre jeune théologien Joseph Ratzinger : les Henri de Lubac, qui sera un de ses maîtres à penser, les Hans Urs von Balthazar, les Hans Küng même, avec lequel il se séparera certes plus tard, mais non pas sur le fond, seulement sur les conséquences extrêmes professées par Küng entées sur leur hérésie de fond, qui, quant à elle, leur est et restera commune. Lorsque Vatican II s'ouvre, ils s'entendent effectivement tous admirablement bien comme cul et chemise dans leur projet fervemment souhaité, ardemment entretenu, de modernisation de l'Église, en témoigne par exemple "Yves Congar qui écrit dans son Journal du concile : «Heureusement, il y a Ratzinger. Il est raisonnable, modeste, désintéressé, d’une grande aide», ou encore Henri de Lubac, qui définit Ratzinger comme un «théologien aussi pacifique et bienveillant que compétent»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib). En 2013, le pape Benoît XVI, officiellement démissionnaire du Souverain pontificat, fort loin d'être dégrisé de ce compagnonnage illuministe de ses bouillonnantes années pré-conciliaires et conciliaires (il ne s'en dégrisera hélas jamais), se félicitera encore et toujours d'avoir, à Vatican II, "connu de grandes figures comme le Père de Lubac, Daniélou, Congar, etc." (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013 ; cf. http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma.html).
           
        Le plus puissamment illuminé de tous ces progressistes-modernistes et comme leur chef de file, est évidemment le trop célèbre Karl Rahner (1904-1984). C'est lui qui va désenvelopper la pensée moderniste dans ses caractères les plus radicaux et abominablement clairs, hérétiquement clairs, comme je vais le montrer tout-à-l'heure. Or, il n'est pas banal ni anodin que Rahner choisisse le théologien bavarois, Joseph Ratzinger, qui fut son élève et disciple, comme meilleur collaborateur de sa pensée moderniste pour l'infuser dans Vatican II. Quand le concile arriva, dans ses travaux, au décret sur la Révélation, qui deviendra Dei Verbum, nos deux penseurs modernistes qui avaient tous deux été nommés peritus, c'est-à-dire experts officiels du concile nommés et agréés par le pape, arriveront presque à faire passer la doctrine moderniste que Joseph Ratzinger avait formulée en 1957 comme on l'a vu, en préparant ensemble, tous les deux, un texte devant remplacer le défunt schéma De Fontibus présenté par le cardinal Ottaviani au nom de la Curie, basé sur la traditionnelle doctrine des deux sources de la Révélation, l'Écriture sainte et la Tradition, schéma qui avait été refusé par le cardinal Frings auquel s'étaient alliés les prélats progressistes franco-allemands pour faire bloc, et dont il faut noter soigneusement que ce refus ne pouvait qu'être le fruit des consultations que le cardinal allemand avait eues avec le théologien privé qu'il avait amené avec lui dans ses bagages à Rome pour le concile... Joseph Ratzinger.
           
        Remettons-nous devant les yeux ce qu'avait professé notre théologien moderniste en 1957, dans sa thèse pour son habilitation au professorat : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Autrement dit, pour nos modernistes, la personne humaine est métaphysiquement nécessaire à l'existence de la Révélation, ce qui, comme je le disais plus haut, est la mettre à rang d'égalité dans un même cosmos métaphysique avec le Dieu Transcendant. Ce qui signifie que, pour eux, la Tradition ne saurait être une des sources de la Révélation, puisque, définitionnellement, la Tradition n'a pas de personne vivante en face d'elle et ne peut métaphysiquement en avoir jamais ! Tradition, en effet, veut dire : "1/ Doctrine, pratique, transmise de siècle en siècle, originellement par la parole ou l'exemple. La tradition juive, chrétienne, islamique. 2/ Ensemble de notions relatives au passé, transmises de génération en génération. Tradition orale. 3/ Transmission du contenu de la vérité révélée à partir de l'Écriture, par les écrits des Pères de l'Église, les conciles, les écrits des docteurs de l'Église, la liturgie et les documents pontificaux, dans la fidélité à l'action du Saint-Esprit" (Larousse). La Tradition, on l'a compris, est exclusivement de l'ordre du passé. Or, puisque dans le passé il n'y a pas et ne saurait exister de personne humaine vivante, il n'y a donc pas de Révélation par la Tradition pour le moderniste, puisque, pour lui, la personne humaine vivante est théologiquement nécessaire pour que la Révélation puisse exister, Joseph Ratzinger nous l'a formellement dit dans son texte condamné de 1957.
           
        C'est bien pourquoi le moderniste rejette la doctrine traditionnelle de la Révélation basée sur ses deux sources, Écriture et Tradition. Pour lui, il n'y a plus que l'Écriture à compter pour acter la Révélation, à la condition expresse qu'elle soit faite à une personne vivante (car en fait, si on va au fond de son raisonnement, le seul criterium qui compte vraiment pour le moderniste qui a été jusqu'au bout de sa doctrine luciférienne, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation, c'est le sujet-réceptacle, l'homme vivant, qui la reçoit : la première condition métaphysique pour que la Révélation ait lieu, pour lui, est l'homme vivant, avant la condition métaphysique de Dieu, qu'il considère seconde...). Mais comme cette doctrine amputée de la Tradition et donc réduite à l'Écriture ressemble par trop à l'hérétique sola Scriptura des protestants, le moderniste va créer un pseudo-distinguo pour prétendument se démarquer de l'hérésie protestante qui, en réalité, est une absurdité, à savoir le concept de "tradition vivante", la formule n'étant en fait qu'un oxymore aussi absurde qu'un... jour nocturne (mais cela faisait écran de fumée pour les Pères traditionalistes en les rassurant, puisque le mot "tradition" était employé...).
           
        Mais laissons nos modernistes vider eux-mêmes leur sac sur la table : "Le schéma Rahner-Ratzinger affirmera que l’Église dépend de la Parole de Dieu. Les deux théologiens montreront comment l’Église «est gardienne de la Parole de Dieu révélée dans les Saintes Écritures, elle sert cette parole, elle vit de cette parole. En elle, elle trouve sa richesse». Mais le schéma prend aussi des distances par rapport à la formule protestante sola Scriptura puisque «jamais l’Écriture ne se suffit à elle-même, mais c’est seulement dans la Tradition vivante de l’Église qu’elle devient pour nous cette parole vivante de Dieu qui nous appelle de notre dépression à devenir un seul homme nouveau (Eph 2,15)». Il y a un caractère bilatéral qui unit l’Écriture et la Tradition : «L’Église ne peut prêcher autre chose que l’Écriture, mais l’Écriture ne vit que dans la prédication et dans la foi de l’Église, qui la clarifie et en définit le véritable sens par son autorité»" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
           
        Autrement dit, pour fonder et acter la Révélation, il n'y a plus que l'Écriture et ce que nos modernistes veulent appeler par absurde oxymore la "tradition vivante", qui en fait, dans leur concept, est juste le Magistère ecclésial du présent mais à l'exclusion radicale et formelle du Magistère ecclésial du passé. La doctrine moderniste le veut formellement puisqu'elle pose la personne humaine vivante comme nécessaire à la manifestation réelle de la Révélation et qu'il ne saurait y avoir de personne vivante dans le passé. En fait, il faut bien saisir que ce qui intéresse par-dessus tout le moderniste dans le Magistère ecclésial du présent, auquel il fait mine de se soumettre avec force déférence et profonds salamalecs, c'est beaucoup moins l'Autorité de l'Église actuelle, que l'homme vivant de la génération ecclésiale du présent auquel ce Magistère du présent s'adresse. En fait, l'homme vivant SEUL compte pour lui, Dieu, métaphysiquement, ne compte à tout le mieux qu'après (et il en est bien sûr de même pour sa Parole dans l'Écriture ou bien dans le Magistère ecclésial du présent), nous allons en voir tout-à-l'heure l'abominable raison, le pourquoi, avec Karl Rahner... Et il est si entiché de son homme vivant qu'il va jusqu'à tricher avec les textes sacrés ou les écrits des saints, pour le magnifier, le glorifier. On se rappelle le leitmotiv des modernistes au lendemain de Vatican II, ils ne cessaient de rabâcher que "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant", qu'ils disaient être tiré de saint Irénée de Lyon. Mais la vérité, c'est que ce grand docteur des tout premiers siècles chrétiens avait écrit : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant ; la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu" (Contra Haereses, IV, 20, 7). Il n'y a donc pas de vie de l'homme sans qu'il contemple Dieu, et donc c'est Dieu qui est en première cause métaphysique de l'homme vivant, comme le dit si bien le grand saint Irénée, exactement contrairement à ce que professe en luciférien le moderniste quand il professe quant à lui en rester à l'homme vivant seul...
           
        Et c'est cette doctrine moderniste que nos deux compères, Karl Rahner et Joseph Ratzinger, veulent, dans l'élaboration de leur schéma, faire passer aux Pères conciliaires pour qu'ils la promulguent comme document magistériel sur la Révélation. Cependant, ils n'y arriveront pas. En effet, "les critiques [de leur schéma] fusent, notamment de la part des traditionnalistes français, à l’encontre de Joseph Ratzinger et de son ami le théologien Karl Rahner" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Ou plus exactement dit, ils n'y arriveront... pas tout-à-fait, car le décret final qui fut voté par les Pères de Vatican II, Dei Verbum, est très-fortement incliné vers leur doctrine moderniste : "L’empreinte fortement rahnérienne du document [préparé par nos deux peritus modernistes] empêchera qu’il soit inséré comme base de la discussion conciliaire, même si plusieurs Pères conciliaires soutiennent le texte. Ainsi, ce document disparaîtra explicitement mais il travaillera implicitement les cœurs, comme en témoignent les actes du concile qui attestent combien ce document, ainsi que d’autres facteurs, a contribué à renverser la perspective, qui sera officiellement reconnue dans Dei Verbum" (Ratzinger au concile Vatican II, Robert Cheaib).
           
        Le positionnement moderniste de Joseph Ratzinger est d'ailleurs bien connu des spécialistes, quand bien même ils n'en tirent, par manque de Foi, aucune conséquence. On voit par exemple George Weigel écrire : "La thèse presque avortée de Ratzinger sur Bonaventure et la place de la Révélation de Dieu fut en grande partie reprises par le concile Vatican II, dans la constitution Dei Verbum, qui considère que la Révélation de Dieu n'est pas une simple affirmation de Dieu, mais doit être comprise comme une rencontre de Dieu avec l'homme" (Benoît XVI, le choix de la vérité, p. 346). Mais qu'ai-je besoin d'aller chercher des témoins du modernisme de Joseph Ratzinger, puisque l'intéressé lui-même, devenu pape Benoît XVI, y souscrit encore et toujours, sans aucun complexe ni retour sur lui-même, dans son dernier discours public aux prêtres romains, en 2013 : "C’est seulement si nous croyons que ce ne sont pas des paroles humaines, mais que ce sont des paroles de Dieu, et seulement si le sujet vivant auquel Dieu a parlé et parle vit, que nous pouvons bien interpréter la Sainte Écriture" (Discours de Benoît XVI au clergé de Rome, 14 février 2013).
           
        Pour ne pas faire trop long dans ce nouvel article, je ne ferai pas d'autres zooms sur l'influence moderniste avérée qu'a eue, à bien des carrefours très-importants du concile moderne, Joseph Ratzinger, en compagnie étroite et serrée avec les Rahner, de Lubac et autre Congar, estimant suffisant le petit rappel théologico-historique ciblé que je viens de faire.
           
        Il est trop vrai de dire que Joseph Ratzinger fut un ultra-progressiste, un fieffé moderniste, au concile Vatican II, auquel il se rendait d'ailleurs en costard-cravate (ce qui, du reste, ne lui allait pas du tout), quoique prêtre...
 
 
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        Je disais donc plus haut que Joseph Ratzinger avait pris comme maître à penser, Henri de Lubac. Or, ce jésuite progressiste professait "dès 1946, dans son livre Surnaturel, que l'ordre surnaturel est nécessairement impliqué dans l'ordre naturel. Il en résulte que le don de l'ordre surnaturel n'est pas gratuit puisqu'il est redevable à la nature. En fait, la nature, en raison même de son existence, s'identifie au surnaturel. Dès 1938, dans son livre Catholicisme, il n'hésitait d'ailleurs pas à écrire : «En révélant le Père, et en étant révélé par Lui, le Christ achève de révéler l'homme à lui-même [= c'est-à-dire : comme une surnature, un Dieu, un Christ, nous allons voir tout-à-l'heure Jean-Paul II le dire crûment et sans voile dans son Noël 1978, et Joseph Ratzinger souscrire lui aussi à cette pensée extrême]» (p. 295). (...) Cette conception du surnaturel nécessairement lié à la nature humaine, est aussi clairement proposée par Karl Rahner depuis les années 30" (Pierre, m'aimes-tu ?, abbé Daniel Le Roux, 1988, p. 53). Pour en rester à Henri de Lubac, il n'est pas besoin d'être grand'clerc en théologie pour comprendre la parfaite similitude de doctrine fondamentale entre ce qu'il professe et ce que professe Joseph Ratzinger : si la nature humaine est nécessaire à la Surnature pour que cette dernière puisse vraiment et concrètement exister hic et nunc, comme le professe de Lubac, alors il est évident que la Révélation a nécessairement besoin de l'homme auquel elle s'adresse pour pareillement vraiment et concrètement exister, comme le dira plus tard Joseph Ratzinger.
           
        Mais laissons l'abbé Le Roux continuer sur Rahner. Comme je le disais plus haut, nous allons apprendre de lui ce que les modernistes entendent par l'homme vivant et pourquoi il est le seul à vraiment exister métaphysiquement : "En fait, il dépasse même la pensée du Père de Lubac. Fortement influencé par Hegel, «Rahner se propose surtout d'éclaircir théologiquement les conditions de la possibilité d'une incarnation», de l'aveu même de son plus fidèle disciple, Hans Küng. (...) Dans son ouvrage Teologia dall'incarnazione, écrit en 1967, Rahner affirme tout d'abord que l'essence de Dieu est la même que la nôtre : «Quand le Logos se fait homme... cet homme en tant qu'homme est précisément l'auto-manifestation de Dieu dans son auto-expression. L'essence, en effet, est la même en nous et en Lui ; nous, nous l'appelons nature humaine». D'autre part, l'union hypostatique est un évènement qui a eu lieu «dans et par la conscience humaine. (...) Cette vision immédiate et effective de Dieu, n'est autre chose que la conscience initiale, non-objective, d'être le Fils de Dieu ; et cette conscience est donnée par le seul fait que celle-ci est l'union hypostatique» (Considerazioni dogmatiche sulla scienza et autocoscienza di Cristo, Rome 1967, p. 224). Rahner enseigne même que l'acte de Foi est inutile «parce que, écrit-il dans Teologia dall'incarnazione, p. 119, dans mon essence il y a Dieu ; parce que toutes les actions, c'est Dieu qui les fait. Celui qui accepte son existence, donc son humanité, celui-là, même sans le savoir, dit oui au Christ. Celui qui accepte complètement son être-homme a accepté le Fils de l'homme parce qu'en celui-ci Dieu a accepté l'homme»" (ibid., pp. 53-56). On ne saurait aller plus loin dans la perversion doctrinale que ne le fait le modernisme : c'est dans les dernières déductions métaphysiques qu'on se rend bien compte que le moderniste phagocyte, supprime le Dieu Transcendant en lui pour ne plus considérer que sa propre déité déifiée, surnaturellement veut-il croire, par sa nature d'homme-déité...
           
        Cette pensée moderniste exprimée jusque dans ses conséquences lucifériennes ultimes et extrêmes, je l'ai baptisée personnalisme subjectiviste lorsque je l'ai dénoncée chez Jean-Paul II, dans mon article sur sa canonisation (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf), car le prédécesseur de Benoît XVI sur le Siège de Pierre l'a moult enseignée magistériellement lorsqu'il fut pape, avec une ardeur d'apôtre incroyable, y revenant sans cesse et le plus souvent possible. C'est pourquoi d'ailleurs, dès qu'ils se découvriront l'un l'autre, Joseph Ratzinger et Karol Wojtyla s'entendront immédiatement formidablement bien et de plus en plus, dans les années post-conciliaires (Ratzinger évoquera "cette sympathie spontanée entre nous, et nous avons parlé (…) de ce que nous devrions faire, de la situation de l'Église" ― Weigel, p. 248), jusqu'à les voir mettre ensemble comme s'ils n'étaient qu'un seul auteur cette pensée moderniste qu'ils professaient dans l'encyclique Veritatis Splendor, rédigée à quatre mains au piano forte et même fortissimo, encyclique bougrement hégélienne que j'ai dénoncée ici : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/veritatis-splendor-l-encyclique-majeure-de-jean-paul-ii-extremement-loin-d-etre-catholique-enseigne-l-heresie-apostasie-de-l-antechrist?Itemid=1.
           
        Si je parle maintenant de Jean-Paul II, dont tout le monde, donc, sait la très-étroite collaboration et l'intime communion de pensée qu'il eut avec Joseph Ratzinger, c'est à dessein, car aucun moderniste ne manifestera la pensée moderniste dans son désenveloppement antichristique lapidaire et radical comme il osera le faire, professant carrément que l'homme a communication des idiomes ou identités théologiques avec Dieu, et donc est Dieu lui-même, ce qui est la dernière déduction métaphysique de la doctrine moderniste comme je l'ai établi plus haut, en totale communion avec Karl Rahner, un de ses principaux maîtres à penser. Il osera le faire dans son message de Noël 1978, ... le jour de Noël !!, son premier Noël pontifical, ainsi :
           
        "Ce message [de Noël] s’adresse à chaque homme, à l’homme dans son humanité. Noël est la fête de l’homme. C'EST LA NAISSANCE DE L'HOMME. L’un des milliards d’hommes qui sont nés, qui naissent et qui naîtront sur la terre. Un homme, un élément de cette immense statistique [... évidemment, si tout homme est le Christ depuis l'Incarnation, alors, la naissance de Jésus-Christ est la naissance de tout homme, Il n'est Lui-même qu'un homme parmi les milliards d'autres !!!...]. (...) Et en même temps un être unique, absolument singulier. Si nous célébrons aujourd’hui de manière aussi solennelle la naissance de Jésus, nous le faisons pour rendre témoignage au fait que chaque homme est unique, absolument singulier. (...) Ce message [de la Noël] est adressé à chaque homme, précisément en tant qu’il est homme, à son humanité. C’est en effet l’humanité qui se trouve élevée dans la naissance terrestre de Dieu. L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME. (...) Dans la solennité de ce jour, nous nous élevons aussi vers le mystère insondable de cette naissance divine. En même temps, la naissance de Jésus à Bethléem témoigne que Dieu a exprimé cette Parole éternelle, son Fils unique, dans le temps, dans l’Histoire. De cette «expression», il a fait et il continue à faire la structure de l’histoire de l’homme".
           
        Ce que j'ai mis en rouge, qui est du Karl Rahner craché et théologiquement achevé, et qu'à ma connaissance aucun tradi n'a remarqué en son temps, ce désenveloppement radical et complet, sans voile, de la pensée moderniste que Joseph Ratzinger exprimera à sa façon en 1957 en parlant de la Révélation (mais en allant moins loin, cependant, que Karol Wojtyla dans ce Noël 1978), est tellement é-nhaur-me que cela passe dans les cœurs chrétiens habitués à un langage de Foi véritable de la part du pape, sans que personne ne se rende compte de la prodigieuse hérésie-apostasie ici FORMELLEMENT affirmée par le pape Jean-Paul II sans qu'il soit possible de lui donner le moindre sens orthodoxe, chacun rectifiant inconsciemment cette langue antéchristique radicale pour la méditer quant à soi dans l'orthodoxie.
           
        Mais il s'en faut que la langue de Jean-Paul II soit orthodoxe, nous sommes vraiment ici en présence de la "voix de dragon" dénoncée par saint Jean dans l'Agneau de la fin des temps c'est-à-dire dans le dernier pape légitime (Apoc XIII, 11), quand il est en train de dire sans ambigüité aucune, au contraire en toute proposition hérétique formelle, que, par l'Incarnation, le Verbe divin s'est uni à la nature humaine en tant que telle, c'est-à-dire à TOUT homme qui a existé depuis que le monde est monde, avant le Christ, au temps du Christ, et qui existera après Son passage terrestre il y a 2 000 ans, vous, moi, ceux qui naîtront et mourront après nous !! Car bien sûr, sa proposition est totalement hérétique : non pas toutes les humanités de la nature humaine, mais SEULE l'Humanité singulière, au singulier, qui a été ineffablement donnée par Dieu à l'homme Jésus à la Noël au moyen du canal immaculé de la très-sainte Vierge Marie, son humanité particulière que les théologiens appellent à juste titre la Sainte-Humanité de Jésus-Christ, participe théandriquement à la Divinité du Verbe dans sa Personne unique ! Et strictement aucune autre humanité n'a communication théandrique avec le Verbe divin !! Or ici, Jean-Paul II affirme au contraire, en prenant une formulation théologique bien connue des théologiens, que tous et chacun des hommes, à l'égal de l'homme Jésus, participent théandriquement, par la communication des idiomes, à la Divinité du Dieu Transcendant. Il n'en fallait pas tant, il s'en faut extrêmement, pour que l'Inquisition sévisse, au Moyen-Âge, les impénitents finissant sur le bûcher...
           
        Dans ce premier message de Noël 1978, Jean-Paul II ose donc dire carrément que c'est TOUTE humanité existante qui se trouve unie de soi au Verbe divin, de par le fait même de l'Incarnation et de la Noël, et qui, par-là même, est Dieu-Verbe elle-même. Ce qui signifie donc, sans ambiguïté aucune, en toute clarté théologique... et formidablement antéchristique-hérétique !!, je le répète, que l'homme, tout homme vivant actuel, a communication métaphysiquement immédiate avec le Verbe divin, c'est-à-dire est... Dieu-Christ lui-même !!! Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, notons-le avec soin, le texte pontifical écrit, dans la proposition théologique de Jean-Paul II que j'ai soulignée en rouge : la «nature» humaine AVEC DES GUILLEMETS (j'ai été vérifier le texte sur le site officiel du Vatican : les guillemets modernistes-antéchristiques y sont bel et bien, qu'on en juge sur pièce : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_19781225_urbi.html). Parce que, comme le disait Karl Rahner, la nature humaine est une autre manière d'appellation, juste un surnom, de la Nature divine... qui est la seule existante. En fait, il faut lire SURNATURE DIVINE quand on lit NATURE HUMAINE !!!
           
        Et c'est justement bien cette illumination antéchristique radicale, qui est la finalisation terminale de la pensée moderniste, que le pape Jean-Paul II veut communiquer, ... et avec quel enthousiasme !, ... quelle ardeur de prosélyte !, au monde entier, quand il finit son abominable Homélie de Noël 1978 : "Je m’adresse donc à toutes les communautés dans leur diversité. Aux peuples, aux nations, aux régimes, aux systèmes politiques, économiques, sociaux et culturels [dans son exaltation, excitation hérétique, qui confine à la folie, Jean-Paul II va jusqu'à vouloir enseigner son hérésie à des... idéologies ou des systèmes abstraits qui n'ont pas d'âmes et qui donc ne peuvent pas recevoir un enseignement !, ... mais pourquoi donc ne s'adresse-t-il pas aussi aux petits chiens sur les trottoirs ?!], et je leur dis : — Acceptez la grande vérité [!] sur l’homme ! — Acceptez la vérité entière [!] sur l’homme qui a été dite dans la nuit de Noël. — Acceptez cette dimension de l’homme [!], qui s’est ouverte à tous les hommes [!!] en cette sainte nuit ! — Acceptez le mystère dans lequel vit tout homme [!], depuis que le Christ est né ! — Respectez ce mystère ! — Permettez à ce mystère d’agir [!] en tout homme ! — Permettez-lui de se développer [!] dans les conditions extérieures de son être terrestre. Dans ce mystère se trouve la force de l’humanité [!]. La force qui irradie sur tout ce qui est humain [!!]".
           
        L'Antéchrist-personne n'aura pas un autre prêche. Nous sommes là dans la phase terminale du modernisme qui, si je puis dire vertement, sex-appeal de toutes ses forces l'avènement de l'homme d'iniquité... qui finira bien par venir, la Providence de Dieu laissant faire pour punir les hommes, mais encore pour que l'Écriture s'accomplisse.
           
        À ma connaissance, la pensée moderniste n'a pas connu une expression plus radicale ni plus formelle, allant lapidairement plus au fond de son essence antichristique, que dans ce Noël 1978 de Jean-Paul II, et c'est pourquoi je m'y suis un peu attardé.
           
        Or hélas, on ne peut que prendre acte que ce pire du pire de la pensée moderniste abominablement explicitée par Jean-Paul II est absolument partagé par Joseph Ratzinger. En mai 2005, juste après son élection au Siège de Pierre, les dominicains traditionalistes d'Avrillé ont fait paraître une brochure dans laquelle, reprenant un livre du cardinal Ratzinger, ils écrivent : "Que dire, quand nous sommes contraints de constater que le Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi professe dans ses livres de théologie, que, en Jésus, ce n'est pas Dieu qui s'est fait homme, mais qu'un homme est devenu Dieu ? Qui est, en fait, Jésus-Christ pour Ratzinger ? C'est «cet homme dans lequel se manifeste la réalité définitive de l'être de l'homme et qui, en cela même, est simultanément Dieu» (La Foi chrétienne, hier et aujourd'hui, 2005, p. 126). Que signifie cela, sinon que l'homme, dans sa «réalité définitive» est Dieu, et que le Christ est un homme, lequel est, ou mieux, est devenu Dieu, par le seul fait qu'en Lui est venue à la Lumière, «la réalité définitive de l'être de l'homme» ?" (Qui est le pape Benoît XVI ?, p. 14). Il n'est pas besoin de souligner l'absolue identité de doctrine entre la formule wojtylienne et celle ratzingérienne...
           
        Tout cela est du rahnérisme poussé jusqu'au dernier wagon tamponne-cul dans le pire extrémisme moderniste, pur jus pur fruit d'enfer. L'homme, puisqu'il est Christ-Dieu, devient une norme auto-suffisante, auto-rédemptrice, qui se justifie par immanence vitale, et donc prétend métaphysiquement se sauver par lui-même, avec lui-même et en lui-même, per ipsum et cum ipso et in ipso, dans une pseudo-liturgie à l'envers, anthropocentrique.
           
        On est bien obligé d'en conclure que Rahner, Wojtyla, Ratzinger, c'est un même substantiel combat...
           
        Pour résumer ce chapitre. C'est donc dans tout ce courant moderniste ultra, que se meut avec grand enthousiasme et passion, comme poisson frétillant dans l'eau, Joseph Ratzinger, avant de devenir pape en 2005, duquel courant on ne peut hélas, affligé pour lui, que constater qu'il ne voudra jamais sortir et ne sortira jamais (dans son dernier refuge terrestre, ne couvait-il pas encore dans sa bibliothèque toute l'oeuvre de Romano Guardini, un moderniste notoire en matière liturgique... ― Mgr Viganò a été plus lucide et courageux : il a humblement compris l'hétérodoxie moderniste viscérale de Vatican II et l'a rejetée ; loin de dire comme Benoît XVI voulant s'imaginer le plus faussement du monde que tout le mauvais du post-concile est hors-concile -"Tout le concile, mais rien que le concile" soutiendra-t-il à tort-, Mgr Viganò tranchera dans la Foi en disant de Vatican II : "Ce qu’il faut faire une fois pour toutes, c’est de le laisser tomber «en bloc» et de l’oublier"... ce qui par ailleurs est théologiquement totalement impossible, et je dénonçais cette "solution" que Mgr Viganò voulait donner à "la crise de l'Église" dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1).
 
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        Mais voyons maintenant les applications que Joseph Ratzinger va faire de la pensée moderniste qu'il professe, dans les domaines œcuménique, biblique, liturgique, dogmatique, ecclésiologique, etc., comme j'annonçais de le faire plus haut. Elles vont toutes dériver de son péché originel moderniste sur la Révélation, comme je le disais en commençant ces lignes.
           
        Commençons par son œcuménisme hérétique avec les juifs actuels qui ne croient pas que Jésus-Christ est le Messie attendu des siècles vétérotestamentaires, à la fois Dieu et homme, pour sauver l'humanité. Dans ce domaine, au reste, il est bon de remarquer que Benoît XVI ne fera rien d'autre que suivre son prédécesseur sur le Siège de Pierre, Jean-Paul II, qui lui-même suivait l'enseignement hérétique de Vatican II dans Nostra Aetate, sur les juifs. Tout d'abord, rappelons que l’Église catholique enseigne infailliblement que l’Ancienne Alliance a cessé avec la venue du Christ, et a été remplacée par la Nouvelle Alliance. Voilà pourquoi le concile de Florence a édicté que ceux qui pratiquent l’Ancienne Loi et la religion juive pèchent mortellement, sont "étrangers à la foi du Christ et qu'ils ne peuvent pas du tout avoir part au salut éternel, sauf si un jour ils reviennent de ces erreurs" (Denzinger, Enchiridion Symbolorum, Symboles et définitions de la foi catholique, n° 1348). Car, comme dit saint Jean : "Qui est menteur, sinon celui qui nie que Jésus est le Christ ?" (I Jn II, 22).
           
        Or, voici ce qu'écrit Benoît XVI dans son livre-programme, une fois élu au Siège de Pierre : "La Lecture de l’Ancien Testament peut aussi éloigner du Christ : la direction vers lui n’est pas indiquée de manière univoque. Et si les juifs ne peuvent pas estimer qu’il s’accomplit en lui, il ne s’agit pas simplement d’une mauvaise volonté. C’est à cause de l’obscurité des paroles [!]... On peut donc, pour de bonnes raisons, refuser au Christ l’Ancien Testament et dire : non, ce n’est pas cela qu’il disait. Mais on peut, pour d’aussi bonnes raisons, le lui attribuer. C’est tout le débat entre les juifs et les chrétiens" (Voici quel est notre Dieu, Le Credo du nouveau pape, 2007, pp. 147-148). En d'autres termes, l'Ancien-Testament ne révèlerait pas formellement que Jésus est le Messie, Fils de Dieu et Fils de l'homme, et donc les juifs, en ne reconnaissant pas que Jésus est le Messie de Dieu seraient sans péché et toujours dans la voie du salut, quoique non-chrétienne.
           
        Voilà qui est absolument contredit par... Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même, lorsqu'Il reproche ainsi aux juifs de ne pas croire qu'Il est leur Messie : "Vous scrutez les Écritures [il s'agit évidemment de celles de l'Ancien-Testament, celles du Nouveau-Testament n'étant pas encore écrites], parce que vous pensez avoir en elles la vie éternelle ; ce sont elles aussi qui rendent témoignage de Moi. (...) Ne pensez pas que ce soit Moi qui vous accuserai devant le Père [de ne pas croire que Je suis le Messie] ; celui qui vous accuse, c'est Moïse, en qui vous espérez. Car, si vous croyiez à Moïse, vous croiriez aussi en Moi, puisque c'est de Moi qu'il a écrit" (Jn V, 39 & 45-46).
           
        La proposition de Benoît XVI, qui ose mensongèrement évoquer une soi-disant "obscurités des paroles" vétérotestamentaires, est donc condamnée de plein fouet par le Christ Lui-même. Mais ce qu'il formulait ainsi dans son premier livre de pontificat n'était rien d'autre que l'aboutissement de sa pensée moderniste sur le sujet. Voici en effet ce que Joseph Ratzinger, alors cardinal, écrivait en 1998 : "J'en suis venu à penser que le judaïsme et la foi chrétienne exposée dans le Nouveau Testament sont deux modes différents d'appropriation des textes sacrés d'Israël, tous deux ultimement déterminés par la façon d'appréhender le personnage de Jésus de Nazareth. L'Écriture que nous nommons aujourd'hui Ancien Testament est en soi ouverte sur ces deux voies" (Ma Vie, Souvenirs, 1998, pp. 63-64). Il récidivera deux ans plus tard, aggravant même considérablement son propos en l'élargissant à tous les non-croyants que le Christ est le Messie de Dieu : "Nous sommes d'accord qu'un Juif, et cela est vrai pour les croyants d'autres religions, n'a pas besoin de connaître ou reconnaître le Christ comme le Fils de Dieu pour être sauvé..." (Zenit, 5 septembre 2000), ce qui est en complète opposition avec ce que dit Jésus-Christ, lorsqu'Il envoie ses Apôtres pour l'évangélisation du monde : "Et Il leur dit : Allez dans le monde entier, et prêchez l'Évangile [dont le dogme principal est bien sûr la croyance en la messianité de Jésus-Christ] à toute créature. Celui qui croira et qui sera baptisé, sera sauvé; mais celui qui ne croira pas [en Moi] sera condamné" (Mc XVI, 15-16). Il nuancera peut-être un peu plus son propos, dans son premier livre pontifical : "Le «non» [des juifs] au Christ, d’un côté, met les Israélites dans une situation conflictuelle avec l’action de Dieu qui continue, mais nous savons aussi, d’un autre côté, qu’en même temps la fidélité de Dieu leur est assurée. Ils ne sont pas exclus du salut..." (ibid., p. 106). Le juif post-christique, quoique ne croyant pas au Christ, est cependant sans faute sur cela, il reste dans la voie du salut, selon la doctrine moderniste professée par Joseph Ratzinger-Benoît XVI...
           
        On ne saurait donc s'étonner, sur de telles hérétiques prolégomènes, que ce juif non-chrétien doit être considéré spirituellement comme notre frère et que nous devons donc cohabiter ensemble dans la voie du salut qui mène à Dieu, quoique nos voies soient messianiquement différentes. Benoît XVI ne manque pas d'œuvrer à ce devoir : "Depuis désormais deux décennies, la Conférence épiscopale italienne consacre cette Journée au judaïsme, dans le but de promouvoir la connaissance et l'estime mutuelles et pour accroître la relation d'amitié réciproque entre la communauté chrétienne et la communauté juive, une relation qui s'est développée de manière positive après le concile Vatican II et après la visite historique du Serviteur de Dieu Jean-Paul II à la Grande Synagogue de Rome... Je vous invite donc tous à adresser aujourd'hui une invocation insistante au Seigneur, afin que les juifs et les chrétiens se respectent, s'estiment..." (Semaine de prière pour l'unité des chrétiens, 17 janvier 2007, § 2).
           
        Mais nous qui avons percé le fond du tonneau de la perversion moderniste, nous comprenons bien pourquoi il raisonne ainsi. Reprenons la proposition moderniste de Joseph Ratzinger de 1957 quant à la Révélation, pour bien le saisir : "Toute Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»". Il s'ensuit de là que la Révélation du Christ-Messie au juif n'est pas faite puisque le juif ne la perçoit pas, ne la reçoit pas. Car en effet, comme je le disais plus haut, dans le processus métaphysique de la Révélation vu par le moderniste, ce n'est pas Dieu qui fait la Révélation qui compte en premier, c'est l'homme vivant à qui est adressée la Révélation qui vient en première condition métaphysique de la réalité de la Révélation, c'est lui son étalon-or, par son acte de conscientisation d'icelle ! Puisque donc l'homme vivant juif ne reçoit pas, ne perçoit pas la Révélation du Christ, elle ne lui est donc pas faite, "aucun voile n'est ôté", et donc il n'est pas en faute de ne pas y croire. C'est aussi simple et abominablement blasphématoire que cela (car cela ne tient aucun compte que Dieu Transcendant a, de son divin côté, bel et bien fait la Révélation du Christ-Messie Jésus au juif, comme à tout homme venant en ce monde). C'est pourquoi, pour le moderniste, nous ne devons donc pas considérer le juif post-christique dans une voie de damnation, nous devons même, comme le fait honteusement et scandaleusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI et tous les papes modernes depuis l'hérétique Nostra Aetate de Vatican II, tricher avec la Sainte-Écriture pour le déresponsabiliser de ne pas croire à la Révélation de Jésus-Christ... quand bien même c'est condamné par Jésus-Christ Lui-même, qui affirme qu'Il est le sujet messianique formel de l'Ancien-Testament en Jn V, 39 & 45-46, comme nous venons de le voir.
           
        Le même schème pervers antichristique sera appliqué par les modernistes pour tous les non-croyants, soit au Christ Jésus soit à l'Église catholique qui est "Jésus-Christ continué" (Bossuet), puisque le seul considérant métaphysique à prendre en compte, pour eux, est l'homme vivant, et non le Dieu Transcendant ou son Église.
           
        Voici par exemple le positionnement de notre moderniste Joseph Ratzinger-Benoît XVI avec les orthodoxes orientaux schismatiques.
           
        Il va les dédouaner de toute faute, ... car la révélation de la primauté juridictionnelle du Pontife romain sur l'orbe catholique toute entière ne leur est pas faite puisqu'ils ne la perçoivent pas !, ainsi : "Mais d’un autre côté, on ne peut absolument pas considérer la manière dont se présente la primauté [juridictionnelle pontificale] aux XIXe et XXe siècles comme étant la seule possible et qui s’imposerait à tous les chrétiens [donc aussi aux orientaux schismatiques]. Les gestes symboliques de Paul VI, jusqu’à son agenouillement devant le représentant du patriarche œcuménique [le schismatique Athénagoras], veulent justement exprimer cela..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 221).
           
        Or, voilà qui est contre la doctrine catholique en la matière, comme le rappellera le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "... Nous renouvelons la définition du concile œcuménique de Florence, qui impose aux fidèles de croire que le Saint-Siège apostolique et le pontife romain détiennent le primat sur tout l'univers [et Pie IX entend parler là d'un primat juridictionnel, et non pas seulement d'honneur ou de charité]... Telle est la doctrine de la vérité catholique, dont personne ne peut s'écarter sans danger pour la foi et le salut" (Denzinger, nn° 3059-3060), ce qui du reste n'était qu'un simple rappel de ce qu'avait enseigné infailliblement le pape Boniface VIII dans sa célèbre bulle Unam sanctam en plein Moyen-Âge (1302) : "...Nous déclarons, disons et définissons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain" (Denzinger, n° 875).
           
        Mais, pour le moderniste, il n'est pas et ne saurait jamais être question de contredire la non-révélation aux orientaux schismatiques de la primauté juridictionnelle du pape, ce serait attenter à l'homme vivant qu'est tout oriental schismatique, ce qui est pour lui le péché métaphysique suprême. Il faut même aller jusqu'à dire que la non-révélation de la primauté juridictionnelle du pape pour les orientaux schismatiques est plus sage de sagesse divine que la révélation de cette dite primauté, qui est de droit divin !!! Je n'exagère nullement, c'est ce qu'ose dire Joseph Ratzinger en 1982, lisons-le : "Et le Patriarche [schismatique] Athénagoras renforce la pensée d’une nouvelle nuance : «Contre toute attente humaine, se trouve parmi nous l’évêque de Rome, le premier en honneur parmi nous, celui qui préside dans la charité». Il est clair que le Patriarche [schismatique] ne quitte pas le terrain de l’Église orientale et ne se met pas à professer un primat occidental de juridiction. Mais il met clairement en évidence ce que l’Orient a à dire sur la situation réciproque des évêques de l’Église, égaux en rang et en droit, et il vaudrait bien la peine de se demander si cette confession archaïsante qui ne sait rien de la «primauté de juridiction» mais reconnaît la première place en «honneur et charité», ne pourrait pas être considérée comme une conception de la place de Rome dans l’Église, suffisante pour l’essentiel" (Les principes de la théologie catholique, pp. 243-244) !!!
           
        On croit rêver ou plutôt cauchemarder : Joseph Ratzinger ose soutenir, en moderniste qui va au bout du toub de son raisonnement pervers, que la pensée de l'homme vivant oriental schismatique manifeste plus la sagesse divine que la Parole du Christ "Tu es Pierre, et sur cette pierre je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18), c'est-à-dire toute mon Église, en ce compris bien sûr celle orientale ! Voilà qui contredit totalement la doctrine catholique en la matière, bien rappelée par le pape Pie IX au concile Vatican 1er : "Si donc quelqu'un dit que le pontife romain n'a qu'une charge d'inspection ou de direction et non un pouvoir plénier et souverain de juridiction sur toute l'Église, non seulement en ce qui touche à la foi et aux mœurs mais encore en ce qui touche à la discipline et au gouvernement de l'Église répandue dans le monde entier, ou qu'il n'a que la part la plus importante et non pas la plénitude totale de ce pouvoir suprême... qu'il soit anathème" (Denzinger, n° 3064).
           
        Cependant, pour oser soutenir que la formule du patriarche schismatique de vouloir considérer le pape de Rome comme seulement primus inter pares est "archaïsante", encore faut-il prouver la vérité de ce prétendu archaïsme, démontrer que la formule schismatique orientale est bien l'écho authentique de ce qui était cru sur le sujet dans l'antiquité des premiers âges chrétiens, c'est-à-dire avant l'an mille. Le moderniste Joseph Ratzinger ne va pas manquer de s'y atteler, contre la vérité ecclésiale historique indéniable bien connue même des élèves en théologie, qui savent fort bien, ne serait-ce que par le Contra Haereses du IIe siècle de saint Irénée de Lyon qui l'affirme sans ambigüité, que la primauté juridictionnelle de Pierre et de ses successeurs romains est professée par toute l'antiquité chrétienne dès les tout premiers siècles chrétiens. Mais le grand théologien Ratzinger... ne le sait pas : "Rome ne doit pas exiger de l’Orient, au sujet de la doctrine de la Primauté, plus que ce qui a été formulé et vécu durant le premier millénaire. Lorsque le Patriarche Athénagoras, lors de la visite du Pape au Phanar, le 25 juillet 1967, désignait ce Pape comme le successeur de Pierre, le premier en honneur d’entre nous, celui qui préside à la charité, on retrouvait, dans la bouche de ce grand chef d’Église, le contenu essentiel des énoncés du premier millénaire au sujet de la primauté, et Rome ne doit pas exiger davantage" (Les principes de la théologie catholique, p. 222). On ne saurait mentir plus effrontément...! "Personne ne doute et tous les siècles savent, dira par exemple le pape Pie IX au concile Vatican 1er, que le saint et heureux Pierre, chef et tête des apôtres, a reçu les clés du Royaume de notre Seigneur Jésus Christ, sauveur et rédempteur du genre humain" (Denzinger, 3056-3057).
           
        Passons maintenant aux protestants. Comment Joseph Ratzinger leur applique-t-il sa potion magique moderniste ? De la manière la plus simple du monde, en leur disant qu'il ne faut pas que l'homme vivant protestant renie sa "propre histoire de foi". Pas question de leur prêcher un œcuménisme de retour, c'est-à-dire pour les protestants, de revenir dans le bercail de l'Église catholique. Écoutons-le proclamer son reniement de la Foi au nom de son modernisme, c'était aux JMJ de 2005 : "Et à présent, demandons-nous : que signifie rétablir l'unité de tous les chrétiens ?... cette unité ne signifie pas ce que l'on pourrait appeler un œcuménisme du retour : c’est-à-dire renier et refuser sa propre histoire de foi. Absolument pas !" (Rencontre œcuménique à l'Archevêché de Cologne, 19 août 2005, § 7). C'est carrément prendre le contre-pied du langage de la Foi, comme le soulignait le pape Pie XI en ces termes : "... Il n'est pas permis, en effet, de procurer la réunion des chrétiens autrement qu'en poussant au retour des dissidents à la seule véritable Église du Christ" (Mortalium Animos).
           
        Le 12 septembre 2006, Benoît XVI organise un service de vêpres œcuméniques où il réunit un maximum de chrétiens de diverses confessions, dans lequel il fait cette homélie : "Chers frères et sœurs dans le Christ ! Nous sommes réunis, chrétiens orthodoxes, catholiques et protestants (des amis juifs se trouvent également avec nous), nous sommes réunis pour chanter ensemble les Louanges vespérales de Dieu... Il s'agit d'une heure de gratitude pour le fait que nous puissions ainsi réciter ensemble les psaumes et que, en nous adressant au Seigneur, nous puissions croître également en même temps dans l'unité entre nous. (...) Notre koinonia [communion] est tout d'abord une communion avec le Père et avec son Fils Jésus Christ dans l'Esprit Saint ; elle est la communion avec Dieu Trine lui-même, rendue possible par le Seigneur à travers son incarnation et l'effusion de l'Esprit. Cette communion avec Dieu crée ensuite également la koinonia entre les hommes, comme participation à la foi des Apôtres..." (Célébration Œcuménique des vêpres dans la Cathédrale de Ratisbonne, 12 septembre 2006).
           
        Qu'il parle ou qu'il écrive, il n'a pas un autre langage à propos des protestants : "Le catholique ne mise pas sur la dissolution des confessions et sur la décomposition de la réalité ecclésiale qui se trouvent dans le monde protestant mais, tout à l’inverse, il espère un renforcement de la confession et de la réalité ecclésiale" (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 226). Logique avec son hérésie moderniste, Joseph Ratzinger professe que l'homme vivant protestant qui vit sa Foi dans la non-Révélation intégrale qui est celle catholique et elle seule, peut très-bien y trouver Dieu et se sauver par ladite non-Révélation... Ce qui compte en effet pour le moderniste, c'est ce que croit l'homme vivant, c'est l'auto-Foi, la Foi qu'il se donne à lui-même qui le sauve, car l'homme vivant est la seule réalité métaphysique qui existe, par-dessus le Dieu Transcendant. C'est pourquoi il n'est pas gêné de dire : "Entre temps, l’Église catholique n’est pas en droit d’absorber d’autres églises... Une unité basique d’églises, restant les églises qu’elles sont, bien que ne devenant qu’une seule église, doit remplacer l’idée de conversion..." (Cit. Catholic Family News, Father Ratzinger’s Denial of Extra Ecclesia Nulla Salus, juillet 2005, Postscript de l’Éditeur, p. 11). On ne saurait donc s'étonner de le voir bénir l'oeuvre de Taizé : "... Taizé apparaît comme le grand exemple d’une inspiration œcuménique... Il faudrait réaliser ailleurs, de façon analogue, une communauté de foi et de vie..." (Les principes de la théologie catholique, p. 341).
           
        Il s'agit, pour le moderniste, d'auto-justifier le chemin, la voie de l'homme vivant protestant, car cette voie, ce chemin, ne saurait qu'être une voie de salut puisque, comme le professe Karl Rahner, le principe surnaturel de Dieu s'incarne dans tout homme vivant, qui donc s'auto-sauve dans la voie qu'il se choisit... puisqu'il est Dieu et Christ à la fois, comme le dira en toute clarté des termes théologiques Jean-Paul II dans son abominable Noël 1978, et Ratzinger lui-même s'en fera l'écho, ainsi que nous l'avons vu. Le devoir du moderniste est donc de justifier à tout prix le chemin, quelqu'il soit, de tout homme vivant, ce que Joseph Ratzinger s'échine à faire avec tout non-croyant, jusqu'à l'abolition pure et simple du dogme catholique ou le mensonge historique, c'est-à-dire sans tenir aucun compte donc, du Dieu Transcendant, qui est ainsi véritablement phagocyté par l'homme vivant.
           
        Continuons à le regarder faire avec les protestants, après l'avoir vu faire avec les juifs et les orthodoxes schismatiques : "De même, une théologie qui s’appuie sur la notion de la «succession» [apostolique], telle que c’est le cas dans l’Église catholique et dans l’Église orthodoxe, ne nie pas forcément la présence salvifique du Seigneur dans la cène protestante [!!]" (Faire route avec Dieu, L’Église comme communion, 2003, p. 233). Et encore : "... La question pesante [!!] de la succession [apostolique] n’enlève au Christianisme protestant rien de sa dignité spirituelle ni de la force salvifique du Seigneur dans son milieu" (ibid., p. 235). Et, pour finir : "Au cours d’une histoire d’ores et déjà séculaire, le protestantisme est devenu une composante sérieuse de la foi chrétienne réalisée ; il a pu remplir une fonction positive dans l’expansion du message chrétien ; surtout, il a suscité, de diverses manières, chez l’individu non catholique, une disposition loyale et profonde à la foi, dont l’éloignement de la confession catholique n’a plus rien de commun avec la pertinacia qui caractérise l’hérétique comme tel. Le protestantisme contemporain est autre chose qu’une «hérésie» au sens traditionnel, c’est un phénomène dont l’exacte position théologique reste encore à découvrir" (Frères dans le Christ, 2005, pp. 108-109).
           
        ... Benoît XVI, pape conservateur ? Zut, c'est gênant, tout-de-même, ce qu'il dit et écrit, qui fait plutôt penser à un pape très-progressiste, au moins autant que François...!
           
        Le haut-clergé moderniste post-vaticandeux est si fou de sa folie totale d'auto-justifier toute voie, toute croyance de l'homme vivant quelqu'il soit, annihilant totalement dans son âme la réalité surnaturelle du Dieu Transcendant, qu'on va le voir aller jusqu'à prétendre justifier... la non-transsubstantiation dans certaines liturgies assyriennes schismatiques orientales, qui, excusez du peu, ne contiennent pas... de canon consécratoire, de récit d'Institution ! Or, en 2001, le Vatican permit aux catholiques d'assister à ces offices et d'y recevoir la communion, et vice-versa, permit aux assyriens schismatiques de recevoir la communion dans les offices catholique.
           
        Joseph Ratzinger, alors cardinal, approuva le fait, et le commenta dans un de ses livres de la manière suivante : "Ce cas a nécessité des études particulières parce que l’anaphora d’Addai et de Mari qui sont le plus souvent employées chez les Assyriens ne contient pas de récit d’institution. Cependant ces difficultés ont pu être résolues..." (Faire route avec Dieu, 2002, p. 217). Et l'on comprend hélas de quelle manière elles ont été résolues, ces difficultés, car notre moderniste explique dans un autre de ses livres que :"La validité de la liturgie dépend d’abord non pas de mots déterminés mais de la communauté de l’Église..." (Les principes de la théologie catholique, 1982, p. 421). Nous sommes là en plein dans les pires déductions hérétiques du modernisme, où la voie de l'homme vivant est tellement auto-déifiée qu'elle peut se permettre de se passer de Dieu Transcendant et de son Institution divine... Tout homme est roi et prêtre, et donc peut se fabriquer lui-même sa liturgie, comme je l'avais déjà noté et dénoncé chez Mgr Arthur Roche, l'actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin, dans un de mes précédents articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-1?Itemid=1).
           
        Mais, au moins, quant à la lecture de la bible, Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut qu'être un créationniste traditionnel ? Voilà qui serait bien étonnant, car le créationnisme laisse beaucoup trop de place au Dieu Transcendant pour le moderniste. Ne soyons donc pas surpris de voir le cardinal Ratzinger écrire que le récit biblique de la création s'appuie "pour une part sur les récits de création païens" (Un chant nouveau pour le Seigneur, la foi dans le Christ et la liturgie aujourd’hui, 1995, p. 101). Mais s'il en était vraiment ainsi, cela signifierait que le récit biblique génésiaque ne serait ni authentiquement originel ni surtout inspiré directement par Dieu comme vérité enseignée à tous les hommes, il ne serait au contraire que le fruit de la pensée humaine universelle... donc, pas forcément doté de l'infaillibilité... donc, l'évolutionnisme, autre pensée humaine, pourrait se mettre à rang d'égalité avec la pensée créationniste. Cela est radicalement opposé à la Foi catholique en la matière : "En effet, tous les livres entiers que l'Église a reçus comme sacrés et canoniques dans toutes leurs parties, ont été écrits sous la dictée de l'Esprit-Saint. (...) Telle est la croyance antique et constante de l'Église, définie solennellement par les Conciles de Florence et de Trente, confirmée enfin et plus expressément exposée dans le Concile du Vatican" (Providentissimus Deus, Léon XIII, 1893).
           
        Sa désacralisation moderniste du Livre de l'Exode est encore pire que pour le Livre de la Genèse. Après avoir cité Exode XXXI, 18 (= "Or, le Seigneur ayant achevé les discours de cette sorte sur la montagne de Sinaï, donna à Moïse les deux tables de pierre du témoignage, écrites du doigt de Dieu"), voici son commentaire profondément désacralisant et même impie où l'on voit Joseph Ratzinger appliquer en copier-coller son concept moderniste de 1957 sur la Révélation, quasi en parfaite décalcomanie : "Mais la question se pose : ces commandements ont-ils vraiment été transmis lors d’une apparition de Dieu à Moïse sur la montagne ? Sur des tables de pierre «écrites de la main de Dieu» comme il est dit ?... Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ? [!!] Il s’agit ici d’un homme [Moïse] touché par Dieu et qui, à cause de la relation d’amitié avec lui, a pu donner à la volonté de Dieu une forme nous permettant d’y percevoir la Parole de Dieu ; cette volonté de Dieu qui n’avait été exprimée jusque-là que fragmentairement et dans d’autres traditions. Que les tables de pierre aient réellement existé est une autre question... Dans quelle mesure cet épisode est à prendre à la lettre est une autre question" (Voici quel est notre Dieu, 2001, pp. 116-118).
           
        On est là en pleine application pratique de son concept moderniste de la Révélation formulée dans sa thèse d'habilitation de 1957, et que je rappelle encore une fois : "La Révélation a une dimension subjective ou personnelle parce qu'elle n'existe que s'il y a quelqu'un pour la recevoir : «là où il n'y a personne pour percevoir ‘une Révélation’, il ne s'est produit aucune Révélation, parce qu'aucun voile n'a été ôté»" (supra). La révélation des dix commandements de Dieu, selon Ratzinger, n'existe que parce que l'homme vivant Moïse a donné à la volonté de Dieu une forme ! Autrement dit : c'est l'homme qui a donné activement aux hommes la révélation des dix commandements, la volonté de Dieu, autrement, n'aurait pas pu faire cette révélation, restant métaphysiquement virtuelle et passive !! Joseph Ratzinger va même beaucoup plus loin, jusqu'au bout de la perversion moderniste : non seulement c'est par Moïse et non par Dieu que la Révélation des dix commandements est faite, mais en plus, comme elle est faite par un canal humain particulier, l'homme vivant Moïse, il ose mettre en doute que, passant par cedit canal, il s'agisse authentiquement de la Parole de Dieu (= "Mais dans quelle mesure ces commandements viennent-ils réellement de Dieu ?") !!! N'oublions pas que, pour le moderniste qui va jusqu'au bout de sa perversion, la croyance initiée par une Révélation à l'homme vivant lui est personnelle, elle n'est faite qu'à la personne qui la reçoit, perçoit ; ainsi donc, dans le cas des dix commandements, cette Révélation, en outrant à peine les choses vues par le moderniste, n'obligerait formellement, au sens le plus fort du verbe, que... le seul Moïse !
           
        Son attitude quant à l'Islam ne dépare pas le tableau d'ensemble, le contraire aurait étonné. Il s'agit toujours et encore de voir la manifestation de Dieu dans et par l'homme vivant, quelle que soit sa croyance. "Le croyant, et nous tous en tant que chrétiens et musulmans sommes croyants... [commence-t-il son allocution, puis de poursuivre :] Vous guidez les croyants de l'islam et vous les éduquez dans la foi musulmane... Vous avez donc une grande responsabilité dans la formation des nouvelles générations" (Rencontre avec les représentants de diverses communautés musulmanes à l'Archevêché de Cologne, 20 août 2005). "J'espère qu'en divers moments de ma visite (par exemple, lorsque j'ai souligné à Munich combien il est important de respecter ce qui est sacré pour les autres) est apparu clairement mon profond respect pour les grandes religions et, en particulier, pour les musulmans, qui «adorent le Dieu unique»..." (Audience, 20 septembre 2006). Ce qui est faux, les musulmans n'adorent qu'un Dieu Un non-Trine, donc métaphysiquement inexistentiel, et par conséquent n'adorent PAS DU TOUT le vrai Dieu Un qui est Trine, sinon rien.
           
        "... Je voudrais aujourd’hui redire toute l’estime et le profond respect que je porte aux croyants musulmans, rappelant les propos du concile Vatican II qui sont pour l’Église catholique la Magna Charta du dialogue islamo-chrétien : «L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, vivant et subsistant»... Au moment où pour les musulmans commence la démarche spirituelle du mois de Ramadan, je leur adresse à tous mes vœux cordiaux, souhaitant que le Tout-Puissant leur accorde une vie sereine et paisible. Que le Dieu de la paix vous comble de l’abondance de ses Bénédictions, ainsi que les communautés que vous représentez !" (Audience aux Ambassadeurs de vingt-et-un pays à majorité musulmane accrédités près le Saint-Siège et à quelques représentants des communautés musulmanes en Italie, 25 septembre 2006).
           
        Ici, le haut-pic du blasphème est atteint, comme je l'avais déjà souligné en gras et en rouge dans un de mes précédents articles : quant à sa relation avec les musulmans, la papauté moderne s'appuie sur le blasphème hérétique ou l'hérésie blasphématoire comme on veut, d'oser appeler dans Nostra Aetate le dieu islamique, Allah, un dieu... "vivant et subsistant". Or, bien sûr, le dieu Allah ne peut être "vivant et subsistant" puisqu'il n'est pas trinitaire, et que le seul Dieu à être "vivant et subsistant" est précisément le Dieu Trine, Père, Fils et Saint-Esprit (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=1) !
           
        Quant aux païens, que Jean-Paul II avait réuni dans ce qui fut le plus grand scandale ecclésial du XXe siècle, je veux parler de l'abominable cérémonie d'Assise en 1986, une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint à elle toute seule, Benoît XVI se garderait bien d'être en reste : "Nous célébrons cette année le XXe anniversaire de la Rencontre interreligieuse de Prière pour la Paix, voulue par mon vénéré prédécesseur, Jean-Paul II, le 27 octobre 1986, dans cette ville d'Assise. Comme on le sait, il invita à cette rencontre non seulement les chrétiens des diverses confessions, mais également des représentants des diverses religions. (...) Parmi les aspects caractéristiques de la Rencontre de 1986, il faut souligner que cette valeur de la prière dans l'édification de la paix fut témoignée par les représentants de diverses traditions religieuses, et cela eut lieu non pas à distance, mais dans le cadre d'une rencontre... Nous avons plus que jamais besoin de cette pédagogie... Je suis donc heureux que les initiatives en programme cette année à Assise aillent dans cette direction et que, en particulier, le Conseil pontifical pour le Dialogue interreligieux ait pensé à en tirer une application spécifique pour les jeunes... Je saisis volontiers l'occasion pour saluer les représentants des autres religions qui prennent part à l'une ou l'autre des commémorations d'Assise. Comme nous, chrétiens, eux aussi savent que c'est dans la prière qu'il est possible de faire une expérience particulière de Dieu et d'en tirer des encouragements efficaces dans le dévouement à la cause de la paix" (Message à l'évêque d'Assisi-Nocera à l'occasion du XXe anniversaire de la rencontre interreligieuse de prière pour la paix, 2 septembre 2006).
           
        ... Je rappellerai ici, un peu pour rire et se détendre les nerfs de la Foi, mis à très-rude épreuve par le déballage ratzingérien bougrement moderniste que dessus, la formule sophistique imbécile du cardinal Roger Etchegaray, ou plutôt Etch-égaré (qui fut lui aussi peritus au concile Vatican II, où Joseph Ratzinger se félicitait, dans son discours aux prêtres romains en 2013, de l'avoir rencontré : "Au Collège de l’Anima, où j’habitais, nous avons eu de nombreuses visites : le cardinal [Frings] était très connu, nous avons vu des cardinaux du monde entier. Je me rappelle bien la silhouette haute et svelte de Mgr Etchegaray, qui était secrétaire de la Conférence épiscopale française"...), formule par laquelle il prétendait justifier à l'époque la cérémonie d'Assise qu'il avait reçu de Jean-Paul II la charge d'organiser, contre les critiques tellement justifiées des tradis contre elle : "Nous sommes ensemble pour prier, et non pour prier ensemble".
           
        Sans doute le cardinal basque de Jean-Paul II sentait-il en lui-même quelque bonne raison quand il écrivit son livre intitulé J'avance comme un âne ! Car nous voilà-t-il pas là, effectivement, en pleine application pratique mais surtout absurde de la doctrine moderniste où l'homme vivant seul existe, quand le Dieu Transcendant est viré comme un malpropre. Si, catholiquement parlant, des hommes en effet sont ensemble dans un but de prière, ce ne peut et doit être uniquement que pour prier le Dieu Transcendant, le vrai Dieu catholique, Un et Trois ! Car l'objet premier de toute vraie prière, c'est le vrai Dieu Transcendant... et non l'homme qui prie ! Si donc nous ne sommes pas dans un même endroit pour "prier ensemble" le vrai Dieu, il est hors de question de se réunir "ensemble pour prier" ! Impossible, pour un catholique bien né qui se respecte et surtout qui respecte le vrai Dieu, d'accepter de prier en communion et pour un même but de prière avec à ses côtés l'adepte d'une secte qui priera quant à lui son faux dieu... qui en vérité est un démon, comme le révèle saint Paul ("Mais ce que les païens immolent, ils l'immolent aux démons, et non à Dieu. Or je ne veux pas que vous soyez en société avec les démons. Vous ne pouvez pas boire le calice du Seigneur, et le calice des démons ― I Cor X, 20) ! À moins de supposer, comme l'apostat moderniste le professe, que Dieu N'EXISTE PAS, n'y ayant que l'homme qui se réunit avec son semblable À EXISTER !! Et c'est bien là, précisément, la profession de "foi" apostate radicale du moderniste, que la formule du cardinal Etch-égaré exprime, comme je l'ai déjà exposé en commençant ces lignes : l'homme vivant SEUL existe, parce que l'aboutissement métaphysique obligé de la doctrine moderniste est la supplantation luciférienne de Dieu Transcendant par l'homme... C'est pourquoi il suffit métaphysiquement à l'homme moderniste d'être "ensemble pour prier", car l'homme vivant seul existe avec son semblable, et il n'a que faire de "prier ensemble" qui, ... ô sainte horreur !, n'a plus d'objet pour lui, car, de la manière la plus radicalement apostate qui se puisse concevoir, il a phagocyté le Dieu Transcendant dans son âme lucifériennement pervertie.
           
        Mais le moderniste ne peut pas comprendre ce que je viens d'écrire. Laissons Joseph Ratzinger-Benoît XVI nous exprimer cette incompréhension apostate qui est la sienne, tirée de son modernisme : "Mais il y avait aussi des chrétiens violents et fanatiques, qui ont détruit les temples, ne considérant le paganisme que comme idolâtrie, qu’il fallait éliminer de manière radicale" (Voici quel est notre Dieu, p. 263). Mais oui, cher Joseph Ratzinger-Benoît XVI, mais oui, figurez-vous que c'est même représenté sur les vitraux de nos églises catholiques, et non comme un témoignage de honte comme vous osez le dire en calomniant nos pères dans la Foi du haut de votre modernisme apostat mais comme un témoignage de gloire ! Voyez plutôt :
 
 
 Vitrail Quimper
Détail d'un vitrail de la Cathédrale Saint-Corentin
(Quimper, Petite-Bretagne, France)
           
        Mais le modernisme de Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne peut décidément pas comprendre cela. "Nous ne manquons pas de respect à l'égard des autres religions et cultures, nous n'offensons pas le profond respect pour leur foi..." (Homélies, Messe sur l’esplanade de la Neue Messe, Munich, 10 septembre 2006). Notons bien qu'il ne s'agit pas de respecter l'adepte d'une fausse croyance, mais la fausse croyance elle-même, car "... la liberté religieuse est une expression fondamentale de la liberté humaine et la présence active des religions dans la société est un facteur de progrès et d’enrichissement pour tous" (Rencontre avec le Corps Diplomatique accrédité auprès la République de Turquie, 28 novembre 2006). Comme on le voit sans peine, ou plutôt avec beaucoup de peine, la déclaration du pape François à Abu d'Ahbi n'est pas nouvelle, et les conservateurs se couvrent de ridicule, comme je l'ai déjà dit dans mon article À la foire aux fous (au pluriel) !!! (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/a-la-foire-aux-fous-au-pluriel-1?Itemid=1), en voulant voir une opposition doctrinale fondamentale entre, d'une part, les papes Jean-Paul II et Benoît XVI qui prétendument auraient été les glorieux gardiens de la Foi traditionnelle, et, d'autre part, le pape François qui la saccage en progressiste virulent ! En vérité, il n'y en a aucune, d'opposition entre eux, il y a tout au contraire une très-grande continuité entre tous ces papes post-conciliaires, le dernier en place sur le Siège de Pierre rajoutant juste un "supplément d'âme" moderniste dans l'Église plus les temps avancent, ce qui finira par faire venir l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, selon l'oracle salettin lapidaire : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist".
           
        Mais tout ce modernisme impie est déjà condamné par la Foi catholique, comme le rappelait fort bien le pape Pie X : "Ce que Nous voulons observer ici, c'est que la doctrine de l'expérience [religieuse], jointe à l'autre du symbolisme, consacre comme vraie toute religion, sans en excepter la religion païenne. Est-ce qu'on ne rencontre pas dans toutes les religions, des expériences de ce genre ? Beaucoup le disent. Or, de quel droit les modernistes dénieraient-ils la vérité aux expériences religieuses qui se font, par exemple, dans la religion mahométane ? Et en vertu de quel principe attribueraient-ils aux seuls catholiques le monopole des expériences vraies ? Ils s'en gardent bien : les uns d'une façon voilée, les autres ouvertement, ils tiennent pour vraies toutes les religions. C'est aussi bien une nécessité de leur système" (Pascendi Dominici Gregis, Pie X).
           
        On ne saurait mieux dire.
           
        ... Certains veulent mettre en avant l'objection que Joseph Ratzinger-Benoît XVI est très-conservateur, voire même traditionaliste dans certaines options de Foi. D'une certaine manière, c'est assez vrai, on pourrait même dire qu'il est le plus conservateur... mais parmi les modernistes, mais parmi les progressistes. Tout le monde a en tête, bien sûr, le haut-pic de son conservatisme, qui fut très-apprécié des tradis, lorsqu'il libéralisa, ... pardon pour l'emploi antinomique de ce verbe !, la messe selon l'ancien rite pour toute l'Église dans Summorum Pontificum : ni Jean-Paul II, ni surtout François, ne l'ont fait et ne le feront jamais (au moment où j'écris ces lignes, j'apprends que François s'apprête au contraire à guillotiner le vetus ordo radicalement, paraît-il, Traditionis Custodes n'ayant pas frappé assez fort...).
           
        Ce côté conservateur est certes très-fort et inné d'ailleurs en Joseph Ratzinger, il se manifeste très tôt... dès la fin du concile moderne. Dès 1964-65, il commence à prendre ses distances avec certaines exagérations progressistes. "Ainsi, le 18 juin 1965, il fait une conférence sur le thème de «la fausse et la vraie rénovation dans l’Église». Il se demande devant ses étudiants de Münster «si les choses sous le régime de ceux qu’on nomme conservateurs, n’allaient pas mieux que sous l’empire du progressisme». Il appelle à une nouvelle simplicité et considère que le contraire du conservatisme selon le Concile n’est pas le progressisme mais l’esprit missionnaire, et que c’est là le vrai sens de l’ouverture au monde. (...) En 1966, nouvelles critiques dans ses cours magistraux : «l’Église a certes ouvert ses portes au monde, mais le monde n’a pas afflué dans cette maison grande ouverte, il la harcèle encore davantage» ― «Bien sûr j’étais pour un progrès», confie t-il à Peter Seewald [plus d'un demi-siècle plus tard], mais «à l’époque cela ne signifiait pas faire exploser la foi de l’Église, cela visait à mieux faire comprendre et vivre la foi des origines»" (Joseph Ratzinger dans la tourmente de Vatican II, Blandine Delplanque). Le problème, c'est que cette fameuse "foi des origines" était conçue par lui de façon moderniste...
           
        Et tout est à l'avenant, hélas, chez Joseph Ratzinger. Car si sa forme est souvent très-conservatrice, le fond de sa doctrine reste entièrement et même extrêmement moderniste, comme on vient d'en prendre acte dans ce chapitre sulfureux. Son conservatisme s'appuie sur le fondement moderniste, il ne s'appuie pas sur le fondement traditionnel de la Foi.
           
        En voici une illustration, à simple titre d'exemple. On le voit, en 1985, "critique[r] les théologiens [trop progressistes] qui exagèrent l'importance donnée aux autres religions non-catholiques en les présentant comme des voies ordinaires de salut au lieu de les présenter comme des voies extraordinaires (Entretiens sur la Foi, p. 247)" (Les hérésies de Benoît XVI, abbé Méramo, p. 2). Mais, en voulant que les religions non-chrétiennes puissent être seulement des voies extraordinaires de salut, Ratzinger reste doctrinalement, quant au fond, absolument aussi hérétique que les modernistes ultra : car les fausses religions non seulement ne sont pas des voies ordinaires de salut, mais elles ne sont pas plus des voies extraordinaires de salut. Dire donc, comme le fait Joseph Ratzinger, qu'elles le sont est se mettre autant dans le camp de l'hérésie, que le moderniste ultra qui professe qu'elles sont des voies ordinaires de salut : les deux positionnements sont basés sur la même hérésie, à savoir, nier que la Religion et l'Église catholiques soient la SEULE voie du salut, ordinaire... comme extraordinaire.
           
        Je terminerai ce point important du conservatisme de Joseph Ratzinger, qui remue surtout les âmes qui restent à la surface et à la superficie des choses, souvent par sentimentalisme et/ou mondanité, en évoquant les deux revues théologiques qui furent fondées dans la foulée de Vatican II : Concilium, dès la fin du concile, et Communio, un peu plus tard, en 1972. Il est bien connu que la première citée est progressiste ultra quand la seconde est progressiste modérée, défendant toujours le point de vue romain, elle fut d'ailleurs fondée essentiellement pour servir de frein à la première.
           
        Or, Joseph Ratzinger collabore au plus près voire est co-fondateur autant de l'une que de l'autre revue. "Le jeune théologien Joseph Ratzinger, après avoir lui aussi fait partie du comité de rédaction de Concilium (comme membre de la section de théologie dogmatique entre 1965 et 1972) et fait cause commune avec Congar, Rahner et Küng, rejoint également Communio non sans avoir signé avec plusieurs centaines de théologiens l'appel lancé en 1968 par Concilium réclamant la fin des entraves et des sanctions contre les théologiens réformateurs d'alors" (Wikipedia, à Concilium). De même, quant à Communio : "De nombreux théologiens, comme Joseph Ratzinger, Henri de Lubac et Walter Kasper, participent à la fondation de la revue" (Wikipedia, à Communio).
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace
           
        Voilà donc ce qu'est Joseph Ratzinger-Benoît XVI sur le plan doctrinal, je veux parler du for externe de son âme : un antichrist, compagnonnant avec tous ses compères de papes modernes aussi antichrists que lui, un véritable précurseur de l'Antéchrist-personne, lequel doit formellement clore tous les temps historiques en manifestant épiphaniquement à la face du monde entier et de l'Église l'affreux épanouissement du mysterium iniquitatis (non certes pas pour qu'il triomphe définitivement, comme voudraient bien le croire les impies, mais tout au contraire pour qu'il puisse être définitivement expurgé de cette terre, par le déluge de feu et l'exorcisme universel foudroyant que constituera le Retour en Gloire du Christ pour le terrasser). C'est pourquoi, j'avais baptisé Karol Wojtyla-Jean-Paul II, en considérant uniquement sa doctrine, de "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist", c'était dans un commentaire du Secret de La Salette que j'avais écrit en 1988. Mais on vient de voir que cela, sur le plan doctrinal, s'applique pareillement et aussi fortement à Joseph Ratzinger-Benoît XVI.
           
        Serait-ce à dire que le jugement quant à Joseph Ratzinger-Benoît XVI et plus généralement à tous les modernistes en place aux plus hauts-postes dans l'Église, en ce compris le Siège de Pierre, doit s'arrêter là ? À ce constat certes absolument indéniable qu'ils professent tous et chacun, peu ou prou, la doctrine de l'Antéchrist, on vient de le voir copieusement dans la première partie de mon travail quant à Benoît XVI ?
           
        IL S'EN FAUT EXTRÊMEMENT. S'arrêter là, à ce seul et unique constat, en absolutisant ce qui n'est qu'un seul élément d'un ensemble beaucoup plus vaste, serait juste le meilleur moyen de ne pas pouvoir comprendre "la crise de l'Église", le drame eschatologique, la tragédie cornélienne, qu'elle vit sous la motion supérieure de l'Esprit de Dieu dans notre fin des temps ultime, ce serait s'engouffrer dans une voie de garage "noir c'est noir, il n'y a plus d'espoir" à vocation fanatique, sectaire, extrémiste, obscurantiste, comme par exemple les sédévacantistes, qu'ils soient barbaresques purs et durs brut(e)s de décoffrage, guérardiens mitigés comme les robinets d'eau chaude et froide, ou survivantistes illuminés comme sapin de Noël, nous en donnent une pénible illustration.
           
        Ce premier élément, certes à prendre en compte impérativement pour ne pas vivre "l'aujourd'hui de la Foi" dans une cruelle illusion, n'est en effet que le tout premier départ de la réflexion sur "la crise de l'Église", avec lui, il faut surtout bien comprendre qu'on est encore juste dans les starting-blocks. Pour avancer dans la compréhension profonde de "la crise de l'Église", il faut le compléter tout-de-suite par un deuxième élément que nous enseigne la Providence divine, à propos de tous ces papes modernes issus de Vatican II qui sont doctrinalement antichristiques : tous sont désignés par le Saint-Esprit pour remplir légitimement le Siège de Pierre, tous sont vrais papes, verus papa. C'est le deuxième élément qui, sous peine d'embrasser une vision de "la crise de l'Église" complètement déséquilibrée et obnubilée du mal jusqu'au manichéisme, sous contrôle victorieux de Satan qui serait son maître d'œuvre et non plus la Providence de Dieu, doit venir très-vite compléter le premier dans notre esprit, et il nous aiguille déjà beaucoup mieux, presque parfaitement, sur la compréhension globale que nous devons avoir dans la Foi quant à "la crise de l'Église".
           
        Les papes non pas seulement modernes mais modernistes, issus de Vatican II et antéchristisés, des papes vraiment... légitimes ? Nous en avons en effet la certitude formelle, impérée par la Foi et le dogme catholique, parce que tous et chacun d'eux ont bénéficié et bénéficie toujours quant à François, de la désignation-reconnaissance de leur personne par l'Église Universelle pour être le vrai Vicaire actuel du Christ, chacun à leur tour. La règle prochaine de la Légitimité pontificale est effectivement, comme je l'ai soigneusement établi dans mes deux précédents articles réfutant in radice le sédévacantisme (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1), la désignation-reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape, verus papa, sur telle personne, laquelle est théologiquement et infailliblement achevée lorsque les cardinaux font leur obédience au nouveau pape, dans la cérémonie très-solennelle de l'intronisation qui a lieu à la face de toute l'Église et du monde entier, rituellement dans l'octave de l'élection conclavique proprement dite. Or, tous les papes vaticandeux et post, en ce compris bien entendu Joseph Ratzinger-Benoît XVI, ont dûment bénéficié sur leur personne de cet acte ecclésial doté de l'infaillibilité, en tant que fait dogmatique, qui est règle prochaine de la Légitimité pontificale. Par-là même, digitus Dei hic est, le Saint-Esprit les ayant choisi, ils sont vrais papes, verus papa, ils sont les élus du Saint-Esprit pour être, chacun à leur tour, de Jean XXIII à François, en passant par Paul VI, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II et bien entendu Benoît XVI, les papes actuels de l'Église catholique, apostolique et romaine dans nos temps antéchristiques.
           
        Nous avons donc déjà deux éléments en notre possession pour élaborer en nos âmes la parfaite compréhension de "la crise de l'Église". 1/ Les papes modernes sont doctrinalement antichristiques ; 2/ les papes modernes sont, tous et chacun, certainement légitimes. Il faut rajouter un troisième et dernier élément, et alors l'intelligence de la Foi pourra nous être donnée et libérer nos âmes dans la vérité, veritas liberabit vos, si nous le voulons bien.
           
        Si le Saint-Esprit les a tous choisis comme vrai pape, nous ne pouvons qu'en déduire que c'est donc pour un but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes. Le troisième élément consiste donc à comprendre que tous ces papes vaticandeux et post, étant le choix certain de l'Esprit-Saint, ne peuvent qu'accomplir, de par leur Charge suprême, le dessein surnaturel supérieur du Saint-Esprit sur l'Église de notre temps. Or, quel est-il, pour notre temps, le dessein du Saint-Esprit pour l'Épouse-Église ? C'est, car nous sommes rendus dans les derniers temps ultimes, de lui faire vivre la Passion du Christ. Et nous en avons la preuve formelle précisément, justement, par le seul fait que les papes modernes antéchristisés crucifient, matériellement seulement (= c'est-à-dire dans l'inadvertance, comme je vais l'établir tout-de-suite), le Magistère ecclésial contemporain par leur doctrine antichristique. Par-là même, ils font, sans même s'en rendre compte, vivre à l'Épouse du Christ sa Passion, une véritable Passion qui, comme pour le Christ, va l'amener à sa mort terrestre. L'Église, depuis Vatican II pour faire court, est, éminemment par ses papes modernes antéchristisés, "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), elle vit en croix dans "la si grande contradiction" (He XII, 3), sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53). Or, faire vivre l'économie de la Passion à l'Église n'est pas un acte mauvais, la Passion n'est pas un péché, c'est tout au contraire une Volonté divine du Saint-Esprit que, à leur insu, les papes modernes et même modernistes accomplissent dans l'Église présentement, depuis Vatican II, sous la motion surnaturelle du Saint-Esprit. C'est précisément là le but de sainteté, de Gloire de Dieu et de salut des âmes que le Saint-Esprit a en vue et ordonne pour notre temps (et qui aboutira à la co-Rédemption de l'Église, dont le fruit surnaturellement savoureux et plein de gloire sera la nouvelle économie de salut du Millenium, qui sera donnée par l'Époux à l'Épouse après la Parousie).
           
        Par contre, la doctrine antichristique crucifiera formellement le Magistère de l'Église, et donc la fera ainsi mourir dans son économie présente dite du Temps des nations et de Rome son centre, seulement, uniquement, lorsque l'Antéchrist-personne la manifestera en toute malice de coulpe et advertance à la terre et surtout dans l'Église, à partir du Siège de Pierre. Mais nous n'en sommes pas encore là. Pour l'instant présent de la vie de l'Église, l'Antéchrist-personne n'est pas encore paru, ne manifeste pas encore le péché suprême qui fera mourir l'Église, quand bien même, par l'accroissement évident de la subversion de l'Église par la doctrine antichristique sous le pontificat du pape François, l'avènement de son règne maudit devient de plus en plus senti et imminent.
           
        Un point important à comprendre, c'est que la doctrine antichristique a d'abord corrompu les personnes privées de ceux qui sont devenus papes vaticandeux et post, mais une fois investis légitimement de la fonction pontificale suprême, ils ont promulgué très-notamment à Vatican II cette doctrine antichristique non plus en tant que personne privée mais in Persona Ecclesiae, c'est-à-dire au nom et pour le compte de l'Église, dans le cadre du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, dont l'emploi est indiscutable à Vatican II. Mais que ce soit dans leur personne privée ou in Persona Ecclesiae, cette doctrine antichristique ne les a infestés et corrompus, eux d'abord, l'Église ensuite, que matériellement et non formellement. C'est-à-dire dans l'inadvertance complète du caractère antichristique de la doctrine qu'ils embrassaient avec passion et que, une fois sur le Siège de Pierre, ils ont fait embrasser à l'Église de même manière. Il est capital de comprendre que SEUL l'Antéchrist-personne, "l'homme d'iniquité", pèchera dans l'advertance et la malice la plus formelle et complète lorsque son heure maudite viendra pour très-peu de temps, mane, thecel, pharès.
           
        L'inadvertance totale de la malice contenue dans la doctrine antichristique qu'ils promeuvent en Église et qui la crucifie et la met dans l'économie de la Passion, chez les papes vaticandeux et post, est facile à prouver, et je vais le faire tout-de-suite. Mais avant cela, je veux montrer que le même cas de figure se vérifie lors de la première et archétypale Passion, celle de Notre-Seigneur Jésus-Christ. En effet, la sainte-Écriture nous enseigne fort bien que les juifs et les romains, qui ensemble récapitulent métapolitiquement le monde tout entier, étaient dans l'inadvertance complète du péché pourtant hyper-gravissime qu'ils commettaient en mettant à mort la Personne du Christ-Messie. Quel péché, en effet, est plus grave que le déicide ? En vérité, il n'y en a aucun. Mais pour autant, ce péché, le plus grave possible, fut commis par les hommes dans l'inadvertance. C'est Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même qui nous le dit et enseigne du haut de la croix : "Père, pardonne-leur, ils ne savent ce qu'ils font" (Lc XXIII, 34). S'ils savaient ce qu'ils faisaient, ils seraient certes remplis de malice comme les démons dans l'enfer ou l'Antéchrist-personne dans son règne maudit. Mais ils ne savent pas ce qu'ils font en mettant à mort le Christ, et donc pèchent par inadvertance. Oh !, certains parmi eux, il y a 2 000 ans, ont probablement commis le péché de déicide avec malice et advertance, peu ou prou, nous verrons cela au Jugement dernier, mais globalement, d'une manière générale, Jésus-Christ enseigne que les hommes l'ont fait mourir par inadvertance, ne sachant ce qu'ils faisaient.
           
        Saint Pierre, il n'en pouvait être autrement, confirmera l'enseignement du Christ quant à cette inadvertance générale non seulement des romains mais même des juifs qui Le crucifièrent : "Mais vous [hommes israélites], vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un meurtrier ; et vous avez fait mourir l'Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d'entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. C'est à cause de la foi en Son nom que ce nom a raffermi cet homme [saints Pierre et Jean venaient de guérir miraculeusement un malade], que vous voyez et connaissez ; et la foi qui vient de Lui a opéré en présence de vous tous cette parfaite guérison. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que vos chefs [... même les chefs, les grand-prêtres donc, les Anne, les Caïphe, notons-le soigneusement, ne sont pas exclus par saint Pierre de l'inadvertance de leur péché d'avoir fait mettre à mort le Christ...]. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que Son Christ devait souffrir, l'a ainsi accompli" (Act III, 14-18).
           
        Ce que dit saint Pierre est très-intéressant dans le v. 18, à savoir que non seulement les hommes, et donc en ce compris les chefs juifs, ont péché par inadvertance lorsqu'ils firent mourir Jésus-Christ, mais que c'était en fait la Volonté divine qui l'avait ordonné ainsi ; en dernière analyse en effet, c'est Dieu qui a accompli son dessein de la Rédemption en ordonnant par sa Providence l'inadvertance des hommes lorsqu'ils firent mourir le Christ.
           
        C'est extrêmement éclairant pour notre situation de seconde Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que nous vivons et mourons présentement. En fait, c'est très-exactement la même chose. Cette inadvertance des papes modernes, et singulièrement celle de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, à crucifier l'Église par leur doctrine antichristique, est effectivement et en dernière analyse, providentiellement voulue et opérée en eux par Dieu pour pouvoir mettre en œuvre justement "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Cette inadvertance du caractère hérétique de la doctrine moderniste qu'il promeut en Église se voit très-clairement avec Benoît XVI, dont l'âme restera toujours, quant à son privé, fervente et vivant d'une vraie spiritualité ordonnée à Dieu, quand bien même cette ferveur vraie cohabitera, pour que l'Écriture s'accomplisse, avec la doctrine antichristique dans son âme.
           
        Inadvertance de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, bien montrée par la Présence de Dieu dans son âme. Ce sera très-perceptible quand, dans ses fameuses Notes de 2019 sur les mauvaises mœurs du clergé actuel, il sera quasi le seul à oser publiquement bien poser le fond du problème spirituel, en disant que de tels péchés gravissimes ne pouvaient être commis que parce qu'il y a absence de Dieu dans les âmes cléricales et la perte de la Foi en Dieu même dans l'Église. Le cardinal Sarah s'était à juste titre enthousiasmé d'un diagnostic spirituel aussi fort et aussi surnaturellement vrai : "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : «C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles» (II, 2). (...) Mesdames, Messieurs, le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le Pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels. (...) Les explications psychologiques ont certes leur intérêt, mais elles ne font que permettre de repérer les sujets fragiles, disposés au passage à l’acte. Seule l’absence de Dieu peut expliquer une situation de prolifération et de multiplication si épouvantable des abus. (...) il faut dire que les enquêtes à propos des abus sur mineurs ont fait apparaître la tragique ampleur des pratiques homosexuelles ou simplement contraires à la chasteté au sein du clergé. Et ce phénomène est lui aussi une douloureuse manifestation, comme nous le verrons, d’un climat d’absence de Dieu et de perte de la foi" (fin de citation). Et Benoît XVI, de dire : "C'est à notre époque que le slogan «Dieu est mort» a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. (...) La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire" (Notes).
           
        Or, la plupart des universitaires qui ont commenté ces Notes du pape Benoît XVI n'ont même pas été capable de prendre conscience de cette cause... première, à savoir l'absence radicale de Dieu, prouvant par eux-mêmes hélas trop bien, donc, le bien-fondé de l'analyse du pape Ratzinger ! Ils sont passés complètement à côté de Dieu, raisonnant dans du vide métaphysique, Dieu semblant vraiment leur être devenu une notion complètement étrangère et inconnue, qu'ils sont désormais absolument incapables d'appréhender (... sorte d'illustration supplémentaire de la grande Apostasie prédite par saint Paul pour les temps ultimes de l'Antéchrist, que nous trouvons à tous les carrefours, toutes les avenues de notre contemporanéité, et dont malheureusement Joseph Ratzinger-Benoît XVI ne prendra pas conscience : il voyait le fait, mais pas la signification apocalyptique dudit fait, bien dénoncée par saint Paul...) !
           
        Benoît XVI en fait ainsi la judicieuse et lapidaire remarque : "En quelques lignes, denses et riches d’implications, écrites dans la revue allemande de théologie Herder Korrespondenz, il répond très clairement à ceux qui ont critiqué ses Notes explosives parues en février dernier sur les abus sexuels dans l’Église. «Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît pas du tout, et donc ce que je voulais précisément souligner comme le point clé de la question n’est pas abordé». C’est en ces termes que le Pape émérite Benoît XVI répond par quelques lignes publiées par Herder Korrespondenz à quelques-unes des critiques issues de son texte de réflexion sur la question des abus sexuels dans l’Église catholique. «La contribution de Mme Aschmann («La vraie souffrance catholique en 1968», Herder Korrespondenz, juillet 2019, 44-47), malgré sa partialité, lit-on dans le numéro de septembre du journal, peut inspirer une réflexion plus approfondie, mais en réponse à ma publication dans Clergy Paper on the Abuse Crisis (No 4/2019, 75-81), elle est néanmoins insuffisante et typique du déficit général dans la réception de mon texte. Il me semble que dans les quatre pages de l’article de Mme Aschmann, le mot Dieu, que j’ai placé au centre de la question, n’apparaît pas. J’ai écrit : «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans sens» (78). «La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a rien d’autre à dire. Et c’est pourquoi c’est une société dans laquelle la mesure de l’humanité est de plus en plus perdue» (79). Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît nulle part, et donc précisément ce que je voulais souligner comme le point-clé de la question n’est pas abordé. Le fait que la contribution d’Aschmann néglige le passage central de mon argument, tout comme la plupart des réactions dont j’ai eu connaissance, me montrent la gravité d’une situation dans laquelle le mot Dieu semble souvent marginalisé dans la théologie»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/08/27/et-le-mot-dieu-etait-absent/).
           
        Or, et c'est la raison pour laquelle je rapporte cet épisode, si Joseph Ratzinger-Benoît XVI était capable de se rendre compte de l'absence de Dieu dans la société et même dans l'Église contemporaines (quand bien même il n'en fera pas, comme il aurait dû le faire, la relation apocalyptique avec la grande apostasie prédite par saint Paul pour la fin des temps), cela ne pouvait être très-clairement que parce qu'il vivait de Dieu dans le profond de son âme : on ne peut pas se rendre compte, en effet, de l'absence de Dieu si soi-même on ne vit pas de la Présence de Dieu... Or, cette Présence de Dieu que Joseph Ratzinger vit dans son âme et qui, subséquemment, lui permet de prendre conscience de l'absence de Dieu source principale des maux de notre époque, dans l'Église comme dans le monde, ne peut pas être compatible, bien sûr, avec une croyance en la doctrine antichristique professée et crue par lui avec advertance, c'est-à-dire avec malice coupable, cela prouve donc qu'il la professe avec inadvertance, et c'est ce que je voulais bien montrer, cqfd.
           
        Cette pensée de remettre Dieu à la première place, de vivre de Dieu, un Dieu trop oublié de nos jours, n'est pas nouvelle chez lui, d'ailleurs, bien au contraire, c'est une pensée qu'il entretient dans son âme et qu'il vit très-fortement depuis longtemps. Il la rappellera par exemple avec force conviction aux cardinaux dans le grand discours qu'il leur fit en tant que Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi le 27 février 2 000. Il commence par leur rappeler immédiatement, dès le début, que le sujet principal de Vatican II avait été Dieu, avant même l'Église (... du moins, les Pères conciliaires l'avaient-ils voulu ainsi, cependant ce n'est pas du tout ce qui fut réalisé à Vatican II, c'est tout le contraire... mais cela, Ratzinger n'en prendra pas conscience) : "Parmi les membres de la Conférence épiscopale allemande [qui préparaient, en 1960, les thèmes à soumettre à Vatican II, avant que ses assises ne s'ouvrissent] prévalait un très large accord sur le fait que l’Église devait être le thème du Concile. Le vieil évêque Buchberger, de Regensburg, qui, comme maître d’œuvre du Lexikon für Theologie und Kirche en dix volumes (qui en est aujourd’hui à sa troisième édition) s’était acquis estime et renommée bien au-delà de son diocèse, demanda la parole – c’est ce que me raconta l’archevêque [Frings] de Cologne – et dit : «Chers frères, au Concile, vous devez avant tout parler de Dieu. C’est le thème le plus important». Les évêques demeurèrent interdits ; ils ne pouvaient se soustraire à la gravité de cette parole. Naturellement, ils ne pouvaient se décider à proposer simplement le thème de Dieu. Mais une inquiétude intérieure est pourtant restée, au moins chez le cardinal Frings, qui se demandait continuellement comment on pourrait satisfaire ce besoin impérieux. Cet épisode m’est revenu à l’esprit quand j’ai lu le texte de la conférence que prononça Johann Baptist Metz au moment de quitter, en 1993, sa chaire de Münster. Je voudrais citer au moins quelques phrases significatives de cet important discours : «La crise qui a frappé le christianisme européen, n’est plus en tout premier lieu, ou au moins exclusivement, une crise ecclésiale… La crise est plus profonde ; elle n’a pas en effet ses racines seulement dans la situation de l’Église elle-même : la crise est devenue une crise de Dieu», etc." (Intervention du cardinal Joseph Ratzinger sur l'ecclésiologie de la Constitution "Lumen Gentium" au congrès international sur la mise en oeuvre du concile œcuménique Vatican II, organisé par le comité du grand jubilé de l'an 2 000 ; cf. https://www.vatican.va/roman_curia/congregations/cfaith/documents/rc_con_cfaith_doc_20000227_ratzinger-lumen-gentium_fr.html).
           
        En fait, il est trop vrai qu'en faisant le PIRE DU PIRE, par leur doctrine antichristique, les papes modernes ont vraiment cru faire le MIEUX DU MIEUX en l'appliquant à l'Église, complètement aveuglés (la plus grande erreur d'appréciation des tradis, tout spécialement lorsqu'ils sont sédévacantistes, est justement de croire que les modernistes de la génération Paul VI et post, le sont avec malice et advertance). Et c'est là le drame, la tragédie ecclésiale cornélienne marquant la fin des temps, car cette situation va aller jusqu'à la mort, usque ad mortem. L'adage antique vient tout-de-suite à l'esprit : Jupiter aveugle ou rend fou ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. En fait, il s'agit ici, pour "la crise de l'Église", non pas bien évidemment d'une perte éternelle synonyme de damnation, mais de mort temporelle, tout-à-fait à mettre en relation avec la mort du Christ en croix, et qui, dans ses derniers instants, a arraché au Christ ce très-significatif Eli, Eli, lamma sabachtani !, pourquoi M'as-Tu abandonné ?, pourquoi M'as-Tu perdu ? Jésus-Christ se sentait, dans son Humanité, terriblement, affreusement, abandonné, perdu, par le Père, et c'est cette même situation que vit l'Église aujourd'hui, dans son économie particulière du Temps des nations et de Rome son centre, elle est abandonnée, perdue par le Père également. En fait, c'est Dieu qui veut la mort non pas bien sûr de l'Église en tant que telle, car elle est éternelle dans son principe divin, mais de l'économie ecclésiale de salut en cours, celle du Temps des nations et de Rome son centre. Et pour arriver à cela, afin que l'Écriture s'accomplisse comme fait judicieusement remarquer saint Pierre dans le v. 18 des Actes, III, comme nous l'avons vu en commençant ce chapitre, Dieu envoie un esprit d'aveuglement et de folie totale sur les âmes des papes non seulement modernes mais modernistes, qui les obscurcit radicalement sur le caractère pourtant formellement antichristique de ce qu'ils croient et professent et qui, appliqué à l'Église, va la faire mourir.
           
        Fin 1987, Mgr Lefebvre va voir le cardinal Ratzinger pour discuter avec lui de la possibilité de faire des évêques tradis. Parlant avec lui doctrine et bien entendu arrivant aux fondements de la Foi avec son interlocuteur, il est bouleversé et scandalisé de constater que le cardinal Ratzinger qui est alors Préfet de la Congrégation pour la doctrine de la Foi... n'a pas la Foi la plus basique qui soit sur l'infaillibilité et la pérennité du Magistère de l'Église, c'est-à-dire en fait, sur les fondements mêmes de la Constitution divine de l'Église, excusez du peu. Et hélas, Mgr Lefebvre avait raison : le cardinal Ratzinger, aveuglé complètement dans son âme par sa doctrine moderniste subversive de la Foi, n'hésitera pas, en effet, à appeler dans ses écrits Vatican II, le contre-Syllabus... comme si le Syllabus du pape Pie IX n'était pas doté de l'infaillibilité ecclésiale et donc doctrinalement irréformable de soi ! Il ne pouvait donc pas être contredit par un décret magistériel postérieur à lui, ou, bien pire, par tout un concile universel de soi infaillible de par le Magistère ordinaire & universel ! Mais le cardinal gardien de la Foi ne pouvait pas comprendre cela, ce qui, sur un simple plan humain, était effectivement complètement renversant, pratiquement inimaginable, et Mgr Lefebvre en éprouva visiblement un véritable électrochoc spirituel.
           
        "Ce qui vous intéresse tous ici, dira-t-il à ses séminaristes, c'est de connaître quelles sont mes impressions après l'entrevue que j'ai eue avec le cardinal Ratzinger le 14 septembre 1987. Hélas, je dois dire que Rome a perdu la Foi, Rome est dans l'apostasie. Ce ne sont pas des paroles en l'air, c'est la vérité ; Rome est dans l'apostasie. On ne peut pas faire confiance à ces gens-là, puisqu'ils abandonnent l'Église. C'est sûr" (Nos relations avec Rome après l'entrevue avec le cardinal Ratzinger). L'évêque traditionaliste y reviendra quelques années plus tard, preuve que cela l'avait très-fort marqué, quelque un mois avant sa mort : "Ce qui est grave chez le cardinal Ratzinger, dira-t-il, c'est qu'il met en doute la réalité même du Magistère de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il met en doute qu'il y ait un Magistère qui soit permanent et définitif dans l'Église. Ce n'est pas possible. Il s'attaque à la racine même de l'enseignement de l'Église, de l'enseignement du Magistère de l'Église. Il n'y a plus une vérité permanente dans l'Église, de vérité de Foi, de dogmes par conséquent ; c'en est fini des dogmes dans l'Église ; cela c'est radical. Évidemment, ceci est hérétique, c'est tellement clair, c'est horrible, mais c'est comme ça" (l'une des dernières conférences spirituelles de Mgr Lefebvre au séminaire d'Écône, 8 & 9 février 1991). Mais par ailleurs, il est important de noter que ce choc spirituel éprouvé par le chef de file des tradis a tellement obsédé son âme qu'il l'a empêché fort dommageablement de prendre conscience que cette apostasie, fruit de son modernisme, est professée et crue par le cardinal Ratzinger en toute inadvertance de son caractère hérétique, sans s'en rendre le moindre compte...
           
        Car c'est bel et bien en totale inadvertance que Joseph Ratzinger tombe dans une apostasie la plus radicale possible, l'âme absolument obstruée par sa doctrine moderniste antichristique. Et, en dernière analyse de la question, cette inadvertance est opérée dans son âme comme dans celle de tous les papes modernes, par Dieu lui-même, selon ce que nous dit saint Pierre des hommes pour la Passion du Christ, aux fins ultimes et supérieures de faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. l'exposé complet que j'en fais, ici https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
           
        Avec tous les papes modernes, en faisant LE PIRE DU PIRE, je le répète, il s'imagine vraiment faire LE MIEUX DU MIEUX, c'est-à-dire faire connaître à l'Église, sous l'inspiration du Saint-Esprit, un désenveloppement homogène de son dogme, ce qui est tout-à-fait orthodoxe et même classique. Cette bonne motivation de fond est très-évidente dans la pensée de Ratzinger quant à Vatican II.
           
        Cela commence d'ailleurs avec le pape Jean XXIII. Joseph Ratzinger-Benoît XVI n'est pas sans connaître les critiques qui fusent sur l'orthodoxie de Vatican II, qu'il peut considérer à bien des égards, lui aussi, comme son concile (j'ai cité au début de ces lignes la part active qu'il prit, en collaboration avec Karl Rahner, au décret Dei Verbum, mais il fut une cheville ouvrière importante de bien d'autres décrets, par exemple de Ad gentes, le décret sur les missions ; c'est Ratzinger, en tant que peritus, qui en posa les bases schématiques, en collaboration étroite avec Congar). Il y répond de manière globale en invoquant la bonne intention des Pères du concile moderne, explicitée par le pape Jean XXIII dès que le concile s'ouvrit. C'est le raisonnement qu'il a exposé et soutenu dans le grand détail devant tous les cardinaux, quelques jours avant son premier Noël pontifical, dans son Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, qu'on pourra trouver in extenso ici : https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html.
           
        Lisons-le, dans la partie qui nous intéresse : "... À l'herméneutique de la discontinuité [ou rupture] s'oppose l'herméneutique de la réforme [ou de continuité] comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965 [En effet. Paul VI y disait : "Pouvons-Nous dire que nous avons rendu gloire à Dieu, que nous avons cherché à le connaître et à l'aimer, que nous avons progressé dans l’effort pour le contempler, dans la préoccupation de le louer et dans l'art de proclamer ce qu'il est aux hommes qui nous regardent comme pasteurs et maîtres dans les voies de Dieu ? Nous croyons franchement que oui, notamment parce que c'est de cette intention première et profonde que jaillit l'idée de réunir un Concile. Ils résonnent encore dans cette basilique les mots prononcés lors du discours d'ouverture par Notre vénéré prédécesseur Jean XXIII, que Nous pouvons bien appeler l'auteur de ce grand rassemblement"]. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile «veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation», et il poursuit : «Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux [du Dépôt révélé de la Foi], comme si nous nous préoccupions uniquement de l'antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d'une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée» (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865)" (fin de citation).
           
        On ne saurait mieux démontrer la bonne intention des Pères conciliaires, à commencer par les papes Jean XXIII et Paul VI, c'est-à-dire leur inadvertance complète de promulguer des hérésies voire des apostasies comme dans la Liberté religieuse, lorsqu'ils en promulguent.
           
        Et quant à lui personnellement, Joseph Ratzinger, c'est avec une très-grande ferveur religieuse qu'il se rend au concile, loin, tellement loin, de vouloir y introduire l'hérésie ou même l'apostasie. Laissons-le nous dire lui-même son pieux enthousiasme, non pas juste après l'évènement, ce qu'on pourrait attribuer à un sentiment de surface, passager, mais plus d'un demi-siècle plus tard, après, pourtant, toutes les désillusions post-conciliaires qui n'ont cessé de se compiler les unes sur les autres au fil des ans, mais qui n'ont égratigné ni terni en rien le grand enthousiasme, toujours aussi fort et prégnant dans son âme, qui a été le sien lors de Vatican II. Comme il dira lui-même simplement : "J’ai vécu, moi aussi, l’époque du concile Vatican II, j’étais dans la basilique Saint-Pierre avec beaucoup d’enthousiasme".
           
        C'est dans le Discours d'adieu aux prêtres de Rome, le 14 février 2013, juste avant de se mettre en retrait pontifical : "... Alors, nous sommes allés au Concile, non seulement avec joie, mais avec enthousiasme. Il y avait une attente incroyable. Nous espérions que tout se renouvelle, que vienne vraiment une nouvelle Pentecôte, une nouvelle ère de l’Église, parce que l’Église était encore assez robuste en ce temps-là, la pratique dominicale encore bonne, les vocations au sacerdoce et à la vie religieuse étaient déjà un peu réduites, mais encore suffisantes. Toutefois, on sentait que l’Église n’avançait pas, se réduisait, qu’elle semblait plutôt une réalité du passé et non porteuse d’avenir. Et à ce moment-là, nous espérions que cette relation se renouvelle, change ; que l’Église soit de nouveau une force pour demain et une force pour aujourd’hui. Et nous savions que la relation entre l’Église et la période moderne, depuis le commencement, était un peu discordante (...) ; on pensait corriger ce mauvais commencement et trouver de nouveau l’union entre l’Église et les meilleures forces du monde, pour ouvrir l’avenir de l’humanité, pour ouvrir le vrai progrès. Ainsi, nous étions pleins d’espérance, d’enthousiasme, et aussi de volonté de faire notre part pour cela" (fin de citation). Et Dieu sait que ce qu'il décrit là au pluriel par modestie, le concernait lui personnellement, c'était le fond de son âme, qu'on ne peut manquer de trouver édifiant.
           
        Cependant qu'il est, concrètement, dans l'erreur la plus totale dans son analyse, erreur dont il n'est pas besoin de dire qu'il ne s'en rend absolument pas compte. Si en effet, le constat qu'il fait que l'Église, dans les années 1960, "n'avance pas, se réduit, semble une réalité du passé et non porteuse d'avenir", constat parfaitement lucide et exact, c'est en fait parce qu'elle est déjà rentrée dans l'économie de la Passion, et ce, bien avant les années 1960, bien avant Vatican II. Elle l'est en effet depuis plus d'un siècle et demi déjà, depuis le concordat de Pie VII avec Napoléon, qui a corrompu antéchristiquement les Mœurs de l'Église, ce dont ne prennent absolument pas conscience les modernes (et pas plus, d'ailleurs, les tradis). C'est en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, que l'Église a subverti elle-même son message évangélique dans l'époque moderne, qu'elle est rentrée par-là même déjà dans l'économie de la Passion, et c'est la raison profonde pour laquelle elle y apparaît depuis comme languissante au niveau de sa force spirituelle, bémolisée. Car un crucifié est, avec ses proches, ses contemporains, toujours en-deçà de la vie ordinaire, et c'est cette cause première du bémol de l'Église contemporaine que ne perçoit pas du tout le moderne, à commencer par Joseph Ratzinger.
           
        Alors, se faisant illusion sur cette cause première de la situation bémolisée de l'Église contemporaine, il s'imagine qu'elle va reprendre son statut normal voire même un statut supérieur diésé, en catholicisant les principes révolutionnaires dont il veut s'imaginer qu'ils ont un fondement chrétien. Il fait donc le raisonnement absolument inverse, sataniquement contraire à la vérité, qu'il faudrait qu'il fasse : puisque l'amoindrissement de l'Église bémolisée dans la virtus de son message évangélique provenait en cause première de la prostitution concordataire de ses Mœurs avec les principes révolutionnaires qui se sont concrétisés dans les États constitutionnellement athées, alors, pour en guérir l'Église et lui donner à nouveau toute la force évangélique que l'Esprit-Saint infuse en elle, il s'agissait donc premièrement d'exorciser d'elle, d'expurger d'elle, le principe révolutionnaire épousé dans ses Mœurs par sa pratique concordataire au sortir même de la Révolution. Et non faire l'inverse, s'atteler à faire correspondre la Foi de l'Église aux mauvaises Mœurs corrompues de l'Église depuis l'immédiat sortir de la Révolution, dès 1801, en bénissant-oui-oui le mauvais principe de la Révolution, prétendant qu'il avait un fond chrétien, par tout un concile universel.
           
        Ce qui signifie que le vrai travail apostolique de l'ère moderne pour l'Église, aurait donc impérativement dû consister à Vatican II, premièrement, dans la purification publique radicale de ses Mœurs en cessant et rompant solennellement toute relation concordataire avec les États post-révolutionnaires constitutionnellement athées comme étant basés sur "les droits de l'homme" anti-Dieu, cassant strictement tous les concordats qui avaient été passés avec eux depuis le pape Pie VII, pour la raison théologique fondamentale que cesdits États, si l'on suit comme on doit le faire l'enseignement formel de saint Paul dans Rom XIII en matière politique constitutionnelle, ne sont tout simplement pas valides ni légitimes aux Yeux de Dieu, et que, subséquemment, ils ne doivent donc pas l'être non plus pour l'Église ni pour les âmes catholiques (et celles de bonne volonté) ; et qu'il est hérétique et même apostat de passer concordat avec des États qui, métaphysiquement, n'existent pas. Parce que si on fait l'inverse, comme on l'a fait ecclésialement depuis 1801 en se concordatisant-prostituant avec eux, ce qui est leur réputer validité et légitimité à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, on se corrompt, par les Mœurs pour commencer, à l'athéisme révolutionnaire. Et voilà pourquoi l'Église est, depuis lors, dans un tel état de langueur spirituelle qui va s'aggravant, le diagnostic de sa maladie grave est là, tout entier.
           
        Et donc, à Vatican II, il fallait de toute première urgence et nécessité, appliquer le seul onguent qui pouvait guérir l'Église de sa maladie qui menaçait de devenir mortelle plus le temps avançait, à savoir réadopter à nouveau les Mœurs catholiques en matière de Politique constitutionnelle, en n'acceptant plus de concordatiser uniquement qu'avec des États basés constitutionnellement sur les Droits de Dieu et de son Christ (il n'y eut qu'un concordat valide et légitime au XIXème siècle, celui passé pour l'Équateur entre Garcia Moreno et l'Église sous le pape Pie IX). Cela, certes, j'en ai parfaitement conscience, serait revenu à excommunier publiquement et solennellement tous les États modernes de la planète dans un décret conciliaire universel réunissant tous les Pères de la génération ecclésiale moderne una cum le pape actuel... puisque tous sont basés sur les "droits de l'homme" anti-Dieu post-révolutionnaires ! L'Église en serait certes devenue complètement isolée dans le monde ou plutôt dans la figure du monde qui passe, nul doute sur cela. Mais en même temps, cette vraie et seule solution du problème moderne généré par la Révolution aurait suscité un effet électrochoc salutaire pour le monde entier et l'Église en clarifiant à la face de l'univers entier la vraie situation, cela aurait considérablement étouffé "la puissance des ténèbres" et aurait, d'un seul coup d'un seul, redonner à l'Église la flamme de l'Esprit-Saint, toute la force spirituelle qu'elle avait perdue par la faute concordataire du tout premier pape venant après la Révolution, Pie VII Chiaramonti, corrompant de manière gravissime ses Mœurs. Elle serait certes repartie à zéro face au monde, mais avec la toute-Puissance du Christ pour le reconquérir librement.
           
        Mais, las !, aux antipodes de (pouvoir) comprendre cela, le moderne a donc fait le raisonnement exactement et sataniquement inverse de celui qui précède, qui était le seul bon à faire : loin de vouloir guérir les Mœurs de l'Église, corrompues par la pratique concordataire ecclésiale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, ne prenant nullement conscience que la diminution des forces spirituelles de l'Église venait en cause première de là et de nulle part ailleurs, le moderne s'est imaginé soigner et guérir la langueur spirituelle de l'Église post-révolutionnaire, que Ratzinger constate tout-à-fait bien, en convertissant la Foi de l'Église aux... mauvaises Mœurs corrompues de l'Église post-révolutionnaire ! Alors que c'étaient elles, ces mauvaises Mœurs, qui étaient la grande cause première de sa langueur !! C'est-à-dire faire professer magistériellement le principe révolutionnaire des "droits de l'homme" par la Foi, ce qui fut éminemment fait dans le décret de la Liberté religieuse (que Ratzinger ose décrire, avec Nostra Aetate, comme étant le haut-pic de Vatican II : "De manière inattendue, on ne trouve pas la rencontre avec les grands thèmes de l’époque moderne dans la grande Constitution pastorale [Gaudium et Spes], mais bien dans deux documents mineurs, dont l’importance est apparue seulement peu à peu, avec la réception du Concile", montrant là qu'il est tout-à-fait à ranger dans la catégorie moderniste ultra... ― Vatican II vu par le jeune théologien Joseph Ratzinger, publié par le Centre diocésain d'information du Diocèse de La Réunion), alors que depuis la Révolution cedit principe révolutionnaire n'était encore pratiqué dans l'Église que par ses Mœurs. C'était donc, loin de guérir l'Église de son mal, l'aggraver considérablement, en pervertissant la Foi par la perversion des Mœurs, la crucifier définitivement sur la croix d'ignominie en n'ayant plus devant les yeux que l'étape ultime de la mort, Mœurs et Foi étant dorénavant contaminées, alors que, dans tout le XIXème siècle et au début du XXème, l'Église ne faisait encore que gravir le chemin du calvaire en portant sa croix mais sans encore y être crucifié. La corruption des Mœurs passant dans la Foi de l'Église, convertissant par décalcomanie la Foi de l'Église, sera très-explicitement constatée à Vatican II par le décret de la Liberté religieuse (j'explique en profondeur toute cette dynamique progressiste du mal dans l'Église, se transvasant des Mœurs dans la Foi, dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1).
           
        Voilà donc en toute vérité ce qu'ont fait concrètement les modernes au concile Vatican II, et singulièrement Joseph Ratzinger qui en fut une cheville ouvrière très-importante : clouer définitivement l'Église sur la croix, dans l'attente du coup mortel que lui donnera l'Antéchrist-personne dans son règne maudit, lorsque la Providence de Dieu l'y autorisera. Loin de la guérir du mal qu'elle avait contracté dès le tout début du XIXème siècle en corrompant ses Mœurs par la pratique concordataire pontificale-ecclésiale avec des États démocratiques issues de la Révolution, l'Église moderne, par Vatican II, a rendu au contraire mortelle, sans issue autre que la mort, la maladie qui l'atteignait, en voulant trouver soi-disant une base chrétienne aux principes fondateurs de la Révolution qui engendreront les "filles de Babylone" (Louis Veuillot), c'est-à-dire toutes ses p... de démocraties post-révolutionnaires fondamentalement anti-Dieu, dont on voit bien à présent, je l'ai dit dans un article, qu'elles se transmuent toutes, comme tout naturellement et comme par hasard, en démonazies, ce qui s'est singulièrement vu, pour ceux qui ont des yeux pour voir, dans la gestion de la crise du Covid (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=1 ― À mon sens, soit dit en passant, nul n'a mieux défini ce qu'est, dans son fondement métaphysique essentiel, la Démocratie moderne post-révolutionnaire, que le penseur colombien Nicolás Gómez Dávila, 1913-1994, qui l'a superbement formulé ainsi : "une religion anthropothéiste dont le principe est une option de caractère religieux, un acte par lequel l’homme se regarde comme étant Dieu").
           
        Or, il est radicalement impossible de christianiser, comme les modernes ont voulu le faire à Vatican II, ce principe luciférien de l'homme qui se fait Dieu, comme a voulu le croire Paul VI dans l'utopie la plus totale et la plus mortifère, résumant lapidairement toute la pensée ecclésiastique des modernes qui est aussi celle qu'exprime Joseph Ratzinger, dans son discours de clôture du concile Vatican II le 7 décembre 1965, que Ratzinger-Benoît XVI évoque d'ailleurs (mais aussi, il suffit de lire en entier ce Discours, pour prendre acte qu'il est le plus saintement inspiré d'une bonne intention) : "La religion du Dieu qui s'est fait homme s'est rencontrée avec la religion (car c'en est une) de l'homme qui se fait Dieu. Qu'est-il arrivé ? Un choc, une lutte, un anathème ? Cela pouvait arriver ; mais cela n'a pas eu lieu. La vieille histoire du bon Samaritain a été le modèle et la règle de la spiritualité du Concile. Une sympathie sans bornes pour les hommes l'a envahi tout entier" (fin de citation). Le problème, c'est que le bon Samaritain a fait la charité à un homme et non à une mauvaise doctrine, le raisonnement de Paul VI était donc tout faux partout...
           
        Il n'est pas besoin de chercher plus loin pour bien asseoir la réalité de l'inadvertance complète des Pères de Vatican II, singulièrement celle de Joseph Ratzinger qui deviendra le pape Benoît XVI, qui occupe plus spécialement mon présent article.
           
        Mais cette inadvertance des papes modernes, couplée à une autre réalité, celle de la doctrine antichristique que cesdits papes promeuvent en Église, fait vivre à cette dernière (et mourir en même temps), sa propre et personnelle Passion,
           
        "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace
           
        Je crois que j'arrive à la fin de mon "discours de la méthode".
           
        Je ne saurai le terminer sans dire mon scandale profond et encoléré de la cérémonie bâclée des obsèques du pape Benoît XVI, c'est-à-dire aborder le "secondement" du malgré tout de mon titre. Tout le monde, même les modernes, a remarqué ce bâclage, ce saccage même, visiblement voulu et qui ne pouvait qu'être savamment préparé, et qui ne pouvait l'être évidemment que par le pape François qui en est le grand responsable. Et cela a montré, une fois de plus, une fois encore, de quoi cet énergumène pontifical, pardon, est capable...
           
        Son homélie, en particulier, qui a voulu donné le ton à toute la cérémonie, fut d'une platitude uniforme prodigieuse, qui n'a pu qu'être très-étudiée. Pas seulement sur le fond mais sur la forme, bonasse, ton monocorde, unicorde avec étouffoir, recto tono, banalisée et désacralisée au maximum dans un souffle mourant, chaque mot sortant de la bouche de François comme s'il était impossible qu'il ne soit pas le dernier, homélie récitée avec un esprit affiché volontairement à cent mille lieues des obsèques, la vérité est ailleurs, comme si son discours concernait un defunctus que François n'aurait pas du tout connu, bref, exactement comme si on assistait à l'enterrement d'un chien quelconque écrasé et laissé pour compte sur le bord de l'autoroute, que même la SPA aurait dédaigné de réclamer...
           
        Quant au fond, au texte de l'homélie, François a sûrement dû la travailler dur-dur pour arriver à ce résultat monstrueusement insignifiant. Ce pape crucificateur a réussi ce tour de force de n'y faire strictement aucune allusion à Joseph Ratzinger-Benoît XVI, sauf le mot "frère" lancé en l'air comme par hasard dans le discours avant de retomber complètement à plat, et une vague phrase en finale, comme un appendice mis là presque pour être opéré ! Un vrai scandale, étant donné la place très-importante de Joseph Ratzinger dans l'Église contemporaine ; un canevas même à grosses mailles de sa place dans l'Église contemporaine aurait pourtant été juste le a minima décent pour honorer l'église romaine dont il fut le pape. Mais non, l'homélie fut juste de la pseudo-spiritualité bâclée passée à la moulinette, des phrases tricotées dans le surréalisme évanescent, sans aucun effort de liaison logique entre elles, sans parler des nombreux couples de mots au sens absurde et ridicule. Une vraie homélie stalinienne, pour enterrer un défunt haï dont on a ardemment souhaité la mort depuis (trop, beaucoup trop) longtemps.
           
        ... Vous croyez que j'exagère ? Alors, lisons ensemble un peu cette homélie scandaleuse, qui, de près ou de loin, ne fit aucune allusion au parcours de vie de Joseph Ratzinger devenu le pape Benoît XVI, même pas sur un simple plan spirituel, il fallait le faire.
           
        Après nous avoir dit que le Christ s'est remis aux mains de son Père, on nous dit que cela L'a poussé à se remettre aux mains de ses frères (...?) pour s'ouvrir aux "histoires qu'Il rencontrait sur son chemin" (!!). On est là en plein délire moderniste imbécile : au moment de sa mort, le Christ, après s'être remis aux Mains de Dieu, son Père et le nôtre, "a été enseveli, est descendu aux enfers" (Credo), c'était terminé pour Lui les chemins de Jérusalem, de Capharnaüm ou d'ailleurs, et celui d'Emmaüs, après sa Résurrection, n'était pas encore programmé. Ce n'est là que verbiage insipide et surtout doctrinalement absurde. Mais, dans la foulée, on nous apprend vite que les mains du Christ ont été rongées (sic !) par l'amour. Que signifient bien, sur le plan spirituel, des mains rongées par l'amour ?!? Rongé, c'est négatif ; l'amour, c'est positif. Des mains ne peuvent donc pas être négativement rongées par l'amour qui est positif. Continuation de l'absurdité surréaliste de jean-foutre, du vrai foutage de gueule, et vu le contexte où elle est proférée inconsidérément, cela confine vraiment au blasphème.
           
        "«Père, entre tes mains je remets mon esprit» est l’invitation et le programme de vie qui murmure et veut modeler comme un potier (cf. Is 29,16) le cœur du berger, jusqu’à y faire palpiter les mêmes sentiments que le Christ Jésus". Zut. Cela fait plus d'un quart d'heure que j'y suis, ma cervelle commence à chauffer, et je n'arrive toujours pas à saisir le sens spirituel de cette phrase qui n'a pas de lien logique quant à l'idée exprimée. Qu'est-ce que c'est qu'un programme de vie qui murmure ?!, le cœur du berger qui palpite !? Des enfilades de mots émotionnels mais sans aucun sens surnaturel véritable et authentique, juste là pour en donner un semblant d'impression. On est dans le mode surréalisme-impressionnisme pseudo-spirituel bergoglien...
              
        Dans la suite, on apprend que le Seigneur... susurre. Continuation de l'exercice littéraire esthétique de pacotille. Mais... courage ô mon âme !, ne boude surtout pas ton plaisir, goûte encore suavement "le dévouement priant, silencieusement modelé et affiné entre les carrefours et les contradictions que le berger doit affronter" (??!). Plus loin, je ne vois pas ce que signifie "les fatigues de l'onction" (et sûrement que le pape François ne le voit pas non plus). Je pousse mon héroïsme jusqu'à : "Dans cette rencontre d’intercession, le Seigneur continue à générer la douceur capable de comprendre, d’accueillir, d’espérer et de parier au-delà des incompréhensions que cela peut provoquer". Rencontre d'intercession, de qui, de quoi ?, des incompréhensions, de qui, de quoi ? Cela n'est pas dit, et donc, le discours est incompréhensible. Tout cela n'a aucun sens, in the contexte et hors-contexte, c'est jeté en l'air n'importe comment pour occuper l'espace-son, le temps que d'autres alliages de mots aussi insensés soient lancés dans le vent au lance-pierre (sans jeu de mot !) pour les remplacer, jusqu'à ce que le temps imparti pour l'homélie soit (enfin) rempli...
           
        On m'épargnera le reste. Et la dernière phrase, très-souhaitée, arrive enfin en forme de cheveu sur la soupe vraiment immangeable, imbuvable : "Benoît, fidèle ami de l’Époux, que ta joie soit parfaite en entendant sa voix définitivement et pour toujours !"
           
        Bref, on ne peut se déprendre d'une sainte-colère parce qu'on voit très-bien que le pape François, dans cette incroyable homélie, voulait parler pour ne rien dire. Il s'y est livré à un exercice de langue de buis pseudo-spirituelle tout-à-fait remarquable, mais tout-à-fait scandaleux vu le défunt pour lequel il prononçait son homélie. Circulez, y'a rien à voir, surtout pas Joseph Ratzinger ni Benoît XVI, en résume le fond et la forme.
           
        Cette scandaleuse homélie ne faisait qu'être la devanture de la cérémonie, sa vitrine publicitaire. Tout le monde a remarqué le bâclage, le saccage, le sabotage, le réductionnisme à outrance voire le jean-foutisme de la cérémonie, visiblement volontairement organisés, et un seul n'en pouvait qu'être le maître d'œuvre, suivez mon regard.
           
        Voici par exemple comment un chroniqueur, sur le site SilereNonPossum.it, a listé les camouflets de la cérémonie :
           
        "-Le maître de cérémonie de François, le père Diego Ravelli, s'est efforcé de convaincre François de ne pas quitter la place Saint-Pierre avant que le cercueil de Benoît XVI ne soit porté dans la basilique. Cependant, François a catégoriquement refusé d'être présent lors de l'enterrement dans les grottes de Saint-Pierre.
           
        "-À l'origine, François voulait que les funérailles soient «comme celles d'un cardinal, rien de plus».
           
        "-Alors que l'Italie, l'Espagne et la Grande-Bretagne ont mis leur drapeau en berne après la mort de Benoît XVI, François ne voulait «aucun deuil» au Vatican.
           
        "-François a fait croire que seules deux délégations d'État seraient présentes. En réalité, de nombreuses personnalités de haut rang étaient présentes, mais [à cause de son refus, n'ont pu l'être qu'] à titre personnel. La Secrétairerie d'État leur a demandé d'assister sans tenue de gala mais ils n'ont pas obtempéré [et ont donc pris la tenue de gala] car ils l'auraient fait aussi pour les funérailles d'un simple cardinal.
           
        "-La Secrétairerie d'État a dit à ses journalistes judiciaires d'édulcorer les déclarations de l'archevêque Gänswein.
           
        "-François voulait enterrer Benoît en pleine terre, mais le dernier souhait de Benoît de reposer dans l'ancienne tombe de Jean-Paul II a été connu, ce qui a obligé François à céder.
           
        "-Le Governatorato n'a fait aucun plan pour les funérailles. Ce n'est qu'à la dernière minute qu'il a organisé un parking pour les participants de haut rang.
           
        "-François voulait quitter les funérailles le plus vite possible et a dit à quelqu'un à côté de lui : «Il fait froid»" (cf. https://gloria.tv/post/KkHkqZ2q39af39CKS3M8EiJhe).
           
        ... Je rajoute à ce listing scandaleux l'attitude de François lorsque, à la fin de la cérémonie, les porteurs funèbres ont arrêté le cercueil devant lui : il a, de l'air le plus bougon et constipé qu'il a pu prendre, comme s'il accomplissait un devoir honteux, pénible et insupportable, posé lourdement et en pataud sa main sur le cercueil sans lui faire... la moindre bénédiction ! Un simple laïc, même Grosjean l'idiot du village, aurait pensé à faire, à tout le moins, un signe de croix, mais lui, le pape en exercice, qui représentait toute l'Église devant toute l'Église, n'a pas fait le moindre signe chrétien sur la dépouille de son immédiat prédécesseur sur le Siège de Pierre arrêtée devant lui, avant qu'elle ne pénètre définitivement dans les grottes du Vatican, ni signe de croix ni surtout bénédiction pontificale !!!
 
        Pendant toute la cérémonie, le 5 janvier donc, il a pris un air fatigué, tellllement fatigué, dégoûté, abattu, triiiiiste. Mais dès le lendemain matin 6 janvier, il affichait au balcon de Saint-Pierre un sourire épanoui et éclatant, visiblement en pleine forme...!
           
        Un chroniqueur en a publié les photos révélatrices, puis de les commenter avec justesse : "Des funérailles expédiées en moins de deux heures, on n’avait encore jamais vu cela pour l’enterrement d’un Souverain Pontife, ne fut-il que «Pape émérite». Mais avec François on peut s’attendre à tout et nous ne sommes jamais déçus. En colère, tristes, scandalisés même, mais jamais déçus.
           
        "[le 6 janvier, il semblait] être heureux comme un pinson de ne plus avoir à supporter, derrière lui, au-dessus de lui ?, ce pape horriblement conservateur [hum !] qu’il vient d’expédier dans sa tombe sans un mot de compassion, sans une note sur sa vie, rien [dans son homélie scandaleuse, comme on vient de le voir, en effet]. Juste une fois, une toute petite fois, a-t-il accepté de prononcer le nom du Pape défunt. (...) La raison de cette embellie papale [du 6 janvier ne serait-elle pas que] : «Maintenant, il a les coudées franches». Ce qui n’augure rien de bon pour tout ce qui ressemble de près, ou de loin, à la Tradition…" (cf. https://www.medias-presse.info/francois-epuise-par-les-courtes-funerailles-de-benoit-xvi-et-joyeux-comme-un-pinson-le-lendemain-au-balcon/169081/).
 
 
funerailles et scandales benoit xvi   funerailles benoit xvi 06 1 2023
                      Le 5 janvier...                                               ... le 6 janvier
       
        Le lendemain même de cet articulet, un autre chroniqueur, l'ayant lu et vu ces photos où le pape François affiche sans retenue aucune son dégoût et sa prétendue grande fatigue lors des obsèques de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, puis montre un sourire épanoui et éclatant dès le lendemain, Jean qui pleure-Jean qui rit, en a été scandalisé, et commente plus encore en profondeur, de son côté :
           
        "Le cœur mesquin du Pape François.
           
        "Les personnes médiocres s’entourent de personnes plus médiocres qu’elles afin de pouvoir les manœuvrer à leur guise et de dissimuler leur propre médiocrité. C’est ce que Bergoglio a fait dès qu’il a accédé au trône papal. Et cela a été démontré pour la énième fois avec la mort du pape Benoît XVI.
           
        "Je résume ici certains des événements de ces derniers jours, pour la plupart anecdotiques, mais qui révèlent l’âme et la mesquinerie du pape François. Certains sont publics ; d’autres, en revanche, m’ont été confiés par des sources discrètes qui arpentent les couloirs du Palais sacré.
           
        "Avant même que la nouvelle de la mort de Benoît XVI soit connue, des ordres étaient déjà partis de Santa Marta : le travail continuerait comme d’habitude au Vatican. En d’autres termes, «il ne s’est rien passé ici». Ceux qui travaillent au Saint-Siège (clercs et laïcs) ont fait savoir que s’ils ne suspendaient pas leurs activités pour pouvoir assister au moins à la messe des funérailles, ils prendraient tout de même un jour de congé. Santa Marta a alors dû faire un compromis : ils seraient autorisés à assister à la messe mais seulement jusqu’à 13 heures. Ensuite, ils ont dû retourner au travail.
           
        "Aucun deuil officiel n’a été déclaré dans la Cité du Vatican, ses bureaux à l’étranger ou ses nonciatures. On ne sonnerait pas les cloches pour les morts et on ne mettrait pas les drapeaux en berne. Ce dernier détail a été une grande surprise. Tout pays connaît cette mesure de deuil lorsqu’une personne relativement importante meurt. Pour le Vatican et la cour du pape François, le pape Benoît XVI ne l’était pas. Curieusement, l’État italien et la Grande-Bretagne ont ordonné que leurs drapeaux soient mis en berne le 31 décembre.
           
        "On a répété à l’envi dans les palais sacrés que l’ordre était de continuer comme si de rien n’était. C’est pour cette raison que, mercredi, le pape François a tenu son audience générale comme à l’accoutumée, alors qu’à quelques mètres de là gisait le corps pas encore froid de son prédécesseur. Et il n’a fait qu’une seule référence à lui, le qualifiant de «grand maître de la catéchèse».
           
        "De nombreux cardinaux et évêques ont été déçus de ne pas pouvoir se joindre au cortège qui a transporté la dépouille du pape défunt du monastère Mater Ecclesiae à la basilique Saint-Pierre. Dans tout pays, dans toute monarchie, cette procession revêt une solennité particulière et austère, même lorsqu’il ne s’agit pas du décès du monarque régnant (rappelez-vous le cas de Don Juan de Borbón, ou de la reine mère d’Angleterre ou du prince Philip d’Édimbourg). La dépouille mortelle de Benoît XVI a été transportée dans une camionnette grise. Ni François ni le cardinal-vicaire n’ont présidé le cortège. Derrière le SUV se trouvaient simplement Mgr Georg Gänswein et les memores, les femmes qui l’ont assisté ces dernières années. Dans la curie, cela a été très mal perçu : «On ne fait pas cela même à un voisin du plus petit village d’Italie», a-t-on dit.
           
        "L’une des choses qui a le plus frappé les membres de la Maison pontificale et d’autres bureaux de la Curie qui se sont rendus à la chapelle funéraire, c’est le nombre de jeunes prêtres (plusieurs centaines) venus faire leurs adieux au Pape Benoît en portant la soutane. (...) Dans le même ordre d’idées, le nombre de jeunes et de familles avec enfants qui sont venus de loin pour voir le pape Benoît était très impressionnant.
           
        "L’une des choses qui a le plus agacé les évêques et les cardinaux présents a été l’attitude indolente du cardinal Gambetti, archiprêtre de la basilique Saint-Pierre. Son attitude froide et mécanique lors de la célébration du premier service funèbre (et la voix d’un prêtre récitant que l’on pouvait entendre) et son manque de prévoyance pour de nombreux détails ne sont pas passés inaperçus. Tout aussi révoltante a été la présence d’Ettore Valzania, mécanicien dentaire de profession, que le cardinal a lui-même nommé gestionnaire de la basilique, et qui s’est promené à l’intérieur de la basilique pendant les trois jours, vêtu d’un jean, alors qu’il recevait cardinaux et chefs d’État. Cet obscur et vulgaire personnage était chargé, entre autres, de faire en sorte que les fidèles ne puissent s’arrêter plus de deux ou trois secondes devant le corps exposé du pape défunt, sans pouvoir dire une prière devant lui. N’aurait-il pas été possible, par exemple, de prolonger les heures d’ouverture de la basilique Saint-Pierre ?
           
        "Le pape François était déterminé à se retirer dans ses quartiers de Santa Marta dès la fin de la messe funéraire. Deux de ses plus proches collaborateurs ont dû insister fortement pour lui faire voir l’inopportunité du geste. Finalement, il a accepté de voir le cercueil du pape Benoît dans l’atrium de la basilique Saint-Pierre, dépouillé de ses vêtements pontificaux. Et il a refusé catégoriquement d’accompagner le cortège jusqu’à la crypte et d’y célébrer les derniers sacrements, qui ont été pris en charge par le cardinal Re, doyen du Sacré Collège.
           
        "De nombreux évêques et cardinaux du monde entier venus faire leurs adieux au pape émérite ont été étonnés (et l’ont fait savoir à leurs proches) par l’indolence des gestes et des paroles du pape François à l’égard de son prédécesseur [très-notamment donc, lors de son homélie, qui ne pouvait que scandaliser tout le monde, en effet, tant par le fond que par la forme].
           
        "(...) Dès que la mort de Benoît XVI a été connue, Santa Marta s’est empressée de dire que, en raison d’un souhait douteux du défunt, seules les délégations officielles d’Italie et d’Allemagne seraient présentes. Le problème est survenu mercredi [la veille de la cérémonie des obsèques], lorsque le Secrétariat d’État a découvert à son grand étonnement qu’un très grand nombre de délégations gouvernementales de différents pays seraient présentes à titre personnel. La nouvelle était tellement inattendue que ce n’est qu’en fin de journée que le Gouvernorat a donné l’ordre aux fonctionnaires respectifs de prévoir des places de parking pour les véhicules officiels qui transporteraient les dirigeants et les ministres.
           
        "Le Secrétariat d’État a officiellement informé les pays qui envoient des délégations que leurs représentants devaient s’abstenir de porter une tenue formelle. Cela a été une surprise, car même dans le cas des funérailles des cardinaux, ce type de tenue est utilisé. Même ces honneurs ont été refusés au pape Ratzinger.
           
        "Nous connaissons bien le bois dont sont faits les journalistes, mais quelques-uns conservent une certaine honnêteté. La vulgate qui a couru dans les salles de presse du monde entier, et dans la salle de presse du Saint-Siège lui-même, était que le pape Benoît était toujours un pontife distant, détesté ou indifférent au peuple chrétien. Beaucoup d’entre eux ont reconnu tranquillement leur erreur de jugement lorsqu’ils ont vu le nombre énorme et surprenant de personnes qui sont venues à la basilique Saint-Pierre ces derniers jours. En fait, le nombre de chaises qui ont rempli la place Saint-Pierre pour la messe des funérailles n’avait été égalé que lors de la messe inaugurale du pontificat de François" (cf. https://www.medias-presse.info/caminante-wanderer-scandalise-par-les-funerailles-de-benoit-xvi-titre-le-coeur-mesquin-du-pape-francois/169126/).
           
        ... Non, franchement, le pape Benoît méritait tout-de-même autre chose que ce coup de pied de l'âne hargneux, dur, haineux et méchant, que lui a décoché le pape François à ses obsèques. Avec François, il faut hélas dire qu'on n'est plus en présence de la mule du pape, c'est le pape lui-même qui est la mule, rancunière et vindicative à souhait, comme dans la fable d'Alphonse Daudet, sauf le respect que je dois à la fonction pontificale (même quand c'est François qui remplit le Siège de Pierre).
           
        En vérité, je ne lui trouve, dans toute l'Histoire ecclésiastique, qu'un pontife aussi énergumène que lui, à savoir, Paul IV Carafa, le géniteur de la fumeuse bulle dont se gargarisent religieusement et rituellement les sédévacs tous les matins à jeun, avant de prendre leur petit-déjeuner...
 
bon Pasteur chapelle du Carme Marienthal Alsace        
        Mais éteignons vite les flammes Boanergès allumées dans notre âme par les indignités du pape François, repartons sur du sérieux, sur le fond spirituel dramatique, tragique, de notre "crise de l'Église", pour conclure.
           
        L'époque de la fin des temps, que nous vivons et mourons à la fois, est celle où "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous" (Rom XI, 32 ― La Vulgate donne "incrédulité" au lieu de "désobéissance" employé par Crampon ; le sens en est de toutes façons semblable, et veut signifier que l'homme est en-dehors de la voie de Dieu). Or, si nous n'embrassons pas la totalité spirituelle du Plan divin dans cette fin des temps, alors, nous serons inéluctablement et invinciblement acculés au désespoir, ne retenant que le premier élément qui caractérise la fin des temps, à savoir que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance". Il faut faire l'effort surnaturel de s'élever dans la Foi pour comprendre qu'à la fin des temps, lorsque tout, absolument tout, même le Siège de Pierre, est "enfermé dans la désobéissance", c'est seulement "pour faire miséricorde à tous".
           
        Remarquons bien que saint Paul, juste avant cette phrase, évoquait la conversion des Gentils générée par l'incrédulité des juifs, puis ensuite, il prédit la conversion de ces juifs eux-mêmes, ce qui doit avoir lieu à la fin ultime des temps, afin que tous soient en fin de compte mis dans l'ordre du salut universel proposé à chacun et à tous ("De même donc qu'autrefois vous-mêmes [les romains, les Gentils] vous n'avez pas cru à Dieu, et que vous avez maintenant obtenu miséricorde à cause de leur incrédulité [celle des juifs] ; eux de même n'ont pas cru maintenant, à cause de la miséricorde dont vous avez été l'objet, afin qu'eux aussi ils obtiennent miséricorde" ― Rom XI, 30-31). Saint Paul, en parlant des juifs et des Gentils et de leur sort à la fin des temps, parlait en fait du monde entier, et notons bien que c'est ce même monde entier, récapitulé dans les juifs et les Gentils, qui a crucifié le Christ et qui l'a fait dans l'inadvertance, ainsi que, après le Christ en croix, nous l'a enseigné saint Pierre dans les Actes ; et cette même inadvertance caractérise le monde entier de notre fin des temps crucifiant cette fois-ci le Christ dans son Église.
           
        Et c'est pourquoi, en notre dramatique fin des temps, il sera fait miséricorde à tous (du moins en droit, car tous et chacun demeurent libres dans leur libre-arbitre, d'accepter ou de refuser le merveilleux Plan de salut du Bon Dieu qui veut faire miséricorde à tous). Ce Plan divin remplit saint Paul d'émerveillement, de gratitude et d'un immense élan d'amour envers ce Dieu qui est si bon, et cela doit être aussi notre sentiment de Foi, d'Espérance et de Charité, actuellement. Après avoir en effet résumé son enseignement en nous disant lapidairement que "Dieu a tout enfermé dans la désobéissance pour faire miséricorde à tous", il laisse tout-de-suite échapper son cri de joie, éclater son admiration de ce Plan divin qui montre l'Amour salvifique de Dieu pour tous les hommes : "Ô profondeur des richesses de la sagesse et de la science de Dieu ! Que Ses jugements sont incompréhensibles, et Ses voies impénétrables ! Car qui a connu la pensée du Seigneur ? ou qui a été Son conseiller ? Ou qui Lui a donné le premier, et recevra de Lui en retour ?" (Rom XI, 33-35).
           
        On ne saurait donc être étonné que la Reine des prophètes, à Fatima, épouse elle aussi, elle la première, ce merveilleux Plan divin de salut universel, lorsqu'elle enseigne aux petits bergers, par l'ange du Portugal, de dire souvent la prière suivante : "... prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre miséricorde", c'est-à-dire très-concrètement, les âmes qui sont le plus rigoureusement et invinciblement enfermées, cadenassées, dans la désobéissance, dans l'incrédulité... comme celles des papes modernistes de notre temps de la fin !! C'est bien pourquoi, à propos de ces papes modernistes qui infestent certes notre pauvre Église contemporaine, la menant irréversiblement à la mort, il faut bien se retenir de les juger, tout en nous gardant bien sûr de leur perversité doctrinale : "Ne jugez point, afin que vous ne soyez pas jugés. Car vous serez jugés selon que vous aurez jugé, et on se servira envers vous de la même mesure dont vous vous serez servis" (Matth VII, 1-2). Enseignement divin que saint Luc consigne, lui aussi, dans son Évangile : "Soyez donc miséricordieux, comme votre Père est miséricordieux. Ne jugez point, et vous ne serez pas jugés ; ne condamnez point, et vous ne serez pas condamnés" (Lc VI, 36-37).
           
        Là est le devoir de Foi fondamental, me semble-t-il, en notre temps de la fin où toutes les âmes, sans forcément faute ou coulpe de leur part, sont sous "la puissance des ténèbres", "enfermées dans la désobéissance, l'incrédulité", "faites péché pour le salut", dans une "si grande contradiction".
           
        Je ne peux m'empêcher de finir ce grand article, où l'on ne peut manquer de voir très-bien, à propos de la personne de Joseph Ratzinger-Benoît XVI, que le moins se mélange inextricablement au plus, le négatif au positif, par un tout petit panégyrique à son intention, ne serait-ce que pour contribuer à réparer l'offense grave qui lui a été faite par le pape François dans l'homélie de ses obsèques. Je rappellerai pour cela ce que j'avais écrit de lui il y a plus de trois ans maintenant, le 30 mai 2019, lorsque je rédigeai mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! : "... Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, humble, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux et fervent de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre" (c'est malheureusement vrai, il n'a jamais voulu ou pu s'exorciser de Vatican II, comme par exemple l'a fait Mgr Viganò).
           
        Je complèterai ce que j'écrivais là il y a plus de trois ans en disant que, certes, Joseph Ratzinger fut un très-grand esprit, un de ses condisciples lorsqu'il était encore séminariste ne l'avait-il pas baptisé "Mozart de la pensée", mais hélas, un grand esprit brassant et se jouant des contraires peut arriver à ne plus s'y retrouver dans les choix fondamentaux au moment précis où il faut les faire hic et nunc, là où un enfant du 1er catéchisme s'y retrouverait sans même réfléchir. Personne, à ma connaissance, n'a mieux décrit cette faille des grands intellectuels que Montaigne, lorsqu'il évoqua lapidairement "ces infinis esprits qui se trouvent rognés par leur propre force et souplesse". Joseph Ratzinger-Benoît XVI a par exemple toujours voulu présenter Vatican II comme un laboratoire extraordinaire de pensées les plus surnaturellement constructives, positives, alors que ce n'était en vérité que bouillon de cultures en forme de tête-de-mort où fermentaient très-dangereusement les idées hétérodoxes les plus mortifères pour la vie de l'Église et des âmes...
           
        Et puis, et enfin, maintenant qu'il est parti dans l'Au-delà, on ne peut s'empêcher de se demander, après cette incroyable situation d'un pontificat en bi-double avec François qui a duré huit longues années, dont j'avais fait plusieurs articles pour essayer de bien la cadrer dans "LA PASSION DE L' ÉGLISE" : quel va être le prochain avenir de l'Église après sa mort ?
           
        J'avais déjà évoqué cette grande question, c'était dans un autre article Une très-bonne nouvelle !!!, écrit il y a un peu moins de deux ans maintenant, le 19 mars 2021, et il me semble que je n'ai guère, pour les présentes, qu'à recopier ce que j'y écrivais, toujours aussi valable pour nos jours : "... Mais alors ? Que se passera-t-il lorsque le pape crucifié mourra ? La chose la plus simple du monde : le pape crucifié disparaissant, il ne restera plus dans l'Église actuelle, à l'heure où elle vit la Passion du Christ, que... le pape crucificateur, en l'occurrence François. Plus rien, alors, ne semble pouvoir retenir l'arrivée de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, comme l'avait si bien prophétisé la très-sainte Vierge Marie à La Salette, et comme si peu de catholiques l'ont compris, même à présent alors que la terrible et affreuse prophétie achève de se réaliser hic et nunc concrètement sous leurs yeux obscurcis : «Rome perdra la Foi, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST».
           
        "On voudra me voir pousser les choses à fond : est-ce à dire que dès la mort du pape Benoît, puis celle du pape François (... ou sa démission ; ce qui serait étonnant, car François a un tempérament de dictateur et les dictateurs ne démissionnent pas...), autrement dit, dès après la disparition des papes en bi-double que nous avons actuellement et vivant l'ultime moment de la Passion de l'Église, l'Antéchrist-personne fera immédiatement irruption pour envahir le Siège de Pierre ? Réponse : je n'en sais rien, nous n'en savons rien, personne n'en sait rien, Dieu seul le sait, et cela me suffit et cela suffit aux âmes chrétiennes. Il est possible, selon la Volonté divine, que l'Église achève encore de mourir avec un seul pape crucificateur, avec François, encore un certain temps... pour que l'Écriture s'accomplisse. Jésus n'est pas mort tout-de-suite, sur la croix. Il serait même possible, pour que le cauchemar soit complet, qu'il y ait encore à venir un autre pape de l'Église après François, ... crucificateur ?, crucifié ?, les deux à la fois cette fois-ci ?, avant que l'Antéchrist-personne n'envahisse définitivement le Siège de Pierre et ne fasse mourir l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre. Ce que nous savons en toute certitude, et c'est le plus important, c'est que le Bon Dieu nous donnera la force, si nous le voulons, de tenir bon dans la Foi afin d'être sauvés, jusqu'à la fin ultime" (fin de citation).
           
        Que le Bon Dieu accueille par sa grande miséricorde dans son Paradis éternel, celui dont la dernière parole terrestre, fut : "Jésus, je T'aime !"
           
        On a vu une banderole "Santo subito" parmi la foule, lors de ses obsèques, comme avec Jean-Paul II. Je crois, en effet, qu'on va probablement assister dans les prochains mois à un mouvement dans l'Église actuelle vers sa canonisation.
           
        Mais je crois extrêmement plus fort encore qu'il a vraiment besoin de nos prières pour monter au Ciel.
           
        C'est pourquoi, ayant eu quelque petite rentrée d'argent dernièrement, je suis heureux de pouvoir lui offrir une messe à l'intention de son repos éternel en Dieu.
           
        Que le pape Benoît XVI, MALGRÉ TOUT, repose en paix dans le Christ !
           
        Amen.
 
En la fête de la Conversion de saint Paul,
l'Apôtre des nations,
Ce 25 janvier 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 ConversionSaintPaul
 
 
 
 
 
25-01-2023 11:36:00
 

Un complément d'antidote contre l'hérésie sédévacantiste, par... saint Bernard de Clairvaux

18-12-2022 15:30:00
 

La fable sédévacantiste mensongère de la bulle de Paul IV et de son contexte historique

 
 
 
La fable sédévacantiste mensongère
de la bulle de Paul IV
et de son contexte historique
 
           
            "Tu es maître en Israël,
et tu ignores ces choses ?"
(Jn III, 10)
           
        "Au sens premier, le mot «fable» désigne l'histoire ou l'enchaînement d'actions qui est à la base d'un récit imaginaire, quel qu'il soit" (Wikipedia). "Récit, propos mensonger, histoire, allégation inventée de toutes pièces" (Larousse). Bref, on l'a compris : la fable fait vivre celui qui la fabrique et celui qui l'écoute dans un univers faux et phantasmatique, qui ne pose pas les pieds par terre dans le réel, elle le fait vivre dans une sorte de... métavers, dirait-on de nos jours antéchristisés qui se dirigent tout droit vers l'enfer virtuel du règne de l'Antéchrist-personne.
           
        Comme chacun sait parmi les catholiques qui se sont méritoirement souciés de "la crise de l'Église", la bulle de Paul IV (Cum ex Apostolatus, du 15 février 1559) est agitée comme gonfanon de combat par les sédévacantistes. Le malheur pour eux, c'est qu'ils lui font dire n'importe quoi, tirant d'elle par exemple un prétendu argument dogmatique pour leur mauvaise cause de soutenir un soi-disant droit de déchoir de leur propre autorité les papes vaticandeux, argument qui, en réalité, n'existe nullement, n'étant rien d'autre que de la poudre de perlimpinpin. La vérité, c'est qu'ils se sont inventés une fable, ils vivent "la crise de l'Église" dans une sorte de métavers...
           
        Il ne va pas être mauvais de revisiter un peu tout cela en fichant le soc de charrue très-profond, plus encore peut-être dans le champ de l'Histoire que dans celui de la théologie, car le libre-examen hérétique de la Légitimité pontificale dans le contexte ecclésial actuel, ... on voudrait certes tellement que François ne soit pas pape !!, et donc avoir LE DROIT de déchoir ou de choisir le pape actuel qui nous convient !!, ressort périodiquement, de nos jours, de bâbord, de tribord, de poupe, de proue, pas forcément d'ailleurs où on l'attendrait, parfois à l'extérieur des murs sédévacs, extra muros, certains cardinaux conservateurs modernes n'hésitant pas même à y recourir...
 
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        C'est la Foi qui fait le pape, est le raisonnement de base du sédévacantiste, ou pour mieux dire son seul raisonnement. Or, c'est un raisonnement théologiquement faux, à la racine, in radice. En effet, ce n'est pas premièrement la Foi qui fait le pape, c'est l'Église Universelle qui fait le pape, plus précisément dit : c'est la désignation par l'Église Universelle d'un tel comme vrai Vicaire du Christ qui le fait pape actuel certainement légitime. Et parce qu'il est certainement le pape légitime actuel puisqu'il est désigné par l'Église Universelle pour l'être, alors il ne peut qu'avoir la vraie Foi, à tout le moins quant à son Magistère pontifical (car, mais ce n'est qu'un cas d'école purement hypothétique et qui n'est jamais arrivé, il est théologiquement possible de supposer un hérétique occulte en son privé pouvoir être vrai pape, le Saint-Esprit l'empêchant de transvaser dans le for public magistériel l'hérésie qu'il couve dans son for privé, du moment qu'il est toujours le sujet désigné par l'Église Universelle pour être le vrai pape ; Pighius, un théologien du temps de saint Robert Bellarmin, et aussi le jésuite Laymann au XVIIe siècle, l'exposent, Laymann en particulier dit très-clairement : "Notons cependant que, bien que nous affirmions que le souverain pontife, en tant que personne privée, est susceptible de devenir hérétique et, par-là, de cesser d'être un vrai membre de l'Église, pourtant, s'il est toléré par l'Église, et publiquement reconnu comme le pasteur universel, il jouirait réellement du pouvoir pontifical, de sorte que tous ses décrets n'auront pas moins de force et d'autorité qu'ils n'en auraient s'il était vraiment fidèle" ― Theol. mor., livre II, tr. I, chap. VI, pp. 145-146).
 
        La Foi magistérielle du pape, théologiquement, est donc subséquente, seconde, par rapport à la désignation par l'Église Universelle pour décider si un tel est pape ou bien non, elle est seulement une subséquence de sa légitime désignation par l'Église Universelle pour remplir le Siège de Pierre, et non une raison première de sa légitimité.
           
        Si donc, pour rentrer dans notre apocalyptique "crise de l'Église", l'on est dans le cas d'un pape hérétique dans son Magistère, le fait qu'il n'a pas la Foi dans son Magistère n'est théologiquement pas le criterium in capite à retenir pour en déduire et professer qu'il n'est pas pape, le seul criterium à retenir pour l'affirmer serait que sa personne ne soit pas le sujet de la désignation par l'Église Universelle pour être le vrai pape actuel, ou qu'il ne le soit plus s'il l'a été, l'Église Universelle cessant à un moment donné de son pontificat suprême de le désigner pour l'être. Or, in casu, tous les papes vaticandeux, de Jean XXIII à François ont dûment bénéficié, et bénéficie toujours quant à François, de la désignation de leur personne par l'Église Universelle pour être le Vicaire du Christ actuel : ils sont donc certainement pape. La solution théologique de "la crise de l'Église" ne passe donc pas par l'illégitimité de leurs pontificats, comme le croient à tort les sédévacantistes.
           
        Voilà en effet la règle prochaine de la Légitimité pontificale, ou pour parler une langue plus moderne son criterium premier et fondamental : la désignation du pape actuel par l'Église Universelle. Et c'est une règle de droit divin absolument intangible en toutes situations (car le droit divin ne souffre aucune exception, sous peine justement, de ne pas pouvoir s'appeler droit divin), la transgresser est par le fait même, ipso-facto, détruire radicalement l'Église telle que le Christ l'a constituée il y a plus de 2 000 ans.
           
        Autrement dit, il est théologiquement complètement faux de dire qu'il suffit de constater de l'hérésie dans le Magistère d'un pape pour en déduire et professer qu'il n'est pas ou plus pape, cette proposition est théologiquement parfaitement hérétique comme supplantant l'Église Universelle, la détruisant purement et simplement dans l'âme de celui qui la professerait. Seule l'Église Universelle a pouvoir et mandat divins de déchoir un pape hérétique dans son Magistère : si elle ne le fait pas, personne ne peut le faire à sa place. Et si quelqu'un s'arroge le droit de le faire à sa place, alors il supprime l'Église Universelle. Mais que resterait-il de la Foi dans l'âme de celui qui inexisterait l'Église Universelle, laquelle est "Jésus-Christ continué" (Bossuet) ? Il n'en resterait évidemment plus rien. C'est pourtant la situation dans laquelle se place le sédévacantiste, la plupart du temps inconsciemment heureusement pour lui. On se retrouve là exactement avec le cas de figure de Luther qui prétendait faire abstraction de l'Église Universelle, se mettant antichristiquement à sa place, pour entendre la Parole de Dieu. Or, il y a des "membres enseignants" mandataires de l'Église Universelle pour dire infailliblement la Parole de Dieu et il y en a aussi pour dire non moins infailliblement qui est, ou qui n'est pas, pape, à toute heure de la vie de l'Église militante, dans son économie du temps des nations et de Rome son centre. Et en-dehors de leur enseignement, il n'y a rigoureusement aucune possibilité d'entendre la Parole de Dieu ou de savoir qui est pape ou qui ne l'est pas. Pour qu'un pape ne soit pas vrai pape, il n'y a donc qu'un seul considérant à prendre en compte, je le répète, c'est à savoir qu'il ne soit pas désigné par l'Église Universelle pour l'être, ou alors que, ayant dûment bénéficié de cette désignation par l'Église Universelle lors de son élection pontificale, elle ne soit pas tacitement reconduite ultérieurement par l'Église Universelle à un moment donné du cours de son pontificat.
           
        Le fait de voir un pape bénéficiant de la reconnaissance par l'Église Universelle de sa qualité de vrai Pontife romain actuel être cependant hérétique dans son Magistère, ne supprime donc absolument pas la certitude de sa légitimité certaine de vrai pape, verus papa, impérée par ladite désignation de sa personne pour être le vrai pape actuel de l'Église catholique, cela ne fait que montrer à tout regard que l'Église-Épouse du Christ est en contradiction avec elle-même dans ses principes constitutionnels. Et rien d'autre.
           
        Impossible, en effet, quant au pape moderne, de supprimer, soit sa légitimité certaine, soit le caractère hérétique de son enseignement magistériel, puisque tous les deux sont fondés sur deux lieux théologiques intouchables, Autorité et Vérité. Et on ne peut certes point supprimer l'Autorité au nom de la Vérité (comme le font les sédévacantistes et les guérardiens), ni non plus faire l'inverse, supprimer la Vérité au nom de l'Autorité (comme le font les lefébvristes et les "ralliés"). Nous sommes donc dans une situation apocalyptique humainement absolument incompréhensible et il ne faut pas s'étonner qu'elle en fasse déjanter plus d'un dans la Foi, par exemple mon dernier article a montré qu'elle fait moult phantasmer blasphématoirement Mgr Williamson (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Un%20blasph%C3%A8me%20(s%C3%BBrement%20inconscient)%20%20de%20Mgr%20Richard%20Williamson?Itemid=1).
           
        Mais on sort du blasphème si l'on veut bien approfondir sa Foi, et la vivre jusqu'à accompagner le Christ dans sa Passion, jusqu'au pied du Calvaire Rédempteur, y compatir avec la très-sainte Vierge Marie, saint Jean et les saintes femmes. Car, de contradiction, il peut y en avoir de deux sortes dans l'Église : l'une, formelle, signifierait certes que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", ce que la Foi nous enseigne bien sûr être impossible ; l'autre, simplement matérielle, signifie, radicalement aux antipodes extrêmes de la première signification, que l'Église est rentrée dans l'économie de la Passion du Christ, que saint Paul dans l'épître aux Hébreux, nous décrit comme étant une "si grande contradiction" (He XII, 3).
           
        Et bien entendu, la Foi nous enseigne que seule la seconde possibilité peut exister sans aucunement attenter aux fondements de la Constitution divine de l'Église (cf. l'exposé complet de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ici : https://eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
 
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        Après avoir posé la grande loi, la règle prochaine de la Légitimité pontificale, rentrons à présent dans le concret. Puisque l'acte de désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel est la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il nous faut maintenant dire qui a pouvoir de représenter l'Église Universelle dans cet acte de désignation du Pontife romain actuel, ledit acte étant toujours un fait dogmatique, de soi doté de l'infaillibilité. C'est le Sacré-Collège cardinalice, et lui seul, qui, dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un, représente, en corps d'Institution, l'Église Universelle lorsqu'elle a, après la mort d'un pape, à poser cet acte de désignation sur un nouveau pape, qui devient pour toute l'orbe catholique, le Pontife romain actuel. Pour ne citer que cela ici, les papes Pie IX et Léon XIII le diront très-clairement, en ces termes dénués de toute équivoque : "Le droit d'élire le Pontife romain appartient uniquement et personnellement aux cardinaux de la Sainte Église romaine, en excluant absolument et en éloignant toute intervention de n'importe quelle autorité ecclésiastique ou de toute puissance séculière, de quelque degré ou condition qu'elle soit" (Pie IX, const. In hac sublimi, 10 des calendes de septembre 1871 & Consulturi, 10 octobre 1877 ; Léon XIII, const. Praedecessores Nostri).
           
        Puisque, pour l'acte de désignation du Pontife romain actuel, les cardinaux de la sainte Église romaine ou haut-clergé de Rome représentent dans une identité absolue l'Église Universelle, en corps d'Institution dans leur majorité canonique, et que tout ce que fait l'Église Universelle est sous mouvance directe et immédiate de l'Esprit-Saint, alors, leur acte de désignation du nouveau pontife romain est doté de l'infaillibilité. En effet, lorsque l'Église Universelle, par l'organe collectif des cardinaux, se choisit une nouvelle tête visible, elle y "engage sa destinée" (cardinal Journet, dans L'Église du Verbe incarné). Or, elle ne peut que l'engager infailliblement puisqu'en le faisant, elle est sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit.
 
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        Et justement, je vais en profiter, car c'est important pour bien montrer non seulement l'inanité complète de la thèse sédévacantiste sur le plan théologique, mais encore pour montrer aussi le caractère hérétique formel de ce que va oser dire le pape Paul IV dans le § 6 de sa bulle, que nous allons voir tout-de-suite, je vais en profiter disais-je, pour faire la démonstration théologique de la note formelle d'infaillibilité dont est doté l'acte de désignation du Pontife romain actuel par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique, organe transparent de l'Église Universelle. Je rassure le lecteur : après l'exposé de la théorie, les choses vont devenir immédiatement très-simples, limpides, claires comme de l'eau de roche, quant à dénouer la problématique posée par la fumeuse beaucoup plus que fameuse, bulle de Paul IV qui nous intéresse (ou plutôt qui ne nous intéresse pas du tout, étant doctrinalement une des bulles pontificales les plus honteuses de tout le Bullaire romain, dans son § 6).
           
        Énoncé de la thèse à démontrer.― L'infaillibilité de la désignation du Pontife romain actuel par l'Église Universelle, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique, est vérité à croire de Foi, de fide, comme étant une expression formelle du Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité. Sous peine d'anathème formel et de se mettre soi-même, en la niant, hors de l'Église, anathema sit.
           
        C'est pourquoi, pour le dire avant de rentrer dans la démonstration, il ne faut pas s'étonner de voir dans le passé des hérétiques être condamnés pour avoir voulu, quant à la Légitimité pontificale, faire passer le criterium de la Foi avant celui de l'Autorité ecclésiale posant dûment cet acte de désignation du Pontife romain actuel, car cedit acte est doté de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Jean Huss, pré-protestant, par exemple, fut condamné par le Concile de Constance, pour avoir professé : "Ce n'est pas parce que les électeurs [du pape], ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue [pape] ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu" (26ème ERREUR).
           
        Nous sommes là les pieds en plein dans la double hérésie sédévacantiste qui professe non seulement que c'est la mise en œuvre du Bien-Fin de l'Église qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale mais qui en plus s'arrogent le pouvoir de juger si le pape opère ou bien non cedit Bien-Fin de l'Église, avec pouvoir de déchéance si l'examen s'avère négatif ; or, on vient de le lire, les Pères de Constance anathématisent cette proposition comme étant... hérétique.
           
        Wyclif, lui aussi pré-protestant, dans une proposition hérétique similaire, est pareillement condamné par le Concile de Constance, cette fois-ci sous forme de question : "[Les partisans de Wyclif] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ?" (24ème ERREUR). Le Concile de Constance pose cette question aux partisans de Wyclif, précisément parce qu'ils ne croient pas que le pape canoniquement élu est avec certitude le successeur de Pierre, mais que sa légitimité est conditionnée par ses œuvres, autrement dit par la rectitude doctrinale de sa Foi.
           
        Il est clair que le Concile de Constance, dans ces deux hérésies, condamne l'affirmation selon laquelle un pape canoniquement élu n'est pas pape avec certitude. Ce qui signifie a contrario qu'on doit reconnaître comme successeur de Pierre la personne canoniquement élue, et que cette dernière l'est avec certitude.
           
        Mais voici maintenant le corps de la démonstration théologique. Cette grande loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée est en effet tirée immédiatement, et non médiatement, des dogmes les plus fondamentaux qui fondent l'Église du Christ, à savoir : 1/ l'infaillibilité dont est dotée l'Église Universelle ; 2/ le fait que le pape est le suppôt (= une substance avec son mode d'exister) immédiat et capital de cette dite infaillibilité de l'Église Universelle, que lui, et lui seul, peut mettre en œuvre et met en œuvre in concreto. Or, évidemment, il est impossible que dans l'acte de se donner une tête qui met en œuvre immédiatement son charisme d'infaillibilité, l'Église Universelle puisse se tromper, par exemple en choisissant un hérétique formel ayant puissance d'infecter le Magistère pontifical de son hérésie, car s'il en était ainsi, cela introduirait ipso-facto une faille par laquelle la faillibilité pourrait s'introduire dans l'Église à chaque nouvelle élection pontificale, et donc il serait impossible que l'infaillibilité ecclésiale puisse être jamais mise en oeuvre. Ce qui prouve donc formellement l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée. Et il en est bien ainsi, parce que : 1/ L'Église Universelle est infaillible de soi dans TOUT ce qu'elle fait ; 2/ elle est donc infaillible en choisissant sa tête visible. La formule de Journet pour le dire, que je rappelle à nouveau, est très-profonde : l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain est infaillible parce que, dit-il, "l'Église Universelle y engage sa destinée". Car bien entendu, l'Église Universelle ne saurait engager sa destinée que sous la mouvance très-immédiate du Saint-Esprit, c'est-à-dire, donc, de manière... infaillible.
           
        Or donc, puisque cette loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel est tirée immédiatement et non médiatement des dogmes les plus fondamentaux (c'est bien pourquoi le cardinal Billot dans son exposé sur la question que j'ai cité au long dans L'Impubliable, dit que la raison de l'infaillibilité de l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel "n'est pas à chercher au loin", elle se trouve en effet dans les tout premiers dogmes du fondement de l'Église), dont elle n'est qu'une simple conséquence, subséquence, elle est donc elle-même intégrée, comme vérité implicite, aux vérités à croire de Foi, de fide, comme étant une expression formelle du Magistère ordinaire & universel d'enseignement. Elle est donc à croire FORMELLEMENT, au même titre qu'une vérité dogmatique explicitement formulée. Sous peine d'anathème non moins formel. Rappelons ici la règle de Foi posée par les Pères de Vatican 1er : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire et universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011).
           
        Le sédévacantiste semble avoir une fausse conception de ce qui est à croire de Foi pour un catholique, voulant, tel son frère ennemi le lefébvriste d'ailleurs, que seules les vérités ayant fait l'objet d'une explicitation dogmatique soient vérités à croire de Foi, de fide.
           
        On est loin de compte. En vérité, il faut y rajouter TOUTES les vérités qui sont professées par le Magistère ordinaire & universel, auxquelles sont intégrés les syllogismes qui contiennent au moins dans la majeure un dogme déjà défini et dans la mineure une vérité philosophique. Or, dans notre cas, nous avons non seulement un dogme dans la majeure, mais... un second dogme dans la mineure ! En effet : Majeure : L'Église est infaillible (vérité qui n'a jamais fait l'objet d'un dogme, mais qui a rang de dogme) ; mineure : le pape est récipiendaire immédiat et capital de l'infaillibilité de l'Église (vérité qui a été dogmatisée à Vatican 1er) ; conclusion syllogistique : toute élection pontificale est donc dotée de l'infaillibilité. La conclusion est donc une vérité à croire de Foi, de fide. L'abbé Favier, dans un petit précis de théologie pour exposer le dogme de l'Assomption résume fort bien la question par cette phrase : "[Outre les vérités révélées par le Magistère extraordinaire,] sont certaines aussi les vérités (...) qui ont une connexion nécessaire avec des dogmes déjà définis". Que le sédévacantiste retienne bien : "qui ont une connexion nécessaire avec des dogmes déjà définis". La loi fondamentale de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée en est une illustration excellentissime : si on la nie, alors, on est absolument obligé de dire, soit que l'Église Universelle n'est pas dotée de l'infaillibilité, ou bien alors, que le pape n'est pas le récipiendaire capital et principal du charisme d'infaillibilité donné par le Christ à son Épouse l'Église, deux vérités dogmatiques ou ayant rang de dogme qu'il est hérétique de récuser.
           
        Outre cette dite loi fondamentale que je rappelle, quant à la Légitimité pontificale, voici quelques autres exemples de ces dites vérités implicites à croire de Foi, de fide, objets formels du Magistère ordinaire & universel, quand bien même elles n'ont pas (encore) fait l'objet d'une explicitation dogmatique, pour que le sédévacantiste saisisse bien la question.
           
        1/ Est-ce que le sédévacantiste croit que l'Église Universelle est infaillible ? Il va évidemment me répondre : mais oui, bien sûr, j'y crois, c'est même fondamental. Cependant, qu'il cherche dans tout le catalogue des définitions dogmatiques de l'Église depuis sa naissance jusqu'à maintenant, cette doctrine tellement évidente, à croire de Foi sous peine d'anathème, il… ne l'y trouvera pas. Cette pourtant fort grande vérité entre toutes, qui en commande tant d'autres, n'a en effet... jamais été dogmatiquement définie. Or, évidemment, on est sûr qu'elle est au rang de dogme, de vérité à croire de Foi, de fide, puisqu'un département d'icelle, à savoir l'infaillibilité du pape seul a été, quant à elle, explicitement dogmatisée à Vatican 1er. J'ai un très-excellent article de L'Ami du Clergé sur cette question, que le sédévacantiste pourra chercher et trouver dans L'Impubliable où je le cite (je ne lui donne pas la page précise, je le laisse l'y chercher, il s'instruira en cherchant...!).
           
        2/ L'infaillibilité doctrinale en matière liturgique est une doctrine à croire elle aussi de Foi, de fide : c'est-à-dire que dans un Rite promulgué par le pape pour l'Église Universelle, on ne saurait trouver la moindre prière professant ou même seulement insinuant l'hérésie ; le pape Pie VI l'a du reste bien rappelé pour condamner le concile janséniste de Pistoie. Cependant, là encore, que le sédévacantiste cherche dans le catalogue multiséculaire des dogmes de l'Église cette grande vérité, pourtant à croire de Foi sous peine d'anathème, il ne la trouvera pas plus, elle n'a, elle non plus… jamais été dogmatisée.
           
        Mieux, encore, pour bien faire comprendre ce point fort important : dans les trois premiers siècles de l'Église, il y avait, on le sait, très-peu de dogmes formulés, à telle enseigne que le plus important d'entre eux, à savoir la Divinité du Christ, n'avait pas encore fait l'objet d'une explicitation dogmatique… tellement il était évident que cette vérité fondatrice de toute la Religion catholique et de l'Église, allait de soi, elle n'était, si j'ose dire imparfaitement, que l'expression du Magistère ordinaire & universel (car il ne faudrait pas croire que c'est le Magistère dogmatique extraordinaire qui fonde le Magistère ordinaire & universel, quand c'est tout le contraire qui est vrai, c'est le Magistère ordinaire & universel qui fonde le Magistère dogmatique extraordinaire) ! Le sédévacantiste osera-t-il dire pour autant que parce que la Divinité du Christ n'avait pas été dogmatisée (elle ne le sera que pour régler et terrasser la crise arienne, au IVème siècle), un chrétien vivant avant le IVe siècle aurait pu la mettre légitimement en doute, sans pécher par-là même mortellement contre la Foi ?! Poser la question, c'est évidemment y répondre.
           
        Et, on l'a compris, il en est de même pour la loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel, de l'infaillibilité de toute élection pontificale théologiquement achevée, exactement de même. Le sédévacantiste ne saurait la mettre en doute, ne pas la professer formellement, sans pécher gravement et mortellement contre la Foi, s'anathématisant ipso-facto lui-même, car théologiquement elle a "une connexion nécessaire", elle est syllogistiquement dérivée très-immédiatement, et non médiatement, de dogmes déjà définis ou ayant rang de dogme, et donc est intégrée au Magistère ordinaire & universel d'enseignement infaillible comme telle, en tant que vérité implicite à croire de Foi, de fide, tout-à-fait au même titre qu'un dogme explicitement défini par le Magistère extraordinaire solennel.
           
        Fin de la démonstration théologique.
 
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        ... Et maintenant, amis lecteurs, lisons ensemble le § 6 de la bulle de Paul IV :
       
        "§ 6 — De plus, si jamais un jour il apparaissait qu'un évêque, faisant même fonction d'archevêque, de patriarche ou de primat ; qu'un cardinal de l'Église romaine, même légat ; qu'un Souverain pontife lui-même, avant sa promotion et élévation au cardinalat ou au Souverain pontificat, déviant de la Foi catholique, est tombé en quelque hérésie, sa promotion ou élévation, même si elle a eu lieu dans la concorde et avec l'assentiment unanime de tous les cardinaux, est nulle, sans valeur, non-avenue. Son entrée en charge, consécration, gouvernement, administration, tout devra être tenu pour illégitime. S'il s'agit du Souverain Pontife, on ne pourra prétendre que son intronisation, adoration (agenouillement devant lui [des cardinaux]), l'obéissance à lui jurée, le cours d'une durée quelle qu'elle soit (de son règne), que tout cela a convalidé ou peut convalider son Pontificat : celui-ci ne peut être tenu pour légitime jamais et en aucun de ses actes. De tels hommes, promus évêque, archevêques, patriarches, primats, cardinaux ou Souverain Pontife, ne peuvent être censés avoir reçu ou pouvoir recevoir aucun pouvoir d'administration, ni dans le domaine spirituel, ni dans le domaine temporel. Tous leurs dits, faits et gestes, leur administration et tous ses effets, tout est dénué de valeur et ne confère, par conséquent, aucune autorité, aucun droit à personne. Ces hommes ainsi promus seront donc, sans besoin d'aucune déclaration ultérieure, privés de toute dignité, place, honneur, titre, autorité, fonction et pouvoir" (fin de citation).
           
        Ce que j'ai mis en italiques dans ce § 6 de la bulle de Paul IV est formellement hérétique comme frappant de plein fouet la loi fondamentale de l'infaillibilité de la désignation du Pontife romain actuel par l'Église Universelle dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice, loi que je viens de soigneusement rappeler dans l'introduction de mon nouvel article. Au Moyen-Âge, ce § 6 aurait mené le pape Paul IV Carafa tout droit sur le bûcher, sans autre forme de procès, comme attentant directement à l'Église Universelle dont "le nom d'humilité" (Journet) est l'Église romaine, singulièrement récapitulée dans les cardinaux en corps d'Institution lorsqu'ils procèdent ensemble à l'acte de désignation du Pontife romain actuel. Avouons que cela fait comme un effet électrochoc de voir un pape qui se piquait de voir de l'hérésie partout et dans tout le monde, ... jusqu'à suspecter le cardinal Alexandrin, le futur saint Pie V !!, en commettre lui-même une si énorme dans son Magistère, attentant formellement à la Constitution divine de l'Église en renversant purement et simplement l'Église romaine dans l'acte d'élire un pape, puisqu'il ose soutenir que l'acte de désignation cardinalice du nouveau pape posé au nom de l'Église Universelle assistée infailliblement par le Saint-Esprit peut être... invalide.
           
        Mais on comprendra mieux comment un pape de la Renaissance voulant par extrémisme le bien, pouvait tomber dans un si grave et tel excès anathème, lorsqu'on étudiera ensemble plus loin le contexte historique qui révèlera certains efforts de subversion du Siège de Pierre lorsque Paul IV vivait, mais pas autant qu'il le croyait. Nous verrons qu'il ne fut d'ailleurs pas le seul pape à commettre cet attentat hérétique contre l'Église Universelle dans les élections pontificales, l'un de ses prédécesseurs, le pape Jules II, cinquante ans avant lui, commit exactement le même attentat dans une bulle (qui d'ailleurs est mère de celle de Paul IV, laquelle va jusqu'à en reprendre la forme), cette fois-ci non pas pour empêcher qu'un hérétique formel n'envahisse le Siège de Pierre, comme dans la bulle de Paul IV, mais pour empêcher qu'il ne soit envahi par un simoniaque. En fait, la situation de l'Église du Christ, à la Renaissance, présente une certaine et lointaine analogie avec la nôtre : elle était, non pas comme le croyaient à tort Jules II et Paul IV, sur le point d'être subvertie par Satan, ceci étant de toutes façons une chose que la Foi déclare impossible de toute impossibilité, mais, comme c'est arrivé à notre époque et ça n'est pas arrivé à la Renaissance, elle frisait seulement de pouvoir être soumise à "la puissance des ténèbres" et rentrer dans l'économie de la Passion du Christ, qui l'aurait fait alors "péché pour notre salut" (II Cor V, 21), vivant la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à la Passion du Christ. Mais ceci, qui est propre à la toute dernière crise de la fin des temps, n'était pas réservé à l'Église de la Renaissance quand cela est notre lot à nous.
           
        En fait, Paul IV a formulé cet hérétique et même impie § 6 parce qu'il est tombé dans un piège subtil du démon réservé à ceux qui veulent certes la perfection spirituelle (comme c'était bien sûr le cas du restaurateur de l'Inquisition, vénéré jusqu'à un certain point par saint Pie V) mais sans assez la vouloir dans la Volonté divine, la voulant au contraire dans la volonté humaine voire même "l'hommerie" comme disait Montaigne, c'est-à-dire dans l'imperfection humaine : en faire trop, et par-là même, court-circuiter l'Action de la Providence divine en se mettant à sa place (c'était sa terrible manière à lui, qu'illustre ô combien, sur le plan politique, la déplorable guerre qu'il soutint contre les Espagnols en 1556-57). N'y a-t-il pas un proverbe qui dit que "le mieux est... l'ENNEMI du bien" ? On se dit tout cela, surtout quand on lit le préambule de la bulle, dans lequel Paul IV expose ses motivations : "... Et, dit-il, pour que Nous puissions ne jamais voir dans le Lieu-Saint l'abomination de la désolation prédite par le prophète Daniel, Nous voulons, etc." (§ 1). Éh ! Diable de diable ! Est-il possible à l'homme, fût-il pape, de supprimer l'épreuve suprême que Dieu Lui-même a inéluctablement destinée à l'Église et à l'humanité pour la fin des temps, épreuve prophétisée infailliblement dans les saintes-Écritures (... précisément celle que nous vivons et mourons à la fois, nous autres, mais que ne vivaient pas encore les chrétiens de la Renaissance) ? Est-ce bien seulement catholique ? Non, car il faut que "l'Écriture s'accomplisse" (Jésus, justement, se répétait toutes ces prophéties sur la Croix, pour s'encourager à accomplir le Mystère de la Rédemption).
           
        Il faut donc absolument et même nécessairement, précisément pour accomplir le grand Mystère de la Rédemption et de la co-Rédemption ecclésiale, que cette "abomination de la désolation" prédite par le prophète Daniel... s'accomplisse très-réellement : à savoir qu'un très-mauvais jour, que le catholique certes ne souhaite pas, il y aura bel et bien sur le Siège de Pierre un hérésiarque consommé dans la malice du diable, manifestant à plein le mysterium iniquitatis, ce sera l'Antéchrist-personne. ET LE SAINT-ESPRIT LAISSERA FAIRE. Comme aux temps de la mortelle Passion du Christ, Il L'a laissé être crucifié jusqu'à ce que mort s'ensuive. Sans intervenir. Malgré l'horrible blasphème des pharisiens au pied de la Croix : "Il a appelé Élie, voyons s'Il va venir Le délivrer" (Mc XV, 35-36). Voilà, quant à l'Église, qui affole, qui obsède littéralement, voire rend fou, le respectable pape Paul IV dans les dernières années de sa vie, au point d'occuper toutes ses journées, au détriment même des grandes affaires de l'Église : il disait avoir peur qu'après sa mort, ne soit élu pape un des deux cardinaux Pole et Morone, le second héritier spirituel du premier, qu'il jugeait dangereux hérétiques occultes (bien à tort, cependant, je vais l'exposer plus loin)… à moins qu'il n’éprouvât cette peur pour l'un de ses bandits de cardinaux-neveux, comme je le dirais plus loin également !
           
        En 1846, la très-sainte Vierge à La Salette prophétisait dans le Secret confié à Mélanie le règne de l’Antéchrist-personne. Or, à aucun endroit, elle ne cherche à supprimer, comme Paul IV, la "grande tentation universelle" dont nous entretient l'Apocalypse, III, 10, pour les temps où l'Antéchrist-personne se manifestera : elle reste soumise au Plan de Dieu, à sa Volonté, à l’instar de son divin Fils, faisant montre de plus de sagesse, elle qui est le sedes sapientiae, que le pape Paul IV. Sans cesser d'être sereine, elle prophétise l'inéluctable épreuve suprême de l’Église, afin que les âmes fidèles puissent s'y préparer : "ROME PERDRA LA FOI, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST", point, c’est tout. Pas besoin, du reste, d'être grand'clerc pour comprendre que le "siège de Rome qui perd la Foi", c'est le… Saint-Siège, celui... du pape... qu'occupera, donc, un jour, l'Antéchrist-personne lui-même soi-même, en tant que dernier pape LÉGITIME, si dur et humainement parlant incompréhensible cela puisse paraître à nos yeux catholiques (cf. mon article de fond, où je fais l'exposé de cette très-redoutable question, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        Mais justement… Paul IV, lui, ne veut ab-so-lu-ment-pas de cette horrible Passion du Christ répliquée dans l'Église usque ad mortem, il veut, tel saint Pierre, l'empêcher. Empêcher que l'Écriture ne s'accomplisse, c'est ce qui semble être le but premier de sa bulle volontariste (certes, on doit et il est même méritoire de chercher à retarder, tant qu'on peut, l'avènement de ce règne maudit de l'Antéchrist-personne à partir du Siège de Pierre, mais il ne faut pas s'imaginer pouvoir le supprimer, ce serait en effet lutter contre le Plan de Dieu... comme on le voit très-bien avec Paul IV qui est obligé, pour atteindre ce but qu'il s'est fixé dans son excès de zèle pieux, de toucher sacrilègement à un point fondamental de la Constitution divine de l'Église).
           
        La bulle de Paul IV a donc, dès les prémisses du § 1, un mauvais relent outrancier, bien d'ailleurs dans le caractère entier, violent, cassant, emporté et raide de son auteur. À son entière décharge, il faut d'ailleurs dire que lorsqu'il la promulgua, il était tellement choqué d'avoir été trompé par ses neveux-cardinaux, qu'il n'était plus en possession de tous ses moyens : "La main de la mort l'avait déjà légèrement touché ; l'émotion que lui avaient causée la découverte des méfaits de ses neveux et leur chute, avait donné le choc décisif à sa constitution de fer. À partir de ce moment, il fut malade de l'esprit autant que du corps", commente, un rien romantique mais d'une manière parfaitement exacte pour le fond, l'historien Pastor (Histoire des Papes depuis la fin du Moyen-Âge, t. XIV, p. 189). Je vais bien sûr revenir plus loin sur tout ce contexte historique et sur la personnalité énergumaniaque de Paul IV.
 
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        Le pape Pie X comprit en tous cas tout-de-suite le grave danger hérétique de ces bulles de ses prédécesseurs de la Renaissance, Jules II et Paul IV (contrairement aux sédévacantistes qui s'y sont hélas empalés passionnellement sans réflexion, jusqu'à fond du donf). Dans sa constitution Vacante Sede Apostolica du 25 décembre 1904 sur les élections pontificales, au § 79, il les abrogea, ou plus exactement dit, il abrogea juridiquement la seule bulle de Jules II (ou de tout successeur, notons-le bien), ce qui eut pour effet canonique immédiat d'obroger en même temps la bulle de Paul IV, c'est-à-dire que celle de Paul IV est désormais dans la situation d'une bulle officiellement abrogée sauf qu'il n'y a pas eu de déclaration juridique abrogative explicite, c'est la seule différence ("obrogation : suppression ou abrogation indirecte d'une loi par une loi postérieure contraire et de même degré" ― Dictionnaire de droit canonique, Naz, 1957). Saint Pie X, mettant discrètement le voile de Noé sur le sujet, ne voulait pas, évidemment, porter le discrédit sur ses prédécesseurs de la Renaissance. Qu'on veuille bien noter avec soin que Pie X gardait les anathèmes de son prédécesseur Jules II contre les fauteurs d'une élection pontificale simoniaque, mais il supprimait l'annulation d'une élection pontificale qui aurait eu lieu en étant entachée de simonie, parce que, dira-t-il très-explicitement, cela risquerait d'attaquer la valeur en soi des élections pontificales. Autrement dit, Pie X était parfaitement conscient, contrairement à son prédécesseur Paul IV ou Jules II, de l'infaillibilité attachée de soi à tout acte de désignation cardinalice du Pontife romain actuel, parce que, toujours et à tout coup, il est fait in Persona Ecclesiae, au nom et pour le compte de l'Église Universelle...
           
        En fait, la bulle de Paul IV n'est qu'une décalcomanie de celle de Jules II, de cinquante ans son aînée, dont elle est fille spirituelle, reprenant exactement le même raisonnement de fond qu'elle, à savoir essentiellement, comme le sédévacantiste ne le sait que trop bien ou plutôt que trop mal, d'oser invalider les élections pontificales même approuvées par les cardinaux au nom de l'Église Universelle, c'est-à-dire théologiquement achevées, pour une cause ou pour une autre, simonie (Jules II) ou hérésie (Paul IV), allant même jusqu'à en copier les formules soufflées et boursouflées d'alors. Toutes ces bulles, en effet, ne brillent pas fort par la simplicité et la clarté dans l'expression, comme si la forme emberlificotée, embrouillée, tarabiscotée et brumeuse, rejoignait le fond, en était le signe topique. Lucius Lector, pseudonyme d'un cardinal qui écrivit un gros livre sur les arcanes des conclaves dans les dernières années du pontificat de Léon XIII, a ces lignes sévères mais fort justes sur la forme rédactionnelle de celle de Paul IV : "… Préambule prolixe rédigé dans ce style ampoulé, sonore et creux, qu'ont affectionné parfois les scriptores de la chancellerie pontificale" ; "… toute cette redondance d'un langage riche en pléonasmes menaçants…" ; "En somme, ce sont là sept pages de style éclatant, pour amplifier ce que le décret du pape Symmaque avait dit en neuf lignes" (Le Conclave, Lucius Lector, 1894, respectivement pp. 106-107, 108 & 109).   
           
        Et bien sûr, si le pape Pie X abroge la bulle de Jules II dans sa Constitution sur les élections pontificales de 1904 pour ce motif principal et précis qu'elle invalide les élections pontificales approuvées par les cardinaux agissant in Persona Ecclesiae, la bulle de Paul IV tombe sous la même sentence puisque cette proposition hérétique est explicitement formulée et sert de raisonnement de fond dans son § 6 incriminé. Car que ce soit pour cause d'hérésie ou de simonie, le motif de l'abrogation par Pie X de la bulle de Jules II se retrouve identiquement et absolument dans celle de Paul IV : cette dernière subit donc la même sentence de condamnation, quoique seulement implicitement mais avec la même portée que la bulle de Jules II. La bulle de Paul IV, au moins depuis la Constitution de saint Pie X sur les élections pontificales, n'a donc plus aucune valeur en Église. Les deux bulles, en effet, on est bien obligé d'en prendre acte, que cela plaise ou non, péchaient contre la Foi en ne tenant aucun compte de la loi fondamentale de l'infaillibilité de l'acte de désignation ecclésiale universelle des papes nouvellement élus, dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice.   
 
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        Parvenu à ce carrefour, je suis sûr que le sédévacantiste ne comprend plus. Comment, dira-t-il, une bulle dogmatique peut-elle être... hérétique, et, subséquemment, faire l'objet d'une obrogation, c'est-à-dire cesser définitivement d'avoir force de loi ?
           
        C'est là que le sédévacantiste se trompe le plus gravement : la bulle de Paul IV, loin d'être dogmatique, a un objet uniquement et purement disciplinaire, non-dogmatique, elle n'a aucun objet dogmatique.
           
        Lorsqu'un pape promulgue une bulle, il commence généralement dans les tout premiers § par dire pourquoi il l'édicte, en exposant et explicitant clairement son objet de fond. Paul IV n'y manque pas, dès le § 2 il expose l'objet formel de sa bulle, qui s'avère être exclusivement... disciplinaire. Lisons-le, il est là très-clair : "Après mûre délibération à ce sujet avec nos vénérables frères les Cardinaux de la Sainte Église Romaine, sur leur conseil et avec leur assentiment unanime [… hum ! rien moins que sûr, ce prétendu "assentiment unanime" des cardinaux quant à la teneur de cette bulle, au moins pour le § 6, nous verrons cela plus loin…], de par notre autorité Apostolique, Nous approuvons et renouvelons toutes et chacune des sentences, censures et peines d'excommunication, interdit et privation et autres, quelles qu'elles soient, portées et promulguées par les Pontifes Romains, nos Prédécesseurs, ou tenues pour telles, soit par leurs lettres circulaires (extravagantes) mêmes, reçues par l'Église de Dieu dans les Saints Conciles, soit par décrets et statuts de nos Saints Pères (conciliaires), soit par les Saints Canons et Constitutions et Ordonnances Apostoliques portés et promulgués, de quelque façon que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques. Nous voulons et Nous décrétons qu'elles soient portés et promulgués, de quelque façon que ce soit, contre les hérétiques et les schismatiques, observées perpétuellement ; si peut-être elles ne le sont pas, qu'elles soient rétablies en pleine observance et doivent le rester".
           
        Rien de plus clair. L'objet formel de la bulle est purement disciplinaire, donc non-dogmatique. Il s'agit, pour Paul IV, de remettre en vigueur la discipline la plus drastique existant dans l'Église quant au traitement des hérétiques. Il n'y a là, il n'y a même pas besoin de le dire, aucun objet dogmatique. Paul IV est d'ailleurs ici très-logique avec le programme de pontificat qu'il s'est tracé dès son entrée en charge du Siège de Pierre, et qu'il expose dans le premier consistoire qu'il tint avec ses cardinaux le 29 mai 1555 : "Il promit solennellement de consacrer toutes ses forces à la restauration de la paix dans la Chrétienté et au renouvellement de l'ancienne discipline dans l'Église universelle" (Pastor, p. 73). Le problème, c'est que s'il prit beaucoup de mesures heureuses à Rome, par exemple contre les filles publiques, etc., il concevait cette restauration violemment et sans aucun discernement, c'est le moins qu'on puisse en dire, qu'on en juge par le fait absolument époustouflant suivant : "Cette absence de ménagement de Paul IV apparut dans la façon si rude avec laquelle, le 30 juillet 1555, il donna son congé à Palestrina [!!!], de la chapelle papale, dans laquelle à l'avenir il ne voulait plus souffrir de gens mariés [!!!]" (Pastor, p. 74)… Palestrina, viré comme un malpropre !!! Le plus grand polyphoniste pieux de tous les temps !!!
           
        Cette bulle de Paul IV a donc, de par la volonté même du pape qui la promulgue, la discipline pour seul objet. Et après avoir formulé cet objet disciplinaire dans le § 2, Paul IV va magistériellement le mettre en œuvre concrète immédiatement après, dans le § 3. Il emploie pour cela tout un train de verbes pour acter cet objet... disciplinaire. Continuons à le lire : "Nous décidons, statuons, décrétons et définissons : [sans hiatus] Les sentences, censures et peines susdites [celles que le pape vient tout juste d'énoncer dans le grand détail dans le § 2], gardent toute leur force et leur efficacité, entraînant leurs effets".
           
        La première chose dont le sédévacantiste aurait dû se rendre compte, c'est que le verbe "definimus" du § 3, sur lequel il a tellement phantasmé, est, dans la bulle de Paul IV, immédiatement appliqué à… une remise en vigueur des antiques prescriptions disciplinaires concernant le traitement des hérétiques, qui est tout l'objet déjà sus-énoncé au § 2 comme étant le but théologique formel de la bulle, laquelle remise en vigueur purement disciplinaire, grammaticalement, en est le complément d'objet direct. Il s'agit donc pour Paul IV, on l'a déjà vu, on le sait déjà, uniquement, seulement, de ramener la pratique disciplinaire de l'Église à sa forme antique la plus drastique et… c'est tout, strictement tout. Non seulement il le dit dans le § 2, mais il y revient donc formellement dans le § 3, après le train de verbes par lequel il manifeste son vouloir pontifical : nous décidons, statuons, décrétons et DÉFINISSONS… une remise en vigueur de prescriptions d'ordre disciplinaire. Un point, c'est tout. Et c'est cet objet purement et exclusivement disciplinaire que, dans sa bulle, Paul IV dit et veut "définir" et… "définit" effectivement.
           
        Cela aurait dû grandement faire réfléchir le sédévacantiste, avant de se croire autorisé à conclure fébrilement, passionnellement, dans son sens hérétique. En effet, il aurait dû comprendre que Paul IV ne pouvait "définir", au sens dogmatique magistériel extraordinaire du verbe, une… simple remise en vigueur, un simple rappel, de lois disciplinaires ! En tout état de cause, il est en effet totalement exclu qu'une définition dogmatique extraordinaire, telle que le concile du Vatican 1er nous l'a définie, puisse porter sur une remise en vigueur d'une discipline particulière, le seul objet d'une définition dogmatique étant en effet, pardon pour cette lapalissade, de… faire un dogme, c'est-à-dire d'opérer dans le domaine purement doctrinal, ce qui exclut le domaine disciplinaire. Or, c'est bien ici le cas, le "definimus" dans la bulle de Paul IV a comme complément d'objet direct et porte exclusivement sur un objet disciplinaire, de soi évidemment… non-dogmatique. Cela prouve donc que cedit verbe "definimus" ne revêt nullement dans la bulle de Paul IV un sens dogmatique, quel qu'il soit.
           
        Le sédévacantiste, ici, probablement interloqué, va sans doute se demander comment il se peut bien faire que le verbe "definimus" puisse être employé magistériellement pour un objet non-dogmatique, comme c'est, dans la bulle de Paul IV, indiscutablement le cas. L'explication est à la fois théologique, historique et linguistique. En fait, en voulant donner forcément le sens dogmatique extraordinaire au verbe "definimus" contenu dans la bulle de Paul IV, le sédévacantiste commet un anachronisme. Parce que ce n'est seulement que récemment dans l'Église, après Vatican 1er, que le verbe "definimus" a revêtu l'acception stricte, exclusiviste et rigide, inhérente aux définitions du Magistère extraordinaire dogmatique (ou peut-être déjà à la fin de l'Ancien-Régime, la notion commençait à se désenvelopper). AVANT le XIXe siècle en effet, l'Église ne connaissait pas et n'avait pas désenveloppé, quant à son Magistère, la distinction "ordinaire" et "extraordinaire"... ni donc donné une acception théologique exclusiviste aux verbes "enseigner" et "définir", respectivement inhérents à cesdites distinctions. Au temps de Paul IV donc, lorsque les scriptores de la chancellerie pontificale comme dit Lucius Lector ont employé ce verbe "definimus", ils ont très-bien pu le faire en lui donnant le sens d'un simple vouloir pontifical... non-dogmatique. La meilleure preuve de cela, c'est que… c'est justement le cas pour la bulle de Paul IV.
           
        Grammaticalement, en effet, le complément d'objet direct du verbe "definimus" dans cette bulle, c'est immédiatement et seulement… une simple remise en vigueur d'une discipline particulière qui, évidemment, ne concerne pas un objet dogmatique. Il suffit tout simplement de… lire la bulle pour s'en rendre compte. Or, c'est le complément d'objet direct d'un verbe qui en norme le sens ; et ce sens, pour le verbe "definimus" employé dans la bulle de Paul IV est exclusivement et uniquement disciplinaire. Certes, pour être complet sur la question, il faut bien sûr préciser que même lorsque l'Église n'avait pas encore désenveloppé la distinction magistérielle "ordinaire" et "extraordinaire", c'est-à-dire donné une acception rigide et exclusiviste aux verbes "enseigner" et "définir", elle a pu employer et a effectivement employé parfois le verbe "definimus" dans le sens dogmatique (nous en avons par exemple une belle illustration dans la bulle de Boniface VIII où, en plein XIIe siècle, le pape "définit" le plus dogmatiquement du monde, dans la dernière phrase du document, qu'"il est nécessaire à tout être humain pour son salut d'être soumis au Pontife romain"), mais elle l'a aussi employé indifféremment dans le sens non-dogmatique dans d'autres décrets, précisément parce qu'elle n'avait pas encore explicité cette distinction.
           
        Donc, le seul moyen pour savoir avec certitude dans quel sens, elle l'a employé in casu, dogmatique ou non-dogmatique, c'est de prendre connaissance de la nature du complément d'objet direct attaché immédiatement au verbe "definimus", lequel explicite formellement, de manière décisoire, le sens, dogmatique ou non-dogmatique, que le rédacteur pontifical a voulu donner audit verbe dans tel ou tel décret magistériel particulier. Or, je le répète, dans le cas qui nous occupe, la bulle de Paul IV, ce sens est purement et exclusivement… disciplinaire, c'est-à-dire non-dogmatique. Il faut simplement lire la bulle elle-même, pour en prendre bon acte.
           
        Donc, conclusion, le sédévacantiste est débouté purement et simplement dans sa prétention indûe de donner la note dogmatique à la bulle de Paul IV.
           
        Et cette conclusion est des plus logiques avec la Foi. Car en effet, si le sédévacantiste veut que la bulle de Paul IV soit dogmatique, c'est pour pouvoir en connoter la proposition hérétique du § 6, invalidant une élection pontificale théologiquement achevée. Or, justement, comme cette proposition est hérétique, elle ne pouvait donc pas être l'objet d'une définition dogmatique, ce qui est précisément corroboré formellement par le fait que la bulle de Paul IV est non-dogmatique. N'étant pas l'objet d'une définition dogmatique, la proposition hérétique du § 6 pouvait donc être faillible, ce que hélas elle est effectivement et foutrement.
 
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        Mais le sédévacantiste va peut-être encore invoquer pour sa cause perdue d'avance, le fait que Paul IV assigne le caractère de perpétuité aux dispositions de sa bulle ("en vertu de cette Constitution nôtre valide à perpétuité" ― § 3). Or, le caractère de perpétuité convient aux dogmes, et pas à ce qui est non-dogmatique, pourrait-il arguer. Malheureusement pour lui, il ne fait là que souligner en rouge l'excès outrancier du volontarisme de Paul IV dans sa bulle... disciplinaire.
           
        La première question qui doit être posée, c'est en effet la suivante : Paul IV avait-il théologiquement le droit de noter de perpétuité sa bulle... disciplinaire ? C'est, me semble-t-il, tout-de-même bien la première question à poser. Or, il n'en avait pas le moindre droit, précisément parce que, on vient de le voir ensemble, l'objet, le motif formel de sa bulle est d'ordre purement disciplinaire, et que, par définition même de la chose, une discipline donnée, toujours particulière, ne saurait être valable pour tous les temps encore à venir de l'Église… "à perpétuité". Il y a en effet contradiction entre l'objet théologique formel de la bulle, une discipline particulière, et la note "à perpétuité" qu'a voulu y accoler Paul IV dans le § 3.
           
        Là encore, on ne peut s'empêcher de dénoncer l'abus de pouvoir évident, manifeste, scandaleux, de Paul IV… et cette fois-ci, rendons-nous bien compte, contre le Saint-Esprit pas moins !, de vouloir imposer à toute l'Église, pour tous les temps qu'elle aura encore à vivre sur cette terre de par Dieu, la discipline la plus drastique, la plus sévère, la plus rigoriste, la plus dénuée d'indulgence et de miséricorde qui soit ! La paranoïa de Paul IV hélas se voit ici en plein. Il se croyait donc vraiment investi de la grâce du Saint-Esprit pour tous les temps qu'aurait encore à vivre sur terre l'Église militante, puisqu'il suppose savoir de science divine qu'il faudra à l'Église, pour toutes les générations ecclésiales suivant la sienne, la discipline la plus strictement sévère et anathématisante jusqu'à la fin des temps, … "à perpétuité". On ne peut que constater là encore, de sa part, un empiétement sacrilège sur l'action du Saint-Esprit dans l'Église, qui parle à chaque Pontife suprême qu'Il crée Lui-même, comme étant le plus apte à remplir la mission qu'il assigne à chaque génération nouvelle de chrétiens, et à qui Il peut très-bien donner, quant à la chose disciplinaire, une direction, une vocation nouvelles, qu'Il ne révèle pas à l'avance, et qui peut tout-à-fait être à rebours de celle précédente, les périodes pastorales alternatives variant ainsi en Église, à la discrétion du Saint-Esprit (et non de Paul IV), jusqu'à la fin des temps.
           
        Qui ne comprend que dans une simple famille humaine, on ne doit pas toujours diriger les enfants avec la dernière sévérité, mais qu'au contraire la sagesse exige d'alterner les moyens de sévérité avec ceux de douceurs et d'indulgence ? Et que c'est ainsi que l'enfant est le mieux éduqué et dirigé vers le bien ? Combien plus la chose est-elle encore valable pour l'Église et les âmes ! Le changement d'orientation de la pastorale et de la politique pontificales, comme l'a intelligemment noté Lucius Lector, "est un fait historique qui se produit surtout lorsqu'un pontificat a eu une longue durée et une physionomie caractéristique. L'élection et le pontificat suivants marquent alors presque toujours un mouvement de réaction. C'est ainsi que, selon le mot d'un de nos écrivains les plus distingués, la succession des Papes représente «la part de mobilité dans l'immutabilité de l'Église» (L. Lefébure, La Renaissance religieuse, Paris, 1886, p. 69)" (Le Conclave, p. 485, note 1).
           
        Éh bien, l'Histoire ecclésiastique, justement, a remarquablement confirmé cette grande loi… dès le pontificat suivant celui de Paul IV. Le pontificat de son successeur Pie IV, en effet, a été un pontificat d'assouplissement, de pacification, de douceur de discipline, dont les âmes avaient certes fichtrement besoin après les dénis de justice les plus révoltants dont les avait abreuvés Paul IV. Et qui d'ailleurs les avaient tellement révoltés, qu'à peine sa mort fut-elle connue du peuple romain, et même un peu avant qu'elle ne survint (… et non de "la populace romaine", comme le disent les malhonnêtes sédévacantistes lorsqu'ils évoquent le fait, voulant faire accroire qu'il s'agissait de débordements injustifiés ou pire fomentés par les méchants initiés… qui, comme par hasard, ne se seraient produits… que seulement après la mort de Paul IV, mais… pour aucun autre pape dans toute l'Histoire de la papauté…!!), qu'on le vit en colère se répandre en traînée de poudre par toute la ville pour effacer partout où il se trouvait le nom de famille du pape, "Carafa", y cassant toutes ses armes et statues, brûlant et saccageant la prison de l'Inquisition, ce qui est très-révélateur des graves excès et iniquités commis par Paul IV sur le chapitre de la Foi, allant même jusqu'à… défenestrer son infortuné cardinal-neveu.
           
        À toutes les époques de l'Église, en effet, il n'est pas forcément bon sur le plan spirituel, cela va presque sans dire, de déchoir tout prélat dès la première chute dans l'hérésie et sans réintégration possible ultérieure. Certains papes l'ont clairement dit, par exemple dans les affaires compliquées de l'Église orientale, et d'ailleurs, pendant quasi toute la période tourmentée de la survie de l'Empire d'Orient, VIe-XIIIe siècles, Constantinople n'arrêtant pas d'enfanter des hérésies ou plutôt des sophistications d'hérésies déjà condamnées, compliquées d'une terminologie linguistique différente des latins et de questions d'antipathies de race entre les grecs et les latins. Leur pratique pontificale la plus commune a été de remettre sur leurs sièges respectifs, après une pénitence publique convenable, les simples prélats orientaux tombés dans l'hérésie par faiblesse devant la persécution ou par ignorance théologique, sans être eux-mêmes les chefs de file de l'hérésie, l'historien ecclésiastique Rohrbacher a de très-belles et édifiantes pages là-dessus (hélas, sans verser dans la calomnie ou la partialité, l'Histoire enseigne que les prélats grecs-orientaux étaient doctrinalement beaucoup moins forts dans la Foi que ceux romains-occidentaux ; et donc, justement, il convenait d'user d'indulgence avec eux, ce que les papes d'alors comprirent fort bien ; la bulle de Paul IV, parue dans ces temps-là, aurait tout simplement enterré l'Église d'Orient sans retour, bien avant que les musulmans ne le fassent…).
           
        Conclusion : la note "à perpétuité" dont Paul IV a voulu, de volonté volontariste et surtout sacrilègement abusive, doter sa fumeuse bulle, est donc théologiquement indûe, absolument irrecevable, blessante aux oreilles pies… "nulle, sans valeur, non avenue" pour reprendre ses propres anathèmes du § 6, justement appliqués cette fois-ci. On me permettra du reste de douter que ces formules formidables, éclatantes, solennelles, retentissantes comme cymbales, soient à prendre au premier degré, littéralement. Ce qui me fait dire cela, c'est que l'on trouve la même note "à perpétuité" donnée par Jules II à sa propre bulle, ce qui ne l'a nullement empêchée d'être… abrogée en 1904 par Pie X (voici comment s'exprimait Jules II dans sa bulle, et l'on a aucune peine à y retrouver le ton sentencieux et déclamatoire de celle de Paul IV : "Nous, de l'autorité et de la plénitude de la puissance apostolique, ce saint concile de Latran y donnant son approbation, nous approuvons les lettres susdites, nous les renouvelons dans tous leurs points, décrets, peines, défenses, et ordonnons qu'elles soient inviolablement et irréfragablement observées à perpétuité").
 
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        … Mais cependant, comment expliquer, tout-de-même, ces bulles édictées par des papes sérieux et voulant très-sincèrement le Bien supérieur de l'Église, bulles appartenant au Magistère authentique non-infaillible (puisqu'elles ont pour objet la discipline, et non la Foi ou les mœurs, ce que je viens de prouver pour la bulle de Paul IV, et la même note de non-infaillibilité s'applique également à celle de Jules II), bulles qui, on ne saurait se le cacher, contiennent un venin d'hérésie formelle en ce qu'elles supposent, ô blasphème !, l'impuissance du Saint-Esprit dans les élections pontificales ?
           
        C'est, me semble-t-il, dans l'ordre humain, ad hominem, qu'elles trouvent une certaine justification. Et on pourrait même dire, une justification... édifiante. Un peu d'histoire va nous le faire bien comprendre, et quittons un instant Paul IV pour visiter Jules II. Ce pape déjà vieux, intrépide et héroïque défenseur des droits tempo­rels du Saint-Siège comme peut-être nul autre pape avant ni après lui ne le fut (sur son lit de mort, "peu avant d'expirer, il protesta d'avoir éprouvé dans son pontificat des sollici­tudes si poignantes, qu'elles pouvaient être comparées au martyre" ― Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XXII, p. 346 ; ce n'était certes pas de sa part une vaine phrase ; un jour, Jules II était au lit avec une forte fièvre qui le minait ; on vint lui annoncer qu'une des villes appartenant au Saint-Siège était prête de tomber aux mains des ennemis : il ne fait ni une ni deux, se lève précipitamment, saute sur un cheval et fonce au camp des défenseurs, sa présence énergique ranima les combattants et le siège de la ville fut levé...!), quoique dans l'ordre concret on puisse fort discuter les guerres qu'il mena contre la France dans le Milanais, Jules II donc, voyait son époque dans une situation de dégénérescence morale générale chez les grands et, sur le plan humain, il y avait en effet un certain risque de voir le Saint-Siège envahi par un élu corrompu, à sa mort.
           
        Avec Jules II, en effet, nous touchons au déplorable règne d'Alexandre VI (1492-1503) dont il prend pratiquement la succession après l'éphémère passage de Pie III (1503), et sommes en pleine Renaissance païenne si fort pénétrée de l'idée politi­que moderne (que le Florentin Nicolas Machiavel n'a pas inventée, contrairement à ce qu'on croit généralement : dans son célèbre ouvrage, il n'a fait que révéler à tout le monde ce que tout le monde vivait et pensait…), basée sur une morale fort étrange que l'on peut résumer ainsi : un prince, comme individu, peut et même doit avoir de la re­ligion et de la conscience ; mais, comme prince et pour son politique, il n'en a d'autre que son intérêt, pour qui tous les moyens sont bons, même, oui, les moyens... honnêtes.
           
        Or, à cette époque, la translation d'un tel esprit amoral du politique au religieux se faisait tout naturellement car les princes de l'Église étaient tous, à de rares exceptions près, des princes temporels (de plus, le népotisme, c'est-à-dire le favoritisme de la famille du pape, est déjà une "tradition" de plusieurs papes lorsque Jules II monte sur le siège de Pierre). Lucius Lector résume pudiquement la situation, ainsi : "Les cardinaux du XVIe siècle, princes souvent mondains et politiques, s'effrayaient moins de cette espèce de simonie latente et indirecte qui ne se formule guère par des contrats, mais qu'impliquent aisément les adhérences de fac­tions et les compromissions de partis" (Lector, p. 106).
           
        Cette situation, en soi très-périlleuse pour l'Église, que Jules II perçoit avec une douloureuse acuité (Paul IV, à tort ou à raison, se croira dans le même genre de situation subversive, mais sur le plan doctrinal), qui ar­racha au pape dans sa bulle contre les élections pontificales simoniaques ce cri de l'âme "considérant de quelle gravité et de quel malheur seraient les élections adultérines des vicaires du Christ et quel détriment elles pourraient apporter à la reli­gion chrétienne, surtout dans ces temps si difficiles, où toute la religion chrétienne est vexée de diverses manières", fait, qu'en plus du droit divin ou plutôt hélas sans en tenir aucun compte, le pape crut nécessaire de frapper les esprits de son époque de la sainteté des élections pontificales par des dispositions canoniques excommunicatrices formidables qui, en soi, ce­pendant, sont parfaitement... inutiles. En effet, la Providence divine a prévu l'As­sistance toute-puissante et infaillible du Saint-Esprit pour les élections pontificales : cela, faut-il le dire, suffit évidemment à empêcher toute élection d'un simoniaque ou d'un héré­tique au Souve­rain Pontificat !
           
        Mais, cependant, sur le plan humain, ad hominem, on parlerait de nos jours enténébrés de psychologie, il est possible que ces bulles de Jules II et de Paul IV, théologiquement hérétiques, furent quand même utiles voire louables, pour prévenir, à l'époque où elles parurent, la faute de faiblesse de certains grands, leurs "présomption et ambition humaine" comme dit Jules II dans son décret, et pour les garantir miséricordieusement du châtiment divin qui n'aurait pas manqué de tomber sur eux comme la foudre du Ciel abat d'un seul coup d'un seul les chênes les plus noueux, s'ils avaient osé essayer d'envahir le Saint-Siège par des voies impures. En soi, donc, pastoralement, il faut penser que ces bulles firent un bien, et même un grand bien, plus qu'un mal, mais seulement sur les âmes des grands de l'époque où elles parurent, et dans une fourchette de temps très-étroite.
           
        Le problème, c'est que des esprits superficiels, impulsifs, passionnels, bornés et ne possédant pas le sensus Ecclesiae, en tireront de nos jours la conséquence hérétique qu'elles contiennent en droit, et que ne voulaient certainement affirmer ni Jules II ni Paul IV : à savoir que les élections au Souverain Pontificat ne sont pas couvertes infailliblement par le Saint-Esprit. Ce qui est hélas le cas des sédévacantistes de toute obédience.
           
        On ne m'en voudra pas, j'espère, de conclure sur une note d'humour. Rappelons ce trait dans Tintin & Milou (j'étais, Dieu me pardonne !, un tintinophile très-distingué dans ma petite jeunesse !) : quand un des deux Dupond/t affirmait une chose, son frère jumeau le couvrait et renchérissait par un "je dirai même plus", mais... de répéter mot pour mot la même chose que son frère ! Ici, le premier Dupond, c'est... le Saint-Esprit, le second, c'est... le pape Jules II ou Paul IV...! En soi, le fait de droit divin que les élections pontificales sont assumées infailliblement par le Saint-Esprit est bien entendu théologi­quement suffisant pour empêcher toute élection d'un fils de Satan sur le Siège de Pierre ; non, il n'y a vraiment pas besoin du "je dirai même plus" des papes Jules II et Paul IV, surtout, surtout, que ces "je dirai même plus" supplantent par le fait même le Saint-Esprit en mettant des garde-fous humains en lieu et place de ceux divins, et supposent donc théo­logiquement par-là même, quoique sans le vouloir (ce n'est évidemment pas le but de l'opération), que ceux divins ne sont pas suffisants ou pire la non-Assistance du Saint-Esprit dans l'élection du pape, proposition... singulièrement hérétique : en effet, s'il faut des garde-fous humains, cela suppose qu'il n'y en a pas de divin !
           
        Et voilà comment "le mieux est l'ENNEMI du Bien"...
 
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        "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe" (Mgr Duchesne).
           
        Je viens donc d'exposer la théologie de la Légitimité pontificale, toute récapitulée dans l'axiome : la règle prochaine de la Légitimité pontificale réside dans la désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel. Or, on a une merveilleuse et magistrale démonstration pratique de cette règle prochaine, qui en même temps détruit le raisonnement hérétique et impie tenu par le pape Paul IV dans le § 6 de la bulle, dans l'histoire extraordinaire du pape Vigile (538-555).
           
        Si l'on suivait en effet les prescription dudit § 6, surtout si cesdites prescriptions étaient de droit divin, alors l'Église aurait disparu dès... le sixième siècle, avec Vigile. Le pape Vigile en effet fut, avant son intronisation au Siège de Pierre, complice formel d'hérétiques et de plus simoniaque (il était gourmand !, il cumulait à la fois l'invalidation de son pontificat suprême par la simonie selon Jules II et par l'hérésie selon Paul IV !). Et l'Église aurait donc disparu avec Vigile, puisque les prélats, même le pontife suprême, s'ils sont une seule fois pris la main dans le sac de l'hérésie, sont déchus de leurs sièges "définitivement" (§ 3), et "s'il s'agit du souverain pontife, on ne pourra prétendre que son introni­sation, adora­tion, etc., que tout cela a convalidé ou peut convalider son pontifi­cat : celui-ci ne peut être tenu pour légitime jamais et en aucun de ses actes" (§ 6). Tuediable & morsangbleu ! En aucun des actes pontificaux de Vigile ? Donc, ses ordinations auraient été nulles, et surtout celles du haut-clergé romain, archidiacres et autres primiciers de l’Église romaine chargés d’élire le futur pape (car à cette époque, il n’y avait pas encore de cardi­naux). À cette aune-là, toutes celles qu'a faites ledit pape Vigile (son pontificat a duré environ dix-sept ans, pendant lesquels on peut bien comprendre qu'il re­nouvela pratique­ment tout le haut personnel de l'Église romaine par ses ordinations épiscopa­les et ses créations de grands-clercs romains ― "En deux fois, au mois de décembre, il [Vigile] avait ordonné quatre-vingt-un évêques, seize prêtres, d'autres disent quarante-six, et seize diacres" -Histoire des souverains pontifes romains, par Artaud de Montor, 1851, p. 271-), toutes les ordinations du pape Vigile disais-je, auraient été parfaitement nulles, invalides, etc. Ce qui signifie que l’élection du pape ayant succédé à Vigile aurait été parfaitement... invalide.
           
        Évidemment, toute l'Église sombre et s'écroule. Dès le VIe siècle.
           
        Voici le fait. L'an 535, l'empereur d'Orient, Justinien, très-fort en palabres et autres décrets théologiques quant à la Foi (il y passait des journées entières, entouré de prélats courtisans...), mais un peu moins en actes et en tous cas circonvenu par sa mauvaise femme (une prostituée de théâtre ramassée sous le trottoir, qu'il avait élevée au rang d'impératrice), laissa mettre sur le siège patriarcal de Constantinople un héré­tique eutychien, Anthime. C'était au temps du pape saint Agapit (535-536), lequel, après diverses péripéties qu'il est inutile de relater, excommunia Anthime dans un concile gé­néral tenu à Constantinople même où il s'était rendu sous la pression des Goths d'Ita­lie, formelle excommunication édictée, d’ailleurs, avec le parfait assentiment de l'em­pereur et de toute l'Église. Ceci à peine fait, le pape meurt, l'an 536.
           
        Mais l'impératrice n'était pas d'accord avec cette excommunication, de mèche qu'elle était avec les euty­chiens hérétiques, fort influents à la cour. Et "parmi les ecclésiastiques que le pape saint Agapit avait amenés à Constantinople, se trouvait l'archidiacre Vigile, que le pape Boniface II [530-532] avait déjà précédemment déclaré son successeur [... mais il avait cassé sa bulle outrée, comme étant contraire aux Canons, juste avant de mourir : en quoi il fut donc un peu plus sage que le pape Paul IV], et qui de fait avait grande envie d'être Pape. L'impératrice le fit venir et lui dit en secret, que, s'il voulait promettre, au cas qu'il devînt Pape, d'abolir le concile qui venait de déposer An­thime, d'écrire des lettres de communion à Anthime, à Sévère et à Théodose d'Alexandrie [complices hérétiques d'An­thime], et d'approuver leur foi par écrit, elle donnerait ordre à Bélisaire [célèbre général de l'empire d'Orient à cette époque, qui faisait la pluie et le beau temps à Rome et à Constantinople sous les ordres du couple impérial] de le faire ordonner Pape, avec sept cents livres d'or. Vigile, qui aimait à la fois et l'or et l'épisco­pat, fit volontiers la promesse, et partit pour Rome. Mais il se vit trompé dans son at­tente ; car il y trouva un Pape tout fait. C'était le sous-diacre Silvère, fils du pape Hor­misda, qui avait été marié avant d'entrer dans l'état clérical. (...) Le diacre Vigile, le trouvant ordonné Pape, retourna à Constantinople, comme son apocrisiaire ou nonce [... légat, dirait la bulle de Paul IV...], après avoir vu Bélisaire à Naples.
           
        "(...) Mais l'impératrice, de concert avec le diacre Vigile, écrivit des lettres au pape Silvère, où elle le priait de venir à Constantinople, ou du moins de rétablir Anthime. Ayant lu ces lettres, Silvère dit en gémissant : «Je le vois bien, cette affaire va mettre fin à ma vie». Toutefois, se confiant en Dieu, il répondit à l'impératrice : «Jamais, madame, je ne ferai ce dont vous parlez, de rappeler un homme hérétique, justement condamné pour son opiniâtre malice». (...) L'impératrice, irrité de la réponse du Pape, envoya à Bélisaire, par le diacre Vigile, des ordres conçus en ces termes : «Cherchez quelques occa­sions contre le pape Silvère, pour le déposer de l'épiscopat, ou du moins envoyez-le nous promptement. Vous avez près de vous l'archidiacre Vigile, notre bien-aimé apo­crisiaire, qui nous a promis de rappeler le patriarche Anthime». En recevant cet ordre, Béli­saire dit : «Je ferai ce qui m'est commandé ; mais celui qui poursuit la mort du pape Silvère en rendra compte à Notre Seigneur Jésus-Christ»". De faux-témoins forgèrent alors de fausses preuves que le Pape Silvère entretenait des intelligences avec les Goths contre les Grecs, péché politique capital à cette époque, et, comme de bien entendu, on s'empressa de les croire : le Pape Silvère, en présence de Vigile, fut dépouillé brutalement de son pallium de souverain pontife, revêtu de l'habit monastique, et envoyé brutale­ment en exil.
           
        "Enfin, par l'autorité de Bélisaire, l'archidiacre Vigile, né à Rome d'un père consul, fut ordonné pape le 22 novembre 537" (ibid.). L'empereur, mis au courant, sortant pour une fois de ses nébuleuses plus ou moins théologiques et percevant bien qu'il y avait là un déni de justice, eut alors une velléité de faire remettre Silvère sur le Siège de Pierre : il donna ordre de le réinvestir dans sa charge pontificale, au cas où les lettres invoquées contre lui seraient fausses (ce qui était bien sûr le cas). Mais Vigile, épouvanté du retour de Silvère et craignant d'être chassé, manda à Bélisaire : «Donnez-moi Silvérius, autrement je ne puis exécuter ce que vous me demandez [c'est-à-dire : rétablir l'hérétique Anthime et ses complices !, communier avec eux !, approuver leur foi ou plutôt leur hérésie eutychienne par écrit !]». Silvérius fut donc livré à deux dé­fenseurs et à d'autres serviteurs de Vigile, qui le menèrent dans l'île Palmaria, où ils le gardèrent et où il mourut de faim [!!] le 20 juillet 538. (...) Il se fit beaucoup de miracles à son tombeau.
           
        "Vigile étant ainsi [!!!] devenu pape, l'impératrice Théodora lui écrivit : «Venez, accomplissez-nous ce que vous avez promis de bon cœur touchant notre père Anthime, et rétablissez-le dans sa dignité». Vigile répondit : «À DIEU NE PLAISE, MADAME, QUE JE FASSE UNE CHOSE PAREILLE. Précédemment [AVANT mon élévation au Siège de Pierre], j'ai parlé mal et comme un insensé ; mais, à cette heure [APRÈS cette élévation, donc], je ne vous accorderai nullement de rappeler un homme hérétique et anathématisé. Quoi­que je sois le vicaire indigne de l'apôtre saint Pierre [ô combien, en effet ! n'était-il pas complice formel d'hérétiques déposés, formel simoniaque et parricide spirituel de son immédiat prédécesseur ?!], mes très-saints prédécesseurs Agapit et Silvérius l'étaient-ils indignement comme moi, eux qui ont condamné Anthime ?»
           
        "Telle fut la réponse inattendue que le pape Vigile fit à l'impératrice, d'après le témoignage d'Anas­tase-le-bibliothécaire, qui raconte ensuite tout ce que ce pape eut à souffrir par suite de cette généreuse rétractation. Vigile tint le même langage dans ses lettres à Justinien. (...) Il ajoute que, tous ces hérétiques [Anthime et ses complices] ayant déjà été suffisam­ment condamnés, il avait cru pouvoir se dispenser de répondre à la déclaration que le pa­triarche Mennas [prélat catholique qui avait remplacé Anthime sur le siège de Cons­tantinople] lui en avait donnée dans sa lettre ; déclaration que, du reste, il confirme par l'autorité du Siège apostolique. Comme son silence avait été interprété en mauvaise part, il défie les malveillants, si rusés qu'ils soient, de trouver qu'il ait jamais rien fait ni tenté contre les décrets, soit des conciles, soit des Papes, ses prédécesseurs [... une fois élu Pape, donc ; c'est bien cela : il se retrouve assisté par le Saint-Esprit et donc pur sur la Foi dès qu'il est fait pape, étant tacitement désigné par l'Église Universelle pour l'être...!]. En­fin, il supplie l'empereur de ne point souffrir que les privilèges de la Chaire de saint Pierre soient diminués en rien par les artifices des méchants, et de ne lui envoyer que des personnes irréprochables dans leur foi et dans leurs mœurs" (Rohrbacher, t. IX, pp. 173, sq., pour tout l'épisode).
           
        C'est là certes une des plus surprenantes pages de l'Histoire ecclésiastique, qui en contient pourtant beaucoup, et quoi­que l'authenticité de tous les détails rapportés par Anastase-le-bibliothécaire et les au­tres historiens de l'époque qui consignent la chose ne semblent pas faire l'unanimité des historiens modernes, aucun d'eux ne met en doute, et ne saurait du reste le faire, l'exacti­tude de fond du récit quant à la collusion de Vigile avec le parti des hérétiques, via l'impératrice, pour sa promotion au souverain pontificat, collusion qui se déduit d'ailleurs des simples faits de l'Histoire admis de tous et non controversés (1/ Silvère est démis de la papauté pour son refus de rétablir les hérétiques, comme le voulait l'impératrice per­vertie 2/ celle-ci, désirant à toutes forces rétablir les prélats monophysites sur leurs sièges orientaux, fait alors immédiatement imposer Vigile, qu'elle connaît bien, comme pape).
           
        De cette bien peu glorieuse page, on tire deux enseignements de premier ordre.
           
        L'un condamne sans appel la bulle de Paul IV en son § 6 invoqué par les sédévacantistes pour invalider les papes vaticandeux et post : un complice d'hérétiques formels avant voire même lors de son élévation au Siège de Pierre peut parfaitement bien devenir et être vrai pape, verus papa, si le Saint-Esprit en a ainsi décidé. Puisque c'est arrivé une fois dans l'histoire de l'Église, il est par-là au moins prouvé que la bulle de Paul IV ne manifeste pas le droit divin dans son § 6 (le droit divin en effet, ne supporte aucune exception). Il est ma­nifeste, en effet, que Vigile est de connivence formelle avec les hérétiques avant d'être pape puisque c'est précisé­ment "grâce" à cette complicité avec l'hérésie qu'il est promu pape (selon la bulle de Jules II, il y aurait d'ailleurs une seconde raison grave d'invalidation de son élection, c'est qu'elle est entachée de simonie). Selon Paul IV, donc, aucun pro­blème, son élévation au Souve­rain Pontificat est absolument nulle, non-avenue de plein droit (car, dans sa bulle, non seulement il déclare déchu sans espérance de retour les prélats qui sont eux-mêmes hérétiques, mais aussi ceux qui "favorisent et se rendent complice" des hérétiques -§ 5-, comme c'est bien sûr éminemment le cas de notre très-méchant Vigile). Mais le Saint-Esprit n'a pas vu les choses comme cela, et, d'une pierre, a suscité un pain pour toute la Chrétienté : Vigile fut bel et bien vrai pape, "verus papa", c’est ainsi que l’Église l’a enregistré.
           
        L'autre enseignement est, on en conviendra, une édifiante et fort instructive illustration du caractère infaillible et tout divin de l'acte de désignation ou, à son défaut, comme dans le cas du pape Vigile, de reconnaissance approbative a-posteriori par l'Église universelle de la personne du pape actuel : une fois cet acte ecclésial intervenu, l'Assistance invincible par le Saint-Esprit de la personne du Pape pour les affaires de l'Église universelle ne peut manquer, comme il appert on ne peut mieux du cas Vigile. AVANT sa promotion au Siège de Pierre, Vigile, sur le plan doctrinal, "parle mal et comme un insensé", à son propre et surprenant témoignage ; mais APRÈS cette pro­motion, c'est-à-dire plus exactement après la reconnaissance de l'Église romaine de ladite promotion au Souverain Pontificat suite à la mort de l'infortuné pape Silverius, il devient parfaitement et héroïquement ortho­doxe dans sa Foi, au péril de sa vie, évidemment par grâce du Saint-Esprit qui ne lui per­met pas, dans sa charge et son Magistère de pape, de mener à mal les destinées de l'Église.
           
        Sur le plan théologique, Vigile est un cas d'école tout-à-fait extraordinaire. Il l'est d'autant plus si l'on considère que lorsqu'il supplante illégitimement Silverius, c'est… "sans élection" (de Montor, p. 266) par l'Église de Rome pour remplir la charge de pape ! En fait, il est tout simplement imposé comme pape par le général Bélisaire le lendemain de la déchéance scandaleuse, brutale et parfaitement illégitime de Silve­rius, les cardinaux anglais du grand-schisme d'Occident auraient dit : "par tumulte militaire". Jusque là, c'est exactement le cas de figure de l'intrus Constantin II (767-768), sauf la qualité de clerc et même de grand-clerc de Vigile que ne possédait pas ledit Constantin, simple laïc. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle Vigile "avait figuré comme anti-pape sous Silvère" (ibid.), c'est-à-dire tant que ce dernier fut en vie. Ce n'est qu'après sa mort qu'il est canoniquement reconnu par l'Église Universelle comme pape, acceptus et probatus, car de toutes façons, il avait de grandes qualités pour assumer cette charge, ce n'était pas de sa part une ambition purement désordonnée, la suite montrant bien que "c'était un homme distingué par ses talents et une profonde connaissance des affaires" (ibid.). Gar­dons-nous bien, en effet, d'en rester à son intronisation trouble pour juger du pape Vigile : "Mais aucun de ces faits ne devient une raison pour s'armer de préventions, et surtout de fausses accusations. Examinons la vraie carrière pontificale de ce pape, qui va se montrer, en plus d'une occasion, un courageux soldat de Jésus-Christ" (ibid.).
           
        En tous cas, sur le plan théologique, on a là une magnifique leçon ! L'élévation au Siège de Pierre de Vigile n'est-elle pas une magistrale illustration du fait que l'acte de désignation ecclésiale universelle d'un tel comme pape actuel, assure À LUI SEUL la légitimité d'un pape, quand bien même tout le reste, élection y comprise, serait défectueux ? Vigile, en effet, ne fut jamais vraiment élu pape par l'Église romaine, mais seulement reconnu comme tel par elle à la mort de Silverius, et il n'en fut pas moins vrai pape, UNIQUEMENT, donc, notons-le soigneusement, par cet acte de désignation ecclésiale universelle posé quant à lui d'une manière a-posteriori inusitée et inédite sur sa personne…!
           
        Car, auquel cas d'un élu mauvais et hérétique désirant infecter l'Église, par complicité maligne ou corruption personnelle, le Saint-Esprit, qui n'a pas le bras raccourci, a deux solutions : soit le convertir, changer le persécuteur Saül en l'apôtre Paul (ce qu'il fait magistralement pour Vigile, peu recommandable apparem­ment, mais qui, une fois devenu pape, deviendra une des plus belles figures catholiques de ce temps, un des plus solides et énergiques défen­seurs de la Foi, très-notamment contre l'hérésie dont il s'était rendu l'ignominieux complice… avant son élection !), ou bien soit le dénoncer à la face de l'Église à tout le moins AVANT la consommation de l'élection par l'acte de désignation ecclésiale univer­selle de sa qualité de pape, par tout moyen qu'Il juge utile, si, dans Ses insondables décrets, Il n'a pas décidé de convertir le papabile hérétique.
           
        Mais en aucun cas, comme le suppose blasphématoirement Paul IV, ici vraiment mal inspiré puisqu'il suppose l'absence ou l'impuissance du Saint-Esprit dans l'acte d'élection du Pontife suprême théologiquement achevé, on ne peut supposer une désignation par l'Église Universelle d'un tel comme étant le Vicaire actuel du Christ, sans que celui-ci le soit vraiment, car cette dite désignation est un sceau, un agrément formel du Saint-Esprit, digitus Dei hic est, évidemment toujours doté de l'infaillibililité et de l'ordre du fait dogmatique. Il est vraiment très-important de bien saisir ce point qu'illustre merveilleu­sement bien le cas Vi­gile, mais sacrilègement contredit par le très-hérétique et impie § 6 de la bulle de Paul IV.
           
        Paul IV, pourtant, fut extrêmement persuadé que sa propre élection au Siège de Pierre fut un vrai mira­cle de Dieu ! "Bien que la proposition [du très-influent cardinal Farnèse, de faire voter les cardinaux pour Carafa], étant donné la grande aversion qu'inspirait Carafa même au parti français et l'hostilité ouverte du parti hispano-impérial et l'exclusive du Charles-Quint, n'eût presque aucune chance de succès, Carafa n'en obtint pas moins la tiare. L'auteur de l'Histoire des Conclaves y voit une preuve «du côté miraculeux des Concla­ves et que c'est Dieu qui fait réellement les papes»" (Pastor, p. 50). "Le fait surprenant que lui, le redouté et le haï, eût obtenu la tiare malgré l'exclusive de l'Empereur ne lui paraissait pas pouvoir s'expliquer que par l'intervention d'une puissance supérieure. Il était et resta fermement persuadé que ce n'étaient pas les cardinaux, mais Dieu Lui-même qui l'avait élu, pour l'exécution de Ses desseins" (ibid., p. 59). "[Le car­dinal protecteur de l'Empire], Mendoza, avait dit à Carafa, en entrant au Conclave, qu'il devait renoncer à tout espoir parce que l'Empereur l'excluait : «Tant mieux, avait répliqué l'ardent théatin ; si Dieu veut mon élection, je n'en aurai d'obligation à personne» ! Dieu la voulut en effet : malgré l'exclusion notoire, quoique non officiellement dénoncée, de l'Empereur, Farnèse rassembla ses partisans dans la chapelle Pauline, entraî­nant quelques adhérents flottants du groupe impérial, et Paul IV se trouva pape le huitième jour de ce Conclave extrêmement mouvementé (23 mai 1555)" (Lector, p. 526).
           
        Alors quoi, voyons, Paul IV aurait tout-de-même dû se dire que si Dieu fait déjà un grand miracle pour choisir parmi les catholiques celui qu'Il veut pour être pape, et pas un autre parmi les catholiques, combien plus pouvons-nous être sûr et certain qu'Il interdira toute élection d'un hérétique au Souverain Pontificat, et que donc son § 6 était parfaitement inutile, nonobstant son caractère affreusement hérétique et impie !!!
           
        L'assistance du Saint-Esprit est si forte dans les élections pontificales, que les signes miraculeux de sa Présence n'y sont en effet pas rares : le cas du pape saint Fabien (236-250) sur la tête duquel une colombe se reposa, le désignant ainsi aux électeurs comme le Choisi du Saint-Esprit, est bien connu, mais celui de Benoît XII (1334-1342) l'est moins. En ce qui le concerne, sans que les vingt-quatre cardinaux assemblés en conclave ne se consultassent préalablement, son nom sortit des urnes dans l'unanimité absolue, à la surprise générale ! Même cas de figure dans l'élection de Grégoire XV (1621-1623) : le conclave étant comme à l'accoutumée divisé inextricablement en des factions incapables de s'enten­dre, tout-à-coup, le nom du futur Grégoire XV à peine lancé au hasard, tout fut aplani ! "Cette dernière candidature recueille immédiatement l'approbation générale : le cardinal Borghèse abandonne la candidature Campori et le nouveau pape est élu au soir du 9 février selon la procédure exceptionnelle de l'acclamation : «On vit alors, écrit dans sa relation du conclave le prince Federico Cesi, conclaviste de son oncle et témoin oculaire, tant de discordes et de divergences d'opinions humaines se muer en une concorde subite et universelle, œuvre mer­veilleuse de l'Esprit-Saint ébauchée et accomplie selon un ordre parfait»" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. Gré­goire XV, p. 765, 2e col.). Il est plus que probable qu'il existe d'autres cas similaires. L'Assistance divine dans les élections pontifi­cales est si forte que la chose se constate même au niveau simplement naturel et temporel : "Les 263 papes qui ont occupé le siège de saint Pierre offrent au regard de l'historien une série si remarquable de personnalités éminentes qu'aucune dynastie politique ne saurait soutenir la comparaison. En présence d'un pareil fait historique, l'on se demande instinctivement quelle loi de succession a présidé, à travers les siècles, à la création de ces Pontifes parmi lesquels abondent, plus qu'ailleurs, les saints, les hommes de génie, les politiques de grande envergure" (Lector, p. V). Quelle loi de succession, si formidable ? Mais tout simplement celle de l'in­faillible Assistance du Saint-Esprit…
           
        C'est pour­quoi le cardinal Billot pouvait bien dire : "Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, LA QUESTION NE SAURAIT PLUS ÊTRE AGITÉE D'UN VICE DANS L'ÉLECTION OU DE L'ABSENCE D'UNE DES CONDITIONS REQUISES POUR SA LÉGITIMITÉ. L'ADHÉSION DE L'ÉGLISE [UNIVERSELLE, TOUTE EN­TIÈRE ET EN PERMANENCE INFORMÉE DE LA GRÂCE TOUTE-PUISSANTE DU SAINT-ESPRIT] GUÉRIT POUR AINSI DIRE RADICALEMENT TOUT VICE POSSIBLE DE L'ÉLECTION". Et cette loi divine découle de l'Assistance invincible du Saint-Esprit dans l'élection papale. Dans le cas du pape Vigile, on en a vraiment, il faut l'avouer, une toute miraculeuse et renversante illustration : comment un homme qui s'est laissé aller par ambi­tion personnelle d'être pape jusqu'à un crime crapuleux sur la personne du pape son prédécesseur, son père dans la Foi, à laquelle furieuse ambition il sacrifie sans vergogne la Foi, or et argent d'une prostituée d'impératrice à l'appui, peut-il se retrouver, du jour au lendemain, non seulement catho­lique mais vigoureux défenseur de la Foi sur le point doctrinal même où il avait failli (comme dit le chevalier Artaud de Montor, dans son Histoire des souverains pontifes romains : "TOUT-À-COUP, on vit se manifester dans les dispositions de Vigile un chan­gement inespéré" (p. 266) ? Et d'une manière constante pen­dant les dix-sept années de son Pontificat, sans plus jamais faillir ?! On plaint celui qui ne verrait pas ici une opération aussi visible du Saint-Esprit.
           
        Il n'est pas inutile, malgré les longueurs mais longueurs intéressant notre Foi, de bien établir cette Foi militante extraordinaire du pape Vigile, après sa conversion lorsqu'il devint réellement pape après la mort de Silverius. Quelque dix ans après son élection, coincé à Constan­tinople par un Empereur grec retors, sans parole et favorisant l'hérésie, assisté de prélats courtisans, le pape Vigile aura une saillie digne d'un Confesseur de la Foi : "On le pressa même avec tant de violence [de souscrire à la condamnation des Trois Chapitres, suite bâtarde et compliquée du monophysisme qu'il est inutile d'exposer ici], qu'il s'écria publiquement dans une assemblée : «Je vous déclare que, quoique vous me teniez captif, vous ne tenez pas saint Pierre !»" (Rohrbacher, t. IX, p. 184). "Vigile tint alors une conduite sublime", note le chevalier de Montor.
           
        Rien de plus vrai, en effet. C'est d'ailleurs grâce à sa constance remarquable dans la pureté de la Foi, à son rare sens de la conciliation, à sa grande intelligence spirituelle de la situation globale, à sa pa­tience inouïe à supporter les pires outrages de la part de l'Empereur durant les sept ans qu'il le retint de force à Constantinople (ah, certes !, plus encore que son prédécesseur Silvère dont l'élection se fit sous influence politique goth, le malheureux Vigile paya fort cher et rubis sur l'ongle le grave péché de sa cou­pable élévation au Pontificat suprême !), que cet essai de résurgence du monophysisme fut étouffé dans l'œuf en Orient (… cette même hérésie dont il s'était rendu complice formel avant son élection !), que l'Occident se tint satisfait de la profession de Foi gréco-orientale et que l'Unité de l'Église fut ainsi sauvée...
           
        Le chevalier de Montor termine sa notice sur le pape Vigile par ces lignes très-équilibrées : "Vigile re­connut la nécessité d'une conduite qui, loin d'être une contradiction, devenait la preuve de l'extrême attention avec laquelle ce pape observait les évènements, leur puissance, leurs exigences obstinées, et finissait toujours par un acte d'habileté, après avoir épuisé toutes les phases de la détermination et du courage le plus exalté" (p. 270). C'est le jugement le plus juste qu'on puisse trouver quant au pape Vigile. Certains historiens à mentalité protestante, menteurs éhontés à la suite des centuria­teurs de Magdebourg, hypocrites falsificateurs de l'Histoire ecclésiastique dès lors qu'il s'agit de la papauté, feraient bien de comprendre, avant de vouer le pape Vigile aux gémonies, que si, détachés de leur terrible contexte, les actes de son pontificat semblent parfois sinueux, c'est que les circonstan­ces peu glorieuses de son élection rendaient sa position très-délicate envers un Empe­reur d'Orient politiquement tout-puissant, "entêté de théologie" (De la Monarchie pontificale, Dom Guéranger, p. 106), mais en vérité fort incapable de discerner les pièges des hérétiques pour lesquels sa Foi mélangée éprouvait une sympathie irrépressible, de surcroît devenu malveillant et cir­convenu contre un pape véritablement transfiguré après son élection en athlète du Christ. De plus, certaines lettres citées par Libérat l'Africain comme étant de Vigile, et dans lesquelles il ferait soi-disant ardente pro­fession de foi monophysite, sont reconnus comme des faux certains (l'historien Libérat était très-hostile à Vigile). "Quand on considère toutes ces difficultés, conclut le savant de Marca, on trouve, avec les érudits, que ce qui paraissait inconstance ou légèreté dans Vigile, était, au contraire, de la prudence et de la maturité de conseil" (Labbe, t. 5, Dissert. de Vigilii decreto, col. 603 & 4, cité par Rohrbacher, t. IX, p. 184). Novaes n'a pas une autre analyse : "[Le pape Vigile] décida tantôt dans un sens tantôt dans un autre, tant que son action fut libre, et toujours sans préjudice pour les vérités apostoliques" (cité par de Montor, p. 270). Et, après avoir précisé que la question des Trois Chapitres portait non sur la Foi mais sur des questions de personnes seulement, Novaes conclut de même que les historiens sérieux : "Avoir varié ne fut pas dans le pontife inconstance d'esprit, mais précepte de prudence". C'est le moins qu'on puisse en dire après une lecture appro­fondie de ce pontificat qui fut certainement l'un des plus persécuté de l'Histoire de l'Église, et peut-être bien, en définitive, oui, l'un... des plus saints !
           
        Il est bon de noter pour finir que son immédiat successeur, Pélager 1er (556-561), après avoir critiqué et fort combattu en tant que grand-clerc romain l'attitude du pape Vigile sur l'affaire des Trois Chapitres, fut bien obligé, une fois "poussé" lui-même par l'empereur sur le Siège de Pierre, d'adopter la même position que lui, pour être, pareillement que Vigile, grandement persé­cuté durant tout son pontificat ! L'éloge qu'on trouve sur son épitaphe officielle, rector apostolicae fidei, s'applique donc a fortiori pour Vigile, son "père spirituel" dont il ne fit que suivre en tout la politique religieuse dans l'affaire épineuse et toute passionnelle des Trois Chapitres qui remplit derechef son propre pontificat. Il est également bon de rappeler et bien noter que "quarante ans après [le pontifi­cat du pape Vigile], saint Grégoire-le-Grand trouvait encore les restes de l'opposition que Vigile avait tant redoutée dans l'Occident, et consentait à ce que, dans une occasion délicate, on passât sous silence le cinquième Concile [comme l'avait fait Vigile, donc, en son temps, et l'on voit par-là l'inanité de l'accusation de certains excessifs qui prenaient prétexte de ce même "silence" de Vigile pour lui imputer le péché d'hérésie ; le chevalier de Montor note d'ail­leurs que cedit concile controversé fut reconnu par "des successeurs de Vigile, Pélage 1er, Jean III, Benoît 1er, Pélage II et saint Grégoire-le-Grand" (p. 270)]" (Dom Guéranger, p. 107).
           
        Récapitulons et concluons. Le cas Vigile nous assure qu'un pape ne saurait qu'être vrai pape une fois désigné et reconnu par l'Église Universelle pour l'être, quand bien même il s'agirait avant sa promotion au souverain pontificat d'un comploteur vénal et simoniaque doublé d'un complice d'hérétiques formels et triplé d'un parricide spirituel, parce que son élection ne saurait plus être remise en cause après cet acte tout divin de désignation et reconnaissance universelles de sa qualité de Pontife romain actuel, même pour la raison d'hérésie antécédente à sadite élection. Cette affaire nous fait bien voir l'importance CAPITALE du lieu théolo­gique de l'acte de désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel, acte parfaitement infaillible et suffisant EN SOI ET TOUT SEUL pour valider son élec­tion, NONOBSTANT TOUT CRITÈRE DOCTRINAL. Comme le disait si bien le cardinal Billot : "L'adhésion de l'Église universelle est toujours À ELLE SEULE le signe infaillible de la légitimité de la personne du Pontife", renchérissant ainsi sur les cardinaux anglais qui remettaient dans le droit chemin les schismatiques français lors du grand-schisme d'Occident par ces mots : "S'il y a eu l'assentiment unanime de l'Église sur le pape, alors, même s'il y a eu tumulte populaire ou militaire, l'élection est certainement valide".
             
        En soi et tout seul, en effet, c'est bien cela, et le cas Vigile le démontre magistralement. J'y insiste à dessein parce que le sédévacantiste se trompe principalement sur ce point que pour lui, ce qui fait qu'un pape est vrai pape, c'est d'abord qu'il a la Foi pour l'Église Universelle. Sans aucun doute, il est bien vrai que pour qu'un pape soit vrai pape, il faut qu'il soit inhabité de la Foi dans son Magistère public, c'est plus que sûr, mais, comme je le disais au début de ces lignes, il est capital de comprendre que cette rectitude doctrinale du pape pour l'Église universelle est la subséquence de sa légitimité impérée par la désignation ecclé­siale universelle de sa personne comme étant le Vicaire du Christ actuel, qui lui a donnée communication permanente de la grâce in­faillible du Saint-Esprit pour l'Église universelle, et non point la cause. Le cas Vigile en est certes une étonnante et magistrale illustration : lui est héré­tique, ou du moins complice formel d'hérétiques déposés, avant son intronisation, ce n'est donc pas parce qu'il a une Foi pure qu'il est fait pape ! Cependant, comme un pape ne saurait l'être s'il n'est catholique, le Saint-Esprit se devait donc de le convertir, et c'est ce qu'Il fait, superbement d'ailleurs.
           
        Notons bien l'ordonnance : le Saint-Esprit, par l'organe de l'Église universelle qui désigne et reconnaît Vigile comme sa tête actuelle, le fait vrai pape, verus papa, et après seulement, Il lui communique la Foi pour toute l'Église.
 
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        La question théologique de fond étant résolue, avec en sus une magistrale démonstration pratique du principe catholique exposé avec le cas du pape Vigile, je pourrais, ma paresse en crierait de joie, m'arrêter là, mettre le point final. Il est donc bien établi dans la Foi et en Église, que la règle prochaine de la Légitimité pontificale est la désignation par l'Église Universelle du Pontife romain actuel. Anathema sit, qui s'y oppose !! Ce qui fait s'écrouler dans son principe même, comme château de cartes dont on tire une carte du dessous, la fumeuse plus que fameuse bulle de Paul IV... et tout le raisonnement sédévacantiste qui s'appuie dessus, qu'il soit pur et dur à la barbaresque ou mitigé à la guérardienne.
           
        Cependant, il est nécessaire de poursuivre le sédévac dans ses erreurs et faussetés jusqu'au fond du donf, pour étouffer complètement son mensonge dans les âmes. Car il ne lui a pas suffi de professer l'hérésie dans le principe de la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il triche derechef avec l'Histoire de la confection de cette bulle de Paul IV et de son contexte historique, tordant les faits pro domo sedevacantismus, inventant par exemple de toutes pièces que cette bulle aurait empêché un hérétique de monter sur le Siège de Pierre après la mort du pape Paul IV. De cette menterie, l'abbé Francesco Ricossa, sédévacantiste à la guérardienne et à la diable (c'est synonyme), s'est fait, dans deux numéros de sa revue Sodalitium, le champion, ou peut-être conviendrait-il mieux de dire le Don Quichotte de la Mancha (je rappelle ici mon démontage complet de la thèse guérardienne, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteGuerardismeMisEnForme.pdf).
           
        Il convient en effet d'étudier avec soin le contexte historique, ecclésiastique, dans lequel a paru cette fumeuse bulle, aussi le caractère plus que déséquilibré du pape Paul IV, pour comprendre comment il s'est bien fait qu'un pape vrai pape (on n'en saurait point douter pour Paul IV !), a pu oser se permettre de professer une telle hérésie qui détruit l'Église structurellement d'un seul coup d'un seul, il faut bien en prendre conscience. L'ayant fait, et j'ai consigné mes résultats dans L'Impubliable il y a plus de vingt-cinq ans, je commencerai par dire qu'il appert de l'examen de l'Histoire que les cardinaux de Paul IV n'étaient pas du tout d'accord de souscrire à cette proposition hérétique du § 6, funeste au dernier degré pour l'Église.
           
        Pénétrant les arcanes de l'Histoire, on sent très-bien le conflit, combat, entre le pape atteint d'une sorte de "maladie" de la persécution, de folie paranoïaque de voir des hérétiques partout surtout là où il n'y en avait pas ("Un rapport de l'ambassadeur vénitien du 6 novembre 1557 nous apprend les protestations des cardinaux, parce que le Pape convoquait chaque dimanche l'inquisition pour poursuivre les hérétiques un à un et négligeait pendant ce temps les affaires les plus importantes, telles que le danger où l'on était de perdre des États entiers comme la Pologne et l'Allemagne, qu'il laissait sans nonce" ― Pastor, t. XIV, p. 279), et ses cardinaux maltraités par lui quasi à la Urbain VI, qui transparaît jusqu'à travers le parchemin de la bulle (dans les derniers consistoires secrets avec ses cardinaux, Paul IV se mettait dans de telles colères, qui duraient si longtemps, qu'un cardinal finira par dire, gémissant, en sortant d'une de ces éprouvantes séances : "Il ne va plus être possible de vivre et de traiter la moindre affaire avec le pape !" Qu'on se rende bien compte de la morbidité de l'état mental de Paul IV par le fait qu'il avait été jusqu'à soupçonner le cardinal Alexandrin, le futur pape saint Pie V, son dauphin bien-aimé pourtant, et que le bruit courait de son emprisonnement au château Saint-Ange, juste parce qu'il avait tâché de tempérer le pape dans ses accusations déséquilibrées et ses jugements injustes…!).
           
        Si, en effet, on excepte l'affirmation générale de l'introduction du § 1 : "Nous considérons la situation actuelle assez grave et dangereuse pour que le Pontife Romain (...) puisse être contredit s'il dévie de la Foi, etc.", cinq paragraphes sur sept (nonobstant les § conclusifs), qui forment quasi tout le corps du texte, ne citent nullement le pape comme pouvant être rétroactivement frappé de déchéance pour cause d'hérésie, mais seulement tout grand'clerc ou tout haut personnage laïc, je cite texto : "de quelque état, dignité, ordre, condition et prééminence, qu'il soit même évêque, archevêque, patriarche, primat, de dignité ecclésiastique encore supérieure, honoré du cardinalat et, où que ce soit, investi de la charge de légat du siège apostolique, perpétuelle ou temporaire, ou qu'il resplendisse d'une excellence et autorité séculière, comte, baron, marquis, duc, roi, Empereur, qui que ce soit parmi eux" (sic au § 2, réitéré tel quel au § 3, lequel s'arrête à "même la dignité cardinalice" comme ce qui est conçu hiérarchiquement de plus haut pouvant être frappé de par la bulle, le tout sous-entendu dans les §§ 4 & 5. Et là, c'est parfaitement orthodoxe, quoique nous projetant abruptement aux temps disciplinaires les plus drastiques, draconiens, de l'Église).
           
        Comme si les cardinaux qui, dans leur grande majorité, voulaient tempérer et freiner Paul IV, avaient essayé, dans leur rédaction commune de la bulle avec le très-irascible voire hélas fou Vicaire du Christ, de la cantonner au pouvoir qui lui était théologiquement réservé, contre le désir hérétiquement outré de Paul IV, à savoir : déclarer nulle et non avenue la charge de tout prélat de l'Église dont on découvre qu'il est hérétique, aussi élevé soit-il dans l'échelle de la hiérarchie ecclésiastique (ce qui, dans une période critique de la vie de l'Église où il y a danger prochain et immédiat de subversion, peut se comprendre, et c'était quelque peu le cas au temps de Paul IV mais pas autant que sa folie le lui montrait), MAIS NE SURTOUT PAS TOUCHER AU PAPE ET ENCORE MOINS À LA SACRO-SAINTE ÉLECTION PONTIFICALE.
           
        L'historique de la promulgation de cette fumeuse bulle nous convaincra sans peine de cette lutte interne farouche entre le paranoïaque Paul IV et ses cardinaux. "Moins on trouvait de preuves contre [le cardinal] Morone, plus s'accroissait la crainte de Paul IV que cet homme, qu'il tenait, une fois pour toutes pour hérétique, pût devenir son successeur. Il entendait à tout prix, par les plus sévères ordonnances, rendre impossible une pareille éventualité. À la fin de 1558, le bruit courut que Paul IV préparait une bulle pour retirer tout droit d'élection actif et passif dans les conclaves aux cardinaux convaincus d'hérésie ou à ceux mêmes qui avaient été soumis à l'Inquisition pour simple soupçon d'hérésie [à raison, ou... à tort !!!]. Le 8 février 1559, le Pape fit effectivement lire au Consistoire un document de ce genre. Il n'insista cependant pas ; les cardinaux déclarèrent que l'homme le meilleur pouvait avoir un ennemi qui l'accusât du pire ; tant qu'un cardinal n'était pas convaincu de ce crime, il ne pouvait être exclu du conclave. À la suite de cela, la bulle fut encore une fois remaniée. Dans la teneur où elle fut souscrite, le 15 février, par tous les cardinaux, elle déclarait que l'élection d'un homme qui aurait, ne fût-ce qu'une fois, erré en matière de foi, ne pouvait être valide. Le document en question renouvelait et renforçait solennellement les anciennes et sévères ordonnances contre les hérétiques, laïques aussi bien qu'ecclésiastiques, même s'ils étaient revêtus des plus hautes dignités, ajoutant que toutes les personnes occupant un rang et une dignité devaient être considérées, dès leur première [!!!] faute, comme sujettes à rechuter, car on n'a que trop de preuves des suites fâcheuses qu'une telle défaillance entraîne après elle. Paul IV n'abandonna cependant pas son plan original [on sent la lutte : les cardinaux ne sont pas d'accord d'aller si loin que le veut, à toutes forces, le pape, qui va finir cependant par imposer ses vues dans un des documents les plus regrettables et honteux du Bullaire romain, quant aux très-hérétique § 6]. Le 6 mars, il rendit un décret d'après lequel quiconque aurait été seulement accusé d'hérésie [à raison ou... à tort !!!], ne pourrait plus devenir pape. De la sorte, il ne se borna pas à lui retirer le droit d'élection actif mais même passif [= la possibilité d'être lui-même élu pape : voilà, justement, qui est hérétique comme prenant la place du Saint-Esprit et de l'Église Universelle dans les élections pontificales, et qui précisément est arraché de force des cardinaux terrorisés et apeurés par le pape janséniste et paranoïaque]" (Pastor, pp. 243-245).
           
        ... Mais, avant de poursuivre, un mot, d'abord, sur la vision morale de Paul IV qui motive ses excès, parce qu'elle est trop scandaleuse et même carrément antichrétienne pour ne pas la stigmatiser comme il convient : soi-disant, selon lui, un catholique ayant versé dans l'hérésie une seule fois, est à tout coup absolument et définitivement irrécupérable, ne peut plus qu'être hérétique tout le reste de sa vie, selon la sentence janséniste "là où il y a eu feu il y aura toujours fumée", quoiqu'il fasse, quoiqu'il en ait, de vouloir se convertir…! On est là en plein jansénisme avant la lettre !! L'histoire tellement édifiante du pape Vigile, que je viens de relater que dessus, détruit avec éclat cette vue ténébreuse, pessimiste, janséniste des choses, parce qu'elle fait scandaleusement abstraction totale, impie, de la TOUTE-puissance de la Grâce et de l'Amour divins dans les âmes !
           
        Sans parler du pharisien sectaire Saül devenu saint Paul, l'Apôtre des Gentils et son patron de pontificat, Paul IV se souvenait-il de l'histoire du rhétoricien Augustin d'Hippone, infecté pendant les trente premières années de sa vie de la pire des hérésies, le manichéisme, la plus difficile à se purger au propre aveu de saint Augustin lui-même dans ses admirables Confessions ? Si donc la bulle du janséniste Paul IV avait paru au IVe siècle, l'évêque d'Hippone n'aurait tout simplement pas existé et… l'on n'aurait pas eu… l'un des plus grands… Pères de l'Église.
           
        Mieux encore, si l'on peut dire, parce que l'histoire édifiante qui va suivre eut un grand retentissement et qu'elle se passait à Rome sous les yeux mêmes de Jean-Pierre Carafa, futur Paul IV : je veux parler de la si belle conversion de Sixte de Sienne, jeune et ardent franciscain hérétique "né dans le judaïsme, croit-on" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Pierre Tilloy, p. 39), que Michel Ghislieri, futur cardinal Alexandrin, futur saint Pie V, alors grand-inquisiteur, eut la sollicitude pastorale d'aller visiter en prison quand il était relaps impénitent et déjà condamné au bûcher ; il parvint à le faire se reconnaître, puis, immédiatement, alla demander à genoux sa grâce au pape Jules III qui la lui accorda : Sixte de Sienne se convertit tout de bon cette fois-ci et ne rechuta plus jamais ; le plus beau, c'est que ne voulant pas reprendre l'habit franciscain, "pensant l'avoir déshonoré, le P. Ghislieri le revêtit alors d'une de ses tuniques et introduisit dans son Ordre [dominicain] ce nouveau Frère qui devint [un prêtre,] un écrivain illustre et un vaillant champion du dogme chrétien" (ibid.) ! Un Sixte de Sienne que… Paul IV lui-même, en pleine contradiction avec ses propres principes, ne fut pas rebuté d'utiliser, l'employant pour la conversion des juifs !!! Or, il n'est qu'à peine besoin d'apporter la précision que l'histoire de l'Église regorge de cas semblables qui prouvent que la soi-disant loi morale rigoriste-janséniste de Paul IV qui veut qu'un hérétique converti, même sincère, ne puisse jamais cesser d'être hérétique en son âme (et donc qu'on doit l'éloigner de la prêtrise ou de l'épiscopat ou de la papauté), vient du diable, est janséniste. Et puis, je le redis, l'Histoire ecclésiastique nous enseigne le cas d'un pape, Vigile au VIe siècle, qui fut, avant son accession au souverain pontificat, un formel "complice d'hérétiques" et qui n'en fut pas moins un pape vrai pape, et de plus vigoureux athlète de la Foi contre l'hérésie même dont il s'était rendu complice, ce qui achève de montrer le caractère radicalement faux de la proposition hérétique de Paul IV dans son § 6.
           
        Pour en revenir à la structure rédactionnelle de la bulle, Pastor, dans ce qu'on vient d'en lire, nous permet de comprendre le fond du problème par ses fort intéressantes et intelligentes explications : ce mélange qu'on sent dans la bulle entre ce qu'il est permis de dire, et qui d'ailleurs en forme plus des trois/quarts (= que toute promotion à une charge d'Église sauf celle de pape puisse être déclarée ipso-facto nulle si le prélat est convaincu d'hérésie avant ou pendant l'exercice de sa charge ecclésiale), et ce qu'il n'était théologiquement absolument pas permis de dire, mais que l'insensé Paul IV voulait absolument dire (= que l'élection d'un pape serait elle aussi déclarée ipso-facto nulle au cas où on le trouverait hérétique, avant ou pendant son pontificat), se trouve vérifié par l'historique de l'élaboration de cette bulle regrettable. Les cinq principaux § de cette bulle qui en forment quasi tout le corps, donc, disais-je plus haut, ne touchent nullement au pape et à son élection. Mais brutalement, tout soudain, au seul § 6, on a le rajout surprenant, au bout de la longue litanie des dignités hiérarchiques des § précédents que nous avons citée, qui, pesante, revient à nouveau lourdement à l'identique : "... et même le Souverain Pontife". Ce § 6 n'est d'ailleurs pas seulement nouveau en ce qu'il inclut pour la première fois dans la bulle le pape dans la condamnation, à la suite et fin des grands dignitaires de l'Église, mais également dans le fait qu'il déclare déchus de toute charge dans l'Église non seulement les hérétiques révélés tels une fois en poste (comme cela avait été dit aux §§ 2, 3, 4 & 5), mais encore ceux qui l'auraient été AVANT lesdites élévations auxdites charges et fonctions ! Y compris donc, en ce qui concerne celle du Souverain Pontificat…!!! On croit rêver. Ou plutôt cauchemarder. Et le § 7 continue derechef sur la lancée hétérodoxe du § 6.
           
        Or, le sens précis du premier mot latin qui introduit ledit § 6 rejoint exactement la logique interne de la bulle, pour aboutir à la même formelle séparation du § 6 de tout ce qui le précède. Dans le texte latin originel de la bulle, le § 6 commence en effet par "Adiicientes". Ce terme signifie : "En rajout de, en addition de ce qui précède, au surplus de, etc.", ou toutes autres formules similaires que le lapidaire raccourci français "De plus" rend très-bien, comme toutes les traductions de la bulle de Paul IV que j'ai lues le montrent. Or, par signification définitionnelle même du mot, ce qui se rajoute à quelque chose… ne dépend pas de ce quelque chose. Donc, il est bien démontré que le § 6 est un "rajout" structurel dans la bulle de Paul IV, de deux façons qui le disent formellement (1/ la logique et la structure internes de la rédaction bullaire qui n'incluent nullement dans les cinq premiers § la fonction de pape dans les listes des prélats susceptibles d'être touchés par les condamnations infligées aux hérétiques, mais l'incluent seulement dans le § 6, duquel constat on déduit une séparation formelle dans l'idée entre les §§ 2 à 5 et le § 6 ; 2/ séparation dans l'idée qui est absolument confirmée linguistiquement par le terme latin "adiicientes" introduisant le § 6, qui signifie "de plus", signifiant formellement un rajout par rapport à ce qui précède).
           
        Le § 6 est donc, pour le dire crûment mais en toute vérité, une sorte de tumeur maligne sur un corps sain, une excroissance cancéreuse (avec le § 7 qui lui est subséquent). Et il n'est pas besoin d'aller chercher très-loin le coupable qui a implanté damnablement au forcing et aux forceps avec ses cardinaux cette tumeur cancéreuse : il s'appelle Paul IV…
           
        ... C'est vraiment Paul IV qui est coupable de la proposition hérétique du § 6 de la bulle, qui injurie et offense très-grièvement Dame la sainte Église romaine en faisant accroire et croire à tout fidèle qu'elle pourrait, SANS RÉAGIR OU POUVOIR LE FAIRE, par l'organe collectif des cardinaux qui la représentent formellement dans la vacance du Siège Apostolique, laisser des hérétiques envahir le Siège de Pierre, et de là bien sûr empoisonner toute l'Église…!! Mais, tonnerre de Boanergès !!!, où résiderait donc bien, je vous prie, s'il en était ainsi, la virtus éclatante, suréminente, divine, de l'Église de Rome singulièrement récapitulée dans le Sacré-Collège cardinalice, sur toutes les autres églises particulières du monde, si glorieusement et à si juste titre vantée et professée par tous les papes, tous les Pères, tous les théologiens, tous les scolastiques, tous les saints, tout spécialement sur le chapitre de la pureté de la Foi, si on acceptait l'impie proposition de Paul IV dans son § 6, à savoir que le Sacré-Collège cardinalice peut, dans sa majorité canonique, se laisser subvertir par un hérétique envahissant le Siège de Pierre ?!? Je me le demande. L'Église romaine ne serait que decorum de carton-pâte en faux-semblant.
           
        Que peut-il rester, en effet, de l'infaillibilité, de la sainteté, de la force et de la sagesse divines de l'Église romaine, "nom d'humilité de l'Église Universelle" (Journet), dirigée immédiatement par le Saint-Esprit, et non médiatement, alors qu'elle ne serait même pas capable, de par le droit divin infaillible dont elle est dotée, de barrer la route à un hérétique venant subvertir le Siège de Pierre, et à partir de lui, tout le Magistère de l'Église Universelle…! Il y faudrait soi-disant, dixit Paul IV, des prescriptions humaines pour l'en garantir ! Qui n'ont pas été utiles et nécessaires avant lui, pesons bien la chose, durant… quinze siècles !! Le Christ n'y aurait pas pensé avant le XVIe siècle de Paul IV, et malgré cela, le Saint-Siège ne se serait pas fait subvertir par des hérétiques pendant… quinze longs siècles !! Pas même, non, pendant les trois premiers siècles chrétiens où les hérétiques, les gnostiques, les magiciens tel Simon, les ignobles, les pneumatiques, pullulaient, grouillaient comme vermines autour du Siège de Pierre, menaçant de tout engloutir !!!
           
        Preuve, soit dit en passant, que cette proposition du § 6 était parfaitement inutile, nonobstant son caractère encore plus parfaitement hérétique…
 
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        Mais, au fait, au fait, les cardinaux Pole et Morone, contre lesquels œuvrait le pape Paul IV dans sa bulle comme un malade ou plutôt comme un possédé pour empêcher qu'ils ne soient élus pape, voulant à toutes forces qu'ils soient des hérésiarques occultes (ce qui ne concernait plus que Morone, Pole étant mort un an avant la parution de la bulle), étaient-ils vraiment... hérétiques ?
           
        Épluchons ensemble le contexte historique du pontificat de Paul IV, en y mettant le soc de charrue très-profond, avec tous les attendus de la problématique en mains et pas seulement certains, ce qui nous permettra de trancher cette question de façon définitive et sûre, et nous verrons alors que la réponse à la question sera... négative.
           
        Après la gravissime crise du protestantisme, deux tendances se dessinaient chez les hauts prélats catholiques pour la résorber, l'une rigide, dont le principal moyen sera inquisitorial, allié à l'austérité de vie des membres, l'autre, dite des Spirituels, plus humaniste, plus douce à la saint François de Sales, plus attachée à convertir par le cœur que par l'esprit, à coloration peut-être quelque peu irénique mais pareillement liée au grand et catholique désir d'une vraie réforme dans l'Église et à la sainteté de vie des chefs de file.
           
        Paul IV se trouve dans la première catégorie, la précision est inutile. Pole et Morone, par contre, se trouvent aux premiers rangs de la seconde, quoique les choses ne soient pas aussi tranchées que cela, Morone, quant à lui, n'hésitant pas à appuyer l'élection de Carafa qui deviendra Paul IV au conclave de 1555. Il est d'ailleurs assez étrange d'avoir à se rappeler que Morone et Pole furent les deux papabile les plus en vue avec Jean-Pierre Carafa dans le conclave de 1555 qui élit ce dernier : leur gardait-il un ressentiment ? Cela ne l'honorerait pas beaucoup, surtout si l'on rajoute qu'il fut élu à l'arraché, à une voix près, très-notamment grâce à l'intervention du cardinal... Morone ! auprès des concla­vistes qui ne voulaient pas de sa candidature, et surtout à celle du très-influent cardinal Farnèse, l'ami du cardinal ... Pole !, un cardi­nal Pole qui, d'ailleurs, en 1555, restant à son poste en Angleterre pour le motif spirituel élevé de se consacrer exclusivement, après la chute affreuse du roi Henri VIII, à la conversion du royaume très-fragilement recatholicisé avec la reine Marie -la suite, avec l'impie Élisabeth 1ère, le prouvera abominablement, effroyablement-, ne souhaitait pas du tout être élu pape.
           
        Le vindicatif et quasi insensé Paul IV, par contre, lui, une fois monté sur le Siège de Pierre, fait juger le cardinal Morone comme figure de proue de la seconde tendance, qu'il jugeait à tort hétérodoxe (... quand, dans le même temps, il élevait à la pourpre ses trois neveux indignes, cédant au népotisme ― "Le Sacré-Collège accueillit en silence cette grave déclaration de Paul IV [de promouvoir au cardinalat ses ne­veux], qui, auparavant, lorsqu'il était encore cardinal, n'avait pas de termes assez vigoureux pour condam­ner le népotisme des papes et qui maintenant retombait dans la même faute" ― Pastor, p. 98 ; d'autant plus que l'au­tocrate Paul IV avait bien précisé en convoquant les cardinaux pour ce consistoire, qu'il ne le faisait pas du tout pour leur demander leur avis mais seulement pour porter à leur connaissance sa volonté irrévocable de donner la pourpre à ses neveux…!), puis veut à toutes forces le convaincre d'hérésie formelle, mais sans succès, lors­qu'il le fait emprisonner (emprisonnement qui dura deux ans, de 1557 à 1559, mort de Paul IV ― comme le cardinal Pole, le cardinal Morone était en effet parfaitement innocent : "Quelque effort que les inquisi­teurs fissent par la suite pour trouver contre lui une apparence de faute, ils ne purent y réussir. Au contraire, on trouva des documents qui ne laissaient aucun doute sur les sentiments du cardinal. Malgré cela, le malheureux ne fut pas relâché" ― Pastor, p. 242).
           
        Bien entendu, les sédévacantistes à la guérardienne et à la diable de Sodali­tium font une lecture manichéenne de l'épisode, avec la télé en noir et blanc des années 60 devant les yeux : il y aurait d'un côté, les "mé­chants" (tendance des Spirituels, mystique), et de l'autre, les "bons" (tendance inquisitoriale, qui d'ailleurs, et ce n'est pas un hasard, ressemble comme deux gouttes d'eau au fameux mouvement de La Sapinière, plus officiellement appelé Sodalitium pianum, qui lutta rigoristement, voire jansénistement et anti-sémitiquement, contre le modernisme sous le pape Pie X ; … vous avez dit : Sodalitium ?).
           
        Les choses sont-elles si tranchées ? Je ne le crois vraiment pas du tout. L'Histoire s'inscrit absolument en faux contre le simplisme partisan, zélote, intégriste et sectaire, de cette thèse. Les cardinaux Pole et Morone étaient tout simplement d'une tendance beaucoup plus miséricordieuse que Paul IV dans la lutte contre les protestants, ce qui ne revient pas à dire moins ca­tholique et surtout moins valable pour convertir les nouveaux hérétiques, comme veut à toutes forces le croire Paul IV (Rohrbacher, à propos du grand cardinal Pole, précise : "Les voies de rigueur répugnaient extrêmement à son caractère, et il opina toujours dans le conseil privé [de la reine Marie d'Angleterre] pour celles d'indulgence" ― Rorhbacher, t. XXIV, p. 187).
           
        Le cardinal Morone est, de même que Pole, si peu convaincu d'hérésie, malgré les ardeurs juvéniles incroyablement vertes du vieux pape (Paul IV en effet, s'appuyant sur des antécédents familiaux, ne s'attendait pas du tout à mourir avant d'avoir bien mordu dans le fruit des 90 ans ; lorsque la mort s’invita dans ses 84 ans, il eut peine à le croire), qu'il sort de la redoutable prison du Saint-Office "deux jours après sa mort [de Paul IV]", participe au Conclave de 1559, activement et... passivement, c'est-à-dire avec la possibilité d'être lui-même élu pape et non pas seulement comme votant pour un autre (la chose est si sûre et… si contradictoire, que Philippe II, qui sera le premier roi à écrire à un conclave, ce qui initiera le droit d'exclusive, se raille de cette attitude ecclésiastique de gi­rouette dont fut victime le cardinal Morone, lorsqu'il se permet de passer hautainement en revue les cardinaux susceptibles d'êtres papabile : "Si Morone a commis des méfaits, pourquoi a-t-il été absous ?" ― Lector, p. 528).
           
        Cependant, le cardinal Morone n'est pas élu à la mort de Paul IV, c'est Pie IV, 1559-1565, qui l'est, grâce au cardinal... Carafa, le neveu foudroyé par Paul IV et... réhabilité dans toutes ses fonctions d'électeur par les conclavistes immédiatement après la mort de son oncle de pape ! Ayant toujours beaucoup d'entregent, c'est lui qui fit élire pape, Pie IV.
           
        L'abbé Ricossa, dans l'un de ses deux articles, s'abuse ou triche beaucoup, à lui de cocher la case utile, quand il dit que "grâce à la bulle [de Paul IV], il [Morone] ne fut pas élu pape". C'est totalement et historiquement faux. Au conclave de 1559 qui suivit la mort de Paul IV, lequel se scinda politiquement en trois groupes, Es­pagnol, Français et Carafa, personne n'invoqua cette bulle extrémiste et fanatique, mais surtout hérétique, la présence active et passive de Morone à ce Conclave en étant une preuve suffisante, surtout si on y rajoute celle, plus étonnante encore, de Carlo Carafa ! C'est assez dire que les hauts prélats contemporains de Paul IV n'avaient pas, dans leur grande majorité, jugé sa sévérité excessive et intégriste de bon aloi pour l'Église ; c'est pourquoi, Paul IV à peine mort, on les voit ne tenir absolument aucun compte de ses pourtant tout récents décrets anathématisants, censés foudroyer Morone ou peut-être... le neveu (je vais y revenir).
           
        La meilleure preuve en est dans la bulle sur la législation des conclaves qu'édictera Pie IV, le successeur immédiat de Paul IV, bulle importante que cite notre historien des conclaves, Lucius Lector : "Mentionnant les actes de ses prédécesseurs qui se sont occupés de cet objet de capitale importance, énumérant ces actes antérieurs d'Alexandre III à Jules II, Pie IV ne mentionne pas la bulle de son prédécesseur im­médiat Paul IV" (Lector, p. 114 & note 1 de la même page). Omission volontaire car confirmé par le can. 24 de cette bulle de Pie IV : "Il est interdit aux cardinaux de rien changer à cette bulle. Ils devront prêter serment de l'observer comme celle de Jules II et de ses prédécesseurs" (ibid., p. 120). C'est-à-dire que les bulles de Paul IV sur la question sont tout simplement passées à la trappe et précipitées dans les oubliettes du château Saint-Ange (car Paul IV fit aussi une bulle pour invalider les élections pontificales obtenues par brigue et intrigue passées avant le conclave) !
           
        Pour être complet dans la question, il faut cependant noter que saint Pie V, qui succèdera à Pie IV, remettra en vigueur la bulle de Paul IV du 15 février 1559, celle qui nous intéresse (ou plutôt qui ne nous intéresse pas), dans son motu proprio Inter multiplices curas, du 21 décembre 1566, § 1. Mais, notons bien ceci : saint Pie V ne cita la bulle de Paul IV qu'en annexe de son motu proprio, et non dans le corps de son texte, et en plus, il ne la mentionne que d'une manière générale, c'est-à-dire qu'en fait il n'y fait allusion que pour sa seule partie orthodoxe, et nullement pour son très-hérétique § 6 (rappelons-nous en effet, je l'ai établi plus haut, que les trois-quarts de la bulle de Paul IV, à savoir les §§ 2 à 5, sont parfaitement orthodoxes, seul le § 6 est hétérodoxe).
           
        C'est encore lui, cardinal Morone, qui mènera le Concile de Trente à sa très-difficile conclusion, ce qu'il fit sous le pontificat de Pie IV, pape édifiant dans son constant et fervent appui du concile de Trente, qui, "en général, se distinguait singulièrement de son prédécesseur [Paul IV] par une grande douceur de caractère ; (...) son pontificat fut une période de conciliation et de paix" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 284).
           
        Le bon Pie IV, en effet, qui menait le plus saintement possible les affaires de son pontificat avec son neveu inspiré qu'il avait fait cardinal, saint Charles Borromée, avait totalement réhabilité le cardinal Morone suite à l'enquête établie notamment par Michel Ghislieri, le chef de toute l'Inquisition (nommé à cette fonction par trois cardinaux dont le cardinal… Pole ! — Saint Pie V, un pape pour notre temps, Pierre Tilloy, p. 37) et futur saint Pie V, lequel saint patron des tradis de toute obédience et singulièrement de celle sédévacantiste, ne croyait donc pas à l'hérésie de Morone. "Après une enquête suffisante [sur le cas Morone], conduite par les cardinaux Puteo et Ghislieri, dont l'un était réputé comme un grand juriste, l'autre comme un grand théologien, Pie IV rendit, le 13 mars 1560, le jugement définitif. Il releva dans la procédure de l'Inquisition sous Paul IV, une série d'erreurs tant dans le fond que dans la forme. L'incarcération de Morone avait eu lieu sans le moindre fondement de soupçon légi­time. L'instruction, ainsi que toute la procédure [dirigée personnellement par l'irascible, insensé, calomniateur et injuste Paul IV !], dans laquelle n'avaient pas été observées les formes prescrites et nécessaires, étaient flétries comme nulles, inconve­nantes et injustes [… plus le procès avançait, plus Paul IV, exaspéré, se rendait compte que par la procé­dure normale on ne pouvait arriver à la condamnation de Morone ; il eut alors un jour ce mot qui fit trembler tout le monde : "Étant le chef de l'Église, Nous pourrions bien Nous-mêmes juger la cause de Morone"... Sans les cardinaux et s'il n'avait tenu qu'à Paul IV, Morone aurait certainement fini sur le bûcher...!]. Il y était en outre établi qu'on n'y trouvait ni un motif sérieux de condamnation, ni même le plus insignifiant doute contre la rectitude de sa foi, en sorte qu'on en devait conclure juste le contraire des accusations élevées contre lui et que, par suite, le cardinal Morone devait être remis en liberté comme innocent" (Pastor, p. 247).
           
        Et en 1565, à la mort de Pie IV, ce sera encore et toujours lui, cardinal Morone, le papabile le plus en vue, soutenu, s'il vous plaît, par le grand cardinal saint Charles Borromée, neveu choisi dudit pape Pie IV, le plus saint, capable, prudent, avisé, des grands dignitaires de l'Église de l'époque et comme l'âme pensante et agis­sante du Vatican d'alors. Mais ce sera saint Pie V qui sera élu.
           
        Je viens d'écrire que c'est grâce au cardinal Morone que le concile de Trente eut une heureuse fin. Le concile, on le sait, de la Contre-Réforme de tendance conservatrice mais sans être intégristement inquisitoriale à la Paul IV, s'étala sur dix-huit ans et trois interruptions, sans cesse traversé et empêché. Il fut co-présidé en 1545, au tout début de ses assises, par le cardinal... Pole, comme ayant été un des trois légats nommés à cet effet par le pape Paul III (1534-1549), lequel cardinal Pole fit en cette qualité lors de l'ouverture une exhortation si édifiante à tous les Pères que Rohrbacher dit qu'elle "respire le véritable esprit de l'Église, l'esprit de Dieu, comme dans les consolantes lettre de sainte Catherine de Sienne" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 18), ce qui n'est pas une petite louange et compliment. Pour sa part, le cardinal Morone œuvra si ardemment à bien terminer le concile, que l'évêque de Nazianze, dans le discours de clôture, lui adressa ces belles louanges : "À ce sujet [fin heureuse du Concile], très-illustre et très-glorieux Moron [sic], vous devez entre tous les autres éprouver une joie qui vous est pour ainsi dire personnelle : vous qui, après avoir, il y a vingt ans, posé la première pierre de ce magnifique édifice, auquel ont travaillé tant d'autres archi­tectes, allez, avec la sagesse admirable et presque divine qui vous appartient, y mettre heureusement la dernière main. Les louanges éternelles de tous les hommes célèbreront cette action si belle et si éclatante et nul siècle ne gardera le silence sur votre gloire".
           
        Ôtez le dithyrambe du discours, il reste que Morone fut le seul prélat a être nommément félicité dans ce très-officiel discours de clôture du concile de Trente, juste derrière le pape Pie IV...
 
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        Mais il me tarde à présent beaucoup de rétablir la bonne mémoire du saint et très-édifiant cardinal Réginald Pole, peut-être encore plus scandaleusement suspecté d'hérésie par le paranoïaque Paul IV que le cardinal Morone.
           
        Rorhbacher, à propos du saint cardinal Pole, après avoir dit, comme je l'ai rappelé plus haut, que "les voies de rigueur répugnaient extrêmement à son caractère, et il opina toujours dans le conseil privé [de la reine Marie d'Angleterre] pour celles d'in­dulgence", continuait ainsi : "Du reste, [le protestant] Burnet même lui rend la justice qu'il [le cardinal Pole] fut illustre, non seulement par son savoir, mais encore par sa modes­tie, son humilité, son excellent caractère ; et il convient que si les autres évêques eussent agi selon ses maximes et gardé la même modération, la réconciliation de l'Angleterre avec le Saint-Siège [après le schisme d'Henri VIII aggravé par son successeur le roi-enfant Édouard VI] aurait été consommée sans retour [... voilà donc celui que Paul IV suspectait d'hérésie !].
           
        "Quoique très-modeste pour sa personne, Polus tenait un grand état de maison et se montrait avec magnificence dans les occasions où il était obligé de paraître avec tout l'éclat de sa dignité. Généreux, libéral, hospitalier, il avait établi le plus grand ordre dans son domes­tique. Il trouvait, par une sage économie, les moyens d'exercer son immense charité envers les pauvres. Les bénéfices et les grâces qui dépendaient de sa légation étaient donnés gratuitement, et il ne souffrait pas que les personnes attachées à son service reçussent aucun présent, sous quelque prétexte que ce fût. Dans son diocèse de Cantorbéry, Polus suspendit l'exécution des anciennes lois contre les hérétiques [qui envoyaient systématiquement au bûcher tout prévenu condamné, en passant par des tortures barbares] et procéda plus par dou­ceur. Les évêques et les prêtres, qui, quoique adhérant au schisme d'Henri VIII, ne s'étaient point prêtés aux innovations religieuses d'Édouard VI, furent maintenus dans leurs bénéfices et dans leurs fonctions : les autres n'y furent réintégrés qu'après avoir subi des épreuves sur leur capacité et sur leur conduite. On répara les défauts des ordinations faites selon le nouveau rituel [anglican]. On obligea les prêtres mariés à se séparer de leurs femmes et à s'abstenir des fonctions sacerdotales, sans toutefois les destituer de leurs places. Le cardinal était entièrement livré au rétablissement de la discipline ecclésiastique, soit dans les assemblées du clergé de sa métropole, soit dans un concile national qu'il tînt à cet effet, et où il fit rédiger d'utiles règlements, tels que les circonstances pouvaient les comporter [on voit très clairement ici que la pastorale miséricordieuse du cardinal Pole était parfaitement catholique et extrêmement fructueuse, remplie de bons et saints fruits, point du tout motivée par une sorte d'indulgence coupable envers l'hérésie. Or, loin d'être suspecte dans l'Église, cette pastorale est en odeur de sainteté puis­qu'elle fut celle communément employée par les papes pour les hérétiques de l'Église orientale, pendant... les quatre siècles de survie de l'Empire d'Orient ! Mais certes, on comprend aussi combien cette douceur des moyens était étrangère à la "pastorale" intégriste et sectaire de Paul IV qui ne voulait rien moins qu'appliquer dans l'Église universelle les mêmes lois d'autodafés rigoristes que celles de la politique anglaise...].
           
        "Ce fut au milieu de ces travaux qu'il éprouva de violents accès de fièvre quarte, qui le conduisirent au tombeau le 18 novembre 1558, le lendemain de la mort de la reine Marie. Il prévit les suites funestes de ce triste événement pour la religion, et il en exprima toute son affliction par les dernières paroles qu'il prononça en embrassant son cruci­fix : «Seigneur, sauvez-nous, nous périssons ! Sauveur du monde, sauvez votre Église !»" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 187).
               
        Voilà plutôt la vie et la fin d'un grand et saint prélat plutôt que celles d'un hérétique, n'est-ce pas ?
 
 
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Cardinal Réginald Pole (1500-1558)
            
        Il n'y avait que Paul IV pour ne s'en point rendre compte, la tête cadenassée dans son délire paranoïaque. "Pour vous dire la vérité, dira-t-il à un cardinal le lendemain de l'arrestation sur son ordre du cardinal Morone dans les prisons du Saint-Office (1557), Nous avons voulu Nous opposer aux dangers qui menaçaient le dernier conclave et prendre de notre vivant des précautions pour que le diable n'asseye pas à l'avenir un des siens sur le Siège de Saint-Pierre" (Pastor, p. 234). Paul IV visait là le cardinal Pole, qui avait failli être papabile au conclave de 1555 (mais... Pole lui-même déclina sa candidature à la fonction pontificale, voulant consacrer toutes ses forces à la recatholicisation du royaume d'Angleterre, après la défection du roi Henri VIII ! On était donc très-loin de l'initié maçonnique qui n'a qu'un but : subvertir le Siège de Pierre !), légat pontifical de très-catholique valeur qui eut la bonne idée de mourir en 1558, ce qui lui évita de finir sa vie sainte et édifiante dans les prisons du Saint-Office, en compagnie de Morone...
           
        L'inflexible suspicion d'hérésie de Paul IV à son égard, parfaitement infondée, fut monstrueusement inique et loin d'être heureuse à l'Église, qu'on en juge plutôt : "Le pape se montra dur à l'égard du cardinal Pole, qui remplissait le rôle de légat en Angleterre ; n'ayant aucun égard pour lui et ne tenant pas compte de la prudente conduite qu'il observa, il le destitua et lui substitua le vieux cardinal Peto, peu capable de le remplacer. L'effet produit par cette mesure impolitique et injustifiée, causa un tort considérable au catholicisme en Angleterre (Dictionnaire de Théologie Catholique, à "Paul IV", p. 23). Juste au moment, sous le très-difficile règne catholique de l'édifiante reine Marie Tudor, où il était capital de ne point commettre d'impair, pour empêcher la résurgence de l'anglicanisme ! La reine Marie le pressentit fort bien, après Pole lui-même, et, angoissée, "d'une manière pressante, manda à Paul IV qu'une pareille mesure [la destitution de Pole] apporterait le danger visible d'arrêter le mouvement catholique en Angleterre" (Pastor, pp. 241-242). Ce qui ne manqua pas d'arriver, effectivement, les hérétiques anglicans battant des mains de joie de voir celui qui avait combattu avec succès leur protestantisme après la mort d'Henri VIII et le règne éphémère du roi-enfant Édouard VI, être lui-même soupçonné... d'hérésie par... le pape (goddams ! quelle aubaine, les amis !). "Marie fit arrêter à Calais le messager [papal] avec les brefs pour Peto et Pole. De concert avec Philippe [II, roi d'Espagne, qui n'était pas précisément du genre laxiste, en matière d'orthodoxie doctrinale…], elle avait, dès la fin de mai, réitéré la prière que le pape laissât Pole dans sa fonction. Maintenant, si le pape, disait-elle, ne l'avait pas écoutée jusque-là, elle espérait qu'il le ferait à présent ; qu'on lui pardonnât à Rome, si elle croyait savoir mieux que personne ce qui convenait au gouvernement du royaume" (Pastor, p. 320). C'était la Sagesse même qui s'exprimait là par la bouche de la si catholique reine Marie d'Angleterre.
           
        Mais Paul IV n'était pas homme à changer d'avis, surtout quand il avait été trop loin. Pole fut donc destitué sans appel. C'était discréditer devant tous les anglais un héros catholique appartenant à la plus haute noblesse du pays et qui avait lutté contre Henri VIII jusqu'au martyre de toute sa parenté, surtout celui, terrible, atroce, de sa malheureuse mère : "Je ne saurais passer sous silence le meurtre de la mère du cardinal Polus et de ses autres parents [écrira William Cobbet, un historien pourtant protestant, membre du Parlement anglais]. Dans sa jeunesse, le cardinal avait joui de la plus grande faveur auprès du monarque [Henri VIII] ; il avait même étudié et voyagé aux frais du trésor royal. Mais quand l'affaire du divorce vint sur le tapis, il désapprouva hautement la conduite du roi ; et celui-ci eut beau le rappeler en Angleterre, il refusa d'obtempérer. C'était un homme aussi distingué par ses lumières que par ses talents et ses vertus, et ses opinions avaient un grand poids en Angleterre. Sa mère, la comtesse de Salisbury, issue du sang royal des Plantagenêt, était le dernier rejeton de cette longue dynastie des rois anglais. Le cardinal, que le pape avait élevé à ce poste éminent dans l'Église à cause de son grand savoir et de ses hautes vertus [… on rappelle que c'est un protestant qui écrit ces lignes…], se trouvait donc de la sorte être, par sa mère, le proche parent de Henri VIII : son opposition au divorce projeté par ce monarque suffit pour exciter au plus haut degré le désir de la vengeance dans son cœur. Toutes les ruses et tous les artifices furent mis en œuvre pour s'emparer de sa personne ; mais on eut beau prodiguer l'or, on ne put y parvenir, et Henri résolut alors de faire retomber le poids de sa colère sur les parents du vénérable prélat" (Rohrbacher, t. XXIII, p. 363).
           
        S'ensuivit l'affreuse mort de la mère du cardinal Pole sur l'échafaud qui, la malheureuse femme, outrée de colère dans sa fierté d'aristocrate catholique vertueuse d'être humiliée par la crapulerie d'Henri VIII, répliqua droite comme un i au bourreau qui lui demandait de baisser la tête sur le billot : "Une tête de Salisbury ne se courbe pas sous l'infamie : coupe-la comme tu peux !" S'ensuivit alors que le bourreau rata la comtesse debout, une première fois avec sa hache, mais la blessa affreusement, puis, la pauvre martyre courut sur l'échafaud, hurlant de douleur, gesticulant, affolée, ensanglantée de son sang et hors d'elle-même, poursuivie par le bourreau qui n'arrivait pas à lui donner le coup de grâce... et on vous passe les détails.
 
 
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 Margaret Pole (1473-1541)
 
        … Et voilà donc ce grand chrétien fils de grande chrétienne (qui fut béatifiée par Léon XIII comme martyre) que Paul IV destituait pour... soupçon d'hérésie !!! Quelle honte !!! Quel scandale !!! Quelle folie du diable dans la tête de Paul IV !!! Pastor est plus que fondé à commenter ainsi l'affaire de sa destitution inique : "Plus le noble anglais était doux et bon, plus il avait ressenti profondément l'affront qui lui était fait. Il n'y avait jamais eu d'exemple qu'un cardinal, dans le plein exercice de sa fonction de légat, eût été, sans enquête préalable, déposé de ses fonctions, sous le simple soupçon d'hérésie. «Comment, se demandait douloureusement le malheureux Pole, le Pape a-t-il pu soupçonner ma foi, après mes constants combats et difficultés avec les hérétiques et schismatiques et tant de brillants succès auprès des dévôts de la religion catholique [Qu'on juge de la haute valeur de Pole quant à la Foi, par le fait suivant : "Pour subvenir au manque de prêtres en Angleterre, Pole ordonna l'érection de petits-séminaires. Ce décret servit au concile de Trente d'introduction et de modèle pour son fameux décret si riche en conséquences sur les séminaires. Le nom et l'idée de séminaire ont été inspirés à Trente par le décret de Pole. Pole et Marie [d'Angleterre] s'efforcèrent de parer encore au manque croissant de prêtres par le relèvement des couvents détruits. (...) «De jour en jour, écrit Michiel, l'ambassadeur vénitien, le 1er juillet 1555, se relèvent de leurs ruines, par les efforts de Pole, hôpitaux, couvents, églises». Etc." (Pastor, pp. 315-316)] ? Quelle joie pour les hérétiques d'Angleterre dont j'ai si fort contrarié les agissements, que de me pouvoir retourner à moi-même ce titre d'hérétique ! En supposant que j'aurais jadis tenu pour vraies de fausses doctrines, ce qui n'est pas du tout le cas, il n'y avait plus maintenant aucune raison de me poursuivre, après que j'avais remporté tant de sérieuses victoires, sauvé tant d'âmes par mes efforts, et rétabli l'autorité du Saint-Siège en Angleterre» [c'est le moins qu'on puisse dire ! Effectivement, quoiqu'il en soit de l'hérésie personnelle de Pole, qui n'était pas plus fondée que celle de Morone, il y avait là, de toutes façons, dans le contexte anglais, un oubli total du Bien supérieur de l'Église de la part de Paul IV, qui fait frémir dans un pape !].
           
        "Un biographe de Pole observe avec raison que celui-ci eut à subir l'épreuve la plus dure qui pût être infligée à un fidèle enfant de l'Église, épreuve dans laquelle il eut à montrer que, cardinal, il plaçait au-dessus de sa personne, au-dessus de ses intérêts, la cause sainte à laquelle il s'était dévoué. Pole a brillamment soutenu cette épreuve. Dans son humble obéissance à la plus haute autorité établie par Dieu, il accueillit, comme venant des mains paternelles, l'injuste coup qui lui était porté et qu'il souffrit avec dignité et patience [sans un geste de révolte, il démissionna immédiatement de sa légation dès qu'il apprit la volonté de Paul IV, obligeant la reine Marie Tudor, proprement scandalisée de l'accusation du pape, à l'obéissance ; cette grandeur d'âme au-dessus de la persécution, si éminemment et même si exclusivement catholique, si héroïque à la nature humaine et quasi impossible sans la grâce du Christ, fait d'ailleurs penser à celle de Fénelon, fort injustement accusé par un Bossuet odieusement calomniateur en l'occurrence, mortifié par la supériorité de Fénelon et peut-être plus encore mû par un gallicano-jansénisme mal avorté dans son âme, qui réussit à arracher par Louis XIV une condamnation papale injustifiée : surmontant cette épreuve, Fénelon, lui aussi, se soumit exemplairement à l'iniquité de la condamnation par respect pour l'Autorité de l'Église. C'est à cela qu'on voit les vrais amis de Dieu...]" (Pastor, pp. 247-248).
           
        ... Éh bien !!, je le dis, puisqu'il faut parler de "soupçon d'hérésie" : si l'on veut rester dans la vérité objective et vraie de l'Histoire, ce qui inclut d'avoir à sortir des méprisables mensonges sédévacantistes, il faut bien dire qu'un "initié-infiltré-comploteur" de la pire espèce fait pape, un hérétique occulte sorti des plus sombres noirceurs des conventicules de Satan ayant réussi à envahir le Siège de Pierre, n'aurait pas pu "mieux" faire, ni frapper un plus grand coup de Satan, pour faire triompher le protestantisme dans toute une nation importante, que… ce grand fou possédé de Paul IV, sauf son respect de pape, n'a fait en destituant le grand et saint cardinal Polus !!! Chose qui effectivement arriva, l'Angleterre, depuis lors, étant en corps de nation hérétique jusqu'à la fin des temps, et c'est Paul IV qui en est le grand et premier responsable devant Dieu !!!
           
        L'emprisonnement du cardinal Morone donc, héritier spirituel du saint cardinal Pole, se passait deux ans avant la mort du pape. Paul IV, dans ses derniers mois, fut littéralement obsédé comme un fou furieux bon à enfermer de voir des hérétiques partout. Au point même d'en arriver à soupçonner... son dauphin, Michel Ghislieri, le futur... saint Pie V !! Dans une certaine affaire de soupçon d'hérésie contre un très-haut prélat portugais que le pape lui avait commise (c'est toujours la même histoire), le cardinal Alexandrin futur saint Pie V tâcha de tempérer la procédure draconienne voulue par Paul IV, et le tourner à un peu plus de justice envers l'accusé. Mal lui en prit ! "Cela jeta le Pape, que sa santé rendait de plus en plus anxieux et violent, dans un état tel qu'il fit, pendant une demi-heure, de si violents reproches à ce cardinal si hautement estimé dans le Consistoire, que le cardinal Consiglieri déclara qu'on ne pouvait plus vivre ni traiter de quoi que ce soit avec le Pape. Dans un nouveau consistoire, Paul IV réitéra ses reproches envers Ghislieri, le déclara indigne de sa place et assura qu'il regrettait de lui avoir donné la pourpre. Un rapport du 5 Août 1559 mande de Rome qu'on craignait là-bas que le grand-inquisiteur Ghislieri fût emprisonné au château Saint-Ange [!]. Ce fut en ce temps que Paul IV déclara à l'ambassadeur français que l'hérésie était un crime si grave, que si peu qu'un homme en fût atteint, il ne lui restait d'autre moyen de salut que de le livrer au feu immédiatement, sans se soucier qu'il occupât le plus haut rang" (Pastor, p. 256).
           
        Dès 1557, "son souci légitime de la conservation de la foi catholique dégénéra en une sorte de manie de la persécution, qui lui faisait voir les plus grands dangers là où, en réalité, il n'y en avait aucun. Une légère imprudence, une expression douteuse suffisait à rendre quelqu'un suspect d'hérésie. Imprudent et crédule, Paul IV ne prêtait que trop volontiers l'oreille à toutes les dénonciations même les plus absurdes. Le pieux cardinal Alfonso Carafa qui avait la confiance particulière de Paul IV se plaignait vigoureusement à l'ambassadeur français, en août 1559, «de la malice de ces cagots, desquels une grande partie estaient eux-mesmes hérétiques et remplissaient de calomnies les oreilles et le cerveau de Sa Sainteté». Ni le rang, ni la dignité, ni les services rendus ne pesaient dans la balance : dès que l'on était devenu suspect, on était traité par l'Inquisition avec la même rigueur, indifférente à toute considération, que si l'on eût été ennemi public et déclaré de l'Église. Les inquisiteurs aussi bien que le Pape dans son zèle inexorable flairaient de l'hérésie en de nombreux cas où un observateur prudent et circonspect n'en aurait trouvé trace, même quand il avait gardé le plus strict attachement à la doctrine catholique. Envieux et calomniateurs s'empressaient de détacher un mot suspect, sans tenir compte de ses rapports avec le reste de la phrase, et de dresser une accusation d'hérésie contre les hommes qui avaient été de fermes défenseurs de l'Église contre les novateurs. On en vint aussi contre des évêques et même des cardinaux à des accusations et à des procès aussi incompréhensibles que dénués de fondement. Un véritable régime de terreur commença, qui accabla tout le monde à Rome" (Pastor, pp. 231-232).
           
        "Comme Morone et Pole, un autre prélat eut à répondre à l'Inquisition, sous le soupçon d'hérésie pas plus fondé que pour ceux-ci : Egidio Foscarari. Il appartenait à l'ordre des dominicains et jouissait d'une grande réputation comme théologien autant que comme prêtre. Paul III l'avait nommé maître du Sacré-Palais. Il appréciait fort le livre des exercices de saint Ignace de Loyola. On lisait son approbation du magnifique écrit en tête des éditions imprimées. En 1550, Foscarari avait succédé à Morone comme évêque de Modène. L'année suivante, il participa au Concile de Trente. Revenu à Modène, il fut évêque distingué à tous points de vue. Et maintenant, ce savant et pieux prélat était soupçonné, incarcéré, le 21 janvier 1558, au château Saint-Ange et l'Inquisition faisait son procès. On ne trouva aucune preuve de culpabilité. Foscarari réclama donc une solennelle déclaration de son innocence. Celle-ci lui fut refusée. Il n'obtint sa liberté que le 18 août 1558, en prenant l'engagement de se tenir, à la première réquisition, à la disposition de l'Inquisition. (...) L'augustin Girolamo Negri s'était attiré la haine des luthériens par ses prédications à grand succès. Ceux-ci propagèrent à la fin la calomnie que Negri avait des opinions non-catholiques. La suspicion dont il devint l'objet eut pour résultat que Negri, en 1556, se vit retirer par ordre de Rome, l'autorisation de prêcher. Cette mesure fut un triomphe pour les hérétiques et une cause de consternation pour les catholiques. La hâte et l'imprudence avec lesquelles on avait agi apparurent, en 1557, à la suite d'une dernière enquête, qui se termina par une solennelle proclamation de l'innocence de Negri" (Pastor, pp. 251- 252)...
 
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        Et puis, et puis, pour en revenir à Pie IV, ce direct successeur du paranoïaque Paul IV avait été, au moins sur un point, moins "déliquescent" que lui, à savoir quant aux Capitulations. C'étaient des engagements auxquels s'obligeait le papabile pressenti par un groupe de cardinaux pour être le futur pape, de respecter un programme de pontificat convenu d'avance avec lesdits cardinaux qui, de leur côté, s'engageaient, si le papabile y acquiesçait, à voter pour lui… Il est facile de comprendre que cette coutume, aussi déplorable que le népotisme (auquel, là encore, on vit un certain Paul IV Carafa plus que céder… contre ce qu'il avait pourtant dit hautement avant d'être élu pape !), attentait gravement à la liberté de l'élection pontificale et de l'Église. Or, l'Histoire enseigne que l'autocrate Paul IV… s'y soumit, comme un vulgaire pape de la Renaissance à réformer, mais… pas Pie IV !
           
        "L'usage de ces sortes de Capitulations ou conventions arrêtées par les cardinaux, dans la pensée d'imposer au futur élu un programme de mandat impératif, se généralisa vers le début du XIVe siècle, à la suite de l'abdication de Célestin V et de l'élection de Boniface VIII, alors que le Collège cardinalice s'habitua à accentuer son importance vis-à-vis de la personne même du pontife. Déjà Innocent VI, en 1352, à Avignon, cassa et proscrivit ces conventions, comme faites en dehors de la compétence intérimaire des cardinaux et contraires au droit de juridiction personnelle du pape. [Cependant, malgré l'énorme baisse de popularité et d'autorité des cardinaux au sortir du grand-schisme d'Occident (discrédit parfaitement justifié, car, par l'embourgeoisement scandaleux du divin office que leur avait confié l'Église, dont ils étaient coupables, c'étaient bien eux les principaux responsables dudit grand-schisme), l'abus ne sera hélas pas supprimé :] Paul II (1464) annula celles faites à son conclave, et s'aliéna par-là les cardinaux. Au XVe siècle, l'usage en devint habituel. Innocent VIII (1484) ratifia expressément celles de ses électeurs. On les voit se produire encore de même au conclave de Paul IV (1559). Mais son successeur, Pie IV, dans sa Bulle In eligendis, les réprouve : omisso omnino capitulorum confectione primis diebus fieri solitorum. On en retrouve cependant encore des traces au conclave de Léon XI (1605)" (Lector, p. 401, note 1).
           
        La façon intégriste, déséquilibrée, fanatique, du pape Paul IV Carafa pour traiter les problèmes de la Foi se voit encore dans l'Index des livres interdits qu'il fit dresser en 1559 (il fut le premier pape de toute l'histoire de l'Église à le faire de manière systématique et exhaustive, ce qui en soi, d'ailleurs, était un bien). Son criterium, comme à l'accoutumée, était si excessif, si déséquilibré, suscitant "de profonds désaccords au sein même de l'assemblée [de la Congrégation de l'Index, gérée par dix-huit Pères du Concile de Trente]" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, article "Index", p. 861, 2e col.), que ledit Index fut amendé dès 1561 par un Moderatio indicis librorum prohibitis, puis carrément refondu en 1564 dans un nouveau Catalogue, sous le pontificat de Pie IV.
           
        Autre illustration, fort peu glorieuse pour lui, non seulement de son tempérament complètement paranoïaque mais surtout de son incroyable absence de discernement dans la chose spirituelle : au rebours de ses trois prédécesseurs, les papes Paul III, Jules III et Marcel II, qui avaient vu naître la Compagnie de Jésus et en avaient globalement favorisé le développement, Paul IV la suspecta d'emblée (comme d'habitude ! En fait, il suspectait tout le monde qui n'était pas lui !...), et l'entrava, "voulant l'unir à sa propre congrégation, les Théatins. En guerre avec l'Espagne, il va jusqu'à faire perquisitionner chez Ignace [de Loyola] qui, sa mort venant, demande quand même sa bénédiction [... on mesure là toute la sainteté du fondateur des Jésuites, mais on ne saurait en dire autant de Paul IV…]" (Levillain, art. Jésuites, p. 966, 2e col.) ! Par ailleurs, il considérait saint Ignace, qu'il avait fréquenté avant son élévation au Souverain Pontificat, comme un… "tyran" (Pastor) !!
           
        Ce sont là des traits du manque de discernement spirituel flagrant de Paul IV, et fort dangereusement au service de l'ennemi des âmes, qu'il faut bien avoir en tête quand on veut parler de sa fumeuse bulle...
 
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        À présent, un point d'Histoire qui a son importance. Les sédévacantistes affirment très-mensongèrement, dans leur "légende dorée" hagiographique et simpliste de Paul IV, complètement trafiquée, que saint Pie V, dauphin de Paul IV, n'avait, une fois élu au Siège de Pierre, qu'une idée en tête : reprendre très-vite la politique religieuse rigoriste de Paul IV, après le pontificat soi-disant doctrinalement déliquescent de Pie IV (… mais derrière Pie IV, c'était son cardinal-neveu qui menait les rênes du pontificat et qui en était l'âme ; or, zut !, celui-ci s'appelait… saint Charles Borromée, il était comme la cheville ouvrière, sainte et saintement agissante, de tout le Vatican d'alors, et, faut-il avoir à apporter la précision, n'avait rien d'un libéral laxiste ni d'un "infiltré-initié-comploteur" ; mais donc, les sédévacantistes nous révèlent qu'il ne sut que donner une note doctrinalement déliquescente au pontificat de son oncle de pape… on en apprend tous les jours).
           
        Or, hélas pour eux, le seul nom de pontificat choisi par le saint pape Ghislieri renverse cette fable mensongère. Si, soi-disant, le pape Pie V, le jour de son élection, quand on lui demanda quelle serait la ligne directrice de son pontificat, répondit avec enthousiasme : "Celle de Paul IV !", selon la fable sédévac, alors, pourquoi dans ce cas, n'aurait-il donc pas pris aussi, avec son programme, son nom de pontificat, à savoir… Paul ? Pourquoi au contraire le voit-on prendre celui de Pie, son immédiat prédécesseur ? N'est-ce pas, justement, parce que ce dernier pape avait tempéré les ardeurs intégristes, iniques et paranoïaques, de Paul IV ? Dont il voulait continuer la ligne de conduite tempérée ? Quand un pape désire avec tant d'ardeur reprendre le programme d'un de ses prédécesseurs sur le Siège de Pierre, la première chose qu'il fait pour bien le faire comprendre de tous, c'est d'en reprendre le nom de pontificat. Mais l'Histoire nous montre Michel Ghislieri, cardinal Alexandrin, prendre le nom pontifical de Pie. Et qu'on ne radote pas, comme l'a fait l'abbé Ricossa, qu'il a choisi le nom pontifical de Pie pour remercier saint Charles Borromée le neveu du défunt pape Pie IV d'avoir favorisé son élection au conclave qui l'élit au Siège de Pierre : un pape nouvellement élu ne choisit pas son nom de pontificat pour faire un simple retour diplomatique d'ascenseur, raison très-secondaire voire mondaine, mais communément et généralement, pour tracer nominalement tout le programme surnaturel de son pontificat, raison première de son choix.
           
        C'est pourquoi il ne faut pas être surpris de constater, dans les actes pontificaux de saint Pie V, et non de saint Paul V, la modération des grands saints, si absente chez l'intégriste Paul IV et si fréquente dans le conciliant et non déliquescent Pie IV : "Ami du pape Paul IV et un instant disgracié par Pie IV, il [Pie V, qui, ayons garde de l'oublier, ne fut pas seulement disgracié par Pie IV mais aussi par son mentor Paul IV, lequel, dans ses accès de fou furieux à camisoler de force de toute urgence, faillit le faire emprisonner au château Saint-Ange, allant même jusqu'à lui dire qu'il "regrettait de lui avoir donné la pourpre"…!!] voulut témoigner hautement que les mêmes sentiments l'animaient envers ses deux prédécesseurs, et que leur mémoire avait droit au même respect. Il régla généreusement un démêlé délicat qui concernait le comte Altemps, l'un des neveux de Pie IV, et en même temps il s'occupa de la réhabilitation des Carafa, neveux de Paul" (Rohrbacher, t. XXIV, p. 391).
 
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        Par ailleurs, le pape Paul IV a invoqué la lutte contre l'hérésie comme seule motivation de sa bulle. Est-ce bien vrai ? Car il faut quand même bien remarquer qu'il avait des neveux-cardinaux qui se comportaient très-mal, et qui, à propos de leur complicité mondaine avec des hérétiques formels, auraient bien pu dire comme le fabuliste : "C'est là le moindre de mes défauts". Et très-probablement Paul IV avait-il aussi peur de voir un membre indigne de sa famille monter sur le Siège de Pierre (ou plus certainement favoriser un cardinal hérétique aspirant au Pontificat suprême, par ambition politique effrénée plutôt que par hérésie personnelle), qu'un hérétique formel étranger à sa famille... motif de sa bulle certes un peu moins glorieux que celui de l'hérésie pure et simple, et qu'il n'avouait pas avec la même franchise.
           
        Sur cela, lisons ensemble l'excellent Rohrbacher : "[Paul IV] était un homme vertueux et de mœurs austères : il avait un grand zèle et de bonnes intentions, mais ses intentions n'avaient pas toute la simplicité de la colombe ; il ne parut pas, comme Melchisédech, sans père, sans mère, sans généalogie, uniquement pontife du Très-Haut ; il eut des cardinaux-neveux qui abusèrent de son affection et de sa confiance, lui firent faire de fausses démarches, et qu'il finit par chasser d'auprès de sa personne et même de la ville de Rome [... mais ils étaient toujours cardinaux, ayant au conclave droit d'élection active et... passive ! La meilleure preuve, c'est que le plus influent d'entre eux, Carlo Carafa, bien que chassé de Rome par Paul IV, y revint immédiatement après la mort de son oncle pour participer au conclave, d'ailleurs "rappelé par décision du Sacré-Collège et réintégré dans ses droits d'électeur" (Histoire de l'Église, par Fliche & Martin, t. XVII, p. 174) ; et de plus, "reprenant tout son aplomb et toutes ses ambitions" (ibid.), il se retrouva possesseur du plus grand nombre des voix cardinalices, "le maître de l'élection" (ibid.) ! Chargé de la haine publique (il finit par être assassiné), il avait certes trop scandalisé tout le monde pour être élu lui-même pape, mais il n'en dirigea pas moins le conclave de 1559 en orientant les voix sur Jean-Ange Medici qui prendra le nom de Pie IV. Celui-ci lui devra entièrement son élection. Paul IV avait donc des raisons valables de craindre la possible élection au Souverain pontificat d'un pareil cardinal de neveu, amoral mais fort puissant et habile, au moins autant que celle du cardinal Morone...]. Paul IV n'avait pas non plus toute la prudence du serpent, mais quelque chose de la raideur du bélier [il refusa toute aide, par exemple, à la Société de Jésus fondée nouvellement par saint Ignace...]".
           
        On lit plus loin, du même auteur : "La guerre entre le pape Paul IV et Philippe II d'Espagne venait d'éclater ; deux neveux du pape en étaient la principale cause [il serait historiquement plus exact de dire que c'est Paul IV lui-même qui voulut cette guerre, par un sentiment mélangé de politique et de religion, voulant expulser de l'Italie les Espagnols et les Impériaux qu'il appelait "les barbares", les Français étant tout juste supérieurs à eux dans son esprit qui n'en pinçait que pour le génie italien...], et ils le paieront cher. Cette guerre rendait impossible le concours des jésuites espagnols à la nomination du général [de leur Ordre]. (...) Le souverain pontife avait chassé de Rome, il avait même puni en prince irrité ses neveux, dont les crimes passaient toute mesure. Cette sévérité prouvait les bonnes intentions de ce vieillard toujours impétueux ; mais elle ne réparait qu'à demi les désordres qui, à l'abri de tant de déportements, s'étaient glissés dans l'administration ecclésiastique. Le pape sentait que, pour faire respecter son autorité compromise, il importait de donner de grands exemples. Les vices pullulaient dans le clergé séculier et régulier. La préoccupation de Paul IV était d'en triompher. Pour réussir dans son dessein, il prend à partie la société de Jésus, innocente de ses désespoirs de famille, plus innocente encore des malheurs de l'Église.
           
        "(...) Le pape Paul IV ayant chassé de Rome ses propres neveux, s'appliqua fortement à réparer les fautes qu'ils lui avaient fait commettre. Il institua un tribunal de cardinaux (...) et redoubla de vigueur dans les mesures contre les hérésies et les hérétiques [ici, on tient à souligner qu'il est manifeste pour Rohrbacher que les mesures anti-hérétiques de Paul IV sont d'abord suscitées contre les cardinaux-neveux, et nullement contre le cardinal Morone ; la question des dates, d'ailleurs, milite fortement pour cette thèse : c'est dans le consistoire mémorable qui eut lieu le 27 janvier 1559, que Paul IV dénonça ses trois neveux au Sacré-Collège "dans un amer discours, d'une voix où le chagrin le disputait à la colère" (Fliche & Martin, t. XVII, p. 170), lesquels neveux "furent privés de toutes charges et titres" (ibid.) ; or, c'est seulement une quinzaine de jours après, le 15 février 1559, que Paul IV fit paraître la bulle qui nous occupe, dans laquelle il n'est pas bien difficile, dans certaines formules, de retrouver la préoccupation du pape quant à ses neveux-cardinaux, dont l'un était légat quand les deux autres administraient absolument tout le temporel et le politique de l’Église, tant pour les affaires de l’État du Vatican que pour celles de l’Église universelle ! Il faut bien se rendre compte que le neveu Carlo Carafa était rien moins que le Secrétaire d'État avant la lettre, le Consalvi de Pie VII, le Villot de Paul VI, tout-puissant sur les membres du Sacré-Collège eux-mêmes ! De 1555 à 1559, il donna plus d'audiences que le Pape, qui ne les aimait pas et qui soumettait au bon vouloir du cardinal-neveu tous les nonces et les ambassadeurs !! Mais, admettons d'en rester à la version officielle de Paul IV, à savoir que sa bulle était uniquement suscitée par le motif de l'hérésie pure, soupçonnée notamment dans le cardinal Morone, Pole venant juste de décéder. De toutes façons, cela ne change rien au débat de fond... quoique, on en conviendra, l'épisode des cardinaux-neveux aide tout-de-même à mieux comprendre dans quel climat cette incroyable bulle, hérétique en son § 6, parut].
           
        "(...) À Rome, pour soulager la misère du peuple, continue Rohrbacher, Paul acheta pour cinquante mille écus de blé, à huit écus la mesure pour ne la vendre qu'à cinq. Cependant, lorsqu'il mourut, 18 août 1559, à 84 ans, le peuple était encore si exaspéré de ce qu'il avait souffert sous le gouvernement de ses neveux, qu'il renversa et brisa la statue du Pape, abattit les armes des Carafa partout où elles paraissaient, brûla la prison de l'Inquisition et commit d'autres désordres jusqu'au 1er septembre. Le corps du pape fut enterré sans pompe. (...) Sa dernière parole fut : «J'ai été réjoui de ce qu'on m'a dit : Nous irons à la maison du Seigneur»" (Rohrbacher, t. XXIV, pp. 191, sq.).
 
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        Une chose doit cependant être rajoutée, concernant la figure par plus d'un côté hélas fort repoussante et même haïssable de Paul IV, si l'on en restait à un point de vue seulement humain. Je serais gravement injuste (… à la Paul IV !), si je ne rendais pas justice non seulement à l'intégrité morale sans tache de son pontificat dont Rohrbacher lui-même n'a pas manqué de prendre bon acte, aussi à une piété sincère et réelle, privée comme liturgique (... dont on peut du reste se demander comment elle pouvait coexister avec un tempérament si injuste, qui pouvait aller jusqu'à s'avilir dans les grossièretés de paroles et les voies de fait sur les personnes quand il était contredit et en colère, ce qui était souvent...), mais encore et surtout au bilan globalement très-positif, au for externe du moins, de son pontificat : "Tout en dépassant parfois la mesure [... doux, très-doux euphémisme !!], Paul IV imprima une impulsion décisive à la réforme catholique et prépara le succès futur du concile [de Trente]" (Dictionnaire de Théologie Catholique, art. Paul IV, p. 22). C'est également grâce à ses mesures sévères contre les mœurs relâchées du clergé (moines gyrovagues, évêques désertant leur résidence pour la cour vaticane, etc.), que l'état moral de Rome s'améliora très-sensiblement. "Un familier des Farnèse prétendait qu'[à sa mort], en 1559, Rome était devenue un monastère de Saint-François" (ibid.).
           
        Mais, pour une bonne et juste appréciation des choses, il est important de noter qu'on disait déjà cela en 1555 à la mort de Marcel II, l'immédiat prédécesseur de Paul IV, ce constat n'est donc pas dû personnellement à Paul IV et à son action. Les historiens Fliche & Martin concluent en tous cas le pontificat de Paul IV par ces mots qui ne sont pas une petite louange, et sur lesquels s'accordent tous les historiens : "Après lui, cependant, le retour à la vie païenne du temps de la Renaissance était devenu impossible" (p. 172). Il est bon aussi de se ressouvenir qu'au temps même où l'énergumène Luther, hérésiarque certes aussi à plaindre qu'à blâmer, affirmait dans ses libelles scatologiques que Rome n'était qu'un ramas de bêtes malfaisantes avec le pape-âne à leur tête, naissait à Rome même, suite au concile déjà réformateur de Latran, précurseur de celui de Trente, un Institut ayant pour but la régénération spirituelle de la société, recrutant parmi les plus hauts prélats ; il y en eut soixante, parmi les plus zélés, et l'on compte dans les tout premiers d'entre eux à s'y être affiliés... Jean-Pierre Carafa alors évêque de Théate, le futur Paul IV, au coude à coude avec saint Gaëtan de Thienne et saint Jérôme Émilien : l'institut ainsi fondé prit même son nom d'évêque, les Théatins !
           
        Cependant, disais-je, à la vérité, il semble que cette nette amélioration des mœurs ecclésiastiques constatable à la mort de Paul IV, en 1559, était surtout dûe à la Providence divine et à son action surnaturelle parmi les hommes. Si l'on veut dépasser la personne elle-même du pape, et c'est conseillé pour avoir une juste vue des choses, un regard scrutateur sur l'Histoire de l'Église nous montre que la Providence avait manifestement décidé de donner aux pontificats suivants ceux de Paul III (1534-1549) et Jules III (1550-1555), la grande grâce de commencer réellement, en pratique, la Réforme des mœurs ecclésiastiques relâchées tant attendue de tous, ce que ces deux derniers papes cités n'avaient réussi à faire que sur papier ou en parole. C'est plus à la grâce divine qu'à l'action de Paul IV et déjà celle avortée de Marcel II, décédé l'année même de son élection au Siège de Pierre (1555), qu'on doit attribuer le succès de la Réforme catholique.
           
        À la mort de Jules III en effet, les temps étaient déjà manifestement ouverts, surnaturellement, pour permettre une Réforme catholique réelle et effective, tous le comprirent par le remarquable pape que le Saint-Esprit envoya alors à l'Église, à savoir Marcel II, dont il est très-regrettable que le nom n'est plus en souvenir parmi les hommes que par la célèbre Messe que Palestrina composa en son honneur. Tout le monde, à juste titre, se félicitait que la Réforme catholique allait enfin commencer avec ce pape qui possédait visiblement toutes les qualités requises pour l'entreprendre dans la justice, l'intelligence et surtout la Charité, et qui de plus en avait personnellement un désir extrême… Mais à peine mit-il la main à la pâte, qu'il mourut d'une apoplexie (AVC) au bout de... vingt-deux jours seulement (et l'ardeur extrême qu'il mit à commencer la Réforme catholique, sans aucun ménagement pour sa personne et sa santé, ne fut sans doute pas pour peu dans cette mort prématurée).
 
Marcellus II Cervini Vatican Museums Musei Vaticani Vatican
 
S.S. Marcel II (1501-1555)
 
 
 
    
     
Messe du pape Marcel (Palestrina)
       
        La Providence divine envoya alors à l'Église un autre "Marcel II", Paul IV, possédant certes autant de qualités que lui pour la Réforme catholique, mais hélas, par défaut d'un tempérament complètement déséquilibré (Pastor parle à son sujet, d'une manière tout-à-fait humoristique par son euphémisme, d'"idiosyncrasie"…!), ne pouvant l'entreprendre, quant à lui et bien qu'il en ait, que trop souvent dans l'iniquité des moyens et l'absence totale de Justice et de Charité, ce qui est très-perceptible dans le cas du saint cardinal Pole. Sans forcer trop le trait, on peut dire que Paul IV fut en quelque sorte… un Marcel II raté. Avec Paul IV, tout se passe comme si, sans doute à cause des péchés des hommes, la Providence divine avait certes décidé de continuer à donner la grâce à l'Église pour commencer effectivement la Réforme catholique, mais elle ne la donnait plus que dans la sainte-Colère et l'Ire de Yahweh-Sabaoth, avec un pape quasi énergumène, alors qu'avec le pape Marcel, la Réforme catholique aurait sans doute eu lieu dans la paix des âmes et surtout la bonne justice. Plus Paul IV voulait le bien, et il faut lui rendre justice que toute sa vie fut tendue sans faille vers le bien, dans une extrême droiture d'âme, et plus, c'était comme malgré lui, il commettait, tant en politique qu'en religion, des injustices souvent grossières envers les personnes, mais hélas plus moralement graves encore que grossières, pour l'opérer… La Réforme catholique prenait corps, certes, mais envers et contre tout le monde et surtout au grave détriment de moult bons catholiques, clercs ou laïcs, qui y furent littéralement injustement sacrifiés, immolés. Sans compter la très-lourde faute de népotisme qu'il commit comme un des pires papes non-réformés de la Renaissance machiavélique.
           
        À ce sujet, qui fut tragique et dramatique pour le pape Carafa, il faut préciser qu'on a trop dit que ses neveux l'avaient "trompé", la vérité vraie est qu'ils le trompaient… avec son tacite consentement et sa complicité, leur ayant mis volontairement dans les mains trop de pouvoirs et n'écoutant personne de ses cardinaux qui lui en faisaient reproche ; ses cardinaux-neveux ne furent donc en vérité rien d'autre que la longue-main qu'il avait voulu lui-même se donner. D'où d'ailleurs le terrible choc moral qu'il éprouva lorsqu'on lui révéla leurs exactions et vies dissolues, qui le précipita vers la tombe : à juste titre, il s'en sentait moralement responsable au premier degré.
           
        On ne souscrit pas à l'une des dernières paroles qu'il prononça trois jours avant de mourir au jésuite Lainez, là encore toujours marquée par l'excès ("Depuis le temps de saint Pierre, il n'y a pas eu de pontificat plus malheureux pour l'Église que le mien ! Ce qui en est résulté me désole beaucoup ; priez pour moi !"), mais d'une manière générale, il est trop vrai que Paul IV ne sut mettre la vertu dans Rome et dans l'Église qu'avec une étonnante haine, passion et colère, la plupart du temps accompagnées d'une iniquité scandaleuse et révoltante dans les moyens, sans compter son absence de discernement presque incroyable dans le Spirituel. Allant jusqu'à lui faire commettre des actes si mauvais, que même les méchants, en y réfléchissant beaucoup, n'auraient pas pu concevoir ni commettre ; comme par exemple, redisons-le, le très-scandaleux rappel du cardinal anglais Pole, qui fut une des causes certaines et principales du triomphe définitif du protestantisme en Angleterre, ou encore le renvoi monstrueux de Palestrina de la chapelle papale (le compositeur le plus grand, le plus pieux, le plus céleste polyphoniste que le monde ait jamais connu : quelle honte, quel scandale inouïs !!!), et d'autres considérables dénis de justice et méfaits jamais réparés envers les prélats les plus respectables voire saints, dont il détruisait sans retour la réputation sans aucun scrupule en faisant porter publiquement sur eux, à tort, le soupçon d'hérésie, ce qui en soi est un très-grand péché de calomnie, suite à sa folie intégriste de voir des hérétiques partout.
           
        D'où, d'ailleurs, la terrible colère, très-justifiée, qui prit tout le peuple romain à sa mort, ou plutôt dans la journée même de sa mort alors qu'elle n'était pas encore arrivée, preuve que ladite colère était contenue à toute force depuis trop longtemps, et qui, ne manquons surtout pas de le noter avec soin, je l'ai déjà fait remarquer, se déchargea immédiatement sur les prisons de l'Inquisition d'une manière fort significative vox populi vox Dei (colère populaire contre lui, et non populacière comme le disent mensongèrement ces menteurs éhontés de sédévacantistes pour les besoins de leur mauvaise cause, juste colère donc que, pesons bien la chose, ne connut à sa mort aucun autre pape dans toute l'Histoire de l'Église depuis saint Pierre, histoire pourtant fort mouvementée et colorée…).
           
        Paul IV, sans doute caractériellement impuissant à faire mieux, ... Dieu lui ait fait miséricorde !, ne sut mettre la vertu dans le cœur de l'homme que, trop souvent, par le zèle amer, la colère, la haine, une iniquité et des dénis de justice envers les plus saintes personnes souvent monstrueux, et cela ne pouvait certes pas y faire fleurir le Bien véritable : il fallait de toute urgence dans l'Église, après le pontificat énergumaniaque de Paul IV, de saints, doux et bons papes à la saint François de Sales, pour mettre sur ce qui n'était qu'une matière de vertu, la forme de la vertu, à savoir la Charité de Dieu. Le Saint-Esprit s'y est employé, sachant mieux que personne ce qu'il fallait à l'Épouse du Christ après le pontificat intégriste de Paul IV, et pas seulement avec saint Pie V mais déjà avec Pie IV l'immédiat successeur de Paul IV sur le Siège de Pierre, Deo gratias.
           
        En vérité, que l'homme est petit, et que la perfection est rare en ce très-bas monde. C'est saint Grégoire de Nazianze qui a dit : "Le juste milieu est le chemin des crêtes".
 
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        Je voudrais maintenant, avant de mettre le point final, revenir sur le fond spirituel du débat. Il est très-important de le méditer pour le bon équilibre et la bonne justice de notre vie de Foi. Le zélotisme sectaire, rigoriste, grossier et janséniste avant la lettre de Paul IV, épousé fort inintelligemment avec grande passion par les sédévacantistes de nos jours, ne saurait en effet aucunement rendre raison du bon combat de la Foi, le bonum certamen dont nous parle saint Paul, ni aux temps de la Renaissance ni encore moins à notre temps qui voit la fin, fin qui, je l'ai dit en début de ces lignes, ne fut seulement qu'effleuré, attouché, à la Renaissance.
           
        Ce morceau de la Vie de l'Église à la Renaissance, au niveau de la papauté, est effectivement rempli d'instructions pour nos âmes. Ce qui est très-frappant, c'est que ce parallélisme de deux tendances au sein le plus intime de l'Église, toutes deux sincèrement au service de la Vérité quoique "frères enne­mis" (conservateur ― moderne, sans être moderniste ; on pourrait plus justement sans doute bapti­ser ces deux tendances : ascétique ― mystique), on va le retrouver... tel quel !, sous Pie XII. Mais, et voilà ce qui est intéressant, Pie XII, contrairement à Paul IV, va se servir à la fois des deux tendances, qu'il mettra sur pied d'égalité. Et il est bon de remarquer que saint Pie V partagera cette même attitude de Pie XII... et non celle de Paul IV, pourtant son mentor, je l'ai noté plus haut dans mon texte, en rappelant que Pie V "voulut témoigner hautement que les mêmes sentiments l'animaient envers ses deux prédécesseurs [Paul IV et Pie IV], et que leur mémoire avait droit au même respect". 
           
        Pour en rester à Pie XII, on s'entretient en effet beaucoup, dans les rangs sédévacantistes, dans une illusion infiniment primaire et en tous cas très-fausse : celle de le voir comme le dernier pape conservateur, digne quoique pâle successeur du rigoriste Paul IV et de saint Pie V (après lui il n'y aurait plus que des papes modernistes, et bien des sédévacantistes font remonter la vacance formelle du Siège de Pierre à la mort de Pie XII, en 1958). En vérité, Pie XII en était extrêmement loin. Par certains côtés de son pontificat, il est absolument un ardent "pré-Montini", un "avant-Paul VI", très-notamment sur la question politique constitutionnelle (il suffit de lire ses discours de Noël 39-45 incroyablement démocratiques, sept discours majeurs appelant de tous ses vœux, fervents et chaleureux, l'instauration de ce qui sera l'ONU, pour le comprendre). Paul VI, après la transition Jean XXIII, ne fera que suivre et développer le côté moderne déjà existant en Pie XII, ne faisant que finir les phrases que Pie XII avaient commencées (hélas, sans le contrepoids indispensa­ble du côté conservateur).
 
        Dans l'entourage de Pie XII, disais-je, on retrouve pour copie conforme, absolument, ces deux tendances de l'époque post-protestante du XVIe siècle. Or, le pape Pie XII profite de la mort quasi subite du cardinal Maglione en 1944, qui était son secrétaire d'État, pour choisir justement de nommer deux pro-secrétaires d'État au lieu d'un seul, ce qui était vraiment très-nouveau dans les coutumes vaticanes, et il les choisit comme représentant... les deux tendances qui nous occupent (à savoir Mgr Tardini pour la tendance plus conservatrice-inquisitoriale, et Mgr Montini pour celle moderne-mystique, l'un et l'autre respectivement délégués aux affaires extraordinaires et ordinaires). Avec Pie XII, on est, comme on le voit, un peu loin de Paul IV...
       
        On alléguera sans doute l'éloi­gnement de Montini au siège de Milan en 1953, pour dire que Pie XII "s'est repris" et a par cette mesure, excommunié, tardivement certes, la tendance moderne-mystique. Hélas, on ne peut surtout pas dire cela, et la raison en est d'ailleurs bien connue : en effet, le siège de Milan est traditionnellement oc­cupé par... un cardinal. Pie XII évidemment le savait mieux que personne. Nommer Montini à ce siège, c'était le désigner à son successeur pour l'élever à la pourpre cardinalice. On est donc loin d'un blâme définitif de la tendance moderne-mystique qu'il représentait. Car Montini étant déjà sous Pie XII un des plus sûrs papabile (l'élection de 1963 le prouvera), ce que Pie XII savait là aussi très-bien, le mettre sur le siège de Milan, c'était simplement vouloir retarder l'élection de Montini au Siège de Pierre d'un tour (ré­servant à Jean XXIII de promouvoir Montini au cardinalat, ce que d'ail­leurs celui-ci fit immédiate­ment après son élection, certains ont même écrit que c'était là l'acte le plus important de son pontifi­cat !), et donc non pas vouloir l'empêcher mais tout au contraire la préparer en quelque sorte, en donnant plus d'expérience à Montini. Et on a bien là la volonté de Pie XII, qui donc n'a jamais condamné cette ten­dance moderne-mystique.
           
        Dirais-je toute ma pensée ? Pie XII, en voulant mettre ainsi à l'œuvre ecclésiale les deux tendances, était d'une divine sagesse, véritable­ment inspirée par le Saint-Esprit. Car le contact des DEUX tendances aux grandes affaires de l'Église, l'une doctrinale, ascétique, mais peu inspirée mystiquement, freinant l'autre, beaucoup plus mystique, prophétique, illuminée du Saint-Esprit, voyant plus loin, mais par-là même ayant besoin de la purification des as­cétiques, et ce contact-là seulement, pouvait, dans une authentique, saine et héroïque pénitence des deux tendances mises à œuvrer, se frotter et se frictionner ensemble, faire arriver l'Église, sans heurt et dans l'esprit de pénitence surnaturel, au Royaume de Dieu "qui arrive, sur la terre COMME au Ciel" (Pater noster), c'est-à-dire d'une manière parfaite (pour le dire juste en passant, ces deux ten­dances furent fort bien représentées dans l'Église de France des XVIIe-XVIIIe siècle dans les figures de Bos­suet et de Fénelon).
           
        Combien ici s'impose, pour une saine compréhension de la Vie de l'Église du temps des nations, l'épisode évangélique de la Course de saint Pierre et saint Jean au Tombeau du Christ ! L'Évangile nous révèle des détails qui semblent superflus au regard superficiel, mais qui éclairent ô combien notre problématique : saint Jean le mystique court plus vite (c'est normal : le mystique voit avant l'ascétique les choses à venir du Royaume de Dieu), et arrive au Tombeau le pre­mier, c'est-à-dire à la destiné eschatologique finale de l'Église, qui voit presque concomitamment mort et Résurrection, mais... attend saint Pierre l'ascétique et rentre après lui dans le Tombeau (là aussi, c'est normal : en notre temps des nations qui n'est pas le Millenium où les mystiques auront le pas sur les ascétiques, c'est l'ascétique Pierre qui garde l'Autorité sur le mystique Jean). Cet épisode-là, il me semble, décrit à merveille le modèle tout divin des rapports qui devaient exister entre les deux tendances ascétique-mystique dont nous parlons et dont Paul IV avait satanisé celle ascétique par sectarisme, la tournant contre la tendance mystique.
           
        Et justement, si Pie XII, contrairement à Paul IV, n'a pas condamné la tendance mystique, c'est parce qu'il savait qu'elle était aussi UTILE à l'Église que la première. Ce qui n'est ab­solument pas vu par les sédévacantistes, généralement de tendance intégriste, anti-mystique, anti-prophétique, finalement a-gnostique, a-loge (l'erreur a-loge, sans le Logos, est une demie-hérésie aussi grave que l'illuminisme, comme supprimant du Canon des Écritures, l'Évangile de saint Jean et l'Apocalypse, par rejet de la Prophétie ; cette erreur aussi a une tenace filiation dès les assises de l'Église et, bien que peu perçue, aperçue, elle est généralement très-présente dans la tendance conservatrice, je l'expose dans la première partie de ma réfutation du guérardisme, dont j'ai mis le lien ci-dessus...), c'est que cette ten­dance moderne-mystique est ordonnée à l'Avènement du Règne millénaire, ce Règne du Christ Glorieux dont l'Église, présentement, réalise le Règne sans la Gloire.
           
        En cela elle est parfaitement et même ÉMINEMMENT catholique.
 
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        Je peux maintenant, la conscience heureuse, tranquille et apaisée, mettre le point final à mon présent travail qui, je tiens à le préciser, doit de grands chapitres et de grands hommages à L'Impubliable, mon tout premier ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église" d'il y a vingt-cinq ans (cf. https://eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf)...
           
        "Un peu de science [théologique, historique] éloigne de Dieu [et de la Vérité] ; beaucoup y ramène" (Francis Bacon, dans ses Essais ; et non Louis Pasteur, comme il a été dit).
 
        Remarquable axiome, si juste, qui rejoint d'ailleurs ce qu'en disait Rabelais : "Science sans conscience n'est que ruine de l'âme".
           
        L'exposé sédévacantiste a montré la véracité de la première assertion et celle de Rabelais, quant à la bulle de Paul IV et son contexte historique.
           
        Quant à moi, Deo adjuvante, j'ai tâché pour ma part, dans ce nouvel article, de bien montrer la véracité de la seconde assertion, "beaucoup de science [théologique, historique] ramène à Dieu et à sa Vérité".
 
En la fête de la Médaille Miraculeuse,
O Marie conçue sans péché,
priez pour nous
qui avons recours à vous !
ce 27 novembre 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique
 
 
Légende des vignettes inter-§ :
Photos de mon pélerinage romain, 2003
(Archives personnelles)
 
 
           
27-11-2022 08:59:00
 

Un blasphème (sûrement inconscient) de Mgr Richard Williamson

 
 
Un blasphème (sûrement inconscient)
de Mgr Richard Williamson
           
           
        Oh ! Qu'on se rassure, je ne considère pas du tout Mgr Williamson comme un blasphémateur !!, mais il arrive aux pasteurs du troupeau de Jésus-Christ qui ne veulent pas aller au fond de "la crise de l'Église", comme c'est le cas de tous ceux qui refusent d'embrasser généreusement "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (et hélas, les lefébvristes, qu'ils soient dissidents ou non, sont dans le lot), d'émettre inconsciemment des blasphèmes lorsqu'ils exposent la situation ecclésiale actuelle en faisant abstraction complète de la Passion que l'Épouse du Christ est en train présentement de vivre et de mourir. Ils ne peuvent d'ailleurs pas faire autrement, car ne pas (vouloir ?) épouser ce qu'a ordonné le Saint-Esprit pour l'Église actuelle, c'est s'exposer à blasphémer inconsidérément tôt ou tard, il ne peut, la plupart du temps dans l'inadvertance, que s'échapper des lèvres ou de la plume de celui qui fuit "LA PASSION DE L'ÉGLISE", inévitablement, des blasphèmes.
           
        Mais je cite tout-de-suite les propos blasphématoires de Mgr Williamson qui me font écrire cela, tirés de son dernier Commentaire Eleison : "Le centre névralgique de l’épreuve actuelle de l’Église, qui est sans précédent dans toute son histoire, c’est que Vatican II (1962–1965) a séparé l’Autorité Catholique de la Vérité Catholique. Depuis déjà six papes consécutifs, la hiérarchie Catholique a abandonné la Tradition Catholique, forçant tous les Catholiques qui croient à la fois en la Vérité et en l’Autorité à devenir plus ou moins schizophrènes" (Commentaire Eleison n° 798 du 29 octobre 2022 ; cf. https://stmarcelinitiative.com/eleison-comments/?lang=fr).
 
 
 AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Mgr Williamson n'a visiblement absolument pas conscience du blasphème qu'il profère là, en termes brutaux et lapidaires. Il suppose en effet que l'Autorité est séparée formellement de la Vérité dans l'Église moderne depuis Vatican II, une Église moderne qu'il sait par ailleurs être toujours légitime, toujours l'Épouse du Christ (elle l'est très-certainement en effet, le sédévacantisme n'est qu'une rébellion barbare orgueilleuse et profondément inintelligente, sans le moindre fondement théologique). Mais supposer cela, c'est ipso-facto dire que les Promesses d'Assistance du Christ-Dieu à son Épouse ("Et voici que Je suis avec vous tous les jours, jusqu'à la consommation des siècles" ― Matth XXVIII, 20) étaient vaines, mensongères, et que, subséquemment, "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" à Vatican II. Comment, en effet, le Christ pourrait-il bien être "tous les jours jusqu'à la consommation des siècles" avec l'Église, comme Il l'a promis, si l'on dit que pendant les jours du concile et du post-concile, qui se situent donc avant la consommation des siècles, l'Autorité est séparée formellement de la Vérité dans l'Église, ce qui est synonyme de sa faillite complète, radicale et définitive...?  
           
        Car si tel était vraiment le cas, en effet, alors, l'Église aurait définitivement fait faillite à Vatican II, et la chose la plus certaine serait que la Promesse du Christ serait trouvée en défaut, d'une manière radicale, définitive et irréparable. La supposition de Mgr Williamson est donc extrêmement blasphématoire, il suppose que l'Église a été vaincue par le diable à Vatican II ! Ce n'est pas tout. Non seulement il suppose cela, mais il aggrave le caractère peccamineux de son propos blasphématoire en faisant porter par les fidèles les conséquences de cette Église vaincue par le diable, il les soumet en effet sans complexe à la... schizophrénie, c'est-à-dire à un enfermement spirituel complètement verrouillé et cadenassé dans une non-logique, radicalement destructeur de l'âme fidèle, par lequel enfermement la logique de la Foi serait détruite sans retour : si le fidèle, dit-il, privilégie l'Autorité, alors, depuis Vatican II hérétique voire même apostat comme dans la Liberté religieuse, il est forcé, acculé, de détruire la Vérité dans son âme ; si au contraire il privilégie la Vérité, alors, il est obligé de désobéir dans son âme, de manière parfaitement excommunicatrice, à l'Autorité ecclésiale légitime.
           
        Mais si Mgr Williamson en est rendu là, à faire un exposé blasphématoire de "la crise de l'Église", c'est parce que, comme tout le monde dans l'Église aujourd'hui sauf rarissime exception, il fuit, à l'instar des onze Apôtres sur douze lors de la Passion du Christ, "LA PASSION DE L'ÉGLISE". La fuyant, c'est-à-dire fuyant ce qu'ordonne le Saint-Esprit dans "l'aujourd'hui de l'Église", il ne peut donc qu'arriver au blasphème, sans même en prendre conscience.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Car "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. ici, l'exposé complet que j'en fais : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf) est ce que vit et meurt à la fois l'Épouse du Christ aujourd'hui, elle est cette clef apocalyptique "qui ouvre, et personne ne peut fermer, qui ferme, et personne ne peut ouvrir" (Apoc III, 7), elle, et elle seule, rend bon compte dans la Foi de la VRAIE situation théologique de l'Église après Vatican II, que voici : de même que l'économie de la Passion pour le Christ consiste essentiellement à ce qu'Il soit "fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21), de même, lorsque l'Église vit sa propre et personnelle Passion à la fin des temps, ce qui est précisément le cas à partir de Vatican II (pour faire court), elle est également "faite péché pour notre salut". Remarquons bien comme saint Paul ne nous enseigne pas, parlant ici, dans II Cor V, 21, sous très-grande inspiration du Saint-Esprit, que c'est pour notre damnation que l'Église, après le Christ et à son exemple, est faite péché, mais pour notre salut. Ce qui veut dire que, à la suite du Christ de la Passion, le péché d'hérésie (voire d'apostasie dans la Liberté religieuse) dont son Épouse est configurée, formatée, depuis Vatican II, n'est qu'un péché matériel, sans coulpe aucune. S'il était en effet entaché de la moindre ombre de coulpe, alors, ce serait pour notre damnation que l'Église serait faite péché, ce qui est bien sûr impossible.
           
        Cette vraie et véritable situation de "la crise de l'Église" nous permet de comprendre qu'il n'y a donc pas de formelle séparation entre la Vérité et l'Autorité dans l'Église d'aujourd'hui, qui vit sa Passion, comme ce serait le cas si l'Église était faite péché pour notre damnation. L'Autorité est toujours l'Autorité, elle réside dans l'Église Universelle moderne, après comme avant et pendant Vatican II, et la Vérité doctrinale, qui est la raison d'être la plus fondamentale de l'Église, n'est pas reniée par les Pères du concile moderne, comme ce serait le cas, que suppose la formulation blasphématoire de Mgr Williamson, si les hérésies voire apostasie contenues dans les Décrets majeurs de Vatican II avaient été promulguées en toute connaissance de cause hérétique par les Pères de Vatican II, en toute advertance. Cette Vérité doctrinale est simplement crucifiée mais non reniée par les Pères de Vatican II, parce qu'ils n'ont absolument pas pris conscience du venin hérétique contenu dans les Décrets de Vatican II. Et c'est justement pourquoi l'Église, par Vatican II, est "faite péché pour notre salut". À cause de l'inadvertance totale des Pères de Vatican II à commencer par Paul VI, de promulguer des Décrets à contenu hérétique, contre la Vérité.    
           
        Le nœud de la question se situe en effet dans la manière dont furent promulgués les Décrets hérétiques ou favens haeresim par les Pères conciliaires una cum Paul VI : l'ont-ils été dans la pleine connaissance du caractère hérétique formel des doctrines exposées, très-notamment dans la Liberté religieuse ? Ou bien, les Pères conciliaires les ont-ils promulgué tout au contraire dans l'inadvertance totale de ce caractère hérétique formel, leur esprit étant sous "la puissance des ténèbres" ? Ce n'est que dans le premier cas où les Pères auraient promulgué in Persona Ecclesiae les Décrets hérétiques avec pleine connaissance et plein consentement de leur caractère hérétique formel, que, comme le formule Mgr Williamson, Autorité et Vérité seraient en formelle contradiction, ce qui serait une preuve que les portes de l'enfer auraient, à Vatican II donc, prévalu définitivement contre l'Église. Mais dans le second cas, si les Pères posent ces Décrets en toute inadvertance de leur contenu doctrinal hérétique, c'est simplement une mise de l'Église dans l'économie propre de la Passion : l'Église en est certes crucifiée, mais reste sans faute, elle est, par ces Actes magistériaux, "faite péché pour notre salut", cet oxymore spirituel surnaturellement salvateur étant à la fois l'essence et le signe topique de l'économie de la Passion.
           
        Mais voilà ce que ne pourra jamais comprendre celui qui ne veut pas rentrer dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je ne saurai du reste être surpris que mes propos, pourtant clairs, pourtant répétés depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, et de toutes les façons que j'ai pu trouver pour faire passer le message, ne soient pas compris de l'immense majorité de ceux qui me lisent, surtout s'ils sont catholiques et plus encore s'ils sont tradis, car le simple disciple que je suis, j'espère pas trop indigne, n'est pas au-dessus du Maître : si, comme nous le révèle l'Évangile dans Lc XVIII, 31-34, les apôtres et disciples de Jésus-Christ ne comprirent pas ce qu'Il leur disait lorsqu'Il leur annonçait pourtant en termes très-simples, très-explicites, sa douloureuse Passion, comment pourrais-je prétendre avoir un autre sort que celui-là, de n'être pas compris lorsque je révèle clairement à l'âme chrétienne d'aujourd'hui que l'Église vit depuis Vatican II sa Passion propre et personnelle, "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...? 
           
        C'est en fait par orgueil humain et pharisaïsme, qu'on appréhende "la crise de l'Église" comme une contradiction obligatoirement formelle, comme le fait Mgr Williamson. On voit trop les choses par l'extérieur, à la pharisienne. Mais si nous étions plus humbles, nous comprendrions qu'il y a deux grilles de lecture possibles lorsque la contradiction touche l'Église, et pas qu'une seule. Il y a, théoriquement, deux manières, en effet, dont la contradiction dans les principes peut rentrer dans l'Église, et pas qu'une seule. L'une, formelle ; l'autre simplement matérielle. La première est synonyme de reniement des principes de la Foi par les "membres enseignants", et cela signifierait bien sûr qu'Autorité et Vérité seraient formellement opposées l'une à l'autre comme le formule Mgr Williamson, c'est-à-dire que cela, dans les dernières déductions, signifierait le triomphe complet de Satan sur l'Église, et donc sur le Christ, et donc sur Dieu, et donc sur toutes les âmes. La seconde est absolument aux antipodes, elle est synonyme de crucifixion des principes de la Foi par les "membres enseignants", mais sans reniement par eux desdits principes, et cela signifie, en dernière analyse de la question, par la mystique de la Passion, le triomphe complet de Dieu sur Satan par la co-Rédemption de l'Église, une fois que celle-ci aura fini de souffrir sa Passion propre et personnelle et qu'elle en mourra de mâlemort dans et par le règne, maudit entre tous, de l'Antéchrist-personne (... avant certes de ressusciter elle aussi, la mort et la résurrection d'Énoch & Élie dans le règne de l'Antéchrist-personne en étant la parabole certaine). Exactement comme le Christ-Dieu mort sur la croix, loin d'être vaincu, triomphe sur Satan par-là même de sa mort en croix, possédant désormais la victoire rédemptrice complète sur le monde entier. Et il va en être de même pour notre chère Église, la Dame de tout cœur catholique véritable, en train présentement de devenir co-Rédemptrice justement par la crucifixion opérée en elle principalement par et depuis Vatican II.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Mais les esprits qui ne veulent pas s'élever jusqu'à "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ne peuvent que rester effectivement mortellement coincés, d'une manière qu'on peut certes appeler schizophrénique si ça fait plaisir, dans un clivage contre-nature, une dichotomie satanique, entre Autorité et Vérité. Et on est obligé de faire le constat qu'ils sont excessivement peu nombreux, les catholiques, même parmi les meilleurs défenseurs de la Foi, à ne pas rester clivés soit dans l'Autorité contre la Vérité, soit dans la Vérité contre l'Autorité, comme nous le dépeint pour sa part Mgr Williamson.
           
        Il n'est, pour l'illustrer, que de lire le récit de la dramatique confrontation entre les cardinaux de Paul VI et Mgr Marcel Lefebvre, en 1975, pour se rendre compte qu'ils restent tous passionnellement, les uns et les autres, dans ce clivage dialectique téléguidé par Satan. Dans cette confrontation, on voit en effet l'Église romaine légitime se montrer très-forte de l'infaillibilité de droit dont elle jouit dans l'exercice du Magistère ordinaire & universel à Vatican II, et l'on voit aussi Mgr Lefebvre se montrer non moins fort de son côté avec la Tradition dogmatique et doctrinale. Et les uns et les autres ferraillant, ne prennent nullement conscience de la "si grande contradiction" (He XII, 3) manifestant l'écartèlement de l'Église entre ces deux grands lieux théologiques que sont l'Autorité et la Vérité, qui, dans les temps normaux de l'Église militante, ne sauraient effectivement pas être trouvées en contradiction, mais seulement, et seulement matériellement, dans les temps où l'Église vit sa Passion à la suite du Christ, vit sa propre et personnelle fin des temps.
           
        Je relatais cette confrontation tragique mais tellement significative, tirée de la p. 507 de la biographie de Mgr Lefebvre écrite par Mgr Tissier de Mallerais, dans Pour bien comprendre la théologie de la crise de l'Église, mon abrégé de L'Impubliable, dans la note de fin de texte 1, en y apportant quelques commentaires entre crochets que je laisse pour les présentes : "... Ne soyons donc pas surpris de voir saillir très-nettement cette «si grande contradiction» lors du dramatique entretien de Mgr Lefebvre avec les cardinaux Tabera, Mayer et Garrone, le 3 mars 1975, là où les protagonistes se jettent à la figure ce qui est à la fois leurs premiers et derniers arguments : "… On en arrive à ce dialogue fondamental : Votre manifeste [la déclaration du 21 novembre 1974 de Mgr Lefebvre, indigné à si juste titre contre l'hétérodoxie doctrinale de la Rome conciliaire] est inadmissible, lance un des trois cardinaux de Paul VI, il apprend à vos séminaristes à s'en rapporter à leur jugement personnel, à la tradition telle qu'ils l'entendent. C'est du libre examen, le pire des libéralismes [en théorie, le cardinal de Paul VI n'a que trop raison : seul le Magistère du présent, dont l'organe est le pape et les évêques actuels avec lui, a mandat d'interpréter la Tradition pour les fidèles…] ! ― C'est faux, réplique le prélat [= Mgr Lefebvre], ce qui forme notre jugement, c'est le magistère de l'Église de toujours [oui, mais mis en œuvre par le magistère de l'Église du présent ! Ici, en théorie, Mgr Lefebvre a tort…] ― Vous reconnaissez le magistère d'hier, mais non pas celui d'aujourd'hui. Or, le concile [Vatican II] est magistériel [sous-entendu : couvert par l'infaillibilité du magistère ordinaire & universel en tout ce qui a trait à l'enseignement doctrinal, veut dire le cardinal de Paul VI ; et ici, combien il a raison !, je l'ai encore bien montré, il me semble, dans mon dernier article sur la soi-disant "pastoralité" de Vatican II, cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/cette-vieille-baderne-de-baliverne-suc-e-avec-d-lice-comme-cr-me-glac-e-par-les-conservateurs-et-autres-traditionalistes-la-soi-disant-pastoralit-du-concile-vatican-ii-?Itemid=191...], comme l'a écrit le souverain pontife en 1966 au cardinal Pizzardo [hélas ! hélas ! Le cardinal de Paul VI enfonce le clou avec trop de raison ! Il faudrait absolument sortir au grand jour cette lettre de Paul VI au cardinal Pizzardo à laquelle fait allusion le cardinal de Paul VI, que je ne connais pas et que je n'ai vue nulle part] ― L'Église est ainsi : elle conserve sa Tradition et ne peut rompre avec elle, c'est impossible [rétorque pour finir Mgr Lefebvre ; et cette fois-ci, c'est lui qui a raison contre les cardinaux de Paul VI !]" (fin de citation).
           
        Ce dialogue brûlant d'épées tirées à nue, est très-révélateur de la situation théologique anormalement contradictoire de l'Église contemporaine (contradiction que, notons-le bien, ne résolvent, ni les cardinaux de Paul VI, ni Mgr Lefebvre : ils ne s'en rendent même pas compte !, chacun étant complètement obnubilé comme taureau devant chiffon rouge par le lieu théologique qu'il défend mordicus contre son adversaire, Autorité ou Vérité...), à savoir l'écartèlement-crucifixion de l'Église entre deux lieux théologiques fondamentaux de la Constitution divine de l'Église, Autorité et Vérité, qu'on ne saurait et qui ne sauraient normalement s'opposer l'un l'autre… sauf quand l'Église vit l'économie de la Passion, à l'instar de Notre-Seigneur Jésus-Christ son Époux.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Encore bien faut-il enseigner les âmes fidèles que c'est parce que l'Église est rentrée dans l'économie de sa Passion propre et personnelle, qu'elle voit dans son sein Autorité et Vérité s'opposer, mais seulement matériellement, et non pas formellement, comme l'expose blasphématoirement, au moins par manque de précision, Mgr Williamson, dans son dernier Commentaire Eleison.
           
        Mais voilà. À l'instar des onze Apôtres fuyant la Passion du Christ, dont l'un, il est bon de s'en rappeler, est mort en odeur de damnation, les catholiques de nos jours, qu'ils soient modernes ou tradis, ne veulent absolument pas souffrir cette situation ecclésiale, cette "PASSION DE L'ÉGLISE" certes humainement insupportable (sauf à la vivre dans la Passion du Christ), où l'Autorité, sans se renier mais parce qu'elle est mise sans faute initiale de sa part sous "la puissance des ténèbres", crucifie la Vérité sans même s'en rendre compte, et devient ainsi une Autorité "faite péché pour notre salut".
           
        Il me souvient par exemple d'une grande lettre que j'avais écrite à mes anciens coreligionnaires d'une chapelle sédévacantiste, avant de les quitter, où je leur expliquais le mauvais chemin que leur faisait prendre l'hérétique, obscurantiste et sectaire sédévacantisme. Une adepte bouillante de cette chapelle me renvoya l'exemplaire de ma lettre à elle adressée, en ayant barré toutes les pages d'un trait rageur en diagonale, avec une phrase manuscrite en 1ère page d'icelle, écrite avec hargne : "Tout ce que vous dites, on s'en fiche !" C'est exactement comme si elle avait dit : "On ne veut pas vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» !"
           
        Les modernes, je n'apprends rien à personne, ne sont pas en reste. Dimanche dernier, la seconde Lecture de la messe était II Thess II, là où il est question de la fin des temps et de l'homme d'iniquité. Or, ils ont osé pousser la malhonnêteté jusqu'à tronquer le texte en lui faisant dire... l'exact contraire de ce que prêchait saint Paul ! Voici en effet ce qu'a lu le lecteur à l'ambon : "Si l'on nous attribue une inspiration, une parole ou une lettre prétendant que le Jour du Seigneur est arrivé, n'allez pas aussitôt perdre la tête, ne vous laissez pas effrayer"... point, c'est tout ! Et, quelques minutes après, le prêtre de blablater tout naturellement sur le passage tronqué-truqué, au début de son sermon, qu'il ne fallait pas, de nos jours, s'apeurer de ce que l'on voit, c'est comme ça à toutes les époques, nous ne sommes pas à la fin des temps ! Or, saint Paul continue II Thess II, en disant : "... Que personne ne vous séduise en aucune manière ; CAR il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition". Saint Paul donc, citait un signe eschatologique, la grande apostasie, pour marquer la fin des temps. Or ce signe est spectaculairement arrivé... de nos jours !, ce qui signifie que nous sommes à la fin des temps et que nous vivons "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ; le prêtre aurait donc dû commenter l'épître paulinienne au début de son sermon, dans ce sens, pour nos jours apocalyptiques... si II Thess II avait été lu aux fidèles en entier !
 
        Mais le clergé moderne rejette violemment cet enseignement eschatologique paulinien, il n'en a cure, car pour lui, les temps apocalyptiques n'existent pas, ou plutôt ils sont du passé, puisque le moderne vit déjà dans l'alleluia perpétuel du pseudo-Millenium qu'il s'est inventé (cf. mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-1?Itemid=1) !
           
        Mon moderne menteur et tricheur dit donc intérieurement dans son âme très-exactement la même chose coupable que ma sédévacantiste engagée et surtout enragée : "On ne veut pas vivre «LA PASSION DE L'ÉGLISE» !" Tous les catholiques ou prétendus tels, le disent de nos jours, sauf rarissime exception. Et Mgr Williamson, donc, quant à lui, préfère le blasphème plutôt que de vivre et mourir à la fois "LA PASSION DE L'ÉGLISE" pour son salut et celui de ceux qui le lisent.
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        Par-là même, je prophétise que toutes les chapelles ou églises actuelles, des sédévacantistes les plus coincés aux modernes les plus libéraux, en passant par les lefébvristes, dissidents ou non, les "ralliés", les guérardiens, et tutti quanti des modernes, ne sont plus, aux Yeux du Seigneur, que des officines de pharisaïsme qui ne s'intéressent plus qu'à une chose : faire tourner chacune à sa manière de scribe la petite popote de Foi domestique dans les âmes, selon qu'il est convenu dans la gnose de l'Autorité sans la Vérité OU dans la gnose de la Vérité sans l'Autorité (scannez le bon QR code, selon votre goût culinaire, puis, salez-sucrez). Les âmes fidèles peuvent certes encore y trouver extraordinairement le salut, mais uniquement par la grande Miséricorde et Amour du Christ pour les âmes, par sa toute-Puissance aussi, car il en faut, de la toute-Puissance divine, pour briser le carcan d'iniquité abyssale dressé par les hommes contre la Volonté divine de faire vivre à l'Église la Passion, et aussi parce que le Christ n'a pas encore décidé de faire sentir sa sainte-Colère dans son Église devenue tous azimuts la grande Prostituée de Babylone, son Heure pour le "grand-soir" divin n'étant pas encore venue.
           
        Mais lorsque la sainte-Colère de l'Agneau immolé et ressuscité se fera sentir, je prophétise qu'aucune des églises et chapelles actuelles ne tiendra debout devant Lui, parce qu'elles ont toutes refusé la Passion du Christ revécue en Église, "LA PASSION DE L'ÉGLISE" inhérente à la fin des temps. Il leur arrivera à toutes très-exactement ce qui est arrivé à Jérusalem, la ville sainte mais déicide reniant son Seigneur et Sauveur, "il n'en restera pas pierre sur pierre qui ne soit renversée" (Mc XIII, 2).
           
        L'on me dira sans doute que ce que je dis là est trop dur, injuste, que cela ne correspond pas à la réalité spirituelle de l'Église aujourd'hui, qu'elle est quand même sainte et sanctifiante malgré tous ses errements et défauts, de bâbord ou de tribord...
           
        Je répondrai avec Ben Ezra, un prophète oublié du temps de la Révolution, que Jérusalem, aux temps du Christ, paraissait extérieurement sainte et sanctifiante, elle aussi, et même plus sainte qu'à certaines époques idolâtres de son passé. Or, la vérité, c'est qu'elle était tellement corrompue intérieurement, qu'elle ne recula pas devant le déicide sur la Personne du Christ, son Messie, tout au contraire, elle le commit moralement avec passion et poussa de toutes ses forces pour le faire commettre par les Romains, avec une rage diabolique indicible ! Ben Ezra a une très-belle page là-dessus, et la transposition de la Jérusalem au temps du Christ à notre Rome actuelle est hélas à faire, et pour toute l'Église contemporaine, l'Église Universelle, qu'elle soit moderne ou tradi :
           
        "Il est certain que lorsque le Messie parut à Jérusalem il n'y trouva aucune idole. Cet abominable péché, si commun dans l'ancienne Jérusalem, était, lors de Sa venue, répudié, purifié. En outre, les formes extérieures du culte, le sacrifice perpétuel, les heures de prière, les jeûnes et les fêtes solennels, tout était scrupuleusement observé. Qu'il y eût aussi des justes dans la ville, les Évangiles l'attestent [après la mort du Christ, il y eut en effet des résurrections de justes à Jérusalem]. En fait, Jérusalem s'appelait, et à raison, la ville sainte. Et même, cette désignation lui est donnée après la mort du Sauveur.
           
        "Néanmoins, à cette époque, les conditions spirituelles de Jérusalem étaient telles, aux yeux de Dieu, que Jésus versa des larmes sur elle. Et non seulement il versa des larmes, mais il prononça contre elle cette imprécation terrible, que nous trouvons dans l'Évangile : «Viendront sur toi des jours où tes ennemis t'environneront de tranchées, t'investiront et te serreront de toutes parts ; ils te renverseront par terre, toi et tes enfants qui sont dans ton sein, et ils ne laisseront pas dans ton enceinte pierre sur pierre, parce que tu n'as pas connu le temps où tu as été visitée» (Lc XIX, 43-45). Cette prophétie, tombée des lèvres du Fils de Dieu, eut son accomplissement quelques années plus tard. Mais, pour cela, il n'a été nullement nécessaire que la ville sainte se fût auparavant abandonnée à l'idolâtrie. Jérusalem fut châtiée, non pour idolâtrie, mais pour son iniquité, non pour ses péchés d'autrefois, mais pour ceux que son Messie avait dénoncés, tout spécialement les péchés de ses prêtres, dont l'Évangile nous parle clairement" (fin de citation).
 
 
AgneauCruciféBasReliefMaitreAutelEgliseArgentré
           
        ... Cependant, tant que le Christ n'est pas revenu, nous avons le devoir d'aimer et fréquenter cette Église actuelle "faite péché pour le salut", car le salut, justement, se trouve toujours et encore en elle, dans tous ses morceaux disparates, tradis ou modernes, même si c'est trop souvent le parcours du combattant pour l'y trouver...
           
        Je terminerai avec une des plus belles phrases de Mgr Williamson dans ses Commentaires Eleison, que j'ai déjà citée ailleurs : "Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs [celles des prêtres modernes, disiez-vous dans votre article dont je tire cette phrase, Monseigneur ; mais auxquelles il faut rajouter les erreurs non moins grandes des prêtres et... évêques tradis...], sans cesser d’honorer leur office" (Problème profond, 17 novembre 2012).
 
En la très-grande fête de la TOUSSAINT,
remplie d'Espérance surnaturelle,
ce 1er novembre 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 Légende de la vignette inter-§ :
Bas-relief du maître-autel
de l'église d'Argentré-du-Plessis
(Archives personnelles) 
 
 MaîtreAutelEgliseArgentré
 
 
 
  
Addenda. ― Lettre à Mgr Williamson, ce 6 novembre 2022.
 
 
Sujet : Votre nouveau Commentaire Eleison n° 799,

        Monseigneur Williamson,
       
        Avec tout le respect que je dois à votre caractère épiscopal, je dois aussi mettre le doigt sur le raisonnement blasphématoire que vous soutenez dans vos derniers Commentaires Eleison.
               
        Comment osez-vous enseigner que "l’essence de l’épreuve actuelle de l’Église consiste en la scission à Vatican II entre l’Autorité catholique et la Vérité catholique, scission opérée lorsque les plus hautes autorités de l’Église, réunies en Concile, ont officiellement abandonné la Tradition de l’Église" (sic, dans votre dernier n° 799 d'hier, 5 novembre 2022) ?
               
        Ne comprenez-vous donc pas que dire cela, c'est blasphématoirement supposer que l'Église légitime, dans la plus haute mise en œuvre de son Magistère, de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel, a fait hara-kiri, s'est elle-même suicidée en corps d'Institution, qu'elle a donc radicalement cessé d'exister à Vatican II et depuis lors...? Montrant par-là même que les Promesses d'Assistance du Christ-Dieu à son Épouse, très-notamment pour qu'elle n'abandonne jamais sa Tradition, étaient mensongères, vaines, controuvées...? Que donc le Christ n'est pas Dieu...? Ni son Père qui nous L'a envoyé...? Et pas plus le Saint-Esprit qui L'aurait assisté... pour nous mieux tromper...? Selon votre théologie lefébvriste (car si vous avez quitté la Fsspx, vous professez toujours sa théologie hétérodoxe de "la crise de l'Église", basée sur le rejet de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel formellement mise en œuvre à Vatican II, au moins dans ses Actes majeurs), il ne resterait donc plus que le règne de Satan à exister et triompher sur cette terre à partir de Vatican II, l'Épouse du Christ ayant définitivement et irréparablement prévariqué et fait défaut dans le concile moderne...
               
        Car il est théologiquement impossible de supposer que l'Église légitime fondée par le Christ puisse "abandonner sa Tradition", sans remettre en cause ipso-facto le caractère divin de l'Institution ecclésiale catholique. Si le fait ecclésial de facto semble montrer cet abandon formel de la Tradition par l’Église à Vatican II, ce n'est qu'une apparence, puisque le droit théologique fondamental de jure interdit de poser cette conclusion par laquelle est reniée radicalement la Foi catholique (= la solution, c'est d'expliquer le fait vaticandeux sans attenter au droit de la Foi ; et cela, seule la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" de professer quasi seul dans le monde catholique, peut le faire, thèse que votre serviteur a sommairement encore exposée une nouvelle fois dans son dernier article, à votre spéciale intention et attention, Monseigneur Williamson (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/Un%20blasph%C3%A8me%20(s%C3%BBrement%20inconscient)%20%20de%20Mgr%20Richard%20Williamson?Itemid=191).
               
        Si votre théologie lefébvriste de "la crise de l'Église" vous mène à cette conclusion blasphématoire de dire que l'Église légitime a "abandonné sa Tradition", alors, cela vous montre avec une grande évidence qu'elle est hérétique puisqu'elle vous mène à conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" à Vatican II.
               
        ... Aurez-vous le bon courage, Monseigneur, de vous remettre en cause quant à cela, pour ne plus attenter à la Foi et ainsi risquer de scandaliser les âmes fidèles, comme vous y invite mon dernier article, à vous envoyé, auquel, jusqu'à présent, vous n'avez fait aucun retour (mais il est vrai qu'il ne date que de quelques jours) ?
               
        Je ne peux terminer qu'avec le bout rimé en forme d'alexandrin de votre nouveau Commentaire Eleison n° 799 (= "Pourquoi de «braves» Clercs se trompent-t-ils autant ? Parce qu’ils respirent un air modernisant"), légèrement revu et corrigé :
               
        Pourquoi tant de clercs tradis, tellement... déconnent ?
        Parce qu’ils respirent, un peu trop, l'air d'Écône.
               
        Avec tout mon respect et ma prière, Monseigneur Williamson.
 
 
 
 
01-11-2022 14:36:00
 

Cette vieille baderne de baliverne sucée avec délice comme crème glacée par les conservateurs et autres traditionalistes : la soi-disant "pastoralité" du concile Vatican II !

 
 
 
 
Cette vieille baderne de baliverne
sucée avec délice comme crème glacée
par les conservateurs et autres traditionalistes :
la soi-disant "pastoralité" du concile Vatican II !
 
 
         Je commence ce nouvel article en citant intégralement ce qui me fait l'écrire et réagir vigoureusement dans la Foi, il s'agit de la finale d'un article écrit sur LifesiteNews, site conservateur pro-vie qui, comme à peu près tous ceux de cette mouvance, vit sa Foi dans l'obscurantisme complet au niveau de la fin des temps, laquelle caractérise pourtant essentiellement l'époque que nous vivons et mourons à la fois, nous donnant, et elle seule, la clef spirituelle pour comprendre notre temps et surtout ce qui se passe dans l'Église aujourd'hui (s'en abstraire, donc, plus ou moins volontairement, est se vouer à ne rien comprendre à rien de "la crise de l'Église") :
           
        "Vatican II se voulait «pastoral» et non «doctrinal»
           
        "Alors que le Concile Vatican II est régulièrement et massivement cité dans le Vatican moderne et le pontificat actuel, les Papes du Concile — Jean XXIII et Paul VI — et Vatican II lui-même ont clairement déclaré que, contrairement à tous les Conciles précédents, il n’avait ni le but ni l’intention de proposer sa propre doctrine de manière définitive et infaillible.
           
        "Dans son discours à l’ouverture solennelle du Concile, le Pape Jean XXIII a déclaré : «Le but principal de ce Concile n’est donc pas la discussion de l’un ou l’autre thème de la doctrine fondamentale de l’Église». Il a ajouté que le magistère conciliaire aurait un caractère «principalement pastoral» (11 octobre 1962).
           
        "Entre-temps, le Pape Paul VI a dit dans son discours à la dernière session publique du Concile, que Vatican II «a fait son programme» à partir du «caractère pastoral» (7 décembre 1965). De plus, comme l’a rappelé Mgr Athanasius Schneider, une note du Secrétaire général du Concile datée du 16 novembre 1964 dit : «En tenant compte de la coutume conciliaire et du but pastoral du présent Concile, le Saint Concile ne définit comme contraignantes pour l’Église que les choses en matière de foi et de morale qu’il déclare ouvertement contraignantes»" (Pope Francis says "traditionalism" is "infidelity" to the Catholic Church and Vatican II, Michael Haynes, 12 octobre 2022, traduction par Reverso ― cf. https://www.lifesitenews.com/news/pope-francis-says-traditionalism-is-infidelity-to-the-catholic-church-and-vatican-ii/).
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Tout le fond de cette finale d'article est une ânerie à l'état pur, de la quintessence d'ânerie. Une ânerie, du reste, que le rédacteur de LifesiteNews n'a pas inventé, qui n'est pas née d'hier, au contraire, les conservateurs se la répètent incontinent les uns les autres, comme perroquets sans intelligence, s'en passant le flambeau sans jamais varier, perseverare diabolicum, depuis quasi... soixante ans maintenant, depuis la fin de Vatican II, ou plus exactement depuis que le pape du concile maudit a évoqué la pastoralité de Vatican II un mois après sa clôture, dans une célèbre audience du Mercredi (... tout en y évoquant en même temps l'emploi du Magistère ordinaire & universel dans ledit concile, dans la folie la plus totale, nous allons le voir tout-à-l'heure...).
           
        Pourquoi est-ce une ânerie complète et radicale de parler de "pastoralité" pour les Actes de Vatican II ? Pour la bonne et simple raison qu'en théologie, la "note de pastoralité" pour qualifier un document du Magistère ecclésial, N'EXISTE PAS. Puisqu'elle n'existe pas, elle ne peut donc pas, même La Palice aurait pu le dire, qualifier théologiquement un décret ecclésial... encore moins peut-elle ainsi qualifier tous les Actes d'un concile universel in globo, comme le dit le plus imbécilement du monde l'auteur de cet article...
           
        Et pourquoi la "note de pastoralité" n'existe-t-elle pas ? Tout simplement, parce que la pastoralité, en Église, c'est tout bonnement.... "paître salvifiquement le troupeau du Christ". Est donc pastoral... TOUT acte ecclésial, quelqu'il soit, cet acte, d'enseignement doctrinal ordinaire & universel ou de définition dogmatique tous deux de soi dotés de l'infaillibilité ou encore de simple gestion du Peuple de Dieu par le magistère dit authentique de soi non-doté de l'infaillibilité, du moment qu'il soit posé, cet acte ecclésial, par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée en union avec le pape actuel ! Par conséquent, tous les Actes de Vatican II sont certes bien évidemment pastoraux... mais pas plus ni pas moins que les Décrets les plus rigidement doctrinaux de tout concile universel, comme Latran, Trente ou Vatican 1er par exemples, appartenant au Magistère extraordinaire de définition ou à celui ordinaire & universel d'enseignement, dotés de soi de l'infaillibilité ecclésiale. Même un concile le plus rigoureusement doctrinal, n'émettant que des propositions théologiques strictes se terminant par l'anathème pour qui n'y adhère pas, anathema sit !, est... pastoral. Parce que tout ce que font les Pasteurs principaux de l'Église en direction de l'universalité des fidèles est en effet de soi... pastoral, c'est-à-dire que cela a pour but, et ne peut avoir que pour but, de paître salvifiquement le troupeau des fidèles du Christ, tout simplement !
    
        Dire donc de n'importe quel Acte ecclésial posé par les principaux Pasteurs qu'il est pastoral, c'est en fait imiter le bourgeois gentilhomme de Molière, qui s'extasiait de faire de la prose rien qu'en parlant !
           
        La "note de pastoralité" est donc vraiment de la poudre de perlimpinpin, elle n'existe pas pour qualifier un acte du Magistère ecclésial. Elle ne peut donc être employée à tort sur des Actes ecclésiaux que pour occulter et subvertir ce qu'ils sont véritablement, par exemple des actes du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale, si c'est le cas... comme ça l'est pour les Actes majeurs de Vatican II (car c'est hélas pour cette peu avouable raison que Paul VI, à la suite de Jean XXIII, a employé cette pseudo "note de pastoralité" : pour tâcher de subvertir la véritable note théologique des Actes de Vatican II...).       
  
VATICAN II 054 MP00005
           
        Mais donc, qu'en est-il bien de la véritable note théologique des Actes ecclésiaux ? Quelle est la doctrine catholique sur ce point fort important ? Et, subséquemment, pour rentrer dans la problématique cruciale et brûlante de notre temps ecclésial, puisque la "note de pastoralité" n'est qu'une fumée d'illusion pour situer théologiquement les Actes ecclésiaux, quelle note attribuer aux Actes de Vatican II ? Voici la règle générale : lorsqu'un Acte ecclésial est dûment posé par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, il peut théologiquement recevoir deux notes : 1/ faire partie du Magistère extraordinaire définitionnel ou bien du Magistère ordinaire & universel de simple enseignement (dit négativement et fort dangereusement "non-définitif" en nos temps modernes mais qu'il serait beaucoup plus orthodoxe de baptiser "inchoatif"), tous deux dotés de l'infaillibilité ecclésiale ; 2/ ne pas recevoir cette qualification (parce que n'ayant pour objets formels, ni la Foi ni les Mœurs), et alors, être simplement un acte du Magistère authentique, de soi non-doté de l'infaillibilité ecclésiale (c'est le cas, par exemple, de Traditionis Custodes, qui regarde une question purement disciplinaire). Et c'est strictement tout. Il n'y a pas d'autres catégories ou départements magistériels dans l'Église (... surtout pas un stupide "Magistère pastoral" auquel on aurait donné la sublime vocation de fourrer tous les Actes ecclésiaux qui ont été dûment posés... mais sans qu'on veuille qu'ils soient posés, comme ce que les âmes à la fois pusillanimes et folles voudraient pouvoir dire des Actes de Vatican II...). Et tous ces Actes ecclésiaux de catégorie 1 & 2, de par leur nature, sont... pastoraux. J'ai bien expliqué ces différentes catégories magistérielles, il me semble, dans le tout premier article que j'écrivais sur mon site il y a plus de dix ans maintenant, le 17 mars 2012, contre les élucubrations de Mgr Brunero Gherardini, La notation "non-infaillible" du concile Vatican II selon Mgr Gherardini : du grand n'importe quoi... moderniste (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-notation-non-infaillible-du-concile-vatican-ii-selon-mgr-gherardini-du-grand-n-importe-quoi-moderniste?Itemid=1), auquel article on pourra se reporter si l'on en ressent le besoin.
           
        La "pastoralité" évoquée d'abord par Jean XXIII puis par Paul VI immédiatement après la clôture de Vatican II mais encore dans le Discours de clôture du concile moderne, est juste un écran de fumée dressé devant les yeux des fidèles pour les empêcher de prendre conscience que Vatican II a dûment posé en toute réalité ecclésiale des Décrets qui sont l'expression formelle du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale, mais dont le contenu doctrinal, ... ô abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, est hérétique voire même carrément apostat, comme dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
       Pour mémoire, il est bon de se rappeler que commencer le catalogage des hérésies de Vatican II (ou erreurs menant vers l'hérésie, favens haeresim), c'est hélas ne pouvoir le terminer… Le Courrier de Rome, organe de presse lefébvriste, dans sa livraison de juillet-août 2002, a fait un sommaire très-impressionnant des erreurs doctrinales et pastorales contenues dans Vatican II, dont voici l’effarant listing : "Synopsis des erreurs. — A. Erreurs doctrinales. 1. Erreurs concernant la notion de la tradition et de la vérité catholique ; 2. Erreurs concernant la Sainte-Église et la Très-Sainte Vierge ; 3. Erreurs concernant la Sainte-Messe et la Sainte-Liturgie ; 4. Erreurs concernant le Sacerdoce ; 5. Erreurs concernant l'Incarnation, la Rédemption, la conception de l'homme ; 6. Erreurs concernant le Royaume de Dieu ; 7. Erreurs concernant le mariage et la condition de la femme ; 8. Erreurs concernant les membres de sectes, hérétiques et schismatiques (dits «frères séparés») ; 9. La représentation erronée des religions non-chrétiennes ; 10. Erreurs concernant la politique, la communauté politique, le rapport entre Église et État ; 11. Erreurs sur la Liberté religieuse et le rôle de la conscience morale. B. Les erreurs dans la pastorale. [pour mémoire]. Conclusion — Revenir à la vraie doctrine ou périr" (fin de citation)...!
 
        Voilà la grande vérité ecclésiale, capitale, de notre temps tout donné, de par la Providence divine, à "la puissance des ténèbres", parce que l'Épouse-Église du Christ rentre, à partir de Vatican II pour faire court, dans l'économie de la Passion de son Époux, usque ad mortem, elle est véritablement "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21).
 
        Bien sûr, il importe de dire bien vite que cesdits actes magistériaux peccamineux de Vatican II n'ont été posés in Persona Ecclesiae que matériellement, c'est-à-dire sans que les Pères du concile moderne à commencer par Paul VI, n'aient eu aucune conscience, en les posant dûment, qu'il s'agissait d'hérésies ou d'apostasie radicale, ils n'ont pas été posés formellement, c'est-à-dire en toute conscience et connaissance de cause, de la part des Pères de Vatican II, qu'il s'agissait d'hérésie ou d'apostasie (ce qui signifierait que "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église" ― je fais la démonstration théologique de cette inadvertance complète des Pères de Vatican II, qui fait le péché purement matériel, entre autres, dans cet article : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/comment-je-suis-arrive-a-la-these-de-la-passion-de-l-eglise-nouvelle-preface-de-l-impubliable?Itemid=1). Mais ces Actes vaticandeux sont bel et bien posés matériellement. Et une fois posés matériellement, ils ne peuvent absolument plus, ni les uns ni les autres... ne pas avoir été réellement posés, ne pas vraiment exister, ce que justement on voudrait pouvoir dire et faire accroire en leur donnant, dans la folie la plus totale, la pseudo-notation théologique de "pastorale", pour empêcher que l'âme fidèle prenne conscience que par eux, l'Église est crucifiée sur la croix de la co-Rédemption hic et nunc, dans Vatican II, étant ainsi, par eux, véritablement "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21). Paul VI surtout, derrière Jean XXIII qui n'a fait que balbutier la chose puisque les Décrets du concile n'étaient pas encore rédigés, a été le premier à vouloir poser cette "note de pastoralité" illusoire sur les Actes peccamineux de Vatican II ressortissant formellement du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité (je vais le démontrer tout-à-l'heure), les conservateurs et autres traditionalistes n'ont fait que lui emboîter le pas.
           
        ... Ainsi donc, ô combien est actuelle la dénonciation du péché capital des scribes et des pharisiens que Jésus faisait dans l'Évangile : "Malheur à vous, docteurs de la loi, parce que vous avez pris la clef de la science ; vous-mêmes, vous n'êtes pas entrés, et vous avez arrêté ceux qui voulaient entrer" (Lc XI, 52) ! Vatican II manifeste avec grand'éclat que l'Église est rentrée dans l'économie de la Passion du Christ usque ad mortem, comme Lui. Il n'y aura en effet pas de déclouement de notre situation ecclésiale crucifiée, pas de "Demain, la Chrétienté" chantée sur tous les tons non-grégoriens et contre la Volonté divine par les conservateurs de tout poil, mais au contraire il y aura le règne de l'Antéchrist-personne qui fera mourir l'Église dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre. Et c'est cette grande vérité de notre temps, nostra aetate dirais-je caustiquement en plagiant le très-exécrable Décret vaticandeux, que les grand'clercs ont chargé la prétendue "note de pastoralité" d'obscurcir radicalement dans les âmes... fermant ainsi la porte de la connaissance quant à la vérité de "l'aujourd'hui de l'Église" pour tout le monde.
  
      VATICAN II 054 MP00005
        
        Pourquoi Paul VI, en effet, a-t-il parlé de "pastoralité" pour Vatican II, puisque c'est une note théologique... qui n'existe pas ? Tout simplement parce qu'il était coincé entre ce qu'exigeait son devoir d'enseigner la Foi aux fidèles par le Magistère ecclésial autorisé en concile universel, de soi directement et immédiatement sous mouvance du Saint-Esprit et donc doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, et la corruption de la Foi dans les esprits modernisés des Pères de Vatican II à commencer par le sien propre et personnel, corruption qui a abouti à la promulgation d'Actes magistériaux non seulement déficients dans la proclamation de la Foi mais carrément hérétiques voire même apostat radical comme dans Dignitatis Humanae Personae, l'abominable Décret sur la Liberté religieuse, ainsi que je vais l'établir plus loin dans mon texte. Or, se rendant confusément compte que le concile, dans certains Décrets, avait été trop loin et que certaines choses pouvaient attenter au Dépôt révélé, le pape du concile prétendit se rétracter d'avoir voulu vraiment enseigner la Foi dans Vatican II, insinuant qu'il avait seulement voulu mettre la doctrine en veilleuse voire sous le boisseau aux fins de pouvoir mieux toucher l'âme de l'homme moderne, par des formulations d'enseignement douteuses adaptées à la mentalité plus ou moins agnostique de cet homme moderne. D'où cette fumigène "note de pastoralité"...
           
        Il y a plus de vingt-cinq ans, lorsque je rédigeais mon ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église", L'Impubliable, je rappelais ceci : "Paul VI, le jour même de la signature de la Liberté religieuse et pour clore définitivement le concile, fit, au nom de tous les Pères conciliaires, une humble prière, fort peu connue, qui ne plaira sans doute ni aux glorificateurs de Vatican II ni, à l'opposé, aux contempteurs intégristes du pape Paul VI. La voici, cette étonnante prière : «Comme notre conscience redoute que l'ignorance ne nous ait entraînés dans l'erreur et qu'une volonté précipitée ne nous ait écartés de la justice, nous Te prions et nous Te supplions, Seigneur, si nous avons commis quelque offense pendant ce concile, de nous pardonner». Cette prière, que je n'ai pas retrouvée dans les Actes du Concile, a été rapportée à l'époque dans un grand article du journal Le Monde, signé Henri Fesquet : cf. son livre Le journal du concile, 1966, pp. 1106, sq." (L'impubliable, p. 124 & note 150).
           
        Le problème, l'énorme problème, c'est qu'une fois un concile universel réuni autour du pape actuel, tous "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée certainement légitimes, une fois qu'on a dûment fait poser dans le cadre dudit concile, par ces "membres enseignants" autorisés, des Actes contenant un enseignement doctrinal, qui appartiennent de soi au Magistère ordinaire & universel, il n'est plus possible de dire que cesdits Actes... ne sont pas ce qu'ils sont, à savoir des Actes du Magistère ordinaire & universel de soi dotés de l'infaillibilité ecclésiale. Surtout pas en invoquant qu'il s'agirait seulement d'Actes ecclésiaux... dotés de la "note de pastoralité", ce qui est de la dernière stupidité puisque, je l'ai dit en commençant ces lignes, TOUS les Actes ecclésiaux sont de soi pastoraux et que, surtout, le sens hétérodoxe qu'on veut donner à la qualification "pastorale", à savoir non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, N'EXISTE PAS, les Actes ecclésiaux dotés de l'infaillibilité ecclésiale étant aussi "pastoraux" que ceux qui ne le sont pas...
 
 
VATICAN II 054 MP00005
        
        Le rédacteur de l'article de LifesiteNews argue, dans la foulée de professer le caractère seulement "pastoral" des Actes de Vatican II, que donc, subséquemment, il n'y a eu... aucun enseignement doctrinal dans le concile moderne !!! Puisque ces Actes sont "pastoraux", alors ils ne peuvent pas donner un enseignement doctrinal, mène-t-il jusqu'au bout du toub son raisonnement radicalement à l'envers, le plus follement du monde. C'est si stupide qu'on peut légitimement se demander si ce journaleux sait lire, ou alors, plus certainement, est-on fondé à penser qu'il n'a probablement jamais lu les Décrets de Vatican II. Pas d'enseignement doctrinal à Vatican II ?!! Ce malheureux ne sait manifestement pas de quoi il parle (mais dans ce cas, on a le devoir de ne pas parler du tout, car cela trompe les âmes).
           
        Il y a un seul Décret, sur les seize documents conciliaires, à être baptisé sans eau bénite de pastoral, il s'agit de Gaudium et Spes, intitulé Constitution pastorale, mais cela ne signifie nullement, on l'a vu, que Gaudium et Spes ne contient aucun enseignement doctrinal, comme le veut imbécilement l'auteur de l'article, puisque l'enseignement doctrinal est le niveau le plus élevé, pour les Pères d'une génération ecclésiale donnée, de la... pastoralité, de paître surnaturellement le troupeau du Christ confié à leurs soins ! Et effectivement, il y a bel et bien dans Gaudium et Spes, des enseignements doctrinaux, pas qu'un seul d'ailleurs, ... il ne pouvait du reste strictement pas en être autrement !, et ils sont loin d'être parfaitement orthodoxes. Et puis, on enregistre aussi dans Vatican II des Décrets qui sont nominalement appelés Constitutions dogmatiques (Lumen Gentium & Dei Verbum), et Dieu sait assez, ou plutôt le diable, qu'ils contiennent effectivement, eux aussi, des enseignements doctrinaux (le fameux et hérétique subsistit in pour définir l'Église catholique, se trouve par exemple dans Lumen Gentium). Toute constitution dogmatique contient en effet obligatoirement, de toutes façons, un enseignement doctrinal ! Ce serait "le royaume d'Absurdie" de supposer que des Constitutions dogmatiques pourraient ne pas contenir... d'enseignement doctrinal, puisque le propre du dogme est de manifester une doctrine théologiquement achevée, que Dom Paul Nau, dans ses articles très-savants, appelait une sententia finalis terminativa !!
           
        La vérité, que nient si follement les conservateurs comme il appert du raisonnement complètement fou de l'auteur de l'article de LifesiteNews, c'est que tous les Décrets de Vatican II contiennent et professent un enseignement doctrinal, peu ou prou. Il est d'ailleurs complètement impossible qu'il en soit autrement, sinon on serait tout-de-même obligé de se demander pourquoi tous les "membres enseignants" de la génération ecclésiale de Vatican II se seraient réunis ensemble una cum le pape Paul VI à Rome, au Vatican, pour écrire des Décrets... qui ne contiendraient pas d'enseignements doctrinaux !!! Imaginer cela, c'est vraiment une folie totale, on se demanderait bien à quoi servent pape et évêques, qui ne seraient alors plus que du sel affadi puisque le seul et unique rôle et fonction dans l'Église des "membres enseignants", est... d'enseigner doctrinalement !!!
       
        En vérité, faut-il que nous soyons rendu en pleine folie totale pour être forcé de dire de pareilles et honteuses lapalissades...
           
        La thèse de l'auteur de l'article est donc une folie totale de plus, que j'aurai pu rajouter dans mes articles À la foire aux fous (au pluriel). Mais elle ne fait que continuer la folie totale de Vatican II, de poser en soi des actes d'enseignements doctrinaux tout en voulant dire, par le biais de l'inexistante "note de pastoralité", qu'ils ne sont pas... des actes d'enseignements doctrinaux...
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Or, une fois qu'on a compris que les Décrets de Vatican II sont de vrais enseignements doctrinaux, il n'y a plus qu'à tirer la chevillette du syllogisme théologique pour voir choir la bobinette, la conclusion obligée : tout enseignement doctrinal dûment émis et promulgué dans un concile universel sous l'autorité du pape actuel ressort de soi du Magistère ordinaire & universel, toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale dont le Christ a pourvu son Épouse-Église.
           
        C'est ce qu'avait fort bien dit, à sa façon, le cardinal Garrone, un cardinal de Paul VI qui s'était opposé violemment à Mgr Lefebvre dans "l'été chaud 1976" : "Comme tous les autres, ce Concile [Vatican II] était dans l'ordre de l'autorité doctrinale un sommet et une valeur suprême. (...) Certains ont estimé qu'en se déclarant «pastoral», le Concile signifiait qu'il ne voulait pas être doctrinal. C'est là une ABSURDITÉ" (50 ans de vie d'Église, cardinal Garrone, Desclée 1983).
           
        Il n'y a en effet, pour réaliser ecclésialement un véritable enseignement doctrinal autorisé doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, inhérent au Magistère ordinaire & universel, aucune condition constitutive surérogatoire complémentaire, soit d'intention explicitée de ceux qui posent l'acte, soit d'obligation de croire intimée dans l'acte aux fidèles, etc., qui ne sont que des fumisteries que les modernistes de l'après-Vatican 1er se sont inventées (et que les conservateurs et autres traditionalistes ont adopté stupidement à leur suite réprouvée, ... eux qui se prennent pour des anti-modernistes surtout ceux de la Fsspx !, sans même se rendre compte que, ce faisant, ils empruntaient le chemin réprouvé du modernisme), pour empêcher la manifestation simple dans l'Église de l'enseignement doctrinal inhérent au Magistère ordinaire & universel (j'en ai fait la démonstration théologique complète, magistrale et exhaustive, dans ma réfutation de la thèse lefébvriste, aux pp. 51-66, que je regrette énormément, pour une question de longueur, de ne pas pouvoir reproduire ici, dans mon présent article, mais que j'invite très-fort le lecteur à lire : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteLefebvrismeMisEnForme.pdf).
           
        Après le cardinal Garrone, plus près de nous dans le temps, Mgr Ocáriz, lors de ses démêlés doctrinaux avec une Fsspx lefébvriste parfaitement hérétique quant à ne pas vouloir prendre bon acte de l'emploi du Magistère ordinaire & universel dans Vatican II, ne manquera pas de leur opposer la règle de Foi en la matière, de cette magistrale et lapidaire manière : "Le charisme de vérité et l'autorité magistérielle y furent [à Vatican II] certainement présents, au point que les refuser à l'ensemble de l'épiscopat réuni cum Petro et sub Petro pour apporter un enseignement à l'Église universelle, ce serait nier une partie de l'essence même de l'Église". On ne saurait mieux dire.
           
        Mais la plus belle formule que j'ai trouvée pour définir Vatican II sous le rapport de l'autorité magistérielle, est celle signée par un "rallié", l'abbé Christian Gouyaud, qui, sous le titre L'autorité du magistère actuel, a écrit dans La Nef 158 (2004) : "On peut donc dire que l'Église, à Vatican II, a usé d'une forme magistérielle extraordinaire (un concile œcuménique) pour un contenu ordinaire (le Concile s'étant abstenu de proposer des définitions dogmatiques infaillibles en bonne et due forme). Cette assemblée, constitutive d'«une communion en acte» des successeurs des apôtres avec le successeur de Pierre, mettait singulièrement en valeur l'aspect universel du magistère ordinaire". On ne saurait mieux résumer la question. La forme de Vatican II fut bel et bien extraordinaire quand son contenu, son fond, fut l'expression certaine du Magistère ordinaire & universel, infaillible de soi dès lors qu'il y eût enseignement simple de la Foi enté sur la Parole de Dieu, par une telle assemblée universelle autorisée, ce qui, soit dit ici en passant, fut éminemment le cas pour le Décret de la Liberté religieuse. Là aussi, c'est singulièrement bien vu et tout aussi bien dit.
           
        Et c'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de voir notre inénarrable pape François, bien rappeler lui aussi, dans sa lettre explicative de Traditionis Custodes envoyée aux évêques du monde entier, cette grande vérité, en ce qui concerne Vatican II : "Douter du Concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église". Mais, mais... très-précisément !, pour une fois François a tout-à-fait raison, ... ce qui est fort rare !, un Magistère solennel (= ce qualificatif est employé ici par le pape au sens théologique du terme, c'est-à-dire comme signifiant l'Assistance directe et immédiate du Saint-Esprit, et non pas dans un sens simplement profane, comme signifiant par exemple l'apparat et l'éclat extérieurs plus ou moins mondains) ne peut qu'être doté de l'infaillibilité ecclésiale, en l'occurrence de Vatican II, par le mode ordinaire & universel, il ne peut absolument pas être non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, comme nous le disent le plus stupidement du monde ceux qui veulent s'imaginer que cedit Magistère SOLENNEL serait juste... pastoral, dans le sens complètement fou et hétérodoxe de ne contenir aucun enseignement doctrinal.
         
        Et François ne fait ici que suivre Paul VI. On a trop dit que le pape de Vatican II voulait mettre son concile sous mode "pastoral" sans voir qu'en même temps qu'il parlait de la pastoralité du concile, il mettait à parité, comme je vais l'expliquer plus loin, d'une manière complètement folle il faut bien le dire, les exigences de l'obéissance au Magistère ordinaire & universel de l'Église. Ainsi par exemple, dans le fameux Consistoire secret du 24 mai 1976 où Paul VI condamnait la "révolte" de Mgr Lefebvre, il invoquait très-sévèrement l'obligation stricte pour tous les fidèles de suivre "les enseignements du Concile lui-même, son application et les réformes qui en dérivent, son application graduelle mise en œuvre par le Siège Apostolique et les Conférences épiscopales, sous Notre autorité, voulue par le Christ" (Osservatore Romano des 24-25 mai 1976). Pas la moindre trace ici, faut-il le dire, de relativiste voire laxiste... pastoralité !  
       
        ... Comme nous sommes loin, lorsqu'on accepte de voir la vérité vraie en vérité de la situation théologique de Vatican II, d'un concile universel qui, le plus impossiblement du monde, ne contiendrait... aucun enseignement doctrinal !!!, comme le dit, on espère sans réfléchir, ce journaleux de LifesiteNews, qui ne connaît manifestement pas la théologie, qui se contente juste de répétouiller, d'ânonner les mensonges de ténèbres, les erreurs graves qu'il a entendus dire par les conservateurs, ses mauvais Pères dans la Foi ! Et malheureusement, Mgr Athanasius Schneider, qu'il cite, n'est pas du tout un bon guide sur cette question, il raconte à peu près n'importe quoi sur la notation théologique des Actes de Vatican II... jusqu'à devoir être repris par Mgr Viganò (cf. mes deux articles : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1 & https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-tres-moderniste-argumentation-historiciste-des-conservateurs-brandmuller-brambilla-schneider-etc?Itemid=1).
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Mais vous voulez maintenant, ami lecteur, que je vous donne un exemple concret d'enseignement doctrinal à Vatican II. Éh bien !, mais allons résolument ensemble au pire du pire, prenons l'enseignement doctrinal contenu dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
        Et tout d'abord, tordons le cou à un sophisme spécieux que mettait en avant, par exemple, feu l'abbé de Nantes, à savoir : le contenu doctrinal de Dignitatis est une erreur grave ; or, le seul objet théologiquement possible d'un Acte d'enseignement doctrinal est une vérité de Foi ; mais puisque Dignitatis a pour objet une erreur grave, une non-vérité de Foi, ce Décret ne peut donc pas recevoir la note d'enseignement doctrinal.
           
        Oh !, que Satan est habile à tourner à l'envers les raisonnements ! En vérité vraie, nous sommes là en présence d'un pur sophisme, que le dictionnaire définit ainsi : "Captieux, faux ; le sophisme est un argument, un raisonnement faux, malgré une apparence de vérité (implique généralement la mauvaise foi)" (Petit-Robert). L'erreur de cette objection est en vérité bien grossière et bien facile à réfuter : puisque, en effet, tout objet doctrinal d'un Décret ecclésial autorisé ne peut qu'être une vérité de Foi, alors l'objet doctrinal du Décret Dignitatis Humanae Personae, effectivement, n'est nullement, comme se l'imagine en se trompant notre sophiste, l'hérésie de la Liberté religieuse, doctrine qui N'EXISTE PAS, pas plus que les ténèbres par rapport à la Lumière, c'est la vérité de Foi connue infailliblement dans l'Église dont elle est le négatif formel, l'hérétique contradictoire formelle, cette vérité résumée par le célèbre aphorisme "Hors de l'Église, point de salut" (qui s'applique non pas seulement pour le for privé, mais pour le for public, ce que nie expressément quant au for public l'anti-doctrine de la Liberté religieuse).
           
        Une hérésie, effectivement, N'est PAS une doctrine, ça n'est que la négation d'une doctrine. Or, pour poser la notation théologique d’un Acte ecclésial, seule rentre en compte la doctrine positive, non celle négative. Autrement dit, l'objet doctrinal formel du Décret Dignitatis n'est nullement l'hérésie de la Liberté religieuse, comme le voulait croire faussement l'abbé de Nantes, c'est le dogme "Hors de l'Église, point de salut" dont la Liberté religieuse est la contradictoire hérétique formelle. En conséquence, les Pères de Vatican II, en parlant de la Liberté religieuse NE pouvaient donc, normalement, QUE la condamner, puisque, en en parlant, ils parlaient en réalité du dogme "Hors de l'Église, point de salut", c'est-à-dire de la doctrine positive qui seule existe théologiquement et non point de la doctrine négative qui n'existe pas, et donc, ils étaient dans le cadre de l'infaillibilité de par le mode magistériel ordinaire & universel, précisément à cause de l'objet dogmatique du Décret. Faut-il avoir à le rappeler, que l'Église soit l'unique Arche de salut pour tous les humains, non pas seulement au for privé mais encore au for public, que donc la proposition doctrinale exactement inverse quant au for public ou Liberté religieuse soit formellement HÉRÉTIQUE, a été infailliblement définie, après le travail des Pères apostoliques jusqu'à saint Grégoire-le-Grand, par bien des conciles et des papes (Innocent III au IVe Concile de Latran, Boniface VIII dans sa célèbre bulle Unam Sanctam, le concile de Florence, etc.), et Pie IX en a tiré infailliblement la proposition condamnant formellement la Liberté religieuse, dans Quanta Cura.
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        Après avoir bien montré que l'objet doctrinal formel du Décret Dignitatis est un dogme, rien de moins, et que donc tout ce qui sera dit concernant sa contradictoire formelle ou Liberté religieuse rentre de soi dans le cadre d'un enseignement doctrinal, rentrons à présent dans le concret des § dudit Décret.
           
        Commençons par relire, pour mémoire, le § 2 définitionnel de Dignitatis : "Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres". Par conséquence théologique immédiate d'une telle doctrine, mais les Pères modernes ne le verront pas, cette liberté donnée absolument à tout homme de professer SA religion même fausse, non pas seulement au for privé mais encore au for public supprime ipso-facto la Liberté de Dieu et de son Église de régner sur tout homme dans ce même cosmos de for public. De donner en effet la liberté totale à l'homme dans le for public de professer sa religion, ne supprime pas seulement l'illégitime contrainte venant des hommes sur l'homme, dont se sont obnubilés les Pères modernes, mais encore et en même temps, ipso-facto, elle supprime la très-légitime contrainte du Droit de Dieu de régner sur l'homme... et là, est l'hérésie et même l'apostasie.
           
        En fait, les Pères de Vatican II se sont anthropocentriquement tellement obnubilés de l'homme, l'homme et encore l'homme, qu'ils n'ont même plus compris que la dignité humaine ne pouvait exister que par la Présence de Dieu dans l'homme, par sa divine grâce, et donc par la Révélation en lui de sa Religion véritable autant au for privé qu'au for public. Car en effet, l'homme ne peut absolument pas être digne en-dehors de Dieu, de sa Religion vraie et de son Christ, la dignité humaine est juste le surcroît du Royaume de Dieu. C'est-à-dire que contrairement à ce qu'osent professer d'une manière scandaleusement apostate les Pères modernes dans la Liberté religieuse, il n'y a pas de dignité humaine sans le Dieu vrai à la source de cette dite dignité ; une dignité humaine qui prétendument se source ontologiquement sur elle-même, par une immanence vitale très-moderniste, n'existe tout simplement pas.
           
        Ainsi donc, pour manifester la dignité humaine véritable, tout ce que définissent les Pères modernes dans cet hérétique-apostat § 2 n'est vrai que pour la Religion véritable, et pour aucune de toutes les autres religions fausses, comme hélas ils osent le professer. Les Pères modernes veulent que l'homme doit être absolument libre en matière de religion, et pour cela, ils anathématisent toute contrainte de la part des hommes sur d'autres hommesMais en même temps, et par le fait même, et quoiqu'ils ne le disent pas car ils n'en ont pas conscience, leur esprit est aveuglé sur cela, ils soustraient l'homme à la Contrainte du Règne de Dieu, de son Christ et de son Église, qui procure la vraie liberté à l'homme et sa vraie et authentique dignité. Ils n'oublient incroyablement qu'une chose capitale : la véritable liberté et dignité de l'homme consiste à se mettre... sous le joug dont parle le Christ dans l'Évangile, le joug de la Vérité qui est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur et Sauveur, le joug d'un Dieu "doux et humble de cœur" qui donne immédiatement "le repos pour vos âmes" et la libération véritable (car en fait et en pratique, le Joug de Dieu n'en est pas vraiment un, pour l'homme, c'est, plus justement dit, un épanouissement de sa nature vraie et réelle libérée du péché). La doctrine de la Liberté religieuse exprimée à Vatican II est donc une hérésie à caractère formel en cela précisément qu'elle prétend soustraire l'homme, tout homme, à la Contrainte libératrice du Règne de Dieu, de son Christ et de son Église, sur l'homme, tout homme, au for public.
           
        Nous sommes donc là, avec la Liberté religieuse, en présence d'un enseignement doctrinal qui est même pire qu'une hérésie à caractère formel, c'est une APOSTASIE, un oubli radical de Dieu : dans le raisonnement théologique de la Liberté religieuse, des prolégomènes à la conclusion, LE VRAI DIEU EST ABSOLUMENT ET RIGOUREUSEMENT EXCLU.
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        J'ai bien écrit, en effet, on ne s'est pas trompé en me lisant : Dignitatis Humanae Personae est une proclamation d'APOSTASIE de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape légitime, cum Petro et sub Petro (elle est heureusement seulement matérielle, comme je l'ai expliqué plus haut, sinon on serait rigoureusement obligé d'en conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église"). Or, cette apostasie qu'on trouve doctrinalement dans le § 2 définitionnel du Décret, se trouve on pourrait dire encore plus clairement visible lorsque les Pères, après avoir défini leur anti-doctrine dans l'énoncé du § 2 définitionnel, en feront l'application pratique dans les § 4 & § 5 dudit Décret. Comme disait Mgr Duchesne : "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe". Éh bien !, voyons ensemble à quoi aboutit le principe apostat de la Liberté religieuse dans la pratique, en continuant à lire Dignitatis Humanae Personae :
           
        "4. Liberté des groupes religieux. ― La liberté ou absence de toute contrainte en matière religieuse qui revient aux individus doit aussi leur être reconnue lorsqu’ils agissent ensemble. Des communautés religieuses, en effet, sont requises par la nature sociale tant de l’homme que de la religion elle-même.
             
        "Dès lors, donc, que les justes exigences de l’ordre public ne sont pas violées, ces communautés sont en droit de jouir de cette absence de contrainte afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d’un culte public la divinité suprême, aider leurs membres dans la pratique de leur vie religieuse et les sustenter par un enseignement [... hérétique au niveau de la croyance, ou scandaleux quant aux Mœurs...], promouvoir enfin les institutions au sein desquelles leurs membres coopèrent à orienter leur vie propre selon leurs principes religieux".
           
        En vérité, l'apostasie du Dieu vrai et véritable, Père, Fils & Saint-Esprit, est si claire, si criante, si palpable et évidente, dans cet abominable § 4, que toute démonstration en devient, ... hélas !, parfaitement inutile. DIEU EST VRAIMENT COMPLÈTEMENT ABSENT, RÉPUTÉ ABSOLUMENT INEXISTANT DANS CE § 4, D'UNE MANIÈRE CRUE PRESQUE INCROYABLE. Les Pères nous parlent sans gêne aucune de "groupes religieux", comme s'il pouvait exister en-dehors de l'Église catholique des associations religieuses qui ne soient pas autre chose que des SECTES, menant, peu ou prou, dans la voie de la damnation (mais l'appellation ici choisie par les Pères de Vatican II cautionne une fois de plus le sens œcuméniste héthérodoxe par trop présent dans les enseignements doctrinaux du concile moderne, à savoir que l'Esprit-Saint pourrait être, de quelque manière, présent dans ces sectes, ... oh pardon !, dans ces "groupes religieux").
           
        Les Pères osent nous parler aussi de la... "Divinité suprême" qu'adorent cesdits "groupes religieux", sans rougir de honte jusqu'à la crête de leur APOSTASIE du vrai Dieu, ainsi sémantiquement manifestée d'une manière si impudente et même théologiquement si impudique, par cette appellation catholiquement scandaleuse de "Divinité suprême", que ne répudieraient pas les pires des franc-maçons.
           
        Les Pères modernes osent nous parler encore des "justes exigences de l'ordre public" dans ce § 4, ils nous avaient en effet déjà parlé d'un "ordre public juste" dans le § 3 du Décret, dans lequel sont censés devoir et pouvoir grouiller ensemble les individus comme les groupes religieux normés par la Liberté religieuse (comme asticots sur morceau de viande avarié). Mais dès lors que les Pères modernes ont ôté LE JUSTE, l'HOMME-DIEU, JÉSUS-CHRIST du for public, par la doctrine de la Liberté religieuse, comment peuvent-ils oser avoir l'impudence blasphématoire de parler d'un ordre public juste... qui exclue par principe LE JUSTE, LE SEUL JUSTE PARMI LES ENFANTS DES HOMMES, JÉSUS-CHRIST, seul et unique géniteur dudit ordre public juste ?!? Cet ordre public juste ne peut tout simplement pas exister sans le Christ, pas plus que "l'ordre moral objectif" dont ils glosent dans le § 7 de la Liberté religieuse, l'objectivité étant en effet un apanage exclusif de Dieu... qu'on a exclu par principe dans le cosmos de la Liberté religieuse.
           
        Au passage, les Pères modernes, dans ce § 4, légitiment par la Liberté religieuse l'hérétique liberté de la presse, anathématisée dans des termes très-sévères par les papes du passé, notamment dans la crise protestante, tant il est vrai que les hérésies s'engendrent entre elles : "Les communautés religieuses ont aussi le droit de ne pas être empêchées d’enseigner et de manifester leur foi publiquement, de vive voix et par écrit". 
           
        ... Plus on lit Dignitatis Humanae Personae, plus hélas on est obligé de prendre conscience que nous sommes en pleine et révoltante APOSTASIE, à tous les mots, toutes les lignes...
           
        Après l'application de l'enseignement doctrinal apostat de la Liberté religieuse aux "groupes religieux" dans le § 4, le § 5 s'occupe, quant à lui, d'en faire l'application aux familles. Il n'est pas moins apostat. D'après l'anti-doctrine de la Liberté religieuse, en effet, tout parent a le droit "primordial" (§ 5) d'enseigner son enfant "selon ses propres convictions religieuses" (§ 5), même lorsqu'il a passé l'âge de raison. Alors que, premièrement, le droit primordial n'est que l'apanage du vrai Dieu, non-transmissible...
           
        Ainsi donc, le père musulman a le droit d'enseigner son enfant qui a passé l'âge de raison, que Jésus n'est pas Dieu, que la Trinité divine est une abomination religieuse "pire que l'excrément et l'urine" (une sourate du Coran le dit), etc. Il est trop clair dans ce genre de raisonnement que, pour les Pères de Vatican II, DIEU N'EXISTE PLUS, L'HOMME SEUL EXISTE. Or, la vérité catholique pour l'éducation religieuse de l'enfant, bien rappelée par saint Thomas d'Aquin lorsqu'il traite de la question, c'est que, une fois passé l'âge de raison, un seul droit existe quant à l'enfant, le Droit de Dieu de sauver l'enfant qui, ayant passé l'âge de raison, doit être mis dans la voie du salut pour qu'il puisse éviter la damnation. Ainsi donc, le seul Droit qui existe pour l'enfant ayant passé l'âge de raison, est le Droit d'être éduqué dans la Religion catholique qui révèle le vrai Dieu, afin de le mettre dans la voie du salut. Et les premiers à devoir mettre en oeuvre cedit Droit PRIMORDIAL de Dieu de sauver tout enfant, sont les instruments naturels que Dieu a choisis pour éduquer l'enfant, à savoir ses propres père et mère. Comprenons bien, ce Droit de Dieu PRIMORDIAL (car le droit des familles n'est pas primordial, comme le disent hérétiquement les Pères modernes) est si fort qu'il s'applique même aux parents non-catholiques, qui n'ont qu'un seul droit, en matière d'éducation religieuse de leurs enfants : les éduquer selon la Foi catholique. Les parents musulmans, par exemple, qui enseignent leurs enfants ayant passé sept ans dans la foi coranique, pèchent donc très-réellement en ne leur enseignant pas le vrai Dieu, car ce Droit de Dieu qui consiste en ce que tout enfant doit être enseigné dans la vraie Religion, est aussi un devoir formel pour tout parent. C'est cette doctrine catholique que professe très-clairement saint Thomas d'Aquin (cf. l'exposé que j'en fais dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/non-saint-thomas-d-aquin-n-est-pas-pour-la-tres-heretique-liberte-religieuse?Itemid=1).
           
        Les Pères de Vatican II vont nous dire tout le contraire de cette doctrine catholique, dans ce § 5 de Dignitatis Humanae Personae. Car, nous l'avons vu avec le § 2 définitionnel de la Liberté religieuse : le vrai Dieu n'existe pas pour les Pères de Vatican II, Il est réputé être radicalement absent du for public normé par la Liberté religieuse. C'est pourquoi, quant à l'éducation des enfants, ils osent professer leur radicale apostasie en ces termes :
           
        "5. Liberté religieuse de la famille. ― Chaque famille, en tant que société jouissant d’un droit propre et primordial [...!], a le droit d’organiser librement sa vie religieuse à la maison, sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, selon leur propre conviction religieuse, de la formation religieuse à donner à leurs enfants. C’est pourquoi le pouvoir civil doit leur reconnaître le droit de choisir en toute liberté les écoles ou autres moyens d’éducation, et cette liberté de choix ne doit pas fournir prétexte à leur imposer, directement ou indirectement, d’injustes charges. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de suivre des cours ne répondant pas à la conviction religieuse des parents ou lorsque est imposée une forme unique d’éducation d’où toute formation religieuse est exclue".
           
        On croit franchement rêver, ou plutôt cauchemarder, de lire un manifeste aussi clair d'apostasie, de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, celle de Vatican II... mais hélas, la vérité est là, dans cet abominable et affreux constat. Oh ! Comme la Vierge bénie avait bien parlé à La Salette : "L'Église aura une crise affreuse", elle est bien affreuse en effet... 
 
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        Mais peut-être certains esprits, acculés à la vérité vraie en vérité de notre situation ecclésiale depuis Vatican II, mais ne voulant pas encore se rendre, voudront objecter que tout enseignement doctrinal dans un concile universel n'est pas forcément un Acte du Magistère ordinaire & universel de soi toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Alors, pour ces esprits sophistiques, je commence par rappeler ce qu'est le Magistère ordinaire & universel, tels que les Pères de Vatican 1er l'ont infailliblement défini : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire & universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011). Or, ce mode magistériel ordinaire & universel s'exerce dans l'Église d'une manière extrêmement simple, contrairement aux graves mensonges hérétiques qui ont été soutenus sur la question, très-notamment par les lefébvristes qui ont tâché de la sophistiquer d'une manière retorse presque diabolique, pour ne pas vouloir prendre acte de la "si grande contradiction" que manifeste Vatican II, s'autorisant par-là à fuir hérétiquement "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Il faut, pour qu'un acte magistériel d'Église ressortisse formellement du mode ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, il faut et il suffit, de voir toute l'Église Enseignante théologiquement réunie una cum le pape actuel, cum Petro et sub Petro (qu'elle soit rassemblée en concile universel ou dispersée dans l'orbe catholique n'a strictement aucune importance, c'est seulement l'union morale des évêques autour du pape actuel qui est exigée), professer en direction de l'universalité des fidèles, une doctrine en l'originant sur le Dépôt révélé. ET C'EST STRICTEMENT TOUT. C'est surtout l'universalité de l'enseignement, tant en amont qu'en aval, qui confectionne le Magistère ordinaire &... universel, comme l'avait fort bien exposé Dom Paul Nau dans ses remarquables et très-savants articles. Il n'y a, comme je l'ai dit plus haut, aucun autre constituant extrinsèque pour confectionner un acte du Magistère ordinaire & universel, comme par exemples une déclaration d'intention de faire un acte infaillible ou une déclaration d'obligation à la croyance pour les fidèles, qui ne sont que des fumisteries inventées par les modernistes pour tâcher d'empêcher l'actuation simple en Église d'un acte dudit Magistère ordinaire & universel. Le Père Héris, o.p., résume fort bien la question ainsi : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Or, c'est exactement le cas pour les Décrets majeurs de Vatican II, très-notamment celui de la Liberté religieuse : 1/ Tous les Pères actuels de l'Église, una cum le pape, cum Petro et sub Petro, réalisant l'universalité de l'Église Enseignante comme JAMAIS dans toute l'Histoire de l'Église depuis le Christ elle ne fut ainsi réalisée (aucun concile universel, en effet, ne réunit plus de 2 500 évêques comme à Vatican II !), ont professé une doctrine en direction de l'universalité des fidèles ; 2/ cette doctrine de la Liberté religieuse, pour en rester à elle qui a valeur d'exemplaire pour toute la problématique théologique de Vatican II, fut explicitement entée par eux sur le Dépôt révélé, en deux endroits du très-peccamineux Décret, que voici : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Les deux SEULES conditions nécessaires pour faire un acte d'enseignement doctrinal par le Magistère ordinaire & universel sont donc bien réunies dans le Décret Dignitatis Humanae Personae, il s'agit bel et bien d'un acte dudit Magistère de soi couvert par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        ... Nous sommes en vérité, comme on le voit, à quelques années-lumière du concile "pastoral", donc non-infaillible !! 
           
        Ainsi donc, dans Dignitatis Humanae Personae, il n'y a pas moyen, si l'on veut rester honnête et droit avec son âme, d'éviter la conclusion d'une crucifixion parfaite de l'Église entre des principes théologiques fondamentaux absolument contraires. D'un côté, un acte magistériel de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel d'enseignement, et de l'autre côté, un contenu doctrinal pire qu'hérétique, carrément apostat, dans la Liberté religieuse. 
           
        "Voilà les termes du problème", comme disait un expert progressiste juste après Vatican II...
 
VATICAN II 054 MP00005
            
        Avant de finir mon article, il importe de bien recueillir et cerner la pensée du pape du concile moderne, Paul VI, quant à la note théologique qu'il attribuait aux Décrets de Vatican II, ce sera tout l'objet de ce chapitre.           
           
        Le pape du concile a parlé à deux reprises de la note théologique qu'il fallait donner aux Actes conciliaires, à savoir dans le Discours de clôture du concile, en décembre 1965, et aussi un mois après seulement ladite clôture, dans une Audience du Mercredi, en janvier 1966. Or, il est curieux qu'on retienne surtout ce que le pape a dit dans l'Audience du Mercredi, car en fait, quand on lit les deux déclarations de Paul VI, ce n'est qu'un écho parlé, beaucoup plus flou, moins clair, que ce qu'il avait dit de précis un mois auparavant en clôturant le concile, et qui est consigné dans les écrits officiels de Vatican II. En fait, je crois que dans cette dite Audience du Mercredi, Paul VI citait seulement de mémoire, et donc imparfaitement, ce qu'il avait dit dans le Discours de clôture : la structure des deux phrases est la même, mais la ressemblance s'arrête là, les mots de l'Audience sont visiblement cités de mémoire et dans le flou (bien peu artistique) en pensant au Discours de clôture. Il faut donc, pour une bonne, juste, éclairante, appréciation de la pensée de Paul VI sur son concile, privilégier ce qu'on lit dans le Discours de clôture. Pour qu'on en juge ensemble sur pièce, voici ce qui, dans ces deux déclarations pontificales, intéresse notre sujet :
           
        ― "Mais il est bon de noter ici une chose : le magistère de l'Église, bien qu'il n'ait pas voulu se prononcer sous forme de sentences dogmatiques extraordinaires, A ÉTENDU son enseignement AUTORISÉ à une quantité de questions qui engagent aujourd'hui la conscience et l'activité de l'homme ; il en est venu, pour ainsi dire, à dialoguer avec lui ; ET TOUT EN CONSERVANT TOUJOURS L'AUTORITÉ ET LA FORCE QUI LUI SONT PROPRES, il a pris la voix familière et amie de la charité pastorale" (Discours de clôture du concile, décembre 1965).
           
        ― "Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer selon le mode extraordinaire des dogmes dotés de la note d'infaillibilité… CEPENDANT, le Concile a attribué à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ORDINAIRE, lequel est si manifestement authentique qu'il doit être accueilli par tous les fidèles selon les normes qu'a assignées le Concile, compte tenu de la nature et du but de chaque document" (Audience du Mercredi, janvier 1966).
           
        Je me suis permis, dans ces textes cités, de mettre simplement quelques majuscules parce qu'elles permettent de bien cerner la pensée de Paul VI. Je ne ferai ici qu'une simple observation préliminaire concernant la fameuse et surtout fumeuse "note de pastoralité" du concile, qui a fait, et donc, fait toujours (...!), phantasmer moult âmes superficielles qui veulent s'imaginer que Paul VI notait tous les actes du concile de "pastoralité", c'est-à-dire de non-infaillibilité : en vérité, les textes en témoignent, Paul VI disait seulement que la motivation des Pères de Vatican II était pastorale (ce qui par ailleurs est juste une lapalissade, comme je l'ai dit au début de ces lignes, puisque tout ce que font les Pères de l'Église pour le troupeau du Christ est de soi... pastoral !). il ne disait nullement que les Actes conciliaires avaient une "note de pastoralité", en ce sens parfaitement imbécile de non-infaillible qu'on a voulu follement lui attribuer, note qui d'ailleurs, je l'ai déjà rappelé, … n'existe pas en théologie.
           
        Que bien penser de ces deux déclarations de Paul VI ? Tout d'abord, comme je viens de le dire, je ne retiendrai pas la seconde partie de la phrase prononcée dans l'Audience du Mercredi, visiblement en écho parlé, par Paul VI, un mois après le concile, car il est évident qu'il parle là de mémoire, et de mémoire imparfaite, sur ce qu'il avait dit beaucoup plus clairement dans le Discours de clôture. C'est le Discours de clôture qui nous livre avec clarté le fond de sa pensée. Que nous y dit-il ? Avançons pas à pas en suivant humblement Paul VI. Excluant d'emblée formellement l'emploi du Magistère extraordinaire, Paul VI nous parle d'un "enseignement autorisé". Que veut dire "autorisé", sinon : "qui a autorité" ? Donc, Paul VI nous dit que l'enseignement du concile est un "enseignement qui a autorité". C'est déjà beaucoup dire, et c'est loin d'être tout puisque le pape du concile nous précise que cet enseignement "qui a autorité" a "étendu" son champ d'application normal à des domaines qui jusque là n'étaient pas visités par cet "enseignement autorisé" du Magistère. Nous sommes donc déjà, pour normer théologiquement les Actes de Vatican II, avec "un enseignement autorisé étendu, expansé", Paul VI dixit. C'est déjà extrêmement dire. Surtout qu'en plus l'acteur capital de la mise en oeuvre de l'infaillibilité dans l'Église prend bien soin de préciser que cet "enseignement autorisé expansé" "conserve toujours l'autorité et la force qui lui sont propres"... On est déjà un peu loin du "pastoral", là...
           
        Maintenant, tout cela, évidemment, nous presse très-fort vers la grande question, la seule importante, qui, naturellement, est celle-ci : de quelle autorité s'agit-il à Vatican II, quelle est sa nature ? Puisque l'autorité du Magistère extraordinaire, d'emblée, est exclue, s'agit-il de l'autorité inhérente au Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité (qui, contrairement à ce que professent faussement les lefébvristes, peut fort bien être employé par "l'Église rassemblée" dans le cadre d'un concile universel) ? Ou bien alors, s'agit-il de l'autorité du Magistère authentique, de soi non-doté de l'infaillibilité mais seulement d'une assistance large de la part du Saint-Esprit et du Christ-Époux, et qui donc pourrait être faillible ? Le nœud de la question cruciale se dénoue presque tout seul, rien que par l'exposé de la doctrine catégorielle du Magistère en Église : l'objet formel des modes magistériels ordinaire et extraordinaire, dotés de l'infaillibilité, est la Foi et les Mœurs ; l'objet formel du mode magistériel dit authentique, non-doté de l'infaillibilité, est tout ce qui n'est pas la Foi et les Mœurs. Ce qui signifie que pour décider si, par exemple, le décret de la Liberté religieuse est l'expression du Mode ordinaire & universel infaillible, ou bien du Mode authentique non-infaillible, convient-il seulement de procéder à l'examen théologique de son objet : concerne-t-il la Foi ou ne la concerne-t-il pas ? Poser la question, c'est évidemment y répondre, et j'y ai répondu plus haut. Hélas oui, Dignitatis Humanae Personae a malheureusement la Foi pour objet formel, nous l'avons vu plus haut dans la réfutation du sophisme spécieux de l'abbé de Nantes. L'objet doctrinal formel dudit Décret, est en effet le dogme "Hors de l'Église, point de salut", dont la Liberté religieuse est la contradictoire formelle. L'objet formel de Dignitatis Humanae Personae est donc un objet de Foi. Conclusion : ce Décret Dignitatis Humane Personae est un acte du Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, et nullement un acte du Magistère authentique, non-doté de l'infaillibilité. Mais pour en rester à la question du jour, Paul VI donc, quand il nous parle pour tout le concile moderne in globo d'un "enseignement autorisé expansé" qui "conserve toujours l'autorité et la force qui lui sont propres", ne peut qu'évoquer le Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, puisqu'il parle de l'autorité d'un concile œcuménique universel qui professe des enseignements doctrinaux ayant trait formellement à la Foi ou au Moeurs... et que ce cadre-là est très-précisément celui dudit Magistère.
           
        Certains, affolés de cette conclusion, tâchent d'ergoter sur les formules absconses, abstruses, confusionnelles, employées par Paul VI, surtout dans l'écho parlé de l'Audience du Mercredi (formules franchement déplorables et honteuses, en effet, il faut bien le dire, de la part de la plus haute autorité ecclésiastique...). Relisons ses dites formules alambiquées, effectivement bien peu claires, et même malheureusement erronées, qui, à très-juste titre, avaient fait rugir en son temps le bouillant et sédévacantiste Père Noël Barbara. Le pape du concile nous parle d'une étrangoïde "autorité du magistère suprême ordinaire, lequel est si manifestement authentique, etc."… Pardon...?, mais, tuediable, que signifie... cette bouillie immangeable ?? Je crois que là, il faut se rendre compte que le pape Paul VI s'est hélas, pardon encore, mélangé les pinceaux, tout simplement. Car de deux choses l'une : ou bien le pape parle du Magistère ordinaire, c'est-à-dire celui universel doté de l'infaillibilité (ne manquons pas de prendre bonne note que le pape emploie bien le terme "ordinaire" pour le qualifier, l'affublant même d'un superlatif, "suprême", dont, en vérité, on n'a… que faire, le terme "ordinaire" suffisant à dire qu'il s'agit du Magistère doté de l'infaillibilité), ou bien alors le pape nous parle du Magistère authentique non-doté de l'infaillibilité (affublé lui aussi d'un superlatif, "si manifestement", dont, en vérité, on n'a pas plus à faire qu'avec le premier ; Paul VI voulait-il dire par-là que l'acte magistériel ainsi noté de "si manifestement authentique" est tellement authentique, qu'il est… ordinaire & universel ?! Il semble bien que ce soit là justement la pensée de fond de Paul VI). En tout état de cause, il ne peut pas s'agir… des deux à la fois !
           
        En vérité, je crois que le pape Paul VI avait voulu embrasser tellement de choses dans son concile magmatique, qui avaient trait formellement à la Foi quand d'autres n'y avaient pas formellement trait, qu'il ne s'y est plus vraiment retrouvé quand il s'est agi pour lui de donner in globo la note théologique aux Actes conciliaires… Sa formule de l'Audience du Mercredi montre en effet qu'il mélange complètement et inextricablement les deux notions "ordinaire" et "authentique". Une autre raison pourrait plus encore être évoquée, me semble-t-il, et expliquer le propos biscornu de Paul VI : tout Vatican II a eu comme base morale un amour plus ou moins immodéré et désordonné de l'homme moderne avec lequel le pape veut se mettre à rang d'égalité, un homme moderne que Paul VI courtise et dont il ne faut surtout pas blesser la susceptibilité bien connue quant à n'accepter aucune autorité au-dessus de lui, parce que, le pape le sait, il "a rejeté la transcendance" comme il dira ; et donc, Paul VI ne voulait plus parler de, ni invoquer, l'autorité de l'Église pour imposer un enseignement infaillible à cet homme moderne... quand bien même il avait, en tant que pape, bien conscience de faire dans Vatican II un enseignement doctrinal ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité. D'où le fait que quand il devrait parler d'infaillibilité à propos de la note attachée aux Actes conciliaires de Vatican II, et il sait bien qu'il devrait le faire, il ne le fait quand même pas… tout en suggérant très, très, très fort à son lecteur ou auditeur, par l'emploi qu'il fait de superlatifs outrés, d'avoir à penser le mot et la chose (= "magistère suprême ordinaire", "si manifestement authentique")…! Ces deux raisons donc, surtout je pense la seconde, me semblent expliquer l'imprécision, le confusionnel, voire même le caractère vraiment erroné de son propos, quand il donne la note théologique des Actes conciliaires.
           
        Ces formules, "magistère suprême ordinaire", "si manifestement authentique", etc., me font penser quant à moi aux hérétiques ariens : eux aussi voulaient bien voir en Jésus-Christ un homme parfait, le plus parfait de tous, c'est cela, oui, oui, un homme suprême, si manifestement authentique, mais… surtout, surtout pas le Dieu incarné. Ici aussi, on nous parle d'un "Magistère suprême ordinaire", auquel on veut bien donner tous les superlatifs qu'on voudra (il est non seulement authentique, non même seulement manifestement authentique, mais il est "si manifestement authentique"…!), mais surtout, surtout, sans lui reconnaître la note théologique qui est la sienne, à savoir celle du Magistère ordinaire & universel exposé à Vatican 1er, avec l'infaillibilité y attachée… Ô malice humaine qui ne veut pas de la vérité de la Foi ! Et malheureusement Mgr Lefebvre s'appuiera sur cette "tradition"-là, qui subvertit hérétiquement le mode magistériel ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, trompé lui aussi, prenant cette "tradition" d'obscurcissement du Magistère ordinaire & universel pour celle catholique… "Rome perdra la Foi" : cela s'applique donc aussi au Magistère ordinaire & universel infaillible, de la part des plus hautes autorités de l'Église, ou, à tout le moins, c'est très-évident avec Paul VI, ils ne savent plus dire toute la Foi dans cedit Magistère doté de l'infaillibilité, clairement et simplement.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        ... Alors, que s'est-il donc bien passé, à Vatican II ?
           
        En fait, les Pères modernes se sont comportés comme deux jeunes tourtereaux séduits par le monde qui, en sortant du cinéma, ont "fait l'amour", sans bien sûr vouloir d'enfant : neuf mois après, merde alors, "l'enfant paraît" comme disait Victor Hugo. Ils ont eu beau penser à tout sauf à lui en forniquant comme des bêtes, il est là, rien de rien de rien à faire ; ils ont beau chanter maintenant mordicus, sur tous les tons non-grégoriens et à tout le monde, qu'ils ont "fait l'amour"... seulement pastoralement, c'est-à-dire sans vouloir d'enfant, L'ENFANT EST LÀ. À Vatican II, c'est exactement la même chose : les Pères ont, très-notamment dans la Liberté religieuse, infailliblement "fait l'amour", c’est-à-dire qu’ils ont fait un acte doté de l'infaillibilité ecclésiale. C'est immédiat, cela n'attend pas neuf mois : l'enfant est là tout-de-suite, "en naissant, il vomit des blasphèmes, il a des dents, en un mot, c'est le diable incarné", comme dit terriblement le Secret de La Salette pour désigner l'Antéchrist-personne. Pour mieux tromper les catholiques, on l'a appelé et diaboliquement baptisé : Dignitatis Humanae Personae. Il est maudit, il est hérétique, il est même apostat ; mais il est divinement couvert par l'infaillibilité de l'Église. Et toutes les déclarations de "pastoralité" n'y changeront rien. Parce que, entre autres, cette "note de pastoralité" n'a théologiquement aucune valeur. Nous sommes donc en présence d'un Acte d'Église à la fois doté de l'infaillibilité et contenant une formelle hérésie et même apostasie. Heureusement, nous avons vu plus haut que cette "si grande contradiction" (He XII, 3), n'est pas formelle mais simplement matérielle, comme signifiant la sainte crucifixion de l'Église-Épouse, révélant qu'elle vit désormais l'économie de "LA PASSION DU CHRIST" (car si elle était formelle, cette contradiction, elle signifierait que "les portes de l'enfer ont prévalu contre elle").
           
        ... Dignitatis Humanae Personae ! Ô tromperie affreuse et abominable des âmes, que le titre satanique donné à ce Décret qui promeut parmi les enfants des hommes l'apostate Liberté religieuse ! Alors que la véritable dignité de la personne humaine est de vivre dans la Vérité, c'est-à-dire dans la vraie Religion, que les fausses religions avilissent de toutes les façons possibles et imaginables l'être humain, le faisant vivre indignement, on intitule le Décret promouvant la Liberté religieuse : De la dignité de la personne humaine ! Ceci me rappelle que le franc-maçon Dr Pierre Simon, pour promouvoir la loi sur l'avortement, avait écrit en 1979 un livre à sensation intitulé : De la vie avant toutes choses, dans lequel il faisait l'apologie de… l'avortement, l'euthanasie, etc. ! Le titre réel aurait donc dû être : De la mort avant toutes choses. De la même manière, le Décret sur la Liberté religieuse aurait dû recevoir comme titre : Indignitatis Humane Personae, De l'indignité de la personne humaine.
           
        Qui ne voit Satan à visage découvert dans ces inversions et tromperies absolument radica­les donnant la mort sous couleur de vie, ne le verra jamais et nulle part.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Il me reste juste à réfuter quelques erreurs grossières et flagrantes, à moins qu'elles ne soient flagrantes et grossières, dans le texte de notre journaleux de LifesiteNews.
           
        Soit disant, selon lui, le concile Vatican II "n’avait ni le but ni l’intention de proposer sa propre doctrine de manière définitive et infaillible".
           
        Premièrement, les Pères de l'Église, à quelque époque ils vivent, ne sont pas habilités, de par leur mandat ecclésial, à enseigner dans le cadre d'un concile universel leur propre doctrine au fidèles, mais seulement et uniquement celle du Christ et de l'Église. Il est complètement idiot de supposer que la génération des "membres enseignants" de Vatican II avait une doctrine propre à proposer, détachée de celle du Christ et de son Église ! Et puis, et surtout, secondement, notre piètre théologien a l'air d'ignorer superbement qu'il y a deux modes d'infaillibilité dans l'Église : 1/ celui définitionnel, dogmatique extraordinaire, qu'il cite ; et 2/ celui non-définitif, ou théologiquement plus exactement nommé : inchoatif, ordinaire & universel. Or, pour démontrer que l'infaillibilité n'est pas employée à Vatican II, il ne suffit pas de dire, comme le fait notre journaleux, que le mode définitionnel, dogmatique extraordinaire, n'y a pas été employé, ce qui est parfaitement vrai, tout le monde le sait fort bien, et Paul VI, on l'a vu, le dit lui-même, il faut encore montrer que le mode ordinaire & universel n'a pas été, lui non plus, employé. Et c'est là le grand hic et le grand hoc pour la thèse conservatrice, car ce dernier mode, ordinaire & universel, lui aussi doté de soi de la note d'infaillibilité exactement au même titre que le dogmatique extraordinaire, a bel et bien été employé dans le concile moderne, ce qu'on sait formellement de deux manières : d'abord, par la forme de Vatican II, qui voit la réunion de l'unanimité des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel poser des actes d'enseignements doctrinaux entés sur la Révélation, dont on a vu que c'est la condition nécessaire et suffisante pour confectionner formellement un acte du Magistère ordinaire & universel, puis ensuite, par la déclaration du pape Paul VI, qui entérine cet emploi du mode magistériel ordinaire & universel dans Vatican II, en parlant de "magistère suprême ordinaire". Ainsi donc, c'est tout le contraire de ce que dit notre journaleux, qui est vrai : le concile, s'il n'en a eu l'intention au départ, a cependant par après très-concrètement bien posé ses principaux Actes dans le cadre formel du mode ordinaire & universel, ce qui signifie formellement qu'ils sont donc de soi dotés de l'infaillibilité.
           
        Autre erreur non moins flagrante et grossière, à moins qu'elle ne soit elle aussi grossière et flagrante : notre rédacteur évoque, par ailleurs à la remorque d'un Mgr Schneider très, très mal inspiré sur la question de la théologie des Actes de Vatican II (... pour parler par euphémisme), une soi-disant nécessité de déclaration explicite d'obligation à croire la doctrine proposée, faite par les "membres enseignants" dans l'acte, aux fidèles, la tirant d'une note du Secrétariat du Concile (preuve, soit dit en passant, que les plus hautes autorités de l'Église moderne ne connaissent même plus, derrière Paul VI, la vraie doctrine catégorielle quant au Magistère ecclésial...) : "Le Saint Concile ne définit comme contraignantes pour l’Église que les choses en matière de foi et de morale qu’il déclare ouvertement contraignantes". Or, ce prétendu constituant extrinsèque soi-disant nécessaire pour confectionner un acte du Magistère doté de l'infaillibilité, est une pure invention moderniste, une fumisterie, je l'ai déjà dit plus haut dans mon texte, il n'existe pas.
           
        À en croire les conservateurs et autres lefébvristes en effet, un élément constitutif sine qua non d'un acte du Magistère ordinaire & universel infaillible serait la déclaration d'obligation faite aux fidèles par les promulgateurs de l'acte de croire à la doctrine y professée : si le pape oblige explicitement les fidèles à la croyance dans l'acte d'enseignement magistériel, alors, c'est infaillible, mais pas autrement, soutiennent-ils sottement, dans l'inintelligence complète de la question. Or, cet argument n'est que de la poudre de perlimpinpin lancée dans les yeux, et pas autre chose. Car la vérité, c'est que lorsque le pape parle en tant que docteur universel de tous les chrétiens, le fidèle est par le fait même, ipso-facto, automatiquement obligé de suivre sa doctrine, sans que l'explicitation de cette dite obligation d'y croire ait à être formulée le moins du monde par le pape : le caractère d'obligation est implicite et non explicite, il découle de la nature intrinsèque de l'autorité divine infaillible de tout acte magistériel ordinaire & universel, et non d'une formule préceptive extrinsèque surérogatoire.
           
        C'est dès les Actes que cette doctrine est connue, saint Pierre l'affirmera magistralement au premier concile général de l'histoire de l'Église, l'an 51, en ces termes lapidaires : "Dieu m'a choisi parmi vous afin que par ma bouche, les Gentils entendent la Parole de l'Évangile, ET QU'ILS CROIENT" (Act XV, 7). Que les conservateurs et les lefébvriste veuillent bien lire à genoux et avec soin : les Gentils ont l'obligation de croire dès lors qu'ils entendent la Parole de Dieu sortir de la bouche de Pierre. C'est automatique (= d'où l'emploi de la conjonction "ET" -qu'ils croient-). Le premier pape en effet ne dit pas et sous-entend encore moins : " … et qu'ils croient, seulement si je leur en fais explicite obligation". La formule des Actes est en vérité remarquable dans sa simplicité lumineuse.
           
        À la vérité, il n'y a d'ailleurs pas besoin d'être docteur in utroque pour comprendre le ridicule voire même le blasphème de cette objection : lorsque Dieu parle à l'homme, et, nous venons de le voir, c'est ce qui se passe à tout coup lorsque les "membres enseignants" usent du Magistère ordinaire & universel d'enseignement, Dieu n'a pas besoin de dire : "Bon, Je te parle, et Je te fais obligation de M'écouter". Non, cette obligation de L'écouter sous peine de réprobation découle et résulte du fait que Dieu est Dieu et que moi, je suis sa créature. Dès lors que je sais que c'est Dieu qui me parle, automatiquement, j'ai l'obligation de L'écouter. Cette même règle s'applique évidemment quand il s'agit de l'Église Universelle qui parle, puisque la Foi m'enseigne qu'elle est le canal transparent de Dieu par le Christ dès lors qu'elle enseigne la Foi à l'universalité des fidèles, "qui vous écoute, M'écoute" (Lc X, 16). Or, ceci étant bien compris, que diriez-vous d'un petit enfant qui refuserait d'écouter son père qui l'enseignerait à bien faire, sous prétexte qu'il ne lui aurait pas fait obligation explicite de l'écouter !? Ce serait la fessée déculottée, non ?! Car de plus, et combien plus, Dieu est AMOUR. Or, dès que l'Amour se manifeste, il faut le suivre. IL SUFFIT QUE L'AMOUR PARLE POUR… OBLIGER. Alors, que les conservateurs et autres lefébvristes veuillent bien cesser de considérer l'Église comme une caserne de saint-cyriens ou de sapeurs-pompiers, c'est parfaitement indigne d'elle (toute la dignité suréminente de l'Église du Christ sur toute institution humaine, justement, est là : dans l'Amour qui est le moteur premier de sa Vie, et qui, partant, est le fondement essentiel de tout raisonnement théologique, des prémisses à la conclusion formelle…).
           
        Conclusion : pour confectionner authentiquement un document du Magistère ecclésial infaillible, il n'y a pas de constituants extrinsèques (comme l'est une formule préceptive d'obligation), il n'y a, encore une fois je vais le redire, qu'UN seul constituant intrinsèque : que Dieu parle à l'homme par son Église Universelle, c'est-à-dire par les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, que sont le pape et les évêques actuels unis à lui. Et alors, c'est automatiquement sous le couvert de l'infaillibilité. Ce devrait être une évidence pour tout le monde (nous sommes là, remarquons-le, dans la simplicité des choses, toute divine et certaine), mais ça ne l'est pas pour les âmes qui ont décidé intérieurement de fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et qui cherchent à s'inventer des échappatoires.
           
        Ce que j'expose là simplement était expliqué en termes savants par l'abbé Bernard Lucien, ainsi :
           
        "Le concile [Vatican 1er] donc affirme d'abord l'existence d'une obligation de poser des actes de foi : fide divina et catholica ea omnia credenda sunt : «[est] à croire», «il faut croire», «on doit croire»... et le fondement de cette obligation est indiqué : on doit croire «ce qui est contenu dans la parole de Dieu». C'EST LE CARACTÈRE RÉVÉLÉ (PAR DIEU) QUI EST LA SOURCE DE L'OBLIGATION DE POSER UN ACTE DE FOI. On retrouve donc très-exactement, au début de ce paragraphe Porro fide divina, l'enseignement donné par le concile au commencement du chapitre III qui le contient : «Puisque l'homme dépend totalement de Dieu comme son Créateur et Seigneur et que la raison créée est complètement soumise à la Vérité incréée, nous sommes tenus, lorsque Dieu se révèle, de lui présenter par la foi la soumission plénière de notre intelligence et de notre volonté» (D. 1789). Telle est la substance des choses, la «métaphysique» de l'obli­gation liée à la Révélation et à la Foi. La source, le motif formel, la cause propre et adé­quate de cette obligation, c'est la Vérité incréée qui se révèle, c'est la Véracité divine, ou encore, comme le dit la suite du texte que nous venons de citer (D. 1789), «l'autorité de Dieu lui-même se révélant, qui ne peut ni se tromper ni nous tromper». Comme on le voit, toute la question de «l'obligation» est réglée, substantiellement, avant et en-dehors de l'intervention de l'Église. Quel est donc ici son rôle ? L'intervention infaillible de l'Église, a pour fonction de déterminer avec précision l'objet matériel de la foi : c'est-à-dire de faire savoir avec certitude quelles sont en détail les vérités révélées. Le rôle propre de l'Église n'est donc nullement d'obliger à croire ; il est de certifier infaillible­ment que telle proposition appartient au donné révélé. En bref, le magistère comme tel n'oblige pas à croire, mais PROPOSE ce qui est à croire comme divinement révélé.
           
        "C'est ainsi que les choses sont présentées par le texte de Vatican 1er. L'exercice du magistère infaillible, comme tel, ne comporte pas d'affirmer une obligation, mais de faire connaître le caractère révélé d'une proposition : «quae (...) tamquam divinitus reve­lata credenda proponuntur» ; ce que (l'Église) «propose à croire comme divinement ré­vélé» ou «propose à notre foi comme des vérités révélées par Dieu». En vertu de ce texte de base de Vatican 1er, l'acte propre du magistère infaillible comporte seulement d'affirmer le caractère révélé d'une proposition ; ET ALORS, IPSO-FACTO, L’OBLIGATION LIE LE CROYANT : ON DOIT CROIRE. Non pas parce que l'Église créerait une obligation, mais parce que le fidèle connaît, par suite de l'affirmation in­faillible de l'Église que telle proposi­tion est révélée et qu'ainsi il se trouve lié par l'obli­gation générale de croire ce qui est révélé s'appliquant à ce cas particulier. Il est vrai que l'autorité de l'Église exerce sou­vent son pouvoir de juridiction conjointement au pouvoir magistériel, en frappant de peines ecclésiastiques ("anathèmes" ou autres) ceux qui refusent extérieurement son enseignement. Mais l'acte du pouvoir de juridic­tion est formellement et réellement dis­tinct de celui du pouvoir magistériel. Cela est manifeste d'après le texte de Vatican 1er que nous venons d'analyser, et qui ne men­tionne pas l'intervention du pouvoir de juri­diction.
           
        "Et cela a été clairement exposé par le Père Kleutgen, dans les justifications théologiques jointes au schéma réformé sur l'Église (cf. pp. 15-16) : «Dans ces décrets, il est nécessaire de distinguer l'interdiction (ou le commandement) de la définition (ou du jugement sur la doctrine). D'abord, en effet, l'Église définit que telles opinions sont mauvaises ; ensuite, elle les interdit comme telles, et elle établit des peines contre les contumaces. Or, on doit la soumission de l'esprit à l'Église qui définit, même si elle n'ajoute aucun précepte. Puisqu'en effet Dieu nous a donné l'Église comme mère et maîtresse pour tout ce qui concerne la religion et la piété, nous sommes tenus de l'écouter quand elle enseigne. C'est pourquoi, si la pensée et la doctrine de toute l'Église apparaît, nous sommes tenus d'y adhérer, même s'il n'y a pas de définition : combien plus donc si cette pensée et cette doctrine nous apparaissent par une défini­tion publique ?» (M. 53, 330 B).
           
        "Cet exposé doctrinal de l'un des théologiens de la Dépu­tation de la Foi à Vatican 1er est en pleine concordance avec le texte de Dei Filius que nous avons expliqué. L'interdiction ou le commandement (et donc l'explicitation de l'obliga­tion) ne sont nullement constitutifs de l'acte infaillible : ni pour le magistère ordinaire (en-dehors d'une définition au sens strict), ni pour le magistère extraordinaire ("défini­tion"). Dans tous les cas, l'acte du magistère garanti par l'infaillibilité est le «jugement sur la doctrine» (conformité ou désaccord avec la Révélation). Et alors les fidèles doi­vent adhérer, dans le même acte, et à la doctrine enseignée, et au jugement de l'Église, toujours à cause de l'autorité de Dieu qui révèle : qui révèle, et telle doctrine en parti­culier, et qu'il assiste infailliblement l'Église dans son enseignement. Bien entendu, si l'interdiction, ou le commandement, ou les peines canoniques ne sont pas constitutifs de l'acte infaillible, ils peuvent en être le signe. Tel est le cas bien connu des «canons avec anathème» des conciles œcuméniques, spécialement de Trente et de Vatican 1er. Dans le canon, seule la peine d'excommunication contre ceux qui disent telle doctrine est ex­plicitée. Mais tous les catholiques reconnaissent que c'est le signe certain du jugement infailliblement porté par l'Église sur la doctrine elle-même" (L'infaillibilité du magistère ordi­naire et universel de l'Église, pp. 133-135, Annexe II — Infaillibilité et obligation).
           
        Et donc, s'il est possible d'admettre qu'il n'y a dans la rédaction conciliaire de Dignitatis Humanae Personae aucune formule d'obligation stricte (rappelons en effet les termes conclusifs de ce Décret, signés par le pape Paul VI : "Tous et chacun des articles édictés dans cette déclaration ont plu aux pères du sacro-saint Concile. Et Nous, par le pouvoir apostolique que Nous avons reçu du Christ, un avec les Vénérables Pères, Nous l'approuvons dans l'Esprit-Saint, Nous le décrétons et le statuons, et Nous ordonnons de promulguer pour la Gloire de Dieu ce qui a été ainsi statué synodalement. À Rome, près Saint Pierre, 7 décembre 1965, Paul, Évêque de l'Église catholique" ; et la notation générale que donne Paul VI à tous les Actes du Concile dans son Bref de clôture In Spiritu Sancto est de semblable facture), cela, de toutes façons, n'a aucune espèce d'incidence sur la qualification d'infaillibilité du Décret, qui, étant un enseignement du Magistère ordinaire & universel, n'en a nullement besoin pour en bénéficier. Le constituant d'obligation est en effet intrinsèque à tout enseignement doctrinal universel doté de l'infaillibilité, et non extrinsèque.
           
        J'en ai fini.
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Conclusion générale. Je résume pour vous, cher ami lecteur, le fruit de tout mon "discours de la méthode" :
           
        Premièrement, Vatican II a promulgué des Actes ecclésiaux qui s'inscrivent formellement dans le cadre du Magistère ordinaire & universel, de soi toujours doté de l'infaillibilité. C'est par exemple éminemment le cas de Dignitatis Humanae Personae, le décret sur la Liberté religieuse.
           
        Deuxièmement, cesdits Actes dotés de l'infaillibilité ecclésiale contiennent contradictoirement une doctrine hérétique ou même apostate ; ce qui, ainsi qu'on a été affligé de le constater, est très-clair dans le Décret de la Liberté religieuse.
           
        Ces deux premiers constats nous montrent qu'on se trouve donc devant une contradiction dans les principes rentrée dans l'Église. Mais, comme je l'ai expliqué au début de ces lignes, il existe deux sortes de contradictions, l'une, simplement matérielle, signifiant "LA PASSION DE L'ÉGLISE", l'autre, formelle, signifiant que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église".
           
        En présence de quelle contradiction Vatican II nous met-il ? Matérielle ou formelle ?
           
        Mon troisième constat va nous le dire :
           
        Troisièmement, les Pères de Vatican II, en promulguant ces Actes dont le contenant est doté de l'infaillibilité quand le contenu est hérétique voire même apostat, n'ont eu aucune conscience du caractère hérétique encore moins du caractère apostat desdits Actes. Autrement dit, les Pères de Vatican II, au nom et pour le compte de l'Église Universelle, n'ont professé ces hérésies ou apostasies que matériellement. 
           
        Considérons bien que puisque l'acte de la Liberté religieuse, pour en rester à lui qui synthétise toute la problématique théologique de Vatican II (d'où l'accent fort que je mets dans cet article, sur lui), est doté de l'infaillibilité ecclésiale, alors, c'est le Saint-Esprit qui veut cet acte, par l'organe immaculé de l'Église. Mais que veut donc dire le Saint-Esprit à nos âmes fidèles, puisque cet acte ecclésial est un péché matériel d'hérésie endossé par l'Église Universelle ? La réponse est toute simple. Le Saint-Esprit, par-là, nous dit, nous montre, qu'Il met Lui-même (c'est ce que signifie la note d'infaillibilité) l'Église du Christ dans l'économie de la Passion, puisque le péché matériel en est la caractéristique essentielle, le signe topique, et que cet acte le manifeste formellement. Voilà le sens profond de cette infaillibilité dont sont dotés ces actes de péchés matériels commis par l'Église Universelle à Vatican II...
           
        À Vatican II, les Pères modernes, certes, crucifient la Foi de l'Église par un péché matériel d'hérésie, la font donc rentrer par-là même dans l'économie de la Passion du Christ, car ils agissent à Vatican II in Persona Ecclesiae, mais ils ne renient pas la Foi de l'Église par un péché formel d'hérésie (croyez bien que c'est la même chose pour le pape François : il n'a nulle conscience de professer l'hérésie...).
           
        Conclusion finale : L'ÉGLISE-ÉPOUSE EST MISE, PAR VATICAN II, DANS L'ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST.
           
        La seule thèse théologique qui rend compte catholiquement de "la crise de l'Église" manifestée par Vatican II, est donc bien celle que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" d'exposer sur mon site et dans mes livres, depuis plus de vingt-cinq ans maintenant, à savoir celle de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
 
VATICAN II 054 MP00005
           
        Quel sera le sort de cette vérité parmi les enfants des hommes, parmi les catholiques surtout ?      
           
        Je laisse Henri de Man, cet homme politique belge visionnaire que j'ai cité dans mon article dénonçant les démocraties occidentales actuelles comme n'étant rien d'autre que des sociétés fondamentalement et pratiquement nazies (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=1), le dire superbement bien :      
           
        "Il est des choses qu'il faut dire même si l'on ne trouve presque personne pour les écouter ; raison de plus pour parler quand on voit croître de jour en jour le nombre [de ceux qui ne les écoutent pas]" (Au-delà du nationalisme ― Avant-propos, p. 13).
           
        Car, ce qu'il faut bien comprendre, c'est que le prophète, et tout homme qui a mission de vérité est un prophète, ne fonctionne pas devant les hommes mais devant le Trône de Dieu.
           
        Et cela lui suffit. Parce que, quant au prophète qui a bien fait son devoir, cela suffit au Bon Dieu.
 
        Cela Lui suffit aussi, au Bon Dieu, pour juger, miséricordieusement ou au contraire très-sévèrement, à son Aune divine, ceux qui, par inadvertance ou hélas en toute connaissance de cause, refusent les vérités du Bon Dieu dont le prophète s'est fait le serviteur.
           
        J'en profite pour féliciter ici les belles âmes qui, depuis déjà longtemps, me lisent et apprécient ces vérités que le Bon Dieu me fait dire, qui m'édifient, mais qui, certes, toutes, tiendraient ensemble sous un pommier, tellement elles sont peu nombreuses, tellement la vérité vraie en vérité qui révèle Jésus-Christ n'intéresse que très-peu d'âmes, de nos jours...
           
En la fête de sainte Marie Salomé,
mère des apôtres Boanergès,
assistant le Christ mis en croix,
ce 22 octobre 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
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(Église sainte Marie Salomé, Saint-Jacques-de-Compostelle 
― Archives personnelles)
 
 
 
22-10-2022 09:24:00
 

Une vidéo extraordinaire : Nous avons UN SEUL PAPE, mais... au présent composé

15-09-2022 21:13:00
 

La conception liturgique pseudo-millénariste de Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, anticipation vaticandeuse luciférienne d'une nouvelle économie de salut (2)

 
 
 
        (Pour mémoire, je mets ici le lien de la 1ère partie de mon article, à lire évidemment avant cette présente partie deuxième & dernière : 
 
 
 
La conception liturgique pseudo-millénariste
de Mgr Arthur Roche,
Préfet de la Congrégation pour le culte divin,
anticipation vaticandeuse luciférienne
d'une nouvelle économie de salut
(2)
 
           
        Après avoir vu le ciel à l'envers, ce qui assombrit et enténèbre péniblement et même dangereusement l'âme, il convient maintenant de voir le Ciel à l'endroit, pour épanouir l'âme dans la liberté surnaturelle des enfants de Dieu, et l'en faire vivre pour son salut.
 
        Le pseudo-millénarisme dont s'entretiennent lucifériennement les modernes, et qui a hélas occupé toute la première partie de mon article, ce sont les ténèbres. Mais le vrai millénarisme, c'est-à-dire la doctrine du Millenium, c'est la Lumière de Dieu dans la Gloire du Christ, bien faite pour illuminer surnaturellement les âmes des simples fidèles.
           
        Alors, qu'en est-il donc bien de la vraie théologie du Millenium ?
           
        Dans les années 1992, j'ai écrit tout un livre, 500 pages, un historique apologétique sur le Millenium, intitulé Bientôt le Règne millénaire, sous le pseudonyme Louis de Boanergès (l'ouvrage est toujours disponible, on peut le commander à : Éditions D.F.T. - BP 47033 - 35370 Argentré-du-Plessis, au prix de 29,90 € port compris). Il n'est pas question pour moi évidemment, dans ce qui n'est ici qu'un article, de reproduire tout le raisonnement théologique que j'y faisais pour bien asseoir cette grande doctrine divine qui, avant les Prophètes, est déjà connue des Patriarches, je n'en reprendrai ici que les aspects qui concernent notre problématique du moment, autour du novus ordo. Je ne vais donc faire ici qu'une brève incursion sur le sujet.
           
        ... Mais tout d'abord, me dira-t-on, mais d'où savez-vous et qui vous a dit qu'une nouvelle économie de salut pleine de la Gloire de Dieu et délivrée des effets du péché originel, doit avoir lieu après la Parousie ?
           
        Mais, mais, chers amis, c'est Dieu Lui-même en Personne qui me le dit formellement et bien entendu infailliblement. Il me le dit par ses prophètes vétérotestamentaires puis par le grand prophète néotestamentaire, saint Jean, dans son Apocalypse. La vérité du Millenium en est par-là même, sûre, doctrinale au sens orthodoxe du terme, et même dogmatique, comme l'ont pensé la majorité des premiers chrétiens pendant les trois premiers siècles de notre ère (c'est une période qui s'étale presque, prenons-en bien conscience, de la Révolution jusqu'à nos jours !). Nous ne saurions d'ailleurs nous montrer surpris de trouver le Millenium dans la sainte-Écriture, car ce que Dieu se propose de faire, et Il se propose de donner l'ère du Millenium un jour futur à Sa discrétion, Il le révèle par le Saint-Esprit en avance aux hommes, par ses prophètes : "Le Seigneur ne fait rien sans révéler son secret à ses serviteurs les prophètes" (Am III, 7). Et la vérité, c'est qu'Il révèle si fort, si clairement, si nettement, son intention de faire suivre la Parousie et l'économie de salut qui la précède, par une autre économie de salut pleine de la Gloire divine, que, bien étudiée la question en passant humblement sous les fourches caudines du Saint-Esprit, on se demande vraiment s'il y a une doctrine divine qui est plus clairement et plus fortement révélée dans toute la sainte-Écriture, que... le Millenium !!   
           
        Les scolastiques agnostiques quant à la Prophétie millénariste depuis les saints Jérôme et Augustin, c'est-à-dire dès le Vème siècle, ont voulu dire que tout ce qui est dit sur le Royaume, dans la prophétie vétérotestamentaire et dans l'Apocalypse, concerne, soit l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, c'est-à-dire les Temps du Nouveau-Testament qui se déroulent avant la Parousie, soit le Ciel éternel. Or, ce n'est pas du tout ce que je lis, par exemple, dans l'Apocalypse, au sens obvie des mots extrêmement clairs et dénués de toute ambigüité dont saint Jean s'est servi pour dire la Prophétie de Dieu. Il y a une véritable et incroyable tricherie de la part des scolastiques (... dont beaucoup sont sur les autels !), et certains, non des moindres, se rendent même ridicules en voulant donner à toutes forces, au forcing et aux forceps, le sens de l'Église ou du Ciel éternel aux versets clairement chiliastes, millénaristes, de l'Apocalypse par exemple.
           
        Voyons cela ensemble, et commençons par l'avant-dernier ch. de l'Apocalypse, le XXIème, là où, visiblement, saint Jean, inspiré, termine dans l'apothéose sublime. Alors, les scolastiques, de dire : "Là, saint Jean finit en beauté sur une vision du Ciel éternel". Voilà qui est totalement erroné, complètement faux, saint Jean nous parlant très-clairement, dans les deux derniers chapitres de l'Apocalypse... du Millenium, c'est-à-dire d'un Temps terrestre certes tout pénétré de la Gloire de Dieu et qui est un peu comme l'antichambre du Ciel éternel, un vrai sas intermédiaire entre la terre et le Ciel éternel, mais... qui n'est pas le Ciel éternel, qui est toujours la terre. Il suffit de lire les mots de saint Jean avec simplicité, cette simplicité que le Christ recommande à l'âme fidèle, lorsqu'Il dit : "Si ton œil est simple, tout ton corps sera lumineux" (Matth VI, 22), pour le bien comprendre. Faisons-le ensemble, amis lecteurs : "Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'existait plus. Et moi, Jean, je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis une voix forte venant du trône, qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et Il habitera avec eux ; et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, comme leur Dieu. Et Dieu essuiera toute larme de leurs yeux, et la mort n'existera plus, et il n'y aura plus ni deuil, ni cri, ni douleur, car ce qui était autrefois a disparu. Alors Celui qui était assis sur le trône dit : Voici, Je vais faire toutes choses nouvelles. Et Il me dit : Écris, car ces paroles sont très sûres et vraies. Et Il me dit : C'est fait. Je suis l'alpha et l'oméga, le commencement et la fin. À celui qui a soif, Je donnerai gratuitement de la source d'eau vive. Celui qui vaincra possédera ces choses, et Je serai son Dieu, et il sera Mon fils" (Apoc XXI, 1-7).
           
        Quelle belle prophétie du Millenium ! Comme l'union intime d'Amour vécue sur la terre entre Dieu et les hommes, émouvante, y est bien marquée ! Il s'agit bel et bien, en effet, du Millenium, dans ce ch. XXI, pour au moins deux raisons. Premièrement, il est à peine besoin de faire remarquer que dans le Ciel éternel, il n'y aura pas d'hommes (... pas de femmes non plus Mahomet, non, non, désolé, absolument désolé !...), terme à la consonance terrestre et temporelle indiscutable. "Voici le Tabernacle de Dieu avec les hommes" décrit bien un Temps terrestre. Deuxièmement, s'il était question dans ce ch. XXI d'un descriptif du Ciel éternel comme l'affirment mensongèrement les scolastiques de tout poil, alors, la Jérusalem nouvelle n'aurait pas besoin d'y descendre d'auprès de Dieu, comme le décrit fort bien saint Jean... puisqu'elle y serait déjà, dans ce Ciel éternel ! Elle n'aurait juste qu'à rester là où elle est, à savoir dans le Ciel éternel d'en-Haut, auprès de Dieu ! Or donc, son point de départ étant Dieu et le Ciel éternel, où voulez-vous donc bien qu'elle descende d'auprès de Dieu, la Jérusalem nouvelle, sinon, évidemment, sur la terre et la temporalité d'ici-bas ! On remarquera que saint Jean s'est déjà servi de cette formule non-équivoque, au sens millénariste certain, quelques versets plus avant : "Alors un des sept Anges qui avaient eu les sept coupes pleines des sept dernières plaies, vint à moi, et me parla en disant : Viens et je te montrerai l'épouse, la femme de l'Agneau. Et il me transporta en esprit sur une grande et haute montagne, et il me montra la cité sainte, Jérusalem, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu. Elle avait la gloire de Dieu, etc." (Apoc XI, 9-11). Ce ch. XXI décrit donc merveilleusement bien le Millenium, comme une magnifique noce d'Amour sur la terre entre le Ciel et la terre...
           
        Et c'est cette temporalité nouvelle et glorieuse que saint Jean décrit chronologiquement très-clairement dans le ch. précédent, le célèbre ch. XX : "Et je vis descendre du Ciel un Ange qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et satan, et il le lia pour mille ans. Et il le jeta dans l'abîme, qu'il ferma et scella sur lui, pour qu'il ne séduisît plus les nations jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés ; après cela il doit être délié pour un peu de temps. Et je vis des trônes, et ils s'assirent dessus, et il leur fut donné de juger. Je vis aussi les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient point adoré la bête, ni son image, et qui n'avaient pas pris sa marque sur leur front ni sur leurs mains ; et ils vécurent, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. C'est là la première résurrection. Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection. Sur eux la seconde mort n'a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec Lui pendant mille ans" (Apoc XX, 1-6). Remarquons bien au passage la grande logique de saint Jean : l'Ange puissant qui enchaîne le dragon sur la terre, descend du Ciel, lui aussi. Et où voulez-vous qu'ils descende bien, sinon sur la terre ? Saint Jean ici, ne parle donc pas, dans ces passages, du Ciel éternel, et nous allons voir tout-de-suite qu'il ne parle pas non plus de l'Église : il ne peut donc nous parler que du Millenium.
           
        Mais, je continue un peu ma démonstration succincte sur le fait que le Millenium est formellement annoncé par les prophètes de Dieu inspirés par le Saint-Esprit. Nous venons donc de le voir avec saint Jean, prophète du Nouveau-Testament. Or, et cela ne peut surprendre c'est le contraire qui surprendrait, les prophètes de l'Ancien-Testament ont exactement le même langage inspiré que lui pour nous décrire un Royaume de Dieu qui ne sera ni l'Église dans son économie du Temps des nations ni non plus le Ciel éternel, et qui ne peut donc être que le Millenium. Prenons par exemple le prophète Daniel. Que nous enseigne-t-il sur le sujet ? Lisons-le : "Il [l'Antéchrist-personne] proférera des paroles contre le Très-Haut, il écrasera les saints du Très-Haut, et il pensera qu'il pourra changer les temps et les lois ; et ils seront livrés entre ses mains pendant un temps et des temps, et la moitié d'un temps. Alors le jugement se tiendra [par le Déluge de feu puis par la Parousie], afin que la puissance lui soit enlevée, qu'il soit détruit et qu'il disparaisse à jamais, et que le royaume, la puissance et la grandeur du royaume qui est sous tout le ciel, soient donnés au peuple des saints du Très-Haut ; son royaume est un royaume éternel, et tous les rois Le serviront et Lui obéiront" (Dan VII, 25-27). Il n'est pas difficile de remarquer que Daniel parle d'un Royaume "sous tout le Ciel", autrement dit sur cette terre, dans une synonymie parfaite avec la formule de saint Jean qui nous le décrit comme "descendant du Ciel d'auprès de Dieu" ! Ce n'est pas tout d'ailleurs, avec saint Jean, quant à nous décrire le Royaume du Christ comme étant temporel et concernant toute la Création et pas seulement l'Église. Ne nous dit-il pas : "Le septième Ange sonna de la trompette, et des voix fortes se firent entendre dans le Ciel ; elles disaient : L'empire de ce monde a été remis à notre Seigneur et à Son Christ, et Il règnera dans les siècles des siècles. Amen" (Apoc XI, 15). Or, "l'empire de ce monde", formule forte au sens très-précis, n'a rien à voir avec l'Église ni non plus avec le Ciel éternel, saint Jean nous décrit bien là, une fois de plus, le Millenium.
           
        Mais revenons au prophète Daniel qui nous a parlé du Royaume devant avoir lieu "sous tout le ciel", c'est-à-dire, on l'a compris, dans l'ici-bas terrestre. Même son de cloche quelques versets avant, quand le prophète de Yahweh nous dit : "Je regardais donc dans cette vision nocturne, et voici, quelqu'un, semblable au Fils de l'homme, venait avec les nuées du ciel, et Il s'avança jusqu'à l'Ancien des jours. Ils Le présentèrent devant lui, et Il Lui donna la puissance, l'honneur et le royaume, et tous les peuples, les tribus et les langues Le servirent ; Sa puissance est une puissance éternelle qui ne Lui sera point ôtée, et Son royaume ne sera jamais détruit" (Dan VII, 13-14). Le v. 14 où il est dit que le Royaume s'exercera sur des peuples, des tribus et des langues, toutes choses qui, évidemment, n'existeront plus au Ciel éternel, confirme bien la logique du descriptif de Daniel lorsqu'il nous enseigne que le Royaume aura lieu "sous tout le ciel". Le prophète infaillible de Yahweh nous annonce donc, pour notre ici-bas terrestre, une nouvelle économie de salut après le Temps des nations et de l'Église romaine mourant sous la main de l'Antéchrist-personne, la chronologie de Daniel est là aussi on ne peut plus claire, comme celle du ch. XX de l'Apocalypse de saint Jean. Notre Temps des nations et de Rome son centre n'est donc pas du tout la dernière économie de salut christique, ce que saura très-bien l'Antéchrist-personne... plus catholique en cela que lesdits glosateurs scolastiques néo-pharisiens ! Non seulement en effet, il fera mourir le Temps des nations et de l'Église romaine, mais, à la fois et dans le même acte, il prétendra instaurer lui-même l'économie de salut qui, de par Dieu, et il le sait, doit la suivre, à savoir celle du Millenium. Et si Daniel précise dans le v. 27 que ce Royaume du Millenium est "éternel", c'est tout simplement parce que Celui qui l'exercera ici-bas par l'entremise "des saints du Très-Haut", sera le Christ-Dieu Lui-même, et que bien sûr le Christ-Dieu est éternel, sans préjudice cependant que cedit Royaume glorieux d'essence éternelle s'exercera... "sous tout le ciel" (c'est dans le même sens que l'ange Gabriel dit à Marie, lors de l'Annonciation, parlant pourtant du trône temporel du roy David : "Il [Jésus] sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David Son père, et Il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et Son règne n'aura pas de fin" ― Lc I, 32-33).
           
        Il y a ici, donc, pour qui a des yeux pour voir, une affirmation scripturaire du Millenium, une de plus, tel que le prêchera de son côté saint Jean dans l'Apocalypse (... et tel qu'il le prêchait ainsi aux premiers chrétiens, on en a la preuve formelle par le fait historique que là où la doctrine millénariste a été le plus crue dans le tout premier christianisme, est là où saint Jean l'Apôtre avait prêché, dans l'Asie mineure, dans les cercles voisins d'Éphèse...).
           
        Dans  le cadre de mon article, je finirai ma démonstration exégétique forcément succincte pour prouver la réalité du Millenium dans l'économie universelle du Plan de salut divin pour les hommes, par une dernière citation scripturaire. Le Millenium est donc un Temps qui vient après la grande Tribulation de la fin des temps et la Parousie qui la finit. Or, Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans le discours eschatologique de Matth XXIV, 22, enseigne qu'il y aura un temps terrestre après la fin des temps, par un terme non-équivoque : "Car il y aura alors une grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu de pareille depuis le commencement du monde jusqu'à présent, et qu'il n'y en aura jamais. Et si ces jours n'avaient été abrégés, nulle chair n'aurait été sauvée". Or, si la fin des temps devait terminer l'existence de ce monde, comme veulent le croire les scolastiques, alors, Jésus n'aurait pas précisé que ces jours de tribulation seront abrégés pour permettre à la chair d'être sauvée ; car la chair, c'est la situation de l'homme dans sa condition terrestre, ce qui suppose, la chair pouvant être sauvée de la grande tribulation selon que le prophétise Notre-Seigneur, qu'il y aura un temps terrestre après la fin des temps, après la grande tribulation. Si en effet, la fin des temps devait terminer l'existence de ce monde, alors Jésus aurait prophétisé que ces jours de grande tribulation seraient abrégés pour permettre à l'âme, et non à la chair, d'être sauvée. Ici, dans ce passage eschatologique, Jésus, donc, confirme divinement la chronologie millénariste qu'établit saint Jean dans le ch. XX de l'Apoc.
           
        ... Que d'autres passages scripturaires, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament, seraient à évoquer, que je ne peux évidemment pas continuer à rapporter ici, dans le cadre restreint de cet article, comme prouvant que le Millenium fait bel et bien partie du Plan divin !
           
        Comment donc se fait-il que les scolastiques, voire les plus saints d'entr'iceux, ont menti honteusement sur le sens millénariste formel de ces passages scripturaires absolument limpides, clairs, simples, sans équivoque ni ambiguïté aucunes, trompant ainsi fort gravement les âmes...?!? Mais, sur cette pénible et irritante question, je termine là mon apologie du Millenium, cet aspect important du dogme catholique qui n'aurait jamais dû être mis sous le boisseau dans l'Église, comme il l'a cependant été hélas, depuis les scolastiques, depuis le Ve siècle des saints Augustin et Jérôme.
 
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        Mais, pourrait-on objecter, les descriptifs scripturaires prophétiques des chapitres XXI de saint Jean & VII de Daniel, s'ils ne concernent pas le Ciel éternel comme vous l'avez bien établi, concernent peut-être l'Église dans son économie du Nouveau-Testament ou Temps des nations et de Rome son centre ?
           
        La réponse est que c'est théologiquement impossible. Car les prophètes de Dieu, comme on l'a vu par les quelques passages que j'ai cités (et il y en a bien d'autres), ne font pas que révéler l'existence du Millenium, ils révèlent aussi la théologie de l'économie de salut spécifique du Millenium. Or, le fondement théologique spécifique de l'économie de salut du Millenium, qu'ils décrivent scripturairement à grands traits, s'avère être absolument antinomique, radicalement, avec celui spécifique de l'économie de salut de l'Église du Temps des nations, la nôtre. Ces prophéties du Royaume ne peuvent donc pas concerner l'Église du Temps des nations. Et puisqu'elles ne peuvent concerner ni le Ciel éternel ni l'Église du Temps des nations, elles ne peuvent donc que concerner le Millenium.
           
        Et, ô lecteur attentif, nous allons retomber soudain dans le cœur du problème soulevé hérétiquement par les modernes quant à la liturgie. Qu'est-ce qui caractérise essentiellement, en effet, l'économie de salut de l'Église du Temps des nations ? C'est d'avoir une structure hiérarchique, c'est-à-dire qu'il y a des "membres enseignants" et des "membres enseignés", ce qui s'applique à tous les niveaux, que ce soit pour l'enseignement doctrinal ou pour la confection des sacrements, la liturgie, ou encore pour la désignation du Souverain pontife actuel (dont la légitimité n'est pas du tout laissée au jugement et à la libre appréciation des simples fidèles, comme le croient à tort, par exemple, les sédévacantistes), etc. ; c'est justement la raison pour laquelle il existe non pas seulement un degré entre le sacerdoce royal des fidèles de l'épître pétrinienne et le sacerdoce ministériel des prêtres, sacramentel, mais une différence de nature, essentielle. Parce que les prêtres, par un ordre sacré, hieros - arkè, sont hiérarchiquement séparés et au-dessus des fidèles qu'ils "enseignent" au sens théologique fort. L'étymologie du mot hiérarchie le révèle très-bien, tiré des vocables grec hieros («sacré») et archos («commencement», ou «ce qui est premier») ou plus certainement arkhê («pouvoir», ou «commandement»). Et il est absolument subversif et radicalement destructeur de la Constitution divine de l'Église du Temps des nations de néantiser cette différence essentielle entre les prêtres et les laïcs... ce que précisément tâchent de faire les modernes en voulant promouvoir une "participation active" des simples fidèles dans la liturgie, et comme on a vu le pape Paul VI  lui-même y souscrire dans la première partie de son allocution du 29 juin 1972.
           
        Or, voici comment Jérémie décrit le fondement théologique de l'économie de salut spécifique du Millenium : "Je mettrai Ma loi dans leurs entrailles, et Je l'écrirai dans leur cœur, et Je serai leur Dieu, et ils seront Mon peuple ; et personne n'enseignera plus son prochain et son frère, en disant : Connais le Seigneur ! ; car tous Me connaîtront, depuis le plus petit d'entre eux jusqu'au plus grand, dit le Seigneur ; car Je leur pardonnerai leur iniquité, et Je ne Me souviendrai plus de leurs péchés" (Jér XXXI, 33-34). Il n'est pas besoin d'être grand'clerc en théologie pour comprendre que le prophète de Yahweh nous fait là un descriptif précis du fondement théologique de l'économie de salut qui aura lieu dans le Royaume, comme étant spécifiquement... non-hiérarchique. Ce qui signifie que ces passages prophétisant sur les temps du Royaume ne sauraient concerner l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, dont le fondement essentiel est justement d'être... hiérarchique. Il y a antinomie formelle entre ce que nous dit Jérémie et le fondement hiérarchique de la Constitution divine de l'Église du Temps des nations et de Rome son centre. C'est tout simplement parce que le prophète de Yahweh nous décrit là le Millenium.
           
        Théologiquement en effet, le fondement de l'économie de salut du Millenium est d'être une grande égalité «démocratique», je l'écris avec de sérieux et gros guillemets en rouge parce que, loin de trouver son fondement dans les hommes, cette démocratie participative qui sera l'essence du Millenium trouve son fondement en Dieu, et exclusivement en Dieu seul (soit dit en passant, la démocratie politique post-révolutionnaire actuelle est, là encore, et depuis plus de deux siècles, une anticipation luciférienne des conditions du Millenium, mais elle fonctionne sataniquement à l'envers, en partant du bas, et non en partant du haut). Sans jouer paradoxalement sur les mots, on pourrait tout-à-fait la baptiser : "Théocratie démocratique". Mais, depuis la Révolution, nous vivons tellement sous la "puissance des ténèbres", nous sommes tellement imbibés d'une démocratie qui fonctionne par le bas, que nous ne pouvons même pas comprendre qu'il pourrait exister une Démocratie qui fonctionne par le haut, ou plutôt, pour exactement parler, par le Très-Haut. Or, cette "démocratie divine" sera le fondement de tous les aspects de cette nouvelle économie de salut du Millenium, y compris, bien sûr, celui... liturgique. Et l'on voit par-là l'anticipation luciférienne des modernes qui veulent déjà vivre cette nouvelle économie du Millenium, tant quant à la chose politique qu'à celle religieuse, alors que Dieu ne l'a pas encore instaurée...
           
        Mais voici une autre spécificité de l'économie de salut du Millenium, qui ne peut concerner l'Église du Temps des nationsIsaïe nous décrit cette connaissance de Dieu par tout fidèle vivant l'économie spécifique du Millenium, ainsi : "On ne fera point de mal et on ne détruira plus sur toute ma montagne sainte [par ce terme, le prophète décrit Jérusalem glorifiée dans les temps du Millenium, comme ayant subi une très-grande élévation physique, elle sera la plus haute montagne sur toute la terre d'alors, complètement remodelée ; mais encore, par extension et dans un second sens, la "montagne sainte" décrit aussi ce que sera devenu toute la terre ― Après la destruction de tous les empires historiques représentés par le colosse aux pieds d'argile, Daniel, lui aussi, voit le Millenium sous la figure d'une montagne :  "La pierre qui avait frappé la statue devint une grande montagne, et remplit toute la terre" ― Dan II, 35] ; car le pays sera rempli de la connaissance de Yahweh comme le fond des mers par les eaux qui le recouvrent" (Is XI, 9). Cette prophétie est si importante, que le Saint-Esprit la fait redire par le prophète Habacuc (II, 14). Cela signifie, comme l'image le dit très-clairement, le fond de la mer étant parfaitement recouvert de l'eau de la mer sans qu'il n'y ait aucun endroit, aucun interstice même très-petit, où il n'est pas recouvert par elle, que tout homme sera pénétré d'une connaissance mystique de Dieu, délivrée radicalement de toute ignorance invincible (ce qui, soit dit en passant, le rendra beaucoup plus responsable moralement devant Dieu), et non plus ascétique, avec des tas d'ignorances invincibles de la Vérité de Dieu, comme cela ne caractérise que trop la connaissance de Dieu dans notre économie de salut du Temps des nations. Deuxième aspect du Millenium qui ne peut, donc, pas plus que le premier, concerner l'économie spécifique de l'Église du Temps des nations... C'est pourquoi, l'homme du Millenium, ayant une parfaite connaissance de Dieu, au surplus une connaissance mystique, sera "roi et prêtre", comme nous le dit on ne peut plus clairement saint Jean dans son Apocalypse : "Et Vous nous avez faits rois et prêtres pour notre Dieu, et nous règnerons sur la terre" (Apoc V, 10) ; et encore : "Et qui [Lui, le Christ] a fait de nous Son royaume et des prêtres pour Dieu Son Père ; à Lui la gloire et la puissance dans les siècles des siècles. Amen" (Apoc I, 6).
           
        Je viens donc d'établir, sommairement certes, que les prophéties scripturaires du Royaume ne regardant ni le Ciel éternel, ni non plus l'Église dans son économie de salut du Temps des nations, ne peuvent donc avoir comme objet formel que le Millenium.
 
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Or, mon lecteur l'a déjà compris, c'est tout cela, toute cette virtus propre aux seuls temps à venir du Millenium, que les modernes, par anticipation luciférienne impure et orgueilleuse, sans aucun respect de la Geste divine à venir, veulent absolument et à toutes forces actualiser dans notre Temps des nations (et, illuminés de leur gnose, plus les temps vont avancer vers le règne de l'Antéchrist-personne, plus ils vont devenir de plus en plus furieux pour l'actualiser dans l'Église, écoutant de moins en moins ce qui pourrait les ramener à un peu plus d'orthodoxie, comme Mgr Arthur Roche ne nous le montre bougrement que trop bien, en vrai bogomile). D'où, par exemple, la nouvelle définition de la Messe : elle n'est plus le Sacrifice du Christ, mais "l'assemblée solennelle de la communauté chrétienne", comme s'il n'y avait plus, déjà, que des rois et des prêtres dans ladite communauté chrétienne, nouvelle définition professée, comme on sait, dans l'Introduction du novus ordo missae en 1969, mais... qui était déjà la définition d'un Directoire pour la pastorale des sacrements, adoptée par l'assemblée plénière de l'épiscopat pour les diocèses de France, en... 1951, quasi quinze ans avant le concile moderne, comme en témoigne un exemplaire dudit Directoire que j'ai en archive !
           
        Donc, dans l'Église moderne, anticipation luciférienne du Millenium sur le plan liturgique, certes, mais pas que. Car en fait, les modernes veulent mettre tout, dans l'Église, au diapason de leur pseudo-millénarisme, rien ne doit plus y échapper... Le délire synodal auquel on assiste actuellement dans l'Église moderne procède lui aussi de cette anticipation luciférienne des conditions "démocratiques divines" du Millenium, où tout fidèle, tel qu'il est, sera plein de la connaissance de Dieu, et donc doit être écouté, et non plus seulement entendu, même s'il s'agit d'un fidèle... gay. Parce que lui aussi est désormais roi et prêtre. Et c'est bien pourquoi le pape François, par exemple, guide sa théologie morale non plus sur des règles garde-fous précises (on s'en est bien rendu compte avec Amoris Laetitia), mais sur la situation morale actuelle où se situent les... rois et prêtres qu'il veut désormais voir en face de lui dans tous les simples fidèles indistinctement ; c'est donc forcément devenu une théologie morale en situation, puisqu'il veut se croire en présence de rois et de prêtres comme inhabités de Dieu !
           
        Cette perversion pseudo-millénariste va très-loin chez le pape François, elle va jusqu'à lui faire revoir la définition de la papauté. Il y a quelque temps, on l'a vu tenir des propos bizarres, étranges, sur la fonction pontificale suprême, qu'il s'agirait soi-disant de reconsidérer dans son fondement même. C'était dans le cadre d'un discours sur ce qu'est le synode dans l'Église : "La nécessité et l’urgence d’une conversion de la papauté ― «Une Église synodale est une Église de l’écoute, de la conscience qu’écouter c’est plus qu’entendre». Tout finit au niveau du Pape, «appelé à se prononcer comme pasteur et docteur de tous les chrétiens», «non à partir de ses propres convictions mais comme témoin suprême». La manière dont le Pape exerce son ministère au sein de l’Église s’apparente donc à une «pyramide renversée où le sommet se trouve sous la base» [!!!]. Une position qui souligne le service que doit le Pape à tous. «Hier, aujourd’hui et toujours, l’unique autorité est l’autorité du service, l’unique pouvoir est le pouvoir de la croix». Le pape François souligne «la nécessité et l’urgence de penser à une conversion de la papauté», expliquant que le Pape n’est pas au-dessus de l’Église mais à l’intérieur, en tant que premier serviteur" (cf. http://fr.aleteia.org/2015/10/19/francois-appelle-leglise-a-plus-de-decentralisation/?utm_campaign=NL_fr&utm_source=topnews_newsletter&utm_medium=mail&utm_content=NL_fr-Oct%2019,%202015%2002:37%20pm). Le pape serait alors conçu, non plus comme "le serviteur des serviteurs de Dieu", Servus servorum Dei entendu à la manière très-orthodoxe du pape saint Grégoire-le-Grand (540-604), mais seulement comme l'expression de tout le peuple de Dieu composé de "rois et de prêtres", qui sont devenus ses égaux, qui tous ensemble sont le pape, et qu'il ne ferait que manifester passivement dans et par sa fonction et sa personne. Ce qui est hétérodoxe au plus haut point, est-il besoin de le dire, dans notre économie de salut du Temps des nations. Mais on est là en plein raisonnement pseudo-millénariste...
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
            
        Mais je quitte le ciel à l'envers pour respirer à nouveau à pleins poumons avec le Ciel à l'endroit. Pendant le Millenium, la condition de l'homme sera très-élevée, autant dans l'ordre surnaturel que dans celui purement naturel. Au point que, comme nous dit saint Irénée de Lyon, "cette vivante synthèse du christianisme tout entier au IIème siècle" (Daniel-Rops) et significativement grand docteur du millénarisme, dans le ch. V de son Contra Haereses, "l'homme renouvelé sera mûr pour l'incorruptibilité au point de ne plus pouvoir vieillir" (36.1 ― ch. V qu'il consacre tout entier à une apologie du Millenium et qui pourfend si bien tous les raisonnements anti-millénaristes, que les scolastiques, complètement impuissants à le réfuter, l'ont, le plus malhonnêtement et honteusement du monde, carrément... supprimé dans les éditions ultérieures de Contra Haereses, pendant plus de mille ans, ... millenium eschatologiquement maudit s'il en fut !, du Vème au XVIème siècle, où il fut retrouvé, presque par hasard, par un religieux au nom prédestiné, le Père cordelier Feuardent... ça ne s'invente pas !).
           
        Tout homme en effet, vivant dans le Millenium, pourra, par les mérites obtenus par la sainteté de sa vie (car ce sera le spirituel qui gouvernera le temporel, les choses étant revenues dans l'ordre), avoir la grâce de vivre tout le temps imparti au Millenium, soit... mille ans. Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, Isaïe, nous entretenant sur ce temps du Millenium délivré des effets du péché originel, nous apprend que "il n'y aura plus là d'enfant né pour peu de jours, ni de vieillards qui n'accomplisse pas le nombre de ses jours, car ce sera mourir jeune que de mourir centenaire, et c'est à cent ans que la malédiction atteindra le pécheur" (Is LXV, 20). Car en effet, il ne faudrait pas s'imaginer la condition spirituelle très-élevée propre au Millenium comme une confirmation en grâce, c'est-à-dire que l'homme ne pourrait plus pécher, l'homme du Millenium, quoique très-haut dans l'ordre de la grâce, sera toujours dans la possibilité de pécher, ce qui fut aussi le cas, rappelons-nous hélas !, d'Adam, qui, bien que placé dans un ordre spirituel très-élevé, n'en commit pas moins... le premier péché.
           
        Mais l'élévation de la nature corporelle de l'homme, pendant le Millenium, n'est rien si on la compare à l'élévation spirituelle de son âme, de la vie de la grâce en lui. Saint Irénée nous dit que, dans le Millenium, "l'homme nouveau conversera avec Dieu d'une manière toujours nouvelle" (ch. V, 36.1). N'est-ce pas cette vision des choses que semble évoquer Paul VI, lorsqu'il nous dit que "les fidèles qui sont appelés à être fils de Dieu (...) doivent exercer ce dialogue, cette conversation avec Dieu dans la religion, dans le culte liturgique, dans le culte privé. Ils doivent étendre le sens du sacré également à leurs actes. (...) Le chrétien (...) peut apporter quelque chose de nouveau, éclairer, sacraliser également les choses temporelles, extérieures, passagères, profanes" (revoir supra). Malheureusement, ce n'est pas du tout en notre Temps des nations, appelé par saint Paul "l'âge mauvais" (Eph V, 16), que cela est possible, mais seulement dans le Millenium, par la grâce toute-puissante du Saint-Esprit descendue sur tout l'univers et singulièrement dans les âmes de tous les hommes. Encore un coup, vouloir que les conditions du Millenium puissent être actualisées dans une économie de salut inférieure et antérieure qui n'est pas le Millenium, c'est une anticipation luciférienne peccamineuse, comme je l'exprime dans le titre de mon présent article.
           
        "L'homme nouveau conversera avec Dieu d'une manière toujours nouvelle". Dans mon livre Bientôt le Règne millénaire, j'évoquais la figure de Joachim de Flore (1135-1202), qui, quoique prophète fort imparfait du Millenium que d'ailleurs il n'appelait pas ainsi, n'en donnait pas moins un prodigieux éclairage sur cette phrase de saint Irénée. Pour Joachim de Flore en effet, ce qui caractérise essentiellement le Millenium, c'est que l'homme qui y vivra aura une parfaite et plénière illumination de la sainte-Écriture des deux premiers Testaments, l'Ancien et le Nouveau, ce qui rejoint soit dit en passant ce que prophétise Isaïe et Habacuc, lorsqu'ils nous apprennent que dans le Millenium "le pays sera rempli de la connaissance de Yahweh comme le fond des mers par les eaux qui le recouvrent".
           
        C'est pourquoi, pour Joachim de Flore, qui était moine et fondateur d'un grand mouvement monastique dans son XIIème siècle, il baptisait le Millenium, l'aetas monachorum, l'état monacal au plus haut sommet (le but spirituel ultime de la vie monastique en effet, est de vivre parfaitement le Christ par la sainte-Écriture). Mais comprenons bien que l'homme parfaitement illuminé de la connaissance de la sainte-Écriture, c'est ni plus ni moins "l'homme spirituel" dont nous parle saint Paul (I Cor II, 15), comme étant inhabité du Christ à la fois Dieu et Homme parfait. La sainte-Écriture parfaitement entendue, en effet, c'est le Verbe de Dieu Lui-même. Les auteurs appellent une Parole de Dieu, une parole substantielle, c'est-à-dire qu'elle crée un monde, un cosmos, rien que par le fait même d'être prononcée, elle ne fait pas que dire une forme, elle la crée. Mais si l'homme donc, comme le sera tout homme vivant dans le Millenium, a connaissance plénière et parfaite du Verbe de Dieu exprimé dans la sainte-Écriture, il a en quelque sorte communication avec la Divinité. L'intelligence parfaite de la sainte-Parole de Dieu dans l'Écriture lui donne en effet cette communication ineffable, qui lui donne un très-grand pouvoir. C'est ce que Jésus tâche de faire comprendre à ses disciples, lorsqu'Il leur dit : "En vérité, Je vous le dis, si vous aviez de la Foi comme un grain de sénevé, vous diriez à cette montagne : Transporte-toi d'ici, là, et elle s'y transporterait ; et rien ne vous serait impossible" (Matth XVII, 19). C'est précisément la grâce suréminente dont le Saint-Esprit investira tout homme dans le Millenium. L'homme du Millenium sera dans la condition d'Adam avant le péché originel, il est en quelque sorte inhabité de Dieu, Dieu fait sa demeure en lui par l'illumination de son Verbe. On pourrait prendre la comparaison avec l'état des Apôtres le jour de la Pentecôte où l'Esprit de Dieu, faisant soudain irruption dans leur nature humaine, les inhabite de la Vertu de Dieu, les surélève radicalement au-dessus d'eux-mêmes sans qu'ils n'aient eu aucun effort à faire pour cela, c'est un Don de Dieu.
           
        Et c'est par ce Don de Dieu dans l'homme du Millenium, qu'il sera apte à tout vrai sacerdoce dans l'Église et toute vraie royauté sur la Création, l'intelligence parfaite de la Parole, du Verbe, par la sainte-Écriture, mettant l'homme dans l'état de co-créateur et de co-sacrificateur, selon l'ordre de Melchisédech. C'est pourquoi d'ailleurs, Joachim de Flore appelait le Millenium, "tempus sub spiritali intellectu" ou encore "mysticus intellectus" (alors que notre économie de salut actuelle est appelée par lui "tempus sub littera evangeli"). Et le Millenium n'adviendra nullement pour abolir notre Temps des nations et de Rome son centre, quand la vérité est qu'il l'accomplira dans la Gloire divine.
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Il me semble que je peux aborder maintenant la question du culte liturgique dans le Millenium, qui est au cœur du sujet de mon article puisque je dénonce chez les modernes et Mgr Arthur Roche, d'en faire une anticipation luciférienne dans notre présente économie de salutOr, le culte liturgique du Millenium sera un culte de soi dévolu, évidemment, à tout homme, seul ou avec ses semblables. Il n'y aura plus aucune différence de nature sacerdotale entre le prêtre et le simple fidèle, pour la très-bonne et excellentissime raison que l'un sera l'autre et l'autre sera l'un. De plus, non seulement l'homme du Millenium sera prêtre sacerdotal, mais on peut penser qu'il pourra être lui-même "hostie" pour ses frères, par dérivation de la grande Hostie, celle du Christ. Voici comment j'exprimais la chose il y a trente ans dans une page de mon livre Bientôt le Règne millénaire, après avoir exposé la pensée de Joachim de Flore :
           
        "L'on peut, avec toute la prudence qui s'impose en un tel domaine sacré, émettre quelques idées j'espère pas trop imparfaites : dans le 1er Testament, il y avait un agneau figuratif qui ne contenait en rien le Corps de Jésus-Christ Notre-Sauveur (qui seul nous sauve dans toutes les économies particulières de salut qui se succèdent dans tous les Temps du monde du début jusqu'à la fin, mais de façon différente). Dans le 2ème Testament, celui de l'Église du Temps des nations et de Rome son centre, Notre-Seigneur donne son Corps Lui-même aux chrétiens. Et pourquoi ne pas penser que ce Corps divin nourrissant ses fidèles tout au long du IIème Testament, permettrait la Régénération du IIIème Testament ou Millenium, c'est-à-dire qu'il serait donné au fidèle nourri de l'Hostie divine pendant tout le IIème Âge d'être finalement, par le Sacerdoce du Saint-Esprit, prêtre et peut-être même hostie lui-même, médiatement, indirectement, par le Christ-Hostie (et non pas, bien entendu, immédiatement, directement) ?... Mais le Bon Dieu nous révèlera à son Heure, ce que nous devons entendre exactement de l'Écriture quand elle nous révèle que ceux qui participeront au Millenium seront «les prêtres du Très-Haut». L'important en telle matière si sacrée, est évidemment l'esprit de piété et d'Amour de Dieu ; ce qui n'équivaut pas à un esprit de pusillanimité, de timidité excessive, voire de pudibonderie spirituelle, qui pourrait précisément nous faire refuser ce que Dieu veut nous donner, comme ce qui est arrivé aux juifs lorsque Jésus leur annonça l'Eucharistie de son Corps.
           
        "Rouvrons en effet l'Évangile. Jésus-Christ qui venait instaurer la IIème économie de salut avait, en face de Lui, des juifs tout pénétrés de celle de l'Ancien-Testament : pour eux, l'Agneau devait être toujours figuratif. Or, après les avoir préparés patiemment à la révélation supérieure du IIème Testament, voici qu'un jour Notre-Seigneur enlève le voile et leur dit clairement qu'il faut, maintenant, manger la chair elle-même du Messie pour être sauvé... De la chair d'un animal consacré figurant le Messie, les juifs étaient désormais conviés à se nourrir de la Chair elle-même du Messie ! Terrible révélation pour ceux qui n'étaient pas véritablement pieux, qui vivaient de l'écorce de la Religion...! Pour ceux-là, le choc fut trop grand, aussi bien l'Évangile nous apprend qu'en ce jour, la défection fut grande chez les juifs et jusque dans les rangs des disciples du Christ (cf. Jn VI, 47-72). C'est à méditer. Car le palier cultuel et liturgique du IIème Testament au IIIème Testament ou Millenium, sera sûrement aussi grand à franchir que celui des juifs au temps du Christ" (p. 146). Dans un manuel de piété des plus classiques, Précieux recueil de spiritualité, d'A. Ponthaud, on trouve une révélation faite par Notre-Seigneur à une âme mystique, qui conforte le sens que je viens d'exposer : "À une sainte Religieuse hospitalière. ― Cette source divine [de la grâce surnaturelle] qui est en toi grossit à chaque Communion ; mais tu n'es pas assez pénétrée de ma Présence en toi, et de cette vérité, que c'est bien à la Nature divine que tu communies, que tu participes à l'Essence divine... Comme il ne reste plus du pain et du vin que les apparences, il faut qu'il ne reste, en toi, rien de naturel et de corrompu ; il faut que tout soit divin" (fin de citation). 
           
        Je suis parvenu maintenant à la fin de mon article. Entre la poire et le fromage, je ne peux manquer de dire que le transhumanisme des initiés mondialistes actuels menés par Klaus Schwab est aussi une anticipation des plus satanistes du Millenium, plus encore que luciférienne, anticipation qui n'est qu'un monstrueux et diabolique plagiat de l'assomption de l'homme dans le Millenium. Ces possédés-là (de véritables monstres d'impiété et d'iniquité qui auraient été mis sans procès ni jugement sur le bûcher au Moyen-Âge !), dont l'inspirateur est par trop visiblement Satan lui-même, ont pour projet de détruire radicalement la nature humaine telle qu'elle a été créée par Dieu pour prétendument... construire leur homme nouveau, par une symbiose diabolique entre la matière et la nature humaine !! Comme s'il était possible d'élever la condition de l'homme en commençant par... détruire l'homme dans son fondement ontologique !!! Mais ces maudits-là sont tellement satanisés dans leur âme qu'ils ne sont même plus capables, tel Hitler (... avec lequel le père de Klaus Schwab avait des accointances...), de conscientiser leur folie. Avec le transhumanisme, on est là en plein satanisme nazi, mais notons bien qu'il s'agit pour nos satanistes de vouloir créer un homme nouveau dans un ordo nouveau du monde, en imitation satanique du Millenium, par une soi-disant "quatrième révolution industrielle"...
           
        Il me semble nécessaire maintenant de donner deux définitions.
           
        Certains entendent à faux le terme "millénarisme" comme d'une période messianique initiée par l'homme à l'intérieur de l'Histoire, tel le IIIème Reich d'Hitler par exemple, qui devait durer mille ans. Mais il ne s'agit là que d'un FAUX millénarisme, non d'un vrai, et pour deux raisons. Le vrai millénarisme, c'est le Millenium après et non avant la Parousie, à l'extérieur de l'Histoire donc, radicalement post-historique, et de plus, et pour cette raison même, il est initié exclusivement par Dieu, l'homme n'y ayant aucune part.
           
        Il me semble nécessaire aussi de bien définir ce que j'entends en qualifiant le projet pseudo-millénariste liturgique des modernes de luciférien, car certains pourraient trouver excessif ce qualificatif. Être luciférien, c'est adorer l'idée de Dieu au mépris du Dieu réel, et non Dieu Lui-même. Quand je qualifie de luciférien le projet pseudo-millénariste liturgique des modernes, c'est à cela que je fais allusion. Je ne soupçonne évidemment nullement les modernes à commencer par Mgr Roche d'être les adeptes d'un culte extérieur conscient à Lucifer, comme les satanistes le font de Satan dans leurs sabbats, mais je dénonce en eux un culte luciférien intime et implicite : s'illuminer intellectuellement l'âme de l'idée millénariste et vouloir humainement mettre en oeuvre le Millenium au point de ne plus prendre aucunement en compte que Dieu n'a pas réellement fait advenir le Millenium, c'est être luciférien ou à tout le moins avoir une pratique luciférienne.
 
 
ViergeAuGlobeDOrBuste
           
        Comment finir sans rappeler qu'à Fatima, en 1917, il y a eu une prodigieuse révélation du Millenium... que personne n'a remarqué... comme toujours en pareille occurrence !! Qui, en effet, parmi les innombrables auteurs et les dizaines de milliers de pages qui ont été écrites sur Fatima depuis 1917, a remarqué que l'extraordinaire miracle du soleil... n'est pas... le miracle du soleil, c'est le miracle du soleil... ET de l'arc-en-ciel ? Et pas l'un sans l'autre ? Personne, à ma connaissance, je veux dire en tirant l'enseignement millénariste formel que le Ciel a donné à ce prodigieux double-miracle. Or, comme je vais l'établir tout-de-suite, l'arc-en-ciel est symbole et signe non seulement de l'Éden passé, mais encore du Millenium à venir, futur, véritable Éden redivivus. Mais on passe à pieds joints, sans même y faire attention, sur l'éclatante signification millénariste du miracle de l'arc-en-ciel qui accompagne au plus près le miracle du soleil, et qui, les relations des témoins le montrent, est aussi grand que lui. Le sens profond du miracle du soleil ET de l'arc-en-ciel qui a lieu à Fatima est cependant extrêmement clair : le soleil est symbole du Christ en Gloire revenant à la Parousie pour juger le monde actuel ; et l'arc-en-ciel qui en est comme une émanation essentielle et très-topique est symbole du Millenium ou Règne de la Gloire du Christ, qui suit très-immédiatement la Parousie même, et qui est généré par elle.
           
        Ainsi donc, les hommes sont si aveuglés sur le Millenium, qu'ils n'en voient pas les signes les plus forts, les plus évidents, même quand ils leur crèvent les yeux. Il y a vraiment là un mystère d'obscurcissement presque incroyable, durant tout le Temps des nations et de Rome son centre, sur la révélation du Millenium...
           
        Avant de donner les assises scripturaires et théologiques sur la signification millénariste de l'arc-en-ciel, je crois bon de commencer par relater cet extraordinaire miracle du soleil ET de l'arc-en-ciel de Fatima.
           
        "... Or, ce 13 octobre 1917, chacun sait que, après une pluie dense, le ciel soudain se dégagea, et les 70 000 témoins purent regarder, sans que leurs yeux soient blessés, un soleil insolite, ayant l'apparence «d'une rondelle de matière polie, comme découpée dans la nacre d'une coquille»" (Toute la vérité sur Fatima, fr. Michel de la Sainte-Trinité, t. I, p. 326). Et puis, subitement, c'est le miracle extraordinaire du soleil... ET de l'arc-en-ciel. "Soudain, écrit le fr. Michel, synthétisant tous les témoignages, l'astre se mit à trembler, à se secouer avec des mouvements brusques, pour finalement tourner sur lui-même à une vitesse vertigineuse, en lançant des gerbes de lumière de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel" (ibid., p. 327).
           
        Mais, pour une appréciation parfaite du double-miracle, ce qui est très-important parce que fort peu perçu même par les fatimistes les plus engagés, lisons ensemble les relations d'époque, les témoignages de ceux qui ont vu : "Il [le soleil] tournait comme une roue de feu d'artifice, en prenant toutes les couleurs de l'arc-en-ciel" (ibid., p. 327). "Durant le phénomène solaire, que je viens de décrire en détail [tremblement, puis danse, puis chute en zig-zag, etc.], il y eut dans l'atmosphère des colorations variées. Tandis que je fixais le soleil, je remarquais que tout s'obscurcissait autour de moi. Je regardais près de moi, je jetai mes regards au loin, jusqu'à l'extrémité de l'horizon, et je vis que tout était couleur d'améthyste [violet]. Les objets, le ciel, l'atmosphère avaient la même couleur. Un chêne violet, qui se dressait en face de moi, projetait sur la terre, une ombre foncée... En continuant à regarder le soleil, je remarquai que tout s'éclaircissait. Bientôt, j'entendis un paysan, près de moi, dire avec stupéfaction "Cette dame est toute jaune !" De fait, tout avait changé, de près et de loin, et avait pris le ton de vieux damas jaune. Les gens paraissaient atteints de jaunisse (...). Ma main avait le même ton jaune" (ibid., pp. 327-328). Remarquons bien que rien n'échappe au miracle, et que tout est baigné, selon ce témoignage, dans le violet ou le jaune... deux des couleurs de l'arc-en-ciel. "Le soleil produisait différentes couleurs : jaune, bleu, blanc..." (ibid.), rapporte Maria da Capelinha. Maria do Carmo : "Le soleil prenait toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Tout prenait les mêmes couleurs : nos visages, nos vêtements, la terre elle-même" (ibid.). "Une lumière dont la couleur varie d'un instant à l'autre, se reflète sur les personnes et les choses" (ibid.), note le Dr Pereira Gens. Ti Marto [le père de la petite Jacinthe] : "Le soleil lançait des faisceaux de lumière et peignait tout de différentes couleurs" (ibid.).
           
        Le fr. Michel rapporte même ce fait formidable : "Un témoin d'Alburitel [petit village juché sur une colline et situé, prenons-en bien conscience pour appréhender l'ampleur du phénomène, à... 18 ou 19 kms de Fatima !!], l'abbé Inacio Lourenço, signale que les objets revêtaient des couleurs diverses, suivant leur emplacement : «Les objets reflétaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. En nous regardant les uns les autres, l'un paraissait bleu, l'autre jaune, l'autre rouge...»" (ibid.) ! À environ vingt kms de Fatima : voilà qui montre bien que le miracle de l'arc-en-ciel est tout aussi phénoménal que celui du soleil...
           
        Évidemment, le miracle du soleil est si saisissant qu'il occulte, pourrait-on dire, celui de l'arc-en-ciel, et les esprits trop pressés s'y sont laissés prendre. Mais supposons un moment que le miracle de l'arc-en-ciel tel qu'il est décrit par tous les témoins se soit produit sans celui du soleil. N'aurait-il pas, à lui tout seul, fait une impression extraordinaire identique à celle que produisit le miracle du soleil ? Or, ce que je suppose là, est arrivé à Fatima le... 13 août 1917, lors de l'apparition "ratée" à cause du bourgmestre athée et anticlérical qui avait enlevé les enfants pour les empêcher d'aller au rendez-vous fixé par la Vierge ce jour-là. Les enfants donc ne purent être au rendez-vous, mais... la Vierge vint, selon que le prouvent les signes visibles habituels qui signalaient sa présence aux pèlerins (un petit nuage blanc planant au-dessus du chêne vert, etc.). Et, ce jour-là, le miracle de l'arc-en-ciel se manifesta sans donc celui du soleil, selon le témoignage qu'en fait Maria Carreira : "En regardant alors autour de nous, nous observâmes une chose étrange, que nous avions déjà vue, la fois précédente [déjà, le 13 juillet, donc], et que nous devions voir encore dans la suite. Les visages des gens avaient toutes les couleurs de l'arc-en-ciel : rose, rouge, bleu..."
           
        Ce 13 août 1917, le miracle de l'arc-en-ciel se manifeste donc tout seul, sans celui du soleil. Mais, ô lecteur, il y a une chose bien plus extraordinaire encore qui arrive, ce 13 août : "Les arbres ne paraissaient pas avoir des rameaux et des feuilles, mais seulement des fleurs ; tous paraissaient chargés de fleurs, et chaque feuille paraissait une fleur. Le sol était comme recouvert de carreaux de couleurs différentes. Les vêtements aussi étaient de toutes les couleurs de l'arc-en-ciel. Les deux lanternes attachées à l'arceau paraissaient être en or" (ibid., p. 251). Le sens millénariste de ce miracle du 13 août est donc encore plus fort, d'une évidence... si évidente, il semblait vraiment que le Ciel faisait déjà rentrer toute l'humanité dans l'ère du Millenium, mais ce ne fut qu'un éclair fugitif qui dura seulement le temps du miracle. Non seulement, en effet, le phénomène prodigieux de l'arc-en-ciel se manifesta tout seul, mais la terre en fleurs semble se revêtir de la beauté édénique du Millenium, et voilà qui rejoint les prophètes de Yahweh lorsqu'ils décrivent la beauté de la terre régénérée édéniquement dans le Millenium, ou encore ce que dit la Reine des prophètes à La Salette lorsque, pas même dans le Secret donné à Mélanie et dont certains pusillanimes voudraient douter mais dans le Discours public approuvé par l'Église, elle déclare que "S'ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées par les terres" !
           
        À Fatima, on ne peut pas dire que le Ciel n'a vraiment pas fait TOUT ce qu'il fallait faire pour que l'homme, pour que l'Église, comprenne le message prophétique du Millenium à venir...!!
           
        Mais j'en viens maintenant à la symbolique de l'arc-en-ciel. Voici ce que j'écrivais sur le sujet dans Bientôt le Règne millénaire : "L'arc-en-ciel est un mémorial de la Création originelle immaculée. Il y avait avant le Déluge d'eau de Noé un anneau aqueux englobant toute la terre, et le soleil, passant à travers cette eau «au-dessus des cieux» (Gen I, 7), reflétait sur toute la surface du ciel et donc aussi sur la terre, en vagues universelles sans cesse changeantes, les paradisiaques couleurs de l'arc-en-ciel [exactement, donc, comme cela s'est passé en tout petit à Fatima !]" (p. 30).
           
        Or, le Déluge d'eau aux temps de Noé vit s'effondrer sur la terre les eaux au-dessus des cieux générant cet arc-en-ciel universel, et donc il disparut. Mais le Bon Dieu en laissa un vestige dans le ciel en signe de son alliance éternelle avec l'homme et la terre entière : "Voici le signe de l'alliance que J'établis pour jamais entre Moi, et vous, et tous les animaux vivants qui sont avec vous. Je mettrai Mon arc dans les nuées, afin qu'il soit le signe de l'alliance que J'ai faite avec la terre. Et lorsque J'aurai couvert le ciel de nuages, Mon arc paraîtra dans les nuées ; et Je Me souviendrai de l'alliance que J'ai faite avec vous et avec toute âme qui vit et anime la chair ; et il n'y aura plus à l'avenir de déluge qui fasse périr dans ses eaux toute chair qui a vie. Mon arc sera dans les nuées, et en le voyant Je Me ressouviendrai de l'alliance éternelle qui a été faite entre Dieu et toutes les âmes vivantes qui animent toute chair qui est sur la terre. Dieu dit encore à Noé : Ce sera là le signe de l'alliance que J'ai faite avec toute chair qui est sur la terre" (Gn IX, 12-17). Et si le Bon Dieu nous donna ce signe pour marquer son alliance éternelle avec les hommes, c'est évidemment parce qu'un beau jour, appellation qui convient si bien au Millenium, Il a le dessein de remettre la terre dans sa perfection originelle édénique, sous les auspices paradisiaques de l'arc-en-ciel. Et précisément, le Déluge de feu universel devant clore notre fin des temps opèrera ce retour aux conditions édéniques de la terre, en restaurant, par évaporation universelle de toutes les eaux qui étaient tombées sur la terre lors du Déluge de Noé, cet anneau aqueux dans les nuées supérieures, lequel, englobant à nouveau toute la terre, donnera derechef l'arc-en-ciel universel... qui est si bien prophétisé, par les seuls faits et sans parole, dans les apparitions de Fatima ! C'est bien pourquoi d'ailleurs on a lu plus haut dans le ch. XXI de l'Apocalypse que lorsqu'il est donné à saint Jean de voir la terre dans sa condition restaurée du Millenium, il nous apprend que "la mer n'existait plus" (v. 1), il en sera effectivement bien ainsi puisque les eaux de la mer seront, par le Déluge de feu, reparties dans les nuées du ciel...
           
        Car en effet, j'ai écrit que l'arc-en-ciel est mémorial de la Création originelle immaculée, mais il est aussi prophétie que cette Création originelle immaculée revivra... à la fin des temps. L'arc-en-ciel est à la fois mémorial et prophétie. Une particularité essentielle de la langue hébraïque, laissée sous le boisseau, va nous le confirmer. Laissons Joseph Vercruysse-Bruneel nous l'expliquer : "Le verbe être qui joue un si grand rôle dans toutes les langues, est rarement exprimé en hébreux ; on doit l'y suppléer soit au passé, soit au présent ou au futur, et souvent dans deux temps à la fois, quand le temps est historique et qu'il est prophétique en même temps. Qui peut dire si ce n'est pas à cause de ce double point de vue, qu'on trouve continuellement dans l'Écriture l'emploi des verbes au futur avec le «vav conversif» indiquant le prétérit, pour nous faire comprendre que le texte est historique pour le passé et prophétique pour l'avenir (...). N'est-ce point la manie de traduire exclusivement le futur ayant un «vav conversif» par le passé, qui voile le plus le sens prophétique de la Bible ? C'est une erreur qui se fait particulièrement voir dans les Psaumes et dans les Prophéties. Qu'on lise les Psaumes dans le sens du futur, ou du futur passé [temps spécifique à l'hébreu, qui d'ailleurs reproduit cette loi que "la fin des choses se calque sur leurs débuts"], au lieu de les prendre dans le sens du passé, et on aura le plus magnifique et le plus exact tableau des temps à venir et de la Régénération du monde !" (La régénération du monde - Opuscule dédié aux douze tribus d'Israël", 1860, p. 9).
           
        Sur le plan théologique, on pourrait dire très-justement, quant au sens prophétique de l'arc-en-ciel, qu'il est le protévangile du Millenium. C'est le symbole des beautés parfaites de l'Éden qui reviendront habiter la terre dans le Millenium, avec ses sept couleurs harmoniques signifiant la plénitude divino-humaine (3 + 4) des perfection terrestres. La sainte-Écriture d'ailleurs le souligne elle-même : "Vois l'arc-en-ciel, et bénis Celui qui l'a fait ; il est très-beau dans son éclat. Il a fait le tour du ciel dans le cercle de sa gloire ; les mains du Très-Haut l'ont étendu" (Eccl XLIII, 12-13). La beauté et la gloire de Dieu se manifestent par l'arc-en-ciel, c'est du moins ce que voit Ezéchiel dans son descriptif mystérieux du Trône de Dieu, au ch. premier de ses prophéties scripturaires ("Comme l'arc qui paraît dans une nuée en un jour de pluie : tel était l'aspect de la lumière qui brillait tout autour" ― Ez I, 28), description d'ailleurs reprise par saint Jean dans son Apocalypse ("Et Celui qui était assis [sur le trône] avait l'aspect d'une pierre de jaspe et de sardoine ; et un arc-en-ciel était autour du trône, d'un aspect semblable à une émeraude" ― Apoc IV, 3). Manifestement, Dieu se sert de l'arc-en-ciel pour Lui-même comme d'un apparat de beauté...
           
        Si nous ne devions pas revoir un jour une terre renouvelée dans la beauté du Créateur, comme dans l'Éden, Yahweh, après le Déluge de Noé qui vit la destruction de l'arc-en-ciel universel, ne nous aurait jamais donné un vestige de cet arc-en-ciel, ce signe de "l'alliance éternelle", pour nous accompagner tout au long de l'histoire de l'humanité, car nous n'en aurions plus eu besoin. S'Il l'a donné, c'est parce qu'Il veut prophétiser en acte l'avènement d'un temps futur où la terre sera remise dans sa condition édénique originelle... avec l'arc-en-ciel universel. Car tel est le Plan de Dieu.
           
        ... En conclusions sur ce point, je descends dans les bas-fonds actuels. Est-il besoin de rappeler que le symbole de l'arc-en-ciel est pris comme gonfanon de combat par toute la chienlit pseudo-millénariste du New-Âge et des LGBT+, qui s'imaginent trouver dans leurs mœurs les plus déchues et/ou contre-nature une soi-disant liberté absolue et un paradis terrestre ignoble ?
 
 
ViergeAuDeuxGlobes
           
        Mais c'est avec la Vierge de la rue du Bac que je veux mettre le point final à mon article, dont toute l'ambition est de remettre énergiquement et avec une ardeur... Boanergès, le Millenium sur le chandelier de l'Église, parce que c'est l'antidote surnaturel radical et parfait contre les pires et plus graves déviances de notre monde moderne actuel, auxquelles l'Église s'est hélas acoquinée damnablement depuis le fatidique concordat de Pie VII avec Napoléon. On aura bien remarqué que j'ai mis la Vierge au globe d'or de la rue du Bac comme vignette inter-paragraphes de mon article. Pourquoi je l'ai fait ? La réponse est simple.
           
        En 1830, la très-sainte Vierge Marie apparaît, comme tout le monde le sait, à Sœur Catherine Labouré. Mais les moines de Clairval font très-bien de préciser ceci : "Selon la vision décrite par sainte Catherine Labouré, la Vierge de la Médaille Miraculeuse n'avait pas les mains ouvertes tendues vers le bas, mais les mains à la hauteur de l'estomac tenant un globe [d'or] surmonté d'une croix, la Vierge au globe. (...) Sous ses pieds se trouvait un autre globe tel qu'il est représenté sur la Médaille Miraculeuse" (https://www.traditions-monastiques.com/fr/blog/statue-vierge-miraculeuse-globe-rue-bac-medaille-n145).
           
        Or, pour des raisons toutes plus mauvaises voire stupides les unes que les autres, les supérieurs ecclésiastiques de Sœur Catherine ne tinrent pas compte du globe d'or et le supprimèrent carrément (... comme s'ils savaient mieux que la Vierge comment elle devait apparaître !!!). Ils firent frapper la célèbre médaille miraculeuse en faisant graver une Vierge immaculée les bras ouverts, dont les mains répandaient des rayons. Le même raisonnement fut tenu pour la statue qui devait représenter l'Apparition dans la chapelle où elle avait eu lieu, rue du Bac... au grand désappointement de Sœur Catherine qui ne put pas faire exécuter une statue selon la vision exacte qu'elle avait eue, c'est-à-dire avec les deux boules représentant la terre, l'une, en or, dans les mains de la Vierge, l'autre, grise et terreuse, sous ses pieds et enlacée par le serpent. Ce mauvais statu quo dura... plus de quarante ans. Sœur Catherine confia à sa supérieure, Sœur Dufès, quelques mois avant sa mort, en 1876, que toutes les demandes de la Vierge avaient été accomplies, sauf l'érection sur les lieux de l'Apparition d'une statue la représentant avec la boule d'or dans ses mains, et c'était... "le martyre de sa vie" (Les apparitions de la Vierge, Omer Englebert, p. 16). Curieusement, alors que la médaille miraculeuse connut une publicité foudroyante et instantanée (... heureusement, le Ciel ne tint pas compte de la non-conformité de la gravure de la médaille avec l'Apparition, la médaille produisit immédiatement d'innombrables et très-grands miracles...), la Sœur Dufès mit vingt longues années supplémentaires à vaincre les réticences cléricales pour faire aboutir le projet d'érection d'une statue de la Vierge selon la vision authentique de l'Apparition, et la Vierge au globe d'or attendit 1896 et l'approbation du pape Léon XIII pour être installée dans la chapelle de la rue du Bac, soit soixante ans après l'Apparition !!
           
        ... On n'en sera pas surpris quand l'on comprendra que le globe d'or dans les mains de la Vierge représente LA TERRE DANS L'ÉTAT FUTUR DU MILLENIUM. L'or, en effet, est symbole de la Divinité, et une boule terrestre toute en or signifie à l'évidence que la terre, débarrassée des effets du péché originel, est devenue toute entière inhabitée de la Gloire divine, comme dans le Millenium. Il ne faut donc pas s'étonner, puisque la Vierge au globe d'or a une signification millénariste évidente et certaine, que ce seul aspect de l'Apparition ait été cléricalement si combattu et si longtemps, par des prêtres sans doute complètement inconscients d'œuvrer à mal dans le sens anti-millénariste : rien, en effet, n'est plus dur à faire passer dans le monde chrétien, et plus encore dans celui clérical, que la révélation millénariste !!!
           
        C'est en effet la grille de lecture apocalyptique qui donne la signification profonde de la vision exacte de l'Apparition mariale de la rue du Bac. Dans cette vision, il y a deux globes terrestres, l'un, dans une posture humiliée, sous les pieds de la Vierge, gris, terreux, enlacé par le serpent de la Genèse, non-illuminé, et celui-là représente la terre dans son économie de salut actuelle, toute soumise au péché originel et au prince de ce monde ; l'autre, élevé dans les mains immaculées de la Vierge, comme un trésor précieux et de grand prix contemplé par la Reine des Prophètes, représente, tout en or, la terre illuminée de Divinité, comme elle le sera dans le Millenium, lorsque la toute-Puissance divine instaurera après la Parousie une nouvelle économie de salut pour la terre entière, libérée des effets du péché originel. C'est pourquoi il y a dans la vision authentique très-prophétique de la rue du Bac, deux globes, l'un pour le présent, l'autre pour le futur...
           
        Il n'y a pas que l'Apparition mariale de Fatima à dire le Millenium, à le crier même avec une telle force que les hommes ne l'entendent pas, à la rue du Bac, le Ciel le crie aussi, et là encore, c'est toujours pour des sourds (on pourrait aussi évoquer, avec le même sens prophétique millénariste, le cœur tout en or de la Vierge de Beauraing ; et aussi, le gros point d'or final qui termine le message de Pontmain... comme pour montrer ce que deviendra la terre à la fin de l'humanité).
           
ViergeAuDeuxGlobes
 
        Ce que je souhaite beaucoup à Mgr Arthur Roche, actuel préfet de la Congrégation pour le culte divin, c'est de comprendre ce que la Vierge a dit à la Rue du Bac : nous sommes encore présentement avec le globe terrestre enlacé par le serpent, nous ne sommes pas du tout avec le globe d'or tout inhabité et illuminé de la Gloire divine. Il y a donc anticipation luciférienne à vouloir vivre liturgiquement une économie de salut qui corresponde au globe d'or alors que nous sommes toujours dans le globe enlacé par le serpent... et Dieu sait assez si nous y sommes bougrement enlacés, dans nos temps actuels.
           
        Cette méditation serait sûrement très-utile à faire par ce prélat au tempérament passionnel, visiblement très-amoureux du pouvoir ecclésiastique et engagé à fond du donf dans de mauvaises rails. Parce qu'il va être créé cardinal par le pape François dans la fournée du mois d'août prochaincertainement en récompense de ses excellentissimes et très-loyaux services pour la cause liturgique moderne pseudo-millénariste, et certainement aussi pour lui donner encore plus de pouvoir pour... mal faire.
           
        François l'a même mis le tout premier sur sa liste officielle, cf. https://www.vatican.va/content/francesco/fr/angelus/2022/documents/20220529-regina-caeli.html !!, est-ce que ce ne serait pas, par hasard, parce que le pape, âgé et malade, va faire ce qui sera probablement son dernier consistoire de création de cardinaux POUR créer cardinal Mgr Roche ??! Le pape Jean XXIII, rappelons-nous, avait fait de même quelque temps avant de mourir, faisant ce qui fut l'unique consistoire de création de cardinaux de son court pontificat (1958-1963) POUR créer cardinal Mgr Jean-Baptiste Montini futur Paul VI, afin qu'il puisse devenir pape à sa mort... ce qui arriva.
           
        ... Et si celui qui deviendra donc dans deux mois le cardinal Arthur Roche, 71 ans, était élu pape, à la mort de François...???
           
        Alors, nous n'aurions pas encore l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, mais nous y serions AU PLUS PRÈS.
           
        Je dédis cet article au Sacré-Cœur de Jésus qui nous sauve par Amour.
 
En la fête du Sacré-Cœur de Jésus,
ce 24 juin 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
         PS, ce 1er septembre 2022 : Je me rends compte, surpris de mon oubli, que j'ai omis de préciser que le 27 juin 2022, quelques jours après avoir rédigé mon article, je l'ai adressé sur papier à Mgr Arthur Roche, Dicastero per il Culto Divino e la Disciplina dei Sacramenti ― 00120 Città del Vaticano, avec la petite lettre d'accompagnement suivante :
 
Argentré-du-Plessis,                                                                      Ce 27 juin 2022.
(Petite-Bretagne ― France)
 
        Révérendissime Mgr Arthur Roche,
 
        C'est en tant que tout petit prophète laïc du Seigneur que je vous envoie cet article que je viens d'écrire, et qui vous concerne au premier chef.
        Cependant, si je suis tout petit, et même parfaitement inexistant aux yeux du monde et de l'Église, ce que je dis est très-grand (car cela ne vient pas de moi).
        Et c'est pour vous, Mgr Roche. Per charitas, croyez-le bien.
        Chacun a son chemin de conversion. Vous trouverez le vôtre dans mon article.
        Je vous prie, Monseigneur, d'avoir la très-grande bonté d'excuser la langue française employée dans cet article et dans cette lettre, je ne connais ni l'anglais ni l'italien.  
        Avec tout le respect et la prière d'un tout petit prophète du Seigneur, Révérendissime Mgr Arthur Roche.           
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
http://www.eglise-la-crise.fr/
 
 
 
24-06-2022 20:11:00
 

La conception liturgique pseudo-millénariste de Mgr Arthur Roche, préfet de la Congrégation pour le culte divin, anticipation vaticandeuse luciférienne d'une nouvelle économie de salut (1)

 

La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie : une demande désormais obsolète, dépassée ? À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire, papes modernes y compris ? (2)

 
 
 
 
 
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(2)
 
       
           
        [Mais, après une percée jusqu'en 1952, reprenons à présent le fil chronologique de l'Histoire, et profitons-en pour faire le point. La première période de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie demandée par Notre-Dame de Fatima, qui se déroule de 1917 jusqu'en 1945, fin de la deuxième guerre mondiale, est maintenant définitivement close. Elle se subdivise en trois parties, 1917-1929, 1929-1939, 1939-1945, et toutes les trois ont pour cadre la deuxième guerre mondiale comme seul objet formel de la Consécration : de 1917 jusqu'à 1939, c'est pour l'"empêcher", puis, une fois déclenchée en 1939, c'est, jusqu'en 1945, pour la raccourcir.
           
        [Nous allons maintenant rentrer dans la période suivante, étudier ensemble une toute autre période où la Consécration demandée n'a plus du tout pour objet d'empêcher ou de raccourcir la deuxième guerre mondiale, puisqu'aussi bien elle est désormais passée et trépassée, mais de sauver la Russie et, subséquemment, le monde entier derrière elle. C'est la période qui s'étale de 1945 jusqu'en 1989, c'est-à-dire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin qui voit l'effondrement de l'URSS soviétique, viscéralement marxiste-léniniste, période dite de la guerre froide].
           
 
        Pendant cette période 1945-1989, et seulement pendant cette période, se vérifient les avertissements de Notre-Dame de Fatima, concernant les erreurs non plus nazies cette fois-ci, mais communistes, "répandues à travers le monde". La Russie, ou plutôt l'URSS, est certes bien, durant cette période 1945-1989, le péril immédiat et dangereux pour le salut des âmes et la paix du monde. Il s'agit donc de la convertir.
           
        ... Mais cette conversion voulue par Notre-Dame de Fatima et par le Ciel n'est pas du tout ce que les petit-bourgeois occidentaux qui s'entretiennent et se conjouissent entre eux dans la Foi domestique se sont imaginés, et que trop de feuilles chroniqueuses populacières, de méprisables feuilles de choux bondieusardes et hélas souvent cléricales, ont trop relayé pendant des décennies et des décennies de tromperie des âmes occidentales, depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à nos jours, à savoir : il y a les bons d'un côté, qui, eux, n'ont pas besoin de conversion étant des justes devant le Seigneur, et c'est nous bien sûr, vive nous !, tous les peuples démocrates de l'Ouest, USA comprise, les fameux "Alliés", ... nous on est les jam bons, pardon, les gens bons !, et puis, de l'autre côté, il y a le méchant à convertir, en fait le seul et unique méchant de toute la planète, qui est la Russie devenue URSS...
           
        Or, la vérité spirituelle vraie de la situation est complètement aux antipodes, à l'opposé : l'URSS en effet, n'est jamais rien d'autre que l'extériorisation du péché collectif post-révolutionnaire mondial de TOUTES les nations occidentales, vivant désormais, comme je viens de l'expliquer plus haut, dans des sociétés de l'homme excluant Dieu comme Principe, à la fois fondateur et quotidiennement vivifiant des sociétés. Après la Révolution, TOUT LE MONDE, POLITIQUEMENT, EST À CONVERTIR. ET, AVANT, BIEN AVANT LA RUSSIE DEVENUE URSS, CELA COMMENCE PAR LA CONVERSION DES NATIONS OCCIDENTALES, ET CELA SE CONTINUE PAR LA CONVERSION DE LA ROME DES PAPES MODERNES, qui, au lieu d'être encore et toujours la locomotive surnaturelle du monde tirant tous les wagons-nations, s'est transformée depuis la Révolution en dernier wagon humaniste tamponne-cul, derrière toutes les démocraties du monde qui, ensemble, quant à elles, sont devenues une locomotive luciférienne complètement folle filant à toute vapeur vers l'enfer éternel, comme dans la vision de Franz Jägerstätter ! Qu'est-ce que l'URSS en effet ? Les politologues définissent sa constitution politique comme "un capitalisme d'État", fonctionnant donc en opposition radicale et au rebours complet du capitalisme individuel qui meut, peu ou prou, toutes les sociétés démocrates de l'homme occidentales. Et si l'on regarde comment elle fut fondée en 1917, il est bien connu que ce sont les banques anglo-saxonnes et judéo-maçonnes occidentales qui ont financé la révolution russe de 1917, ayant ainsi permis l'érection politique de l'URSS qui, sans ce financement, n'aurait jamais pu avoir lieu. Ainsi donc, il n'est que trop vrai de dire que l'URSS est le produit national fabriqué par le péché politique collectif post-révolutionnaire de TOUTES les nations de l'Occident. L'URSS, c'est NOTRE péché à tous, nous les Occidentaux post-révolutionnaires. On ne saurait donc parler de la conversion de la Russie-URSS sans parler de notre propre conversion, nous les occidentaux.
           
        On pourra se demander ici pourquoi les sociétés politiques occidentales post-révolutionnaires basées sur les "droits de l'homme" athées antichrists, ont éprouvé le besoin de se créer un contre-pouvoir au niveau d'une nation, qui, donc, fut la Russie ? La réponse est d'ordre eschatologique, je l'ai déjà exprimée en finale de mon dernier article, dans son Addenda que je recopie ici : "Lorsqu'un Grand-Oeuvre est dans la main de Satan et de ses séides déchus comme lui, il se construit toujours par le moyen d'un jeu dialectique, avec deux forces qui vont dans la même direction mais en double-inversé, s'entendant au for interne mais s'opposant au for externe, Gog et Magog" (cf. http://eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/reflexions-sur-le-nazisme-universel-contemporain-encore-dit-democratie-universelle?Itemid=577). Magog a besoin de Gog pour exister (et vice-versa) : le capitalisme apatride, judéo-maçon autant qu'anglo-saxon, a besoin d'un "capitalisme d'État" comme le sera l'URSS, pour exister, ou, plus exactement dit, pour continuer d'exister.
           
        Les nations occidentales apostates et la Russie soviétique, c'est le mystère de Gog et Magog. Approfondissons un peu cela. "GOG. ― Le nom de Gog est surtout fameux par les écrits apocalyptiques, admis ou non au Canon. Ezéchiel le donne au chef des puissances mauvaises engagées dans un ultime combat contre Dieu et son peuple. Ce Gog est dit «du pays de Magog», «souverain de Mèchek et de Toubal» [on trouve ces deux noms légèrement transformés, soit dit en passant, dans les appellations de certaines régions de la Russie actuelle]. Après avoir semé la terreur et les pires désordres, il sera vaincu et éliminé avec tous ceux qui l'auront rallié ; alors s'établira le Règne définitif de Yahvé. Évoquant le même thème, l'Apocalypse de saint Jean fait de Gog et de Magog deux personnages symétriques, représentant les «nations» perverties par Satan, et par lui conduites aux derniers jours, contre «le camp des saints et la Ville bien-aimée», c'est-à-dire «le camp» des chrétiens et la Jérusalem nouvelle qu'est déjà l'Église ; pour le prophète de Nouveau-Testament comme pour celui de l'Ancien, la défaite des ennemis du peuple de Dieu est assurée". (...) "MAGOG. ― Ce nom apparaît d'abord dans la Table des peuples de la Genèse, parmi ceux des «fils de Japhet», représentant des ethnies non-sémitiques. (...) Enfin, comme de nombreux écrits rabbiniques, l'Apocalypse fait de Magog un personnage symbolique, symétrique de Gog : avec celui-ci, il figure les nations païennes «des quatre coins de la terre», mobilisées autour de Satan pour l'ultime combat contre la nouvelle Cité de Dieu. Gog et Magog seront alors «dévorés par le feu du ciel» tandis que le diable, leur séducteur, sera précipité avec tous les mauvais dans l'éternel «étang de feu et de soufre»" ((Dictionnaire de la Bible, André-Marie Gérard, respectivement, p. 446, col. 1, art. Gog & p. 838, col. 2, art. Magog).
           
        Si l'Ancien-Testament ne révèle pas le dédoublement de Gog et Magog en deux entités de même nature, la révélation en est par contre bien faite dans l'Apocalypse, qui les décrit comme "deux personnages symétriques, représentant les «nations» perverties par Satan". Par ailleurs, il nous est révélé que Magog est fils de Japhet, non-sémitique, ce qui cible en plein les peuples occidentaux, Magog étant "un personnage symbolique, symétrique de Gog". Tout cela est très-clair, nous sommes bel et bien en présence de Gog et Magog, depuis l'apostasie collective des nations occidentales autrefois chrétiennes lors de la Révolution, et l'érection subséquente dans le monde politique de l'URSS quelqu'un siècle et demi plus tard.
           
        Il semble, cependant, que les nations occidentales apostates actuelles et la Russie soviétique soient seulement figures de Gog et Magog. Car sinon, Notre-Dame de Fatima n'aurait pas demandé la Consécration de la Russie, qui figure Gog, par laquelle elle doit lui donner la grâce de la conversion, et pas plus n'aurait-elle demandé la conversion-réparation des nations occidentales, qui figurent Magog, par la dévotion des cinq premiers samedis du mois, car en tant que Reine des prophètes, elle sait fort bien ce que vient de nous rappeler André-Marie Gérard, à savoir que Gog et Magog sont prédestinés à ne pas se convertir et à finir dans l'enfer éternel.
           
        Les nations occidentales apostates et la Russie soviétique en sont néanmoins une figure des plus représentatives, étant bel et bien constitutionnellement impies et dialectiquement opposés au for externe entre elles, comme deux "personnages symétriques" évoluant ensemble dans le mysterium iniquitatis.
           
        Puisque donc Notre-Dame de Fatima voit possible la conversion de la figure de Gog qu'est la Russie soviétisée, c'est que donc la conversion de la figure de Magog, ces fils de Japhet que sont tous les peuples occidentaux apostats depuis la Révolution, est elle aussi possible, et c'est bien pourquoi elle confectionne pour eux la dévotion des cinq premiers samedis du mois pour opérer leur conversion.
           
        Comme la Russie soviétisée n'est que l'effet second du péché collectif des sociétés de l'homme occidentales (métapolitiquement, ce n'est pas la Russie en effet qui se diabolise elle-même, ce sont les nations occidentales qui la diabolisent), la première conversion à opérer n'est donc pas celle de la Russie, mais bel et bien celle de toutes les sociétés occidentales, de Rome et des anglo-saxons, en ce compris ceux US outre-Atlantique. C'est D'ABORD eux qui doivent se convertir, pour que la grâce de la conversion de la Russie puisse lui être donnée au moyen de la Consécration. Ce point est capital à bien saisir dans l'économie du Plan de salut révélé par Notre-Dame de Fatima.
           
        Cet aspect de la question est fort bien révélé dans le message de Fatima qui, ...  enfin !, satisfait à la bonne logique qui réjouit l'esprit. Quand bien même en effet, dans la proto-prophétie du 13 juillet 1917 qui fonde toute cette économie, la Consécration de la Russie est demandée avant la dévotion réparatrice (= "Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois"), dans les faits concrets, le Ciel va chronologiquement demander à Sœur Lucie de révéler au monde la dévotion réparatrice en 1925-26, quasi quatre ans AVANT de demander en 1929 au pape qu'il fasse la Consécration de la Russie. C'était on ne peut mieux bien indiquer que la conversion des nations occidentales, opérée par cette dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, devait avoir lieu avant celle de la Russie, laquelle ne pourrait avoir lieu, quant à elle, que si la conversion des nations occidentales était opérée. En fait, le moteur spirituel de la conversion générale du monde est tout entier dans la main des nations occidentales, ce sont elles qui ont la main de décision devant le Ciel : si elles décident de se convertir, alors la conversion de la Russie pourra être opérée et suivra ; mais si elles rejettent leur propre conversion, alors la conversion de la Russie ne pourra être opérée...
  
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        J'ai été obligé de critiquer Sœur Lucie plus haut, je suis bien aise ici de pouvoir dire que la révélation qu'elle a en 1925 quant à la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois à Pontevedra, elle n'a alors que dix-huit ans, est de toute beauté mystique. La voici, texto (elle se met à la troisième personne, par humilité) :
           
        "Le 10 décembre 1925, la Très-Sainte Vierge lui apparut, et, à côté d'elle, porté par une nuée lumineuse, l'Enfant-Jésus. La Très-Sainte Vierge mit la main sur son épaule et lui montra, en même temps, un Cœur entouré d'épines qu'elle tenait dans l'autre main. Au même moment, l'Enfant lui dit : «Aie compassion du Cœur de ta très Sainte Mère, entouré des épines que les hommes ingrats lui enfoncent à tout moment, sans qu'il y ait personne pour faire acte de réparation afin de les en retirer». Ensuite, la Très-Sainte Vierge lui dit : «Vois, ma fille, mon Cœur entouré d'épines que les hommes ingrats m'enfoncent à chaque instant par leurs blasphèmes et leurs ingratitudes. Toi, du moins, tâche de me consoler, et dit que tous ceux qui, pendant cinq mois, le premier samedi, se confesseront, recevront la sainte Communion, réciteront un chapelet, et me tiendront compagnie pendant quinze minutes en méditant sur les quinze mystères du Rosaire, en esprit de réparation, je promets de les assister à l'heure de la mort avec toutes les grâces nécessaires pour le salut de leur âme»" (Toute la vérité sur Fatima, t. II, pp. 154-155).
           
        Le fr. Michel, commentant cette révélation, est tout-à-fait fondé à écrire : "Il y a beaucoup plus encore dans cette promesse [que le seul salut individuel de l'âme qui satisfait à la dévotion des cinq premiers samedis du mois], car la pensée missionnaire est partout présente dans la spiritualité de Fatima. La dévotion réparatrice nous est proposée aussi comme un moyen de convertir les pécheurs qui sont en plus grand danger de se perdre et comme une intercession très-efficace pour obtenir du Cœur Immaculé de Marie la paix du monde" (ibid., p. 160). Il y a tellement plus, en effet, qu'en fait cette dévotion est présentée par Notre-Dame de Fatima POUR OBTENIR LA CONVERSION DES ÂMES DES NATIONS OCCIDENTALES, AUX FINS, PAR-LÀ, DE POUVOIR OBTENIR LA CONVERSION DE LA RUSSIE ET DONC CELLE DU MONDE ENTIER.
           
        Cette dévotion est de plus la fleur et le fruit issus d'une longue tradition pieuse dans l'Église. Le fr. Michel fait bien de rappeler l'antique et immémoriale dévotion des quinze samedis pratiquée par les membres des confréries du très-saint Rosaire, que Léon XIII indulgencia en 1889. Plus loin dans le temps, une autre dévotion mariale similaire, celle des douze premiers samedis du mois fut également indulgenciée par Pie X, en 1905 ; "le 13 juin 1912, enfin, saint Pie X concédait de nouvelles indulgences à des pratiques qui annoncent presque exactement les demandes de Pontevedra. (...) Et le 13 novembre 1920, le pape Benoît XV accordait de nouvelles indulgences à cette même pratique accomplie le premier samedi de huit mois consécutifs" (ibid., p. 161).
           
        L'abbé Pivert, dans son commentaire indigné de la récente Consécration insuffisante de la Russie par le pape François (... pas plus insuffisante, cependant, que celle de Pie XII en 1952, s'il lit ces lignes, j'invite l'abbé Pivert à bien vouloir relire, crayon à la main, Sacro vergente anno, il y verra exactement les mêmes manques graves et "sacrilèges" que ceux qu'ils fustigent d'importance, certes à fort juste titre, dans la Consécration de François...), a très-bien discerné et compris cette ordonnance de la conversion, d'abord, des nations occidentales apostates, puis ensuite, une fois celle-ci opérée rendant possible la conversion de la Russie, celle de la nation russe. Il note fort bien, par exemple que "Il n’y a aucune réparation [dans le texte de la Consécration de François]. La situation actuelle est pourtant bien le résultat de révoltes de plus en plus ouvertes contre Dieu. Si le pape veut se consacrer, qu’il se convertisse ! Aucune promesse d’encourager la communion réparatrice des premiers samedis du mois. La consécration apparaît au contraire comme une bénédiction des armes du «bien» occidentales contre les armes du «mal» russes [Rien de plus vrai : on est là dans l'optique petit-bourgeois occidental qui voit la paille dans l'œil russe mais qui refuse de voir la poutre dans son œil occidental à lui... et qui refuse plus encore de voir carrément toute une toiture de charpente dans l'œil du Siège de Pierre !].
           
        "Par la suite, notamment après les huit actes faits par les papes Pie XII, Paul VI et Jean-Paul II, Sœur Lucie a de nombreuses fois répété ces demandes de Notre-Seigneur et Notre-Dame. En conséquence l’acte demandé au pape est : 1/ une consécration ; 2/ de la Russie ; 3/ au Cœur Immaculé de Marie ; 4/ en union avec tous les évêques du monde ; 5/ avec un acte de réparation ; 6/ et la promesse d’approuver et de recommander la communion réparatrice des premiers samedis du mois.           
           
        "Premiers samedis du mois. ― Il n’est jamais fait mention de la communion réparatrice des premiers samedis du mois [dans toutes les Consécrations de la Russie des papes modernes, veut sans doute dire l'abbé Pivert]. Or cette demande est particulièrement importante et ne peut être omise pour les raisons suivantes : 1re raison ― Le but principal des apparitions de Fatima est le salut des pécheurs par l’établissement dans le monde de la dévotion au Cœur Immaculé de Marie. C’est une volonté de Dieu Lui-même que Notre-Dame a confié aux petits voyants. Le 13 juin 1917, elle leur a dit : «Jésus veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. À qui embrassera cette dévotion, je promets le salut. Ces âmes seront chéries de Dieu comme des fleurs placées par Moi pour orner son trône». La demande fut répétée presque mot pour mot le 13 juillet 1917 : «Pour sauver les âmes, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix». 2e raison ― La Sainte Vierge a dit le 13 juillet 1917 : «Je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé ET la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l’on écoute MES demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix» et non pas «MA demande». Cela signifie que si toutes ses demandes ne sont pas respectées, la Russie ne se convertira pas et l’on n’aura pas la paix. 3e raison ― Sur les deux demandes énoncées le 13 juillet, la Sainte Vierge est venue demander d’abord la communion réparatrice des premiers samedis du mois. En effet, elle l’a demandé le 10 décembre 1925 à Pontevedra, demande répétée le 15 février 1926, soit trois ans avant de demander la consécration de la Russie. La première demande est nécessairement plus importante que la seconde" (La consécration d'hier : un odieux sacrilège, 26 mars 2022, abbé François Pivert).
           
        L'abbé Pivert a tout-à-fait raison dans son édifiant exposé (contrairement à Jeanne Smits qui, sur son blog, ose faire des raisonnements honteusement superficiels, mondains et petit-bourgeois, comme quoi les graves omissions de François dans sa Consécration du 25 mars dernier, quant à la dévotion réparatrice qu'il ne mentionne pas, quant à l'absence de l'union formelle des évêques du monde entier avec lui, etc., ne seraient que des... "questions bien secondaires" !! ; à sa place, j'essayerai de casser ma plume, avant d'écrire de pareilles énormités scandaleuses, qui montrent une inintelligence complète du mystère salvateur de Fatima et un grave lâchage de la vraie Foi).
           
        Conclusion. Sœur Lucie a fort bien précisé que non seulement la Consécration de la Russie devait faire l'objet d'un acte solennel de la part du pape, mais également que la dévotion réparatrice au Cœur Immaculé de Marie devait être approuvée et propagée par lui, pape, dans tout le monde catholique occidental. Relisons sa lettre au P. Gonçalves : "Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie [au Cœur Immaculé de Marie ; et non pas aux saints Cœurs de Jésus et Marie, comme l'écrit Sœur Lucie dans un pénible lapsus calami...], et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus [les cinq premiers samedis du mois]". Les deux devaient en effet faire l'objet d'une proclamation pontificale universelle près le peuple chrétien, l'une devant opérer la conversion des occidentaux, l'autre celle de la Russie, la première devant précéder la seconde, dans l'ordre de la conversion générale du monde...
           
        On peut dire que les papes ont à peu près pris conscience d'avoir à faire la Consécration de la Russie pour obtenir sa conversion, dans cette seconde période 1945-1989 qui nous occupe dans ce chapitre, mais pas du tout d'avoir à propager la dévotion réparatrice auprès des peuples occidentaux pour obtenir leur conversion. Or, puisque c'était la conversion des occidentaux qui devait précéder et actionner celle de la Russie, sinon rien, cela rendait impossible, par le fait même, la conversion de la Russie.
           
        Ne faisant pas un historique suivi sur Fatima dans mon présent article, déjà long, je n'en dirai pas plus sur cette longue période qui s'étend de la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'en 1989.
  
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        Je passe maintenant à la période suivante, celle qui nous concerne tous bougrement, qui court de 1989 jusqu'à nos sinistres jours de 2022...
           
        Après 1989 et l'écroulement de la Russie soviétique, la prophétie de la Consécration de la Russie n'a plus cours, elle devient obsolète, périmée, dépassée. Après 1989 en effet, la Russie, comme, avant elle, l'Allemagne après 1945, n'est plus possédée par un démon, ni l'une ni l'autre nation ne sont plus ni soviétisée ni nazifiée. La Consécration de la Russie devient donc sans objet. Remettons-nous bien devant les yeux en effet, que si la très-sainte Vierge demande dans la proto-prophétie du 13 juillet 1917 la Consécration de la Russie, c'est uniquement parce que si on ne la fait pas, alors, elle va répandre ses erreurs à travers le monde. Ce qui présuppose donc qu'elle est mauvaise. Et c'est parce qu'elle est mauvaise, possédée par le démon communiste, que la Reine des prophètes veut qu'elle soit consacrée à son Cœur Immaculé. Mais si le démon communiste la quitte, elle n'est plus mauvaise, ou du moins pas plus que toutes les autres nations du monde dont les constitutions politiques sont post-révolutionnaires et basées sur "les droits de l'homme", elle n'a subséquemment plus d'erreurs à répandre à travers le monde, et donc elle n'a pas plus besoin d'être le sujet d'une Consécration au Cœur Immaculé de Marie, spéciale et particulière, qu'une autre nation. Ce qui signifie qu'à partir de 1989, chute du mur de Berlin et de l'écroulement sur pied de l'empire soviétique, et, petit à petit, de l'évanouissement de la constitution politique communiste de l'URSS, la Consécration de la Russie devient donc caduque, sans objet.
           
        Un fait d'Histoire confirme étonnamment, assez extraordinairement (au point que certains veulent y voir carrément le triomphe du Cœur Immaculée de Marie, à la fin, c'est-à-dire, quant à la Russie, en 1989-1991, période qui voit la fin du communisme soviétique), cet évanouissement complet et définitif du démon communiste en Russie. Mais je laisse le chroniqueur d'Eecho, de qui je tire le fait, le dire : "Il faut revenir en 1991, à la tentative de putsch contre le président de l’URSS Gorbatchev et indirectement aussi contre celui de la Fédération de Russie, Boris Eltsine. Privé de toute radio ou télévision vu que Ostankino [Tour-antenne sise à Moscou où étaient centralisés tous les médias radio-télévisés de l’URSS] était occupé par les putschistes, Eltsine eut recours à l’émetteur radio pirate FM qu’un russe orthodoxe de Moscou venait de lancer (sans permission, comme on l’a fait en France fin des années 70) ; il se rendit chez lui et appela les Moscovites à venir le soutenir au Parlement. Il retourna ainsi la situation. C'était le 21 août 1991. Plus tard, Eltsine revit ce jeune russe orthodoxe, qui lui expliqua que tout avait été annoncé par la Vierge Marie avant la révolution bolchevique (laquelle eut lieu en novembre 1917 de notre calendrier). C’est alors que le Président de la Russie décida une grande émission radio-télévisée pour le 13 octobre suivant, consacrée à Fatima. Ainsi, une journée radio et TV fut consacrée à la Vierge Marie de Fatima, en duplex entre Moscou (par la tour Ostankino) et la radio-télévision portugaise (bien entendu, personne n’en rendit compte sur les TV occidentales en dehors du Portugal). Les peuples soviétiques furent donc informés des événements de Fatima, l’émission atteignant les millions de personnes de l’empire soviétique qui existait encore sur papier (la tour Ostankino arrosait encore toutes les Républiques qui en étaient membres, ou l’avaient été). Deux mois plus tard, le jour de Noël 1991, Gorbatchev annonçait la fin officielle de l’URSS. «À la fin, mon Cœur immaculé triomphera»" (bulletin n° 95 d'avril 2022, d'Eecho ― https://www.eecho.fr/).
           
        De plus, il est extrêmement important de prendre conscience que, dans cette période nouvelle post-1989, les papes actuels sont de plus en plus inconvertissables. Ils ne sont pas plus convertissables que les anciens de la nation juive et les grands-prêtres dont Jésus, au temps qui précède immédiatement sa Passion, prédit qu'ils vont le mettre à mort ("Dès lors Jésus commença à montrer à Ses disciples qu'il fallait qu'Il allât à Jérusalem, qu'Il souffrît beaucoup de la part des anciens, et des scribes, et des princes des prêtres, et qu'Il fût mis à mort, et qu'Il ressuscitât le troisième jour" ― Matth XVI, 21). Jésus ne suppose pas un seul instant que les chefs spirituels de la nation juive puissent se convertir et abandonner leur mauvais projet de le tuer, non, Il prend acte que leur non-conversion est définitive, et l'évènement, est-il besoin de le préciser, Lui donna raison. Mais si les papes modernes actuels, à l'instar des grand-prêtres du temps de Jésus, ne peuvent plus se convertir de leur gnose chrétienne-laïque formellement opposée au moyen chrétien-sacral non seulement de la Consécration de la Russie mais encore de la Dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois censée convertir transcendentalement, par la grâce divine, les âmes individuelles, et d'abord celles occidentales, alors, puisqu'il n'y a plus de possibilité de conversion, cela veut dire qu'il ne peut plus y avoir ce que Notre-Dame de Fatima annonce devoir suivre la conversion générale, à savoir "un certain temps de paix" accordé au monde avant l'Antéchrist et son règne d'enfer, maintenant à nos portes, comme chacun sait, avec le great reset...
           
        ... Mais, mais, mais, que faites-vous donc de la proto-prophétie du 13 juillet 1917 faite par Notre-Dame de Fatima, Épouse parfaite du Saint-Esprit qui ne peut ni se tromper ni nous tromper, que vous avez rapportée avec soin en commençant votre article...?! En finale, ne prophétise-t-elle pas très-clairement que "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix" !?
           
        Mais, mais, mais, l'Épouse du Saint-Esprit qu'est Notre-Dame de Fatima ne peut pas parler contre le Saint-Esprit son Époux. Or, le Saint-Esprit parle le plus ordinairement et le plus simplement aux âmes, à toutes les âmes d'une génération humaine donnée, mêmes celles les moins favorisées des dons de l'intelligence, par les évènements du temps présent, par l'évidence des choses contemporaines. Ces évènements qui arrivent dans notre monde pour marquer chaque époque ne tardent pas à devenir eux-mêmes faits d'Histoire indéniables et très-sûrs pour montrer à toute l'humanité la Vérité et la Vie de Dieu, ou du moins par quelle Voie y accéder. Un exemple tout simple nous en est donné dans l'Évangile : Joseph et Marie habitaient Nazareth ; or le Messie devait naître à Bethléem selon le Plan divin ; impossible donc, humainement parlant, que Jésus naisse à Bethléem ; or, voilà-t-il pas que le recensement de l'empereur romain oblige Joseph à faire le déplacement à Bethléem ! Et c'est ainsi que l'évènement providentiel dans l'humanité, inspiré par le Saint-Esprit à l'empereur romain derrière les causes secondes, manifeste le Chemin de Dieu. Et c'est pourquoi j'ai rappelé plus haut que Melchior Canus, dominicain si éclairé dans la doctrine que les auteurs le rangent juste derrière saint Thomas d'Aquin, donnait la note d'un lieu théologique à l'Histoire, qui consigne tous les chemins montrés par Dieu dans l'humanité, pour accéder à la Vérité et à la Vie de Dieu.
           
        Or, que me montre le Saint-Esprit d'une manière si évidente de nos jours, que refuser cette évidence serait gravement pécher contre Lui (ce qui n'est pas très conseillé, pour parler par antiphrase, dans l'Évangile) ? Quels faits majeurs, qui ne tarderont pas à devenir Histoire, me montre-t-Il ? Le Saint-Esprit me montre que, en 1989, le péril du communisme marxiste-léniniste, soviétique, s'est écroulé sur pied, d'un seul coup d'un seul, aussi radicalement et définitivement que, plus tard, les tours du World Trade Center le feront, c'est-à-dire sans retour possible à l'état antécédent, sans qu'il n'en reste désormais plus rien dans le monde, que de la poudre. Il lui est arrivé ce que le Saint-Esprit prophétise qu'il arrivera à l'Antéchrist-personne : "J'ai vu l'impie grandement exalté, et élevé comme les cèdres du Liban. Et j'ai passé, et déjà il n'était plus ; et je l'ai cherché, mais on n'a pu trouver sa place" (Ps XXXVI, 35-36). Depuis 1989, le fameux péril communiste dont se sont gargarisés tous les petit-bourgeois de la Foi domestique occidentaux pendant des décennies et des décennies depuis la fin de la deuxième guerre mondiale, juste avant de prendre leur petit-déjeuner, s'empêchant par-là vicieusement, avec grande malice, de voir LEUR péché à eux, le péché démocrate chrétien-laïc barbotant joyeusement dans le péché capitaliste et les sociétés politiques excluant Dieu constitutionnellement, ce fameux péril communiste disais-je, N'EXISTE PLUS, "on ne peut plus trouver sa place". Oh, bien sûr !, il y a bien encore, ça et là sur la planète, quelques gouvernements attardés (mentaux) qui se nourrissent encore du vieux levain de la guerre froide, et notamment dans la Chine (mais d'une manière bien étrange, car le communisme chinois s'hybride de capitalisme d'une façon incompréhensible pour les esprit occidentaux), mais le péril pour les âmes, actuellement, ne se situe plus du tout dans le communisme étatique marxiste-léniniste tellement incarné dans l'URSS. C'est tout simplement une évidence du Saint-Esprit, contre laquelle, je le redis, il n'est pas vraiment conseillé de pécher dans l'Évangile.
           
        Le Saint-Esprit montre en effet que, après 1989, le péril est complètement ailleurs, et non seulement il s'est transformé du tout au tout mais il s'est prodigieusement aggravé, par châtiment divin de la non-conversion des peuples occidentaux, de Rome, et donc aussi de l'URSS, tous méprisant et ne tenant aucun compte du Plan de salut qui devait s'opérer durant cette période 1945-1989. Car, depuis 1989, les démocraties occidentales-Magog, ne trouvant plus l'URSS-Gog, c'est-à-dire ne trouvant plus à s'appuyer dialectiquement contre un ennemi symétrique contre qui lutter au for externe, se sont alors abominablement et orgueilleusement gonflées dans leur propre iniquité, elles ont de plus en plus grossi leur péché, pour aboutir à se transmuer affreusement en sociétés de plus en plus NAZIFIÉES. La crise covidienne de 2020, sq. a montré tout soudain et très-brutalement où on en était rendu de cette affreuse transmutation qui s'est opérée très-occultement et très-sournoisement depuis 1989, elle a montré à tous regards que les sociétés démocratiques de l'homme, qui n'ont jamais voulu se convertir, très-mal dirigées en cela par les papes modernes qui n'ont rien fait d'autre que de les caresser impurement dans leur péché (Pie XII est un modèle du genre...), SE SONT UNIVERSELLEMENT NAZIFIÉES, comme je l'ai expliqué dans mon dernier article Réflexions sur le nazisme universel contemporain, encore dit démocratie universelle. Comme une traînée de poudre depuis 1989, les "erreurs" du nazisme, et non pas celles du communisme, se sont répandues dans tous les gouvernements du monde entier, peu ou prou. Et c'est pourquoi nous arrivons à une sorte de 666 de moins en moins voilé, avec, entre autres, l'identité numérique et le pass vaccinal. Voilà désormais, depuis 1989, le vrai péril, les vraies erreurs, pour le salut des âmes, et elles sont nazies. Tout ce qui s'appelle démocratie est désormais, en 2022, devenu démonazie. Or, ce qu'il faut comprendre, c'est qu'une fois que le nazisme a conquis tous les gouvernements de la planète, ce qui est pratiquement notre cas, il n'y a plus de retour possible en arrière, tout est devenu totalitariste, il ne peut absolument plus y avoir "un certain temps de paix" ordonné à l'Ordre naturel et surnaturel, il ne peut plus y avoir que l'affreux épanouissement du nazisme universel enfantant son enfant de malédiction suprême, à savoir le règne de l'Antéchrist-personne, ce qu'annonce d'ailleurs très-clairement cette histoire de great reset, qui pend de plus en plus sur nos têtes comme épée de Damoclès par trop prête à tomber.
           
        Par ailleurs, une conversion de la Russie par la Consécration est devenue, depuis 1989, complètement hors-sujet, anachronique, sans fondement : puisque nous avons désormais affaire au démon nazi et non plus à celui communiste, une conversion de la Russie, ... qui n'est même plus communiste !, ne pourrait de toutes façons pas amener la conversion... des gouvernements nazis de la planète entière chapeautés par les instances mondialistes onusiennes et eurocratiques, qui sont devenus le seul vrai et grand péril pour tout le monde ! La conversion de la Russie, de ses erreurs communistes... qu'elle ne professe plus !, est donc devenue complètement obsolète, périmée, dépassée, comme je le disais dans le titre de mon présent article. Voir la Russie comme "le méchant", en 2022, est exactement le contraire de la vérité, Poutine dénonçant la dégénérescence morale des Occidentaux alliés aux USA, étant au contraire "le bon" dans la situation politique actuelle, le gouvernement poutinien ressemble en effet à celui hongrois de Viktor Orban, conservateur et proche du réel politique ; et, s'ils ne sont évidemment pas sans défaut, ces deux-là sont actuellement peut-être les gouvernements les plus proches de l'ordre naturel sur toute la planète ! Comme le disait avec un grand bon sens un internaute sur la toile : "Ce qui serait vraiment prophétique, actuellement, ce serait de consacrer les USA au Cœur Immaculé de Marie, pour les empêcher de répandre de par le monde leurs erreurs !" Des erreurs de mœurs abominables, notamment, que ne connaissent pas les peuples russes actuels, comme par exemple d'enseigner la théorie du gender dans les écoles primaires, permettre l'avortement des bébés venus presque à terme, etc. ...!
           
        Certes, je ne serais pas complet si je ne précisais pas que Poutine a, en arrière-plan, un projet bien réel de nouvel ordre mondial illibéral, en opposition à celui libéral des démocraties occidentales, mais qui oserai-dire sans rire que son ordre mondial eurasien est plus mauvais que celui des démocraties occidentales et des USA ? En fait, nous sommes actuellement en présence, comme je le disais déjà dans l'Addenda final de mon précédent article, de deux nouveaux ordres mondiaux différents et opposés, et c'est assez dire à quel point une conversion de la Russie par Consécration, une Russie qui n'est désormais, depuis 1989, pas plus diabolisée que toutes les autres nations du monde si pas moins, ne saurait amener "un certain temps de paix au monde".
           
        Donc, pour conclure, le Saint-Esprit montre à l'évidence, en 2022, que cette prophétie "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix", comme si le salut du monde ne dépendait que de la Russie, est absolument et complètement fausse, dans toutes ses parties, elle n'a plus aucun sens, ni queue ni tête, de nos jours, comme appartenant à une économie de salut et de châtiment périmée.
  
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        Ne me demandez surtout pas comment il se fait bien qu'elle puisse être une fausse prophétie, je vous répondrais que je n'en sais absolument et fichtrement RIEN (... sauf, toutefois, que Notre-Dame de Fatima ne peut absolument pas être en cause !), et que, à vrai dire, ce n'est pas mon problème. Sœur Lucie aurait-elle mal compris, aurait-elle affabulé, pour la finale de la proto-prophétie de 1917 ? Je vous répète que je n'en sais RIEN, et à la limite, ça ne m'intéresse pas d'en savoir quelque chose. Ce que je sais par contre très-bien et ce que je dois savoir par devoir de Foi, de par le Saint-Esprit qui me le dit et qui le dit à toute âme n'ayant pas abdiqué l'intelligence de la Foi, c'est que cette dite prophétie se révèle être, en 2022, absolument et complètement FAUSSE. Il ne peut strictement plus y avoir de conversion de la Russie qui amène de soi la paix au monde, attendu que la Russie est actuellement peut-être la nation la moins à devoir être convertie, par comparaison avec n'importe quelle autre nation du monde !! Cette proto-prophétie finale n'aurait pu avoir une réalisation que seulement dans la période 1945-1989, dite de la guerre froide, si, et seulement si, les peuples occidentaux et les papes modernes s'étaient convertis par la "petite" pratique de réparation des cinq premiers samedis du mois universellement répandue et pratiquée dans toutes les paroisses de l'univers occidental, dans une sainte émulation générale entre paroissiens, branchant ainsi toutes les âmes sur le chanel surnaturellement salvateur du Cœur Immaculé de Marie. Quel triomphe de conversion cela aurait été !! Les âmes occidentales auraient compris soudainement, de par la grâce toute-puissante du Cœur Immaculé de Marie, à quel point elles faisaient politiquement fausse route, par leur mœurs démocrates athées insanes, et elles auraient remis Dieu dans leur vie politique, comme cela s'est un peu passé dans le Portugal de Salazar des années 1940. Las ! Cette conversion des nations occidentales n'a pas eu lieu, on ne le sait que trop, et tout le monde à commencer par les papes modernes en est responsable, mais puisqu'elle n'a pas eu lieu, elle n'a pas pu obtenir subséquemment la conversion de la Russie avant 1989, date butoir à partir de laquelle une autre économie de salut, et aussi, hélas, une autre économie de châtiment, prend cours...
           
        Pour le châtiment du monde entier, le Saint-Esprit a changé ses Plans : Il a fait disparaître d'un seul coup d'un seul le péril communiste pour le remplacer par le péril nazi, et cette fois-ci, ce nouveau péril nazi n'est pas, comme dans la version 1.0, confiné dans une seule nation, à charge pour elle de conquérir toutes les autres nations du monde entier à "ses erreurs" (ce que le nazisme hitlérien 1.0 n'a pas réussi à faire), le péril nazi 2.0 actuel est né adulte, il est déjà UNIVERSEL, il n'a pas besoin de conquérir, il a déjà tout conquis, toutes les nations pécheresses sont à sa botte, Dieu lui a mis d'un seul coup la gouvernance mondiale clef en main, il n'a plus qu'à tourner la clef de contact dans le moteur, c'est-à-dire enfanter le règne de l'Antéchrist-personne. Après avoir méprisé tous les Plans divins de salut, notamment celui de Fatima centré sur le péril communiste, Dieu nous punit, nous sommes désormais devant un péril imminent infiniment plus grave, nous sommes à l'heure du châtiment suprême du règne de l'Antéchrist-personne, mérité par nos mépris incessants des Plans de salut du Ciel, depuis celui révélé à sainte Marguerite-Marie par le Sacré-Cœur de Jésus jusqu'à celui du Cœur Immaculé de Marie révélé à Fatima...
  
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        ... Mais alors, si la finale de la proto-prophétie "Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix" est fausse, cela ne voudrait-il pas dire que TOUT Fatima est faux...?!? À Dieu ne plaise !, certainement pas !! Et je n'écris pas cet article pour le faire croire, s'il est besoin de le dire !!! J'ai beaucoup de dévotion et d'amour pour Fatima, surtout pour son message spirituel principal qui consiste dans la dévotion au Cœur Immaculé de Marie, gage de conversion personnelle. La très-sainte Vierge Marie est en effet ce que saint Louis-Marie Grignon de Montfort appelait "notre nouveau paradis terrestre". C'est par elle, et singulièrement par son Cœur Immaculé, que l'on peut vivre en plénitude, chacun d'entre nous, ce que nous sommes nous-même vraiment, et dans une plénitude humaine aboutie et parfaite puisqu'exorcisée de tout mal et de tout péché, plénitude que nous ne saurions atteindre et nous donner à nous-même de par nos propres forces tarées du péché originel sans parler de ceux que nous rajoutons. Mais si nous vivons par le Cœur Immaculé de Marie, alors nous vivons notre être tel qu'il a été créé par Dieu de manière plénière et dans un épanouissement ontologique parfait, comme jamais nous n'aurions pu le vivre si nous avions voulu vivre cette plénitude par nos propres forces, en self-made man. On pourrait dire que la très-sainte Vierge Marie, et c'est ce qu'elle veut profondément nous enseigner à Fatima, est une sorte de Sainte-Humanité du Christ bis. En elle se récapitule toute humanité existante, passée, présente et future, la vôtre, la mienne, elle nous comprend mieux que nous-même nous nous comprenons, précisément parce qu'elle est immaculée, et que notre être ne se comprend bien que lorsque, lui aussi, est mis dans le mode immaculé. Et c'est pourquoi il est si important de vivre par le Cœur Immaculé de Marie, tout simplement pour vivre notre vie d'homme ou de femme en plénitude parfaite, et parfaitement épanouissante, selon le Plan de Dieu pour chacun.
           
        Quant à ma dévotion personnelle, je dirai que ce qui me convainc le plus que Fatima vient de Dieu, ce n'est pas le miracle du soleil et de l'arc-en-ciel, annonciateur non seulement de la prochaine Parousie en gloire du Christ mais encore du Millenium qui suivra la Parousie, miracle pourtant tout ce qu'il y a de plus extraordinaire et spectaculaire, non, ce qui m'assure que Fatima est de Dieu, c'est la prière magnifique d'Espérance et de Miséricorde divines enseignée par l'Ange à Lucie, Jacinthe et François, et qui, à chaque fois que je la récite à la fin de mes dizaines de chapelet, me gonfle l'âme de la vertu d'Espérance et me pénètre de la Bonté infinie de Dieu : "Ô mon Jésus, pardonnez-nous nos péché, préservez-nous du feu de l'enfer, prenez au Ciel toutes les âmes, surtout celles qui ont le plus besoin de votre Miséricorde". Cette prière nous révèle que si la Vierge de Fatima a montré l'enfer éternel aux enfants, c'est pour qu'il n'y tombe aucune âme ! Cette extraordinaire prière contient toute l'essence de la spiritualité du salut issue du mystère de Fatima. Il s'agit de sauver toutes les âmes, surtout les pires, voilà ce qu'est venu proposer aux hommes la Vierge de Fatima. Elle n'a pas montré l'enfer éternel aux enfants pour vouloir dire qu'il y aura 999 âmes à être damnées sur 1000, mais tout au contraire, pour sauver les mille... si l'on accomplit ses demandes, qui se récapitulent toutes par la dévotion à son Cœur Immaculé. C'est le même sens de salut universel des âmes qu'on trouve dans l'autre prière enseignée par l'Ange du Portugal aux enfants : "Mon Dieu, je crois, j'adore, j'espère et je vous aime ; je vous demande pardon pour ceux qui ne croient pas, qui n'adorent pas, qui n'espèrent pas et qui ne vous aiment pas". Le sens universel de "ceux" est si fort que certains ont instinctivement rajouté : "pour tous ceux qui ne croient pas, etc.". Ici, Fatima est d'une logique impeccable et édifiante, le vouloir missionnaire du salut universel de toutes les âmes ayant à vivre la fin des temps est sans conteste le plus beau et le plus solide côté de l'Apparition. Convenez avec moi que rien n'est plus merveilleux. Si la finale de la proto-prophétie du 13 juillet 1917 est devenue caduque, ces prières, par contre, sont toujours, et de plus en plus, d'actualité...!!
           
        Je remercie le Bon Dieu de m'avoir permis de me rendre à Fatima en pélerinage à deux reprises dans ma vie, en 2010 et 2011. La première fois, ce fut très-pénitentiel, je dormais dans la voiture avec des cartons aux vitres, qu'il fallait réinstaller tous les soirs, je n'avais pas de téléphone portable en cas de pépin c'était stressant, j'avais des ampoules aux pieds qui me faisaient souffrir et boiter, et, cerise sur le gâteau, la voiture faillit me lâcher dans les routes secondaires du Portugal qui sont loin d'être aussi carrossables et bien indiquées qu'en France, elle me lâcha cependant bel et bien lorsque j'arrivai à une station-service d'autoroute ! Les vignettes inter-paragraphes que j'ai glissées dans mon présent article sont tirées de ces deux pélerinages... Je remercie aussi le Bon Dieu de m'avoir donné la grâce de faire les cinq premiers samedis du mois, en 1985, ce qui m'a permis de me rendre compte que cette "petite" dévotion demande un vrai effort spirituel pour qui la pratique, car cela exige de prêter une attention soutenue de cinq mois, pour ne pas oublier un des premiers samedis, on ne peut donc pas la faire sans profondément s'investir et faire un salutaire retour spirituel sur soi-même. 
           
        ... Je vais finir ce grand article un peu tendu, le sujet ne pouvant qu'être vraiment pénétré de cette tension spirituelle du salut du monde entier, par un peu d'humour, pour décompresser, car si Dieu est Amour Il est donc aussi Humour, ce n'est pas très-différent !
           
        Je ne sais pas si cela va être so british, mais voici une photo que j'ai prise à Fatima lors de mon pélé de 2011 (je n'ai pu éviter un effet de flash sur le centre), et qui montre le grand tableau du fond dans la basilique ancienne de Fatima construite sous le pape Pie XII. Le tableau, fait par un "artiste" moderne, est... in-com-pré-hen-si-ble ! Il n'a aucun sens, aucune signification, comme pour bien montrer où en est l'Église et le monde modernes aujourd'hui par rapport au Plan de salut divin proposé à Fatima ! Mais voyez plutôt par vous-même, ô lecteur qui m'avez lu jusqu'ici : 
 
 
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        À l'époque, j'en avais écrit une lettre humoristique à mes coreligionnaires, je fréquentai alors les "ralliés", que voici :             
           
        "Mes chers amis !
           
        "Je paye 1 Kg de prunes à qui pourra me donner une explication du grand tableau placé derrière le maître-autel de la basilique Notre-Dame de Fatima au Portugal, je veux parler de l'ancienne basilique, celle construite sous Pie XII (cf. photo ci-jointe).
           
        "Je suis resté plus d'un/quart d'heure à le regarder, à le scruter, quand j'étais là-bas, avec et sans mes lunettes, me mettant à gauche du maître-autel, puis à droite, puis sur un pied, le gauche puis le droit, puis fermant un œil, le gauche puis le droit, puis enfin ouvrant les deux yeux et même le troisième œil hindou situé au milieu du front, afin d'avoir un meilleur angle de vue et de pouvoir zoomer les détails dudit tableau.
           
        "Éh bien, rien de rien de rien à faire, je n'y comprends goutte...!!
           
        "Je reste donc extrêmement angoissé depuis ce pèlerinage, c'est pénible j'en peux plus, cela tourne au toc (trouble obsessionnel compulsif), au cauchemar permanent. S'il vous plaît, ayez pitié de moi !
           
        "Oui, je confirme : 1 Kg de prunes, pour une explication complète et détaillée, dans son sens obvie, dudit tableau.
           
        "La Religion, actuellement, en est-elle vraiment rendu à ce point, que c'est... la bouteille à l'encre ? Qu'on n'y comprend plus rien, dans un premier temps ? Est-ce que c'est cela que "l'artiste" moderne a voulu dire dans son tableau...?
Vincent Morlier"
 
 
Au Lundi-Saint,
ce 11 avril 2022,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
11-04-2022 18:10:00
 

La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie : une demande désormais obsolète, dépassée ? À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire, papes modernes y compris ? (1)

 
 
 
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(1)
 
           
        La Consécration de la Russie demandée par Notre-Dame de Fatima, est-elle spirituellement caduque de nos jours, n'a-t-elle plus cours, n'ayant plus aucune valeur près le Ciel, ou bien, au contraire, est-elle toujours d'actualité, et le Ciel la veut-il toujours pour apporter "un certain temps de paix au monde" avant la grande tribulation du règne de l'Antéchrist-personne...?
           
        Cette question, fondamentale, primordiale en avant de toute autre, n'est cependant jamais posée par les chroniqueurs actuels écrivant sur la Consécration, dont on voit la plupart s'agiter fébrilement, passionnellement, dans l'épiphénomène second des choses de l'actualité plus ou moins mondaine, en oubliant le fondement spirituel qui encadre cesdites choses. Et pourtant, la question que j'ai posée en titre est bien la toute première question à laquelle il faut répondre, quand on parle de cette célébrissime Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, c'est par-là qu'il faut commencer.
           
        Je consacrerai donc cet article au commencement des choses de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, ce que, hélas, personne ne fait, du moins à ma connaissance.
           
        Cette question posée sur la caducité ou bien non de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, de toutes façons, n'est vraiment pas simple, elle est même assez redoutable. En approfondissant le message de Fatima sur ladite Consécration, on ne peut s'empêcher en effet de discerner comme une "contradiction" dans les demandes mêmes de Notre-Dame de Fatima, puis, au fil du temps, un "brouillard" de plus en plus épais sur cette "contradiction", que Sœur Lucie, la principale voyante, est fort loin de lever, bien au contraire. Évidemment, je suis très-conscient que la Reine des prophètes, de par Dieu, sait les choses de la grande Prophétie mieux que quiconque à commencer par moi-même, ces choses qui doivent nous amener, en traversant le feu de la grande Tribulation, au Millenium. Encore faut-il bien expliquer ce qu'elle a prophétisé à Fatima, pour ne pas faire de son message prophétique une contre-vérité, une pieusarderie obscurantiste mensongère et méprisable, très-préjudiciable à la vraie spiritualité qui doit gouverner les âmes chrétiennes vivant le temps de la fin des fins, temps qui est nôtre.
           
        La Consécration de la Russie est-elle périmée ou est-elle toujours d'actu ? Le discours prophétique de base, la matrice originelle de la prophétie concernant la Consécration, qui fonde toute la prophétie sur le sujet, est évidemment ce que dit la très-sainte Vierge le 13 juillet 1917. Ce que Sœur Lucie en dira par après, en 1929, 1940, 1952, etc., ne peut que secondairement reprendre ou développer ce qui y est dit, sans jamais le contredire. Or, il n'est pas besoin de beaucoup lire ce que j'appellerai la proto-prophétie du 13 juillet 1917 pour comprendre que la Vierge de Fatima demande la Consécration de la Russie UNIQUEMENT POUR ÉVITER AU MONDE LE CHÂTIMENT DE LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE. Cela saute aux yeux, dans le discours de 1917. Avant de lire texto cette prophétie originelle du 13 juillet 1917, il est bon de préciser qu'on ne saurait dire que les petits voyants se sont trompés. Lorsque, après l'Apparition, ils ont fait allusion à la Russie, à mots couverts à leur entourage (car la Vierge leur avait demandé le secret sur ce qu'elle leur avait dit), les trois petits pastoureaux étaient si incultes qu'ils ne savaient pas encore que la Russie était un pays, une nation, ils croyaient que la Vierge se plaignait d'une "grosse méchante dame", et on leur apprit alors qu'il s'agissait d'une nation, comme le Portugal... Il n'y a donc pas erreur sur le mot "Russie", l'objet de la Consécration porte bien sur cette nation parmi les autres nations, ses consœurs.
           
        Lisons bien, justement, le discours prophétique, mot pour mot, de Notre-Dame de Fatima, ce 13 juillet 1917 : "... Vous avez vu l'enfer où vont les âmes des pauvres pécheurs. Pour les sauver, Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si l'on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d'âmes se sauveront et l'on aura la paix. La guerre va finir, mais si l'on ne cesse d'offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre, pire encore. Quand vous verrez une nuit illuminée par une lumière inconnue, sachez que c'est le grand signe que Dieu vous donne qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père. Pour empêcher cela, je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé et la communion réparatrice des premiers samedis du mois. Si l'on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l'on aura la paix ; sinon, elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l'Église. Les bons seront martyrisés, le Saint-Père aura beaucoup à souffrir, plusieurs nations seront anéanties. À la fin mon Cœur Immaculé triomphera. Le Saint-Père me consacrera la Russie qui se convertira, et il sera donné au monde un certain temps de paix. Au Portugal, se conservera toujours le dogme de la foi, etc. Cela, ne le dites à personne, sauf à François".
           
        Voilà, c'est la prophétie textuelle de la très-sainte Vierge Marie à Fatima, quant à la Consécration de la Russie. Il s'agit donc pour nous de bien comprendre ce que dit la Reine des prophètes.
           
        Première chose à prendre en considération : le contexte historique. Cette prophétie est faite en 1917, en pleine fin de première guerre mondiale, et elle n'est même pas terminée que Notre-Dame de Fatima en prophétise déjà une autre à venir sous le prochain pontificat, qui sera "pire encore", avec un cortège de maux liés à cette nouvelle guerre à venir. Or, la très-sainte Vierge cible avec une très-grande précision cette nouvelle guerre à venir, en disant qu'elle aura lieu "sous le règne de Pie XI" : il s'agit donc, sans aucune équivoque possible, de la deuxième guerre mondiale 1939-1945. C'est clair, et aucun doute sur cela n'est admissible ni recevable.
  
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        Sortons juste un moment de la Prophétie et rentrons dans l'Histoire, avant de continuer. Cette deuxième guerre mondiale fomentée par les nazis antichrists redoutables, fut en effet accompagnée d'épisodes de famines et de persécutions antireligieuse contre l'Église, surtout en Allemagne, mais l'Histoire et ses faits indiscutables obligent à faire le constat que le Saint-Père de la deuxième guerre mondiale, en l'occurrence Pie XI puis surtout Pie XII, tous les deux furieusement et même hystériquement concordataires avec des États constitutionnellement athées voire antichrists (n'oublions pas qu'un concordat surnaturellement contre-nature fut signé entre Hitler et le cardinal Pacelli mandaté par Pie XI, en 1933, ce qui était ni plus ni moins abominablement réputer à la face du monde entier la validité de l'État nazi, cf. la seconde partie de mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/face-a-l-eglise-romaine-concordatairement-prostituee-au-iiieme-reich-d-adolf-hitler-un-heros-discret?Itemid=154), que le Saint-Père de la deuxième guerre mondiale disais-je, ne fut pas vraiment persécuté par les méchants.
           
        Il n'aurait d'ailleurs pu l'être vraiment, puisque lui-même, Vicaire du Christ dévoyé sur le plan politique constitutionnel, est, au niveau tout ce qu'il y a de plus mondial, partie prenante du mal et des méchants rien que par sa pratique concordataire avec des États constitutionnellement athées et antichrists, pratique par laquelle il transforme abominablement le "Siège de Rome" (Secret de La Salette) en la grande Prostituée de Babylone que saint Jean nous décrit dans l'Apocalypse, quand bien même il ne s'en rend pas compte et n'en a nullement conscience. Certes, Pie XII craignit à un moment donné, en 1942, d'être enlevé par les nazis, au point de préparer canoniquement sa succession avec les cardinaux, mais ce seul fait n'est pas suffisant pour rendre compte de la prophétie de Notre-Dame de Fatima, qui prédit "des persécutions contre l'Église et le Saint-Père", un Saint-Père qui est décrit, dans ce cadre prophétique de la deuxième guerre mondiale, comme ayant "beaucoup à souffrir" (ce qui pose déjà une première interrogation, Pie XII n'ayant été ni persécuté ni ayant eu beaucoup à souffrir, que ce soit de la part de l'Allemagne nazie ou de la Russie soviétique ; c'est juste un simple constat historique qu'on est obligé de faire, par honnêteté d'examen).
  
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        Mais donc, après cette parenthèse, reprenons la question prophétique pure. Une première analyse de la proto-prophétie de 1917 concernant la Consécration de la Russie, montre qu'elle est demandée par Notre-Dame de Fatima DANS LE SEUL BUT D'ÉVITER LA DEUXIÈME GUERRE MONDIALE, avec son cortège de maux et sa persécution anti-ecclésiale. C'est le premier point important à bien comprendre. Ce qui conforte cette conclusion, c'est que la très-sainte Vierge, comme elle l'a annoncé aux voyants dans son discours proto-prophétique ("je viendrai demander la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, etc."), vient effectivement la demander en 1929, donc bien avant la deuxième guerre mondiale, c'est-à-dire que, historiquement, on est toujours dans le cadre où la Consécration de la Russie doit être faite pour éviter au monde la deuxième guerre mondiale. Le délai de dix ans donné par le Ciel au pape Pie XI pour la faire, était amplement suffisant. Et ce qui achève de conforter ce contexte exclusif de la deuxième guerre mondiale comme cadre formel de la Consécration de la Russie, c'est l'aurore boréale, qui a lieu en 1938, juste un an avant le déclenchement de ladite deuxième guerre mondiale ; elle est bien "le grand signe que Dieu vous donne qu'Il va punir le monde de ses crimes, par le moyen de la guerre, de la famine et des persécutions contre l'Église et le Saint-Père". Et la Vierge de Fatima dit bien que c'est "pour empêcher cela" qu'elle demande la Consécration de la Russie...
           
        1917, 1929, 1938 : les trois dates confirment on ne peut mieux que la Consécration de la Russie est proto-prophétiquement demandée uniquement "pour empêcher cela", comme dit Notre-Dame de Fatima le 13 juillet 1917 en désignant sans équivoque, par cette formule, la deuxième guerre mondiale.
           
       Il y a cependant, dans cette analyse de la question, une anormalité de taille : pourquoi, si la Consécration en question devait servir uniquement à éviter au monde la deuxième guerre mondiale, est-elle demandée d'une nation... qui n'est pas la mauvaise cause nationale de ladite deuxième guerre mondiale...?? En effet, la Russie, ou plutôt, à l'époque de l'ouverture de la deuxième guerre mondiale, l'URSS, n'est pas, de près ou de loin, cause de la deuxième guerre mondiale, la Nation qui en est à la fois coupable et responsable au premier chef, on ne l'apprendra à personne, c'est l'Allemagne, et l'Allemagne... seule ! Et Dieu sait assez si ce nouvel ordre mondial nazi à partir de la nation allemande a cherché furieusement, par tous les moyens en son pouvoir, pendant de terribles années, à "répandre ses erreurs à travers le monde", à coups de crosses de fusil, de camps de concentration, de chars d'assaut, de sous-marins, de bombardements aériens de grandes villes, et dans des fleuves de sang...! Donc, pardon très-sainte Vierge Marie, vous ne pouvez pas en vouloir à votre enfant de vous parler à cœur ouvert, la logique la plus élémentaire, s'il ne s'agissait que d'éviter au monde la deuxième guerre mondiale, aurait voulu que vous demandassiez la Consécration de... l'Allemagne à votre Cœur immaculé !
           
        Il n'en est rien, la Reine des prophètes demande, de par Dieu, la Consécration de la Russie dès 1917... pour empêcher le châtiment de la deuxième guerre mondiale. Et elle le confirme on ne peut mieux lorsque le 13 juin 1929, dans la révélation mystique de Tuy, elle annonce à Sœur Lucie que c'est l'heure de la faire : "Le moment est venu où Dieu demande au Saint-Père de faire, en union avec tous les évêques du monde, la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé, promettant de la sauver par ce moyen". Ce n'est pas l'Allemagne qui, en 1929, est désignée par la très-sainte Vierge, mais la Russie soviétique... qui, politiquement et militairement péniblement debout à cette époque, n'est pas du tout le danger immédiat devant déclencher la guerre "encore pire", "sous le règne de Pie XI", dont elle a dit que la Consécration devait "l'empêcher" ! Comment expliquer cela, qui semble être d'un illogisme absolu si l'on s'en tient à la proto-prophétie du 13 juillet 1917, à savoir que la Consécration de la Russie est demandée uniquement pour éviter au monde la deuxième guerre mondiale et son cortège de maux...? Et puis, on est obligé de remarquer en outre que dans le message de 1929, la Consécration de la Russie n'est plus demandée pour éviter la deuxième guerre mondiale, mais uniquement pour sauver la Russie, ce qui signifie que le Ciel aurait donc, si l'on s'en tient à ce que dit Sœur Lucie, changé en 1929 l'objet de la Consécration de la Russie révélé en 1917.
           
        ... Avouons que le brouillard est épais, sur le sens spirituel réel de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie...
           
        La suite, dont le fil d'Ariane est tenu et déroulé non pas seulement par Sœur Lucie mais par l'Histoire indéniable, très-notamment celle des pontificats modernes (ce criterium de l'Histoire que le dominicain Melchior Canus, une des lumières du concile de Trente, voyait comme un lieu théologique pour accéder à la Vérité de Dieu), cette suite disais-je, va obscurcir plus encore la problématique.
  
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        Nous venons de voir que le 13 juin 1929, Notre-Dame de Fatima, remplissant sa promesse et son annonce du 13 juillet 1917, vient demander "officiellement" la Consécration de la Russie au pape, celui-ci étant Pie XI, nommé par la très-sainte Vierge dans son discours proto-prophétique de 1917. Pie XI n'en fit rien. Et le plus probable, malgré les supputations tirées par les cheveux et les affirmations volontaristes et purement gratuites du fr. Michel de la Sainte-Trinité dans son t. II de Toute la vérité sur Fatima, c'est qu'il n'en eût aucune vraie connaissance. Sœur Lucie, dans sa lettre au pape Pie XII du 24 octobre 1940 originelle (celle du 2 décembre n'en est qu'un raccourci revu à la baisse et corrigé par Mgr Da Silva), veut pouvoir s'imaginer que la révélation de Tuy de 1929 demandant au pape de faire la Consécration fut bien certainement portée à la connaissance du pape Pie XI. Mais en vérité, rien ne le prouve, rien n'est moins sûr. "Quelque temps après [la révélation de Tuy] j'ai rendu compte de cela à mon confesseur, qui a pris les moyens de la faire parvenir à la connaissance de Sa Sainteté Pie XI", écrit Sœur Lucie, voulant se persuader, sans preuve, que ces moyens, qu'elles ne connaît d'ailleurs pas, ont abouti. La vérité, ce me semble, c'est que Pie XI n'eut sans doute pas plus connaissance de la demande du Ciel quant à la Consécration de la Russie, que le roy Louis XIV ne fut informé de la révélation de 1689 à sainte Marguerite-Marie d'avoir à faire la Consécration de la France au Sacré-Cœur de Jésus. Ou du moins, si le roy et le pape en ont eu par leurs proches quelque lointaine, éthérée et fugitive connaissance, ce fut sans leur montrer l'importance surnaturellement capitale d'avoir à faire les deux Consécrations, en 1689 et en 1930, pour le salut et la paix du monde.
           
        Pour ce qui est de Fatima, on sait que Mgr Da Silva se décida enfin à écrire directement à Pie XI en 1937, sur le très-tard et quasi in extremis, pour lui signaler la Consécration de la Russie et toutes les autres demandes formulées par le Ciel à Fatima. Sans nul doute, ce qui le décida fut la terrible guerre civile espagnole de 1936, où les erreurs communistes faillirent triompher politiquement dans une nation d'Europe de l'Ouest (mais cela n'arriva pas grâce à Franco, ce qui montre bien que le péril communiste n'est pas tout-puissant puisqu'il ne réussira jamais à s'implanter en Europe occidentale quand bien même la Consécration de la Russie n'était pas faite). Le Portugal se trouva alors fort dangereusement frôlé par l'affreux péril, et il n'est pas douteux que l'évêque de Fatima prit alors peur. Mais, quand on lit sa lettre, on s'aperçoit qu'il remplit presque passivement un devoir, qui lui fut sans doute pénible, il ne se fait pas l'apôtre brûlant des demandes de Notre-Dame de Fatima, et Pie XI, s'il la lut (le Saint-Siège accusa bel et bien réception de sa lettre le 8 avril 1937, mais cela ne prouve pas que Pie XI en prit connaissance), ne put pas être remué par l'importance spirituelle capitale desdites demandes...
           
        En fait, c'est dans la transmission du message salvateur, que se situe la culpabilité collective de la non-connaissance par le roy et par le pape du Plan de salut du Ciel ; car tout le monde est plus ou moins coupable, dans cette affaire. Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, ce que ne s'explique pas le fr. Michel, Notre-Seigneur, en 1931, emploie le pluriel lorsqu'Il révèle à Sœur Lucie, en repos à Rianjo, proche de Pontevedra, son mécontentement que la Consécration n'est pas encore faite : "Fais savoir à MES ministreS, étant donné qu'ILS suivent l'exemple du roy de France en retardant l'exécution de ma demande, qu'ILS le suivront dans le malheur". Le vrai, c'est que personne, dans les responsables ecclésiastiques qui forment une longue chaîne de Sœur Lucie à Pie XI, n'est vraiment converti et ne veut se convertir, à commencer par Mgr Da Silva, l'évêque de Sœur Lucie, qui n'arrêtera pas de traîner très-lourdement les pieds pour transmettre les messages successifs qu'elle lui adressait à destination du pape...
           
        Le plus clair de la question, en tous cas, c'est qu'en 1939, dix ans après la révélation de Tuy, Pie XI n'avait pas fait la Consécration demandée, et qu'il ne comptait absolument pas la faire, l'esprit complètement obsédé, possédé serait plus juste, de concordatisme avec les pires gouvernements athées ou antichrists, ce qu'il mit en pratique avec l'URSS, d'une manière éhontée et des plus scandaleuses, par l'Ostpolitik. Il meurt le 10 février 1939, et certain historien, dont le nom ne me revient plus, a écrit qu'il fut la première victime de la deuxième guerre mondiale.
           
        Sœur Lucie, confortée et encouragée par son confesseur le P. Apariçio, va alors, sur ordre de ses directeurs spirituels comme on va le voir plus loin, écrire directement au nouveau pape, Pie XII, le 2 décembre 1940, quelqu'un an et demi après l'élévation de ce dernier au Souverain Pontificat. Avant de lire le curieux passage de sa lettre, qui pose fichtrement question, il est important de noter que cette demande se situe d'ores et déjà tout-à-fait hors-cadre de la proto-prophétie mariale du 13 juillet 1917, puisqu'en décembre 1940, on est en... pleine deuxième guerre mondiale, et que Notre-Dame de Fatima avait bel et bien originellement assigné comme but essentiel de ladite Consécration de la Russie, de... l'"empêcher".
           
        Dans sa lettre au pape Pie XII, on voit Sœur Lucie faire un petit historique de cette demande de Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, puis, elle finit sa requête par ces mots, qui ne lassent pas de beaucoup surprendre : "En diverses communications intimes, Notre-Seigneur n’a pas cessé d’insister sur cette demande, promettant dernièrement que si Votre Sainteté daignait faire la consécration du Monde au Cœur immaculé de Marie, avec mention spéciale de la Russie, et ordonner que, en union avec Votre Sainteté et en même temps, la fassent aussi tous les Évêques du monde, d’abréger les jours de tribulation par lesquels Il a déterminé de punir les nations par la guerre, la famine et diverses persécutions contre la sainte Église et Votre Sainteté".
           
        La demande de Consécration présentée au pape en 1940 n'a donc plus pour objet d'éviter la guerre, puisqu'elle n'a pu être évitée, mais seulement de raccourcir le temps des châtiments. Beaucoup plus étonnant encore, Sœur Lucie parle à Pie XII d'une Consécration "du Monde au Cœur Immaculé de Marie, avec mention spéciale de la Russie"...! Or, lorsque, quelque quarante ans plus tard, le pape Jean-Paul II fera lui aussi une Consécration de la Russie, Sœur Lucie, interrogée sur sa validité par "Mgr Hnilica (= «Ma sœur, hier dans son acte d’offrande, le pape a-t-il vraiment consacré la Russie au Cœur Immaculé de Marie ?»), répondit, en date du 14 mai 1982, le lendemain même de l’acte d’offrande fait par Jean-Paul II lors de son premier pèlerinage à Fatima : «Non, (…) la Russie n’apparaissait pas nettement comme étant l’objet de la consécration». Et elle précisa que Dieu voulait «la consécration de la Russie et uniquement de la Russie, sans aucune adjonction»" (La consécration d'hier : un odieux sacrilège, 26 mars 2022, abbé François Pivert, au lien suivant : https://abbe-pivert.com/la-consecration-dhier-un-odieux-sacrilege/).
           
        ... Alors, Consécration de la Russie seule, ou, comme elle l'écrivit à Pie XII en 1940, du Monde, avec mention spéciale de la Russie...? Une consécration du monde entier, qui du reste avait déjà été faite, mais au Sacré-Cœur de Jésus, par le pape Léon XIII le 11 juin 1899, et que Notre-Seigneur avait demandé dans les années 1935 que le pape la fasse de nouveau mais cette fois-ci au Cœur Immaculé de Marie, par révélations privées à une âme mystique authentique, Alexandrina Maria da Costa, elle aussi portugaise (cf. http://alexandrina.balasar.free.fr/alexandrina_ame_victime.htm) ?
           
        Comme tout le monde le sait, la question de la Consécration de la Russie se complique bougrement et même s'obscurcit étrangement d'une sorte de Plan B de salut. Plan A, primordial : la Consécration de la Russie, seule ; plan B, seulement dans le rétroviseur et comme pour éviter le pire si le Plan A n'est pas actionné : la Consécration du Monde.
           
        On est bien obligé de prendre acte, par ailleurs, que Sœur Lucie prend des libertés illicites dans ses écrits avec les prophéties pourtant formelles de Notre-Dame de Fatima, ce qui surprend beaucoup. Par exemple, on la voit écrire en juin 1930 une longue lettre au P. Gonçalves, où elle dit, en finale : "Le bon Dieu promet de mettre fin à la persécution en Russie, si le Saint-Père daigne faire, et ordonne aux évêques du monde catholique de faire également, un acte solennel et public de réparation et de consécration de la Russie aux très saints Cœurs de Jésus et de Marie, et si Sa Sainteté promet, moyennant la fin de cette persécution, d’approuver et de recommander la pratique de la dévotion réparatrice indiquée ci-dessus [les cinq premiers samedis du mois]".
           
        ... Que je sache !!, Notre-Dame de Fatima demandait le 13 juillet 1917 une Consécration de la Russie à son Cœur Immaculé, et le Cœur Immaculé de Marie, ce n'est pas les très-saints Cœurs de Jésus et de Marie !! Pourquoi ce méli-mélo pénible dans la tête de Sœur Lucie, qui connaît pourtant mieux que personne les paroles exactes de Notre-Dame de Fatima...!??
           
        En ce qui la concerne d'ailleurs, on a pire encore. En 1940 on prend Sœur Lucie en flagrant délit de faux mysticisme, sans qu'elle-même ni non plus son entourage clérical ne s'en rende le moindre compte. 1940. On est alors en pleine guerre nazie qui fait rage, feu et sang, sur toute la planète, l'Allemagne, qui "répand ses erreurs à travers le monde", et non pas du tout la Russie, est dans tous les esprits, mais on se rend compte, vraiment étonné, qu'elle est absolument et totalement absente de l'esprit de Sœur Lucie, de son champ de vision spirituel ! Lorsqu'un prêtre allemand, le P. Ludwig Fischer, qui, dévotement, avait tâché de répandre notamment par ses écrits la dévotion à Notre-Dame de Fatima dans son pays tourmenté et possédé, vient rendre visite en 1940 à Sœur Lucie, il ne peut s'empêcher, ... comme on le comprend !, de lui poser ex abrupto la grande question qui lui brûle les lèvres, lui, pauvre malheureux prêtre de son pays diaboliquement nazifié : "Quel sera l'avenir de l'Allemagne ?" Sœur Lucie, entendant la question, est visiblement complètement prise de court, interloquée, on se rend compte que d'elle-même, elle n'a aucune pensée immédiate sur l'Allemagne !, ... en 1940 !!! Alors, pour faire tout-de-même bonne impression et donner une réponse au prêtre allemand, elle va faire oraison devant le Saint-Sacrement pendant plusieurs heures pour obtenir une réponse de Notre-Seigneur, qui, selon elle, finit par lui révéler quel va être l'avenir de l'Allemagne ! Nous sommes là, il est à peine besoin de le faire remarquer, en plein faux mysticisme, où Dieu doit répondre sur commande de l'humain, à ses interrogations. En bonne théologie mystique, cela s'appelle tenter Dieu. La vraie mystique, au contraire, c'est Dieu qui décide de parler à l'humain quand Lui, Dieu, le veut, et sur le sujet qu'Il Lui plaît d'aborder, et non l'inverse : Dieu n'est pas au service de l'humain.
           
        Mais lisons l'épisode rapporté par le fr. Michel dans le t. II de Toute la vérité sur Fatima : "En 1940, l'abbé Ludwig Fischer interrogea la voyante sur l'avenir de son pays. Comme de coutume [...!!], Sœur Lucie chercha la lumière dans une prière plus instante : «Passant quelques heures avec Notre-Seigneur exposé au Très-Saint Sacrement, pendant quelques moments où une union plus intime s'est fait sentir et entendre à mon âme [sic], j'ai prié à plusieurs intentions, et spécialement pour l'Allemagne : "Elle reviendra à Mon bercail, mais ce moment est loin. Il s'approche, il est vrai, mais lentement, très lentement" [...???!!!]. Dans une lettre adressée au Dr Fischer, par charité et pour l'encourager, j'indiquai cette promesse de Notre-Seigneur»" (ibid., t. II, p. 480). Là non plus, il est à peine besoin de faire remarquer que la "réponse" de Notre-Seigneur confine au ridicule et à l'abracadabrantesque : manifestement, nous sommes là en plein faux mysticisme, où la voyante s'invente dans sa tête une communication-réponse de Notre-Seigneur... comme on voit tant de faux mystiques de nos jours, frappés de crétinisme, le faire ! Gageons que le pauvre P. Fischer ne dut pas beaucoup être consolé par cette "réponse allemande" de Notre-Seigneur ! Sœur Lucie s'était comportée là comme Mme Soleil, voyante extra-glucide, consultant sa boule de cristal. Mais personne, dans son entourage clérical, ne se rendit compte de cette tendance au faux mysticisme de Sœur Lucie, elle est au contraire le sujet d'une adulation voire d'une idolâtrie déplorable de la part des prêtres qui l'entourent. Tous les auteurs, souvent prêtres, qui rapportent cet épisode, citent la "réponse" de Notre-Seigneur sur l'Allemagne presque à deux genoux sinon à trois et l'encensoir à la main, à commencer par le fr. Michel, thuriféraire aveugle de Sœur Lucie dans tout son ouvrage partisan et idéologue, primairement anti-communiste, sans strictement aucun esprit critique, prenant pour oracle de sagesse divine et Parole d'Évangile cette "prophétie allemande" qui n'était hélas, en vérité, qu'ineptie déplorable, fruit d'un mysticisme d'illusion. Sœur Lucie me fait penser là à un célèbre apophtegme des anciens Pères du désert. Un jour, le grand saint Antoine, qui patronnait spirituellement toute une communauté d'anachorètes dans le désert, vit entrer en trombe dans sa tente un fr. novice qui, tout excité, lui dit : "Père ! Père Antoine ! Le fr. Exupère est en extase ! Il lévite à un mètre du sol ! Que dois-je faire ?" Et saint Antoine, qui était en train de faire une oraison simple, ascétique, sans même détourner la tête, de lui dire placidement : "Tires-le par les pieds, pour qu'il redescende" !
           
        Pour en revenir et vider la question des deux Consécrations différentes à faire, l'une de la Russie seule, l'autre du Monde entier, on se rend compte également que c'est Sœur Lucie qui embrouille tout, ne clarifiant rien, et que là encore, elle embrouille tout... en s'appuyant, "comme de coutume" dit benoîtement le fr. Michel, sur une prétendue communication-réponse de Notre-Seigneur obtenue soi-disant dans l'oraison ! Il ne faut pas compter sur le fr. Michel pour s'en rendre compte, son adulation aveugle, idéologique et partisane, de Sœur Lucie l'en empêche radicalement. Il prend bien acte que cette question "a été embrouillée à plaisir" (ibid., t. II, p. 464), mais il se garderait bien de dire, ce qui n'est pourtant que la stricte vérité, que c'est Sœur Lucie qui l'embrouille. Alors, faisons le point sur cela, il n'est que grand'temps de pourfendre l'erreur, de mettre de l'ordre dans tout ce fatras indigne du Ciel : tout d'abord, prenons acte que la lettre de Sœur Lucie écrite au pape Pie XII fin 1940 n'est pas de son initiative personnelle ; ce sont ses directeurs spirituels qui lui ordonnent de l'écrire. "Quelles directives précises reçut-elle alors ? Tout d'abord, [d'écrire au pape] la révélation du secret. En rappelant cette lettre où le P. Gonçalves lui «ordonnait d'écrire au Saint-Père», Sœur Lucie précisera : «L'un des points qu'il m'indiquait était la révélation du Secret». On lui ordonnait sûrement aussi d'exposer les apparitions de Pontevedra et de Tuy, mais brièvement ! L'évêque de Gurza avait même précisé : Il faut que tout tienne sur une seule feuille de papier ! Surtout, il indiquait les termes de la demande essentielle : Une consécration du monde au Cœur Immaculé de Marie avec mention de la Russie. Requête que Sœur Lucie n'aurait jamais formulée d'elle-même puisqu'elle n'en avait pas reçu l'ordre du Ciel, et qui, sûrement la plongea dans une grande perplexité. Mais, comme toujours [...!!], elle recourut à une prière plus instante" (ibid., p. 464). On sait maintenant, hélas, ce que veut dire une prière plus instante, pour Sœur Lucie...
           
        Donc, premier constat quant à l'affaire : ce sont des directeurs spirituels de Sœur Lucie fort mal inspirés, qui se permettent avec une audace sacrilège de mélanger indûment les deux Consécrations qui viennent du Ciel, celle de la Russie seule, celle du monde entier, concoctant humainement un fourre-tout où l'on trouve à la fois l'une et l'autre, d'où la formule adoptée "Consécration du monde, avec mention spéciale de la Russie". Or, évidemment, faire un mélange des deux Consécrations ne vient pas du Ciel, c'était en quelque sorte s'inventer un... Plan C de salut, un troisième Plan inventé par les hommes ! Sœur Lucie aurait dû être la première à le comprendre et à le dire à ses directeurs spirituels très-mal inspirés. Las ! Au lieu de cela, leur obéissant aveuglément, elle va non seulement accepter de demander à Pie XII dans sa lettre qu'il fasse la Consécration "du monde, avec mention spéciale de la Russie", ce qui, pour tout vouloir mettre ensemble, se permettant sacrilègement de toucher à l'intégrité des Plans de salut du Ciel, ne répond en définitive à AUCUNE des deux demandes de Consécrations demandées par le Ciel, mais pire encore, on va la voir encore une fois, une fois de plus, s'appuyer sur une prétendue communication mystique de Notre-Seigneur pour se permettre de le faire, que le fr. Michel ose appeler "la communication divine du 22 octobre 1940" !, et que voici :
           
        "22.X.1940. J'ai reçu une lettre du R.P. José Bernardo Gonçalves et de l'évêque de Gurza m'ordonnant d'écrire à sa Sainteté... Dans ce but, j'ai passé deux heures devant Notre-Seigneur exposé [au Très-Saint Sacrement] : "Prie pour le Saint-Père, sacrifie-toi pour que son cœur ne succombe pas sous l'amertume qui l'oppresse [là encore, je l'ai fait remarqué plus haut, on est en pleine invention et fausseté : pendant la guerre 1939-45, Pie XII est loin de souffrir beaucoup, dans une position de "christ souffrant" la Passion, fausseté qui a trompé bien des âmes, les thèses illuministes de survivance pontificale, surtout celle de Paul VI, s'étant appuyées indûment sur ce mensonge et créant par la suite une fausse thèse de "dernier pape souffrant à la fin des temps" ; on va se rendre compte au contraire que Pie XII, loin de souffrir la mâlemort, s'excite péniblement la cervelle, dans un enthousiasme délirant et impie, sur l'illusion onusienne, dans son Noël 1944 que je vais citer tout-à-l'heure...]. La tribulation continuera et augmentera. Je punirai les nations de leurs crimes, par la guerre, par la famine et par la persécution contre mon Église qui pèsera spécialement sur mon Vicaire sur la terre [prophétie parfaitement fausse encore une fois, les papes modernes, fort loin de souffrir persécution de la part du monde, épousent au contraire sa perversité notamment par la pratique concordataire pontificale avec tout gouvernement, même athée et antichrist radical]. Sa Sainteté obtiendra que ces jours de tribulation soient abrégés s'il obéit à Mes désirs en faisant l'acte de Consécration au Cœur Immaculé de Marie du monde entier avec une mention spéciale de la Russie" (ibid., p. 464)..!!!
           
        Est-il besoin de faire remarquer que nous sommes là en plein faux-mysticisme, une fois de plus, une fois encore, de la part de Sœur Lucie. Quant au fond de la question, ce n'est pas compliqué : qu'il y ait, de par la Volonté du Ciel, deux Plans de salut, un Plan A principal, la Consécration de la Russie seule, et à défaut, un Plan B, la Consécration du monde, soit, placet, c'est tout-à-fait admissible. Il faut d'ailleurs bien remarquer que le Ciel, pour révéler ces deux Plans de salut, choisit DEUX âmes mystiques différentes, ce qui signifie très-clairement que les deux Plans de salut ne doivent pas être mélangés : pour le Plan A, c'est Sœur Lucie et l'Apparition de Fatima, pour le Plan B, c'est Alexandrina Maria da Costa. Mais il est absolument proscrit qu'une des deux âmes mystiques ayant reçu un des deux Plans de salut, crée une sorte de... nouveau "Plan C de salut" de son cru en mélangeant les deux Plans ! De plus, il est quasi blasphématoire que Sœur Lucie fasse "obéir" Notre-Seigneur, dans sa fausse communication mystique du 22 octobre 1940, aux mauvaises inspirations de ses directeurs spirituels inventant cedit "Plan C". C'est un comble, tout-de-même, de supposer cela et, pire encore, que lesdites mauvaises inspirations de ses directeurs spirituels deviennent les... "désirs" de Notre-Seigneur !!! Mais Sœur Lucie n'est pas du tout rebutée de faire "obéir" Notre-Seigneur aux erreurs lamentables de ses directeurs spirituels, de les Lui faire... "désirer", même...!!! Et les prêtres sont si aveuglés par leur adulation de Sœur Lucie, qu'ils gobent à qui mieux mieux... le troisième "Plan C de salut" inventé par les hommes, approuvé par Sœur Lucie, et soi-disant... "désiré" par Notre-Seigneur !!! Voici par exemple ce qu'ose écrire le P. Alonso sur cela : "En octobre 1940, commente le P. Alonso, le Ciel accède aux désirs des supérieurs de Sœur Lucie de voir se réaliser la Consécration du monde avec une mention spéciale de la Russie. Et c'est le Seigneur Lui-même qui suggère un tel acte" (ibid., p. 465) !!! Et le fr. Michel de boire cette explication d'un crétinisme achevé et spirituellement insane, comme du p'tit lait...
           
        Après cela, ô lecteur, comment en vouloir aux papes modernes, de Pie XII à François, de mélanger indûment, dans leurs différentes formules de Consécration, le monde, l'Église, soi-même, la Russie, etc., comme un tiercé dans le désordre et en tous cas pas dans l'ordre !! En vérité, la faute n'en est pas sur eux, les pauvres papes ne pouvaient que tout mélanger, puisque ce mélange était cautionné par la voyante de Fatima elle-même qui disait que c'était "le désir" de Notre-Seigneur de tout mélanger !!!
           
        ... Zut. En tous cas, le brouillard s'épaissit péniblement. Ce n'est même plus le fog londonien à couper au couteau, nous sommes carrément rendus dans la bouteille à l'encre. Nous verrons comment, en finale, débrouiller tout cela...
  
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        Pour l'instant, wait and see, laissons dérouler le fil du temps. La deuxième guerre mondiale se termine, quelques années s'écoulent encore, et, en mai 1952, la Sainte Vierge apparaît de nouveau à Sœur Lucie, au carmel de Coïmbra, pour lui dire : "Fais savoir au Saint-Père que j’attends toujours la consécration de la Russie à mon Cœur Immaculé. Sans cette consécration, la Russie ne pourra se convertir, ni le monde avoir la paix". La très-sainte Vierge pouvait bien se plaindre d'attendre en effet, car si Pie XII avait fait une Consécration au Cœur Immaculé de Marie le 31 octobre 1942, par radio-message, ce ne fut que... de l'Église et du monde entier, sans nommer aucunement la Russie. Pie XII actionnait le Plan B sans actionner le Plan A, c'était plus facile et ficelle... Pour autant, en 1952, nous avons la certitude que le nouveau message de Sœur Lucie fut bien communiqué à Pie XII en juin, et le 7 juillet 1952 le pape se décidait à publier la lettre apostolique Sacro vergente anno, consacrant la Russie au Cœur Immaculé. Cependant, cette Consécration était loin de remplir les conditions posées par la Vierge de Fatima : elle était faite sans aucune solennité, le pape n'ayant nullement donné l'ordre aux évêques du monde entier de s'unir à lui pour faire cette Consécration, et de plus, sans dire un traître mot de Fatima, Pie XII ne faisait aucune allusion à la dévotion réparatrice des cinq premiers samedis du mois, qui devait, elle aussi, et même elle en premier comme je vais l'expliquer plus loin, contribuer à obtenir de Dieu le miracle de la conversion de la Russie (... les mêmes manques invalidants, exactement les mêmes, que dans la Consécration du pape François du 25 mars dernier !, on va y revenir). Le fr. Michel est tout-à-fait fondé à commenter : "L'on a la fâcheuse impression que, dans l'esprit de Pie XII, Sacro vergente anno était en quelque sorte un coup d'arrêt" (Toute la vérité sur Fatima, t. II, p. 224). Dès l’automne 1952, Pie XII fit donner des ordres précis à la hiérarchie pour que l’on ne réclame plus cette Consécration de la Russie, qu’il voulut que l’on considérât comme faite.
           
        Sœur Lucie, au fond de son couvent, a vent de cette Consécration, qu'elle commente ainsi : "Je vous remercie également de la coupure de journal qui rapporte la consécration de la Russie. Je suis peinée qu’elle n’ait pas encore été faite comme Notre-Dame l’avait demandée. Patience !… Espérons que Notre-Dame, comme une bonne Mère, daignera l’accepter". Par un interrogatoire secret de Sœur Lucie fait, comme par hasard, juste dans ces mêmes moments par le P. Schweigel, jésuite, commandité expressément par Pie XII, le pape fut certainement mis au courant que la voyante ne considérait pas sa récente Consécration de la Russie comme satisfaisant aux demandes de Notre-Dame de Fatima. Il est certain qu'il en conçut un grand dépit, car il ne voulait pas aller plus loin que ce qu'il avait fait, qui était en vérité une sorte de point d'orgue en fin irrévocable de non-recevoir, et je vais en donner la très-véridique et très-peccamineuse raison dans quelques lignes. Pie XII décide alors de museler Sœur Lucie.
           
        "En 1955, le Pape décida que «seules les personnes qui avaient déjà rencontré sœur Lucie pourraient la voir de nouveau sans autorisation expresse du Saint-Siège». Ainsi surveillée, la voyante fut dès lors presque totalement réduite au silence ; rigueurs qui furent aggravées sous le pontificat des papes suivants, à tel point que même son ancien confesseur et directeur, le Père José Apariçio, un véritable homme de Dieu, ne put obtenir la permission de s’entretenir avec elle, surtout à partir de 1960, date à laquelle le secret aurait dû être révélé au monde. Une de ses lettres, datée du 7 août 1960, en témoigne : «Demain ou plus tard, j’irai à Coïmbra. Je ne pourrai pas parler avec sœur Lucie parce qu’elle est recluse. Par ordre du Saint-Office de Rome, elle ne peut communiquer avec personne. L’évêque juge qu’il n’a pas autorité pour laisser parler la sœur». À son retour au Brésil, le Père Apariçio précisera à un correspondant : «Je n’ai pu parler avec sœur Lucie parce que Mgr l’archevêque ne pouvait pas donner la permission de la rencontrer. Les conditions d’isolement dans lesquelles elle se trouve ont été imposées par le Saint-Siège. Par conséquent, personne ne peut parler avec elle sans une licence de Rome. Mgr. l’archevêque n’a qu’un nombre très limité de ces licences» (Lettre du 24 novembre 1960)" (Apparition du 13 juin 1929 à Tuy : La demande de Notre Seigneur Jésus-Christ – La consécration de la Russie, cf. https://laportelatine.org/spiritualite/apparitions/apparition-du-13-juin-1929-a-tuy-la-demande-de-notre-seigneur-jesus-christ-la-consecration-de-la-russie).
           
        Certes, Pie XII a agi ainsi parce qu'il ne voulait pas que Sœur Lucie puisse le contredire quant à la Consécration de la Russie non-faite par lui selon les demandes de Notre-Dame de Fatima, mais ne peut-on pas supposer que certains supérieurs de Sœur Lucie s'étaient rendus compte de sa tendance au faux mysticisme et avaient fait remonter jusqu'au pape qu'elle pouvait dire des choses fausses et très-préjudiciables pour tout le monde ? L'on peut penser que Pie XII, en imposant à Sœur Lucie une discipline très-sévère sur sa parole, outre le fait qu'il ne voulait pas qu'elle puisse le contredire quant à la Consécration de la Russie mal faite par lui, voulait aussi la protéger contre elle-même et préserver ainsi la dignité de l'Apparition de Fatima.
           
        Quoiqu'il en soit de ce dernier point, la grande question qui se pose maintenant, est la suivante : pourquoi les papes modernes, à commencer par Pie XII, et sûrement aussi, avant lui, Pie XI, ne veulent-ils absolument pas faire la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, en y engageant toute l'Église Universelle avec eux, par l'union dans l'acte avec les évêques du monde entier ?
           
        La réponse est simple, et Dieu sait assez combien je l'ai déjà traitée en long et en large dans beaucoup de mes écrits. Depuis le pape Pie VII et son concordat napoléonien de 1801, les papes modernes post-révolutionnaires ont matériellement péché contre les Mœurs de l'Église, entendues au sens large, en changeant le criterium de validité des sociétés politiques, attribuant à l'homme le pouvoir de créer en Politique, et ôtant ainsi, au moins implicitement, ce pouvoir à Dieu. C'était vouloir vivre dans des sociétés de l'homme, et non plus dans des sociétés théocratiquement dirigées et vivifiées par Dieu, comme toute société politique l'était, à tout le moins dans son principe constitutionnel, avant la Révolution. Les papes modernes, reconnaissant hérétiquement ces sociétés de l'homme issues de la Révolution, très-notamment par la pratique concordataire pontificale avec n'importe quelle sorte de puissances politiques, même si elles sont constitutionnellement athées ou antichrists (comme je l'ai fait remarquer au début de ces lignes à propos du concordat nazi de 1933), ce qui est exactement contraire à l'enseignement paulinien en Rom XIII, les papes modernes disais-je, vont élaborer petit à petit et de plus en plus toute une doctrine hétérodoxe pour prétendument justifier théologiquement ces sociétés de l'homme, que j'ai appelée dans mes écrits la gnose chrétienne-laïque ; l'aboutissement hérétique de cette gnose sera "la civilisation de l'amour" promue et boostée surtout par Paul VI puis par Jean-Paul II (et maintenant par François, dans Fratelli tutti). Le point principal de cette gnose, c'est que, à la manière sangniériste, la vertu morale seule de l'homme, donc purement naturelle, est censée être suffisante pour mouvoir et faire vivre cesdites sociétés de l'homme dans la vertu, et, par-là, en finale, pour mériter surnaturellement le Ciel. Pie XII, dans tous ses scandaleux Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943, 1944, va enseigner cette nouvelle doctrine aux fidèles avec un enthousiasme inouï qui fait vraiment honte, pour peu qu'on ait gardé la vraie Foi.
           
        Or, dans cette hérétique optique, la paix du monde et des nations par exemple, n'est plus donnée aux hommes par Dieu, ce sont les hommes prétendument devenus moralement adultes qui se la donnent à eux-mêmes, dans une mise en œuvre naturelle au moyen de laquelle ils peuvent désormais, à l'intérieur de chaque nation mais encore universellement entre tous les peuples de toutes les nations, vivre ensemble tout ce qui découle de cette paix mondiale, la justice, le bon droit, la dignité humaine, la fraternité universelle, la diversité dans l'unité, l'unité dans la diversité, etc. Rien n'est plus blasphématoire envers Dieu que cette gnose chrétienne-laïque, car Dieu, et Lui seul, peut donner à l'homme la grâce de vivre sociopolitiquement en paix avec son prochain, mais voilà ce que l'homme moderne n'est absolument plus capable de comprendre, et pas plus les papes modernes, qui ont épousé sa perversion. C'est pourquoi l'Apôtre des nations fulmine violemment l'anathème sur cette prétention de l'homme de se donner la paix du monde par lui-même, qui était le péché des hommes antiques voulant ériger la tour de Babel, en ces termes : "Quand les hommes diront «Paix & Sécurité», subitement la catastrophe les saisira comme les douleurs prennent la femme qui va enfanter, et ils n'échapperont pas" (I Thess V, 3).            
           
        Or donc, bien sûr, l'acte de Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie frappe de plein fouet cette gnose chrétienne-laïque par laquelle l'homme prétend se donner la paix à lui-même et à son prochain, gnose pontificalement adoptée fougueusement par les papes modernes, et très-singulièrement par Pie XII : c'est en effet un acte qui est l'expression formelle de la doctrine orthodoxe chrétienne-sacrale par laquelle c'est Dieu qui donne la grâce surnaturelle de la paix à une nation, en l'occurrence la Russie, et non pas l'homme. Alors, c'est l'un ou l'autre, soit c'est l'homme qui se donne lui-même la paix du monde (gnose chrétienne-laïque), soit c'est Dieu qui donne au monde cette paix (doctrine chrétienne-sacrale). Gnose hétérodoxe et doctrine orthodoxe sont antinomiquement opposées entre elles du tout au tout, et s'anéantissent réciproquement radicalement, ne pouvant pas plus coexister ensemble que l'eau et le feu. Pie XII comprit tout-de-suite que la Consécration de la Russie, acte chrétien-sacral, anéantissait par le fait même sa gnose chrétienne-laïque, à laquelle il adhérait ardemment et qu'il travaillait dur comme fer ou plutôt comme l'enfer, à vouloir répandre le plus possible dans le monde chrétien, avec, nous allons le voir tout-de-suite, un enthousiasme délirant et complètement déjanté. C'est pourquoi on le voit mettre un point d'arrêt brutal et se voulant définitif à la Consécration de la Russie, et ses successeurs sur le Siège de Pierre eux aussi convertis, et de plus en plus, à la gnose chrétienne-laïque, en feront autant sinon pire. De la même manière que l'évêque Cauchon était frappé de plein fouet dans son démocratisme conciliariste chrétien-laïque avant la lettre par "l'appel au pape" chrétien-sacral que sainte Jeanne d'Arc faisait de sa cause, la Consécration de la Russie, acte chrétien-sacral frappait de plein fouet la gnose chrétienne-laïque adoptée par les papes modernes à partir de Pie VII.
  
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        Mais lisons Pie XII, dans son Noël 1944, pour bien comprendre et se rendre compte à quel point son esprit est complètement infesté, infecté, de cette nouvelle doctrine, cette gnose chrétienne-laïque. Il va y appeler très-ardemment de tous ses vœux pontificaux cette paix mondiale que les hommes créent, se donnent à eux-mêmes, dans des instances internationales qu'ils érigent eux-mêmes démocratiquement et qui seront in fine le substrat du pouvoir de l'Antéchrist-personne (je tire la citation suivante de mon Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, aux pp. 265, sq.) :
           
        "... Pie XII, à la fin de la guerre, ne se retient plus. Dans cette dernière allocution urbi & orbi, immédiatement après un petit préambule sur l’espérance surnaturelle apportée par Noël dans les âmes, le pape ose en faire abruptement l’application à l’avènement du... nouvel ordre international, que fait miroiter la prochaine création de l’ONU dont tout le monde parle : «Aurore d’espérance.— Béni soit le Seigneur ! Des lugubres gémissements de la douleur, du sein même de l’angoisse déchirante des individus et des pays opprimés, se lève une aurore d’espérance. Dans une partie toujours croissante de nobles esprits [...?], surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’UNE ÈRE NOUVELLE POUR LE RENOUVELLEMENT PROFOND, LA RÉORGANISATION TOTALE DU MONDE. À cet effet, tandis que les armées continuent à s’épuiser en luttes meurtrières, avec des moyens de combat toujours plus cruels, les hommes de gouvernement, représentants responsables des nations, se réunissent pour des conversations, pour des conférences, en vue de déterminer les droits et les devoirs fondamentaux sur lesquels devrait être reconstruite une communauté des États, de tracer le chemin vers un avenir meilleur, plus sûr, plus digne de l’humanité. Antithèse étrange, cette coïncidence d’une guerre dont l’âpreté tend au paroxysme, et du remarquable progrès des aspirations et des projets vers une entente pour une paix solide et durable ! On peut bien discuter sans doute la valeur, l’applicabilité, l’efficacité de tel ou tel projet, le jugement à porter sur eux peut bien rester en suspens ; MAIS IL N’EN RESTE PAS MOINS VRAI QUE LE MOUVEMENT EST EN COURS [ce dont Pie XII ose se réjouir...]».
           
        "Puis, on voit Pie XII exalter le principe de «l’unité du genre humain et de la famille des peuples» : «De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII fait là allusion à la défunte SDN], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l’autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE [Comprenons bien l'incroyable, l'inouï propos de Pie XII : il déclare là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et milite de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux, autrement dit, c'est carrément vouloir "changer les temps et les lois" comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne ; car dire de la souveraineté qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas ; parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant mais surtout absurde ; mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de sa gnose chrétienne-laïque, nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos...]. C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure».
           
        "Et Pie XII de conclure le radio-message de Noël 1944, par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : «Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques accords de Yalta !] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d'un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [... Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !!! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective.
           
        "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici veut se nommer] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE [… Ah bon ?! Nous sommes donc, ô pape inconséquent et irréfléchi, dans une nouvelle économie de salut ?? Là encore, comme pour l’unité des peuples, la paix universelle entre les peuples est une réparation des effets du péché originel que SEUL Dieu peut opérer en instaurant le Millenium... SEUL Dieu peut engendrer une nouvelle économie de salut où les effets collectifs du péché originel seront abolis dans l’humanité : voyez comme les gens de la tour de Babel ont été punis d’avoir voulu réparer par eux-mêmes les effets du péché originel ! Il y a donc là, dans ces propos pontificaux incroyables, un orgueil et une impiété inqualifiables, inconcevables, de la part d’un… pape !!!, qui épouse carrément l'impiété et l'orgueil qui sera celui de l'Antéchrist-personne, avec un enthousiasme affiché dont se glorifie impudemment l'indigne pape, mettant sa gloire dans ce qui fait sa honte, qui fait frémir de sainte-colère, de la part d'un... pape :], (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE]" (fin de citation).
           
        Et hélas, ce Noël 1944 n'est pas, de la part de Pie XII, une sorte de lapsus calami, un enthousiasme délirant de passage dû au soulagement que procurait le sortir de l'atroce deuxième guerre mondiale, hélas non, c'est exactement tout le contraire qui est vrai : dans ce point d'orgue du Noël 1944, Pie XII ne faisait que dire sans voile ce qu'il suggérait déjà dans TOUS ses Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943 et donc 1944, comme étant sa pensée la plus profonde, six allocutions péniblement humanistes et déjà pro-antéchristiques, proposant aux peuples, à toutes les nations, d'ériger par voie juridique internationale et dans l'entente cordiale de tous, une Société de justice et de paix, pure création humaine sans le Christ au fronton de l'édifice humain ainsi créé, à la première place. D'ailleurs, on vient de le lire, le pape Pie XII ne manque pas d'insister lui-même sur le fait que c'est "depuis longtemps" qu'il milite pour une nouvelle économie de salut sociopolitique internationale où la paix humaine sera garantie par voie... humaine, juridique et morale (pour un approfondissement de la perversion des idées pontificales quant à la gnose chrétienne-laïque, cf. l'exposé détaillé que j'en ai fait, de Benoît XV à Paul VI, aux pp. 27 à 56 de mon article L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église catholique ?, au lien suivant : http://eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        L'on peut beaucoup mieux comprendre, à présent, pourquoi le pape Pie XII éprouva une véritable haine idéologique mortelle contre la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie, acte éminemment chrétien-sacral qui pourfendait d'outre en outre, par le fait même, ipso-facto, la gnose chrétienne-laïque du pape, qu'il avait pris à mauvaise tâche de mettre en oeuvre dans le monde...
  
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        Mais, après une percée jusqu'en 1952, reprenons à présent le fil chronologique de l'Histoire, et profitons-en pour faire le point. La première période de la Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie demandée par Notre-Dame de Fatima, qui se déroule de 1917 jusqu'en 1945, fin de la deuxième guerre mondiale, est maintenant définitivement close. Elle se subdivise en trois parties, 1917-1929, 1929-1939, 1939-1945, et toutes les trois ont pour cadre la deuxième guerre mondiale comme seul objet formel de la Consécration : de 1917 jusqu'à 1939, c'est pour l'"empêcher", puis, une fois déclenchée en 1939, c'est, jusqu'en 1945, pour la raccourcir.
           
        Nous allons maintenant rentrer dans la période suivante, étudier ensemble une toute autre période où la Consécration demandée n'a plus du tout pour objet d'empêcher ou de raccourcir la deuxième guerre mondiale, puisqu'aussi bien elle est désormais passée et trépassée, mais de sauver la Russie et, subséquemment, le monde entier derrière elle. C'est la période qui s'étale de 1945 jusqu'en 1989, c'est-à-dire depuis la fin de la deuxième guerre mondiale jusqu'à la chute du mur de Berlin qui voit l'effondrement de l'URSS soviétique, viscéralement marxiste-léniniste, période dite de la guerre froide.
 
 
À suivre, dans la seconde page :
La Consécration de la Russie au Cœur Immaculé de Marie :
Une demande désormais obsolète, dépassée ?
À laquelle la paresse spirituelle des chrétiens continue à croire,
papes modernes y compris ?
(2)
 
 
 
 
11-04-2022 09:21:00
 

Réflexions sur le nazisme universel contemporain, encore dit démocratie universelle

 
 
 
Réflexions sur le nazisme universel contemporain,
encore dit démocratie universelle
 
 
        Henri ou Hendrick de Man (1885-1953) est un homme politique belge qui, juste après la seconde guerre mondiale, écrivit un ouvrage Au-delà du nationalisme (1946), que je lus il y a une vingtaine d'années environ, voire plus. Il s'agit là pratiquement de son testament politique. De Man, qui fut plusieurs fois ministre du roi Léopold III, quoique doctrinaire socialiste très-ancré cependant que de très-excellente motivation dans tout son parcours politique, n'était pas n'importe qui. Un de ses compagnons de lutte politique, Paul-Henri Spaak, ne put s'empêcher de dire de lui, à sa mort inattendue, atroce et brutale (un accident affreux ; son automobile coincée dans les rails d'un passage à niveau non-signalé fut broyée par une locomotive), qu'il était "l'un des rares hommes qui, en quelques occasions, m'a donné la sensation du génie".
  
 
Enri de Man
Henri de Man (1885-1953)
             
        La sensation du génie. C'est précisément ce que je ressentis fortement, dans un passage de son livre susdit, qui était une suite développée d'un premier livre qu'il avait écrit en pleine guerre Réflexions sur la paix (1942), passage en effet si génial et qui me marqua si fort l'esprit que jamais je ne pus l'oublier depuis. Il y exposait ceci, en substance : les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement. De Man va même plus loin encore, dans d'autres parties du livre, en soutenant, à fort juste titre nous allons le voir, que les démocraties post-révolutionnaires modernes ont déjà en elles-mêmes le germe du fascisme, dans leur sein. Dès lors donc qu'au cours de l'Histoire, elles "rencontrent" le fascisme ad extra, comme c'est arrivé avec le régime hitlérien, ces germes ad intra en elles, à ce contact, ne peuvent qu'eux aussi s'en épanouir explicitement ad extra.
           
        Mais, quant à sa première assertion que je viens de résumer en gras, voici son texte exact, avec ses propres mots : "On étonnera sans doute beaucoup de gens en disant que la fin de cette guerre [39-45] a été marquée, en même temps, par l'extermination des puissances fascistes et par le triomphe du fascisme [en tant que doctrine, veut dire de Man]. Pourtant, ce n'est pas, hélas ! une simple boutade. Le vrai, c'est que la partie du monde qui a mené la guerre antifasciste n'a pu la gagner qu'en devenant elle-même fasciste sans le savoir. Il n'y a plus de fascistes nulle part ou presque, mais le fascisme est partout ― même et surtout dans l'antifascisme.
           
        "(...) Dès 1942, un auteur anglais, E. H. Carr, dans un livre retentissant sur les Conditions de la Paix, marqua certaines analogies fort instructives en écrivant : «Ce fut la défaite de Napoléon et non sa victoire qui assura le triomphe définitif de la Révolution, dont il avait si efficacement semé les idées... Hitler, comme Napoléon, n'a pu remporter ses succès qu'au moyen de méthodes de domination militaire et d'oppression universelle qui ne peuvent être de longue durée. Sa tâche est primairement et essentiellement dissolvante. Il n'est révolutionnaire que dans un sens négatif ; et un ordre nouveau ne peut naître que par sa défaite». Pour les gens clairvoyants ― peu nombreux il est vrai ― cette dernière phrase faisait, dès cette époque, figure de prophétie. On voit bien mieux maintenant comment, et pourquoi, elle est en passe de se vérifier.
           
        "(...) Car enfin, quels résultats dès à présent certains l'écrasement des États totalitaires en Europe a-t-il entraînés ?
           
        "Pour l'établir, essayons de regarder en face les réalités, sans nous laisser induire en erreur par les discours et les slogans de propagande, qui ne servent souvent, même à l'insu de leurs auteurs, qu'à déguiser la vérité.
           
        "Et d'abord, constatons qu'afin de vaincre leurs adversaires, les grandes puissances alliées ont dû leur emprunter, pour la conduite de la guerre, le plus clair de leurs méthodes : la guerre-éclair, les bombardements aériens massifs, la mobilisation civile, bref tous les traits caractéristiques de la guerre totalitaire. Et comme pour confirmer que le totalitarisme et l'autoritarisme sont inséparables, ils ont dû, eux aussi, étendre dans une mesure sans précédent l'ingérence de l'État dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle. Pour y arriver et pour coordonner leur action dans le secret qu'exige la préparation des actes de guerre, les grands États se virent en outre amené à accorder, à leurs chefs élus, des pouvoirs extraordinaire presque aussi étendus, dans la pratique, que ceux des gouvernements autoritaires, et basés tout autant sur leur prestige personnel et direct auprès des masses. L'opinion publique elle-même, sans laquelle aucun revirement ultérieur n'est imaginable, a été profondément influencée et modifiée par les conséquences morales de la guerre totalitaire. Le vrai triomphe du fascisme qui s'est ensuivi est dans les esprits plus encore que dans les institutions ; et c'est là que réside principalement le danger pour l'avenir" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - L'alchimie de l'Histoire, pp. 57-60).
       
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        ... Réflexions tout-à-fait remarquables ! Et dont on voit bien, à présent, dans la crise covidienne actuelle, toute la profonde justesse, une forme totalitaire... nazie étatique, très-virulente, brutale, moralement homicide et très-agressive, prétendument sanitaire mais à épeler et prononcer nazitaire, surgissant en effet dans cette crise tout soudainement et tout naturellement, telle fille de sa mère, du sein même d'absolument toutes les... démocraties du monde entier, faisant chorus toutes ensembles dans un incroyable unisson, comme un seul homme. Ce qui signifie et révèle avec une grande évidence, par les faits contre lesquels on n'argumente pas, que la démocratie universelle actuelle a donc en elle-même un élément fondamental... nazi.
           
        Et c'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de voir Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne chapeautant technocratiquement les démocraties européennes, militer, en décembre dernier, sous des dehors faussement prudentiels et très-hypocrites, pour la vaccination obligatoire universelle ARNm, même si, pour l'instant, elle renvoie la décision finale au libre choix des nations (... rappelons que le mari d'Ursula, Heiko von der Leyen, est, depuis décembre 2020, directeur de la société de biotechnologie américaine Orgenesis qui se spécialise dans la recherche médicale incluant les thérapies cellulaires et géniques... vous avez dit 2020 ? vous avez dit génique ?).
           
        Or, la vaccination obligatoire universelle ARNm est un attentat direct et formel contre le code de Nuremberg antinazi. Ursula n'a certes pas demandé explicitement l'abolition dudit code, qui mettait un salutaire rempart au viol nazi du droit fondamental de l'homme quant à l'encadrement éthique des expérimentations médicales sur les humains (ce qui cible en plein la nouvelle expérimentation de laboratoire des "vaccins" ARNm sur les populations du monde entier), n'appelant pas à son abrogation juridique comme des esprits trop pressés l'ont dit, mais, en vérité, elle n'avait nul besoin de le faire pour commettre un attentat nazi formel contre ledit code de Nuremberg ! Il lui suffisait juste de faire la promotion de la vaccination obligatoire universelle ARNm dans les nations européennes, ce qu'elle a fait, pour commettre cet attentat ! Elle a en effet très-clairement voulu initier dans lesdites nations une "discussion" sur la vaccination obligatoire universelle ARNm, pour aboutir à "une action commune", poussant donc à ce que les démocraties européennes reprennent "la tradition nazie" de supprimer purement et simplement le droit fondamental de tout homme au libre choix d'accepter ou de refuser d'être le sujet humain d'une nouvelle expérimentation médicale, en lui en imposant une de force, "les vaccins", au-dessus de sa tête, sans l'avoir aucunement consulté préalablement et encore moins en avoir obtenu son consentement (ce qui est directement attentatoire à l'art. 1 du code de Nuremberg).
           
        Mais dès lors que la vaccination obligatoire universelle ARNm serait nazitairement imposée, tout citoyen des démocraties européennes n'existerait véritablement plus du tout en tant qu'homme libre, très-exactement donc comme dans les régimes fascistes, totalitaires. Surtout qu'en plus les démocraties ont bien pris soin, en parallèle, d'interdire pratiquement l'emploi de tout autre traitement non-expérimental que "les vaccins", quelqu'il soit (lesquels, tels les protocoles à partir d'Hydroxychloroquine ou d'Ivermectine, ont pourtant fait largement leurs preuves positives avec un succès bien plus grand que lesdits "vaccins", et en outre avec des effets secondaires tous connus et contrôlés depuis de nombreuses années, et infiniment moins graves que ceux constatés suite auxdits "vaccins").
           
        Par ailleurs, il est bon de préciser que le code de Nuremberg n'est pas dénué de tout élément juridique, comme ont voulu l'affirmer des pro-vaccins en brouillons un peu trop pressés ("Le code de Nuremberg est très régulièrement pris pour un texte déontologique ou éthique, mais il s’agit aussi d’un texte juridique : le procès des médecins [nazis] était en effet un procès de droit international" ― https://fr.wikipedia.org/wiki/Code_de_Nuremberg).
           
        Militer pour la vaccination obligatoire universelle ARNm, comme l'a formellement fait, quoique très-sournoisement, Ursula von der Leyen au nom de la Commission européenne qu'elle préside, c'est ipso-facto, c'est-à-dire par le fait même, attenter formellement au code de Nuremberg, et donc militer pour revenir à une "tradition nazie" contre laquelle ledit code avait établi une salutaire ligne rouge à ne franchir sous aucun prétexte. Cqfd.
           
        On en est facilement convaincu en prenant connaissance du texte même de ces dix articles déontologiques du code de Nuremberg, il n'est que de les lire pour s'apercevoir que la vaccination obligatoire universelle ARNm attente formellement à tous les dix, sans exception aucune !... :
           
        "La traduction moderne de référence du code de Nuremberg, faite depuis le texte du jugement, est la suivante pour les 10 articles :
           
        "1. ― Le consentement volontaire du sujet humain est absolument essentiel. Cela veut dire que la personne concernée doit avoir la capacité légale de consentir ; qu’elle doit être placée en situation d’exercer un libre pouvoir de choix, sans intervention de quelque élément de force, de fraude, de contrainte, de supercherie, de duperie ou d’autres formes sournoises de contrainte ou de coercition ; et qu’elle doit avoir une connaissance et une compréhension suffisantes de ce que cela implique, de façon à lui permettre de prendre une décision éclairée. Ce dernier point demande que, avant d’accepter une décision positive par le sujet d’expérience, il lui soit fait connaître : la nature, la durée, et le but de l’expérience ; les méthodes et moyens par lesquels elle sera conduite ; tous les désagréments et risques qui peuvent être raisonnablement envisagés ; et les conséquences pour sa santé ou sa personne, qui pourraient possiblement advenir du fait de sa participation à l’expérience. L’obligation et la responsabilité d’apprécier la qualité du consentement incombent à chaque personne qui prend l’initiative de, dirige ou travaille à l’expérience. Il s’agit d’une obligation et d’une responsabilité personnelles qui ne peuvent pas être déléguées impunément ; 
           
        "2. ― L’expérience doit être telle qu’elle produise des résultats avantageux pour le bien de la société, impossibles à obtenir par d’autres méthodes ou moyens d’étude, et pas aléatoires ou superflus par nature ;
           
        "3. ― L’expérience doit être construite et fondée de façon telle sur les résultats de l’expérimentation animale et de la connaissance de l’histoire naturelle de la maladie ou autre problème à l’étude, que les résultats attendus justifient la réalisation de l’expérience ;
           
        "4. ― L’expérience doit être conduite de façon telle que soient évitées toute souffrance et toute atteinte, physiques et mentales, non nécessaires ;
           
        "5. ― Aucune expérience ne doit être conduite lorsqu’il y a une raison a priori de croire que la mort ou des blessures invalidantes surviendront ; sauf, peut-être, dans ces expériences où les médecins expérimentateurs servent aussi de sujets ;
           
        "6. ― Le niveau des risques devant être pris ne doit jamais excéder celui de l’importance humanitaire du problème que doit résoudre l’expérience ;
           
        "7. ― Les dispositions doivent être prises et les moyens fournis pour protéger le sujet d’expérience contre les éventualités, même ténues, de blessure, infirmité ou décès ;
           
        "8. ― Les expériences ne doivent être pratiquées que par des personnes scientifiquement qualifiées. Le plus haut degré de compétence professionnelle doit être exigé tout au long de l’expérience, de tous ceux qui la dirigent ou y participent ;
           
        "9. ― Dans le déroulement de l’expérience, le sujet humain doit être libre de mettre un terme à l’expérience s’il a atteint l’état physique ou mental dans lequel la continuation de l’expérience lui semble impossible ;
           
        "10. ― Dans le déroulement de l’expérience, le scientifique qui en a la charge doit être prêt à l’interrompre à tout moment, s’il a été conduit à croire — dans l’exercice de la bonne foi, de la compétence du plus haut niveau et du jugement prudent qui sont requis de lui — qu’une continuation de l’expérience pourrait entraîner des blessures, l’invalidité ou la mort pour le sujet d'expérience" (Wikipedia, au lien Internet ci-dessus).
           
        Est-il nécessaire de faire remarquer qu'il n'est même pas besoin d'avoir son certificat d'études primaires pour comprendre que la vaccination obligatoire universelle à partir de la nouvelle expérimentation de laboratoire ARNm attente peu ou prou à chacun et à l'ensemble de ces dix points du code de Nuremberg, sans exception, surtout en ce qui concerne le consentement libre du vacciné...? Ce qui signifie qu'elle reprend "la tradition nazie" en la matière ?
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        Mais approfondissons un peu l'éclairant parallèle qu'établit Henri de Man entre les méthodes nazies et celles démocrates, parfaitement similaires, et ce, dès la seconde guerre mondiale, ce que de Man vit tout-de-suite, par un génie politique vraiment visionnaire. C'est peu dire que ce parallèle jette une lumière fulgurante sur la crise covidienne actuelle, traitée par tous les gouvernements démocrates selon la plus stricte méthode nazie, brutale, moralement homicide et viscéralement attentatoire aux droits les plus fondamentaux de la personne humaine, ce qui se passe avec les camionneurs canadiens d'Ottawa, au moment où j'écris ces lignes, ne l'illustrant que trop bien.
           
        Première comparaison avec les méthodes nazies : la guerre totalitaire. "Et d'abord, constatons qu'afin de vaincre leurs adversaires, les grandes puissances alliées ont dû leur emprunter, pour la conduite de la guerre, le plus clair de leurs méthodes : la guerre-éclair, les bombardements aériens massifs, la mobilisation civile, bref tous les traits caractéristiques de la guerre totalitaire". Macron, dit l'Emmanuel, l'Autre avec nous, a commencé par poser que la crise covidienne était une situation de guerre. "Nous sommes en guerre". Et l'État démocratique français, après quelques atermoiements et hésitations de départ, a très-rapidement mené cette "guerre-éclair" contre le Covid de manière nazie, totalitaire, ainsi que, d'ailleurs, remarquons-le avec soin, tous les autres États dits démocratiques de la planète terre l'ont fait identiquement comme lui, peu ou prou, d'une seule voix et comme un seul homme, sans aucune fausse note. Nous avons eu droit en effet aux "bombardements massifs", à répétitions et de plus en plus rapprochées, de "vaccins" et de "rappels de vaccins", et à la "mobilisation civile" de tous les citoyens pour que ces "bombardements vaccinaux" touchent le plus de monde possible. La palme d'honneur de tous ces gouvernements démo-nazis semble devoir revenir à l'Autriche ou à l'Azerbaïdjan qui ont été jusqu'à imposer la vaccination obligatoire universelle à toutes leurs populations indistinctement, même aux enfants à partir de cinq ans (là, c'est carrément la bombe atomique sur Hiroshima), ou peut-être au Canada, décrétant les jours derniers l'état d'urgence par l'Autre avec nous canadien, Justin Trudeau, osant traiter de terroristes, en petit satan qui jette son péché sur qui le lui dénonce justement, ceux qui résistent courageusement aux diktats nazis d'un seul traitement "vaccinal" unique et obligatoire, totalitaire, ce qui est là le seul VRAI terrorisme.
           
        Mais restons en France. Le gouvernement Macron a commencé par interdire rigoureusement l'emploi des protocoles Ivermectine et Hydroxychloroquine, mentant sataniquement au peuple français en les réputant dangereux pour la santé, ... alors que c'est juste le contraire qui est vrai !, puis, ensuite, il a imposé totalitairement un seul et unique traitement, le prétendu "vaccin" qui n'est qu'une "thérapie" génique d'apprentis-sorciers au stade expérimental sur des cobayes du monde entier, en se contrefichant totalement de l'impact négatif qu'ils peuvent avoir sur leur santé et de la potentielle mise en danger de leur pronostic vital, à la mode nazie des camps de concentration qui ne considérait pas ces cobayes comme des personnes humaines (sans compter que certains composants de ces produits sont sans doute déjà des têtes de pont pour trans-humaniser les vaccinés...). Et ce n'est pas de la faute du gouvernement Macron si les français ont échappé de fort peu à la vaccination obligatoire universelle, qu'il avait bel et bien dans ses petits cartons de programmer tôt ou tard (elle ne fut appliquée nazitairement qu'aux personnels soignants élargis, sans aucun égard pour ces "héros discrets" qu'ils avaient hypocritement applaudi bruyamment et publiquement dans la première vague de la pandémie), c'est juste parce que le Covid perd de sa virulence plus le temps passe.
           
        "Nous sommes en guerre". Guerre-éclair contre le Covid, avec bombardements vaccinaux massifs sur le plus possible de populations, et mobilisation civile de tous pour la réussite maximale de ces bombardements, guerre totalitairement, nazitairement menée, donc, par toutes les démocraties universelles.
           
        Deuxième comparaison avec les méthodes nazies que retient notre génial visionnaire belge : l'autoritarisme. "Et comme pour confirmer que le totalitarisme et l'autoritarisme sont inséparables, ils ont dû, eux aussi, étendre dans une mesure sans précédent l'ingérence de l'État dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle". Dieu sait assez si nous avons connu cela, depuis deux ans !! Après avoir scandaleusement foulé aux pieds le droit fondamental du citoyen au libre choix d'accepter ou de refuser d'être le sujet-cobaye de la nouvelle expérimentation médicale ARNm, le régime démo-nazi d'Emmanuel Hitler a édicté des prescriptions s'insinuant jusque dans l'intime de la vie du citoyen, à suivre obligatoirement par toute la population sous peine de très-fortes amendes voire d'emprisonnement en cas de récidive, interdiction de circuler au-delà d'un périmètre très-restreint, confinement dans les maisons, télétravail, port du masque, puis pass sanitaire créant ipso-facto une étoile jaune pour ceux qui ne le possèdent pas, transmué très-rapidement en pass vaccinal, et haro sur qui en fabrique des contrefaçons, mesures financières et policières très-drastiques à l'appui de ces diktats à la mise en oeuvre très-surveillée, exactement comme sous le régime nazi 1.0, etc., et j'en passe ! Toutes mesures, faut-il le faire remarquer, pénétrant de force jusque dans l'intime et le vital social et professionnel puis le vital tout court de la vie de tout homme, "dans tous les domaines de la vie, depuis l'économie jusqu'à l'activité intellectuelle" de tout citoyen démocratique, dès lors traité en citoyen radicalement nazifié, totalitairement privé de sa liberté fondamentale...
           
        Troisième élément de comparaison retenu par Henri de Man : "Les grands États se virent en outre amené à accorder, à leurs chefs élus, des pouvoirs extraordinaire presque aussi étendus, dans la pratique, que ceux des gouvernements autoritaires, et basés tout autant sur leur prestige personnel et direct auprès des masses". Ah !, le prestige des chefs "légitimes" de la démocratie et de la démocratie elle-même auprès des peuples modernes ! Qui, de nos jours, parmi nos contemporains, oserait mettre publiquement en question la validité du pouvoir politique des États démocratiques, et singulièrement de celui du président de la République ? Qui oserait remettre en cause "les pouvoirs extraordinaires" qu'ils se sont attribués dans la crise covidienne ? Celui-là, qui, à partir d'un poste d'autorité politique quelconque, oserait le faire (comme je le fais moi-même en tant que simple français dans tous mes écrits sur le sujet en déclarant invalides et illégitimes tous les gouvernements démocratiques actuels et leurs chefs), serait immédiatement jeté par tous, chefs et peuples confondus d'accord comme un seul homme, à la vindicte générale comme un affreux rat noir. Et voilà, justement, où se situe fondamentalement le nazisme dans les démocraties actuelles !! D'abord et essentiellement dans "les esprits" de tous, chefs et peuples, beaucoup plus que dans les Institutions politiques. Malheur à qui ose porter atteinte "au prestige personnel et direct auprès des masses" des chefs de la démocratie et de la démocratie elle-même. Exactement comme sous Hitler, celui qui, dans l'Allemagne à partir de 1933, disait publiquement son désaccord avec le Führer ou le nazisme risquait les pires sévices, souvent de ses plus proches voisins ou concitoyens, voire l'assassinat brutal, état d'esprit collectif nazi 1.0 dont témoigne par exemple l'histoire édifiante du martyr Franz Jägerstätter que j'ai relatée dans un de mes articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/face-a-l-eglise-romaine-concordatairement-prostituee-au-iiieme-reich-d-adolf-hitler-un-heros-discret?Itemid=154).
           
        Car ce ne sont pas seulement les gouvernements démocratiques actuels qui sont nazifiés, les peuples sont eux aussi complètement contaminés, infestés, de nazisme. Ils adorent, ou, à un degré légèrement moindre, idolâtrent, l'État-Providence que se veut être tout État totalitaire envers le citoyen, y sacrifiant de bon cœur leur liberté à la prétendue sécurité que l'État démo-nazi fait miroiter devant leurs yeux hypnotisés et leurs regards moralement répugnants plus encore que lamentables (comme disait Léon Bloy : "La pitié que j'éprouve pour mes contemporains ne peut éteindre en moi la colère que je ressens envers eux, parce qu'elle est fille d'un pressentiment infini" ; ce pressentiment infini dont parle Léon Bloy est celui du prophète qui voit le rejet de Dieu et de tout ce qui rappelle Dieu dans l'attitude de ses contemporains). Et c'est pourquoi Schwab, doctrinaire de l'Autre avec nous, a pu annoncer que le futur (proche) citoyen trans-humanisé et big-brothérisé, quoique ne possédant plus rien dans ce très-bas monde lorsque le nazisme intégral sera advenu, ni sa voiture ni sa maison ni son argent ni sans doute même sa femme ni ses enfants, ni non plus et surtout sa propre personne humaine, n'en sera pas moins un citoyen heureux, il sera heureux d'être esclave de la Matrice, du nazisme intégral et de sa vie de zombie sous le roi des zôtres.
           
        Quatrième point. Et c'est pourquoi Henri de Man est parfaitement fondé à continuer sa comparaison entre le démocratisme et le nazisme par son point 4., ainsi rédigé : "L'opinion publique elle-même, sans laquelle aucun revirement ultérieur n'est imaginable, a été profondément influencée et modifiée par les conséquences morales de la guerre totalitaire. Le vrai triomphe du fascisme qui s'est ensuivi est dans les esprits plus encore que dans les institutions ; ET C'EST LÀ QUE RÉSIDE PRINCIPALEMENT LE DANGER POUR L'AVENIR". C'est bien là en effet qu'il réside, l'effroyable danger, qui fera, in fine, advenir le règne de l'Antéchrist-personne, de l'Autre parmi les hommes ("Je suis venu au Nom de mon Père, et vous ne M'avez pas reçu ; qu'un Autre vienne en son propre nom, et vous le recevrez" ― Jn V, 43). Mais une fois ce règne du nazisme intégral ouvert avec l'Autre à sa tête, nous ne serons plus dans le politique, nous serons dans l'apocalyptique, dans l'eschatologique, les causes secondes laissant soudain la place à la Cause première ou fins dernières de l'homme, où tout être humain sera obligé de mettre en jeu son salut éternel, et alors "Que donnera l'homme en échange de son âme ? Car [pour terrasser le très-éphémère règne de l'Antéchrist-personne à base de nazisme intégral] le Fils de l'homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses œuvres" (Matth XVI, 26-27).
           
        En fait, les chefs démo-nazis actuels ne sont si puissants dans leur nazisme que précisément parce que "les esprits" des peuples y sont eux-mêmes endoctrinés, y ayant déjà acquiescés intérieurement, activement, consciemment, ou bien plus ou moins inconsciemment, passivement, par lâche mimétisme de leurs contemporains. Mais de toutes façons, y acquiesçant tous de bon cœur, pour être heureux dans le monde démo-nazinon plus en homme heureux mais en esclave heureux.
           
        J'ai cité par exemple tout-à-l'heure l'incroyable atteinte au droit fondamental de tout homme que constitue la volonté nazie ouvertement et publiquement manifestée par l'actuelle Commission européenne de passer au four crématoire le code de Nuremberg quant au libre choix par tout citoyen d'accepter ou de refuser une nouvelle expérimentation médicale, puisqu'elle milite pour la vaccination obligatoire universelle ARNm directement opposée à cedit droit et à cedit code. C'est un excellent test. Normalement, si "les esprits" des populations européennes n'étaient pas imbibés et imprégnés voire possédés jusqu'à la moelle par le nazisme, cette très-grave atteinte nazie que constitue la vaccination obligatoire universelle ARNm audit libre choix, que pourtant les démocraties occidentales avaient pris à cœur au sortir de la guerre hitlérienne de défendre bec et ongles justement dans ce code de Nuremberg, aurait dû faire jaillir immédiatement dans tous les grands medias européens une immense clameur, une levée de boucliers, une réprobation générale et des plus scandalisées ! Mais non, point, point, rien de tout cela n'est arrivé, ... Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?, éh bien non elle n'a rien vu venir, il n'y a eu strictement aucune réaction scandalisée de qui que ce soit ayant pignon médiatique sur rue contre la vaccination obligatoire universelle ARNm, sauf sans doute dans quelques rares medias contrerévolutionnaires fort peu consultés, s'exprimant quasi sous cape et en tous cas pas sur cape. Tout s'est passé dans le grand public, ... et c'est presque incroyable !, comme si cette menace de suppression nazie d'un droit fondamental de l'homme et du citoyen que constitue en soi la vaccination obligatoire universelle ARNm était tout ce qu'il y a de plus normale !...
           
        Ce qui montre précisément à quel point affreux de nazification "les esprits" des peuples européens sont actuellement rendus ; d'où le pouvoir sociopolitique qui semble invincible, justement, des chefs nazifiés sur des peuples eux aussi nazifiés.
 
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        Les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement. C'est ainsi que j'ai commencé cet article en résumant la pensée fulgurante d'Henri de Man. Le verbe "intégrer", que j'ai choisi à dessein pour traduire au plus serré sa pensée de fond, exprime fort bien, il me semble, la manière dont les démocraties actuelles ont "vaincu" le nazisme mais sans aucunement le détruire, en l'intégrant tout au contraire dans leurs fondements et mœurs. Zoomons un peu sur la définition du verbe, pour bien comprendre le fond de la question. Le Larousse lui donne plusieurs sens, qui se complètent admirablement bien et permettent d'avoir une idée parfaite sur ce que signifie l'intégration du nazisme dans la démocratie lorsqu'il fut prétendument "vaincu" par elle en 1945. Tout d'abord, le dictionnaire donne la racine latine du verbe, qui révèle lapidairement son sens profond : integrare, rendre entier. Puis, il désenveloppe et explicite ledit sens fondamental, ainsi :
           
        "INTÉGRER. ―
           
        "1. Insérer quelque chose dans quelque chose, l'y incorporer, le faire entrer dans un ensemble : Intégrer un nouveau paragraphe dans un exposé. Synonymes : inclure, incorporer, insérer.
           
        "2. Placer quelque chose dans un ensemble de telle sorte qu'il semble lui appartenir, qu'il soit en harmonie avec les autres éléments : L'architecte a essayé d'intégrer ces maisons dans le site. Synonyme : fondre.
           
        "3. Faire que quelqu'un, un groupe, ne soit plus étranger à une collectivité, qu'il s'y assimile : L'école essaie d'intégrer à la classe les nouveaux venus.
           
        "4. Recevoir et comporter en soi un élément qui originellement était extérieur ou distinct : Pays qui a du mal à intégrer les travailleurs immigrés. Synonyme : assimiler" (dictionnaire Larousse).
           
        Le sens 2., surtout, rend formidablement bien la dynamique du processus de l'intégration du nazisme dans la démocratie post-nazie : les formes extérieures du nazisme intégrées à la démocratie, sont gommées, de façon à ce qu'il "semble lui appartenir", faire partie de la démocratie, "qu'il soit en harmonie avec les autres éléments" de la démocratie. Le sens 1. quant à lui met l'accent sur le fait que le nazisme est intégré dans la démocratie, tel qu'il est et existe, intégralement tout entier, avec armes et bagages si on peut se permettre de le dire ainsi, c'est-à-dire en corps doctrinal intégral. Quant au sens 3., il souligne le fait que le caractère étranger du nazisme par rapport à la démocratie, est radicalement supprimé par assimilation avec la substance démocratique qui l'intègre. Et enfin, le sens 4. précise que le nazisme n'est plus à l'extérieur de l'ensemble politique que constitue la démocratie, mais qu'il est maintenant à l'intérieur, qu'il en fait partie intégrante.
           
        Nous avons maintenant une vue parfaite de la question. À la fin de la seconde guerre mondiale, le nazisme a continué à vivre en se cachant, tel un serpent lové, dans le sein de la démocratie qui l'a "vaincu" seulement au for militaire public et politique extérieur. Depuis la fin de la seconde guerre mondiale, le nazisme est donc INTÉGRALEMENT TOUT VIVANT ET TOUT ENTIER dans la démocratie, quand bien même cela est occulté dans la façade démocratique. Les mondains et les esprits superficiels n'y ont bien sûr vu que du bleu : les méchants, c'étaient les nazis, et les bons, les démocrates. C'est si facile de voir la vie comme avec la télé en noir et blanc des années 60 ! La vérité métapolitique vraie est sinistrement bien différente : après les nazis 1.0, le nazisme s'est réfugié dans le sein de la démocratie, et la démocratie moderne universelle, de virtuellement totalitaire qu'elle est de par ses origines post-révolutionnaires et de par son fondement constitutionnel des "droits de l'homme" antichrists, comme nous allons le voir tout-à-l'heure, est alors devenue formellement totalitaire, désormais toute prête à enfanter au for public un empire nazi universel lorsque l'heure H en aura sonné par mystérieux et secrets décret et permission de la Providence divine, ce que précisément, quatre-vingts ans plus tard, nos yeux saintement encolérés mais pacifiés dans le Christ crucifié en attente de Résurrection glorieuse, voient en nos sinistres jours covidiens où la grenade est désormais dégoupillée.
           
        Mais, je l'ai dit plus haut, de Man va plus loin encore, posant que si les démocraties modernes ont été obligées d'intégrer le fascisme dans leur fonctionnement et mœurs sociopolitiques après la deuxième guerre mondiale, c'est parce qu'il s'y trouvait constitutionnellement... déjà. Voici comment il exprime la chose : "(...) En bref, par où que [sic] l'on envisage le phénomène fasciste, on trouve qu'il est loin d'être une espèce d'accident historique monstrueux et fantasque, ou encore un corps étranger que l'opération chirurgicale d'une guerre pouvait suffire à éliminer. Avant 1940 déjà, j'avais employé une autre image en disant que le fascisme était moins un barrage opposé au courant démocratique qu'un tourbillon dans ce courant ; il a l'air d'aller dans une autre direction, mais est poussé par les mêmes forces et charrie les mêmes eaux" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - Idéologies fascistes, pp. 95-96).
 
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
 
 
        On a cru pouvoir objecter à Henri de Man que les démocraties post-nazies 1.0 n'ont fait qu'employer les méthodes nazies, forcées à cela réactionnairement par de très-prégnantes circonstances, mais sans adopter dans leurs fondements et fonctionnements constitutionnels la doctrine nazie elle-même. Ce qui le prouve, a-t-on cru pouvoir arguer, c'est que les Constitutions politiques des démocraties post-nazies 1.0, celle de la Vème république française de 1958 par exemple, n'ont strictement rien à voir avec celles totalitaires et nazies.
           
        Cette objection n'a cependant aucune valeur, c'est se tromper complètement sur le fond de la question que de voir les choses ainsi, répond énergiquement Henri de Man, car un nazi est plus nazi par sa méthodologie que par sa doctrine théorique : utiliser les méthodes nazies est donc se nazifier beaucoup plus radicalement et certainement que si l'on adoptait seulement l'idéologie nazie sans en utiliser les méthodes. Sa réponse est d'une grande profondeur de vue, la voici textuellement : "Peut-être fera-t-on valoir qu'en tout cela, il ne faut voir qu'une adaptation à certaines méthodes d'action, sans que pour cela on puisse parler de contagion par les idées fascistes proprement dites. La ressemblance se bornerait donc à des excroissances plus ou moins accidentelles, et ne toucherait pas aux principes mêmes d'après lesquels le fascisme entend agir sur les institutions.
           
        "Regardons-y donc de plus près ; le cas en vaut la peine. Et commençons par nous demander ce que vaut cette distinction que l'on nous demande de faire entre le programme du fascisme et ses méthodes.
           
        "(...) Même les porte-parole du fascisme ont pris soin de nous mettre en garde contre la distinction entre les principes et les méthodes, le but et les moyens. Ils ne se sont jamais embarrassés de formules explicites et précises, comme celles de la social-démocratie par exemple ; ils disaient ouvertement que le fascisme impliquait une mentalité plutôt qu'un programme, puisque à l'encontre de ses adversaires, il plaçait les «instincts vitaux» et les émotions collectives au-dessus des «chimères intellectualistes» de la raison souveraine. En somme, le fascisme lui-même a toujours voulu être jugé sur ses méthodes plutôt que sur des programmes, et les diverses formes de recours à la violence qui le caractérisaient constituaient, de son propre aveu, son essence même.
           
        "Mais point n'est besoin de partager la croyance fasciste à la primauté du «vital» sur le «rationnel» pour se méfier des distinctions trop poussées entre «le programme» et «les méthodes». Il y a belle lurette que la sociologie a découvert combien pareille discrimination est fallacieuse. L'histoire de tous les grands mouvements populaires démontre que pour bien comprendre leur fonction historique, il faut, comme chez les individus, examiner ce qu'ils sont et font plutôt que ce qu'ils disent et promettent. Les «moyens» qu'ils emploient, et que la «fin» poursuivie ne sert généralement qu'à «justifier», les caractérisent mieux que n'importe quel programme idéologique établi en vue d'un lointain avenir. En ce sens, il est donc vrai que quiconque emprunte au fascisme ses méthodes d'action, et la mentalité que leur emploi présuppose, devient de ce fait fasciste, beaucoup plus réellement que s'il se bornait à approuver un programme impliquant des transformations institutionnelles à plus ou moins longue échéance.
           
        "(...) Le vrai, c'est que dans tous les mouvements qui font appel aux masses, méthodes et programmes forment un tout inséparable, en ce sens qu'ils constituent ensemble le complexe des mobiles qui font agir leurs adhérents. Mais dans ce complexe, c'est ― comme toujours dans la psychologie des foules ― l'élément émotionnel, concrétisé dans les méthodes d'action, qui conditionne l'élément rationnel, exprimé dans les formules des programmes. Cela est particulièrement vrai du fascisme, qui a, sciemment et ouvertement, poussé plus loin que ses prédécesseurs l'utilisation des éléments irrationnels, symboliques et mystiques, dans la psychologie collective. Ici, on peut dire que, vraiment, les «idéologies» ne sont guère plus que l'expression, en mythes rationnalisés, des passions élémentaires qui se manifestent dans l'action immédiate et quotidienne" (Au-delà du nationalisme, ch. II - Liquidation ou triomphe du fascisme ? - Les méthodes fascistes, pp. 62-64).
           
        Ainsi donc, et notre doctrinaire politique a raison, on devient plus fasciste en prenant les méthodes du fascisme qu'en adhérant à son programme idéologique, par ailleurs flou, confus, embrouillé, obscur, abscons, voire contradictoire en certaines parties, la rédaction de Mein Kampf d'Adolf Hitler l'a montré.
           
        C'est dire à quel point absolu et définitif de non-retour la démocratie universelle est devenue nazie depuis la crise covidienne qui a vu le furieux emploi qu'elle a fait des méthodes nazies...!
 
 
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        Il me semble, parvenu ici, qu'il faut répondre maintenant à un questionnement fondamental, qui surgit de plus en plus fort de mon discours même et des propos éclairés d'Henri de Man, à savoir : Pourquoi le nazisme n'a-t-il pas été radicalement anéanti, en tant que doctrine politique, lorsqu'il fut, mais seulement politiquement et militairement, "vaincu" en 1945 par les forces démocratiques occidentales ? Question un bis, corollaire : Pourquoi les démocraties modernes ont-elles elles-mêmes le fascisme dans leur sein, à l'état de germe virtuel, originellement non-extériorisé et explicité ?
           
        La cause métapolitique de l'impossibilité absolue de l'anéantissement du nazisme par les démocraties occidentales, lorsqu'elles le "vainquirent" en 1945, est facile à saisir pour un catholique, car en effet seule la Foi donne, à la grande question posée, la réponse de fond, que voici : seul un pouvoir politique constitutionnellement basé sur le Christ, à la fois Dieu et Homme parfait, archétypal de tout homme (... surtout de l'homme collectif ou État, ce qui n'est plus du tout perçu par les modernes...) a pouvoir et force surnaturels d'anéantir le mal sociétal, le péché politique, quelqu'il soit. La raison théologique en est infiniment simple : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn XV, 5). L'homme seul sans le Christ, en effet, ne peut rien faire, et Notre-Seigneur Jésus-Christ entend par-là toute oeuvre de co-création qui a une résonance métaphysique, qui est liée à la Vie de la grâce, et qui donc peut prétendre à la stabilité et à la pérennité, participant de l'Attribut divin d'Éternité. Et l'homme ne peut rien faire, surtout, il faut le préciser, en Politique constitutionnelle. Or donc, les démocraties post-révolutionnaires, constitutionnellement basées sur "les droits de l'homme" athées, dont le fondement occulte et inavoué mais très-réel est de rejeter formellement Jésus-Christ du for public et politique, sont, en conséquence, viscéralement impuissantes à supprimer, anéantir, toute forme de mal politique, elles ne peuvent rien faire pour anéantir un mal. Car le faire, pouvoir le faire, est une oeuvre en soi surnaturelle. Ne prenant pas leur virtus politique du Christ-Messie, de Jésus-Christ dans sa dimension Pantocrator de Roy universel, ne la prenant volontairement, tout au contraire, que de l'homme déchu et de Satan, cesdits pouvoirs politiques démocratiques post-révolutionnaires sont en fait eux-mêmes une forme de mal. Or, bien sûr, le mal ne peut rien contre le mal, il ne peut pas l'anéantir radicalement, quant bien même sa forme, mais sa forme seulement, lui serait diamétralement opposée.
           
        La vérité, c'est que toute Institution politique qui, depuis la Révélation, ne se source pas constitutionnellement sur le Christ-Messie Pantocrator, est totalitaire, implicitement ou explicitement, et quelque soit la forme adoptée de son totalitarisme. Et c'est bien pourquoi, ce qui répond à la question un bis, les démocraties modernes ont déjà en leur sein, à l'état de germe virtuel, le facho-nazisme. Tant il est vrai qu'une certaine forme politique particulière de mal qui s'oppose au Bien peut tout aussi bien prendre et revêtir une autre forme politique particulière de mal également opposée au Bien, qui est Dieu et l'Ordre, naturel et surnaturel, qui en découle, ce n'est juste qu'une question kaléidoscopique d'angle de vue, et de situation historique particulière, qui décide d'une forme ou d'une autre. La démocratie moderne qui est un mal opposé au Bien et à l'Ordre très-chrétien, peut donc fort bien se transmuer en facho-nazisme, autre forme de mal opposée au Bien, telle la couleur d'un caméléon se change selon la couleur de fond sur lequel il est vu, tout en restant toujours le même caméléon, ou telle la figure géométrique colorée devient toute autre figure géométrique et autrement colorée, pour le très-peu qu'on tourne, ne serait-ce que d'un cran, la lunette du kaléidoscope, et c'est toujours le même kaléidoscope.
           
        La seule chose qui compte en effet, dans la vie privée de l'homme comme dans sa vie politique, c'est l'acquiescement ou l'opposition au Bien, au Bien Suprême qui est le Bon Dieu Un et Trine, Père, Fils et Saint-Esprit, extrinsèque à l'ontologie humaine, à tout être humain, a fortiori à tout être humain collectif ou État. La seule chose à prendre en compte, c'est le Bien et son Ordre surnaturel, qui sont les seuls à exister métaphysiquement ; tout ce qui s'y oppose s'appelle le mal métaphysiquement inexistentiel, ce qui signifie que les différentes formes que ce mal prend ne sont donc guère qu'accidentelles, non substantielles, elles sont mouvantes et changeantes comme la mer et sa houle, elles peuvent, selon le jeu mystérieux et imprévisible des forces dialectiques internes, prendre soudain une autre forme que celle originelle, puis encore revenir à ladite forme originelle, puis encore à nouveau prendre une troisième forme de mal politique, ... fasciste, ... démocrate, ... communiste, mais tout en restant toujours le même inexistentiel mal de fond, radicalement opposé au Bien substantiel, métaphysiquement existentiel, et Lui seul. C'est bien pourquoi le Saint-Esprit prend dans l'Apocalypse de saint Jean l'image de la Bête de la mer pour désigner les puissances politiques des peuples impies déconnectés de Dieu et se donnant à l'Antéchrist-personne ; la Bête de la mer, pour le dire lapidairement mais très-réellement, c'est en fait la démocratie universelle post-révolutionnaire actuelle (revoir à ce sujet la première partie de mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-faux-prophete-l-antechrist-sont-une-seule-et-meme-personne-et-non-deux?Itemid=154).
           
        On sait que le contre-évangile des démocraties post-révolutionnaires est tout contenu, cristallisé, dans le concept de liberté (l'égalité et la fraternité du triptyque révolutionnaire ne sont que subséquences de ladite liberté), liberté dont on gave à qui mieux-mieux les oies démocratiques tous les jours, la mettant au pinacle de la glorification, au-dessus du Trône de Dieu, avec obligation citoyenne de l'adorerMais, bien sûr, il ne s'agit pas de la vraie liberté, celle que possèdent, et eux seuls, les enfants de Dieu par don divin gratuit, datis gratae. Il s'agit au contraire d'une liberté luciférienne de faire ce que l'homme collectif ou État veut faire et veut croire au nom de tout le peuple qu'il administre, dans lequel peuple, et non dans le Christ, il prétend sourcer et puiser sa puissance, sa validité, son fondement et sa vie politiques (c'est en toutes lettres apostates et athées dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1791 : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation" ― art. 3 ; et, à l'article 2 du titre III de cette même constitution, l'antéchristique déclaration, de renchérir : "La nation, de qui seule émanent tous les pouvoirs, etc."), liberté luciférienne disais-je, de faire et de croire, soit le mal soit le bien, et qu'on a appelé depuis liberté de conscience, en autonomie totale par rapport à l'Ordre, naturel et surnaturel, qui émane de Dieu.
           
        Si le gouvernement démocratique choisit la liberté de faire le bien, ce n'est pas du tout pour obéir à Dieu et Lui rendre hommage et gloire de cedit bien qu'il opère, car la liberté luciférienne ne connaît pas Dieu, c'est uniquement pour se glorifier lui-même et s'adorer dans ce bien qu'il fait et opère, à l'instar de Lucifer l'ange déchu ; c'est donc un bien sans Charité divine, une cymbale plus ou moins retentissante qui ne vaut surnaturellement strictement rien. Que si ledit pouvoir démocratique choisit la liberté de faire le mal, il appellera "bien" ce "mal" pourtant objectif qu'il a décidé de faire, car toute chose faite par lui et mise en oeuvre par sa liberté, soit de faire un bien objectif soit de faire un mal objectif, est en soi le bien. L'avortement, le mariage gay, est un "bien" parce que, lucifériennement, sa liberté le veut. Cette prétendue liberté revolutionnaire rejette absolument tout ce qui n'est pas elle, qui la contredit et qui l'anéantit, comme la vraie liberté chrétienne par exemple le fait : la liberté luciférienne devenue dans nos temps modernes démocratique est par essence totalitaire, nazie. D'où l'axiome révolutionnaire bien connu : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté !"
           
        En prenant conscience de ce caractère excessivement mauvais et même luciférien du fondement métaphysique de toute société démocratique, que je viens de sommairement décrire, on peut dès lors beaucoup mieux saisir pourquoi la démocratie moderne, qui n'est pas du tout le "Bien politique" (à coloration de préférence anglo-saxonne), comme une propaganda digne de Joseph Goebbels en a assommé et sur-assommé les peuples au sortir de la seconde guerre mondiale, matraquage des cervelles qui s'est du reste continué et se continue encore et toujours avec la même incroyable virulence diabolique jusqu'à nos jours cala(très)miteux (... les papes modernes y donnant furieusement une main sacrilège, comme des malades bons à enfermer, à commencer par Pie XII dans tous ses Noëls de guerre 39-45 surtout celui de 1944, sans parler de Jean XXIII qui, dans Pacem in terris de 1963, se mettait presque à deux genoux devant l'ONU, ni non plus de Paul VI et de son incroyable discours idolâtrique de prostituée à l'ONU en 1965, et ne parlons pas des papes suivants...), on peut dès lors beaucoup mieux saisir pourquoi, disais-je, la démocratie moderne, qui, loin d'être un bien politique, est au contraire un très-grand mal politique fruit de la Révolution, peut épouser si facilement un autre mal politique, à savoir le facho-nazisme, et devenir, hélas, comme dans les mariages bien faits, UNE SEULE CHAIR AVEC LUI...
 
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        Retournons encore une dernière fois à la pensée d'Henri de Man que j'ai synthétisée plus haut, pour apporter une importante précision supplémentaire : les démocraties modernes n'ont vaincu le nazisme seulement qu'en intégrant son totalitarisme doctrinal dans leurs propres fondements et mœurs politiques, et pas du tout en l'anéantissant radicalement.
           
        Nous venons de voir que les démocraties post-révolutionnaires constitutionnellement antichrists ne peuvent pas vaincre une forme politique de mal quelle qu'elle soit, en l'occurrence le nazisme, en l'anéantissant, en le phagocytant radicalement, elles ne peuvent au contraire qu'augmenter leur propre mal antichrist originel en intégrant en elles cet autre mal, celui du nazisme (le même raisonnement est d'ailleurs à tenir pour le communisme). Elles ne peuvent que se grossir d'un mal supplémentaire que par ailleurs, on l'a vu, elles ont déjà en germe virtuel dans leur sein, le mal spécifiquement nazi ne faisant dès lors que servir d'activateur, d'accélérateur, à un mal virtuel déjà présent en elles.
           
        Or donc, et c'est la précision supplémentaire que j'ai à cœur d'apporter maintenant, seule une société politique constitutionnellement ordonnée au Christ-Dieu peut, quant à elle, vaincre réellement une société politique du mal, tel le nazisme, en l'anéantissant radicalement, c'est-à-dire en le phagocytant usque ad mortem. Car une société constitutionnellement christique a participation du Pouvoir divin du Christ dans sa dimension Pantocrator de Roy universel, d'engloutir le péché politique, de le supprimer réellement c'est-à-dire jusqu'à son anéantissement complet et définitif, sa mort, à l'instar de ce que le Christ a Lui-même fait dans la Rédemption, faisant mourir et anéantissant complètement le péché et le mal par son Sacrifice sur la croix. Et c'est ce pouvoir divin d'anéantissement complet du mal et du péché politiques qu'Il transmet libéralement aux sociétés politiques qui Le prennent comme source et fondement de leur pouvoir politique. C'est cela que signifie le processus métabolique de la phagocytose. Phagocyter signifie en effet : détruire par phagocytose. C'est une vraie destruction, un anéantissement. Il ne reste strictement plus rien de la chose phagocytée une fois que la phagocytose est opérée, exactement comme du péché soumis à la Rédemption du Christ. Et cela, seules les sociétés politiques constitutionnellement basées sur le Christ ont ce pouvoir d'annihilation radicale et définitive d'un mal politique, quelqu'il soit.
           
        Ce qui signifie ceci, et c'est à cela que je voulais arriver :
           
        Seule la société politique des roys très-chrétiens innervée par le Christ, à la constitution théocratique issue du Sacre de Clovis, réactivée épiphaniquement, très-miraculeusement, par sainte Jeanne d'Arc à la fin du Moyen-Âge, et dont le dernier tenant-lieu au for public fut, de glorieuse mémoire, le roy Louis XVI, aurait eu le pouvoir de phagocyter radicalement le mal politique nazi, sans être obligé, dans le processus même de cette opération, comme les démocraties modernes le furent, d'intégrer dans son propre et théocratique fondement politique, le nazisme.
 
 
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        ... Et maintenant, où en sommes-nous tous, depuis que les sociétés politiques démocratiques universelles se sont ouvertement nazifiées dans la crise covidienne ?
           
        Nous sommes politiquement en pleine folie du diable, en pleine folie totale ("À la foire aux fous" comme je l'illustrais dans un de mes derniers articles par des exemples ecclésiaux). La raison bien simple en est qu'à la tête d'une société nazie, il y a toujours des fous, car la folie est la matière première du diable pour régir et imposer un gouvernement de néant et du mal aux hommes qu'il tient sous sa férule, les hommes s'étant d'eux-mêmes, depuis la Révolution, livrés au diable par leur péché gravissime d'avoir voulu sociopolitiquement vivre en boucle sur eux-mêmes, tel le serpent qui se mord la queue, tournant comme bourriques dans leur néant métapolitique congénital. La raison spirituelle de cette folie collective des sociétés politiques émasculées du Christ, est simple, et j'en ai déjà exposé plus haut tous les éléments, que je vais maintenant rassembler.
           
        Premièrement, la grande loi de ce que le philosophe lyonnais Blanc de Saint-Bonnet appelait la "Politique réelle" est celle révélée par la Parole lapidaire du Christ : "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire". Si je fais donc quelque chose en Politique sans que mon oeuvre soit surnaturellement mue par le Christ et sa grâce, alors, je n'ai RIEN fait, quand bien même cette oeuvre devrait briller d'un grand'éclat dans la figure du monde qui passe. Elle n'aura en fait, et il ne faudra généralement que fort peu de lustres aux hommes pour s'en rendre compte, aucune existence réelle. Elle ne tardera pas à devenir poussière balayée par le vent, c'est-à-dire par le Saint-Esprit. Ce fut le sort de tous les grands empires du passé, basés sur la chair et le sang, la volonté de puissance que la sainte-Écriture appelle "le bras de chair", et non sur la grâce de Dieu...
           
        Deuxièmement, cette loi divine révélée par le Christ jette aussitôt un éclairage et un jugement fulgurants sur la vacuité et la folie intégrales des sociétés politiques non-ordonnées constitutionnellement au Christ. On vient de voir en effet que la démocratie, se glorifiant de ce qui fait sa honte comme dit saint Paul des impies, s'enorgueillit de baser la virtus de son pouvoir politique, depuis la Révolution, sur l'homme seul, sur l'homme multiplié qu'est la nation, mais un homme taré de la tache originelle : donc, l'homme déchu désigné pour être le chef d'une société démocratique va prendre son autorité, pour poser une oeuvre politique, de tous les hommes déchus de cette dite société donnée qui sont sous son commandement, ainsi que le veut formellement la déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1791 que j'ai rappelée plus haut : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation". Lafayette, le franc-maçon Lafayette, avait ainsi résumé, aux temps de la Révolution, dans une formule à l'emporte-pièce qui serait presque drôle alors qu'elle est en vérité terrible, ce principe révolutionnaire : "Puisque nous sommes leurs chefs, suivons-les !" Ce qui signifie que tout tourne en boucle dans l'homme, avec l'homme, pour l'homme, per ipsum, et cum ipso, et in ipso, dans une pseudo-liturgie politique inversée, immanentiste, régie par Satan le maître de l'inexistence métaphysique (c'est bien pourquoi d'ailleurs, Satan se dit maître de tous les royaumes non-théocratiques de la terre, il en fait, on le sait, l'objet de la deuxième tentation du Christ au désert, en ces termes : "Et le diable Le conduisit sur une haute montagne, et Lui montra en un instant tous les royaumes de la terre ; puis il Lui dit : Je Vous donnerai toute cette puissance et la gloire de ces royaumes ; car ils m'ont été livrés, et je les donne à qui je veux" ― Lc IV, 5-6). Car comme tous les hommes peuplant la nation démocratiquement gouvernée n'ont pas plus la grâce divine de faire en Politique que le chef lui-même ne la possède, alors cela tourne en boucle dans l'homme de néant et avec l'homme de néant, pour ne faire ensemble qu'une oeuvre politique de néant, n'ayant aucune existence métaphysique, ni mérites surnaturels en vue du Royaume éternel de Dieu. L'homme démocratique, ayant décidé de se poser en Lucifer politique à la Révolution, va en fait pseudo-créer un univers où rien ne sera réel, puisque le réel est obligatoirement ordonné à Dieu et à son Ordre, soit surnaturel soit naturel.
           
        Cette pseudo-oeuvre politique qu'il va créer s'avèrera donc être, en première comme en dernière analyse, pur néant inexistentiel complètement déconnecté du Réel, une oeuvre de folie, folle, au plein sens du terme. Toute société politique qui prétend vivre sa vie politique sans métapolitiquement la baser sur le Christ, va donc être une société qui vit et agit dans la folie la plus intégrale, totale, quand bien même elle pourra donner l'illusion d'être censée dans l'écorce et le vernis des choses, le côté "animal social" de l'homme. Et voilà la caractéristique principale tant du nazisme que de son frère de sang contaminé, le démocratisme : la FOLIE.
  
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        La folie du diable qui possédait monstrueusement l'esprit des doctrinaires et dirigeants nazis 1.0 est bien connue, à commencer par Hitler. Ils menaient leurs politiques par des doctrines toutes plus insensées les unes que les autres. En fait, seule la violence énergétique des moyens pour les mettre en oeuvre concrète donnait l'illusion d'une certaine cohérence d'ensemble et permettait au nazisme d'apparaître, à tort, comme sensé, ainsi que l'a fort bien vu Henri de Man, en ces termes : "Les diverses formes de recours à la violence qui le caractérisaient [le fascisme] constituaient, de son propre aveu, son essence même". La première folie sur laquelle le régime nazi d'Hitler se basait était le racisme : or, les théories racistes connues des nazis, par exemple pour différencier les juifs des autres races, étaient des loufoqueries toutes plus insensées les unes que les autres, mais c'était sur ces folies, considérées comme des dogmes, qu'ils allaient jusqu'à la mort, jusqu'à tuer de sang-froid les malheureux juifs du peuple. De même, leur goût quasi hystérique de l'occulte noir, quand il n'était pas purement satanique, se basait lui aussi sur les plus ridicules fantasmagories et délires pseudo-mystiques, dont un tout petit peu de christianisme suffisait pour en montrer l'inconsistance absolue, ridicule et vaine, mais hélas menant ses adeptes aux portes de l'enfer éternel. De même encore, pour leur culte nietzschéen et wagnérien imbécile de l'homme fort, du sur-homme dans une nature vierge, qu'ils idolâtraient par-dessus tout.
           
        Goering par exemple, le n° 2 du parti, croyait dur comme fer au mythe du barbare germain primitif sain, à faire renaître dans une forêt primitive, pour que le monde soit renouvelé. Il s'était à cet effet accaparé la grande forêt de Białowieża à l'est de la Pologne, de plus de 1 500 km2, prétendument la plus primaire d'Europe, supprimant ou déportant au passage des centaines de familles de simples paysans ou charbonniers qui y vivaient ancestralement, rasant et incendiant leurs villages, y interdisant par après tout accès, et mettait les scientifiques sous ses ordres sur des projets complètement fous et absurdes visant à recréer et repeupler dans cette "forêt primaire", par de loufoques et vains croisements à partir de yacks ou de bisons et en s'imaginant ainsi remonter à l'auroch, des espèces brutes d'animaux préhistoriques disparus de la planète depuis des dizaines de milliers d'années...!! En pure perte, faut-il le dire. Mais Goering avec ses SS ambitionnaient très-sérieusement de reprendre la maîtrise du cours de la nature pour la faire revenir en feedback sur ses prétendues origines vierges et brutes, à l'époque de la Golden Dawn ou Aube dorée, professaient-ils, où elle était pleine de vie et d'énergie primaire vierge. C'était un plein délire fou, inspiré par le diable, apostasiant le vrai dogme cette fois-ci du Paradis terrestre donné de la Main de Dieu (et non de la main d'une soi-disant Nature-Dieu) à Adam et Ève, apostasiant aussi le vrai dogme de la Chute originelle rendant impossible de rentrer à nouveau dans le Paradis terrestre, barré invinciblement depuis lors par l'Ange à l'épée de feu tournoyante. Ce délire fou de Goering assisté de zoologues et de savants SS a été mis en relief dans un très-intéressant documentaire d'Arte, intitulé Le monstre nazi, en 2014.
           
        Tout cela, dans le nazisme 1.0, était fou de folie totale, et l'on sait que j'en passe beaucoup, mais c'était sur cette folie du diable que, tel le colosse aux pieds d'argile friable, le nazisme hitlérien 1.0 régnait par la terreur et la violence homicide sur les hommes asservis. Car, on l'a vu plus haut avec Henri de Man, c'est par sa violence méthodologique que le nazisme prétendait exister. Exorcisons ces folies du diable par la vérité catholique sur l'homme : le vrai "sur-homme", c'est le... saint, celui qui a dominé en lui le péché et le mal par la grâce toute surnaturelle du Christ, car il est impossible de le faire par la nature, déchue qu'elle est depuis le péché originel. Dans notre monde, sur cette terre, il n'y a pas d'autre "race" de "sur-homme" que le saint. Et ce vrai "sur-homme" sera actualisé quand le désir brûlant de Charité divine de saint Paul sera réalisé en chacun de nous et en tous : "Ce n'est plus moi qui vit, c'est le Christ qui vit en moi !" (Gal II, 20). C'est à cela, et à cela seul, que nous devons tous travailler, individuellement et communautairement, et politiquement aussi, pour renouveler et réactualiser en nous l'homme des origines, l'Adam préexistant véritable, qui s'avère être le Christ-Verbe Lui-même plus que l'Adam de la Genèse.
 
 
European Union Debates Abolishing the Nuremberg Code Trying to Pre Empt Their Arrest for Crimes Against Humanity 2
           
        Or, on rencontre cette même folie du diable nazi 1.0 dans le démo-nazisme 2.0 contemporain. Il n'en faut prendre pour preuve et illustration que la gestion de la crise covidienne que l'on vient de passer et qu'on passe encore. Comme je l'ai dit plus haut, et tout le monde le sait, les démos-nazis 2.0 qui gouvernent actuellement se sont follement entichés des seuls "vaccins" nouvelle technologie ARNm, comme seule et unique, et totalitairement unique, solution contre le virus du Covid. C'est une folie totale, complète, qui équivaut aux pires folies d'Hitler et de ses doctrinaires, pour plusieurs raisons, dont une seule d'entre elles suffirait à le montrer à l'évidence.
           
        Premièrement, il ne s'agit pas d'un vaccin traditionnel, il s'agit, et il faut le redire encore une fois quand bien même tout le monde le sait ou fait semblant d'"oublier" volontairement de le savoir, d'une expérimentation génique de laboratoire, toujours au stade expérimental contrairement à ce que veulent affirmer certains menteurs patentés (puisque de toutes façons, pour ne parler que de cela, les effets secondaires à long terme ne peuvent pas, en tout état de cause, être encore connus... actuellement !, même La Palice aurait pu comprendre cette évidence évidente, que les menteurs démo-nazis osent contredire, montrant ainsi leur folie totale et la lobotomisation de leur cervelle ! : le processus ne peut donc qu'être, et est effectivement, toujours... au stade expérimental !), aussi dangereuse pour l'ADN de tout homme, que l'énergie atomique l'est pour la matière.
           
        Rien que l'acceptation de l'emploi d'une telle méthode pour l'homme est déjà synonyme de folie furieuse !
           
        Deuxièmement, Israël est un pays entier qui, ... t'en souvient-il ? comme dit le poète, a servi de cobaye national pour expérimenter avant tout le monde cette nouvelle technologie génique plus que nouvelle thérapie ; la population a été vaccinée à très-large majorité une fois, puis une deuxième fois, puis une troisième fois, et... les israéliens se sont arrêtés à la quatrième dose, écrasés par l'évidence de l'inefficacité quasi totale dudit "vaccin"... en fait, de l'eau de boudin qui a fait "psschiit" ! ; un grand professeur de médecine israélien, pour libérer sa conscience trop comprimée, a alors publiquement déclaré que son service d'urgence voyait plus de malades du Covid vaccinés que de malades du Covid non-vaccinés ! Après les trois doses ! Donc, normalement, au vu et sus d'un tel fiasco si accablant, toutes les démocraties de la planète terre, qui ne peuvent qu'en avoir eu connaissance, auraient dû logiquement prendre acte du résultat négatif de cette expérimentation nationale qui fut menée en Israël selon un rigoureux protocole, et en tirer la seule conclusion rationnellement logique à en tirer pour leurs peuples respectifs : il faut arrêter tout-de-suite les "vaccins". Or, aucune démocratie n'en a tenu compte, et, ébahis, pour peu qu'on puisse encore s'ébahir d'un illogisme à l'heure actuelle, on a au contraire vu dans la foulée du fiasco d'Israël, l'Autriche imposer très-nazitairement, dans la folie la plus totale, avec des sanctions démesurées et à peine croyables en termes d'amendes ou d'emprisonnement pour les réfractaires... la vaccination obligatoire universelle pour tout son peuple.
           
        Ce n'est pas tout. Troisièmement, non seulement l'inefficacité de cette nouvelle technologie thérapeutique est prouvée par les faits (contre lesquels, je le rappelle en cette période de folie totale des esprits, on n'argument pas, si l'on veut rester dans la sagesse du rationnel et du raisonnable, contra factum non argumentum), mais sa grande dangerosité pour la santé et même le pronostic vital des humains a été plus que montrée et démontrée par des statistiques très-officielles. Je n'en prendrai qu'une seule : une base de données US révélant que les soldats de l'armée américaine, qui ont tous subi la vaccination obligatoire, développent au moins dix fois plus de maladies graves et souvent handicapantes à vie, quand ce n'est pas des morts subites, dans une période donnée comparée à la même période des années précédentes où ils n'étaient pas "vaccinés" ARNm.
           
        Non-efficacité ; dangerosité qui peut être mortelle pour la santé humaine. Mais que faut-il de plus pour comprendre d'avoir à stopper d'urgence "les vaccins"...??
           
        Or, c'est le raisonnement... inverse, vraiment satanique, c'est-à-dire qui va à l'envers radical de la vérité et de la logique rationnelle, qui est adopté et poursuivi manu militari par tous les démos-nazis actuels 2.0. Bill Gates a tenu une conférence de presse à Munich dernièrement, où ce véritable possédé du démon a osé, devant tout un parterre de ministres des démocraties à deux genoux devant lui, sinon à trois, véritablement comme s'il était un oracle de sagesse à écouter, a osé disais-je, commenter le fiasco des "vaccins", qu'il admet enfin, en disant qu'il fallait... faire un plus grand effort collectif pour financer plus encore les laboratoires fabricants des vaccins, car une prochaine pandémie pourrait être plus mortelle encore que celle du Covid, les vaccins étant bien entendu la seule solution pour y parer. Au passage, il n'a pas manqué de regretter fort que le Covid soit finalement plus vaincu par l'immunité naturelle des humains que par les "vaccins", c'est une terrible humiliation pour sa gnose vaccinale, c'est tout juste si cet illuminé luciférien n'en fait pas une dépression, une nervous breakdown. On est vraiment là en présence de ce qu'on appelle, dans la langue moderne apostate, un dangereux psychopathe (car, en réalité surnaturelle, ce genre d'individu s'appelle un possédé du démon), un vrai et authentique fou à l'égal des pires doctrinaires nazis hitlériens 1.0, faisant des "vaccins" ARNm, un dieu d'absurdité et une religion d'illogisme à part entière. Mais... c'est ce genre de fou qui commande actuellement tous les gouvernants des nations démo-nazifiées actuelles...!
           
        Car je rappelle que Bill Gates tient financièrement dans sa main, avec les membres des "200 familles aux pouvoir" derrière lui, tous les gouvernements de la planète terre, au moins ceux occidentaux (ce n'est pas du complotisme que de le dire, c'est juste une sinistre réalité véritable, quantifiable et vérifiable). Et c'est pourquoi sa parole vaut dogme, est un oracle, pour tous les gouvernements démos-nazis de la planète terre actuelle, qui n'ont plus qu'une chose à faire après l'avoir écoutée : la mettre en pratique. Ce n'est plus le Verbe de Dieu incarné, le Christ, qui dirige actuellement la vie des hommes par sa Parole de Vérité, c'est déjà l'Autre, le roi nazi des zôtres. Et, sauf le fameux "petit reste", tout le monde suit, et va se glorifier, très-prochainement, de suivre la Bête. On ne devrait en effet pas tarder à entendre le cri blasphématoire abject des peuples séduits, comme nous l'apprend l'Apocalypse : "Qui est semblable à la Bête, et qui pourra lutter contre elle ?" (Apoc XIII, 4). Le feu du ciel leur répondra.
           
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        Alors, la question se pose : Est-ce que le nazi 1.0 Goering était plus fou de folie totale de vouloir revenir à une nature vierge et régénérée par des expérimentations eugéniques sur des animaux dans sa forêt polonaise et biélorusse, que tous les dirigeants démo-nazis 2.0 actuels le sont, de promouvoir leurs "vaccins" ARNm pour prétendument guérir les humains des virus en les trans-humanisant, ce qui est loin d'être une régénération de la race humaine quand c'en est une destruction plus ou moins à retardement (car les "vaccins" ARNm pénètrent l'ADN humain et le modifient OGM) ? Quel est le plus fou de folie totale, en vérité, du nazi 1.0 de 1940 ou du démo-nazi 2.0 de 2020 ? Ceux qui ont gardé la tête froide et sensée dans la crise covidienne, et ils ne sont pas si nombreux que cela, ne peuvent, à tout le moins, que prendre acte que c'est cette même et monstrueuse folie totale du diable nazie 1.0 que l'on constate actuellement dans le démo-nazisme universel 2.0, soutenue par la même violence moralement homicide radicale (Goering n'a pas hésité à éliminer des milliers de paysans pour "régénérer" sa prétendue forêt primaire, mais les démo-nazis 2.0 n'ont pas plus hésité à laisser les "vaccins" ARNm comptabiliser des centaines de milliers de morts ou d'handicapés à vie dans le monde entier, statistiques officielles à l'appui).
           
        Le moins qu'on puisse dire, c'est que les dirigeants politiques démos-nazis 2.0 sont mûs par une folie aussi totale que leurs prédécesseurs 1.0. C'est très-perceptible dans la question des "vaccins" ARNm. Tout prouve que la voie du "vaccin" est folle de folie totale, mais ils ont les oreilles complètement fermées sur les réalités les plus évidentes et grossières qui le leur montrent, exactement comme les nazis 1.0 : cela ne fait que les rendre plus fous furieux encore à vouloir la solution du "vaccin" ARNm et à vouloir l'imposer aux peuples nazifiés. Je ne suis étonné que d'une chose : c'est que les démocraties nazies actuelles n'aient pas encore créé un Ministère de la Vérité pour définir la pseudo-vérité qu'elles ont décidé d'ériger en dogme nazi et pour obliger les peuples à croire quasi sous peine de mort à la doxa du régime, comme dans le roman d'anticipation 1984 de George Orwell (on n'en est d'ailleurs pas très-loin, avec la menace de censure sur Internet sur tout ce qui n'est pas nazicaly correct...).
           
        Qui ne voit Satan, "homicide dès le commencement" (Jn VIII, 44), qui veut détruire présentement toute l'humanité créée par le Bon Dieu, derrière une telle attitude de folie totale, un tel comportement insensé, qui cache mal ce but satanique ultime, ne le verra jamais et nulle part. C'est vraiment la folie du diable, visible à l'œil nu, l'œil spirituel.
 
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        Voilà. J'ai bien travaillé pour une grande vérité dans cet article, qu'il me tenait à grand'cœur de dire depuis assez longtemps : le démocratisme post-révolutionnaire peut très-bien s'appeler fascisme ou nazisme, c'est en effet substantiellement absolument la même chose.
           
        Quel sera le sort de cette vérité parmi les hommes ?
           
        Je laisse Henri de Man le dire :
           
        "Je suis suffisamment habitué à me trouver en minorité pour prendre mon parti de la patience requise en pareil cas. Il est des choses qu'il faut dire même si l'on ne trouve presque personne pour les écouter ; raison de plus pour parler quand on voit croître de jour en jour le nombre des autres" (Au-delà du nationalisme - Avant-propos, p. 13). D'une manière sans doute plus lapidaire et aussi plus catholique, Léon Bloy exprimait ainsi cette situation morale des vrais prophètes, que l'auteur de ces lignes a beaucoup à vivre lui aussi, et qui est celle de l'aigle qui regarde le soleil de la Vérité en face parmi "les chiens et les pourceaux" (Matth VII, 6  c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ qui le dit c'est pas moi) : "Depuis longtemps, je me résigne à écrire pour Dieu seul, à chanter sa Gloire dans le désert" (Lettre à Florian, 13 décembre 1910).
           
        Je mets à présent le point final par une phrase absolument magnifique d'Henri de Man, ... que la Paix, le Repos et la Lumière du Christ habitent éternellement cette âme de bonne volonté qui aimait la vérité politique !! : "Si, dans une nuit opaque, on cherche à s'orienter sur les objets proches, vaguement aperçus l'un après l'autre, on est à peu près sûr de se fourvoyer. Pour ne pas se perdre, il faut alors se guider sur une étoile" (Au-delà du nationalisme, ch. I - La grande désillusion - Nécessité d'une vue d'ensemble, p. 52).
           
        Cette étoile, c'est celle que virent les Rois-Mages il y a 2 000 ans, et qui les mena à l'Enfant-Dieu et Homme parfait né dans la crèche de Bethléem.
           
        Cette Étoile, surtout en Politique,
           
        C'est Jésus-Christ.
 
Mercredi des Cendres,
... Ô homme, tu es poussière !
Et tu retourneras en poussière !,
ce 2 Mars 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
            
        Addenda ― J'ai mis une semaine à rédiger cet article ; dans les derniers jours, lorsque j'étais en train de mettre la dernière main à mon écrit, a surgi soudain la guerre en Ukraine, qui menace de tourner en troisième guerre mondiale, avec l'énorme danger nucléaire sur nos têtes. Je n'en dirai qu'un mot, en relation avec mon article : les démonazies occidentales vont, exactement comme dans la deuxième guerre mondiale il y a 80 ans, se draper de justice et de liberté, se posant insolemment et avec une arrogance insupportable en arbitres du droit, avec la prétention pleine d'orgueil de dire où est le bien et où est le mal en Politique. Prenons bien conscience que ces filles de Satan, ces filles de Babylone, n'y ont aucun droit, étant elles-mêmes le mal en Politique. Ces filles du diable que l'Apocalypse appelle "les dix rois" de l'Antéchrist, ne continueront d'ailleurs pas longtemps à mentir effrontément et hypocritement à la face du monde entier, comme leur père Satan, car, de cette conflagration, qui hélas peut devenir mondiale, ne peut que surgir très-bientôt le règne de l'Autre, le roi des zôtres, l'Antéchrist-personne.
           
        Le règne de l'Antéchrist-personne est en effet un forcing aux forceps de pseudo-Millenium, créé par l'homme déchu aidé par Satan, maître occulte de toutes les puissances politiques du monde non-soumises au Christ (cf. la deuxième tentation du Christ au désert). Souvenons-nous que, déjà, Hitler avait voulu réaliser ce pseudo-Millenium antéchristique. Si l'on veut saisir le fond de la guerre actuelle en Ukraine, il y a une chose capitale à bien comprendre : c'est que nous sommes arrivés au temps fixé de toute Éternité par la Providence divine pour que le monde soit unifié dans le Millenium, qu'on pourrait tout-à-fait appeler "mondialisme divin", nouvelle économie de salut tant religieuse que politique qui sera instaurée par Dieu et par son Christ, parousiaquement et apocalyptiquement. Le Millenium véritable, en effet, n'est absolument pas instauré par les forces humaines, dans une continuité historique, un passage de flambeau entre hommes sans Intervention divine extérieure, il sera tout au contraire instauré exclusivement par une Intervention divine universelle, épiphanique, dans notre univers physique, visible de tous, et sans que les hommes n'y ait la moindre part. Dieu SEUL en effet peut instaurer une nouvelle économie de salut, à la fois religieuse et politique, parmi les enfants des hommes...
           
        Mais le Bon Dieu ne laisse pas les hommes ignorer ses Plans. Quand bien même c'est Dieu et sa Toute-Puissance qui ne peut qu'être l'Initiateur de cette nouvelle économie de salut du Millenium qui fera suite au Temps des nations qui est en train de finir crucifié sur la croix, les âmes de tous les hommes sont secrètement et mystérieusement informées par l'Esprit-Saint de ce Plan divin de plus en plus prêt à s'accomplir. Les âmes des méchants, aussi, en sont informées, inspirées. Mais les méchants ne veulent pas attendre que Dieu réalise la nouvelle économie de salut du Millenium, ils veulent l'instaurer eux-mêmes, la réaliser lucifériennement par leurs propres forces déchues et démoniaques. Tant il est vrai que "les impies ne peuvent cependant aimer que ce que Dieu a créé" (St Eucher de Lyon), ou va créer. Les méchants ne peuvent donc vouloir faire que ce que Dieu veut faire dans un futur proche, prétendant le supplanter dans un blasphème intégral, commettant ainsi le plus grand péché que l'homme peut commettre : "Notre-Seigneur Jésus-Christ est venu au monde pour constituer, en Lui et par Lui, l'unité du genre humain. De tous les péchés possibles, aucun n'égale celui par lequel l'homme veut se substituer à Dieu, ou prétend réaliser, à d'autres fins et de diverse manière, ce que Dieu s'est proposé. Deux fois, l'homme a succombé à cette tentation satanique : la première, quand il a cherché à ériger la Tour de Babel ; la seconde, pas plus tard qu'aujourd'hui, où une démocratie insensée essaie de mener à bien, pour son compte, l'UNITÉ DU MONDE" (Donoso Cortès ― ce philosophe espagnol écrivait cela dans les années 1840, et ça n'a pas pris une ride, bien au contraire, cela éclaire lumineusement ce que nous sommes en train de vivre !).
           
        Mais lorsqu'un Grand-Oeuvre est dans la main de Satan et de ses séides déchus comme lui, il se construit toujours par le moyen d'un jeu dialectique, avec deux forces qui vont dans la même direction mais en double-inversé, s'entendant au for interne mais s'opposant au for externe, Gog et Magog. Et c'est précisément ce à quoi nous assistons actuellement. Quel est le rôle de Vladimir Poutine là-dedans, ainsi que du chinois qui, au moins par antagonisme viscéral avec les USA, ne pourra qu'épouser la cause du russe ? Je crois que son rôle a été révélé dans les premiers jours du déclenchement de la guerre en Ukraine par le porte-parole du département d’État, Ned Price, qui a lâché, dévoilant ainsi le pot-aux-roses, que Poutine voulait un "ordre mondial illibéral" (sic), avouant donc implicitement que eux, les américains, et plus généralement tous les anglo-saxons auxquels s'acoquinent les démonazies occidentales européennes, veulent un ordre mondial... libéral.
           
        Les deux mondialismes libéral-illibéral s'entrechoquent donc actuellement, ne pouvant d'ailleurs qu'évoluer dialectiquement et en opposition externe entre eux, jusqu'à la finale ultime qui sera de faire advenir le règne de l'Antéchrist-personne, ce qui sera le cas lorsqu'ils auront résolu leur antagonisme fondamental dans une fusion de toutes façons inéluctable, obligatoire, et obligatoirement nazie.
 
 
 
 
 
02-03-2022 14:29:00
 

Macron dans mes veines...??? C'est hélas possible. Ou : rions un peu...

 
 
 
Macron dans mes veines...???
C'est hélas possible.
Ou : rions un peu...
 
           
        Presqu'immédiatement après la mort de l'ignoble roy anglais Henry VIII et du roy-enfant Édouard VI, qui ne lui succéda sur le trône, semble-t-il, que pour y mourir quasi aussitôt, la reine Élisabeth 1ère instaura dans l'île des saints, ainsi qu'on appelait l'Angleterre dans les temps mérovingiens, un terrible régime de terreur religieuse à base de protestantisme, mettant cruellement à mort prêtres et fidèles qui voulaient garder la Foi catholique de leurs ancêtres. Élisabeth se révéla, pendant les quarante ans de son règne, la digne fille d'Henry VIII, qui avait assassiné sa propre mère et deux de ses femmes sur les six qu'il eût, pour la satisfaction passionnelle de ses mœurs corrompues et l'assouvissement de sa soif orgueilleuse de pouvoir. La fille semblait certes plus "propre" que son père, du moins extérieurement, mais la haine froide, radicale et implacable de son cœur contre le catholicisme semble avoir été plus virulente, infernale et diabolique, que celle de son père...
           
        Cette persécution cruelle engendra en tous cas dans la race anglaise d'admirables et magnifiques martyrs de la Foi catholique, qui terrassèrent surnaturellement leurs indignes persécuteurs. Pour les vaincre plus sûrement encore, ils se servirent du génie même de leur race, dont la fine pointe consiste à terrasser l'ennemi par un humour caustique et supérieur, improprement appelé flegme britannique, montrant ainsi la supériorité de leur cause. C'est pourquoi l'on voit la plupart des martyrs anglais de ce temps-là se piquer d'honneur de lancer un dernier mot d'humour avant de quitter ce très-bas monde, se moquant ainsi de ceux qui, croyant les vaincre, les envoyaient en fait directement au Paradis éternel, dans "les nouveaux cieux et la nouvelle terre" (Apoc XXI, 1), pour y jouir sans cesse de la gloire et de la joie suréminentes qui, de par le Christ-Dieu et la Très-Sainte Trinité, n'ont pas de fin, durent toujours, sont sans cesse renouvelées...
           
        On connaît par exemple le dernier mot d'humour du plus célèbre martyr anglais de cette époque, saint Thomas More. Henry VIII, plein de haine contre son ancien ami qui refusait de souscrire à son divorce, le fit littéralement affamer dans la tour de Londres où il l'avait fait enfermer, de façon à ce qu'il arrive pantelant, faible et sans force, chancelant sur ses jambes, devant l'échafaud où l'attendait la terrible hache du bourreau pour le décapiter. Il supputait avec une méchanceté diabolique qu'il lui serait alors impossible de gravir le roide et raide escalier sans rampe pour monter sur l'échafaud haut-juché, sans risquer fort de tomber, ce qui aurait été évidemment du plus mauvais effet, et d'abord, et surtout, d'une manière affreuse, sur le martyr lui-même. Saint Thomas, amené sur les lieux pour subir son martyre, se rendit compte instantanément de la situation en descendant de la charrette des condamnés. Mais rempli de l'Esprit-Saint, il commença par se mettre à genoux au pied de l'escalier de bois, et récita avec ferveur les Psaumes qu'il avait préparés. Puis, il se redressa, et hélant à voix forte le bourreau, lui lâcha d'un ton volontairement désinvolte : "Hello, my friend ! Voulez-vous, je vous prie, me donner votre bras pour monter ? Rassurez-vous, je n'aurai pas besoin de vos services pour redescendre". Par ces seuls mots mâles et virils, so british, qui furent les tout derniers de saint Thomas More, la Bête, moquée et ridiculisée publiquement, était vaincue...
           
        C'est dans cette même optique, cette même veine d'humour surnaturel victorieux, qui finalement terrasse le mal dans son essence même rien que par cette douceur supérieure et invincible du souffle de la Bouche du Christ terrassant l'Antéchrist-personne ("Et alors se manifestera cet impie, que le Seigneur Jésus tuera par le souffle de Sa bouche" ― II Thess II, 8), que je vais tâcher de rédiger ce présent articulet humoristique...  
 
 
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        ... On nous dit, hélas en toute vérité, qu'il y a des tas de choses pas catholiques du tout dans le sérum de ces prétendus "vaccins" anti-Covid qui n'en sont pas, n'étant que des "thérapies" d'apprentis-sorciers : une protéine Spike toxique, de l'oxyde de graphène et beaucoup d'autres claxibules encore, susceptibles de transformer notre ADN irréversiblement, irrémédiablement (très-diablement en effet), modifiant ainsi radicalement à la sauce OGM, via notre système immunitaire, la nature humaine que le Bon Dieu nous a donnée pour notre bonheur terrestre en vue de celui du Ciel. Non seulement d'ailleurs, l'ADN des vaccinés est modifié, mais encore leur système immunitaire sera saccagé assez rapidement après la full vaccine : il va finir par s'aplatir complètement à un quasi zéro le rendant similaire au système immunitaire déficient des malades du SIDA. La seule différence avec les malades du SIDA sera que la cause en sera les vaccins et non pas un virus...
           
        Des scientifiques félons, traîtres, ignominieusement vendus au mal et collabos de l'actuel régime nazi universel 2.0 (le 1.0 n'était seulement qu'un régime nazi national à visée universelle), sont même, vu la grande difficulté de transhumaniser l'intégralité de la population mondiale par le seul procédé des "vaccins" à rappels, en train d'inventer une possibilité d'injecter ces produits transhumanisants dans des aliments naturels, par exemple de la laitue. Et alors, en consommant ces aliments achetés dans notre supermarket habituel, nous serions, sans même nous en rendre compte (car bien entendu, l'ingrédient transhumanisant infestant l'alimentaire naturel ne serait pas indiqué sur l'étiquette du produit vendu), progressivement changés en zombies trans-humains (par ailleurs informatiquement détectables en tous lieux et à tout moment). C'est-à-dire que, juridiquement, nous ne serions plus des humains...
           
        Parvenu à ce stade satanique ultime, la propriété de notre être individuel personnel, en effet, ne nous appartiendrait plus, encore moins à Dieu Créateur, nous appartiendrions aux lucifériens propriétaires des brevets de ces produits diaboliques mutant notre ADN. Car un ADN-OGM appartient à ceux qui l'ont transformé aux moyens de brevets d'inventions déposés légalement, le proprio originel est viré comme un malpropre, qu'il soit Dieu Créateur ou l'homme individuel créé par Lui...
 
 
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        Mais, en réalité, tout cela, pourtant extrêmement cauchemardesque, n'est rien, absolument RIEN. Moi, ce que je crains vraiment, c'est que la personne elle-même de Macron, ce petit dieu tordu de l'Autre avec nous, Emmanuel, me soit... injectée dans le sang, après avoir été réduite... nanotechnologiquement. C'est scientifiquement possible, paraît-il, et c'est cela, le plus grand péril, c'est cela qui me fait tout-à-fait peur. Personne, sauf moi, n'a l'air de se souvenir que ce péril des périls a été dénoncé dans un film américain sorti en 1966, titré Le voyage fantastique pour la version française de 1967 que j'ai le rare bonheur d'avoir visionné les jours derniers.
           
        Ô lecteur inconscient...!, essayez donc de vous rendre compte.
           
        Emmanuel Macron dans un bathyscaphe, les deux, personne et engin, réduits nanotechnologiquement et circulant librement à l'intérieur de mes veines et artères pour y faire ce qu'il veut, pouvant se rendre dans mon cerveau, mais en vérité, que peut-on imaginer de pire dans l'horreur...?!? Big Brother est dépassé, George Orwell n'a pas été si loin, à beaucoup près ! Et c'est cette horreur qui nous guette, qui me guette, qui vous guette. Comme commente judicieusement un journaliste, après avoir vu le film : "Plus de 40 ans après [la sortie du film], à l'heure où de micro incisions suffisent pour effectuer les plus complexes des opérations chirurgicales, le film apparaît comme une œuvre visionnaire" (Thomas Roland, dans Brazil).
 
 
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        Mais maintenant, immergeons-nous, si je puis dire sans rire. Le film narre l'histoire suivante. Des scientifiques à l'intérieur d'un sous-marin nucléaire, après avoir été très-microscopiquement réduits par un procédé ultra top-secret d'extrême miniaturisation (on ne dit pas encore : nanotechnologie, en 1966), sont injectés dans l'artère jugulaire d'un savant important pour supprimer un caillot sanguin dans son cerveau l'ayant plongé dans le coma, impossible à opérer chirurgicalement. Une fois parvenus sur site, ils ont pour tâche d'anéantir ledit caillot avec un canon-laser dont ledit sous-marin est équipé. Ce savant n'est pas n'importe qui, c'est un transfuge de l'Est passé à l'Ouest, seul à posséder la clef de la paix du monde, mais il a subi un attentat par les méchants de l'Est, genre Vladimir Poutine pour faire dans l'actu (suivez attentivement mon regard... amerloque), et il faut maintenant le sortir de son coma, donc supprimer le caillot sanguin, pour qu'il puisse révéler le secret de la paix du monde, laquelle ne peut être mise en œuvre que par les forces de l'Ouest (n'oublions pas que le film est ricain). Le visuel du "voyage fantastique" dans le corps humain est si calqué sur le réel, qu'on s'y croirait presque (le scénariste s'est fait conseiller par des scientifiques véritables). Péripéties énormes entre le système artériel et veineux où le sous-marin rentre par erreur à cause d'une fistule imprévisible, ... et impossible de faire marche arrière !, entre autres traversées palpitantes du cœur, du poumon et de l'oreille interne.
           
        En 1966, l'homme venait de marcher sur la lune il y a à peine un an, et le scénariste s'inspire visiblement de ce voyage dans le macrocosme pour son voyage microcosmique... Il s'inspire aussi sûrement des BD "Objectif Lune" & "On a marché sur la lune" qu'Hergé avait fait paraître d'une manière très-anticipatrice voire visionnaire plus de dix ans auparavant, en 1953 : on a un traître dans la fusée, pardon, dans le sous-marin nucléaire, comme avec l'ingénieur Wolf ! Et il y a un câble arrimé au bathyscaphe qui pète, jetant un membre de l'équipage sorti à l'extérieur dans l'intersidéral des... poumons, implacablement aspiré, comme avec le capitaine Haddock risquant de partir vers la planète Mars ! De même encore, les turbulences mettent parfois les membres de l'équipage en état d'apesanteur... comme avec les Dupont/d ! Le mode "très-sérieux" adopté dans le film rajoute d'ailleurs encore au côté loufoque et hilarant (seule la fin est un peu bâclée). Ce film est très-facile à trouver gratuitement sur Internet, version française (faites, dans le moteur de recherche Google : "Le voyage fantastique 1966 streaming"). Si vous éprouvez trop de difficultés à le trouver, n'hésitez pas à me contacter à mon courriel (Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.), ce sera un plaisir pour moi de vous aider à le dégotter... et pour vous, de rire en regardant ce film de science-fiction.
 
 
le voyage fantastiqueFantastic voyage1966Réal. : Richard Fleischer
           
        ... Ah les amis !, quelle... INJECTION !! Et que de rapprochements avec notre situation vaccino-covidienne où des scientifiques actuels (véritables, quant à eux) sont effrayés de voir au microscope des petites nano-pieuvres ou des trucs à faciès géométrique bizarroïdes de nature parfaitement inconnue, se balader dans le sang des vaccinés...!!
           
        Dans le film, des médecins réduits nanotechnologiquement sont envoyés dans un corps humain pour le guérir. Mais, depuis la découverte de l'énergie atomique, on ne connaît que trop la terrible nature ambivalente du progrès scientifique : tourné à l'envers, le progrès qui peut donner la vie peut aussi donner la mort.
           
        Alors, voilà. Depuis que j'ai vu ce film, je fais toutes les nuits le même cauchemar récurrent, abominable, atroce, sordide, jusqu'à en suer d'angoisse :
           
        Macron, Schwab, Gates, et tutti quanti, dans mes artères, se dirigeant len-te-ment, len-te-ment, dans un bathyscaphe-pieuvre, vers mon cerveau...................
           
        Heureusement, ils ne pourront JAMAIS atteindre mon âme, qui me relie au Ciel éternel, pour la bonne et simple raison métaphysique que Dieu l'a créée comme étant vitalement immanente à tout mon corps, elle n'existe donc pas dans un lieu particulier de mon corps, quelqu'il soit, et ne peut pas être vu par les fils de l'Antéchrist...
 
En la belle fête de
Notre-Dame de Lourdes,
ce 11 février 2022.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique
 
 
 
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Saint Thomas More
(1478-1535)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
11-02-2022 14:33:00
 

Où est le temps béni où les hommes n'avaient pas honte d'adorer publiquement Jésus dans sa crèche ?

 
 
 
Où est le temps béni où les hommes n'avaient pas honte
d'adorer publiquement Jésus dans sa crèche ?
 
           
        ... Mais nous vivons actuellement des jours d'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, où les hommes, déconnectés de Dieu plus ou moins volontairement, ayant en tous cas enlevé la prise de courant surnaturelle, rejettent intérieurement leur Christ Sauveur et rivalisent d'ingéniosité pour le montrer... ingénument.
           
        Aujourd'hui, dans ma commune, j'ai pris cette photo représentant une sorte de "crèche du Père Noël" (!), pudiquement appelée "cabane du Père Noël" (car le mot "crèche", aux temps de Noël, fait tache : il emmène la pensée dans une direction religieuse qu'il ne faut surtout pas prendre...), que la municipalité a fait ériger sur une placette publique juste à côté de l'entrée du... presbytère, et... à deux pas de l'église !
 
 
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        Aux temps affreux où les hommes, se servant de la chose laïque, rivalisent pour montrer, plus ou moins sournoisement et, espérons-le, "sans savoir ce qu'ils font" (Lc XXIII, 34), leur haine du Christ et de son Salut éternel, ressouvenons-nous d'un temps pas si éloigné où l'on faisait rendre par ladite chose laïque ses hommages à Jésus dans la crèche, trouvant cela tout naturel (comme ça l'est effectivement, car le principe laïc est soumis à Jésus-Christ, et non l'inverse).
           
        C'était le cas, par exemple, du journal pour enfants Tintin, qui n'hésitait pas à consacrer la grande première page de sa livraison de Noël à faire adorer l'Enfant-Jésus par, mais oui !... Tintin & ses compagnons de BD, on était en 1948.
           
        Certes, nous n'étions plus aux temps laïcs bénis où les roys de France présentaient personnellement à l'Offertoire de la messe de l'Épiphanie, or, encens et myrrhe, temps de Réel politique désormais disparu, mais on comprenait encore que même l'Imaginaire social laïc devait rendre hommage au Roy universel... Tout, en effet, même l'imaginaire laïc, doit être donné au Christ.
 
 
voeux tintin
           
         
        Je croirai au Père Noël quand il ira adorer Jésus-Enfant dans sa crèche. Et à deux genoux en terre. Comme Tintin, le capitaine Haddock, le professeur Tournesol, les deux Dupont/d, sans oublier Milou...
           
        ... En ces temps affreux, je souhaite à tous mes lecteurs une bonne fête de Noël, une sainte fête de la Naissance temporelle de Jésus le Christ, Notre-Sauveur à tous, et qui nous sauve dès maintenant, hic et nunc !, pour le très-peu que, dans notre impuissance à mieux faire, nous Lui montrions notre Foi, notre Amour.
           
        Passez un bon 25 décembre en ne pensant plus qu'à cela, à Jésus-Sauveur de votre âme, Espérance ultime qui fait vivre surnaturellement l'âme en tous temps même et surtout dans ceux les plus pénibles, n'hésitant pas à Lui offrir ce que sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus appelait ses "pensées extravagantes", c'est-à-dire les petites fantasmagories nées de notre nature déchue, imparfaite, les imaginations innocentes tels... les personnages de BD ! Elle disait en effet, dans ses derniers mois terrestres très-crucifiés : "J’accepte tout pour l’amour du bon Dieu, même toutes sortes de pensées extravagantes qui me viennent à l’esprit" (Derniers entretiens, 4 juin 1897). Tout, en effet, doit être remis au Christ Jésus, et lui faire hommage, le Fils de Dieu-Fils de l'Homme a cette Bonté et cette Humilité si touchantes de ne rejeter rien de ce qui vient, en soi, de l'homme.
           
        Un point, c'est tout. En ce jour du 25 décembre, ne pensons plus au reste.
           
        Bon Noël avec Jésus-Christ, chers amis !
 
En cette Nativité 2021,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
23-12-2021 11:35:00
 

... À la foire aux fous (au pluriel) !!! (2)

 
 
 
        (Pour mémoire, je mets ici le lien de la 1ère partie de mon article, à lire évidemment avant cette présente partie deuxième & dernière : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/a-la-foire-aux-fous-au-pluriel-1?Itemid=154)
 
 
... À la foire aux fous (au pluriel) !!!
(2)
 
 
 AutrucheTêteDansCiment
           
        Mais je quitte maintenant l'abbé Salenave, prêtre lefébvriste de seconde voire troisième génération, et pile sec des deux pieds sur un autre articulet signé par un prêtre lefébvriste de première génération, lui aussi dissident comme l'abbé Salenave, à savoir l'abbé Philippe Laguérie, intitulé Le rapport Sauvé : à vomir !, daté du 6 octobre dernier (texte complet, ici : https://blog.institutdubonpasteur.org/Le-Rapport-Sauve-a-vomir). À sa lecture, je vois que les prêtres lefébvristes de première génération ne sont pas moins contaminés de folie totale que ceux qui les suivent (ce qui tendrait à infirmer l'affirmation du fabuliste : tous étaient frappés, et... tous en mouraient).
           
        J'y lis que notre abbé Laguérie sait fort bien dénoncer les folles palinodies des évêques modernes, mais... il n'a pas un mot pour dénoncer les palinodies folles des "ralliés" auxquels il est acoquiné envers ces mêmes évêques, qui s'étalent indécemment, sans aucune pudeur, dans la lettre collective des supérieurs des Instituts "ralliés" (dont l'Institut du Bon Pasteur qu'il patronne), du 31 août dernier, suite au motu proprio assassin de la liturgie traditionnelle du pape François, Traditionis Custodes. Facile de taper sur les folies de fous des évêques français, mais l'abbé Laguérie ferait mieux de commencer par balayer les folies de fous des "ralliés", là, là, là, juste devant sa porte.
           
        C'est "à vomir" dit-il donc du rapport Sauvé, qui s'est occupé de faire très-officiellement la recension détaillée des crimes cléricaux pédophiles sur la période 1950-2020. C'est vrai, le rapporteur a fait l'impasse (volontairement ? Ce n'est pas sûr, comme veut le croire notre abbé pourfendeur, ... à la fin de l'envoi, je touche !, heureux d'avoir trouvé un bouc émissaire) sur le fait que les plus nombreux crimes de cette odieuse nature ont été commis entre 1962 et 1972, ce qui signifie que la tourmente vaticandeuse en est directement cause. Ce rapport Sauvé-damné est donc "à vomir", soit (essentiellement d'ailleurs par son sujet lui-même). Mais, disais-je, il y a autre chose à vomir au vomitorium, aussi vomitive sinon plus, c'est l'ignoble lettre des supérieurs des Instituts "ralliés" adressée récemment aux évêques français. "Il s'agit d'une lettre «filiale et confiante pour solliciter l'aide des évêques [... !!!!!!!!!!] dans notre désir de paix et d'unité», a écrit sur Facebook la Fraternité sacerdotale Saint-Pierre" (Traditionis Custodes : le cri de détresse des supérieurs «tradis» aux évêques, au lien suivant https://www.famillechretienne.fr/36971/article/traditionis-custodes-le-cri-de-detresse-des-superieurs-tradis-aux-eveques).
           
        Premièrement, sur le fond. Nous sommes en pleine folie totale. Les "ralliés"... sollicitent l'aide des... évêques ??? Mais, on se demande : est-ce que les supérieurs des Instituts "ralliés" savent lire ? Est-ce qu'ils n'ont pas lu, avant de prendre la décision de rédiger leur incroyable lettre, la missive explicative du pape François adressée aux évêques, exposant on ne peut mieux le contexte et les motivations de Traditionis Custodes ? On ne peut pas penser, tout-de-même, qu'ils n'aient pas lu cette lettre très-claire expliquant tout le contextuel de Traditionis Custodes, avant de rédiger la leurOr, qu'y dit le pape François ? Il explique très-clairement que s'il a pris la décision de la mise à mort de l'antique (et seul catholique) rite de la messe, sous forme de goulet en étranglement mortel in fine, c'est essentiellement en s'appuyant et se fondant sur les réponses des évêques à l'enquête qu'il a diligentée auprès d'eux, quant à leur appréciation épiscopale sur l'expérience qui a été faite à partir du motu proprio Ecclesia Dei, de laisser la bride libre pour l'utilisation par des communautés tradis de la messe selon le vetus ordo. Or, la réponse collective desdits évêques n'a pu qu'être FORT NÉGATIVE, puisque c'est en s'appuyant sur cette réponse que le pape prend a-posteriori lui-même la décision de supprimer par un motu proprio la possibilité de dire la messe selon l'ancien rite.
           
        Lisons le pape : "Treize ans plus tard [après Summorum Pontificum de Benoît XVI, du 7 juillet 2007], j’ai chargé la Congrégation pour la doctrine de la foi de vous adresser [à vous, évêques du monde entier, dont ceux... français évidemment] un questionnaire sur l’application du Motu proprio Summorum Pontificum. Les réponses parvenues ont révélé une situation douloureuse qui m’inquiète, me confirmant la nécessité d’intervenir. Malheureusement, l’intention pastorale de mes prédécesseurs, qui avaient entendu «faire tous les efforts afin que tous ceux qui ont vraiment le désir de l’unité aient la possibilité rester dans cette unité ou la retrouver», a été souvent gravement négligée. Une possibilité offerte par saint Jean-Paul II et avec une magnanimité encore plus grande par Benoît XVI afin de recomposer l’unité du corps ecclésial dans le respect des différentes sensibilités liturgiques a été utilisée pour augmenter les distances, durcir les différences, construire des oppositions qui blessent l’Église et en entravent la progression, en l’exposant au risque de divisions".
           
        Ainsi donc, la chose est très-claire : la réponse des évêques modernes, comme d'ailleurs il fallait s'en douter, n'a pu qu'être très-négative quant à laisser libre la faculté de dire la messe selon l'ancien rite, puisque, le pape s'en explique fort bien, c'est sur leurs réponses épiscopales qu'il a pris sa décision de supprimer cette dite faculté (... décision que lui aussi, pape plus que moderne, ne demandait certes qu'à prendre ! Pape et évêques modernes sont tous d'accord pour la suppression de l'ancien rite, c'est évident...). Parmi ces évêques, ceux français, tristement connus depuis des décennies conciliaires et post pour leurs prises de positions collectivement progressistes et anti-traditionnelles, n'ont pas dû être les derniers à négativer ladite réponse !
           
        Et... c'est à ces évêques-là, qui s'avèrent être et qui se révèlent comme les pires ennemis de la Foi liturgique, que les supérieurs des Instituts "ralliés" vont en pélerinage, à genoux, pour... solliciter leur aide ?!? Moi, je suis sûr d'une chose : il y en a, parmi lesdits évêques, qui ont dû bien rigoler en recevant leur lettre, ils ont sûrement dû friser "la rupture de l'être". On est là, en effet, dans le cas de figure d'un agneau qui, apprenant que le loup a passé décret de le croquer tout d'une pièce, se dépêche de venir en gémir... sur le sein du loup !! Peut-on, en vérité, imaginer plus grande folie de folie totale ?!!
           
        On serait curieux de savoir ce qu'en pense l'abbé Laguérie, dont on apprend, en allant sur son blog, qu'il est un "curé de choc" ?
           
        Deuxièmement, sur la forme. Cette lettre est absolument dégoulinante de veulerie larmoyante et de servilité vile envers des autorités ecclésiastiques modernes irréversiblement antéchristisés mais que les "ralliés" veulent s'obstiner perseverare diabolicum à croire qu'elles poursuivent toujours le bien commun de l'Églisequ'on en juge par ces quelques extraits cités en vrac, à ne pas même toucher avec le tisonnier avant de les brûler, sous peine de se salir copieusement l'âme (texte complet, ici : https://www.famillechretienne.fr/36970/article/traditionis-custodes-la-lettre-des-superieurs-des-communautes-ecclesia-dei-aux) : "Cet amour filial [qui est le nôtre, nous "ralliés", envers les autorités de l'Église moderne antéchristisée] se teinte aujourd'hui d'une grande souffrance. Nous nous sentons soupçonnés, mis en marge, bannis. (...) Nous sommes loyalement soumis à la juridiction du Souverain Pontife et à celle des évêques diocésains. (...) Des fautes ont-elles été commises ? Nous sommes prêts, comme l'est tout chrétien, à demander pardon si quelques excès de langage ou de la défiance vis-à-vis de l'autorité ont pu s'introduire chez quelques-uns de nos membres. Nous sommes prêts à nous convertir si l'esprit de parti ou l'orgueil a pollué nos cœurs. Nous supplions que s'ouvre un dialogue humain, personnel, plein de confiance, loin des idéologies ou de la froideur des décrets administratifs. Nous voudrions pouvoir rencontrer une personne qui sera pour nous le visage de la Maternité de l'Église. Nous voudrions pouvoir lui raconter la souffrance, les drames, la tristesse de tant de fidèles laïcs du monde entier, mais aussi de prêtres, religieux, religieuses, qui ont donné leur vie sur la parole des Papes Jean-Paul II et Benoît XVI. (...) Nous sommes désireux de confier les drames que nous vivons à un cœur de père [... après le visage de l'Église-Mère, ils veulent voir son cœur de père ! Les "ralliés" se seraient-ils convertis à la théorie du gender...??]. Nous avons besoin d'écoute et de bienveillance et non de condamnation sans dialogue préalable. (...) Nous désirons avant tout un dialogue vraiment humain et miséricordieux. «Sois patient envers moi !» (Matth XVIII, 29)"....................
 
        ... Tuediable !!! J'arrête là la lecture de cette abominable, infâme et ignoble lettre, j'en peux plus, c'en est trop pour moi. Franchement, j'aurai honte de voir mon chien qui n'est qu'un chien se déculotter aussi bas sur le trottoir devant tout le monde. Les "ralliés" nous apprennent, dans leur folie totale, qu'il y a donc aussi un sens moral au verbe défroquer. Ils défroquent vraiment la Foi dans leurs âmes, en toute impudeur et impudence, comblant, dans cette lettre, la mesure de leur infamie. C'est vraiment affreux, vraiment répugnant à voir.
 
        "Sois patient avec moi !", osent-ils, pour résumer leur supplique abjecte, pleurnichouiller sans aucune honte dans le giron moderniste des épiscopes français dont la plupart, donc, sont moralement responsables de la suppression pontificale de l'antique messe catholique dans Traditionis Custodes. Comme il s'agit là, dans la parabole évangélique invoquée, de la répartie du débiteur qui doit de l'argent à son prochain qui le lui réclame avec aigreur, les "ralliés" donc, par cette citation, professent qu'ils ont... une dette à régler à l'Église en ayant obtenu d'elle de dire la messe selon le bon rite catholique ; ce qui signifie qu'ils professent que le rite antique de la messe catholique n'est pas un crédit positif dans l'Église, mais un débit négatif. Par leur obsession satanisée de l'Autorité ecclésiastique en place, contre laquelle ils n'ont plus aucune critique doctrinale surtout pas quant à la Liberté religieuse, les "ralliés" DÉSHONORENT donc scandaleusement, sans même s'en rendre compte apparemment, le rite catholique de la messe qu'ils osent prétendre aimer.        
           
        De plus, cette lettre se fonde sur l'hérésie. Les signataires y réaffirment en effet "leur fidélité au Saint-Père et leur «adhésion au Magistère (y compris celui de Vatican II et à ce qui suit) selon la doctrine catholique de l'assentiment qui lui est dû»". Or, non, mensonge, et mensonge fondamental, totalement dirimant pour leur fou-thèse "ralliée" : la plupart des doctrines contenues dans Vatican II requièrent de tout fidèle un acte de Foi formel, de fide, et pas seulement un simple "assentiment", car elles sont promulguées dans le cadre du Magistère ordinaire & universel de soi infaillible. Nous ne sommes pas là en effet dans le cadre du très-moderniste et tout illusoire Magistère authentique, non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, dont il est bon de faire remarquer que c'est un nouveau département magistériel dans l'Église, inventé par les modernes, mais parfaitement inconnu des théologiens catholiques avant Léon XIII (il n'y en a, à ma connaissance, aucune trace dans le concile de Vatican 1er), et qui, depuis, n'a même jamais été défini... et pour cause (cf., sur ce sujet très-important d'une bonne définition des différentes catégories magistérielles en Église, et du charisme de l'infaillibilité qui leur est inhérent, le tout premier article que j'écrivais sur mon site, en date du 17 mars 2012, La notation non-infaillible du concile Vatican II selon Mgr Gherardini : du grand n'importe quoi... moderniste, au lien suivant https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-notation-non-infaillible-du-concile-vatican-ii-selon-mgr-gherardini-du-grand-n-importe-quoi-moderniste?Itemid=154) !
           
        Mais les "ralliés" sont ravis de pouvoir se servir de ce ballon de baudruche qu'est ce Magistère authentique (... quel satané tour du diable, que cette formule en pléonasme fautif, qui hélas a fait florès dans l'Église !! Un Magistère est en effet TOUJOURS authentique ! Cette formulation donc, ne veut absolument RIEN dire !, elle ne fait que contenir un grand vide théologique !, dans lequel, maintenant, on fourre tout ! Dès lors en effet, de nos jours, qu'on veut classer un acte magistériel, il n'est plus question, après avoir exclu le Magistère extraordinaire, que de... Magistère authentique !), pour éviter d'avoir à prendre acte que l'Église est "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), plongée irrémédiablement dans la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à l'économie de la Passion, ce qui précisément se prouve par les actes doctrinaux de Vatican II, tel la Liberté religieuse, parfaitement hérétique mais de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale de par le Magistère ordinaire & universel dont il est un acte formel (cette "si grande contradiction" n'est évidemment que matérielle, comme signifiant la crucifixion de l'Épouse du Christ, elle n'est bien sûr pas formelle, ce qui signifierait que "les portes de l'enfer auraient prévalu contre elle", contre la Promesse du Christ). Le pape François lui-même, dans la lettre explicative de Traditionis Custodes, qualifie le concile Vatican II, de SOLENNEL ("Douter du Concile, signifie douter des intentions mêmes des Pères, qui ont exercé leur pouvoir collégial de façon solennelle cum Petro et sub Petro au concile œcuménique, et, en dernière analyse, c’est douter de l’Esprit-Saint lui-même qui guide l’Église"). Mais... très-précisément, un Magistère solennel (= ce qualificatif est employé ici par le pape au sens théologique, c'est-à-dire comme signifiant l'Assistance directe et immédiate du Saint-Esprit, et non pas dans un sens simplement profane, comme signifiant par exemple l'apparat et l'éclat extérieurs plus ou moins mondains) ne peut qu'être doté de l'infaillibilité ecclésiale, en l'occurrence de Vatican II, par le mode ordinaire & universel, il ne peut absolument pas être non-doté de l'infaillibilité ecclésiale, comme ressortissant du mode authentique, comme le supposent les "ralliés"...
           
        La raison de cette folie totale des "ralliés", de vouloir professer en droit les Actes de Vatican II tout en ne les professant pas de fait, n'est pas à chercher au loin : elle réside dans leur idolâtrie folle de folie totale de l'économie de salut en cours, cette hérésie aloge que j'ai épinglée que dessus avec l'abbé Salenave. Les "ralliés" veulent rester dans l'Histoire, l'économie de salut du temps des nations et de Rome son centre pontifical, dans laquelle elle est toujours doctrinalement "toute blanche", ne puisse pas être "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21). Ils trichent donc scandaleusement avec la doctrine, en ne voulant pas voir la "si grande contradiction" (He XII, 3), qui existe entre l'acte magistériel de la Liberté religieuse, pour en rester à celui-là, et la Constitution divine de l'Église, c'est-à-dire en ne voulant pas prendre acte que la "crise de l'Église" est "PASSION DE L'ÉGLISE", qu'elle est de nature apocalyptique, et non point du tout historique. Ils ne veulent pas prendre conscience que les papes et évêques de l'Église moderne sont tous antéchristisés au point fatal et fatidique d'œuvrer universellement ensemble à l'avènement de l'Antéchrist-personne dans l'Église et très-précisément sur le Siège de Pierre, et c'est bien pourquoi justement, le fait ecclésial prouvant mon affirmation, on voit des motu proprio pontificaux radicalement assassins de la Foi, comme Traditionis Custodes ou encore Amoris Laetitia, etc., etc. hélas. Ce qui se traduit chez eux par une obéissance émasculée et lobotomisée envers les papes et évêques modernes post-conciliaires, jusqu'à, par un péché gravissime, tuer radicalement dans leurs âmes l'intelligence de la Foi, Don du Saint-Esprit, qui leur ferait voir ce que même un enfant du 1er catéchisme verrait, à savoir que ces papes professent l'hérésie à caractère formel, pire même, l'apostasie, dans leurs Magistères, quoique seulement matériellement (sinon, bien sûr, ils seraient déjà l'Antéchrist-personne). Ils en deviennent fous à manger du foin, prêts à toutes les capitulations les plus honteuses envers les papes et évêques de l'Église moderne, comme le montre si "magistralement" cette abjecte, infâme et ignoble lettre collective d'iceux-là tous, qui m'a vraiment fait vomir.
           
        L'abbé Laguérie, dans son articulet, s'en prend hargneusement aux modernes qui professent en soixante-huitards que "tout homme a droit à la liberté religieuse qui consiste à n’être empêché d’agir, en privé comme en public, seul ou en société, selon sa conscience" (sic). Est-ce que, par le plus grand des plus grands hasards, notre abbé n'aurait pas encore remarqué que cette proposition hérétique, philosophiquement originée sur la très-révolutionnaire Déclaration des droits de l'homme, a été magistériellement professée, pour copie exactement  conforme, par les Pères de Vatican II dans Dignitatis Humanae Personae ? Un Vatican II auquel sa position "ralliée" folle de folie totale l'oblige à accepter en droit toutes les propositions doctrinales qui y ont été faites, parce qu'elles ressortent du Magistère ordinaire & universel de soi infaillible ? Et que donc, la seule manière de s'en sortir dans la Foi, de bien vivre (et mourir) cette situation apocalyptique, est d'épouser "LA PASSION DE L'ÉGLISE", comme je l'expose sur mon site ?
           
        ... Mais de qui se moquent les "ralliés" ? De l'Église ? De Dieu ? Des deux à la fois ? Devant Dieu, qu'ils le sachent, il leur en cuira. Au moins autant qu'au sieur Sauvé-damné escamotant dans son rapport la cause vaticandeuse des crimes pédophiles ecclésiastiques (s'il l'a fait volontairement). Plus que jamais, au sujet des "ralliés", invoquons pour eux la très-grande Miséricorde du Christ, ils en ont vraiment besoin : "Seigneur, pardonnez-leur ! Ils ne savent pas ce qu'ils font !"
           
        Si l'on va sur le site de l'Institut "rallié" du Bon Pasteur, fondé et patronné par notre cher abbé, on peut lire un gros titre agressivement ronflant : La tradition a de l'avenir. Il n'est pas besoin d'être grand'clerc pour comprendre que la formule est une déclinaison transparente de Demain, la Chrétienté, mantra des tradis qui "veulent faire la Volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu" (André Frossard). Et de présenter sous ce titre réjouissant, en quelques courtes phrases, l'oeuvre du séminaire saint Vincent de Paul. Ce serait très-bien, spirituellement fort bel et bon, sans aucun doute, si l'on formait les jeunes prêtres à être... guillotinés DEMAIN-pas-la-Chrétienté, plus encore spirituellement que physiquement, lorsque le mysterium iniquitatis s'épanouira affreusement et terriblement dans l'Église, sur le Siège de Pierre, et subséquemment, dans le monde entier, par le règne de l'Antéchrist-personne, qui est tout proche.
           
        Comme avec Traditionis Custodes, qui, sous autorité pontificale légitime, guillotine déjà des vies consacréesleur lettre en témoigne, les "ralliés" le confessent eux-mêmes la larme à l'œil mais sans (vouloir ? pouvoir ?) comprendre qu'il s'agit là de l'esprit de l'Antéchrist mis en oeuvre par le pape légitime actuel, le couperet mortel tombera DEMAIN-pas-la-Chrétienté sur ces jeunes prêtres, non pas par la main des athées mais par celle... du pape lui-même transmué en Antéchrist-personne, comme caméléon sur fond noir devient noir lui-même, noir c'est noir il n'y a plus d'espoir (il y aura cependant toujours l'Espérance du Ciel tout entier bien sûr, par laquelle s'échappera l'âme chrétienne, mais plus rien d'humain pour la soutenir). Terrible contexte de fin des temps, de crise apocalyptique finale, certes, mais contexte qui met l'âme dans la réalité spirituelle vraie des choses actuelles voulues par la Providence divine. Mais tout au contraire de cette situation apocalyptique réelle, on fait miroiter à ces séminaristes ou jeunes prêtres, qu'ils sont les premières et glorieuses prémisses de ces fameux et illusoires "îlots de chrétienté" (Joseph Ratzinger), qui vont ressusciter... le monde entier... qui ne demande qu'à... se convertir... à moins qu'ils ne soient les prémisses de ces "petits îlots de survie" post-covid & pass sanitaire, chers à l'abbé Salenave, par lesquels, excusez du très-peu, le Cœur immaculé de Marie... triomphera !! 
           
        C'est donc dorénavant, chez les tradis, on le voit, à qui sera le plus fou de folie totale. On dirait qu'il y a actuellement dans toute l'Église un concours occulte, inavoué, mais auquel tout le monde participe et pense furieusement, ils ne pensent qu'à ça, pour remporter le 1er accessit avec les félicitations du jury dans la catégorie plus fou de la folie totale, avec son trophée ardemment convoité du Bonnet-d'Âne plein or massif (on va voir tout-de-suite que les modernes ne sont évidemment pas en reste).
 
 
AutrucheTêteDansCiment
           
        D'autres tradis encore, conservateurs plus que traditionalistes (si ces distinguos ont encore un sens de nos jours, les étiquettes se mélangeant de plus en plus en un vrai melting-pot, un brouet immangeable : une caractéristique de la folie totale est justement le grand chaos dans l'intelligence et dans les âmes), voudraient s'imaginer que les papes saint Jean-Paul II et Benoît XVI auraient dressé ensemble un rempart de Foi et de résistance à la subversion, rempart qu'est en train de renverser le pape François dans son pontificat. Que vaut cette thèse ? En vérité : plus fou, tu meurs. C'est vraiment vouloir s'inventer dans le grand n'importe quoi une réalité qui n'existe absolument pas, par une sorte de dialectique pontificale entre des papes que, de manière totalement artificielle, on prétend opposer les uns aux autres... alors qu'en vérité, tous et chacun de ces trois papes sont aussi modernes que... chacun et tous d'iceux-là !
           
        Voir par exemple un Jean-Paul II en bon pape attaché à la doctrine traditionnelle de la Foi, c'est vraiment se moquer du monde et de soi-même, quand on est catholique ou qu'on prétend l'être, ou ne rien comprendre à ce dont on prétend parler. Une telle thèse est si outrée qu'elle déclenche une "rupture de l'être", ce serait vraiment à rire à gorge déployée quand hélas c'est plutôt à pleurer toutes les larmes de son corps. Ceux qui nous pondent ce genre de thèses absurdes et mensongères parce qu'ils ne savent plus ce qu'inventer pour fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ne se souviennent-ils donc plus que Jean-Paul II a été l'inventeur et le maître d'œuvre des si impies cérémonies œcuméniques où toutes les religions fausses sont mises à rang d'égalité avec la seule vraie, celle catholique...?? Ils ne se souviennent donc plus du plus grand scandale pontifical de l'ère moderne, je veux parler de la cérémonie œcuménique d'Assise en 1986, voulue et patronnée par Jean-Paul II (tu parles, d'un défenseur de la Foi traditionnelle !!!)...?!? Alors, si nos illusionnés ne se souviennent plus de cela, c'est qu'ils sont vraiment frappés de folie totale, devenus comme cet homme insensé dénoncé dans l'épître de saint Jacques, qui se regarde dans un miroir, puis, s'en allant, oublie comment il est fait...
           
        Ces conservateurs s'inventent vraiment n'importe quoi dans la tête. À propos de la messe de l'Église, par exemple, sujet brûlant aux temps de Traditionis Custodes, Jean-Paul II et François ont mené et mènent strictement le même mauvais combat : abolition de l'antique (et seul vraiment catholique) rite de la messe. Jean-Paul II et François ? Même combat. Je mettais ainsi le doigt sur la position progressiste ultra de Jean-Paul II quant à la messe, tout-à-fait identique à celle de François, dans L'Impubliable : "Il n’est pas du tout anodin de remarquer que dès le lendemain (!) de son élection au Siège de Pierre, Jean-Paul II tiendra à confirmer dans le droit et rigoureux fil de la célèbre allocution prononcée par Paul VI en mai 1976, le caractère absolument inexorable de la réforme liturgique issue de Vatican II, qu'il considère, c’est lui-même qui le dit, comme… primordiale : «Nous considérons comme un devoir primordial de promouvoir l'exécution des normes liturgiques qui émanent de l'autorité ecclésiastique et excluent donc tant les innovations arbitraires et incontrôlées que le rejet obstiné [... suivez mon regard...] de ce qui a été légitimement prévu et introduit dans les rites sacrés» (Allocution prononcée le 17 octobre 1978 lors de la messe concélébrée à la chapelle Sixtine). Que l'abbé Aulagnier ne vienne donc pas nous soutenir à présent que, soi-disant, Jean-Paul II aurait volontiers redonné la messe de saint Pie V en 1986 mais qu'il ne l'a pas fait à cause des conférences épiscopales, il est rigoureusement impossible de croire à cette bonne intention de Jean-Paul II : à peine promu au Siège de Pierre, voyez, considérez au contraire comme il monte immédiatement au créneau pour soutenir presque militairement la nouvelle messe !" (L'Impubliable, p. 37, note 16). François, dans la lettre explicative accompagnant Traditionis Custodes, rappelle d'ailleurs à fort juste titre que si Jean-Paul II a autorisé la célébration de la messe selon l'ancien rite dans Ecclesia Dei en 1988, ce n'est pas précisément par amour de l'ancien rite, c'était uniquement de sa part une manœuvre stratégique pour réduire la fracture "schismatique" de Mgr Lefebvre...
           
        Pour faire court sur le sujet : Jean-Paul II aurait signé des deux mains et des deux pieds Traditionis Custodes de François, il aurait été parfaitement d'accord avec cette suppression de l'ancien rite dans l'Église Universelle...
           
        Jean-Paul II est d'ailleurs, de tous les papes modernes qui se sont succédés sur le Siège de Pierre depuis le concordataire Pie VII, le plus doctrinalement antéchristisé de tous, je n'ai malheureusement eu aucun mal à l'illustrer et le démontrer dans mon grand article sur sa canonisation très-étonnante (au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf).
           
        À propos de dialectique, je rappelle ici que pas un pape moderne comme Jean-Paul II n'a fait des encycliques dont le canevas est autant cousu de dialectique hégélienne, où tout le monde peut trouver ce qu'il veut y trouver. Il fallait un esprit slave comme le sien, tout imbu d'esprit hégélien à la russe soviétique et marxiste, pour aller aussi loin que lui dans le péché dialectique, c'est-à-dire que tout et le contraire de tout sont mis ensemble dans un enchevêtrement diabolique absolument indéchiffrable, comme je le faisais remarquer dans ma dénonciation de Veritatis Splendor (https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/veritatis-splendor-l-encyclique-majeure-de-jean-paul-ii-extremement-loin-d-etre-catholique-enseigne-l-heresie-apostasie-de-l-antechrist?Itemid=154), ainsi que l'abbé Sulmont, en son temps, l'avait lui aussi souligné, à propos de l'encyclique Centesimus Annus : "Le texte est si nuancé et balancé que les journalistes ne veulent en retenir que ce qui va dans le sens de leurs opinions. C'est ce que constate avec une certaine ironie L'Express du 9 mai : «On s'arrache le Saint-Père [!!]. Rarement réactions auront été plus contrastées que celles qui ont salué Centesimus Annus. En France, tandis que Le Figaro célèbre une si "impitoyable" condamnation du marxisme, L'Humanité se félicite, sur trois pages, d'une si "vive" critique du libéralisme. En Italie, Il Manifesto, journal communiste, titre sur "Wojtyla, l'anti-capitaliste", tandis que le super-patron Carlo De Benedetti n'en revient pas d'une telle défense du marché libre»" (Bulletin paroissial, abbé Sulmont, n° 234, juin 1991)
           
        Jean-Paul II, un pape doctrinalement traditionnel, comme veulent se l'imaginer dans la folie la plus totale certains conservateurs ? Il faut honteusement vraiment vivre sa Foi le plus superficiellement possible, aimer le mensonge, pour oser formuler une telle thèse, avoir besoin dans l'urgence de se purger de quatre grains d'hellébore, le remède du bon La Fontaine contre la folie.
           
        Jean-Paul II... rempart de la Foi ? Pas possible ?? Pas un pape moderne n'a formulé comme lui l'hérésie personnaliste subjectiviste, proprement luciférienne, que l'Antéchrist-personne manifestera à son plein, dans son Magistère, oral ou écrit. "Voici en effet comment ce «Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist» osait commenter urbi & orbi la Naissance de Jésus, ce 25 décembre 1978, son premier Noël pontifical, à peine trois mois avant la parution de Redemptor Hominis : «Ce message [de Noël] s’adresse à chaque homme, à l’homme dans son humanité. Noël est la fête de l’homme. C'EST LA NAISSANCE DE L'HOMME. (...) C’est en effet l’humanité qui se trouve élevée dans la naissance terrestre de Dieu. L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME»" (cf. mon article sur Veritatis Splendor, au lien ci-dessus indiqué).
           
        Cette dernière phrase que j'ai mise en majuscules et en gras est en effet la formulation théologique "parfaite", sous forme théandrique, de l'hérésie des hérésies, proprement antéchristique. Voici comment je la commentais dans le cadre de ma dénonciation de Veritatis Splendor : "Dans ce premier message de Noël 1978, Jean-Paul II ose donc dire carrément que c'est TOUTE humanité existante qui se trouve unie de soi au Verbe divin, de par le fait même de l'Incarnation, et qui, par-là même, est Dieu-Verbe elle-même. Ce qui signifie donc, sans ambiguïté aucune, en toute clarté théologique... et formidablement antéchristique-hérétique !!, je le répète, que l'homme, tout homme vivant actuel, a communication métaphysiquement immédiate avec le Verbe divin, c'est-à-dire est... Dieu-Christ lui-même !!! Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, notons-le avec soin, le texte pontifical écrit, dans la proposition théologique que j'ai mise en majuscules : la «nature» humaine AVEC DES GUILLEMETS (j'ai été vérifier le texte sur le site officiel du Vatican, les guillemets hérétiques-antéchristiques y sont bel et bien ! : http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_19781225_urbi.html). Parce que, comme le disait l'hérétique Karl Rahner, que Wojtyla avait beaucoup potassé et apprécié, la nature humaine est une autre manière d'appellation de la Nature divine, c'en est juste un surnom. La Nature divine... est en fait la seule existante. Il faut lire SURNATURE DIVINE quand on lit NATURE HUMAINE !!!" (fin de citation).
           
        Le pape Jean-Paul II... rempart de la Foi ? Ô esprits conservateurs fous de folie totale, jusques à quand allez-vous lasser la Patience de Dieu ?
           
        Voir le pape Benoît XVI lui aussi comme un rempart de la Foi catholique intégrale, en opposition dialectique avec le pape François, est non moins faux et mensonger. Il faudrait quand même avoir le courage et l'honnêteté de se rappeler, en n'oubliant pas ce qu'on a vu dans le miroir quand on est passé devant, que Joseph Ratzinger fut une cheville ouvrière des plus importantes à Vatican II, en tant que théologien expert influent, influançant son déroulement pour faire passer les plus mauvais décrets modernes, tel celui de la Liberté religieuse. Ce dont il ne s'est JAMAIS converti, je n'en veux pour preuve et illustration que ce qu'il a dit lui-même dans son fameux Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, en 2005, qu'on pourra trouver in extenso ici : http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.htm. C'était quelques jours avant son premier Noël pontifical, où il pose pour la première fois la fameuse, mais plus fumeuse encore que fameuse, thèse de l'herméneutique de continuité, laquelle prétend résoudre le grave problème doctrinal posé par Vatican II, en professant qu'il s'agit uniquement d'une problématique d'interprétation, et non d'une mauvaise lettre magistérielle elle-même, comme cependant c'en est formellement le cas. Joseph Ratzinger devenu pape Benoît XVI n'est donc jamais revenu sur le fait que la lettre magistérielle vaticandeuse est, en elle-même, hérétique. Ce n'est pas une question d'interprétation, c'est la lettre magistérielle elle-même qui, dans son sens obvie et littéral, manifeste l'hérésie.
           
        Et à la toute-fin officielle de son pontificat, en 2013, il va redire exactement la même thèse de 2005 qui subvertit la Foi, dans son dernier discours d'adieu, aussi touchant que délirant, qu'il a fait aux curés de Rome le jeudi 14 février 2013, Salle Paul VI (cf. http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma.html), rajoutant en plus une autre thèse de son cru, tout aussi délirante que l'herméneutique de continuité, à savoir qu'il y aurait soi-disant eu, pour déformer le sens exact du message vaticandeux, un... Vatican II des medias ! : "Benoît XVI (...) continue à croire avec enthousiasme, cependant en toute innocence et inadvertance, au bien-fondé catholique de l'hétérodoxe œcuménisme contenu dans Vatican II, très-notamment dans les abominables décrets Dignitatis Humanae Personae Nostra Aetate, voulant voir la cause du mal dans l'Église depuis Vatican II, non pas, comme ça l'est cependant très-véritablement, très-sûrement, dans la lettre magistérielle elle-même dudit concile, mais dans un surréaliste et tout illusoire... «Vatican II des medias» !" (Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=154)...
           
        Pour faire court : on ne peut pas penser que quelqu'un qui refuse de reconnaître que la lettre magistérielle de Vatican II est hérétique en elle-même, puisse être un rempart de la Foi contre cette même hérésie, en opposition dialectique de François. Benoît XVI est différent de François seulement parce qu'il rejette les effets négatifs de la subversion moderniste de la Foi, mais il en révère et vénère les causes en ne dénonçant et ne rejetant pas, exactement comme François, le caractère formellement hérétique de Vatican II (comme a su le faire dans l'édification générale, par exemple, faisant un salutaire retour sur son parcours de Foi dans sa vie, l'archevêque Viganò ou encore Mgr Schneider).
           
        Saint Jean-Paul II & Benoît XVI, remparts de la Foi mis en opposition dialectique de François ? Cette thèse ne fait que montrer la bien peu édifiante superficialité de la Foi des conservateurs qui la soutiennent, c'est de la folie totale...
           
        D'autres tradis encore, fuyant à toutes jambes "LA PASSION DE L'ÉGLISE", surenchérissent quant à eux à la diable sur la folie totale (pour avoir la 1ère place sur le podium), en voulant toujours croire, ... en 2021 !, et sans aucun signe du Ciel !!, à la survie physique d'un Paul VI qui se serait converti des erreurs de Vatican II (il aurait 124 ans...) ou, en recuit réchauffé, à la survie, seulement théologique cette fois-ci, de Benoît XVI, dont ils veulent croire la démission invalide (scannez le bon QR code), tout pénétrés qu'ils sont follement du mythe obscurantiste et illusoire du "dernier pape souffrant" de la fin des temps (cf., entre autres, mon avant-dernier article Encore du survivantisme pontifical !, au lien suivant http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/encore-du-survivantisme-pontifical?Itemid=483). Alors que le dernier pape de l'Église dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre, sera Caïphe, deuxième du nom, c'est-à-dire l'Antéchrist-personne lui-même soi-même, ainsi que le prophétisent très-certainement, 1/ non seulement le précédent historique de la fin de l'économie ecclésiale synagogale-mosaïque, où l'on voit son dernier grand-Pontife, légitime, anathématiser Jésus-Christ en véritable Antéchrist ; 2/ non seulement la révélation scripturaire infaillible de "l'agneau à la voix de dragon" (Apoc XIII), 3/ mais encore, et presque plus encore car contra factum non argumentum, toute la longue litanie des papes modernes, depuis Pie VII jusqu'à François ; en effet, ces seize papes manifestent tous, peu ou prou, d'abord par les Mœurs (les papes post-concordataires), puis par les Mœurs et la Foi (les papes post-conciliaires), qu'ils sont à la fois, tous et chacun d'eux, et certainement légitimes, et antéchristisés dans leur Magistère, et de plus en plus et de pire en pire (on est comblé avec François !) ; ce qui annonce très-certainement, par une longue prophétie divine dans le fait pontifical qui s'étale en continu et sans hiatus sur plus de deux siècles aux yeux de tous, digitus Dei hic est, "l'Agneau à la voix de dragon" final sur le Siège de Pierre.
           
        On n'en finirait pas d'éplucher au-dessus de la poubelle cette revue de presse des élites tradis de la folie totale.
           
        Quant à moi, j'en ai assez dit (... et j'en ai assez tout court !), avec ces quelques exemples pris sur le tas et sur le vif chez eux. 
 
 AutrucheTêteDansCiment
           
        Donc, les tradis vivent leur Foi dans la folie totale. Les modernes n'ont aucune peine à les égaler sur cela, c'est sûrement un très-rare euphémisme que de le dire. Eux aussi ne pensent qu'à une chose, ils ne pensent qu'à ça : au concours du plus fou de la folie totale, à gagner absolument à la première place, surtout devant les tradis...
           
        Super-boom messe, dimanche dernier, chez les modernes de ma paroisse natale où je m'astreints désormais, dans le fond de l'église, à prendre l'office dominical. C'était la première Communion des enfants, au nombre fort respectable de vingt-deux (qui, s'il vous plaît, suivait une autre fournée de même nombre, le dimanche d'avant), bien habillés et préparés pour la cérémonie. L'église, assez grande, était bondée de fidèles, composés, soit dit en passant, de bien plus de jeunes que de vieux. On se serait presque cru dans une Église... florissante, contre la réalité mortifère de la situation de l'Église de France actuelle. À croire que les îlots de chrétienté de base renouvelés dans la Foi vive, prophétisés en faux-prophète par Joseph Ratzinger, mais oui !, existeraient... déjà. Bluffant.
           
        Mais voilà. Après le chant d'entrée accompagné au synthé gonflé à l'ampli, qui a donné d'emblée, d'entrée de jeu, l'ambiance... comment dirais-je ?, boîte de nuit bcbg, le prêtre a fait applaudir (... "très-fort !, très-très-fort !!") les enfants de la première Communion qu'il avait fait monter auparavant devant l'autel, bien spectaculairement en vue des fidèles, et c'est ainsi que la messe a commencé. Puis, parvenu à la Communion, nouveaux applaudissements de l'assemblée en direction des enfants... qu'on a fait applaudir à leur tour leurs parents, éducateurs et prêtre. Puis encore, ils font leur première Communion, et immédiatement, on leur fait chanter une comptine spirituelle très-belle, très-émouvante : "Je fais silence ; je pense à Toi ; mon Dieu, je t'aime ; Tu es en moi, etc." (https://www.youtube.com/watch?v=K8dDDD3k6aU). Là, j'avoue que contrairement à l'abbé Salenave, ma "rupture de l'être" aurait plutôt consister à pleurer devant ces innocents petits communiants dont "les Anges dans le Ciel voient sans cesse la face de Mon Père qui est dans les Cieux" (Matth XVIII, 10), mais je me suis retenu.
           
        Ç'aurait été en effet vraiment formidable... si les pauvres enfants n'avaient été mis dans une ambiance... complètement électrique pendant toute la messe, les empêchant radicalement, justement, de... pouvoir faire silence intérieur dans leurs âmes à la Communion, pour penser à Dieu, et pouvoir Lui dire, dans le Face à face intime : Je T'aime. On était donc pastoralement en pleine folie totale. Mais les modernes sont si fous de leurs messes prosper-dynaboum-yop-la-joie, ... chauffe Marcel !!!, qu'ils ne se rendent même pas compte qu'elles empêchent en elles-mêmes, ex se, de prendre conscience de la Présence de Dieu, prise de conscience de soi toute intérieure. L'animatrice au début de la messe, n'avait-elle pas averti les fidèles "de ne pas faire de photos, pour ne pas troubler le recueillement des enfants" ! Mais de quel recueillement parlait-elle...?! Comme s'il était en soi possible dans leurs messes super-boom de pouvoir intérioriser la Présence de Dieu. Pour autant, cet avertissement pré-messe montre bien qu'ils n'ont aucune conscience de leur folie totale, qu'ils tâchent au contraire de bien mettre en oeuvre... comme sans doute aussi les bourreaux de la première Passion, celle du Christ, lorsqu'ils tâchaient de bien crucifier Jésus, ce perturbateur de l'ordre public condamné, et par la Politique, et par la Religion. D'où justement la prière pleine d'Amour miséricordieux de Jésus : "Père, pardonnez-leur, ils ne savent ce qu'ils font"... Et on a tout lieu d'espérer de la Miséricorde de Dieu que cette prière s'applique aussi aux fous super-fous de notre temps, modernes mélangés culs et chemises aux tradis dans cette folie totale irrépressible, irréformable, que rien ne semble pouvoir endiguer, inendiguable.
           
        Dans cette sur-boom messe, j'ai frémis de tristesse quand ce nouveau prêtre, un noir de la forêt d'ébènes, comme d'ailleurs le précédent muté dans une autre église des environs un mois auparavant (il n'y a plus de vocations chez les peuples de l'Occident autrefois chrétien, les prêtres africains, devenus très-nombreux dans l'Église de France, sont un peu le dernier raclage de fond de tiroir, la toute dernière vague réserviste derrière toutes les précédentes, avant la toute-fin de la fin...), est parvenu à la Consécration. Après avoir omis dans la prière de l'épiclèse (= invocation au Saint-Esprit pour qu'Il transsubstantie Lui-même le pain et le vin en le Corps et le Sang de Jésus-Christ ; cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%89picl%C3%A8se_(liturgie), d'invoquer nommément... le Saint-Esprit, se contentant juste de formuler l'intention transsubstantiatoire de l'Église dans la messe (heureusement, cela n'invalide pas en soi la messe, la prière d'épiclèse n'est en effet pas constitutive de la validité du Sacrement), ce prêtre moderne a dit les paroles de Consécration en les paraphrasant de son cru et tout-à-fait recto tono à la suite des prières avant et après ladite Consécration. Heureusement, les prières de l'Institution y étaient dites intégralement, et sa double génuflexion introduisait une coupure plus que nécessaire dans son récit récité. Dans la déréliction la plus totale, j'avoue m'être demandé, plus qu'un court instant, intérieurement crispé, angoissé, découragé, si cette messe était valide ou bien non... 
           
        Bref, pourquoi le cacher, j'en suis sorti la goule de mon âme en pisse-vinaigre, triste à en mourir, j'ai un peu mieux compris ce que Jésus avait vécu au jardin de Gethsémani. Lorsque je pris la décision de remplir mon devoir dominical désormais chez les modernes à cause de la mauvaise foi et de la Foi mauvaise des tradis toutes tendances confondues, faute de grives j'en suis réduit à manger des merles, et ce fut le 19 mars 2018 lors d'une messe en l'honneur de saint Joseph (je m'en explique dans cet article : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/aux-dernieres-nouvelles-de-la-passion-de-l-eglise?Itemid=483), j'écrivais ceci : "Ce n'est bien sûr pas la solution parfaite. Tout simplement parce qu'aux temps de «LA PASSION DE L'ÉGLISE», il n'y a pas de solution parfaite et qu'il ne peut pas y en avoir. Cette messe de saint Joseph, de rite pourtant moderne, fut admirablement bien dite, mais j'assisterai à d'autres messes de rite moderne qui seront certainement moins bien dites". Et bien, ça y est, ma petite "prophétie" perso est réalisée...
           
        Mais à tout seigneur, tout honneur ! À propos des folies totales des modernes, ce serait vraiment pécher que d'omettre le pape François, incontestablement perché très-haut sur la toute première place du podium, sans aucun concurrent digne de lui dénouer la sandale, pardon, la mule ! Il en commet tant et tant depuis son intronisation au Siège de Pierre en 2013, de folies totales (souvenons-nous de la Pachamama !), qu'à son sujet on est extraordinairement ébahi, non pas quand il en commet mais quand... il n'en commet pas, comme il m'est arrivé de l'être beaucoup en prenant connaissance de sa si belle et si catholique Lettre apostolique Patris Corde du 8 décembre 2020 sur saint Joseph (cf., en finale de l'article Une très-bonne nouvelle...!! : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/une-tres-bonne-nouvelle?Itemid=483). Pour faire court, je ne donnerai ici qu'un seul exemple de folie totale de sa part... mais attention !, prêtez-lui l'attention qu'elle mérite !, c'est une vraie perle de première classe !, puisqu'elle consiste en ce que le Vicaire du Christ fasse des encycliques à l'usage des catholiques du monde entier... en prenant son inspiration de non-catholiques, ce que François a fait au moins à deux reprises, comme il le révèle lui-même, visiblement... très, très fier, dans Fratelli Tutti : "En outre, si pour la rédaction de Laudato si j’ai trouvé une source d’inspiration chez mon frère Bartholomée, Patriarche orthodoxe qui a promu avec beaucoup de vigueur la sauvegarde de la création, dans ce cas-ci, je me suis particulièrement senti encouragé par le Grand Imam Ahmad Al-Tayyeb que j’ai rencontré à Abou Dhabi pour rappeler que Dieu «a créé tous les êtres humains égaux en droits, en devoirs et en dignité, et les a appelés à coexister comme des frères entre eux»" (§ 5).
           
        ... Là aussi : plus fou ? Tu meurs.
 
 
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        Je vais parler en général, à présent, ne voulant certes cibler personne en particulier parmi les prêtres actuels dont, quels qu'ils soient, modernes ou tradis, j'honore le sacerdoce genoux en terre, comme le conseillait si bien Mgr Williamson ("Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d’honorer leur office"). Mais à quoi ressemblerait bien un prêtre catholique qui refuserait par principe mauvais, aloge, de professer vivre la fin des temps lorsque la Providence de Dieu la lui fait vivre très-certainement dans sa génération humaine parce que les signes eschatologiques, qu'il a cependant décidé de ne pas voir contre le conseil formel de Notre-Seigneur, y sont tous impactés, comme c'est le cas de nos jours ? Notre-Seigneur le compare à du sel affadi, tout juste bon à être piétiné par les passants : "Vous êtes le sel de la terre. Mais si le sel s'affadit, avec quoi le salera-t-on ? Il n'est plus bon qu'à être jeté dehors, et foulé aux pieds par les hommes" (Matth V, 13). En langue plus moderne et branchée, on appelle ça un faux-cul. Qu'on veuille bien me pardonner de rappeler ici la définition humoristique que j'en avais donnée dans L'Impubliable : "Faux-cul. Se trouve dans tout bon dictionnaire. Vient étymologiquement de faux-col de bière. Rentrez dans un bar. Demandez-en une, et, garçon, ... AVEC faux-col ! Le serveur versera très-vite une 33 cl. dans une grande chope, et plus des trois/quarts du dessus sera de la mousse, la bière étouffant en-dessous. Psch-i-i-i-i-i. Voilà, vous avez compris. Un faux-cul, c'est l'écume des choses empêchant la substance de cesdites choses d'exister, par sa seule pétillante, superficielle, bruyante et éphémère existence... Hélas, si pour un verre de bière, il suffit d'avoir la patience de laisser décanter (c'est assez rapide), pour ce qui est des mondains, il n'y a guère d'espérance que dans le fameux Souffle de la Bouche de Jésus-Christ, dont l'Écriture nous enseigne qu'il sera suffisant pour précipiter l'Antéchrist dans l'Abîme, avec ceux qui le suivent en toute connaissance de cause !..." (L'Impubliable, p. 212, note 271)
           
        Étonnez-vous, après le spectacle que nous montrent actuellement l'Église et surtout les prêtres de cette Église, que certains catholiques, qui ont pourtant vécu toute leur Foi en Église depuis leur enfance, s'y sentent désormais comme... étranger. J'ai lu les jours derniers que c'est devenu par exemple le sentiment profond d'un journaliste italien, Aldo-Maria Valli, qui a à peu près mon âge, c'est-à-dire la soixantaine un peu passée. Il va toujours à l'Église, confie-t-il, mais il s'y sent désormais comme un étranger, radicalement en sentiment d'extranéité. L'extranéité définit la situation juridique d'un étranger dans un pays donné qui n'est pas le sien : il n'y possède aucun droit d'exister en tant que personne humaine au for public, il n'a tout juste le droit que de se glisser un peu partout comme un fantôme ou un crucifié social. Et c'est très-exact de dire que le catholique vrai et véritable de nos jours est en sentiment radical d'extranéité dans l'Église aujourd'hui. Ce journaliste cantonne cependant très-frileusement ce sentiment, d'une manière étriquée, conservatrice, voire même obscurantiste, aux seuls prêtres et églises modernes, mais à la grande vérité, ce sentiment d'extranéité spirituelle se ressent actuellement par le vrai catholique, le catholique intégral et non pas intégriste, dans strictement TOUTES les mouvances ecclésiales quelles qu'elles soient, tradis ou modernes, dans toute l'Église, dans tous ses morceaux désormais éparpillés et qui ne peuvent se rassembler dans l'unité parce qu'ils ont quitté la Voie, la Vérité intégrale, chacun se claquemurant fenêtres fermées dans sa petite vérité diminuée qu'il cultive avec obsession.
           
        Tous, en effet, ont quitté la Voie droite du Seigneur et ne possèdent plus, un peu comme la mèche qui fume encore, que l'écorce de la Foi et de la substance des Sacrements : on ne peut donc que s'y sentir étranger. Jusqu'à tant que le Dieu des Vengeances vienne venger en elles toutes l'Honneur très-saint de l'Épouse de Jésus-Christ. C'est ainsi que je ressens profondément les choses maintenant, dans toutes les églises de l'orbe catholique, des intégristes aux œillères sectaires les plus fermées aux modernes les plus avilis dans l'esprit du monde : pour rejeter peu ou prou "LA PASSION DE L'ÉGLISE", elles attendent toutes, quoiqu'elles ne le sachent pas et ne veulent pas le savoir, la sainte-Ire de Dieu, sa terrible Colère, terrible justement parce que parfaitement sainte. Le moment n'est certainement pas éloigné où il faudra les fuir toutes en suivant le conseil de l'Ange donné dans le ch. XVIII de l'Apocalypse, car ce qui est devenu tous azimuts la grande Prostituée de Babylone recevra son châtiment :"SORTEZ DU MILIEU D'ELLE, Ô MON PEUPLE, AFIN DE NE POINT PARTICIPER À SES PÉCHÉS, ET DE N'AVOIR POINT PART À SES CALAMITÉS ; CAR SES PÉCHÉS SE SONT ACCUMULÉS JUSQU'AU CIEL, ET DIEU S'EST SOUVENU DE SES INIQUITÉS [et va donc la châtier irrémédiablement, c'est-à-dire la rejeter complètement, comme la suite du chapitre nous le montre indubitablement]" (Apoc XVIII, 4-5). Prophétie apocalyptique d'ailleurs déjà faite dans l'Ancien-Testament, par Jérémie, en LI, 45, qui donne cette terrible précision : "Sortez, ô mon peuple ! du milieu d'elle, AFIN QUE CHACUN SAUVE SON ÂME DE L'ARDENTE FUREUR DU SEIGNEUR".
           
        Nous savons donc que nous vivons la période de la fin des temps. Mais, pourrait-on se demander, combien de temps cela va-t-il durer...? Le signe eschatologique juif dont j'ai parlé tout-à-l'heure montre en effet qu'il a commencé à naître dans le monde... il y a plus de cent ans, en 1917. Cela fait donc déjà plus d'un siècle que cela dure ! Alors, combien de temps encore avant que le mysterium iniquitatis s'épanouisse dans sa maturation parfaite lors du règne de l'Antéchrist-personne, aux fins d'être, par la Parousie du Christ en Gloire, terrassé et ôté de la terre, pour que le monde et l'Église en soient définitivement purgés, pour que la terre entière redevienne soudain universellement belle comme une épouse sous le Regard amoureux de son Époux qui embrasse tous les horizons, ainsi que les prophètes de Yahweh le prophétisent pour les temps du Millenium qui suivront immédiatement la Parousie en Gloire de Jésus-Christ ? Commençons par nous rappeler que la période de la fin des temps est décrite par Notre-Seigneur comme étant longue. Il nous avertit en effet qu'en ces jours-là, ce sera comme aux temps de Noé, "les hommes mangeaient et buvaient, se mariaient et mariaient leurs enfants" (Matth XXIV, 38), il y a donc là au moins deux générations humaines... sans forcément que Notre-Seigneur, dans ce passage, ait voulu limiter strictement à deux seulement le chiffre des générations humaines qui embrasseront toute la durée de la période de la fin des temps ! Car d'autre part, la tradition enseigne que Noé mit cent ans à construire son arche, les hommes, en son temps, voyant Noé construire son arche, eurent donc une période de fin des temps avant le Déluge d'eau qui dura un siècle...
           
        Mais comprenons bien ces choses, c'est en effet très-important pour notre Foi. Les prêtres, lorsqu'ils abordent le sujet de la fin des temps, qu'ils soient d'ailleurs tradis ou modernes, sont très-forts pour dire qu'il y a péché à prédire une date certaine pour le jour précis de la Parousie ou pour tout autre accomplissement prophétique inhérent à la fin des temps, comme par exemple le jour de l'ouverture du règne de l'Antéchrist, car "nul ne sait le jour ni l'heure" (Matth XXIV, 36). C'est en effet parfaitement exact pour le jour précis. Mais il y a péché tout aussi grave, et là hélas, les prêtres sont bizarrement complètement muets et coupablement muets pour dénoncer ce péché, pour ne pas dire que la plupart y cèdent et le commettent, à ne pas professer être dans la période de la fin des temps dans laquelle s'insère ce jour précis de l'accomplissement prophétique, lorsque les signes eschatologiques sont certainement actualisés dans notre génération humaine. Souvenons-nous, on l'a vu ensemble plus haut, Notre-Seigneur Jésus-Christ condamne sévèrement les juifs de sa génération messianique (et la transposition est bien sûr à faire pour les hommes de notre génération eschatologique), de ne pas vouloir prendre conscience qu'ils sont certainement dans la période messianique alors que tous les signes du Messie sont incarnés, c'est le cas de le dire, dans leur génération ("Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect du ciel et de la terre ; comment donc n'appréciez-vous pas ce temps-ci ?" (Lc XII, 56)Pour résumer la question : il y a deux péchés à ne pas commettre, quant à la fin des temps : 1/ ne pas vouloir prendre conscience qu'on vit certainement la période de la fin des temps lorsque les signes eschatologiques sont actualisés ; 2/ vouloir discerner le jour précis des différents accomplissements prophétiques insérés dans cette dite période. Il y a en effet un devoir de Foi à satisfaire, non seulement quant à la perle, mais encore et à égalité, quant à l'écrin de la perle.
           
        Et c'est pourquoi, dans son langage parabolique, Jésus compare les gens de son époque qui, dans leur très-grande majorité ne prenaient pas conscience du caractère messianique de leur temps (la transposition est évidemment à faire pour les humains de notre époque eschatologique !), à des... têtes sans cervelles, des petits moineaux écervelés qui pépient ou jacassent à tue-tête à droite à gauche sans réflexion aucune et sans aucuns fruits surnaturels pour leurs âmes : "Le Seigneur ajouta : À qui donc comparerai-je les hommes de cette génération, et à qui sont-ils semblables ? Ils sont semblables à des enfants assis sur la place publique, et qui, se parlant les uns aux autres, disent : Nous vous avons joué de la flûte, et vous n'avez pas dansé ; nous avons chanté des airs lugubres, et vous n'avez pas pleuré" (Lc VII, 31-32). C'est-à-dire : cette génération vit dans l'inconstance et l'inconsistance de la pensée, n'ayant aucune racine dans le réel, ils n'ont qu'une pensée éparpillée dans le néant et la figure du monde qui passe. Et il n'est pas besoin de préciser que ce jugement sévère de Jésus-Christ tombe aussi sur tous les gens de la génération actuelle, et singulièrement sur ses prêtres, qui, les signes eschatologiques étant formellement manifestés dans l'Église et dans le monde, ne veulent en prendre aucune conscience, vivant ainsi dans des pensées de néant... Je parlais tout-à-l'heure des modernes. À propos du prêtre noir qui vient de quitter ma paroisse natale, étant muté ailleurs, je lui avais fait connaître mon site intitulé, comme vous le savez bien ô lecteur !, L'Église vit la Passion du Christ depuis Vatican II. Parce que je ne veux exclure personne de la Charité de la Vérité, même ceux que je sens être dans l'incapacité spirituelle de pouvoir accéder à cette dite Vérité. Dans un petit courriel, il m'a répondu : "Je ne crois pas que l'Église vit sa Passion" !
           
        Pour comprendre ces choses de la fin des temps parfaitement et lapidairement, employons le moyen préféré de Notre-Seigneur, à savoir la parabole. On pourrait formuler cette parabole ainsi. La fin des temps est comparable à un homme qui se sent très-malade de partout dans son corps ; il va voir son médecin qui lui dit : "Éh bien !, on va faire des analyses approfondies en relation avec les symptômes que vous me dites, et puis nous verrons les résultats" ; les analyses étant faites, le médecin, après avoir pris connaissance des résultats, convoque son patient, et, la mine atterrée, lui dit : "Mon pauvre ami, je dois vous annoncer que vous avez un cancer généralisé tout-à-fait au dernier stade ; tous vos organes sont métastasés, il n'y a vraiment plus rien à faire, aucune opération chirurgicale ni non plus quelque traitement que ce soit à mettre en oeuvre, tout cela serait complètement inutile... ; si maintenant vous me demandez pour combien de temps vous avez encore à vivre, là, je ne peux pas vous répondre : 3 semaines ?, 3 mois ?, en tous cas très-probablement pas 3 ans". Au sortir du cabinet médical, cet homme a DEUX certitudes, et non une seule : 1/ il sait de certitude formelle qu'il vit sa propre et personnelle période de fin des temps qui doit voir le jour de sa mort, période en soi très-courte par rapport à la durée de sa vie entière, mais 2/ il ne sait absolument pas, ni le jour ni l'heure de sa mort.
           
        Il en est exactement de même pour nous, chrétiens actuels : nous savons que nous sommes dans la période de la fin des temps, cette mort mystique de l'humanité entière, ce macrocosme du microcosme (comme disait Dom Guéranger : "L'humanité n'est rien d'autre que l'homme multiplié"), mais sans savoir ni le jour ni l'heure précis du déclenchement des derniers évènements apocalyptiques, nous savons seulement qu'ils sont très-proches, sur nos têtes, imminents... et qu'il y aurait plutôt intérêt à être bien dans l'Amour de Dieu, bien unis avec Lui dans nos vie personnelle, car nous pourrions nous retrouver très-vite devant Lui, pour notre éternité.
           
        En fait, il faut bien comprendre, avec cette parabole, que les prêtres qui, actuellement, alors que les signes eschatologiques sont formellement manifestés, prêchent seulement à leurs ouailles que personne ne sait ni le jour ni l'heure des derniers évènements de la fin des temps, sans rajouter expressément que nous savons de Foi, de fide, être dans la période de la fin des temps qui doit engendrer ce jour et cette heure fatidiques que nul ne connaît, pèchent tout aussi gravement que ceux qui veulent témérairement discerner cesdits jour et heure précis.
 
 
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        J'ai promis, au début de ces lignes, de méditer en finale sur la spiritualité de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (que j'ai exposée théoriquement, théologiquement, ici : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf), il est temps d'y venir, pour finir mon propos à propos. Comment vivre en effet une telle situation morale de "PASSION DE L'ÉGLISE" qui est nôtre, où toute âme est "faite péché pour le salut" dans une "si grande contradiction", situation si impossible à notre nature humaine déchue impuissante à n'y pas rajouter au moins quelque coulpe... sans, justement, en rajouter strictement aucune, pour être parfaitement saint "comme votre Père céleste est parfait" (Matth V, 48) ? Comment participer en toute sainteté personnellement et salvifiquement à la Passion, en tant que tout petit co-rédempteur en union avec le Rédempteur et avec la co-Rédemptrice Église, c'est-à-dire "être fait péché pour le salut", cet oxymore si incompréhensible à notre nature humaine déchue ? Comme le fut cependant si impeccablement Jésus-Christ vivant sa Passion propre et personnelle il y a 2 000 ans, exempt de toute espèce de coulpe et d'ombre de coulpe, quelle qu'elle soit ?
           
        Je pense que seule la plus divine des vertus, L'HUMILITÉ, vécue à chaque instant de nos vies, ce sentiment de notre rien métaphysique qu'avait si bien compris et pratiqué sans cesse celle que, par antiphrase, on a eu l'outrecuidance d'appeler la petite Thérèse, sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, permet de vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sans rajouter aucune coulpe à la matière du péché dont toutes les âmes sont présentement formatées, à l'instar de l'Église elle-même, Corps mystique du Christ. Seule la pratique persévérante d'une humilité parfaite, malgré nos fautes de faiblesse passagères de toute nature, desquelles nous nous relevons le plus vite possible, peut permettre de rester sans cesse dans la grâce surnaturelle de Dieu et de son Royaume, vivant plus déjà au Ciel que sur terre, étant ainsi absolument prémunis, par la Cuirasse invincible de Dieu, du mysterium iniquitatis entraînant irrépressiblement toutes les âmes qui s'y soumettent vers l'enfer éternel.
           
        Pour être humble, il faut pratiquer le don intégral et sans aucune réserve de soi-même, en toutes circonstances et le plus souvent possible si pas à tout instant. Dom Columba Marmion va nous aider à emprunter ce chemin de salut en nous faisant méditer, dans Le Christ, Idéal du Moine (pp. 268-269, éd. 1936), sur le don total du Christ dans toute sa Vie et surtout, bien sûr, dans sa Passion. Qu'on soit bien conscient et persuadé que le chrétien de la fin des temps qui ne veut pas aller jusque là ne pourra pas garder la Foi jusqu'à la fin :
           
        "Tenons les yeux fixés sur Jésus, le divin pauvre [= la pauvreté, au sens spirituel, est synonyme parfait d'humilité ; lisons donc, dans le texte suivant, humilité, quand nous voyons pauvreté :].
           
        "Contemplons Notre-Seigneur qui est notre modèle en toutes choses et que nous voulons suivre par amour. Que nous enseigne sa vie ? Il a, pour ainsi dire, épousé la pauvreté. Il était Dieu. (…) Et voici que ce Dieu s’incarne pour nous ramener à Lui. Quelle voie choisit-Il ? Celle de la pauvreté. Quand le Verbe est venu en ce monde, lui, le Roi du ciel et de la terre a voulu, dans sa divine Sagesse, disposer les détails de sa naissance, de sa vie et de sa mort, de telle façon que ce qui transparaît le plus, c’est sa pauvreté, le mépris des biens de ce monde. Les plus pauvres naissent au moins sous un toit ; Lui, Il voit le jour dans une étable, sur la paille, car «il n’y avait pas de place pour sa mère à l’hôtellerie» (Lc II, 7). À Nazareth, Il mène la vie obscure d’un pauvre artisan (Matth XIII, 55). Plus tard, dans sa vie publique, Il n’a pas où reposer la tête, «alors que les renards ont leurs tanières» (Lc IX, 58). À l’heure de la mort, Il a voulu être dépouillé de ses vêtements et attaché nu à la croix".
           
        [Ce NU est très-véridique, à tout le moins sur le plan spirituel ; lors de mon dernier pélerinage à La Salette, en 2019, je suis passé par l'abbaye Saint-Antoine, pas loin de Grenoble, et j'ai pris en photo cette fresque antique dans l'abbatiale, peinte certainement dans les temps du Moyen-Âge, par laquelle nos pères dans la Foi manifestaient, très-pudiquement, ce NU intégral du Christ en croix :
 
 
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        [Mais je continue le texte de Dom Columba Marmion :]
           
        "Cette tunique tissée par sa mère, Il laisse ses bourreaux s’en emparer ; ses amis L’ont abandonné ; de ses apôtres, Il ne voit auprès de lui que saint Jean. Au moins, Sa mère lui reste : mais non, Il la donne à son disciple (Jn XIX, 27). N’est-ce pas là le dépouillement absolu ? Cependant, Il trouve moyen de dépasser cet extrême degré de dénuement. Il y a encore les joies célestes dont son Père inonde son Humanité ; Il y renonce, car voici que son Père L’abandonne (Matth XXII, 46). IL DEMEURE SEUL, SUSPENDU ENTRE LE CIEL ET LA TERRE. (…) Quand on contemple Jésus pauvre à la crèche, à Nazareth, sur la croix, nous tendant les mains et nous disant : «C’est pour toi», on comprend les folies des amants de la pauvreté. Tenons donc les yeux fixés sur le divin Pauvre de Bethléem, de Nazareth et du Golgotha".
           
        La folie de la croix, si bien comprise par exemple par un saint Louis-Marie Grignon de Montfort, sera la seule antidote radicale  dont nous pourrons nous servir contre la folie totale dans laquelle l'Église, le monde et les âmes, sont présentement plongés, et le seront de plus en plus, dans l'attente du règne de l'Antéchrist-personne qui la manifestera en plein, dans l'éclat spirituellement impudique et maudit à jamais réprouvé.
           
        Un autre texte d'auteur spirituel m'inspire beaucoup pour finir de finir ce présent grand article, il est très-réconfortant, très-consolant, pour la défense de la vraie Prophétie divine et des vrais prophètes contemporains ses serviteurs, si bafoués et foulés aux pieds par les bêtes et les pourceaux "qui ne savent ce qu'ils font", en ce monde et plus encore dans l'Église. Je le cite maintenant (Hymnes 42, SC 196), il est de Syméon le Nouveau-Théologien (v. 949-1022), c'était un moine grec :
           
        "Au jour du Jugement, ma Parole se dressera.
           
        "De ceux qui le désirent, je suis le Pasteur et le Maître ; les autres, en revanche, je suis bien leur Créateur, leur Dieu par nature, mais je ne suis pas le Roi, je ne suis pas le Guide, absolument pas, de ceux qui n’ont pas pris leur croix pour me suivre ; c’est de l’Adversaire, en effet, qu’ils sont les enfants, les esclaves, les instruments. Vois ces mystères redoutables, vois leur inconscience, vois et gémis sur eux, si tu le peux, à toute heure. En effet, alors qu’ils sont appelés de l’obscurité à la lumière sans couchant, de la mort à la vie, des enfers aux cieux, du provisoire et du corruptible à la gloire éternelle, ils se mettent en colère, en fureur contre ceux qui les enseignent, et ils ourdissent contre eux toute sorte de ruses, ils aiment mieux mourir que de quitter les ténèbres et les œuvres des ténèbres, afin de me suivre. (…) Ne les contrains pas à faire ce que tu leur enseignes : répète-leur simplement mes paroles et exhorte-les à les observer, comme ce qui leur procure la vie éternelle, et ces paroles mêmes se dresseront, lorsque je viendrai pour le Jugement, et elles les jugeront tous, un à un, selon leur mérite, tandis que toi, tu resteras sans responsabilité, sans aucune espèce de condamnation, puisque tu n’auras pas dissimulé l’argent de mes paroles mais que, tout ce que tu as reçu, tu l’as prodigué à tous. C’est cela qui me plaît, c’est cela l’œuvre de mes apôtres et de mes disciples, qui ont agi selon mes commandements : me proclamer Dieu dans le monde entier, enseigner mes volontés et mes ordres et les laisser par écrit aux hommes. Lutte donc, toi aussi, pour agir et enseigner comme eux. (…) Efforce-toi de te sauver, toi et ceux qui t’écoutent, au cas où tu trouverais sur la terre un homme qui ait des oreilles pour entendre, et qui écoute tes paroles !"
           
        ... AMEN, Alleluia !!
 
En la fête de saint Pierre d'Alcantara,
ce grand mystique espagnol épuré,
ce 19 Octobre 2021.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
19-10-2021 12:38:00
 

... À la foire aux fous (au pluriel) !!! (1)

 
 
 
... À la foire aux fous (au pluriel) !!!
(1)
 
 
AutrucheTêteDansCiment
 
           
        Je veux parler aujourd'hui, d'une manière générale, de la situation spirituelle actuelle dans l'Église Universelle, notre très-chère et sainte Mère l'Église, qui, normalement, est la Société humano-divine où l'on trouve en permanence, où l'on goûte avec suavité et grande reconnaissance, l'immuable Sagesse de Dieu qui libère du péché, vecteur de salut éternel pour nos âmes.
           
        Or, de nos jours, aux antipodes de cela, nos âmes y trouvent et goûtent avec grande déréliction et souffrance morale, hélas là aussi quasi en permanence, une folie absolument totale qui, humainement parlant, est à peine concevable, pensable, et ce, absolument dans toutes mouvances et sous tous gonfanons ecclésiaux confondus, tant du côté des tradis que du côté des modernes (d'où le pluriel de mon titre). Et plus cette folie dans l'aujourd'hui de l'Église est folle, moins ceux qui la commettent en prennent conscience, plus ils se sentent fièrement, au contraire, tout pénétrés de divine sagesse dans ce qu'ils pensent et font... le plus follement du monde.
           
        Dans les années 1980, la gouvernante d'un vieux prêtre, dans une lettre dont j'avais eu connaissance, avait rapporté ses dernières paroles avant de mourir. Il ne cessait, disait-elle, et cela l'avait frappé, de répéter ces mots dans ses tout derniers jours terrestres : "On s'en va vers la folie totale". Ce curé mais catholique avait sans doute vu, en toute clarté de conscience avant de mourir, l'ambiance morale de folie du diable qui règnerait aux temps où l'ouverture du règne maudit de l'Antéchrist serait imminente, temps qu'il pressentait tout proche. C'est justement sûrement cette folie totale, souvenons-nous, qui avait fait pleurer en 1846 la Reine des prophètes à La Salette pendant toute la durée de l'Apparition où elle prophétisait sur les temps antéchristiques à venir, chose absolument unique dans les annales des apparitions mariales depuis les assises du christianisme...
           
        Rappelons-nous aussi que la même folie totale s'était montrée lors de la Passion du Christ : absolument tous les hommes, juifs mélangés aux romains, étaient devenus, au sujet de Jésus-Christ leur divin Messie, des fous super-fous, n'ayant pas la moindre conscience de la folie et de la méchanceté sacrilèges de leurs pires attitudes et actes envers leur Sauveur. Et c'est bien pourquoi Jésus, du haut de la croix, avait imploré la Miséricorde divine pour eux tous, rendant le Bien pour le mal : "Père, pardonnez-leur, car ils ne savent ce qu'ils font" (Lc XXIII, 34).
           
        Il en est tout-à-fait de même dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que nous vivons de nos jours, ceux qui la vivent sans vouloir rentrer dans la spiritualité de la Passion, dans l'intelligence spirituelle de ce qu'elle est, dont je vais tâcher une fois de plus, Deo adjuvante, de dire un mot en finale du présent article, ne peuvent que la vivre en fous super-fous commettant les pires actes envers l'Épouse du Christ... "On s'en va vers la folie totale". En fait, à présent, en 2021, 40 ans après que cette sorte de prophétie a été dite, on ne s'en va plus vers la folie totale, on y est arrivé, on est les pieds en plein dedans. Ce n'est plus un futur même immédiat, c'est devenu un présent affreusement et furieusement consommé, quoique des plus inconsommables.
           
        Je vais en donner ici quelques petits exemples, chacun pourra aisément les multiplier, presque à l'infini hélas, par ce qu'il voit lui-même dans l'Église. 
          
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        Commençons par les tradis. J'ai lu les jours derniers un articulet de l'abbé Matthieu Salenave, intitulé Se préparer au monde de demain, absolument délirant et presque incroyable de stupidité et d'impiété sur le plan prophétique. Qui est l'abbé Salenave ? C'est un prêtre de formation lefébvriste ordonné dans les années 2 000, encore jeune ; quelque dix ans après son ordination, il a quitté la Fsspx, trop doctrinalement laxiste à son goût dans ses rapports avec Rome, aux fins de plus muscler son combat pour garder la Foi (actuellement, je crois sans en être sûr, je ne le connais pas personnellement, qu'il s'est intégré à la mouvance de Mgr Faure, nouvel évêque tradi ultra sacré par Mgr Williamson, avec l'abbé Pivert, etc.). A priori, donc, on pourrait s'attendre de sa part à une pureté plus grande de Foi dans le combat spirituel qu'il mène dans le cadre de "la crise de l'Église"...
           
        ... Las ! Quoiqu'en dissidence affichée avec la Fsspx, notre abbé est toujours un prêtre lefébvriste, c'est-à-dire que, à l'instar de son saint patron Mgr Marcel Lefebvre, il n'a pas du tout compris et/ou ne veut pas du tout comprendre (qu'il veuille bien scanner lui-même le bon QR code...), que la crise ecclésiale et mondiale que nous vivons est la toute dernière, celle de la fin des temps, c'est-à-dire de tous les temps et âges ecclésiaux, vraiment la "der des der" juste avant l'apocalyptique Parousie du Christ en Gloire et ce qui doit très-négativement la précéder, à savoir le règne maudit de l'Antéchrist-personne. Il a pourtant bien intégré que la crise que nous vivons (et mourons à la fois) est désormais accompagnée de la peste universelle, qui sera bientôt suivie de la famine universelle, il glose même dans d'autres écrits ou vidéos sur la marque de la Bête, mais son articulet susdit montre que son esprit n'a pas du tout pris conscience qu'on est là en présence de trois signes eschatologiques formels prophétisés dans l'Apocalypse comme devant être signes topiques (c'est-à-dire accompagnant au plus serré, viscéralement, comme la fumée pour le feu) de la crise finale précédant immédiatement le Retour en Gloire du Verbe de Dieu incarné.
           
        Alors, l'abbé Salenave, de nous "prophétiser" un avenir post-crise qui ne sera rien d'autre qu'un feedback de la Chrétienté dans ses formes historico-canoniques bien connues. Demain, la Chrétienté, comme avait déjà dit et lapidairement résumé en faux-prophète parfait, feu Dom Gérard du Barroux...
           
        Mais lisons ses élucubrations pseudo-prophétiques (texte complet, ici : https://magazinelavoixdedieu.wordpress.com/2021/10/09/abbe-salenave-se-preparer-au-monde-de-demain/). Après avoir annoncé une hécatombe de la population française consécutive au fait que plus de 80 % des français se sont faits double-niquer le sang par les "vaccins" post-nazis 2.0, encore dits ARN, l'abbé Salenave prévoie, et là, hélas, ce qu'il dit est malheureusement de haute probabilité, que "la société française ne sera peuplée que de 15 millions d’habitants dans deux ou trois ans".
           
        Puis, après avoir prédit que les grandes villes et leurs banlieues seront subséquemment devenus inhabitables (car les gangsters de tout acabit y feront désormais la loi), et que les pouvoirs politiques républicains athées crouleront sur pieds tels les tours du WTC, il continue en s'imaginant dans un rêve rose-bonbon qu'un "petit reste" de l'armée aidé des jam bons, pardon des gens bons, desquels l'abbé a le fort bon goût de n'exclure point... la sanior pars des immigrés, pourra alors "tenter de recréer ici et là des petits îlots de survie". Puis, puis, abruptement, notre cher abbé tradi ultra passe du sociétal à l'Église. Repetita bis, là aussi il y aura un "petit reste", après "la disparition du clergé moderniste qui aura de lui même avalé la soupe chimique par la promotion faite par le Pape François". Sans doute aussi, faut-il compter la disparition du clergé Fsspx, qui, selon lui, est désormais aussi mauvais que le clergé moderniste, par corruption passive de leur Foi avec la Rome actuelle : ils doivent donc être châtiés au même titre par Dieu, qui aime bien, châtie bien... Quoiqu'il en soit de ce dernier point, que Dieu soit mille fois béni !, "le cauchemar de ce monstre conciliaire prendra fin par la volonté du Seigneur". Comme ça, tout seul, hop, hop, hop !!!, par le coup de baguette magique d'on ne sait quel Merlin l'enchanteur merveilleux... Le "monstre conciliaire", selon notre "prophète", n'est donc pas du tout prédestiné par les insondables décrets de la Providence divine, comme au contraire la véritable prophétie catholique l'annonce, à s'épanouir et triompher dans la figure du monde qui passe, quand bien même ce sera d'une manière fugitive, étant une composante majeure du règne de l'Antéchrist-personne en tant que MASDU (Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle)...
           
        Et alors, alors, l'abbé-prophète, d'oser faire consister dans la folie la plus totale le règne du Cœur immaculé de Marie... dans le misérabilisme de ces petits îlots de survie, aussi peu nombreux et quasi invisibles que têtes d'épingles oubliées sur veston remis à neuf : "On peut penser [...!!!] que ce sera le temps où le Cœur Immaculé de Marie veillera encore plus puissamment sur ses enfants et que la Russie sera consacrée à son Cœur par le nouveau pape (le grand pontife prophétisé)". On se demande bien comment il pourra y avoir un nouveau pape, surgissant comme ça, tel un lapin d'un chapeau de magicien !, puisque l'abbé-prophète nous a dit auparavant que tout le clergé moderniste, donc en ce compris les cardinaux électeurs du pape, aura... disparu après avoir consommé la "soupe chimique" des pseudo-vaccins ARN. Mais souvenons-nous qu'on est en plein rêve rose-bonbon, et que dans ce genre de rêves, l'illogisme farfelu du déroulement n'a pas beaucoup d'importance et en tous cas n'est nullement perçu par le rêveur. Le "grand pontife prophétisé" est bien sûr le fameux "saint-pape" de moult prophéties privées, mais beaucoup plus mythique encore que fameux. Zut !, il a manqué à l'abbé-prophète de réviser ses classiques, ce qui lui aurait permis d'y adjoindre "le grand-monarque", à ce "saint pape", comme le font la plupart des prophéties privées historicistes qui nous parlent du "saint-pape". Son rêve aurait été alors parfait... dans la folie totale.
           
        Puis, enfin de la fin, l'abbé Salenave, à force de rêver le rêve (aussi follement que, souvenons-nous, le pape François dit rêver le sien, s'ingénie à réveiller le rêve, dans Fratelli tutti... cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/mais-ou-est-donc-dieu-le-pere?Itemid=154), finit par tomber carrément dans... l'hérésie (ce qui est normal, les pulsions impures oniriques ne s'embarrassent jamais des principes de la Foi, étant mues par notre nature déchue que Satan se hâte de venir renforcer, aggraver...) : "Dans cette situation si précaire pour les corps, les hommes retrouveront naturellement la vraie Foi". Il n'a même pas effleuré la conscience rose-bonbon de l'abbé rêveur, tellement il est immergé dans son rêve comme Bécassine plongée dans son étang tête sous l'eau, que, une fois perdue, la vraie Foi ne peut plus se retrouver que... surnaturellement, par la seule grâce divine ! En tout état de cause, en effet, la vraie Foi ne peut pas se retrouver naturellement, cette proposition est tout simplement du pélagianisme (= le moine Pélage, qui vivait au temps de saint Augustin, professait en effet hérétiquement que tout homme, pourtant désormais toujours taré de la tache originelle à sa naissance, pouvait se sauver par ses propres forces, la grâce surnaturelle ne s'y rajoutant que accidentellement et non substantiellement).
           
        Donc, donc, les humains restants du "petit reste" retrouveront naturellement la vraie Foi, "et les prêtres qui subsisteront n’auront d’autre choix que de donner le véritable évangile de Jésus Christ dans ces temps si apocalyptiques". Ben c'est formidable. Tout le monde va se convertir naturellement, et les laïcs, et... les prêtres (ça, en effet, c'est vraiment plus fort que midable, car c'est très-dur de convertir un prêtre...) ! Nous sommes là en plein rêve de Cendrillon avant que les douze coups fatidiques de minuit ne sonnent. C'est triste de voir un prêtre tradi, qui se targue d'être ultra en plus, tomber si bas. Car, premièrement, on ne voit pas très-bien quels seront "les prêtres qui subsisteront", puisqu'il faut en exclure, et les prêtres modernistes (tous morts après avoir bu la soupe chimique qui, hélas, n'avait rien à voir avec la potion magique d'Astérix et d'Obélix), et ceux lefébvristes, ces traîtres de la Fsspx, et ceux "ralliés", et ceux sédévacantistes, sans oublier ceux guérardiens, ne restant donc dans le règne du Cœur immaculé de Marie vu dans le rêve rose-bonbon de l'abbé Salenave, que... les quelques prêtres de Mgr Williamson et de Mgr Faure !! Donc, il y aura des prêtres pour les jam bons des petits îlots survivants, mais on ne sait pas trop d'où ils viendront (peut-être qu'ils descendront du Ciel ?). Deuxièmement, l'abbé-prophète ou plutôt rêveur, est en pleine contradiction avec lui-même et son rêve, puisque d'un côté on aura remarqué qu'il exclue radicalement le règne de l'Antéchrist-personne de sa projection pseudo-prophétique, et d'un autre côté, il parle des "temps si apocalyptiques" : mais s'ils sont si apocalyptiques que cela, ces temps, alors la Foi nous enseigne formellement qu'ils doivent finir par... le règne de l'Antéchrist-personne... complètement absent de son rêve !
           
        Et de terminer superbement, magnifiquement, par : "Ce sera la fin d’une époque et le début d’une autre" !!! Cette dernière phrase a déclenché en moi presque un fou-rire : trop fort, j'en pouvais plus. Le rire, comme les pleurs, sont des "ruptures de l'être" (Daniel Halévy) suscitées par quelque chose qui déstabilise complètement, radicalement, la nature humaine limitée ; alors elle ne trouve plus, comme moyen de défense, que le rire ou au contraire les pleurs. La "prophétie" de l'abbé Salenave est si ridicule que, là, cela a déclenché mon rire : on ne peut pas toujours pleurer...
           
        ... Soit dit en passant et sans vouloir m'y attarder, tout-à-fait entre parenthèses, le rêve de l'abbé Salenave ressemble étrangement à la fausse prophétie d'un certain Joseph Ratzinger faite à la Noël 1969, qui voyait, lui aussi, l'Église devoir être réduite dans un futur proche au quasi rien humain de ses tout débuts, puis repartir avec des îlots de chrétientés spirituellement pauvres... dont la force vive de Foi séduirait et convertirait le monde entier... assoiffé de conversion !!! Mais, mais... et si cette réduction au quasi rien humain, cette kénose, signifiait que l'Église devait mourir de mâlemort sous la main de l'Antéchrist-personne, comme l'annonce infailliblement la sainte-Écriture...?? Voilà une option à laquelle Ratzinger ne pouvait même pas penser, ne voulait absolument pas concevoir, complètement séduit qu'il était, dans les années conciliaires et post, par l'Histoire et le monde. On fait ce qu'on peut quand on n'est pas des flèches vraiment et authentiquement prophétiques dans le carquois du Seigneur des Armées, Yahweh Sabaoth. J'avais déjà remarqué et dénoncé cette impossibilité radicale et absolue du pape Benoît XVI, suivi par le cardinal Sarah, de conscientiser le caractère radicalement apocalyptique de notre temps, quand bien même il en discernait les signaux forts, les feux rouges, dans la finale de mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=483).
           
        "Dites-nous des choses qui nous plaisent !", disaient les juifs antiques aux prophètes de Yahweh. On est exactement dans ce cas de figure, avec le rêve "prophétique" de l'abbé Salenave (et la projection pseudo-prophétique de Joseph Ratzinger). Ce qui plaît en effet aux fidèles qui ne veulent pas que l'Église actuelle ait, de par la Providence de Dieu, à vivre la Passion du Christ usque ad mortem, jusqu'à sa mort bien réelle sous le règne de l'Antéchrist-personne, c'est précisément, par n'importe quel subterfuge, de leur dire... qu'elle ne vit pas la Passion, que l'Épouse du Christ ne doit pas être anéantie jusqu'à la mœlle de sa mœlle surnaturelle sous le règne de l'Antéchrist-personne, achèvement obligé, dénouement ultime irréversible de la crise présente, l'Église mourant réellement sur la croix d'ignominie à l'instar de son Divin Époux. Et c'est exactement ce que fait notre abbé tradi ultra : prostituer la Foi dans la mollesse vile et la paresse lâche d'une pseudo-prophétie, d'un rêve prophétiquement lascif et polluant... tout en assurant qu'il va dire un "message [qui] sera peut-être très dur à entendre pour certains mais il le faut". Voilà donc, dans la folie totale, le... "monde de demain" (titre de son articulet mensonger) qu'ose prophétiser l'abbé Salenave, adepte de Demain, la Chrétienté. Quelle honte.
           
        Notre abbé lefébvriste est là, en effet, en pleine crise de folie totale. Car à partir du moment où notre Foi nous fait prendre conscience que les signes eschatologiques sont impactés dans notre crise ecclésiale (et subséquemment, politique et mondiale), alors nous avons la certitude de Foi, de fide, c'est-à-dire formelle, que nous vivons la crise toute dernière. Elle ne peut donc plus se dénouer que par la très-apocalyptique Parousie ou Retour en Gloire du Christ qui viendra terrasser l'Antéchrist-personne ayant fait mourir de mâlemort l'Église dans son économie de salut actuelle, pour clore définitivement l'Âge présent. Et si ce qui suit cette clôture définitive de l'Âge présent, qui est celui du Temps des nations et de Rome son centre, n'est pas la fin du monde et le Jugement dernier, alors, ce qui la suit ne peut plus être qu'un autre Âge ecclésial, une autre économie de salut théologiquement différente de celle qui a été apocalyptiquement (= c'est-à-dire : par divine révélation) clôturée. Car le Christ ne peut revenir dans notre univers physique pour refaire ce qu'Il a déjà fait. S'Il revient, donc, c'est pour instaurer autre chose. Et la Foi nous enseigne que cet autre Âge à venir s'appelle le Millenium.
 
 
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        Ce n'est pas la première fois que je constate que les prêtres de formation lefébvriste, même devenus dissidents, gardent, lové dans leurs âmes cléricales, le serpent aloge, cette hérésie des premiers temps de l'Église qui consistait à rejeter toute forme prophétique véritable et bien entendu à exclure l'Apocalypse de saint Jean des Livres canoniques. Par exemple, lorsque j'ai dénoncé l'hérésie guérardienne des prêtres italiens de l'Institut Mater Boni Consilii, j'avais déjà noté que ces prêtres lefébvristes dissidents évacuaient radicalement le sens apocalyptique certain de notre "crise de l'Église", en ces termes :
           
        "... Mais justement, sur leur excellente lancée de perfectionnisme doctrinal dans la «crise de l'Église», les jeunes prêtres saintement ardents de Sodalitium pouvaient-ils faire autrement que d'embrasser une mauvaise thèse d'explication de la «crise de l'Église», c'est-à-dire qui rejette «LA PASSION DE L'ÉGLISE» ? Hélas, et je le dis à leur entière décharge, je ne le pense pas. Pas plus qu'une fusée qui quitte sa rampe de lancement ne peut sortir du téléguidage programmé qui a tracé sa puissante impulsion dans une direction ciblée et déterminée avec précision dans l'espace intersidéral...
           
        "Quoiqu'en dissidence affichée avec le mouvement lefébvriste, ces jeunes prêtres, en effet, ont tous été formés dans le moule clérical lefébvriste. Ce sont avant tout des prêtres lefébvristes. Avec les idées lefébvristes. Avec la pensée lefébvriste. Qui les imprègne même à leur corps défendant. Or, le moule lefébvriste (qui n'est pas propre à Mgr Lefebvre mais qui est le moule de la formation cléricale donnée dans les séminaires avant Vatican II), est une pensée cléricale classique, scolastique, qui a une énorme lacune évoluant le plus naturellement du monde vers une déviance terriblement hétérodoxe : elle est viscéralement a-prophétique, et cet a-prophétisme se mue insidieusement, chez la plupart de ceux qui reçoivent cette formation, carrément en un anti-prophétisme, c'est-à-dire une pensée néo-pharisaïque dans son essence. Il faut prendre soigneusement conscience, en effet, que : Religion ou Église sans prophétisme = pharisaïsme, c'est-à-dire idolâtrie de l'économie de salut en cours.
           
        "Cette tendance existe depuis les assises de l'Église, les premiers à la manifester sont les Aloges, dès le deuxième siècle. Certains théologiens les ont carrément classé parmi les hérétiques, mais en fait, ils ne le sont pas vraiment, la vérité est qu'ils sont radicalement anti-prophétiques, ils acceptent tout le Canon des Saints-Livres sauf l'Évangile de saint Jean et bien sûr l'Apocalypse du même auteur. Le Dictionnaire de Théologie Catholique (DTC) nous apprend que les Aloges «repoussent cet Évangile [de saint Jean], parce qu'il renferme la promesse du Paraclet ; ils rejettent également tout esprit prophétique» (art. "Aloge"). Saint Irénée de Lyon dans son Contra Haereses précise que les Aloges «prétendaient supprimer toute prophétie et tout charisme prophétique» (ibidem). Ils «ne veulent pas de prophétie dans l'Église» (art. "Apocalypse", DTC). Cette mentalité anti-prophétique existait déjà à Rome au IIe siècle, sous les traits d'un prêtre du nom de Caïus, quand bien même ses «attaques [contre l'authenticité de l'Apocalypse] ne trouvèrent pas d'écho» (ibidem) dans l'Église d'Occident et à Rome même... Mais pour finir, le DTC, pesant savamment le pour et le contre, conclue que les Aloges sont quand même à ranger parmi les hérétiques...
           
        "Cette tendance hélas, est le penchant ténébreux de toute institution cléricale. Et l'on a vu ce que cela a donné avec les prêtres juifs dans la fin des temps de l'Église mosaïque-synagogale : par crispation cléricale, cela a été jusqu'au rejet déicide plein de haine diabolique de l'économie de salut qui devait suivre celle synagogale, dans la Personne de Jésus-Christ. Or, nous assistons présentement exactement au même cas de figure, tout autant dans le clergé tradi que dans celui moderne : ces prêtres à l'esprit néo-pharisaïque, sans même, pour la plupart, en avoir conscience, ayant en tous cas des yeux pour ne voir point, ne veulent absolument pas prendre conscience que les signes eschatologiques les plus évidents, les plus marqués dans la Sainte-Écriture, sont tous présents dans notre monde, et plus encore dans l'Église, n'hésitant pas un seul instant, dans leur aveuglement, à rejeter ce qu'ils signifient premièrement, de par Dieu [comme l'articulet de l'abbé Salenave ne nous le montre que trop] : que nous sommes certainement dans la période de la fin des temps, de tous les temps, qui donc enregistre «LA PASSION DE L'ÉGLISE», dans l'attente du dénouement apocalyptique qui finira par la Parousie ou Retour en Gloire du Christ dans notre ciel physique, en passant hélas avant par la préface ténébreuse du règne de l'Antéchrist-personne.
           
        "Je me rappelle m'être fort encoléré (... saintement ! enfin, à peu près !) d'un éditorial signé par l'abbé Franz Schmidberger dans une Lettre aux amis et bienfaiteurs de 1977 (j'avais alors 20 ans), qui, alors que nos jeunes prêtres de l'Institut Mater Boni Consilii étaient encore tous séminaristes potaches sur les bancs des salles d'étude, me fit comprendre soudain et brutalement que le mouvement écônien, dans lequel j'avais fort espéré lorsqu'il se manifesta dans «l'été chaud 1976», n'était hélas qu'une réaction cléricale émasculée de la Prophétie, fort éloignée de pouvoir représenter la réaction catholique intégrale véritable, c'est-à-dire Prophétie incluse. L'abbé Schmidberger, assistant principal de Mgr Lefebvre à l'époque, brossait en effet dans cet édito la «crise de l'Église» d'une manière totalement historiciste, avec un dénouement dans l'Histoire, sans aucune allusion, même simplement à titre d'hypothèse envisageable, au fait que cette crise ecclésiale issue du concile moderne pourrait bien être celle de la fin des temps, de tous les temps historiques, c'est-à-dire qu'elle devait finir dans le règne de l'Antéchrist-personne, vus les attendus théologiques qui la caractérisaient formellement. Or, cependant, cesdits attendus illustrent tous ce que la sainte Écriture appelle d'un mot terrible : abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. C'était singulièrement perceptible dans la nouvelle messe, cela crevait les yeux qu'on était là en présence de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, c'était aussi gros qu'une éléphante enceinte dans un corridor. Avec évidemment la signification apocalyptique scripturairement y attachée. Celle que Notre-Seigneur Lui-même indique dans l'Évangile : «Quand vous verrez l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint dont a parlé le prophète Daniel, alors, etc.", et Jésus de lier la chose immédiatement, et non médiatement, à la fin des temps, aux temps apocalyptiques devant engendrer le règne de l'Antéchrist-personne.
           
        "Je me disais donc, dans ma sainte colère, qu'il fallait vraiment être prêtre du Seigneur pour ne pas comprendre ce que Jésus disait si clairement et que nos yeux voyaient si clairement advenu, réalisé, dans notre contemporanéité ecclésiale. L'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint est en effet signe topique formel de la fin des temps, comme la fumée l'est pour le feu. Elle était là, depuis Vatican II et son hérétique Liberté religieuse, puis encore, depuis la promulgation de la nouvelle messe (il est étrange que je doive faire cette leçon à des fils spirituels de l'auteur du magistral Bref examen critique, etc.)et les prêtres tradis ne le voyaient pas. Quand bien même ils dénonçaient les effets, leurs yeux restaient aveugles sur la cause apocalyptique, à l'instar des antiques pharisiens qui, voyant Jésus faire des miracles, ne conscientisaient pas qu'ils avaient affaire au Messie-Dieu Rédempteur...
           
        "La fameuse boutade de l'abbé Sulmont : «curé MAIS catholique», m'apparut dès lors cruellement fort vraie... appliquée aux prêtres tradis eux-mêmes : l'édito de l'abbé Schmidberger me montrait noir sur blanc qu'il y avait comme qui dirait une antinomie à être prêtre, de nos jours, et en même temps, catholique. Au moins sous le rapport de la Prophétie. Les signes eschatologiques sont pourtant si fort marqués dans la «crise de l'Église», que le cher abbé ne pouvant, pour faire semblant d'être sérieux, exclure d'en prendre bon acte, avait trouvé fort vicieusement le moyen de dire qu'ils signifiaient que nous étions à «la répétition générale de la fin des temps», mais surtout pas de dire que cesdits signes eschatologiques signifiaient... ce qu'ils étaient censés, de par Dieu, signifier, à savoir que nous vivions la crise de la fin des temps elle-même, tout simplement. D'ailleurs, il n'y a pas de prétendue répétition générale de la fin des temps prophétisée dans la sainte Écriture, comme devant précéder la fin des temps elle-même. Donc, tel le Père Guérard des Lauriers quelques années plus tard, encore un inventeur malin, dans le sens diabolique du qualificatif, qui trompait son âme cléricale avant de tromper celles de ses ouailles sur le fait que nous vivons bel et bien la fin des temps, de tous les temps historiques, depuis Vatican II. Et je me rappelle hélas m'être retiré moralement du mouvement lefébvriste à ce moment-là, en 1977.
           
        "Idolâtrie néo-pharisaïque de l'économie de salut en cours. C'en est à ce point, chez la plupart des prêtres tradis, et je dépasse ici la seule mouvance guérardienne pour embrasser la mentalité cléricale tradi dans son ensemble, qu'on se demande si certains parmi eux n'épousent pas carrément une hérésie des premiers siècles chrétiens, l'hérésie des Éternals. Certains tradis, prêtres ou laïcs d'ailleurs, se montrent tellement attachés à un dénouement de la «crise de l'Église» DANS un cadre exclusivement historico-canonique, DANS l'économie du Temps des Nations et de l'Église romaine sinon rien, qu'on peut se le demander. «Éternals : Hérétiques qui, dans les tout premiers siècles de l'ère chrétienne, croyaient à l'éternité du monde tel qu'il est présentement. La résurrection de la chair et le Jugement dernier, qu'ils ne niaient pas, n'apporteraient aucun changement à l'état du monde et scelleraient, au contraire, son caractère éternel" (Dictionnaire des hérésies dans l'Église catholique, Hervé-Masson, p. 145). C'est tout simplement le péché d'idolâtrer l'économie de salut en cours, à l'instar des antiques pharisiens. Mais hélas, combien parmi les tradis, surtout ceux infectés de maurrassisme et de scolastique ultra, considèrent le Temps des Nations et de l'Église romaine ainsi, comme s'il était déjà... l'Éternité commencée !!!
           
        "À partir de ce moment-là, donc dès 1977, je compris que le mouvement écônien, hérétiquement agnostique quant à la prophétie catholique scripturaire, n'était rien d'autre qu'une réaction réactionnaire. Or, comme tous les mouvements de cette nature, il ne remonte pas à la cause première du mal qu'il combat (pour cela, il aurait justement fallu qu'il comprenne que la "crise de l'Église» manifeste l'apocalyptique fin des temps), gardant même dans son sein cette cause mauvaise dont il condamne les excès, et seulement les excès, dans ses adversaires.
           
        "Écône qui déconne s'avérait donc être un mouvement réactionnaire (je ne veux pas dire par-là qu'il ne puisse faire du bien aux âmes, il peut en faire certainement, Dieu merci, sur le plan strictement sacramentel et spirituel, certes). Mais des prêtres formés dans cette pensée réactionnaire, lorsqu'ils se détachent du mouvement réactionnaire sans en avoir eux-mêmes pris conscience, ne peuvent le faire qu'à partir de cette pensée réactionnaire anti-prophétique. Le guérardisme est une réaction sur une réaction qui en reste à la réaction initiale [et maintenant, le mouvement des prêtres du séminaire saint Louis-Marie Grignon de Montfort, derrière Mgr Williamson et le nouvel évêque qu'il a consacré, Mgr Faure, auquel adhère notre abbé Salenave, est un énième épigone réactionnaire, évacuant, comme le cep sur lequel il était greffé, le sens prophétique ultime de notre "crise de l'Église"]Leur formation écônienne hélas les prédisposait à épouser une thèse anti-prophétique, ce qu'ils ont malheureusement fait en y mettant tout leur ardent voire saint désir de mieux faire. D'où la très-grande difficulté maintenant de les en tirer, surtout s'il s'y mêle le petit démon de l'orgueil sous les traits hideux et détestables d'un zélotisme sectaire" (Pour en finir avec les élucubrations hérétiques du guérardisme, pp. 13, sq, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteGuerardismeMisEnForme.pdf).
           
        Notre-Seigneur Jésus-Christ n'avait pas manqué de remarquer et dénoncer ce grave péché anti-prophétique dans la génération "perverse et incrédule" des juifs de son temps. C'était en fait très-exactement le même problème que celui de notre temps. "Cette génération méchante et adultère demande un signe, et il ne lui sera donné d'autre signe que le signe du prophète Jonas. Car de même que Jonas fut trois jours et trois nuits dans le ventre d'un grand poisson, ainsi le Fils de l'homme sera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre" (Matth XII, 39-40). Cela signifie, transposons pour notre temps eschatologique la Parole de vérité de Jésus pour son temps messianique à Lui : cette génération actuelle perverse et incrédule, méchante et adultère, demande un signe pour la restauration historico-canonique de l'Église et du monde, mais il ne lui sera pas donné d'autre signe que les trois jours de ténèbres ou déluge de feu finissant apocalyptiquement le règne de l'Antéchrist-personne, c'est-à-dire le Temps présent, avant l'instauration nouvelle, et non la restauration, d'un nouveau Temps ou économie de salut. Jésus dénonce en un autre passage de l'Évangile, l'hypocrisie en soi coupable des générations humaines qui, sans du tout vouloir en prendre conscience, enregistrent à leur époque, soit les signes messianiques (en Son temps) soit les signes eschatologiques (en notre temps) : "Il disait aussi aux foules : Lorsque vous voyez un nuage s'élever à l'occident, vous dites aussitôt : La pluie vient ; et il arrive ainsi. Et quand vous voyez souffler le vent du midi, vous dites : Il fera chaud ; et cela arrive. Hypocrites, vous savez apprécier l'aspect du ciel et de la terre ; comment donc n'appréciez-vous pas ce temps-ci ?" (Lc XII, 54-56). C'est-à-dire, transposons à nouveau pour notre temps apocalyptique : comment donc, catholiques modernes ou tradis, ne prenez-vous pas conscience, au vu des signes eschatologiques tous actualisés dans votre temps, que vous êtes dans la toute-dernière crise finale de l'Église et du monde, juste avant la Parousie ? Comment éviterez-vous l'anathème de Jean le Baptiste : "Race de vipères, qui vous a appris à fuir la colère qui va venir ? Faites donc de dignes fruits de pénitence" (Matth III, 7-8). 
           
        Il est bon ici, justement, de bien préciser que les signes eschatologiques sont comparables et ont même valeur théologique que les signes messianiques devant accompagner la venue du Messie en ce monde, c'est-à-dire qu'ils ont valeur de certitude formelle quant à ce qu'ils annoncent, à savoir la fin de ce monde, la fin de cette présente économie de salut du temps des nations et de Rome son centre. J'ai déjà abordé ce point important lorsque j'ai traité du signe eschatologique du Retour moderne des juifs en terre d'Israël. Qu'on me permette de me citer à nouveau (comme je l'ai dit dans un de mes derniers articles : j'ai déjà tout dit, je n'ai plus rien à dire !) :
           
        "Pour bien le comprendre, méditons attentivement l’Évangile et rappelons-nous qu’à l’époque de Jésus, toute la nation juive attendait ardemment l’apparition du Messie. Jean le Baptiste ne fait que traduire l’aspiration générale et fervente de ses concitoyens et coreligionnaires juifs, lorsqu’il fait poser par ses disciples à Jésus la grande question, questio magna : «Êtes-Vous Celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre ?» (Matth XI, 3). Or, que répond Jésus pour asseoir formellement la croyance de Jean ? Notre-Seigneur répond en prenant comme critères de réponse uniquement et exclusivement l’accomplissement des signes messianiques sur sa Personne : «Allez raconter à Jean ce que vous avez entendu et ce que vous avez vu. Les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont guéris, les sourds entendent, les morts ressuscitent, les pauvres sont évangélisés» (Matth XI, 4-5), tous signes annoncés scripturairement par les prophètes de Yahweh comme devant être les signes topiques exclusifs du Messie.
           
        "Notons avec soin comme Jésus, maître de doctrine, ne donne aucun autre critère pour que Jean puisse poser une croyance formelle dans le fait qu'Il est le Messie ou bien non. Et cela, qu’il est particulièrement important de retenir, signifie que c’est parce que l’accomplissement des signes messianiques ou eschatologiques est théologiquement SUFFISANT pour asseoir une croyance formelle (soit, quant aux signes messianiques des temps antiques, pour croire  que Jésus était certainement le Messie ; soit, quant aux signes eschatologiques de nos temps actuels, pour croire que nous sommes certainement à la fin des temps, dans l'économie affreuse de «la puissance des ténèbres» soumettant même l'Église à son pouvoir, comme le Christ y fut soumis il y a 2 000 ans). Ce que, de son côté éclairé, Jean le Baptiste saisit fort bien, et c’est pourquoi la réponse de Jésus suffit à ce vrai juif, cet homme de Foi, pour Lui donner croyance et adhésion formelles en tant que Messie. Quel aurait été le péché de Jean le Baptiste s’il avait osé objecter à la réponse de Jésus que les signes messianiques sur sa Personne n’étaient pas suffisants pour asseoir la croyance qu'il était le Messie ? S’il avait relativisé cesdits signes ? Il aurait été exactement le péché des catholiques actuels, modernes mélangés indistinctement aux tradis, qui refusent d’enregistrer, au vu des signes eschatologiques cependant présentement tous accomplis à notre époque, et à notre époque seulement, que nous sommes certainement à la fin des temps. À savoir LE PÉCHÉ CONTRE L’ESPRIT, de soi irrémissible en ce monde et en l’autre lorsqu'il est commis formellement" (Le Retour des juifs à Jérusalem & en terre d'Israël dans nos temps modernes : signe formel de la fin des temps, pp. 7-8, qu'on trouvera ici : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RetourDesJuifsMisEnForme.pdf).
 
 
AutrucheTêteDansCiment
           
        Lorsque je me suis séparé du mouvement "rallié" en 2016, j'ai écrit une grande lettre au RP de Blignières, qui lui aussi est un lefébvriste dissident, ayant été formé et ordonné par Mgr Lefebvre, et lui dénonçais le péché tradi qui consiste à refuser de professer que la crise présente est très-sûrement celle de la fin des temps, en ces termes (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/le-rd-pere-de-blignieres-le-mouvement-rallie-fils-de-la-lumiere-ou-fils-des-tenebres?Itemid=483) :
           
        "... Or, nous avons une certitude de Foi, de fide, que l'Église vit sa Passion propre et personnelle dans notre contemporanéité, que nous sommes donc dans la crise ecclésiale dernière, proprement apocalyptique, par l'actualisation dans cette dite crise de tous les signes eschatologiques. Il ne faut pas s'imaginer en effet être catholique, si l'on croit que l'âme chrétienne est fondée, dans toutes les générations d'hommes y compris celle dernière, à poser en doute systématique et cartésien le fait qu'elle vit, ou bien non, la fin des temps ! Il y a une génération d'hommes où les signes eschatologiques, qui sont Paroles du Saint-Esprit quant à la fin des temps, sont actualisés très-certainement, très-formellement, en opposition avec ce que les générations du passé ont enregistré. Et lorsque cesdits signes eschatologiques sont actualisés dans cette génération-là, et dans celle-là seulement, alors, le devoir formel du catholique est de croire qu'il vit la fin des temps, avec toutes les très-graves conséquences qui en découlent sur le plan de la Foi, dont je vais développer les principales ci-après, et c'est une croyance de l'ordre de la Foi, de fide. Celui qui, au vu de l'actualisation à son époque des signes eschatologiques, mettrait en doute formel le fait qu'il vit certainement la fin des temps, à l'instar des antiques pharisiens qui avaient des yeux pour ne voir point l'accomplissement messianique, ne serait tout simplement pas catholique, il serait anathème. Je suis obligé de constater, mon Rd Père, que votre spiritualité quant à «la crise de l'Église», et plus généralement celle de la mouvance Ecclesia Dei, tombe sous cet anathème. Pour l'instant du moins. Car il est à peine besoin de préciser que votre spiritualité, votre ecclésiologie actuelle, n'inclut nullement cette conscience d'être à la fin des temps, c'est-à-dire de voir l'Église être sous «la puissance des ténèbres», avec la finale inéluctable de mourir prochainement dans son économie de salut actuelle sous et par le règne de l'Antéchrist-personne. J'espère de tout cœur, au moins, que vous n'en êtes pas au niveau parfaitement hérétique de l'abbé Francesco Ricossa qui, en suivant un auteur moderniste, ose carrément récuser la doctrine catholique de la fin des temps, sans aucun complexe ni retour salutaire sur sa Foi, niant, entre autres, qu'il y ait un vrai règne de l'Antéchrist-personne devant clore la fin des temps...      
           
        "Les signes eschatologiques, en effet, ne sont pas des nostradamuseries ou des prédictions astrologiques de Mme Soleil, voyante extra-glucide à la mode, ce sont des signes engendrés par Dieu dans notre univers physique ou ecclésial, on pourrait dire qu'ils sont des signes métaphysiques parce qu'ils sont des réactions de la nature telles que Dieu les a programmées en icelle, lorsque la fin approche. Réactions naturelles devant la mort qui approche, qui, donc, sont l’œuvre de Dieu. Ils sont consignés avec précision, et même dans le menu détail pour certains, par le Saint-Esprit, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, afin que l'homme soit prévenu. Et qu'il en soit prévenu, non pour satisfaire une curiosité vaine, mais pour son salut. Il y a donc péché très-grave, et même péché contre le Saint-Esprit, de n'en tenir point compte, c'est non seulement attenter à la Parole de Dieu mais mettre son salut en péril, et c'est pourquoi Notre-Seigneur dans l'Évangile nous fait un devoir pressant d'en prendre conscience lorsqu'ils s'actualisent : «Quand vous verrez ces signes, etc.», nous dit-Il, insistant même lourdement, en prenant la parabole du figuier qui bourgeonne annonçant ainsi l'été, pour que l'âme catholique comprenne bien à quel point c'est important de conscientiser ces signes eschatologiques lorsqu'ils font leur apparition en notre monde, en notre église et en notre temps.
           
        "La question qui suit s'impose d'elle-même dans mon discours de la méthode : c'est quoi, les signes eschatologiques ? Il y en a une bonne douzaine, tous révélés infailliblement dans la Sainte-Écriture. N'en avez-vous donc point remarqué l'actualisation certaine d'au moins un seul, Rd Père de Blignières ?! C'est bien curieux. Quant à moi, fort frappé d'en voir certains advenus dans mes jours terrestres, visibles comme éléphante enceinte dans corridor étroit, j'avais, en 1992, en collaboration avec les membres d'une association Diffusion Catholique de la Fin des Temps (DFT), que j'ai quittée depuis, co-écrit un livre-programme Actualité de la fin des temps, pour faire de tous cesdits signes une étude systématique. On avait construit le livre de la manière la plus simple du monde : un chapitre par signe eschatologique, auquel on avait rajouté quelques signes de fin des temps révélés, dans des prophéties privées, par des saints.
           
        "Par exemples : 1/ saint Vincent Ferrier, qui vous est très-proche, a prophétisé très-clairement qu'à la fin des temps, les hommes s'habilleront en femme et les femmes en hommes ; il est à peine besoin de dire que cette prophétie est plus que réalisé, jusque dans son essence, à l'heure de... la théorie du gender !! En effet, le dominicain-prophète voulait prophétiser que les humains de la dernière génération seront moralement si dégénérés et impies qu'ils iront jusqu'à prétendre abolir la différenciation sexuelle, mais il ne pouvait prévoir jusqu'où irait leur perversion, il en était resté seulement à... l'habit ! Nous sommes rendus bien plus loin, quant à l'abolition de la différentiation sexuelle créée et voulue par Dieu !!! Ce signe-là est d'ailleurs une constante prophétique privée, car saint Vincent Ferrier n'était pas le seul à le prophétiser comme devant être signe topique de la fin des temps, d'autres saints l'ont fait comme lui. 2/ Itou pour les prodigieuses avancées technologiques qui accompagneront la dernière génération d'hommes, cet autre signe est aussi une constante prophétique qu'on trouve également chez plusieurs saints, et... prodigieusement réalisé à notre époque, ne serait-ce que par l'informatique ou les GPS nous permettant de nous guider sur les routes au mètre près par des satellites situés à des dizaines de milliers de kms de là (on n'y pense plus, tellement cela devient d'usage courant), etc. Cependant, ces signes eschatologiques révélés par prophéties privées n'ont pas la valeur critériologique ni le poids de ceux qui sont scripturairement, et donc infailliblement, révélés par le Saint-Esprit dans la Sainte-Écriture qui, eux, ont une autorité divine.
           
        "Schématiquement, on peut cataloguer ces signes eschatologiques infailliblement révélés par le Saint-Esprit dans la Sainte-Écriture en deux catégories : certains demandent le criterium de la Foi pour savoir si, oui ou non, ils sont actualisés en notre temps, et en notre temps seulement (ex. : la grande Apostasie annoncée par saint Paul, ou abandon de la Foi par la majorité des âmes de la génération des temps de l'Antéchrist, exige d'avoir la Foi, bien sûr, pour se rendre compte si, oui ou non, il est réalisé : quelqu'un qui n'a pas la Foi ne peut pas se rendre compte si, in globo, une génération d'hommes a abandonné... la Foi !). D'autres, par contre, ne sont pas de nature spirituelle, ils sont au contraire foncièrement matériels, physiques, géographiques, ce sont des signes que j'oserai dire juifs, c'est-à-dire qu'ils sont perçus par les sens de tout homme, qu'il ait, ou bien non, la Foi, qu'il soit pie ou impie. Un petit chien sur le trottoir pourrait, s'il avait une conscience, se rendre compte s'ils sont actualisés ou non. C'est justement en faisant allusion à ces signes eschatologiques qui ne demandent que des yeux physiques pour savoir avec certitude s'ils sont, ou bien non, advenus en notre temps et notre monde, que Jésus donne l'ordre de... les voir : «Quand vous verrez ces signes, etc.»
           
        "Alors, maintenant, attention, Rd Père de Blignières, faites bien attention à votre âme. La suite de mon propos va vous obliger à poser un acte de Foi très-important devant Dieu, pas devant votre serviteur qui vous écrit ces lignes et qui n'est rien. Vous allez pouvoir vous rendre compte vous-même, et Dieu également, par la réponse intérieure que vous allez faire, si vous faites hélas partie des pharisiens qui refusent agnostiquement de voir ce que leurs yeux voient (néo-pharisiens donc, dans notre fin des temps non plus, comme il y a 2 000 ans, messianique, mais eschatologique cette fois-ci), ou alors, ce que j'espère de tout cœur, si vous faites partie des humbles qui acceptent de passer sous les fourches caudines du Saint-Esprit, soumettant humblement votre esprit à Sa Parole quant à la fin des temps. Je vais en effet à présent vous mettre sous les yeux un signe eschatologique de la seconde catégorie, qui donc ne demande aucun criterium de Foi pour savoir s'il est advenu ou bien non, juste des yeux physiques pour voir, un signe eschatologique formellement advenu en notre temps, et en notre temps seulement, dont même Grosjean, l'innocent du village, serait coupable devant Dieu de n'en point prendre conscience. Faites bien attention donc, Rd Père de Blignières, à l'attitude que vous allez adopter quant à ce signe.
           
        "Il s'agit, justement, du signe juif. Les prophètes de l'Ancien-Testament sont unanimes à prophétiser un retour physique des juifs en terre géographique d'Israël à la fin des temps, de tous les temps historiques (en vue de leur conversion finale en corps de nation). Il y a évidemment un sens de la prophétie qui est historique, comme s'accomplissant sous Esdras lors du retour des juifs dans leur terre-patrie après l'exil de Babylone, il y a aussi bien entendu un sens spirituel à donner à la prophétie (comme signifiant la conversion finale du juif, selon la prophétie de Zacharie : "Ils regarderont vers Celui qu'ils ont transpercé"), MAIS il y a un troisième sens, purement eschatologique celui-là, d'un retour physique des juifs en terre géographique d'Israël comme signe topique de la fin des temps, troisième sens eschatologique qui achève le sens historique, incomplet sous Esdras. Et Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans l'Évangile, ne fait que récapituler, en maître de doctrine qu'Il est, ce signe eschatologique juif, lorsqu'Il prophétise formellement en Luc XXI, 24 : «Jérusalem sera foulé aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli». En fait, Jésus récapitule sur Jérusalem, microcosme de tout Israël, la grande prophétie vétérotestamentaire du retour juif, signe topique de la fin des temps.
           
        "Or, si je tourne mes yeux vers Jérusalem, et je vous invite ici à le faire comme moi mon Rd Père, je vois, et tout le monde peut le voir, que Jérusalem n'est plus foulé au pieds par les nations, Jérusalem est foulé aux pieds, de nos jours, par les juifs, et par les seuls juifs, en leur nom et qualité de juif. Et de nos jours seulement, car une telle chose n'est jamais arrivée depuis la prophétie de Notre-Seigneur, il s'en faut extrêmement, dans aucune des générations historiques passées depuis 2 000 ans. Le langage parabolique employé par Notre-Seigneur : «foulé aux pieds», signifie en effet, en langue moderne : «occupation politique». Jérusalem est de nos jours complètement sous le pouvoir politique juif (même la mosquée d'Omar et l'important territoire du mont du Temple qui l'entoure, l'est ; les arabes musulmans ne la possèdent que par concession des juifs, après la guerre des 6 jours... concession qu'ils n'auraient d'ailleurs jamais dû leur faire, ils s'en mordent les doigts maintenant). Puisque Jérusalem n'est plus «foulé aux pieds» par les nations, mes yeux me montrent en effet indubitablement qu'elle l'est par les juifs, alors, le temps des nations est donc «accompli», autrement dit, nous sommes très-certainement, depuis l'accomplissement de ce signe eschatologique, dans la période de la fin des temps ; ce n'est pas seulement une possibilité, une thèse discutable, c'est, comme je l'ai expliqué plus haut en rappelant la valeur théologique formelle du signe eschatologique, une certitude de l'ordre de la Foi, de fide.
           
        "Tout signe eschatologique qui s'incarne sur cette terre a une naissance, une maturation, un achèvement final (la grande loi posée par Garrigou-Lagrange dans Les trois conversions, les trois voies, s'appliquent aussi très-bien aux signes eschatologiques). Ces trois étapes, car le signe eschatologique juif est parfaitement finalisé à l'heure où je vous écris mon Rd Père, sont on ne peut plus simplement discernables dans l'étude de l'incarnation dudit signe.
           
        "1917-1967-1980 sont les trois dates historiques qui voient respectivement la naissance, la croissance et l'achèvement complet de ce signe eschatologique formel qui, je le répète, oblige tout catholique à professer de Foi, de fide, qu'il vit la fin des temps aux jours d'annhuy, sous peine de pécher contre le Saint-Esprit.
           
        "2 Novembre 1917. C'est la Déclaration de l'anglais Balfour qui libère le territoire palestinien, en ce compris Jérusalem, de l'occupation ottomane vieille de quatre siècles exactement (1517), y concédant un «foyer national juif» (a jewish national home). À partir de 1917, le juif «foule aux pieds» Jérusalem en tant que juif, certes sous mandat anglais délivré par la SDN, l'ancêtre de l'ONU, ce n'est encore que la naissance du signe eschatologique, mais il le fait en sa qualité de juif. Et c'est bien cela qui commence à réaliser la prophétie eschatologique de Notre-Seigneur. 2 Novembre 1917. Vous ne manquerez pas de noter avec grande attention, mon Rd Père, que nous sommes là à quelques jours seulement du... 13 octobre 1917, l'apparition de Fatima, dont le sens profond est d'avertir les hommes qu'ils rentrent dans la période de la fin des temps, ce que montre très-évidemment, sauf pour ceux qui ont des yeux pour ne voir point, le grand miracle du soleil et de l'arc-en-ciel (le soleil signifie la Parousie en Gloire du Christ, et l'arc-en-ciel, le Millenium qui la suit immédiatement) qui, soit dit en passant, commence à réaliser, lui aussi, un autre signe eschatologique, celui des «grands signes dans le ciel» (Lc XXI, 11). Petit à petit, les juifs vont de plus en plus occuper, politiquement contrôler, de 1917 jusqu'en 1967, la partie ouest de Jérusalem : par conséquent, à proportion même, ce ne sont plus «les nations» qui la foulent aux pieds.
           
        "La guerre des 6 jours en 1967 libère la partie est de Jérusalem, encore aux mains des jordaniens, jalon de croissance évidemment très-important qui voit désormais TOUT Jérusalem être «foulé aux pieds» par les seuls juifs, est et ouest, et non plus seulement la partie ouest de Jérusalem, comme avant l'an 1967. Déjà à cette date, on peut dire que le signe eschatologique jérusalémite est absolument finalisé, achevé...
           
        "Mais j'en vois la finalisation définitive dans la presque incroyable déclaration de la Knesset, le parlement de l'État d'Israël, en 1980 : «Jérusalem est capitale ÉTERNELLE de l'État d'Israël». Cette déclaration, certainement inspirée par le Saint-Esprit aux juifs actuels, quand bien même ils ne sont pas convertis encore, mêle en effet la métaphysique à la politique d'une manière époustouflante : le qualificatif «éternel» n'a rien de politique, c'est une déclaration presque divine...! Pour bien en jauger, considérons qu'aucun autre pays du monde n'a déclaré dans un document officiel que sa capitale était... éternelle ! Et pourtant, pour ne prendre que cet exemple, si Paris n'était plus la capitale de la France, il est aisé de comprendre que la France ne serait plus la France ! Mais il n'est pas venu une seule seconde à l'esprit des députés du Parlement français de déclarer Paris capitale éternelle de la France, et pourtant, humainement parlant, ils y auraient été aussi fondés que les députés juifs le faisant pour Jérusalem... À partir de 1980 donc, le signe eschatologique juif est vraiment complètement et absolument réalisé, avec son message clair, sorti de la bouche infaillible de Jésus-Christ Notre-Seigneur : Jérusalem n'étant plus foulé d'aucune manière par les nations, nous sommes donc, en toute certitude, dans la période de la fin du temps des nations. Vous aurez peut-être remarqué que je ne tiens pas compte du jalon de la création de l'État d'Israël, en 1948. C'est parce qu'il ne regarde qu'indirectement, médiatement, Jérusalem. La prophétie de Notre-Seigneur en effet se focalise uniquement sur Jérusalem. Cependant, je l'ai dit, Jérusalem est comme le miroir microcosmique de tout Israël. Et c'est pourquoi les prophètes de Yahweh prophétisent dans l'Ancien-Testament le grand retour juif non pas seulement à Jérusalem mais dans tout Israël, comme signe topique de la fin des temps.
           
        "Je terminerai ma démonstration en disant que ce signe eschatologique juif est un signe majeur. Il dépasse en valeur d'autres signes eschatologiques (et c'est pourquoi, soit dit en passant, on ne peut que dénoncer la grande faute des Pères du concile de Trente de ne point l'avoir consigné, ... par antisémitisme ?, lorsqu'ils traitèrent des signes eschatologiques dans un décret, n'en retenant seulement que... trois). Saint Thomas More, ce grand humaniste de la Renaissance, cet érudit pétri de classicisme, écrit dans sa prison son Dialogue du réconfort dans les tribulations quelque court temps avant de subir son martyre, en 1534 ; il se pose la question, dans un passage de son livre, question assez ordinaire pour quelqu'un qui se sait condamné à une mort imminente, si son époque est celle de la fin du monde ou bien non ; et notre saint en instance de martyre, écrit tout simplement : «... mais il me semble que je n'aperçois pas certains de ces signes qui, d'après l'Écriture, viendront un long moment avant [la Parousie], entre autres le retour des juifs en Palestine, et l'expansion générale du christianisme». Le signe eschatologique juif est donc majeur, pour saint Thomas More, et vous n'aurez pas manqué de noter qu'il l'appuie sur l'autorité infaillible de la Sainte-Écriture. Or, saint Thomas More était un grand connaisseur des langues anciennes, singulièrement celles attachées à la Sainte-Écriture..."
           
        (fin de citation)
 
 AutrucheTêteDansCiment
 
 
À suivre, dans la deuxième page :
... À la foire aux fous (au pluriel) !!!
(2)
 
 
 
18-10-2021 14:41:00
 

Le faux-prophète & l'Antéchrist sont UNE SEULE ET MÊME personne, et non deux. Preuves par l'Apocalypse ― En finale : mise à plat de la crise covidienne, antichambre du règne de l'Antéchrist

 
 
 
Le faux-prophète & l'Antéchrist
sont UNE SEULE ET MÊME personne, et non deux.
Preuves par l'Apocalypse ― En finale :
mise à plat de la crise covidienne,
antichambre du règne de l'Antéchrist
 
              
        Ami lecteur, nous avons soigneusement vu ensemble, dans mon dernier article (Encore du "survivantisme pontifical"...! : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/encore-du-survivantisme-pontifical?Itemid=483), toute la fausseté de la thèse du "survivantisme pontifical", qui n'est jamais rien d'autre que de l'hérétique sédévacantisme : elle dévoie gravement l'âme de ses adeptes en leur faisant accroire que l'Église de nos jours ne vit pas l'économie de la Passion, n'est pas crucifiée, n'est pas "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), avec sa conséquence inéluctable de mort prochaine sous le règne de l'Antéchrist, préface négative du Retour en gloire du Christ pour ressusciter l'Église dans la nouvelle économie de salut à venir du Millenium. Le sédévacantiste-survivantiste fuit la croix du Christ, en voulant toujours vivre sa Foi dans une Église doctrinalement "toute blanche" qui n'existe plus, mais en même temps, qu'il prenne bien conscience qu'il fuit ce qu'achète pour lui la croix du Christ : sa rédemption personnelle. Car fuir la croix actuelle de l'Église, sa co-Passion propre et personnelle, c'est fuir la croix et la Passion rédemptrices du Christ, l'Église-Épouse étant "Jésus-Christ continué" (Bossuet).
           
        Le sédévacantiste-survivantiste ressemble tout-à-fait, pour prendre un sujet brûlant, aux gens qui, actuellement, voudraient s'imaginer pouvoir toujours vivre leur vie sociale comme avant le Covid grâce aux vaccins survivantistes, qui soi-disant permettraient de vivre comme avant, s'abusant ainsi sinistrement le plus qu'il soit possible (je vais en dire un mot en finale des présentes ; faisant ce nouvel article en pleine crise covidienne Big Brother, je ne peux en effet que me parachuter sérieusement dans le concret terrestre de l'épreuve apocalyptique que nous vivons tous, quand bien même mes sujets d'étude, sur ce site, sont d'ordre théologique). Il voudrait s'exclure par le vaccin d'un pape doctrinalement "tout blanc" du passé, prétendument en survie, de l'épreuve apocalyptique ecclésiale-spirituelle qui nous est tombée dessus à tous, nous les humains (et pas seulement les catholiques), au moyen d'une Église et d'une papauté "faites péché pour notre salut" depuis la fin de la Révolution, épreuve morale qui nous enveloppe tous complètement, sans possibilité de fuite, et de plus en plus et de pire en pire (cf. par exemple le récent motu proprio du pape François, diaboliquement assassin de l'antique messe, sous un titre d'antiphrase inversé radicalement satanique, Traditionis Custodes). Tel le filet dont parle Isaïe, qui tombe sur toute la terre sans que personne ne puisse y échapper, en passant à travers l'une ou l'autre de ses mailles ("L'effroi, la fosse et le filet sont sur toi, habitant de la terre. Et voici, celui qui fuira devant l'effroi tombera dans la fosse, et celui qui sera sauvé de la fosse sera saisi par le filet" ― Is XXIV, 17-18 ; c'est-à-dire : il n'y a pas moyen de fuir l'épreuve apocalyptique, une fois qu'elle est déclenchée par la Providence de Dieu).
           
        Or, le survivantiste qui fuit l'épreuve apocalyptique que Dieu nous envoie dans et par son Église, voulant croire à cette fin que Paul VI ou Benoît XVI est le seul pape actuel de l'Église, ne peut, conséquence obligée, qu'en déduire que François est... un antipape. Il tombe donc là dans l'hérétique sédévacantisme pur et simple, comme je le faisais remarquer dans mon précédent article. Réfléchissant alors au statut d'un antipape aux temps apocalyptiques qui sont les nôtres, mais qui ne serait pas encore l'Antéchrist-personne lui-même, le survivantiste, dans son errement, s'est alors imaginé pouvoir trouver ce statut dans le personnage du faux-prophète annoncé dans l'Apocalypse... mais qu'il s'est inventé comme étant un autre personnage que l'Antéchrist-personne, contrairement à ce qu'enseigne le Saint-Esprit à saint Jean, nous allons le voir. Car il s'est bien rendu compte que les personnes de Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI puis François, ou de François tout seul, selon la thèse survivantiste "Paul VI" ou "Benoît XVI" adoptée (... n'oubliez pas de biffer la mention inutile), n'ont pas, ou n'a pas, la carrure du personnage décrit par saint Paul comme étant l'Impie absolu, l'Adversaire diaboliquement "parfait" que sera l'Antéchrist-personne : si donc ce qu'il veut croire être des ou un antipape(s) de nos temps apocalyptiques ne sont pas, n'est pas, encore l'Antéchrist-personne, alors, croit-il pouvoir s'inventer dans son imagination tordue, il faut croire qu'il y a... deux personnages maudits à la fin des temps, 1/ le faux-prophète qui n'est pas l'Antéchrist-personne, ce que sont donc nos, ce qu'est donc notre, anti-pape(s) sus-nommé(s), et 2/ l'Antéchrist-personne lui-même.
           
        ... Le faux-prophète distinct et différent de l'Antéchrist-personne ? Le survivantiste-sédévacantiste a tout faux partout, là encore. Et c'est logique : parti sur des bases erronées, il ne pouvait qu'aboutir à de fausses théories. Car le vrai du vrai, en ce qui concerne la fonction pontificale à la fin des temps que nous vivons, c'est que la papauté est TOUJOURS la papauté, jusqu'au dernier pape, qui sera l'Antéchrist-personne. Vouloir casser arbitrairement et en rebelle revolvere, selon son petit jugement privé orgueilleux et illuminé, à partir d'un pape moderne ou d'un autre, Paul VI ou Benoît XVI, la chaîne apostolique de la continuité pontificale jusqu'au dernier pape de la fin des temps, apostolicitas hierarchiae, continuité prouvée par le fait dogmatique de la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain légitime dûment acté sur tous les papes modernes jusqu'à François inclus, en se créant des anti-papes, est donc partir sur de fausses bases. Et cela aboutit logiquement à professer une autre erreur : que le faux-prophète et l'Antéchrist-personne sont deux personnages différents, alors que la sainte-Écriture révèle qu'il s'agit d'un seul et même personnage, le faux prophète n'étant, dans l'Apocalypse, que l'appellation de l'Antéchrist-personne par antonomase, c'est-à-dire par le nom commun qui décrit au mieux l'essence de son être personnel.
           
        Explication sémantique. Appeler quelqu'un d'un nom par antonomase, c'est lui donner un nom qui définit au plus près et aux mieux ce qu'il est essentiellement. Par exemple, si vous appelez quelqu'un Harpagon, ce nom fictif donné par Molière à l'avare de sa pièce de théâtre, cela signifie que celui que vous appelez ainsi est un avare invétéré, que ce vice est le trait de caractère dominant qui le définit hélas le mieux et dans lequel il a mis toute son âme. C'est précisément de cette manière-là, par antonomase, que saint Jean dans l'Apocalypse, inspiré par le Saint-Esprit, appelle l'Antéchrist-personne : le faux-prophète, comme ce qui définit le mieux ce qu'il est. On peut d'ailleurs et on doit aller plus loin encore. L'Antéchrist-personne est en effet appelé par le Saint-Esprit inspirant saint Jean dans l'Apocalypse, LE faux-prophète, avec l'article défini singulier "LE", ce qui signifie que nous sommes là dans l'antonomase d'excellence : "Plus spécifique, l’antonomase d'excellence utilise un nom commun pour désigner la «valeur superlative» dans le domaine où une personne s’est illustrée. Cette variété est presque toujours précédée de l'article défini singulier, et commence normalement par une majuscule : «le Poète» peut désigner Virgile, parce qu'il est considéré comme le plus grand des poètes" (https://fr.wikipedia.org/wiki/Antonomase). L'auteur de Wikipedia que je cite aurait pu ajouter, du reste, que celui qui nomma le mieux par antonomase d'excellence, dans toute l'histoire du monde, est Adam, lorsque Dieu lui confia la tâche de nommer chacun des animaux : il le fit alors, avec l'intelligence très-supérieure des choses qu'il avait avant le péché originel, pour chaque animal créé, et le nom qu'il leur donna à chacun révélait au mieux et au plus près l'essence même de l'Idée qu'eût le Bon Dieu en les créant ("Le Seigneur Dieu ayant donc formé de la terre tous les animaux terrestres et tous les oiseaux du ciel, il les amena devant Adam, afin qu'il vît comment il les appellerait. Et le nom qu'Adam donna à chacun des animaux est son nom véritable [= comme ce qui le définit métaphysiquement le mieux]. Adam appela tous les animaux d'un nom qui leur était propre [= idem], tant les oiseaux du ciel que les bêtes de la terre" ― Gen II, 19-20).
           
        On l'a compris, et j'espère de tout cœur que les sédévacantistes et/ou survivantistes sont du nombre, c'est par antonomase d'excellence que l'Antéchrist-personne est appelé le faux-prophète dans l'Apocalypse johannique. Il s'agit d'un seul personnage qui reçoit seulement l'appellation, la dénomination, que sa caractéristique de fond mérite excellemment : d'être le plus grand et le plus achevé de tous les faux-prophètes parus sur la terre depuis la Création du monde, révélant toute la fausse prophétie qui a été inventée dans le monde depuis que le monde est monde, et qui va la manifester à la fin des temps, récapitulant ainsi en lui les 6 000 ans d'iniquité du monde, selon saint Irénée de Lyon. L'Apocalypse ne décrit donc pas du tout deux personnages distincts et différents l'un de l'autre, un faux-prophète d'abord, et ensuite l'Antéchrist-personne, comme se le sont imaginé perversement dans leur cervelle coincée et tordue les sédévacantistes-survivantistes de tout poil, elle donne juste un nom antonomastique à un seul et unique Antéchrist-personne, le nom qui le décrit le mieux par antonomase d'excellence.
           
        C'est donc raté-râpé sur toute la ligne pour la thèse survivantiste-sédévacantiste : non seulement Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, ou François tout seul, selon la thèse survivantiste adoptée, ne peuvent pas être des anti-papes, ayant tous et chacun d'eux dûment bénéficié sur leur personne de la Reconnaissance ecclésiale universelle de leur qualité d'authentique Vicaire du Christ (fait dogmatique qui est la règle prochaine de la Légitimité pontificale), mais en outre, ils ne peuvent pas plus, tous et/ou chacun d'eux, être le faux-prophète décrit par saint Jean dans l'Apocalypse, pour la raison extrêmement simple que le faux-prophète, dans l'Apocalypse, désigne la personne une et unique de l'Antéchrist-personne, ce que ni les uns ni les autres papes sus-nommés peuvent être, et nos sédévacantistes-survivantistes le savent très-bien. La vérité ecclésiale-pontificale moderne, je le répète, c'est que tous ces papes modernes, Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI et enfin François, ne peuvent qu'être des papes légitimes quoique matériellement antéchristisés dans leur Magistère ; et cette antéchristisation matérielle de leur Magistère, qui est signe topique que l'Église vit sa Passion usque ad mortem, va finir par amener l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, légitimement intronisé en tant que dernier pape, comme Caïphe le fut en son temps en tant que dernier légitime grand-Prêtre, lequel dernier pape Antéchrist-personne va alors brutalement et violemment transformer l'antéchristisation matérielle de tous les papes modernes, post-concordataires puis post-conciliaires, en un péché formel, une antéchristisation formelle, pour sa plus grande condamnation.
           
        Ainsi donc, le dernier pape ne va pas, par antonomase, s'appeler Pierre II le Romain, comme l'auraient voulu des mystagogies frelatées, des mysticismes illuminés, des pieusarderies obscurantistes, mais Caïphe II le Romain.
           
        À l'identification parfaite de la personne du faux-prophète avec celle de l'Antéchrist-personne, que je viens d'exposer, certains croient pouvoir objecter les ch. XVI, XIX & XX de l'Apocalypse. Il est en effet parlé dans ces chapitres, du dragon, de la Bête, et du faux prophète. Alors, après avoir prétendu que la Bête, c'est l'Antéchrist-personne, ces objecteurs font remarquer que dans ces passages, elle est distincte et différente du personnage du faux prophète : il y aurait donc deux personnages distincts et différents, dont l'un serait le faux-prophète quand l'autre serait l'Antéchrist-personne. Cqfd, bien sûr. Mais je commence par citer les passages invoqués par ces objecteurs, avant de les réfuter :
           
        * "Je vis alors sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, trois esprits impurs, semblables à des grenouilles, etc." (Apoc XVI, 13).
           
        * "Et je vis la bête, et les rois de la terre, et leurs armées assemblées pour faire la guerre à Celui [le Christ] qui était monté sur le cheval, et à Son armée. Mais la bête fut saisie, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle des prodiges, par lesquels il avait séduit ceux qui avaient pris la marque de la bête, et qui avaient adoré son image. Ils furent tous deux jetés vivants dans l'étang brûlant de feu et de soufre" (Apoc XIX, 19-20).
           
        * Après les Mille ans du Millenium, saint Jean précise qu'il y aura à nouveau, comme dans notre fin des temps voyant la fin du Temps des nations et de Rome son centre, un combat eschatologique entre les forces du mal et les forces du Bien, qui verra cette fois-ci la défaite définitive de Satan : "Et lorsque les mille ans seront écoulés, satan sera délié de sa prison, et il sortira, et il séduira les nations qui sont au quatre angles de la terre, Gog et Magog, et il les assemblera pour le combat ; leur nombre est comme le sable de la mer. Ils montèrent sur la surface de la terre, et ils environnèrent le camp des saints, et la cité bien-aimée. Mais un feu, lancé par Dieu, descendit du ciel et les dévora ; et le diable qui les séduisait fut jeté dans l'étang de feu et de soufre, où la bête et le faux prophète seront tourmentés jour et nuit dans les siècles des siècles" (Apoc XX, 7-10).
           
        Dans ces passages, très-clairement, en effet, la Bête est formellement dissociée du faux-prophète. Mais voilà ce à quoi n'a pas réfléchi l'adepte survivantiste-sédévacantiste qui soutient cette objection en brouillon-pressé (comme d'habitude hélas pour cautionner n'importe comment ses erreurs), et qui va débouter toute sa thèse : de quelle Bête s'agit-il, dans cesdits ch. XVI, XIX & XX de l'Apocalypse ? Car il serait bon que notre sectaire se souvienne que, de Bêtes, il y en a deux différentes, dans l'Apocalypse : 1/ la Bête de la mer ("Je vis ensuite monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème" ― Apoc XIII, 1), et 2/ la Bête de la terre ("Je vis aussi une autre bête qui montait de la terre, et qui avait deux cornes semblables à celles d'un agneau ; et elle parlait comme le dragon. Et elle exerçait toute la puissance de la première bête [de la mer] en sa présence ; et elle fit que la terre et ses habitants adorèrent la première bête [auto-adoration de la Bête de la mer, qui s'adore elle-même en toute conscience de le faire, par le vecteur magique de la Bête de la terre]" ― Apoc XIII, 11-12). Or, la Bête de la mer désigne tous les peuples corrompus qui suivront l'Antéchrist-personne jusqu'au marquage 666 inclus, quand la Bête de la terre désigne l'Antéchrist-personne lui-même ; dans l'Apocalypse, comme d'ailleurs dans les autres Livres bibliques, la mer, les eaux, désignent en effet les peuples : "Et il [l'Ange qui enseigne saint Jean] me dit : Les eaux que tu as vues à l'endroit où la prostituée est assise, sont des peuples, des nations et des langues" (Apoc XVII, 15).
           
        Or enfin, dans ces ch. XVI, XIX & XX cités, la Bête dont il est question est la Bête de la mer ou ensemble des peuples corrompus qui auront pris la marque de la Bête de la terre, le 666, et nullement la Bête de la terre ou Antéchrist-personne. Puisqu'en effet, dans ces versets apocalyptiques, la Bête est désignée comme une entité séparée et différente du faux-prophète qui désigne par antonomase la Bête de la terre, il ne peut donc s'agir que de l'autre Bête, à savoir la Bête de la mer. Nos sectaires auraient d'ailleurs tout-de-même dû se rendre compte que de toutes façons leur interprétation était irrecevable, étant complètement contredite par le texte même de l'Apocalypse, par exemple, au ch. XIX : "Mais la bête fut saisie, et avec elle le faux prophète qui avait fait devant elle des prodiges". Or, 1/ celui qui fait des prodiges pour séduire les peuples, c'est l'Antéchrist-personne ; puisque donc le texte nous dit que c'est le faux-prophète qui fait ces prodiges, alors c'est que le faux-prophète est bel et bien l'Antéchrist-personne... même La Palice aurait pu le dire ! A-t-on vu le pape François, que nos survivantistes-sédévacantistes veulent croire être le faux-prophète, faire des prodiges ?! Mais non, évidemment, le pauvre en serait bien incapable !! 2/ Le texte apocalyptique nous enseigne que le faux-prophète ou Antéchrist-personne fera des prodiges "devant elle", devant la Bête ; or, l'Apocalypse révèle que cesdits prodiges seront faits devant tous les peuples corrompus de la terre ou Bête de la mer : c'est donc bien de la Bête de la mer que l'Apocalypse entend parler lorsqu'elle nous révèle que le faux-prophète ou Antéchrist-personne fera des prodiges "devant la Bête", une Bête de la Mer qui bien évidemment est dissociée du faux-prophète ou Antéchrist-personne ou Bête de la terre, étant une entité différente de lui. Et c'est bien pourquoi l'Apocalypse nous les montre aux ch. XVI, XIX & XX, comme deux entités différentes.
           
        Ainsi donc, la véritable exégèse des passages cités ("Je vis alors sortir de la bouche du dragon, de la bouche de la bête, et de la bouche du faux prophète, etc."), est la suivante : le dragon, c'est Satan-Lucifer, l'esprit infernal qui inspire autant la Bête de la mer que la Bête de la terre, insufflant en eux tous tout le mal possible et surtout leur inhalant la haine radicale et mortelle de Notre-Seigneur Jésus-Christ, le vrai et seul Messie, "le seul et vrai Sauveur des hommes" (secret de La Salette) ; la Bête, c'est la Bête de la mer ou assemblée disparate de tous les peuples corrompus par l'Antéchrist-personne et y ayant donné leur consentement coupable ; et le faux-prophète, c'est la Bête de la terre, l'Antéchrist-personne lui-même soi-même, appelée ainsi, faux-prophète, par antonomase d'excellence, comme on l'a vu.
           
        Le texte apocalyptique est donc très-logique : il associe dans la damnation éternelle, l'esprit du mal, Satan-Lucifer, à toutes les âmes qui lui auront donné, par le 666, leur foi réprouvée, à commencer bien sûr par le faux-prophète ou Antéchrist-personne ou Bête de la terre, c'est-à-dire le chef des damnés de la fin des temps, et à continuer et à finir par tous les humains qui l'auront suivi dans sa rébellion formelle et ouverte contre le Christ Jésus, qui sont tous ensemble la Bête de la mer. Isaïe a sensiblement le même descriptif et tableau, lorsqu'il prophétise le châtiment des réprouvés à la fin des temps : "En ce jour-là, le Seigneur visitera l'armée d'en haut qui est dans le ciel [il s'agit des démons répandus dans les airs], et les rois du monde qui sont sur la terre ; et ils seront assemblés et liés comme un faisceau, puis jetés dans l'abîme, où Dieu les tiendra en prison, et Il les visitera longtemps après" (Is XXIV, 21-22).
           
        Mais pour en revenir à l'Apocalypse de saint Jean, qui nous occupe plus spécialement ici, on remarquera que tous ceux qui se donnent au mal à la toute-fin des temps, y sont trinitairement répartis, en contrefaçon sacrilège de la Trinité divine, signe topique de la perfection du péché 666 où ils sont parvenus : il y a le dragon, la Bête de la mer, et la Bête de la terre.
           
        Le dragon singe Dieu le Père : c'est lui qui crée l'esprit du mal et le fait vivre dans les deux Bêtes ("Et le dragon lui donna [à la Bête de la mer, de laquelle va naître et surgir la Bête de la terre] sa force et une grande puissance" ― Apoc XIII, 2). Le dragon assiste sans cesse la Bête de la mer ou dieu incarné, comme Dieu le Père assistait sans cesse Jésus-Christ, Verbe de Dieu incarné, dans tout ce qu'Il faisait ("Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce que Je suis, et que Je ne fais rien de Moi-même, mais que Je parle selon ce que le Père M'a enseigné" ― Jn VIII, 28)De la même manière : la Bête de la mer, puis la Bête de la terre, ne font rien sans que ce soit le dragon qui ne le fasse en elles ; la Bête de la terre, par exemple, "parlait comme le dragon" (Apoc XIII, 11), c'est-à-dire qu'elle dit ce que le dragon veut qu'elle dise et lui fait dire.
           
        La Bête de la mer singe Notre-Seigneur Jésus-Christ, Verbe de Dieu incarné, par une pseudo-incarnation collective de cet esprit du mal qu'est le dragon (car l'esprit du mal ne peut pas faire une vraie Incarnation) dans toute l'humanité de laquelle sont rigoureusement exclus tous les élus, sorte de Messie collectif monstrueux qui prétend en avoir tous les attributs théandriques, à la fois dieu par le dragon et homme par sa nature propre d'humanité, mais qui cependant, dans son collectif, n'a pas le pouvoir ni la faculté de se faire la révélation à elle-même de son abomination de la désolation intrinsèque.
           
        Et la Bête de la terre ou Antéchrist-personne ou faux-prophète, singe Dieu le Saint-Esprit, qui révèle et libère la parole-verbe abominable présente dans le sein de la Bête de la mer mais qu'elle n'a pas pouvoir de se révéler d'elle-même à elle-même, ce qui aura pour effet immédiat de la faire magiquement s'auto-adorer par son vecteur ; c'est pourquoi le Saint-Esprit désigne la Bête de la terre dans la sainte-Écriture par une autre antonomase que celle du faux-prophète, par une "bouche" émanant et prenant naissance de la Bête de la mer ("Et il lui fut donné [à la Bête de la mer] une bouche qui proférait des paroles orgueilleuses et des blasphèmes ; et le pouvoir lui fut donné d'agir pendant quarante-deux mois. Et elle ouvrit la bouche pour blasphémer contre Dieu, pour blasphémer Son nom, et Son tabernacle, et ceux qui habitent dans le Ciel" ― Apoc XIII, 5-6). La Bête de la terre sera comme une sorte de diabolique Pentecôte-Épiphanie pour la Bête de la mer.
           
        Une bouche est métaphysiquement faite pour libérer et dire la parole, et c'est précisément ce que fera la Bête de la terre, cette "bouche" née de la Bête de la mer : faire la révélation de la doctrine luciférienne à la Bête de la mer, qui certes la possédait déjà en son sein occultement mais sans pouvoir se la manifester explicitement à elle-même : c'est bien là toute la mission du faux-prophète qu'est l'Antéchrist-personne, par excellence d'appellation ! Le prophète Daniel a exactement le même descriptif de "bouche" quant à l'Antéchrist-personne, comme je l'avais déjà noté dans mon article L'Antéchrist sera une personne humaine (https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-antechrist-sera-une-personne-humaine?Itemid=154) : "Je considérais les cornes [sur la quatrième Bête qui est montrée à Daniel, et qui l'épouvante], et voici, une autre petite corne sortit du milieu d'elles [l'enseignement de Daniel est le même que celui de saint Jean : la Bête de la terre est une émanation de la Bête de la mer, que notre prophète vétérotestamentaire voit, quant à lui, sous la forme de cornes, et la corne qui en sort est une entité séparée et distincte d'elles toutes, une fois née d'elles] (...) ; et voici, cette corne avait des yeux comme les yeux d'un homme, et une bouche qui disait de grandes choses" (Dn VII, 8).
           
        C'est par la bouche que la parole-verbe prend corps et s'incarne sur cette terre. C'est vrai pas seulement pour le mysterium iniquitatis, mais aussi pour le Mystère du Christ.
           
        C'est en effet, traditionnellement, par la bouche du pape actuel que la Parole du Verbe s'incarne sur cette terre (je parle, on m'a compris, des temps normaux de l'Église...). Je le remarquai dans L'Impubliable, en ces termes : "Les Pères, dans le concile de Chalcédoine, après la proclamation de la Foi par le pape saint Léon le Grand, se sont tous exclamés magnifiquement : «Pierre a parlé par LA BOUCHE de Léon !» Il est bon de noter d'ailleurs que c'est dès le Concile de Jérusalem, le premier de l'histoire de l'Église aux environs de l'an 51, que saint Pierre lui-même définira ainsi son Magistère infaillible : «Les Apôtres et les Anciens s'assemblèrent pour examiner cette affaire [du judéo-christianisme]. Une longue discussion s'étant engagée, Pierre se leva et leur dit : Mes frères, vous savez que Dieu, il y a longtemps déjà, m'a choisi parmi vous, afin que par MA BOUCHE les Gentils entendent la parole de l'Évangile, et qu'ils croient» (Act XV, 6-7). Pie XI, dans Casti Connubii, rappellera la même expression : «L'Église parle par NOTRE BOUCHE»… Et plus avant dans le temps, on voit par exemple "cinq cents évêques venus du monde entier, réunis à Rome six mois après que le pape eut publié cette encyclique [Quanta Cura] le 8 décembre 1864, signer une adresse de salutation qui fut solennellement remise au pape le 1er Juillet 1865. On y lisait : «Dans la Foi que Pierre exprime par LA BOUCHE de Pie, nous disons, confirmons et déclarons aussi tout ce que tu as dis, confirmé et déclaré pour la sauvegarde du trésor de la Foi transmise» (La fidélité au Pape — un devoir sacré pour tout catholique, Johannes Rothkranz, 1998, p. 16)" (L'Impubliable, p. 50, note 33). "Cette expression quasi charnelle [= bouche], dont je ne donne ici que quelques petits exemples, n'est pas retenue évidemment tout-à-fait par hasard par les théologiens et les papes, c'est au contraire le Saint-Esprit qui l'inspire. Elle est très-physique, verte, crûe et presque brutale, justement pour bien faire saisir l'importance primordiale dans la transmission de la Foi, du Magistère actuel du présent" (cf. ma Réfutation de la thèse lefébvriste, p. 34)...
           
        On comprend mieux maintenant ce qu'est la "bouche" de l'Antéchrist-personne qui est le faux-prophète, et qui, je le rappelle, viendra dans la fonction du dernier pape légitime de l'Église catholique : un très-faux Verbe créateur, une très-fausse incarnation du Verbe, un diabolique Magistère du présent prétendument infaillible, prétendant instaurer une ère divinement salvifique pour l'humanité toute entière (qui, les élus en étant exclus systématiquement, ne sera plus que la Bête de la mer), en lui révélant et enseignant sa prétendue divinité messianique par laquelle, soi-disant, elle s'auto-sauve elle-même... Quel mensonge ! Quelle ignominie ! Quel blasphème sacrilège à la Face de Dieu ! Nous sommes bien là en présence du "péché qui perce la voûte des cieux" dénoncé par Notre-Dame à La Salette, le plus grand de tous les péchés que peut commettre l'homme... Mais Dieu, par son Christ Jésus, aura le dernier mot. Pour notre consolation, saint Paul nous enseigne que cette bouche de blasphème intégral sera punie très-exactement par où elle a péché : "Et alors se manifestera cet impie, que le Seigneur Jésus tuera par le souffle de SA BOUCHE, et qu'Il détruira par l'éclat de Son Avènement" (II Thess II, 8).
           
        Si l'on continue à lire le ch. XIII de l'Apocalypse, on voit que saint Jean réexprime une nouvelle fois, par une autre terminologie linguistique, ce mystère très-grand de la "bouche", qui est l'Antéchrist-personne ou faux-prophète, tellement notre visionnaire inspiré du Saint-Esprit est frappé, et à juste titre, par le summum absolu d'iniquité que manifeste ce personnage que saint Paul, de son côté, appelle l'Adversaire, l'Impie : saint Jean prend cette fois-ci la terminologie de la Bête de la terre pour sa réexposition. Ne faisant pas un commentaire suivi de l'Apocalypse dans cet article, je m'arrêterai là.
           
        Avant de fermer le si divin et révélateur Livre de l'Apocalypse de saint Jean, je voudrai juste, à présent, dire quelque chose d'excessivement important en ce qui concerne le ch. XVII, où l'ange décrit la grande Prostituée : il y est presque révélé en filigranes à saint Jean qu'il s'agit de... la Rome pontificale catholique, devenue à la fin des temps la mère des abominations et des prostitutions de toute la terre, ce qui hélas n'est que trop confirmé par l'histoire moderne de l'Église, et cela commence dès la fin de la Révolution, dès le Concordat napoléonien, pour se dégrader atrocement dans un paroxysme insoutenable après Vatican II, et de plus en plus et de pire en pire (pour n'en prendre qu'un seul et scandaleux exemple : cf. la prostitution de la Rome pontificale avec le régime nazi d'Hitler, que j'ai dénoncée sans voile de Noé ni ronds de jambe diplomatiques dans l'un de mes derniers articles Face à l'Église romaine concordatairement prostituée au IIIème Reich d'Adolf Hitler, un "héros discret", un martyr autrichien du droit chrétien : le Bienheureux FRANZ JÄGERSTÄTTER, au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/face-a-l-eglise-romaine-concordatairement-prostituee-au-iiieme-reich-d-adolf-hitler-un-heros-discret?Itemid=154).
           
        Commençons par remarquer que la Bête sur laquelle la grande Prostituée est assise, est... la Bête de la mer, elle est décrite de la même manière qu'elle : "Et je vis une femme assise sur une bête de couleur écarlate, couverte de noms de blasphèmes, qui avait sept têtes et dix cornes" (Apoc. XVII, 3). Pour mémoire, relisons le descriptif de la Bête de la mer fait par saint Jean au ch. XIII, que nous avons déjà vu ensemble plus haut : "Je vis ensuite monter de la mer une bête qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses cornes dix diadèmes, et sur ses têtes des noms de blasphème" (Apoc XIII, 1).
           
        La révélation qui nous est faite là est vraiment très-importante : la Femme, c'est l'Église, mais, ... ô abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, elle est devenue à la fin des temps la grande Prostituée de Babylone, qui est le symbole des grandes villes corrompues de la terre. Saint Jean nous montre en effet qu'elle est désormais assise sur la Bête de la mer et non plus sur le Christ qui est pourtant son Géniteur. Elle ne s'appuie donc plus sur le Principe surnaturel mais elle s'appuie sur le principe naturel vicié du péché originel augmenté des péchés actuels de tous les peuples. C'est-à-dire qu'elle prend désormais sa force de la corruption des peuples qui vont se donner à l'Antéchrist-personne, elle prend d'eux toute son autorité (ce qu'on ne voit que trop bien dans l'Église contemporaine, surtout depuis Pie XII, qui fut le premier pape moderne à avaliser magistériellement la Démocratie dans son scandaleux Message de Noël 1944 ; on voit en effet l'Église, par la bouche de ses papes modernes, ne plus enseigner que ce que l'ONU enseigne... c'est très-évident avec le pontificat actuel de François).
           
        Être assise sur la Bête de la mer, c'est, on ne peut plus concrètement et clairement, par une métaphore des plus lapidaires, décrire ce qu'ont fait tous les papes modernes, peu ou prou, sans exception aucune (... même les plus saints, tel Pie X pour en rester à lui...), en se concordatisant-prostituant avec les sociétés politiques constitutionnellement athées issues de la Révolution satanique, dès le pape Pie VII, dès 1801, et ce, jusqu'à nos jours chinois plus qu'exécrables. Être assise sur la Bête de la mer, c'est se prostituer avec la puissance de blasphème contenue dans les peuples ne voulant plus que le Christ règne sur eux (relire à ce sujet mon grand article Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri, au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154).
           
        Cependant, il est tellement contre-nature et inouï que l'Épouse du Christ, dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre, finisse par devenir, à la fin de sa vie militante ici-bas, la grande Prostituée de la terre (que feu l'abbé de Nantes, d'un trait inspiré, appelait le MASDU ou Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle), que saint Jean lui-même, à qui l'Ange de l'Apocalypse montre cela sous forme d'images fortes et crues, ne semble pas pouvoir le comprendre, ne pas pouvoir conscientiser que le mysterium iniquitatis doive aller jusque là. Le texte inspiré nous le révèle ainsi : "Et sur son front [de la grande Prostituée] était écrit ce nom : Mystère ; Babylone la grande, la mère des fornications et des abominations de la terre. Et je vis cette femme, ivre du sang des saints, et du sang des martyrs de Jésus ; et en la voyant, je fus frappé d'un grand étonnement. Et l'Ange me dit : Pourquoi t'étonnes-tu ? Je te dirai le mystère de la femme" (Apoc XVII, 5-7).
           
        Et là, comme pour vaincre son innocent étonnement, l'Ange va révéler très-clairement à saint Jean qui elle est, cette Femme, il lui dit, avec une précision chirurgicale qui lève toute espèce d'équivoques, que la grande Prostituée siègera sur "sept montagnes sur lesquelles la femme est assise" (Apoc XVII, 9), qu'en outre elle sera le siège de la souveraineté universelle : "Et la femme que tu as vue, c'est la grande ville, qui a la royauté sur les rois de la terre" (Apoc XVII, 18). Tout cela ne laisse absolument aucun doute. La Rome antique est géographiquement entourée de sept collines (https://fr.wikipedia.org/wiki/Sept_collines_de_Rome) ; elle est effectivement aussi la "grande ville", au sens eschatologique du terme qui veut que le Temps des nations soit basé sur une seule ville capitale qui représente synthétiquement son économie de salut spécifique, et qui s'avère être précisément la seule Rome parmi toutes les grandes villes du monde entier en ce compris Jérusalem (à tel point que des esprits excessifs et idolâtrant agnostiquement le Temps des nations, ont pu la baptiser inintelligemment de "Rome éternelle", tel Charles Maurras) ; et enfin, le Vicaire du Christ qui y siège est, de droit divin et catholique, le Souverain universel sur tous les roys de la terre, ce qu'avait dit très-clairement le pape Boniface VIII dans sa fameuse Bulle Unam Sanctam et que symbolisait depuis le Moyen-Âge la triple-tiare que le pape revêtait lors de son intronisation-couronnement... jusqu'à Paul VI, lequel pape moderne dégénéré, dans la logique sans faille de sa prostitution avec le principe démocrato-babylonien, la mit au rebut.
           
        Ce mystère d'iniquité de l'Église du Christ qui, dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre, finit par devenir la grande Prostituée de Babylone, est si grand, si élevé, qu'il est caché à la plupart des âmes, et même aux âmes fidèles de nos jours, qui voient pourtant avec une clarté éblouissante son affreux et maudit accomplissement, il est même caché, semble-t-il, à saint Jean, et c'est pourquoi il voit le mot "Mystère" inscrit sur la tête de la grande Prostituée, et c'est pourquoi encore on le voit s'étonner grandement du mystère de la Femme qui est la grande Prostituée de Babylone...
           
        Mais je ferme ici le Livre de l'Apocalypse.
           
        Nous avons donc bien vu ensemble que le faux-prophète sera l'Antéchrist-personne lui-même soi-même. Parvenu ici, on ne peut pas manquer de se demander en quoi va consister essentiellement sa fausse prophétie aux peuples. Quelle fausse prophétie va-t-il donc bien faire en tant que faux-prophète, au monde entier pris dans son filet...? Tout simplement : faire accroire qu'il fait advenir de par lui, homme, le Royaume de Dieu sur la terre. Le but de toute prophétie véritable en effet, a comme fin ultime de faire advenir le Royaume de Dieu sur la terre, par la Gloire du Christ ressuscité ; le but du faux-prophète par excellence que sera l'Antéchrist-personne sera donc de faire accroire qu'il fait advenir ce Royaume de Dieu sur la terre...
           
        C'est ce que nous révèle de lui le prophète Daniel, je l'avais déjà noté dans mon grand article L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église catholique ? (http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf), en ces termes que je recopie ici :
           
        "Les deux pôles qui caractérisent essentiellement l'Antéchrist-personne, sont d'être à la fois 1/ contre le Christ ; 2/ et de venir juste avant que le Christ glorieux n'instaure ici-bas son Royaume, pour prétendument et sacrilègement en instaurer une contrefaçon diabolique et illusoire. Ces deux sens principaux sont révélés sans équivoque dans la sainte Écriture : 1/ saint Paul définit l'Antéchrist-personne comme étant «l'Adversaire» (II Thess II, 4), donc Antichrist ; et 2/ le prophète Daniel révèle que l'Antéchrist-personne aura la prétention de «changer les temps et les lois» (Dan VII, 25), donc Antéchrist.
           
        "Car que veut dire par-là le prophète de Yahweh, qui est très-important pour notre sujet ? Citons-le en son entier, pour commencer : «Il [l'Antéchrist-personne] proférera des paroles contre le Très-Haut, il écrasera les saints du Très-Haut, et il pensera qu'il pourra changer les temps et les lois ; et ils seront livrés entre ses mains pendant un temps et des temps, et la moitié d'un temps. Alors le jugement se tiendra, afin que la puissance lui soit enlevée, qu'il soit détruit et qu'il disparaisse à jamais, et que le royaume, la puissance et la grandeur du royaume qui est sous tout le ciel, soient donnés au peuple des saints du Très-Haut ; son royaume est un royaume éternel, et tous les rois Le serviront et Lui obéiront» (Dan VII, 25-27). Il est aisé de comprendre ce que Daniel nous révèle là des prétentions impies de l'Antéchrist-personne si l'on veut bien saisir que lorsqu'il se lèvera et se manifestera en ce monde, «les temps ou les moments que le Père a fixés de Sa propre autorité» (Act I, 7) seront presque, presque, advenus (... mais pas encore tout-à-fait !) pour l'établissement par le Christ glorieux de son grand Royaume parmi les hommes, par lequel établissement l'économie de salut du Temps des nations disparaîtra (avec Rome), pour laisser la place à la nouvelle et dernière économie de salut, celle du Millenium, qu'instaurera justement le Christ en gloire.
           
        "Nouvelle économie du Royaume de gloire christique, que nous décrit d'ailleurs sans ambiguïté aucune Daniel en son v. 27 que j'ai cité tout exprès, dont le prophète de Yahweh nous révèle fort bien qu'il est instauré par le Christ glorieux juste à la suite de la chute de l'Antéchrist-personne et de son règne, pour qu'on comprenne bien le déroulement des choses et leur logique, et qu'il décrit mieux encore quelques versets avant : «Je regardais donc dans cette vision nocturne, et voici, quelqu'un, semblable au Fils de l'homme, venait avec les nuées du ciel, et Il s'avança jusqu'à l'Ancien des jours. Ils Le présentèrent devant lui, et Il Lui donna la puissance, l'honneur et le royaume, et tous les peuples, les tribus et les langues Le servirent ; Sa puissance est une puissance éternelle qui ne Lui sera point ôtée, et Son royaume ne sera jamais détruit» (Dan VII, 13-14).
           
        "«Changer les temps et les lois» veut donc dire que l'Antéchrist-personne prétendra remplacer lui-même l'économie de salut du Temps des nations et de l'Église romaine par l'économie de salut du Millenium ou Royaume de la Gloire du Christ. J'écris bien : prétendra le faire, comme d'ailleurs le révèle fort bien Daniel en disant «il pensera qu'il pourra changer les temps et les lois», car ce ne sera évidemment de sa part qu'une formidable tromperie, artifice et mirage diaboliques (mais qui, au for externe, s'habillera d'une telle ressemblance avec l'établissement divin du vrai Millenium, que cela séduira invinciblement les hommes du monde, et c'est en cela aussi que réside «la grande tentation universelle devant s'abattre sur le monde entier» ― Apoc III, 10).
           
        "Car, soit dit ici en passant contre l'habituel mensonge des glosateurs scolastiques anti-millénaristes qui veulent voir dans ce Royaume éternel qui suivra la chute de l'Antéchrist-personne, le Ciel supra-terrestre, le Paradis éternel après cette vie terrestre, le prophète Daniel les convainc de forfaiture en précisant bien que ce Royaume donné «aux saints du Très-Haut» aura lieu «sous tout le ciel», c'est-à-dire, on l'a compris, dans l'ici-bas terrestre, ce que confirme d'ailleurs le v. 14 où il est dit que le Royaume s'exercera sur des peuples, des tribus et des langues, toutes choses qui, évidemment, n'existeront plus au Ciel éternel. Le prophète infaillible de Yahweh nous annonce donc, pour notre ici-bas terrestre, une nouvelle économie de salut après le Temps des nations et de l'Église romaine mourant sous la main de l'Antéchrist-personne, cedit Temps particulier, notre Temps, n'étant pas du tout la dernière économie de salut christique, ce que saura très-bien l'Antéchrist-personne... plus catholique en cela que lesdits glosateurs scolastiques néo-pharisiens ! Non seulement en effet, il fera mourir le Temps des nations et de l'Église romaine, mais, à la fois et dans le même acte, il prétendra instaurer lui-même l'économie de salut qui, de par Dieu, et il le sait, doit la suivre, à savoir celle du Millenium.
           
        "Et si Daniel précise dans le v. 27 que ce Royaume du Millenium est «éternel», c'est tout simplement parce que Celui qui l'exercera ici-bas par l'entremise «des saints du Très-Haut», sera le Christ-Dieu Lui-même, et que bien sûr le Christ-Dieu est éternel, sans préjudice cependant que cedit Royaume glorieux d'essence éternelle s'exercera... «sous tout le ciel» (c'est dans le même sens que Daniel prophétise un peu plus haut : «Mais les saints du Dieu très-haut recevront le royaume, et ils obtiendront le royaume jusque dans les siècles et les siècles des siècles» (Dn VII, 18) ; ou encore que l'ange Gabriel dit à Marie, lors de l'Annonciation, parlant pourtant du trône temporel du roy David : «Il [Jésus] sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David Son père, et Il règnera éternellement sur la maison de Jacob, et Son règne n'aura pas de fin» ― Lc I, 32-33).
           
        "Il y a ici, donc, pour qui a des yeux qui voient, une affirmation scripturaire du Millenium entendu littéralement, par ailleurs tel que le prêche saint Jean dans l'Apocalypse au ch. XX (... et tel qu'il le prêchait ainsi aux premiers chrétiens, on en a la preuve par le fait historique que là où la doctrine millénariste a été le plus crue dans le premier christianisme, est là où saint Jean l'Apôtre avait prêché...).
           
        "Il faut d'ailleurs bien noter que saint Jean a exactement le même langage et le même sens millénariste formel que Daniel quand, lui aussi, il décrit au ch. XXI de son Apocalypse le Royaume futur de la gloire du Christ qui suivra la chute de l'Antéchrist-personne, comme devant avoir lieu... «sous tout le ciel» : «Alors je vis un ciel nouveau et une terre nouvelle ; car le premier ciel et la première terre avaient disparu, et la mer n'existait plus. Et moi, Jean, je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis une voix forte venant du trône, qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et Il habitera avec eux ; et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, comme leur Dieu» (Apoc XXI, 1-3). Il est à peine besoin de faire remarquer que dans le Ciel éternel, il n'y aura pas d'hommes (... pas de femmes non plus, non, non, désolé Mahomet, absolument désolé !!), terme à la consonance terrestre et temporelle indiscutable, comme «sous tout le ciel». De plus, s'il était question, dans ce ch. XXI, d'un descriptif du Ciel éternel comme l'affirment mensongèrement les scolastiques de tout poil, alors, la Jérusalem nouvelle n'aurait pas besoin d'y descendre d'auprès de Dieu, comme le révèle saint Jean... puisqu'elle y serait déjà, dans ce Ciel éternel ! Elle n'aurait juste qu'à rester là où elle est, à savoir dans le Ciel éternel d'en-Haut, auprès de Dieu !! Or donc, son point de départ étant Dieu et le Ciel éternel, où voulez-vous donc bien qu'elle descende d'auprès de Dieu, la Jérusalem nouvelle, sinon, évidemment, sur la terre et la temporalité d'ici-bas !... Il y a quantité de passages dans l'Apocalypse, qui sont de sens formellement millénariste, je citerai encore celui-ci : "Le septième Ange sonna de la trompette, et des voix fortes se firent entendre dans le Ciel ; elles disaient : L'empire de ce monde a été remis à notre Seigneur et à Son Christ, et Il règnera dans les siècles des siècles. Amen" (Apoc XI, 15). Faut-il faire remarquer que "l'empire de ce monde" n'est pas précisément vouloir désigner le Ciel éternel...! Comme dans Dan VII, 18 cité plus haut, notons bien que le Règne éternel du Christ en Gloire avec les saints du Très-Haut commence dès ici-bas, par le Millenium...
           
        "Comment donc se fait-il que les scolastiques, voire les plus saints d'entr'iceux, ont menti honteusement sur le sens millénariste formel de ces passages scripturaires absolument limpides, clairs, simples, sans équivoque ni ambiguïté aucunes, trompant ainsi fort gravement les âmes et, pour en rester à notre sujet, obscurcissant hérétiquement le sens Antéchrist (= qui doit venir avant le Christ) dans le personnage de l'Antéchrist-personne...?!? Mais, sur cette pénible et irritante question, je termine là mon apologie du Millenium, cet aspect important du dogme catholique qui n'aurait jamais dû être mis dans l'Église sous le boisseau, comme il l'a cependant été hélas, depuis les scolastiques, depuis le Ve siècle des saints Augustin et Jérôme (je reporte le lecteur intéressé par cette question passionnante, au livre que j'ai écrit sous le pseudonyme Louis de Boanergès, Bientôt le règne millénaire)...
           
        "Récapitulons. L'Antéchrist-personne, supplanteur sacrilège du Plan divin, prétendant dans un orgueil digne de Lucifer vouloir faire avant l'Heure «ce que Dieu s'est proposé de faire» (Donoso Cortès), va ouvrir son règne d'impiété radicale, qu'il voudra être une contrefaçon très-imitée du Royaume de gloire du Christ, juste quelques «minutes eschatologiques» avant que le Christ glorieux ne vienne instaurer véritablement le vrai et authentique Royaume, le Sien, qui sera le Millenium, nouvelle économie de salut remplaçant celle du Temps des nations et de l'Église romaine, que l'Antéchrist-personne, justement, va totalement subvertir et anéantir avant de prétendre instaurer son pseudo-Millenium...
           
        "Une fois bien remis devant les yeux ce Plan divin que les scolastiques en général, en ce compris les plus saints (...!), ont tant malhonnêtement et si pharisaïquement obscurci durant la grande majorité des siècles catholiques, c'est alors que se comprend très-bien la formule de Daniel : «Il [l'Antéchrist-personne] pensera qu'il pourra changer les temps et les lois». C'est-à-dire : il s'attribuera à lui-même, dans un orgueil et une impiété insensés et sataniques, le pouvoir d'introduire le monde dans une nouvelle économie de salut, celle du Millenium (donc : dans un nouveau «temps», avec les nouvelles «lois» qui lui sont inhérentes), alors que c'est un acte surnaturel entre tous et qu'il y est radicalement impuissant, n'étant ni Dieu ni le Christ de Dieu. C'est en cela qu'il commettra principalement le péché suprême «qui percera la voûte des cieux», et pour lequel il ne tardera pas à recevoir son châtiment, suprême lui aussi. En passant, on n'oubliera pas de se rappeler qu'Adolf Hitler, une des préfigures modernes les plus parfaites de l'Antéchrist-personne sous l'angle politique, n'avait pas manqué d'identifier son fameux Reich au Millenium, lui prédisant 1 000 ans d'existence...
           
        "Ainsi donc, et pour conclure ce point fort important, il est extrêmement grave d'enlever du mot Antéchrist-personne, le sens Antéchrist, c'est-à-dire «qui vient avant le Christ», comme le veut l'article de Wikipedia que j'ai cité (... mais qui, il faut bien le dire, ne fait en cela que refléter très-fidèlement hélas, la croyance commune dans le monde catholique ; et la racine de cette grave erreur n'est pas bien difficile à discerner : elle réside tout simplement dans l'anti-millénarisme primaire et obscurantiste des scolastiques en général...), pour n'en retenir que le sens Antichrist, c'est-à-dire «opposé radicalement au Christ» : c'est exposer fort dangereusement son âme à ne pas comprendre que le Royaume de la gloire du Christ sera à notre porte lorsque, certes très-contradictoirement, le règne maudit de l'Antéchrist-personne s'ouvrira.
           
        "Lumière prophétique du Royaume de la gloire du Christ, clé royale davidique «qui ouvre, et personne ne ferme, et qui ferme, et personne n'ouvre» (Apoc III, 7), qui suffira, si j'ose dire, pour avoir la force surnaturelle et morale d'attendre, en souffrant généreusement pendant les fameux «3 ans et demi» sur le gril du règne de l'Antéchrist-personne (temps heureusement miséricordieusement abrégé comme le révèle le Christ), attendre disais-je, d'être introduit dans le vrai Royaume de gloire christique ou Millenium véritable, celui du Christ Jésus. Rejeter le sens «antéchrist» serait donc exposer son âme au désespoir, puisque le règne de l'Antéchrist-personne serait seulement vu comme une persécution radicale contre le Christ et de tout nom chrétien, mais pas comme devant, après un très-court temps, être immédiatement suivi de la Délivrance radicale du Christ que constituera le Millenium pour tout juste ayant tenu ferme dans la Foi...
           
        "Pour nous encourager dès à présent à tenir bon contre «la grande tentation qui va s'abattre sur le monde entier», lisons comment Malachie décrit la grande joie de ceux qui auront tenu contre l'Antéchrist-personne en persévérant jusqu'à la fin, c'est-à-dire jusqu'au Retour du Christ en gloire : «Car voici, il viendra un jour embrasé comme une fournaise [déluge universel de feu, finissant le règne de l'Antéchrist-personne] ; tous les superbes et tous ceux qui commettent l'impiété seront de la paille, et ce jour qui vient les embrasera, dit le Seigneur des armées ; il ne leur laissera ni germe ni racine [les adeptes de l'Antéchrist-personne auront donc le même sort que lui : anéantis radicalement, il n'en restera plus rien hormis leurs indistinctes cendres...]. Et le Soleil de Justice se lèvera pour vous qui avez craint Mon nom, et le salut sera sous Ses ailes ; vous sortirez alors, et vous bondirez comme les veaux d'un troupeau sortant de l'étable [après le confinement d'hiver]. Et vous foulerez les impies, lorsqu'ils seront comme de la cendre sous la plante de vos pieds, en ce jour où J'agirai, dit le Seigneur des armées» (Mal IV, 1-3). Ce que saint Jean décrit de la manière suivante : «Celui qui vaincra, Je ferai de lui une colonne dans le temple de Mon Dieu, et il n'en sortira plus ; et J'écrirai sur lui le nom de Mon Dieu, et le nom de la ville de Mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem, qui descend du Ciel d'auprès de Mon Dieu, et Mon nom nouveau» (Apoc III, 12) ; remarquons bien, au passage, la même formule de saint Jean pour décrire le Millenium, employée par lui dans le ch. III et le ch. XXI de l'Apocalypse, cette «nouvelle Jérusalem qui descend du Ciel d'auprès de Dieu»"...
           
        (fin de citation)
           
        ... Mais, pour finir mon nouvel article, je quitte le domaine de la théologie pure, le règne de l'Antéchrist-personne, et je me parachute maintenant, avec des grenades en bandoulière, dans la crise covidienne Big Brother, comme promis, pour tâcher de faire juste quelques fortes réflexions de bon sens, qui, j'espère, pourront aider mon lecteur à se bien guider dans cette affreuse crise. Il ne va pas tarder à se rendre compte que les deux sujets, théorique et pratique, ne sont pas si éloignés que cela l'un de l'autre...
           
        Le pape Jean XXIII, qui n'avait pas été rebuté de recevoir le gendre du communiste Khrouchtchev alors que les chrétiens étaient persécutés à mort en Russie, avait osé dire : "Le mal absolu n'existe pas sur terre". Il avait tort. Et la Foi catholique était pourtant suffisante pour le lui enseigner, il lui suffisait en effet de lire l'Apocalypse pour sortir de son utopie démocrato-babylonienne : ce mal absolu existera sur terre lorsque le règne de l'Antéchrist-personne s'ouvrira.
           
        Or, justement, je remarque premièrement une chose, dans cette crise covidienne Big Brother, qui saisit tout le monde aux tripes. Il s'y détecte, s'y dévoile, très-puissamment, une haine homicide, mortelle, contre l'homme, très-perceptible par le viol implacable de ses droits les plus élémentaires et les plus fondamentaux (comme par exemple le choix libre de ses traitements médicaux), qui va jusqu'à rendre sa vie sociale, voire même humaine, radicalement impossible. Haine homicide inédite, tout-à-fait nouvelle à ce stade où le curseur est poussé à fond du donf, par rapport aux autres attaques des forces du mal contre l'homme et le chrétien qui l'ont précédées depuis plus de deux siècles, depuis la Révolution. Cette crise fait brutalement et violemment rentrer de force dans un nouveau paradigme qui intègre la mort de l'homme et même de l'humanité, les forces du mal attentant au pronostic vital de notre vie d'homme et de chrétien.
           
        Je remarque aussi une deuxième chose : une folie totale et intégrale possède l'esprit de ceux qui font rentrer ou qui veulent faire rentrer le monde entier dans ce nouveau paradigme qui va aboutir en finale rien moins qu'à l'auto-destruction de l'homme et de l'humanité, si un grain de sable ne vient l'enrayer avant : on se rend compte que ceux qui mettent en oeuvre mortifère ce nouveau paradigme sont comme des possédés étrangement imperméables aux raisons les plus simples et les plus évidentes qui leur montrent leur folie totale et sa conséquence homicide...  
           
        Or, l'homicide et la folie totale sont les marques de Satan, du grand dragon. Et, je le répète, comme jamais auparavant depuis la Révolution, folie totale et homicide sont hic et nunc présents dans notre crise covidienne Big Brother. C'est comme si nous étions déjà rentrés dans la forme du règne de l'Antéchrist-personne, mais sans le fond, sans que le faux-prophète soit encore manifesté au monde...
           
        Mais descendons sur le terrain, pour bien le comprendre ; je viens tout juste de plier et cacher mon parachute sous un arbre. Tout d'abord, saisissons bien que nous sommes en présence, non pas d'une pandémie, mais de deux pandémies. La première est celle du virus lui-même, le fameux Covid-19. Et la seconde pandémie, aussi grave que la première sinon infiniment plus, est la pandémie des vaccins ARN.
           
        La première est celle du virus lui-même. ― Il y a bel et bien une vraie pandémie virale, elle est bien réelle, contrairement aux élucubrations extrémistes et surréalistes des complotistes qui nous parlent d'un Covid 19 à peine plus grave qu'une petite grippette de saison ou de salon (dans ce cas, on se demande bien pourquoi au Brésil, lors d'une flambée de l'épidémie il y a quelques mois, ils élargissaient en toute hâte les cimetières à coups de bulldozers et de pelleteuses, tellement il y avait de morts...).
           
        Précisons bien les choses : dans notre affaire, je crois certes au complot, mais je ne suis pas complotiste. Il y a en effet une distinction à faire. Le complotisme, moralement mauvais, est cette doctrine qui veut qu'il y ait un petit groupe d'initiés très-méchants qui dirigent le monde, mais le monde lui-même est composé de gens à très-grande majorité bons et innocents. D'où la déduction simpliste : il suffirait de supprimer ce petit groupe d'initiés et tout redeviendrait normal dans le meilleur des mondes. C'est faux, spirituellement primaire, et moralement très-dangereux (car les méchants, c'est les autres, et soi-même on ne peut qu'être bon, et on met son propre péché sur le dos de l'ennemi, c'est bien commode ; cette attitude est un piège du diable). La vérité est que si un petit groupe de gens très-mauvais peuvent avoir une telle puissance sur le monde entier, puissance hélas effectivement bien réelle, c'est parce que‌ la grande majorité des gens est quant à eux pervertie au même niveau de méchanceté que ces initiés. Et c'est cette perversion globale d'une génération d'hommes qui permet aux méchants de mettre en œuvre leurs plans sataniques sur le monde entier, tant il est vrai que, selon l'axiome bien connu, "le peuple a les chefs qu'il mérite".
           
        La seconde est celle des vaccins ARN. ― Ils sont la résultante d'une technologie diabolique, tant sur la forme que sur le fond. Je suis émerveillé, si je puis dire, de voir que très-peu de personnes dénoncent haut et fort l'ignoblerie de ces produits vaccinaux faits, et tout le monde le sait bien pourtant, à partir de lignées de cellules de fœtus humains avortés (seule Jeanne Smits a vraiment mis cette honte en exergue, sur son blog). Rien que cela serait une raison suffisante pour nous faire refuser ces vaccins nouvelle génération, pour cause d'ignominie et d'indignité morale, et de péché par complicité très-grave. Ce n'est d'ailleurs pas un petit signe de voir la grande Prostituée de Babylone qu'est devenue la Rome du pape François, passer muscade sur cette ignoblerie, et oser élaborer une thèse doctrinale pour prétendre dédouaner moralement de toute faute les fidèles qui se font vacciner...
           
        Si la forme est déjà ultra-condamnable, le fond ne l'est certes pas moins, il s'en faut. Alexandra Henrion-Caude, généticienne de premier ordre qui n'a rien à voir ni avec les complotistes ni avec les charlatans incompétents, a fort bien démontré que le tripotage qu'on ose faire de l'ARN dans ces vaccins, va finir, contrairement à ce que disent les menteurs officiels, par informer le génome humain c'est-à-dire l'ADN, au moyen d'un effet boomerang, d'un retour feedback. L'information ARN ne reste pas à l'extérieur du noyau génique ou ADN, contrairement à ce qu'ont voulu croire les apprentis-sorciers qui ont tripoté cette nouvelle technologie, mais finit, aux termes du processus vaccinal, par le pénétrer. Autrement dit, l'ADN du vacciné est informé du changement, ce qui signifie qu'il est modifié. Le vacciné ARN est donc devenu un humain OGM, génétiquement modifié. Et une fois fait, c'est irréversible. Et il transmettra à ses descendants cette modification OGM.
           
        Ce n'est pas tout, hélas. Cette modification ADN va engendrer d'abord des nouveaux variants du virus comme l'a expliqué le professeur Luc Montagnier (qui lui non plus n'est ni un complotiste ni un charlatan incompétent), puis, à terme, après quelques mois ou au mieux quelques années, de trois à dix ans pronostiquent certains, va finir par déclencher progressivement mais irréversiblement un véritable Hiroshima dans toutes les cellules du corps humain du vacciné, notamment par l'entremise de la protéine Spike, que nos tripoteurs ont cru inoffensive alors qu'elle s'avère être toxique. Parvenu à ce stade, c'est la mort assurée, de préférence avec beaucoup de souffrances.
           
        Tripoter en apprentis-sorciers l'ARN et donc l'ADN, c'est une voie de recherche scientifique qui n'aurait JAMAIS dû voir le jour. Il y a là comme un viol sacrilège des secrets de vie que le Bon Dieu a mis dans la Création, qui dépassent complètement la capacité de l'homme comme le Ciel dépasse la terre, et que l'homme n'a pas le droit de toucher, parce que plus il pénètre l'essence des choses en quelque sorte contigües au divin, contigües à la déité de l'homme telle qu'elle est créée par Dieu, et moins il a de prise sur elles, et plus les conséquences de ce qu'il déclenche sont graves. Mais ça, l'homme moderne, moralement émasculé et spirituellement lobotomisé, ne peut plus le comprendre. Nous avons commencé à toucher sacrilègement au noyau atomique de la matière, à la fin de la seconde guerre mondiale, c'était déjà une énorme faute mais ce n'était que de la matière, avec cependant des conséquences potentiellement mortelles pour toute l'humanité et soit dit en passant toujours suspendues au-dessus de nos têtes (rappelons-nous Tchernobyl, Fukushima), et maintenant nous touchons au noyau atomique de l'homme, c'est infiniment plus grave car là, c'est directement auto-destructeur de l'homme et de toute l'humanité.
           
        Les vaccins ARN, transformant l'ADN du vacciné, vont le mettre par-là même à la merci totale du système mondialiste qui promeut ces vaccins de l'enfer, infiniment pires que ceux élaborés par les nazis dans la seconde guerre mondiale. Loin que, après deux vaccinations, il soit immunisé complètement contre le Covid-19, son corps va au contraire produire des variants nouveaux du virus originel qui l'obligeront à recevoir sans cesse, soit un rappel de vaccin, soit plus probablement un nouveau vaccin pour répondre à un nouveau variant. Et cela ira de plus en plus vite, de plus en plus fort, dans un tourbillon incessant, jusqu'à ce que le corps humain sur-vacciné et sur-infecté, développant de plus en plus des effets secondaires graves, n'en puisse plus, et meurt. 
         
 
 TintinPiqûre
 
 
        Les vaccins ARN, loin donc de libérer l'individu du péril Covid-19, vont le mettre au contraire progressivement en esclavage total du système mondialiste, jusqu'à sa mort ADN programmée. C'est vraiment, pour toute l'humanité, "la solution finale" (Adolf Hitler).
           
        C'est pourquoi je les considère comme un pré-marquage 666.
           
        Les vaccins ARN sont une pré-marque 666 de la Bête.
           
        Lecteur qui me lisez, je vous en conjure, pour votre bien tant de l'âme que du corps :
 
!!! NE VOUS FAITES SURTOUT PAS VACCINER ARN !!!
           
        Certes, ce ne sera pas encore la marque de la Bête, 666, qui mènera en enfer, mais celui qui prendra ce pré-marquage 666 vaccinal aura mis un doigt dans un engrenage dont il ne pourra plus se dépêtrer, il n'en sera pas le maître, cela l'obligera au contraire, à cause des effets négatifs du vaccin ARN, à être dépendant de plus en plus complètement des structures de santé d'un système mondialiste qui ne manquera pas de lui proposer, dans un futur très-proche, de recevoir cette marque de la Bête 666. Il aura infiniment plus de mal à s'en arracher et à refuser la marque de la Bête 666 que le non-vacciné qui, lui, connaîtra la vraie liberté quoique persécuté.
           
        De plus, il est important que les vaccinés ARN prennent conscience qu'ils ne vont pas être un danger que pour eux-mêmes, mais ils le seront aussi pour les autres, pour les non-vaccinés restés humainement sains et génétiquement normaux, non-OGM, non-modifiés. Il me souvient d'un paysan qui s'était lancé dans la culture biologique ; quelques années après avoir dûment mis en oeuvre le bio dans ses champs, il va pour vendre sa récolte, et, à sa grande stupéfaction, on la lui refuse sous l'étiquette bio parce que les analyses révélaient des traces OGM importantes dans sa culture... alors qu'il avait scrupuleusement suivi le cahier des charges pour que son produit soit bien labellisé bio. L'explication ne fut pas longue à trouver : ses champs étaient tous entourés d'autres champs que les propriétaires ensemençaient avec des semences OGM, et le vent répandit des semences OGM dans son champ bio... Ainsi en sera-t-il des vaccinés par rapport aux non-vaccinés : ce sont les premiers qui risquent d'infecter les non-vaccinés de nouveaux variants générés par leur système ADN modifié... et non l'inverse. C'est précisément en cela que les vaccins ARN sont une seconde pandémie.
           
        Tout ce que je viens de dire de cataclysmique concernant les effets de ces vaccins ARN est en quelque sorte déjà prophétisé par saint Jean dans l'Apocalypse. En effet, si, comme je pense être dans le vrai en le disant, les vaccins ARN sont un pré-marquage de la Bête 666, alors, puisqu'un châtiment corporel est prophétisé pour ceux qui recevront cette maudite marque, il y aura aussi un châtiment corporel proportionné pour ceux qui auront pris la pré-marque 666 vaccinale ARN : "Le premier [Ange] s'en alla, et versa sa coupe sur la terre ; et un ulcère malin et dangereux apparut sur les hommes qui avaient la marque de la bête, et sur ceux qui adoraient son image" (Apoc XVI, 2).
           
        Il est à noter soigneusement que le châtiment sera envoyé par Dieu. Les Anges punisseurs versent en effet leur coupe sous Son ordre : "J'entendis ensuite une voix forte, qui venait du temple, et qui disait aux sept Anges : Allez, et versez sur la terre les sept coupes de la colère de Dieu" (Apoc XVI, 1). Cette prophétie apocalyptique nous apprend donc quelque chose de spirituellement très-important : les châtiments ou effets négatifs sur l'homme de la marque 666 et du pré-marquage vaccinal ARN ne viendront pas tant de la marque ou du vaccin que d'un Ordre de Dieu, et à son Heure... Ainsi donc, Dieu peut retenir le châtiment corporel de sévir pendant le temps qu'Il veut, et sans doute pouvons-nous penser qu'Il le fera différemment avec chaque personne, selon le degré de culpabilité différent de ceux qui se seront fait pré-marquer 666 et/ou marquer 666, et aussi, et surtout, en vue de sauver l'âme coupable par la pénitence.
           
        Je disais plus haut qu'on prend acte dans cette crise covidienne Big Brother, d'une haine homicide de l'homme doublée d'une folie totale de ceux qui ont cette haine encore jamais vue à ce stade, et que l'homicide et la folie sont les marques de Satan, du grand dragon.
           
        C'est très-marqué dans l'affaire du Pass sanitaire. Non seulement les vaccins ARN, si dangereux pour la vie de l'homme, sont autorisés par les prétendues "hautes autorités sanitaires" (qui ne peuvent pourtant qu'avoir connaissance de ce que je viens d'écrire des vaccins ARN mais qui, enclavés dans leur folie diabolique, n'en tiennent aucun compte), alors que leur premier devoir, fondamental, est de les interdire rigoureusement au motif du principe de précaution, mais ces vaccins ARN sont LES SEULS à l'être, à être autorisés ! Et non seulement ils sont autorisés, mais on veut obliger toutes et tous à se faire uniquement vacciner ARN, à passer sous les fourches caudines de ces diaboliques vaccins pires que ceux nazis, les adeptes du grand dragon à la tête de la France ont à cet effet instauré un Pass sanitaire qui tend à le rendre obligatoire pour tous ! On ne peut que prendre acte qu'il y a donc là une volonté très-délibérée de soumettre l'homme à une économie sanitaire qui inclut à terme sa mort. 
 
PassSanitaireRendLibre
           
        Il aurait été pourtant tout-à-fait possible d'orienter les parades contre le Covid-19 de toute autre manière, par exemple par des vaccins de conception traditionnelle (comme celui que l'Institut Sanofi-Pasteur prépare pour la fin de l'année), ou mieux encore, par des protocoles de traitements médicamenteux non-vaccinaux appropriés qui existent, qui ne sont même pas rares, et qui, avec des effets secondaires très-circonscrits et maîtrisés, ont fait largement leur preuve bien plus que les vaccins ARN (... et il s'en découvre tous les jours, de ces traitements-là !, c'est bien la preuve qu'il était très-facile d'emprunter une autre voie que la voie homicide des vaccins ARN ! Voyez par exemple cet article que j'ai lu presque par hasard les jours derniers, intitulé Covid : vers 3 médicaments existants «efficaces à 100%» ? ; cf. https://www.jforum.fr/covid-vers-3-medicaments-existants-efficaces-a-100.html).
           
        Mais non : on veut le SEUL vaccin qui attente mortellement à l'intégrité naturelle de l'homme, et il y a une vraie furie diabolique dans le monde entier, pas seulement qu'en France, pour ne vouloir que lui. Il y a donc là, volonté délibérée, militante et très-agressive, de la part des responsables politiques, de mettre toute l'humanité sous le règne de Satan, "homicide dès le commencement" (Jn VIII, 44), implicitement pour commencer, en attendant son explicitation, c'est-à-dire l'ouverture du règne de l'Antéchrist-personne.
           
        Ces gens-là sont donc vraiment nos ennemis mortels, non pas seulement à nous chrétiens mais à tout homme digne de ce nom, français ou non. Vouloir formellement nous mettre sous une économie sanitaire de mort, ce fut singulièrement évident, et tout le monde l'a remarqué, dans l'allocution d'Emmanuel Hitler, ... oh !, pardon, ma langue a chourfé, fourché !, Emmanuel Macron, le 12 juillet dernier.
           
        Éh bien, à la place de cet animal politique illuminé du pire illuminisme, je me méfierai beaucoup, j'aurai même vraiment très-peur, je ferai mon acte de contrition tous les jours. Les français peuvent en effet avoir le sang très-chaud, à défaut de l'avoir niqué par les vaccins post-nazis, quand on touche à leurs libertés fondamentales et à leur dignité d'homme, comme c'est le cas quand on veut les obliger à s'auto-détruire, non pas seulement socialement mais humainement.
           
        Saint Thomas d'Aquin a certes condamné le tyrannicide, c'est-à-dire la suppression d'un tyran qui abuse de son pouvoir sur le peuple... mais uniquement quand il s'agit d'un tyran légitime, c'est-à-dire qui détient légitimement son pouvoir politique sur le peuple. Là, saint Thomas dit qu'il ne faut pas y toucher, s'appuyant sur une épître de saint Pierre, et il a raison. Mais saint Thomas n'a par contre pas du tout condamné (quand bien même il n'a pas non plus approuvé positivement) le tyrannicide d'un tyran usurpateur... Or, fixons-nous bien les idées vraies dans le Réel métapolitique : tous les pouvoirs politiques issus de la Révolution de 1789, basés sur les "droits de l'homme", sont formellement illégitimes. C'est-à-dire que, comme tous les présidents d'une République française constitutionnellement athée depuis la Révolution, le pouvoir politique d'Emmanuel Macron est formellement ILLÉGITIME. Il faut bien comprendre en effet que tous les pouvoirs politiques issus de la Révolution française OCCUPENT la France, c'est-à-dire au même titre qu'un assaillant extérieur le pourrait faire illégitimement, par exemple les nazis durant la seconde guerre mondiale. Car la légitimité du pouvoir politique en France est théocratique et acheiropoïète, comme dérivant immédiatement et directement du Christ à la fois Dieu et homme, "qui est roy de France" (cf. mon article Ce que je pense de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/ce-que-je-pense-de-l-election-d-emmanuel-macron-a-la-presidence-de-la-republique-francaise?Itemid=483 ― article écrit en 2017 qui n'a pas pris une ride, il s'en faut de beaucoup !)...
           
        À propos du tyrannicide d'un tyran usurpateur, et Macron est donc, hélas pour lui, bien dans ce cas, voici ce qu'en disait un théologien consulté par le journal Le Monde après l'attentat du Petit-Clamart perpétré par le colonel Bastien-Thiry et son équipe contre le général de Gaulle, en 1962 : "Le Docteur angélique [saint Thomas d'Aquin] distingue en effet le tyran d'usurpation et le tyran de gouvernement. Le tyran d'usurpation est l'injuste agresseur d'un pouvoir légitime : envahisseur du territoire national, conspirateur cherchant à renverser un gouvernement établi. Dans ce cas, c'est lui qui a déclaré la guerre à la nation. Et saint Thomas cite, sans l'approuver positivement, ni cependant la condamner, la phrase célèbre de Cicéron : «Un sujet qui pour délivrer sa patrie tue le tyran mérite louange et récompense». Le tyran de gouvernement est le prince régulièrement détenteur du pouvoir qui abuse de ce pouvoir au point de rendre une insurrection légitime" (https://www.lemonde.fr/archives/article/1962/09/21/saint-thomas-d-aquin-et-le-regicide_2372109_1819218.html). Dans ce dernier cas où le tyran de gouvernement détient légitimement le pouvoir, saint Thomas ne légitime contre lui que l'insurrection, et encore le fait-il dans un cadre d'exécution très-strict, cependant qu'il condamne contre lui le tyrannicide.
           
        Mais... nous ne sommes pas dans ce cas de figure avec Emmanuel Macron, lui détient illégitimement le pouvoir politique en France, en tant qu'héritier des révolutionnaires de 1789.   
           
        Est-ce que Emmanuel Hitler, ... Ah zut !, j'y arrive pas !, Emmanuel Macron, se souvient de Georges Cadoudal (1771-1804) ? S'il a mené son étude de l'histoire de France jusqu'à ce Chouan grand comme un vrai héros, il peut vraiment suer en pensant au "coup essentiel". C'était son mot pour son projet de tuer Napoléon Bonaparte. Il fallait, disait-il, faire le "coup essentiel" pour libérer la France de l'ogre, comme les feuilles populaires appelaient alors celui qui, sur la fin de son règne maudit, enrôlait jusqu'aux adolescents, tel Hitler le fit lui aussi, parce qu'il en avait besoin comme "chairs à canon" pour mener ses guerres révolutionnaires. Cependant, Cadoudal rata ce "coup essentiel". La charrette bâchée bourrée d'explosifs qu'il avait placée sur le chemin où devait passer l'ogre, dans une visite officielle, explosa quelques secondes trop tard ou trop tôt je ne sais plus, après ou avant son passage, et Napoléon en réchappa de justesse... comme Hitler échappa lui aussi, comme par miracle, à l'attentat à la bombe de juillet 1944. Cadoudal eût la fin de Bastien-Thiry, il fut exécuté avec ses compagnons d'infortune et mourut à l'âge de 33 ans, comme le Christ, quasi en saint... Mais qu'Emmanuel Macron médite quand même bien le "coup essentiel". À vouloir la mort des français par vaccins ARN interposés et autre Pass sanitaire, il pourrait bien recevoir d'un français justement indigné, autre chose qu'une simple claque, comme il en as reçu une récemment, tellement méritée...
 
 
Cadoudal
Georges Cadoudal
           
        Une chose assez étonnante, maintenant, avant de conclure : dans ces mêmes jours cruciaux que nous vivons, on détecte dans le pape François exactement cette même haine et folie diaboliques qui habite les pires politiques, elle se manifeste sans pudeur dans son motu proprio courant sus à toute pratique du vetus ordo. Lui aussi, comme par hasard juste au même moment du pass sanitaire, il instaure un pass liturgique pour la messe en ne laissant pratiquement en vigueur que le novus ordo missae...! Certes, quant à lui, on ne peut évoquer un tyrannicide, car il est légitime. Mais il me semble tout-de-même bon de rappeler un autre épisode historique, toujours tiré de l'histoire des valeureux Chouans : un évêque de Vendée ayant tourné son surplis à l'envers, dénonçait aux révolutionnaires les noms de certains paysans Chouans ; ceux-ci ne furent pas longs à être arrêtés et exécutés ; quelques jours après leur exécution, un guet-apens fut tendu par les Chouans à cet évêque, et après l'avoir fait mettre à genoux et lui avoir dit : "Évêque, fais ta prière !", ils l'exécutèrent...
           
        ... Cependant, après avoir rappelé tout cela pour bonne mémoire, je pense qu'il vaut mieux laisser la Providence divine punir les méchants, ceux qui se sont mis au service de Satan et de l'Antéchrist-personne à venir : leur punition sera encore bien plus terrible et bien plus juste, que notre justice humaine limitée pourrait faire. Imaginez-vous tenir une seule minute dans un océan de feu et de soufre, c'est-à-dire d'un feu augmenté d'une matière qui entretient la puissance du feu pour qu'il ne faiblisse jamais ? Or, ce ne sera pas une minute que les méchants impénitents auront à le supporter, mais durant les éternités d'éternités, et l'Apocalypse insiste là-dessus d'une manière vraiment terrible : "Si quelqu'un adore la bête et son image, et s'il en reçoit la marque sur son front ou dans sa main, lui aussi boira du vin de la colère de Dieu, qui a été versé dans la coupe de Sa colère, et il sera tourmenté dans le feu et le soufre, en présence des saints Anges et en présence de l'Agneau ; et la fumée de leurs tourments montera dans les siècles des siècles, et il n'y aura de repos ni jour ni nuit pour ceux qui auront adoré la bête et son image, et qui auront reçu la marque de son nom. C'est ici qu'est la patience des saints, qui gardent les commandements de Dieu et la foi de Jésus" (Apoc XIV, 9-12).
           
        Souvenons-nous, dans la persécution que nous subissons de la part des méchants, que l'Apocalypse, après avoir parlé de la puissance de la "bouche" contre les saints du Très-Haut, jusqu'à les terrasser humainement ("Il lui fut aussi donné le pouvoir de faire la guerre aux saints, et de les vaincre ; et la puissance lui fut donnée sur toute tribu, sur tout peuple, sur toute langue et toute nation" ― Apoc XIII, 7), a cet avertissement à bien méditer : "Celui qui aura conduit en captivité, s'en ira en captivité ; celui qui aura tué avec l'épée, il faut qu'il soit tué par l'épée. C'est ici qu'est la patience et la foi des saints" (Apoc XIII, 10).
           
        Que chacun prenne donc bien, par conséquent, la responsabilité de ses actes, car les temps apocalyptiques veulent que chacun subira ce qu'il aura fait subir, même justement...
           
        Il y a en effet une chose qu'il faut bien comprendre : nous sommes aux temps de l'Antéchrist-personne. À un moment donné de l'Histoire du monde, et tout montre que nous y sommes, la corruption universelle est devenue tellement grande et irréformable de soi, qu'elle mérite son châtiment qui ne peut alors que tomber. Et c'est pourquoi le règne de l'Antéchrist-personne est scripturairement prophétisé comme devant s'accomplir inéluctablement, sans pouvoir être rapporté dans les décrets de la Justice divine, ce n'est pas une prophétie scripturaire conditionnelle.
           
        Le règne de l'Antéchrist-personne est en effet une prophétie annoncée dans les Livres-Saints, inconditionnellement...
           
        Plus que jamais, sanctifions-nous, vivons de Jésus-Christ, qu'Il demeure en nous et que nous demeurions en Lui, et souvenons-nous plus que jamais de Son conseil divin, le plus important à suivre dans notre affaire :
           
        "Ne craignez pas ceux qui tuent le corps, et qui ne peuvent tuer l'âme ; mais craignez plutôt celui qui peut perdre et l'âme et le corps dans la géhenne" (Matth X, 28).
             
            En la grande fête de sainte Anne,
Patronne de la Bretagne et des bretons,
ce 26 juillet 2021.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
26-07-2021 14:52:00
 

Encore du "survivantisme pontifical"...!

 
 
 
Encore du "survivantisme pontifical"...!
 
                          
        ... Palsambleu ! Fi diantre ! On se remue, en Italie !!!
           
        Andrea Cionci, journaliste, est en train d'échafauder sur son blog Libero, et il est loin d'être le seul à le faire, toute une thèse pontificale survivantiste autour de Benoît XVI qui, pour le fond, et cela m'aurait beaucoup amusé si le sujet le permettait, ressemble comme deux gouttes d'eau à la thèse survivantiste prenant comme sujet pontifical un Paul VI toujours en vie.
           
        En clair et pour faire court : François n'est pas du tout pape, c'est Paul VI en survie physique//Benoît XVI en survie théologique, qui l'est (biffez la mention inutile, à votre choix).
           
        C'est en tous cas ce que nous apprend la rédactrice anonyme du blog "Benoît & moi", dans son dernier article intitulé 11 février 2013 : la vraie fausse démission (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2021/05/07/11-fevrier-2013-la-vraie-fausse-demission/), avouant cependant, quant à elle, qu'elle ne sait pas trop sur quel pied danser face à cette thèse. J'avais déjà noté il y a juste deux ans, vous en souvîntes-vous amis lecteurs, dans mon article Pot pourri dans un pourrissoir ecclésial daté du 19 mai 2019 (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/pot-pourri-dans-un-pourrissoir-ecclesial?Itemid=483), la reprise, la resucée, de la thèse survivantiste pontificale en la transposant de Paul VI à Benoît XVI (... quand je vous disais, dans mon dernier post du 19 mars, que j'ai déjà tout dit !) : seul le sujet pontifical change, mais le même schème doctrinal de fond, exactement le même, est retenu.
           
        Quel est-il, ce schème de fond ? Le survivantisme pontifical, doctrinalement, est un sédévacantisme inavoué et peut-être inconscient chez certains de ses adeptes, il consiste à vouloir faire toujours vivre un pape qui était pape lorsque l'Église était en ordre, prêchant la bonne doctrine et les bonnes mœurs, aux fins de prétendre par-là s'abstraire de la réalité crucifiante du moment ecclésial présent et actuel, qui voit un pape légitime rejetant magistériellement en Église ce bon ordre de la Foi, de l'Espérance et de la Charité (le rejetant seulement matériellement, mais pas formellement, sinon il serait déjà l'Antéchrist-personne...).
           
        C'est en fait vouloir rejeter l'épreuve apocalyptique que le Bon Dieu envoie à son Église à la fin des temps, et dire, devant la croix affreuse et terrifiante d'une Église et d'une papauté "faites péché pour notre salut" (II Cor V, 21), par le Concordat, le Ralliement, Vatican II, etc., au rebours complet du Christ lors de sa Passion où Lui aussi, Lui le tout premier, fut "fait péché pour notre salut" : "Père, que ce calice s'éloigne de moi ! Et pour qu'il en soit bien ainsi, que Ta volonté, ô Père, ne soit pas faite, mais la mienne !" Le postulat de base, la motivation anti-spirituelle de fond du survivantiste est en effet la suivante : Je rejette le mystère de la co-Rédemption vécu par l'Église actuelle, l'Église de mon temps que la Providence de Dieu ordonne à être "faite péché pour notre salut", singulièrement par sa tête visible et légitime, le pape.
           
        Car la vérité ecclésiale-pontificale vraie en vérité, est que tous les papes modernes depuis la fin de la Révolution française, qui manifeste le début de la fin des temps dans le monde et dans l'Église, sont "faits péché pour le salut", pour que l'Église épouse la matière sans coulpe du péché du monde, à l'instar du Christ vivant sa Passion : quant aux Mœurs ecclésiales seulement, il en est ainsi depuis Pie VII et le Concordat napoléonien (1801), et quant aux Mœurs et à la Foi, c'est chose faite depuis Paul VI et le Concile Vatican II (1961-1965). Celui qui fuit cette situation réelle, qui est cause première de "la crise de l'Église", en voulant vivre sa Foi avec une Église et un pape doctrinalement toujours "tout blancs", non-faits péché pour le salut, fuit la vérité ecclésiale-pontificale actuelle de la fin des temps, et par son attitude rebelle, revolvere, il se condamne, tôt ou tard, à tomber dans les pièges de Satan-Lucifer, le premier révolté, qui ne demande pas mieux que de faire miroiter devant son âme les miroirs aux alouettes de fausses solutions. Et c'est bien précisément ce qui arrive au survivantiste : gober une fausse solution de l'Ange des trompeuses lumières, lui faisant adhérer par les thèses survivantistes à une Église encore et toujours doctrinalement "toute blanche" qui n'existe plus, par le truchement d'un pape d'un temps ecclésial en bon ordre prétendument en survie, soit physiquement (Paul VI) soit théologiquement (Benoît XVI). Alors que Dieu a mis l'Église actuelle dans l'économie de la Passion du Christ, qui consiste essentiellement à être "faite péché pour le salut", et singulièrement par la personne du pape qui la représente. Bossuet avait bien raison : "Le plus grand désordre de l'esprit, disait-il, est de vouloir que les choses soient, non ce qu'elles sont, mais ce qu'on voudrait qu'elles soient".
           
        Avant de démonter concrètement les raisonnements survivantistes, tant ceux de la première mouture Paul VI que ceux de la seconde mouture actuelle Benoît XVI, qui du reste sont pratiquement identiques pour le fond, il me semble bon de continuer un peu mon avant-propos sur la morale de l'histoire.
           
        La Rédemption consiste en effet à ce que l'Acteur de la Passion soit "fait péché" pour, précisément, pouvoir l'anéantir, c'est-à-dire "pour le salut", comme nous l'explique lapidairement saint Paul quant au Christ dans son lumineux et puissant oxymore. C'est là l'essence de l'économie de la Passion. C'est là le Plan de Dieu pour l'humanité et pour l'Église, et il n'y a pas de plan "B" (comme voudrait par exemple le croire Andrea Cionci, montant tout un scénario presque drôle autour de Ratzinger et de saint Jean-Paul II pour empêcher que l'Église soit "faite péché pour notre salut" dans notre fin des temps, qui n'a certes absolument rien à envier au scénario abracadabrantesque de la première mouture survivantiste Paul VI). Or, à la fin des temps, et nous la vivons hic et nunc cette affreuse fin des temps, l'Église revit en co-Rédemptrice ce que son Époux divin a vécu il y a 2 000 ans lorsqu'Il a racheté le monde par sa croix : elle aussi, l'Église, est "faite péché" aux fins surnaturelles supérieures de l'anéantir, loin, fort loin, d'être anéanti par lui. Et c'est précisément à cet endroit-là que se situe la grande erreur voire, pour certains d'entre eux, la faute spirituelle des survivantistes, qui peut être fort grave pour leur salut : ne pas vouloir que l'Église soit, à la suite du Christ Rédempteur, "faite péché pour notre salut", très-notamment dans la personne de ses Pontifes romains légitimes qui la représentent. Ils ne réfléchissent pas qu'en rejetant la mise de l'Église et de ses papes dans l'état de péché matériel sans coulpe, qui est l'essence de l'économie de la Passion, ils rejettent le mystère de la co-Rédemption que doit vivre (et mourir) l'Épouse du Christ à la fin des temps.
           
        Or, et j'en viens à présent au concret du démontage de ce méchant Meccano survivantiste, le Saint-Esprit, qui, quant à l'Église, parle le plus ordinairement par les règles fixées de la théologie fondamentale qui régit le droit divin de l'Église, invalide radicalement ces thèses survivantistes pontificales, que le sujet en soit Paul VI ou Benoît XVI. La Lumière du Saint-Esprit, que révèle le droit divin de l'Église, montre donc aux survivantistes de toute obédience, celle de Paul VI ou celle de Benoît XVI, qu'ils suivent un mauvais chemin, une voie damnable, et c'est ce que je vais exposer maintenant.
           
        Commençons la démonstration en prenant les raisonnements soutenus par Cionci pour étayer sa thèse survivantiste sur Benoît XVI. Ils sont tous d'ordre canonique. Il nous dit que la démission de Benoît XVI est invalide, et il étale ses raisons ainsi : "Tout ce qui est canoniquement contestable dans la «démission» semble, en effet, présent : les erreurs de latin qui font que la Declaratio écrite n’est pas «rite manifestetur» (dûment) et avec le soupçon de contrainte ; l’inversion entre munus et ministerium, avec la renonciation inutile à ce dernier (cf. Canon 332 § 2) ; la démission génériquement douteuse (Canon 14) et enfin le report de «l’heure X» à partir de laquelle Benoît XVI ne serait plus pontife, avec la non-ratification de la «démission». L’ensemble de l’opération a été reconstitué ICI, en ordonnant faits et documents, avec tous les approfondissements nécessaires. Et personne n’a encore été en mesure de le remettre en question" (fin de citation).
           
        Personne n'a été en mesure de le remettre en question ? Alors, je vais être le premier à le faire, et sans doute, comme d'habitude, le seul. Et je vais le faire à la racine, in radice. Sans toucher le moins du monde à aucun des arguments qu'évoque Cionci, tous d'ordre canonique. Il suffit en effet, pour démonter radicalement sa thèse, de la mettre en regard du droit divin de l'Église, pour en montrer l'inanité complète, et même grossière. S'il en était en effet ainsi qu'il le dit, c'est-à-dire si la démission de Benoît XVI était invalide, et que donc il serait toujours LE SEUL pape à l'heure actuelle, et que donc encore, François ne le serait PAS DU TOUT, alors, il aurait été rigoureusement impossible de toute impossibilité théologique que l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain légitime ait été dûment acté sur la personne de Jorge-Mario Bergoglio.
           
        Car cet acte, j'ai dû l'écrire au moins cent fois déjà dans mes écrits, est un fait dogmatique émanant directement et immédiatement du droit divin de l'Église Universelle, c'est la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui prédomine sur toute autre (les mandataires uniques et exclusifs de l'Église Universelle pour poser cet acte de droit divin sont ordinairement les cardinaux de la sainte Église romaine dans leur majorité canonique des 2/3 + 1, acte qui est posé dans la cérémonie d'intronisation du nouveau pape). Or, c'est de l'ordre de l'Histoire la plus authentiquée, cet acte a été posé sur la personne de Jorge-Mario Bergoglio lors de la cérémonie très-publique et très-solennelle de son intronisation au Siège de Pierre, en date du 19 mars 2013. À partir de cet acte-là, fondé sur le droit divin de l'Église, nous sommes en présence d'un fait dogmatique acté en Église et il n'est rigoureusement plus possible de soutenir que le bénéficiaire de cet acte n'est pas pape, sans encourir l'excommunication et l'anathème ipso-facto. Car cet acte de droit divin répare sanatio in radice tout vice de forme antérieur dans le processus de l'élection pontificale, notamment ceux d'ordre simplement canonique. Ce n'est pas en effet le droit canon qui fonde le droit divin, mais l'inverse : c'est le droit divin qui fonde le droit canon. À supposer, et c'est ce qui se déduit de la thèse de Cionci, qu'on se trouverait en présence d'une contradiction entre ce que nous dit le droit canon et ce qu'impère le droit divin, chose d'ailleurs impossible, alors c'est évidemment le droit divin qui indique très-sûrement où se trouve la vérité de la question débattue : de par le droit divin, Jorge-Mario Bergoglio est bien pape, et donc la démission canonique de Benoît XVI ne peut qu'être valide. Les raisons canoniques invoquées par Cionci et consorts en faveur de l'invalidité de cette démission de Benoît XVI, ne peuvent donc subséquemment qu'être certainement fausses, et cela ne pourra manquer d'être prouvé tôt ou tard, d'une manière ou d'une autre, j'avoue qu'il ne m'intéresse même pas de m'en occuper.
           
        Cet acte de droit divin posé sur Jorge-Mario Bergoglio et qui l'a fait vrai pape, verus papa, prouve en effet formellement en amont que la démission de Benoît XVI est... valide. Puisqu'un fait dogmatique, de soi toujours doté de l'infaillibilité, a été posé en Église, alors ce qui l'a induit ne peut qu'être valide : or, ce qui a induit en finale du processus l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ sur Jorge-Mario Bergoglio, est... la démission de Benoît XVI. Donc, les cardinaux dans leur majorité canonique ont reconnu la validité de l'acte de démission de Benoît XVI puisqu'ils ont lancé à partir de lui le processus d'une nouvelle élection pontificale qui a abouti au fait dogmatique sur le pape François. Mais il faut bien comprendre que dans cette majorité canonique, les cardinaux sont "membres enseignants" de la Légitimité pontificale et dotés de l'infaillibilité pour tout ce qui a trait à l'élection du Pontife romain : en reconnaissant valide la déclaration de démission de Benoît XVI, sinon ils n'auraient évidemment pas lancé le processus de l'élection d'un nouveau pape, ils l'estampillent rétroactivement par-là même du sceau de l'infaillibilité. Il n'est donc plus possible, à partir de là, de soutenir son invalidité.
           
         J'exposais déjà ainsi ce raisonnement de vraie théologie, dans Pot pourri, etc. : "Pour que Ratzinger-Benoît XVI soit toujours SEUL vrai et pleinement pape en 2019 [maintenant : en 2021], il aurait fallu premièrement, de toute nécessité sine qua non, que les cardinaux dans leur majorité canonique n'aient pas accepté sa démission du Souverain Pontificat lorsqu'il l'a soumise à l'Église le 28 février 2013. Et ce, publiquement et à la face de toute l'Église, par déclaration cardinalice commune dûment et canoniquement enregistrée dans les annales ecclésiastiques. Or, tout le monde le sait, non seulement la majorité canonique cardinalice a accepté la démission de Benoît XVI pour ce qu'elle signifiait théologiquement, mais on n'enregistre même pas un seul cardinal pour s'y être opposé. (...) Quant à remonter à la survivance théologique de Montini-Paul VI, elle est foudroyée par, excusez du peu, plusieurs actes infaillibles de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur d'autres personnes, de Luciani à Bergoglio... quatre personnes, quatre papes ayant l'un après l'autre bénéficié de la reconnaissance ecclésiale universelle infaillible de leur qualité certaine de Pontife romain, par le Doigt du Saint-Esprit se manifestant par les cardinaux canoniquement unanimes, digitus Dei est hic. Enfin, il est de Foi, de fide, que c'est chronologiquement la dernière personne en date à avoir bénéficié sur elle de la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape, qui est le vrai Vicaire actuel du Christ : or, cette personne actuelle, nul n'en ignore et ne peut prétendre en ignorer, s'appelle Jorge-Mario Bergoglio sous le nom pontifical de François. Donc celui qui oserait récuser le fait dogmatique de la légitimité certaine du pape François, s'exclurait de lui-même de l'Église, s'anathématiserait lui-même ipso-facto par le péché de schisme formel" (fin de citation).
           
        Voilà donc le vrai raisonnement d'Église à tenir en matière de Légitimité pontificale quant à nos papes modernes : ils sont tous certainement papes, les uns après les autres, car ils ont tous bénéficié de l'acte de droit divin de la Reconnaissance ecclésiale universelle de leur qualité de Vicaire actuel du Christ, de Pie VII à François. Récuser cela, sur l'un ou l'autre de ces Pontifes romains modernes, c'est tout simplement, pardon, ficher en l'air toute l'Église catholique en ouvrant la porte à tous les examens privés de la Légitimité pontificale, et la soumettre à n'importe quel Bogomil voulant dénier la légitimité au pape qui lui déplait.
           
        Ce n'est pas la première fois qu'une telle attitude schismatique arrive dans l'histoire tourmentée de l'Église militante.
           
        Je notais déjà dans L'Impubliable, mon premier ouvrage de fond sur la théologie de "la crise de l'Église" écrit avant l'an 2 000 (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf), que les Spirituels franciscains s'autorisaient également, comme les survivantistes actuels, à faire du "libre-examen" de la Légitimité pontificale par-dessus le fait dogmatique de droit divin de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain posé par les cardinaux canoniquement unanimes sur le Vicaire du Christ actuel choisi par le Saint-Esprit : "Il est fort intéressant de noter que l'obsession sédévacantiste qui consiste à ne jamais être sûr d'avoir un vrai pape sur le Siège de Pierre (puisqu'ils refusent schismatiquement le criterium de l'infaillibilité de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle du pape, qui enlève, et lui seul, tout doute), semble être à l'origine du mythe moyenâgeux de la papesse Jeanne : «L'ordre franciscain avait incorporé dans ses chroniques l'histoire de [la papesse] Jeanne, selon des versions qui mettaient l'accent sur l'aspect diabolique de l'usurpation. Dans les milieux spirituels franciscains du début du XIVe siècle, et notamment chez Guillaume d'Ockham, [la papesse] Jeanne devenait la preuve historique d'une occupation satanique du Siège pontifical et préfigurait l'indignité prétendue de Jean XXII, le grand pourfendeur des Spirituels. Plus fondamentalement, [la papesse] Jeanne apparaissait comme une occurrence du pseudo-pape, qui a tous les aspects extérieurs de la légitimité sans en avoir la réalité. Elle justifiait le tri que faisaient les Spirituels entre les vrais et les faux pontifes [nous sommes là en plein dans la mentalité de nos sédévacantistes-survivantistes qui osent se permettre de choisir eux-mêmes parmi les papes contemporains, ceux qu'ils considèrent comme vrais et ceux qui ne le sont pas, alors que cela est réservé à l'Église Universelle...] ; seuls ces derniers avaient condamné la règle de la pauvreté absolue ; paradoxalement, ce tri construisait l'idée d'infaillibilité pontificale : les dogmes énoncés par les «vrais» papes devaient demeurer intangibles [... là encore, quelle troublante analogie avec la mentalité sédévacantiste qui met la très-fumeuse Bulle de Paul IV par-dessus tout raisonnement théologique, même basé sur la constitution divine de l'Église !]» (Dictionnaire historique de la Papauté, Philippe Levillain, art. "Jeanne", p. 954, 2e col.)" (L'impubliable, p. 179).
           
        Les hérétiques de tout poil, qu'évidemment gênaient les condamnations des papes à leur encontre, avaient pris aussi cette voie du "libre-examen" hétérodoxe de la Légitimité pontificale, je le rappelai ainsi dans ma réfutation du guérardisme qui, fidèle fille du sédévacantisme, tombe aussi dans cet hérétique "libre-examen" : "Ne pas professer que la règle prochaine de la légitimité pontificale consiste en la désignation et détermination de la personne du pape par l'Église Universelle, est parfaitement hérétique. Ne nous étonnons donc pas que cette doctrine est parfaitement condamnée et anathématisée dans les hérétiques pré-protestants. Jean Huss, par exemple, condamné par le Concile de Constance, professait : «Ce n'est pas parce que les électeurs [du pape], ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue [pape] ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu» (26ème ERREUR).
           
        "Nous sommes là les pieds en plein dans la double hérésie guérardienne qui professe non seulement que c'est la mise en oeuvre du Bien-Fin de l'Église qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale mais qui en plus s'arroge le pouvoir de juger si le pape opère ou bien non cedit Bien-Fin de l'Église ; or, on vient de le lire, les Pères de Constance anathématisent cette proposition comme étant... hérétique. Wyclif, dans une proposition hérétique similaire, est lui aussi condamné par ce même Concile de Constance, cette fois-ci sous forme de question : "[Les partisans de Wyclif] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ?" (24ème ERREUR). Le Concile de Constance pose cette question aux partisans de Wyclif, précisément parce qu'ils ne croient pas que le pape canoniquement élu est avec certitude le successeur de Pierre, mais que sa légitimité est conditionnée par ses œuvres.
           
        "Il est clair que le Concile de Constance, dans ces deux hérésies, condamne l'affirmation selon laquelle un pape canoniquement élu n'est pas pape avec certitude. Ce qui signifie a contrario qu'on doit reconnaître comme successeur de Pierre la personne canoniquement élue, et que cette dernière l'est avec certitude. Donc, la doctrine de la reconnaissance ecclésiale universelle du pape actuel comme règle prochaine de la légitimité pontificale, est la Foi de toute l'Église, et, dans nos derniers temps modernes, les cardinaux Billot et Journet [qui professaient cette doctrine et dont je rappelais les textes précis dans L'Impubliable], n'ont rien fait d'autre que d'exprimer cette Foi de l'Église, à croire sous peine d'anathème formel" (pages 74, sq. de ma réfutation du guérardisme, ici : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteGuerardismeMisEnForme.pdf).
           
        Les hétérodoxes Spirituels franciscains, Wyclif, Huss, etc. : voilà donc la "tradition" exécrable de l'hérétique "libre-examen" de la Légitimité pontificale qui est suivie par nos survivantistes... "tradition" d'ailleurs sans cesse mise en avant par les sédévacantistes dont les survivantistes sont des clones. On se souvient de leurs élucubrations à propos du conclave ayant élu le pape Paul VI en juin 1963, lorsqu'ils affirmaient que le cardinal Siri avait été élu à sa place mais qu'il avait été forcé dans le sein du conclave par les méchants de dire non à son élection au Siège de Pierre, et donc ce n'était pas Montini-Paul VI qui était pape, mais le cardinal Siri, ou, à tout le moins, ce conclave élisant Paul VI était invalide ! Identiquement, on a de nos jours même un cardinal Burke qui n'a pas été gêné du tout de mettre le doute sur la validité du conclave duquel François est sorti pape, à cause des tractations secrètes et interdites par le droit canon auxquelles se seraient soi-disant livrés certains cardinaux ultra-progressistes, pour mettre au rancart Benoît XVI, trop tradi à leurs yeux, et introniser Bergoglio à sa place. Nonobstant le caractère absolument incertain de cette cabale, dite du "groupe de Saint-Gall", la thèse est de toutes façons caduque par le seul et simple fait dogmatique de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ dûment posé lors de la cérémonie d'intronisation sur la personne de Bergoglio. J'ai dû renvoyer le cher cardinal à l'étude de son digne prédécesseur, le cardinal Billot, autrement plus catholique que lui sur le sujet, pour bien apprendre la leçon de ce fait dogmatique dans mon article Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...? (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/un-schisme-est-il-possible-dans-l-eglise-actuelle?Itemid=483) !!
           
        Corrélativement à cet acte de droit divin de Reconnaissance ecclésiale universelle de leur qualité certaine de vrai Vicaire du Christ actuel, posé sur les successeurs au Siège de Pierre soit de Paul VI (= Jean-Paul 1er, etc.) soit de Benoît XVI (= François), qui invalide l'une et l'autre thèse survivantiste moderne, une autre règle fondée elle aussi sur le droit divin de l'Église confirme et cautionne cette conclusion déjà certaine de l'invalidité de toute thèse survivantiste, à savoir la Note de Visibilité.
           
        Cette Note de Visibilité s'appuie sur la Parole du Christ dans l'Évangile : "Vous êtes la lumière du monde. Une ville située sur une montagne ne peut être cachée" (Matth V, 14). De là, les premiers Pères de l'Église, suivis par les théologiens scolastiques du Moyen-Âge, ont dégagé la Note de Visibilité, c'est-à-dire : tout ce qui a trait directement et immédiatement à l'Église Universelle est obligatoirement visible ou connaissable par tous les fidèles ou universitas fidelium, simplement et sans initiation. Quant à l'Église catholique, cette note théologique est appelée "négative", car d'autres fausses églises peuvent également s'en prévaloir au même titre qu'elle, mais l'Église catholique ne saurait jamais en être départie à aucun moment de sa vie militance ici-bas (les quatre notes positives de l'Église catholique, dites ainsi car elle seule les possède, sont celles que les fidèles professent dans le Credo : 1/ Une, 2/ Sainte, 3/ Catholique et 4/ Apostolique).
           
        Or, cette Note de Visibilité intéresse évidemment beaucoup notre sujet. Tout ce qui regarde directement et immédiatement l'Église Universelle est en effet obligatoirement doté de cette Note de Visibilité. Au premier chef, c'est bien le cas de le dire : la Légitimité pontificale. Tout ce qui concerne donc la légitimité ou l'illégitimité d'un Pontife romain doit être immédiatement et directement visible de tout fidèle catholique, connaissable par l'universitas fidelium, de la manière la plus simple et sans aucune initiation nécessaire (ce que, soit dit en passant, ne contredit nullement l'épisode calamiteux du grand-schisme d'Occident : le vrai pape était théologiquement très-certainement connu, c'était le violent Urbain VI, qui allait jusqu'à menacer de soumettre à la torture physique, à la question, les cardinaux qui lui déplaisaient, et ce n'est seulement qu'ad hominem, selon les passions humaines qui se déchaînèrent alors, envenimées par les intérêts politiques, qu'on peut dire qu'il y eût doute sur la personne du pape de l'époque... saint Vincent Ferrier y rajoutant d'ailleurs étrangement son grain de sel fort peu éclairé et éclairant puisqu'il souscrivit à l'obédience d'un anti-pape !)La raison théologique de cette Visibilité quant à la Légitimité pontificale est des plus évidentes : "Nous déclarons, disons, définissons et prononçons qu'il est absolument nécessaire au salut, pour toute créature humaine, d'être soumise au pontife romain", rappelait en effet le pape Boniface VIII dans sa célèbre Bulle Unam, Sanctam, et il en est ainsi parce que le pape actuel est règle vivante prochaine de la Foi pour TOUS. Puisque je dois suivre mon pape, le pape actuel, pour être sauvé, il faut donc d'abord qu'il me soit visible, que je sache qui il est de la manière absolument la plus obvie et simple du monde... car je peux très-bien m'appeler GrosJean, l'innocent du village, son bredin, mais concerné lui aussi par cette règle de salut universel intangible.
           
        On comprend dès lors que cette Note de Visibilité invalide tout le raisonnement survivantiste : par le fait même que la survivance, soit physique de Paul VI soit théologique de Benoît XVI, si on les prend l'une l'autre comme hypothèses vraies, n'est pas directement et immédiatement connue par l'universitas fidelium, sans intermédiaire ou initiation pointue, il est formellement prouvé que la thèse survivantiste est radicalement fausse.
           
        Supposons en effet que le raisonnement de Cionci soit vrai, à savoir que Benoît XVI aurait volontairement arrangé sa déclaration de démission pour qu'elle soit vraiment invalide. Immédiatement et directement dans l'âme de tout fidèle, le Saint-Esprit se devait d'en faire la révélation claire et simple, d'une manière ou d'une autre (le Saint-Esprit, en effet, n'avait pas plus le bras raccourci le 11 février 2013 qu'en n'importe quelle autre époque de l'Église militante...). Théologiquement, il est tout-à-fait impossible de supposer ce que Cionci suppose, à savoir que l'invalidité de la démission de Benoît XVI soit une chose occulte, invinciblement cachée aux yeux des fidèles quels qu'ils soient, pendant huit longues années, au bout desquelles seulement les spécialistes seuls commenceraient à découvrir laborieusement cette prétendue invalidité goupillée par Benoît XVI dans sa déclaration de démission, en attendant que quelqu'un la... dégoupille comme une grenade ! D'autant plus que, comme nous venons de le voir, un fait dogmatique, celui de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur la personne de Bergoglio, est intervenu entre-temps. Or, tout fait dogmatique doté de soi de l'infaillibilité est la Parole du Saint-Esprit dans son Église, qui donc désigne par lui, comme Pontife romain actuel, Jorge-Mario Bergoglio, et faut-il rappeler que le Saint-Esprit ne peut ni Se tromper ni nous tromper. Puisqu'on a donc la certitude de Foi, de fide, qu'au moins à partir du 19 mars 2013, date de l'intronisation de Jorge-Mario Bergoglio au Siège de Pierre qui a intégré ce fait dogmatique, François était bien le vrai pape actuel de l'Église catholique, il est donc par-là même impossible de supposer que le Saint-Esprit propose infailliblement à la Foi de tous les fidèles de l'orbe catholique la personne de Bergoglio comme Vicaire actuel du Christ si l'acte de démission de Benoît XVI était invalide, c'est-à-dire si Benoît XVI était toujours le seul vrai pape actuel de l'Église : ce serait supposer que le Saint-Esprit se trompe et nous trompe.
           
        De la même manière, pour les survivantistes première mouture, celle de Paul VI, ils supposent la conversion de Paul VI qui se serait repris des graves erreurs de Vatican II. Et c'est cette (prétendue) conversion qui construit tout leur survivantisme autour de Paul VI : 1/ il est converti ; 2/ les cardinaux franc-maçons qui l'entourent le remplacent par un sosie ; 3/ lorsque le sosie meurt en 1978, le vrai Paul VI survit mystérieusement, anonymisé, dans un lieu inconnu de tous, mais la Providence divine le re-manifestera publiquement pour renverser toute l'iniquité des modernistes occupant après lui toute l'Église, à commencer par le Siège de Pierre, en dénonçant tous les anti-papes qui l'auront supplanté illégitimement à partir de Jean-Paul 1er, etc. Et donc, tous les papes qui sont élus après lui ne sont évidemment que des anti-papes, à commencer par Jean-Paul 1er pour finir bien sûr par François. Le scénario de fond est exactement le même pour Cionci : il suppose dans son texte que la manifestation à toute l'Église de l'invalidité de la démission de Benoît XVI va renverser non moins, et c'est son plan "B", l'iniquité des modernistes cristallisée autour de François, en révélant bien entendu que celui-ci est un anti-pape...
           
        Mais s'impose à nos survivantistes première mouture le fait indéniable suivant, que d'ailleurs eux-mêmes ne récusent pas : la (prétendue) conversion de Paul VI... est parfaitement inconnue de l'universitas fidelium. Selon la thèse développée par eux, cette (prétendue) conversion doit être un fait accompli dans l'année 1972, et même avant, car toujours selon eux, c'est dès après la parution de la nouvelle messe en 1969 que Paul VI se serait soi-disant rendu compte qu'il avait été floué par le trouble Mgr Bugnini, concepteur de ce nouvel Ordo Missae, et qu'il commence à revenir à la vraie Foi ; donc, en 1972, selon la thèse, cette conversion est largement un fait accompli. Le problème, même si l'on accepte l'hypothèse de cette (prétendue) conversion, c'est qu'elle a lieu dans le privé, dans l'occulte le plus total par rapport à l'Église Universelle et à l'universitas fidelium. Or, puisque cette (prétendue) conversion regarde éminemment les destinées de l'Église Universelle, car elle entraîne en effet dans son sillage le sosie, puis la survivance du vrai Paul VI après la mort du sosie, et surtout et enfin des anti-papes sur le Siège de Pierre, ce qui regarde immédiatement et directement l'Église Universelle, elle doit être obligatoirement dotée de la Note de Visibilité. Il est en effet bien facile de comprendre que si cette (prétendue) conversion de Paul VI reste inconnue de l'Église Universelle, alors le Saint-Esprit sera obligé d'apporter sa caution divine infaillible aux élections pontificales qui suivront la mort officielle dudit Paul VI. Se trompant donc, et trompant tout le monde...
           
        Et c'est là que le bât blesse, car cette (prétendue) conversion de Paul VI n'a jamais été manifestée à l'Église Universelle. Ce simple constat prouve formellement que ladite conversion n'existe pas, qu'elle est une pure affabulation de nos survivantistes première mouture (qui sont d'ailleurs complètement incapables de montrer un acte ou une parole, magistériels ou non, de Paul VI prouvant cette soi-disant conversion, de juin 1963 à mai 1975, date de la première apparition du sosie en public, selon la thèse ; or bien sûr, qui dit sosie, dit que Paul VI doit être converti avant !). En effet, le syllogisme est simple : puisque la conversion de Paul VI regarde les destinées de l'Église Universelle (car elle va susciter en finale la survivance occultée de Paul VI et subséquemment la création d'anti-papes sur le Siège de Pierre), elle doit être obligatoirement dotée de la Note de Visibilité pour toute l'universitas fidelium. Afin que tout fidèle puisse ne pas être trompé lorsque les anti-papes occuperont le Siège de Pierre ; afin que les cardinaux, au courant de cette conversion, puis de ce qui s'en est suivi, à savoir le remplacement du vrai Paul VI par un sosie et sa survie mystérieuse après la mort du sosie, puisse s'abstenir de poser l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur un anti-pape. Et le Saint-Esprit ne peut que rendre publique et connue de tous les fidèles cette (prétendue) conversion de Paul VI, sous peine d'être obligé de reconnaître des anti-papes comme papes véritable sur le Siège de Pierre, après la mort du sosie qu'on fera passer pour Paul VI. Or, puisque cette conversion qui doit être obligatoirement manifestée à l'Église Universelle sous peine de voir "les portes de l'enfer prévaloir contre elle", ne l'est pas, c'est donc qu'elle n'existe pas. Il n'y a pas de conversion de Paul VI, pas de sosie subséquent, pas de survivance non plus, et Paul VI meurt bien en 1978. Et c'est pourquoi le Saint-Esprit a pu cautionner de son Autorité divine les successeurs de Paul VI sur le Siège de Pierre comme vrais et authentiques Vicaires du Christ, par l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle.
           
        On se retrouve donc là, une fois de plus, avec le même cas de figure que dans la survivance seconde mouture : la (prétendue) conversion de Paul VI fonctionne dans l'occulte par rapport à l'Église Universelle, de la même façon que la (prétendue) invalidité de la déclaration de démission de Benoît XVI fonctionne elle aussi dans l'occulte. Cela signifie, et c'en est une preuve formelle, que ni l'une ni l'autre ne peuvent exister.
           
        Ce que d'ailleurs le fait magistériel prouve, quant à la (prétendue) conversion du pape Paul VI. Et souvenons-nous que contra factum, non argumentum, contre les faits, on n'argumente pas. En effet, la fameuse allocution de Paul VI du 29 juin 1972, date à laquelle selon la thèse il doit être pleinement converti montre... qu'il ne l'est aucunement ! Dans cette Allocution en effet, le pape Paul VI croit même toujours tellement à l'inspiration divine de "son" Vatican II chéri, qu'il va jusqu'à oser soutenir que le concile moderne a permis à l'Église, excusez du peu, de... "reprendre pleinement conscience d'elle-même" ; c'est-à-dire qu'avant Vatican II, l'Église avait perdu la conscience de ce qu'elle était pleinement, et, grâce à Vatican II, elle a salutairement repris conscience de ce qu'elle est pleinement et véritablement !!! Soit dit en passant et puisque je suis sur le sujet, Andrea Cionci se trompe dans son exposé lorsqu'il évoque la "fumée de Satan entrant dans l’Église (Paul VI)" faisant là une évidente allusion à cette allocution du 29 juin 1972 ; or, Paul VI, dans cette Allocution, parlait de "la fumée de Satan dans le peuple de Dieu", et non dans l'Église, et de plus, fort loin d'évoquer par-là une intrusion du mysterium iniquitatis propre à la fin des temps dans l'Église, il disait tout au contraire que cette "fumée de Satan" avait empêché le peuple de Dieu... de bien réceptionner le bon concile Vatican II !! On ne perdra pas son temps en lisant cette Allocution, qui fait bien voir que Paul VI n'est nullement converti en plein milieu de l'année 1972 (http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-16356283.html), époque à laquelle le survivantiste première mouture s'abuse en voulant y voir un Paul VI converti.
           
        Conclusion générale. Je viens donc de démonter à la racine, in radice, par le droit divin de l'Église, la thèse pontificale survivantiste qui consiste essentiellement à professer que Paul VI//Benoît XVI (rayez la mention inutile) est le SEUL pape actuel de l'Église catholique existant, François, quant à lui, ne l'étant PAS DU TOUT, n'étant qu'un anti-pape. Or, la première vérité pontificale de notre situation enseignée infailliblement par le droit divin de l'Église, que je prends à bonne tâche de bien remettre sur le chandelier dans la Maison de Dieu parce qu'il est complètement subverti par les hétérodoxes thèses survivantistes, est que François est CERTAINEMENT VRAI PAPE, et que le pape antérieur, qu'il soit Paul VI ou Benoît XVI, ne peut absolument pas être, l'un ou l'autre, SEUL VRAI PAPE ACTUEL. Et c'est là le grand schisme de nos survivantistes, que de le professer.
           
        C'est là en effet que se situe la grande faute du survivantiste, qui se fait illusion, sous prétexte qu'il adhère à un pape du passé, qu'il n'est pas sédévacantiste... alors qu'il l'est formellement ! En effet, est sédévacantiste tout fidèle qui n'adhère pas au pape ACTUEL, celui désigné comme on l'a vu par le droit divin de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur telle personne, qui s'avère être, pour nos jours, le pape François. Donc, celui qui n'adhère pas au pape François sous prétexte qu'il adhère à un pape du passé, tombe formellement dans l'hérésie sédévacantiste. Le survivantiste est en réalité un sédévacantiste.
           
        Le survivantisme première mouture, autour de Paul VI, s'avère être d'ailleurs une fumisterie complète, une super-supercherie, de la poudre de perlimpinpin sans rien de réel : puisqu'il n'y a pas eu conversion de Paul VI, ce dont on est absolument sûr puisqu'il n'y en a eu aucune révélation faite à l'Église Universelle comme ç'aurait dû être obligatoirement le cas si elle avait existé, et que d'autre part c'est factuellement prouvé par l'Allocution du 29 juin 1972 comme on vient de le voir, il s'en déduit donc qu'il n'y a pas eu de sosie (qui n'a de raison d'être que si Paul VI est converti et mis au rancart par des cardinaux franc-maçons), et encore moins de survivance du vrai Paul VI escamoté, après la mort du sosie. Rien n'est vrai dans cette thèse survivantiste, ce n'est qu'un pur montage pseudo-prophétique sur du vent, de la fumée d'opium.
           
        Par contre, le survivantisme seconde mouture, autour de Benoît XVI, pourrait avoir une apparence de raison, à cause de la situation réelle du Souverain Pontificat actuel, fonctionnant en bi-double, à épeler au présent composé, ainsi que je l'ai exposé au mieux je pense dans mon article Feedback sur le pape Benoît XVI ou le mystère de la papauté bicéphale actuelle éclairé et résolu par "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=154).
           
        On est déjà sûr d'une chose : là où ce second survivantisme pontifical est complètement faux, lui aussi, c'est lorsqu'il professe, comme le premier survivantisme le fait quant à Paul VI, que Benoît XVI est le SEUL VRAI PAPE ACTUEL DE L'ÉGLISE, François, quant à lui, NE L'ÉTANT PAS DU TOUT. Mais la thèse est infiniment différente, et là ce n'est plus du tout du survivantisme, si l'on dit : LE VRAI PAPE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE ACTUEL EST CERTES FRANÇOIS, MAIS BENOÎT EN ASSUME LUI AUSSI, LUI ENCORE, UNE MYSTÉRIEUSE PORTION, BIEN RÉELLE, À CAUSE DE L'ÉCONOMIE DE LA PASSION QUE VIT ACTUELLEMENT L'ÉGLISE.
           
        Nous sortons là de l'extrémisme survivantiste hérétique, pour "rentrer dans vos Parvis, Seigneur" comme dit le Psalmiste, c'est-à-dire pour vivre de la vérité vraie de la situation ecclésiale-pontificale actuelle, qui procure le salut.
           
        Éh bien ! C'est précisément là où j'admire beaucoup le pape Benoît XVI. Il ne cesse de nous dire comme il peut, depuis huit ans maintenant, la vérité de cette seconde thèse, il nous montre à tous, quasi seul comme le fut en son temps Franz Jägerstätter dans son combat contre le nazisme, une fidélité héroïque à la vérité crucifiée de la situation pontificale actuelle, absolument confondante et très-édifiante, que bien peu comprennent. Il a vécu en 2013 une crucifixion absolue de sa fonction pontificale qui l'a absolument obligé à démissionner personnellement, mais contre sa volonté, qui était de toujours tenir la Charge pontificale suprême. Or, lorsqu'on est crucifié, on ne peut pas le dire explicitement, c'est une chose qui ne peut pas se dire parce qu'elle est tellement contraire à la nature humaine, que même si elle était dite crûment elle ne serait pas comprise par l'interlocuteur, ça ne peut que se laisser deviner. Et Benoît XVI, depuis huit ans, ne cesse d'essayer de nous le faire deviner sans jamais faillir...
           
        Quand on y est soumis, à la crucifixion et à la Passion, on ne peut en effet le dire que négativement, à mots couverts et chuchotés, qu'en insinuant seulement, le plus qu'on peut, cette crucifixion à son interlocuteur qui, dans notre cas, pour Benoît XVI, s'avère être... le monde catholique tout entier. Et c'est exactement l'attitude de Benoît XVI, invariablement, depuis huit ans. Il suggère très-fort à tous sa crucifixion pontificale, mais il ne peut pas faire plus que de le suggérer. On le voit dire invariablement, sans jamais bouger son message : "Il n'y a qu'un seul pape", mais il ne le nomme JAMAIS parce que, d'une manière écartelée, crucifiée, il sait qu'il en assume toujours une mystérieuse fonction, l'unicité théologique de ce pape UN étant à épeler au présent composé de nos jours. D'où tout son comportement très-pontifical depuis huit ans, que j'ai souligné dans mon dernier article, et dont d'ailleurs tout le monde est maintenant parfaitement conscient. C'est lui le pape crucifié, ce n'est pas du tout Paul VI comme l'ont cru à grand'tort les adeptes survivantistes première mouture... Voilà ce qu'a très-bien compris en tous cas Andrea Cionci, qui écrit : "Mettons un frein à notre curiosité afin d’agir comme il se doit. Il arrive parfois qu’une personne demande de l’aide de manière voilée et mystérieuse, comme dans le cas classique de la femme qui appelle la police en commandant une pizza pour ne pas être découverte par son partenaire violent. Dans ces cas, nous devons tout d’abord prendre note du fait que 1) dans les messages, il y a quelque chose d’étrange qui ne colle pas 2) la personne est probablement en difficulté 3) de toute évidence, elle ne peut pas parler clairement 4) elle doit avoir ses raisons de demander de l’aide de manière sibylline". C'est exactement en effet, la situation morale crucifiée où se trouve Benoît XVI depuis 2013.
           
        "Il n'y a qu'un seul pape" mais Benoît XVI ne dit pas qui il est, et cela laisse entendre qu'il en assume toujours une fonction. Mgr Gänswein, son secrétaire, a fort bien formulé cela dans sa mémorable conférence de 2016, en ces termes : "Par conséquent, depuis le 11 Février 2013, le ministère papal n'est plus celui d'avant. Il est et reste le fondement de l'Église catholique ; et pourtant, c'est un fondement que Benoît XVI a profondément et durablement transformé dans son pontificat d'exception (Ausnahmepontifikat). (...) Comme à l'époque de Pierre, aujourd'hui encore l'Église une, sainte, catholique et apostolique continue d'avoir un unique Pape légitime. Et pourtant, depuis maintenant trois ans, nous vivons avec deux successeurs de Pierre vivant parmi nous, qui ne sont pas dans un rapport de concurrence l'un avec l'autre, et pourtant tous les deux avec une présence extraordinaire ! Beaucoup continuent à percevoir aujourd'hui encore cette nouvelle situation COMME UNE SORTE D'ÉTAT D'EXCEPTION VOULU PAR LE CIEL".
           
        ... Mais je m'aperçois que si je continue mon propos, je vais marcher sur les brisées de mon article Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., je vais donc faire une reprise de la partie la plus forte de cet article, ici :
           
        "Pourquoi, alors que la théologie catholique a des règles extrêmement claires et précises quant à la Légitimité pontificale, la situation pontificale actuelle ne peut-elle s'encadrer dans aucune de cesdites règles ?!?
           
        "Éh bien, la réponse est simple, mais elle demande et exige toute la force, le courage et l'énergie de la Foi vive, pour la formuler, et aussi, et surtout, pour... l'accepter. Car s'il en est ainsi, c'est parce que les cadres structurels de l'Église sont explosés, ce qui se constate non pas seulement au niveau de la doctrine ou des mœurs, avec François, mais à tous les autres niveaux ecclésiaux dont celui de la Légitimité pontificale, avec Benoît. Et ils sont tous explosés-implosés, parce que nous vivons «LA PASSION DE L'ÉGLISE». Et que toute crucifixion inhérente à la Passion atteint et écartèle mortellement la substance de l'être qui est crucifié, ici, celui de l'Église.
           
        "Ce n'est donc pas sur un plan théologico-canonique qu'il faut raisonner l'incroyable situation pontificale actuelle bicéphale, c'est sur un plan mystique, et pas n'importe quelle mystique mais la mystique de la Passion. SEULE L'ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST PERMET DE COMPRENDRE L'ARTICULATION DU BI-PONTIFICAT ACTUEL, UNE ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST QUE VIT DE NOS JOURS SON ÉPOUSE, L'ÉGLISE, ET BIEN SÛR ÉMINEMMENT, LE SIÈGE DE PIERRE. C'est donc «LA PASSION DE L'ÉGLISE», telle que j'en fais l'exposé très-approfondi sur mon site, et elle seule, qui va lever toute obscurité, qui va expliquer en toute clarté surnaturelle la signification profonde de l'inédite situation bi-pontificale actuelle.
           
        "Voici en effet la raison de la démission du pape Benoît XVI, à la genèse très-profonde du bi-pontificat actuel : à un moment donné de son pontificat, Benoît XVI a soudain ressenti une MISE À MORT RADICALE DE SA FONCTION PONTIFICALE, une sorte de Gethsémani brutal, impossible à éviter, comme présenté par la Main de Dieu, ainsi que l'a vécu Jésus en prenant son agonie de «la Volonté de son Père», lui faisant vivre et mourir à la fois une kénose, un anéantissement complet de sa personne pontificale (l'affaire des VatiLeaks, qui n'a pas du tout été élucidée dans ses raisons profondes, en est probablement un vecteur important, comme aussi cette très, très étrange et soudaine mise en interdit bancaire de tout l'État du Vatican, dans ces mêmes jours, chose JAMAIS arrivée, notons-le avec soin, ni avant ni non plus après jusqu'à présent...). Se sentant radicalement mis à mort en tant que pape, il a raisonné de cette façon : puisque je suis maintenant pontificalement mort, je ne peux plus continuer à assumer la Charge de saint Pierre ; un mort ne peut plus poser des actes de vivants ; je dois donc démissionner. Mais je dois démissionner non pas parce que je ne suis plus pape, mais uniquement parce qu'un pape mystiquement mort ne peut plus remplir la fonction d'un pape vivant. Par conséquent, celui qui me remplacera sur le Siège de Pierre sera lui aussi pape, mais je ne cesserai pas de l'être quant à moi.
           
        "Le pape Benoît XVI a vraiment vécu LA MORT MYSTIQUE DU CHRIST EN CROIX, soudain, à un moment donné de son pontificat. C'est tout le sens de cette «visite mystique» qu'il a évoquée en des termes pudiques et très-discrets après sa démission, dont il explique ainsi la cause : «'C’est Dieu qui me l’a dit'. C’est ainsi que Benoît XVI aurait répondu à la question d’un hôte qui, lui rendant visite dans sa retraite au cœur du Vatican, l’interrogeait sur sa décision de renoncer à la charge pontificale, en février 2013. Selon le site d’informations catholique Zenit, qui a publié ces propos le 19 août, le pape émérite aurait évoqué une 'expérience mystique' à l’origine de ce choix. (...) Il a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une apparition ou d’un phénomène analogue, mais bien d’une 'expérience mystique' au cours de laquelle le Seigneur avait fait naître en lui le 'désir absolu de rester seul à seul avec Lui, recueilli dans la prière'. Selon la source citée par Zenit, le pape émérite aurait également affirmé que cette 'expérience mystique' s’était poursuivie au cours des mois suivants, le confortant dans son choix» (La Croix, 21 août 2013).
           
        "Une crucifixion de sa personne pontificale allant jusqu'à la mort mystique, c'est la seule raison profonde et véridique de sa démission du Siège de Pierre. Elle n'a rien à voir avec la raison dilatoire, en vérité parfaitement fausse, évoquée par lui-même lors de sa démission, à savoir une santé physique déficiente, une «vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié» (sic). Car on a bien la preuve, maintenant, sept longues années après sa démission de février 2013, que son soi-disant mauvais état de santé de l'époque était un faux prétexte : non seulement son physique l'a maintenu en vie jusqu'à 92 ans, ce qui n'est pas banal et montre par le fait même qu'il ne pouvait qu'être en bonne santé générale sept ans auparavant, mais il l'a maintenu dans une vigueur intellectuelle universellement reconnue, puisqu'aussi bien il est encore capable, à passé nonante comme disent les Suisses, de contrebalancer l'énergique pape François (pardon, j'allais écrire : l'énergumaniaque) ! Et, soit dit en passant, la mauvaise santé n'a jamais été, pour les papes, une raison valable pour démissionner, le code de Droit canon ne prévoit rien de ce côté-là, qu'il soit l'ancien ou le moderne ; on a d'ailleurs l'exemple édifiant, dans l'Ancien-Régime, d'un pape devenu aveugle et qui n'en a pas moins continué à assumer intégralement la fonction pontificale jusqu'à sa mort, sans que personne à commencer par lui-même, ne pensât à l'abdication de la Charge pontificale.
           
        "Ce n'est donc pas la santé physique de Benoît XVI qui était déficiente, mais le modus de crucifixion où il a senti sa personne pontificale être plongée brutalement sans retour, qui l'a mis, de force et contre sa volonté personnelle, dans l'empêchement radical de continuer à être le pape en exercice vivant de la Charge de Pierre. Et c'est précisément à cause de cette raison mystique, qu'il a, présentement, la conscience intime, dans le fond de son âme, d'être toujours pleinement et vrai pape [... mais pas le seul, comme les survivantistes seconde mouture le traduisent hérétiquement, de leur côté ! Admirons, justement, comme Benoît XVI sait fort bien se tenir dans ce juste milieu du Saint-Esprit qui est le chemin des crêtes : après avoir dit "il n'y a qu'un seul pape", non seulement il ne rajoute pas "c'est François", mais pas plus "c'est moi-même", comme Cionci voudrait le lui faire dire !]. Car subir de force contre sa volonté personnelle une crucifixion dans sa fonction pontificale ne saurait pas être une raison de démission. BIEN AU CONTRAIRE. Subir une crucifixion dans sa légitime vocation, qu'on a embrassée avec amour et générosité, et ce fut le cas de Joseph Ratzinger quant à la Charge de saint Pierre, enracine encore plus dans l'être qui la subit contre sa volonté, ladite vocation. L'être moralement et spirituellement digne qu'est éminemment Joseph Ratzinger perçoit la crucifixion de sa Charge pontificale dont il est victime comme un enracinement encore plus fort dans cette dite Charge. C'est pourquoi, après 2013, Benoît XVI se sent plus pape que jamais, il se sent même plus pape qu'avant de subir cette crucifixion forcée de sa fonction pontificale.
           
        "C'est toute cette situation extra-ordinaire au sens le plus vrai et le plus fort du terme, qu'il a tâché de traduire et d'exprimer tant bien que mal dans une langue juridico-politique, en empruntant à Carl Schmitt, un philosophe allemand, sa thèse sur «l'état d'exception», Ausnahmepontifikat, dont nous a parlé en son nom Mgr Gänswein dans sa très-mémorable conférence de 2016" (fin de citation).
           
        Je commente maintenant une fausseté de Cionci : "Les thèses du frère Alexis Bugnolo exposait pour la première fois comment les erreurs latines insérées dans la Declaratio de «démissio» avaient été insérées par le pape non par hasard, mais pour attirer l’attention sur une abdication qui n’a jamais eu lieu". Thèse fausse : il est tout-à-fait possible de dire que Benoît XVI a volontairement mal rédigé son abdication, cela, d'accord, je le croirai volontiers, mais ce n'est pas pour qu'elle soit frappée d'invalidité, c'est juste pour attirer l'attention sur son état pontifical crucifié, sans cependant vouloir toucher à la validité de ladite abdication. Car je rappelle que nous avons théologiquement la preuve, comme je l'ai expliqué plus haut, que la démission ne peut qu'être valide puisqu'est intervenu ultérieurement en Église un fait dogmatique qui la prend pour base, à savoir la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur la personne de Bergoglio. Comme disait lui-même notre journaliste italien : "Il arrive parfois qu’une personne demande de l’aide de manière voilée et mystérieuse. Dans ces cas, nous devons tout d’abord prendre note du fait que 1) dans les messages, il y a quelque chose d’étrange qui ne colle pas 2) la personne est probablement en difficulté 3) de toute évidence, elle ne peut pas parler clairement 4) elle doit avoir ses raisons de demander de l’aide de manière sibylline". C'est précisément ce qu'aura fait Benoît XVI en rédigeant volontairement mal sa déclaration de démission... mais il ne faut pas en tirer plus que cela, plus qu'une bouteille lancée à la mer avec un gros message dedans.
           
        Dans un nouveau post sur son blog, Cionci et l’imbroglio de la "démission" de Benoît XVI, du 10 mai courant, écrit le lendemain même du premier post 11 février 2013 : la vraie fausse démission exposant le 9 mai la thèse survivantiste de Cionci, qui m'a décidé à écrire cet article (... décidément !, je ne sais pas si je vais arriver à suivre une actualité aussi brûlante !!), la rédactrice anonyme de Benoît & moi renchérit sur les thèses de Cionci. Que nous apprend-elle de nouveau sur le sujet ?
           
        Que sur son blog Libero, notre journaliste italien se triture sec la cervelle pour tâcher de démontrer que Benoît XVI n'a pas abdiqué son munus. Malheureusement pour lui, tout son raisonnement est faux, à la base. Théologiquement, en effet, il est rigoureusement impossible qu'un nouveau conclave puisse être approuvé par le Saint-Esprit au moyen du fait dogmatique de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur un nouveau pape, si le pape précédent a seulement abdiqué son ministerium mais pas son munus, comme il veut le croire. Il ose écrire cette énormité : "Si un pape vivant n’abdique pas son munus en se dépouillant complètement, un autre conclave ne peut être convoqué. Toujours d’un point de vue théologique, l’Esprit Saint ne dirige pas l’élection du pape lors d’un conclave illégitime, ni ne l’assiste". Mais, mais... que fait donc notre Cionci de la Note de Visibilité ?! Il n'en a pas conscience, c'est trop évident. Est-ce que notre journaliste, piètre théologien apparemment, se rend bien compte de ce qu'il dit ?! Cionci suppose que le Saint-Esprit tromperait TOUS les fidèles catholiques en leur proposant un nouveau pape qui ne le serait pas... sans rien leur dire, sans leur dire qu'il n'est pas pape !! Car tout conclave en effet, est systématiquement et obligatoirement finalisé, scellé, par le fait dogmatique de la reconnaissance ecclésiale universelle du nouvel élu au Siège de Pierre, où le Saint-Esprit engage formellement et publiquement son Autorité divine devant toute l'Église... Impossible donc de supposer, si Benoît XVI est toujours en possession du munus pontifical, qu'un nouveau conclave puisse se réunir et aller jusqu'au bout de l'acte conclavique, c'est-à-dire jusqu'au fait dogmatique engageant formellement l'Autorité divine du Saint-Esprit sur une autre personne de nouveau pape...
           
        Remettons les pieds sur terre. Si Benoît XVI avait en effet conservé le munus pontifical, alors il serait impossible que ce fait dogmatique par lequel le Saint-Esprit engage formellement son Autorité divine, puisse être posé sur la personne de son successeur, pour le réputer vrai pape, verus papa, devant toute l'Église, universitas fidelium. Or, le 19 mars 2013, ce fait dogmatique a été posé sur Jorge-Mario Bergoglio, dont, par-là même, on sait donc de Foi, de fide, qu'il possède le munus qui est le fondement théologico-canonique qui fait le vrai pape. François, et c'est à croire de Foi je le répète, possède le munus, et puisqu'il possède le munus, il possède donc aussi le ministerium, car celui-ci est une émanation du munus qui ne saurait théologiquement être dissocié de lui, ne pouvant être possédé que par la même personne pontificale qui est en possession du munus (théologiquement en effet, on ne saurait supposer le munus aux mains d'une personne de pape, quand le ministerium serait aux mains d'une autre personne de pape...)Ce qui signifie que, sur le strict plan du droit théologique fondamental que je rappelle ici, Benoît XVI n'a plus rien du tout qui fait le vrai pape (j'en suis désolé pour Cionci, mais il a tout faux partout). Et c'est pourquoi j'écrivais dans mon article Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., comme je le rappelais ci-dessus : "Ce n'est donc pas sur un plan théologico-canonique qu'il faut raisonner l'incroyable situation pontificale actuelle bicéphale [comme le fait Cionci], c'est sur un plan mystique, et pas n'importe quelle mystique mais la mystique de la Passion. SEULE L'ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST PERMET DE COMPRENDRE L'ARTICULATION DU BI-PONTIFICAT ACTUEL".
           
        La vérité de notre situation bi-pontificale actuelle, c'est que nous avons un pape crucifié (Benoît XVI) et un pape crucificateur (François), chose extra-ordinaire qui ne peut arriver que lorsque l'Épouse-Église du Christ est écartelée sur la croix de sa Passion, vivant son Vendredi-Saint...
           
        Mais, après avoir tiré le vin, il faut le boire, vider le calice de Gethsémani jusqu'au fond de la coupe, il faut continuer l'explication, aller jusqu'au bout du mysterium iniquitatis. Pour cela, élevons notre esprit pour prendre une vue panoramique de la situation : dans la période moderne, qui commence à la fin de la Révolution, nous avons donc dans l'Église toute une longue litanie de papes légitimes mais antéchristisés, d'abord sur le seul plan des Mœurs (auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle), puis sur celui des Mœurs et de la Foi, et de plus en plus et de pire en pire plus les temps avancent vers le grand dénouement fatidique. Tous ces papes antéchristisés ne le sont cependant que matériellement, comme je le disais plus haut en commençant ces lignes, c'est-à-dire en toute inadvertance de promouvoir en Église la doctrine de l'Antéchrist, quand bien même ils le font tous, peu ou prou, de Pie VII à François, durant seize pontificats. Pour aboutir en finale à notre situation presque incroyable d'un Pontificat au présent composé avec un pape crucifié et un pape crucificateur.
           
        Et alors, quelle est la suite ? La suite... ô suprême abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, c'est, en finale de la finale, que le dernier pape légitimement intronisé de l'Église catholique sera l'Antéchrist-personne lui-même, pour transformer ce péché matériel de tous les papes modernes, en un péché formel. Ce qui aura comme conséquence immédiate, négative, de faire mourir l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre, mais encore, conséquence positive, de faire revenir le Christ en Gloire sur les Nuées du Ciel, pour ressusciter l'Église dans la nouvelle économie de salut qu'Il instaurera dans le monde, celle du Millenium.
           
        Voilà la vérité prophétique concernant les destinées de notre Église. Cela révulse certes les sédévacantistes, et parmi eux les survivantistes... Car pourquoi ont-ils créé leurs thèses hérétiques puis schismatiques quand ils les mettent en œuvre ? Pour refuser que l'Église-Épouse du Christ soit livrée aux mains de l'Impie comme le Christ le fut de son temps lors de sa Passion. Ils ne veulent pas que l'Église souffre la mâlemort sous l'Impie, ils ne veulent pas qu'elle en meurt (comme disait André Frossart : "Ils veulent faire la Volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu"). Mais alors, s'il en est ainsi, s'ils ne veulent pas de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" incluant sa mort par et sous l'Antéchrist-personne l'ayant complètement investi, alors, alors, ils ne veulent donc pas non plus qu'elle... ressuscite après sa mort ! Voilà ce qu'ils ne comprennent pas, à l'instar des pharisiens idolâtrant leur économie de salut en cours, celle synagogale-mosaïque. C'est pourquoi, en finale de leur survivantisme hérétique et schismatique, ils se sont bâtis la thèse d'un "dernier pape souffrant à la fin des temps". Comprenons-les bien : il s'agit, pour eux, d'un pape qui n'est pas "fait péché pour le salut", en d'autres termes, qui ne vit nullement la vraie "PASSION DE L'ÉGLISE", mais qui souffrirait une persécution uniquement par des ennemis extra muros, sans être lui-même, à l'instar du Christ, un acteur co-Rédempteur "fait péché pour le salut". Cependant, cette thèse d'un "dernier pape souffrant de l'Église" est un pur mythe obscurantiste, au même titre que la thèse du "règne du saint pape et du grand monarque".
           
        La vérité, c'est que le dernier pape de l'Église catholique dans son économie de salut actuelle sera... l'Antéchrist-personne lui-même (cf. mon article qui l'explique, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        Pour bien comprendre qu'il en sera ainsi, nous avons, pour aider la faiblesse et la timidité de notre Foi, l'exemple magistral qui nous est donné par la Providence divine dans la fin de l'Église synagogale-mosaïque aux temps du Christ. Méditons avec soin cette fin terrible et implacable, qui est une vraie prophétie de ce que va être prochainement la nôtre :
           
        Pour cela, mettons-nous à la place d'un juif pieux vivant aux temps de Jésus. Ce juif sait que le Messie doit venir en son temps, et, priant, souffrant, il attend ardemment qu'il advienne en ce très-bas monde pour opérer son salut. Lorsque Jean le Baptiste se lève, il comprend qu'il n'y en a plus pour très-longtemps, car Jean se dépeint comme le Précurseur, l'Élie du Messie. Il reçoit donc avec empressement et en grande piété le baptême de Jean, travaillant le plus qu'il peut à sa conversion personnelle, rendant droits dans son âme les sentiers tortueux, y rabotant les orgueilleuses montagnes, y comblant les molles vallées. Quelque court temps après, il voit Jean le Baptiste désigner Jésus comme étant Celui qui doit venir. Se mettant à son écoute, voyant ses miracles, goûtant surtout son enseignement divin et plus encore le charisme tout divino-humain de sa Personne parfaite, il comprend tout-de-suite que c'est Lui, le Messie attendu, et il Lui donne sans retour et complètement toute sa Foi, tout son amour et toute sa vie. Cependant, parallèlement à cela, notre pieux juif ne peut s'empêcher de prendre acte, dans la grande douleur de son âme, de l'inimitié complète des grands-prêtres et des anciens à l'égard de Jésus. Il ne comprend vraiment pas, il en souffre. Il sait que les grands-prêtres sont les légitimes successeurs de Moïse, qu'ils sont donc investis du charisme de l'infaillibilité et de la prophétie attaché à leur haute fonction, il voudrait leur faire entière confiance quant à la voie du salut, mais il ne peut manquer de voir la haine mortelle qu'ils ont pour Jésus le Messie, qu'ils avaient pourtant comme mission d'introduire en ce monde, et qui fait dire à Notre-Seigneur : "Vous cherchez à me donner la mort, moi qui suis un homme qui vous ai dit la vérité" (Jn VIII, 40). Cela écartèle l'âme de notre bon juif... Faut-il rejeter Jésus ? Faut-il rejeter le grand-clergé officiel dont il ne peut douter de sa légitimité ? Faut-il, dans nos jours ecclésiaux, suivre la tradition doctrinale qui fait vivre le Christ dans l'âme, ou bien suivre l'hétérodoxie magistérielle des papes modernes légitimes qui représentent le Christ pour tous les fidèles ?
           
        Viens l'épreuve terrible et affreuse de la Passion du Christ qui, loin de supprimer cet écartèlement insoluble dans l'âme de notre bon juif, le mène au contraire tout droit à son ultime fin, mortelle. La même que celle que nous vivons et allons vivre en Église à la fin de nos temps modernes. Que voit-il alors, notre juif pieux, humble et fervent ? Dans la douleur mortelle de son âme, il voit cette chose absolument terrible et terrifiante, si incroyable et contre-nature, qui va nous arriver à nous aussi très-certainement : le dernier grand-prêtre légitime (Caïphe était en effet légitime, l'Évangile nous l'enseigne ; cf. mon article http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/caiphe-dernier-grand-pontife-juif-de-l-ancien-testament-etait-il-legitime-ou-bien-non?Itemid=483), va solennellement, au nom de toute l'Église synagogale-mosaïque, EXCOMMUNIER rituellement le Messie, Jésus le Christ, dans la nuit du Jeudi-Saint, en déchirant son Ephod. Celui qui donne la Vie va être mis à mort par l'Église de son temps. Le plus infailliblement et prophétiquement du monde, car n'oublions pas que saint Jean, dans son Évangile, nous dit que Caïphe, le pape d'alors, usa du charisme prophétique attaché à sa fonction de grand-prêtre légitime, lorsqu'il dit : "Il vaut mieux qu'un homme seul meure, plutôt que toute la nation" (Jn XI, 50).
           
        Mais quelle va être l'attitude de notre juif, face à cette crucifixion qu'il endure dans sa belle âme déjà toute donnée à la Foi au Christ ? Va-t-il construire toute une thèse survivantiste pour dire : non, non, Caïphe n'était pas légitime, c'était un anti-pape, pardon, un anti-grand-prêtre !, et c'est pour ça qu'il a excommunié Jésus-Christ ! Mais notre juif, qui est un saint, comprend le Plan de Dieu, un Plan de Rédemption, il ne s'invente pas un plan "B" pour le fuir comme nos survivantistes première ou seconde mouture le font de nos jours, il accepte, à la suite du Christ dans le jardin de Gethsémani, de boire le calice de la crucifixion de son Église synagogale-mosaïque par le dernier grand-prêtre ou pape légitime de son temps...
           
        Le châtiment de l'Église synagogale-mosaïque, une fois accompli son forfait d'excommunication formelle du Messie Jésus-Christ dans la nuit fatidique du Jeudi-Saint, ne se fit pas attendre : le lendemain même, le Vendredi-Saint, le rideau du Temple qui cachait le Saint des Saints aux regards des profanes, se déchirait brutalement en deux, du haut en bas, comme l'Ephod du grand-Prêtre, radicalement, à la mort de Jésus le Messie sur la croix. Cela signifiait la mort sans retour de l'Église dans son économie de salut synagogale-mosaïque.
           
        Et quant à nous, l'Antéchrist-personne, intronisé légitimement sur le Siège de Pierre, fera lui aussi mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, très-notamment en la réunissant, en l'incorporant, en la symbiosant avec les forces mondialistes les plus ouvertement satanisées, comme commence à le faire ouvertement le pape François, au point anéantissant où l'on ne pourra plus du tout discerner en elle son identité christique. C'est alors que la prophétie de Notre-Dame à La Salette verra toute sa réalisation : "Rome perdra la Foi, et deviendra le siège de l'Antéchrist". Aucune équivoque possible, dans cette extraordinaire prophétie lapidaire. En voici une courte exégèse : la Rome qui perd la Foi ne pouvait donc qu'avoir la Foi avant, puisqu'elle peut la perdre ; la Vierge de La Salette entend donc bien parler là de la Rome catholique, et c'est cette Rome catholique-là dont la Reine des Prophète nous annonce que le siège doit être investi complètement par l'Antéchrist-personne. À votre avis, c'est quoi le siège de la Rome catholique ? Il n'y a qu'une réponse possible : c'est le Siège de Pierre... Et c'est donc ce Siège de Pierre que Notre-Dame à La Salette nous prophétise pudiquement, implicitement, qu'il sera investi totalement par l'Antéchrist-personne.
           
        CAÏPHE (II) SERA LE NOM ANTONOMASTIQUE DU DERNIER PAPE DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE.
           
        Le châtiment du l'Antéchrist-personne dont le point culminant de son maudit règne sera la mise à mort de notre Église dans son économie du temps des nations et de Rome son centre, ne se fera pas attendre, lui non plus, comme celui frappant à mort l'Église dans son économie synagogale-mosaïque : à partir de là, ses jours seront strictement et très-rigoureusement comptés par la Justice divine, Mane, Thecel, Pharès... ce sera presque, comme la fois antique, du jour au lendemain.
           
        Je mets le point final maintenant, en revenant sur le sujet principal de mon article :
           
        Le survivantisme pontifical a la peau du dos très-dure, comme les crocodiles, ses adeptes sont généralement très-harponnés à leurs thèses. Mais il suffit de le retourner sur le ventre, ce croco, pour voir que ses entrailles sont très-vulnérables... en fait, il n'a tout simplement pas d'entrailles, pas d'assises profondes, c'est juste un rêve, un fantasme, à l'usage des âmes timides qui n'ont qu'une vision devant les yeux de l'âme : fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE", fuir sa réalité pontificale crucifiée à la matière sans coulpe du péché du monde, ce qui est propre à l'économie de toute Passion divine, et divinement Rédemptrice...
 
En cette grande fête de l'Ascension
de Notre-Seigneur Jésus-Christ,
Avec Mémoire à Notre-Dame de Fatima,
ce jeudi 13 mai 2021,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
       
        Nota Bene : Ce présent article sera rajouté dans le Cahier III & dernier (cf., pour le descriptif précis des trois Cahiers regroupant sur papier tous les écrits de mon site, et pour les conditions de vente, mon dernier article, http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/une-tres-bonne-nouvelle?Itemid=155).
       
        Je précise qu'il en sera de même des prochains articles du Blog que j'écrirais, si tant est que Dieu me prête vie et inspiration, qui seront rajoutés au Cahier III & dernier (j'indiquerais éventuellement par la suite, une petite augmentation du prix, si cela s'avère nécessaire).
 
 
 
13-05-2021 14:56:00
 

Une très-bonne nouvelle...!!

 
 
 
Une très-bonne nouvelle...!!
 
           
        Chers amis,
           
        C'est avec un grand plaisir que je vous annonce la réunion de tous les écrits figurant sur mon site dans trois forts cahiers thermocollés (dos très-résistant renforcé par une plaque en fer, pages indécollables), dont voici le descriptif : 
           
        * Cahier I ― Les Articles doctrinaux avec leurs Mots d'intro sur le site :
           
        Exposé de la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (29 pages) ― Réfutation de la thèse "LEFÉBVRISTE" (120 pages) ― Réfutation de la thèse "SÉDÉVACANTISTE" (77 pages) ― Réfutation de la thèse des "RALLIÉS" (63 pages) ― Réfutation de la thèse "GUÉRARDIENNE" (118 pages) ― Réfutation de la thèse "SURVIVANTISTE" -Paul VI serait toujours en vie- (49 pages) ; soit un total de 456 pages. 
           
        * Cahier II ― Divers écrits & les Articles de Fond avec leurs Mots d'intro sur le site :
           
        Le Mot d'Accueil, pp. 1 & 2 sur le site (7 pages) ― Quel est le but de ce site ? (9 pages) ― Mes livres, téléchargeables (18 pages) ― Légendes des deux vignettes de la page d'Accueil, avec l'article intégral du R.P. de Margerie sur la co-Rédemption de Marie (14 pages) ― Mes correspondances avec vous (13 pages) ― Le Retour des juifs à Jérusalem & en terre d'Israël dans nos temps modernes : signe formel de la fin des temps (81 pages) ― La vraie et seule solution du problème de la cohabitation des juifs et des arabes en Terre sainte, ou le miracle extraordinaire de la théandrie (24 pages) ― La canonisation de Jean-Paul II : une "si grande contradiction" -He XII, 3- (92 pages) ― L'Antéchrist-personne venant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église Catholique ? (82 pages) ; soit un total de 340 pages. 
           
        * Cahier III & dernier ― Les 44 articles des actualités du Blog, arrêtés au 19 mars 2021 :
           
        La notation "non-infaillible" de Vatican II, etc. (17 pages) ― Une sacrée bonne Lettre à Mgr di Falco-Leandri, etc. (9 pages) ― Deux petites Lettres au ci-devant ministre, etc. (7 pages) ― Commentaire catholique de la prophétie de Notre-Dame à La Salette, etc. (10 pages) ― Zoom sur le devoir dominical, etc. (12 pages) ― Comment le catholique peut-il lutter contre la loi infâme du "mariage pour tous" ?, etc. (11 pages) ― L'heure est grave, citoyens, etc. (4 pages) ― L'Antéchrist sera une personne humaine (13 pages) ― Comment je suis arrivé à la thèse de "la Passion de l'Église", etc. (18 pages) ― Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie, voire déjà à Laodicée...!? (20 pages) ― Pour en finir avec les élucubrations hérétiques du guérardisme, etc. (1 page) ― Les processions de la Fête-Dieu dans nos temps modernes, etc. (7 pages) ― Caïphe, dernier grand-Pontife juif de l'Ancien-Testament, était-il légitime ou bien non ? (14 pages) ― L'obéissance et le respect dûs aux Autorités politiques légitimes, etc. (4 pages) ― Le ralliement de Léon XIII, etc. (8 pages) ― Le saint abbé Guérin, curé de Pontmain, etc. (8 pages) ― Ce que je pense de l'élection d'Emmanuel Macron, etc. (7 pages) ― Non, saint Thomas d'Aquin n'est pas pour la (très-hérétique) Liberté religieuse...! (16 pages)  Les papes modernes ont-ils des excuses d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire, etc., I & II (21 + 18 pages)  Le Rd Père de Blignières & le mouvement "rallié", etc. (18 pages) ― ... Aux dernières nouvelles de "LA PASSION DE L'ÉGLISE"... (5 pages) ― Parution d'un remarquable article sur la situation de l'Église sous le pape François, etc., I & II (15 + 14 pages) ― Tous mes articles doctrinaux... remis à neuf (16 pages) ― Le cri du cœur d'un simple fidèle (5 pages) ― Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial... (17 pages)  Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! (21 pages) ― Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...? (21 pages)  À une arracheuse de dent, etc. (7 pages) ― Veritatis Splendor, etc. (21 pages) ― Feedback sur le pape Benoît XVI, etc. (17 pages) ― Les Mœurs ecclésiales concordataires, etc., I, II & III (15 + 16 + 21 pages)  Lettre au TRP Antoine de Fleurance, etc. (3 pages) ― L'erreur profonde de Benoît XVI, etc., I & II (11 + 12 pages) ― La très-moderniste argumentation historiciste des conservateurs, etc. (17 pages) ― Le survol très-superficiel de Mgr Viganò, etc. (11 pages) ― ... Mais où est donc Dieu le Père ?, dénonciation de Fratelli Tutti, etc. (21 pages) ― Face à l'Église romaine concordatairement prostituée au IIIème Reich d'Adolf Hitler, etc. (22 pages)  De très-excellentes réflexions de Mgr Williamson, etc. (19 pages) ― Une très-bonne nouvelle...!! (21 pages) ; soit un total de 592 pages.
           
        Ces trois cahiers regroupant l'intégralité des écrits de mon site sur 1 388 pages au grand total, sont vendus, ensemble et non-séparément, au prix de 169 €, emballage, port (3,760 Kgs) et assurance ad valorem compris. Chaque commande des trois cahiers accompagnée du chèque joint, sera honorée et exécutée à réception ; je ne prévois pas de faire des stocks, c'est-à-dire que les tirages seront faits à neuf pour chaque commande ; comptez une semaine pour la livraison. Merci de m'adresser votre commande à l'adresse suivante :
 
        M. Vincent MORLIER - BP 47033 - 35370 Argentré-du-Plessis
           
        Je pense qu'il sera plus agréable et plus sûr, pour le lecteur qui veut garder mes écrits, de les avoir sur support papier plutôt que sur le disque-dur de son ordinateur : chacun sait que l'informatique est loin d'être fiable à 100 %, et de plus, il est beaucoup plus agréable de lire sur papier que sur l'écran de l'ordinateur. 
 
 
PhotoFinale
           
        ... Mais puisque j'en suis à échanger avec vous, amis catholiques, amis lecteurs, vous pouvez vous demander si je n'ai pas quelque nouvelle importante à signaler depuis mon dernier article du 1er janvier, soit sur le fond doctrinal soit sur l'actualité, pour le bon entretien de notre Foi, de notre Espérance, de notre Charité ? Allo, allo, quelles nouvelles ? Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?
           
        Éh bien non, il me semble ne plus rien avoir à écrire de fondamentalement nouveau et d'important sur les assises profondes de "la crise de l'Église" ; sur le sujet, j'ai l'impression d'avoir vraiment tout dit et expliqué le mieux que j'ai pu dans les écrits de mon site depuis 2012, à fond et par tous les côtés. Quant à dire du nouveau sur l'évènementiel ecclésial ou mondial, je n'ai pas trouvé quelque chose qui mériterait vraiment un article depuis le 1er janvier, la vérité est que l'Église et le monde, sur le plan surnaturel, croupissent et pataugent dans le non-évènement spirituel... comme bêtes dans leur fange, n'en pouvant plus sortir. Non, rien de nouveau sous le soleil de Satan, aurait dit Bernanos. Parce que, pour nos âmes, le nouveau véritable se trouve derrière le soleil maléfique de l'iniquité universelle répandue tous azimuts, très-caché avec le Christ Jésus, sa sainte Mère et saint Joseph, dans l'authenticité de notre vie intérieure avec le Ciel. La vie spirituelle est en effet un perpétuel recommencement, une nouveauté toujours nouvelle.
           
        On peut juste relever quelques petits points, depuis janvier, qui sembleraient saillir du Pot pourri dans un pourrissoir ecclésial que j'évoquais dans un de mes précédents articles, et qui paraissent mériter qu'on s'occupe un peu d'eux. J'en discerne trois, que voici :
 
1/ Une fake interview, une fake news :
la dernière interview de Benoît XVI.
           
        Qu'aurait dit Benoît XVI d'important dans cette interview du 27 février dernier, par le journal italien Corriere della Sera, relativement à "la crise de l'Église", et qui mériterait notre attention ? Benoît XVI aurait dit (et ça n'est pas nouveau) : "Il n'y a pas deux papes, le pape est unique" ; d'aucuns journaux mainstream, habitués au tripotage des choses, ont placardé en grand et en gras qu'il aurait rajouté : "... et c'est François", mais c'est totalement faux, quand on prend connaissance des termes exacts de ladite interview (cf. https://www.corriere.it/cronache/21_marzo_01/intervista-ratzinger-non-ci-sono-due-papi-rinuncia-8-anni-fa-credo-aver-fatto-bene-07a0ce58-7a01-11eb-b9cd-5eae78a2031e.shtml), Benoît XVI n'a vraiment dit qu'une chose, qu'apparemment il tenait beaucoup à dire : "Il n'y a qu'un pape".
           
        Aldo Maria Valli, chroniqueur vaticanesque bien connu en Italie, commente pour sa part, dans un billet du jour du 2 mars à juste titre agacé : "À propos des mots «Il n’y a pas deux papes, le pape est un seul», il me semble franchement qu’ils ne constituent pas une nouvelle. Ratzinger l’a dit tant de fois. Nous aurions eu un scoop si Ratzinger avait dit : «le seul pape est Bergoglio et je ne le suis plus». Mais il ne l’a jamais dit, et il ne le dit toujours pas". De plus, Valli, à tort ou à raison, ne croit pas à l'authenticité de certains propos qu'on fait tenir au pape Benoît après cette déclaration sur l'unicité pontificale, où l'on peut par exemple découvrir dans l'ébahissement que, selon lui, certains conservateurs ou tradis croiraient qu'il a démissionné du Siège de Pierre à cause de... Mgr Richard Williamson !!!!!!, incongruité qui est vraiment du dernier bouffon et de la dernière stupidité, qui sonne vraiment bizarre dans la bouche du pape émérite...
           
        Benoît XVI n'a jamais dit que François était le seul pape et que lui ne l'est plus du tout, argue Aldo Maria Valli. On ne saurait mieux dire. Dans le fait que si François est bien sûr pape, Benoît en assume cependant une mystérieuse portion, se situe en effet la vérité des choses pontificales actuelles, qui s'impose d'ailleurs en premier lieu à Benoît XVI lui-même, voulût-il maintenant, par lâcheté personnelle ou pour toute autre raison, y renoncer. Car si le Saint-Esprit le veut là, dans une fonction pontificale actuelle dont il use d'une portion mystérieuse, c'est en vain que lui-même voudrait s'en défaire. Cela frappe d'ailleurs, à juste titre, le journaliste, qui ne peut s'empêcher de conclure les trois-quarts d'heure d'interview qu'il a eus avec Benoît XVI par ces mots significatifs : "On peut penser que lorsque Ratzinger réaffirme avec un voile de voix «le Pape est un», il s’adresse certainement aux «fanatiques» qui ne se résignent pas, il parle aussi, pour les rassurer, aux adeptes de François qui craignent l’ombre intellectuelle de ce théologien ancien et investi par l’âge. Mais peut-être, après huit ans, avec sa voix intérieure, le Pape émérite le chuchote inconsciemment à lui-même".
           
        Car les paroles de Benoît XVI sont une chose, mais ce qui est beaucoup plus important et décisoire pour trancher la question, c'est son comportement depuis sa démission. Or, tout son comportement dit et affiche qu'il se considère toujours comme pape, ou plus exactement, qu'il en détient une mystérieuse fonction. C'est tellement vrai ce que je dis, que dans cet interview même où il veut déclarer qu'il n'y a "qu'un seul pape", il ne peut s'empêcher, dans toute sa personne, de manifester qu'il est toujours investi de la fonction pontificale... ce qui donc, contredirait sa parole s'il voulait dire par sa déclaration que le seul pape est François ! "Il n'y a qu'un pape", voudrait donc pouvoir affirmer Benoît, et il accentue son propos en tapotant doucement de la paume de la main sur l'accoudoir de son fauteuil ? Alors, pourquoi, en disant cela, ... porte-t-il encore la calotte PAPALE !?! Avouons qu'on est en pleine folie. Benoît voudrait dire qu'il n'est pas pape et... il le fait en portant un attribut vestimentaire pontifical ! C'est en effet ce que note le journaliste, habitué au descriptif précis de la personne qu'il interviewe : "Les cheveux blancs sont légèrement longs, sous la calotte papale candide comme la robe". Ce n'est pas tout. En guise de conclusion de l'interview, "Benoît XVI remet [aux journalistes] comme souvenir de l’entretien une médaille commémorative et un signet avec sa photo bénissante : les deux, de quand il était Pape" ! Même le journaliste, interloqué, ne peut s'empêcher de commenter : "Et à nouveau émerge le paradoxe non seulement de lui-même, mais d’une Église immergée sans le vouloir dans l’enchevêtrement inextricable de deux identités papales". De son côté, notre chroniqueur italien, Valli, remarque que dans cette interview, Benoît XVI s'exprime en employant le "nous", comme s'il se sentait et était toujours en charge des affaires pontificales, reprenant le "nous de majesté" réservé à un pape en exercice !
           
        La vérité est trop claire : Benoît XVI ne peut pas s'empêcher de manifester par toute sa personne qu'il assume encore une portion mystérieuse de la papauté en exercice. Car le Saint-Esprit le veut là, et on ne lutte pas contre le Saint-Esprit. Ce que prouve et surdémontre, je le répète, tout son comportement depuis sa démission en 2013, dans les faits les plus concrets, comme on vient de le voir dans l'interview. Et c'est ce comportement invariable pendant tout juste huit ans maintenant, beaucoup plus que des paroles passagères qui ne précisent pas, comme par hasard, qui assume l'unicité pontificale affirmée, qui compte. Rafraîchissons-nous en effet la mémoire :
           
        Si Benoît XVI n'assume plus du tout la fonction pontificale en quelque partie après sa démission de 2013, alors, pourquoi, après cette dite démission, porte-t-il toujours la soutane blanche réservée aux papes en exercice (calotte y comprise, l'interview en fait foi) ?, pourquoi donne-t-il à un cardinal, dans une lettre, la Bénédiction Apostolique que seul un pape en exercice peut donner ?, pourquoi refuse-t-il de supprimer les deux clefs apostoliques de son blason héraldique, symbole d'un pontificat en exercice ?, pourquoi signe-t-il tous les livres qu'il a écrits depuis sa démission, de son plein nom de pape en exercice, Benoît XVI, sans jamais rajouter "pape émérite" ?, pourquoi la coutume a-t-elle été prise d'envoyer à Benoît les cardinaux nouvellement créés par François, pour qu'ils reçoivent de lui une bénédiction comme en forme de placet qui semblerait théologiquement nécessaire ? Etc.
           
        La vérité de la question, c'est que la très-mémorable conférence de Mgr Gänswein du 20 mai 2016 révèle le véritable état vocationnel de Benoît XVI par rapport à Dieu et à l'Église après sa démission, et c'est à elle qu'il faut se rapporter si l'on veut savoir ce qu'il en est, à savoir : depuis sa démission obligée, Benoît XVI assume un Ausnahmepontifikat, ce que lui-même a fait dire à Mgr Gänswein, c'est-à-dire un pontificat hors-loi et même hors-la-loi. Ce qu'en son nom, l'évêque-secrétaire a fidèlement résumé ainsi le mieux qu'il a pu, quand bien même c'est théologiquement absurde (mais cela s'explique par la mystique de la Passion) : "Depuis l’élection de son successeur François le 13 mars 2013, il n’y a donc pas deux papes mais de facto un ministère élargi ― avec un membre actif et un membre contemplatif". Que maintenant, Benoît semblerait vouloir rejeter cette situation ne change rien à l'affaire. C'est Dieu qui décide pour chacun d'entre nous, aussi pour Benoît XVI, la voie, le chemin qu'il doit emprunter sur cette terre, il ne nous appartient pas de choisir notre vocation, notre voie spirituelle : si saint Paul, après la grâce de conversion invincible qu'il avait reçue sur le chemin de Damas et sa vocation subséquente d'Apôtre des nations, avait toujours voulu en rester au Saül non-converti, il ne l'aurait pas pu. De la même manière, Benoît XVI aurait beau vouloir maintenant ne plus être le pape crucifié que la conférence de Mgr Gänswein nous décrit et révèle fort bien, mission que la Providence divine lui assigne pour ses derniers jours pontificaux, son vouloir n'aurait aucun effet sur la situation pontificale actuelle. La vocation divine, comme les dons de Dieu, est sans repentance.
           
        Depuis saint Pierre jusqu'au pape Benoît, une telle situation en bi-double de pape, à épeler au présent composé, n'est certes jamais arrivée. C'est tellement frappant que cela a fait l'objet d'un film récent (mondain, absolument sans aucun intérêt). Et la raison n'est pas à chercher au loin, elle est au contraire fort simple : c'est parce que cette situation est celle d'une papauté vivant la fin des temps ecclésiaux ultimes, c'est-à-dire vivant l'économie de la Passion du Christ, avec un pape crucifié et un pape crucificateur. Situation que j'ai analysée au mieux je pense dans mon article du 2 février 2020, il y a un an, Feedback sur le pape Benoît XVI, etc., qui n'a pas pris une ride, bien au contraire, et dont les conclusions restent plus que jamais valables et d'actualité (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/feedback-sur-le-pape-benoit-xvi-ou-le-mystere-de-la-papaute-bicephale-actuelle-eclaire-et-resolu-par-la-passion-de-l-eglise?Itemid=154).
           
        Certains ont dit que le Vatican avait autorisé puis publié cette interview indécente, avec un interviewé sénile ne parvenant même plus à s'exprimer, pour bien montrer à tout le monde que le pape Benoît n'en a plus pour très-longtemps. Certes, avec ses 94 ans et dans l'état de débilité où il est désormais, c'est presque une vérité de la Palice que de le dire. Le journaliste note que "les phrases sortent au compte-gouttes, la voix est un souffle, va et vient ; et Mgr Gaenswein répète et «traduit» dans quelques rares passages, tandis que Benoît hoche la tête en signe d’approbation ; des manches [de sa soutane blanche] sortent deux poignets très maigres qui soulignent une image de grande fragilité physique". Le pape Benoît va donc mourir bientôt, éh bien, que le Bon Dieu en ait grand'pitié lorsqu'il paraîtra devant Lui !, car si son intellect est toujours complètement perverti dans le modernisme de Vatican II (cf. ma dénonciation de ses erreurs dans un de mes derniers articles https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=154), ... et l'interview révèle qu'il a en bibliothèque toute l'oeuvre de Romano Guardini, un moderniste notoire en matière liturgique !, il n'en a pas moins, en ces temps antéchristiques si déboussolants, tâché, avant et après sa démission, de redresser la barre dans l'Église, les exemples en sont très-nombreux.
           
        ... Mais alors ? Que se passera-t-il lorsque le pape crucifié mourra ? La chose la plus simple du monde : le pape crucifié disparaissant, il ne restera plus dans l'Église actuelle, à l'heure où elle vit la Passion du Christ, que... le pape crucificateur, en l'occurrence François. Plus rien, alors, ne semble pouvoir retenir l'arrivée de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, comme l'avait si bien prophétisé la très-sainte Vierge Marie à La Salette, et comme si peu de catholiques l'ont compris, même à présent alors que la terrible et affreuse prophétie achève de se réaliser hic et nunc concrètement sous leurs yeux obscurcis : "Rome perdra la Foi, ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST".
           
        On voudra me voir pousser les choses à fond : est-ce à dire que dès la mort du pape Benoît, puis celle du pape François (... ou sa démission ; ce qui serait étonnant, car François a un tempérament de dictateur et les dictateurs ne démissionnent pas...), autrement dit, dès après la disparition des papes en bi-double que nous avons actuellement et vivant l'ultime moment de la Passion de l'Église, l'Antéchrist-personne fera immédiatement irruption pour envahir le Siège de Pierre ? Réponse : je n'en sais rien, nous n'en savons rien, personne n'en sait rien, Dieu seul le sait, et cela me suffit et cela suffit aux âmes chrétiennes. Il est possible, selon la Volonté divine, que l'Église achève encore de mourir avec un seul pape crucificateur, avec François, encore un certain temps... pour que l'Écriture s'accomplisse. Jésus n'est pas mort tout-de-suite, sur la croix. Il serait même possible, pour que le cauchemar soit complet, qu'il y ait encore à venir un autre pape de l'Église après François, ... crucificateur ?, crucifié ?, les deux à la fois cette fois-ci ?, avant que l'Antéchrist-personne n'envahisse définitivement le Siège de Pierre et ne fasse mourir l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre. Ce que nous savons en toute certitude, et c'est le plus important, c'est que le Bon Dieu nous donnera la force, si nous le voulons, de tenir bon dans la Foi afin d'être sauvés, jusqu'à la fin ultime.
           
        Pour l'instant, je vis ma Foi pontificale avec les propos prononcés par Benoît XVI en toute claire conscience de ce qu'ils veulent dire, lors de sa démission en 2013. Ce sont en effet ces propos qui révèlent la vraie vocation de ses derniers jours pontificaux et dénoncent par le fait même la fake interview, la fake news du 27 février dernier : "Le «toujours» [de mon élection au Souverain Pontificat] est aussi un «pour toujours» ― il n’y a plus de retour dans le privé. Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère, ne supprime pas cela. Je ne retourne pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint Pierre" (dernière Audience générale de Benoît XVI, place saint Pierre à Rome, le mercredi 27 février 2013).
 
2/ Le récent voyage du pape François en Irak,
du 5 au 8 mars 2021.
           
        Nous sommes là, non plus avec le pape crucifié, mais avec le pape crucificateur de l'Église actuelle. François, en effet, crucifie profondément l'Épouse du Christ quand il ose dire que Abraham est le père des trois religions monothéistes. Cette affirmation est un blasphème affreux, un mensonge grossier et absolu, c'est plus qu'une hérésie, c'est une apostasie pure et simple de la Foi catholique, qui de plus, quand on est pape, crucifie mortellement en plein cœur l'Église.
           
        Abraham, ecclésialement, messianiquement et religieusement, n'est le père spirituel que de la SEULE religion monothéiste véritable parmi les trois en présence, à savoir celle catholique, qui professe, et la Divinité de Jésus-Christ le Messie de tous les hommes, et la Trinité des Personnes divines en l'Unicité intégrale de Dieu. Car c'est seulement ainsi, en professant ces deux dogmes, qu'on est un VRAI monothéiste. Or, le juif judaïque, non moins que le musulman, récusant ces deux dogmes, sont de faux monothéistes. Le vrai monothéisme inclut en effet formellement le dogme de la Trinité des Personnes en le Dieu Unique, inclut également l'Incarnation de la Deuxième Personne de la Sainte-Trinité ou Verbe de Dieu, en Jésus-Christ, Lequel, dans l'Évangile, révèle explicitement qu'il y a un Fils divin, Lui-même, un Père qui est aux Cieux, et un Esprit-Saint. La vérité, c'est qu'il ne peut pas exister de Dieu Un qui n'est pas en Trois Personnes en même temps. Un Dieu un sans être en trois personnes, que professent les juifs judaïques et les musulmans, est une absurdité métaphysique, un Dieu métaphysiquement inexistentiel, un pur néant (qu'hélas, Satan vient remplir).
           
        Ce n'est seulement que racialement, et non religieusement, qu'Abraham est père des juifs et des arabes, selon que la Genèse en fait certes le récit très-précis dans ses ch. XV à XVIII & XXI, en engendrant d'abord avec la servante Agar, Ismaël, le père des arabes, et en engendrant ensuite avec sa femme légitime Saraï, Israël, le père des juifs. Faire l'amalgame, comme n'ont pas honte de le faire les papes modernes vaticandeux, entre le racial et le religieux, est une erreur si grossière, qu'il faut vraiment être à notre temps tout donné à "la puissance des ténèbres" antéchristiques, pour qu'elle puisse faire figure de vérité, et ne pas crouler immédiatement sous le ridicule et les lazzis...
           
        De dire en effet qu'Abraham est le père de la religion juive judaïque actuelle, c'est-à-dire rejetant, et la Trinité divine, et la Divinité de Jésus-Christ, ainsi que le père de la religion musulmane, cet avatar de la religion juive judaïque qui rejette identiquement comme elle, et la Trinité divine, et la Divinité de Jésus-Christ, est, je le répète, un blasphème affreux, un mensonge hérétique et même apostat des plus grossiers, qu'il est pourtant tellement facile de voir et de dénoncer, ainsi que je vais le faire maintenant :
           
        a) Quant aux juifs de la religion juive judaïque, c'est-à-dire qui refusent Jésus-Christ comme Messie-Dieu de toute l'humanité et récusent le dogme de la Sainte-Trinité divine, c'est Jésus-Christ Lui-même, dans l'Évangile, qui rejette leur prétention d'être des fils d'Abraham :
           
        "Je sais que vous êtes fils d'Abraham ; mais vous cherchez à Me faire mourir, parce que Ma parole n'a pas prise sur vous.
           
        "Moi, Je dis ce que j'ai vu chez Mon Père ; et vous, vous faites ce que vous avez vu chez votre père.
           
        "Ils lui répondirent : Notre père, c'est Abraham. Jésus leur dit : Si vous êtes fils d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham.
           
        "Mais maintenant vous cherchez à Me faire mourir, Moi qui vous ai dit la vérité, que J'ai entendue de Dieu ; cela, Abraham ne l'a pas fait.
           
        "Vous faites les œuvres de votre père. Ils lui dirent : Nous ne sommes pas des enfants de fornication; nous avons un seul père, Dieu.
             
        "Jésus leur dit donc : Si Dieu était votre père, vous M'aimeriez, car c'est de Dieu que Je suis sorti et que Je suis venu ; Je ne suis pas venu de Moi-même, mais c'est Lui qui M'a envoyé.
           
        "Pourquoi ne connaissez-vous pas Mon langage ? Parce que vous ne pouvez entendre Ma parole.
           
        "Vous avez le diable pour père, et vous voulez accomplir les désirs de votre père. Il a été homicide dès le commencement, et il n'est pas demeuré dans la vérité, parce qu'il n'y a pas de vérité en lui. Lorsqu'il profère le mensonge, il parle de son propre fonds, car il est menteur, et père du mensonge" (Jn VIII, 37-44).
           
        ... Le pape François, mais avant lui les Pères de Vatican II dans Nostra Aetate, eux tous qui osent blasphématoirement réputer la filiation spirituelle abrahamique aux juifs judaïques, ne connaissent donc pas ce passage évangélique qui condamne in radice, à la racine, leur abominable apostasie...?
           
        Le commentaire de ce passage évangélique si révélateur est pourtant simple à faire : Jésus commence par reconnaître que les juifs qui Le refusent comme Messie, sont bien fils d'Abraham, c'est-à-dire racialement, et Jésus ne pouvait certes pas leur dénier cela, mais c'est pour mieux souligner ensuite qu'ils ne sont pas des fils spirituels d'Abraham, puisqu'ils ne Le reconnaissent pas comme Messie-Dieu, ce qui est contraire à la vertu d'Espérance messianique surnaturelle dans laquelle Abraham n'a cessé d'entretenir continuellement son âme durant toute sa vie, c'est là "l'œuvre d'Abraham" dont parle Jésus (Abraham en effet, s'il ne pouvait croire de Foi en Jésus-Christ, qui n'était pas né à son époque, y croyait cependant très-réellement par la vertu d'Espérance ordonnée à la Foi, ainsi que le révèle Jésus Lui-même : "Abraham, votre père, a tressailli de joie, désirant voir Mon jour ; il l'a vu, et il s'est réjoui" ― Jn VIII, 56). "Si vous êtes fils d'Abraham, faites les œuvres d'Abraham", dit Jésus miséricordieusement aux juifs judaïques qu'Il avait en face de Lui, dont la principale œuvre est certes de croire au Messie Fils de Dieu qu'Il était en Personne. Mais refusant de faire cette oeuvre principale d'Abraham, les juifs judaïques ne sont donc pas les fils spirituels d'Abraham, leur religion qui rejette le Messie-Dieu Jésus-Christ n'est pas celle d'Abraham, comme le dit blasphématoirement le pape François. Jésus va plus loin, Il les anathématise en leur disant que puisqu'ils Le rejettent, non seulement ils n'ont plus Abraham pour père, ni non plus Dieu, mais c'est Satan qui est leur père. Car ils ont trahi ce que leur race abrahamique avait mission d'enfanter spirituellement : la religion véritable, fondée par Jésus-Christ.
           
        De la même et significative manière, on voit les juifs judaïques rejeter le dogme de la Trinité divine après avoir rejeté Jésus-Christ comme Messie-Dieu. C'est très-révélateur qu'à proportion même où ils rejettent Jésus-Christ comme Fils de Dieu, ils rejettent en effet également le dogme de la Trinité divine, ne voulant croire qu'à l'Unicité de Dieu... identiques en cela aux musulmans (et pour cause, puisque la religion mahométane n'est rien d'autre qu'un avatar abâtardi de la religion juive judaïque). La raison théologique en est simple : puisque les juifs judaïques refusent la Messianité de Jésus, messianité qui révèle qu'Il est le Fils de Dieu, c'est-à-dire une Personne divine distincte de Dieu son Père que Jésus invoque sans cesse dans l'Évangile, distincte également de l'Esprit de Dieu, autre entité divine elle aussi évangéliquement invoquée par Jésus-Christ, les trois Personnes formant la Très-Sainte Trinité, alors, ils ne pouvaient subséquemment que rejeter le dogme de la Très-Sainte Trinité divine.
           
        Il ne faudrait pas croire, cependant, à cause de la mauvaise foi des juifs judaïques, que la révélation de la Trinité des Personnes en un Dieu unique est inconnue des juifs antiques, ni non plus d'Abraham. Elle n'est refusée que par les mauvais juifs, mais il s'en faut de beaucoup que tous les juifs soient mauvais, il y a au contraire énormément de bons juifs, dans l'Antiquité, à croire déjà au dogme trinitaire et à la Divinité du Messie à paraître, ou du moins, à une croyance inchoative en ces deux dogmes, c'est-à-dire qui tend à professer cesdits dogmes mais dans une formulation théologique encore imparfaite. Mais commençons par le commencement. Dans le si bel épisode de Mambré, où l'on voit Abraham se mettre en quatre et même en huit, d'une manière émouvante si édifiante, pour bien recevoir les trois hôtes divins qui se présentent à la porte de sa tente, qu'il reconnaît tout-de-suite être Dieu et qu'il appelle indistinctement "Seigneur", il est révélé très-clairement à Abraham l'existence des Trois Personnes divines en Dieu (cf. Gn XVIII). La vraie religion juive issue d'Abraham, prédestinée à faire bon accueil à Jésus-Christ Fils de Dieu et Dieu Lui-même, professe en effet le dogme de la Trinité divine. Ce n'est qu'à partir du IIème siècle de notre ère chrétienne, que les juifs, devenus judaïques par leur rejet de Jésus-Christ et de sa Révélation qui incluait le dogme trinitaire divin, ne croiront plus à la Trinité divine ni non plus, bien sûr, à la Divinité du Messie...
           
        La notion de Parole ou Verbe de Dieu en tant qu'entité divine spécifique mais intégrée à la Divinité unique, était en effet parfaitement connue des vrais juifs de l'Antiquité, pieux et droits avec leur Foi, tels Nathanaël ou Nicodème, que Jésus était heureux de pouvoir honorer ("Voici un véritable fils d'Israël, un homme qui ne sait pas mentir", dira par exemple Jésus de Nathanaël en Jn I, 47). Je vais donner maintenant le lien d'un remarquable article de théologie, signé Maxime Georgel (et tant pis s'il a l'air d'être protestant), qui prouve magnifiquement tout ce que je viens de dire, à partir des textes juifs antiques (https://parlafoi.fr/2017/08/14/les-juifs-antiques-croyaient-ils-en-la-trinite/), et en citer de larges extraits (mais il faut absolument que le lecteur lise en entier tout l'article, qui n'est pas très-long), article tout-à-fait exceptionnel pour notre sujet, qui est de pourfendre radicalement la mauvaise foi des juifs judaïques béni-oui-oui par les papes modernes depuis le scandaleux décret Nostra Aetate de Vatican II.
           
        L'auteur commence par fort bien brosser la problématique, ainsi : "Il est vrai que la doctrine de la Trinité a été précisée et précisément définie uniquement par les chrétiens car ils ont reçu une révélation plus claire par l’Incarnation du Fils. Mais il est faux de penser que cette doctrine s’opposait aux attentes juives au sujet du Messie. Nous montrerons ainsi que ceux-ci attendaient un Messie qui est Dieu d’un côté, et de l’autre que ceux-ci croyaient en un Dieu multi-personnel".
           
        Et il poursuit : "Un aveu des spécialistes Juifs. ― Le Docteur Juif Benjamin Sommer, dans sa conférence au sujet des «corps de Dieu» affirme que les Juifs ont tort de se moquer des chrétiens trinitaires puisque cette doctrine tire son origine du judaïsme antique. Celui-ci donne des exemples de textes Juifs qui confessent un Dieu en trois personnes. Il admet même que lorsqu’il faisait ses recherches pour écrire son livre à ce sujet, il n’avait pas du tout pour but de prouver que les juifs étaient trinitaires mais c’est la conclusion auquel il dit être forcé par soucis d’honnêteté intellectuelle.
           
        "Nous présenterons donc ici des anciens textes juifs qui appuient les affirmations de ce docteur et invitons nos lecteurs à écouter sa conférence en entier.
           
        "Le Métatrôn ou Ange de l’Éternel.― Commençons donc par le Talmud Babylonien. Dans ce Talmud Babylonien 38b, en commentant Exode 24:1, le rabbin signale que quand Dieu dit «monte vers l’Éternel» (et non «monte vers moi»), il parle du Métatrôn et non de Lui-même. Le Métatrôn est un titre du messager le plus élevé de Dieu, celui que l’Ancien Testament appelle «Ange de l’Éternel». Ainsi, le rabbin attribue à ce Messager le nom YHWH, le Nom que Dieu a révélé à Moïse comme étant Son Nom propre.
           
        "Et nous ne devons pas nous tromper ici, ce n’est pas parce que le titre d’ange lui est donné qu’il est considéré comme un être créé. Le mot Mlak en hébreu que nous traduisons par Ange signifie simplement Messager ou Représentant. Ainsi quand Jacob envoie des messagers à son frères Esaü en Genèse 32:3, le mot hébreu utilisé est le pluriel de Mlak, le pluriel d’ange. C’est ainsi que le rabbin pouvait dire que le Messager de Dieu est YHWH, l’Éternel.
           
        "Le spécialiste Juif Nahum Sarna reconnait ainsi : il est clair que dans plusieurs textes, la distinction entre Dieu et son Ange s’estompe (Gen. 16:7-9, 11; 22:11-12, 15-18; Exod. 3:2, 4; Jug. 6:11-23). Lors de l’Exode hors d’Égypte, c’est tantôt Dieu (Exod. 13:21), tantôt son Ange (14:9) qui mène le camp des Israélites (Nahum Sarna, Genesis, The JPS Torah Commentary, page 383)".
           
        Ce qui signifie formellement que le juif antique perçoit deux Personnes divines en Dieu. Ici, il n'est pas inutile de noter que saint Hilaire de Poitiers (315-367) professe aussi exactement la même doctrine que nos bons juifs antiques, lorsqu'il considère l'Ange de l'Éternel dans l'Ancien-Testament comme étant le Verbe de Dieu Lui-même, la deuxième Personne de la Sainte-Trinité divine, c'est ce qu'il dit dans son Traité sur la Trinité. Mais continuons à lire la fort intéressante étude :
           
        "De même, le Targum juif parle d’une certaine entité appelée Memra (ou Parole) de Dieu qui est une personne distincte de Dieu, mais qui partage les attributs de Dieu. Ainsi le Targum, en expliquant de nombreux passages de la Bible qui décrivent une action de Dieu, dit que c’est en fait la Parole de Dieu qui est à l’oeuvre". Et de citer dans un tableau impressionnant, vingt occurrences bibliques qui le montrent, prises dans la Genèse, l'Exode, le Lévitique, les Nombres, le Deutéronome, les Juges, Josué et Isaïe. Puis, de continuer : "Ainsi, le Targum affirme que la Memra de Dieu crée l’homme, révèle les 10 commandements, sauve Israël, assiste Moïse, etc., lui attribuant ainsi des actions divines tout en la distinguant de YHWH. Il est clair aussi que la Parole de Dieu est une personne pour les Juifs antiques. L’Ange (ou la Parole) de Dieu sont ainsi, dans le Targum, ce qui permet d’être en relation avec Dieu".
           
        Les juifs antiques discernent aussi l'Esprit de Dieu, le Saint-Esprit, comme entité divine différente du Père créateur et de son Verbe :
           
        "Mais le Targum connait aussi une troisième entité, appelée Saint-Esprit, intercédant entre l’Éternel et Israël. Ainsi le Docteur Michael Brown dit : «Lamentations Rabbah 3:60,9 rapporte qu’après que l’empereur romain Hadrien ait exécuté deux Juifs, le Saint-Esprit se mit à crier Tu as vu, Ô Éternel, le mal qui m’est fait. Prends en main ma cause ! Tu vois leur vengeance, leurs complots contre moi. Voilà un exemple du Saint-Esprit intercédant. Selon Lévitique Rabbah 6:1, le Saint-Esprit est un conseiller-avocat qui parle de la part du Seigneur à Israël et de la part d’Israël au Seigneur… Dans toutes ces citations, qui peuvent être facilement multipliées (voyez par exemple, Genèse Rabbah 84:11 ; Cantique des cantiques Rabbah 8:16, Lamentations Rabbah 1:48), il est clair que le Saint-Esprit est considéré comme une personne, un qui et non un quoi, avec une dimension personnelle et non simplement un pouvoir impersonnel. Il est considéré comme Dieu Lui-même et toutefois comme une entité distincte de Dieu qui peut intercéder entre Dieu et l’homme» (Dr. Michael Brown, Answering Jewish Objections to Jesus, volume 2, Page 55-56).
           
        "Philon d’Alexandrie [-20-45], un juif Alexandrin [qui vit donc exactement au temps de Jésus-Christ], dit aussi, dans ses écrits, qu’il existe trois Figures Divines dans l’Ancien Testament qui font ce que Dieu seul fait. Il parle premièrement, comme le Targum, de la Parole : « … par la Parole, la cause de toutes choses, par qui tout a été créé» (Philon d’Alexandrie, Les sacrifices d’Abel et de Caïn, 8).
           
        "Il suggère aussi que le Messie, dont il est question en Zacharie, ne serait pas un simple homme, mais une personne divine : «… Voici, un homme dont le nom est Orient !» (Zacharie). Voilà une appellation nouvelle, si vous considérez que cela est dit d’un homme fait d’un corps et d’une âme; mais si vous considérez que cela concerne un être incorporel qui ne diffère en rien de l’Image Divine, vous reconnaitrez que le nom d’Orient fut donné à celui qui est bienheureux. Car le Père de l’univers l’a causé à apparaitre comme Fils Ainé, celui qu’il appelle ailleurs le Premier-né, qui, étant ainsi né, imitant les voies de son Père, a formé telle et telle espèce» (Philon d’Alexandrie, Sur la Confusion des Langues, 14.62-63). Il fait donc un lien entre les prophéties de Zacharie sur le Messie et la figure de l’Image, du Premier-né, du Fils, c’est-à-dire de la Parole.
           
        "Le spécialiste juif Alan F. Segal remarque au sujet de Philon : «Philon affirme que le logos (la Parole) était le partenaire de Dieu dans la création. Ainsi, il appelait le logos, le Commencement, le Seigneur des anges, et plus significativement, le Nom de Dieu. Puisqu’il voyait le logos comme une émanation de Dieu, il pouvait en parler comme de sa descendance, ou comme le premier-né de Dieu. Il était considéré comme immortel, un homme céleste, vrai père de l’humanité» (Alan F. Segal, Two Powers in Heaven, [Brill Academic, 2002], p. 173 quoting Leg. All. Iii, 96 ; Conf. 146; Agr. 51 ; Fug. 72, etc.).
           
        "Des rabbins du second siècle rapportent des croyances similaires venant de la période du Second Temple et de la période Tannaïtique.
           
        "De même, pour Philon, le Saint-Esprit est Divin (Sur les Géants, chapitre 11), il viendra demeurer dans des personnes pour les aider à faire la volonté de Dieu (Les Lois spéciales, I, 54), il sera répandu sur des personnes (Sur les Vertus, 39), il conduira les personnes à chercher Dieu et à l’adorer (Les Lois spéciales, I, 48).
           
        "Enfin, Philon rapporte, au sujet de Genèse 18:2 où l’Éternel apparait à Abraham et celui-ci en levant les yeux voit trois hommes, une tradition juive disant que ces trois sont Dieu. Il dit : «Il est raisonnable que l’un soit trois et que les trois soient un» (Philon d’Alexandrie, Sur Abraham, 199-122).
           
        "Le Messie s’appelle YHWH (l’Éternel)
           
        "Des spécialistes modernes Juifs comme Daniel Boyarin et Alan F. Segal ont prouvé dans leurs livres que les Juifs pré-Chrétiens et non-Chrétiens au début de l’ère chrétienne affirmaient que le Dieu unique était constitué de multiples personnes, rapporte Reformed Apologetics Ministries."Boyarin conclue au sujet des anciens Juifs : «(Ils) croyaient que Dieu avait un Adjoint ou Émissaire ou même un Fils divin, exalté au-dessus des anges, qui agissait comme intermédiaire entre Dieu et le monde dans la création, la révélation et la rédemption» (Daniel Boyarin, The Jewish Gospels, The New Press, 2012).
           
        "Les recherches d’Alan F. Segal, un Juif non-Chrétien, se résument ainsi : «Les anciens Israélites connaissaient deux YHWH – l’un invisible, un esprit, l’autre visible, souvent sous forme humaine. Parfois les deux YHWH apparaissent ensemble dans le texte, parfois ils sont distincts, parfois non. (…) Ils ne voyaient pas cela comme une violation du monothéisme car les deux étaient YHWH. Il n’y avait donc pas de second dieu distinct gérant le cosmos [comme dans le manichéisme]. Durant la période du Second Temple, les théologiens et écrivains juifs ont spéculé sur l’identité du second YHWH. (…) Ces spéculations n’étaient pas vues comme non-orthodoxes. Toutefois, les choses changèrent lorsque certains Juifs, les premiers Chrétiens, ont fait la connection entre Jésus et ce concept juif orthodoxe [de second YHWH]. Cela explique pourquoi ces Juifs, les premiers convertis à suivre Jésus le Christ, pouvaient adorer simultanément le Dieu d’Israel et Jésus tout en refusant de reconnaître un autre dieu. Jésus était le second YHWH, le YHWH incarné. En réponse à cela, comme le montre Segal, le judaïsme a rejeté comme hérésie l’idée des deux pouvoirs (célestes) au second siècle après Jésus-Christ» (Michael S. Heiser, Two Powers in Heaven).
           
        On voit donc ici à quel point sont coupables les juifs judaïques du temps de Jésus, qui oseront Le faire mourir sous le motif qu'Il s'était dit Dieu, ce qu'Il était réellement, puisque leur tradition doctrinale la plus pure professait que le Messie serait Dieu...
           
        "En appelant le Messie YHWH [donc, en l'identifiant formellement à Dieu], ils ne faisaient en fait que reprendre ce que les prophètes eux-mêmes avaient annoncé : «Je susciterai à David un germe juste ; il règnera en roi et prospérera, il pratiquera le droit et la justice dans le pays. En son temps, Juda sera sauvé, Israël aura la sécurité dans sa demeure. Et voici le nom dont on l’appellera : YHWH notre Justice» (Jér. 23:5-6). Ce passage de Jérémie 23:6 n’est pas appliqué au Messie par les Chrétiens uniquement mais ce sont les Juifs eux-mêmes qui appliquaient ce verset au Messie : «Dieu appellera le Roi-Messie par son Nom, comme il est dit Voici le nom dont on l’appellera : Yahvé, notre Justice» (Midrash Rabba sur les Psaumes, chapitre 21). Et encore : «Quel est le nom du Roi-Messie ? Rabbi Abba Bar-Kahana a dit : YHWH est son Nom, ainsi qu’il est écrit : voici le Nom dont on l’appellera, YHWH, notre Justice» (Midrash Rabba sur les Lamentations, chapitre 1, verset 16). Cela est confirmé par le Talmud : «Concernant le Messie, voici le nom dont il sera appelé : YHWH notre Justice» (Talmud de Babylone, Baba Bathra75b), ainsi que par le Midrashei Ge-oula : «Et le Messie fils de David s’assiéra dans la Yéchiva d’en haut, par le Saint, béni soit-Il, et il sera appelé YHWH, comme est d’habitude appelé son Possesseur (le possesseur du Nom), ainsi qu’il est écrit, et voici le Nom dont il sera appelé : YHWH notre Justice» (Pirqei Mashiah, Midrashei Ge-oula.
           
        "Dans le Midrash des Psaumes, il est écrit que Dieu appelle le Messie de Son Nom, et quel est Son Nom ? La réponse donnée est : «YHWH, Homme de guerre» (Exode 15:3).
           
        "Le nom d’un individu fait référence à son identité-même, sa personne, son être. Dire que le Nom de Dieu est en quelqu’un ou que quelqu’un porte le Nom de Dieu, c’est dire qu’il est Dieu. C’est comme si un musulman disait que le Messie s’appelle Allah.
           
        "Ainsi, il est reconnu que les textes Juifs attribuaient le Nom de Dieu, et par cela l’identité de Dieu, au Messie.
           
        "Mais, là encore, laissons la parole à un rabbin très apprécié des prosélytes musulmans, Moïse Ben Maimoun, aussi appelé Maïmonide.
           
        "Maïmonide dit que le Nom YHWH est le seul qui fait explicitement référence à l’essence de Dieu, son Être-même, sa nature. Et ce nom est celui du Messie. Tous les autres noms ne sont que relatifs ou dérivés, c’est-à-dire lié à une action divine. Par conséquent, la manière la plus explicite de dire que le Messie est Dieu c’est de dire que son nom est YHWH. Même si l’on dit «le Messie est Dieu (Elohim)», cela est un nom dérivé, moins explicite que si l’on dit «le Messie est YHWH». Maïmonide rajoute : «En somme, ce qui fait que ce Nom a une si haute importance et qu’on se garde de le prononcer, c’est qu’il indique l’Essence-même de Dieu de sorte qu’aucun être créé ne participe à ce qu’il indique» (Maïmonide, Guide des égarés, chapitre 61).
           
        "Si aucun être créé ne participe à ce Nom et que le Messie le porte, permettez-nous de conclure que le Messie n’est pas créé. Encore une fois, le tétragramme [= YHWH] désigne exclusivement l’essence divine, les Juifs l’ont bien compris. Et les anciens textes Juifs donnent ce Nom au Messie, en accord avec le témoignage des prophètes.
           
        "Si personne, si ce n’est Dieu, ne peut être porteur de ce Nom et que le Messie le porte, cela ne nous laisse que peu d’options quant à l’identité du Messie.
           
        "Et pourtant le Messie s’appelle YHWH, toujours selon les rabbins. Il apparait alors clairement que pour ces rabbins le Messie n’est pas «quelque chose d’autre» que Dieu. Il est Dieu. C’est ainsi que le Rabbi Simeon Ben Jochai, en commentant le Zohar, dit : «Il existe un homme parfait, qui est un Messager. Ce Messager est le Metatrôn, le Gardien d’Israël ; Il est à l’Image du Saint, béni soit-Il, qui est une émanation de Lui. Oui, il est YHWH ; de lui on ne peut pas dire qu’il est créé, ni formé, ni fait ; mais il est une émanation de Dieu. Cela s’accorde avec ce qui est dit par Jérémie. (…) Il est YHWH notre Justice» (Jérémie 23:5-6)» (Rabbi Simeon ben Jochai. The Propositions of the Zohar, cap. 38, Amsterdam edition).
           
        L'auteur rapporte plusieurs autres témoignages des juifs anciens, prouvant que la doctrine de la Divinité du Messie était parfaitement connue des juifs anciens jusqu'à l'époque de Jésus, puis, il poursuit :
           
        "C’est dans ce contexte religieux que le Christianisme est apparu et c’est pour cela que les premiers chrétiens ont identifié Jésus comme étant ce deuxième qui est Yahweh (Jean 1:1-3, 10; Colossiens 1:15-17, Hébreux 1:8, 10-12).
           
        "Le spécialiste J. C. O’Neill écrit donc : «Il n’y a aucun doute quant au fait qu’il existait des Juifs avant Christ qui reconnaissaient que, bien que Dieu soit Un, il est aussi Trois» (J. C. O’Neill, Who Did Jesus Think He Was ?, Brill 1995, p. 94).
           
        "Conclusion
           
        "En regardant les sources juives ainsi que leurs analyses faites par des spécialistes et docteurs tant Juifs que Chrétiens, une conclusion s’impose : la notion d’un Dieu multi-personnel n’est pas une idée inventée par les chrétiens ni volée aux païens.
           
        "Comme nous l’avons dit, ce sont eux qui ont formulé précisément la doctrine trinitaire, mais ils ont derrière eux une longue tradition juive reconnaissant un Ange/Parole/Fils/Sagesse et un Esprit appelés, avec le Père, Yahweh, et accomplissant des œuvres divines. Leur relation avec le Père étant décrit comme “procédant de” Lui ou “émanant de” Lui. Ainsi, sans confesser explicitement la Trinité, ils allaient dans le sens de celle-ci, la formulaient comme en balbutiant.
           
        "Une formulation imprécise qui essaye de rendre cohérentes les données de l’Ancien Testament. L’éclairage du Nouveau Testament permettra aux Chrétiens de confesser avec une précision admirable ces vérités. Et c’est en réaction aux chrétiens que les Juifs [judaïques] ont changé leurs interprétations [à cause de leur haine de Jésus-Christ], progressivement, tout au long du Moyen-Âge, comme en témoignent les pères de l’Église comme Justin Martyr, contemporain des premiers changements d’interprétation".
           
        (fin de citation)
           
        On saisit mieux à présent, à quel point d'apostasie incroyable sont rendus les papes modernes depuis Vatican II, en prétendant que les juifs judaïques sont monothéistes, et donc eux aussi fils spirituels d'Abraham, puisque le VRAI monothéisme inclut obligatoirement le dogme trinitaire... au rapport même des juifs de l'Antiquité, desquels, très-mensongèrement, les juifs judaïques prétendent tenir leur doctrine d'un monothéisme non-trinitaire !
           
        Ainsi donc, pour conclure ce point de mon côté :
           
        Qu'il soit anathème, celui qui ose dire que la religion juive judaïque, non-Trinitaire et rejetant la doctrine du Messie-Dieu, est une religion monothéiste qui a Abraham pour père.
           
        b) Quant aux arabes professant la religion mahométane ou coranique. De la même manière et très-exactement pour la même raison que pour la religion juive judaïque, il est tout aussi réprouvé d'oser dire que le mahométisme ou coranisme, est une religion monothéiste qui a Abraham pour père. Le VRAI monothéisme incluant, comme on l'a vu, la croyance en la Trinité des Personnes divines dans l'Unité de Dieu ainsi que la croyance dans le Messie-Dieu, et le mahométisme rejetant ces deux dogmes, à la suite de la religion juive judaïque dont il n'est qu'un plagiat adapté à la race arabe, il ne peut donc pas plus, lui non plus, être un vrai monothéisme ayant Abraham pour père.
           
        Lorsque le décret vaticandeux Nostra Aetate ose appeler le dieu des musulmans, un Dieu "vivant et subsistant" (ce que j'ai vivement dénoncé dans mon susdit article sur Benoît XVI), c'est vraiment une abomination abominable. Le seul Dieu vivant et subsistant, c'est le Dieu Un en Trois Personnes, révélé par le Fils de Dieu Jésus-Christ lorsqu'Il vint habiter parmi nous (car ce sont les Trois Personnes divines qui, ensemble, créent familialement la Vie et la Subsistance éternelles dans le Dieu Un), et non pas un prétendu dieu un non-composé des trois personnes divines, cru et professé par les juifs judaïques et les musulmans à leur suite, et par-là même métaphysiquement inexistentiel puisqu'il n'est pas trinitaire.
           
        Ayant fait la démonstration théologique de ce point pour dénoncer dans mon précédent chapitre le faux monothéisme juif judaïque, qu'on retrouve identiquement dans le monothéisme coranique tout aussi faux et pour la même théologique raison, il n'est donc pas nécessaire de la refaire ici. La conclusion est identique : le mahométisme ou coranisme est un faux monothéisme, et c'est un vrai blasphème, dont se rend coupable le pape François, de le réputer vrai et bon, comme ayant soi-disant, lui aussi, comme le faux monothéisme juif judaïque, Abraham pour père.
           
        Je pourrai clore ici mon chapitre musulman. Il m'apparaît cependant utile, avant de le faire, de dénoncer la fausse idée suivante : on s'est habitué à penser que le mahométisme est une religion qui serait comme co-naturelle à la race arabe, qui lui irait soi-disant comme chaussure au pied. Quel mensonge ! Quelle fausseté ! L'arabe, comme tous les hommes nés sur cette terre, n'est-il pas créé lui aussi par le Verbe de Dieu issu de la Trinité divine, Père, Fils et Saint-Esprit ? Puisque "Toutes choses ont été faites par Lui, et rien de ce qui a été fait n'a été fait sans Lui" (Jn I, 3) ? Donc, aussi la race arabe ? Par conséquent, une seule religion lui est co-naturelle, comme d'ailleurs à tout homme naissant en ce monde, et c'est bien sûr la Religion... qui révèle le Verbe de Dieu incarné et la Trinité divine, à savoir celle catholique et elle seule. Une religion qui nie le Verbe de Dieu incarné en Jésus-Christ, qui nie la Trinité divine, ce qu'est le mahométisme, ne saurait donc pas plus lui aller, ni à son pied ni surtout à son âme immortelle, qu'à n'importe quel autre homme, de quelque race soit-il.
           
        C'est pourquoi il ne faut pas du tout s'étonner que les arabes, avant d'être subvertis par le coranisme, c'est-à-dire durant la très-longue période des six premiers siècles de notre ère chrétienne (pesons bien la durée, qui s'étale de la fin du Moyen-Âge jusqu'à notre époque...), étaient majoritairement... chrétiens. Il est d'ailleurs très-connu des historiens que les régions moyen-orientales peuplées en très-grandes majorité d'arabes étaient chrétiennes avant Mahomet. Ainsi, par exemple, à l'occasion du voyage du pape François en Irak, un savant, il y a quelques jours, a fait cette déclaration : "Dans un article paru sur YeniSafak.com (8 mars), le professeur Özcan Güngör de l'Université d'Ankara rappelle que les régions visitées par François étaient «politiquement dominées par le christianisme» avant l'arrivée de l'Islam" (https://gloria.tv/post/6vwRPZkKz3sc17bWaEaENScWq).
           
        L'abbé Rohrbacher, dans sa magistrale et très-édifiante Histoire universelle de l'Église catholique, paru au milieu du XIXème siècle, rappelle cette grande vérité historique "oubliée" des hommes, ce qui va nous faire voir la race arabe sous un tout autre jour que celui, religieusement dégradé et dégradant, sous lequel on voit les arabes habituellement...
           
        "... Souvent, on s'imagine, des livres même ne cessent de répéter que, dans les temps antérieurs à Mahomet, le christianisme n'avait pas pénétré parmi les Arabes, et que c'est Mahomet le premier qui les a tirés de l'idolâtrie. Au contraire, un siècle avant l'apparition de Mahomet, le christianisme domine parmi les Arabes de l'Yémen ou de l'Arabie-Heureuse [actuel Yémen], après y avoir produit une foule d'héroïques martyrs. On a même trouvé des poèmes et des chansons arabes, antérieurs à Mahomet, dans lesquels les poètes parlent de la croix, de la fête de Pâques, de la messe, de la communion de l'office pontifical, des monastères de vierges, tout comme les poètes d'Occident au Moyen-Âge. On y remarque même pour la femme cette vénération de la chevalerie chrétienne que Mahomet a remplacée par le mépris et la servitude. Les missionnaires feront bien de rappeler ou d'apprendre aux Arabes de nos jours, que leurs ancêtres de l'Yémen ou de l'Arabie-Heureuse, étaient d'illustres chrétiens catholiques, avant que Mahomet parût ; ils pourront même citer le poète arabe chrétien Akhtal" (Histoire universelle de l'Église catholique, t. 9, pp. 45-46).
           
        Alors, on pourrait se demander pourquoi la Foi de ces chrétiens arabes, et plus généralement moyen-orientaux, fut complètement subvertie au VIème par le coranisme, alors que la Foi refoula victorieusement, notamment avec la grande victoire de Charles Martel en 732, cette corruption coranique dans l'Occident ?
           
        La réponse à la question est assez simple : la Foi des orientaux en général, auxquels donc étaient intégrés les arabes chrétiens, était doctrinalement moins pure que celle des occidentaux, elle était teintée de mysticisme et avait versé notamment dans l'hérésie eutychienne ou monophysisme, ce qui la rendait très-vulnérable aux attaques de la doctrine du Coran. Le moine Eutychès (vers 375-vers 454) en effet, professait hérétiquement qu'il n'y avait qu'une seule nature dans le Christ, celle divine. On conçoit aisément que ce système théologique hérétique qui rejette la théandrie dans le Christ (= deux nature inconfusibles, celle de l'homme et celle de Dieu, dans une seule Personne, celle du Christ), avait des ponts, des points de passage, avec la doctrine musulmane sur la Divinité exclusivement Une, et qu'elle ait pu créer de fortes tentations chez ceux qui y adhéraient de rejeter également qu'il y ait plusieurs Personnes divines dans un Dieu unique : puisqu'il est impossible qu'il y ait plusieurs natures dans l'intégrité de la personne une du Christ, alors, cela ne doit pas être plus possible qu'il y ait plusieurs Personnes en Dieu, la Trinité des Personnes divines est fausse, il n'y a qu'un Dieu unique, ce que professaient les musulmans. Et c'est ainsi, entre autres, que le coranisme abattit la Foi chrétienne des orientaux devenue impure, et, parmi eux, celle des arabes. Seule, en effet, une Foi pure pouvait vaincre le coranisme.
           
        Rohrbacher a sur cela une fort belle page, dans son Histoire, etc. : "Dieu se servira de l'hérésie et de la puissance mahométane, pour punir les autres hérésies et puissances, en particulier celles de l'Orient, de l'abus de ses dons et de ses grâces. Pour réconcilier l'homme avec Dieu et les hommes entre eux, le Fils de Dieu se fait homme, expie en sa Personne toutes les inimitiés, et établit sur la terre une société spirituelle de foi, d'espérance et de charité, avec un chef visible qui le remplace, et auquel il donne le clefs du royaume des cieux. Pendant trois siècles, Rome idolâtre repousse par le fer et le feu l'empire de Dieu et de son Christ, pour se faire adorer elle-même avec ses idoles et ses empereurs : Rome idolâtre, avec ses empereurs et les idoles, sera punie et détruite par le fer et le feu des nations qu'elle était habituée à dominer et à séduire. Pendant trois siècles, les nouveaux rois de Perse, avec leurs mages, au lieu d'adorer dans sa gloire celui que des mages avaient adoré dans son berceau, persécutaient ses adorateurs pour leur faire adorer le feu et d'autres créatures : les rois de Perse et leurs mages seront exterminés par le fer et le feu des Arabes. Pendant trois siècles, les empereurs de Constantinople et les chrétiens de l'Orient, au lieu de professer avec amour la Divinité du Christ et l'unité de son Église, sont presque toujours à attaquer l'une et à déchirer l'autre par des hérésies et des schismes sans cesse renaissants. (...) Les empereurs de Constantinople et les chrétiens de l'Orient seront punis par leurs schismes et leurs hérésies devenues homme et empire dans la personne de Mahomet ; car, dans le fond, le mahométisme consiste à nier la divinité du Christ et à reconnaître au glaive la suprématie de la doctrine" (t. X, p. 4).
           
        Mais j'en reviens, pour finir, au sujet propre de ce chapitre musulman, et le conclue de la même manière que le précédent consacré au juifs judaïques :
           
        Qu'il soit anathème, celui qui ose dire que la religion mahométane ou coranique, non-Trinitaire et rejetant la doctrine du Messie-Dieu, est une religion monothéiste qui a Abraham pour père.
           
        ... Abraham, père des trois religions monothéistes ? Quel blasphème, quel scandale, de voir les papes modernes oser soutenir cela !! Car il n'y en a qu'une seule parmi les trois qui est véritablement monothéiste, c'est celle catholique, celle qui professe le dogme trinitaire. Le vrai monothéiste est trinitaire.
           
        Il ne faut pas être surpris du dogme trinitaire, qui révèle un Dieu-Famille. Ne sommes-nous pas, nous les êtres humains, faits à l'image de Dieu ? Or, si nous nous regardons dans le miroir de notre vie, nous voyons bien que nous-mêmes, chacun d'entre nous, nous sommes... Un et Trois, à l'image du Dieu véritable. En effet, alors que nous ne sommes qu'une personne une, cependant nous avons deux noms, le prénom et le nom, pour nous identifier... pourquoi donc cela, si nous n'étions vraiment qu'un, comme veulent le croire les faux monothéistes judaïques et mahométans à propos de Dieu ? Tout simplement parce que notre prénom est en relation avec ce qui est "un" en nous, notre individualité spécifique, et notre nom, à juste titre appelé "de famille", est en relation avec ce qui est "trois" en nous, c'est-à-dire avec la substance familiale, père, mère, enfant(s), dont nous sommes composés, à égalité et avec ce qui fait que nous sommes "un". Or, l'un sans l'autre, ou l'autre sans l'un, ne peut pas exister métaphysiquement. Je m'appelle Vincent Morlier. Si je disais que je m'appelle seulement "Vincent", cela ne suffit pas à m'identifier, il y a bien d'autres "Vincent" dans d'autres familles, mais ce n'est pas moi ; de même, si je dis que je m'appelle "Morlier", cela ne suffit pas plus à m'identifier, les autres membres de ma famille s'appelant eux aussi "Morlier" ; par rapport à ma propre famille, je suis le seul à m'appeler "Vincent Morlier" (pour simplifier ma démonstration, je fais abstraction des homonymes qui existent dans d'autres familles)... je suis donc "un", et cependant ce qui spécifie ce "un", c'est aussi le "trois".
           
        Cela n'est qu'une parabole, une analogie imparfaite bien sûr, avec la Trinité divine (ne serait-ce que parce que les différentes personnes composant une famille humaine ne sont pas de même substance, consubstantielles entre elles, comme les Personnes divines le sont quant à Elles !), mais elle permet de bien comprendre que de voir Trois Personnes dans l'Unité d'un seul Dieu, n'est pas du tout aussi anti-naturel qu'une vue grossière, barbare et primaire, de la question voudrait le croire, cela révèle tout au contraire la vraie et profonde nature métaphysique des choses, de laquelle, pour leur malheur, se sont coupés, et les juifs judaïques, et les musulmans...
 
        3/ La dernière Lettre apostolique du pape François,
sur saint Joseph, Patris corde.
           
        Elle est... magnifique, d'une très-grande et surtout très-catholique spiritualité !
           
        Chronologiquement, j'aurais certes dû commencer par cette Lettre apostolique du 8 décembre de l'année dernière 2020, mais je ne l'ai lue qu'il y a seulement quelques jours, le 1er mars, pour commencer mon mois de saint Joseph. Et puis, j'ai préféré terminer avec elle pour une autre raison : elle va me permettre de finir, pour une fois, mon article par un happy end...! La spiritualité de cette Lettre est en effet de toute beauté.
           
        ... N'est-ce pas surprenant ?! Il en est pourtant bien ainsi, il n'est que de lire cette Lettre apostolique. Ce qui montre bien que les papes antéchristisés de la période moderneles pires, ceux issus de Vatican II, ne sont pas encore, quant à eux, l'Antéchrist-personne lui-même, c'est-à-dire le fameux "Agneau à la voix de dragon" annoncé par saint Jean dans l'Apocalypse, comme certains extrémistes brouillons-pressés, sédévacantistes, voudraient le croire. Parfois, donc, ces papes antéchristisés mais inconscients de l'être et sans mauvaise intention de leur part, et cependant qui amèneront inéluctablement l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, regardent, dans leur fonction pontificale, "l'Agneau", c'est-à-dire le Christ, par exemple dans cette remarquable Lettre apostolique sur saint Joseph, quand trop souvent hélas et bien plus souvent, ils regardent le "dragon", c'est-à-dire Satan et l'Antéchrist, par exemple en osant professer que Abraham est le père des trois religions monothéistes.
           
        Pour ne tomber dans aucun extrémisme qui, volontiers, ferait anathématiser François, à la manière des sédévacantistes qui font du "libre-examen" luthérien de la Légitimité pontificale (... n'aboutissant qu'à s'excommunier eux-mêmes de l'Église, de leurs propres mains, mais pas le pape moderne qu'ils prétendent excommunier...), il importe, ce que je me propose de faire maintenant, de donner une présentation honnête de l'entière situation pontificale actuelle, qui voit certes un renversant et incroyable mélange entre "l'Agneau" et "le dragon", et, simplement, en toute humilité, reproduire le bon dans ces papes antéchristisés, quand on l'y trouve, après y avoir dûment dénoncé le mauvais. Je vais donc à présent citer de larges extraits de cette belle et bonne Lettre apostolique du pape François sur saint Joseph, Patris Corde, qu'on trouvera sur le site du Vatican au lien suivant : http://www.vatican.va/content/francesco/fr/apost_letters/documents/papa-francesco-lettera-ap_20201208_patris-corde.htm.
           
        Après avoir dit que cette Lettre apostolique est écrite à l'occasion du 150ème anniversaire de la déclaration de saint Joseph comme Patron de l'Église Universelle, le pape François pose l'idée principale qui sous-tend tout son hommage à saint Joseph, à savoir : c'est avec un cœur de père (patris corde) que Joseph a aimé Jésus.
           
        Il poursuit en précisant que Jésus était bien sous l'appartenance légale de Joseph, car Joseph lui avait donné son nom, Jésus : "Comme on le sait, donner un nom à une personne ou à une chose signifiait, chez les peuples antiques, en obtenir l’appartenance, comme l’avait fait Adam dans le récit de la Genèse (cf. II, 19-20) ; Joseph eut le courage d’assumer la paternité légale de Jésus".
           
        Après avoir brossé rapidement ce qu'on sait par les Évangiles de la vie de Joseph s'occupant activement de Marie et de Jésus pour leur donner une assise matérielle et un nid familial viable, le pape fait remarquer : "Après Marie, Mère de Dieu, aucun saint n’a occupé autant de place dans le Magistère pontifical que Joseph, son époux".
           
        Évoquant, dans cette introduction, les "héros discrets" de la crise du Covid, il leur donne en modèle saint Joseph : "Nous pouvons tous trouver en saint Joseph l’homme qui passe inaperçu, l’homme de la présence quotidienne, discrète et cachée, un intercesseur, un soutien et un guide dans les moments de difficultés. Saint Joseph nous rappelle que tous ceux qui, apparemment, sont cachés ou en «deuxième ligne», jouent un rôle inégalé dans l’histoire du salut".
           
        Puis, après ces propos introductifs, le pape nous propose une méditation en sept points sur saint Joseph, dont je vais tirer les phrases les plus belles, en vrac, telles quelles, sans souci d'ordonnance :
           
        1./ Joseph aimé.
           
        "La grandeur de saint Joseph consiste dans le fait qu’il a été l’époux de Marie et le père adoptif de Jésus. Comme tel, il «se mit au service de tout le dessein salvifique», comme l’affirme saint Jean Chrysostome".
           
        "En raison de son rôle dans l’histoire du salut, saint Joseph est un père qui a toujours été aimé par le peuple chrétien. De nombreux saints et saintes ont été ses dévots passionnés, parmi lesquels Thérèse d’Avila. Dans tout manuel de prière, on trouve des oraisons à saint Joseph. Des invocations particulières lui sont adressées tous les mercredis, et spécialement durant le mois de mars qui lui est traditionnellement dédié. (...) La confiance du peuple en saint Joseph est résumée dans l’expression "Ite ad Joseph" qui fait référence au temps de la famine en Égypte quand les gens demandaient du pain au pharaon, et il répondait : «Allez trouver Joseph, et faites ce qu’il vous dira» (Gn XLI, 55).
           
        2./ Père dans la tendresse.
           
        "Joseph a vu Jésus grandir jour après jour «en sagesse, en taille et en grâce, devant Dieu et devant les hommes» (Lc II, 52). Tout comme le Seigneur avait fait avec Israël, «il lui a appris à marcher, en le tenant par la main : il était pour lui comme un père qui soulève un nourrisson tout contre sa joue, il se penchait vers lui pour lui donner à manger» (cf. Os XI, 3-4). Jésus a vu en Joseph la tendresse de Dieu : «Comme la tendresse du père pour ses fils, la tendresse du Seigneur pour qui le craint» (Ps CIII, 13).
           
        "L’histoire du salut s’accomplit en «espérant contre toute espérance» (Rm IV, 18), à travers nos faiblesses. Nous pensons trop souvent que Dieu ne s’appuie que sur notre côté bon et gagnant, alors qu’en réalité la plus grande partie de ses desseins se réalise à travers et en dépit de notre faiblesse. Si telle est la perspective de l’économie du salut, alors nous devons apprendre à accueillir notre faiblesse avec une profonde tendresse. Le Malin nous pousse à regarder notre fragilité avec un jugement négatif. Au contraire, l’Esprit la met en lumière avec tendresse. La tendresse est la meilleure manière de toucher ce qui est fragile en nous. Seule la tendresse nous sauvera de l’œuvre de l’Accusateur (cf. Ap XII, 10). C’est pourquoi il est important de rencontrer la Miséricorde de Dieu, notamment dans le Sacrement de la Réconciliation, en faisant une expérience de vérité et de tendresse. Paradoxalement, le Malin aussi peut nous dire la vérité. Mais s’il le fait, c’est pour nous condamner. Nous savons cependant que la Vérité qui vient de Dieu ne nous condamne pas, mais qu’elle nous accueille, nous embrasse, nous soutient, nous pardonne. La Vérité se présente toujours à nous comme le Père miséricordieux de la parabole (cf. Lc XV, 11-32) : elle vient à notre rencontre, nous redonne la dignité, nous remet debout, fait la fête pour nous parce que «mon fils que voilà était mort, et il est revenu à la vie ; il était perdu, et il est retrouvé»".
           
        3./ Père dans l'obéissance.
           
        "Dieu a aussi révélé à Joseph ses desseins par des songes.
           
        "Dans le premier songe, l’ange l’aide à résoudre son dilemme : «Ne crains pas de prendre chez toi Marie, ton épouse». Sa réponse est immédiate : «Quand Joseph se réveilla, il fit ce que l’ange du Seigneur lui avait prescrit» (Mt I, 24). Grâce à l’obéissance, il surmonte son drame et il sauve Marie.
           
        "Dans le deuxième songe, l’ange demande à Joseph : «Lève-toi ; prends l’enfant et sa mère, et fuis en Égypte. Reste là-bas jusqu’à ce que je t’avertisse, car Hérode va rechercher l’enfant pour le faire périr» (MtII, 13). Joseph n’hésite pas à obéir, sans se poser de questions concernant les difficultés qu’il devra rencontrer : «Il se leva dans la nuit, il prit l’enfant et sa mère et se retira en Égypte, où il resta jusqu’à la mort d’Hérode» (Mt II, 14-15). En Égypte, Joseph, avec confiance et patience, attend l’avis promis par l’ange pour retourner dans son Pays.
           
        "Le messager divin, dans un troisième songe, juste après l’avoir informé que ceux qui cherchaient à tuer l’enfant sont morts, lui ordonne de se lever, de prendre avec lui l’enfant et sa mère et de retourner en terre d’Israël (cf. Mt II, 19-20). Il obéit une fois encore sans hésiter : «Il se leva, prit l’enfant et sa mère, et il entra dans le pays d’Israël» (Mt II, 21).
           
        "Mais durant le voyage de retour, «apprenant qu’Arkélaüs régnait sur la Judée à la place de son père Hérode, il eut peur de s’y rendre. Averti en songe, – et c’est la quatrième fois que cela arrive – il se retira dans la région de Galilée et vint habiter dans une ville appelée Nazareth» (Mt II, 22-23).
           
        "Dans chaque circonstance de sa vie, Joseph a su prononcer son «fiat», tout comme Marie à l’Annonciation, et comme Jésus à Gethsémani.
           
        "Dans la vie cachée de Nazareth, Jésus a appris à faire la volonté du Père à l’école de Joseph. Cette volonté est devenue sa nourriture quotidienne (cf. Jn IV, 34)".
           
        4./ Père dans l'accueil.
           
        "Joseph accueille Marie sans fixer de conditions préalables. Il se fie aux paroles de l’Ange.
           
        "La vie spirituelle que Joseph nous montre n’est pas un chemin qui explique, mais un chemin qui accueille. C’est seulement à partir de cet accueil, de cette réconciliation, qu’on peut aussi entrevoir une histoire plus grande, un sens plus profond. Semblent résonner les ardentes paroles de Job qui, à l’invitation de sa femme à se révolter pour tout le mal qui lui arrive, répond : «Si nous accueillons le bonheur comme venant de Dieu, comment ne pas accueillir de même le malheur» (Jb II, 10).
           
        "Joseph n’est pas un homme passivement résigné. Il est fortement et courageusement engagé. L’accueil est un moyen par lequel le don de force qui nous vient du Saint Esprit se manifeste dans notre vie. Seul le Seigneur peut nous donner la force d’accueillir la vie telle qu’elle est, de faire aussi place à cette partie contradictoire, inattendue, décevante, de l’existence. La venue de Jésus parmi nous est un don du Père pour que chacun se réconcilie avec la chair de sa propre histoire, même quand il ne la comprend pas complètement. Dieu peut faire germer des fleurs dans les rochers. Même si notre cœur nous accuse, Il «est plus grand que notre cœur, et il connaît toutes choses» (1 Jn III, 20).
           
        "Loin de nous, alors, de penser que croire signifie trouver des solutions consolatrices faciles. La foi que nous a enseignée le Christ est, au contraire, celle que nous voyons en saint Joseph qui ne cherche pas de raccourcis mais qui affronte «les yeux ouverts» ce qui lui arrive en en assumant personnellement la responsabilité.
           
        5./ Père au courage créatif.
           
        "Bien des fois, en lisant les «Évangiles de l’enfance», on se demande pourquoi Dieu n’est pas intervenu de manière directe et claire. Mais Dieu intervient à travers des évènements et des personnes. Joseph est l’homme par qui Dieu prend soin des commencements de l’histoire de la Rédemption. Il est le vrai «miracle» par lequel Dieu sauve l’Enfant et sa mère. Le Ciel intervient en faisant confiance au courage créatif de cet homme qui, arrivant à Bethléem et ne trouvant pas un logement où Marie pourra accoucher, aménage une étable et l’arrange afin qu’elle devienne, autant que possible, un lieu accueillant pour le Fils de Dieu qui vient au monde (cf. Lc II, 6-7). Devant le danger imminent d’Hérode qui veut tuer l’Enfant, Joseph est alerté, une fois encore en rêve, pour le défendre, et il organise la fuite en Égypte au cœur de la nuit (cf. Mt II, 13-14).
           
        "La «bonne nouvelle» de l’Évangile est de montrer comment, malgré l’arrogance et la violence des dominateurs terrestres, Dieu trouve toujours un moyen pour réaliser son plan de salut. L’Évangile nous dit que, ce qui compte, Dieu réussit toujours à le sauver à condition que nous ayons le courage créatif du charpentier de Nazareth qui sait transformer un problème en opportunité, faisant toujours confiance à la Providence.
           
        "Il s’agit du même courage créatif démontré par les amis du paralytique qui le descendent par le toit pour le présenter à Jésus (cf. Lc V, 17-26). La difficulté n’a pas arrêté l’audace et l’obstination de ses amis : ils enlèvent les tuiles et le descendent sur sa civière juste devant Jésus.
           
        "À la fin de chaque événement qui voit Joseph comme protagoniste, l’Évangile note qu’il se lève, prend avec lui l’Enfant et sa mère, et fait ce que Dieu lui a ordonné (cf. Mt I, 24 ; II, 14.21). Jésus et Marie sa Mère sont, en effet, le trésor le plus précieux de notre Foi. On ne peut pas séparer, dans le plan du salut, le Fils de la Mère.
           
        "Nous devons toujours nous demander si nous défendons de toutes nos forces Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre responsabilité, à notre soin, à notre garde. Le Fils du Tout-Puissant vient dans le monde en assumant une condition de grande faiblesse. Il se fait dépendant de Joseph pour être défendu, protégé, soigné, élevé. Dieu fait confiance à cet homme, comme le fait Marie qui trouve en Joseph celui qui, non seulement veut lui sauver la vie, mais qui s’occupera toujours d’elle et de l’Enfant. En ce sens, Joseph ne peut pas ne pas être le Gardien de l’Église, parce que l’Église est le prolongement du Corps du Christ dans l’histoire, et en même temps dans la maternité de l’Église est esquissée la maternité de Marie. Joseph, en continuant de protéger l’Église, continue de protéger l’Enfant et sa mère, et nous aussi en aimant l’Église nous continuons d’aimer l’Enfant et sa mère.
           
        "Cet Enfant est celui qui dira : «Dans la mesure où vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait» (Mt XXV, 40). Ainsi chaque nécessiteux, chaque pauvre, chaque souffrant, chaque moribond, chaque étranger, chaque prisonnier, chaque malade, est «l’Enfant» que Joseph continue de défendre. C’est pourquoi saint Joseph est invoqué comme protecteur des miséreux, des nécessiteux, des exilés, des affligés, des pauvres, des moribonds. Nous devons apprendre de Joseph le même soin et la même responsabilité : aimer l’Enfant et sa mère ; aimer les Sacrements et la charité ; aimer l’Église et les pauvres. Chacune de ces réalités est toujours l’Enfant et sa mère.
           
        6./ Père travailleur.
           
        "Saint Joseph était un charpentier qui a travaillé honnêtement pour garantir la subsistance de sa famille. Jésus a appris de lui la valeur, la dignité et la joie de ce que signifie manger le pain, fruit de son travail.
           
        "Le travail de saint Joseph nous rappelle que Dieu lui-même fait homme n’a pas dédaigné de travailler.
           
        7./ Père dans l'ombre.
           
        "L’écrivain polonais Jan Dobraczyński, dans son livre L’ombre du Père, a raconté la vie de saint Joseph sous forme de roman. Avec l’image suggestive de l’ombre, il définit la figure de Joseph qui est pour Jésus l’ombre sur la terre du Père Céleste. Il le garde, le protège, ne se détache jamais de lui pour suivre ses pas. Pensons à ce que Moïse rappelle à Israël : «Tu l’as vu aussi au désert : Yahvé ton Dieu te soutenait comme un homme soutient son fils» (Dt I, 31). C’est ainsi que Joseph a exercé la paternité pendant toute sa vie.
           
        "La logique de l’amour est toujours une logique de liberté, et Joseph a su aimer de manière extraordinairement libre. Il ne s’est jamais mis au centre. Il a su se décentrer, mettre au centre de sa vie Marie et Jésus. Le bonheur de Joseph n’est pas dans la logique du sacrifice de soi, mais du don de soi. On ne perçoit jamais en cet homme de la frustration, mais seulement de la confiance. Son silence persistant ne contient pas de plaintes mais toujours des gestes concrets de confiance.
           
        "Le but de cette Lettre Apostolique est de faire grandir l’amour envers ce grand saint, pour être poussés à implorer son intercession et pour imiter ses vertus et son élan. Saint Paul a explicitement exhorté : «Montrez-vous mes imitateurs» (1 Co IV, 16). Saint Joseph le dit à travers son silence éloquent. Il ne reste qu’à implorer de saint Joseph la grâce des grâces : notre conversion.
           
        "Donné à Rome, Saint Jean de Latran, le 8 décembre, Solennité de l’Immaculée Conception de la B.V. Marie, de l’année 2020, la huitième de mon Pontificat.
 
François
           
        Et le pape François de terminer sa Lettre apostolique, par une note 10 où il dit :
           
        "Tous les jours, depuis plus de quarante ans, après les Laudes, je récite une prière à saint Joseph tirée d’un livre français de dévotions des années 1800, de la Congrégation des Religieuses de Jésus et Marie, qui exprime dévotion, confiance et un certain défi à saint Joseph : «Glorieux Patriarche saint Joseph dont la puissance sait rendre possibles les choses impossibles, viens à mon aide en ces moments d’angoisse et de difficulté. Prends sous ta protection les situations si graves et difficiles que je te recommande, afin qu'elles aient une heureuse issue. Mon bien-aimé Père, toute ma confiance est en toi. Qu'il ne soit pas dit que je t’ai invoqué en vain, et puisque tu peux tout auprès de Jésus et de Marie, montre-moi que ta bonté est aussi grande que ton pouvoir. Amen».  
           
        Il faut avouer que devant une spiritualité aussi belle et forte, on croit franchement rêver... C'est bien le premier document magistériel du pape François qui est... catholique ! Et qui contredit totalement son positionnement pro-mondialiste et syncrétiste religieux ! Comment, par exemple, ne voit-il pas que la magnifique phrase qu'il a dite "Nous devons toujours nous demander si nous défendons de toutes nos forces Jésus et Marie qui sont mystérieusement confiés à notre responsabilité, à notre soin, à notre garde" condamne de plein fouet le fait de réputer bons les monothéismes juif judaïque et musulman, qui sont des atteintes mortelles directes à Jésus et Marie...?!?
           
        Ô prodige d'aveuglement !!! Ô mysterium iniquitatis !!!
           
        Voilà. Pour l'instant, nous avons des papes antéchristisés mais qui ne le sont pas à fond, formellement, ils ne le sont que matériellement. Néanmoins, leur péché antéchristique promouvant une nouvelle tour de Babel, péché qui remonte au concordat napoléonien et qui, tel le furet du bois-vilain, passe par Vatican II, va faire advenir sur le Siège de Pierre l'Antéchrist-personne, comme je l'ai exprimé dans mon précédent article du 1er janvier.
           
        Jusques à quand le péché pontifical suprême sera-t-il seulement matériel ? Jusqu'à ce qu'advienne l'Adversaire sur le Siège de Pierre. Il transformera alors le péché matériel pontifical-ecclésial en péché formel.
           
        Et c'est à partir du Siège de Pierre qu'il le fera. Légitimement. Tel un Caïphe deuxième du nom imitant celui de l'Antiquité, qui, légitimement lui aussi, en tant que dernier Grand-Pontife de l'économie de salut synagogale-mosaïque, anathématisa solennellement Jésus-Christ dans la nuit fatidique du Jeudi-Saint. Caïphe II-l'Antéchrist sera le tout dernier pape de l'Église dans son économie de salut actuelle du Temps des nations et de Rome son centre, appelée, à l'instar de l'antique économie de salut mosaïque-synagogale, à disparaître, elle aussi, pour laisser place aux Mille ans qu'instaurera le Christ en Gloire, après la chute de l'Antéchrist-personne.
           
        ... Saint Joseph, Patron de l'Église Universelle, priez pour l'Église et pour nous !
 
En la fête de saint Joseph,
ce 19 mars 2021,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
19-03-2021 15:03:00
 

De très-excellentes réflexions de Mgr Williamson mélangées à de moins bonnes... ― Essai sur le péché matériel de l'Église moderne

 
 
 
De très-excellentes réflexions de Mgr Williamson
mélangées à de moins bonnes...
― Essai sur le péché matériel de l'Église moderne
 
 
 
Preambulum
           
        L'article de Mgr Richard Williamson qui m'inspire ce nouvel article de mon Blog n'est pas vraiment d'hier, il date de huit ans bien tassés (17 novembre 2012). Lorsque je l'ai lu à l'époque, j'ai été très-impressionné par sa clairvoyance mais également fort déçu par certains aspects de ce qu'exposait Mgr Williamson, au point de lui envoyer une lettre, que j'ai retrouvée tout-à-fait fortuitement les jours derniers dans mes archives, elle est datée du 7 décembre de la même année, 2012.
           
        Dans son article en effet, loin de tout obscurantisme aliénant et de tout sectarisme complotiste ou autre, l'évêque traditionaliste donnait un grand éclairage sur les causes morales profondes et vraies de "la crise de l'Église", éclairage qu'il était fort nécessaire, cependant, et ce fut tout l'objet de ma lettre, de bien recentrer sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", dont Mgr Williamson ne prend pas conscience, pas plus, semble-t-il, aujourd'hui qu'il y a huit ans (très-probablement à cause de la déviance doctrinale lefébvriste dont il est tout pénétré dans son analyse de "la crise de l'Église"), recentrage qui, cependant, seul, donne le fin mot de l'histoire et de l'affaire, en révélant le mystère de la co-Rédemption qu'est en train de vivre (et de mourir) l'Épouse-Église aujourd'hui, à l'instar du mystère de la Rédemption vécu il y a 2 000 ans par l'Époux des âmes, Notre-Seigneur Jésus-Christ. 
           
        Je crois intéressant et édifiant pour la Foi, de porter aujourd'hui le tout à l'attention de mes lecteurs. Je vais donc commencer par reproduire l'article de l'évêque traditionaliste (cf. https://stmarcelinitiative.com/problxe8meprofond/?lang=fr), puis, ensuite, je vais mettre la lettre que je lui avais adressée à l'époque, après avoir lu son article (... à laquelle lettre, et je n'en fus point surpris c'est le contraire qui m'aurait surpris, l'évêque traditionaliste ne fit aucune réponse... ― Je me rends hélas compte que mon travail prophétique en Église depuis de très-nombreuses années maintenant, a aussi le rôle, que j'ai été fort éloigné de désirer au départ, de témoigner devant le Trône de Dieu, pour mémoire de gloire et d'opprobres, que les mouvances ecclésiales actuelles, quelles qu'elles soient et malheureusement sans aucune exception, des tradis de toute espèce aux modernes les plus divers, sont toutes bêtabloquées, clivées, cadenassées, rivées, dans leurs positionnements idéologiques hétérodoxes quant à "la crise de l'Église", sans jamais vouloir, même le plus petitement du monde, remettre en cause leurs pires et plus évidentes déviances doctrinales et faussetés...).
           
        Mais voici, pour commencer, l'article de Mgr Williamson : 
 
 
"Problème Profond
"(17 novembre 2012)
"Les problèmes de la Néo-Église datent du Moyen Âge ;
"Vatican II était simplement la fin d’un long processus.
           
        "Beaucoup de catholiques ne saisissent pas toute la profondeur du problème posé par le Concile révolutionnaire de Vatican II (1962-1965). S’ils connaissaient mieux l’histoire de l’Église, ils pourraient être moins tentés soit par le libéralisme, qui leur fait penser que le Concile n’était pas si mauvais qu’on le dit, soit par le "sédévacantisme", qui leur fait penser que les autorités de l’Église ne sont plus ses autorités. À propos, Notre Seigneur a-t-il mis en question l’autorité religieuse de Caïphe, ou l’autorité civile de Ponce Pilate ?
           
        "Le problème est profond parce qu’il est enterré sous plusieurs siècles d’histoire de l’Église. Lorsqu’au début du 15me siècle St Vincent Ferrer (1357-1419) prêcha dans toute l’Europe que la fin du monde était proche, nous savons aujourd’hui qu’il s’est trompé de plus de 600 ans. Et pourtant Dieu a confirmé sa prédication en lui donnant d’opérer des milliers de miracles et des milliers et des milliers de conversions. Dieu confirmait-il par là l’erreur ? Le Ciel nous en préserve ! La vérité, c’est que le Saint pressentait correctement que la décadence de la fin du Moyen-Âge impliquait la corruption explicite et quasi-totale de notre propre époque, répétition générale de la corruption totale de la fin du monde.
           
        "Seulement il a fallu du temps, le temps de Dieu, plusieurs siècles, pour que cette corruption implicite devînt explicite, parce que régulièrement Dieu a choisi de susciter des saints qui ralentissent la glissade en bas, telle cette gerbe de Saints célèbres qui ont mené à fin la Contre-Réforme du 16me siècle. Néanmoins Dieu n’enlève pas aux hommes leur libre-arbitre, en sorte que s’ils ne choisissaient pas de rester sur les hauteurs du Moyen-Âge, il ne les y obligerait pas. Au contraire il permettrait à son Église, au moins dans une certaine mesure, de s’adapter aux temps, parce que celle-ci existe pour sauver non pas les gloires du passé mais les âmes du présent.
           
        "Cela peut s’illustrer par deux exemples : d’abord la théologie Moliniste, rendue virtuellement nécessaire par Luther et Calvin pour assurer la défense du libre-arbitre, et ensuite le Concordat de 1801, rendu nécessaire par l’État Révolutionnaire pour permettre à l’Église en France de fonctionner en public. Or le Molinisme comme le Concordat furent des compromis avec le monde de leur temps, mais les deux rendirent possible le salut de beaucoup d’âmes, et l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs, à savoir Dieu comme Acte Pur et le Christ comme Roi de la Société respectivement. Néanmoins les deux compromis permirent une certaine humanisation de l’Église divine, et les deux contribuèrent à la sécularisation lente de la chrétienté. Car les compromis ont obligatoirement des conséquences.
           
        "C’est ainsi que si ce processus lent d’humanisation et de sécularisation devait trop corrompre ce monde d’où les hommes et les femmes sont appelés pour servir Dieu dans son Église, comment pourraient-ils entrer à son service sans une forte dose de libéralisme radioactif dans le sang, laquelle exigerait un antidote vigoureux dans leur formation religieuse ? En effet, ne partageraient-ils pas tout naturellement la conviction instinctive de presque tous leurs contemporains que les principes et idéaux du monde révolutionnaire d’où ils venaient étaient normaux, alors que leur formation religieuse opposée à ce monde était aussi pieuse qu’on voulait, mais radicalement anormale? De tels hommes et femmes seraient pour l’Église un désastre en puissance. Éh bien, ce désastre se fit actuel en plein 20me siècle, lorsqu’une grande partie des deux mille évêques du monde se réjouit au lieu de se révolter quand Jean XXIII fit comprendre au Concile qu’il abandonnait l’Église anti-moderne.
           
        "Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n’oublie que ceux-ci, étant convaincus qu’ils sont des gens normaux par rapport à notre monde en délire, ne sont plus coupables de la destruction de l’Église du Christ comme l’auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d’honorer leur office.
           
        "Kyrie eleison"
 
        (fin de citation) 
           
 
        Et voici à présent la lettre que j'écrivis à Mgr Williamson le 7 décembre 2012, que j'ai un peu remaniée et complétée pour les présentes :
           
 
        Monseigneur Williamson,
           
        Votre article Problème profond est effectivement, quant aux sources morales de la crise de l’Église et du monde actuel, une méditation remarquable et… très-profonde.
           
        Permettez-moi de la continuer quelque peu avec vous, ne serait-ce que pour voir ces choses terribles de ce que vous appelez la "corruption" sous un angle de vue qui me semble plus surnaturel, plus positif, moins négatif, moins culpabilisant pour les hommes, que celui que vous adoptez.
           
        Vous dites à juste titre que, au regard de la Foi, la fin du Moyen-Âge a été le début implicite de la "corruption" qui s’explicite au for externe en nos jours post-révolutionnaires calamiteux ; et c’est cette "corruption" de l’Idéal doctrinal dont saint Vincent Ferrier prophétisait qu’elle signifiait, à terme, la fin du monde.
           
        Cette vision des choses est fort juste, mais négative, et, par-là même, ne va pas à la cause première de la situation d’impuissance actuelle de l’homme, quant au salut.
           
        L’homme, effectivement, depuis la Renaissance, n’est plus capable, ou ne veut plus, ou les deux à la fois, poursuivre l’Idéal très-chrétien, sacral, qui fut le sien aux temps bénis du Moyen-Âge dont l’apogée fut le XIIIème siècle de saint Louis roy de France et du grand pape Boniface VIII. Mais… en est-il forcément coupable ? La bonne question me semble plutôt devoir être celle-ci : Est-ce que c’est l’homme qui est responsable en cause première de cette nouvelle situation morale dégénérée ? Est-ce que, au contraire, il ne faut pas discerner, à la base de cette nouvelle situation, une Volonté première de Dieu de retirer à l’homme sa grâce au for public, pas brutalement mais progressivement plus les temps avancent, je veux parler non pas de la grâce qui sauve l'homme individuel (car il est de Foi que Dieu propose à chaque homme en particulier et à tous les hommes, sa grâce de salut effective en tous temps, même aux derniers), mais de la grâce qui manifeste le salut au for externe public par les Institutions salvifiques inhérentes au Temps des Nations, à savoir l’Église catholique, apostolique et romaine, sur le plan religieux, et l’Occident franc très-chrétien sur le plan sociopolitique ? Aux providentielles fins ultimes de les faire participer l'une et l'autre progressivement de plus en plus à la sainte crucifixion du Christ, à l'économie de sa Passion, pour leur faire vivre (et mourir) le mystère de la co-Rédemption ?
           
        Ayons garde d'oublier, Monseigneur, que la récompense du juste sur cette terre, c’est d’être… crucifié. Or, après le passage du Christ, c’est l’Église qui est le Juste par excellence sur cette terre, c'est-à-dire Jésus-Christ continué, selon le génial mot de Bossuet (et Jésus-Christ est aussi continué, en seconde main, dans la société très-chrétienne que l'Église génère, car "l'Église est au commencement de toutes choses" -saint Épiphane-, donc aussi de l'Occident très-chrétien). Et par quoi l'Épouse du Christ peut-elle être crucifiée ? Évidemment, par l’exact contraire de ce qu'elle est. Le moyen providentiel pour que l’Épouse immaculée du Christ soit crucifiée, soit mise dans l'économie de la Passion, va donc être de lui faire épouser la matière du péché du monde, ce que vous appelez la "corruption". Pour "récompenser" l’Église d’être le "Juste continué", celle-ci va donc, à la fin de sa vie militante ici-bas, être soumise à la matière du péché du monde, sans, faut-il avoir à le préciser, aucune coulpe personnelle de sa part (l'Église est en effet une "personne morale" -Droit canon, § 100 -) ; et la civilisation franque très-chrétienne, Longue-main temporelle de l’Église, subira ce même sort. Car bien sûr la deuxième note qui caractérise l’Épouse du Christ, la Sainteté, reste pareillement intacte lorsque l’Église vit la Passion, que lorsqu’elle ne la vit pas encore. C’est pourquoi, quant au Christ, saint Paul a pu définir ainsi lapidairement la sainte-crucifixion : "Il a été fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21), ce qu’il appelle dans un autre passage la "si grande contradiction" (He XII, 3-4), sans supposer la moindre coulpe dans le Christ vivant sa Passion. Et pas plus ne devons-nous en supposer dans l'Église de nos jours qui voit la réplication parfaite de la Passion dans l'Épouse du Christ.
 
        Il m'apparaît bon ici de bien préciser ce qu'est, selon la théologie morale, un péché matériel. Ce ne sera qu'un simple rappel de ce que j'ai déjà fort expliqué dans mon article sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf). Je rappellerai à ce sujet les distinctions classiques en la matière : un péché est mortel (= formel) uniquement lorsque trois conditions sont réunies ENSEMBLE, et ensemble SEULEMENT, à savoir : 1/ la matière mortelle du péché commis, 2/ la connaissance pleine et entière qu'il s'agit d'une faute matériellement mortelle au moment de la commettre, 3/ et la conscience et le vouloir pleins et entiers de le faire au moment de l'acte peccamineux. S'il manque deux voire même une seule de ces trois conditions au moment de l'acte peccamineux, celui-ci peut bien n'être... rien du tout, pas même forcément un péché véniel ni même une imperfection. C'est ce que les théologiens appellent un simple péché matériel.
           
        L'exemple qui est classiquement donné d'un péché matériel sans aucune coulpe rajoutée, est celui d'un soldat qui, dans le cadre d'une guerre juste, par exemple pour défendre le sol de sa patrie injustement agressée, tue un soldat ennemi. Ce soldat a commis la matière d'un vrai péché, par ailleurs fort grave, l'homicide, et cependant, non seulement ce péché ne contient aucune coulpe séparant de Dieu, mais ce soldat défendant sa patrie sera loué de cet acte de péché matériel d'homicide non seulement par les hommes, ses compatriotes, mais par Dieu Lui-même.
           
        D'autres exemples de péchés matériels sans aucune coulpe les accompagnant peuvent être tirés du Martyrologe : des martyrs sont sortis de cette vie par un péché matériel de suicide. 1/ sainte Apolline, fêtée au 9 février, au temps des grandes persécutions des premiers siècles chrétiens, après avoir été affreusement torturée, a couru se jeter d'elle-même dans le feu en s'échappant des mains des bourreaux : stricto sensu, il y a donc là la matière d'un péché mortel de suicide, mais l'Église a considéré que notre sainte avait été animée par la pure motion du Saint-Esprit pour le commettre, et donc son péché matériel de suicide excluait toute espèce de faute réelle ou coulpe ; c'est pourquoi l'Église n'a pas eu la moindre hésitation pour canoniser cette grande martyre ; 2/ une autre jeune sainte de quinze ans, pour échapper aux persécutions des séducteurs païens, s'est jetée du toit de sa maison et est morte sur le coup, autrement dit, elle a, elle aussi, commis un péché matériel de suicide, ce qui, là non plus comme pour sainte Apolline, n'a nullement empêché l'Église de la canoniser (il s'agit de sainte Pélagie, fêtée au 12 juin).
           
        On peut tirer aussi de la sainte Écriture des exemples de péché matériel sans coulpe, je n'en retiendrais que deux, en l'occurrence des péchés matériels de mensonge. 1/ Jacob ment à Isaac son père, pour en recevoir la bénédiction du droit d'aînesse, lui disant formellement qu'il est Esaü après s'être revêtu d'une tunique de poils afin de se faire passer pour son frère aîné velu : "Qui êtes-vous, mon fils ? Jacob lui répondit : Je suis Esaü votre fils aîné" (Gn XXVII, 18-19) & "Isaac, le [Jacob] bénissant donc, lui dit : Êtes-vous mon fils Esaü ? Je le suis, répondit Jacob" (Gen XXVII, 23-24). Le mensonge est flagrant, mais il est inspiré par le Saint-Esprit et est évidemment exempt de toute coulpe. Il ne faut pas oublier en effet qu'Esaü avait auparavant vendu à Jacob son droit d'aînesse contre un plat de lentilles, et qu'il n'en était plus digne. 2/ Mais il y a mieux, si je puis dire ! On prend l'Ange Raphaël en flagrant délit de mensonge, dans l'admirable histoire de Tobie. Or, faut-il le dire, cet Ange de Dieu était incapable de la moindre coulpe, étant confirmé en la grâce divine impeccable. On est donc absolument certain qu'il ne commit dans l'affaire qu'un péché purement matériel sans aucune coulpe quelle qu'elle soit, lorsque, répondant à la question du père de Tobie qui lui demande qui il est, il répond, avant que Tobie accepte qu'il serve de guide à son fils, pour son long voyage : "Je suis Azarias, fils du grand Ananias. Et Tobie répondit : Vous êtes d'une race illustre. Mais je vous prie de ne pas vous fâcher, si j'ai désiré connaître votre race. L'Ange lui dit : Je conduirai votre fils en bonne santé, et le ramènerai de même" (Tb V, 18-20). Mais après le voyage et son bon succès, le soi-disant "Azarias" révèle à Tobie qui il est véritablement, un Ange de Dieu : "Car je suis l'Ange Raphaël, l'un des sept qui nous tenons en la présence du Seigneur" (Tb XII, 15).
           
        Le Saint-Esprit, donc, comme on le voit, est fort éloigné de ne pas utiliser, quand c'est nécessaire, le moyen du péché matériel sans coulpe, comme quelque chose qui n'est pas du tout indigne de Lui et de sa Sainteté sans faille...!
           
        Dans un contexte évidemment fort différent des exemples qui précèdent, c'est dans cette même situation théologique de péché matériel sans coulpe que l'Église et la civilisation très-chrétienne derrière elle se trouvent, depuis la Renaissance. Et de plus en plus, plus les temps avancent.
           
        Ainsi donc, vu sous cet angle positif, cette "corruption" au for externe de la vie de l’homme depuis la Renaissance, ne serait rien d’autre, bien surnaturellement décryptée, décodée, que l’effet de la sainte-crucifixion de l’Église et de la société très-chrétienne, qui consiste essentiellement à ce que l'une et l'autre soient "faites péché pour notre salut", un péché matériel sans coulpe, situation voulue providentiellement par Dieu aux fins suprêmes de faire participer l’une et l’autre à l’archétypale Passion du Christ, avant la Consommation des Temps. Sans qu’il faille forcément supposer, dans ce processus négatif de "corruption", une faute initiale, une vraie coulpe, dans l’homme d’Église et dans l’homme tout court.
           
        Tout ce processus décadent, à la fois en première et en dernière analyse de la question, serait en définitive, d’abord un Vouloir de la Providence divine, qui dirige toutes choses, pour l’Église et pour le monde. Ceci arrive "pour que l’Écriture s’accomplisse" (Jn XIII, 18, XIX, 28 ; etc.). Certes, l’homme rajoute souvent, par aveuglement et faiblesse, son propre péché, avec plus ou moins de coulpe personnelle, à cette situation en soi négative, mais il n’en est pas la cause première.
           
        Voilà, Monseigneur Williamson, ce qui m’apparaît être le profond positif du profond que vous voyez, dans votre article, sous un angle trop exclusivement négatif il me semble, par votre description des effets de cette sainte crucifixion universelle voulue par Dieu, qui se manifeste par un retirement universel de la grâce divine au for public externe, insensible et progressif, effets qui touchent toutes les âmes.
           
        Jusqu’à la fin ultime, qui verra la manifestation de l’Antéchrist-personne, dont l'affreux et très-diabolique grand-oeuvre sera de transformer le péché matériel de l'Église et du monde, en péché formel, pour sa radicale condamnation et celle de tous les mondains impénitents, innombrables, qui le suivront, que saint Augustin appelle la massa damnata et que l'Apocalypse décrit paraboliquement par la Bête de la mer. Cependant, en contrepoint, il ne faut pas oublier que Notre-Dame de Fatima venue pour prophétiser la fin des temps, combattra pour que le plus grand nombre soit sauvé à la fin des fins, on en a la preuve par la prière enseignée aux enfants : "Ô mon Jésus, préservez-nous du feu de l'enfer, prenez au Ciel TOUTES LES ÂMES, SURTOUT CELLES QUI EN ONT LE PLUS BESOIN"... et celles qui en ont le plus besoin seront évidemment justement celles qui se seront laissées séduire par l'Antéchrist-personne ; dès lors, comment imaginer que la très-sainte Vierge aurait demandé aux fidèles de dire cette prière, si celle qui est à elle toute seule plus puissante que tout l'enfer déchaîné, n'aurait pas l'intention de la rendre... efficace et effective ? Il faut d'ailleurs noter que même l'Apocalypse suppose cette possibilité de salut pour ceux qui auront à vivre sous l'Antéchrist-personne, dont le règne aura lieu dans l'église mystique de Laodicée, la septième et dernière, puisque l'Ange prophétise de par Dieu à cette église : "Ceux que J'aime, Je les reprends et les châtie ; aie donc du zèle, et fais pénitence. Voici, Je me tiens à la porte, et Je frappe : si quelqu'un entend Ma voix et M'ouvre la porte, J'entrerai chez lui, et Je souperai avec lui, et lui avec Moi. Celui qui vaincra, Je le ferai asseoir avec Moi sur Mon trône, de même que Moi aussi J'ai vaincu, et Me suis assis avec Mon Père sur Son trône" (Apoc III, 19-21).
           
        Lorsque Dieu retire sa grâce, alors, l’homme se retrouve avec son impuissance métaphysique fondamentale. "Sans Moi, vous ne pouvez rien faire" (Jn XV, 5) n’est que trop constaté. C’est cette situation que décrit lapidairement le Secret de La Salette, lorsque la Reine des prophètes révèle à Mélanie Calvat, pour les temps de la fin des fins que nous vivons de nos jours : "Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes", c’est-à-dire à leur néant métaphysique congénital (ce qui rejoint le fameux cri du cœur du Christ lorsqu’il subit sa propre et personnelle crucifixion, dans sa sainte Humanité cependant immaculée, contrairement à la nôtre : "Mon Dieu ! mon Dieu ! pourquoi m’as-tu abandonné ?").
           
        Puisque Dieu et sa grâce se retirent de la vie publique de l’homme depuis la Renaissance, alors, celui-ci ne peut que dégénérer spirituellement, d’abord implicitement puis, par la dynamique naturelle des puissances de l’homme, explicitement. D’où le libéralisme qui s’imprègne de plus en plus dans la vie de l’homme, d’abord dans sa pensée puis ensuite dans son agir. Pour arriver à la Révolution, qui, sataniquement, prenant l’envers pour l’avers, va poser que le seul dieu à exister dans l’univers, c’est désormais l’homme et rien que l'homme, qui est un dieu formel ("j’ai dit : vous êtes des dieux" ― Jn X, 34), puisque le Dieu transcendant et éternel n’inhabite plus l’homme de sa grâce au for public. C’est céder à la tentation, parce que Dieu est absent, de le croire inexistant, et puis, de le remplacer par le seul "candidat" possible : le dieu formel qu’est tout homme, soit dans son être individuel soit dans son être collectif ou État. C’est certainement à cela que fait allusion l’Apocalypse lorsqu’elle prophétise "la grande tentation qui s’abattra sur l’univers entier" (III, 10), dont le Christ promet au fidèle de l’en garder, "parce que tu es faible, et cependant tu as gardé ma Parole" (III, 8). Tentation à laquelle cèdent hélas la plupart des hommes (les soixante-huitards par exemple, qui écrivaient sur les murs en mai 68 : "Dieu est mort", prenant visiblement son absence pour une inexistence, avant de se déifier eux-mêmes jusque dans leurs pires pulsions).
           
        Quel est le devoir de l’Église dans cette nouvelle économie de la Passion, qu’on peut effectivement faire partir de la Renaissance, et qui inclut une absence de plus en plus sentie de Dieu et de sa grâce dans la vie extérieure des hommes et surtout dans les Institutions de salut établies au for public, absence qui va en progressant plus les temps avancent, j’emploie ce verbe dans le sens où l’on dit d’un fruit ou d’un camembert trop mûr, qu’il est avancé, c’est-à-dire que la pourriture puis la nécrose commencent déjà à remplacer en lui la matière saine et vive ?
           
        De s’adapter, dites-vous Monseigneur, autant que les principes le permettent, c’est-à-dire fors le sacrifice des principes. La limite extrême à ne pas dépasser est en effet le Principe, le dogme, la doctrine. Comme l'avait fort bien dit Mgr Freppel : "On se relève de tout le reste, sauf du sacrifice des principes". Mais, de s’adapter à quoi ? À l’impuissance de l’homme, désormais, sur la chose surnaturelle au for public externe. Car l’impuissance de l’homme n’est pas en soi péché, elle n’est que matière de péché sans coulpe. Il est donc permis de s'y adapter. L'Église est donc parfaitement fondée à s'y adapter, c'est même un devoir pour elle, comme vous le dites fort bien.
           
        Vous croyez cependant pouvoir illustrer par deux exemples, le Molinisme et le Concordat de 1801, ce qui serait une "bonne" adaptation de l’Église aux nouvelles mœurs de l’homme qui devient spirituellement de plus en plus impuissant dans son for public externe. Je vous suis certes parfaitement sur la pensée de ce que vous exposez : puisque Dieu veut positivement la crucifixion de l’Église et du monde à des fins co-Rédemptrices (ce que vous voyez par l’angle de vue négatif, restant aux effets peccamineux sur l’homme de cette crucifixion), il faut donc que l’Église, pour continuer à le sauver, s’adapte à l’impuissance de l’homme à manifester le Christ au for externe public, impuissance devenue désormais son mode de vie habituel, son habitus. Le fin du fin pour l’Église, et elle y est acculée, c’est donc à la fois d’épouser la matière sans coulpe du péché du monde, pour pouvoir atteindre l’âme de l’homme spirituellement dégénéré aux fins de son salut, sans cependant le moins du monde épouser la coulpe du péché lui-même. Exercice de haute voltige, rigoureusement impossible à l’homme taré du péché originel, surtout quand il est homme d’Église, sans une grâce ecclésiale expresse du Christ. Et c'est là que le bât blesse...
           
        En fait, cette situation est vraiment une "si grande contradiction", nous sommes en plein dans ce que dans la littérature française on appelle un oxymore, c'est-à-dire une contradiction antinomique dans des termes mis ensemble, comme quand on parle par exemple d'un jour nocturne ou d'une obscure clarté. Or, effectivement, d'avoir à épouser la matière du péché sans y rajouter aucune coulpe est de l'ordre de l'oxymore, si l'on reste sur un point de vue purement humain de la question. Ce n'est que par la toute-puissance de la grâce divine que la chose est possible, et uniquement par elle. C'est pourquoi, lorsque les disciples se plaignirent à Jésus que l'effort du salut était trop dur pour l'homme : "les regardant, [Il] leur dit : Cela est impossible aux hommes, mais tout est possible à Dieu" (Matth XIX, 26). Or, lorsque l'économie de la Passion fait rentrer l'homme dans la matière du péché, un homme déjà grevé, hypothéqué, de la tare du péché originel en lui, seul l'ordre surnaturel de la grâce peut lui éviter d'y rajouter de la coulpe, il en est viscéralement incapable de lui-même, par ses propres forces. Et c'est alors que ce qu'enseigne Jésus-Christ à saint Paul, qui lui aussi se plaignait de sa propre faiblesse, prend toute son importance : "Ma grâce te suffit. Car c'est dans la faiblesse que ma puissance se montre tout entière" (II Cor XII, 9).
           
        En fait, seul le Christ Jésus justement, à la fois Fils de l'Homme et Fils de Dieu, a le divin pouvoir de vivre le péché matériel sans y rajouter la moindre coulpe, en restant toujours parfaitement saint, le Saint des saints (c'est précisément ce qu'Il a fait dans sa Passion, et c'est justement la raison pour laquelle, étant fait péché sans pécher avec coulpe aucunement, Il a pu vaincre le péché du monde et nous obtenir la Rédemption). C'est pourquoi saint Paul a pu formuler que le Christ, lors de sa Passion, "a été fait péché pour notre salut" et non pour notre damnation. Saint Paul en effet, dans ce magistral v. 21 que tout le ch. V de la IIème aux Corinthiens prépare, tel un tremplin, précise extrêmement bien... la seule chose qu'il était justement capital de préciser, à savoir que le Christ (= et donc l'Église de nos jours) "est fait(e) péché POUR NOTRE SALUT", lorsque le Christ ou l'Église ont leur Passion respective à vivre.
           
        Nous sommes là vraiment dans un oxymore spirituel très-puissant : comment le péché peut-il opérer... le salut ?! Le péché est en effet exclusivement et rigoureusement ordonné à la damnation. Saint Paul n'aurait donc normalement pu que dire : le Christ a été fait péché pour notre damnation. Et cependant, bien sûr, le Christ est plus fort que le péché, c'est l'oxymore spirituel de saint Paul qui manifeste la vérité de notre Rédemption : le Christ étant d'une part Fils de l'Homme parfait ne pouvant pécher avec coulpe, et d'autre part Fils de Dieu anéantissant radicalement le péché, le rendant plus blanc que neige alors même qu'il serait plus rouge que l'écarlate, si le Christ a été fait péché, alors Il n'a pu l'être que pour anéantir complètement le péché, c'est-à-dire pour notre salut.
           
        Or, c'est ce même oxymore spirituel très-puissant que son Épouse-Église a à vivre de nos jours : de la même manière que le Christ il y a 2 000 ans, l'Église à la fin de ses jours militants, ceux que nous vivons, doit être, elle aussi et pareillement, "faite péché pour notre salut", et cela commence à la Renaissance.
           
        Mais la suite de votre réflexion, Monseigneur, montre que les exemples choisis par vous pour illustrer ce qui serait une bonne adaptation de l'Église à la "corruption" s'initiant à la Renaissance, à savoir le Molinisme et le Concordat de 1801, ne sont pas valables, puisque vous dites que ces hommes et ces femmes qui se sont ainsi "adaptés"… ne sont cependant pas à suivre : "Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs", dites-vous… Il y a là une contradiction. Vous ne pouvez pas dire à la fois que ces hommes et ces femmes ont fait une "bonne adaptation", si d’un autre côté, cette dite adaptation "n'est pas à suivre", car elle mène à la damnation. On note la même contradiction dans ces autres propos, lorsque vous dites, d'une part, que, par cesdites adaptations à la dégénérescence de l'homme depuis la Renaissance, et vous citez le Molinisme et le Concordat de 1801, "l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs", et d'autre part, "néanmoins les deux compromis permirent une certaine humanisation de l’Église divine, et les deux contribuèrent à la sécularisation lente de la chrétienté". Si ces deux adaptations ne minent pas les principes, il y a contradiction sur le fond de dire qu'elles puissent cependant être humanisantes et sécularisantes, c'est-à-dire en fait attaquer... les principes "qui devaient absolument rester saufs".
           
        C’est parce que cette adaptation ecclésiale moderne que vous voulez voir bonne, ne l’est pas. Car si elle l’était, il n’y aurait aucune raison de ne pas suivre ces hommes et ces femmes ainsi "adaptés". Et, comprenons bien les choses : adaptés en suivant les directives des papes modernes, donc en suivant l’Église elle-même. Par exemple, en suivant le Ralliement de Léon XIII, quant à la chose politique constitutionnelle. Si le Ralliement léontreizien était une adaptation ecclésiale à la dégénérescence de l’homme que vous voulez voir "bonne" (le Ralliement n’est en effet qu’une réactivation musclée de la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, initiée par le Concordat de 1801 que vous prenez comme exemple d'une bonne adaptation), alors, les hommes et les femmes qui la pratiquent, obéissant au pape, ne pourraient pas produire d’abord un "désastre en puissance" dans l’Église, comme vous dites, avant, hélas, de produire un désastre magistériel concret, bien réel, et non plus seulement virtuel, à Vatican II, lorsque ces hommes avec "une forte dose de libéralisme radioactif dans le sang" ont accédé aux postes d’autorité dans l’Église...
           
        Nous sommes donc obligés de prendre acte, Monseigneur Williamson, que cette adaptation ecclésiale moderne adoptée par les papes post-révolutionnaires, et, vous l’avez compris, j’entends parler de ceux d’avant Vatican II, n’est pas bonne.
           
        Pourquoi ne l’est-elle pas ? Pourquoi, par exemple, le concordat de 1801 est-il une mauvaise adaptation de l’Église aux temps modernes spirituellement dégénérés et crucifiés (je ne m’occuperai pas ici de la question moliniste, que je connais peu) ?
           
        Pour répondre à la question, il faut passer par une bonne définition de ce qu'est le concordat, la chose et le mot. "En style ecclésiastique, on appelle concordat une convention relative aux intérêts spirituels d’ordre public, conclue entre le souverain Pontife, d’une part ; de l’autre, avec une nation catholique, représentée par ses chefs spirituels ou temporels. Cette convention prend, le plus souvent, la forme d’un traité international" (Le concordat – Étude théologique, historique et canonique, G. Desjardins, p. 1).
           
        Mais… à qui appartiennent de droit les intérêts et biens spirituels d’ordre public de toute une nation ? Sans aucun doute, à l’Église catholique SEULE, que représente le pape, et nullement à la nation concernée. J’entends évidemment la chose sous l’angle de l’Idéal très-chrétien supérieur et parfait, que le pape Boniface VIII avait si bien exprimé dans sa célèbre Bulle Unam Sanctam (18 novembre 1302), soumettant de droit tout pouvoir sur cette terre, à commencer par celui sociopolitique, au pouvoir pontifical des clefs, et qui n’aurait jamais dû être abandonné.
           
        Le pape Pie IX lui-même saura bien le rappeler, en plein XIXème siècle, dans le cadre conflictuel où les puissances politiques issues de la Révolution déchiraient à qui mieux mieux les concordats passés avec l’Église, c'était devenu un sport inter-nations : "Dans les concordats, l’Église ne cherche pas à s’emparer des droits des autres, mais elle donne de ce qui lui appartient (Lettre de Pie IX à M. de Bonald, 19 juin 1871). Voici comment un auteur du XIXème siècle commentait l’affirmation pontificale : "Un concordat n’est, en effet, qu’une dérogation partielle au droit commun et public de l’Église. Antérieurement au traité, la société chrétienne existe avec toutes ses lois, même positives, auxquelles sont assujettis les fidèles de la nation qui traite avec le Saint-Siège, comme ceux des autres contrées. Survient le concordat. Quelle est la situation faite aux fidèles de cette nation en vertu de la convention nouvelle ? Celle d’un peuple qui continue à vivre sous le régime du droit commun, sauf les points expressément modifiés par le concordat" (ibid., G. Desjardins, p. 3).
           
        Donc, selon l’Idéal très-chrétien, lorsqu’il s’agit de régler l’us et le fruit des biens spirituels publics de toute une nation, lesquels comprennent, soit dit en passant, "les biens temporels qui par leur connexion avec les biens spirituels participent à leur nature" (ce qui veut dire très-concrètement que la mense ecclésiastique ne doit jamais être considérée comme un salaire donné par l’État, mais comme un dû de l’État à l’Église…), il n’y aurait jamais dû y avoir que des Indults, ou des Privilèges, c’est-à-dire que l’acteur juridique de la convention aurait été le pape seul, au nom de l’Église. C’est le pape qui donne, accorde, des biens spirituels d’ordre public inhérents à une nation particulière, et il le fait selon son gré.
           
        La forme concordataire adoptée à la Renaissance (avant, il n’y avait aucun concordat, justement parce que l’homme n’était pas spirituellement dégénéré), est donc en soi déjà une "adaptation avancée" à la dégénérescence spirituelle de l’homme, car cette forme juridique présuppose la parfaite parité de droit entre toutes et chacune des partis co-contractantes. Tout concordat est en effet un acte synallagmatique qui présuppose juridiquement cette dite parité. Cependant, on vient de le voir, en soi, le fond des concordats est et ne peut être qu’un Privilège, qu’un Indult, puisque la matière des concordats porte essentiellement sur des biens spirituels d'ordre public afférents à une nation dont le pape est seul "propriétaire en pleine-propriété" (sans pouvoir, de par la Constitution divine de l’Église, les céder d’aucune manière ; il peut simplement en régler l’usage, l’us et le fruit, et c’est précisément là le seul objet des concordats).
           
        Il n’en reste pas moins que le pape, dans sa haute sagesse inspirée du Saint-Esprit, a cru devoir épouser la forme moderne des contrats, à cause des princes chrétiens qui n’admettent plus, depuis le roy de France Philippe-le-Bel (qui était spirituellement très-vilain, il aurait mieux mérité de s'appeler Philippe-le-Vil), de traiter avec le pape qu’à parité juridique, pour régler cet us et ce fruit. En fait, c’est une condescendance miséricordieuse du Christ qui accepte de passer, par l’organe de son vicaire, le pape, par-dessus une forme indue, et même fort injurieuse envers Son titre et sa fonction de Roy universel, pour éviter un mal plus grand, qui serait le schisme des princes chrétiens devenus machiavéliques et césaristes, mais cependant sans préjudice aucun quant au fond, sans aucun reniement sur la doctrine ni le principe.
           
        Mais, Monseigneur Williamson, et c’est ce que vous n’avez pas saisi, cette nouvelle forme de relation entre l’Église et chacune des nations, cette "adaptation" concordataire aux nouvelles mœurs dégénérées de l’homme depuis la Renaissance, reste bonne, légitime, et il n’y a aucun reniement sur la doctrine et le principe, TANT QUE LE CONTRACTANT CONCORDATAIRE CIVIL EST CONSTITUTIONNELLEMENT CATHOLIQUE. C’est déjà énorme de voir le fils de la maison se mettre orgueilleusement à rang d'égalité avec le Père de famille, comme la structure juridique concordataire l'enregistre, alors, l’Église ne saurait aller plus loin sans attaquer les principes sacrés sur lesquels repose sa divine fondation et constitution.
           
        Vous l’avez compris : cela crée un abîme infranchissable entre les concordats passés dans l’Ancien-Régime d’avec ceux passés après "la Révolution satanique" (Joseph de Maistre). Comme entre le bien et le mal. Comme entre une adaptation orthodoxe et une adaptation hétérodoxe. Car les concordats d’après la Révolution sont TOUS passés, suivant l’archétypal concordat napoléonien, avec des contractants civils constitutionnellement non-catholiques, comme étant basés sur les tristement célèbres "droits de l’homme" révolutionnaires.
           
        La raison pour laquelle il est théologiquement formellement interdit à un pape de passer concordat avec un État constitutionnellement athée, parce qu'en le faisant il attaque par-là même ipso-facto le Principe sur lequel est divinement fondée l'Église, est fort simple : cela répute ipso-facto, par le seul fait de la signature pontificale concordataire, et sans qu’il soit besoin d’aucune autre déclaration de la part du pape, validité audit État athée. Or bien sûr, il est théologiquement hérétique de reconnaître ou réputer la validité à un État constitutionnellement athée… comme le sont toutes les démocraties actuelles issues de la Révolution française, filles maudites de leur maudite mère. La structure juridique concordataire, traité diplomatique solennel, synallagmatique, présuppose en effet formellement la validité de toutes et chacune des parties co-contractantes ; accepter un partenaire concordataire, c’est donc lui reconnaître et réputer ipso-facto la validité. Cet argument juridique est suffisant, soit dit en passant, pour réduire à rien la prétendue justification des concordataires pour excuser le pape qui, soit disant, ne se prononcerait en rien sur la validité des gouvernements constitutionnellement athées issues de la Révolution avec lesquels il signe concordat, il ne ferait soi-disant que reconnaître en eux… "un pouvoir politique de fait" ! Or, outre l’absurdité métaphysique d’un tel argument (… un "fait" ne peut pas exister tout seul sur cette terre sans le "droit" qui le fonde dans l’existence, ledit "droit", en matière politique constitutionnelle, s’appelant justement : "validité"), la structure juridique de tout concordat en montre l’inanité et le mensonge absolus, tout simplement parce que juridiquement, je le répète, tout concordat présuppose formellement la validité de tous et chacun des co-contractants concordataires.
           
        Pourquoi n’est-il pas catholique, mais bien au contraire formellement hérétique, et même antéchristique, de signer un concordat avec un État constitutionnellement athée ? Ce qui signifie que le pape ne pouvait s’y autoriser d'aucune manière, sans attenter lui-même à la Constitution divine de l’Église, en la frappant à mort au cœur même ?
           
        Tout simplement, par la raison théologique fondamentale, qu’un État, un gouvernement, qui, depuis la Révélation, ne base pas sa vie politique sur le Christ, ou, à tout le moins, sur le Dieu trois fois saint (et non pas sur un vague Grand-Architecte de l'univers), est frappé ipso-facto d’inexistence métaphysique, métapolitique, et donc d’invalidité formelle. Exactement de la même manière que la famille d’un homme et d’une femme vivant en concubinage est considérée comme inexistante devant l’Église, quant à leur vie conjugale (et familiale quand des enfants naissent de leur union libre), quand bien même il n’y a aucune différence quant à la vie conjugale, parentale et familiale, entre un foyer illégitime et un foyer légitime, sur le plan humain et animal. De la même manière, depuis la Révélation, un État constitutionnellement athée vit animalement, et en outre d’une mauvaise vie animale, et donc sa vie animale (car tout homme est un animal social), n’est nullement et ne doit jamais être prise en compte par l’Église, c’est-à-dire la Société du salut, ce salut passant obligatoirement et exclusivement par le Christ.
           
        Or, ... ô prodigieux, ô inouï mystère d’iniquité !!, les papes ont tout simplement "oublié" cela, depuis le concordat napoléonien, qui est pourtant basique, fondamental...
           
        Ainsi donc, Pie VII commettait là une adaptation hétérodoxe lorsqu’il a fait copuler (pardon) l’Église avec les États modernes post-révolutionnaires constitutionnellement athées. Et, on ne le sait que trop, une fois le mauvais branle donné, il ne fut jamais remis en question par Rome, même par les plus saints papes, tels Pie IX ou Pie X...
           
        Pie VII, par cette signature concordataire napoléonienne plus qu’ecclésiastique, commettait une "adaptation" de l’Église au monde aussi hétérodoxe que lorsque Paul VI, un siècle et demi plus tard, signa le décret sur la Liberté religieuse à Vatican II, voire même bien pire, car le décret conciliaire de la Liberté religieuse n’est rien d’autre qu’une ultime subséquence de cette pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées qui, bien sûr, professent et pratiquent, quant à eux le plus logiquement du monde, la… Liberté religieuse. Et la font donc pratiquer bon gré mal gré à l’Église et aux fidèles dans leurs mœurs publiques, dès lors qu’ils sont acceptés comme partenaires concordataires.
           
        Rappelons-nous que dès 1801, Portalis, le ministre des Cultes de Napoléon, remarquons bien le pluriel, au demeurant franc-maçon très-distingué, mettait à égalité parfaite devant la loi française, toutes les religions… C’était évidemment commencer à corrompre les Mœurs des catholiques, auxquels sont inhérentes les choses de la politique constitutionnelle, et cela finira par corrompre leur Foi, un siècle et demi plus tard, à Vatican II. Tant il est vrai que si je ne vis pas comme je pense (ma Foi catholique condamne la Liberté religieuse), je vais finir par être obligé de penser comme je vis (je pratique la Liberté religieuse dans les Mœurs, au niveau sociopolitique, depuis 1801, donc, si je ne reviens pas là-dessus, je suis forcé de la mettre en droit dans la Foi, ce qui sera fait à Vatican II). La Liberté religieuse de Vatican II n’est donc rien d’autre que le terminus ultime logique de la pratique concordataire pontificale de 1801 avec des États constitutionnellement athées qui, quant à eux, pratiquent tout naturellement la Liberté religieuse... Pour résumer la question par une formule synthétique : la signature pontificale concordataire de 1801 adaptait les Mœurs catholiques à la nouvelle situation de dégénérescence de l’homme issue de la Renaissance, quand la signature pontificale conciliaire de 1965 y adaptait la Foi catholique, la première étant l’initiale faute, grosse, en son sein maudit, de la seconde. Or, toutes les deux le faisaient dans l’hétérodoxie attentatoire à la Constitution divine dont le Christ a dotée son Épouse très-sainte, l’Église.
           
        Et il ne sert de rien d’aller chercher saint Paul, dans son Épître aux Romains, le célèbre et redoutable ch. XIII, pour mettre en avant que "tout pouvoir vient de Dieu", prenant prétexte de cette très-fausse interprétation ecclésiastique de saint Paul sur la chose politique constitutionnelle, pour oser soutenir que même les pouvoirs politiques constitutionnellement athées sont à prendre en considération par les catholiques, ce qui donc légitimerait la pratique concordataire pontificale après la Révolution avec iceux-là. Car, contrairement à ce que nous ont chanté scandaleusement et très-hérétiquement après la Révolution les scolastiques sur tous les tons non-grégoriens qu'ils ont pu trouver (hélas en ce compris les papes modernes, je veux dire, Monseigneur, ceux post-concordataires, avant Vatican II… et même les plus saints tels Pie IX ou Pie X), saint Paul professe EXACTEMENT LE CONTRAIRE dans Rom XIII.
           
        L’Apôtre des nations professe et enseigne en effet que le devoir d’obéissance dû par les chrétiens aux "puissances", comme il dit à propos des pouvoirs politiques (et par ce devoir, il entend signifier que lesdites puissances sont valides), ne doit être rendu qu’envers celles qui sont constitutionnellement ordonnées au bien commun, ce qui sous-entend formellement, depuis la Révélation, une allégeance constitutionnelle explicite au Christ ou à tout le moins au Dieu trois fois saint comme principe et base de la puissance politique. Or, justement, toutes les démocraties modernes commencent par poser comme tout premier principe de base de ce qu’elles sont et veulent être formellement, le refus de Dieu et plus encore de son Christ comme source et fondement de leur pouvoir politique, en prenant comme base les fameux "droits de l’homme", véritable machine de guerre pour expurger, exclure Dieu et son Christ radicalement de la sphère sociopolitique des hommes. C’est bien sûr dire que, n'étant pas valides, elles ne sont donc pas concernées par le devoir d’obéissance dont parle saint Paul, dans Rom XIII.
           
        J'ai fait la démonstration exégétique et théologique de ce que je viens d’affirmer quant au véritable enseignement de saint Paul dans Rom XIII, dans beaucoup de mes écrits, et, ne voulant pas toujours me répéter, on voudra bien s'y reporter utilement (cf., par exemple, mon article https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154).
           
        ... À quoi aboutit mon propos, Monseigneur Williamson ?
           
        Tout simplement à la vérité entière des choses ecclésiales et de la situation des âmes dans le temps moderne qui est temps de la Fin eschatologique des fins, car seule la vérité intégrale délivre surnaturellement, pas la vérité diminuée, haïe, exécrée, à combien juste titre !, par le Saint-Esprit inspirant les prophètes de Yahweh.
           
        Un simple exemple de vérité diminuée exécrée par le Saint-Esprit, Monseigneur : le fait de voir la situation actuelle comme une répétition générale de la fin des temps, et non pas la fin des temps elle-même, comme vous avez l’air de le soutenir en début de vos lignes : "La vérité, c’est que le Saint [Vincent Ferrier] pressentait correctement que la décadence de la fin du Moyen Age impliquait la corruption explicite et quasi-totale de notre propre époque, répétition générale de la corruption totale de la fin du monde".
           
        Que voilà, Monseigneur, une belle vérité diminuée ! Cette palinodie malicieuse pour refuser d’embrasser la réalité apocalyptique de la fin des temps que manifeste formellement notre époque, inventée par l’abbé Schmidberger en 1977, n’a en effet aucune assise prophétique scripturaire : nulle part, dans la sainte-Écriture, il n’est question qu’il y aurait une répétition générale de la fin des temps avant la fin des temps elle-même... Ce qui signifie très-clairement ceci : ou bien les signes eschatologiques sont présents dans notre époque, et donc celle-ci est l'époque de la fin des temps, ou bien ils n'y sont pas présents, et donc notre époque n'est pas celle de la fin des temps. Or, pour en rester à ce signe eschatologique-là, si l’on dénie que notre époque voit la présence du signe de l’abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, alors, ce signe ne pourra plus jamais s’actualiser après notre époque, car il est présentement manifesté à son summum indépassable par notre crise de l’Église, très-singulièrement sous le pontificat du pape François. Ce qu'il manifeste n'est pas "quasi-total" comme vous le dites mensongèrement, mais "total", on ne peut aller plus loin quant à la manifestation de ce signe eschatologique. Que si l’on dit que ce signe eschatologique est actualisé totalement, comme c’est vraiment le cas en effet à l'heure de la Pachamama rituellement et liturgiquement accepté par le pape légitime, alors il ne saurait signifier pour l’âme des fidèles que la fin des temps, et non une répétition générale de la fin des temps, palinodie hypocrite de fuite lâche et honteuse, telle celle des onze Apôtres sur douze fuyant la Passion du Christ, par laquelle on refuse de prendre acte que notre crise de l’Église est d’ordre essentiellement apocalyptique, eschatologique, et donc la "der des der", et non point du tout historiciste, intégrée à l'Histoire "qui en a vu bien d'autres".
           
        Cette vérité intégrale, disais-je, dans laquelle tout catholique vrai et véritable doit vouloir vivre et mourir pour son salut, me montre donc que la fracture hétérodoxe, la cassure dans l’Église, ne date pas du tout de Vatican II mais du Concordat napoléonien. C’est en effet dès 1801 que l’on peut discerner dans l’Église une "adaptation" hétérodoxe par les Mœurs à la dégénérescence spirituelle de l’homme qui commence à la Renaissance (effet de sa crucifixion), et non pas à Vatican II, qui n’en est que le terminus ultime par la subversion de la Foi ne faisant que SUIVRE celle des Mœurs. Vous voyez certes très-bien que Vatican II est une ultime conséquence de la dégénérescence de la Foi qui commence à la Renaissance, mais vous ne voyez pas, Monseigneur, que cette ultime adaptation hétérodoxe n'est elle-même qu'une subséquence de l'adaptation hétérodoxe du Concordat de 1801. Le fameux mais obscurantiste clivage inventé par les tradis, avant Vatican II/après Vatican II, Église anti-libérale/Église libérale, est totalement illusoire, artificiel, trompeur. Mgr Lefebvre ne semble pas avoir pu, ou su, ou voulu, et probablement les trois à la fois, aller plus loin dans sa compréhension des assises profondes de "la crise de l’Église", il en est resté là, à ce clivage artificiel, dans son combat pour garder la Foi dans la crise actuelle de l’Église, et vous aussi ses fils spirituels.
           
        La vérité intégrale des choses ecclésiales et de la situation des âmes dans le temps moderne qui est celui de la fin des temps, c’est donc que non seulement l’Église-Épouse du Christ est soumise par la Providence divine à la Passion, étant invinciblement recouverte d’un manteau de péché d’une manière totalement indépendante de sa volonté, mais qu’en plus, elle y participe activement elle-même, c’est-à-dire qu’elle commet des actes par lesquels elle se crucifie elle-même, elle s’auto-crucifie, elle fait hara-kiri de ses propres mains.
           
        Terrible révélation, en vérité. Mais qui ne change rien au fond du débat. Si l’Église, au lieu de subir l’économie de la crucifixion voulue pour elle par la Providence divine depuis la Renaissance, y participe activement, par un aveuglement lié à "la puissance des ténèbres" à laquelle elle est désormais soumise, elle reste toujours pure de toute coulpe, qu’elle subisse seulement ou qu’elle participe elle-même à la matière du péché du monde. Car même si, comme nous venons de le voir, elle participe à une adaptation hétérodoxe à la "corruption" de l’homme par le Concordat de 1801 puis par Vatican II, elle le fait sans coulpe aucune, toujours en restant sainte, parfaitement sainte.
           
        Illustrons la question par le concordat. Quand l’Église passe concordat avec un État constitutionnellement ordonné au bien commun, comme elle le fait avec des puissances d’Ancien-Régime qui le sont toutes, elle pratique là une adaptation orthodoxe à la "corruption" de l’homme issue de la Renaissance, puisque, on l’a vu, l’Église, en droit strict, ne devrait traiter avec les puissances politiques qu’en terme de Privilège, Indult, et nullement à parité juridique. Et lorsque l’Église passe concordat avec un État non-constitutionnellement ordonné au bien commun, comme elle le fait avec Napoléon, et, par après, avec toutes les puissances politiques démocratiques modernes post-révolutionnaires, elle pratique là une adaptation hétérodoxe.
           
        Cependant, dans les deux cas, elle ne pèche aucunement, je veux dire avec coulpe. Parce que, et c’est la majeure du syllogisme révélé par la Foi : ELLE EST SAINTE. Dieu nous l’a appris, et en aucune situation, et en aucun temps, l’Église ne saurait être entachée d’aucune espèce de coulpe, la plus minime soit-elle (il serait facile de montrer, par exemple, que le pape Pie VII n'avait en vue que le bien supérieur de l'Église, lorsqu'il signa in Persona Ecclesiae le concordat napoléonien, c'est dans l'inadvertance totale qui fait le péché matériel sans coulpe, qu'il concordatisa avec des sociétés politiques constitutionnellement athées).
 
        Mais ce que je viens d’exposer, Monseigneur Williamson, nous fait comprendre une fort grande chose : à savoir que la sainte-crucifixion de l’Église va beaucoup plus loin qu’on ne pouvait le penser, avant que les temps, qui sont Parole obvie du Saint-Esprit, ne se déroulassent sous nos yeux consternés, éberlués, médusés, de catholiques, et de catholiques qui veulent le rester. Avant que ces temps ultimes qui sont nôtres arrivent, on pouvait, effectivement, imaginer le combat de la fin des temps avec une Église doctrinalement "toute blanche", "anti-moderne", "anti-libérale", pour employer la terminologie réactionnaire de Mgr Lefebvre, luttant dans la crise finale comme un grand et glorieux vaisseau à la proue duquel se trouve un fier et valeureux capitaine, le pape, dirigeant celui-ci à travers les récifs, les hurlements et les furieuses sautes de grand’vent, sans jamais virer de bord sur l’écueil mortel, le rocher dur comme l'enfer qui affleure l'eau. Mais cette célèbre vision, qu’eut saint Jean Bosco, s’est avérée, à l’épreuve de la réalité des faits ecclésiaux de la fin des temps… très, très romantique !, complètement surréaliste !! La vérité est beaucoup moins glorieuse, certes plus humiliante : c’est l’Église elle-même qui, par son capitaine le pape, saborde le navire-amiral à grands coups de hache-double… sans cependant que soit remise en cause le moins du monde, la note de Sainteté de l’Église, ô mysterium iniquitatis !
           
        Parler d’une église "anti-moderne", "anti-libérale", à laquelle voulait se raccrocher Mgr Lefebvre, peu éclairé et inspiré de ce côté-là, n’a donc aucun sens. Il n’y a pas, en notre fin des temps, une Église doctrinalement "toute blanche" et, en contre-jour, une Église moderne "pécheresse", qui ne peut l'être, par opposition à l'Église "toute blanche", qu'avec coulpe (ce clivage traditionaliste surréaliste contient en effet en germe le sédévacantisme : si on oppose une église doctrinalement "toute blanche" à une église qui a doctrinalement péché, sous-entendus avec coulpe, alors évidemment cette dernière ne saurait plus être l’Église puisque l'Église est sainte...). Il n’y a qu’une seule et même Église avant et après le Concordat, avant et après Vatican II, une Église qui, dans toutes ses diverses mouvances tradis ou modernes, est recouverte d’un manteau de péché, c'est-à-dire sans coulpe aucune, manteau d'ignominie que l’homme a endossé depuis la Renaissance et que LES PAPES ont à leur tour mis sur les épaules de l’Église, depuis le concordat napoléonien et bien sûr, surtout depuis Vatican II.
           
        Que vous dire de plus ?
           
        Je prendrai un autre exemple d’"adaptation" hétérodoxe à la dégénérescence de l’homme depuis la Renaissance. Il eût lieu un peu avant la Révolution, en 1773, et d’ailleurs la précipita terriblement, je veux parler de la suppression des Jésuites (rien à voir avec les jésuites modernes, et surtout pas avec celui qui est assis présentement sur le Siège de Pierre, qui sont les meilleurs fers de lance de la subversion ecclésiale ; ceux d'Ancien-Régime étaient au contraire les meilleurs défenseurs du Principe catholique et du Saint-Siège). Saint Alphonse de Liguori, quand il apprit que le pape Clément XIV s’était résolu à signer le décret de suppression des Jésuites, après un combat long et terrible entre la papauté et les gouvernements bourboniens menés par le diabolique et franc-maçon marquis de Pombal, ministre portugais, en fut extrêmement choqué (trois ou quatre papes avaient refusé cette suppression des Jésuites avant Clément XIV, et la situation, moralement, est tout-à-fait comparable aux néo-modernistes qui faisaient le siège des papes pour faire passer leurs doctrines sous Benoît XV, Pie XI, surtout Pie XII, pour finir par faire lâcher les papes à partir de Jean XXIII). Saint Alphonse de Liguori n’aurait jamais cru cela possible, tellement la suppression des Jésuites allait directement, à cette époque, contre le bien commun spirituel supérieur de l’Église et des âmes, pas plus que nous ne pouvons nous expliquer humainement, nous autres, la signature du Concordat napoléonien ni celle de la Liberté religieuse. Il ne cessait de s’écrier, avec de grands soupirs, les jours suivants où il apprit la nouvelle : "Volonté de Dieu !, volonté de Dieu !", comme quelqu’un qui, frappé brutalement par le coup de foudre d'un évènement négatif soudain, ne comprend plus rien de rien des voies de la Providence, mais veut cependant y être soumis puisque c’était le Vicaire du Christ qui donnait cette nouvelle direction (il est connu par ailleurs que saint Alphonse assista en bilocation miraculeuse le malheureux pape Clément XIV à l’article de la mort, en proie à de terribles tourments moraux dûs à cette suppression)…
           
        Un autre exemple d’adaptation hétérodoxe tout ce qu’il y a de plus préjudiciable à l’Église : la suppression des États pontificaux. Pie IX ne voulut jamais l’entériner ; elle le fut cependant par Pie XI, avec les Accords de Latran, en 1929…
           
        Je terminerai en commentant quelque peu les passages de votre article qui sont manifestement faux, quant au concordat napoléonien.
           
        Vous osez écrire que "le Molinisme comme le Concordat furent des compromis avec le monde de leur temps, mais les deux rendirent possible le salut de beaucoup d’âmes, et l’Église empêcha que ne fussent minés les principes qui devaient absolument rester saufs, à savoir Dieu comme Acte Pur et le Christ comme Roi de la Société respectivement". Juste avant, vous dites : "Le Concordat de 1801, rendu nécessaire par l'État Révolutionnaire pour permettre à l'Église en France de fonctionner en public".
           
        Le concordat ? Un compromis qui rendit possible le salut de beaucoup d’âmes ? Parce que l’Église empêcha que fut miné le principe du Christ comme Roi de la Société ? En particulier, comment osez-vous soutenir qu’un péché institutionnalisé, comme l’est toute puissance politique constitutionnellement athée, puisse créer une nécessité théologique pour l’Église ? Depuis quand la situation conjugale illégitime de concubins crée-t-elle une nécessité pour l’Église de reconnaître leur coupable union telle quelle, sous prétexte qu’elle existe de fait ? Avez-vous bien réfléchi la question, Monseigneur, avant d’écrire ces lignes abominables ?
           
        Or, le vrai, c’est que la Foi ne fut rendue aux fidèles de la post-Révolution partout dans le monde et pas seulement en France (car le concordat napoléonien est matrice archétypale de tous les concordats qui seront ultérieurement passés dans le monde entier, au début surtout dans l'Europe, avec les États bouleversés par la Révolution et l’épopée napoléonienne, pendant tout le XIXème siècle), qu’en y mêlant inextricablement le poison hérétique mortel d’avoir désormais à considérer comme valide une puissance politique constitutionnellement athée, qui professe et pratique au for public la Liberté religieuse hétérodoxe (quoiqu’on se soit récrié à grands cris d'orfraie, dans les sacristies et en chaire, mais le plus malhonnêtement et mensongèrement du monde, le plus stupidement aussi, de se prononcer sur la validité desdits nouveaux gouvernements prenant pour base du pouvoir politique, le dieu du monde, Satan). C’était donc redonner la Foi aux fidèles avec en même temps une hérésie inextricablement mêlée qui, tôt ou tard, ne pouvait que faire mourir ladite Foi dans les cœurs des fidèles, ce qui est arrivé à Vatican II par le décret de la Liberté religieuse. Est-ce cette prostitution du Bien avec le mal qui rendit "possible le salut de beaucoup d'âmes" ? De plus, par le concordat napoléonien, c’était César qui donnait la Liberté religieuse à l'Église de France, plus Dieu. Et, en outre, un César CONTRE Dieu (la charte des droits de l’homme étant en effet une machine de guerre contre Dieu) qui, en même temps qu’il la donnait à la Religion véritable, celle catholique, la donnait aussi et à parfaite parité, aux autres fausses grandes religions en France.
           
        Non seulement donc le Concordat napoléonien obligeait à considérer que les États constitutionnellement athées sont valides, mais en outre, il prétendait faire recevoir la liberté publique de Religion par lesdits États, c’est-à-dire par l’homme ! Inversion satanique bien significative. Tout ce mauvais branle donné en direction de l'enfer, de la damnation des âmes et de la transformation de l'Église et de la société en la Prostituée de Babylone, ne pouvait donc pas, faut-il avoir à le dire, oui pour vous semble-t-il Monseigneur Williamson, être fait "pour rendre possible le salut de beaucoup d'âmes". Étonnez-vous, après cela, que même les plus saintes âmes furent trompées en prenant le don de la Liberté de Religion en France, non plus de la main de Dieu mais de celle de l'homme, de César ! En voici un exemple frappant : le pieux, l’édifiant biographe de saint Vincent Ferrier au XIXe siècle, le R.P. Fages, relate une anecdote du temps de la Révolution, une sordide effigie sans-culotte qui, au fronton d’une porte de Vannes, avait été mise par les révolutionnaires en lieu et place de la belle statue du saint… mais voyez plutôt comment il termine l’épisode : "Ce mannequin disparut en 1802, dès que le concordat eût accordé aux catholiques la Liberté religieuse" (saint Vincent Ferrier, R.P. Fages, p. 187) ! Voyez comme dans l’esprit de l’auteur, pourtant fort catholique, ce n’est déjà plus Dieu qui accorde la Liberté religieuse, mais un traité humain… La glissade infernale est commencée. Par ailleurs, l'État napoléonien accordait la Liberté religieuse à toutes les religions, la vraie mélangée aux fausses, mais pas la Liberté de la Religion à la seule Religion véritable, celle catholique...
           
        La situation nouvelle faite au mariage par le Concordat illustre terriblement bien, aussi, cette glissade infernale vers l'enfer en passant par le règne de l'Antéchrist-personne, que constitue la pratique concordataire ecclésiale avec des États constitutionnellement athées. Avant la Révolution, ce qui réputait le lien du mariage, c’était Dieu, c’était l’Église ; après le concordat napoléonien et le Code civil qui le suivit rapidement, ce qui répute la validité dudit lien, c’est la mairie, c’est César. Car la loi oblige tout curé, sous peine de sanctions graves, à célébrer le mariage religieux APRÈS que celui civil soit fait. C’est donc César qui marie et non plus Jésus-Christ… qui est le Restaurateur pourtant de l’institution du mariage dans les temps nouveaux de la Révélation ! Comment voulez-vous, Monseigneur, que Jésus-Christ bénisse les mariages concordataires et post avec autant de grâces de salut pour les parents et les enfants à naître, qu’Il en donnait généreusement lorsqu’on Le mettait, avant la Révolution, à la première place, qu’Il a de droit ?!?
           
        Il n’est donc pas possible d’écrire que le concordat "rendit possible le salut de beaucoup d’âmes", c’est tout le contraire qui est vrai, ce traité de prostitution poussa universellement toutes les âmes vers l'enfer, car la vérité, c’est que le pape, c’est que l’Église, loin "d'empêcher que ne fut miné le principe qui devait rester sauf, à savoir le Christ comme Roi de la Société", mina au contraire radicalement ce principe par le seul fait de reconnaître la validité, ce que signifie juridiquement toute signature concordataire, à des puissances politiques constitutionnellement athées. À qui donc, Monseigneur Williamson, pouvez-vous faire accroire que le Christ est toujours bien le Roi de la société, lorsque celle-ci est constitutionnellement... athée ?!! C’était donc, en même temps que de redonner une certaine liberté de culte extérieur (bridée le plus possible par le pouvoir napoléonien), la mêler avec le poison mortel de la Liberté religieuse professée et pratiquée par la puissance constitutionnellement athée qu’on reconnaissait valide par le Concordat (ce qui est attenter directement au principe du Christ, Roi de la Société), lequel poison produira son fruit de mort un siècle et demi plus tard à Vatican II par la Liberté religieuse. Jusqu’à ce que mort mystique de l’Église s’ensuive, ce qui aura lieu dans le règne maudit de l’Antéchrist-personne, qui ne saurait certainement plus tarder à présent, le pape François mettant les bouchées doubles voire triples quand il peut le faire, pour y arriver plus vite.
           
        Pour autant de cette profonde erreur d’appréciation quant au Concordat de 1801, vous avez un passage inspiré, j’ai fort goûté votre dernier §, surtout la dernière phrase : "Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats ni leurs successeurs ["adaptés"], mais en même temps que personne n'oublie que ceux-ci, étant convaincus qu'ils sont des gens normaux par rapport à notre monde en délire, ne sont plus [sans doute mis pour : pas autant] coupables de la destruction de l'Église du Christ comme l'auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d'honorer leur office".
           
        J'admire beaucoup cette formulation du problème moral que pose la situation ecclésiale moderne. Elle condamne tout sédévacantisme orgueilleux, sectaire, obscurantiste et rebelle, et il ne fallait certes pas en attendre moins de vous, Monseigneur, puisque vous professez dans un autre de vos écrits la règle prochaine catholique de la Légitimité pontificale pourfendeuse de tout sédévacantisme, ainsi : "Je considère que Benoît XVI est un Pape valide parce qu'il a été validement élu Évêque de Rome par les prêtres des paroisses romaines, c'est-à-dire les Cardinaux, au conclave de 2005, et même si par quelque défaut caché l'élection en elle-même n'était pas valide, elle aura été convalidée, comme l'enseigne l'Église, par le fait que l'Église universelle a accepté Benoît XVI comme Pape après l'élection. Envers cet élu en tant que tel je voudrais alors montrer tout le respect, la révérence et le soutien que les catholiques doivent au Vicaire du Christ" (30 avril 2011 ― cf. https://stmarcelinitiative.com/vraipapexa0x2013i/?lang=fr).
           
        Comme vous dites fort bien, à propos du sédévacantisme, au début de votre article : "À propos, Notre Seigneur a-t-il mis en question l’autorité religieuse de Caïphe, ou l’autorité civile de Ponce Pilate ?" Effectivement, c'est bien vrai : non seulement la sainte Écriture n'enregistre aucun déni d'autorité du grand-pontificat de Caïphe, mais elle affirme formellement que son grand-pontificat était... valide, lorsque dans l'Évangile de saint Jean, elle nous dit que Caïphe était en possession du charisme prophétique attribué par Yahweh à tout grand-pontife... légitime : "Mais l'un d'eux, nommé Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là, leur dit : «Vous n'y entendez rien, et vous ne réfléchissez pas qu'il vaut mieux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point». Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais, étant grand-prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation" (Jn XI, 50-52). On a là l'affirmation scripturaire infaillible de la validité du grand-pontificat de Caïphe (cf. mon article au lien suivant :  http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/caiphe-dernier-grand-pontife-juif-de-l-ancien-testament-etait-il-legitime-ou-bien-non?Itemid=483). Et de même, l'autorité civile de Ponce-Pilate est valide parce que le pouvoir romain qu'il représente est constitutionnellement ordonné au Bien commun, quoique seulement inchoativement dans ces temps politiquement immatures de l'Antiquité (sur la validité des pouvoirs politiques de l'Antiquité, cf. la seconde partie de mon article au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/l-obeissance-et-le-respect-dus-aux-autorites-politiques-legitimes-sont-ils-dus-a-la-republique-francaise-actuelle-et-aux-depositaires-de-son-pouvoir?Itemid=483). Par contre, certes, nos pouvoirs politiques démocratiques post-révolutionnaires sont tous invalides, comme n'étant pas constitutionnellement ordonnés au bien commun, condition sine qua non pour la validité de tout pouvoir politique, selon l'enseignement de saint Paul dans Rom XIII.
           
        Ce que vous dites dans votre phrase conclusive est parfaitement vrai. Puisque l’Église et les clercs, grands ou petits, vivent désormais dans l’économie propre de la Passion, qui inclut que "l’Église est faite péché pour notre salut", alors, effectivement, il ne faut pas les juger comme si l'Église était faite péché par une faute initiale de leur part. Surtout qu’en plus, la grande majorité n’en a pas conscience. Jugement louable, plein de miséricorde, inspiré par l'Esprit de Dieu. Votre dernière phrase, pourfendeuse de tout sédévacantisme orgueilleux, rebelle et obscurantiste, est remplie de sagesse : l’Église moderne est TOUJOURS l’Église, même et surtout lorsqu’elle vit la Passion de son Époux, c’est-à-dire lorsqu’elle est "faite péché pour notre salut".
           
        Pour autant, et vous en serez sûrement d’accord Monseigneur, de nos jours il devient de plus en plus difficile de vivre la Foi vraie et intégrale sans choquer son contemporain qui ne la comprend plus, parce que, comme vous dites, il a trop dans son sang du "libéralisme radioactif", et sans se choquer soi-même (comme saint Alphonse de Liguori fut choqué d’avoir à subir une "adaptation" trop poussée de la Foi en son temps), par des adaptations concordataires et vaticandeuses qui feraient vaciller la Foi dans l’âme si nous ne nous réfugiions pas dans le Eli, Eli, lamma sabachtani ! qui inclut la vertu d'Espérance divine éternelle dans la désespérance vécue au temporel.
           
        La prophétie de Jésus me semble en tous cas prendre de plus en plus de relief, dans notre situation abominable (ainsi prédite par la Reine des prophètes à La Salette : "L'Église aura une crise affreuse") : "Mais lorsque le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'Il trouve la foi sur la terre ?" (Lc XVIII, 8). Jésus, qui est le Maître de doctrine, pose très-peu de questions dans l’Évangile, pour ne pas dire qu’il ne donne que des réponses aux hommes soucieux de faire leur salut. S’Il la pose, cette question-là, c’est donc VRAIMENT parce qu’elle se pose, aux temps de la fin des fins qui est le nôtre. Sans doute aussi, Il la pose, parce que la réponse est double et contradictoire : OUI, Jésus trouvera la Foi au for interne des âmes de bonne volonté, car "Je Me suis réservé dans Israël sept mille hommes qui n'ont pas fléchi le genou devant Baal" (I Reg XIX, 18) ; NON, Il ne la trouvera plus du tout au for public des hommes.
             
        ... Et surtout pas, surtout pas, au for public des papes vivant cette fin des temps !! Il est au contraire plus que probable, François en effet, Dieu me pardonne, flèche en gras la direction à suivre en véritable Bison buté beaucoup plus qu'en Bison futé, que ce sont les derniers papes modernes qui amèneront l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, pour que se vérifient, et la Prophétie scripturaire de "l'agneau à la voix de dragon" (Apoc XIII, 11), et la prophétie salettine qui révèle la même chose : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist" (cf. mon article au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf).
           
        Puissions-nous, Monseigneur, vous et moi, et ceux qui liront ces lignes, être trouvés parmi ces âmes de bonne volonté, lorsque Jésus reviendra en gloire et puissance, pour juger les vivants et les morts.
           
        En ces temps surnaturellement réjouissants de Noël et d'Épiphanie, il est bon, justement, de se remettre en mémoire que le Christ est né pour réjouir "les hommes de bonne volonté" (Lc II, 14), comme le diront les Anges du Ciel aux bergers dans la nuit lumineuse de la Noël... pour terminer mon propos par un oxymore salvateur.
           
        Avec tout mon respect, Monseigneur Williamson.
 
En la fête de la Circoncision de Jésus
& de l'Octave de Noël,
ce 1er janvier 2021.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
01-01-2021 15:01:00
 

Face à l'Église romaine concordatairement prostituée au IIIème Reich d'Adolf Hitler, un "héros discret", un martyr autrichien du droit chrétien : le Bienheureux FRANZ JÄGERSTÄTTER

 
 
 
 
 
 
 
 
Face à l'Église romaine concordatairement prostituée
au IIIème Reich d'Adolf Hitler,
un "héros discret", un martyr autrichien du droit chrétien :
le Bienheureux FRANZ JÄGERSTÄTTER
 
           
        Ce n'est pas sans ressentir de grandes émotions contradictoires que je commence ce nouvel article, émotions qui se contre-bousculent violemment dans mon âme.
           
        Et d'abord, à tout seigneur tout honneur, émotion suscitée par la grande admiration éprouvée en face de la beauté héroïque fulgurante de l'âme de Franz Jägerstätter (1907-1943), qui va tout-de-suite, sans aucun retour sur lui-même, avec une simplicité confondante, comme chose la plus naturelle du monde, au sacrifice de sa vie pour témoigner de l'incompatibilité formelle de la Foi catholique avec le régime nazi, émotion certes des plus positives en ce qui le concerne.
           
        Puis ensuite, émotion suscitée par la grande indignation ressentie devant l'attitude traître, lâche, et surtout hérétique, de l'Église romaine en face du nazisme, émotion cette fois-ci des plus négatives ― j'entends parler non seulement de l'Église romaine qui, en 1933, se prostitua concordatairement avec une grande détermination, copiée-collée de celle du pape Pie VII avec Napoléon, audit régime de l'horreur et de l'enfer, ainsi que je vais le montrer tout-à-l'heure, et qui, même après qu'elle ait pris conscience de la barbarie nazi en 1937, ce dont témoigne la lettre-encyclique Mit Brennender Sorge, n'a pas dénoncé ledit concordat, mais autant de l'Église romaine qui a osé en 2007 béatifier notre héros autrichien, lequel avait rejeté jusqu'au sacrifice de sa vie le serment d'allégeance au régime nazi... que l'Église romaine obligeait tous les évêques allemands à faire dans le concordat de 1933 (et bien entendu, sans faire le moindre mea culpa sur cela).
           
        Mais je préfère donner d'abord la raison de mon émotion très-positive, celle qui concerne Franz Jägerstätter. Quand on regarde en effet avec les yeux de l'âme son magnifique témoignage, étymologiquement martyr, on ne peut que se sentir relevé de mettre genoux en terre devant lui. Combien très-peu d'hommes, vivant comme lui sur cette terre l'époque moderne post-révolutionnaire mise sous "la puissance des ténèbres" mais consacrant héroïquement toute leur vie à la Vérité vraie en vérité, méritent cet hommage !!
 
        Et pourtant, la vie de Franz Jägerstätter, qui donc va aller à sa rapide fin comme une flèche vive tirée du carquois de Yahweh Sabaoth pour se planter en plein cœur du martyre, commence assez mal, au for externe : Franz est enfant illégitime, comme sainte Louise de Marillac la compagne apostolique de saint Vincent de Paul, il naît en effet en 1907 d'une fille de ferme et d'un valet pauvres qui n'étaient pas assez riches pour se marier et fonder ensemble un foyer viable ; il est alors confié à sa grand'mère qui l'éduque chrétiennement, avec affection, jusqu'à l'âge de dix ans. À cet âge, il revient vivre à nouveau avec sa mère qui, le père biologique de Franz ayant été tué dans la grande-guerre, s'est mariée dès 1917 avec un fermier établi, Heinrich Jägerstätter, lequel va généreusement adopter officiellement Franz et le former pour les travaux de la ferme. Franz fréquente alors l'école primaire élémentaire, dont il ne dépassera pas le niveau, développant cependant un grand goût pour la lecture, dévorant les livres et le journal auquel s'était abonné son père adoptif. Dès son enfance, on remarque un esprit indépendant et fort, très-capable de se former un jugement auquel la grande droiture de son esprit se tient.
           
        En 1927, à vingt ans, il décide de "monter en ville" et trouve un emploi dans une ville minière, en Styrie, à l'est de l'Autriche. Là, il "s'encanaille" quelque peu pourrait-on dire, encore que c'est beaucoup trop dire, la vérité est qu'il met seulement la Foi de son enfance en retrait derrière un caractère fougueux, mais il ne l'abandonne pas vraiment. Il n'y reste d'ailleurs pas très-longtemps, en ville, seulement trois ans, et puis il revient en 1930 dans son village natal de Sankt Radegund, 300 habitants, délicieuse petite bourgade montagnarde haut-perchée, que le cinéaste américain Terence Malick mettra moult en valeur par de superbes clichés photogéniques dans son film de l'année dernière sur Franz Jägerstätter, Une vie cachée. Franz s'est acheté en ville une de ces grosses motos 4-temps pétaradantes très-mode à l'époque, et bien sûr il fait sensation avec quand il revient à Sankt Radegund car il est le seul à en posséder une dans ce petit bourg rural édénique de Haute-Autriche, vivant dans la verte rusticité montagnarde et les traditions simples, là-haut sur la montagne l'était un vieux chalet (https://www.youtube.com/watch?v=KQDvMMy8jiA). Mais son père adoptif meurt, et, ayant hérité de la ferme, Franz reprend à son compte l'exploitation familiale, sur ses vingt-trois ans, avec sa mère. Trois ans plus tard, en 1933, à vingt-six ans, il commet une faute de jeunesse, il a une fille illégitime, avec laquelle il faut noter qu'il entretiendra toujours de bons rapports, assurant son entretien jusqu'à sa mort. Puis enfin, en 1936, à vingt-neuf ans, arrive le grand et nécessaire tournant spirituel de sa vie, que son très-heureux mariage avec Franziska Schwaninger (1913-2013) va concrétiser.
 
 PHOTO SA MOTO
           
        Jusque là, certes, Franz Jägerstätter ne retient pas du tout l'attention, sur le plan spirituel. Les liens de la Foi se sont relâchés dans son âme, ce qui, conséquence trop ordinaire, a abouti au relâchement des mœurs, jusqu'à une faute en soi grave. Mais Franziska, dont il est très-amoureux (... au point de faire rire de lui les paysans du coin), est une âme d'une grande spiritualité, très-catholique, elle avait failli être religieuse. Dès son mariage avec elle, à son contact, Franz, qui est une âme très-droite et généreuse, ne va pas demander mieux que de remettre la Foi de son enfance par-dessus sa fougueuse nature. Il quitte résolument et définitivement, et intérieurement il est content de le faire, sa vie de jeune homme un peu dissipée et inconstante, pour embrasser, par la Foi et plus encore la pratique de la Foi, les saintes et libératrices exigences du christianisme. Sa fervente femme l'amène rapidement, mais il ne demande qu'à y être amené, à une véritable conversion intérieure qui va très-vite faire de lui un fervent catholique. Dès lors, c'est-à-dire dès l'immédiate suite de son mariage en 1936, il vit une vie chrétienne intense. Il s'affilie au Tiers-Ordre franciscain, et lorsque le sacristain de sa petite église paroissiale de montagne meurt, il ne demande pas mieux que de le remplacer. Il assiste alors à la messe quotidiennement, apprenant les versets-repons en latin comme pour ainsi dire du jour au lendemain, à l'étonnement de son curé, et ne manque pas de former avec zèle les enfants de chœur au service divin. Il lit les saintes-Écritures et les vies de saints assidument, jeûne parfois, récite son chapelet, se nourrit sans cesse des enseignements de la Foi pour les mettre en pratique, de concert avec son épouse très-chère et les trois petites filles qui naîtront de ce mariage heureux dans les années suivantes, Rosalia en 1937, Maria en 1938 et Aloïsia en 1940.
           
        C'est en effet à une véritable et merveilleuse ascension spirituelle qu'on assiste, quoique cachée, qui, loin de s'arrêter à un point donné de la pratique de la Foi jugé humainement suffisant pour le salut, va tout au contraire secrètement continuer sur la lancée et aller jusqu'au bout du don héroïque de soi pour le Christ, sans faiblir contre les pires persécutions, la suite et fin de sa courte vie va le montrer glorieusement. Au bout de son cheminement spirituel, Franz ira jusqu'à vivre en vérité ce que dit Jésus-Christ : "Si quelqu'un veut venir après Moi, qu'il renonce à lui-même, qu'il porte sa croix, et qu'il Me suive. Car celui qui voudra sauver sa vie, la perdra ; mais celui qui perdra sa vie à cause de Moi, la trouvera. Que sert à l'homme de gagner le monde entier, s'il perd son âme ? ou qu'est-ce que l'homme donnera en échange de son âme ? Car le Fils de l'homme viendra dans la gloire de Son Père avec Ses Anges, et alors Il rendra à chacun selon ses œuvres" (Matth XVI, 25-27).
           
        En 1938, à 31 ans, Franz Jägerstätter est véritablement devenu cet "homme nouveau" décrit par saint Paul comme vivant plus du Christ Sauveur que de lui-même, il est devenu un soldat du Christ, miles Christi, dont la Foi est désormais capable de s'opposer à l'enfer jusqu'à la mort. Il écrira plus tard, lorsqu'il fut emprisonné, cette magnifique phrase, qui résume toute sa spiritualité concrète : "De même que les randonneurs, les travailleurs et les combattants ceignent un vêtement long et ample autour de la taille afin de se déplacer plus facilement, ainsi les chrétiens doivent s'équiper pour travailler et combattre au service de Dieu en se dépouillant de tout ce qui les empêche de parvenir à destination. Ils doivent être spirituellement sobres, c'est-à-dire libres de l'ivresse du péché" (Le cas Jägerstätter, sur le site Terre de Compassion).
           
        La Providence de Dieu avait évidemment fort bien fait et prévu les choses : au même moment, nul hélas n'en ignore, un enfer qui a nom nazi se déchaîne au for public dans l'Autriche, son pays bien-aimé. Immédiatement, Dieu fait comprendre à Franz qu'Il le veut comme un héros de la Foi pour se dresser contre cet enfer qui lève sa tête orgueilleuse et rebelle sur le monde entier et sur l'Église, afin de le vaincre surnaturellement. Il le lui fait comprendre par un songe, qu'on ne peut s'empêcher de rapprocher de celui qu'eût saint Joseph lorsqu'il méditait de renvoyer la très-sainte Vierge Marie. Comme avec saint Joseph, c'est en effet véritablement un Ange de Dieu qui lui dicte alors la voie, le chemin, le channel qu'il doit emprunter pour suivre la Volonté divine en ce qui le concerne, il lui montre la grande mission que Dieu attend de lui face à l'enfer nazi, et en même temps il lui donne mystérieusement la grâce et la force surnaturelles de l'accomplir.
           
        Voici comment Franz s'exprime sur ce songe, dans son langage tout simple mais saintement déterminé, c'est dans son Deuxième cahier : "Catholique ou national-socialiste ? À l'époque actuelle, la question est d'une extrême gravité : peut-on être les deux à la fois ? Autrefois, en Autriche, quand les sociaux-démocrates [parti athée socialisant, cependant beaucoup moins antichrist que celui nazi] tenaient la barre, l'Église nous a dit qu'il était impossible qu'un social-démocrate soit également catholique. Et maintenant ? Je commencerai tout-de-suite par raconter une brève expérience que j'ai vécue, une nuit de janvier 1938 [il n'est pas anodin de noter que la fameuse aurore boréale annonçant la deuxième guerre mondiale, prophétisée par Notre-Dame à Fatima, apparaît dans le ciel de toute l'Europe dans ce mois de janvier 1938, la nuit du 25 au 26 : "Quand vous verrez une nuit éclairée par une lumière inconnue, sachez que c’est le grand signe que Dieu vous donne, qu’il va punir le monde de ses crimes" ; c'est dommage que Franz Jägerstätter ne donne pas le jour précis de son rêve de janvier 1938...].
           
        "D'abord, je suis resté dans mon lit presque jusqu'à minuit sans dormir [contre son habitude], et pourtant je n'étais pas malade, mais ensuite, j'ai dû m'assoupir ; d'un seul coup, m'est apparu un beau train qui passait autour d'une montagne et vers lequel affluaient les adultes tout comme les enfants, en si grand nombre qu'on avait du mal à les retenir. Ceux qui n'étaient pas du voyage étaient si rares qu'il est préférable de ne pas en parler ou d'écrire à leur sujet. Ensuite, une voix m'a dit tout-à-coup : «Ce train va en enfer». [Suit une vision sur le Purgatoire, qui ne regarde pas notre sujet, puis, Franz, de continuer son récit :] Seules quelques secondes s'étaient probablement écoulées pendant que je regardais tout cela ; ensuite, j'ai entendu un sifflement, j'ai vu une lumière, et tout a disparu. J'ai aussitôt réveillé ma femme pour lui raconter ce qui s'était produit.
           
        "(...) Au début, ce train en marche m'a semblé assez incompréhensible, mais plus toute cette affaire s'éloigne, plus j'arrive à débrouiller ce mystère du train en marche. Et aujourd'hui, il me semble que cette image représente tout bonnement le national-socialisme qui, à l'époque, a fait irruption ou s'est infiltré parmi nous, avec toutes ses diverses organisations telles que le NSDAP, le NSV, la NSF, la HJ, etc., bref toute la communauté populaire, tout le monde qui se sacrifie et lutte pour elle [en note 5, p. 85, l'auteur anonyme de Être catholique ou nazi, de préciser : "Il s'agit de la Volksgemeinschaft, concept de propagande désignant la communauté d'esprit et d'action du peuple allemand, toutes classes confondues, et son ralliement à l'idéologie nationale-socialiste"]. (...) Quoiqu'il en soit, on ne fait pas mystère de ce qu'est réellement le WHW [sorte de "secours populaire" organisé et mis sur pied par les nazis] : à Mautern, j'ai vu qu'on avait placardé une affiche avec ce slogan : «Que ton don au WHW soit ta profession de foi en le Führer». Autant dire que le Führer veut sans cesse contrôler son peuple pour savoir qui est pour ou contre lui. (...) Quant à moi, je voudrais crier à tous les gens qui sont du voyage : sautez du train avant qu'il n'arrive au terminus, quitte à y laisser la vie ! Voilà comment Dieu, par ce rêve ou cette vision, m'a assez clairement montré le chemin, je le crois, en me suggérant de me décider à être soit national-socialiste, soit catholique !"
           
        Il est clair, ici, que le songe que nous relate notre futur martyr, qui l'a fort marqué, est d'origine surnaturelle, venant d'un Ange de Dieu. La Providence divine le lui envoie pour lui signifier sa mission, qui est de se positionner radicalement contre le nazisme jusqu'au sacrifice de sa vie, et en même temps pour lui donner la grâce surnaturelle de l'accomplir. Franz Jägerstätter ne va pas manquer à la grâce : il va décider d'être catholique, je veux dire pleinement catholique, jusqu'au rejet et refus intégral et absolu du nazisme incluant le sacrifice de sa vie. Car le message du songe est clair : il n'y a aucune compromission possible entre l'un et l'autre, soit on choisit le nazisme, soit on choisit le christianisme. Et Franz l'a très-bien saisi, son âme a reçu le message en plein, six sur cinq. Son choix est vite fait, la ferveur chrétienne de sa vie depuis 1936 l'y a prédestiné : il choisit le christianisme, et rejette absolument le nazisme.
           
        Il doit, pour commencer, refuser absolument de cautionner en quelque manière que ce soit la Volksgemeinschaft, cette communion sociopolitique fasciste de tout un peuple au nazisme, qui contamine, de proche en proche, de plus en plus de ses concitoyens. Le 10 avril 1938, environ trois mois après le songe, une belle occasion lui est donnée de s'en désolidariser radicalement et publiquement en votant "non" au referendum sur l'annexion (forcée) de l'Autriche à l'Allemagne, pour former l'empire Grand-Allemand par l'Anschluss (rattachement, réunion). Il est le seul de son village à voter "non". Il y fallait déjà un fier courage, car dès après l'Anschluss, qui se déclarait en Autriche contre les nazis risquait les pires sévices voire la mort. Les concitoyens de son village, qui aiment et apprécient Franz, et qui par ailleurs, tous catholiques, sont plutôt antinazis au moins jusqu'en 1940, le comprennent si bien que son "non" n'est pas inscrit au registre communal, pour lui éviter des représailles, quoiqu'il n'y ait encore aucun nazi déclaré à Sankt Radegund (ce petit paradis champêtre-montagnard loin de la ville ne se nazifiera que sur le tard)... mais il y a déjà le spectre de la peur, la terrible peur.
           
        Ce qui est vraiment extraordinaire chez Franz Jägerstätter, c'est qu'il a compris de lui-même, tout seul, en solitaire (il n'appartient à aucun réseau de résistance politique, aucun mouvement religieux), avec un bagage culturel, spirituel et théologique, très-rudimentaire, celui d'un tout simple paysan, et presque tout-de-suite, l'incompatibilité formelle du nazisme avec le christianisme, et le devoir non moins formel pour un catholique de lui résister jusqu'au martyre. On n'y peut voir là qu'une inspiration divine très-forte, authentique, et le songe du train cautionne cette opinion.
           
        Car Franz n'a rien d'un fanatique ou d'un idéaliste terrestrement et passionnellement motivé par des raisons politiques, qui, volontiers, s'adonnerait à des actes terroristes pour donner corps à ses idées. Bien au contraire, après 1938 et l'Anschluss qui faisait de chaque autrichien un citoyen allemand astreint au service militaire obligatoire, on est presque surpris de le voir poursuivre son combat spirituel en jouant un jeu assez subtil et malin avec les nazis : il accepte volontiers de faire ses classes militaires en 1940 et 1941, à deux reprises, tout en sachant fort bien que les nazis ne l'enrôleront pas en tant que soldat, qu'ils le renverront à ses champs, car ils ont besoin des agriculteurs comme lui pour faire les récoltes et nourrir ceux qui vont au front. Franz sait cependant fort bien qu'il va inéluctablement au martyre, il a la ferme résolution intérieure de l'accepter, mais il ne précipite pas, en le provoquant, le martyre. La sagesse et l'équilibre de son comportement montrent bien que sa décision de rejeter le nazisme jusqu'à son propre et personnel sacrifice, vient de Dieu. C'est ainsi qu'il arrive, en biaisant tant bien que mal avec les nazis, jusqu'à l'année 1943. Entretemps, les relations avec ses concitoyens de Sankt Radegund à qui il a déclaré quant et quant son antinazisme militant basé sur sa Foi, se sont beaucoup détériorées, dégradées, le maire étant devenu pro-nazi après 1940, et c'est maintenant à qui, dans le village, lui montrera sa mauvaise humeur, à lui et à son édifiante épouse, voire le houspillera, surtout lorsque Franz refuse publiquement de faire la moindre obole pour contribuer à l'effort de guerre nazi, et c'est souvent revenu.
           
        Cependant, Hitler, tel Napoléon à la fin de son règne, avait de plus en plus besoin de "chair à canons", c'est-à-dire de soldats, pour continuer sa guerre. Un sinistre jour de février 1943, Franz reçoit par la poste sa convocation pour être mobilisé à l'actif, en tant que soldat cette fois-ci, et sa femme et lui comprennent que la confrontation, le choc frontal à mort entre lui et le régime nazi, ne peut plus, désormais, être évitée. Un plan B de fuite, de cavale dans les montagnes environnantes qu'il connaît fort bien, sachant qu'il pourrait facilement, s'il voulait, s'y nicher un refuge incognito, aidé par sa femme qui a compris et adhère à son combat spirituel, est moralement rigoureusement impossible : Franz sait fort bien que les nazis feraient de terribles représailles sur sa ferme, sa femme et ses trois petites filles, et il rejette d'emblée cette option-là.
           
        Ne lui reste donc plus qu'à affronter la Bête en face, c'est-à-dire se rendre à la convocation militaire tout en déclarant officiellement vouloir refuser de combattre pour Hitler et le régime nazi, par motif de Foi. Et c'est ce qu'il fait. Lors de la première présentation des armes qu'il doit faire, il refuse publiquement de faire le "Heil Hitler !" et déclare son refus de servir l'armée du IIIème Reich nazi. Il est immédiatement emprisonné, et son procès s'ouvre. C'est là qu'il est vraiment admirable. Il est en effet vraiment seul, tout seul. Quelque temps avant sa déclaration antinazi radicale, le prêtre de sa paroisse, qu'il a consulté, ne l'a pas du tout encouragé dans cette voie, et l'évêque, également consulté, a carrément improuvé sa voie. Je vais dire tout-à-l'heure à quel point l'église allemande était moralement ligotée par le concordat de 1933 scandaleusement accordé par l'Église romaine au gouvernement nazi et maintenu pendant toute la période de guerre jusqu'en 1945, JUSQU'AU POINT EXTRÊME, UN ARTICLE DUDIT CONCORDAT EN FAISAIT OBLIGATION FORMELLE, DE DEVOIR DÉNONCER TOUT ENNEMI DU GOUVERNEMENT NAZI. Ce qui explique qu'aucun prêtre allemand, a fortiori aucun évêque allemand, ne pouvait de toutes façons publiquement soutenir Franz Jägerstätter... à moins, à son exemple, d'accepter de mettre sa vie dans la balance pour la Foi catholique. Ne pas dénoncer Franz aux autorités nazis comme ennemi du régime était d'ailleurs, d'après le concordat couvert par l'autorité du pape Pie XI, déjà une faute pour l'évêque ! Il ne faut donc pas s'étonner qu'il ne fit à Franz que des réponses politically correct, ayant par ailleurs très-peur d'avoir affaire avec Franz à un espion nazi venu sonder ses opinions d'évêque...
           
        Tout le monde, donc, sauf son admirable femme, va tâcher de lui dire qu'il "exagère", que son sacrifice individuel et sans écho, de toutes façons, comme il est fort bien montré dans le film de Terence Malick, ne va rien changer au cours de la guerre, qu'il sera parfaitement inutile, qu'en outre il sera inconnu de tous. Humainement parlant, on tâche de lui enfoncer dans la tête qu'il aura tout sacrifié pour RIEN. Tout le monde, sa famille, ses amis, ses concitoyens, ses prêtres et évêque, et jusqu'aux officiers militaires allemands chargés de le juger, qui tâcheront de trouver des biais pour lui éviter la peine de mort... du moment qu'il accepte de signer son allégeance à Adolf Hitler, lui martèlent cela ("Lors de son incorporation, tout soldat doit prononcer un serment d'allégeance à Hitler : «Je jure solennellement devant Dieu d'obéir inconditionnellement au Führer du Reich et du peuple allemand Adolf Hitler»" ― Église catholique d'Allemagne face au nazisme, Wikipedia). Après une grave crise morale au début de son incarcération, causée par un prêtre lui ayant perfidement reproché son intransigeance suicidaire (... mais n'est-ce pas par désir du suicide, qu'il cherche le martyre ? Ce venin de Satan le troubla tellement, que Franz Jägerstätter fut un temps sans communier à la messe, intérieurement persécuté et se croyant en faute), c'est grâce à Franziska sa chère et très-catholique épouse, qu'il retrouve la paix intérieure pour poursuivre son combat. Franz va dès lors rester absolument inébranlable et inflexible quant à son rejet radical du nazisme et de son hideux chef, basé sur sa Foi au Christ, jusqu'au sacrifice de sa vie. Passé le Gethsémani de son épreuve morale, sa détermination est vraiment admirable. Plus le temps avance vers l'inéluctable dénouement de sa mort de martyr, plus son âme gagne en sérénité et en calme intérieur profond, dans son engagement...
           
        Si Franz avait lu Mit Brennender Sorge, la lettre-encyclique du pape Pie XI parue en 1937, admirable au niveau doctrinal mais au niveau doctrinal seulement, il est cependant fort probable qu'il ne l'a jamais lue, il se serait sûrement trouvé très-réconforté par le § 42 : "Nous ne sommes pas non plus sans savoir qu’il y a dans vos rangs plus d’un obscur soldat du Christ qui, le cœur en deuil, mais la tête haute, supporte son sort et trouve son unique consolation dans la pensée de souffrir des affronts pour le Nom de Jésus".
           
        Son refus étant définitif et militairement scellé, la condamnation à mort sans appel est prononcée. Quelques petites heures avant de mourir décapité à la guillotine (sinistre legs de la Révolution française aux nazis), et il sait l'heure exacte, 16 heures, de son exécution, on la lui a dit, cette heure, qui va transmuer pour lui le temps en l'Éternité, il écrit à sa femme une lettre admirable, que je vais mettre in extenso en finale de mon article, où se dégage une sérénité vraiment étonnante. Il ne l'aurait pas écrite plus calmement s'il avait su qu'il avait encore quarante ans de vie en bonne santé à vivre sur cette terre. Il est très-manifeste que la grâce de Dieu l'assiste dans son dernier combat, usque ad mortem, sans doute par l'Ange qui lui a communiqué le songe du train... "Le Père Albert Jochmann l'accompagne dans ses dernières heures et propose de lui donner un livre à lire. Jägerstätter refuse : il est calme et serein, à tel point que même la Bible risquerait de le distraire. Ce soir-là [après l'exécution de notre martyr autrichien], le prêtre dira aux religieuses autrichiennes qui travaillaient là que Franz Jägerstätter est le seul saint qu'il ait rencontré dans toute sa vie ; et il les félicite, comme ayant été l'un de leurs compatriotes" (Être catholique ou nazi, p. 22).
 
        Franz Jägerstätter avait 36 ans. Il n'est pas mauvais de rajouter que, quelque temps après son procès, le juge qui avait prononcé sa sentence de mort se suicida.
           
        ... Et l'Église catholique, apostolique et romaine, que fait-elle pendant tout ce temps-là ?
           
        L'Église catholique, apostolique et romaine, pendant tout ce temps-là, elle se prostitue au gouvernement nazi.
           
        Suivant l'abominable doctrine hérétique, initiée dès le pape Pie VII dans l'Église par le concordat napoléonien, qui veut que TOUT pouvoir politique humainement établi, constitué, est valide et légitime, donc même les pouvoirs qui sont constitutionnellement athées voire antichrists radicaux, comme l'était certes éminemment le gouvernement nazi, et contre le véritable enseignement de saint Paul en Rom XIII qui ne répute la validité des pouvoirs politiques que si, et seulement si, ils sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, le pape Pie XI avait signé un concordat avec Adolf Hitler le 20 juillet 1933, par la main du cardinal Pacelli futur Pie XII. Or, l'aurais-je assez écrit, par le seul fait d'accepter comme partenaire concordataire un gouvernement, l'Église romaine lui répute formellement validité et légitimité. Tout concordat en effet, acte juridique synallagmatique, présuppose formellement la validité de tous et chacun des partenaires acceptés dans l'acte diplomatique solennel. L'Église romaine, rien que par ce concordat officiel, réputait donc devant tout le monde catholique allemand, et par ailleurs aux yeux du monde entier, la validité et la légitimité du gouvernement nazi d'Adolf Hitler. Et là est la faute gravissime du pape Pie XI, aux conséquences négatives antichristiques absolument cataclysmiques et incalculables. Car réputer valides et légitimes des pouvoirs politiques constitutionnellement athées, comme le faisait Pie XI rien qu'en signant concordat avec le IIIème Reich nazi d'Hitler, est tout simplement épouser la cause du mal et de Satan, lui donnant par prostitution la force du Christ, et par ailleurs tomber dans l'hérésie et même l'apostasie pure et simple.
           
        Pour le dire dès ici, si Pie XI puis Pie XII n'avaient pas mis en oeuvre jusqu'au bout avec le régime nazi cette doctrine hérétique héritée de Pie VII, en passant concordat avec lui en 1933 et puis, beaucoup plus grave encore, en ne dénonçant nullement ce concordat lorsque Pie XI prit conscience de la barbarie et du caractère intrinsèquement pervers de l'idéologie nazi, c'est-à-dire en 1937 lorsqu'il fit paraître l'encyclique Mit Brennender Sorge, cela aurait évité rien moins que la seconde guerre mondiale avec ses millions de morts et ses souffrances infernales, au monde entier... Il est très-facile de comprendre que dénoncer officiellement le concordat de 1933 avec le régime nazi en 1937, lorsque Mit Brennender Sorge parut, alliant l'acte politique à la parole doctrinale, aurait immédiatement délié le catholique allemand du devoir d'obéissance et d'allégeance au gouvernement nazi. Du coup, tous les catholiques allemands auraient fait ce qu'a fait en héros solitaire contre l'Église Franz Jägerstätter, à savoir refuser de servir dans l'armée nazi, et Hitler se serait retrouvé avec une massive défection de bien plus d'un soldat sur deux en 1939, lorsqu'il décida de lancer sa guerre.
           
        En effet, il y avait certes seulement 20 millions de catholiques pour une Allemagne de 65 millions d'habitants en 1937, c'est-à-dire un peu moins d'un soldat (catholique) sur trois, mais le quota augmente de beaucoup si l'on se place dans l'empire Grand-Allemand, agrandi de populations à très-grande majorité catholique : "Un recensement effectué en mai 1939, six ans après le début de l'ère nazie et après l'annexion de l'Autriche, principalement catholique, et de la Tchécoslovaquie, principalement catholique, indique que 54 % se considéraient protestants, 40 % comme catholiques" (Religions sous le troisième Reich, Wikipedia). De plus, ... et quel plus !, si les catholiques, suivant le pape dénonçant en 1937 le concordat de 1933, avaient excommunié politiquement Hitler, refusant de servir dans ses armées, il est plus que probable qu'une grande majorité de protestants les auraient suivis sur cela, car la dénonciation du concordat aurait été faite sur des motivations chrétiennes, que partageaient les protestants, et non pas catholiques ("Peu à peu, les limites du devoir d'obéissance à l'État sont devenues plus claires pour certains pasteurs, qui ont refusé de servir la dictature, et se sont engagés au nom des principes chrétiens dans la voie de la résistance politique et morale" ― La Résistance allemande au nazisme, 1939-1945, Delphine Bris & Jean-Marc Dubois). Cela signifie qu'Hitler se serait retrouvé avec à peine un soldat sur cinq voire beaucoup moins !! Il lui était dès lors impossible de lancer sa guerre en 1939. Malheureusement, Mit Brennender Sorge ne fut qu'un coup d'épée dans l'eau, ce ne fut, de volonté pontificale hérétique hélas très-délibérée, qu'une parole, certes doctrinalement magnifique, mais émasculée de l'acte politique correspondant (dénonciation du concordat) qui aurait donné agir et vie à cette parole.
           
        Même un évêque actuel, l’évêque militaire allemand Walter Mixa, saura voir cela, disant, en pensant à Franz Jägerstätter : "Au fond, tous les chrétiens auraient dû refuser de servir. Ainsi, le régime serait devenu impuissant" (apic/kna/khr/bb, 26.10.2007). Cet évêque actuel oublie juste de dire une chose très-importante : les allemands catholiques ne pouvaient pas prendre d'eux-mêmes cette décision, surtout en plus si l'on considère qu'une grande partie d'entre eux en ce compris leurs évêques, étaient très-portés sur le patriotisme, le nationalisme, etc. ("Guenter Lewy note que non seulement les évêques [allemands] n'ont jamais encouragé la Résistance, mais ils l'ont toujours condamnée. Jusqu'à la chute du nazisme, ils clament que le gouvernement du Führer Hitler est l'autorité légitime auquel chacun doit obéissance" ― Église catholique d'Allemagne face au nazisme, Wikipedia), il fallait d'abord que le chef catholique, le pape, déclare invalide le gouvernement nazi en dénonçant le concordat de 1933, il revenait en effet au pape de lancer le mot d'ordre général. Une fois le concordat de 1933 déclaré pontificalement aboli, ce mot d'ordre lancé, tous les catholiques allemands auraient immédiatement compris comme un seul homme qu'ils étaient déliés de tout devoir d'obéissance envers le gouvernement nazi d'Hitler, et qu'ils n'étaient plus obligés de servir dans l'armée du IIIème Reich. Hitler, dès 1937, je le répète, se serait alors retrouvé... cul nu dans une flaque d'eau ! Tout-à-fait dans la position impuissante de l'empereur d'Allemagne Henri IV, qui, excommunié, dût faire très-humiliante pénitence en 1077 devant le pape au château de Canossa ! Avec bien plus d'un soldat sur deux manquant à l'appel si les protestants s'étaient joints aux catholiques, ce qui est extrêmement probable, il aurait été totalement impossible à Hitler de commencer sa guerre en 1939.
           
        Dès lors, l'on voit donc la gravité incalculable de conséquences de la faute pontificale de Pie XI et de Pacelli son secrétaire d'État qu'il avait institué plénipotentiaire pour le concordat allemand, d'avoir refusé de dénoncer le concordat de 1933 lorsqu'ils condamnèrent seulement l'idéologie nazi dans Mit Brennender Sorge en 1937. Faute qui s'appuie sur l'hérésie-apostasie de vouloir considérer comme valides et légitimes des gouvernements constitutionnellement athées, quoiqu'ils fassent, faute que ni Pie XI ni le cardinal Pacelli ne voulurent voir, obnubilés et véritablement possédés, au sens le plus diabolique du terme, de leur gnose politique constitutionnelle. Ce que, l'œil diaboliquement fixé sur leur chimère, le pape et le cardinal secrétaire d'État ne virent pas, même en 1937, fut pourtant dénoncé par quelques évêques allemands clairvoyants dès 1933 : "... tels le cardinal Schulte et l'évêque Preysing, [qui] critiquèrent ce Concordat, estimant qu'il serait préférable de condamner le gouvernement nazi, au lieu de pactiser avec lui" (La résistance allemande au nazisme, Wikipedia).
           
        Certains, à l'époque, mirent pourtant le doigt sur la plaie. Ils firent remarquer à Pacelli que dans Mit Brennender Sorge, le pape Pie XI condamnait certes bien, et même brillamment, l'idéologie néo-païenne qui sous-tendait le nazisme, mais ne touchait pas le moins du monde au gouvernement politique qui la mettait en oeuvre parmi les nations, dans un totalitarisme absolu. Pacelli, en réponse, osa justifier un tel comportement si fautif, en ces termes hautains et arrogants, absolument scandaleux : "Le Saint-Siège entretient des rapports amicaux, corrects ou au moins passables avec des États possédant diverses formes et orientations constitutionnelles... En ce qui concerne l'Allemagne, il est constamment demeuré fidèle à ce principe et entend continuer à l'être" (De Pacelli à Bergen, 30 avril 1937, Documents on German Policy, série D, vol. I).
       
        L'entêtement diabolique de l'Église romaine dans son hérétique et même apostate direction, ne saurait être mieux marqué ni plus orgueilleusement, que dans ces propos moralement indécents du futur Pie XII. Donc, pour lui, le caractère constitutionnellement athée et même antichrist militant radical du gouvernement nazi d'Hitler n'est rien d'autre qu'une... simple petite question de "forme et orientation constitutionnelle" tout ce qu'il y a de plus anodine et sans importance aucune pour la Religion !!! Il est trop clair que dans l'esprit de Pacelli, la seule chose qui compte, c'est l'État, l'être de l'État, tel qu'il est, la Religion, l'être de la Religion, passe après... C'est ni plus ni moins tomber dans l'antéchristique inversion de faire passer l'homme avant Dieu.
           
        "Et entend continuer à l'être", ose-t-il rajouter avec orgueil et entêtement dans le mal que pourtant on lui dénonce, c'est-à-dire entend continuer à être fidèle à ce principe hérétique-apostat qui consiste à réputer valide et légitime tout gouvernement quel qu'il soit, y compris s'il n'est pas ordonné constitutionnellement au Bien commun, pourtant condition sine qua non de sa validité selon saint Paul dans Rom XIII. Ce fut le cas, en effet, perseverare diabolicum, pour l'Allemagne jusqu'en 1945. Mais plus loin dans le temps, effectivement, on a la douleur et plus encore la sainte-colère de voir l'Église romaine continuer à y être fidèle, à ce principe diabolique, après la seconde guerre mondiale, en sacrifiant sans vergogne et même sans vouloir s'en rendre compte, des millions de catholiques. Ce sera, après les Cristeros mexicains sacrifiés par Pie XI à un gouvernement franc-maçon avant la seconde guerre mondiale en 1926-29, la très-ignominieuse Ostpolitik sous Paul VI, puis, de nos jours, c'est le concordat scandaleux du pape François et de son secrétaire d'État Parolin, passé avec la Chine constitutionnellement athée et communiste...
           
        Les héros de la Foi, comme le cardinal Zen, ce "Mgr Lefebvre chinois", ont beau crier en pleurant des larmes de sang et à si juste titre leur scandale, cela ne sert de rien : comme au temps du nazisme et d'Hitler, la papauté moderne, hérétiquement dévoyée dans ses Mœurs au niveau du Politique constitutionnel dès le concordat napoléonien de Pie VII, est si gravement possédée de son démon du concordatisme absolutiste avec tous États et gouvernements, y compris ceux qui sont constitutionnellement athée et antichrist militant radical, qu'elle ne voit même pas qu'elle sacrifie au mal et à Satan ses propres fils, elle a les oreilles fermées aux critiques de Foi les plus basiques et les plus fondées, Jupiter rend fous ceux qu'Il veut perdre... Il est affreux de devoir dire que ce qui se passe de si terrible en Chine de nos jours pour les chrétiens n'est pas vraiment pire que ce qui se passait dans l'Allemagne nazi pontificalement concordatisée entre 1933 et 1945.
           
        Entre les deux époques, comme on le voit, il n'y a eu aucune conversion de l'Église romaine...
           
        En fait, Dieu a suscité un "héros discret", notre admirable Franz Jägerstätter, pour faire ce que l'Église romaine (et derrière et avec elle tous les catholiques allemands), aurait dû faire en 1939-45 si elle avait fait son devoir en dénonçant en 1937 le concordat de 1933 : refuser toute allégeance au gouvernement nazi d'Hitler, et donc refuser d'incorporer l'armée nazi, refuser de rentrer dans la guerre. Si l'Église romaine avait rempli son devoir de dénoncer le concordat en 1937, la seconde guerre mondiale n'aurait pas eu lieu, la puissance de l'armée nazi étant réduite à peau de chagrin sans les catholiques allemands l'incorporant augmentés certainement d'un très-grand nombre de protestants. C'est aussi simple que ça.
 
        L'Église romaine, par son concordatisme absolutiste hérétique-apostat avec des pouvoirs politiques constitutionnellement athées, est donc la grande responsable, la grande coupable, de la seconde guerre mondiale.
           
        En 1933 puis beaucoup plus gravement en 1937, l'Église romaine entend donc réputer valide le gouvernement nazi d'Hitler, avec la terrible conséquence en découlant, à savoir soumettre moralement tous les catholiques allemands au devoir d'obéissance à un tel gouvernement... alors que ledit gouvernement met furieusement en oeuvre concrète, sans plus se cacher aucunement, l'idéologie antichrétienne que Mit Brennender Sorge condamne formellement. On ne saurait mieux révéler par un tel positionnement qu'on met l'être de l'État au-dessus de tout être, y compris l'Être de Dieu, puisqu'on fait passer les devoirs de la Religion derrière l'obéissance à un État dont on sait pourtant pertinemment bien qu'il est constitutionnellement antichrist. Ce concordatisme pontifical avec des États constitutionnellement athées est en fait rien moins qu'une déclaration d'apostasie radicale, c'est professer une idolâtrie complète de l'État. Dans sa réponse scandaleuse aux critiques qui lui furent faites après Mit Brennender Sorge, le cardinal Pacelli futur Pie XII montra à quel point abominable il idolâtrait l'État, conçu comme un être qui existe métaphysiquement de par lui-même et en avant de toutes choses, y compris de Dieu, de la Religion, et du salut des âmes. L'idolâtrie étatique de Hegel, en vérité, n'est pas pire.
           
        Pie XI ne fut pas en reste de cette idolâtrie de l'État professée par son secrétaire d'État Pacelli. Il osera appeler dans Mit Brennender Sorge "une excessive sévérité" le fait d'aller plus loin qu'une condamnation simplement doctrinale de l'idéologie nazi, et cela consistait évidemment à excommunier politiquement le gouvernement nazi, donc dénoncer le concordat de 1933, alors que l'antichristianisme virulent et assassin du nazisme, patent, avéré et dûment constaté dans la lettre-encyclique, en des termes certes doctrinalement admirables et énergiques, lui en faisait un devoir formel de Foi. Le pape mettait une fausse balance dans ses propos : "Nous ne souhaitions, ni Nous rendre coupable, par un silence inopportun, de n'avoir point clarifié la situation, ni endurcir par une excessive sévérité le cœur de ceux qui sont placés sous Notre responsabilité pastorale, bien qu'actuellement, ils s'éloignent de nous..." (§ 53)En clair et dans le concret, cela signifiait : c'est notre devoir de dénoncer l'idéologie néo-païenne nazi, mais ce n'est pas notre devoir de dénoncer le gouvernement politique qui met en oeuvre ladite idéologie dans le monde. Autrement dit : c'était donner d'une main ce que l'autre reprenait, pour un résultat zéro pointé. Le concret, c'est en effet que le nazisme condamné seulement en, certes, d'admirables et vigoureuses paroles, mais pas en actes politiques, N'ÉTAIT PAS DU TOUT CONDAMNÉ.
           
        Le pape Pie XI concluait ainsi Mit Brennender Sorge : "Celui qui sonde les cœurs et les reins (Ps VII, 10) Nous est témoin que Nous n’avons pas de plus intime désir que le rétablissement en Allemagne d’une paix véritable entre l’Église et l’État. Mais si – sans Notre faute – cette paix ne doit pas s’établir, alors l’Église de Dieu défendra ses droits et ses libertés au nom du Tout-Puissant dont le bras, même aujourd’hui, n’est pas raccourci" (§ 55). Que n'a-t-il mis à exécution son dire, par la dénonciation du concordat de 1933 !!! C'était l'arme toute-puissante que la Toute-puissance divine lui avait mise dans les mains, et qui aurait terrassé d'un seul coup d'un seul Hitler et le régime nazi qui possédait l'Allemagne. Alors, pourquoi ne l'a-t-il pas utilisée ? La réponse est hélas toute simple : à cause de l'obsession gnostique dans laquelle le Siège de Pierre se trouve depuis la Révolution française au niveau du Politique constitutionnel, voulant croire, contre l'enseignement de saint Paul en Rom XIII, à la validité et légitimité de toute société politique humainement constituée, établie, même celles constitutionnellement athées comme le sont, peu ou prou, toutes les sociétés politiques post-révolutionnaires.
           
        Alors que les catholiques allemands puis autrichiens et tchécoslovaques se demandaient péniblement, en souffrant moralement, atrocement écartelés entre leur patriotisme et la Foi catholique, où était leur devoir par rapport au régime nazi qui s'instaurait violemment chez eux, l'Église romaine commençait par leur jeter en pleine figure la validité du gouvernement nazi par le truchement du concordat de 1933, ce qui enchaîna dès cette époque complètement la conscience des malheureux catholiques grand-allemands. L'historien impartial a lui-même ce jugement par trop fondé : "Il est incontestable que Pie XI, en signant les accords du Latran [avec l’Italie mussolinienne en 1929] et le concordat allemand de 1933 [avec l’Allemagne nazi], a pu contribuer, à l’époque, À RENFORCER LA POSITION MORALE DES RÉGIMES FASCISTE ET HITLÉRIEN" (Dictionnaire de l’Histoire — Petit Mourre, p. 184, art. Concordat). Car en effet, Pie XI était loin d'en être à un coup d'essai avec le concordat allemand de 1933, il était au contraire animé d'un désir furieux de passer concordat avec n'importe quel État et gouvernement même le plus ouvertement et constitutionnellement antichrist, comme par exemple avec l'Italie de Mussolini.
           
        Mais pour en rester à notre affaire, Pie XI, de par le concordat allemand, imposait donc à tout catholique de croire que le gouvernement nazi était valide, avec bien entendu, la conséquence morale obligatoire qui en découlait quant à tout gouvernement valide, en suivant l'enseignement paulinien en Rom XIII : l'obéissance à un tel gouvernement, sous peine de damnation, sous peine d'être condamné à la fois par les hommes et par Dieu. Rome prévariquant ainsi, il ne faut donc point se surprendre de voir la majorité des évêques allemands la suivre : "Les interventions et les lettres pastorales des évêques forment un corpus d'où l'on peut dégager de grandes lignes : depuis le début de la prise du pouvoir par les nazis et le concordat qui a suivi, l'Église est en négociation permanente avec les autorités pour défendre le concordat, c'est-à-dire l'indépendance de l'Église dans le domaine religieux, en échange de quoi, elle ne conteste pas le gouvernement en place et soutient, par patriotisme, ses orientations nationalistes jusque dans la folie de la Seconde Guerre mondiale" (Église catholique d'Allemagne face au nazisme, Wikipedia). Ce n'est pas pour rien que l'historien écrit : "L'Église catholique [allemande] ne pouvait pas s'engager politiquement contre le régime nazi, en raison du Concordat signé avec le Reich (...). Si l'opposition politique était impossible en raison du Concordat, des catholiques ont cependant résisté au nazisme sur le plan moral" (La résistance allemande au nazisme, 1933-1945, Delphine Bris & Jean-Marc Dubois). Nous en avons un glorieux exemple avec Franz Jägerstätter, justement. Mais il est capital de comprendre que ces glorieux catholiques individuels n'ont pu résister au régime nazi qu'en devant se positionner héroïquement et avec une grande force d'âme contre l'Église, contre la direction qu'elle donnait de par le concordat de 1933 en réputant formellement par ce damné acte la validité et la légitimité du gouvernement nazi.
           
        Ce n'est pas tout. Les termes du concordat de 1933 liaient encore plus la conscience du catholique allemand au régime nazi, par plusieurs articles qui, pour certains, moult rappellent ceux du concordat napoléonien :
           
        1/ Interdiction aux clercs de s'agréger à un parti politique (§ 32). Ce qui, en pratique, laissait le seul parti nazi en présence forte dans toute la sphère politique allemande...!! Et c'est la raison principale pour laquelle, d'ailleurs, Hitler avait accepté, au début en traînant les pieds lorsqu'il est pressenti par le conservateur von Papen, de passer un concordat avec l'Église : pour inclure un article concordataire qui empêcherait toute autre structure politique importante d'exister en face de lui, à commencer par le Zentrum, sorte de gros parti clérical "démocrate-chrétien" avant la lettre, situé dans le conservatisme social et le centre-droit, qui avait contrebalancé et entravé souvent victorieusement l'avancée nazi en Allemagne dans les années 1920-30. Mais dès après le concordat, le Zentrum, qui était dirigé par un évêque, n'existait plus, de par la folie concordataire du pape Pie XI qui, pour se faire bienvenir d'Hitler, lui ordonna de faire hara-kiri !! Ainsi donc, le concordat de 1933 renforçait non seulement la "position morale" (Mourre) du nazisme, mais formidablement sa position politique. Voici le texte de ce § 32 : "En raison des circonstances particulières existant en Allemagne et en considérant les dispositions du présent concordat garantissant une législation qui sauvegarde les droits et les libertés de l’Église catholique dans le Reich et dans ses Länder, le Saint-Siège édictera des dispositions qui interdisent aux ecclésiastiques et aux religieux d’appartenir à des partis politiques et d’exercer une activité dans ces partis".
           
        2/ Mais le serment d'obéissance au gouvernement nazi exigé des clercs allemands par le pape Pie XI dans le concordat (§ 16), dont il est bon de noter qu'il n'est qu'un copier-coller de celui contenu dans le concordat napoléonien, est encore plus grave. Il ligotait en effet radicalement toute forme de résistance catholique allemande contre le nazisme, c'était un pur viol de la conscience catholique des allemands. Il est certes exigé et intimé aux seuls évêques mais cedit serment rejaillissait ipso-facto sur les prêtres puis sur les simples fidèles. Voici le texte concordataire de ce § 16 : "Avant que les évêques prennent possession de leurs diocèses, ils prêteront entre les mains du Reichsstatthalter de l’État compétent, ou entre les mains du président du Reich, un serment de fidélité selon la formule suivante : «Devant Dieu et sur les Saints Évangiles, je jure et promets, comme il convient à un évêque, fidélité au Reich allemand et au Land de… Je jure et promets de respecter et de faire respecter par mon clergé le gouvernement constitutionnellement établi. Me préoccupant, comme il est de mon devoir, du bien et de l’intérêt de l’État allemand, je chercherai dans l’exercice du ministère qui m’est confié à empêcher tout préjudice qui pourrait le menacer»". Même le devoir de délation, que j'ai noté plus haut, était clairement imposé, quoiqu'en filigrane, à l'évêque !
           
        Or, sans probablement jamais connaître ce § 16, c'est très-précisément ce serment au gouvernement nazi et à Hitler que Franz Jägerstätter refuse PAR-DESSUS TOUT de faire au nom même de la Foi, à si juste titre, c'est la pierre de touche de son martyre, le fond mystique de l'injonction que, de par Dieu, lui fait l'Ange dans le songe du train, et auquel notre héros chrétien obéit aussitôt d'une manière si édifiante et si magnifique, jusqu'au sacrifice de sa vie : rejeter radicalement de prêter serment au gouvernement nazi et à Hitler au nom de la Foi ; et encore moins, faut-il le dire, faire sien un devoir de délation au gouvernement nazi des connaissances de son entourage qui lui seraient opposées.
           
        3/ Puis encore, chose habituelle depuis le concordat napoléonien, on soumet et subordonne la nomination des grands-clercs allemands dans tout le Reich au placet, à l'approbation obligatoire du gouvernement nazi constitutionnellement... athée, c'est dans le § 14 : "La bulle de nomination des archevêques, des évêques, d’un coadjuteur cum jure successionis ou d’un Praelatus nullius, ne sera délivrée qu’après que le nom de la personne choisie a été communiqué au Reichsstatthalter auprès du Land concerné, et qu’il a été constaté qu’il n’y a pas à son encontre d’objections d’ordre politique général".
           
        4/ Et enfin, cerise sur le gâteau, énième copier-coller du concordat napoléonien, les prières à l'église sont exigées pour le Reich d'Hitler !!, c'est-à-dire que le pape Pie XI ordonnait aux évêques et prêtres allemands de faire prier pour la prospérité d'un gouvernement constitutionnellement... athée !! Sans doute pour que le Bon Dieu lui envoie la grâce des grâces de rester bien, bien athée, et pour qu'il ne se convertisse surtout pas !!! C'est dans le § 30 : "Les dimanches et jours de fêtes religieuses, dans les cathédrales comme dans les églises paroissiales, filiales et conventuelles du Reich allemand, on récitera à la suite du service religieux principal, conformément aux prescriptions de la liturgie, une prière pour la prospérité du Reich et du peuple allemand".
           
        Il faut cependant noter que les termes des 34 articles du concordat allemand tendent plutôt, sur le papier du moins, à donner une vraie liberté de mouvement à l'Église dans tout le Reich, sauf les articles susvisés. Mais la question n'est pas là, dans la rédaction des articles. La vraie question réside essentiellement dans le fait lui-même de passer un concordat avec un gouvernement constitutionnellement athée, ce qui était lui réputer formellement validité et légitimité. Et c'est là que réside la grande faute pontificale : réputer la validité du gouvernement nazi, simplement en acceptant de passer concordat avec lui. C'était par le fait même, ipso-facto, livrer pieds et mains liés tous les catholiques allemands à la merci d'Adolf Hitler, qui saura fort bien en tirer profit, à sa manière brutale et violatrice, en digne successeur de Napoléon.
           
        Adolf était donc vraiment fondé à commenter ainsi ce, pardon, putain de concordat : "La conclusion du concordat me paraît apporter la garantie suffisante que les citoyens du Reich de confession catholique se mettront dorénavant sans réserve au service du nouvel État national-socialiste" (Communiqué publié dans la presse allemande le 10 juillet 1933, in Concordat du 20 juillet 1933, Wikipedia)... L'odieux dictateur, et comme on le comprend, en gloussait de plaisir, tel Napoléon, qui, après le concordat de 1801 mettant l'Église de France entièrement à sa botte, et même sous sa botte, jouissait de parler sans cesse de "MES curés et mes gendarmes"...
           
        Mais à chaque fois qu'on fricote-tricote avec le démon, on est perdant. Il ne fallut pas un an avant qu'Hitler ne fit des entorses de plus en plus nombreuses et fort graves contre la liberté des catholiques dans tout le Reich. Par exemple, "en 1935-36, les nazis eurent recours à des pseudo-procès afin d'éliminer des opposants catholiques : des prêtres furent accusés d'être mêlés à des scandales financiers et à des affaires de mœurs, et furent arrêtés sous ce prétexte" (La résistance allemande au nazisme). Depuis la nuit des longs-couteaux en 1934, les nazis n'hésitaient plus à emprisonner ou déporter, voire même exécuter, des prêtres qui leur étaient hostiles.
           
        "Très vite, l'Église doit perdre ses illusions : comme en Italie [mussolinienne], le concordat n'est pas respecté. À la fin du mois de juin [1934], lors de la «nuit des Longs Couteaux», les dirigeants des mouvements de jeunesse catholique sont exécutés par les SS. À partir du mois d'octobre, les nazis persécutent le clergé. Au cours de l'été 1934, le chancelier autrichien Dolfuss, fervent catholique, est assassiné. (...) Rome réagit en mettant à l'Index Le Mythe du XXe siècle, de l'idéologue nazi Alfred Rosenberg. Pacelli adresse 55 notes de protestations, de 1933 à 1939, au gouvernement allemand [contre les entorses faites par le régime nazi au concordat ; significative ressemblance avec les innombrables réclamations sans suite de Pie VII auprès de Napoléon, contre les incessantes entorses faites par ce dernier au concordat de 1801...]. Enfin, le 14 mars 1937, Pie XI publie l'encyclique Mit brennender Sorge, condamnant le paganisme et le racisme. Pour autant, le concordat n'est dénoncé par aucune des parties" (Concordat du 20 juillet 1933, Wikipedia).
           
        Hélas, comme je l'ai dit plus haut, cette encyclique ne rattrapait malheureusement nullement la faute de Pie XI d'avoir fait prêter formel serment au gouvernement nazi dans le concordat de 1933, tout bien pesé, l'encyclique, même, aggravait la faute pontificale. En effet, si je condamne en parole et par écrit l'idéologie du nazisme, mais qu'en même temps, je proclame par la technique concordataire la validité d'un gouvernement qui professe cette idéologie, alors, le concret à retenir, c'est que JE SOUTIENS la mise en oeuvre dans le monde, par une structure politique, de l'idéologie que je prétends condamner. Et c'est exactement ce que l'Église a fait pendant toute la période nazi, de 1933 jusqu'à la mort du nazisme en 1945. Elle a condamné en parole et écrit le nazisme, mais l'a soutenu par oeuvre active et concrète par le seul et simple fait de ne jamais dénoncer solennellement le concordat de 1933 qui, par la seule structure juridique concordataire, réputait formellement validité et légitimité au gouvernement nazi d'HitlerSi, au lendemain de l'emprisonnement par les nazis de plus d'un millier de prêtres allemands, suite à leur prêche de l'encyclique Mit Brennender Sorge au prône de la messe du dimanche des Rameaux le 21 mars 1937Rome avait immédiatement réagi en dénonçant publiquement et officiellement le concordat de 1933 à la face du monde entier, le régime nazi se serait écroulé d'un seul coup d'un seul sur pied, tels les tours du World Trade Center s'écroulant sur elles-mêmes lors de l'attentat en quelques minutes. Hitler se serait retrouvé cul nu dans une flaque d'eau, en 1937 donc, pesons bien la date, avec bien plus d'une moitié en moins de soldats, ceux catholiques augmentés des protestants qui les auraient suivis. Inutile de dire qu'il aurait été alors dans l'incapacité militaire de commencer sa guerre en 1939...
           
        Mais je conclue, maintenant.
           
        Les faits que je viens d'exposer, que je vais récapituler, sont donc les suivants :
           
        * Franz Jägerstätter rejette glorieusement le serment d'allégeance au gouvernement nazi et à Hitler, jusqu'au sacrifice de sa vie (s'il n'est pas le seul, ils sont excessivement peu nombreux à avoir rejeté ce serment : "Dans tout le Reich allemand, seuls sept [!!!] catholiques refusent de servir militairement leur pays. Six sont exécutés et le septième est déclaré fou. Parmi les six exécutés, il y a un prêtre, Franz Reinisch. L'aumônier de la prison lui refuse la communion sous le prétexte qu'il a violé son devoir de chrétien en refusant de prêter le serment d'allégeance à Hitler" ― Église catholique d'Allemagne face au nazisme, Wikipedia).
           
        * L'Église catholique, apostolique et romaine, oblige ignominieusement tout catholique allemand, à commencer par les évêques, à faire le serment d'allégeance au gouvernement nazi et à son chef, dans le concordat de 1933 ; elle ne dénonce pas cedit concordat même lorsqu'elle est parfaitement conscientisée de la barbarie et du caractère intrinsèquement pervers de l'idéologie néo-païenne antichrétienne du nazisme, en 1937, lors de la parution de l'encyclique Mit Brennender Sorge, continuant donc tacitement à réputer valides le gouvernement nazi d'Hitler et ledit serment d'allégeance à lui faire, continuant à lui donner l'emprise morale sur tout le peuple allemand qui va lui permettre d'enrôler tous les soldats catholiques et d'ouvrir avec eux la seconde guerre mondiale en 1939, jusqu'à sa sinistre fin en 1945 ;
           
        * L'Église catholique, apostolique et romaine, soixante-quatorze ans après le concordat allemand de 1933 jamais dénoncé, béatifie en 2007 Franz Jägerstätter et lui donne la palme du martyre pour le motif théologique précis d'avoir refusé toute allégeance et serment au nazisme au nom de la Foi, au prix de sa vie. Sans bien entendu faire aucun mea culpa pour avoir obligé tout le peuple catholique allemand au serment et à l'allégeance au régime nazi dans le concordat de 1933... jusqu'en 1945.
           
        Les faits, têtus et indestructibles comme des faits, comme du reste le sont tous les faits, sont là.
           
        Ne voulant porter moi-même, simple laïc, aucun jugement personnel sur l'Église moderne concordataire, celle de 1933, de 1937, et plus encore celle de 2007, je laisse Notre-Seigneur Jésus-Christ émettre son Jugement sans appel :
           
        "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, qui bâtissez des tombeaux aux prophètes, et qui ornez les monuments des justes, et qui dites : «Si nous avions vécu du temps de nos pères, nous ne nous serions pas joints à eux pour répandre le sang des prophètes». Par là, vous témoignez contre vous-mêmes que vous êtes les fils de ceux qui ont tué les prophètes. Comblez donc aussi la mesure de vos pères. Serpents, race de vipères, comment échapperez-vous au jugement de la géhenne ? C'est pourquoi, voici que Je vous envoie des prophètes, et des sages, et des scribes ; et vous tuerez et crucifierez les uns, et vous flagellerez les autres dans vos synagogues, et vous les persécuterez de ville en ville, afin que retombe sur vous tout le sang innocent qui a été répandu sur la terre, depuis le sang d'Abel le juste, jusqu'au sang de Zacharie, fils de Barachie, que vous avez tué entre le temple et l'autel. En vérité, Je vous le dis, toutes ces choses retomberont sur cette génération" (Matth XXIII, 29-36).
           
        Je ne saurai trop conseiller à ceux qui veulent approfondir cette question concordataire pontificale moderne, si importante comme l'on voit, de lire mon livre J'accuse le Concordat !, qu'on trouvera au lien suivant http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf, ainsi qu'un de mes derniers articles qui fait le plus possible à fond le point sur cela : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154.
           
        ... Mais je ne peux pas rester sur une émotion si négative, je m'empresse de détourner mon regard affligé et plus encore, peut-être, courroucé, de l'Église romaine contemporaine, qui ressemble par trop à la grande Prostituée de Babylone dénoncée par saint Jean dans l'Apocalypse, pour me tourner à nouveau, comme attiré par un puissant aimant bienfaisant et qui mène à Dieu, vers "un prophète, un juste", Franz Jägerstätter.
 
        Je n'ai pas dit encore ce qui suscite le plus mon admiration chez lui : c'est le fait d'avoir mené le bon combat spirituel contre le nazisme jusqu'au martyre sans même avoir les arguments théologiques et intellectuels suffisants pour le faire, Franz se base effectivement uniquement et seulement sur la grande, invincible et formidable intuition de Foi qu'il a de l'incompatibilité formelle du nazisme avec la Foi catholique, que conforte et confirme la grâce divine reçue dans le songe du train.
           
        Je note en effet, en lisant ses lettres, qu'il n'a pas le bagage intellectuel pour renverser l'hérésie ecclésiale concordataire moderne s'appuyant sur une lecture hérétique de Rom XIII prétendant que TOUT pouvoir politique humainement établi, constitué, est automatiquement valide et légitime, et que donc le devoir d'obéissance lui est dû, même s'il n'est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, comme c'était le cas du gouvernement nazi que devait affronter Franz Jägerstätter. Or, si l'on s'en tient à la vulgate moderne et mensongère de l'Église quant à l'obéissance des fidèles à TOUT pouvoir politique, notre martyr autrichien avait tort de lui résister, son combat était condamné par Dieu, et d'ailleurs les prêtres le lui diront. Ce qui est extraordinaire chez lui, c'est qu'il n'a cure, absolument, de ces faux raisonnements pseudo-théologiques : s'appuyant magnifiquement sur la seule intuition de Foi basée sur le Saint-Esprit, l'on voit Franz passer par-dessus le faux raisonnement clérical moderne hérétique-apostat sans même le renverser, en l'enjambant par le haut seulement, comme s'il n'existait pas, pour vivre de la vérité très-certaine de la Foi quant au devoir de désobéissance à un mauvais pouvoir politique.
           
        Cependant, il n'est pas sans voir qu'il y a quelque chose qui ne va pas, dans l'Église, il commence par trouver très-étrange sa non-condamnation du nazisme, on le voit en effet écrire ceci dans son Deuxième Cahier : "En Allemagne, avant que Hitler ne prenne le pouvoir, il paraît qu'on refusait aux nationaux-socialistes l'accès au banc de communion. Et qu'en est-il maintenant dans ce Reich grand-allemand ? Bien des gens vont au banc de communion en toute tranquillité, semble-t-il, et pourtant ils sont membres du Parti national-socialiste et y font entrer leurs enfants ; parfois même, ils leur donnent une formation leur permettant d'être des éducateurs nationaux-socialistes. Ont-ils donc aujourd'hui, alors qu'on pratique depuis plus de deux ans un effroyable carnage, un autre programme qui autorise tout cela ou le déclare sans importance ? Ou bien est-ce que les autorités de l'Église ont déjà décidé ou approuvé qu'il soit désormais permis d'adhérer à un parti hostile à l'Église ? C'est que quelquefois, pour peu qu'on y réfléchisse un peu, il y a de quoi se mettre à hurler, et qui s'en étonnerait, dans un pays comme le nôtre où même les plus justes sont en passe de devenir fous ?" (Être catholique ou nazi, pp. 27-28).
           
        Ici, d'une manière pratique, Franz Jägerstätter prend fort bien conscience de l'anormalité si préjudiciable à la Foi d'une absence totale de condamnation publique et officielle du gouvernement nazi par l'Église... et qui est responsable de voir la plupart des catholiques allemands, dévoyés par cette absence de condamnation, "devenir fous", c'est-à-dire se laisser séduire par l'air patriotique de la flûte enchantée d'Hitler. À cause de cette absence de condamnation du nazisme par l'Église, "il ne faut vraiment pas s'étonner que des gens ne s'y retrouvent désormais plus dans cette immense confusion" (ibid., p. 60). "Je comprends d'ailleurs, poursuit-il, que ces temps-ci, de nombreuses paroles n'auraient guère pour conséquence qu'une peine de prison, sans plus. Malgré tout, il n'est pas bon que nos prêtres gardent le silence pendant des années" (ibid., pp. 61-62). Quand bien même il excuse la mauvaise décision des évêques autrichiens de ne rien faire contre le parti nazi, parce qu'ils sont "des êtres de chair et de sang, il peut leur arriver d'être faibles" (ibid., p. 29), il n'en conclut pas moins de leur positionnement qu'il s'agit "d'erreurs commises à l'égard du peuple" (ibid., p. 30). Franz n'est en effet pas sans se rendre compte que quelque chose ne va pas du tout chez les prêtres, quant à leur attitude face au nazisme : "Car si on juge et agit selon les principes de la Foi catholique, on se dit que parfois, écoutant sa conscience, on en vient forcément à prendre des décisions et à porter des jugements différents de ceux des prêtres d'aujourd'hui, face à leurs ouailles" (ibid., p. 74).
           
        Mais, trompé par les prêtres et singulièrement par l'Église romaine, il aborde le grand point théologique ici : "Les commandements de Dieu nous enseignent certes d'obéir aux autorités supérieures séculières même si elles ne sont pas chrétiennes, mais seulement dans la mesure où elles ne nous ordonnent rien de méchant, car c'est à Dieu, bien plus qu'aux hommes, qu'il faut obéir. Et qui peut servir deux maîtres à la fois ?" (ibid., pp. 41-42). Notre martyr est trompé comme tout le monde par la fausse interprétation ecclésiale moderne de Rom XIII. Plus loin, il dira plus précisément encore : "On nous dit par exemple de combattre pour l'État allemand puisque le Christ a ordonné d'obéir à un gouvernement laïc quand bien même il ne serait pas chrétien. Fort bien, mais je ne crois pas que le Christ nous ait dit d'obéir à ce gouvernement même si ses ordres sont mauvais. En effet, lutter pour l'État allemand et non pour le Parti national-socialiste est aussi impossible que de dire : je vais lutter seulement pour Dieu le Père, et non pour le Fils et le Saint-Esprit. Qu'on le veuille ou non, l'État allemand et le Parti national-socialiste sont deux facteurs indissociables" (ibid., pp. 69-70).
           
        Or, non, faux, les commandements de Dieu nous enseignent, selon saint Paul, de n'obéir aux autorités supérieures séculières que si elles sont constitutionnellement ordonnées au Bien commun et à Dieu, et de n'obéir à aucunes autres qui n'y sont pas ainsi ordonnées, c'est-à-dire qui ne sont pas chrétiennes. Si Franz Jägerstätter, trompé par l'Église moderne concordataire, avait suivi jusqu'à ses dernières conséquences obligées son raisonnement, alors, son combat de lutter contre le nazisme ne pouvait recevoir aucune justification spirituelle. C'est précisément ce que lui dira son évêque, Mgr Joseph Fliesser : "En tant que père de famille, il n'avait pas le droit de juger si cette guerre était juste ou non" (ibid., p. 18). Rien de plus vrai : si le gouvernement nazi est valide et légitime, comme Pie XI et le cardinal Pacelli en assomment hérétiquement le peuple grand-allemand pendant toute la durée de la guerre par le concordat de 1933 maintenu jusqu'en 1945, alors, c'est à Adolf Hitler, en tant que chef investi et recevant de Dieu la grâce de dire ce qui est juste ou injuste pour tout son peuple, et non pas au simple citoyen ou père de famille tel Franz Jägerstätter, de dire effectivement ce qui l'est et ce qui ne l'est pas. À partir du moment où Franz reconnaissait la validité du gouvernement nazi, pour suivre le raisonnement pervers, hérétique-apostat, du concordat de 1933, il n'avait pas le droit de juger lui-même le caractère juste ou injuste de la guerre engagée par Hitler ; en conséquence de quoi, il avait le devoir formel d'intégrer la Wehrmacht. Ce n'est que parce que, contre la trahison de l'Église romaine, le gouvernement nazi est invalide et illégitime, que son rejet d'y faire allégeance et de servir dans l'armée nazi se justifie théologiquement et spirituellement. Heureusement, Franz ne comprendra pas l'incompatibilité formelle du mensonge clérical moderne avec son désir de martyre inspiré par Dieu...
           
        Ce que j'admire le plus chez Franz Jägerstätter, c'est justement que, dépassé dans son esprit de simple paysan par ces distinguos théologiques, il va immédiatement et superbement à ce que la Foi ordonne de faire à un chrétien en telle occurrence, basant son rejet du nazisme en prise directe sur le Saint-Esprit et l'intuition fondamentale de sa Foi catholique, écrasant le raisonnement hérétique de l'Église concordataire moderne en la matière... sans même en prendre conscience ! C'est cela que j'admire profondément chez lui. Si, dans sa situation, je n'avais pas renversé le mensonge ecclésial moderne pour y mettre à la place la vérité de la Foi, je n'aurais pas pu aller jusqu'au martyre, comme Franz l'a fait sans avoir eu besoin de le renverser, j'aurais été obligé de capituler mon bon combat. Le Bon Dieu exige en effet de moi l'intelligence d'une chose avant de m'y engager personnellement.
           
        Quant à Franz Jägerstätter, il n'hésite pas une seule seconde sur le bien-fondé de son combat spirituel qui consiste à suivre l'inspiration de l'Ange dans le songe du train, il se donne généreusement jusqu'au sacrifice de sa vie, pour sceller par son sang le rejet d'une société politique non-ordonnée constitutionnellement au Bien commun basé sur la Religion vraie et sur le Christ. Il livre là toute la beauté de son âme, dans laquelle vit une Foi extraordinaire qui va tout-de-suite au sacrifice total, sans retour sur lui-même : "Quant aux souffrances de ce monde, il va de soi qu'on ne saurait les considérer comme les pires, d'autant que les plus grands saints ont eu d'atroces souffrances à endurer avant d'être accueillis par Dieu dans les demeures éternelles. (...) Nous qui vivons dans le péché, nous voudrions avoir une vie sans souffrances et sans combats, une mort douce, et par-dessus le marché, la béatitude éternelle. Jésus-Christ Lui-même, le plus innocent, est celui qui, de tous les hommes, a enduré les pires supplices ; par ses souffrances et sa mort, Il nous a acheté le Ciel, et nous, nous refuserions de souffrir pour Lui ? Si nous observons l'histoire en nous penchant sur les derniers siècles, il ne faut pas nous étonner d'en être arrivés là : la Foi profonde et pieuse n'a cessé de reculer, et le nouveau paganisme, de gagner du terrain" (ibid., pp. 31-32). "4/ Ne devons-nous pas à présent devenir des saints bien plus grands que ne l'ont été nos premiers chrétiens ?" (ibid., p. 74)
           
        "Pour mettre cette décision à exécution [dire "non" au parti nazi], il convient bien sûr d'être prêt à tout instant pour le Christ et sa Foi, au péril de sa vie si nécessaire. Dès qu'on a mûri cette décision, il s'agit de quitter sur-le-champ la communauté populaire nationale-socialiste" (ibid., p. 39). "Je crois que le Seigneur nous permet assez facilement de risquer notre vie pour notre Foi" (ibid., p. 40). Et il met en pendant le sacrifice de leur vie que font les jeunes allemands dans la guerre pour soutenir Hitler, avec celui, infiniment préférable, de donner sa vie pour la cause du Christ, et ici, il révèle sa décision de donner sa vie pour rejeter l'hitlérisme : "En quoi serait-il plus dur de mettre sa vie en jeu pour un Roi qui, non content de nous imposer des devoirs, nous donne aussi des droits, si Sa victoire finale nous est assurée, et que Son royaume, pour lequel nous luttons, nous est acquis à jamais ? Par ses cruelles souffrances et par sa mort, le Christ nous a seulement délivrés de la mort éternelle, mais non des souffrances terrestres et de la mort. Il exige cependant de nous une profession de Foi publique, tout comme le Führer Adolf Hitler l'exige de ses «camarades du peuple» [la Volksgenosse](ibid., p. 41). "De nos jours, l'humanité est certes très intelligente et inventive, mais a-t-on jamais inventé le moyen de vaincre sans se battre ? Moi je n'en ai jamais entendu parler ! (p. 56). Comme l'on voit, notre martyr est très-simple et va tout-de-suite, comme si cela allait sans dire, au sacrifice de sa vie pour la Cause du Christ. C'est en cela qu'il est vraiment sublime.
           
        "Aujourd'hui, on entend bien souvent : «Il n'y a rien à faire, si jamais quelqu'un ouvre la bouche, ça lui vaudra la prison ou la mort». Il est vrai qu'on ne peut plus changer grand'chose à la marche du monde ; il aurait fallu, je crois, commencer cent ans plus tôt, si ce n'est plus [oui !, en effet ! Il aurait fallu renverser toutes les républiques post-révolutionnaires pour en revenir aux sociétés très-chrétiennes, au lieu de se concordatiser-prostituer ecclésialement avec, dès 1801...]. Mais selon moi, il n'est jamais trop tard, pour nous les hommes, tant que nous vivons en ce monde, pour se sauver soi-même et peut-être gagner encore quelques âmes au Christ" (ibid., pp. 60-61). "Dans les temps anciens, il est arrivé plus d'une fois qu'une ville, voire tout un peuple, tombe très bas ; il n'empêche que quelques hommes se sont relevés pour tenter de sauver ce qui pouvait l'être, incitant les justes à expier leurs méfaits, et les injustes à s'en repentir. Mais de nos jours, est-il encore question d'expiation et de pénitence ?" Ici, Franz nous livre ce qui motive en profondeur le beau sacrifice de sa vie, comme dans cet autre passage : "Ce qu'on veut justement, c'est de voir des chrétiens qui parviennent encore à l'époque actuelle, en pleine obscurité, à garder une clairvoyance, une sérénité et une assurance supérieures, et qui, malgré toutes les menaces pesant sur la paix et sur notre joie, malgré l'égoïsme et la malveillance, conservent parfaitement leur paix intérieure, leur joie et leur serviabilité. Et qui, au lieu d'être comme le roseau vacillant, agité par la moindre brise, au lieu de se borner à regarder ce que font leurs camarades et leurs amis sur tel ou tel point, se demandent simplement : Que nous enseignent le Christ et notre Foi ? Si les poteaux indicateurs, mal fichés dans la terre, pouvaient être bougés ou renversés par le vent, un homme ne connaissant pas son chemin arriverait-il à s'orienter ?" (ibid., pp. 78-79).
           
        Franz a aussi un très-beau passage, dans son Deuxième Cahier, où il dit que les plus grands chefs mauvais font le mal peut-être par inadvertance (pensait-il à Hitler...?), alors qu'un simple paysan du peuple qui fait le même mal en suivant le chef, peut le faire quant à lui avec advertance et donc plus coupablement que le mauvais chef qui le commet.
           
        Pour finir mon article par le sentiment profond de mon âme, je dirai que je me sens vraiment petit à côté d'un martyr aussi fort et aussi pur. Franz Jägerstätter est un anticoncordataire qui s'ignore, il n'a pas l'intelligence théologique de la question qui lui permet de renverser l'interprétation hérétique de Rom XIII que fait l'Église romaine moderne, et cependant, il donne sa vie pour refuser au nom de sa Foi de faire allégeance à un gouvernement constitutionnellement athée. Normalement, croyant sur l'hérétique enseignement des prêtres, que Rom XIII obligeait à l'obéissance envers tout pouvoir politique établi, constitué, il n'avait aucun argument théologique valable pour suivre sa voie de refuser l'obéissance au gouvernement nazi, et notamment pour intégrer l'armée de la Wehrmacht. Et cependant, donc, malgré et par-dessus cela, il suit intuitivement la Vérité du Saint-Esprit avec une force d'âme absolument confondante, qui le convainc, contre l'enseignement pervers de l'Église moderne, de refuser toute allégeance au gouvernement nazi et à Hitler. C'est en cela que je le trouve vraiment admirable. Il a plus de mérite que moi : je suis en effet un anticoncordataire qui ne s'ignore pas, le Bon Dieu au contraire m'a donné l'intelligence de mon anticoncordatisme avec des sociétés politiques non-ordonnées constitutionnellement au Bien commun ; et en plus, le Bon Dieu ne m'a pas demandé ma vie pour sceller par le martyre mon anticoncordatisme, comme Franz Jägerstätter !
           
        Certains ont voulu faire de notre "héros discret", un "pacifiste" ou un "objecteur de conscience". Le petit livret que j'ai en mains, qui a été édité après le film de Terence Malick de 2019 et dont je me suis servi pour mon article, après le titre Être catholique ou nazi, a en effet pour sous-titre Lettres d'un objecteur de conscience. Mais on est loin du compte : notre martyr chrétien n'est absolument ni l'un ni l'autre, il n'a rien, ni d'un pacifiste, ni d'un objecteur de conscience, au sens de conscience personnelle non-éclairée par la Foi. Franz ne condamne absolument pas la guerre en soi, si elle est faite pour une cause juste, par exemple la défense de sa patrie ou mieux encore, la défense de la Religion. Il ne se déclare contre la guerre fomentée par les nazis et Hitler, qu'uniquement parce qu'elle est injuste et non-justifiable devant Dieu. "Franz Jägerstätter n’est pas un objecteur de conscience au sens pacifiste du terme, c’est un catholique pour qui Hitler est l’antéchrist" (Franz Jägerstätter, l’Autrichien qui a dit non à Hitler, Jean Sévillia). Deuxièmement, Franz n'est pas non plus un objecteur de conscience au sens moderne ou plutôt moderniste du terme, c'est-à-dire que son objection serait basée sur le personnalisme subjectiviste de sa conscience qui ne serait pas forcément en adéquation avec la vérité. Or, ce n'est pas du tout sur sa conscience de personne humaine, qui pourrait être dévoyée, qu'il base son martyre, mais sur la Volonté de Dieu qui éclaire sa conscience, c'est le processus inverse, et c'est très-différent. La note de martyre, donc, se justifie parfaitement, pour Franz Jägerstätter.
           
        Qu'on me permette ici un léger affinement sur la question théologique, pour finir mon article. Franz Jägerstätter est donc béatifié comme martyr pour la Foi. Mais est-ce vraiment pour la Foi qu'il subit son martyre, ou... pour les Mœurs ? Il me semble, quant à moi, qu'il donne sa vie pour refuser de professer la validité et la légitimité d'un gouvernement constitutionnellement athée, en l'occurrence, celui nazi. Certes, trompé par l'enseignement hérétique des prêtres modernes sur la question, il n'en a pas conscience, mais c'est bel et bien pour cette raison fondamentale qu'il donne sa vie et que se consomme son martyre. Or, donner sa vie au Christ pour refuser de faire allégeance à un pouvoir politique constitutionnellement athée, c'est donner sa vie en témoignage des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle. De même que l'Église est infaillible non seulement quant à la Foi mais quant aux Mœurs, de même également, la note de martyre s'applique à quelqu'un qui donne sa vie pour le Christ non pas seulement pour un motif de Foi mais pour un motif de Mœurs. Un fidèle qui donnerait sa vie pour défendre l'indissolubilité et l'unicité du mariage restauré par le Christ, serait martyr au même titre que celui qui donnerait sa vie pour défendre la Divinité du Christ. Et nous sommes exactement dans ce cas avec notre martyr autrichien : il donne sa vie pour la défense des bonnes Mœurs, à savoir ne reconnaître des pouvoirs politiques que s'ils sont constitutionnellement ordonnés au Bien commun et à la Religion, et refuser toute allégeance à ceux qui n'y sont pas. C'est bien cela le fond premier de son martyre.
           
        Je livre maintenant, comme promis, sa dernière lettre à sa femme Franziska, écrite le 9 avril 1943, quatre heures avant son exécution :
           
        "Dieu vous salue ! Mon épouse si chère à mon cœur, et vous tous que j'aime.
 
        "J'ai reçu avec joie tes lettres du 13 et du 25 juillet, et je t'en remercie de tout cœur. Cela fait quatre semaines que nous nous sommes vus pour la dernière fois en ce monde. Ce matin, vers cinq heures et demie, on nous a dit de nous habiller tout-de-suite et que la voiture attendait ; avec plusieurs condamnés à mort nous avons été emmenés ici, à la prison de Brandebourg, sans savoir ce qui allait nous arriver. C'est seulement vers midi qu'on nous a annoncé que la sentence du 14 était confirmée et que nous serions exécutés à quatre heures de l'après-midi. Je veux seulement vous écrire quelques mots d'adieu. Très-chère épouse, très-chère mère, je vous remercie de tout cœur d'avoir tant fait pour moi dans ma vie, je vous remercie de tout votre amour et de vous être sacrifiées pour moi. Je vous demande encore de me pardonner si je vous ai offensées ou vexées [par le féminin pluriel apparemment fautif, ici, Franz Jägerstätter voulait sans doute aussi inclure dans son amour familial, ses trois petites filles] ; quant à moi, je vous ai tout pardonné. Je prie aussi tout ceux que j'ai pu offenser ou vexer de bien vouloir me pardonner, en particulier Monsieur l'abbé, au cas où mes paroles l'auraient beaucoup blessé le jour où il m'a rendu visite avec toi. Je pardonne à tous du fond du cœur. Puisse Dieu reprendre ma vie comme un sacrifice expiant mes péchés mais aussi ceux des autres.
           
        "Très-chère épouse, très-chère mère, il ne m'a pas été possible de vous épargner les souffrances que vous avez subies à cause de moi. Que notre cher Sauveur a dû trouver pénible d'infliger à sa chère mère de bien cruels tourments par ses souffrances et par sa mort ! Ils ont enduré tout cela pour l'amour des pécheurs que nous sommes. Je remercie aussi notre Sauveur de m'avoir permis de souffrir et même de mourir pour Lui. Confiant en sa miséricorde infinie, je suis sûr que Dieu m'a tout pardonné et ne m'abandonnera pas, même à la dernière heure. Très-chère épouse, pense aussi à ce que Jésus a promis à ceux qui communient les neuf premiers Vendredi du mois pour le Cœur de Jésus. Maintenant aussi, Jésus viendra à moi par la Sainte Communion et me donnera des forces pour ce voyage vers l'éternité. À Tegel, j'ai eu la grâce de recevoir quatre fois les saints sacrements. Transmettez aussi mon bonjour affectueux à mes chers enfants : s'il m'est donné d'aller au Ciel, je demanderai au Bon Dieu d'y préparer une petite place pour vous tous. La semaine dernière, j'ai bien souvent prié la Sainte Vierge de me laisser fêter l'Ascension au Ciel, si c'est la volonté de Dieu que je meure bientôt. Salutations aussi à mes beaux-parents, à ma belle-fille, à tous les parents et amis. Sans oublier Frère Mayer que je remercie encore de sa lettre qui m'a fait très plaisir. Je remercie aussi le révérend Père Karobath de sa lettre [c'était le premier prêtre de Sankt Radegund, jusqu'en 1940, date à laquelle il fut emprisonné par les nazis pour un sermon soi-disant subversif].
           
        "Et maintenant, cher tous, adieu, et ne m'oubliez pas dans vos prières. Respectez les commandements, et, par la grâce de Dieu, nous nous reverrons bientôt au Ciel. Je salue aussi cordialement mon parrain de confirmation.
           
        "Votre époux, fils et père, gendre et beau-père, vous salue tous avant son dernier voyage.
           
        "Que le Cœur de Jésus, celui de Marie et le mien, unis pour l'éternité, n'en fassent qu'un".
 
 
PHOTO SON MARIAGE
           
        "En 1943, un mois après l’exécution de son mari, Franziska avait écrit au chapelain de la prison de Tegel afin de le remercier pour le soutien qu’il avait apporté à Franz, son mari. Dans sa lettre, elle avait tracé ces mots : «J’attends avec joie de le revoir au Ciel, où aucune guerre ne pourra jamais nous séparer». Fani Jägerstatter est morte en 2013, dans sa 101ème année. Elle était restée veuve pendant soixante-dix ans, dans la fidélité au grand amour de sa vie, cet homme qui avait puisé dans la Foi catholique les raisons et la force de dire non au nazisme" (Franz Jägerstätter, l’Autrichien qui a dit non à Hitler, Jean Sévillia).
           
        Bienheureux Franz Jägerstätter, prie Dieu pour moi !
           
        Prie Dieu pour tous les chrétiens qui veulent garder la Foi vraie, vive et authentique !
           
        Prie Dieu pour l'Église catholique, apostolique et romaine !
 
En la fête de l'Immaculée-Conception,
ce 8 décembre 2020.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
 
08-12-2020 19:03:00
 

... MAIS OÙ EST DONC DIEU LE PÈRE ? (dénonciation de Fratelli Tutti, la dernière encyclique du pape François)

 
 
 
... MAIS OÙ EST DONC DIEU LE PÈRE ?
(dénonciation de Fratelli Tutti,
la dernière encyclique du pape François)
 
            
        Je n'irai pas par quatre chemins, je vais au contraire commencer mon nouvel article par résumer très-brutalement ma pensée sur la dernière encyclique du pape François.
           
        À tout le mieux, Fratelli Tutti est, pardon, une connerie à l'état pur (si je puis ainsi parler par antiphrase), parce qu'elle prend pour base sociopolitique l'Utopie absolue, une société qu'on s'invente dans les nuages, surréaliste et ectoplasmique, une sorte de pseudo-Millenium hétérodoxe et antéchristique, que j'ai baptisé "gnose chrétienne-laïque" dans mes écrits, et qui sera théorisé dans le délire fou par Paul VI, suivi en cela de Jean-Paul II puis de François, par "la civilisation de l'amour" que le pape du concile moderniste osait définir ainsi : "La sagesse de l’amour fraternel, qui a caractérisé le cheminement historique de l’Église en s’épanouissant en vertus et en œuvres qui sont à juste titre qualifiées de chrétiennes, explosera avec une nouvelle fécondité, dans un bonheur triomphant, dans une vie sociale régénératrice. Ce n’est pas la haine, ce n’est pas la lutte, ce n’est pas l’avarice qui seront sa dialectique, mais l’amour, l’amour générateur d’amour, l’amour de l’homme pour l’homme. (...) La civilisation de l’amour l’emportera sur la fièvre des luttes sociales implacables et donnera au monde la transfiguration de l’humanité finalement chrétienne" (Homélie de clôture de l'Année sainte, Noël 1975). Comme si la fraternité humaine était une base métaphysique en soi, alors qu'elle n'est RIEN toute seule, et qu'elle ne peut RIEN générer d'elle-même, sans la Grâce surnaturelle du Christ !!! Fratelli Tutti n'est donc pas un commencement, mais une suite de la... connerie pontificale moderne.
           
        À tout le pire, Fratelli Tutti est une apostasie radicale et luciférienne de la Foi catholique, de soi indépassable dans la perversité, que pas même l'Antéchrist-personne ne dépassera sur le plan de l'exposé doctrinal lorsqu'il paraîtra en ce très-bas monde.
           
        C'est hélas, au moins par défaut, à tout le pire, la seconde possibilité profondément blasphématoire du vrai Dieu Un et Trine révélé par la seule vraie Religion, celle catholique, qui rend le véridique et affreux compte de la dernière encyclique du pape François, énième document-fleuve horizontaliste des papes modernes, ventre collé à la poussière du sol sur des pages, des pages et encore des pages, où chacun peut trouver ce qu'il veut y trouver (Jean-Luc Mélanchon, par exemple, y a trouvé, enthousiasmé, le paradis de sa pensée !).
 
        Le diapason tintinnabule et vibre en effet à tout le pire...
           
        ... Mais où est donc Ornicar ?, disions-nous, enfants, en rigolant sous cape sur nos petits pupitres d'écolier, car ce truc mnémotechnique qu'on nous avait appris pour mémoriser les conjonctions de coordination dans la langue française, était marrant... Aujourd'hui, dans mon âge adulte, et, hélas, vraiment pas du tout en rigolant sous cape (et pas plus sur cape), ce n'est pas Ornicar que ma Foi catholique cherche dans l'encyclique Fratelli Tutti, mais... DIEU LE PÈRE.
           
        Mais où est donc Dieu le Père dans Fratelli Tutti ?!? Comment le pape François ose-t-il parler de frères sans mettre Dieu le Père au-dessus d'eux tous et chacun !?! J'entends parler bien sûr du vrai Dieu le Père, Celui consubstantiel au Fils et à l'Esprit-Saint dans la très-sainte Trinité divine. Or, radicalement, ce vrai Dieu le Père n'existe tout simplement pas dans la dernière encyclique du pape François. Cependant que Dieu le Père étant le fondement même, par excellence suprême, du principe de la vraie Religion, celle catholique, s'en extraire formellement, s'abstraire absolument de son existence, est donc pire que renier le Fils et/ou le Saint-Esprit, c'est professer une apostasie complète et indépassable. C'est pourtant, ... ô suprême abomination de la désolation !, très-exactement ce que fait le pape François dans Fratelli Tutti. Je suis obligé de le constater, dans la sainte-colère de ma Foi catholique, et tout catholique véritable fera ce même constat objectif qui appelle la très-sainte Ire de Dieu et ses foudres Boanergès sur toute la terre en commençant par l'Église et le pape, parce que nous sommes là en présence du péché antichristique suprême "qui perce la voûte des cieux" (Secret de La Salette).
           
        Dieu le Père, c'est le Principe divin transcendant d'absolument toutes choses visibles et invisibles, surtout en matière de religion et de fraternité sociale et humaine, Dieu le Père, c'est la première Personne divine qui, tout le temps et à chaque instant, par exemple au moment précis où j'écris cette phrase, et à celui, différent, où vous-même ami lecteur, la lirez, me donne et vous donne par amour, et qui donne à tous, seconde après seconde, d'être, d'exister, d'aimer, très-notamment, puisque c'est le sujet de Fratelli Tutti, en tant que frères de la grande famille humaine. Dieu le Père, en effet, ne crée pas le monde et la fraternité universelle au début des temps et puis Il va se reposer pour toujours et à jamais dans son Ciel, laissant les causes secondes travailler toutes seules sans Lui, Cause première, mais Il les crée sans cesse à chaque instant dans une Attention métaphysique inexprimable (ce qu'on appelle la Création, par entendement imparfait de notre intellection humaine, est un perpétuel et incessant Recommencement génésiaque, en harmonie parfaite avec l'Acte initial créateur). Or, cette Attention métaphysique inexprimable de Dieu le Père envers chacun de nous et de tous, exige, justement en mettant en oeuvre notre vraie dignité humaine, un retour de boomerang, elle exige notre incessante reconnaissance envers Dieu le Père... Et c'est de cette seule façon que nous pouvons être dignes : à proportion même de la reconnaissance et de l'attention que nous avons pour Dieu le Père Créateur.
           
        Et voilà pourquoi nous devons avoir sans cesse une conscience de l'existence de Dieu le Père. Simplement pour exister nous-même, car on pourrait dire d'une manière très-réelle que DIEU LE PÈRE SEUL EXISTE. C'est l'un des vrais sens de l'injonction faite aux fidèles par Jésus de "Veillez et priez" : veillez à faire attention que Dieu le Père seul existe dans et par le fait de votre existence même. Car c'est de cette seule façon que vous pourrez vous unir à la Vie réelle c'est-à-dire celle éternelle, dès ici-bas pour commencer, avant l'Éternité bienheureuse qui vous est promise si vous entez votre vie sur celle de Dieu le Père. Les grands mystiques comprennent très-bien cela, et surtout en vivent (... comme je voudrais bien en vivre avec la même intensité sans faille qu'eux !) ; on voit par exemple sainte Thérèse d'Avila avouer, à la fin de sa vie, qu'elle ne peut plus commencer à réciter le Credo sans entrer immédiatement en extase, simplement en prononçant le premier article : "Je crois en Dieu le Père tout-puissant, créateur du Ciel et de la terre"... Elle avait une telle conscience de la Présence génésiaque de Dieu le Père dans sa vie humaine et dans la vie du monde entier, qu'elle ne pouvait plus qu'en être ravie, émerveillée, hors d'elle-même !!
           
        ... Le pape François va-t-il du moins reconnaître que Dieu le Père est la cause et le moteur premiers de la fraternité humaine universelle dont il a fait le grand sujet de son encyclique ? On n'exige certes pas de lui qu'il rentre en extase, mais au moins qu'il le professe.
           
        Or, non seulement je ne trouve l'énoncé "Dieu le Père" à AUCUN endroit de Fratelli Tutti (... le constat est facile à faire : il suffit de taper "Dieu le Père" dans la fonction "rechercher" sur l'encyclique convertie en document pdf, ... à défaut de pouvoir être convertie à la Foi catholique !, et on a la réponse zéro négative tout-de-suite), mais pire encore, bien pire, effroyablement pire, je m'aperçois dans l'horreur spirituelle que le pape François, non content donc d'inexister Dieu le Père dans toute son encyclique, L'y remplace par la bande, avec une perversité sans nom, digne de l'Antéchrist-personne, L'y supplante subrepticement, par... chacun des êtres humains vivant la fraternité universelle. Selon lui en effet, chaque être humain existant est censé être un "père", par le seul fait d'accepter ontologiquement et sacrificiellement d'être le "frère" de chacun des "frères" de la race humaine. Selon la gnose du pape dans Fratelli Tutti, si j'accepte mon "frère" humain dans toute la plénitude de l'acceptation de son être, je... l'engendre. Donc, en fait, le vrai Dieu le Père de la Trinité divine transcendante serait un surnuméraire inutile, une doublure de cinéma tout ce qu'il y a de plus embêtante et gênante, car c'est nous, les humains, qui sommes, chacun et tous ensemble, des Dieu le Père à partir du moment où nous vivons authentiquement la fraternité universelle et nous sacrifions pour elle !!! La boucle est bouclée : nous sommes là en pleine immanence vitale moderniste où l'homme prétend, dans un orgueil fou et luciférien, s'autocréer lui-même par lui-même, en lui-même et pour lui-même, dans une pseudo-liturgie à l'envers, per ipsum, et cum ipso, et in ipso...
           
        Nous allons voir cela, dans cette abominable encyclique, en l'épluchant au-dessus de la poubelle, mais auparavant, pour exorciser nos âmes du venin antichristique de Fratelli Tutti, je crois bon de faire reprendre conscience de l'importance primordiale du VRAI Dieu le Père par l'Évangile de son Fils Unique, Jésus-Christ Notre-Seigneur.
           
        Jésus en effet, Sagesse en Personne, a une telle conscience que Dieu son Père est le Principe génésiaque de toutes choses qui vit, aime et existe, et que tout doit être rapporté à Lui comme au moteur premier qui meut toutes choses sinon rien, qu'Il enseigne sans cesse que sa Mission messianique parmi les hommes est elle-même une Oeuvre de Dieu le Père, et non son Oeuvre propre et personnelle à Lui, pourtant Verbe de Dieu et Fils de l'Homme. Tout ce que Jésus fait et ce qu'Il vit dans son passage terrestre, on Le voit en effet dans l'Évangile le rapporter sans ambigüité aucune intégralement à Dieu le Père comme à la Source originelle qui le crée métaphysiquement dans l'existence et dans la vie, jusqu'au point extrême où Il semble s'effacer Lui-même complètement dans la mise en oeuvre de sa propre Mission messianique. Les passages dans ce sens sont innombrables dans l'Évangile de saint Jean, le plus mystique des Évangiles. Et Jésus attache une telle importance à ce point capital de la Religion, à savoir que Dieu le Père est le Principe primordial de toutes choses qui a l'existence et la vie, et donc aussi de sa Mission rédemptrice, qu'Il profite de toutes les occasions pour l'enseigner à tout interlocuteur qu'Il trouve sur son chemin de salut, non pas seulement à ses Apôtres mais à la foule et même à ses ennemis. Prenons-en bien conscience, c'est important, notamment pour bien saisir la perversité inouïe et vraiment antéchristique de Fratelli Tutti. Voici une recension de ces passages évangéliques, sans prétendre à l'exhaustivité :
           
        "Toutes choses M'ont été données par Mon Père" (Matth XI, 27) ;
           
        "Mais Jésus leur répondit [aux pharisiens] : Mon Père agit jusqu'à présent, et Moi aussi J'agis" (Jn V, 17 ― il est clair ici que Jésus révèle tirer son agir métaphysiquement de l'agir même de Dieu le Père : son agir est l'agir même de Dieu le Père, que Jésus ne fait juste qu'incarner dans l'ici-bas, cependant, certes, en assumant l'agir du Père par un agir qui Lui est personnel) ;
           
        "En vérité, en vérité, Je vous le dis, le Fils ne peut rien faire de Lui-même, si ce n'est ce qu'Il voit faire au Père ; car tout ce que le Père fait, le Fils aussi le fait pareillement"  (Jn V, 19) ;
           
        "Car le Père aime le Fils, et Lui montre tout ce qu'Il fait ; et Il Lui montrera des œuvres plus grandes que celles-ci [Jésus venait de guérir le paralytique], afin que vous soyez dans l'admiration. De même, en effet, que le Père ressuscite les morts et les vivifie, de même aussi le Fils vivifie ceux qu'Il veut" (Jn V, 20-21) ;
           
        "Car, comme le Père a la vie en Lui-même, ainsi Il a donné également au Fils d'avoir la vie en Lui-même" (Jn V, 26) ;
           
        "Mais Moi, J'ai un témoignage plus grand que celui de Jean [le Baptiste] ; car les œuvres que le Père M'a données d'accomplir, les œuvres mêmes que Je fais, rendent de Moi le témoignage que c'est le Père qui M'a envoyé" (Jn V, 36) ;
           
        "Je suis venu au nom de Mon Père, et vous ne Me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez" (Jn V, 43) ;
           
        "Or la volonté du Père qui M'a envoyé, c'est que Je ne perde rien de ce qu'Il M'a donné, mais que Je le ressuscite au dernier jour" (Jn VI,39) ;
           
        "Personne ne peut venir à Moi, si le Père, qui M'a envoyé, ne l'attire ; et Moi Je le ressusciterai au dernier jour" (Jn VI, 44) ;
           
        "Comme le Père qui M'a envoyé est vivant, et que, Moi, Je vis par le Père, de même celui qui Me mange vivra aussi par Moi" (Jn VI, 58) ;
           
        "Jésus leur dit donc : Quand vous aurez élevé le Fils de l'homme, alors vous connaîtrez ce que Je suis, et que Je ne fais rien de Moi-même, mais que Je parle selon ce que le Père M'a enseigné" (Jn VIII, 28) ;
           
        "Moi, Je dis ce que j'ai vu chez Mon Père ; et vous [ô Pharisiens], vous faites ce que vous avez vu chez votre père" (Jn VIII, 38) ;
           
        "Jésus leur répondit [aux Pharisiens] : Je vous parle, et vous ne croyez pas. Les œuvres que Je fais au nom de Mon Père rendent elles-mêmes témoignage de Moi" (Jn X, 25) ;
           
        "Jésus leur dit : Je vous ai montré beaucoup de bonnes œuvres, venant de Mon Père ; pour laquelle de ces œuvres Me lapidez-vous ?" (Jn X, 32) ;
           
        "Comment dites-vous à Celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : Tu blasphèmes, parce que J'ai dit : Je suis le Fils de Dieu ?" (Jn X, 36) ;
           
        "Si Je ne fais pas les œuvres de Mon Père, ne Me croyez pas. Mais si Je les fais, et si vous ne voulez pas Me croire, croyez à Mes œuvres, afin que vous connaissiez et que vous croyiez que le Père est en Moi, et Moi dans le Père" (Jn X, 37-38) ;
           
        "Or Jésus S'écria, et dit : Celui qui croit en Moi, ne croit pas en Moi, mais en Celui qui M'a envoyé. Et celui qui Me voit, voit Celui qui M'a envoyé" (Jn XII, 44-45) ;
           
        "Car Je n'ai point parlé de Moi-même ; mais le Père qui M'a envoyé M'a Lui-même prescrit ce que Je dois dire, et comment Je dois parler" (Jn XII, 49) ;
           
        "Et Je sais que Son commandement est la vie éternelle. C'est pourquoi, les choses que Je dis, Je les dis comme le Père Me les a dites" (Jn XII, 50) ;
           
        "Jésus, sachant que le Père avait remis toutes choses entre Ses mains, et qu'Il était sorti de Dieu, et qu'Il retournait à Dieu, etc." (Jn XIII, 3) ;
           
        "Ne croyez-vous pas que Je suis dans le Père, et que le Père est en Moi ? Les paroles que Je vous dis, Je ne les dis pas de Moi-même; mais le Père, qui demeure en Moi, fait Lui-même Mes œuvres" (Jn XIV, 10) ;
           
        "Ne croyez-vous pas que Je suis dans le Père, et que le Père est en Moi ?" (Jn XIV, 11) ;
           
        "Mais il vient [le prince de ce monde] afin que le monde connaisse que J'aime le Père, et que Je fais ce que le Père M'a ordonné. Levez-vous, sortons d'ici" (Jn XIV, 31) ;
           
        "Si vous gardez Mes commandements, vous demeurerez dans Mon amour, comme J'ai Moi-même gardé les commandements de Mon Père, et que Je demeure dans Son amour" (Jn XV, 10) ;
           
        "Je ne vous appellerai plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais Je vous ai appelés amis, parce que tout ce que J'ai appris de Mon Père, Je vous l'ai fait connaître" (Jn XV, 15) ;
           
        "Je suis sorti du Père, et Je suis venu dans le monde ; Je quitte de nouveau le monde, et Je vais auprès du Père" (Jn XVI, 28).
           
        Si donc, comme il ressort si clairement de l'enseignement de Jésus-Christ, Dieu le Père est le moteur premier de tout ce qui existe et de tout ce qui vit et aime sur terre, y compris quant à la Mission rédemptrice du Fils, combien il est donc important de souligner cette théologie fondamentale quant à la fraternité humaine universelle !! C'est bien sûr le tout premier point spirituel à dire à son prochain quand on a décidé d'enseigner sur la fraternité humaine universelle, surtout quand on est le Vicaire du Christ.
           
        ... Alors donc, notre pape François va-t-il rendre un hommage vibrant et édifiant à Dieu le Père consubstantiel au Fils et au Saint-Esprit dans la Trinité divine, en tant que géniteur permanent de la fraternité humaine universelle ? Professant à tous que le seul moyen de vivre authentiquement cette fraternité humaine universelle qui est générée sans cesse par Dieu le Père est de le faire par Jésus-Christ Notre-Seigneur, seul médiateur entre Dieu le Père et les hommes, puisqu'Il est à la fois l'Unique et parfaite image de Dieu le Père, comme il ressort des versets évangéliques que nous venons de lire, et comme Il le dit clairement à l'Apôtre Philippe le soir du Jeudi-Saint ("Philippe, celui que Me voit, voit aussi le Père" ― Jn XIV, 9), et qu'en même temps, Il est le seul et unique grand-frère humain de tous et chacun de nous en tant que Fils de l'Homme ("Et le Roi [le Fils de l'Homme en gloire, assis sur son Trône pour le Jugement général] leur dira : En vérité, Je vous le dis, toutes les fois que vous l'avez fait à l'un de ces plus petits d'entre Mes frères, c'est à Moi que vous l'avez fait" ― Mt XXV, 40) ? Est-ce là le prêche catholique surnaturellement libérateur et sanctifiant dont le pape François va prendre à bonne tâche d'édifier les fidèles et les âmes de bonne volonté dans Fratelli Tutti ?
           
        La réponse, je laisse notre pape hélas légitime actuel, véritable "agneau à la voix de dragon" (Apoc XIII, 11), la donner lui-même. Pour cela, comme je l'ai dis plus haut, le moteur de recherche dans tout le texte de Fratelli Tutti va être une aide précieuse, il va donner des réponses exhaustives, sans faille possible (... c'est un bon côté des outils informatiques, ne boudons pas notre plaisir !). Or bien, j'ai déjà fait remarquer plus haut que si l'on recherche "Dieu le Père" dans Fratelli Tutti, on ne trouve... AUCUNE RÉPONSE !, ce qui, si l'on y réfléchit bien, en théologien, est inouï. Mais essayons de n'en rester pas à ce sinistre et fort inquiétant constat de départ, cependant déjà tellement alarmant. Faute de grives acceptons de manger des merles : au lieu de "Dieu le Père", tapons maintenant seulement "Père", en réduction réduite, dans le moteur de recherche.
           
        Qu'allons-nous trouver au mot "Père", dans Fratelli Tutti ? Peut-être pouvons-nous espérer trouver que le pape François, s'il n'utilise le vocable traditionnel "Dieu le Père", du moins, ne va pas moins Lui rendre gloire et hommage sous un vocable "Père" certes plus rudimentaire et théologiquement inchoatif...?
           
        Hélas !, c'est rêver tout haut, c'est follement espérer, d'une papauté moderne pervertie dans ses Mœurs depuis la fin de la Révolution française de par le Concordat napoléonien, puis, par contamination de la perversion des Mœurs dans la Foi, définitivement corrompue dans les Mœurs ET dans la Foi de par Vatican II, qu'elle puisse encore garder contradictoirement la bonne doctrine malgré l'obsession gnostique à laquelle elle s'est soumise corps et âme depuis plus de deux siècles maintenant. Au mot "Père" dans Fratelli Tutti, nous allons voir des réponses à peine croyables, catholiquement parlant. Il y a d'ailleurs fort peu d'occurrences à trouver, à proportion de la longueur verbeuse de l'encyclique, comme si l'écrivain pontifical sentait une répulsion instinctive à parler de paternité lorsqu'il traite de fraternité, comme s'il y voyait une opposition antinomique entre l'une et l'autre (et c'est tout-à-fait le cas, car François propose dans son encyclique une fraternité absolutiste, totalitaire, qui exclut métaphysiquement, par principe même de ce qu'elle est, tout ce qui n'est pas elle-même, à commencer bien sûr par la... paternité). Et si en outre je ne tiens pas compte des passages où le mot "Père" est employé de manière simplement anecdotique, sans signification théologique particulière, alors il ne reste plus que six passages à évoquer théologiquement le mot "Père" dans Fratelli Tutti !! Aucun, donc, pour "Dieu le Père", et seulement six pour le mot "Père" !!!
           
        Voyons-les ensemble, ces occurrences, voyons la réponse du pape François.
           
        Le premier clic du moteur de recherche au mot "Père" nous envoie au § 4 de l'encyclique, quasi dans l'introduction, où saint François d'Assise est appelé "un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle". Ici, certes, l'occurrence trouvée ne regarde pas à proprement parler la question théologique qui nous occupe, à savoir la place et la définition données par le pape François dans Fratelli Tutti à Dieu le Père quant à la fraternité humaine universelle. Mais le mensonge du pape... François, quant à l'apostolat chrétien de saint François d'Assise auprès des non-chrétiens, est si grand, si impie, révolte tellement la Foi et l'honneur de saint François d'Assise, que ce serait péché que de ne le point dénoncer et pourfendre d'outre en outre. Et puis, nous verrons que réfuter le mensonge pontifical de François quant à saint François d'Assise va nous ramener à notre sujet...
           
        Premièrement, je commencerai par dire que contrairement au pape François qui relaie ici l'hérésie gnostique des modernistes, il n'est nullement question pour saint François d'Assise de... RÊVER. Et encore moins de RÉVEILLER UN RÊVE, formulation illuministe des plus gnostiques, qui révèle si bien le fond de la pensée du pape François, où il s'agit de faire passer dans le Réel l'imaginaire onirique qui sommeillerait occultement dans l'intime de l'homme... comme le fabule le conte initiatique La belle au bois dormant. En vérité de vérité, chers amis lecteurs, prenons bien conscience que rien que le seul verbe employé par François pour qualifier dès l'intro de Fratelli Tutti tout son projet de fraternité humaine universelleRÊVER, RÉVEILLER UN RÊVE, révèle déjà toute l'hérésie gnostique moderniste de sa doctrine !! Avec en plus, son culot hérétique impudent d'oser l'attribuer au saint Poverello d'Assise...
           
        Or, contrairement au pape François et à tous les modernistes, saint François d'Assise n'est pas un adorateur de l'ancien dieu des songes chez les grecs, Oneiros. Son projet franciscain à lui, très-notamment quand il cherche à convertir à Jésus-Christ et à Dieu son Père, le sultan Malik-el-Kamil (nom étrange, bizarre : on remarquera que le second est le parfait anagramme du premier), contrairement à ce qu'ose dire dans un mensonge flagrant et éhonté notre pape François, est au contraire une RÉALITE SURNATURELLE et non un RÊVE HUMANISTE : établir le Royaume de Dieu le Père par Jésus-Christ et son Église dans l'Égypte, en commençant par le faire naître dans le cœur du sultan. Autrement dit, pour rentrer dans la problématique de l'encyclique Fratelli Tutti : établir une fraternité universelle entre les hommes fondée métaphysiquement sur la Paternité divine véritable de Dieu le Père, CE QUE SEULS JÉSUS-CHRIST ET L'ÉGLISE CATHOLIQUE PEUVENT FAIRE, PAR LA GRÂCE SURNATURELLE.
           
        Le projet de saint François d'Assise est donc aux antipodes absolus d'un rêve de fraternité universaliste de l'homme, que l'homme, se fondant sur ses seules forces humaines, veut faire passer de l'onirique psychique dans le Réel concret par on se demande bien quelle espèce de transmutation alchimique et magique. Vouloir que l'imaginaire de l'homme devienne réalité, cela, c'est la perversion luciférienne du projet des gnostiques modernistes que relaie honteusement François dans Fratelli Tutti, mais cela n'a rien à voir, n'en déplaise au pape François, avec le projet de saint François d'Assise. Par contre, son projet à lui, pape François, qu'il veut insuffler dans le monde entier, à savoir une fraternité humaine universelle sans la Paternité divine véritable, est bien un RÊVE, effectivement, c'est même un rêve ANTICHRIST, en tant qu'il ne fait pas immédiatement et directement découler cette dite fraternité de Dieu le Père par son Fils Jésus-Christ, NOTRE-Seigneur... à tous (pas seulement des chrétiens, mais des non-chrétiens aussi).
           
        Pour bien montrer le mensonge du pape François quant à saint François d'Assise, voyons comment ce grand saint définissait l'apostolat que doivent avoir les frères franciscains auprès des non-chrétiens, programme spirituel qu'il adopta bien entendu lui-même lorsqu'il alla voir le sultan Malik-el-Kamil. Le texte de lui qui va suivre, tiré des manuscrits originaux, est titré par saint François d'Assise d'une manière très-claire et non-équivoque : "Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups" (Regula non bullata, cap. 16). Convenons que, certes, pour commencer, cela ne fait pas très... Fratelli Tutti ! Appeler l'autre qui n'a pas la Foi... un loup ! Le pape François ment donc complètement à propos de son saint Patron de pontificat, lorsqu'il ose dire que le Poverello d'Assise "invite à éviter toute forme d’agression (...) y compris vis-à-vis de ceux qui ne partagent pas sa foi" (§ 3) : appeler ceux qui n'ont pas la Foi, des loups, c'est en effet les agresser, selon la pensée moderne du pape François surnaturellement émasculée. Mais, est-il besoin de le préciser, c'est saint François qui a raison, et son très-indigne homonyme pontifical qui a tort : ceux qui n'ont pas la Foi sont bel et bien des loups tant qu'ils n'ont pas la Foi, quand bien même ils n'auraient pas conscience d'être des loups (ce qui est sans doute vrai pour la plupart, il faut l'espérer du moins).
           
        Et saint François d'Assise, ce saint immense, au charisme surnaturel si puissant qu'il fut qualifié à son époque rien moins que de "second Jésus-Christ", d'expliciter son titre : "Le Seigneur dit : «Je vous envoie comme des brebis au milieu des loups ; soyez donc prudents comme les serpents et simples comme les colombes». Tout frère [franciscain] donc qui, sous inspiration de Dieu, voudra partir chez les Sarrasins et autres infidèles, pourra y aller, avec l’autorisation de son ministre et serviteur. Le ministre, lui, doit donner cette autorisation sans s’y opposer, s’il le reconnaît capable de cette mission ; Il devra rendre compte au Seigneur si, en cette affaire ou en d’autres, il agit sans discernement. Les frères qui s’en vont ainsi peuvent envisager leur rôle spirituel parmi eux de deux manières : ou bien, ne faire ni procès ni disputes, être soumis à toute créature humaine à cause de Dieu, et confesser qu’ils sont chrétiens ; ou bien, s’ils voient que telle est la volonté de Dieu, annoncer la Parole de Dieu, afin que ceux-là croient au Dieu tout-puissant, Père, Fils et Saint-Esprit, Créateur de toutes les choses, et en son Fils Rédempteur et Sauveur, se fassent baptiser et deviennent chrétiens. Car si on ne renaît pas de l’eau et de l’Esprit-Saint, on ne peut entrer au royaume de Dieu... Cela et tout ce qui plaira à Dieu, ils peuvent le prêcher aux infidèles et aux autres, car, dit le Seigneur dans l'Évangile : «Quiconque me confessera devant les hommes, Je le confesserai moi aussi devant mon Père qui est dans les cieux» ; et : «Quiconque rougira de moi et de mes paroles, le Fils de l'homme rougira aussi de lui quand il viendra dans sa gloire et dans celle du Père et des saints anges». Que tous les frères se souviennent partout qu'ils se sont donnés et qu'ils ont abandonné leur corps à Notre-Seigneur Jésus-Christ" (La letteratura francescana, vol. 1, Francesco e Chiara d’Assisi, Fondazione Lorenzo Valla/Arnoldo Mondadori Editore 2004, 31-33, 73-75).
           
        Donc, saint François d'Assise donne deux manières de se comporter en face des non-chrétiens, en l'occurrence musulmans : soit s'humilier devant tout non-chrétien mais en confessant préalablement à ce non-chrétien son appartenance au christianisme, ce qui inclut obligatoirement la volonté intérieure de le convertir dès qu'on sentira son âme ouverte à la grâce de Dieu, et plus encore d'y travailler sans cesse dans tous nos rapports avec lui tant qu'il n'est pas rendu à son point mûri de conversion, soit carrément lui annoncer dès l'abord la Parole de Dieu explicitement, si l'on sent qu'il est déjà prêt à la conversion.
           
        Faut-il le dire : la méthode de saint François n'a rien à voir avec l'œcuménisme hétérodoxe des modernistes de Vatican II et de la papauté moderne. Quant à eux, leur doctrine hérétique est de s'humilier devant tout non-chrétien sans aucune volonté de jamais le convertir à la vraie Religion, même si le non-chrétien est prêt intérieurement pour cette conversion. "Tu as ta religion, moi j'ai la mienne, tu sais que je suis chrétien je sais que tu es musulman, mais ce qui compte, dira le moderniste, est que nous vivions en frères entre nous ; c'est ainsi que nous vivrons l'Amour de Dieu qui nous sauvera, toi et moi".
           
        C'est oublier complètement, c'est-à-dire apostasier, une chose capitale, à savoir que SEUL Dieu le Père consubstantiel au Fils et au Saint-Esprit peut faire vivre dans l'homme, par Jésus-Christ son Image incarnée, le VRAI Amour de Dieu qui, effectivement, sauve, et lui seul : il est donc absolument impossible de professer que le seul amour humain fraternel entre les hommes puissent équivaloir à l'Amour de Dieu, et subséquemment apporter le Salut véritable, sans la Révélation extrinsèque de Dieu le Père et de son Fils Unique Jésus-Christ à un moment ou à un autre des relations de l'amour humain d'une fraternité universelle. Saint François d'Assise, justement, comprend fort bien cela, et c'est pourquoi, après avoir exposé à ses fils franciscains les deux manières de se comporter avec un prochain non-chrétien, continue et conclue en disant que, quelle que soit la manière choisie, le but du jeu spirituel est, dans l'un et dans l'autre choix, d'amener le prochain à se faire baptiser : "Car si on ne renaît pas de l’eau et de l’Esprit-Saint, on ne peut entrer au royaume de Dieu".
           
        Mais le pape François préfère la pastorale moderniste qui consiste à faire vivre la fraternité humaine universelle en déconnection totale avec Dieu le Père et son Fils Jésus-Christ associé à son Église catholique qui n'est jamais rien d'autre que "Jésus-Christ continué" (Bossuet). Ce qui l'oblige, mettant le wagon avant la locomotive, à tricher avec la sainte-Écriture qui enseigne le contraire de sa gnose, ainsi qu'on le voit faire honteusement, juste avant de dire que saint François est "un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle" : "4. Il [saint François] ne faisait pas de guerre dialectique en imposant des doctrines, mais il communiquait l’amour de Dieu. Il avait compris que «Dieu est Amour [et que] celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu» (1 Jn IV, 16)". C'est tout faux partout.
           
        Premièrement, ainsi que je viens de le dire, il y a erreur radicale, totale, dans l'affirmation de "communiquer l'amour de Dieu" à son prochain non-chrétien en excluant systématiquement de le faire par l'enseignement de la Révélation de Jésus-Christ (car il ne s'agit pas d'imposer cette bonne doctrine, d'imposer la Révélation, comme dit vicieusement et malhonnêtement le pape François, voulant diaboliser tout enseignement doctrinal, mais seulement de l'enseigner), l'Amour de Dieu se communique en effet à la fois par une pastorale pratique et par l'enseignement de la Parole de Vérité doctrinale, comme le rappelle justement fort bien saint François d'Assise à ses fils franciscains. Dire donc que l'Amour de Dieu parmi les hommes n'a absolument pas besoin de l'enseignement doctrinal pour exister, jusqu'à l'extrême excès bien bergoglien de le présenter en ennemi de l'Amour de Dieu, comme le fait le pape François dans ce passage de Fratelli Tutti, est une tromperie hérétique, un grave mensonge, sur ce qu'est l'Amour vrai de Dieu.
           
        Deuxièmement, nous sommes là en pleine tricherie avec le texte scripturaire, car saint Jean, dans ce passage (= "Dieu est Amour [et] celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu"), parle de l'Amour DIVIN, qu'il définit ainsi, quelques versets avant le v. 16 que cite le pape : "L'amour consiste en ce que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c'est Lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé Son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c'est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres" (1 Jn IV, 10-11), c'est-à-dire, enseigne très-clairement saint Jean, en usant de l'amour humain informé extrinsèquement de l'Amour divin de Dieu le Père révélé par le Sacrifice rédempteur de son Fils Unique Jésus-Christ. C'est uniquement de cet amour "humain"-là, donc, dont parle saint Jean, un amour certes humain mais informé absolument et extrinsèquement par l'Amour divin révélé par le Sacrifice de Jésus-Christ. Rien à voir, donc, avec un simple et seul amour humain censé faire vivre la fraternité humaine universelle sans la Révélation du Fils de Dieu par le Sacrifice de Jésus-Christ, très-frauduleusement assimilé à l'Amour divin, comme le professe très-hérétiquement le pape moderniste François.
           
        Il n'est pas anodin de faire remarquer que cet impie truquage de la 1ère Lettre de saint Jean par les modernistes n'est pas nouveau. Les Pères du concile moderne s'en sont déjà rendus coupables dans le décret Nostra Aetate, exactement, notons-le, de la même manière que le pape François le fait présentement dans Fratelli Tutti, ainsi que je le rappelais dans mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=483).
           
        Et toujours pour la même raison : prétendre hérétiquement que l'amour humain seul, sans l'Amour divin l'informant absolument par la grâce surnaturelle, est suffisant en soi, ex se, pour procurer à tout homme de vivre de l'Amour divin, et donc pour obtenir le salut. Les Pères de Vatican II concluaient en effet Nostra Aetate par un enseignement sur... la fraternité humaine universelle, cinquante-cinq ans donc avant le pape François !, dans ces termes acides et violents dont il n'est pas besoin de souligner l'agressivité hargneuse et la profonde malhonnêteté : "Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l'image de Dieu. La relation de l'homme à Dieu le Père et la relation de l'homme à ses frères humains sont tellement liées, que l'Écriture dit : «Qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu» (I Jn IV, 8). Par là, est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent [... bien entendu : très-notamment le "droit" à la Liberté religieuse...!]. L'Église réprouve donc, en tant que contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur RELIGION" (§ 5).
           
        Or, comme le pape François dans Fratelli Tutti, les Pères de Vatican II trichaient avec le même texte de saint Jean. Voici comment je les dénonçais dans mon susdit article, après avoir rappelé les versets 10-11 de la Lettre johannique que je viens de rapporter ci-dessus : "L'enseignement johannique est très-clair : nous devons nous aimer les uns les autres «ainsi que Dieu nous a aimés», c'est-à-dire par et dans l'Amour du Christ envoyé par Dieu-Amour pour nous racheter de notre péché. Pour faire concret : je ne peux donc aimer vraiment un non-chrétien qu'en lui témoignant et vivant avec lui l'Amour du Christ crucifié [soit par l'humilité de ma conduite chrétienne implicite envers lui, soit par le prêche doctrinal explicite que je lui fais, selon les deux méthodes indiquées par saint François d'Assise, mais toutes les deux ayant formellement comme but final la conversion du non-chrétien]. Ce n'est pas du tout le message des Pères de Vatican II dans Nostra Aetate [... et pas plus celui de François dans Fratelli Tutti] : pour eux, je dois aimer le non-chrétien fraternellement, humainement, sur la prétendue base de sa dignité ontologique de personne humaine, tel qu'il est, avec sa fausse religion s'il en a une. Exactement, soit dit en passant, comme nous le prêchi-prêche le pape François de nos jours. Comme donc on le voit, le mensonge conciliaire s'étend sur tout, y compris sur les citations scripturaires... Une fois qu'on s'est donné au mensonge, rien ne doit plus rester dans la Vérité de Dieu..." (fin de citation)
           
        Nous venons donc de voir ensemble comment le pape François triche indignement et scandaleusement avec saint François d'Assise, à l'hérétique fin d'apporter une caution à sa gnose moderniste d'une fraternité humaine universelle déconnectée théologiquement de Dieu le Père, et donc de son Fils Unique Jésus-Christ associé à son Épouse-Église (Roberto de Mattei rappelle avec justesse : "Toutes les sources de l’époque nous disent que saint François voulait convertir le sultan et appuyait les croisés qui combattaient en Terre Sainte" ; et Aldo Maria Valli précise non moins justement : "[Saint François d'Assise] est allé pour convertir le sultan et tout son peuple, et il l’a dit avec des expressions fortes, qui aujourd’hui, à l’époque du politiquement correct, seraient marquées d’intransigeance, voire de fanatisme. Qu’un pape nommé François trahisse ainsi le vrai message de saint François est assez grave"... Assez grave ? Seulement ? C'est parler là par un doux euphémisme !). Or, en finale de Fratelli Tutti, le pape François ne va pas moins tricher de la même inqualifiable manière avec le bienheureux Charles de Foucauld, et toujours pour la même mauvaise  cause : tâcher d'orthodoxiser son projet gnostique de fraternité humaine universelle sans Dieu le Père ni son Christ ni son Église catholique, en faisant rentrer de force et frauduleusement dans les adeptes de sa gnose, des saints avérésC'est ainsi qu'on le voit présenter le plus mensongèrement du monde la figure du saint ermite de Tamanrasset comme un modèle de "frère universel" a-dogmatique, vivant uniquement avec l'amour fraternel humain frauduleusement assimilé tel quel à l'Amour de Dieu ! Répétant à l'identique avec cette sainte figure ce qu'il a fait avec saint François d'Assise, c'est-à-dire son mensonge sur l'Amour de Dieu qui serait soi-disant a-dogmatique !
           
        La sainte spiritualité de ces deux saints est trop liée, pour que je ne continue pas mon propos sur la lancée en dénonçant le mensonge du pape François quant au bienheureux Charles de Foucauld. Il est émouvant et édifiant, en effet, de voir que les deux serviteurs du Christ, François d'Assise et Charles de Foucauld, vivent tous deux, pour le fond, exactement de la même sainte spiritualité dans leur rapport avec leur prochain non-chrétien, qu'ils tirent d'ailleurs, au plus près, de l'exemple de Jésus-Christ dans l'Évangile, parfait Modèle de toute sainteté dans Ses rapports avec ses contemporains à convertir. Cette sainte spiritualité tirée du Christ consiste essentiellement à avoir l'idée primordiale et par-dessus toutes les autres de convertir le prochain non-converti à Dieu le Père, mais en usant envers lui d'une très-respectueuse diplomatie pastorale pour y arriver, car l'âme à convertir doit être prête spirituellement, préparée par l'Esprit-Saint, pour se convertir. Toute la motivation première de Jésus, dans l'Évangile, qu'imiteront saintement François d'Assise et Charles de Foucauld, est d'arriver tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, à cette conversion du prochain, tout en ayant un immense respect de l'âme à convertir. Il est facile de s'en convaincre, quant à Charles de Foucauld, par la lettre qu'il écrivit à la fin de sa vie chez les Touaregs, et qui résume toute sa belle spiritualité... dont il n'est pas besoin de dire qu'elle n'a rien à voir avec celle d'un prétendu "frère universel" a-dogmatique frauduleusement présenté par François dans Fratelli Tutti (mais encore, avant lui, par Paul VI dans l'encyclique Populorum Progressio, en 1967, comme ne manque pas de le rappeler François, dans la note 288 de Fratelli Tutti). Voici cette lettre :
           
        "... Il faut nous faire accepter des musulmans, devenir pour eux l’ami sûr, à qui on va quand on est dans le doute ou la peine, sur l’affection, la sagesse et la justice duquel on compte absolument. Ce n’est que quand on est arrivé là qu’on peut arriver à faire du bien à leurs âmes. Inspirer une confiance absolue en notre véracité, en la droiture de notre caractère, et en notre instruction supérieure, donner une idée de notre religion par notre bonté et nos vertus, être en relations affectueuses avec autant d’âmes qu’on le peut, musulmanes ou chrétiennes, indigènes ou françaises, c’est notre premier devoir. Ce n’est qu’après l’avoir bien rempli, assez longtemps, qu’on peut faire du bien [la pensée de Charles de Foucauld, répétée deux fois, est fort claire et on ne manquera pas de remarquer qu'elle réduit en poudre d'un seul coup d'un seul toute la gnose de Fratelli Tutti : tout ce qu'on fait par pure fraternité humaine avec un prochain non-chrétien, dit-il, n'est spirituellement RIEN en soi, c'est juste un tremplin qui permet, APRÈS, de faire du vrai bien, et il entend par-là, amener l'âme du prochain à sa conversion à Dieu le Père et à la vraie Religion, un bien que la fraternité humaine n'opère absolument pas]. Ma vie consiste donc à être le plus possible en relation avec ce qui m’entoure et à rendre tous les services que je peux. À mesure que l’intimité s’établit, je parle, toujours ou presque toujours en tête à tête, du bon Dieu, brièvement, donnant à chacun ce qu’il peut porter, fuite du péché, acte d’amour parfait, acte de contrition parfaite, les deux grands commandements de l’amour de Dieu et du prochain, examen de conscience, méditation des fins dernières, à la vue de la créature penser à Dieu, etc., donnant à chacun selon ses forces et avançant lentement, prudemment. Il y a fort peu de missionnaires isolés faisant cet office de défricheur ; je voudrais qu’il y en eut beaucoup : tout curé d’Algérie, de Tunisie on du Maroc, tout aumônier militaire, tout pieux catholique laïc (à l’exemple de Priscille et d’Aquila), pourrait l’être" (Lettre écrite à Tamanrasset, par Insalah, via Biskra, Algérie 29 juillet 1916).
           
        Cette édifiante lettre montre avec grande évidence que pour Charles de Foucauld, la fraternité humaine universelle n'est pas en soi un terminus, un but ni une fin ultimes, mais seulement un moyen naturel d'arriver à la fin dernière surnaturelle qui est la conversion des âmes à Dieu le Père en passant par Jésus-Christ le Fils Notre-Seigneur (contrairement à la gnose du pape François qui voit la fraternité humaine universelle comme une fin en soi qui récapitule intrinsèquement et surnaturellement la fin dernière de l'homme ; gnose qui est aussi tout le fondement hérétique de "la civilisation de l'amour" de Paul VI, relayée par Jean-Paul II, comme je l'ai fait remarquer en commençant mon article).
           
        Cette lettre de l'ermite de Tamanrasset met bien en vedette la scandaleuse malhonnêteté du pape François de vouloir le dépeindre comme un "frère universel" a-dogmatique selon sa gnose, tel on le voit honteusement faire dans Fratelli Tutti, par ces lignes : "Je voudrais terminer en rappelant une autre personne à la foi profonde qui, grâce à son expérience intense de Dieu, a fait un cheminement de transformation jusqu’à se sentir le frère de tous les hommes et femmes [le pape François présente donc bel et bien, ou plutôt fort hérétiquement, la fraternité humaine universelle comme un but et une fin spirituelles ultimes en soi puisque, selon lui, "l'expérience intense de Dieu" ne sert qu'à mener Charles de Foucauld à... la fraternité humaine universelle, seule chose importante à ses yeux ; nous sommes donc là en pleine inversion antéchristique : Dieu aboutit à l'homme, fin ultime, et non plus l'homme aboutit à Dieu]. Il s’agit du bienheureux Charles de Foucauld. Il a orienté le désir du don total de sa personne à Dieu vers l’identification avec les derniers, les abandonnés, au fond du désert africain. Il exprimait dans ce contexte son aspiration de sentir tout être humain comme un frère ou une sœur, et il demandait à un ami : «Priez Dieu pour que je sois vraiment le frère de toutes les âmes […]». Il voulait en définitive être «le frère universel». Mais c’est seulement en s’identifiant avec les derniers qu’il est parvenu à devenir le frère de tous. Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous. Amen !" (§§ 286-287)
           
        ... "Que Dieu inspire ce rêve à chacun d’entre nous". C'est donc la dernière phrase de Fratelli Tutti. On ne peut manquer de remarquer à nouveau que le pape François baptise derechef son projet de fraternité humaine universelle, dans la toute-dernière phrase de son encyclique, de RÊVE, comme la révélation testamentaire suprême de ce qu'est métaphysiquement son projet ! Exactement, donc, comme il l'a déjà fait dans l'introduction de son encyclique, en parlant, à propos de son projet, de RÉVEILLER UN RÊVE ! La fraternité humaine universelle est bien, je le tire du propos même du pape François, UN RÊVE, auquel par ailleurs il est tellement converti qu'il souhaite que tout le monde le fasse !!
           
        La révélation d'une âme est souvent dans les petites choses... Cela me donne une idée. Si l'on fait "rêv(e)" dans le moteur de recherche et qu'on scanne Fratelli Tutti, qu'est-ce que cela va donner ? Éh bien !, on n'a pas du tout comme résultat le grand désert des Tartares, comme avec "Dieu le Père" !, on a au contraire aussitôt un jaillissement !, une profusion de résultats !, un vrai feu d'artifices !, dont certains sont... ahurissants !!
 
        Jugez-en plutôt :
           
        ― "§ 6. Je livre cette encyclique sociale comme une modeste contribution à la réflexion pour que, face aux manières diverses et actuelles d’éliminer ou d’ignorer les autres, nous soyons capables de réagir par un nouveau RÊVE de fraternité et d’amitié sociale qui ne se cantonne pas aux mots"...!! Notre pauvre pape moderniste ne se rend même pas compte qu'il est en pleine contradiction : le rêve consiste en effet dans la magie de mots inopérants ; alors : ou bien la fraternité humaine universelle est un rêve et alors, elle est obligée de se cantonner aux mots, ou bien ce n'est pas un rêve, et alors, et alors seulement, elle ne se cantonne pas aux mots ; mais, dans tous les cas de figure, ça ne peut pas être un rêve qui ne se cantonne pas aux mots !!
           
        ― "§ 8. Je forme le vœu qu’en cette époque que nous traversons, en reconnaissant la dignité de chaque personne humaine, nous puissions tous ensemble faire renaître un désir universel d’humanité. Tous ensemble : «Voici un très beau secret pour RÊVER et faire de notre vie une belle aventure. Personne ne peut affronter la vie de manière isolée. […] Nous avons besoin d’une communauté qui nous soutient, qui nous aide et dans laquelle nous nous aidons mutuellement à regarder de l’avant. Comme c’est important de RÊVER ensemble ! […] Seul, on risque d’avoir des mirages par lesquels tu vois ce qu’il n’y a pas ; les RÊVES se construisent ensemble» (Discours lors de la rencontre œcuménique et interreligieuse avec les jeunes, Skopje - Macédoine du Nord, 7 mai 2019). RÊVONS en tant qu’une seule et même humanité, comme des voyageurs partageant la même chair humaine, comme des enfants de cette même terre qui nous abrite tous, chacun avec la richesse de sa foi ou de ses convictions, chacun avec sa propre voix, tous frères"...!!!
           
        Ouf de ouf ! Heureusement que le pape François nous a dit, au § 6, qu'il s'agissait de "ne pas se cantonner aux mots" !! Notons au passage que notre pape théosophe n'a pas l'air de conscientiser que le rêve n'est pas substantiellement différent des mirages, ils appartiennent à la même famille onirique, ce sont deux frères du même père Oneiros...
           
        ― "§ 10. Des décennies durant, le monde a semblé avoir tiré leçon de tant de guerres et d’échecs et s’orienter lentement vers de nouvelles formes d’intégration. À titre d’exemple, le RÊVE d’une Europe unie, capable de reconnaître ses racines communes et de se féliciter de la diversité qui l’habite, a progressé".
           
        La construction européenne après la seconde guerre mondiale est elle aussi, pour le pape François, un... rêve à réaliser : nous sommes donc toujours là dans le mythe gnostique de La belle au bois dormant que le prince charmant réveille pour réaliser le rêve... Et c'est d'ailleurs exactement ça, en effet, quant à l'Europe technocratique actuelle, pour une fois le pape François ne croit pas si bien dire ! Je rappelle ici que l'Europe technocratique actuelle est une contrefaçon luciférienne de l'Empire de Charlemagne qui, quant à lui, était basé sur la grâce sociopolitique du Christ et sur le Royaume de Dieu, la pseudo-construction européiste de nos jours n'étant effectivement qu'un rêve qui ne pourra se concrétiser "deux temps et la moitié d'un temps" que par l'avènement de l'Impie sur cette terre, je veux parler du règne de l'Antéchrist-personne. Sur cette question, fort intéressante pour notre Foi, de la vraie Europe qui, métapolitiquement, n'est rien d'autre qu'une Grande-France (au Moyen-Âge, l'Allemagne, par exemple, s'appelait la Francia orientalis...), une France de constitution théocratique et acheiropoïète, c'est-à-dire non-faite de main d'homme, on pourra lire avec fruit mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGra%C3%A7ayA4.pdf
           
        ― "§ 30. Dans le monde d’aujourd’hui, les sentiments d’appartenance à la même humanité s’affaiblissent et le RÊVE de construire ensemble la justice ainsi que la paix semble être une utopie d’un autre temps". Il s'agit toujours d'un rêve à réveiller en l'homme, nous sommes là en pleine gnose.
           
        ― "§ 127. Si l’on accepte le grand principe des droits qui découlent du seul fait de posséder la dignité humaine inaliénable, il est possible d’accepter le défi de RÊVER et de penser à une autre humanité. On peut aspirer à une planète qui assure terre, toit et travail à tous". Bla-bla-bla & bla-bla-bla : sans le Christ, tout cela est impossible, à commencer par la dignité humaine inaliénable qui ne peut être mise véritablement en oeuvre dans l'homme taré du péché originel que surnaturellement, par la grâce du Christ.
           
        ― "§ 150. Cette approche suppose en définitive qu’on accepte sans réserve qu’aucun peuple, tout comme aucune culture ou personne, ne peut tout obtenir de lui-même. Les autres sont constitutivement nécessaires pour la construction d’une vie épanouie. La conscience d’avoir des limites ou de n’être pas parfait, loin de constituer une menace, devient l’élément-clé pour RÊVER et élaborer un projet commun [ces phrases sont du recuit-réchauffé : le pape Jean XXIII avait déjà fait ces raisonnements à vocation mondialiste dans Pacem in Terris, sa dernière encyclique de 1963, ainsi que je vais le rappeler tout-à-l'heure]"Le prince charmant prétendant transmuer le rêve en une (pseudo)-réalité sera l'Antéchrist-personne. "Je suis venu au Nom de mon Père et vous M'avez rejeté, dit Jésus, qu'un autre vienne EN SON NOM [au nom de l'homme, pardi !], et vous l'accepterez" (Jn V, 43). Cette prophétie va bientôt s'accomplir...
           
        ― "§ 157. Enfin, il est très difficile de projeter quelque chose de grand à long terme si cela ne devient pas un RÊVE collectif"...!!!
           
        ― "§ final non-numéroté. Prière au Créateur.- Seigneur et Père de l’humanité, toi qui as créé tous les êtres humains avec la même dignité, insuffle en nos cœurs un esprit fraternel. Inspire-nous un RÊVE de rencontre, de dialogue, de justice et de paix".
             
        ... Voulez-vous que je vous dise ? On croit RÊVER de lire tout ce pathos indécent sous la plume d'un pape... catholique. La tête et l'âme de François sont plongées irrémédiablement, diablement étant en effet le mot et la chose du mot, dans une gnose illuministe dont il ne sortira pas.
           
        Mais, après avoir... rêvé, je reviens maintenant à ma première enquête : fouiller l'encyclique avec le mot "Père". Avant de passer à la deuxième occurrence du moteur de recherche, je voudrais tirer la conclusion de ce que nous a fait découvrir dans Fratelli Tutti la première occurrence à ce mot (= saint François d'Assise est présenté par le pape François au § 4 comme "un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle") : 1/le pape François a menti sur saint François d'Assise ; 2/ le pape François a menti sur le bienheureux Charles de Foucauld ; 3/ le pape François a menti en citant à contre-sens la première Lettre de saint Jean. François le pape moderne met donc son encyclique sous les auspices de Satan, le père du mensonge. Il n'en faut point être surpris puisque tout le fond de son enseignement dans cette encyclique abominable est la profession de foi d'une gnose antichrétienne.
           
        Clic. Je passe maintenant à la deuxième occurrence du mot "Père". Elle suit immédiatement la première, on la trouve également au § 4 de l'encyclique. Après donc avoir dit de saint François d'Assise qu'il a été "un père fécond qui a réveillé le rêve d’une société fraternelle", notre pape théosophe poursuit immédiatement, sans hiatus : "car «seul l’homme qui accepte de rejoindre d’autres êtres dans leur mouvement propre, non pour les retenir à soi, mais pour les aider à devenir un peu plus eux-mêmes, devient réellement père» (Eloi Leclerc, O.F.M., Exil et tendresse, Éd. Franciscaines 1962p. 205)". Comme je le disais en commençant mon article, cette théorie, qui, à juste titre, m'a extrêmement frappée dès l'abordage de l'encyclique, annihile à la racine, in radice, la nécessité de l'existence du vrai Dieu le Père dans le projet de fraternité humaine universelle exposé dans Fratelli Tutti. Nous sommes là en pleine abomination de la désolation d'un rêve gnostique naturaliste qui prétend avoir le droit de vouloir se réveiller dans le Réel surnaturel justement en supplantant ce Réel surnaturel de la plus sacrilège manière : si en effet, prétendument à l'instar de saint François d'Assise, nous sommes tous et chacun métaphysiquement des pères féconds pour engendrer la rédemption de l'autrec'est-à-dire en définitive ni plus ni moins des Dieu le Père, nous prétendons donc nous auto-créer nous-même tous ensemble entre nous un cosmos de salut, ce qui a pour immédiat et direct effet d'annihiler radicalement, in radice, l'économie du VRAI Salut, celui qui réside en Dieu le Père par son Fils Unique Jésus-Christ Notre-Seigneur et son Église. Voilà essentiellement et précisément en quoi le projet de fraternité humaine universelle du pape François est si antichrétien, si damnable pour le salut éternel des âmes...
           
        Il faut avouer d'ailleurs que ce projet gnostique des papes modernes épouse énormément la perversion de nos contemporains. L'homme contemporain vivant des "droits de l'homme", de nos jours, est tellement perverti qu'il en est arrivé à se prendre en effet vraiment pour Dieu. Et il n'y en a pas d'autres que lui. La sémantique des mots adoptés par l'homme contemporain de notre plus proche contemporanéité nous révèle en effet qu'il en est bel et bien à ce stade ultime de la perversion. Il vit déjà tellement l'identification personnelle avec l'autre que lui prêchi-prêche le pape François dans Fratelli Tutti, pour former ensemble les zôtres, nouvelle ethnie mondialiste où tout le monde est à tout le monde, qu'il se nomme spontanément... JE SUIS, pour s'identifier absolument à l'autre. La mode en a été lancée lors des attentats de Charlie-Hebdo, et cela continue maintenant communément lorsqu'il s'agit de s'identifier avec un "héros" républicain : je suis Charlie, je suis Samuel Paty. Or, on n'oubliera pas que "Je suis" est l'appellation de Yahweh tel qu'Il s'est révélé Lui-même en tant que Dieu : "Je suis celui qui suis". Sans le dire, mais la sémantique le dit, le crie même !, l'homme moderne prétend donc... être Dieu, épouse donc le péché de l'Antéchrist-personne. Et le pape moderne, au lieu d'y mettre un énorme feu rouge, un sens interdit, le pousse de toutes ses forces dans cette voie, très-notamment par Fratelli Tutti...
           
        Ce monde actuel acoquiné, ou plutôt accouplé de l'Église et de son pape, véritablement devenu la grande Prostituée de Babylone, qui s'illumine métaphysiquement de lui-même, appelle la Bête singulière de la terre, c'est-à-dire l'Antéchrist-personne, de toutes ses forces maudites, en tant que Bête collective de la mer.
           
        Cette prétendue fraternité humaine universelle sans paternité divine métaphysiquement authentique comme étant celle de Dieu le Père consubstantiel au Christ-Fils et à l'Esprit-Saint, qu'adoube le pape moderne perverti, est donc une pure gnose illuministe professée également par les initiés politiques de la Révolution française, synthétisée dans la fameuse formule Liberté-égalité-fraternité sur laquelle, il fallait s'y attendre, le pape François ne manque pas de donner un grand coup de goupillon dans Fratelli Tutti. La pensée de l'Église contemporaine sur le sujet est d'établir dans le monde entier une fausse paix humaniste démocratique basée sur la convivialité et le respect voire l'adoration des zôtres, nouvelle ethnie mondialiste qui doit être désormais la seule à exister en ce très-bas monde, remplaçant les races humaines créées par Dieu, les zôtres ayant vocation à être le peuple universel de l'Antéchrist-personne lorsqu'il paraîtra à la toute-fin des temps en ce monde, c'est la fameuse massa damnata dont nous parle saint Augustin, c'est-à-dire tous ces gens qui vivent totalement selon l'esprit du monde, sans aucun souci de Dieu et de son Plan quant à l'organisation des choses de cette terre (et singulièrement en Politique), pas plus collectivement qu'individuellement. C'est-à-dire qu'on est censé s'adorer tous les uns les autres et les autres dans les uns ; il ne reste plus qu'à faire briller sur l'ensemble abominable la lumière de Lucifer, ce que fera l'Antéchrist-personne.
           
        Cependant que la vraie convivialité entre les hommes, pour être authentique et pleine de fruits de paix et de salut, doit être basée sur les racines christiques réelles d'un chacun et de tous convertis au Christ et à Dieu le Père, des racines qui plongent dans le Ciel, et c'est alors seulement qu'on pourrait, si l'on veut, parler de vivre ensemble "l'humanisme intégral" (Maritain), sous le regard de Dieu "qui fera ses délices parmi les enfants des hommes" (Pr VIII, 31). La convivialité ne doit pas être basée, en effet, sur la réduction indigne de l'homme au module démocratique universel, athée et... vaticanesque, où elle est vécue par les hommes au niveau de l'écorce économico-animale de leur être réduit à "l'animal social" et coupée de Dieu, qui les différencie fort peu des bêtes. Car alors, ce n'est plus de convivialité dont il faut parler, mais de vivialité entre les cons. Aux fins réprouvées de terminer dans les bras de l'Antéchrist-personne.
           
        Mais je reprends à nouveau le moteur de recherche au mot "Père", et, clic, troisième occurrence, j'arrive maintenant au § 10 : "Souvenons-nous de «la ferme conviction des Pères fondateurs de l’Union Européenne, qui ont souhaité un avenir fondé sur la capacité de travailler ensemble afin de dépasser les divisions, et favoriser la paix et la communion entre tous les peuples du continent» (Discours au Parlement européen, Strasbourg - 25 novembre 2014)".
           
        Nous sommes ici, au niveau politique, dans la même perversion luciférienne que celle, spirituelle et théologique, de Fratelli Tutti, qui consiste en ce que l'homme prétend créer lui-même, en tant que créature, ce que seul Dieu le Père Créateur peut faire et fait effectivement : soit créer une fraternité humaine universelle mais à partir de l'humain seul ; soit créer, toujours à partir de l'humain seul, un ensemble politique donné, ici l'Europe. Or, il n'est absolument pas au pouvoir de l'homme de créer, pas seulement dans l'ordre du salut surnaturel mais encore dans l'ordre naturel. C'est pourquoi l'Europe réelle a été créée par Dieu dans l'Ordre Très-Chrétien, que manifesta excellemment Charlemagne à la suite de Clovis-le-Grand, comme je le rappelais plus haut ; puis, le péché de l'homme a détruit cette admirable Grande-France ou Europe par la suite des temps. Or, l'homme moderne veut recréer ce que Dieu avait créé déjà sous Charlemagne, non en s'appuyant sur l'Ordre Très-Chrétien théocratiquement innervé par le Christ, mais en le faisant sur ses seules forces humaines naturelles. Donc, non seulement son projet ne pourra aboutir, mais en plus, en voulant faire ce que Dieu a déjà fait mais sans se référer à Lui, il pèche très-grièvement contre Lui. Personne n'a si bien dénoncé la gravité extrême de ce péché que le philosophe espagnol Donoso Cortès, en ces termes : "De tous les péchés possibles, aucun n'égale celui par lequel l'homme veut se substituer à Dieu, ou prétend réaliser, à d'autres fins et de diverse manière, ce que Dieu s'est proposé. Deux fois, l'homme a succombé à cette tentation satanique : la première, quand il a cherché à ériger la Tour de Babel ; la seconde, pas plus tard qu'aujourd'hui, où une démocratie insensée essaie de mener à bien, pour son compte, l'unité du monde". Ces lignes étaient écrites en 1840, et elles sont d'une prodigieuse actualité. On ne saurait mieux dénoncer, en effet, le péché du projet sociopolitique de Fratelli Tutti... accouplé à celui européiste actuel.
           
        Mon quatrième clic au mot "Père" m'amène au § 46 : "Il faut reconnaître que les fanatismes qui conduisent à détruire les autres sont également le fait de personnes religieuses, sans exclure les chrétiens (...). Qu’apporte-t-on ainsi à la fraternité que le Père commun nous propose ?" Il semblerait qu'ici, le pape François invoque enfin Dieu le Père, quoique sous une dénomination qui ne L'identifie pas vraiment catholiquement : invoquer en effet le Père commun n'est pas forcément faire allusion à Dieu le Père, catholiquement révélé par son Fils Unique Jésus-Christ. Comme les deux derniers clics suivants nous amènent également à une dénomination générique d'un "Dieu le Père" pas forcément de sens catholique, je les cite dès à présent, pour commenter ensuite :
           
        Au cinquième clic qui nous mène presqu'à la fin de l'encyclique, au § 272, nous trouvons également une évocation de Dieu le Père très-insuffisante, "Père de tous" : "Nous, croyants, nous pensons que, sans une ouverture au Père de tous, il n’y aura pas de raisons solides et stables à l’appel à la fraternité. Nous sommes convaincus que «c’est seulement avec cette conscience d’être des enfants qui ne sont pas orphelins que nous pouvons vivre en paix avec les autres» (Homélie du pape François, 17 mai 2020). En effet, «la raison, à elle seule, est capable de comprendre l’égalité entre les hommes et d’établir une communauté de vie civique, mais elle ne parvient pas à créer la fraternité» (Benoît XVI, encyclique Caritas in veritate, 29 juin 2009, n. 19)". Et, au sixième et dernier clic de l'occurrence "Père", nous nous trouvons avec la prière finale qui invoque un "Seigneur et Père de l’humanité"...
           
        Ces rares et fort imparfaites dénominations d'une Paternité divine sont-elles théologiquement suffisantes pour catholiciser la doctrine de Fratelli Tutti ? Évidemment non !, malheureusement (je rappelle ici que les gnostiques antiques du temps de saint Irénée de Lyon, au IIème siècle, invoquaient sans cesse "le Père" dans leur gnose, aux aussi, mettant dans cette dénomination captieuse un tout autre contenu théologique que celui du vrai Dieu le Père de la Trinité divine, et en abusaient les simples, ainsi que saint Irénée nous le révèle dans son magistral ouvrage Contra Haereses). Car le pape François invoque un "Père de tous", un "Père de l'humanité", au nom de "nous, croyants des religions différentes" (§ 274), il ne s'agit donc pas du vrai Dieu le Père que la seule vraie Religion, celle catholique, révèle. Or, de dire que "le Père de tous", le "Père de l'humanité", qui n'a donc rien à voir avec Dieu le Père de la Trinité divine révélé par la Religion catholique, doit patronner la fraternité humaine universelle, c'est ne pas vouloir évangéliser son prochain de cette vérité métaphysique fondamentale qu'est Dieu le Père de la Trinité divine, c'est tout simplement renier soi-même sa propre Foi catholique ! Et en outre, singulièrement blasphémer Dieu le Père qu'à l'instar des pharisiens, on prétend honorer d'un culte, mais en travestissant théologiquement ce qu'Il est, copiant-collant les antiques gnostiques !
       
        Le pape François est-il prêt à évangéliser son imam d'Abou Dhabi, dont il n'est pas du tout gêné, malgré le renom rien moins que saint de cet imam musulman, de nous dire qu'il a inspiré son encyclique (§ 5), de cette primordiale vérité que Dieu le Père consubstantiel au Fils et au Saint-Esprit dans la Trinité divine est le Père divin nécessaire de toute nécessité théologique à la construction de la fraternité humaine universelle ? Poser la question, c'est hélas y répondre : le pape François n'a nullement l'intention de l'évangéliser de cette grande et indispensable vérité-là. Par-là même, il prouve que son invocation au "Père commun" , "Père de tous", "Père de l'humanité", n'est pas théologiquement suffisante ni crédible et n'orthodoxise nullement la gnose de Fratelli Tutti. L'acte au contraire de la non-évangélisation volontaire de son "Grand-Imam" (§ 5 ― exigez la marque et les majuscules) du dogme de Dieu le Père de la Trinité divine prouve que le pape François veut en rester hérétiquement à la gnose d'une fraternité humaine universelle surnaturellement émasculée du vrai "Dieu le Père". Il serait d'ailleurs bien empêtré d'évangéliser un musulman qui veut rester musulman par Dieu le Père, car le Coran interdit d'appeler Dieu, "Père" !!
           
        J'en ai fini maintenant avec le moteur de recherche, et je crois pouvoir penser à clore mon article. Cependant, avant, ayant lu quelques articles sur Internet commentant l'encyclique Fratelli Tutti, il m'apparaît important de compléter une réflexion beaucoup trop superficielle d'Aldo Maria Valli, que voici : "La référence constante [dans Fratelli Tutti] à la nécessité d’un ordre mondial est inquiétante. Nous lisons : «Nous avons besoin d’un ordre juridique, politique et économique mondial» [c'est en effet dans le § 138] ; nous avons besoin «du développement d’institutions internationales plus fortes et mieux organisées, avec des autorités désignées de manière impartiale par des accords entre gouvernements nationaux et dotées du pouvoir de sanction» [= § 172] ; nous avons besoin «d’organisations mondiales plus efficaces, dotées de l’autorité nécessaire pour assurer le bien commun du monde» [= § 172]. Question légitime : le pape s’est-il mis au service du nouvel ordre mondial ?"
           
        Il y a ici une grosse lacune mémorielle, de la part de l'auteur. Il faudrait vraiment arrêter de vivre sa Foi dans l'évènementiel immédiat. Le conseil de saint Jacques, de ne pas oublier comment son propre visage est fait après s'être regardé dans un miroir, s'impose ici d'emblée. Ce serait en effet facile au pape François, s'il voulait, de répondre à cette accusation de militer pour le mondialisme, qu'il ne fait rien d'autre, sur cela, que suivre une déjà fort longue tradition pontificale chez les papes modernes. François ne fait guère, en effet, que finir les phrases que ses prédécesseurs Pie XII et Jean XXIII ont commencées, pour ne parler que d'eux...
           
        Le mondialisme est en effet ardemment désiré par le pape Jean XXIII dans Pacem in terris, sa dernière encyclique (1963), dans des termes, je l'ai souligné que dessus, qui semblent presque recopiés tels quels en copier-coller dans Fratelli Tutti, qu'on en juge : "De nos jours, le bien commun universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d'action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l'étendue de la terre. C'est donc l'ordre moral lui-même qui exige la constitution d'une autorité publique de compétence universelle" (§ 137) ; "Cet organisme de caractère général, dont l'autorité vaille au plan mondial et qui possède les moyens efficaces pour promouvoir le bien universel, doit être constitué par un accord unanime" (§ 138). Cherchez la différence avec ce que vient de citer Aldo Maria Valli dans Fratelli Tutti...?
           
        Et Jean XXIII ne faisait là que... finir les phrases que Pie XII avait, plus ardemment encore que lui, commencées, dans tous ses Noëls pro-onusiens de guerre, de 1939 à 1944. Singulièrement dans son Message de Noël 1944, Pie XII appelle, avec un enthousiasme incroyable non moins que scandaleux, à la création d'une "société des peuples" au-dessus de l'autorité de chacune et toutes les nations ! Commençant par exalter le principe de "l’unité du genre humain et de la famille des peuples", il ose dire : "De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII faisait là allusion à la défunte SDN de l'entre-deux guerres], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l'autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE"...!!
           
        Est-ce qu'on se rend bien compte jusqu'à quelle perversité antéchristique allait le pape Pie XII, dans ce passage !? L'indigne Vicaire du Christ osait déclarer là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et militait de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux. Autrement dit, c'était carrément vouloir "changer les temps et les lois" (Dan VII, 25) comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne dans son règne. Car dire de la souveraineté des nations qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas. Parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant et surtout absurde. Mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de la nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos.
           
        Et le pape illuminé ose continuer son Message de Noël 1944 ainsi : "C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations, par l'érection d'une société des peuples !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure". Et de conclure par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : "Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques Accords de Yalta !!] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d’un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective.
           
        "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici, se nomme] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE [… Ah bon ?! Nous sommes donc, ô pape inconséquent et irréfléchi, dans une nouvelle économie de salut ?? Là encore, comme pour l’unité des peuples, la paix universelle entre les peuples est une réparation des effets du péché originel que SEUL Dieu peut opérer en instaurant le Millenium... SEUL Dieu peut engendrer une nouvelle économie de salut où les effets collectifs du péché originel seront abolis dans l’humanité : voyez comme les gens de la tour de Babel ont été punis d’avoir voulu réparer par eux-mêmes les effets du péché originel ! Il y a donc là, dans ces propos pontificaux incroyables, un orgueil et une impiété inqualifiables, inconcevables, de la part d’un… pape !!, qui épouse carrément l'impiété et l'orgueil qui sera celui de l'Antéchrist-personne, avec un enthousiasme affiché dont se glorifie impudemment l'indigne pape, mettant sa gloire dans ce qui fait sa honte, qui fait frémir de sainte-colère, de la part d'un... pape :], (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [= Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux" [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE ! Le Vicaire du Christ ne se souvenait-il donc plus que le meilleur moyen d'attirer les châtiments apocalyptiques sur le monde, est d'œuvrer pour une fausse paix humaniste dans le monde, que les hommes se donnent à eux-mêmes sans Dieu ? Saint Paul nous révèle à quel point cela déclenche la juste Colère de Dieu : "QUAND LES HOMMES DIRONT «PAIX & SÉCURITÉ», SUBITEMENT LA CATASTROPHE LES SAISIRA COMME LES DOULEURS PRENNENT LA FEMME QUI VA ENFANTER, ET ILS N'ÉCHAPPERONT PAS" (I Thess V, 3)]" (Noël 1944, extraits).
           
        Il n'est pas inutile de noter ici, pour finir, la parfaite convergence de vues du cardinal Pacelli futur Pie XII, avec... Roosevelt, le franc-maçon Franklin Roosevelt, alors président des États-Unis ! "La diplomatie vaticane trouve en même temps un allié précieux, et de taille, dans le Président des États-Unis [dès le début de la guerre]. Le pape [Pie XII] accueille avec une joie profonde l’envoi d’un représentant personnel de Roosevelt auprès du Saint-Siège, Myron C. Taylor. Trois ans plus tôt, lors de la légation du cardinal Pacelli aux États-Unis, les deux hommes d’État avaient rendu manifeste la conformité essentielle de leurs vues sur la reconstruction du monde [!!!]. Roosevelt n’avait-il pas qualifié le légat de «mon bon, mon vieil ami» ?" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. III, p. 237).
           
        En tous cas, il est facile de voir que le mondialisme de notre pape actuel s'appuie sur une longue tradition pontificale moderne... antéchristique. Ici, le clivage avant Vatican II-après Vatican II, les bons avant, les méchants après, cher aux esprits sectaires-obscurantistes des sédévacantistes notamment, vole complètement en éclats, n'a plus aucun sens ni aucune consistance ! Comme il appert clairement des documents pontificaux les plus officiels, les papes modernes sont "antéchristisés" bien avant Vatican II, et ceux qui viennent après ne font que finir les phrases que ceux d'avant Vatican II avaient commencées...
           
        Même réflexion de fond quant à la fraternité humaine universelle : ce n'est pas notre pape François qui l'invente dans Fratelli Tutti, il s'en faut extrêmement, il ne fait là encore que suivre une longue tradition pontificale moderne. Il faudrait parler du discours délirant du pape Paul VI à l'ONU en 1965, mais cela nous mènerait trop loin, citons, plus avant encore dans le temps, le pape Benoît XV, dont le futur Pie XII alors simple Monsignore Pacelli était la cheville ouvrière dès 1915, invoquer très-clairement la fraternité humaine universelle dans la 1ère guerre mondiale : "Dans sa première encyclique, Ad beatissimi, Benoît XV affirma que : «Chaque jour, la terre ruisselle de sang nouveau, se couvre de morts et de blessés. Qui pourrait croire que ces gens, qui se battent les uns contre les autres, descendent d’un même ancêtre, que nous sommes tous de même nature, et que nous appartenons tous à une même société humaine ? Qui reconnaîtrait en eux des frères, fils d’un seul Père qui est dans les cieux ?» À la suite de jugements aussi nets et sans appel, on a considéré que Benoît XV avait été le premier pape à REJETER LA DOCTRINE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE D’UNE GUERRE JUSTE" (Dictionnaire historique de la papauté, Philippe Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.).
           
        Je vais finir ici mon nouvel article, avec saint Robert Bellarmin, en rappelant, comme au début de ces lignes je l'ai fait, l'importance capitale du premier Commandement : "Tu adoreras Dieu, et Lui seul".
           
        "Quel est le grand commandement ?
           
        "Qu'est-ce que tu ordonnes, Seigneur, à tes serviteurs ? «Prenez sur vous mon joug» dis-tu. Et comment est-il, ton joug ? «Mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger» Qui donc ne porterait bien volontiers un joug qui n'accable pas, mais qui encourage ; un fardeau qui n'écrase pas, mais qui réconforte ? Tu as ajouté à juste titre : «Et vous trouverez le repos» (Mt 11,29). Et quel est ton joug qui ne fatigue pas mais donne le repos ? C'est le premier et le plus grand des commandements : «Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur». Qu'y a-t-il de plus facile, de plus agréable, de plus doux que d'aimer la bonté, la beauté, l'amour que tu es parfaitement, Seigneur mon Dieu ?" (La Montée de l'âme vers Dieu, 1 – Livre des jours, Office romain des lectures, 17/09).
           
        Or, dans l'encyclique Fratelli Tutti, le pape François est en train de tricher le plus gravement possible avec ce premier et plus grand Commandement, tricher avec la Religion, religere, c'est-à-dire ce qui relie l'homme à Dieu sinon tout homme est perdu, tricher avec le channel surnaturel, pour parler moderne.
           
        Il n'y a pas de péché et de déviance plus grave.
           
        "Mais que fait Dieu ?", s'était exclamé, scandalisé, Ernest Hello, en voyant l'immoralisme des gens à l'Exposition universelle de 1900. Que dirait-il bien de nos jours !!
           
        Exsurge Domine ! Levez-vous et vengez enfin votre saint Nom !!
           
        "Que l'impie ne voit point la gloire du Seigneur !" (Is XXVI, 10) !
           
        Surtout quand il sera revêtu d'une soutane blanche.
 
En la fête des saints Simon & Jude, 
Apôtres du Seigneur,
ce 28 Octobre 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 

28-10-2020 13:15:00
 

Le survol théologique très-superficiel de Mgr Viganò pour solutionner "la crise de l'Église" générée par Vatican II

 
 
 
Le survol théologique très-superficiel de Mgr Viganò
pour solutionner "la crise de l'Église"
générée par Vatican II
 
           
        Voilà un titre qui pourra surprendre le catholique qui voit Mgr Viganò comme un "lanceur d'alerte" sans peur et sans reproche, ce que cet archevêque vénérable, issu du monde conciliaire mais vraiment converti, est certainement pour une très-grande part, je le reconnais bien volontiers (conversion qui est très-rare, car il est extrêmement difficile de se convertir du modernisme, le pape Benoît XVI en est un contre-exemple hélas fort décevant et affligeant, lui qui veut toujours voir Vatican II comme saint et sain).
           
        Cependant, voilà. J'ai lu avec grande attention ses deux contributions de fond les plus récentes sur "la crise vaticandeuse de l'Église" et la solution à y apporter, à savoir : 1/ Excursus sur Vatican II et ses conséquences, du 10 juin 2020 ; et 2/ Mgr Carlo Maria Viganò décrypte “l’esprit du Concile” dans un entretien avec Phil Lawler, du 28 juin 2020 (on pourra trouver ces deux textes in extenso, à savoir, le premier sur le site "Benoît & moi" : http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2020/06/10/mgr-vigano-vatican-ii-le-ver-etait-dans-le-fruit/ ; et le second, sur le blog de Jeanne Smits : https://leblogdejeannesmits.blogspot.com/2020/06/mgr-carlo-maria-vigano-decrypte-lesprit.html).
           
        Et ces deux contributions révèlent une grande incohérence de fond, de la part de Mgr Viganò, dans la solution théologique qu'il prétend apporter à "la crise de l'Église" générée par le concile Vatican II. C'est même fort frappant.
           
        Avant de rentrer dans la démonstration théologique de cette incohérence, je crois bon d'en donner l'explication morale. Cette incohérence s'explique par le fait que la nature humaine va tout-de-suite à fuir à toutes jambes l'économie de la Passion, inconsciemment et sans même y réfléchir. Par tous les subterfuges qu'elle peut trouver, y compris et même surtout, ceux les plus frappés de stupidité et d'absurdité, la fin, qui ici est la fuite de la Passion, justifiant tous les moyens. Or, l'Église vit sa Passion depuis Vatican II. Il n'est donc pas étonnant de voir tout le monde, ou très-peu s'en faut, fuir, de préférence le plus stupidement possible. Que l'Église vive sa propre et personnelle Passion, c'est même LA seule chose spirituelle à comprendre de nos jours sinon rien, et c'est bien pourquoi j'en ai fait le titre de mon site créé en 2012 : L'Église vit la Passion du Christ depuis Vatican II. En soi, je ne suis donc pas surpris de voir Mgr Viganò, qui n'a pas vraiment compris que "la crise de l'Église" révèle qu'elle vit sa Passion, émettre des solutions incohérentes et même théologiquement absurdes...
           
        Et je continue en disant qu'il ne faut pas s'étonner ni trop se culpabiliser (encore moins culpabiliser son prochain) de voir notre nature humaine fuir la Passion, car saint Paul nous enseigne très-théologiquement que l'économie de la Passion consiste essentiellement à "ÊTRE FAIT PÉCHÉ pour le salut" (II Cor V, 21), oxymore spirituel très-puissant révélé plus par le Saint-Esprit que par saint Paul. Or, par-là même d'être fait péché pour le salut, notre nature humaine doit vivre la "si grande contradiction" (He XII, 3) écartelante du Christ en croix, jusqu'à devoir en mourir très-certainement, car le péché entraîne la mort. C'est la destinée de tout acteur de la Passion, ainsi que nous l'a montré en toute clarté Notre-Seigneur Jésus-Christ quand Il eut à vivre et à mourir la sienne propre et personnelle il y a 2 000 ans. Alors bien sûr, comment voulez-vous, vous, être configuré au péché (même s'il s'agit d'un péché sans aucune coulpe puisque, dans le cadre de la Rédemption cause première de la Passion, il est ordonné "au salut"), sans vous récrier et le rejeter tout d'une pièce, dans votre première réaction instinctive, sachant au surplus fort bien qu'il va vous faire mourir, et mourir ignominieusement dans la figure du monde qui passe ? Même un pécheur plein de malice, lorsqu'il est pris publiquement sur le fait de son péché, et que soudain la honte de son péché le frappe en pleine figure, cherche à se justifier, à dire que son péché n'est pas un péché... Alors, vous qui êtes juste, ou qui cherchez à le devenir c'est du pareil au même, lorsque l'on vous montre une Épouse du Christ, une Église qui est vraiment "FAITE PÉCHÉ", et c'est à Vatican II que ça se passe, votre premier mouvement de réaction ne peut qu'être la fuite, puisque même le pécheur coupable fuit devant son coupable péché, tellement le péché est en soi haïssable même par celui qui le commet. Vous ne pouvez que vouloir fuir la réalité ecclésiale d'une Église vivant sa Passion, même si saint Paul vous dit qu'à la suite du Christ, c'est "pour le salut" que l'Église est "faite péché"...
           
        Et il ne faut d'ailleurs voir là aucune coulpe ou faute formelle, au moins dans le désir de fuite de la Passion, puisque même le Christ, le Saint des saints, a vécu ce désir de fuite de devoir être configuré au péché au for externe de sa Personne, sans, faut-il avoir à en apporter la précision, aucune faute de Sa part : "Que ce calice s'éloigne de Moi..." Cependant, quand bien même il n'y a aucune faute à fuir instinctivement la Passion, ce désir de fuite voire cette fuite tout court quand on y cède, EST CONTRAIRE À LA VOLONTÉ DIVINE, et il ne faut pas le suivre, il faut au contraire, le premier et instinctif mouvement passé, revenir combattre dans le pré carré de la Foi pour vivre et mourir la Passion autant qu'il est en nous de le faire, autant que Dieu le veut pour nous, afin de vaincre surnaturellement :   "... Cependant, non pas ma volonté, ô Père, mais la vôtre !" C'est ce chemin d'acceptation de l'économie de la Passion, de non-fuite, que le Christ veut que nous suivions actuellement, à l'heure terrible et affreuse où son Épouse, l'Église, vit sa propre et personnelle Passion.
           
        Pour autant, alors que les yeux de tous les fidèles catholiques, sauf ceux des invertébrés de la Foi de préférence cardinaux qui cherchent encore à justifier l'injustifiable, s'ouvrent péniblement et en souffrant, de nos jours, sur la réalité du péché ecclésial de Vatican II, on discerne trop dans les âmes fidèles cette fuite instinctive des conséquences théologiques de cette "si grande contradiction", fuite qui fut celle de onze Apôtres sur douze lors de la première Passion du Christ, fuite que je vois par exemple dans Mgr Viganò.
           
        Après ces nécessaires considérations morales, je rentre maintenant dans le concret de ce qui me fait poser ce constat de fuite de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" par Mgr Viganò, fuite qui est d'ailleurs aussi le fait de son excellent confrère "lanceur d'alertes", Mgr Schneider, et qui est sûrement inconsciente chez tous les deux.
           
        Je vais commencer en disant qu'on voit Mgr Viganò, dans son écrit du 10 juin, se démarquer de Mgr Schneider lorsque celui-ci note les erreurs qu'on trouve dans Vatican II de doctrinalement secondaires, comme pouvant théologiquement être réparées par la suite, par exemple dans le cadre d'un Vatican III : "On peut légitimement espérer et croire qu’un futur pape ou concile œcuménique corrigera les déclarations erronées faites par Vatican II", formule Mgr Schneider. À juste titre, Mgr Viganò corrige : "Cela me semble être un argument qui, même avec les meilleures intentions, sape les fondations de l’édifice catholique. Si, en effet, nous admettons qu’il puisse y avoir des actes magistériels qui, en raison d’une sensibilité modifiée, sont susceptibles d’être abrogés, modifiés ou interprétés différemment au fil du temps, nous tombons inexorablement sous la condamnation du décret Lamentabili (1907, décret de Pie X condamnant les erreurs du modernisme)".
           
        Fort bonne remarque. Mais Mgr Viganò n'a pas l'air de se rendre compte que dire cela, c'est souligner plus encore... l'anormalité de Vatican II. S'il est impossible de pouvoir réformer des décrets doctrinaux promulgués en concile universel (et c'est bien sûr le cas), alors... nous restons avec les décrets hérétiques de Vatican II ! Et la vraie question de fond se fait encore plus lancinante : COMMENT SE FAIT-IL QUE LES PÈRES DE VATICAN II UNA CUM LE PAPE, "MEMBRES ENSEIGNANTS" D'UNE GÉNÉRATION ECCLÉSIALE DONNÉE DE SOI EN POSSESSION DU CHARISME D'INFAILLIBILITÉ POUR TOUT ENSEIGNEMENT DOCTRINAL ORDINAIRE & UNIVERSEL, AIENT BIEN PU, DANS CEDIT CADRE, ENSEIGNER l'ERREUR MAGISTÉRIELLE SUR DES POINTS FONDAMENTAUX DU DOGME À L'UNIVERSALITÉ DES FIDÈLES ? C'EST THÉOLOGIQUEMENT IMPOSSIBLE DE TOUTE IMPOSSIBILITÉ SANS AVOIR À CONCLURE, SOIT 1/ SI LA CONTRADICTION CONSTATÉE EST FORMELLE, QUE "LES PORTES DE L'ENFER ONT PRÉVALU CONTRE L'ÉGLISE" ; SOIT 2/ SI LA CONTRADICTION CONSTATÉE EST SEULEMENT MATÉRIELLE, QUE L'ÉGLISE EST RENTRÉE PAR-LÀ MÊME DANS L'ÉCONOMIE DE LA PASSION USQUE AD MORTEM.
           
        Voilà l'immédiate réflexion théologique qu'on doit se faire après le constat vrai et véridique, que fait Mgr Viganò mais que ne fait pas Mgr Schneider, d'erreurs magistérielles dans Vatican II qui, loin de toucher un domaine disciplinaire secondaire qui pourrait être ultérieurement réparé, comme veut le croire pusillanimement Mgr Schneider, touchent au contraire le noyau dogmatique de la Foi, comme le professe au moins implicitement Mgr Viganò, puisqu'il dit de ces erreurs vaticandeuses qu'elles sont théologiquement ultérieurement irréparables. Et, sur cela, il a parfaitement raison. Il faut bien saisir, par exemple, que la Liberté religieuse est la contradictoire formelle du Dogme défini Hors de l'Église, point de salut, hors du Christ, point de salut. Dieu, le Christ, l'Église, n'existent tout simplement plus du tout au for public dans la doctrine de la Liberté religieuse, c'est malheureusement clair comme de l'eau de roche et visible comme éléphante enceinte dans corridor étroit, dans les § 4 & § 5 de Dignitatis Humanae Personae, comme je l'ai montré dans mon précédent article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-tres-moderniste-argumentation-historiciste-des-conservateurs-brandmuller-brambilla-schneider-etc?Itemid=154).
           
        Mais donc, abruptement, Mgr Viganò, après avoir posé le juste constat d'une hérésie vaticandeuse qui, touchant en plein le noyau dogmatique de la Foi à Vatican II, ne peut pas, théologiquement, être ultérieurement réparée, et avoir rectifié sur cela Mgr Schneider, n'en tire aucunement la conclusion, qui pourtant s'impose par le fait même, de la mise de l'Église dans l'économie de la Passion. J'ai beau lire la suite et fin de son premier écrit du 10 juin, il fait d'autres considérations, à droite, à gauche, en soi du reste très-intéressantes et édifiantes, par exemple sur le devoir moral de se convertir avec humilité une fois qu'on a pris conscience d'avoir été infecté et infesté des hérésies présentes dans Vatican II, mais, ... passez muscade !, c'est le grand silence de sa part quant au fait que de trouver des hérésies qui attaquent le noyau dogmatique de la Foi dans Vatican II, concile universel légitime, est en soi révéler que l'Église vit désormais la "si grande contradiction" inhérente à la Passion du Christ, comme l'enseigne saint Paul aux Hébreux.
           
        Déçu, et même, ... pourquoi cacherai-je mon imperfection ?, agacé, je mets de côté l'écrit du 10 juin, prends l'interview du 28 juin, et essaye de me dire que je vais peut-être y trouver ce qui manque bougrement dans l'écrit du 10 juin. Là, dès l'abordage abordé, je m'aperçois avec surprise et plaisir que c'est... l'interviewer, Phil Lawler, donc le simple laïc, qui accule l'évêque, l'homme d'Église, Mgr Viganò, à se poser enfin les bonnes questions, c'est lui en effet qui le force à donner une réponse sur le fond théologique du problème. Il pose très-bien sa question : "... Si l’ensemble du Concile pose problème, comment cela a-t-il pu se produire ? Comment concilier cela avec ce que nous croyons de l’inerrance du Magistère ? Comment les Pères du Concile ont-ils tous pu être ainsi trompés ?" Le journaliste a fait une légère erreur de vocabulaire, inerrance alors qu'il aurait dû dire infaillibilité, notre archevêque va le rectifier sur ce point de détail, mais c'est lui, le laïc, qui a raison sur le point central du débat, et qui oblige un Mgr Viganò spirituellement défaillant à aborder le vrai problème de fond, la vraie question théologique, la questio magna, que, trop visiblement, il fuit et ne veut pas aborder (... exactement comme, quarante ans avant lui, l'avait fui Mgr Lefebvre, lui aussi...) : COMMENT CONCILIER CELA, C'EST-À-DIRE LA PRÉSENCE DANS VATICAN II D'ERREURS ATTAQUANT LE NOYAU DOGMATIQUE DE LA FOI, AVEC CE QUE NOUS CROYONS PAR LA FOI DE L'INFAILLIBILITÉ DU MAGISTÈRE ? Comment les Pères ont-ils pu être trompés et subséquemment tromper les fidèles alors qu'ils se trouvaient... sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit pour enseigner universellement la Foi aux fidèles de l'orbe catholique ?!?
           
        Voilà le vrai problème. Comprenons bien que si nous ne pouvons pas donner de réponse à cette situation, alors cela signifiera que l'Église est plongée dans la "si grande contradiction" inhérente à l'économie de la Passion du Christ (la Foi invalide en effet et évacue in radice l'autre alternative, à savoir que cette situation prouverait que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église"). Nous aurons donc par-là même la certitude que "la crise de l'Église" que nous vivons par et depuis Vatican II, est celle dernière, proprement apocalyptique, et que rien historiquement ne pourra la réparer, la finale de cette crise étant le Retour en gloire du Christ faisant surnaturellement irruption dans notre monde, pour terrasser "la puissance des ténèbres" dans l'Antéchrist manifesté, et surtout pour ressusciter son Épouse-Église.
           
        Donc, spirituellement titillé par le laïc, je lis avec encore plus d'attention la réponse de Mgr Viganò, pour voir ce qu'il va répondre à la VRAIE question de l'interviewer. Va-t-il prendre acte, comme il doit le faire, de la réalité théologique de cette "si grande contradiction" que manifeste à l'éclat éclatant Vatican II ? Va-t-il au contraire lâchement, comme les onze Apôtres sur douze aux temps de la Passion du Christ, FUIR la réalité de cette "si grande contradiction" qui révèle formellement que l'Épouse du Christ est en train de vivre sa propre et personnelle Passion, en trichant sur les attendus théologiques du problème...?
           
        Hélas !, il me faut résoudre à cocher la deuxième case et caser la deuxième coche. Fausser complètement la réponse, se réfugier dans le mensonge pour ne pas avoir à embrasser "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est effectivement ce que Mgr Viganò va faire, comme tous les tradis sans exception l'ont fait avant lui depuis plus d'un demi-siècle maintenant, sans parler des modernes qui, eux, excusez du peu, ne voient même pas qu'il y a... un problème à résoudre (puisqu'aussi bien, pour eux, nous vivons tous, depuis le post-concile, dans l'Alleluia jouissif et perpétuel du Royaume enfin manifesté, et qui le sera progressistement de plus en plus...).
           
        Voici en effet ce qu'ose dire Mgr Viganò : "Je crois que le problème de l’infaillibilité du Magistère (l’inerrance que vous avez mentionnée est propre à l’Écriture Sainte) ne se pose même pas, car le Législateur, c’est-à-dire le Pontife Romain autour duquel le Concile est convoqué, a solennellement et clairement indiqué qu’il ne voulait pas utiliser l’autorité doctrinale qu’il aurait pu exercer s’il l’avait voulu",
           
        ... Zut & zest !, "Ah non !, c'est un peu court, jeune homme !!" (Cyrano de Bergerac) Pardon, je ne cherche nullement à manquer de respect à Mgr Viganò, mais là, je trouve tout-de-même qu'il exagère. Au reste, j'ai bien le droit de l'appeler jeune homme, car il ne mène le bonum certamen pour la Tradition catholique, le bon combat spirituel dont parle saint Paul, que depuis quelques années seulement ; quant à moi, je le mène, Deo adjuvante, depuis 1975 environ... et je peux dire que, pour ce qui est du bonum certamen, j'ai vraiment porté "la chaleur et le poids du jour" (Matth XX, 12), ce qui n'est pas le cas de Mgr Viganò, ouvrier de la onzième heure et demi bien sonnée (mais qu'on se rassure : je n'ai pas "l'œil mauvais" des ouvriers de la première heure dans la Parabole évangélique, je suis loin d'être jaloux du Denier, c'est-à-dire de la grâce du salut, que lui donne, comme à moi, le bon Père de famille, je m'en réjouis au contraire !).
           
        J'ai un peu honte d'avoir à rappeler à Mgr Viganò ce qu'il doit sûrement savoir très-bien (ou alors, c'est à désespérer de nos Pères dans la Foi, car il en est un), à savoir qu'il existe DEUX modes magistériels couverts tous deux de même formelle manière par l'infaillibilité ecclésiale : 1/ le mode extraordinaire dogmatique ; 2/ le mode ordinaire & universel.
           
        Or, le Législateur du concile moderne comme il dit, c'est-à-dire le pape Paul VI, s'il a exclu explicitement l'emploi du mode extraordinaire dogmatique de définition dans Vatican II, A TOUT AUSSI EXPLICITEMENT INDIQUÉ L'EMPLOI DU MODE ORDINAIRE & UNIVERSEL D'ENSEIGNEMENT DANS SON CONCILE, COMME VOULU FORMELLEMENT PAR LUI, ACTEUR PRINCIPAL DE LA MISE EN ŒUVRE DE L'INFAILLIBILITÉ DANS L'ÉGLISE, ainsi que je le rappelais dans mon précédent article, quoique, il est vrai, il l'ait fait un peu faiblement et dans le brouillard-brouillon, au niveau de la manière de le dire.          
           
        Exactement contrairement à ce qui est dit, en effet, Paul VI, à chaque fois qu'il parle de "pastoralité" quant à Vatican II, contrebalance immédiatement cette "pastoralité" avec... l'emploi qu'il a fait dans le concile du mode magistériel ordinaire & universel, de soi doté de l'infaillibilité. On ne saurait donc honnêtement évoquer la "pastoralité" dont parle Paul VI sans parler EN MÊME TEMPS de l'infaillibilité magistérielle du mode ordinaire & universel, que le pape du concile met explicitement à parité avec cette fameuse (mais surtout fumeuse) "pastoralité" conciliaire. Invoquer la "pastoralité" de Vatican II pour soutenir sa non-infaillibilité est donc exactement faire de la contre-lecture, dire exactement le contraire de ce qu'a dit le pape du concile moderne.
           
        Je rappelle en effet les paroles précises de Paul VI sur le sujet : "Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer selon le mode extraordinaire des dogmes dotés de la note d'infaillibilité… CEPENDANT, LE CONCILE A ATTRIBUÉ À SES ENSEIGNEMENTS L'AUTORITÉ DU MAGISTÈRE SUPRÊME ORDINAIRE, etc." ; et dans cette Audience de mercredi de janvier 1966, il ne faisait que rappeler de mémoire ce qu'il avait dit dans le Discours de clôture du concile lui-même un mois auparavant, en ces termes où, comme on peut le voir, il balance identiquement la "pastoralité" dans Vatican II avec l'emploi... du mode magistériel ordinaire & universel qui y a été fait : "... Mais il est bon de noter ici une chose : LE MAGISTÈRE DE L'ÉGLISE, bien qu'il n'ait pas voulu se prononcer sous forme de sentences dogmatiques extraordinaires, A ÉTENDU SON ENSEIGNEMENT AUTORISÉ à une quantité de questions qui engagent aujourd'hui la conscience et l'activité de l'homme ; il en est venu, pour ainsi dire, à dialoguer avec lui ; ET TOUT EN CONSERVANT TOUJOURS L'AUTORITÉ ET LA FORCE QUI LUI SONT PROPRES, il a pris la voix familière et amie de la charité pastorale".
           
        Autrement dit, exactement contrairement à l'affirmation péremptoire mais totalement fausse de Mgr Viganò, la vérité est celle-ci, et je reprends sa phrase dans le bon sens cette fois-ci : le Législateur, c’est-à-dire le Pontife Romain autour duquel le Concile est convoqué, a solennellement et clairement indiqué qu’il voulait utiliser l’autorité doctrinale PAR LE MODE MAGISTÉRIEL ORDINAIRE & UNIVERSEL, de soi doté de l'infaillibilité.
           
        Et, comme j'en ai fait la démonstration théologique dans mon précédent article, et je ne la referai pas ici, ce mode ordinaire & universel doté de l'infaillibilité a été dûment employé par exemple pour le décret Dignitatis Humanae Personae... dont le contenu doctrinal est pire qu'hérétique, quand la vérité est de dire qu'il est carrément APOSTAT.
           
        Donc, contrairement à ce qu'affirme très-faussement plus loin dans cet interview  Mgr Viganò, à savoir que dans le concile moderne "l'infaillibilité magistérielle avait pourtant été clairement exclue dès le départ", ce qui n'est exact que pour le mode magistériel extraordinaire de définition, l'infaillibilité magistérielle est bel et bien présente dans Vatican II, par le mode ordinaire & universel d'enseignement, très-notamment, justement, pour les pires déviances doctrinales du concile moderne, comme le décret sur la Liberté religieuse.     
           
        Après ces tromperies pénibles de l'évêque, qui faussent radicalement la problématique générale, j'avoue que c'est avec plaisir et réconfort que je vois le laïc réinsister à juste titre, dans sa deuxième question, sur le problème théologique de fond posé par Vatican II, que donc Mgr Viganò veut fuir, parce qu'il révèle que l'Église est plongée dans la Passion du Christ et que donc, nous vivons la période de la fin des temps depuis Vatican II : "Ph. Lawler : Deuxièmement, quelle est la solution ? Mgr Schneider propose qu’un futur Pontife rejette les erreurs ; votre Excellence trouve cela insuffisant. Mais alors comment corriger les erreurs, de manière à maintenir l’autorité du magistère d’enseignement ?"
           
        Très-excellente question, qui remet le waypoint juste où il faut sur la boussole. Mais, continuant à être fort déçu (... et agacé !), je vois Mgr Viganò partir sur une voie de garage en soi pire que la solution entrevue par Mgr Schneider. On ne pouvait du reste que s'y attendre. Puisqu'il pose faussement que Vatican II n'est pas infaillible, alors, partant sur ces mauvaises prolégomènes, il ose soutenir, puisque la Constitution divine de l'Église n'est nullement atteinte par le concile moderne non-infaillible, qu'on pourra, à la discrétion d'un futur bon pape, tirer... la chasse d'eau dessus sans complexe, mais oui, oui, carrément... l'OUBLIER !!! C'est-à-dire sans s'occuper aucunement à corriger les erreurs qu'on trouve dedans, comme aurait voulu le préconiser Mgr Schneider !!! Et repartir avec la Tradition comme s'il n'avait jamais existé !!! Je le cite : "Il appartiendra à l’un de ses Successeurs, le Vicaire du Christ, dans la plénitude de sa puissance apostolique, de reprendre le fil de la Tradition là où il a été coupé. Ce ne sera pas une défaite, mais un acte de vérité, d’humilité et de courage. L’autorité et l’infaillibilité du Successeur du Prince des Apôtres ressortiront intactes et reconfirmées. En fait, elles n’ont pas été délibérément remises en cause lors de Vatican II, alors qu’elles le seraient le jour où un Pontife corrigerait les erreurs que le Concile a engendrées en jouant sur l’équivoque d’une autorité officiellement niée, mais que toute la Hiérarchie, à commencer par les papes du Concile, à subrepticement laissée croire aux fidèles".
           
        Autrement dit, la "solution" de Mgr Viganò est encore plus théologiquement déjantée que celle de Mgr Schneider : oublier radicalement tout Vatican II, comme quelque chose qui n'a JAMAIS existé !!! Comme s'il était possible, voyons, de jeter aux oubliettes du château le PLUS GRAND concile universel légitimement assemblé depuis la naissance de l'Église, cum Petro et sub Petro, composé de 2 500 évêques !!! Je préfère penser que Mgr Viganò n'a pas réfléchi à la "solution" qu'il propose.
           
        Que fait-il, en effet, de l'apostolicitas doctrinae !?, note théologique qui caractérise l'Église, laquelle note, comme le rappelait le cardinal Journet dans L'Église du Verbe Incarné, ne saurait rigoureusement souffrir aucune coupure sans par-là même montrer que l'Église catholique n'est pas d'Institution divine...?? Cher Mgr Viganò, mais à quoi donc servirait à un futur bon Pontife sur le Siège de Pierre de reprendre l'intégralité de la doctrine catholique, après l'apostasie de Vatican II dûment enregistrée dans les annales ecclésiastiques, puisqu'il aura été implacablement prouvé que l'Église a été doctrinalement subvertie une fois dans un concile universel, dans un cadre d'infaillibilité certain, et donc qu'elle a cessé théologiquement d'exister pendant tout ce très-long temps s'écoulant entre le moment dudit concile et le moment où un "saint pape" reprendrait l'intégralité de la bonne doctrine du salut ? Cela ne servirait à rien, convenez-en, sauf à fonder une nouvelle Église du Christ à partir dudit bon pape, une nouvelle fondation ecclésiale qui commencerait avec la reprise doctrinale en main que ferait ce nouveau Pontife romain doctrinalement pur de toute hérésie, ce qui est, il n'y a pas besoin de le préciser, théologiquement impossible.
           
        La solution avancée par Mgr Viganò est donc encore plus fausse que celle de Mgr Schneider.
           
        La note d'Apostolicité, qui relie entre elles sans hiatus chaque génération ecclésiale non seulement par la transmission du sacrement de l'Ordre et de la juridiction mais encore par celle de la doctrine apostolique (comme autant de maillons dans une chaîne ininterrompue qui part du Sein de la Trinité, passe par le Christ, puis s'émane dans le sein du premier Collège apostolique, pour s'épandre dans toutes les générations successives des successeurs des Apôtres, jusqu'à celle actuelle), cette note disais-je, serait en effet détruite, et tout le reste avec elle, avec la "solution" que propose Mgr Viganò. Le cardinal Journet, dans L'Église du Verbe Incarné, expose ainsi la question : "Qu'il y ait faille, et, qu'ensuite, une autre institution, apparemment identique, reprenne la place : il pourra sembler que rien n'est modifié ; en réalité, tout sera bouleversé, et cela d'ailleurs ne tardera pas à paraître. Certes, dans une pareille hypothèse, (…) l'institution qui prétendrait remplacer le corps apostolique et qu'une rupture en séparerait, étant une institution nouvelle, ne saurait être l'institution indéfectible fondée dans le monde par Jésus ; en conséquence, elle n'hériterait d'aucun des mystérieux privilèges attachés par Jésus au vrai corps apostolique ; elle n'aurait qu'une similitude du pouvoir d'ordre, qu'une similitude du pouvoir de juridiction, et qu'une apparence de pérennité. De ce point de vue, la nécessité de la succession ininterrompue du corps apostolique, se perçoit avec évidence. Sans elle en effet, le dernier anneau de la chaîne à laquelle est suspendue l'Église se briserait, l'apostolicité divine de l'Église s'effondrerait" (Essai de théologie spéculative, tome 1 : la Hiérarchie apostolique, ch. X).
           
        Voilà qui condamne et annihile radicalement la solution de Mgr Viganò, qu'il fait consister dans la conversion de l'Église moderne qui reprendrait la Tradition, qui reprendrait la saine doctrine anti-Liberté religieuse et la bonne Messe. Car gardons-nous bien de penser que la note d'Apostolicité a trait seulement à la succession hiérarchique, en vérité elle regarde autant celle doctrinale, comme le même auteur ne manque pas de le préciser un peu plus loin dans son Traité : "Les premiers apologistes ont regardé la preuve par l'Apostolicité comme un moyen permettant de découvrir en même temps où étaient la doctrine divine et la hiérarchie divine. Ils ont en quelque sorte fondu ensemble la question de la continuité de la doctrine (apostolicitas doctrinae) et la question de la continuité de la hiérarchie (apostolicitas hierarchiae). Et il est vrai que ces deux questions sont en réalité étroitement connexes, bien que l'esprit puisse les distinguer l'une de l'autre" (ibidem).
           
        Autrement dit, une hiérarchie ecclésiale qui aurait doctrinalement prévariqué une seule fois, dans un maillon de la chaîne apostolique, en rejetant en corps d'institution moralement un la doctrine des Apôtres, ne serait-ce que sur un point mais un point fondamental, n'est plus du tout, en droit théologique fondamental, et pour cette seule et suffisante raison, en possession de la note d'Apostolicité, même si elle continuerait à rester intacte du côté de l'apostolicitas hierarchiae, en transmettant sans changement la succession apostolique par le sacre et la juridiction (comme c'est très-exactement le cas de l'Église conciliaire). Et bien entendu, cette note une fois, et une SEULE fois, perdue, elle ne se récupère pas. Quand bien même l’église conciliaire déciderait, soixante ans après son rejet doctrinal coupable, de renouer avec l'apostolicitas doctrinae… Voilà le droit théologique fondamental qui annihile radicalement la "solution" de Mgr Viganò...
           
        Comme je le disais en commençant ces présentes lignes, on ne peut fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE", quand la Providence divine l'ordonne pour elle, ce qui est notre cas, qu'en empruntant les voies les plus absurdes et stupides. Malheureusement, et sûrement à son corps défendant et sans en prendre vraiment conscience, c'est la voie que suit présentement Mgr Viganò. Je note sans plaisir par exemple, dans ses réponses à Phil Lawler, une autre vue superficielle, fausse et spirituellement très-malsaine : "Vous me demandez : «Comment les Pères du Concile ont-ils tous pu être trompés ?» Je vous réponds en m’appuyant sur mon expérience de ces années-là et sur les paroles des confrères avec lesquels je me suis confronté. Personne n’aurait pu imaginer qu’au sein du corps ecclésial il y eût des forces hostiles si puissantes et organisées qu’elles pussent réussir à rejeter les schémas préparatoires parfaitement orthodoxes préparés par les cardinaux et les prélats d’une sûre fidélité vis-à-vis de l’Église, en les remplaçant par un conglomérat d’erreurs habilement déguisées dissimulés au sein de discours prolixes et volontairement équivoques. Personne ne pouvait croire que, sous les voûtes de la Basilique vaticane, on avait pu convoquer des états généraux qui décréteraient l’abdication de l’Église catholique et l’instauration de la Révolution (comme je l’ai rappelé dans un de mes écrits antérieurs, le cardinal Suenens a défini Vatican II comme «le 1789 de l’Église»). Les Pères conciliaires ont fait l’objet d’une tromperie spectaculaire, d’une fraude savamment perpétrée avec les moyens les plus  subtils : ils se sont retrouvés en minorité dans les groupes linguistiques, exclus des réunions convoquées au dernier moment, poussés à donner leur «placet» quand on leur faisait croire que le Saint-Père le voulait ainsi. Et ce que les novateurs n’ont pas pu réaliser dans l’Aula Conciliaire, ils l’ont fait dans les Commissions et les Conseils, grâce à l’activisme des théologiens et des experts accrédités et acclamés par une puissante machine médiatique. Il y a une masse énorme d’études et de documents qui témoignent de cette intention systématique malveillante, d’une part, et de l’optimisme naïf ou de la négligence des bons d’autre part. L’activité du Cœtus Internationalis Patrum n’a réussi à faire que peu de chose, voire rien, lorsque les violations du règlement par les progressistes ont été ratifiées à la Table Sacrée".
           
        Une fois de plus, ce que dit Mgr Viganò ne répond pas du tout à la question à la fois spirituelle et théologique de fond, que voici : comment se fait-il que la "barrière immunologique" surnaturelle des Pères Enseignants de toute une génération ecclésiale donnée, ait pu être ainsi abaissée au point que le mysterium iniquitatis puisse subvertir ladite génération ecclésiale et lui faire commettre des actes d'hérésie magistériellement promulgués et sous couvert de l'infaillibilité ecclésiale, de par le mode ordinaire & universel ? Dire que le fait de la subversion a eu lieu, comme le fait Mgr Viganò, ne résout absolument rien du tout : ce qu'il faut expliquer, c'est POURQUOI, malgré la Présence toute-puissante du Saint-Esprit dans un concile universel, cette dite subversion a pu avoir la possibilité de triompher, POURQUOI le fait de la subversion a-t-il pu exister ?
           
        Or, qu'on veuille bien me détromper si je m'abuse, mais je crois bien que je suis le seul à avoir le courage de donner la bonne et vraie réponse dans tout le monde catholique : si la Foi de toute une génération ecclésiale de "membres enseignants" a pu être ainsi spectaculairement et dramatiquement subvertie à Vatican II, c'est parce que les Mœurs de nombreuses générations ecclésiales précédentes étaient déjà subverties depuis plus d'un siècle et demi, à partir du concordat napoléonien. C'est cette subversion des Mœurs qui s'est transvasée insensiblement et surtout occultement, sans que personne ne s'en rende compte, dans la Foi, jusqu'au point d'éclatement crucial et ultime de rupture où la subversion de la Foi par les mauvaises Mœurs ne pouvait que se manifester ad extra, à l'extérieur, après un long et invisible pourrissement ad intra, à l'intérieur de la Foi, comme je l'explique le plus à fond possible dans la grande trilogie d'un de mes derniers articles (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154). Et c'est cela qu'enregistre et manifeste Vatican II : le déchirement brutal du voile, Vatican II fut le révélateur de cette lente corruption de la Foi ad intra par les mauvaises Mœurs ecclésiales adoptées dès le concordat napoléonien, puis tous ces concordats suivants contre-nature du XIXème siècle et du début du XXème siècle passés entre l'Église et des États post-révolutionnaires désormais tous constitutionnellement athées. Car l'Église reconnaissant, par la technique concordataire, la validité de ces sociétés politiques droitdel'hommistes d'essence satanique, ces "filles de Babylone" (Louis Veuillot), ne pouvait qu'en adopter les mœurs mauvaises, tant il est vrai que si je ne vis pas comme je pense, je finirais tôt ou tard par penser comme je vis.
           
        La raison essentielle et principale de la subversion des "membres enseignants" à Vatican II ne réside donc absolument pas, comme l'imaginent d'une manière complotiste très-malsaine Mgr Viganò et tant d'autres esprits conservateurs avec lui, vivant leur Foi dans l'obscurantisme et l'inintelligence profonde des assises de "la crise de l'Église", dans des forces ténébreuses qui auraient soi-disant le pouvoir de subvertir naturellement l'Église (cette thèse, en effet, est parfaitement hérétique, en cela qu'elle donne en soi une force victorieuse aux puissances du mal pour renverser l'Église, comme si, ... ô blasphème !, Satan était plus fort que le Christ), c'est l'Église ELLE-MÊME qui a perverti ses Mœurs, par la pratique concordataire pontificale avec des sociétés politiques constitutionnellement athées, dont elle a été subséquemment obligée d'épouser les Mœurs athées. Vatican II a été la fin de cet écartèlement contre-nature entre la Foi et les Mœurs vécu depuis le concordat napoléonien pendant tout le XIXème siècle et le début du XXème, en faisant correspondre désormais les mauvaises mœurs avec... la mauvaise Foi (Liberté religieuse).
           
        On me dira sans doute que je ne fais là que reculer le problème de fond : si l'explication que je donne de la corruption de la Foi à Vatican II est vraie, et elle est vraie, c'est-à-dire s'il est vrai que ce sont les Mœurs mauvaises de l'Église adoptées par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées qui ont fini par pervertir radicalement la Foi de l'Église à Vatican II, alors, comment est-il théologiquement possible que les Mœurs de l'Église aient pu être, elles aussi, elles les premières, perverties de par le Concordat napoléonien qui est LE VATICAN II DES MŒURS, puisqu'aussi bien, le charisme de l'infaillibilité est donné par le Christ à son Église autant pour les Mœurs que pour la Foi, l'Église étant en effet infaillible non pas seulement pour la Foi mais aussi, à parité, pour les Mœurs ?
           
        Voilà en effet une très-excellente question, et moi, avec le courage de la Foi, je vais donner la bonne réponse, je ne vais pas fuir, fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". La réponse réside dans un adage antique : Jupiter commence par rendre fous ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. Dieu met un voile d'aveuglement dans l'esprit des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, qu'elle soit celle des Mœurs avec Pie VII ou celle de la Foi avec Paul VI, pour que, aveuglés, ils mettent l'Église qu'ils représentent, sans faute aucune de leur part (croyant même faire le mieux du mieux en faisant le pire du pire), dans l'économie de la Passion du Christ qui consiste essentiellement à "être fait péché pour le salut", par des actes magistériels matériellement mauvais. Ils sont ainsi "perdus", de Volonté divine (il ne s'agit pas bien sûr d'une perdition éternelle, mais d'une perdition temporelle, dans la figure du monde qui passe, comme celle du Christ perdu, abandonné par son Père sur la croix, et mourant). Parce que cette Heure fatidique décrétée par la Providence divine, dont a parlé le Christ lorsqu'Il eut à vivre et mourir sa Passion ("Voici l'heure et la puissance des ténèbres" ― Lc XXII, 53), est venue, pour l'Épouse comme pour l'Époux. Et c'est pourquoi "Jupiter" aveugle l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée de toute Éternité à faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion : pour qu'elle soit "faite péché pour notre salut", ce qui est l'essence même de la Passion. Et depuis 1801 quant aux Mœurs et depuis 1965 quant aux Mœurs & à la Foi, nous vivons une Église "faite péché pour le salut". Et nous allons le vivre usque ad mortem, car une fois cloué sur le bois de la croix, le Christ "fait péché pour notre salut" ne fut pas décloué (... il n'y aura donc pas de bon pape reprenant la bonne doctrine, comme le voudrait Mgr Viganò, après le clouement doctrinal de l'Église à et par Vatican II...). Cette mort de l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre, aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, tel qu'annoncé par les saintes Écritures infailliblement. Puis, enfin, viendront le Christ Jésus en Gloire et son Royaume glorieux...
           
        Je n'ai plus rien à dire, sauf ceci : Mgr Viganò et Mgr Schneider sont de bons et édifiants "lanceurs d'alerte", je les estime sincèrement et ai grand respect pour eux, car, en tant que prêtres du Seigneur, ils ont su faire humblement et publiquement machine arrière et tâcher, tant bien que mal, de reprendre le flambeau de la vraie Foi, à la face de toute l'Église, alors qu'ils étaient déjà propulsés très-loin dans les nuées modernistes par le tremplin de Vatican II. Réagir, même imparfaitement (comme je suis hélas obligé de le dire dans ce présent article, pas par plaisir, de Mgr Viganò, et il y aurait aussi beaucoup de choses à redire quant à Mgr Schneider), après cinquante ans de tromperie ecclésiale dont on est victime, est peut-être beaucoup plus méritoire aux Yeux du Seigneur que réagir aux lendemains même du concile moderne sans en être soi-même aucunement contaminé, ce qui fut le cas des premiers traditionalistes.
           
        Mais je dis qu'il faudrait qu'ils aient le courage maintenant d'aller jusqu'au bout de leur conversion, au bout de la Foi, qui leur révèlera que la "crise de l'Église" s'épèle "PASSION DE L'ÉGLISE", qu'elle est dernière, vraiment "la der des der", et de nature apocalyptique.
           
        Fasse le Ciel que mon présent écrit, rédigé ad aedificationem et non ad destructionem, leur vienne en aide.
           
        J'ai cité plus haut la Parole de Jésus, lorsqu'Il eut à embrasser sa propre et personnelle Passion, seul, sans aucun Apôtre ni disciple avec Lui, pour L'aider à le faire : "Que ce calice s'éloigne de Moi !", gémit-Il atrocement, seul, abominablement tout seul devant son Père, avec juste un Ange pour L'aider à ne pas en mourir... car il s'agissait, et Jésus en avait bien entendu une affreuse conscience, d'être "fait péché". C'était... "pour le salut" ? Certes !, certes !, mais il s'agissait bel et bien d'être FAIT PÉCHÉ pour cedit salut universel. Et c'était insupportable. La tension spirituelle de Jésus pour l'accepter, fut extrême, et normalement, sans l'aide de l'Ange, aurait dû Le faire mourir sur place, tout-de-suite, là, dans la grotte de Gethsémani, cette tension fut si forte qu'elle se transmit de l'âme au corps, à sa nature humaine parfaite de Fils de l'Homme, comme une onde de choc pire qu'un tsunami dévastateur, c'est elle qui est la cause de cette hématidrose, cette suée de sang qu'Il subit alors par éclatement général de tous les petits vaisseaux sanguins sous-cutanés...
           
        Combien tous, certes, nous avons envie d'en dire autant : oui, que le calice de la Passion de l'Église qui se montre devant nos yeux, s'éloigne de nous !
           
        Nous voulons tous vivre dans la gloire que donne la Vérité de la Religion, tous nous dirions bien volontiers comme la mère des apôtres Jacques et Jean, Donne-moi, Seigneur, un trône de gloire à ta droite et à ta gauche dans ton Royaume. Mais Jésus répond immédiatement, du tac au tac : "POUVEZ-VOUS BOIRE LA COUPE QUE JE VAIS BOIRE ?" C'est en effet la condition sine qua non pour avoir droit à ce trône de gloire. Et de nos jours, cela consiste à épouser "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Saint Basile (330-379) a un bon commentaire sur ce qu'est cette fameuse coupe ou calice de la Passion, qu'Origène voyait comme une figure entière de la Passion : "«Que rendrai-je au Seigneur ?» (Ps CXV, 12). Non pas des sacrifices, ni des holocaustes, ni les observances du culte légal, mais ma vie elle-même tout entière. Et c'est pourquoi, dit le psalmiste, «j'élèverai la coupe du salut» (v. 13). Le labeur qu'il a enduré dans les combats de sa dévotion filiale envers Dieu et la constance par laquelle, jusqu'à en mourir, il a résisté au péché, le psalmiste appelle cela sa coupe. C'est à propos de cette coupe que le Seigneur lui-même s'exprime dans les évangiles : «Père, s'il est possible, que cette coupe passe loin de moi» (Matth XXVI, 39). Et encore aux disciples : «Pouvez-vous boire la coupe que je vais boire ?» Il voulait parler de cette mort qu'il voulait souffrir pour le salut du monde. C'est pourquoi, dit-il, «j'élèverai la coupe du salut», c'est-à-dire, je suis tendu de tout mon être, assoiffé, vers la consommation du martyre, au point que je tiens les tourments endurés dans les combats de l'amour filial pour un repos de l'âme et du corps, et non une souffrance. Moi-même donc, dit-il, je m'offrirai au Seigneur, comme un sacrifice et une oblation (…). Et je suis prêt à témoigner de ces promesses devant tout le peuple, car «je tiendrai mes promesses au Seigneur, oui, devant tout son peuple !» (v. 14)".
           
        Pour toute âme fidèle de nos jours, cette coupe ou calice consiste à ne pas FUIR, lorsque la réalité de la Passion se présente à nous, une Passion qui désormais, de nos jours, est... ecclésiale.
 
En la fête de Notre-Dame des Anges,
ce 2 août 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
02-08-2020 09:17:00
 

La très-moderniste argumentation historiciste des conservateurs (Brandmüller, Brambilla, Schneider, etc.)

 
 
 
La très-moderniste argumentation historiciste
des conservateurs (Brandmüller, Brambilla, Schneider, etc.)
pour prétendument justifier théologiquement
le concile Vatican II
 
           
        C'est une vérité catholique incontestable et de Foi, de fide, que la lettre magistérielle d'un concile universel est faite sous l'inspiration du Saint-Esprit pour être intelligible directement et immédiatement par tous les fidèles. Les plus simples parmi eux, même, mais oui, le bredin du village, sont théologiquement censés être enseignés directement et immédiatement par la lettre obvie du texte magistériel à leur niveau simple d'entendement, même si celui-ci est très-rudimentaire et extrêmement limité, sans avoir aucunement à être initiés de quelque manière et à quelque niveau que ce soit pour la bonne compréhension surnaturelle du texte. Soutenir le contraire, soutenir qu'il faut absolument une initiation très-complexe de la situation historique et sociologique dans laquelle s'est insérée la parole magistérielle de l'Église lorsqu'elle a été prononcée, pour pouvoir comprendre son vrai sens, comme le font actuellement les conservateurs en invoquant l'historicisme pour comprendre Vatican II, est ni plus ni moins faire du Magistère ecclésial une pure gnosis réservée aux cathares, qui doit obligatoirement recevoir une clef d'herméneutique pour pouvoir être déchiffrée, déverrouillée dans l'intelligibilité authentique de son contenu. Ceci est parfaitement hérétique (et de la pire des hérésies, celle moderniste)... mais c'est précisément cette hérésie que nous proposent actuellement les conservateurs pour tâcher de dédouaner Vatican II de son caractère hérétique formel indéniable.
           
        Un théologien tradi de la première génération avait fort bien exprimé la chose, avant que lui aussi, las !, ne vire sa cuti et appelle noir ce qui est blanc et blanc ce qui est noir. Je parle de l'abbé Bernard Lucien, qui réfutait ainsi le P. de Blignières qui avait déjà, à l'époque, c'est-à-dire dans les années 1988, versé dans l'historicisme pour lire Vatican II : "Il est indispensable de se référer avant tout au texte même de l'Autorité, car c'est lui qui est normatif pour tout fidèle. Le texte doit être reçu dans le sens voulu par l'Autorité ; MAIS CE SENS EST CELUI QUI EST OBJECTIVEMENT SIGNIFIÉ DANS ET PAR LE TEXTE. C'est là une donnée essentielle, qui a été plus qu'obscurcie, comme beaucoup d'autres, par le relativisme et l'historicisme des néo-modernistes infiltrés dans l'Église : le contexte historico-social est tout ; le texte, à la limite, n'est plus rien. Le P. L.-M. de Blignières est malheureusement victime de cette tendance, à l'état naissant, lorsqu'il affirme : «l'étude des débats et des relations officielles est nécessaire à la juste compréhension des textes conciliaires». Ériger en nécessité de principe ce qui peut être utile, stimulant, fructueux, ce qui peut apporter des lumières originales sur des points secondaires, périphériques ou anecdotiques : voilà le premier pas de la déviation. (...) En vérité, c'est en droit que l'étude dont nous parle le P. de Blignières [qui porte sur le contexte historique des mots employés dans la Liberté religieuse] n'est pas nécessaire pour la juste compréhension du texte magistériel, du moins dans ce qu'il enseigne directement et qui est formellement garanti par l'assistance divine. Car d'une part cela [le sens théologique exact] est par nature signifié dans le texte, et d'autre part, en vertu de la lumière de la foi, le fidèle se trouve en communion intelligible avec le Magistère dans la Vérité qui se révèle en utilisant l'énoncé magistériel comme instrument. LE THÉOLOGIEN ARCHIVISTE, PAS PLUS QUE LE THÉOLOGIEN HISTORIEN, NE PEUT ÊTRE UN INTERMÉDIAIRE ENTRE LE MAGISTÈRE ET LE CROYANT" (abbé Bernard Lucien, La Liberté religieuse, pp. 23-24 & note 16).
           
        La lecture historiciste des textes magistériels de Vatican II est donc une argumentation parfaitement moderniste pour tâcher de blanchir à la chaux ce concile formellement hérétique, elle n'a même pas besoin d'être réfutée tellement le caractère hérétique formel de la méthode est évident. Cependant, attention !, je ne veux pas dire, bien sûr, que la méthode historiciste n'a aucune valeur en elle-même, elle peut en avoir effectivement beaucoup pour expliquer certaines contradictions dans des enseignements magistériels sur des points doctrinaux secondaires non-dotés de l'infaillibilité ecclésiale, mais JAMAIS dans des enseignements magistériels ayant trait au Dogme, et donc de soi dotés de l'infaillibilité, comme on en trouve à Vatican II. Car ce serait alors supposer que le Dogme immuable s'efface derrière la contingence historique mouvante et accidentelle, et donc, dans les dernières déductions théologiques du raisonnement, mettre antichristiquement l'homme au-dessus de Dieu par anthropocentrisme. Benoît XVI a voulu pouvoir dire, dans son Discours de 2005, que les contradictions qu'on trouve dans Vatican II ne touchent qu'à la contingence historique accidentelle, mais pas au Dogme. Il a tort. Ces contradictions du concile moderne touchent en plein au Dogme, et je vais le montrer tout-à-l'heure.
           
        Pourquoi, en effet, les conservateurs vont-ils chercher l'historicisme pour lire Vatican II ? La réponse est très-inquiétante mais bien connue désormais de tous : parce qu'il appert des textes magistériels eux-mêmes du concile moderne non seulement des ambigüités ou plus exactement dit des ambivalences amphibologiques qui permettent objectivement une lecture favens haeresim de l'enseignement conciliaire, mais, pire, carrément des erreurs ou des hérésies, comme je l'ai, il me semble, bien montré dans mon dernier article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=154). Tout le monde maintenant en prend peu ou prou conscience, même les plus "rangés" des grands-clercs, cependant avec des réactions chez les uns et les autres, fort différentes, et qui, hélas toujours, refusent d'aller au fond vrai du problème.
           
        Justement, je viens de lire le dernier travail de Mgr Athanasius Schneider Quelques réflexions sur le Concile Vatican II et la crise actuelle de l'Église, et je vois qu'il voudrait assimiler cesdites erreurs qu'on trouve dans Vatican II à de simples variations de doctrine sur des questions disciplinaires secondaires, comme on a pu en trouver dans le passé de l'Église sans que cela pose aucun problème théologique de fond insoluble : par exemple, sur le sacrement de l'Ordre, le pape Pie XII avait corrigé l'opinion qui se trouvait pourtant formulée dans le concile de Florence ; ou encore, il cite le pape Martin V approuvant le concile de Constance jusque dans sa proposition hérétique du conciliarisme, alors que son successeur le pape Eugène IV ne ratifiera pas cette proposition hérétique... Et d'en déduire le plus faussement possible, sur l'air de : tout va très-bien Madame la Marquise ! (cf. https://www.youtube.com/watch?v=LEwMIN3nDqM,), que l'on pourra faire la même chose avec Vatican II : un Vatican troisième du nom (III) pourrait par exemple réviser les erreurs qu'on trouve dans Vatican II et les envoyer à la poubelle sans problème ! C'est ce qu'avait déjà exposé il y a quelques années un certain Mgr Gherardini, que j'avais réfuté en 2012, c'était mon tout premier article (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-notation-non-infaillible-du-concile-vatican-ii-selon-mgr-gherardini-du-grand-n-importe-quoi-moderniste?Itemid=154).
           
        Nulle analogie, en vérité, n'est plus spécieuse et mensongère que celle-là, ainsi que je vais le montrer.
           
        Pour commencer ma démonstration, je vais continuer sur la lancée du propos de Mgr Schneider, je dirai qu'on peut citer bien d'autres exemples tirés de l'Histoire ecclésiastique montrant des "défaillances" magistérielles de cet ordre-là, purement secondaire, dont parle notre évêque conservateur, c'est-à-dire qui n'ont pas trait direct et immédiat avec le noyau dogmatique fondamental, comme c'est le cas formel à Vatican II. Lorsque je rédigeais L'Impubliable, il y a plus de vingt ans maintenant... Dieu, que le temps passe vite !, j'en avais noté non-exhaustivement plusieurs autres (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf) :
           
        1/ Au VIIIème siècle, l'Histoire enregistre l'intrusion sur le Siège de Pierre, d'un... simple laïc, l'antipape Constantin II, qui, homme riche et puissant, réussit, après avoir reçu les ordres à toute vitesse quasi sacrilègement, à se maintenir quelque temps dans le Saint-Siège, mais qui fut ensuite destitué manu militari (pour le punir de son sacrilège, on lui creva les yeux, et peut-être lui coupa-t-on en même temps la langue, les oreilles et le nez, à la délicieuse mode gréco-byzantine d'alors...) ; l'épisode fit un tel scandale dans l'Église d'alors que le pape suivant, légitimement intronisé quant à lui, prit un solennel décret pour réserver le Siège de Pierre désormais uniquement à des clercs tirés du sein de l'église romaine sous peine d'invalidité de l'élection pontificale ; or, depuis ce décret, il y eut plusieurs papes légitimement élus qui ne furent pas tirés de l'église romaine (je ne citerai ici que le pape flamand d'Utrecht Adrien VI, 1459-1523... sans parler d'un certain polonais).
           
        2/ Le pape Nicolas II (1059-1061) prit lui aussi un décret, fait avec cent vingt-cinq évêques ainsi qu'avec le moine Hildebrand lui-même, alors archidiacre, ... le futur pape saint Grégoire VII s'il vous plaît !, où il déclarait soumettre les élections pontificales à l'approbation de l'empereur allemand, sous peine d'invalidation. Inutile de dire que ledit décret fut annulé par la suite, comme parfaitement contraire à la pureté des élections pontificales. Et saint Anselme, dans un livre de réfutation, de commenter : "... Le pape Nicolas II était homme, il a pu faillir par surprise ; le pape Boniface II (530-532) fit de même dans un décret qui fut annulé après sa mort comme contraire aux saints-canons" (Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XIV, p. 257). Saint Anselme fait ici allusion au décret par lequel Boniface II nomma son successeur, ce qui était là aussi contraire à la législation canonique en vigueur quant aux élections pontificales dans les temps ordinaires de l'Église ; l'historien Rohrbacher en dit ceci : "En vertu de ce décret, signé des évêques, Boniface les obligea de reconnaître pour son successeur le diacre Vigile. Il voulait probablement soustraire l'élection du pape à l'usurpation du roi ; mais en même temps il l'ôtait à l'Église" (ibid., t. IX, p. 88).
           
        3/ Le pape Jules II (1503-1513), quant à lui, prit un décret "valable à perpétuité" (!), ratifié par le concile de Latran, qui déclarait nulle toute élection pontificale faite par   simonie ; ce décret fut cependant annulé par le pape saint Pie X, qui garda dans sa constitution apostolique sur les élections pontificales l'excommunication des fauteurs simoniaques d'une telle impure élection au Siège de Pierre, mais annula l'invalidité de ladite élection pontificale faite par simonie, décrétée par Jules II, afin, dit-il avec tant de justesse théologique, "d'ôter un prétexte d'attaquer la valeur de l'élection du Pontife romain"...
           
        Il y a sûrement d'autres "contradictions" ou "défaillances" magistérielles de cet acabit-là dans l'Histoire ecclésiastique (la plus "célèbre", et qui a fait le plus de mauvais bruit chez les tradis, est celle de l'énergumène pape Paul IV et de sa fameuse ou plutôt fumeuse bulle, où, dans le § 6, il osait le plus hérétiquement du monde invalider une élection pontificale approuvée par l'unanimité des cardinaux... alors que les cardinaux dans leur majorité canonique des deux/tiers agissent toujours in Persona Ecclesiae dans toute élection pontificale, et que donc, sous mouvance directe du Saint-Esprit, ils ne sauraient jamais faire une élection pontificale invalide, leur approbation canoniquement unanime du nouveau pape étant même la règle prochaine de la Légitimité pontificale !... ce que, soit dit en passant, les sédévacantistes n'ont pas encore compris). Mais elles sont toutes dûment corrigées, et surtout théologiquement réparées, si l'on se replace dans la contingence historique qui les a vues naître et mourir, comme je le faisais remarquer dans les dernières pages de L'Impubliable. Et justement, ici, la méthode historiciste s'applique en toute légitimité et très-valablement, pour solutionner et réparer ces problèmes. PARCE QUE CESDITES ERREURS NE CONCERNENT PAS LE NOYAU DOGMATIQUE DE LA FOI, QU'ELLES EN SONT AU CONTRAIRE FORT ÉLOIGNÉES ; OU ALORS QU'UNE CERTAINE NON-LIBERTÉ DE L'ÉGLISE, UNE TENSION HISTORIQUE QUI MIT TEMPORAIREMENT L'ÉPOUSE DU CHRIST SOUS "LA PUISSANCE DES TÉNÈBRES", EXPLIQUE CES DÉFAILLANCES ACCIDENTELLES.
           
        Il y a d'ailleurs des "contradictions" doctrinales magistérielles qui n'en sont pas vraiment, et qui manifestent seulement que l'Église n'est pas (encore) éclairée par le Saint-Esprit sur tel ou tel point du dogme. Par exemple, pour la légitimité pontificale, le nouvel élu au Siège de Pierre est-il vrai pape, verus papa, dès qu'il a dit "oui" à son élection dans l'aula conclavique, ou alors, faut-il attendre, pour qu'il soit vraiment vrai pape, son couronnement-intronisation à la face de l'Église Universelle, dans la cérémonie très-solennelle qui a rituellement lieu le dimanche dans l'octave de l'élection ? La réponse n'est pas vraiment sûre, ainsi que je l'expliquais dans certaines pages de L'Impubliable : si les papes des temps modernes ont tous opté, dans leurs constitutions sur les élections pontificales, pour le premier palier (par exemple : Pie XII), les papes d'Ancien-Régime ne sont pas rares, eux aussi dans des bulles, à avoir opté pour le second palier, au point même de supprimer de la liste officielle des papes des successeurs de Pierre qui avaient pourtant été légitimement élus au souverain Pontificat dans un conclave valide mais qui étaient morts avant d'être intronisés. Il serait évidemment totalement vain de voir une "contradiction" magistérielle insoluble entre les deux opinions.
           
        Mais pour en revenir aux cas où l'on détecte vraiment de la contradiction apparente, je n'arguerai que sur l'exemple donné par Mgr Schneider, celui du pape Martin V "corrigé" par son successeur le pape Eugène IV. L'Histoire ici, nous donne la clef pour tout comprendre. Martin V est le pape dont la très-difficile élection au Siège de Pierre éteignit le grand-schisme d'Occident. Or, ce grand désordre au niveau du Siège de Pierre qui dura pas loin d'un demi-siècle avait permis à des prélats corrompus et subversifs d'attenter à la fonction pontificale suprême elle-même en déclarant dans le concile de Constance la doctrine du conciliarisme, c'est-à-dire que le concile général ou universel aurait une autorité supérieure à celle du pape, ce qui était ni plus ni moins vouloir démocratiser l'Église (soit dit en passant, l'évêque Cauchon faisait partie de cette camarilla épiscopale franc-maçonne avant la lettre, et lorsque Jeanne notre divine Pucelle invoqua "l'appel au pape" de sa cause, elle frappa de plein fouet la malice subversive de Cauchon, en remettant publiquement en montre la théocratie pontificale, sans même s'en douter dans son innocence et la grande pureté de sa Foi...). Or, un simple examen du contexte historique nous permet aisément de comprendre pourquoi le pape Martin ne put pas condamner explicitement et publiquement cette hérésie conciliariste quoiqu'ayant la formelle intention de vouloir le faire : c'est parce que les subversifs anti-pontificaux s'étaient montrés avec une telle puissance d'influence dans l'Église à la fin du grand-schisme d'Occident, où la papauté et les cardinaux avaient été si (justement) décriés dans tout l'univers catholique, que condamner le conciliarisme ouvertement, anathème à l'appui, n'était pas possible : les méchants se seraient rebiffés avec hauteur et auraient risqué de créer, la gravissime crise du grand-schisme d'Occident à grand'peine terminée, une autre crise encore plus grave.
           
        Comprenant cela, l'intelligent pape Martin préféra faire silence sur le décret hérétique conciliariste de Constance, mais il ne faut pas faire de l'argumentum ex silentio une approbation par le pape Martin de la doctrine du conciliarisme, comme a l'air de l'insinuer Mgr Schneider dans son texte, il s'en faut de beaucoup, quand ce bon pape n'attendait qu'une chose : l'étouffer dans l'œuf, mais souffrant de ne pouvoir point le faire, lui personnellement, dans la situation concrète de l'Église quand il occupa le Siège de Pierre. Mû par la sagesse du Saint-Esprit, il laissa donc le soin à son successeur le pape Eugène de le faire, et celui-ci le fit sans tarder, quoiqu'étant lui-même toujours aussi persécuté par les tenants hérétiques du conciliarisme. Le contexte historique bien étudié permet ici, comme on le voit, de bien saisir qu'en fait, il n'y a nulle contradiction entre Martin et Eugène, il n'y eut qu'un contexte historique différent où un pape ne condamna pas le conciliarisme parce qu'il ne le pouvait pas sans grands risques quoique voulant le faire, et où un pape suivant le condamna parce qu'il le put. Mais dans les deux papes, il y a la même volonté de condamner l'hérétique conciliarisme. Ainsi donc, in casu, la méthode historiciste est ici très-positive : elle nous fait comprendre que la contradiction qu'on trouve au for externe entre les papes Martin et Eugène est apparente seulement, mais non-réelle.
           
        Or, avec les décrets doctrinalement peccamineux de Vatican II, nous ne sommes PAS DU TOUT dans ce cas de figure d'apparentes contradictions doctrinales qui en vérité ne sont pas réelles. Comme voudraient le croire à toutes forces de mensonges éhontées les conservateurs... à commencer par le pape Benoît XVI dans son Discours de 2005, ainsi que je l'ai montré dans mon dernier article. TOUT AU CONTRAIRE, avec Vatican II nous sommes dans le cas de figure d'un attentat direct et immédiat contre le noyau dogmatique de la Foi au plus haut niveau, au niveau couvert de soi par l'infaillibilité ecclésiale. Un contexte historique ne peut donc absolument pas réparer sanatio in radice l'hérésie majeure qui, même, si l'on va au fond du raisonnement théologique, est de l'apostasie radicale, qu'on trouve dans certains textes vaticandeux.
           
        Le cardinal Brandmüller dans son délayage d'explication par l'historicisme des hérésies majeures qu'on trouve dans Vatican II, voudrait par exemple, à propos de la Liberté religieuse, qu'il n'y ait aucune contradiction doctrinale antinomique entre elle et les condamnations des papes du XIXème siècle. Je commence par le citer : "Le Syllabus errorum (comme précédemment déjà l’encyclique Mirari vos de Grégoire XVI) visait à réfuter philosophiquement la prétention à l’absolutisme de la vérité, spécialement de la vérité révélée à travers l’indifférentisme et le relativisme. Pie IX avait souligné que l’erreur n’a pas de raison d’être par rapport à la vérité. Dignitatis humanae, par contre, part d’une situation complètement différente, créée par les totalitarismes du XXe siècle qui, à travers la contrainte idéologique, avaient dénigré la liberté de l’individu, de la personne. De plus, les pères de Vatican II avaient sous les yeux la réalité politique de leur époque qui, dans des conditions différentes, mais pas dans une moindre mesure, menaçait la liberté de la personne. C’est pourquoi, au centre de Dignitatis humanae, il n’y avait pas l’intouchabilité (incontestée) de la vérité, mais la liberté de la personne de toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse. (...) En résumé : le Syllabus défendait la vérité, Vatican II la liberté de la personne" (fin de citation).
           
        Il n'y aurait effectivement aucun problème théologique, cardinal Brandmüller, si, et seulement si, la liberté de la personne humaine au for public, qui est le fondement doctrinal de la Liberté religieuse, n'attentait pas de soi, ex se, à... la Liberté de Dieu de régner sur la personne humaine au for public, donc à la Vérité de Dieu. Si la Liberté religieuse telle qu'elle est magistériellement formulée, professée et promulguée dans Vatican II n'attentait pas de soi, ex se, au Droit de Dieu de régner sur l'homme dans le for public, qui est la Vérité de Dieu, alors, effectivement, il y aurait "intouchabilité de la vérité", comme vous dites. Or, IL N'EN EST RIEN, la doctrine de la Liberté religieuse touche de soi, ex se, à ce Droit de Dieu, et donc à sa Vérité, cette même Vérité dont justement les papes Grégoire XVI et Pie IX ont condamné ceux qui attentaient contre elle... et qui donc, condamnent... les Pères de Vatican II.
           
        Car il n'y a même pas besoin d'aucune démonstration théologique pour prouver cet attentat formel des Pères de Vatican II contre la Vérité défendue par les papes du XIXème siècle, cela résulte en effet de... l'évidence même des choses. C'est en effet PAR LE SEUL FAIT MÊME, ipso-facto, de déclarer la liberté absolue de la personne humaine au for public par rapport à la Vérité, puisqu'on prétend la libérer de "toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse", qu'on attente très-véritablement EN MÊME TEMPS à la Liberté de Dieu de régner sur l'homme au for public, et donc à sa Vérité. Contrairement à ce que vous dites, cardinal Brandmüller, il y a donc "touchabilité" (pardon) de la Vérité de Dieu dans Dignitatis Humanae Personae, par le fait même, ipso-facto, de professer la Liberté religieuse, telle qu'elle est enseignée magistériellement dans ledit décret. Ce que les Pères de Vatican II n'ont pas compris, c'est que dégager l'homme de toute contrainte extérieure pour la profession religieuse, le dégage non pas seulement de l'inique contrainte étatique ou venant de l'homme, MAIS LE DÉGAGE AUSSI ET EN MÊME TEMPS DE LA JUSTE CONTRAINTE DU DROIT DE DIEU DE RÉGNER SUR LUI (au moyen de ce fameux "joug" dont parle Jésus dans l'Évangile, un "joug" qui n'est pas du tout un esclavage mais au contraire la seule et véritable libération de l'homme). En professant une Liberté religieuse absolutiste, comme ils l'ont formellement fait dans Dignitatis Humanae Personae, les Pères modernes ont donc en même temps supprimé la contrainte illégitime de l'État sur l'homme... ET SUPPRIMÉ ÉGALEMENT CELLE LÉGITIME DE DIEU SUR L'HOMME. Donc, je dirai, moi, en résumé cette fois-ci vrai de la question, contrairement à vous cardinal Brandmüller : Le Syllabus défendait la vérité ; Vatican II dans la Liberté religieuse, attaquait et attentait à cette même vérité.
           
        La raison théologique fondamentale de ce que je viens de dire, à savoir que l'affirmation de la liberté absolue de l'homme au for public par la Liberté religieuse supprime par le fait même, ipso-facto, le Droit et la Liberté de Dieu de régner sur l'homme au for public, est très-simple : l'homme est une déité, une forme divine. Ainsi créé par Dieu comme tel, il est très-véritablement un dieu, comme d'ailleurs Jésus le rappelle sans équivoque dans l'Évangile, ne faisant d'ailleurs que citer de mémoire le Ps LXXXII : "N'est-il pas écrit dans votre Loi : «J'ai dit : vous êtes des dieux» ? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l'Écriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : «Vous blasphémez», parce que j'ai dit : «Je suis le Fils de Dieu» ?" (Jn X, 34-36). Notons bien que les interlocuteurs à qui Jésus, maître de Vérité, fait cette révélation, sont, non pas ses Apôtres, mais des pharisiens haineux de Sa mission rédemptrice, dont on peut supposer à tout le moins que certains d'entre eux n'étaient pas en état de grâce ; ce qui signifie que Jésus, en rappelant aux pharisiens qu'ils étaient des dieux, ne faisait pas là allusion à la grâce divine résidant dans les justes, mais à la structure métaphysique de tout homme né en ce monde (ce que son propos d'ailleurs explicite très-bien : les dieux, dit Jésus, sont ceux à qui la Parole de Dieu est adressée, donc les dieux sont tout homme, car Dieu adresse sa parole à tout homme même à celui qui ne la reçoit pas, parce qu'Il "veut que tous les hommes soient sauvés", les dieux ne sont donc pas seulement ceux qui ont reçu et approuvé cette dite Parole de Dieu à eux adressée, dans la vie de la grâce, receptus et probatus).
           
        Or, métaphysiquement, un seul dieu peut régner dans un cosmos donné. Si donc, comme le veut formellement la doctrine vaticandeuse de la Liberté religieuse, je veux que l'homme, qui est un dieu ou déité, règne absolument dans le for public par le signe topique de la liberté absolue à lui accordée en matière de foi religieuse, alors, par le fait même, ipso-facto, sans même que j'ai besoin d'en apporter explicitement la précision théologique, j'interdis formellement au Dieu Transcendant, au vrai Dieu, de régner dans ce même cosmos dès lors absolument occupé par un dieu qui n'est pas Dieu. Autrement dit, la Liberté religieuse, en proclamant le règne de l'homme au for public, déclare par-là même formellement, quand bien même c'est seulement implicitement, le non-Règne de Dieu dans ce même for public, quoique les Pères modernes n'aient pas du tout eu conscience de cette conséquence théologique obligée en promulguant le décret de la Liberté religieuse. Et voilà en quoi la doctrine, ou plutôt, pour appeler les choses de leur vrai nom, l'anti-doctrine de la Liberté religieuse, est une hérésie à caractère formel (c'est même plus exactement dit, une vraie apostasie, puisqu'elle supprime absolument Dieu du for public ― je vais y revenir).
           
        Voilà une évidence théologique que ne comprend absolument pas le cardinal Brandmüller, qui ose écrire : "C’est pourquoi, au centre de Dignitatis humanae, il n’y avait pas l’intouchabilité (incontestée) de la vérité, mais la liberté de la personne de toute contrainte extérieure en matière de conviction religieuse". Mais justement : par le fait même, ipso-facto, de déclarer la liberté absolue de la personne au niveau religieux dans le for public, de TOUTE contrainte, on touche incontestablement à la vérité qui est Dieu en lui interdisant de régner sur l'homme au for public. Si je dis : je déclare la liberté religieuse de la personne humaine au for public, c'est très-exactement comme si je disais : je déclare la touchabilité de la vérité très-incontestablement, j'attente formellement à l'existence de Dieu dans le for public religieux. Ce sont deux propositions théologiquement absolument IDENTIQUES. La seconde proposition faite à partir de Dieu est un gant à l'envers retourné à l'endroit, et qui révèle toute son hérésie, que ne révèle pas immédiatement le gant à l'envers, c'est-à-dire lorsque les choses sont exposées à partir de l'homme, comme dans le décret sur la Liberté religieuse. Et voilà tout le drame du concile moderne, c'est de n'avoir pas saisi ce qui est pourtant une évidence théologique et métaphysique fondamentale, à savoir que proclamer le droit de l'homme dans un cosmos donné est par le fait même, ipso-facto, y déclarer le non-Droit de Dieu...
           
        Certains ont voulu dire que dans le Préambule du décret Dignitatis Humanae Personae, les Pères ont formulé explicitement une phrase par laquelle ils professent l'herméneutique de continuité de la Liberté religieuse avec la doctrine traditionnelle ; voici en effet cette phrase : "Or, puisque la liberté religieuse, que revendique l’homme dans l’accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu, concerne l’exemption de contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle au sujet du devoir moral de l’homme et des sociétés à l’égard de la vraie religion et de l’unique Église du Christ". Il est bon, premièrement, de rappeler que cette phrase est une incise qui fut insérée dans le décret hérétique grâce aux Pères traditionalistes du Caetus Internationalis Patrum, et particulièrement parmi eux, grâce à un certain Mgr Marcel Lefebvre. Deuxièmement, il est tout aussi bon de faire remarquer que cette phrase tarabiscotée ne fait que reformuler pour sa part... la contradiction doctrinale insoluble que je viens de dénoncer sur le plan théologique... sans la réparer le moins du monde, sans prouver le moins du monde l'herméneutique de continuité de la Liberté religieuse avec la Tradition : les Pères traditionalistes, là, n'ont en vérité rien fait d'autre que... redire pour leur part... la folie des Pères modernes (c'est triste à dire mais fort révélateur de l'impuissance de tous les esprits lorsque l'Église est mise par la Providence divine sous "la puissance des ténèbres" pour vivre sa Passion, même les esprits des meilleurs) ! Nous sommes là seulement en pleine affirmation volontariste de vouloir l'herméneutique de continuité, mais... sans pouvoir le moins du monde démontrer cette herméneutique, et pour cause, car la doctrine exposée dans la Liberté religieuse est une hérésie-apostasie à caractère formel qu'il n'est au pouvoir de personne de droitiser dans le Dogme catholique.
           
        En effet, "l'exemption de toute contrainte dans la société civile" accordée à tout homme, qui est le fond de la Liberté religieuse, est, comme je viens de le dire, ipso-facto le non-Droit de Dieu de régner sur l'homme dans le for public, c'est la négation du Règne social du Christ : donc, par-là même et contrairement à ce que croient pouvoir affirmer les Pères traditionnalistes pour essayer de droitiser la doctrine promue par leurs collègues modernes, la Liberté religieuse "porte préjudice formel au devoir moral de l'homme et des sociétés à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ" ! C'est justement là que réside l'hérésie-apostasie : dans le non-Règne de Dieu sur l'homme dans le for public qui découle formellement de la doctrine de la Liberté religieuse. Donc, cette phrase n'émascule nullement le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, elle ne fait en vérité rien d'autre que bien synthétiser la "si grande contradiction" (He XII, 3) dans laquelle les Pères modernes ont enfermé l'Épouse du Christ, l'Église. Cependant, et c'est certes un constat d'une très-grande importance, cette phrase sert à innocenter les Pères vaticandeux, elle prouve leur bon vouloir d'enter par bon principe la Liberté religieuse sur la Tradition doctrinale, ce que Benoît XVI formulera bien plus tard par sa théorie de l'herméneutique de continuité, mais, concrètement, elle ne fait rien d'autre que prendre acte de la contradiction doctrinale formelle dans laquelle s'est enclavée et verrouillée la Liberté religieuse, entre le droit de l'homme affirmé absolutistement dans le for public... signifiant ipso-facto le non-Droit de Dieu dans ce même dit for public.
           
        Relisons en effet, pour mémoire, le § 2 définitionnel de Dignitatis Humanae Personae : "Ce Concile du Vatican déclare que la personne humaine a droit à la liberté religieuse. Cette liberté consiste en ce que tous les hommes doivent être exempts de toute contrainte de la part tant des individus que des groupes sociaux et de quelque pouvoir humain que ce soit, de telle sorte qu’en matière religieuse nul ne soit forcé d’agir contre sa conscience ni empêché d’agir, dans de justes limites, selon sa conscience, en privé comme en public, seul ou associé à d’autres". Par conséquence théologique immédiate, mais les Pères modernes ne le verront pas, cette liberté donnée absolument à tout homme de professer SA religion même fausse, non pas seulement au for privé mais encore au for public supprime ipso-facto la Liberté de Dieu de régner sur tout homme dans ce même cosmos de for public. Comme je le disais plus haut, de donner la liberté totale à l'homme dans le for public de professer sa religion, ne supprime pas seulement l'illégitime contrainte venant des hommes sur l'homme, dont se sont obnubilés les Pères modernes, mais encore et en même temps, ipso-facto, très-hérétiquement, elle supprime la très-légitime contrainte du Droit de Dieu de régner sur l'homme...
           
        En fait, les Pères de Vatican II se sont anthropocentriquement tellement obnubilés de l'homme, l'homme et encore l'homme, qu'ils n'ont même plus compris que la dignité humaine ne pouvait exister que par la Présence de Dieu dans l'homme, par sa divine grâce, et donc par la Révélation en lui de sa Religion véritable au for public. Car en effet, l'homme ne peut absolument pas être digne en-dehors de Dieu, de sa Religion vraie et de son Christ, la dignité humaine est juste le surcroît du Royaume de Dieu, c'est-à-dire que contrairement à ce qu'osent professer d'une manière scandaleusement apostate les Pères modernes dans la Liberté religieuse, il n'y a pas de dignité humaine sans le Dieu vrai à la source de cette dite dignité ; une dignité humaine qui prétendument se source ontologiquement sur elle-même, par une immanence vitale très-moderniste, n'existe tout simplement pas.
           
        Ainsi donc, pour manifester la dignité humaine véritable, tout ce que définissent les Pères modernes dans cet hérétique-apostat § 2 n'est vrai que pour la Religion véritable, et pour aucune de toutes les autres religions fausses, comme hélas ils osent le professer. Les Pères modernes veulent que l'homme doit être absolument libre en matière de religion, et pour cela, ils anathématisent toute contrainte de la part des hommes sur d'autres hommes. Mais en même temps, et par le fait même, et quoiqu'ils ne le disent pas car ils n'en ont pas conscience, ils soustraient l'homme à la Contrainte du Règne de Dieu qui procure la vraie liberté à l'homme et sa vraie et authentique dignité. Ils n'oublient incroyablement qu'une chose capitale : la véritable liberté et dignité de l'homme consiste à se mettre... sous le joug dont parle le Christ dans l'Évangile, le joug de la Vérité qui est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur et Sauveur, le joug d'un Dieu "doux et humble de cœur" qui donne immédiatement "le repos pour vos âmes" et la libération véritable. La doctrine de la Liberté religieuse exprimée à Vatican II est donc une hérésie à caractère formel en cela précisément qu'elle prétend soustraire l'homme, tout homme, à la Contrainte libératrice du Règne de Dieu sur l'homme, tout homme, au for public.
           
        Nous sommes donc là, avec la Liberté religieuse, en présence d'une doctrine qui est même pire qu'une hérésie à caractère formel, c'est une APOSTASIE, un oubli radical de Dieu : dans le raisonnement théologique de la Liberté religieuse, des prolégomènes à la conclusion, DIEU EST ABSOLUMENT ET RIGOUREUSEMENT EXCLU.
           
        On comprend donc qu'il est inutile d'apporter maintenant la précision qu'aucune réparation historiciste ne pourra peu ou prou apporter la moindre solution à ce problème d'APOSTASIE radicale de toute l'Église en corps d'institution actée à Vatican II, apostasie radicale en corps d'Institution ecclésiale qui trouve une seule analogie dans toute l'Histoire du monde, celle commise par Caïphe, en tant que dernier grand-prêtre légitime de l'Église dans son économie de salut mosaïque-synagogale, lorsqu'il déchira son pectoral, signe topique de l'excommunication qu'il fit rituellement et formellement de Jésus-Christ dans la nuit du Jeudi-Saint, au nom de toute son Église d'alors. Le décret conciliaire Dignitatis Humanae Personae est exactement cette même excommunication de Dieu et de son Christ dans la vie des hommes de notre temps moderne, par toute l'Église Enseignante de 1965. Une fois cet acte posé, rien ne peut plus le réparer, les temps eschatologiques sont ouverts.
           
        Seule "LA PASSION DE L'ÉGLISE" permet de comprendre sans se scandaliser dans la Foi comment une génération ecclésiale de "membres enseignants" donnée, celle de    Vatican II, de soi en possession du charisme d'infaillibilité lorsqu'ils enseignent par le mode ordinaire l'universalité des fidèles, a pu en fait enseigner... l'apostasie radicale. Car ce qui caractérise l'économie de la Passion du Christ, archétypale de toute autre et singulièrement de celle de son Épouse l'Église qui est vécue par et depuis Vatican II, c'est le "être fait péché pour le salut" (II Cor V, 21), et aussi la "si grande contradiction" (He XII, 3), indiqués par saint Paul. Cette si grande contradiction que l'on constate à Vatican II, mais dont ne veulent absolument pas prendre acte les conservateurs, n'est cependant pas formelle ce qui signifierait évidemment que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", elle n'est que matérielle ce qui est synonyme de crucifixion et d'économie de la Passion. Le bon vouloir des Pères du concile moderne, bien manifesté justement par l'incise que les Pères traditionalistes ont fait insérer dans le décret de la Liberté religieuse, empêche que le péché d'hérésie-apostasie commis dans ce décret in Persona Ecclesiae, dans un cadre d'infaillibilité certain (je vais le montrer tout-à-l'heure), soit formellement commis. L'Épouse du Christ, par le décret Dignitatis Humanae Personae, qui a théologiquement valeur d'exemplaire pour toute "la crise de l'Église", se voit donc être crucifiée, mais non pas anéantie.
           
        Nous nous trouvons là en vérité dans le même cas de figure que pour la Passion du Christ, c'est la mystique de la Passion qui éclaire tout et donne la vraie solution : Jésus, loin d'être vaincu par sa crucifixion et sa mort sur la croix, triomphe au contraire du mal par cette crucifixion-même. Et c'est ce qui va arriver à l'Église, lorsque, après la chute de l'Antéchrist-personne et de son règne maudit, le Christ viendra parousiaquement la ressusciter dans un bouleversement tohu-bohu de toute la Création, apocalyptiquement. La fin de notre affreuse "crise de l'Église" est donc bel et bien le Retour en Gloire du Christ, dont la première cause théologique est de ressusciter l'Église-Épouse mise à mort à Vatican II. L'Antéchrist-personne, en effet, ne fera, dans son règne maudit, que proclamer et enregistrer publiquement cette dite mise à mort... opérée par tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, celle de Vatican II. Prenons bien conscience que ce n'est pas en fait l'Antéchrist-personne qui fera mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, la nôtre, dite du Temps des nations et de Rome son centre, c'est l'Église elle-même qui a fait hara-kiri, qui s'est suicidée elle-même par l'organe de ses "membres enseignants" à Vatican II, exactement comme le dernier grand-prêtre Caïphe fit faire hara-kiri à l'Église mosaïque-synagogale qu'il représentait légitimement, en excommuniant formellement Jésus-Christ dans la nuit du Jeudi-Saint.
           
        Voilà la terrible et affreuse vérité ecclésiale vraie en vérité de notre temps, à cent mille milliards de lieues, ... certes !, des vérités diminuées dans lesquelles les conservateurs veulent s'entretenir.
           
        Mais, continuant pour l'heure à lire le texte de Mgr Schneider, j'y trouve cette erreur très-commune aux conservateurs qui ne veulent pas prendre conscience que l'Église-Épouse est crucifiée à mort entre des principes théologiques contraires dans notre "crise de l'Église", leur péché mignon, à savoir que les erreurs et hérésies contenues dans Vatican II ne seraient soi-disant pas émises dans des décrets de soi couverts par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Et d'évoquer bien entendu la pastoralité du concile moderne qui serait soi-disant suffisante pour conclure à la non-infaillibilité de principe de tous les documents conciliaires. Là encore, dans ce genre de raisonnement, on détecte une profonde erreur de parallaxe, cette erreur en astronomie qui consiste à prendre une mesure à partir d'un mauvais point de vue, et donc la mesure prise est archi-fausse : lorsque le pape Paul VI a invoqué la "pastoralité" pour le concile Vatican II, note qui, soit dit en passant, n'existe pas en théologie pour qualifier les actes d'un concile, il est capital de comprendre qu'il n'avait pas l'intention de noter théologiquement les actes du concile, mais simplement de dire que la motivation principale du concile moderne était d'ordre pastoral. Ce qui signifie que ce n'est pas parce qu'on déclare un concile "pastoral" que cela veut dire qu'il ne puisse pas y avoir dedans des décrets dotés de la note d'infaillibilité. Paul VI, d'ailleurs, aurait-il voulu dire cela, qu'il ne l'aurait pas pu, sa parole n'aurait eu aucune valeur, tout simplement parce que le pape n'est pas au-dessus de la Constitution divine de l'Église et des règles fondamentales qui ne dépendent nullement du pape et qui font que certains actes d'Église sont dotés de l'infaillibilité quand d'autres ne le sont pas.
           
        Mais la vérité, c'est qu'une telle déclaration de "pastoralité" de la part du pape du concile moderne fait beaucoup honte. En effet, de soi, tout concile général, même purement dogmatique, est toujours... pastoral, c'est-à-dire a pour mission première de paître les brebis et les agneaux du Christ ! Paul VI ressemblait donc là, dans cette déclaration de pastoralité du concile Vatican II, au M. Jourdain du Bourgeois gentilhomme de Molière, s'extasiant de faire de la prose rien qu'en parlant !! Tout concile, surtout universel, est pastoral.
           
        On a donc déduit de cette déclaration faite un mois après la clôture de Vatican II, qu'aucun acte du concile ne pouvait dès lors être doté de la note d'infaillibilité, et c'était là le but du jeu. Voilà qui en effet tranquillisait, mais à tort, tout le monde : même si on trouvait des erreurs ou de l'hérésie dans Vatican II, pas grave, pas grave, ... tout va très-bien Madame la Marquise ! (https://www.youtube.com/watch?v=LEwMIN3nDqM,), puisque ça n'était pas doté de l'infaillibilité ! Cependant, le raisonnement est archi-faux par tous les côtés où on le prend, car le pape Paul VI ne faisait pas qu'évoquer la pastoralité, dans cette audience, il parlait aussi de... l'obligation des fidèles de suivre l'enseignement conciliaire à cause même de l'emploi qui y avait été fait... du mode ordinaire & universel magistériel !! Il est bon de rappeler, ici, que Paul VI a parlé à deux reprises, et non seulement dans l'Audience de janvier 1966, de la note théologique qu'il fallait donner aux Actes conciliaires, à savoir dans le Discours de clôture du concile, en décembre 1965, et donc un mois après seulement ladite clôture, dans cette Audience du Mercredi, en janvier 1966.
           
        Voici ce qui, dans ces deux déclarations pontificales, intéresse notre sujet :
           
        ― "... Mais il est bon de noter ici une chose : le magistère de l'Église, bien qu'il n'ait pas voulu se prononcer sous forme de sentences dogmatiques extraordinaires, A ÉTENDU SON ENSEIGNEMENT AUTORISÉ à une quantité de questions qui engagent aujourd'hui la conscience et l'activité de l'homme ; il en est venu, pour ainsi dire, à dialoguer avec lui ; ET TOUT EN CONSERVANT TOUJOURS L'AUTORITÉ ET LA FORCE QUI LUI SONT PROPRES, il a pris la voix familière et amie de la charité pastorale" (In Spiritu Sancto, Discours de clôture du concile, 8 décembre 1965).
           
        ― "Étant donné le caractère pastoral du Concile, celui-ci a évité de proclamer selon le mode extraordinaire des dogmes dotés de la note d'infaillibilité… CEPENDANT, le Concile a attribué à ses enseignements l'autorité du magistère suprême ORDINAIRE, lequel est si manifestement authentique qu'il doit être accueilli par tous les fidèles selon les normes qu'a assignées le Concile, compte tenu de la nature et du but de chaque document" (Audience du Mercredi, 12 janvier 1966).
           
        Je me suis permis, dans ces textes, de mettre simplement quelques majuscules idoines parce qu'elles révèlent bien le sens exact de la pensée de Paul VI.
           
        Malgré la finale fort embrouillée de l'Audience, il est clair que Paul VI évoque là bel et bien le mode magistériel ordinaire & universel. Or, il ne faudrait tout-de-même pas "oublier", en ces temps d'obscurcissement complet sur la question de l'infaillibilité magistérielle (plus encore peut-être chez les tradis que chez les modernes), que cedit mode est lui aussi, au même titre que l'extraordinaire, couvert par l'infaillibilité. Et Paul VI a raison de l'évoquer pour son concile : ce dernier mode est bel et bien employé à Vatican II, très-notamment dans l'acte magistériel de la... Liberté religieuse.
           
        Pour le bien comprendre, rappelons d'abord la définition fort claire de Vatican 1er quant au mode ordinaire & universel : "Est à croire de Foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu ou écrite ou transmise, et que l'Église, soit par un jugement solennel, soit par son magistère ordinaire & universel, propose à croire comme divinement révélé" (DS 3011). Or, ce mode magistériel ordinaire & universel s'exerce dans l'Église d'une manière extrêmement simple, contrairement aux graves mensonges hérétiques qui ont été soutenus sur la question, très-notamment par les lefébvristes qui ont tâché de la sophistiquer d'une manière retorse presque diabolique, pour ne pas vouloir prendre acte de la "si grande contradiction" que manifeste Vatican II, s'autorisant par-là à fuir hérétiquement "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Il faut, pour qu'un acte magistériel d'Église ressortisse formellement du mode ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, il faut et il suffit, de voir toute l'Église Enseignante théologiquement réunie una cum le pape actuel, cum Petro et sub Petro (qu'elle soit assemblée en concile universel ou dispersée dans l'orbe catholique n'a strictement aucune importance), professer en direction de l'universalité des fidèles, une doctrine en l'originant sur le Dépôt révélé. Le Père Héris, o.p., résume fort bien la question ainsi : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Or, c'est exactement le cas de la Liberté religieuse. 1/ Tous les Pères actuels de l'Église, una cum le pape, cum Petro et sub Petro, réalisant l'universalité de l'Église Enseignante comme JAMAIS dans toute l'Histoire de l'Église depuis le Christ elle ne fut ainsi réalisée (aucun concile universel, en effet, ne réunit 2 500 évêques comme à Vatican II !), professent une doctrine en direction de l'universalité des fidèles ; 2/ cette doctrine de la Liberté religieuse est explicitement et théologiquement entée par eux sur le Dépôt révélé, en deux endroits du peccamineux décret, que voici : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Les deux SEULES conditions nécessaires pour faire un acte magistériel par le mode ordinaire & universel sont donc bien réunies dans le décret Dignitatis Humanae Personae, il s'agit bel et bien d'un acte dudit Magistère de soi couvert par l'infaillibilité ecclésiale. Nous sommes en vérité, comme on le voit, à quelques années-lumière du concile "pastoral", donc non-infaillible ! 
           
        Ainsi donc, dans Dignitatis Humanae Personae, il n'y a pas moyen, si l'on veut rester honnête avec son âme, d'éviter la conclusion d'une crucifixion parfaite de l'Église entre des principes théologiques fondamentaux parfaitement contraires. D'un côté, un acte magistériel de soi doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel d'enseignement, et de l'autre côté, un contenu doctrinal pire qu'hérétique, carrément apostat, dans la Liberté religieuse. "Voilà les termes du problème", comme disait un expert progressiste juste après Vatican II...
           
        J'ai bien écrit, en effet, on ne s'est pas trompé en me lisant : Dignitatis Humanae Personae est une proclamation d'APOSTASIE de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape légitime, cum Petro et sub Petro. Cette apostasie qu'on trouve doctrinalement dans le § 2 définitionnel dudit décret, et que j'ai théologiquement dénoncée plus haut, se trouve on pourrait dire encore plus clairement visible lorsque les Pères, après avoir défini leur anti-doctrine dans l'énoncé du § 2 définitionnel, en feront l'application pratique dans les § 4 & § 5 du décret. Comme disait Mgr Duchesne : "Il n'y a rien de plus pratique qu'un principe". Éh bien !, voyons ensemble à quoi aboutit le principe apostat de la Liberté religieuse dans la pratique, en continuant à lire Dignitatis Humanae Personae :
           
        "4. Liberté des groupes religieux. ― La liberté ou absence de toute contrainte en matière religieuse qui revient aux individus doit aussi leur être reconnue lorsqu’ils agissent ensemble. Des communautés religieuses, en effet, sont requises par la nature sociale tant de l’homme que de la religion elle-même.
           
        "Dès lors, donc, que les justes exigences de l’ordre public ne sont pas violées, ces communautés sont en droit de jouir de cette absence de contrainte afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d’un culte public la divinité suprême, aider leurs membres dans la pratique de leur vie religieuse et les sustenter par un enseignement [... hérétique], promouvoir enfin les institutions au sein desquelles leurs membres coopèrent à orienter leur vie propre selon leurs principes religieux".
           
        En vérité, l'apostasie du Dieu vrai et véritable, Père, Fils & Saint-Esprit, est si claire, si criante, si palpable et évidente, dans cet abominable § 4, que toute démonstration en devient, ... hélas !, parfaitement inutile. DIEU EST VRAIMENT COMPLÈTEMENT ABSENT, RÉPUTÉ ABSOLUMENT INEXISTANT DANS CE § 4, D'UNE MANIÈRE CRUE PRESQUE INCROYABLE. Les Pères nous parlent sans gêne aucune de "groupes religieux", comme s'il pouvait exister en-dehors de l'Église catholique des associations religieuses qui ne soient pas autre chose que des SECTES (mais l'appellation ici choisie par les Pères de Vatican II cautionne une fois de plus le sens œcuméniste hétérodoxe par trop présent dans les textes du concile moderne, à savoir que l'Esprit-Saint pourrait être, de quelque manière, présent dans ces sectes, ... oh pardon !, dans ces "groupes religieux"). Les Pères osent nous parler aussi de la "Divinité suprême" qu'adorent cesdits "groupes religieux", sans rougir de honte jusqu'à la crête de leur APOSTASIE du vrai Dieu ainsi sémantiquement manifestée d'une manière si impudente et même théologiquement si impudique, par cette appellation catholiquement scandaleuse de "Divinité suprême", que ne répudieraient pas les pires des franc-maçons.
           
        Les Pères modernes osent nous parler encore des "justes exigences de l'ordre public" dans ce § 4, ils nous avaient en effet déjà parlé d'un "ordre public juste" dans le § 3 du décret, dans lequel sont censés devoir grouiller ensemble les individus comme les groupes religieux normés par la Liberté religieuse (comme asticots sur morceau de viande avariée). Mais dès lors que les Pères modernes ont ôté LE JUSTE, l'HOMME-DIEU, du for public, par la doctrine de la Liberté religieuse, c'est-à-dire Notre-Seigneur Jésus-Christ, comment peuvent-ils oser avoir l'impudence blasphématoire de parler d'un ordre public juste... qui exclue par principe Jésus-Christ, seul et unique géniteur dudit ordre public juste ? Cet ordre public juste ne peut tout simplement pas exister sans le Christ, pas plus que "l'ordre moral objectif" dont ils glosent dans un autre § de la Liberté religieuse, le § 7, comme je le faisais remarquer dans mon précédent article, l'objectivité étant en effet un apanage exclusif de Dieu... qu'on a exclu par principe dans le cosmos de la Liberté religieuse.        
           
        Au passage, les Pères modernes, dans ce § 4, légitiment par la Liberté religieuse l'hérétique liberté de la presse, anathématisée dans des termes très-sévères par les papes du passé, notamment dans la crise protestante, tant il est vrai que les hérésies s'engendrent entre elles : "Les communautés religieuses ont aussi le droit de ne pas être empêchées d’enseigner et de manifester leur foi publiquement, de vive voix et par écrit". Et là, il y a contradiction réelle de doctrine, que l'historicisme ne pourrait pas du tout réparer...
           
        ... Plus on lit Dignitatis Humanae Personae, plus hélas on est obligé de prendre conscience que nous sommes en pleine et révoltante APOSTASIE, à tous les mots, toutes les lignes...
           
        Après l'application de la doctrine apostate de la Liberté religieuse aux "groupes religieux", le § 5 s'occupe, quant à lui, d'en faire l'application aux familles. Il n'est pas moins apostat, je l'avais souligné dans mon dernier article. D'après la doctrine de la Liberté religieuse, en effet, tout parent a le droit "primordial" (§ 5) d'enseigner son enfant "selon ses propres convictions religieuses" (§ 5), même lorsqu'il a passé l'âge de raison. Alors que le droit primordial n'est que l'apanage de Dieu.
           
        Ainsi donc, le père musulman a le droit d'enseigner son enfant qui a passé l'âge de raison, que Jésus n'est pas Dieu et que la Trinité divine est une abomination religieuse "pire que l'excrément et l'urine" (Coran). Il est trop clair dans ce genre de raisonnement que, pour les Pères de Vatican II, DIEU N'EXISTE PLUS, L'HOMME SEUL EXISTE. Or, la vérité catholique pour l'éducation religieuse de l'enfant, bien rappelée par saint Thomas d'Aquin lorsqu'il traite de la question, c'est que, une fois passé l'âge de raison, un seul droit existe, le Droit de Dieu de sauver l'enfant qui, ayant passé l'âge de raison, doit être mis dans la voie du salut pour qu'il puisse éviter la damnation. Ainsi donc, le seul Droit qui existe pour l'enfant ayant passé l'âge de raison, est le Droit d'être éduqué dans la Religion catholique qui révèle le vrai Dieu, afin de le mettre dans la voie du salut. Et les premiers à devoir mettre en oeuvre cedit Droit de Dieu de sauver tout enfant, sont les instruments naturels que Dieu a choisis pour former l'enfant, à savoir ses propres père et mère. Comprenons bien, ce Droit de Dieu PRIMORDIAL est si fort qu'il s'applique même aux parents non-catholiques, qui n'ont qu'un seul droit, en matière d'éducation religieuse de leurs enfants : les éduquer selon la Foi catholique. Les parents musulmans, par exemple, qui enseignent leurs enfants ayant passé sept ans dans la foi coranique, pèchent donc très-réellement en ne leur enseignant pas le vrai Dieu, car ce Droit de Dieu qui consiste en ce que tout enfant doit être enseigné dans la vraie Religion, est aussi un devoir formel pour tout parent.
           
        Les Pères de Vatican II vont nous dire tout le contraire, dans ce § 5 de Dignitatis Humanae Personae. Car, nous l'avons vu avec le § 2 définitionnel de la Liberté religieuse : le vrai Dieu n'existe pas pour les Pères de Vatican II, Il est réputé être radicalement absent du for public et privé normé par la Liberté religieuse. C'est pourquoi, quant à l'éducation des enfants, ils osent professer leur radicale apostasie en ces termes :
           
        "5. Liberté religieuse de la famille. ― Chaque famille, en tant que société jouissant d’un droit propre et primordial, a le droit d’organiser librement sa vie religieuse à la maison, sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, selon leur propre conviction religieuse, de la formation religieuse à donner à leurs enfants. C’est pourquoi le pouvoir civil doit leur reconnaître le droit de choisir en toute liberté les écoles ou autres moyens d’éducation, et cette liberté de choix ne doit pas fournir prétexte à leur imposer, directement ou indirectement, d’injustes charges. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de suivre des cours ne répondant pas à la conviction religieuse des parents ou lorsque est imposée une forme unique d’éducation d’où toute formation religieuse est exclue".
           
        On croit franchement rêver, ou plutôt cauchemarder, de lire un manifeste aussi clair d'apostasie, de la part de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, celle de Vatican II... mais hélas, la vérité est là, dans cet abominable constat. La méthode historiciste ne peut évidemment rien réparer théologiquement, à ce stade où elle est complètement impuissante, ce serait poser clystère sur jambe de bois, donner des cachets d'aspirine pour un cancer généralisé en phase terminale.
           
        Or bien, cette APOSTASIE de toute une génération d'hommes, en ce compris et même hélas surtout leurs chefs spirituels, comme c'est ici tellement manifestée dans le concile Vatican II, a un nom, en prophétie : il s'agit de la grande Apostasie prophétisée par saint Paul comme devant être le signe topique, c'est-à-dire accompagnant au plus près et au plus serré (comme la fumée quant au feu), la venue de l'Antéchrist-personne. "Que personne ne vous séduise en aucune manière [en vous faisant croire que la Parousie est proche] ; car il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3).
           
        Et bien voilà, de nos jours, l'apostasie, la grande apostasie puisqu'elle est le fait de... l'Église, est arrivée auparavant. Elle est arrivée en notre temps, il y a même déjà plus d'un demi-siècle. Le règne de l'Antéchrist-personne n'est donc certainement pas loin à présent, car on aura bien noté dans la prophétie de saint Paul, qu'il lie les deux évènements dans la concomitance : apostasie générale & règne de l'Antéchrist-personne...
           
        Parvenu ici dans mon exposé, il ne me semble pas nécessaire d'en ajouter beaucoup : nous sommes tous au pied de la croix où est pendue cette fois-ci non plus le Christ mais son Épouse, l'Église, notre Mère surnaturelle. À nous, âmes catholiques, généreusement, fidèlement, de nous unir à cette Passion que, présentement, vit et meurt à la fois notre Mère l'Église. Sans chercher honteusement à la fuir, comme l'ont fait il y a 2 000 ans onze Apôtres sur douze (dont l'un d'eux, il est fort bon de s'en souvenir, est mort en odeur de damnation), et comme le font actuellement les conservateurs de tout poil, sans oublier les tradis ni non plus, évidemment, les modernes.
           
        En finissant ce nouvel article, il me vient à l'esprit une précision à faire, soulevée par les arguties de Sandro Magister dans ses articulets, et qui est d'ordre terminologique : il voudrait qu'il y ait une différence de fond entre la formule herméneutique de continuité et herméneutique de la réforme. Or, en fait et en droit, il n'y en a aucune, les deux formulations signifient la même chose. En effet, dans la pensée de Benoît XVI, l'herméneutique de la réforme présuppose théologiquement qu'elle s'inscrit dans la continuité doctrinale parfaite avec la Tradition. Or, comme ce qui importe dans le débat théologique qui nous occupe est que l'herméneutique choisie pour lire Vatican II s'inscrive dans la continuité doctrinale, il vaut mieux privilégier la formulation herméneutique de continuité plutôt que herméneutique de la réforme, cette dernière formulation ne le disant pas à l'affiche. Il n'y a donc pas là de raccourci fautif, comme a l'air de le penser presque avec hargne notre journaliste conservateur, Sandro Magister.
           
        En conclusion, et solennellement, je défie maintenant le cardinal Brandmüller, l'évêque Brambilla et tutti quanti des conservateurs de seconde zone tel le journaliste Sandro Magister, de donner l'interprétation catholique de la définition du "Dieu" musulman faite dans Nostra Aetate. Et que le cardinal Brandmüller ne dise pas qu'il ne s'agit là que d'un texte magistériel de seconde importance, le titre officiel dudit décret le dément formellement : "PAUL, ÉVÊQUE, SERVITEUR DES SERVITEURS DE DIEU, AVEC LES PÈRES DU SAINT CONCILE, POUR QUE LE SOUVENIR S'EN MAINTIENNE À JAMAIS" (... mille fois hélas !!, on s'en souviendra, en effet, à jamais...) ; et la conclusion magistérielle de cet abominable décret conciliaire Nostra Aetate n'est pas moins forte : "Tout l’ensemble et chacun des points qui ont été édictés dans cette déclaration ont plu aux Pères du Concile [donc : aussi, la définition qui a été faite du "Dieu" musulman...]. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que Nous tenons du Christ, en union avec les vénérables Pères, Nous les approuvons, arrêtons et décrétons dans le Saint-Esprit [y compris donc, la définition du "Dieu" musulman...], et Nous ordonnons que ce qui a été ainsi établi en Concile soit promulgué pour la gloire de Dieu. Rome, à Saint-Pierre, le 28 octobre 1965. Moi, Paul, évêque de l’Église catholique".
           
        Or, voici donc, pour que le souvenir en effet s'en maintienne à jamais, ce que dit Nostra Aetate : "L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, VIVANT ET SUBSISTANT".
           
        Notre cardinal conservateur Brandmüller, fort gêné dans son verbiage amphigourique quand il évoque ce passage de Nostra Aetate, ne s'en est pas moins escrimé à vouloir lui appliquer, si, si... l'herméneutique de continuité, au forcing et aux forceps !! Voici son explication filandreuse dont, hélas, la malhonnêteté n'a pas besoin d'être  soulignée : "... À ce stade, il est nécessaire de rappeler d’une manière particulière le passage de Nostra Aetate qui fait référence à l’islam. Le texte n’est pas seulement accusé d’indifférentisme. Il faut tout d’abord noter, à cet égard, que le décret est certes «cum aestimatione quoque muslimos respicit», mais absolument pas l’islam. On ne parle pas de son enseignement, mais des personnes qui le suivent. Le fait que dans les formulations ultérieures, derrière des mots identiques ou similaires, se cache une compréhension très différente est évident pour l’islamologue d’aujourd’hui. À ce passage du document, qui vise à ouvrir la voie à un dialogue pacifique, il ne fallait pas appliquer la stricte aune d’une terminologie dogmatique, pour autant qu’un engagement en ce sens eût été souhaitable. De fait, le texte a été publié en 1965. Pour notre compréhension actuelle, le problème prend un tout autre aspect : c’est l’islam qui a profondément changé au cours du dernier demi-siècle, comme le montre le degré d’agression et d’hostilité de l’islam envers l’Occident «chrétien». Sur fond de l’expérience des décennies écoulées depuis le «9-11», un tel décret devrait dire tout autre chose. Dans le cadre d’une herméneutique sérieuse du concile, il est donc inutile de revenir sur le texte de 1965 et de polémiquer contre lui : le décret n’a plus qu’un intérêt historique".
           
        Ce délayage volontairement fumeux et fort gêné dans l'expression est scandaleusement bourré de mensonges flagrants à tous les niveaux. Premièrement, il est faux de commenter le passage qui concerne les musulmans dans Nostra Aetate en disant qu'il s'occupe seulement des hommes musulmans mais pas de la religion musulmane. Il y a bel et bien, ou plutôt for mal, dans ledit passage musulman, l'affirmation théologique hérétique que le "Dieu" musulman est vivant et subsistant, et voilà, ... faut-il avoir à en apporter la précision !, qui concerne la religion musulmane et qui n'a rien à voir avec "les personnes qui la suivent". Brandmüller ose continuer en disant qu'il "ne faut pas appliquer la stricte aune d'une terminologie dogmatique" à ladite définition ! Mais dire cela, c'est juste vouloir montrer... sa malhonnêteté intellectuelle et spirituelle de ne pas vouloir prendre conscience et acte de la formulation hérétique du "Dieu" musulman dans Nostra Aetate. Ce que montre donc, sans vergogne, sans honte aucune, notre cardinal conservateur. Il est de plus parfaitement faux de dire que le texte magistériel concernant les musulmans est orthodoxe en 1965 à cause de l'état de l'Islam à ce moment-là, soi-disant tolérant et modéré, mais qu'il ne l'est plus après le 11 septembre, donc de nos jours ; car à l'époque de Vatican II comme à la nôtre d'époque, l'Islam enseigne la même chose à ses adeptes : détruire et tuer le mécréant qui ne croit pas en Allah, à sa discrétion ! Pour finir, ... et je fais remarquer que nous en sommes en seulement quelque lignes à déjà trois mensonges ou faussetés !, on notera que Brandmüller est en contradiction totale avec le titre de Nostra Aetate, "Pour que le souvenir s'en conserve à jamais", lorsqu'il insinue que le texte concernant les musulmans dans Nostra Aetate n'a plus aucune valeur aujourd'hui sauf pour le théologien archiviste...! C'est passer muscade et l'éponge avec une légèreté spirituelle scandaleuse sur la dénomination hérétique du "Dieu" musulman faite dans Nostra Aetate, dont on s'est interdit de faire l'honnête constat... aussi hérétique en 1965 qu'il l'est en 2020.
           
        La vérité honteuse, comme on vient de le voir avec Brandmüller, c'est que nos conservateurs sont prêts à s'inventer tout et n'importe quoi pour refuser d'avoir à poser le constat indéniable de l'hérésie formelle dans Vatican II. Pour cela, on les voit se réfugier dans un intellectualisme forcené complètement déconnecté de la réalité, se gorgeant et gargarisant l'âme de mots et de théories insipides et insensées. Ils sont vraiment devenus des "princes des nuées" (Les fleurs du mal, Baudelaire), incapables de saisir la réalité surnaturelle de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", non pas parce qu'elle est trop compliquée à comprendre mais parce qu'ils ne veulent pas la comprendre et encore moins la vivre et la mourir pour leur salut et celui des âmes dont ils ont la charge pastorale. Les gnostiques adoraient le Nuage de l'Inconnaissable à la place du Dieu vrai et véritable, ils n'en sont pas loin, pour ne pas dire qu'ils y sont en plein.
           
        Jugez-en plutôt, ami lecteur, sur la finale du discours complètement déconnecté du réel d'un autre prélat conservateur, Mgr Franco Giulio Brambilla, qui prétend défendre Vatican II et que Sandro Magister cite presque à deux genoux sinon à trois, dans laquelle finale cet évêque conservateur se fend de prophétiser l'avenir spirituel de Vatican II pour notre génération post-conciliaire désormais lointaine de l'évènement lui-même :
           
        "... On pourrait délimiter le thème de l’héritage [de Vatican II] en trois mouvements :
           
        "1/ le concile Vatican II comme style : retrouver la façon originale des Pères conciliaires (que les historiens nous ont fait connaître) de poser les problèmes avec la méthode et les ressources qu’ils avaient mises en œuvre pour apporter une réponse aux défis de leur temps dans l’interaction entre sujets, «corpus» de texte et nouveaux lecteurs ;
           
        "2/ le principe de pastoralité : faire émerger l’originalité de Vatican II, ses idées créatives et ses intuitions de base aussi bien dans le domaine méthodologique qu’au niveau du contenu ;
           
        "3/ le futur du Concile : retrouver l’état d’inventivité qui a caractérisé ce tournant majeur et qui a besoin aujourd’hui, au début du troisième millénaire, d’un élan créatif et d’une nouvelle pragmatique ecclésiale ;
           
        "C’est avec ces trois mouvements que se déroule le passage de l’interprétation théologique de Vatican II au Concile en tant qu’herméneutique de l’avenir de l’annonce chrétienne pour l’église du XXIe siècle".
           
        ... Capish ? ... Moi, pas capish, j'ai rien compris...!
           
        Impossible, en vérité, au niveau de la Foi et de la mise en oeuvre concrète de cette Foi dans ma vie personnelle de chrétien, de pouvoir rien tirer de concret de ce verbiage de coque absolument vide, de cosse de haricot sans haricot dedans, qui est vraiment un sommet du genre ! Quel baratin de ratichon moderniste !! Quelle pseudo-intellection des choses qui n'est en vérité que de l'intellectualisme déconnecté radicalement de la réalité, qui n'a plus les pieds sur terre, qui ne pose plus le raisonnement théologique sur la réalité des choses !
           
        Je disais dans mon dernier article que les conservateurs "lancent des grenades fumigènes un peu partout" pour qu'on ne puisse plus rien voir quant à la réalité théologique vraie des choses ecclésiale vaticandeuses qui consiste dans l'hérésie-apostasie formelle présente dans le concile moderne, nous en avons ici une belle illustration.
           
        Quant à nous, âmes fidèles, restons courageusement aux pieds du Calvaire de l'Église, prions, sacrifions-nous, sanctifions-nous, c'est là que le Salut viendra nous trouver...
           
        Il n'est vraiment pas du tout sûr qu'Il vienne nous trouver ailleurs...
 
En la fête de saint Jacques le Majeur,
Apôtre du Seigneur,
ce 25 juillet 2020.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
25-07-2020 19:17:00
 

L'erreur profonde de Benoît XVI... et de Sandro Magister : ou la non-herméneutique de continuité de Vatican II avec le dogme catholique (2)

 
  
        (Pour mémoire, je mets ici le lien de la 1ère partie de mon article à lire évidemment avant cette présente partie deuxième & dernière : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-erreur-profonde-de-benoit-xvi-et-de-sandro-magister-partie-1?Itemid=154).
 
 
L'erreur profonde de Benoît XVI... et de Sandro Magister ;
ou la non-herméneutique de continuité de Vatican II
avec le dogme catholique
(2)
 
 
        ["Paul VI, dans son discours lors de la clôture du Concile, a ensuite indiqué une autre motivation spécifique pour laquelle une herméneutique de la discontinuité pourrait sembler convaincante. Dans le grand débat sur l'homme, qui caractérise le temps moderne, le Concile devait se consacrer en particulier au thème de l'anthropologie. Il devait s'interroger sur le rapport entre l'Église et sa foi, d'une part, et l'homme et le monde d'aujourd'hui, d'autre part (ibid. pp. 1066, sq). La question devient encore plus claire, si, au lieu du terme générique de «monde d'aujourd'hui», nous en choisissons un autre plus précis : le Concile devait définir de façon nouvelle le rapport entre l'Église et l'époque moderne"].
           
        [Effectivement, c'était exactement la tâche que devait remplir Vatican II : présenter la Foi à l'homme d'aujourd'hui. Mais... quel est-il, cet homme d'aujourd'hui ? En quel état spirituel est-il devant Dieu ? Or, la réponse à cette question est très-mal vue par les modernes, parmi lesquels on va voir se ranger le pape Benoît. Nous allons maintenant rentrer au cœur du problème théologique de notre temps, certes passionnant mais fort délicat, qui consiste beaucoup plus dans l'anthropocentrisme que dans l'anthropologie. Car la question est en effet beaucoup moins anthropologique (= qui a trait à la science de l'homme) comme le formule Benoît XVI, qu'anthropocentrique (= qui ramène tout à l'homme)].
           
 
        Or donc, qu'est-ce qui caractérise essentiellement ce qu'on appelle l'époque moderne ? Tout d'abord, bien la situer dans le Temps et l'Histoire : l'époque moderne est celle qui suit immédiatement la Révolution française de 1789, qui en est la mère génitrice, laquelle Révolution a changé l'univers entier in radice par son nouveau concept de vouloir que tout criterium épistémologique dérivât désormais absolument de l'homme à l'exclusion formelle de tout ce qui n'est pas lui, et ne dérivât plus du tout de Dieu, et ce, dans tous les domaines. Or, la thèse de Benoît XVI et de tous les modernes derrière lui, est de poser que Vatican II a dûment su faire l'application du Dépôt révélé à cet homme qui se prend désormais pour l'étalon-or de toutes choses. Malheureusement, c'est totalement faux. La vérité vraie en vérité, c'est que l'Église s'est fait complètement et absolument subvertir par cet homme moderne qui prétend vivre en autonomie complète par rapport à Dieu autant surnaturellement que naturellement, et que donc, pour reprendre les termes de Benoît XVI quant à Vatican II, "l'herméneutique de la discontinuité est convaincante".
           
        Et ce n'est pas de Vatican II que date cette subversion. L'Église s'est fait subvertir tout d'abord dans ses Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, par le concordat napoléonien (1801), ainsi que je l'ai expliqué très-soigneusement dans la trilogie de mon précédent article Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154), puis, ensuite, plus d'un siècle et demi après s'être fait subvertir dans ses Mœurs, la Foi restant cependant contradictoirement (et miraculeusement) sauve pendant tout le XIXème siècle et le début du XXème, la subversion de la Foi a fini par suivre celle des Mœurs, par une dynamique du mal des plus logiques, et ce fut le concile moderne, Vatican II, qui l'enregistra un peu après le milieu du XXème siècle. Vatican II, aux antipodes absolus d'avoir été une bonne adaptation de la Foi à l'époque moderne, a été tout au contraire la finalisation dans la Foi de la subversion totale de l'Église commencée par les Mœurs un siècle et demi auparavant avec le concordat napoléonien, dès l'immédiat sortir de la période révolutionnaire.
           
        Mais je reprends maintenant le Discours de Benoît XVI pour, comme je l'ai promis, le suivre au plus près. Depuis la Révolution française donc, l'homme a tout ramené à lui, y compris et même surtout Dieu et la Religion. Il se fait explicitement, à la Face de Dieu, l'étalon-or de toutes choses, il veut que le primat de la connaissance en toutes choses, c'est en lui qu'il réside et en lui seul. Cela est-il compatible avec la Foi catholique et la Révélation ? Bien sûr que non, et le pape Benoît semble, dans un premier temps, prendre sans difficulté bon acte de cette incompatibilité formelle entre, pour employer la célèbre expression du pape Paul VI dans son discours de clôture du concile moderne, l'homme qui se fait Dieu et le Dieu qui s'est fait homme : ce rapport entre l'Église et l'époque moderne, dit Benoît XVI, s'est "totalement rompu (...) lorsque, dans la phase radicale de la Révolution française, se répandit une image de l'État et de l'homme qui ne voulait pratiquement plus accorder aucun espace à l'Église et à la foi. L'opposition de la foi de l'Église avec un libéralisme radical, (...) dans l'intention bien déterminée de rendre superflue «l'hypothèse de Dieu», avait provoqué de la part de l'Église, au XIX siècle, sous Pie IX, des condamnations sévères et radicales de cet esprit de l'époque moderne".
           
        Le pape Benoît prend donc bien conscience de l'antinomie doctrinale viscérale, formelle et irréductible, qui existe entre l'homme de la Révolution basant son être et sa vie sur "les droits de l'homme" d'une part, et Dieu d'autre part. Le problème, c'est qu'il va s'imaginer phantasmatiquement, en compagnie d'une multitude innombrable d'âmes illusionnées, par une pensée sous-tendue par des idées modernistes et aussi par un irénisme utopique pseudo-millénariste, que cette irréductibilité des principes entre l'homme moderne qui se fait Dieu à la Révolution française et le Dieu qui s'est fait homme en Jésus-Christ, va néanmoins petit à petit s'estomper positivement, ... on se demande bien par quelle miraculeuse dynamique surnaturelle ou plutôt par quelle grâce de conversion...!?!, dès à partir de la fin du XIXème siècle, avec une accélération du gommage entre les principes contraires professés par l'Église et par l'homme moderne, plus le temps avance, jusqu'à, veut-il croire sans en apporter la moindre preuve, supprimer, ... ô miracle des miracles !!, la radicalité de l'antinomie de principe entre l'homme qui se fait Dieu et le Dieu qui s'est fait homme. Et alors, et alors, ... ô merveille des merveilles !, il sera possible d'envisager un concordat spirituel avec cet homme moderne, ce qui sera fait à Vatican II...
           
        Écoutons-le à nouveau, notre grand rêveur de pape Benoît, en train d'épancher ses illusions complètement surréalistes dans les cœurs de ses cardinaux à la veille de Noël 2005 :
 
        "Apparemment, il n'existait donc plus [après la Révolution] aucun espace possible pour une entente positive et fructueuse, et les refus de la part de ceux qui se sentaient les représentants de l'époque moderne étaient également énergiques. Entre temps, toutefois, l'époque moderne avait elle aussi connu des développements [...?]. On se rendait compte que la révolution américaine avait offert un modèle d'État moderne différent [!!] de celui théorisé par les tendances radicales apparues dans la seconde phase de la Révolution française. (...) Ainsi, les deux parties commençaient progressivement à s'ouvrir l'une à l'autre [...!!!]. Dans la période entre les deux guerres mondiales et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, des hommes d'État catholiques avaient démontré qu'il peut exister un État moderne laïc, qui toutefois, n'est pas neutre en ce qui concerne les valeurs, mais qui vit en puisant aux grandes sources éthiques ouvertes par le christianisme. La doctrine sociale catholique, qui se développait peu à peu, était devenue un modèle important entre le libéralisme radical et la théorie marxiste de l'État".
           
        Nous sommes là en plein rêve irénique, utopique, les psychiatres parleraient de délire constructionnel : Benoît XVI, avec tous les modernes derrière lui, s'inventent ex nihilo une réalité QUI N'EXISTE PAS, QUI N'EXISTE QUE DANS LEUR TÊTE. Pour en rester à la question politique constitutionnelle, la vérité c'est qu'il n'y a strictement nulle différence de principe entre les pires constitutions républicaines de la période purement et durement révolutionnaire de 1789-1798, et celles des républiques-démocraties post-révolutionnaires européennes qui les ont suivies jusqu'à nos jours : toutes, de 1789 à... 2020, sont rigoureusement basées identiquement et conceptuellement sur les fameux et antichristiques "droits de l'homme" non seulement a-Dieu mais anti-Dieu, comme basant le droit de l'homme, privé ou public, en autonomie cartésienne radicale par rapport à Dieu. Il n'y a strictement rien à prendre de positif dans l'entre-deux guerres ni non plus après la seconde guerre mondiale quant à un soi-disant gommage du caractère athée radical dans les principes constitutionnels des sociétés post-révolutionnaires modernes, comme veut le croire Benoît XVI.
           
        Voyez par exemple le fondement athée constitutionnel de la Vème République française en 1958, actuellement en vigueur : "PRÉAMBULE. ― Le peuple français proclame solennellement son attachement aux Droits de l'homme et aux principes de la souveraineté nationale tels qu'ils ont été définis par la Déclaration de 1789. (...) ARTICLE PREMIER. ― La France est une République indivisible, laïque, démocratique et sociale. Elle assure l'égalité devant la loi de tous les citoyens sans distinction d'origine, de race ou de religion. Elle respecte toutes les croyances". C'est, comme on peut s'en rendre compte, juste du copier-coller de 1789, ni pire ni, surtout, mieux...! Car en effet, autant en 1789 qu'en 1958 et en 2020, le prétendu respect constitutionnel des religions par la République, la vraie bien entendu mélangée aux fausses, est donné à l'homme... par l'homme, et non par Dieu, un Dieu saintement jaloux de notre salut qui ne veut pour l'homme que le respect de la vraie Religion, par amour de son salut même ! Nous sommes là, remarquons-le avec soin, en plein dans la doctrine de la... Liberté religieuse, que les Pères modernes de l'Église ne vont pas pouvoir ne pas adopter, après s'être concordatairement prostitués aux républiques-démocraties modernes qu'un Louis Veuillot appelait si justement les filles de Babylone. Retenons seulement pour l'instant que, contrairement aux imaginations de Benoît XVI, la virulence des principes constitutionnellement athées des sociétés politiques modernes, est la même dans les pires gouvernements de la période révolutionnaire elle-même que dans nos gouvernements post-révolutionnaires les plus actuels.
           
        Rien ne le fait mieux comprendre que la réaction instinctive de l'ancien président de la République française v. 5.0., Jacques Chirac, qui s'était écrié, en tant que gardien de la République, lors des manifestations anti-avortements qui avaient fait quelque bruit sous son mandat (rappelez-vous : certains chrétiens édifiants, derrière le docteur Dor, s'enchaînaient aux billards des avortoirs pour empêcher les avortements...) : "Il y a danger dans ces manifestations, avait-il osé dire, à ce que la loi morale prévale sur la loi légale", phrase prononcée en s'appuyant rigoureusement sur la constitution républicaine moderne des années 2000. Où donc le pape Benoît voit bien, dans ce positionnement politique officiel de Chirac, qui s'appuyait strictement sur le fondement constitutionnel athée de la République française v. 5. 0., "des développements" que le pape illuminé sous-entend comme estompant dans la société moderne du XXème siècle l'antinomie de principe entre l'homme qui se fait Dieu et le Dieu qui s'est fait homme (= "Entre temps, toutefois, l'époque moderne avait elle aussi connu des développements") ? Il est trop clair que ce "développement" qui soi-disant estomperait l'antinomie de principe entre la société moderne et la Religion n'existe que dans la tête de nos modernistes illusionnés de leur illuminisme. Entre le Jacques Chirac de l'an 2000 et les pires révolutionnaires du Directoire de 1798 par exemple, il n'existe aucune différence de principe fondamental sur le plan constitutionnel, aucune amélioration, aucune conversion du principe révolutionnaire athée qui fonde les sociétés modernes non seulement révolutionnaires mais post-révolutionnaires jusqu'à nos jours.
           
        De même, c'est s'inventer par la méthode Coué (je veux, donc ça existe), une soi-disant conversion du principe constitutionnel moderne des sociétés post-révolutionnaires, que de voir la sociétés américaine différente des sociétés politiques issues de la Révolution française : il n'y a aucune différence constitutionnelle entre l'une et les autres sur le principe essentiel qui les coupe de Dieu, à savoir de poser leur fondement politique en autonomie complète par rapport à Dieu et sur "les droits de l'homme" révolutionnaires. Il est complètement faux et mensonger de dire que "le modèle d'État moderne [américain] est différent de celui théorisé par les tendances radicales apparues dans la seconde phase de la Révolution française". Dans le principe constitutionnel de ce qui le fonde, le modèle américain est exactement lui aussi basé sur "les droits de l'homme" franc-maçonniques, identiquement aux sociétés politiques de la Révolution française. Et c'est là, précisément, que réside l'antinomie formelle irréductible entre la société moderne fille de la Révolution, et l'Église et son Christ.
           
        Mais, lancé comme par un tremplin sur son nuage d'illusion, le pape Benoît veut s'imaginer que dès lors, l'entente théologique entre la société moderne et l'Église devient... possible : "Ainsi, les deux parties commençaient progressivement à s'ouvrir l'une à l'autre. Dans la période entre les deux guerres mondiales et plus encore après la Seconde Guerre mondiale, des hommes d'État catholiques avaient démontré qu'il peut exister un État moderne laïc, qui toutefois, n'est pas neutre en ce qui concerne les valeurs, mais qui vit en puisant aux grandes sources éthiques ouvertes par le christianisme".
           
        Tout est archi-faux dans cette présentation illuminée honteusement mensongère des choses politiques modernes. Pour en rester à l'essentiel : il est impossible de supposer un État moderne laïc, c'est-à-dire dont le fondement constitutionnel ne se base pas explicitement sur Dieu et son Christ mais au contraire sur "les droits de l'homme" athées, qui serait valide et légitime aux yeux de Dieu et des catholiques. Un tel État laïc N'EXISTE TOUT SIMPLEMENT PAS, métaphysiquement, s'il fait abstraction dans sa constitution, et c'est malheureusement le cas de toutes les démocraties modernes post-révolutionnaires, du fondement divin pour originer son pouvoir politique parmi les enfants des hommes. C'est une condition sine qua non de sa validité et de sa légitimité. Et il ne sert de rien de prétendre, comme le fait le pape Benoît, que cet État moderne constitutionnellement laïc ne s'en nourrit (soi-disant) pas moins de valeurs chrétiennes ou d'inspiration chrétienne, car ce n'est pas cela qui peut le rendre valide et légitime aux Yeux de Dieu et secondairement aux yeux des catholiques, si par ailleurs sa constitution n'est pas explicitement fondée sur Dieu et son Christ.
           
        Nous sommes là en pleine hypocrisie, en vérité : comment un pouvoir politique laïc qui constitutionnellement est antichrist comme étant basé sur "les droits de l'homme" révolutionnaires, pourraient-ils bien s'inspirer véritablement de l'esprit chrétien ? Un mauvais arbre peut-il porter du bon fruit ? Jésus répond NON dans l'Évangile. On se moque du monde que de le dire, Benoît XVI se moque de lui-même et de ceux qui l'écoutent, que de le croire. Mais le fond de la question, c'est que le pape Benoît nous propose là, avec tous les modernistes, la gnose d'une nouvelle société chrétienne-laïque, que Jean-Paul II théorisera dans sa "civilisation de l'amour", pour ne plus vouloir vivre dans la société promue par le Christ et sa Religion, c'est-à-dire une société chrétienne-sacrale, qu'ils considèrent comme étant prétendument "du passé". Nos papes modernes souscrivent en effet tout-à-fait au révolutionnaire "du passé, faisons table rase" !
           
        Et... ce n'est pas d'hier, du côté pontifical suprême. Le premier pape moderne à adopter cette attitude face à "l'époque moderne", c'est celui qui vient immédiatement après la Révolution, c'est-à-dire... Pie VII ! Qu'osera-t-il dire dans le concordat napoléonien ? Il osera parler des sociétés chrétiennes-sacrales d'Ancien-Régime comme étant les anciennes sociétés, lesquelles, selon lui, étaient validement et légitimement remplacées par l'Ordre nouveau révolutionnaire de sociétés politiques désormais toutes... constitutionnellement athées, comme l'était éminemment certes la République française de Napoléon avec laquelle il avait hérétiquement accepté de passer concordat (car tout concordat étant de structure juridique synallagmatique, présuppose formellement validité de toutes et chacune des parties co-contractantes à l'acte concordataire ; mais réputer valide une société politique constitutionnellement athée, par le seul et simple fait de l'accepter comme partenaire concordataire, c'est être hérétique). C'est en toutes lettres, dans l'art. 16 du concordat napoléonien, ainsi rédigé : "Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement".
           
        Dans son Discours, le pape Benoît nous dit aussi que Pie IX avait condamné l'esprit athée des sociétés politiques révolutionnaires. Ce n'est pas exactement vrai, c'est même plus faux que vrai. Certes, le pape Pie IX condamnait cet esprit athée au niveau de la Foi dans de belles et vibrantes encycliques dénonçant l'indifférentisme religieux au for public, etc., mais, très-contradictoirement, suivant en cela la déviance gravissime du pape Pie VII, il se soumettait au niveau des Mœurs à cet esprit athée de l'homme moderne, en réputant valides et légitimes les sociétés politiques modernes qui se nourrissaient constitutionnellement de cet esprit athée, rien qu'en passant des concordats avec elles. En fait, la gravissime déviance qui a éclaté comme fruit pourri à Vatican II est déjà présente dans l'Église au niveau des Mœurs dès le début du XIXème siècle, dès l'immédiat sortir de la Révolution, par la pratique concordataire pontificale-ecclésiale avec des États constitutionnellement athées. Et tout le mal vient de là.
           
        Mais continuons notre historique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, toujours en suivant le pénible Discours de Benoît XVI à la Noël 2005. Une fois très-faussement admis que les principes constitutionnels des sociétés modernes ne sont plus antinomiquement incompatibles avec Dieu et la Religion, le pape Benoît se dessine dans les nuées enfumées le programme de Vatican II, le faisant consister en un "cercle de questions (...) qui attendaient une réponse ; il fallait définir de façon nouvelle le rapport entre Église et État moderne, qui accordait une place aux citoyens de diverses religions et idéologies, se comportant envers ces religions de façon impartiale et assumant simplement la responsabilité d'une coexistence ordonnée et tolérante entre les citoyens et de leur liberté d'exercer leur religion".
           
        S'étant follement imaginé que les pouvoirs politiques après la seconde guerre mondiale sont émasculés du virus athée radical des débuts révolutionnaires, ce qui, on l'a vu, est constitutionnellement parfaitement faux, alors, Benoît XVI ne se retient plus de vouloir frayer avec eux (pardon : j'allais écrire copuler), et d'épouser leurs mœurs pourtant absolument dérivées de l'athéisme constitutionnel originel qu'ils professent. Ce qui revient concrètement à prostituer la Foi à l'athéisme de l'époque moderne, en appelant mal ce qui est bien et bien ce qui est mal. Il est profondément triste de constater que notre pape Benoît ne répugne aucunement de le faire. Il n'est pas du tout gêné, comme si c'était chose parfaitement orthodoxe, de nous dépeindre l'État moderne comme "accordant une place aux citoyens de diverses religions et idéologies, se comportant envers ces religions de façon impartiale et assumant simplement la responsabilité d'une coexistence ordonnée et tolérante entre les citoyens et de leur liberté d'exercer leur religion". Cette situation est pourtant le descriptif très-exact du titre qu'avait donné Mgr Lefebvre à son dernier livre : "ILS L'ONT DÉCOURONNÉ ", ils ont découronné le Christ-Roy. Loin qu'elle manifeste une sorte de conversion des États modernes ayant rejeté l'athéisme radical originel de leur constitution, cette situation illustre au contraire formidablement bien cedit athéisme mis en pratique dans le for public, qui est une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint aux Yeux de Dieu et aux yeux des catholiques vrais et véritables, comme je m'honore de l'être et de le rester, par pure grâce et miséricorde de Dieu. Toutes les religions ont égale valeur et la seule chose qui est au-dessus d'elles toutes et chacune, ce n'est pas le vrai Dieu, c'est... la coexistence humaine pacifique entre elles dont la garde suprême est mise dans les mains, non pas de l'Église, ... qu'alliez-vous penser, malheureux ?, mais de l'État... constitutionnellement athée. Nous sommes là en plein dans la mystique de la Tour de Babel. C'est exactement cette doctrine très-perverse condamnée et anathématisée identiquement par Pie IX, qui sera mise en décret magistériel dans Dignitatis Humanae Personae, le document vaticandeux sur la Liberté religieuse, promulgué le 7 décembre 1965, veille de la clôture du concile. Voyez plutôt :
           
        "En outre, comme la société civile a le droit de se protéger contre les abus qui pourraient naître sous prétexte de Liberté religieuse, c’est surtout au pouvoir civil qu’il revient d’assurer cette protection ; ce qui ne doit pas se faire arbitrairement et à l’injuste faveur d’un parti [comme si on ne s’en doutait pas, de ces lapalissades-là…!], mais selon les règles juridiques, conformes à l’ordre moral objectif, qui sont requises par l’efficace sauvegarde des droits de tous les citoyens, et l’harmonisation pacifique de ces droits, et par un souci adéquat de cette authentique paix publique qui consiste dans une vie vécue en commun sur la base d’une vraie justice ainsi que par la protection due à la moralité publique" (§ 7) Ouf !! Qui ne voit, derrière cette bouillabaisse d’enflures de mots enfilés les uns cul par-dessus tête des autres, sans véritable lien logique entre eux, mais faisant office d’écran de fumée, qu’il n’y a en fait qu’un grand et affreux vide métaphysique derrière le fameux "ordre public juste" (§ 3) basé sur la Liberté religieuse dont parlent les Pères de Vatican II...? Ce soi-disant "ordre public juste" (§ 3) dérivé de la Liberté religieuse, n’est en fait pas défini par les Pères modernes et il ne pouvait pas l’être, puisque, par principe, on a convenu qu’il ne se basait pas sur Dieu ni son Christ… Alors on empile et rempile des affilongées de grands mots pour essayer de remplir le vide métaphysique et faire illusion !
           
        Nos illuminés modernistes ne se rendent même plus compte de la folie sociétale intégrale, fruit de leur blasphème intégral, qu'ils ont mise ainsi en route parmi les enfants des hommes. Le pape Benoît XVI, suivant les prétentions orgueilleuses des chefs des États modernes constitutionnellement athées, voudrait en effet que la paix civile entre les citoyens de diverses religions et idéologies, soit assurée et donnée par l'État, donc par l'homme et non plus par le Christ, ne comprenant nullement qu'ils se placent tous ainsi sous l'anathème de saint Paul : "Quand les hommes diront «Paix et sécurité !», subitement la catastrophe les saisira comme les douleurs qui prennent la femme qui va enfanter, et ils n’échapperont pas" (I Thess V, 3 ― c'est-à-dire que lorsque l'homme prétend se donner la paix du monde par lui-même alors qu'elle est un Don de Dieu sinon rien, il attire sur lui la sainte-Colère de Dieu). La doctrine de la Liberté religieuse prétend en effet donner la paix religieuse aux hommes non plus par Dieu et son Christ, mais par l'homme, avec l'homme, en l'homme et pour l'homme, per ipsum, et cum ipso, et in ipso, dans une pseudo-liturgie anthropocentrique sataniquement à l'envers, qui exclut radicalement Dieu...
           
        Mais c'est la folie du diable qu'elle fait vivre parmi les enfants des hommes, et une folie qui ne peut qu'être meurtrière et homicide, comme son père, Satan. En effet, les adeptes des fausses religions ne peuvent qu'aboutir à s'entretuer entre eux au for public, précisément en voulant vivre authentiquement et en se basant sur les fondements mêmes de leurs faux dogmes respectifs. Au for public, le droit religieux du musulman, par exemple, basé sur le coran, va jusqu'à devoir, et c'est pour lui un devoir de religion fondamental et non un abus, tuer celui qui refuse son dieu (ou plutôt démon) Allah. Par conséquent, si, comme les Pères de Vatican II ont osé le formuler dans le décret sur la Liberté religieuse, suivant en cela la conception politique droitdel'hommiste, il y a un droit formel au for public pour tous les adeptes des fausses religions de manifester concrètement leurs faux dogmes, alors, est inclus le droit pour les musulmans de tuer les hommes qui refusent Allah et leur fausse religion du diable, à leur discrétion. Nous touchons là du doigt la raison précise pour laquelle nos sociétés modernes post-révolutionnaires basées sur les "droits de l'homme", et également l'Église conciliaire qui s'est concordatairement mise à leur remorque, étant par-là véritablement devenue la grande prostituée de Babylone dénoncée et montrée du doigt par saint Jean dans l'Apocalypse, n'ont aucune réponse à faire face au terrorisme musulman. D'autre part, ce prétendu "droit" religieux du musulman au for public va, par exemple, s'opposer du tout au tout à celui du bouddhiste pour lequel la non-violence indifférentiste doit être la règle de tous les hommes au for public. Etc., etc. !
           
        Et c'est absolument en vain qu'on prétend pallier à ces contradictions insolubles entre deux "droits religieux de l'homme" différents d'adeptes de religions différentes, en formulant que le droit à la Liberté religieuse s'arrête là où commencent les exigences de la paix publique, du bien commun, de l'ordre sociétal juste, "conforme à l'ordre moral objectif" (Dignitatis Humanae Personae, § 7). Car à partir du moment où l'on retire le Droit de Dieu de la vie publique des hommes, mais sur quels critères va-t-on bien pouvoir fonder authentiquement un "ordre moral OBJECTIF" ? L'ordre moral objectif s'évanouit de la vie des hommes à proportion même où Dieu en est exclu... précisément parce que DIEU SEUL est objectif, les humains ne sont, eux, que subjectifs. Prétendre donc invoquer un "ordre moral objectif" pour normer la mise en oeuvre de la Liberté religieuse alors que la Liberté religieuse évacue dans son principe doctrinal même le fondement de l'objectif qui est Dieu, est poser les choses dans la folie totale et vouloir vivre en contradictoire infernal.
           
        Il est évident, pour en rester à eux, que le musulman et le bouddhiste n'ont pas la même conception de ce qu'est un "ordre moral objectif". Alors, sur quoi va-t-on le fonder pour générer la paix publique indispensable à la cohabitation harmonieuse de tous les croyants ? Sur le criterium musulman ?, celui bouddhiste ? Et pourquoi pas sur celui vaudou, celui écolo-coco de la Pachamama, ou celui... athée ?! Or bien, donc, "l'ordre moral objectif" dans la vie publique des hommes n'existe... que par le Droit de Dieu. Dieu seul en effet est objectif. Et donc est en puissance de générer l'ordre moral objectif recherché. Mais puisque, par principe rebelle, la conception révolutionnaire droitdel'hommiste refuse le Droit de Dieu, conception abominablement canonisée par les Pères de Vatican II dans le décret sur la Liberté religieuse, alors, on s'interdit par-là même de tracer les règles d'un ordre sociétal juste, et donc il n'y a plus aucun moyen de faire cohabiter dans la paix publique véritable les adeptes des différentes religions. Sauf à les faire vivre ensemble artificiellement dans l'écorce démocratique et zombie de leur être, dans une pseudo-convivialité Big Brother qui n'est, pardon, qu'une vivialité entre les cons, aux antipodes même de toute dignité humaine, dignité, qu'on a pourtant brandi sataniquement très-haut aux seules fins concrètes d'aboutir à... supprimer toute dignité humaine parmi les enfants des hommes. La conclusion n'est que trop certaine : les "droits de l'homme" athées, bénis scandaleusement par les Pères du concile moderne au niveau religieux dans la Liberté religieuse, font vraiment monter l'enfer sur la terre...
           
        Je viens de montrer que dans le for public, la Liberté religieuse est une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Elle ne l'est pas moins pour le for privé de l'homme, et surtout pour l'enfant de l'homme soumis à la Liberté religieuse. Voyez comment, dans le § 5 de Dignitatis Humanae Personae, les Pères de Vatican II osent faire l'application aux enfants de leur exécrable doctrine : "À chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial [notons déjà comme l'adjectif "primordial" est parfaitement hérétique : seul en effet le Droit de Dieu est primordial, le droit de la société familiale n'est que secondaire et dérivé de lui : nous sommes là en plein dans l'affirmation droitdel'hommiste qui veut que le droit de l'homme, ici familial, existe métaphysiquement en lui-même, sans avoir besoin d'être enté sur le Droit de Dieu], appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leurs propres convictions religieuses [!!!], la formation religieuse à donner à leurs enfants".
           
        Nous sommes là en pleine affreuse hérésie : ça n'est pas et ça ne sera JAMAIS un droit religieux pour un père musulman d'enseigner son petit Sélim ou sa petite Aïcha que Jésus n'est pas Dieu et que la Trinité divine est une exécration religieuse "pire que l'excrément et l'urine" (Coran). Ce § 5 est une abomination hérétique. À tout le plus, ce ne peut être qu'une tolérance, mais jamais un droit. Saint Thomas d'Aquin a très-bien fixé les contours de cette tolérance religieuse, en disant qu'elle n'est valable que pour les enfants de parents non-catholiques n'ayant pas encore atteint l'âge de raison (sept ans), mais une fois qu'ils ont passé l'âge de raison, donc dès qu'ils sont en âge d'être scolarisés, le Droit de Dieu de les éduquer selon la vraie et seule Religion, celle catholique, redevient primordial, par-dessus même le droit des parents sur leurs enfants (sur ce point, cf. mon exposé en finale de cet article : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/non-saint-thomas-d-aquin-n-est-pas-pour-la-tres-heretique-liberte-religieuse?Itemid=483). Voici l'enseignement catholique sur la question, fort bien formulé par saint Thomas d'Aquin, et... formellement rejeté par les Pères de Vatican II dans le § 5 de la Liberté religieuse, qui ose hérétiquement professer : "... À ceux-ci [aux parents] revient le droit de décider, dans la ligne de leur propre conviction religieuse, la formation religieuse à donner à leurs enfants. C'est pourquoi le pouvoir civil doit reconnaître aux parents le droit de choisir en toute réelle liberté, les écoles et autres moyens d'éducation. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de fréquenter des cours scolaires ne répondant pas à la conviction religieuse des parents". Nous sommes là en pleine hérésie : une fois passé l'âge de raison, un SEUL ET UNIQUE droit des parents, pour l'enfant, existe par-dessus tout autre, pour son salut même : celui d'éduquer leur enfant SELON LA FOI CATHOLIQUE.
           
        Ce que je viens de dire, et qui pourrait encore être très-développé, souligne à quel point est moralement scandaleuse et blasphématoire l'utopie-hérésie de la Liberté religieuse qu'hélas le pape Benoît XVI n'est pas du tout remué dans le tréfonds de sa Foi, d'exposer ainsi : "Il fallait définir de façon nouvelle le rapport entre Église et État moderne, qui accordait une place aux citoyens de diverses religions et idéologies, se comportant envers ces religions de façon impartiale et assumant simplement la responsabilité d'une coexistence ordonnée et tolérante entre les citoyens et de leur liberté d'exercer leur religion".
           
        Mais Benoît XVI tient beaucoup à justifier son hérésie, dans son Discours. Voyez comment il s'y prend : "Il est clair que dans tous ces secteurs, dont l'ensemble forme une unique question, pouvait ressortir une certaine forme de discontinuité et que, dans un certain sens, s'était effectivement manifestée une discontinuité dans laquelle, pourtant, une fois établies les diverses distinctions entre les situations historiques concrètes et leurs exigences, il apparaissait que la continuité des principes n'était pas abandonnée - un fait qui peut échapper facilement au premier abord. C'est précisément dans cet ensemble de continuité et de discontinuité à divers niveaux que consiste la nature de la véritable réforme". Principe catholique pas abandonné dans la Liberté religieuse ? C'est vouloir appeler blanc ce qui est noir. On vient de voir, en effet, à quel point sont affreusement abandonnées, apostasiées, les règles de Foi pour l'éducation des enfants, dans le § 5 de Dignitatis Humanae Personae... pour ne parler que de cela. C'est pourquoi, ce fait "échappe facilement au premier abord"... et même, cher Benoît XVI, au second abord !!!
           
        Benoît XVI veut en effet connoter les discontinuités dans Vatican II, d'accidentelles, inhérentes à la contingence historique, alors qu'elles sont substantielles, comme touchant au Dogme même de la Foi. Il n'est en effet pas du tout question, dans la condamnation de Pie IX de la Liberté religieuse, qu'il a tendance, lui, à appeler Liberté de conscience mais qui sur le plan doctrinal est exactement identiquement la même chose que la Liberté religieuse, d'une doctrine qui regarderait uniquement son temps et qui n'est plus valable dans le nôtre de temps, un temps vaticandeux. La doctrine condamnée par Pie IX est exactement la même que celle qui est exaltée dans Vatican II... C'est seulement en trichant vicieusement sur les concepts que Benoît XVI veut croire que la condamnation bien connue de Pie IX ne touche seulement que l'athéisme radical des premières sociétés politiques révolutionnaires, cette condamnation touche autant la Liberté religieuse telle qu'elle est doctrinalement exposée dans le concile moderne. Ce qu'avait fort bien vu et dénoncé, rappelons-nous, Hans Küng. Car le venin mortel doctrinal de l'athéisme et de l'indifférentisme religieux révolutionnaire au for public est identiquement professé dans la Liberté religieuse de Vatican II. Benoît XVI, se contredisant lui-même, est bien obligé de l'admettre : "Le Concile Vatican II, reconnaît et fait sien à travers le Décret sur la liberté religieuse un principe essentiel de l'État moderne" ; or, cedit principe est tout simplement et tout hérétiquement l'athéisme radical au for public...
           
        Mais Benoît XVI s'entête dans sa pensée hérétique, et tâche de créer des distinguos illusoires pour justifier l'hérétique Liberté religieuse :
 
        "Ainsi, par exemple, si la liberté de religion est considérée comme une expression de l'incapacité de l'homme à trouver la vérité, et par conséquent, devient une exaltation du relativisme alors, de nécessité sociale et historique, celle-ci est élevée de façon impropre au niveau métaphysique et elle est ainsi privée de son véritable sens, avec pour conséquence de ne pas pouvoir être acceptée par celui qui croit que l'homme est capable de connaître la vérité de Dieu, et, sur la base de la dignité intérieure de la vérité, est lié à cette connaissance. Il est, en revanche, totalement différent de considérer la liberté de religion comme une nécessité découlant de la coexistence humaine, et même comme une conséquence intrinsèque de la vérité qui ne peut être imposée de l'extérieur, mais qui doit être adoptée par l'homme uniquement à travers le processus de la conviction".
           
        Le moderniste possède l'art de créer des dialectiques d'oppositions artificielles, qui n'existent pas en réalité, de façon à présenter son hérésie comme une alternative catholique, face à une autre hérésie encore plus hérétique qu'elle. Nous sommes ici en pleine illustration de cette technique. Qu'ose soutenir là Benoît XVI, dans une langue amphigourique et sophistique bien compliquée fort significative ? Si la liberté de religion, dit-il, équivaut à croire que la vérité ne peut pas être connue par l'homme, alors elle est mauvaise, mais si la liberté de religion découle d'une nécessité sociopolitique naturelle, alors elle est bonne. Pitoyable tour de prestidigitation, en vérité ! Car, dans l'un et dans l'autre cas, on se trouve avec... la liberté de religion ! Or, c'est la liberté de religion en elle-même, de soi, ex se, qui est intrinsèquement hérétique, puisqu'elle exclue dans son principe fondamental le Règne du Christ au for public de la vie des hommes ! Strictement aucune soi-disant "nécessité découlant de la coexistence humaine", en effet, ne peut orthodoxiser son fond théologiquement intrinsèquement pervers. Puisque donc dans l'un et l'autre cas, il s'agit de l'hérétique liberté de religion, les deux cas sont l'un et l'autre aussi condamnables. Tant pis pour le ballon de baudruche dégonflé de Benoît XVI...
           
        Je termine ici, avec soulagement, le Discours de 2005 du pape Benoît XVI prétendant tellement faussement prouver l'orthodoxie du concile Vatican II, alors qu'il est hérétique de A à Z en passant par Lambda, non sans préciser avec grande tristesse hélas que notre pape moderne, qui a par ailleurs des côtés chrétiens tellement attachants, n'a jamais voulu conscientiser l'hétérodoxie viscérale de Vatican II durant tout son pontificat (il redit en effet quasi identiquement son Discours de 2005 dans celui qu'il tint aux curés de Rome en 2013, à l'occasion de son abdication au Trône pontifical).
           
        ... Que bien conclure en finale de Vatican II, et singulièrement de la Liberté religieuse (cf. ma réfutation complète de la Liberté religieuse, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteRalliesMisEnForme.pdf) ?
           
        Dans la parabole évangélique du riche damné en enfer et de Lazare sauvé au Ciel, il y a un abîme infranchissable entre le damné et le sauvé, que souligne Abraham invoqué par le riche damné. Or, il y a ce même abîme infranchissable entre la société moderne post-révolutionnaire et une société de droit naturel adoubée par Dieu et son Christ. Il y a donc le même abîme infranchissable entre Vatican II et le Dogme catholique, puisque le concile moderne a voulu prendre l'époque moderne en l'état, avec son péché révolutionnaire originel non-expurgé. L'erreur profonde de Benoît XVI est de ne pas (... vouloir ?) prendre conscience de la non-herméneutique de continuité de Vatican II avec le Dogme catholique, comme je le disais en titre.
           
        La réaction musclée de Mgr Viganò, quoique tardive et plutôt celle d'un ouvrier de la onzième heure et demi qui n'a pas porté "le poids du jour et de la chaleur" (Matth XX, 12 ― il a en effet vécu toute sa carrière ecclésiastique dans le giron de l'Église conciliaire sans s'être jamais démarqué de l'hérésie vaticandeuse, et ne réagit positivement, ... Dieu en bénisse son âme !, qu'à la fin de sa carrière ecclésiastique), donne certes des crises d'urticaire mentale galopantes à Sandro Magister, mais elle s'impose d'elle-même : "Ce qu’il faut faire une fois pour toutes –a-t-il enjoint [Mgr Viganò]–, c’est «de le laisser tomber ‘en bloc’ et de l’oublier» [tout le concile Vatican II]. Humainement parlant, ce serait en effet la seule chose à faire de Vatican II qui vient à un esprit catholique sain et raisonnable. Trivialement parlant, j'oserai ajouter quant à moi que quand je pense à Vatican II, irrépressiblement deux images fortes me viennent à l'esprit : une cuvette de WC + une chasse d'eau.
           
        Pardon pour cette réaction personnelle tirée de mon "hommerie" comme disait Montaigne, car la réalité spirituelle que manifeste le concile moderne est beaucoup plus sérieuse : Vatican II est le clouement de l'Église sur la croix de co-Rédemption. Impossible, en vérité, de "laisser tomber" ou d'"oublier" la crucifixion de l'Église une fois que celle-ci est opérée, comme ça l'est à et par Vatican II. Car en fait, nous sommes dans la période apocalyptique ultime où l'Épouse du Christ, à l'instar de l'Époux des âmes, se donne en co-Rédemptrice pour le salut des âmes. L'aboutissement sera le règne de l'Antéchrist-personne faisant mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre, ou plutôt, pardon, l'aboutissement ultime sera le Retour du Christ en Gloire sur les Nuées du ciel, venant ressusciter son Épouse étant passé par la mort dans le règne de l'Antéchrist-personne et ayant ainsi vécu sa Passion propre et personnelle (et ne la vivant plus seulement comme dérivée de celle de son divin Époux), dans nos temps vaticandeux affreux et abominables.
           
        Pour conclure mon nouvel article, j'avoue que je n'ai pas du tout aimé le titre donné par Sandro Magister au sien : Leçon non-entendue de Benoît XVI. Éh, quoi ! Plaît-il ?  Vraiment ? Leçon non-entendue de Benoît XVI ?? La vérité, c'est que c'est plutôt Benoît XVI qui aurait besoin, sur le caractère hérétique de Vatican II, d'entendre une leçon, une sacrée bonne leçon catholique, il aurait vraiment besoin, devant Dieu et l'Église, de revoir sa copie. Et Sandro Magister aussi, derrière lui.
           
        En tous cas, notre conservateur termine son article d'une manière franchement honteuse. "Aux lecteurs de se faire une opinion", conclue-t-il piteusement...! Ce qui commence par montrer, soit dit en passant, qu'il n'est pas vraiment fier ni sûr de la sienne qui veut dédouaner le concile moderne de toute hétérodoxie... comme on le comprend. Il aurait mieux valu, tout-de-même, qu'il finisse son article comme les deux Dupont/d dans Tintin & Milou : "C'est mon opinion et je la partage"...!, il aurait au moins montré qu'il croyait à son combat spirituel pour Vatican II. J'évoquais en commençant ces lignes la force de libération dans l'âme fidèle que procure la vérité intègre et intégrale qui n'est autre que la Personne de Jésus-Christ Lui-même vivant dans nos âmes chrétiennes. Cette vérité intègre et intégrale n'a rien à voir avec l'opinion humaine que chacun peut se forger selon sa petite comprenette perso très-limitée ou pire, selon les droits cartésiens de l'homme révolutionnaire. Il est fichtrement étrange qu'un catholique donnât le dernier mot à l'opinion humaine basée peu ou prou sur "les droits de l'homme", c'est terminer un "billet du jour" à l'usage des catholiques par une conclusion digne d'un... révolutionnaire. Sandro Magister veut-il nous dire par-là que le fond d'artichaut de l'âme des conservateurs serait en fait d'être... révolutionnaire ?!? Corruptio optimi pessima. La corruption du meilleur est la pire, disaient les anciens...
           
        Mais je préfère terminer sur une note d'humour...
           
        À propos du concile Vatican II et singulièrement de la Liberté religieuse, je trouve qu'Astérix & Obélix avaient raison :
           
        "ILS SONT FOUS, CES ROMAINS" !
 
En la fête de sainte Elizabeth du Portugal,
ce 8 Juillet 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
08-07-2020 11:44:00
 

L'erreur profonde de Benoît XVI... et de Sandro Magister ; ou la non-herméneutique de continuité de Vatican II avec le dogme catholique (1)

 
 
 
L'erreur profonde de Benoît XVI... et de Sandro Magister ;
ou la non-herméneutique de continuité de Vatican II
avec le dogme catholique
(1)
 
           
        Sandro Magister est un journaliste italien qui écrit dans L'Espresso, c'est un catholique de tendance conservatrice... à l'instar de notre pape Benoît XVI. Ses "billets du jour" sur tel ou tel sujet d'actualité ecclésiale brûlant peuvent être intéressants au niveau de l'info, mais, trop souvent, ils révèlent une pensée qui s'est rigoureusement interdite d'aller au fond du problème de "la crise de l'Église", d'investiguer avec intelligence et souci de la vérité dans ses causes théologiques premières véritables. Dès lors, le message journalistique de réaction contre les effets du mal ecclésial contemporain qu'il fait passer à ses lecteurs reste généralement dans l'obscurantisme des "vérités diminuées" qui ne libèrent pas l'âme catholique du mensonge universel contemporain... surtout quand il est ecclésial. Ô combien l'exclamation à la fois douloureuse et indignée du Psalmiste trouve écho en notre temps : "Sauvez-moi, Seigneur, car il n’y a plus de saint, parce que les vérités ont été diminuées par les enfants des hommes" (Ps XI, 1) ! À quoi peut bien servir en effet de dénoncer la fièvre si l'on a décidé de faire l'impasse sur l'identification du virus qui en est la cause ? L'effet et la cause de l'effet doivent être dénoncés en même temps et avec la même force si l'on veut libérer surnaturellement dans la vérité vraie en vérité les âmes, et la sienne propre pour commencer. Seule, en effet, la vérité intégrale a ce pouvoir spirituel de libérer vraiment l'âme fidèle (cette vérité intégrale, qui n'a rien à voir avec la vérité intégriste affectionnée par les tradis), c'est un pouvoir que Dieu n'a pas donné aux vérités diminuées des conservateurs, et pas plus aux vérités intégristes des tradis. Parce qu'avec Jésus-Christ, dont il est toujours bon de se remettre en mémoire active qu'Il est Lui-même, en Personne à la fois divine et humaine, la Vérité intègre et intégrale, c'est tout ou rien (la vérité en effet, n'est pas une idée, mais une personne vivante, celle de Jésus-Christ : "Je suis la Voie, la Vérité et la Vie" ― Jn XIV, 6).
           
        On n'est donc pas surpris de voir Sandro Magister, dans son dernier article L'archevêque Viganò au bord du schisme ― La leçon non-entendue de Benoît XVI, moult s'indigner de l'accusation que porte Mgr Viganò contre le concile Vatican II : un conservateur comme lui sait certes dénoncer, et il s'en fait d'ailleurs un grand devoir, les errements et déviations graves dans l'Église après Vatican II, mais s'interdit absolument d'en voir la racine dans le concile moderne, qu'il veut à toutes forces toujours continuer à voir comme sacro-saint !
           
        Mais voilà. Encore faudrait-il que les conservateurs qui vivent leur spiritualité dans les "vérités diminuées" apportent la preuve qu'il n'y a pas une relation immédiate et directe de cause à effet entre la lettre magistérielle elle-même dudit concile moderne et lesdits errements post-Vatican II, et... c'est là que le bât blesse.
           
        Dans son article, Sandro Magister se fait pourtant fort d'apporter cette preuve, qu'il voudrait croire établie et formelle, il va la chercher quasi manu militari dans les explications théologiques données par le pape Benoît XVI sur le sujet. Le pape Ratzinger, qui fut une cheville ouvrière très-active du concile moderne et qui en connaît à fond la structure intellectuelle et le déroulement interne, a en effet élaboré avec le plus grand soin toute une thèse pour "prouver" théologiquement que Vatican II est doctrinalement saint et sain, et qu'il ne saurait être la racine d'aucun des errements et déviances fort graves qui, évidemment par le plus grand des hasards, l'ont suivi très-immédiatement, quasi dès sa clôture, dans toutes les églises de l'orbe catholique universelle, y germinant et germant aussitôt peu ou prou comme chienlit prolifique.
           
        Or, le pape Benoît XVI se trompe absolument et complètement sur le point essentiel qui fonde tout son raisonnement prétendant laver Vatican II de toute hétérodoxie et de toute responsabilité première dans les errements et déviances post-conciliaires. C'est ce que je vais maintenant montrer, et pour que ma démonstration soit plus percutante, vraiment à l'emporte-pièce dans les âmes de bonne volonté (les âmes de mauvaise volonté, je m'en contref...), je vais la faire en suivant rigoureusement le raisonnement théologique qu'il a exposé et soutenu dans le grand détail devant tous les cardinaux, quelques jours avant son premier Noël pontifical, dans son Discours à la Curie romaine à l'occasion de la présentation des vœux de Noël, qu'on pourra trouver in extenso ici https://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2005/december/documents/hf_ben_xvi_spe_20051222_roman-curia.html
           
        À quelques jours près, ce Discours se situe à quarante ans de distance de la date de clôture de Vatican II (8 décembre 1965), et le pape Benoît en prenait occasion pour faire une rétrospective apologétique dudit concile moderne. Écoutons-le attentivement.
           
        "... Le dernier événement de cette année sur lequel je voudrais m'arrêter en cette occasion est la célébration de la conclusion du Concile Vatican II il y a quarante ans. Ce souvenir suscite la question suivante : Quel a été le résultat du Concile ? A-t-il été accueilli de la juste façon ? Dans l'accueil du Concile, qu'est-ce qui a été positif, insuffisant ou erroné ? Que reste-t-il encore à accomplir ? Personne ne peut nier que, dans de vastes parties de l'Église, la réception du Concile s'est déroulée de manière plutôt difficile".
           
        Convenons que c'est parler là à mots très-feutrés et même calfeutrés, qui sonnent plutôt fêlés parce qu'ils ne rendent pas vraiment le son exact de l'immense clameur réprobatrice qui a résonné tous azimuts dans le monde catholique contre le concile moderne, dès sa clôture. Mais continuons à tendre l'ouïe.
           
        "La question suivante apparaît : pourquoi l'accueil du Concile, dans de grandes parties de l'Église, s'est-il jusqu'à présent déroulé de manière aussi difficile ? Éh bien, tout dépend de la juste interprétation du Concile ou -comme nous le dirions aujourd'hui- de sa juste herméneutique, de la juste clef de lecture et d'application".
           
        Ainsi donc, la thèse est lancée, ou plutôt la poudre de perlimpinpin dans les yeux des fidèles : selon le pape Ratzinger, le problème de la mauvaise réception de Vatican II dans le monde catholique est uniquement dû à une question secondaire d'interprétation de la lettre magistérielle du concile moderne, mais nullement à une question première de défectuosité doctrinale de la lettre magistérielle elle-même. "TOUT dépend", dit-il, ce sont ses propres mots, d'une question d'interprétation de la lettre magistérielle conciliaire. Nous sommes là en plein mensonge, ou plutôt, je rectifie, en plein refus de conscientiser le problème théologique vrai posé par Vatican II (car je m'en voudrais de dire que le pape Ratzinger ment, ce qui suppose de la malice et de la coulpe de sa part, la vérité est qu'il s'abuse, trompé en toute innocence par "la puissance des ténèbres" dans laquelle toute l'Église est plongée et engloutie depuis qu'elle vit "LA PASSION DE L'ÉGLISE" -et ce n'est pas d'hier, et ça ne date pas du concile moderne... je vais y revenir- ; et il se trompe innocemment, à tout le moins au départ de cette tromperie dont il est victime dans les temps très-enthousiastiques mêmes de Vatican II, mais il refuse à présent d'en prendre conscience tellement il s'est engagé intellectuellement à fond du donf, et aussi hélas passionnellement, dans cette tromperie à l'époque du concile ; on ne peut que constater que Mgr Viganò, quant à lui, nous montre une âme qui a accepté très-humblement de prendre conscience de s'être laissé abuser par Vatican II et d'avoir été abusé durant de longues décennies post-conciliaires... mais pas Benoît XVI).
           
        Or, pour commencer, je vais montrer très-clairement que, fort loin que le problème posé par Vatican II soit une question d'interprétation des décrets magistériaux y promulgués, c'est au contraire une question de lettre magistérielle elle-même du concile qui est hérétique (et même pire que cela : apostate), en prenant un exemple très-simple que tout le monde pourra comprendre, dans le décret Nostra Aetate.
           
        ... Cher lecteur !, c'est en effet très-important, il faut, en tant que catholique, que vous preniez conscience VOUS-MÊME de l'hétérodoxie formelle de la lettre magistérielle elle-même du concile Vatican II.
           
        Ainsi, vous verrez où est la vérité, que tâchent d'occulter à toutes forces les conservateurs par un écran de fumée et en lançant des grenades fumigènes un peu partout, et vous plaindrez le pauvre pape Benoît XVI de continuer à vouloir s'abuser lui-même et abuser son prochain, en voulant toujours et encore croire que le problème de Vatican II est un problème d'interprétation et non point de lettre magistérielle elle-même. Les travaux pratiques que je vous propose pour cela vont être fort simples pour vous, vous n'avez juste qu'à ouvrir le lien suivant qui va vous mener directement au texte officiel de ce très-abominable décret conciliaire Nostra Aetate : http://www.vatican.va/archive/hist_councils/ii_vatican_council/documents/vat-ii_decl_19651028_nostra-aetate_fr.html
           
        ... Voilà ! Vous y êtes ? Vous avez sous les yeux le texte conciliaire lui-même signé et dûment promulgué par les 2 500 Pères-évêques de l'Église contemporaine una cum le pape Paul VI, c'est-à-dire théologiquement un avec lui.
           
        À présent, faites un peu dérouler le curseur et arrêtez-vous à : § 3. La religion musulmane. Et maintenant, lisez attentivement, dans la première ligne, la définition qu'osent faire les Pères de Vatican II de cette diabolique religion : "L’Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu unique, VIVANT ET SUBSISTANT".
           
        Vous pouvez vous arrêter de lire, il n'y a hélas pas besoin d'aller plus loin. On est obligé, là, de prendre acte et de constater que cette lettre magistérielle conciliaire vaticandeuse incroyable est tout simplement une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, lequel Lieu-Saint, ici, est rien moins que... DIEU LUI-MÊME. Oser professer que le "Dieu" musulman est VIVANT ET SUBSISTANT est un blasphème hérétique ou une hérésie blasphématoire, comme l'on veut, qui est rien moins qu'une véritable et monstrueuse apostasie. Le seul Dieu VIVANT ET SUBSISTANT est en effet, et on ne devrait pas avoir à rappeler une telle évidence dogmatique qu'un enfant du premier catéchisme rougirait de ne savoir point, le Dieu Un EN TROIS PERSONNES DIVINES révélé par Jésus-Christ et la Religion véritable, celle catholique. Or, nul ne l'ignore, sauf apparemment les Pères de Vatican II una cum le pape actuel (qui, prenons-en bien conscience, étaient, à Vatican II, tous les "membres enseignants" en corps d'institution d'une génération ecclésiale donnée, de soi en possession du charisme d'infaillibilité lorsqu'ils enseignent ordinairement l'universalité des fidèles...), nul ne l'ignore disais-je, le "Dieu" Allah adoré par les musulmans est un faux dieu qui n'existe pas, donc qui ne vit pas, qui ne subsiste pas, justement parce qu'ils rejettent et refusent explicitement et formellement dans leur foi coranique le dogme de la Trinité divine (mais le démon vient remplir le vide métaphysique qu'ils se sont créés). Il est donc vraiment tout ce qu'on veut, ce "Dieu" musulman, sauf... VIVANT ET SUBSISTANT !!! Oser dire du Dieu musulman UN SANS ÊTRE TROIS qu'il est VIVANT ET SUBSISTANT, c'est pire qu'une simple hérésie, un simple blasphème, c'est en vérité une apostasie inouïe du Dieu véritable.
           
        Or, je le répète, on est bien obligé de prendre acte que cette hérésie-apostasie affreuse et atroce se trouve dans la lettre magistérielle elle-même du concile Vatican II, au sens obvie et formel, le texte officiel que vous venez de lire, ô lecteur, en faisant foi.
           
        Mais reprenons maintenant le raisonnement que veut faire Benoît XVI pour empêcher son âme de prendre conscience de l'hétérodoxie viscérale du concile moderne dans sa lettre magistérielle elle-même : la cause de la mauvaise réception du concile Vatican II parmi les fidèles, affirme-t-il, ne réside pas dans la lettre magistérielle conciliaire, mais seulement dans l'interprétation faite de cette dite lettre. Fort bien ! Je vais m'astreindre avec peine, par respect pour le pape, à suivre le raisonnement de Benoît XVI. Je prends donc à mon compte la définition de Nostra Aetate du "Dieu" musulman qui serait soi-disant VIVANT ET SUBSISTANT, et veux me dire que c'est seulement une question d'interprétation pour bien entendre cette définition dans la Foi catholique. La "question suivante", comme dit Benoît XVI, est celle-ci : Quelle herméneutique dois-je choisir pour me donner l'interprétation de cette définition qui satisfasse la Foi catholique dont mon âme doit se nourrir pour être sauvée ?
           
        Si je lis l'explication théologique du pape Benoît dans la suite de son Discours, il donne deux herméneutiques principales possibles pour lire les doctrines professées dans le concile Vatican II : 1/ une grille d'interprétation de nouveauté théologique par rapport à la Tradition doctrinale, dite "herméneutique de discontinuité ou de rupture" ; 2/ une grille d'interprétation "de réforme dans la continuité de l'unique sujet-Église", qui, par la suite, par souci d'abréviation et aussi de simplification, a été appelée "herméneutique de continuité", ce qui est un raccourci théologiquement juste. Cette herméneutique de continuité dans Vatican II serait soi-disant, selon Benoît XVI, une présentation du Dépôt révélé certes adaptée à notre génération moderne mais en total respect de la Tradition doctrinale. Il s'agirait, ce qui est bien connu en théologie dogmatique, d'un désenveloppement homogène, d'un épanouissement orthodoxe du Dogme, dû à l'avancement des Temps vers le Royaume sous l'inspiration du Saint-Esprit, un peu comme un enfant puis un adolescent s'épanouit en homme adulte sans rien renier de ce qu'il est essentiellement dans sa personne humaine.
           
        Ensuite de son exposé des deux différentes herméneutiques possibles de Vatican II, notre pape conciliaire Benoît condamne bien sûr la première listée, l'herméneutique de rupture, qui consiste, selon lui, à donner aux mots magistériels employés dans Vatican II un contenu de Foi carrément nouveau, au sens théologique toujours très-négatif du qualificatif, c'est-à-dire formellement hétérodoxe, en non-accord et non-écho radicaux avec la Tradition doctrinale. L'herméneutique de rupture, qui, toujours selon lui, se réclamerait de l'esprit du concile plus que de sa lettre (mais c'est faux : l'herméneutique de rupture se réclame autant de la lettre favens haeresim de Vatican II que de son esprit), donnerait en fait à professer une Foi nouvelle qui, au moins en quelque point doctrinal fondamental, n'a pas de lien avec la Foi traditionnelle.
           
        Or, là, déjà, je m'arrête, je pile sec des deux pieds, je ne peux plus, en tant que catholique, suivre Benoît XVI dans sa tentative d'explication. Je suis en effet obligé de constater que notre pape conciliaire est théologiquement très-insuffisant et très-incomplet dans son exposé de la question, il oublie bougrement de dire une chose très-importante, qu'un théologien de sa trempe est vraiment fautif d'omettre, à savoir : théologiquement, il n'est pas normal, ou mieux dit, il est rigoureusement impossible de supposer, comme le fait notre pape conciliaire dans sa première hypothèse d'une herméneutique de rupture, qu'un texte magistériel authentique puisse contenir en soi, ex se, une possibilité de lecture favens haeresim, qui favorise l'hérésie, une lecture qui puisse permettre, précisément, une rupture avec la Tradition doctrinale. Un texte magistériel émanant authentiquement de l'Église-Épouse, comme le furent éminemment tous les décrets de Vatican II, ne peut JAMAIS être en effet, catholiquement parlant, une sorte de Janus à deux visages, dont l'un regarderait vers la Tradition, quand l'autre regarderait vers le modernisme. Et cependant, et pourtant, au rapport même de Benoît XVI lorsqu'il définit sa première grille de lecture des textes de Vatican II, c'est ce qu'on peut trouver dans le concile moderne : des textes magistériaux qui pourraient recevoir une lecture hétérodoxe (le cas le plus frappant étant le fameux subsistit in de Lumen Gentium pour définir l'Église catholique, qui peut en effet tout-à-fait être lu le plus hérétiquement du monde et satisfaire à une herméneutique de rupture totale avec la Tradition doctrinale). Cela est déjà, théologiquement, complètement anormal, ce que ne voit pas du tout Benoît XVI... ou qu'il ne veut absolument pas voir, s'étant mis des œillères très-opaques sur les yeux et point du tout le collyre du Saint-Esprit (Apoc III, 18), pour ne voir point la vérité vraie en vérité du concile moderne.
           
        Quant à lui, il se contente juste de condamner cette possible lecture hétérodoxe des textes magistériaux de Vatican II par l'herméneutique de rupture, mais sans dire qu'il est anormal au plus haut point et surtout théologiquement impossible, de pouvoir faire une lecture hétérodoxe de textes émanant du Magistère de l'Église réunie en concile général, de soi doté ipso-facto de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel. Cherchez en effet dans les conciles universels du passé ecclésial : aucun texte d'iceux-là ne permet la moindre lecture hétérodoxe des doctrines y promulguées dûment...
           
        Mais je réponds maintenant à la question que je me posais tout-à-l'heure : dans le panel des herméneutiques proposées par Benoît XVI aux fidèles pour lire Vatican II, quelle herméneutique dois-je choisir pour me donner la bonne interprétation de la définition du "Dieu" musulman dans Nostra Aetate, une interprétation qui satisfasse la Foi catholique dont mon âme doit se nourrir pour être sauvée ? Puisque Benoît XVI veut que la problématique de fond du concile moderne soit seulement une question d'interprétation de la lettre conciliaire ? Or, avec cette définition, c'est bien peu dire que je suis là en présence d'un texte magistériel vaticandeux qui peut recevoir une lecture hétérodoxe par l'herméneutique de rupture à côté d'une lecture qui puisse en être aussi bien faite dans l'orthodoxie, par l'herméneutique de continuité ! La vérité, c'est que cette définition du "Dieu" musulman de Nostra Aetate NE permet QU'une lecture, et hélas, trois & trine fois hélas, il s'agit de la mauvaise et hérétique lecture, celle faite par l'herméneutique de... rupture ! En effet, je ne peux pas, moi catholique, lire que Allah est un Dieu VIVANT ET SUBSISTANT autrement qu'en me coupant radicalement, in radice, de la Foi catholique, laquelle professe au contraire formellement qu'un Dieu Un qui n'est pas en Trois Personnes divines ne peut rigoureusement pas être le vrai Dieu VIVANT ET SUBSISTANT. Si donc on me fait professer qu'un Dieu Un qui n'est pas Trine est lui aussi VIVANT ET SUBSISTANT, cela me fait attenter le plus directement possible à la Foi catholique et en plus, singulièrement blasphémer le vrai Dieu, Père, Fils & Saint-Esprit. Exactement contrairement donc à ce que veut professer Benoît XVI, il y a des textes vaticandeux qui ne peuvent être lus qu'avec l'herméneutique de rupture... car je rappelle que je n'ai pris ici que le plus simple exemple possible d'une mauvaise lettre magistérielle conciliaire en soi, ex se, qui peut hélas être beaucoup multiplié dans Vatican II.
           
        Le pape Benoît XVI veut en effet professer qu'on puisse donner aux textes du concile moderne deux herméneutiques, l'une de rupture avec la Tradition doctrinale, l'autre de continuité avec la Tradition doctrinale, mais la première, de rupture, serait toujours mauvaise et ne doit jamais être suivie, quand la seconde est toujours la seule bonne. Alors, je lui pose la question : comment veut-il que, par l'herméneutique de continuité qu'il me dit être la seule bonne herméneutique pour lire les textes de Vatican II, je lise dans la Foi que le "Dieu" musulman qui n'est pas Un en Trois Personnes divines, soit VIVANT ET SUBSISTANT ? Comment une telle définition peut-elle être une continuation, un désenveloppement doctrinal orthodoxe, que l'avancement de l'Histoire et le Saint-Esprit auraient soi-disant permis dans l'Église le 28 octobre 1965, du dogme catholique qui professe que le seul Dieu VIVANT ET SUBSISTANT est un Dieu Un en Trois personnes divines sinon rien ? Le noir ne peut pas révéler le blanc ; la négation d'une chose ne peut pas, par désenveloppement intrinsèque épanoui voire arrivé à maturation complète, arriver à professer positivement cette dite chose, car elle y est opposée antinomiquement. Avec la définition du "Dieu" musulman dans Nostra Aetate, nous sommes donc là en présence d'une contradiction formelle et antinomique avec la Foi catholique, absolument irréductible. La lecture des textes conciliaires de Vatican II par l'herméneutique de continuité, que Benoît XVI veut être la seule valable, s'avère donc ici radicalement IMPOSSIBLE.
           
        On est donc bien obligé, avec cette définition de Nostra Aetate du "Dieu" musulman, de prendre acte que c'est LA LITTÉRALITÉ MÊME DU TEXTE MAGISTÉRIEL DE VATICAN II qui est en opposition antinomique formelle avec la Foi catholique. Car si l'herméneutique de continuité est impossible à employer pour la définition du "Dieu" musulman dans Nostra Aetate, ne reste donc plus possible pour cette définition vaticandeuse, et en suivant le raisonnement même du pape Benoît XVI, que l'herméneutique de rupture. Et justement, il en est significativement bien ainsi : non seulement, comme je viens de l'exposer, il est possible de soutenir cette herméneutique de rupture avec la définition du "Dieu" musulman qui est faite dans Nostra Aetate, mais la vérité est que c'est SEULEMENT avec cette herméneutique de rupture qu'on peut la lire. Mais si c'est la SEULE herméneutique de rupture qui rend le compte théologique exact de ladite définition du "Dieu" musulman dans le concile moderne, alors cela signifie formellement que c'est la lettre même du Magistère vaticandeux qui est hérétique en soi, ex se. Cqfd, malheureusement. Je défie quiconque, à commencer par Sandro Magister, de pouvoir prouver théologiquement le contraire.
 
        La thèse de Benoît XVI qui veut faire de Vatican II une problématique d'interprétation et non de lecture, est donc archi-fausse, archi-controuvée...
           
        On ne saurait donc s'étonner que cette présence indubitable de l'hérésie formelle dans la littéralité obvie même des décrets magistériaux de Vatican II, et donc une rupture complète et radicale du concile moderne avec la Foi et la Tradition doctrinales de l'Église, ait fort bien été perçue par les esprits modernistes dans l'époque même où le concile se déroulait, et, ... comme on les comprend !, ils ne se sont certes pas fait faute ni scrupule de la dénoncer vertement et publiquement, de la clamer à tous vents ! "Si tu veux te connaître, va chez ton ennemi" dit un proverbe chinois. C'est un proverbe rempli de sagesse. Nos amis en effet, soit par peur soit par respect, ont tendance à ne pas nous dire la vérité intégrale sur nous-même, ils enrobent leur pensée sur nous de flatterie bien souvent ; mais, par haine, nos ennemis, au contraire, vont tout-de-suite à la jointure de notre faille pour hautement la dénoncer... et c'est finalement précieux pour l'avancement même de notre sanctification. Éh bien, mais, alors, ne rechignons pas, allons-y franc de port chez nos ennemis, pour connaître la VÉRITÉ sur Vatican II...!
           
        Voyez par exemple comment Hans Küng, le théologien moderniste tristement célèbre, commentait le fameux subsistit in du décret Lumen Gentium par laquelle définition conciliaire l'Église catholique n'était plus dite être la seule et unique Épouse du Christ, définition de l'Église aussi ouvertement hérétique que la définition faite dans Nostra Aetate du "Dieu" musulman. Il triompha immédiatement après le vote vaticandeux des Pères promulguant Lumen Gentium, et expliqua : "[Par cette définition conciliaire] l'Église catholique ne s'identifie plus seule à l'Église du Christ : le Concile a fait sur ce point une révélation formelle". Par ailleurs, précisons qu'on retrouve cette même formule hérétique dans plusieurs autres textes de Vatican II, ce qui prouve qu'elle est rien moins qu'anodine, qu’elle n’est pas non plus un innocent et accidentel lapsus calami qu'il serait pharisaïque d'épingler (c'est bien au contraire la pointe d'un iceberg subversif redoutable...), on la trouve par exemple dans la Liberté religieuse, au § 1 : "Cette unique vraie religion, nous croyons qu'elle subsiste dans l'Église catholique". Le sous-entendu hérétique est clair : si elle subsiste dans l'Église catholique, elle peut aussi subsister ailleurs, par exemples dans des "groupes religieux", comme les Pères de Vatican II oseront nommer de cette manière théologiquement si indécente les sectes non-catholiques dans la Liberté religieuse, au § 4...
           
        Ce constat formel de rupture radicale des doctrines de Vatican II avec la Tradition et la Foi catholiques se trouve encore, et même éminemment, dans le fameux décret sur la Liberté religieuse : "Il suffit, dit toujours et hélas à fort juste titre notre hérétique de service, Hans Küng, de comparer le document doctrinal autoritaire des années soixante du siècle dernier, paru immédiatement avant Vatican 1er, le Syllabus publié en 1864, avec les documents doctrinaux de Vatican II des années soixante de notre siècle, pour se rendre compte aussitôt que c'est uniquement par les méthodes du totalitarisme partisan ("car le parti a toujours raison"), qu'on a pu parvenir à transformer toutes les contradictions en un développement logique. Il n'y a plus développement là où c'est le contraire qui est expressément affirmé... L'assentiment à la liberté de religion donné par Vatican II n'est ni explicitement ni implicitement contenu dans la condamnation de la liberté de religion par Pie IX. On ne peut pas non plus s'esquiver en disant que les temps ont tellement changé et qu'on a alors voulu condamner que les excès négatifs de la Liberté religieuse [... c'est exactement le faux et mensonger argument que va prendre Benoît XVI pour justifier la Liberté religieuse, comme on va le voir tout-à-l'heure...]. Il suffit de lire les condamnations elles-mêmes du Syllabus : «De notre temps, il ne convient plus de reconnaître la religion catholique comme seule religion d'État, à l'exclusion de toutes les autres formes de culte envers Dieu (77e proposition, CONDAMNÉE)» ; «Il est donc louable que certains pays catholiques prévoient légalement que les immigrants aient le droit de pratiquer publiquement leur religion quelle qu'elle soit (78e proposition, CONDAMNÉE)» ; «Car il est faux que la liberté civile de religion, comme la pleine faculté accordée à tous de manifester librement et publiquement n'importe quelles opinions et idées, conduise aisément à la corruption de l'esprit et des mœurs des peuples et à l'extension de la peste de l'indifférentisme (79e proposition, CONDAMNÉE)»" (Être vrai, l'avenir de l'Église, Hans Küng, 1968). On ne saurait, hélas, mieux dire, c'est plutôt foudroyant...
           
        Neuf ans plus tard, après "l'été chaud 1976" qui vit Mgr Marcel Lefebvre monter au créneau pour défendre la Foi contre les hérésies de Vatican II, notre clairvoyant hérétique moderniste commentait ainsi ne varietur "la crise de l'Église", désormais en état non-soigné d'abcès ouvert et purulent : "Lefebvre a tout-à-fait le droit de remettre en cause la déclaration conciliaire sur la Liberté religieuse, parce que, sans donner d'explication, Vatican II a complètement renversé la position de Vatican 1er. Il n'y a plus développement là où c'est le contraire qui est expressément affirmé" (extrait d'une interview de Hans Küng publiée dans National Catholic Reporter du 21 octobre 1977). D'autres mauvais larrons modernistes ne manquèrent pas de poser le même constat qui, pour eux, était une grande victoire. Ainsi le dominicain P. Congar : "Ce qui est nouveau dans cette doctrine [de la Liberté religieuse] par rapport à l'enseignement de Léon XIII et même de Pie XII, bien que le mouvement s'amorçât alors, c'est la détermination du fondement propre et prochain de cette liberté [religieuse], qui est cherchée non dans la vérité objective du bien moral ou religieux, mais dans la qualité ontologique de la personne humaine" (cf. Études & documents, Secrétariat de l'Épiscopat français, bulletin du 15 juin 1965, n° 5, p. 5). C'est effectivement très-exactement là que se situe l'hérésie de la Liberté religieuse : mettre l'homme à la première place, avant la Vérité qui est Dieu par la Personne divino-humaine de Jésus-Christ, et donc avant Dieu Lui-même. Le R.P. John Courtney Murray, autre expert américain progressiste très-actif au concile Vatican II, n'aura pas une autre analyse : "Presque exactement un siècle plus tard, la déclaration sur la Liberté religieuse semble affirmer comme doctrine catholique ce que Grégoire XVI considérait comme un délire, une idée folle. Tels sont les termes du problème". Voilà qui rejoint les propos de Hans Küng ; et l'on ne saurait certes mieux conclure, en effet : "Tels sont les termes du problème".
           
        Il est triste de devoir commenter ici que le prophète de Yahweh Sabaoth qui dit publiquement la vérité au peuple de Dieu sur Vatican II, et donc sur l'Église Universelle qui l'a dûment promulgué, s'avère être... l'hérétique, l'ânesse de Balaam, qui triomphe en faisant remarquer avec force et grande justesse d'analyse que seule l'herméneutique de rupture rend théologiquement le vrai compte des doctrines professées dans Vatican II : le concile moderne enseigne et professe à l'universalité des fidèles de l'orbe catholique une nouveauté doctrinale en complète opposition avec la Tradition de la Foi. ET VOILÀ LA VÉRITÉ VRAIE EN VÉRITÉ DU CONCILE MODERNE (cela me rappelle que dans la question du Ralliement, comme je le faisais remarquer dans mon précédent article, seuls les ennemis républicains français de 1880 et post savaient rappeler la vérité vraie en vérité dans la crise de la Séparation de l'Église et de l'État, à savoir que la République post-révolutionnaire en France était constitutionnellement antichrétienne, et que, là encore, le pape, Pie X en l'occurrence, saint Pie X s'il vous plaît, se trompait bougrement en voulant croire que ladite République pouvait être... chrétienne ― O tempora ! O mores ! Ce sont donc les grands guides spirituels commis par Dieu pour diriger les peuples qui sont, dans la période moderne, ... fussent-ils saints en leur for privé, ô contradiction !, les plus aveuglés de tous les hommes, tant sur la chose politique constitutionnelle qui a trait aux Mœurs, que dans la chose doctrinale qui a trait à la Foi...).
           
        Voilà en tous cas une vérité qui révulse complètement les conservateurs, qui leur fait pousser des cris d'orfraie et dont ils ne veulent absolument pas. Le pape Benoît XVI, actuellement leur chef de file, s'insurge hautement, et Sandro Magister derrière et avec lui, contre ce constat d'hérésie formelle dans la littéralité même des décrets de Vatican II. Écoutons-le encore attentivement, dans son Discours proféré quelques jours avant la Noël 2005, tâcher d'esquiver cette grande vérité qui condamne au feu de l'enfer le concile moderne, et voyons comment il s'y prend pour refuser d'enregistrer ce constat d'hétérodoxie formelle de la lettre magistérielle elle-même de Vatican II :
           
        "À l'herméneutique de la discontinuité [ou rupture] s'oppose l'herméneutique de la réforme [ou de continuité] comme l'ont présentée tout d'abord le Pape Jean XXIII, dans son discours d'ouverture du Concile le 11 octobre 1962, puis le Pape Paul VI, dans son discours de conclusion du 7 décembre 1965. Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile «veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation» et il poursuit : «Notre devoir ne consiste pas seulement à conserver ce trésor précieux [du Dépôt révélé de la Foi], comme si nous nous préoccupions uniquement de l'antiquité, mais de nous consacrer avec une ferme volonté et sans peur à cette tâche, que notre époque exige... Il est nécessaire que cette doctrine certaine et immuable, qui doit être fidèlement respectée, soit approfondie et présentée d'une façon qui corresponde aux exigences de notre temps. En effet, il faut faire une distinction entre le dépôt de la foi, c'est-à-dire les vérités contenues dans notre vénérée doctrine, et la façon dont celles-ci sont énoncées, en leur conservant toutefois le même sens et la même portée» (S. Oec. Conc. Vat. II Constitutiones Decreta Declarationes, 1974, pp. 863-865)".
           
        Commençons par dire que cette citation de Jean XXIII est roborative et fort intéressante. Elle l'est en effet, mais pas du tout pour ce que croit Benoît XVI, elle l'est en ce seul sens précis qu'elle manifeste fort bien la bonne motivation et la bonne volonté morale des Pères dans Vatican II. Et il faut dire que cela procure un grand soulagement spirituel pour l'âme catholique. Effectivement, contrairement aux tradis intégristes de préférence sédévacantistes qui veulent croire pharisaïquement que les décrets magistériaux hérétiques de Vatican II ont été faits par les Pères conciliaires avec mauvaise motivation de promouvoir sciemment l'hérésie (ce qui leur permet bien sûr de poser subséquemment un jugement d'illégitimité : les papes conciliaires ne sont pas papes parce qu'ils ont promulgué des hérésies à Vatican II avec malice et advertance, en toute connaissance de mauvaise cause ; mais la prémisse très-fausse de leur raisonnement les conduit à une conclusion encore plus fausse...), on a ici, dans la déclaration du pape Jean XXIII à laquelle fera écho le pape Paul VI dans son discours de clôture du concile, la preuve formelle de la bonne intention desdits Pères de Vatican II. Dont acte sur papier timbré.
           
        Et c'est certes extrêmement important de prendre bon acte de cette bonne motivation qui assure que les Pères vaticandeux ont promulgué leurs décrets hérétiques en toute inadvertance des graves hérésies voire apostasies commises par eux dans le concile moderne. Car cela permet de comprendre que l'Épouse du Christ, par ces actes magistériaux défectueux qui l'engagent elle-même, est mise seulement dans le péché matériel d'hérésie et non dans le péché formel (ce qui du reste est évidemment rigoureusement impossible, sans avoir à en conclure que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église"), la mettant donc ainsi dans l'économie de la Passion que saint Paul définit de cette manière : "Le Christ a été fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21), un péché, faut-il le dire, simplement matériel et sans coulpe aucune, ce qui est une situation de "si grande contradiction" (He XII, 3), autre définition de saint Paul de l'économie de la Passion du Christ. Comme donc, dans Vatican II (cf. mon exposé complet sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
           
        Ce premier point est très-important, certes. Mais le pape Benoît XVI en tire une déduction totalement fausse, que voici : puisque les Pères vaticandeux ont eu une bonne motivation de vouloir transmettre aux fidèles de l'ère moderne le bon Dépôt révélé de la Foi, alors cela prouve ipso-facto, par le fait même, que l'herméneutique de continuité est la seule grille de lecture à faire des doctrines promulguées dans Vatican II ; le concile lui-même ne peut qu'être bon dans ses actes magistériaux à cause même de la bonne motivation des Pères. Benoît XVI oublie là une seule chose, mais elle va détruire tout son raisonnement : je peux avoir une très-bonne motivation de vouloir faire une bonne chose, et puis, cependant, au moment de l'action, n'arriver à faire qu'une très-mauvaise chose... sans même en prendre aucunement conscience (du moins, en la commettant dans le moment présent de l'action, de l'agir ; parce qu'après, normalement, ma conscience, sous l'action du Saint-Esprit, doit, tôt ou tard, peu et puis prou, prendre conscience que j'ai mal agi).
           
        C'est en effet une chose de dire que la motivation des Pères de Vatican II est bonne, dont acte dans la joie, mais c'en est une tout autre de dire que les actes commis par lesdits Pères avec cette bonne motivation, sont bons en eux-mêmes par le seul fait de cette dite bonne motivation, comme Benoît XVI en fait le très-faux raisonnement. Mais on le voit passer à pieds joints sur ce très-important distinguo, et soutenir indûment que la bonne motivation des Pères de Vatican II suffit à prouver à elle seule que les actes magistériaux de Vatican II ne peuvent qu'être bons et ne pouvoir être lus que par l'herméneutique de continuité (= "Je ne citerai ici que les célèbres paroles de Jean XXIII, dans lesquelles cette herméneutique [de continuité] est exprimée sans équivoque, lorsqu'il dit que le Concile «veut transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation»", dit Benoît XVI ; or, c'est faux, Jean XXIII ne fait, dans sa déclaration que dire vouloir respecter cette herméneutique de continuité, mais cette dite herméneutique n'en est pas pour autant et par le fait même, ipso-facto, comme le suppose très-faussement Benoît XVI, mise en oeuvre concrète et exprimée sans équivoque dans les actes de Vatican II...).
           
        Son raisonnement est donc parfaitement faux. Benoît XVI fait là l'économie d'une démonstration, mais il n'a pas le droit : il faut nécessairement et impérativement faire la démonstration que les actes de Vatican II suivent la bonne motivation des Pères conciliaires pour pouvoir légitimement soutenir qu'ils ne peuvent être lus qu'avec l'herméneutique de continuité. Or, les actes concrets de Vatican II infirment au contraire formellement cette démonstration, ils sont, comme ont vient de le voir succinctement par quelques exemples qui pourraient être beaucoup multipliés, mauvais, quand bien même la motivation des Pères conciliaires est bonne. Cette situation n'est pas du tout impossible, sur le plan de la théologie morale. Je prendrai ici pour l'illustrer le simple mais percutant exemple de Saül avant sa conversion : il avait très-bonne motivation en persécutant les chrétiens jusqu'à les faire mourir (d'ailleurs Jésus-Christ Lui-même enregistre dans les persécuteurs juifs des chrétiens cette bonne motivation puisqu'Il prophétise : "Ils vous chasseront des synagogues, et l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu" ― Jn XVI, 2), et cependant, bien sûr, Saül commettait là, en persécutant les chrétiens avec bonne motivation, des actes très-mauvais par lesquels, faut-il le dire, il ne rendait pas du tout hommage à Dieu. C'est la même problématique de théologie morale pour les Pères de Vatican II : ils ont fait le pire du pire en croyant vraiment faire le mieux du mieux (c'est singulièrement le cas pour un certain Joseph Ratzinger...).
           
        Dans cette question très-importante, Benoît XVI a en fait juste oublié de bien lire ce que dit son prédécesseur Jean XXIII : "Le Concile VEUT transmettre la doctrine de façon pure et intègre, sans atténuation ni déformation". Si fait, fort bien, le concile veut, on s'en réjouit sincèrement. Mais... l'a-t-il fait ? Est-ce qu'il a fait ce qu'il a dit vouloir faire ? L'acte conciliaire a-t-il suivi le vouloir conciliaire ? Encore une fois, la réponse, enregistrée indubitablement et indiscutablement dans les annales ecclésiastiques modernes, est NON. Non, Vatican II n'a pas fait ce qu'il a voulu faire dans le concile. L'acte magistériel du concile enregistre en effet tout au contraire une rupture formelle avec la Tradition et la Foi catholiques.
           
        Mais le pape conciliaire Benoît veut que ce bon vouloir des Pères de Vatican II soit automatiquement synonyme d'un bon faire, l'acte magistériel bon ayant, selon lui, suivi obligatoirement et parfaitement le bon vouloir originel, voire même étant prouvé par ce seul bon vouloir. Il est là dans une erreur complète, sur le seul plan de la théologie morale sans même rentrer dans les travaux pratiques de Vatican II. Je vais maintenant montrer toute la fausseté de la démonstration de Benoît XVI appliquée au décret de la Liberté religieuse, qu'il prend comme exemple qui prouverait soi-disant que l'acte conciliaire bon a effectivement suivi le vouloir conciliaire bon. Mais, avant cela, continuons à le suivre dans ses très-faux raisonnements :
           
        "Paul VI, dans son discours lors de la clôture du Concile, a ensuite indiqué une autre motivation spécifique pour laquelle une herméneutique de la discontinuité pourrait sembler convaincante. Dans le grand débat sur l'homme, qui caractérise le temps moderne, le Concile devait se consacrer en particulier au thème de l'anthropologie. Il devait s'interroger sur le rapport entre l'Église et sa foi, d'une part, et l'homme et le monde d'aujourd'hui, d'autre part (ibid. pp. 1066, sq). La question devient encore plus claire, si, au lieu du terme générique de «monde d'aujourd'hui», nous en choisissons un autre plus précis : le Concile devait définir de façon nouvelle le rapport entre l'Église et l'époque moderne".
           
        Effectivement, c'était exactement la tâche que devait remplir Vatican II : présenter la Foi à l'homme d'aujourd'hui. Mais... quel est-il, cet homme d'aujourd'hui ? En quel état spirituel est-il devant Dieu ? Or, la réponse à cette question est très-mal vue par les modernes, parmi lesquels on va voir se ranger le pape Benoît. Nous allons maintenant rentrer au cœur du problème théologique de notre temps, certes passionnant mais fort délicat, qui consiste beaucoup plus dans l'anthropocentrisme que dans l'anthropologie. Car la question est en effet beaucoup moins anthropologique (= qui a trait à la science de l'homme) comme le formule Benoît XVI, qu'anthropocentrique (= qui ramène tout à l'homme).
 
 
À suivre, dans la deuxième page :
L'erreur profonde de Benoît XVI... et de Sandro Magister ;
ou la non-herméneutique de continuité de Vatican II
avec le dogme catholique
(2)
 
 
 
 
 
 
07-07-2020 09:47:00
 

Lettre au TRP Antoine de Fleurance sur une grave question politique

15-06-2020 08:53:00
 

Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (3)

 
 
 
Ce nouvel article très-important comprend trois volets. Celui qui paraît sur le Blog, par rang de date, est évidemment le troisième & dernier. Pour la commodité du lecteur, je mets ici le lien du premier volet de la trilogie (ces trois volets ne sont pas indépendants les uns des autres, ils forment au contraire une suite logique : il faut donc commencer par lire le premier) : 
  
 
Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(3)
 
           
        [Depuis le Concordat, depuis le 15 juillet 1801 donc, nous sommes dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sous le rapport des Mœurs. En attendant que la corruption des Mœurs pénètre la Foi dans un acte formel d'Église, lui aussi commis théologiquement dans le cadre du Magistère ecclésial infaillible, en écho du Concordat, véritable réponse du berger à la bergère, et ce sera, un siècle et demi plus tard, le 7 décembre 1965, la Liberté religieuse de Vatican II qui le sera.]

        Mais, en 1801, personne ne s'en rend compte. Personne ne se rend compte que l'Épouse du Christ est rentrée dans sa Passion, et c'est peu dire, et surtout pas ce malheureux Pie VII, et pas plus aucun des papes qui le suivront sur le Siège de Pierre jusqu'à nos cataclysmiques jours, fussent-il les plus saints tel, nous allons le voir, le pape Pie X. Aucun pape suivant Pie VII, en effet, ne reviendra sur ce gravissime péché ecclésial-pontifical commis contre les Mœurs de considérer les sociétés politiques non-ordonnées constitutionnellement au Bien commun comme valides et légitimes, laissant donc l'Épouse du Christ sous "la puissance des ténèbres" dans laquelle le Concordat l'avait mise. Il est désormais au contraire convenu, chez les papes post-concordataires, qu'on ne doit plus tenir aucun compte de la profession de Foi du partenaire étatique avec lequel on traite concordat. Et plus le XIXème siècle avance, plus on note un emballement de la pratique concordataire pontificale avec n'importe quelle sorte d'État, qu'il soit constitutionnellement carrément athée comme la France napoléonienne, ou bien de Foi hétérodoxe, comme les États protestants ou schismatiques, et ce, dès l'immédiate suite du Concordat.
           
        Dès 1803 et quasi dans la foulée du Concordat, est signé un concordat avec la République cisalpine à laquelle s'était prostitué ignominieusement non moins qu'hérétiquement le cardinal Chiaramonti, un État constitutionnellement non-ordonné, faut-il avoir à en apporter la précision, à la poursuite du Bien commun. "Il fut conclu entre Ferdinand Marescalchi, fondé de pouvoir de la République cisalpine, et le cardinal Caprara. Ce concordat était en substance l’équivalent du concordat français" (DTC, art. Concordats, col. 736).
           
        En 1814, on voit le cardinal Consalvi, cette cheville ouvrière du Concordat d'esprit lui aussi moderne, courir en Angleterre, l'anglicane et donc non-catholique Angleterre, et envisager très-sérieusement avec le roi et le premier ministre Lord Castlereagh... un concordat. "Consalvi et Castlereagh abordèrent la discussion et réussirent finalement à poser les bases d’un futur concordat. Le Saint-Siège se montrait disposé à admettre un serment de fidélité à la constitution [... hérétique anglicane !] et l’intervention du gouvernement dans la nomination des évêques [!!], mais il se refusait à accorder que tous les écrits venant de Rome fussent soumis à l’exequatur royal. Le Congrès de Vienne interrompit les négociations" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. II, pp. 338-339).
           
        "En 1827, Léon XII, dans le concordat conclu avec Guillaume 1er, roi de Belgique, déclare, à l’article 1, que le concordat conclu entre Pie VII et le gouvernement français en 1801 et qui est en vigueur dans les provinces méridionales du royaume de Belgique, sera appliqué aux provinces septentrionales. Léon XII admet donc pour tout le royaume de Belgique les concessions faites par le concordat de 1801 et les mêmes obligations qu’avait reconnues son prédécesseur Pie VII" (Turinaz, p. 35).
           
        Dans la première moitié du XIXème siècle, on ne compte pas les concordats passés entre le Saint-Siège et les petits États confessionnellement protestants de la Confédération germanique : "La Confédération germanique, établie par le Congrès de Vienne, comprenait tout un groupe d’États protestants comptant de nombreux catholiques auxquels le pape désirait assurer un régime légal. C’était la Prusse, à laquelle les traités de 1815 avaient donné de nouveaux sujets catholiques dans les pays du Rhin ; et c’était aussi un groupe d’États (Bade, Wurtemberg, Hesse, Nassau, Mecklembourg, Oldenbourg, les duchés saxons, Hambourg, Brême et Francfort), qui s’était formé et fait représenter à Francfort pour élaborer un nouveau statut avec le Saint-Siège. (...) Le ministre prussien Hardenberg eut la satisfaction de venir à Rome pour y recevoir la bulle De salute animarum, du 17 juillet 1821, qui organisait l’Église catholique du royaume [constitutionnellement protestant] de Hohenzollern. Au mois d’août 1821, la bulle Provida scolarque sollicitudo organisa la province ecclésiastique du Haut-Rhin. Elle resta d’abord sans exécution, par suite du mauvais vouloir des princes protestants. Les efforts de Léon XII [successeur de Pie VII], qui tenta de leur donner quelques satisfactions par une nouvelle bulle Ad dominici gregis custodie (avril 1827), n’eurent pas, pour la même raison, beaucoup plus de succès. Un concordat fut également conclu avec le Hanovre (bulle Impense Romanorum, 1824). Dans les États [protestants] qui ne conclurent pas de concordat, les catholiques continuèrent à être administrés par un vicaire apostolique ou furent rattachés à l’évêché le plus voisin" (ibidem, t. II, pp. 341-342).
           
        On enregistre aussi un essai de concordat avec le Wurtemberg protestant en 1857, sous le pape Pie IX ; le projet n’aboutit cependant pas… à cause de la haine protestante. Notez bien, ici comme plus tard en 1933 avec un certain Adolf Hitler ou comme avant avec le Directoire antichrétien refusant stupidement le bref Pastoralis Sollicitudo de Pie VI (ce dont il se mordra les doigts mais trop tard), que c’est le diable, aveuglé heureusement par sa haine, qui ne veut pas du concordat, car le pape, lui, LE VEUT BEL ET BIEN, il veut bel et bien manger avec le diable, mais c'est le diable qui, certainement aveuglé par une disposition miséricordieuse de la Providence divine, ne veut pas !!! "Le 8 avril 1857, Pie IX passa avec le roi de Wurtemberg une convention nouvelle que celui-ci fit publier comme ordonnance civile, en réservant l’approbation des États. Ceux-ci la refusèrent le 16 mars 1861, demandant que la question religieuse fût vidée exclusivement par le pouvoir laïque ; en dépit des protestations du pape, le concordat ne fut donc pas appliqué" (DTC, art. Concordats, col. 742). Sort identique pour le concordat protestant badois signé en 1859, cousin germain de celui wurtembergeois…
           
        Comparez, ô lecteur, la nouvelle attitude du Saint-Siège avec des États protestants, constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, enregistrant des concordats avec eux sans le moindre scrupule de conscience (en attendant l’atroce concordat nazi de 1933), avec l’ancienne et traditionnelle règle, qui refusait de le faire, comme nous le rappelle lui-même notre inconséquent Desjardins : "Il est dans les traditions du Saint-Siège d’établir une distinction entre les princes personnellement catholiques et ceux qui ne le sont pas. Le Pape ne contracte pas directement avec les pouvoirs hérétiques ou schismatiques" (Le Concordat, Desjardins, p. 3).
           
        Vous avez dit schismatique ? La Russie constitutionnellement schismatique, donc non-ordonnée à la poursuite du Bien commun, enregistre elle aussi un concordat avec le Saint-Siège le 18 janvier 1818, dont je n’ai malheureusement pu trouver la teneur, mais il y a fort à parier qu’il ne s’agissait pas d’un traditionnel "règlement spirituel accordé par le Souverain Pontife aux évêques de ces contrées" (ibidem) comme dit Desjardins, mais bien d’un concordat en bonne et dûe forme juridique avec le gouvernement tsariste russe schismatique, d’ailleurs réitéré par deux autres concordats respectivement des 3 août 1847 et 23 décembre 1882, en attendant d’essayer de le faire avec la soviétique Russie de Lénine, sous Pie XI, en 1922, comme nous le verrons plus loin…!!!
           
        Mais c'est toujours se faire flouer et renier sa cause le plus qu'on peut, que de manger avec le diable. Ce fut trop évident avec le Concordat, Napoléon exigeant et obtenant de Pie VII les pires concessions attentant aux droits les plus fondamentaux de l'Église. Et voici ce qui arriva avec le concordat russe de 1847 : "Le premier concordat de Pie IX concerne la Russie et la Pologne. Lors de la visite qu’il reçut de l’empereur Nicolas 1er en 1845, le pape lui exposa les griefs des catholiques de Russie, lui remit une plainte en 22 articles, et lui demanda de faire cesser l’oppression religieuse. L’empereur laissa en effet à Rome le comte de Nesselrode afin qu’il pût négocier avec le cardinal Lambruschini ; peu de temps après, il envoya le comte Bludoff comme ministre plénipotentiaire, pour régler les affaires catholiques de son empire. Le concordat fut signé le 3 août 1847 [avec, donc, un gouvernement schismatique], suivi d’un protocole distinct réglementant de nouveaux points et également signé de part et d’autre, et enfin publié par une bulle de Pie IX à la date de 3 juillet 1848. Le concordat (…) décide que les évêques seront institués par le Saint-Siège après entente avec le gouvernement [!]" (DTC, art. Concordats, col. 740-741). Or, voici le sort de tels concordats passés avec des non-catholiques, sort identique à celui napoléonien, et qui aboutit à l’esclavagisme de l’Église nationale ainsi trahie : "… En fait, la convention ne fut pas exécutée ; le gouvernement impérial ne modifia rien à la législation oppressive des catholiques : il alla jusqu’à soumettre à la censure de fonctionnaires laïques et schismatiques les sermons qui devaient être prêchés [!!]. À propos d’une protestation contre une circulaire de l’archevêque de Mobile, le ministère avoua ingénûment qu’à son sens le concordat n’avait rien changé. Il ne tint aucun compte des plaintes formulées par Pie IX en 1852 et 1853" (ibid., col. 741). Et voilà ce qui arrive quand on mange avec le diable, qui n’a nullement l’intention de se convertir ! Le cuillère du pape n'était pas assez longue. On est toujours puni par où l'on pèche.
           
        Je n'ai pas l'intention évidemment de faire un historique suivi de tous ces concordats d'un nouveau genre et d'un genre nouveau, trahissant la Constitution divine de l'Église et y attentant sacrilègement, postérieurs au Concordat napoléonien, ce serait trop long et hors-cadre du simple article que je suis en train d'écrire. Je veux simplement bien asseoir le fait que, depuis le Concordat de 1801, l'Église Universelle est "faite péché pour notre salut", qu'elle est rentrée dans sa Passion sous le rapport des Mœurs. Je vais donc abréger pour la suite, en me focalisant uniquement sur des jalons, des ancrages, des points très-importants de cette gravissime déviance pontificale moderne quant aux Mœurs, sous le chapitre Politique constitutionnel.
           
        Léon XIII succède à Pie IX. Le Ralliement du pape Léon XIII est bien connu, c'était tout simplement une réactivation musclée du "dogme" concordataire mis en route par Pie VI et Pie VII un siècle auparavant et qui s'était un peu essoufflé à la fin du XIXème siècle, à savoir : professer et faire professer aux français et à tout le monde la validité et la légitimité des gouvernements post-révolutionnaires constitutionnellement athées et non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, dans l'occurrence, celui de la France des sectaires de 1880. Je ne m'appesantirai pas sur ce Ralliement abominable, écho de l'abominable Concordat.
           
        Je ferai simplement remarquer que le pape Léon XIII l'appuyait sur la même hérésie, oh, pardon !, le DOGME dont parlait son prédécesseur Pie VI, à savoir que les pouvoirs politiques constitués, établis, entendez par l'homme, avec l'homme et en l'homme, per ipsum et cum ipso et in ipso, sont valides par le fait même, ipso-facto, sans qu'il soit théologiquement besoin de vérifier la mise en conformité de leur constitution avec le Bien commun. Léon XIII, qui est un pape doctrinaire, va élaborer soigneusement cette doctrine hérétique dans l'encyclique Immortale Dei sur la chose politique, encyclique donc parfaitement hérétique sur ce point capital des Mœurs en matière Politique constitutionnelle.
           
        Voici ce qu'il professait, en effet, dès le début de l'encyclique, après un petit préambule classique (qui reprenait quasi mot pour mot le raisonnement de saint Thomas d'Aquin dans son de Regno pour asseoir la nécessité formelle de la société politique parmi les enfants des hommes) : "Comme nulle société ne saurait exister sans un chef suprême et qu'elle imprime à chacun une même impulsion efficace vers un but commun, il en résulte qu'une autorité est nécessaire aux hommes constitués en société pour les régir ; autorité qui, aussi bien que la société, procède de la nature, et par suite a Dieu pour auteur. Il en résulte encore que le pouvoir public ne peut venir que de Dieu. Dieu seul, en effet, est le vrai et souverain Maître des choses ; toutes, quelles qu'elles soient, doivent nécessairement lui être soumises et lui obéir ; de telle sorte que quiconque a le droit de commander ne tient ce droit que de Dieu, chef suprême de tous. Tout pouvoir vient de Dieu". Et le pape, pour mieux se tromper (et tromper universellement ses ouailles), d'originer cette dernière phrase, bien sûr, sur Rom XIII.
           
        Ainsi donc, pour Léon XIII, le pouvoir politique vient de la nature, et après seulement, il "a Dieu pour auteur". C'est-à-dire que le pouvoir politique existe EN AUTONOMIE MÉTAPHYSIQUE PAR RAPPORT À DIEU, de par la nature, et ensuite, mais ensuite seulement, "par suite", il doit se rappeler qu'il a Dieu pour auteur. Nous sommes là en pleine inversion antéchristique. Léon XIII, sans se rendre compte aucunement du caractère radicalement antéchristique de la doctrine qu'il expose, continue dans une logique implacable, et surtout implacablement satanique, à tirer les marrons du feu : le pouvoir public dont il nous a dit qu'il existe en autonomie métaphysique par rapport à Dieu, ne peut venir que de Dieu. Ne peut que. Autrement dit : le pouvoir public qui existe en autonomie par rapport à Dieu, est investi de la toute-Puissance divine APRÈS qu'il ait commencé à exister. Léon XIII est donc en train de nous dire qu'il y a une véritable autonomie métaphysique du pouvoir politique par rapport à Dieu. Et les raisonnements qui suivent ne font qu'illustrer cette doctrine antéchristique radicale : après avoir posé que le pouvoir public préexiste en quelque sorte par rapport à Dieu, le pape veut que cedit pouvoir n'en est pas moins entièrement dérivé et soumis à Dieu. Cependant, c'est dans un après métaphysique qu'il conçoit la chose : le pouvoir public qui existe en autonomie par rapport à Dieu, ne peut cependant que lui être soumis et lui obéir car Dieu est "le Maître de toutes choses", nous dit-il. Mais son exposé présuppose que ledit pouvoir public existe tout-à-fait même dans le cas où il n'est pas soumis à Dieu ! Parce que, précisément, le pouvoir public existe en autonomie métaphysique par rapport à Dieu.
           
        Cette thèse, qui vient d'une scolastique idolâtrique de l'être philosophique, dont saint Thomas d'Aquin lui-même n'est pas exempt (Hegel ne fera que laïciser cette idolâtrie philosophique de l'être de la chose politique et de l'État), est aussi celle de Pie VI et de Pie VII. D'où l'emploi qu'ils font tous d'une terminologie nouvelle pour définir et décrire les pouvoirs politiques. Pie VI définit en effet les pouvoirs politiques de la Révolution : "les autorités constituées" ; plus tard, un autre pape moderne, Pie XI, appellera les pouvoirs publics constitutionnellement athées : "les gouvernements établis". Mais... constitués, établis... par qui ? Éh bien, selon nos papes gnostiques qui idolâtrent l'être de la chose politique, parfaitement hérétiques sur la chose politique constitutionnelle, ce sont des pouvoirs auto-constitués, auto-établis PAR L'HOMME ET LA NATURE, tout simplement. Nous nous trouvons avec un cercle fermé sur l'homme et rien que sur l'homme. Nous sommes donc là en pleine immanence vitale moderniste non pas dans le domaine de la Foi mais dans le domaine des Mœurs, sous le rapport de la Politique constitutionnelle. Donc, déduction ultime : puisque le pouvoir public, comme dit Léon XIII, existe en lui-même et par lui-même, alors, tout pouvoir politique est de soi valide et légitime, qu'il soit ordonné constitutionnellement ou bien non au Bien commun.
           
        Certes, si on continue à lire Immortale Dei, Léon XIII affirme bien que tout pouvoir politique a le devoir formel de s'ordonner au Bien commun. Mais, aux antipodes de ce que nous enseigne saint Paul en Rom XIII, sa pensée est que s'il ne s'y ordonne pas, et surtout s'il n'y est pas constitutionnellement ordonné, il n'en existe pas moins métaphysiquement pour autant, il n'en est pas moins valide. C'est pourquoi d'ailleurs, Léon XIII disait bien, à propos des gouvernements sectaires et antichrétiens de la France des années 1880 : "Respectez la Constitution, mais changez les lois". Pour ce pape dont la cervelle marchait politiquement dans la folie la plus totale, la République française anticléricale de son temps ne pouvait qu'être valide puisqu'elle était une autorité CONSTITUÉE, un gouvernement ÉTABLI. Sur la base de cette constitution de la République française des sectaires qui ne pouvait qu'être bonne parce que naturelle, il fallait, et c'était le devoir que le pape traçait aux catholiques de France, juste changer les mauvaises lois pour les remplacer par des bonnes ! Comme si on pouvait greffer de bons fruits sur un mauvais arbre !! Sa théorie hérétique en matière de Politique constitutionnelle le faisait vivre dans la folie pratique la plus totale... À supposer en effet que les catholiques de 1880 aient réussi à faire passer une bonne loi dans le corpus législatif français, elle aurait été... inconstitutionnelle, puisque la constitution était non-ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Et donc, étant inconstitutionnelle, elle n'aurait pu manquer d'être extirpée sans retard, comme un corps étranger et surtout dangereux, qui doit être ôté et supprimé le plus vite possible. Mais le pape ne pouvait pas comprendre cela, puisque pour lui, la constitution de la République française anticléricale ne pouvait qu'être BONNE, comme étant le fruit d'une "autorité constituée", d'un "gouvernement établi"... La base de cette erreur tragique, c'est l'idolâtrie de l'être politique, de l'en soi politique...
           
        Mais pour nous exorciser et nous délivrer de l'hérésie antéchristique de nos papes modernes en matière de Politique constitutionnelle, reprenons ce que nous enseigne saint Paul. Pour l'Apôtre des nations, le pouvoir public est valide non pas parce qu'il serait censé exister en soi, par l'en soi philosophique idolâtré par nos papes modernes, mais uniquement parce qu'il est constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun. Ce qui signifie que saint Paul met Dieu avant l'homme, dans son raisonnement de fond pour asseoir la validité des sociétés politiques, contrairement aux papes modernes qui, dans le leur, mettent l'homme avant Dieu, et puis, subséquemment, apostasient tout simplement Dieu dans la chose politique. L'Apôtre des nations enseigne en effet clairement aux fidèles qu'ils doivent être toujours soumis à la "puissance" comme il dit en parlant du pouvoir public ou politique, "CAR elle est le ministre de Dieu pour le bien" (Rom XIII, 4), et c'est pourquoi, précise-t-il dans le verset précédent, "les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises" (Rom XIII, 3). Comme je l'écrivais plus haut : "Comprenons bien ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement et très-faussement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, l'Apôtre des Nations nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit précisément qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est constitutionnellement ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue tout naturellement et systématiquement : "«Veux-tu ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN ET ELLE TE LOUERA»".
           
        Quant à la théorie hérétique de nos papes modernes tirée d'une scolastique idolâtrique de la philosophie et appliquée à la Politique, voyons ensemble dans l'ordre pratique, à quel point elle révèle sa folie intrinsèque, aux antipodes de la sagesse divine contenue dans l'enseignement paulinien. On nous dit, Léon XIII est le premier à nous le dire, que toute société politique humainement constituée, établie, est valide, même si elle n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun ainsi que l'enseigne saint Paul comme condition sine qua non de sa validité. Fort bien. Mais alors, lorsque cette "puissance" de Mœurs mauvaises intime de mauvais ordres en adéquation avec son mauvais fond constitutionnel, par exemples les lois sur l'avortement ou le mariage gay, est-elle valide, cette société politique ? On répond : non, elle n'est pas valide, et ses ordres ne sont pas légitimes. Et lorsque ces pouvoirs de Mœurs mauvaises intiment de bons ordres aux citoyens, en adéquation avec le Bien commun, est-elle cette fois-ci valide, cette société politique ? On répond : oui, elle est valide, et ses ordres sont légitimes. Ainsi donc, ... ô royaume d'Absurdie intégral !, on aurait, si l'on suivait la théorie de Léon XIII dans Immortale Dei, pour ne prendre que ce document pontifical moderne de fond sur la question politique constitutionnelle, une société politique qui serait valide... en pointillé. Un jour, elle serait valide (lorsqu'elle donnerait de bons ordres en adéquation avec le Bien commun), le lendemain, elle ne le serait plus (lorsqu'elle donnerait de mauvais ordres attentant au Bien commun) : la validité de cette société politique serait un feu clignotant perpétuel !! Et il m'est impossible, à moi simple citoyen, de me rendre compte à chaque et toutes les fois, quand le feu vire sa cuti...
           
        Mais plus grave encore pour dirimer cette thèse folle non moins qu'hérétique : le désordre métaphysique qui la sous-tend. En effet, on veut que ce soit l'acte de la société politique qui fonde son être. Si l'ordre qu'elle donne est bon, alors, la société est valide, c'est-à-dire EXISTE ; mais si l'ordre qu'elle donne est mauvais, alors, la société est invalide, c'est-à-dire N'EXISTE PAS ! Mais, métaphysiquement, on est là en présence d'un désordre radical : ce n'est JAMAIS l'acte qui fonde l'être, c'est toujours l'être qui fonde l'acte, agere sequitur esse ! Métaphysiquement, c'est une absurdité absolue de dire que l’agir politique, bon ou mauvais, va créer ou ne pas créer un… être politique valide ou invalide ! Notez bien comme nous sommes ici dans une inversion radicales des choses, cette inversion qui est le propre de Satan, un des noms de Satan étant en effet revolvere, inversion radicale… Et ne manquez pas moins de noter comme la doctrine catholique de saint Paul repose bien au contraire, quant à elle, les pieds bien plantés dans l'ordre métaphysique parfait, car nous venons de le revoir, pour lui, c'est l'être de la société politique valide qui est d'abord constitutionnellement ordonné au Bien commun, et, subséquemment, par après, les actes qu'elle pose ne peuvent qu'être en adéquation formelle avec cet être bon de son fond constitutionnel : "Car elle est le ministre de Dieu pour le bien" et donc, "veux-tu ne pas craindre la puissance ? Fais le bien, et elle te louera", elle ne pourra que le louer puisque son être y est constitutionnellement ordonné, agere sequitur esse...
           
        Donc, la théorie de nos papes modernes en matière de Politique constitutionnelle est métaphysiquement mauvaise et même satanique. Elle n'est pas moins mauvaise sur le plan de la théologie morale. En effet, ils nous disent : lorsque le pouvoir politique donne un bon ordre, il est valide, et donc le devoir est de lui obéir ; mais lorsque le pouvoir politique donne un mauvais ordre, alors il n'est pas valide, et donc le devoir d'obéissance n'est pas dû. Ce raisonnement inclut un jugement à poser par le simple citoyen sur la moralité de tout ordre donné par le pouvoir politique auquel il est soumis, pour savoir s'il doit le suivre ou bien non. Cette méthode est radicalement et absolument mauvaise. Obliger le simple citoyen à poser un jugement sur tous les ordres qu'il reçoit de son gouvernement est le soumettre à la tentation du "libre-examen" hétérodoxe du Bien commun. Il s'habituera inéluctablement à juger ce qui est bien et ce qui est mal dans ses chefs politiques, mais... sans en avoir les compétences. Car ceux qui reçoivent le plus de lumières de Dieu sur ce qui est en adéquation ou non avec le Bien commun véritable des hommes de toute une nation, ce sont… les chefs politiques eux-mêmes du gouvernement, dont Pie VI nous disait qu’ils sont tous "l’ouvrage de la sagesse divine", et non pas… les simples citoyens. Dieu donne aux chefs, précisément parce qu’ils sont chefs, de bien plus grandes lumières sur le Bien commun à réaliser dans une nation donnée, qu’aux simples citoyens… quand Il en donne à ces derniers. Faire juger tous et chacun des ordres donnés par les chefs des gouvernements, par les simples citoyens, est un énorme désordre sur le plan moral.
           
        Ce problème posé par la théorie hérétique de nos papes novateurs peut vite devenir excessivement lancinant, vital, aussi urgentissime à résoudre par le simple citoyen, qu'il lui est... impossible de le faire, et son âme peut donc être ainsi mise en grand péril de damnation. Supposons, par exemple, un gouvernement mauvais qui déclare une guerre à un autre pays : sera-ce une guerre juste (et dans ce cas, le citoyen catholique aura le devoir de prendre les armes pour défendre son pays), ou bien s’agira-t-il d’une guerre injuste, pour les buts mauvais des chefs mauvais (et dans ce cas, le citoyen catholique aura le devoir de refuser de prendre les armes) ? En vérité, dans la pratique, il sera très-difficile voire impossible pour le simple citoyen, de démêler si la guerre en question est juste ou injuste, car sa toute petite place dans la Nation ne lui permet pas de connaître avec certitude tous les tenants et aboutissants des problèmes internationaux, qui dépassent sa compétence et sa faculté de jugement…
           
        C’est justement pour ce genre de raison majeure, qu’on a le devoir catholique de ne poser son devoir d’obéissance politique uniquement qu’envers des pouvoirs qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, et qui donc sont sûrement valides et légitimes, et qui donc viennent de Dieu, et qui viennent de Dieu non pas par une mensongère pétition de principe comme le veut Léon XIII dans Immortale Dei. Car quand bien même, moi simple citoyen, je ne comprends pas les motivations d’une guerre déclenchée par mes chefs politiques, si je sais qu’ils sont constitutionnellement ordonnés au Bien commun, alors, je peux faire confiance qu’en déclarant cette guerre, mes chefs l’ont fait pour une bonne motivation devant Dieu. Et même si ce n’était pas le cas, ma conscience serait pure et libre, je ne commettrai là aucune faute, qui serait entièrement sur la tête de mes chefs ! Et donc, je peux me rendre au front dans la paix de ma conscience, et, si j’y dois mourir, je pourrais m’écrier en regardant le Ciel qui m’attend, comme ce vaillant et saint chouan avant de s'écrouler sous les balles sans-culottes assassines : "Mon âme est à Dieu et mon corps est au roy !" Mais si je vais au front envoyé par un gouvernement qui n'est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, pour une guerre dont je ne sais trop si elle est juste ou injuste, j’irai, l’âme rongée affreusement d’une atroce angoisse : si je tue ou si je suis tué pour une cause injuste, ne risquerais-je point d’être damné ? En tous cas, je ne pourrai certainement pas mourir en m’écriant, l’âme remplie de la joie profonde que donne le don de soi pour la patrie : "Mon âme est à Dieu, et mon corps est à la République française constitutionnellement… ATHÉE" !!!
           
        La théorie concordataire moderne en matière de Politique constitutionnelle se montre donc, par tous les côtés où on la prend, très-pernicieuse, très-impie, menant très-sûrement au règne de l'Antéchrist-personne.
           
        Mais personne ne se rend compte du gauchissement affreux et terrible de conséquences pour l'Église et pour les âmes catholiques, que constituent les nouvelles Mœurs hérétiques concordataires. Nous sommes rendus maintenant au pape Pie X, saint  Pie X. S'en rendra-t-il compte, lui ? Hélas ! Il ne s'en rendra pas plus compte que son prédécesseur Léon XIII. Tu quoque filii...
           
        Pie X, en effet, ne se montre pas en reste de l’hérétique discours rallié. Il est fort éloigné de dénoncer l’indifférentisme constitutionnel des États en matière de poursuite du Bien commun, c’est parler par antiphrase. Commençons par nous pencher sur ce qu’il écrit dans sa lettre condamnant Le Sillon : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur [... Léon XIII], c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 297). Certes, Pie X dénonçait ici Marc Sangnier qui posait que le catholicisme supposait nécessairement la forme démocratique de gouvernement. Et ce n'est pas notre problème. Cependant, je cite ce passage parce qu'il illustre bien que Pie X ne comprend pas le vrai problème.
           
        Le problème posé par les gouvernements post-révolutionnaires n'a rien à voir, fondamentalement, avec une question de FORME en effet, mais essentiellement de FOND. Le fond du problème est de n'admettre comme valides, pour suivre l'enseignement catholique de saint Paul, que les pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, et de rejeter radicalement tous les autres, comme purement inexistants et non-valides. À l'extrême limite, on pourrait poser par hypothèse que peu importerait qu'en France, après la Révolution, il y ait une République ou même une Démocratie, si elle satisfaisait au criterium de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul (... et si Dieu l'agréait ; car il ne faudrait tout-de-même pas oublier qu'il n'est nullement au pouvoir de l'homme de changer d'économie politique à sa volonté ! Mais voilà ce que l'homme moderne ne comprend plus, et pas plus les papes ; ils ne comprennent pas ce que comprenaient les juifs, pourtant rebelles à Yahweh, qui, lorsqu'ils ne veulent plus être gouvernés par des Juges mais par des roys, comme les nations voisines d'Israël, ne pensent pas UN SEUL INSTANT pouvoir instaurer la nouvelle économie politique qu'ils veulent, mais vont demander à Dieu de l'instaurer !). Et il est trop juste de continuer en disant que si une royauté ne satisfaisait pas à cedit criterium, elle ne serait pas plus valide qu'une République qui n'y satisferait pas.
           
        Mais le pape Pie X ne comprend pas plus que ses prédécesseurs, ce fond exact du problème.
           
        Arrive pour lui la grande épreuve politico-religieuse de son pontificat, la crise de la Séparation de l’Église et de l’État, que ce pape dut affronter en 1904-1905. Dans un très-pénible aveuglement de l'esprit, on va voir que saint Pie X va y professer sans équivoque aucune le discours concordataire pontifical invariable et hérétique depuis Pie VII, commun à tous les papes post-concordataires, en ce compris les plus saints comme c’est ici le cas. Voyons comment il se défend, dans le feu du combat contre les sectaires : " … Ce que vont être, contre Notre présent décret et Nos ordres, les récriminations des ennemis de l’Église, il n’est point difficile de le prévoir. Ils s’efforceront de persuader au peuple que Nous n’avons pas en vue uniquement le salut de l’Église de France ; que Nous avons eu un autre dessein, étranger [!] à la religion ; que la forme de République en France Nous est odieuse, et que Nous secondons, pour la renverser, les efforts des partis adverses ; que Nous refusons aux Français ce que le Saint-Siège a, sans difficulté [!], accordé à d’autres [à savoir, veut dire Pie X, de créer et de choisir leur constitution politique moderne, bien sûr républicaine-démocrate basée sur les "droits de l’homme" !, donc non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun !, puis, comme Napoléon l'a fait avec Pie VII, d’aller ensuite demander un concordat et un coup de goupillon à l’Église ; ce que donc, l’Église… accepte SANS DIFFICULTÉ, c’est saint Pie X qui ose nous le dire !!]. Ces récriminations et autres semblables (…), Nous les dénonçons d’ores et déjà et avec toute Notre indignation, comme des faussetés" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 393).
           
        Saint Pie X donc, là encore si on accepte de prendre le courage de bien lire ce qu’on lit, dénonce avec indignation, c’est lui qui le dit, le fait qu’on veut lui imputer que la constitution droitdel'hommesque républicaine en France lui est odieuse… Il ose déclarer étranger aux sollicitudes de l’Église, la non-ordonnance constitutionnelle à la poursuite du Bien commun des gouvernements adoptée dans les nations après la Révolution, il ose se féliciter des concordats d’essence napoléonienne impie passés avec les gouvernements des autres nations, dont les constitutions, elles non plus, ne sont pas ordonnées à la poursuite du Bien commun. Tu quoque filii…
           
        En vérité, comment ne point voir ici que les vicaires du Christ-Roy préparent de leurs propres mains pontificales les conditions politiques idéales pour le triomphe de la subversion de la Liberté religieuse à Vatican II, l’indifférentisme politique constitutionnel amenant infailliblement à l’indifférentisme religieux, étant en fait rien moins que l’indifférentisme religieux de facto, le tout devant finir par le règne de l’Antéchrist-personne...
           
        Dans la question politique constitutionnelle, il n’est que trop vrai hélas de dire que le pape Pie X, avec le boulet du Ralliement au pied, fut aussi lamentable que son prédécesseur, de très-sinistre mémoire. Ainsi, toujours dans cette crise de la Séparation de l'Église et de l'État en 1904-1905, l’on voit le saint pape réunir un consistoire secret, faire calmement devant les cardinaux le constat de l'antichristianisme virulent du gouvernement français, et poursuivre : " … Tandis que les actes publics du Saint-Siège disent hautement qu'à ses yeux la profession du christianisme peut s'accorder parfaitement avec la forme républicaine, ceux-là [le gouvernement Combes], semble-t-il, veulent, au contraire affirmer que la République, telle qu'elle existe en France, ne peut avoir rien de commun avec la religion chrétienne. Double calomnie [!] qui blesse les Français, à la fois comme catholiques et comme citoyens" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 372).
           
        Quelle pénible chose d'avoir à commenter qu'ici, le saint pape ne comprend rien à rien du fond vrai du problème, se trompe bougrement, complètement, et que les sectaires ont... cent mille fois raison contre lui ! Quelle humiliation de voir que les méchants crient la VÉ­RITÉ ! Et que le pape, le saint pape, NE L'ENTEND PAS ! Que lui crient-ils ? Ils lui crient que la République en France est constitutionnellement antichrétienne, et ne peut qu'être ainsi (en effet, la forme gouvernementale en France ne peut être, par Volonté divine, que royale théocratique ; si donc l'on supprime les roys très-chrétiens, la république qui les supplante ne peut qu'être... antichrétienne viscéralement, elle ne peut être donc que non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun). Or, le pape Pie X, la tête embarbouillée de l'utopie de Léon XIII, fait semblant de croire, ... ou malheureusement croit véritablement !, que ce n'est pas vrai, que les sectaires mentent, et qu'en France, une république peut très-bien être constitutionnellement chrétienne et donc ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Mais comment pouvait-il faire un raisonnement aussi fou et déjanté par tous les côtés, puisque la République qu'il avait en face de lui, en 1905, était constitutionnellement athée ?!? C'était toujours et encore l'idolâtrie de l'être politique, scolastiquement entendu, qui possédait son esprit comme celui de tous les papes modernes post-concordataires : la République de 1905 était une société constituée, un gouvernement établi, donc, elle ne pouvait QUE venir de Dieu et y ordonner son agir politique...
           
        Oh, combien, ici, se vérifie douloureusement une nième fois de plus que les fils des ténèbres sont plus habiles que les fils de la Lumière ! La Providence divine, cela crie dans l’occurrence, voulait réapprendre une bonne leçon au Saint-Siège défaillant depuis Pie VII et même Pie VI. Or, l'on voit fort bien dans ce passage que saint Pie X sent l’aiguillon de la providentielle leçon, mais… il ne la comprend pas, il n'en tire rien, las !, lui non plus. La preuve, c'est sa conclusion : "double calomnie !", s’écrie-t-il, indigné. Pour lui donc, c'est une calomnie de dire qu'en France, il ne peut y avoir une république chrétienne de forme post-révolutionnaire moderne… athée !!! On est en pleine folie, en pleine folie totale.
           
        Hélas, hélas, que d'inconséquences sur le Siège de Pierre ! Ainsi, dans l'occasion de la béatification de sainte Jeanne d'Arc en 1909, ne voit-on pas notre pape Pie X, après avoir proféré un sermon enthousiaste sur la vertu française, descendre de son trône pontifical (ce qui était très-rare à l'époque), pour aller… baiser le drapeau tricolore républicain comme je ne l'aurai pas fait d'une prostituée sur le bord du trottoir ?
           
        Passons au pape Pie XI. Alors là, lui, pape moderne, il est carrément fou-furieux de cette nouvelle politique concordataire avec n'importe quel État... il a même une préférence pour ceux qui sont le plus possible non-ordonné constitutionnellement au Bien commun. Et quand certains de ses cardinaux essayent de tempérer son ardeur concordataire envers les pires gouvernements, il tape en colère du poing sur la table, en s'écriant : "C'est MA politique !" Le pape Pie XI, en effet, ne cessera de passer ou de vouloir passer des concordats ou du moins des modus vivendi avec des gouvernements laïcistes voire antichrétiens radicaux.
           
        Levillain, dans son Dictionnaire historique de la papauté, à l’art. Paul VI, résume ainsi pudiquement les sources de l’Ostpolitik, qui commence sous Pie XI, par cette phrase : "Mais [en 1922] le Saint-Siège avait en tête une éventuelle reconnaissance de la Russie [nenni ! il s’agit alors de la léniniste et bolchévique URSS, plus de la Russie ! Mais voyez comme la reconnaissance de l’URSS par le Vatican est tellement contre-nature, répugne tellement, que même la plume de l’historien se refuse inconsciemment à écrire que le Vatican en a eu l’intention !] contre un concordat garantissant les libertés dans l’aire bolchévique [ah ! ici, l’auteur, en revient à la réalité soviétique du contexte historique ; notez en passant comme ici Pie XI ne fait que suivre la pratique de Pie VI avec le Directoire : il s’agit de reconnaître des gouvernements constitutionnellement anti-Dieu !]" (p. 1275, 2e col.).
           
        Pie XI, en effet, c’est hélas historique, n’aurait pas répugné, par la technique concordataire réprouvée, à reconnaître existence (et donc validité) au nouveau gouvernement des Soviets, qui en avait fichtrement besoin à ce moment-là pour s’affirmer politiquement devant les Nations dont aucune ne l'avait reconnu, contre la liberté des chrétiens dans la Russie bolchévisée… Le Vatican, ... ô incroyable scandale !, aurait été le tout premier État à reconnaître la validité du gouvernement des Soviets !!! Ce n’est que par des circonstances indépendantes de la volonté pontificale, que cet abominable concordat entre les plus abominables, qui aurait donné une force politique inouïe aux communistes, qui scandalisait même les démocraties occidentales MAIS PAS LE PAPE, ne fut pas signé. Le scandale pour les âmes fidèles fut en tout cas immense et d’ailleurs l’est toujours. Mais saisissons bien que Pie XI ne faisait là que mener au bout du toub la logique hérétique concordataire des papes modernes : si toute "autorité constituée", tout "gouvernement établi" est valide, alors, aussi, ceux qui sont... constitutionnellement antichrist radical ("ces négociations du Vatican avec les bolcheviques suscitèrent les protestations indignées des Russes émigrés : «Les mains qui touchent la sainte Hostie serrent maintenant celles ensanglantées des assassins», écrivit Merejkovski dans une lettre ouverte au pape Pie XI" ― Il est ressuscité ! n° 17, décembre 2003, pp. 19-20).
           
        Et Pie XI, de continuer cette pratique concordataire avec les pires gouvernements, ainsi :
           
        "… Malgré le laïcisme très marqué de la république tchèque, Pie XI passa en 1928 un modus vivendi avec ses dirigeants francs-maçons, Mazaryk et Benès. Le gouvernement tchèque voulait cet accord afin d’assurer son autorité sur les fortes minorités, particulièrement sur les populations slovaques, qui constituaient un danger permanent pour l’existence même de la république de Tchécoslovaquie. (…) Par ses tractations et ses accords avec les «diaboliques», le pape Pie XI favorisait et maintenait les francs-maçons au pouvoir. Ainsi, en Tchécoslovaquie, quand Mazaryk se retira, Benès fut élu le 18 décembre 1935, président de la république, grâce à l’appui du parti catholique de Mgr Schramek [représentant le parti concordataire soutenu par Pie XI...]" (Il est ressuscité ! n° 17, décembre 2003, p. 14). Même cas de figure avec la Pologne dont Pie XI favorise, en mai 1926, le socialisme franc-maçon au détriment de la résistance catholique nationale derrière Mgr Sapieha…!
           
        ... Comme l'on voit, le concordat chinois actuel promu par le pape François et le cardinal Parolin, n'a rien de vraiment nouveau, quant au partenaire étatique résolument anti-chrétien radical accepté par le pape. La vérité, c'est que les papes modernes sont tellement POSSÉDÉS diaboliquement par cette gnose de l'idolâtrie de l'être politique, qu'ils n'hésitent pas UNE SEULE SECONDE à sacrifier leurs fils chrétiens à cette gnose, comme donc on le voit faire en Chine actuellement, ou comme Pie XI l'avait fait, en reconnaissant les "autorités constituées" du Mexique, dans un cadre hors-concordataire, et exigeant des malheureux Cristeros, ces vrais Chouans, qu'ils obéissent aux ordres du "gouvernement établi" de rendre leurs armes... ce qui eut pour dramatique conséquence leur assassinat sauvage, une fois désarmés, par les francs-maçons au pouvoir...
           
        Mais le pire, ... oui, il peut y avoir encore pire !, est à venir. Passé 1930, "la mainmise brutale du Führer triomphant sur toutes les forces politiques du Reich, la suppression de tous les partis, jetèrent le désarroi parmi les catholiques allemands. Mais Hitler, qui n’avait pas intérêt à se les aliéner de prime abord, offrit au Saint-Siège un concordat avec le Reich, applicable à l’Allemagne entière. Il fut négocié et conclu le 20 juillet 1933, entre le cardinal Pacelli et M. von Papen" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. III, p. 233).
           
        Le comportement concordataire pontifical de Pie XI avec les Soviets, il le réitère à l'identique avec… les Nazis, et cette fois-ci donc, cela aboutit, le concordat étant bel et bien signé, quelques lustres pontificalement enténébrés plus tard. "En Allemagne, le concordat de 1933, à peine signé [avec, donc, le gouvernement nazi…], fut violé par Hitler, qui supprima les mouvements d’Action catholique et de jeunesse chrétienne, et s’efforça d’éliminer tout enseignement religieux. Il est incontestable que Pie XI, en signant les accords du Latran [avec l’Italie mussolinienne en 1929] et le concordat allemand de 1933 [avec l’Allemagne nazie], a pu contribuer, à l’époque, À RENFORCER LA POSITION MORALE DES RÉGIMES FASCISTE ET HITLÉRIEN" (Dictionnaire de l’Histoire — Petit Mourre, p. 184, à l’art. Concordat). De la même manière que Pie VI aurait renforcé l'autorité du Directoire si son Bref Pastoralis Sollicitudo avait eu un écho...
           
        C’est tellement évident que la pratique concordataire post-révolutionnaire avec des "autorités constituées", des "gouvernements établis" non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun voire même carrément et ouvertement anti-chrétiens radicaux, soutient le parti de Satan, qu’il n’est même pas besoin d’être catholique pour s’en rendre compte, même les historiens s’en font la pénible réflexion... mais pas les papes moderne, dont l'esprit est visiblement possédé ou aveuglé, par châtiment divin, pour que l'Écriture s'accomplisse, aux fins surnaturelles de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Cependant, ne quittons pas Michel Mourre pour constater à quel point la longue pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire avec des états pas forcément catholiques, a déjà perverti les meilleurs esprits. Notre historien, en effet, après n’avoir pu s’empêcher de constater que les concordats passés avec Mussolini et Hitler avaient renforcé "la position morale des régimes fascistes et hitlérien", se dépêche, pour se rassurer, d’écrire : "… Mais un concordat est un accord international signé entre le Saint-Siège et un État [en italiques dans le texte] ; il n’implique, de la part de l’Église, aucune marque de sympathie particulière pour le gouvernement ou le régime politique de cet État" (Mourre,   p. 184, 2e col.) ! Mais non mon bon Monsieur, catholiquement, un concordat n’est pas du tout ce que vous dites, un concordat est un accord signé entre le Saint-Siège et un État CATHOLI­QUE, sinon rien !
           
        Mais voyez ici, ô lecteur, comme la pratique pontificale concordataire moderne indifférentiste avec des États dont on se contrefiche si leur constitution est ordonnée ou bien non à la poursuite du Bien commun, a pu pervertir les meilleurs esprits ! Ainsi faussement rassuré, notre historien peut conclure son article par cette dernière phrase : "C’est dans le même esprit que le 18 février 1984 les accords du Latran ont été remplacés en Italie par un nouveau concordat. Le catholicisme n’est plus la seule religion de l’État italien, et l’État renonce à tout contrôle politique ou administratif sur l’Église" (ibid.). Les tradis se sont pâmés de colère sur ce concordat, faisant haro sur Jean-Paul II, et ils ont eu raison bien sûr, mais ce qui est assez curieux, c’est que la plupart d’entre eux n’ont pas du tout pris conscience que cette abomination de la désolation concordataire existe bien avant la "crise de l’Église" vaticandeuse des années 1965 et ce qui s’en est suivi ! Alors, le haro en question, s’ils veulent être logique avec eux-mêmes et leur Foi, être intellectuellement honnête, ils doivent le faire sur Pie VII et son Concordat ainsi que sur TOUS les papes qui l’ont suivi jusqu’à nos jours, y compris les plus saints, comme on vient de le voir avec le pape Pie X ! Car qu’est-ce bien que le concordat italien de 1984, sinon un énième et indénombrable copier-coller de celui français de 1801, dans lequel "l’illustre et très-distingué Commettant" comme un cardinal de Pie VII appelait de ce nom précieuse-ridicule Napoléon, refusait que le catholicisme soit Religion d’État, ce dont Desjardins ose nous dire, sans en rougir de honte jusqu’à la crête, que Pie VII, le pape, le Vicaire du Christ, s’est… "contenté" ?!
           
        Ce concordat nazi, en tous cas, était vraiment scandaleux, plus encore que les Accords du Latran avec Mussolini. Mais en vérité, que bien attendre d’un pape lancé dans son pontificat à toute vapeur concordataire, qui ne voit plus que cela tel taureau devant chiffon rouge, et qui, contre les reproches de certains de ses cardinaux de pactiser trop loin avec les forces politiques du mal, se récriait : "Pour le bien et la paix du monde, je signerais un concordat avec le diable s’il le fallait !"
           
        Ce concordat allemand nazi, "pour le bien et la paix du monde"... en effet !, "avec le diable"... ça c’était beaucoup plus sûr !, eut pour principal effet de… sacrifier d’un trait de plume le parti catholique en Allemagne, qui avait un poids politique capable de contrebalancer les nazis. Une des raisons principales d’Hitler de vouloir ce concordat avec l’Église, était en effet "le désir évident des nazis de se débarrasser, une fois pour toutes, du parti du Centre catholique, qui avait tenu si longtemps en échec le parti national-socialiste. Si l’on pouvait obtenir du Saint-Siège la dissolution de ce parti, il y avait bien des chances que les voix catholiques, en disponibilité pour ainsi dire, se reportassent sur un parti qui aurait fait ouvertement et officiellement alliance avec l’Église [… et voilà comme la signature d’un concordat répute ipso-facto la validité et la légitimité du co-contractant étatique auprès des fidèles, et d’ailleurs de tous les hommes censés !]. On obtiendrait ainsi l’appoint qui manquait encore pour atteindre et dépasser la majorité au sein du corps électoral [bon, très bon, excellent raisonnement, je veux dire… de la part des nazis, naturellement ! Eux, au moins, ils savaient raisonner !].
           
        "De fait, on lit dans le concordat allemand, ce qui suit : «En raison des circonstances actuelles et particulières des affaires en Allemagne, et en considération des garanties créées par les dispositions du présent concordat d’une législation qui sauvegarde les droits et les libertés de l’Église catholique dans le Reich et dans ses États, le Saint-Siège édictera des dispositions excluant pour les ecclésiastiques et religieux l’appartenance aux partis politiques et leur activité à cet égard». Un texte tout semblable se lit au concordat du Latran [mussolinien]. Il en ressort que le Saint-Siège voit, non sans raison, de graves inconvénients à l’entrée des ecclésiastiques dans la mêlée politique [commente, le plus imbécilement du monde, le rédacteur de l’Ami du Clergé dont je tire ces lignes, et qui écrit en 1933 ! Puisque, dans les faits, il s’agissait d’interdire aux clercs de soutenir le… parti catholique, contre le… parti nazi !!].
           
        "(…) L’art. 32 du Concordat allemand ratifie la disparition du Centre catholique. On sait comment finit ce grand parti. L’obéissance à Rome fut entière. Le Centre catholique rentra dans l’ombre et passa à l’histoire. On ne peut pas dire qu’il est vaincu. Il a combattu vaillamment. Il meurt en donnant sa vie pour le Concordat [… c’est-à-dire qu’il donne sa vie pour le parti nazi, frappé pour cela au cœur d’un coup mortel PAR LE PAPE !!!]. Les catholiques allemands ont déjà tiré la conclusion logique : tourner vers l’activité spirituelle et charitable des énergies qui jusqu’ici se consacraient peut-être un peu trop exclusivement à l’action politique extérieure [on croit cauchemarder de lire une telle glose d'un très-rare imbécilisme : mais le rédacteur écrit en 1933, et les esprits peu éclairés, comme le sien le manifeste avec un éclat certes incomparable, ne sont pas encore déniaisés d’Hitler…].
           
        "(…) Les nouveaux élus [les clercs nommés nouvellement aux sièges épiscopaux, et "prélats de toute nature"] doivent prêter serment au gouvernement établi [… nazi ! nazi !!], en ces termes : «Devant Dieu et les Saints-Évangiles, je jure et promets, comme il convient à un évêque, fidélité au Reich allemand et à l’État [!!!]. Je jure et promets de respecter et de faire respecter par mon clergé le gouvernement établi suivant les lois constitutionnelles de l’État [!!!]. Me préoccupant, comme il est de mon devoir, du bien et de l’intérêt de l’État allemand, je chercherai, dans l’exercice du saint ministère qui m’est confié, à empêcher tout préjudice qui pourrait le menacer». Cette formule est à peu près identique à celle qui est insérée au Concordat italien" (L’Ami du Clergé, n° 48, 30 novembre 1933, pp. 795-796). L’auteur aurait plus justement encore précisé qu’elle est la décalcomanie de celle du Concordat de 1801 (revoir supra)…!
           
        J'arrêterai là mon historique des concordats post-révolutionnaires, passés par tous les papes modernes depuis Pie VII sans exception aucune dans le mépris hérétique et même apostat total du criterium catholique enseigné par saint Paul quant à la validité des sociétés politiques.
           
        Je crois avoir bien montré que le Concordat napoléonien peut tout-à-fait être baptisé sans eau bénite : le "VATICAN II DES MŒURS".
           
        Il me reste maintenant un seul point à traiter, avant de finir. Montrer comment cette perversion radicale des Mœurs ecclésiales initiée en 1801 a fini par engendrer la perversion de la Foi qui s'est révélée à Vatican II, quelqu'un siècle et demi plus tard.
           
        Théologiquement, le processus est très-simple à décrire.
           
        Un État constitutionnellement athée, non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, logique avec lui-même, professe et pratique au for public... l'indifférentisme en matière de religion. Il n'y a pas de Révélation pour lui, la seule "révélation" qu'il professe, c'est l'HOMME. D'où la "si grande contradiction" (He XII, 3) de tous les papes du XIXème siècle, qui, de jure, dénoncent l'indifférentisme religieux au for public dans de belles encycliques, notamment les papes Grégoire XVI, Pie IX et Léon XIII, et qui, de facto, ne peuvent éviter de fort ratifier et cautionner cedit indifférentisme religieux hétérodoxe par leur pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées ou hérétiques ou schismatiques, qu'ils réputent valides et légitimes.
           
        Il y a là un très-dangereux écartèlement entre ce que l'Église pense et ce que l'Église vit.
           
        Des prêtres clairvoyants le virent déjà, dès cette époque. Par exemple, l'abbé Combes, qui vivait aux temps de Léon XIII, vrai prêtre "tradi" avant la lettre, qui avait eu la charité grande de recueillir près de sa cure la voyante de La Salette, Mélanie Calvat, dans les dernières années de sa vie. Il consigne dans son Journal, à la date du mercredi 21 juillet 1903, que Mélanie a eu une vision sur la mort du pape. Il lui tire immédiatement les vers du nez, car Mélanie a un naturel très-secret et elle se livre difficilement, mais le curé Combe est fort pugnace, et cela donne un très-intéressant entretien entre Mélanie et lui (je mettrai en gras ce qui intéresse plus notre sujet) :
           
        "«... Alors, racontez-moi ce que vous avez vu !», commence l'abbé Combe.
           
        "(Elle se ressaisit et refuse de parler ; il était trop tard ; j’ordonne ; elle pousse des soupirs ; il me faut arracher chaque détail l’un après l’autre ; mais je tiens bon, et voici ses réponses :)
           
        "«Hier soir, je priais pour l’Église et spécialement ses ministres. Je me disais : comment se fait-il que les fidèles soient comme ça [aussi spirituellement dégénérés, veut dire Mélanie] ? Cela doit venir des chefs ! Aussitôt après mes prières, je ne sais si c’était vers minuit, j’entendis : Voici que je vais appeler à Moi mon Vicaire ! En même temps, je vis le pape qui se tordait sur son lit. Ses yeux tournaient à droite et à gauche, si entièrement qu’il n’en restait que le blanc. Je disais à Notre-Seigneur : Je ne veux pas voir cela ! (en le répétant, elle en était encore effrayée !). Dans la chambre du pape, il n’y avait qu’un Monsignor ; il alla vite chercher, il appela.
           
        "(...) «Pourquoi se tordait-il ainsi et tournait-il les yeux d’une manière si effrayante ? Était-ce par souffrance physique ou par épouvante de l’état dans lequel il laissait l’Église ?
           
        "– (avec effroi) «Mon Père, laissez cela !»
           
        "– «Je ne me trompe pas, chère Sœur, ce ne sont point les souffrances physiques qui le tordent, mais...»
           
        "– (Ne me laissant pas achever, et tout bas :) «Oui».
           
        "– «Il se reprocha bien des choses, n’est-ce pas ?»
           
        "– (Silence)
           
        "– «Si les catholiques ne se sont pas défendus, à lui la faute ! Aucun pape n’a demandé plus de sacrifices à ses amis, ni fait plus de concessions à ses ennemis. Vous appelez ça de la bonté ? Vous dites qu’il est très bon ?»
           
        "– «Il avait de bonnes intentions».
           
        "– «Ses encycliques sont magnifiques, mais il les a constamment démenties dans la pratique ! Les fidèles n’y comprennent plus rien, c’est la bouteille à l’encre. Un évêque ajoute dans son catéchisme un chapitre contre le divorce, le pape le lui fait retrancher pour ne pas déplaire au gouvernement ! Il a attaché la Croix de l’Ordre du Christ sur la poitrine de Bismarck ! Ses nonces s’assoient aux banquets, à la droite des femmes illégitimes de nos ministres ! La politique exige cela ? Dieu lui fera voir en quel état il a mis l’Église par sa savante politique, sa politique à longue portée, comme il l’a définie. Pourquoi ne répondez vous pas ? Je ne suppose pas que vous vous défiez de moi !»
           
        "– «Oh non ! mais j’ai de la répugnance à parler ainsi. Jamais je n’ai parlé du pape avec d’autres».
           
        "– «Vous savez bien que si je vous interroge, c’est pour la gloire de Notre-Dame de La Salette, que je ne raconte à personne ce que vous me répondez ? Mais cela servira plus tard».
           
        "De la tête et de la main, elle semble répondre : cela ne sert de rien ! Et en ce moment le Bon Dieu demande autre chose ! Je n’ai pu en obtenir un mot de plus.
           
        "Léon XIII eut cette crise effroyable. On ne sut pas ce qu’il avait vu, mais on l’entendit, à la fin de la crise, dire humblement : «J’avais de bonnes intentions»" (Dernières années de Sœur Marie de la Croix, bergère de La Salette ― Journal de l’abbé Combe, pp. 181-183).
           
        Les réflexions pleines de bon sens du simple mais fervent curé de campagne qu'était l'abbé Combe sont, on le voit, du plus haut intérêt, frappées du sceau de la vérité, en ce qui concerne le pape Léon XIII, et "l'état dans lequel il laissait l'Église".
           
        Voici quelques autres exemples qui illustrent le fait que l'Église, depuis son hétérodoxe pratique concordataire avec des États constitutionnellement athées, était forcée de pratiquer la Liberté religieuse ou l'indifférentisme religieux qui est son frère jumeau :
           
        Copuler (pardon) avec un État constitutionnellement anti-Dieu, quand on s’appelle l’Église du Christ, est en effet source de sacrilèges multiples, sans cesse revenus, et de péril immédiat. En voici une illustration tirée de l’Ami du Clergé, dans sa livraison n° 42 du 20 octobre 1910, trouvée tout-à-fait par hasard au cours de mes recherches : "Liturgie. — [Question angoissée d’un prêtre à l’Ami du Clergé :] À certains jours, les représentants des nations étrangères assistent en corps à la messe, et on leur donne à baiser l’instrument de paix [= la croix du Christ]. Comme il y en a qui sont francs-maçons et d’autres protestants, si le sous-diacre les connaît, que doit-il faire ? [Réponse embarrassée, dilatoire et diluée de l’Ami du Clergé :] En principe, les francs-maçons et les protestants, connus comme tels, ne devraient pas être admis à baiser l’instrument de paix ; mais en raison des complications graves qui pourraient résulter d’un refus public, il n’appartient pas au sous-diacre de trancher lui-même la question, mais il doit en référer à l’autorité supérieure et se conformer à ce qu’elle en ordonnera"…! Et voilà à quelles situations sacrilèges est obligée de se soumettre l’église concordataire ! Va sans dire d’ailleurs que "l’autorité supérieure" a dû faire exactement le même raisonnement que l’Ami du Clergé, c’est-à-dire reculer, préférer le sacrilège divin au scandale humain ! Comment voulez-vous que cette église concordataire soit bénie de Dieu, elle rougit de Lui devant l’homme !!!
           
        L'Église, par sa pratique concordataire hétérodoxe, est également obligée de carrément supprimer Dieu des mœurs des fidèles. C'est très-concret avec le mariage :
           
        Avant le Concordat, ce qui faisait la réputation du mariage dans la chose publique, c’était le mariage religieux. Or, après le Concordat, ce qui répute le mariage dans la chose publique, c’est le contrat civil passé devant César, devant le maire (Article organique LIV. "Ils [les curés] ne donneront la bénédiction nuptiale qu'à ceux qui justifieront, en bonne et due forme, avoir contracté mariage devant l'officier civil"). On est vraiment là en pleine application, voyez comme c’est concret et non plus seulement de la métaphysique lointaine !, du venin apostat : faire passer l’homme avant Dieu. Et notez bien comme il est formellement interdit sous peine de graves sanctions, de ne point faire passer l’homme avant Dieu, dans cette société concordatisée : le curé qui ferait un mariage sans avoir le certificat du maire, serait pénalement sanctionné.
           
        Autrement dit : Dieu, depuis le Concordat, pour unir un homme et une femme, doit demander la permission à César, et un César qui n’est pas, constitutionnellement, seulement SANS Dieu mais CONTRE Dieu, alors que c’est Lui, Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est venu rétablir le mariage dans sa dignité première ! Chaque mariage depuis l’entrée en application du Concordat, est donc en vérité une grave injure, un outrage, un camouflet à Dieu. Croyez-vous vraiment que le Bon Dieu donne autant de bénédictions aux mariages concordataires qu’aux mariages avant le Concordat ? Moi, je crois bien que non. Et cela, on le doit à Pie VII et à tous les papes qui l’ont suivi sur le Siège de Pierre jusqu’à nos jours. Faire un tel changement dans la politique constitutionnelle, c’est donc toucher formidablement aux Mœurs. Cette inversion radicale de la légitimité des mariages, admise donc, au moins implicitement, par la papauté concordataire, va aboutir, en 2013, lors des débats faits dans le cadre de la loi sur le mariage pour tous, à ce que le mariage va être considéré comme une chose qui appartient à la République, et plus du tout à la nature créée par Dieu. Voyez cette incroyable déclaration de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques : "Le mariage est une institution républicaine et grâce à ce texte il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré, sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" (intervention de la ci-devant à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) !!!
           
        Par ces quelques exemples qui pourraient être multipliés à l'infini et dans toutes les directions des Mœurs, il est aisé de saisir que si l'Église répute désormais, depuis le Concordat napoléonien, la validité à des pouvoirs politiques qui pratiquent l'indifférentisme religieux au for public, il va bien falloir qu'un jour, l'Église, forcé de pratiquer elle-même cet indifférentisme religieux sur un plan pratique avec le gouvernement qu'elle reconnaît valide, reconnaisse la doctrine de la Liberté religieuse elle-même, cette Liberté religieuse qui est l'expression et la concrétisation théologique dudit indifférentisme religieux au for public. Si en effet je reconnais une existence métaphysique à des êtres, j'en reconnais donc aussi implicitement et formellement aux œuvres qu'ils tirent de leur essence ontologique, quand bien même je ne prends pas conscience tout-de-suite de cette conséquence obligée. Donc, par le seul fait de réputer la validité à des États constitutionnellement athées qui, quant à eux, pratiquent logiquement l'hétérodoxe et antéchristique Liberté religieuse, comme la tirant de leur propre fond, je reconnais une valeur métaphysique formelle à la doctrine de la Liberté religieuse elle-même. Et voilà tout le mal. Car si moi, catholique, je ne vis pas comme je pense (ma Foi condamne la Liberté religieuse), tôt ou tard je vais être obligé de penser comme je vis (canoniser la Liberté religieuse).
           
        Comprenons bien que la Liberté religieuse de Vatican II est la réponse du berger à la bergère, le répondant de jure de la pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire de facto : à mauvaises mœurs, mauvaise doctrine. En fait "la crise de l'Église" commence par une déviance au niveau des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, et cette déviance, insidieusement, a, pendant un bon siècle et demi, de 1801 à 1965, corrompu de plus en plus la Foi elle-même de l'Église, jusqu'à arriver à la proclamation en droit de la Liberté religieuse dans un décret magistériel conciliaire doté de l'infaillibilité ecclésiale sous le mode ordinaire & universel... Les concordats napoléoniens de facto sont ni plus ni moins que l’hérétique Liberté religieuse de jure de Vatican II : ce sont deux propositions qui, pour s’épeler différemment, sont une seule et même damnable chose… Nous sommes là au fond du fond de "la crise de l'Église".
           
        ... Et cependant, tous ces papes, ces grands-pontifes romains du XIXème siècle et du XXème, sont d'excellentes âmes, en leur for privé, ils ont "bonne intention" comme disait Léon XIII dans la vision de Mélanie Calvat. En fait, ils sont choisis par la Providence divine pour vivre et faire vivre à l'Épouse du Christ "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sans forcément y joindre aucune malice. Quand bien même ils crucifient abominablement l'Église, ils le font "sans savoir ce qu'ils font", comme les bourreaux envers le Christ crucifié, avec "bonne intention". C'est pourquoi je m'empresse de dire que je mets genoux en terre devant tous et chacun d'eux, et que mon amour pour eux est et reste intact, de Pie VII à François. Nous avons plusieurs saints parmi eux, et il m'est fort agréable de dire que le pape Chiaramonti-Pie VII, par qui cependant le scandale concordataire moderne est abominablement arrivé, en fait très-honorable partie : "Le 12 mars 2007, le pape Benoît XVI a autorisé l'ouverture du procès en vue de la béatification de Pie VII. Il a reçu d'ores et déjà le titre canonique de Serviteur de Dieu, à la suite d'un décret papal reconnaissant officiellement l'héroïcité de ses vertus" (Wikipedia, à Pie VII). Le pape Pie VII était en effet un homme bon par tous les côtés, d'une bonté si grande qu'elle pouvait hélas aller jusqu'à la faiblesse (... surtout envers Napoléon Bonaparte). L'historien Crétineau-Joly aura ce commentaire assez étonnant, très-romantique mais cependant fort exact, en contemplant son portrait, et auquel on ne peut que souscrire devant ledit tableau : "Le lait de la bonté humaine lui coulait des lèvres..." 
           
        Mais je ne serai pas juste si je ne complétais pas mon propos en disant que tous ces papes, fautant très-gravement quant aux Mœurs par la pratique concordataire avec des États constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, non seulement n'ont nullement pris conscience de leur faute (ce qui, nous l'avons vu, est très-visible chez saint Pie X), mais ont tâché, pas très-saintement on ne peut s'empêcher de le dire, de mettre ladite faute sur le dos d'ennemis extérieurs à l'Église, extra muros, histoire de détourner l'attention des fidèles sur le fait que la subversion dans l'Église à partir du XIXème siècle, était de leur fait à eux et non du fait d'ennemis extérieurs... On appelle cela, en psychiatrie, un "transfert de culpabilité". C'est toujours plus facile de frapper sa coulpe sur la poitrine de son ennemi que sur la sienne propre...
           
        C'est le pape Pie IX qui lance le premier le bouchon dans l'eau, un bouchon que, par exemple, Mgr Lefebvre gobera on ne peut mieux, mordant dans l'hameçon pontifical. Ouvrant pour la première fois à un historien laïc, Crétineau-Joly, les archives du Vatican, Pie IX lui montre des documents qui mettent en façade les Carbonari de 1820 en lien avec les Illuminés de Bavière, ayant en projet de subvertir l'Église et singulièrement le Vatican et le Siège de Pierre. De là à faire des francs-maçons et autres illuminés les premiers responsables de ce qui se passera à Vatican II, un siècle plus tard, il n'y avait qu'un pas, qui fut franchi allègrement.
           
        Or, la vérité est tout autre. Ce sont les papes modernes dès immédiatement après la Révolution, c'est-à-dire à partir du pape Pie VII, qui sont les premiers responsables de la perversion et subversion des Mœurs de l'Église en changeant le criterium de validité des sociétés politiques, et qui, subséquemment, ont "ouvert tout grand les portes et fenêtres de l'Église", comme disait Jean XXIII, permettant aux méchants de faire quelque oeuvre secondaire de subversion en rentrant dans l'Église dont le pape leur avait ainsi ouvert portes et fenêtres... Mais la subversion principale et en grand de l'Église, c'est bien eux, les papes concordataires, qui en sont coupables. Les Carbonari de 1820 méditant de pénétrer près le Siège de Pierre aux fins de faire un pape "selon leurs besoins" pouvaient bien aller se faire rhabiller, en effet, quand c'était le pape Pie VII lui-même, dans le Concordat, donc bien avant eux, qui ouvrait les portes du conclave à la République française constitutionnellement athée, par l'art. 16 du Concordat lui accordant les mêmes droits et prérogatives dont jouissait, rappelons-nous, "l'ancien gouvernement" ; or, le principal de cesdits droits était... d'avoir des cardinaux et l’exclusive dans le conclave ! Heureusement, la République française, pendant tout le XIXème siècle dans lequel le droit d'exclusive fut encore valable (jusqu'à Pie X), ne s'en servit pas, mais... elle aurait très-bien pu s'en servir pour empêcher qu'un bon pape soit élu et pour tâcher de mettre sur le Siège de Pierre un mauvais pape "selon ses besoins"... si elle l'avait voulu !! Par la seule faute concordataire, donc, du pape Pie VII ! Comme pour le Bref Pastoralis Sollicitudo de Pie VI ou les concordats soviets et nazis, on est bien obligé de se rendre compte que le pape moderne allait plus loin dans le mal que les méchants, qui restaient en-deçà !!!
           
        Léon XIII suivant Pie IX, tombera lui aussi dans ce "transfert de culpabilité" en tâchant de dire, dans son célèbre exorcisme que c'étaient les méchants (et eux seuls) qui tâchaient de subvertir le Siège de Pierre : "L'Église, épouse de l'Agneau Immaculé, la voici saturée d'amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l'impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé". La tirade est belle, assurément, mais un peu de mea culpa sur la poitrine pontificale n'aurait pas fait de mal, car qui donc, incontinent pendant quasi tout un siècle, subvertissait le plus le Siège de Pierre, sinon le pape moderne lui-même soi-même, par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun ?!
           
        Les tradis sont tombés dans le panneau de ce "transfert de culpabilité". Mgr Lefebvre, pour en rester à lui, avait beaucoup retenu ces histoires de francs-maçons que l'historien Crétineau-Joly, aiguillé par le pape Pie IX, avait trouvé dans les archives secrètes du Vatican, et révélé dans son histoire L'Église romaine en face de la Révolution, ouvrage qui fut réédité en 1976, l'année même où Mgr Lefebvre montait au créneau contre la subversion de la Foi à Vatican II.
           
        Le mouvement lefébvriste, et derrière lui tout le mouvement tradi, s'avère n'être, en vérité, qu'un mouvement réactionnaire. Comme tout mouvement réactionnaire, il ne va pas au fond de la question en remontant à la cause première du mal générant "la crise de l'Église". Ainsi, on voit Mgr Lefebvre s'insérer très-bien dans la politique léontreizienne du Ralliement, et continuer avec le mouvement traditionaliste dont il était le chef charismatique, ce qu'il avait toujours fait en Afrique et dans toute sa vie sacerdotale puis épiscopale, c'est-à-dire reconnaître validité à toute société politique constituée, quelle qu'elle soit, même si elle est constitutionnellement athée. Pour lui, comme pour tous les clercs de sa génération qu'ils soient du reste d'esprit tradi ou moderne, les sociétés politiques issus de la Révolution sont valides et légitimes, et donc, pour actualiser ici-bas le Règne du Christ, il s'agit de frayer avec. Ce qui, pour en rester à Mgr Lefebvre, le faisait lui aussi vivre sa Foi dans la folie la plus totale, sur un plan pastoral pratique... tels Léon XIII ou Pie X, ce dernier pape étant pris par lui comme modèle parfait de sa lutte tradi et saint patron de son Institut, Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, comme chacun sait (ou encore tel Pie XI, qui, tout en signant des concordats avec les "diaboliques", continuait, dans la contradiction la plus criante, à professer le règne du Christ-Roy sur les nations, en en faisant même, des plus solennellement, une... grande fête liturgique !).
           
        Je n'en veux pour preuve que le dernier livre que Mgr Lefebvre écrivit avant de mourir, en 1991, Ils L'ont découronné (= Ils ont découronné le Christ-Roy). Or, le dernier chapitre de son livre est intitulé Jésus-Christ, roi des républiques ! Dès l'abord de l'affirmation, on constate déjà qu'elle est étymologiquement dans l'absurdité la plus folle : un roy n'est en effet roy que d'un... royaume, c'est le royaume d'Absurdie de parler d'un roi qui serait roy d'un... État républicain (il y avait certes des "républiques" locales, des villes franchisées, etc., dans l'Ancien-Régime de nos roys très-chrétiens, mais elles étaient toutes insérées dans la Royauté nationale, et sujets formels du roy de France) ! Donc, il appert de la présentation des choses que Mgr Lefebvre faisait dans son livre Ils L'ont découronné, que le premier à découronner Jésus-Christ, c'était... l'auteur du livre, c'était... lui-même !!
           
        Mais il y a pire, bien pire, dans cette présentation des choses qu'il osait faire de la Royauté du Christ. C'est que les États républicains modernes sur lesquels Mgr Lefebvre voulait faire "régner" le Christ-Roy dans son livre, loin d'être des Républiques naturelles comme dans l'Antiquité, ne sont que des anti-Républiques, comme étant constitutionnellement athées. Alors, vouloir faire régner le Christ-Roy sur des républiques naturelles est déjà une absurdité, mais que dire lorsque l'on prétend faire régner le Christ-Roy sur des républiques ouvertement anti-Dieu dans leurs Constitutions basées sur "les droits de l'homme" révolutionnaires !! Nous ne sommes plus là en présence d'une simple absurdité, c'est un blasphème intégral contre le Christ, puisqu'on veut qu'Il règne sur des sociétés politiques... qui Lui sont ouvertement, haineusement et explicitement, rebelles et opposées ! Mais, tel on a vu plus le pape Pie X le saint Patron de la Fsspx le faire, Mgr Lefebvre était complètement aveuglé quant à cette absurdité totale et impie de considérer les gouvernements modernes constitutionnellement athées comme pouvant être les sujets de... la Royauté du Christ-Roy !!! Et cela, parce qu'il n'avait pas pris conscience que "la crise de l'Église" commençait par la perversion des Mœurs ecclésiales initiées par le concordat napoléonien du pape Pie VII, cette dite perversion consistant principalement dans la reconnaissance de la validité des sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées...
           
        Mgr Lefebvre, et d'une manière générale tout le mouvement tradi derrière lui (en ce compris les sédévacantistes et les "ralliés", etc.), luttait donc contre la subversion de la Foi dans l'Église tout en continuant à entretenir dans son âme la subversion des Mœurs ecclésiales qui avaient généré cette subversion de la Foi dans l'Église. Son combat ne pouvait donc qu'être stérile, ne pas aboutir. Or, si je parle ainsi de Mgr Lefebvre, ... paix à son âme !, car ce fut de toutes façons un combattant de la Foi valeureux !, c'est parce que son combat spirituel quant à "la crise de l'Église" résume et synthétise tout le combat tradi, toutes casquettes, chapelles, gonfanons et étiquettes confondues. Aucune mouvance tradi en effet n'a pris en compte la cause première de "la crise de l'Église" que je mets sur le chandelier dans ce nouvel article, qui consiste dans la subversion des Mœurs ecclésiales par le concordat napoléonien de Pie VII, et tous en sont restés à la cause seconde et subséquente de cette subversion, à savoir la seule corruption de la Foi à Vatican II. Mais Vatican II, comme je l'exprime dans le titre de mon article, n'est que le FRUIT POURRI de la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées. On ne saurait donc, comme l'a fait, et cependant fort bien fait quant à cela, Mgr Lefebvre, dire : J'accuse le Concile !, si en même temps, on ne dit pas : J'accuse le Concordat !, comme je l'ai fait moi-même dans mon livre (cf. au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        L'aveuglement qui frappe notre génération humaine est tellement grand, que les évidences surnaturelles les plus évidentes ne touchent même plus les âmes, les réalités de la Foi cependant les plus visibles ne sont plus vues. À ce stade, on touche du doigt que l'homme n'est vraiment plus rien lorsqu'il est châtié de Dieu, sous le coup de sa Justice. Car cet aveuglement universel qui frappe l'homme moderne, surtout quand il est prêtre du Seigneur, est un châtiment de Dieu.
           
        La conclusion de tout cela n'est vraiment pas réjouissante.
           
        Ça nous la fiche vraiment très-mal, à nous tous, les catholiques actuels, de devoir constater que "la crise de l'Église" ne date pas de la mort de Pie XII ou de Vatican II, comme on se l'est paresseusement tellement dit depuis des lustres dans l'obscurantisme le plus honteux, mais qu'elle prend date un siècle et demi auparavant, dès Pie VII, dès immédiatement après la Révolution. Toutes les grandes statues du XIXème siècle et début XXème, que les tradis vénéraient comme des rocs solides de la Foi pour tenir bon la Tradition, les Pie IX, les saint Pie X, les cardinal Pie, et tutti quanti, s'écroulent donc lamentablement : eux aussi, en vérité, étaient déjà contaminés par l'esprit de l'Antéchrist, de manière occulte, sous le chapitre politique constitutionnel des Mœurs. Ils se croyaient forts dans la Foi, et nous les croyions tels, mais ils ne se rendaient pas compte que leurs Mœurs contredisaient radicalement leur Foi et leurs belles encycliques doctrinales. Il n'est hélas trop vrai que pendant tout le XIXème siècle, les papes modernes post-concordataires ont brandi très-haut la Foi, tout en pratiquant les Mœurs de l'anti-Foi. Il est certes très-humiliant de voir qu'aucun catholique ne se soit rendu compte de la subversion des Mœurs de l'Église, par le biais du Politique constitutionnel dès l'immédiat sortir de la Révolution. Et ce, par... les papes, par... les Vicaires du Christ qui ont reçu du Christ-Dieu la vertu suréminente de garder l'Épouse de toute subversion !! C'est peut-être bien pourquoi, d'ailleurs, on ne s'en est pas rendu compte, personne ne s'en est rendu compte, précisément à cause du prestige moral surnaturellement suréminent de la fonction pontificale suprême. Le catholique ne s'est rendu compte de cette subversion sournoise et occulte que lorsqu'elle a débouché brutalement dans la Foi, grosse et visible comme éléphante enceinte dans un corridor, par le tsunami doctrinal que fut Vatican II. 
           
        … Oh ! Je sais pertinemment bien que beaucoup n’aimeront pas qu’on remonte jusque là, et surtout sans voile de Noé, dans les causes de ce qu’il est convenu d’appeler "la crise de l’Église"… C’est de toutes façons à faire trembler, je l’avoue, et même, dans un premier sursaut impulsif et révolté de l'âme, à être amené dans la tentation de remettre en cause la Foi catholique. Mais le second sursaut doit nous faire nous ressaisir supérieurement dans la Foi : il s'agit en fait de monter au Calvaire Rédempteur là où est pendue cette fois-ci non plus Jésus sur la Croix du salut, mais son Épouse mystique, notre Mère et Église très-chère, Dame la sainte-Église.
           
        Certains ne voudront pas aller jusque là. J’entends déjà des : "Qui mange du pape en crèvera !" plus ou moins aigre-doux, de la part d’âmes pusillanimes qui ont peur que ça fasse mal, qui s'apeurent l'âme, voulant continuer à grignoter tout doucettement les "vérités diminuées" auxquelles elles se sont accoutumées, et qu’elles veulent croire capables de les sustenter surnaturellement jusqu’à l’Éternité bienheureuse…
           
        "Qui mange du pape en crèvera !", dites-vous ? Éh bien, je tiens à vous rassurer. Voilà qui ne peut me toucher. Et vous savez pourquoi ? Tout simplement parce que je suis déjà mort. Et même mort-lié pour ceux qui voudront bien se pencher sur l’onomastique et l’anthroponymie de mon nom.
           
        En effet, bien que je ne m'en sente pas digne, je fais partie de cette très-sainte et très-inconnue corporation de saint Lazare, la corporation des morts avec bandelettes (parce que la "puissance des ténèbres" a tellement peur que ses membres ressuscitent, ce qui leur est glorieusement promis de par Dieu, que les faire mourir ne lui suffit pas, il faut qu’elle les lie au surplus…) ; et pas seulement par une affiliation lointaine genre "tiers-ordre" mais au plus près des membres actifs dirigeants et besogneux (je dois cependant cette précision que j’en fais partie après avoir vu ma pauvre humanité lutter jusqu’à l’agonie pour "que ce calice s’éloigne de moi"…).
           
        Et donc, conséquemment et subséquemment, la mort ne peut plus rien contre moi, désolé, je ne peux pas… crever. Attendu qu’il est impossible de faire mourir quelqu’un qui est… déjà mort ! Depuis les lointaines origines du monde, il ne s’est pas trouvé, en effet, un seul exemple du contraire.
           
        ... Plus sérieusement, je veux dire au lecteur que je ne peux, dans ma méditation spirituelle, qu’admirer et adorer profondément, avec grand émerveillement, la Providence divine qui a ainsi formaté dans la mort liée le disque-dur de mon âme dès ma naissance, afin donc, entre autres raisons connues de Dieu seul et un peu de moi (pour ce qu’Il a bien daigné m’en révéler), de me permettre de manger du pape sans en crever.
           
        Puisqu’il fallait bien que quelqu’un en mangeât pour débrouiller dans la vérité vraie en vérité qui libère, l’apocalyptique "PASSION DE L'ÉGLISE" qui est la nôtre.
 
En la fête de Notre-Dame des affligés,
ce 9 mai 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
09-05-2020 09:57:00
 

Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (2)

08-05-2020 07:59:00
 

Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (1)

 
 
 
 
Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(1)
 
 
 
 
"En ce temps-là, Jésus prit la parole et dit :
Je Vous rends grâce, Père, Seigneur du Ciel et de la terre,
de ce que Vous avez caché ces choses aux sages et aux prudents,
et de ce que Vous les avez révélées aux petits.
Oui, Père, Je Vous rends grâce parce qu'il Vous a plu ainsi"
(Matth XI, 25-26)
           
        Un tradi des premiers temps de la résistance contre le modernisme sous Paul VI, un "vieux de la vieille", avait fait remarquer un jour dans son petit bulletin périodique : Comment faire avaler du poivre à un chat qui le déteste ? Et il répondait : en en saupoudrant sur ses poils. Comme les mœurs du chat l'obligent à se lécher très-souvent, alors il sera obligé d'avaler le poivre par le fait même de se lécher, ipso-facto. C'est ce qui se passe dans l'Église contemporaine, poursuivait-il : on convertit le catholique au modernisme beaucoup plus et beaucoup mieux en le lui faisant pratiquer lui-même par ses mœurs qu'en le lui enseignant. Ainsi, pratiquant personnellement le modernisme pendant de longues années sans même s'en rendre compte, c'est lui-même, catholique, qui finira par se convertir tout seul à la doctrine du modernisme qu'il pratique, sans que personne n'ait besoin de l'y forcer le moins du monde. Léchant les mœurs modernistes, il ne pourra, tôt ou tard, qu'en avaler la doctrine hérétique. Tant il est vrai que si je ne vis pas mes Mœurs comme je pense ma Foi, je finirai tôt ou tard par penser ma Foi comme je vis mes Mœurs. La raison en est que les Mœurs et la Foi sont aussi viscéralement liées entre elles que le corps et l'âme dans l'être humain, elles ont une interaction directe et immédiate l'une sur l'autre, se forçant mutuellement à l'unité absolue de direction métaphysique.
           
        Montons d'un degré. Comment bien faire avaler l'antichristianisme à l'Église catholique qui, surnaturellement, de par sa Constitution divino-christique, le déteste plus encore que le chat ne déteste le poivre ? Comment bien la transformer en une ONG, une MASDU (Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle, comme disait feu l'abbé de Nantes) au service de la fausse Liberté religieuse de l'Antéchrist jusqu'à, au bout du compte, arriver par le pape légitime au point inouï que nos yeux éberlués et presque incrédules voient de nos jours, d'idolâtrer publiquement et rituellement une impure, méprisable et abjecte idole païenne, Pachamama ? Réponse. Par la technique du chat empoivré. En faisant en sorte que l'Église se décide elle-même à pratiquer l'antichristianisme dans ses Mœurs, sans qu'on touche à sa Foi. Ainsi, puisque les Mœurs interagissent directement et immédiatement sur la Foi, alors, l'Église sera obligée tôt ou tard d'avaler elle-même dans la Foi ce que les Mœurs antichrétiennes qu'elle a adoptées lui font pratiquer. Sans que personne de l'extérieur n'ait à l'y forcer par violence, comme c'est le cas dans les persécutions des régimes totalitaires contre les chrétiens ; ou sans qu'il soit besoin d'aller supposer, à la manière complotiste affectionnée par les esprits obscurantistes, que ce sont des ennemis de l'extérieur, extra muros, qui ont perverti sa Foi, sans qu'elle-même n'y ait eu aucune mauvaise part. Non, si on fait accepter par l'Église de corrompre elle-même ses Mœurs, sans qu'on touche à sa Foi, ce sera l'Église elle-même qui pervertira sa Foi au bout du compte, obligée à agir ainsi pour faire correspondre sa Foi aux Mœurs mauvaises qu'elle a adoptées librement...
           
        Or, l'Histoire ecclésiastique moderne, depuis la Révolution française, nous montre que ce processus de corruption que je viens de décrire est exactement celui qui a généré "la crise de l'Église" qui, soudain, s'est révélée brutalement au niveau de la Foi avec le concile Vatican II. Notre apocalyptique "crise de l'Église", en effet, n'est pas initiée et engendrée par une corruption soudaine de la Foi à Vatican II, soudaineté qui serait d'ailleurs incompréhensible, mais par une corruption des Mœurs ecclésiales dès l'immédiat sortir de la Révolution. C'est par les Mœurs ecclésiales-pontificales corrompues au niveau du Politique constitutionnel dès le Concordat napoléonien, que la Foi a fini par être elle-même corrompue à Vatican II, au bout d'un siècle et demi de transvasement insensible et occulte, jamais interrompu, de la corruption des Mœurs dans la Foi.
           
        On se sera rendu compte que j'écris Mœurs avec un "M" majuscule (comme pour la Foi avec un "F" majuscule). C'est parce que le domaine des Mœurs est sacré, sacro-saint, visité par le Saint-Esprit, comme étant fondamentalement nécessaire ici-bas au salut et à la sainteté de tout homme. C'est pourquoi ce domaine est couvert, tout-à-fait au même titre que la Foi, par l'infaillibilité promise par le Christ à son Église. C'est-à-dire, pour prendre un simple exemple, qu'il est tout aussi impossible que l'Église, pour l'universalité des fidèles, enseigne ou définisse que Jésus-Christ n'est pas Dieu, ce qui a trait à la Foi, que d'enseigner ou définir que la polygamie ou le mariage gay est valide et légitime devant Dieu au même titre que le mariage monogame fondé sur la loi naturelle, ce qui a trait aux Mœurs.
           
        Mais les Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église ne sont pas seulement à entendre au sens étroit que je viens de dire, circonscrit au domaine matrimonial, conjugal, sexuel, elles sont à entendre au sens complet du terme. Les Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église incluent tout le mode de vie des humains ordonné au bien ou au mal. Les Mœurs se définissent en effet ainsi : "Habitudes (d'une société, d'un individu) relatives à la pratique du bien et du mal" (Petit-Robert, 1990) ; un vieux dictionnaire du XIXème siècle qui me tombe sous la main a une définition à peu près semblable, plus précise encore : "Habitudes considérées par rapport au bien ou au mal dans la conduite de la vie" (Littré, 1877).
           
        Or, le criterium de validité des sociétés politiques est au cœur même des Mœurs de soi couvertes par l'infaillibilité de l'Église. C'est même la toute première règle qui fonde les Mœurs parmi les enfants des hommes. En effet, toute société politique ordonne la règle de vie publique de l'homme par rapport au bien et au mal : si donc le criterium de validité des sociétés politiques est erroné, les sociétés politiques de mauvaises Mœurs pourront s'imposer dans le for public et forcer l'homme à respecter ces mauvaises Mœurs qu'elles ont adoptées, et ce respect sociopolitiquement obligé sera pour l'homme une tentation permanente de les adopter pour lui-même, pour son for privé, au grand risque de sa damnation éternelle ; et à l'opposé, si le criterium de validité des sociétés politiques est vrai, il ne permettra qu'aux sociétés politiques de bonnes Mœurs d'exercer leur pouvoir sur l'homme, ce qui aura pour effet de mettre l'homme privé dans les rails des bonnes Mœurs, aux fins de son salut éternel. Il importe donc au plus haut point de connaître le criterium qui fonde la validité des sociétés politiques de bonnes Mœurs, qui sont les seules à exister, saint Paul nous l'enseigne, sur le plan surnaturel et catholique. Et comprendre que cedit criterium est la perle rare de l'Évangile, gardé jalousement et surtout infailliblement par l'Église.
           
        Ce criterium de validité des sociétés politiques qui commande en clef de voûte tout le domaine des Mœurs parmi les hommes est donc primordial par-dessus toute règle de Mœurs. Y contrevenir est directement et immédiatement s'attaquer à l'essence même des Mœurs couverte au plus haut degré par l'infaillibilité de l'Église. Cedit criterium, nous le connaissons, il est très-simple et a été défini par saint Paul dans son célèbre chapitre XIII de l'épître aux Romains, comme suit (je résume synthétiquement l'enseignement paulinien) : une société politique est valide et l'exercice de son pouvoir est légitime, si, et seulement si, elle est constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun véritable, normé à la fois sur les lois naturelles et surnaturelles ; si une société politique n'est pas ordonnée constitutionnellement à la poursuite dudit Bien commun, par-là même, elle n'est pas valide et n'a aucune existence aux Yeux de Dieu, et bien sûr n'en doit avoir aucune pour les hommes.
           
        Saint Paul, en effet, dans ce chapitre politique de Rom XIII, ne parle que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, à l'exclusion formelle de tout autre. La démonstration en est facile à faire.
           
        Nous en avons la preuve formelle dans le v. 3 dudit chapitre XIII, qui, Lapalisse l'aurait dit, suit immédiatement les deux premiers versets, que voici : "Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures : car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par Dieu. C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordre établi par Dieu ; et ceux qui résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes". Et saint Paul, de continuer immédiatement au v. 3, en disant, sans hiatus : "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises. Veux-tu donc ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN, ET ELLE TE LOUERA".
           
        La pensée de saint Paul est claire : il nous dit là qu'à chaque et toutes les fois que je fais le bien dans l'ordre public, la puissance m'en louera, m'en récompensera. Mais, théologiquement, il est rigoureusement impossible qu'une puissance qui n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun, puisse, à tout coup, à chaque et toutes les fois, me louer pour le bien public que je fais : il ne reste en effet pas assez de grâce dans l'homme taré du péché originel, qu'il soit seul ou réuni avec ses semblables également tarés comme lui, pour pouvoir, à chaque et toutes les fois que le bien public est acté, opéré, louer celui qui le fait. Un pouvoir politique qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, pourra certes louer quelques biens publics, mais pas tous et à chaque fois, comme l'enseigne saint Paul. Or, depuis le passage du Christ sur la terre, Lui qui a tout racheté dans sa Rédemption y compris la sphère sociopolitique, seul un pouvoir politique chrétien-sacral constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, c'est-à-dire basant son pouvoir politique explicitement sur le Christ, a ce pouvoir de louer tout bien public opéré par l'homme, quel qu'il soit.
           
        Il est donc clair que saint Paul n'entend parler, dans son fameux ch. XIII aux Romains, que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, qui, eux et eux seuls, sont capables de louer celui qui fait le bien dans l'ordre public, à chaque et toutes les fois qu'il l'opère. Lorsque saint Paul dit : "Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu", cela ne doit être entendu que de la façon suivante : "Il n'y a pas d'autorité ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun qui ne vienne de Dieu". Un point catholique, c'est tout. Les autres "autorités" n'existent tout simplement pas, pour saint Paul, il n'a aucun mot pour elles (le cas de l'Empire romain, qui était le pouvoir politique aux temps de saint Paul, ne contrevient nullement à cette grande loi que je rappelle : sans faute de sa part, le pouvoir romain ne connaît pas Jésus-Christ, certes, cependant, comme toutes les structures politiques de l'Antiquité, sa constitution est ordonnée inchoativement à la poursuite du Bien commun, et c'est pourquoi saint Paul le range dans les autorités politiques "qui viennent de Dieu", auxquelles, donc, le devoir de soumission des chrétiens est dû ; mais il serait hors-sujet et trop long d'en donner toute l'explication ici, je l'ai donnée dans la seconde partie de mon article L'obéissance et le respect dûs aux Autorités politiques légitimes sont-ils dûs à la République française actuelle et aux dépositaires de son "pouvoir"...?, auquel je renvoie mon lecteur, article qu'il pourra trouver ici : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/l-obeissance-et-le-respect-dus-aux-autorites-politiques-legitimes-sont-ils-dus-a-la-republique-francaise-actuelle-et-aux-depositaires-de-son-pouvoir?Itemid=483).
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs l'Apôtre des Nations continue très-logiquement son propos, dans le v. 4, par ces mots : "CAR elle [la puissance politique] est le ministre de Dieu pour le bien", qui a même sens et complète très-bien le "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises" du v. 3. Comprenons bien là encore ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement et très-faussement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, l'Apôtre des Nations nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit précisément qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue tout naturellement et systématiquement. Et c'est également pourquoi du reste, toujours aussi logiquement, saint Paul continue ainsi ce v. 4 : "Que si tu fais le mal, crains ; car ce n'est pas sans motif qu'elle [la puissance politique] porte le glaive, puisqu'elle est le ministre de Dieu dans sa colère contre celui qui fait le mal". Notons soigneusement comme saint Paul fait exactement le même raisonnement pour celui qui fait le mal au for public que pour celui qui y fait le bien : celui qui fait le mal au for public doit s'attendre, à chaque et toutes les fois qu'il le commet, à être châtié par "la puissance", comme il dit pour parler des pouvoirs politiques. Or, si à chaque et toutes les fois que je fais le mal au for public, je dois m'attendre à être châtié par la puissance, c'est donc bien que ladite puissance est constitutionnellement ordonnée au Bien commun, et non accidentellement.
           
        Il est donc absolument clair et tout ce qu'il y a de plus indiscutable que dans Rom XIII, saint Paul n'entend parler que des pouvoirs politiques qui sont ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, À L'EXCLUSION FORMELLE DE TOUS LES AUTRES. Or, depuis la Révélation, c'est-à-dire depuis le passage du Christ sur la terre, le Bien commun a un Nom : celui du Christ, celui de Jésus. Tout pouvoir politique donc, depuis lors, pour être ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun sur la terre, doit être explicitement basé sur le Christ, ou, à tout le moins, sur le Dieu Un et Trine, le vrai Dieu catholique. Sous peine, tout simplement, de... ne pas exister métaphysiquement. La doctrine que j'expose ici à la suite de saint Paul, et qui veut qu'un pouvoir politique qui n'est pas constitutionnellement ordonné au Dieu vrai et à son Christ, et donc au Bien commun, n'a aucune existence métaphysique, n'est pas nouvelle, elle est au contraire celle de la Foi catholique, bien connu de tous les papes... avant les papes modernes. Voyez par exemple le pape saint Pie V reprenant vertement le faible roy de France Charles IX d'avoir nommé dans une lettre "empereur" le Pacha turc, en ces termes : "... Votre Majesté désigne le tyran le plus inhumain, qui est en même temps l’ennemi le plus acharné de la Religion chrétienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, COMME SI CELUI QUI NE CONNAÎT PAS LE VRAI DIEU POUVAIT JAMAIS ÊTRE EMPEREUR ! Très cher fils en Jésus-Christ, donner le nom d’empereur à un tyran et à un infidèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Tilloy, p. 248). Pour saint Pie V, comme pour tout vrai catholique, le Politique dérive du Religieux, tout pouvoir politique post-christique qui ne s'appuie pas sur le Dieu vrai et sur son Christ-Messie, explicitement et constitutionnellement, n'existe... tout simplement pas.
           
        Ce criterium de validité des sociétés politiques, basé sur l'ordonnance constitutionnelle obligatoire desdits sociétés politiques à la poursuite du Bien commun, regarde au premier chef, c'est bien le cas de le dire, les Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église. Prenons donc bien conscience qu'on ne saurait le rejeter sans pécher hérétiquement contre les Mœurs AUSSI GRAVEMENT QUE SI L'ON TOUCHE À UN DOGME DÉFINI DANS LA FOI.
           
        Ces prolégomènes de la Foi la plus pure et la plus certaine étant rappelés, on a la douleur grande de voir le pape Pie VI (1717-1799), dès la fin de la Révolution française, rejeter absolument et formellement, en tant que pape, ce criterium catholique de validité des sociétés politiques que je viens de rappeler derrière saint Paul, en formulant explicitement et abominablement l'exact contraire de l'enseignement paulinien dans son Bref Pastoralis Sollicitudo du 5 juillet 1796. Dans ce Bref adressé "à tous les français", il ose professer en effet que TOUTE société politique quelle qu'elle soit, même celle qui n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun (comme le furent tous les gouvernements de la Révolution), est valide et légitime. Le pape Pie VI faisait donc là un attentat formel contre les Mœurs couvertes par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Dans ce Bref sûrement le plus scandaleux de tout le Bullaire romain, on le voit faire en effet du criterium de validité des sociétés politiques, un criterium absolutiste et totalitaire englobant autant les mauvaises sociétés politiques que les bonnes, concept parfaitement hérétique et aux antipodes de l'enseignement paulinien. On l'y voit changer brusquement à 180° le jugement de condamnation des gouvernements révolutionnaires qu'il avait adopté au début de la Révolution, et exiger du fidèle catholique français, sous peine de damnation, qu'il reconnaisse la validité de l'actuel gouvernement de 1796, qui était le pire, le plus franc-maçon de tous les gouvernements de la Révolution, à savoir celui du Directoire, avec à sa tête les tristement célèbres Paul Barras, La Révellière-Lépeaux, Reubell et autres satellites très-véreux, tel de Talleyrand-Périgord, osant appeler le Directoire, dans ce Bref, "les autorités constituées". Certes, ce Bref n'est pas intégré au Magistère ordinaire & universel pontifical de soi infaillible, car il ne sera jamais officialisé canoniquement, mais… il existe, et il existe signé par le pape, "portant l’estampille de la Chambre apostolique", j’en donne les preuves historiques très-précises et indubitables dans les pp. 70, sq., de mon livre Les papes nous ont trompés en Politique, qu'il serait trop long de reproduire ici, et qu'on pourra consulter au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LesPapesNousOntTromp%C3%A9sEnPolitique.pdf).
           
        Je ne vais pas passer rapidement sur ce Bref, historiquement et surtout théologiquement très-important. Il y a un tel voile d'aveuglement sur les esprits, surtout quand ils sont tradis, quant à la trahison des papes modernes à partir de la fin de la Révolution avant même qu'elle soit terminée avec la pacification napoléonienne, et non à partir de la mort de Pie XII ou de Vatican II, qu'il m'apparaît très-nécessaire de dessiller les yeux profondément aveuglés de mon prochain (ce que du reste, dans l'Apocalypse, le Saint-Esprit conseille instamment aux fidèles de l'église de Laodicée, en leur proposant avec insistance pour leur salut de s'oindre les yeux avec un collyre...). À cette fin de faire vivre les âmes dans la vérité vraie en vérité de "la crise de l'Église", pour leur bien et leur salut qui se trouve seulement dans la Vérité entière qui libère (et elle seule), je vais leur faire lire le texte littéral même de ce Bref inouï du pape Pie VI. Voici donc ce document pontifical incroyable d'apostasie des Mœurs de l'Église en matière de validité des sociétés politiques, qui ne pourra qu'ouvrir les yeux les plus fermés (sauf s'ils le sont volontairement, à l'instar des pharisiens). Lorsque j'ai cité pour la première fois en 2007 ce Bref pontifical dans mon ouvrage Les papes nous ont trompés en Politique, je n'ai pu m'empêcher d'y laisser saillir mon indignation, entre crochets, dans certains passages ; je crois bon de laisser jaillir à nouveau dans ce présent article cette indignation catholique qui fut mienne il y a treize ans contre le mal de la trahison pontificale de Pie VI, elle n'est que trop justifiée, avec, par ailleurs, je m'empresse de le préciser, tout le respect entier et même mon amour filial que je conserve entier au pape aveuglé ; je vais mettre en gras le texte du pape pour une plus grande clarté de l'ensemble :
           
        "Après avoir rappelé que le souci de sa charge lui fait un devoir d’éclairer tous les fidèles et «particulièrement ceux qui sont soumis à de fortes tentations» [... vous allez voir lesquelles, ô malheureux lecteur !], le Pape déclarait : «Nous croirions manquer à Nous-même si Nous ne saisissions pas avec empressement toutes les occasions de vous exhorter à la paix et de vous faire sentir la nécessité d’être soumis AUX AU­TORITÉS CONSTI­TUÉES. En effet, c’est un dogme [!!!] reçu dans la religion catholique que l’établissement des gouvernements est l’ouvrage de la sagesse divine pour prévenir l’anarchie et la confusion [... le mensonge hérétique est total : c'est exactement le contraire d'un dogme catholique, c'est-à-dire une hérésie, de professer la validité de toute société politique du moment qu'elle se constitue par elle-même dans l'existence publique, ce qui est ni plus ni moins fonder hérétiquement le pouvoir politique sur l'homme et non sur Dieu ; une société politique ne peut être établi, c'est-à-dire valide, que si elle est constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun comme nous l'enseigne saint Paul ; or, cette ordonnance de la Constitution d'une société politique au Bien commun est au-dessus des forces de l'homme taré du péché originel, et donc il faut une grâce divine et christique toute spéciale donnée par Dieu, que l'homme n'a pas dans son fond, pour qu'une société politique puisse être constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun, et donc encore, puisse s'établir véritablement, et donc enfin, être valide ; Dieu doit donc être explicitement dans la Constitution politique d'une société pour en être la Force et lui donner vie politique vraie et véritable ; mais donc, selon Pie VI, le gouvernement très-révolutionnaire, franc-maçon et anti-chrétien du Directoire, constitutionnellement athée, destructeur des gouvernements très-chrétiens qui, dans leur fondation nationale, étaient, quant à eux, véritablement l’ouvrage de la sagesse divine, était, lui aussi, l’ouvrage de... "la sagesse divine" : mais s'il en était ainsi, Dieu se contredirait Lui-même ; on croit cauchemarder de lire pareille absurdité impie sous la plume d'un pape ; en vérité, ces propos sont vraiment inouïs !!!], et pour empêcher que les peuples ne soient ballottés çà et là comme les flots de la mer [mais, mais, enfin... mais qui donc «ballottaient» bien ainsi les peuples depuis 1789 ? Qui avaient renversé l’Ordre social et politique naturel pour y installer le désordre et le chaos à la place ? N’étaient-ce pas les ignobles rognures des révolutionnaires réfugiés dans le Directoire comme bêtes furieuses dans caverne, après s'être mutuellement guillotinées comme des démons ?!? Et c’est ceux-là que le pape reconnaissait être revêtus du pouvoir d’assurer... l’Ordre public !!! Mais par quel prodige incroyable cette folie du diable s’est-elle insinuée dans la tête du pape ??? La réponse est hélas diaboliquement simple : par la nouvelle profession de foi de considérer que TOUT pouvoir vient de Dieu, y compris le pouvoir qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, principe de ouf ici poussé à fond du donf, jusqu’à l’absurdité la plus totale en même temps que la plus impie, puisque ce principe nouveau fait rentrer dans les sociétés politiques valides celles qui sont ouvertement antichrists, comme étant basées constitutionnellement sur les très-athées "droits de l'homme"].
           
        «Ainsi, Nos chers fils, ne vous laissez pas égarer [... tuediable !!, voilà qui ne manque pas de sel sous la plume de celui qui s’égare comme on ne peut le faire plus !!!] ; n’allez pas, par une piété mal entendue, fournir aux novateurs l’occasion de décrier la religion catholique [... prendre les armes pour la défense de l’Ordre très-chrétien et le subséquent rejet du désordre révolutionnaire : une piété… MAL ENTENDUE ! Entendez bien, ô lecteur : pour le Pie VI de 1796, les chouans, en prenant les armes contre les révolutionnaires, que le pape appelle bizarrement les "novateurs" sans du tout condamner leur nouveauté antichrétienne et sociopolitiquement antinaturelle, sont morts pour UNE PIÉTÉ MAL ENTENDUE !!! Un siècle plus tard, le pape Léon XIII se servira exactement du même faux raisonnement pour obliger les consciences catholiques françaises au Ralliement...], votre désobéissance serait un crime qui serait puni sévèrement non seulement par les puissances de la terre, mais qui pis est, par Dieu même qui menace de LA DAMNATION ÉTERNELLE ceux qui résistent à la puissance politique [horrible, horrible, abominable phrase de la dernière abomination. Anathème, malheur, trois fois, mille fois malheur au pape qui osait enchaîner ainsi, de tout le poids de son autorité de Vicaire de Jésus-Christ, la conscience des fidèles au Satan politique incarné dans les gouvernements antichrists "novateurs" issus de la Révolution !!! Le pape Pie VI certes en sera bien puni et finira sa vie par un quasi-martyre, je serai tenté de dire : heureusement pour lui ; car cette phrase, si elle est vraiment de lui, et l'analyse poussée de l'authenticité historique du Bref ne laisse que très-peu de place au doute, lui méritait formellement l’enfer éternel dont il osait menacer les héroïques chouans, martyrs de l’Ordre très-chrétien].
           
        «Ainsi, Nos chers fils, Nous vous exhortons, au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ [… au nom de Notre-Seigneur Jésus-Christ !!!], à vous appliquer de toutes vos forces à prouver votre soumission à ceux qui vous commandent [le pape ose invoquer le Nom de Jésus-Christ devant Lequel «tout genoux doit fléchir», pour obliger le catholique fidèle à l’obéissance citoyenne la plus soumise envers ceux qui... refusent formellement, en rebelles pleins d'orgueil, de fléchir le genoux devant Lui dans la chose publique !!!]. Par là, vous rendrez à Dieu l’hommage d’obéissance qui lui est dû [… le raisonnement de fond est tellement satanique que les bras m'en tombent...], et vous convaincrez vos gouvernants que la vraie religion n’est nullement faite pour renverser les lois civiles [le pape raisonne comme si les lois révolutionnaires manifestaient l’ordre social naturel, comme si les coupeurs de têtes étaient des hommes de bonne volonté voulant le Bien commun : encore une fois, on croit cauchemarder ; en tous cas, voyez comme le faux-prétexte lâche, imbécile et vicieux, du pape Léon XIII pour obliger les catholiques au Ralliement n’est pas né d’hier...]. Votre conduite les convaincra tous les jours de plus en plus de cette vérité, elle les portera à chérir et à protéger votre culte [... quel imbécile raisonnement !] en faisant observer les préceptes de l’Évangile et les règles de la discipline ecclésiastique [les chers tigres et autres chéris cochons de boue vont devenir de doux agneaux et de tendres chatons si on leur suce chrétiennement les pieds : ils feront alors observer l’Évangile…!!!]. Enfin, Nous vous avertissons de ne point ajouter foi à quiconque avancerait une autre doctrine que celle-ci comme la véritable doctrine du Saint-Siège apostolique [les atermoiements et l’hésitation, là, ne sont pas de mise, c’est au contraire un soutien sans réserve à la puissance révolutionnaire, un dénué de toute miséricorde pas de liberté pour les ennemis de la liberté, et subséquemment les pires foudres lancées par Dieu, les hommes & le pape réunis, contre ceux qui ne voudraient pas reconnaître validité et légitimité aux pouvoirs politiques issus de la Révolution, tous constitutionnellement athées et antichrist...!!!]. Et Nous vous donnons avec une tendresse toute paternelle [… ah !, nom d’un chien d’nom d’un chien !!, RIEN, non, vraiment RIEN, n’aura été épargné aux malheureux fidèles de ce temps-là !!!] Notre apostolique Bénédiction»" (Bref Pastoralis Sollicitudo, Paul Pisani, L’Église de Paris et la Révolution, t. III, pp. 109‑110).
           
        Nous sommes donc là, avec ce Bref de Pie VI, dans l'été 1796, aux pires moments des humiliations de l'église de Rome et de l'Italie, envahies par les troupes françaises révolutionnaires victorieuses aux ordres du Directoire. Les sans-culottes spoliaient les États pontificaux, volaient les œuvres d'art dans Rome, et le sac en règle de la ville dite éternelle pendait au-dessus des têtes romaines comme épée de Damoclès trop prête à tomber. Pour la retenir, Delacroix, ministre du Directoire, voulait du pape qu'il enjoigne à tous les français, au clergé comme aux fidèles, "l’obéissance au pouvoir établi" (Monsieur Émery, l’Église d’Ancien-Régime et la Révolution, Leflon, p. 417). Le pape Pie VI, "par gain de paix" dit honteusement de lui un autre historien (Gaston Castella, dans Histoire des papes illustrée, t. II, p. 60), "donna sur ce point entière satisfaction au gouvernement français" (ibidem) par le Bref Pastoralis Sollicitudo, comme on vient de trop s'en rendre compte, le rouge de la honte au front jusqu'à la crête et la sainte-colère Boanergès dans l'âme. Mais ce faisant, le pape péchait hérétiquement le plus grièvement possible contre les Mœurs en intimant l'ordre "à tous les français", à qui le Bref était adressé, de reconnaître la validité d'un gouvernement anti-chrétien qui, de près ou de loin, était tout ce qu'on voulait... sauf constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun.
           
        Pie VI avait auprès de lui son conseiller préféré, le cardinal Barnabé Chiaramonti futur Pie VII (1742-1823), qu'il aimait tendrement de dilection (il avait d'ailleurs quelque lointain lien de parenté avec lui), et qui sera pour lui ce que sera plus tard le cardinal Pacelli futur Pie XII pour le pape Pie XI : son dauphin, duquel il aurait bien volontiers fait comprendre à tout le monde qu'il souhaitait l'avoir pour successeur sur le Siège de Pierre. Or, le cardinal Chiaramonti, en parfait accord avec le Pie VI de 1796, est lui aussi entièrement perverti de cette nouvelle et très-hérétique doctrine en matière Politique constitutionnelle, qui consiste à reconnaître validité et légitimité à TOUT pouvoir politique quel qu'il soit, du moment que l'homme, avec ses semblables, l'a "constitué", "établi", même si ce pouvoir politique n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun (nous sommes là en pleine autocréation immanentiste de l'homme, par l'homme, avec l'homme et pour l'homme, dans une pseudo-liturgie anthropocentrique qui exclut radicalement Dieu, per ipsum, et cum ipso, et in ipso...). Chiaramonti est du reste d'idées très-modernes, pour l'époque, et voit non seulement la forme républicaine mais celle démocrate d'un très-excellent œil : "Amoureux de la culture et soucieux de donner un enseignement moderne, proche des réalités sociales et scientifiques de son temps, il souscrit à l'Encyclopédie de Diderot [!] et se montre curieux des idées de Locke et Condillac [tous deux rationalistes et idéologues cartésiens], alors précepteur du prince héritier, l’infant don Ferdinand, et dont il traduit l’Essai sur l'origine des connaissances humaines. (...) En fait, c’est à tous les niveaux, même personnel, que Pie VII est à la charnière de l’Histoire et toute sa personne, d'esprit curieux et progressiste, est un paradoxe vivant. En examinant sa bibliothèque, l’on peut à peine deviner qu’elle appartient à un religieux d’autant que plusieurs livres s'y trouvant sont en fait à l'Index…" (Wikipedia, art. Pie VII).
           
        Un an après Pastoralis Sollicitudo, en 1797, Chiaramonti, qui avait été promu par Pie VI cardinal-évêque d’Imola en 1785, était dans le Nord de l’Italie. Or, cette année-là, un certain général Buonaparte, au nom du Directoire haineusement et grossièrement anti-chrétien, venait de changer de force en une République cisalpine, sous égide sans-culotte, les structures politiques naturelles de cette région. Les peuples italiens, comme un peu partout en Europe, se révoltèrent contre les sans-culottes français qui, non seulement renversaient l’Ordre très-chrétien chez eux, mais osaient se permettre, les misérables, d’aller le renverser chez nous, tant il est vrai que le français a vocation de soumettre à son ordre politique le monde entier, nous en avons ici, a contrario diabolique certes, une belle preuve de plus. Or, quelle fut, en l'occurrence, l’attitude du cardinal Chiaramonti, qui avait charge spirituelle de tout ce peuple ? Soutint-il, comme il le devait devant Dieu et les hommes, les "chouans" de son pays ?
           
        Il prit immédiatement à son compte la doctrine hérétique de Pastoralis Sollicitudo, allant même beaucoup plus loin que Pie VI dans l'hérésie. La chose dépasse tellement l’entendement que je préfère citer le texte lui-même de l’incroyable homélie qu’il osa prononcer alors devant tout son peuple d’Imola le jour de... la Noël 1797. Ce sermon majeur commandité par les commissaires républicains aux ordres du Directoire, entaché non seulement de l'hérésie de Pastoralis Sollicitudo mais également de l'hérésie démocrate-moderniste que Marc Sangnier débitera... seulement un siècle plus tard...!!, fut précédé d’un autre, de même abominable mouture (preuve qu’il ne s’agissait nullement de la part du futur pape du Concordat, d’un lapsus calami), fait à saint Paul-hors-les-murs le 4 mars 1797, où il osait faire injonction "à ses fidèles d’Imola de se soumettre, «dans les circonstances actuelles de changement du gouvernement temporel [!!!]», à l’autorité (car toute autorité vient de Dieu, omnis potestas a Deo -Rm. 13-) «du victorieux général en chef de l’armée française» [!!!]"  (Dictionnaire de la papauté, Levillain, art. Pie VII, p. 1335, col. 1). Remarquez bien, pour ne gloser que sur cela dans ces propos cardinalices impies et révoltants, comme l’omnis potestas a Deo paulinien, interprété hérétiquement à la manière d’une légitimité de TOUT pouvoir politique quel qu'il soit, y compris donc s'il est constitutionnellement non-ordonné à la poursuite du Bien commun, comme c'était le cas de la République cisalpine sans-culotte, est ici une fois de plus enseigné...
           
        Mais voici ce sermon du cardinal Chiaramonti, aussi incroyable, inouï et impie, que le Bref Pastoralis Sollicitudo du pape Pie VI, je n'y mettrais cette fois-ci que peu de commentaires entre crochets, le texte allocutif, rhétoriquement très-travaillé et visiblement très-réfléchi, résolument philosophe à la moderne et à la païenne antique (le prêcheur appuyait en effet les raisonnements de son prêche principalement sur des auteurs païens antiques ou modernes, par exemple La conjuration de Catilina de Salluste, ou... l’Émile de Jean-Jacques Rousseau !!!), se suffisant à lui-même :
           
        "Le cardinal-évêque publia, aux fêtes de Noël [1797], une homélie où il parle dans les termes suivants de la liberté et du gouvernement démocratique : «... Mais les devoirs envers Dieu ne sont pas les seuls devoirs de l’homme ; il a encore des obligations subalternes qui l’attachent à lui-même. Les principes purs de la raison, sa propre organisation physique, une tendance irrésistible à vouloir son bonheur, lui commandent de soigner sa conservation, de s’occuper de son bien-être, de sa perfection. Qu’il se contemple tout lui-même, d’un œil dégagé de préjugés trompeurs, il verra bien un rayon de grandeur qui semble le consoler ; mais il reconnaîtra aussi diverses ombres de misères qui tendent à l’accabler. Les passions furent les ressorts des grands événements dans l’histoire de l’homme ; elles furent ainsi la source fatale des résultats les plus funestes. Ô homme, ô homme, quand apprendras-tu à l’école du Rédempteur les moyens de conserver ta grandeur, d’acquérir ta vraie liberté et de dégager tes pieds de leurs chaînes ! Le but que se propose le plus ardemment le philosophe de Jésus-Christ [??] consiste à mettre de l’ordre dans ses actions et dans ses passions, à placer en harmonie les forces inférieures avec les forces supérieures, à subordonner la chair à l’esprit, les plaisirs à l’honnêteté, à diriger ses facultés vers ce centre et cette fin que Dieu a ordonnés. Ne vous effrayez pas, mes frères, d’une leçon qui semble au premier aspect trop sévère et qui paraîtrait incliner à détruire l’homme et à lui ravir sa liberté. Non, frères très-chéris tant de fois, vous ne comprenez pas la vraie idée de liberté [... on s’attendrait ici à ce que le prêcheur tance et fustige l’erreur révolutionnaire-démocrate...] ! Ce nom, qui a son sens droit dans la philosophie et dans le catholicisme, ne dénote pas un dévergondage ni une licence effrénée qui permet de faire tout ce qu’on veut, soit le bien, soit le mal, soit l’honnête, soit le honteux [bien, bien... ah ! que voilà enfin un bon homme d’Église qui nous prêche la vérité catholique en Politique, devait penser le malheureux auditeur au bas de la chaire...].
           
        «Gardons-nous d’une si étrange interprétation qui abat tout l’ordre divin et humain, et dénature l’humanité, la raison et tous les glorieux avantages que nous a distribués le Créateur. La liberté chère à Dieu et aux hommes est une faculté qui fut donnée à l’homme, un pouvoir de faire ou de ne faire pas, mais toujours soumis à la loi divine et humaine. Il n’exerce pas raisonnablement sa faculté de liberté, celui qui, rebelle et impétueux, s’oppose à la loi [... celle des structures politiques très-chrétiennes et naturelles, comme le discours, jusqu’ici, le laisse entendre, ou bien celle purement légale des révolutionnaires ? parvenu ici, il y a comme qui dirait un pénible doute qui s’insinue...] ; il n’exerce pas sa faculté, celui qui contredit la volonté de Dieu et la souveraineté temporelle [laquelle...?] ; car, comme dit saint Paul, qui résiste au pouvoir résiste à l’ordre de Dieu [encore une fois de plus : notons soigneusement comme l'hérétique lecture de Rom XIII est ici faite ; cependant, jusque là, l’auditeur attentif pouvait encore croire que le cardinal-évêque entendait défendre l’Ordre politique très-chrétien... ; mais tout-à-coup, soudain, tel un coup de tonnerre diabolique, d’ouïr :].
           
        «La forme du gouvernement démocratique adoptée parmi nous, ô très-chers frères, non, N’EST PAS EN OPPO­SITION AVEC LES MAXIMES EXPO­SÉES CI‑DESSUS ET NE RÉPUGNE PAS À L’ÉVANGILE [... Ainsi donc, ô perversion suprême, les principes sacrés de la liberté chrétienne en matière politique, Chiaramonti avait eu l’audace et l’impiété formidables non moins que monstrueuses de les rappeler... pour les appliquer à la Révolution !!! Il osait de plus affirmer que ce nouveau pouvoir politique italien était "adopté parmi nous" ?!? Comment ça, mille tonnerres de Boanergès, adopté parmi nous ??? Par le peuple italien libre ou à coups de baïonnettes révolutionnaires ?!? Quelle très-mensongère, inqualifiable et scandaleuse présentation des choses, que l’Histoire infirme complètement !!! Même ce fieffé bonhomme de Talleyrand-Périgord aux commandes du Directoire, ne pouvait s'empêcher de juger les envahissements des peuples voisins de la France par les armées révolutionnaires comme tout ce qu'on voulait, sauf connotés de respect des peuples  envahis : "«J’atteste que le système qui tend à porter la liberté à force ouverte chez les nations voisines [... ce qui devient : "adoptée parmi nous" dans le sermon collabo et menteur de Chiaramonti...!] est le plus propre à la faire haïr et à empêcher son triomphe». D’un trait plus imagé et bien plus éloquent, il exprimait son opinion sur la conquête et l’occupation militaires : «On peut tout faire avec des baïonnettes, sauf s’asseoir dessus»" (Talleyrand ou le sphinx incompris, Orieux, p. 289) ! Mais pour Chiaramonti, Buonaparte apportait aux italiens la liberté... des enfants de Dieu. Et puis, à supposer même que ce serait le «peuple libre» qui aurait adopté cette nouvelle forme de gouvernement, en aurait-il eu le droit devant Dieu ? Ce distinguo, pourtant capital sur le plan métapolitique et théologique, n’est même pas entrevu par Chiaramonti ! Vraiment, quel scandaleux, très-hypocrite renversement de son discours jusque là chrétien, à 180° !!! Et de continuer ainsi, sur son abominable lancée :].
           
        «Elle [la forme du gouvernement démocratique] exige, au contraire, toutes les vertus sublimes qui ne s’apprennent qu’à l’école de Jésus-Christ et qui, si elles sont religieusement pratiquées par vous, formeront votre félicité, la gloire et l’esprit de votre république... Que la vertu SEULE qui perfectionne l’homme et qui le dirige vers le but suprême, le meilleur de tous, QUE CETTE VERTU SEULE, vivifiée par les lumières naturelles et fortifiée par les enseignements de l’évangile, SOIT LE SOLIDE FONDE­MENT DE NOTRE DÉMOCRATIE ! [ce que j'ai mis exprès en majuscules dans cette dernière phrase formule formellement l'hérésie sangniériste, que le pape Pie X sanctionnera bien injustement dans le seul Marc Sangnier, "oubliant" de dire que Chiaramonti futur Pie VII l'avait professé... un siècle avant lui]»" (Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XXVII, pp. 572-573).
           
        Pour bien comprendre le caractère incroyablement scandaleux du sermon de Chiaramonti, clôturant, à la Noël, l’an de très-mauvaise grâce 1797, il n’est pas inutile de rappeler que, quelque court temps plus tard, dans l'année 1798, les sans-culottes français installèrent une république à Rome même en destituant Pie VI de son pouvoir politique d’une manière inqualifiable et anti-chrétienne, couronnant ainsi leur République cisalpine «qui avait enlevé au pape par le traité de Tolentino du 19 février 1797 les légations de Ferrare, Bologne et Romagne» (Le Petit Mourre - Dictionnaire de l'Histoire, art. «Pontificaux (États)», p. 707). Or, chose à noter, curieuse, le conseiller principal de Pie VI pour signer ledit traité de Tolentino qui prophétisait la suppression des États pontificaux, fut… notre cardinal Chiaramonti, appelé d’urgence près de lui par le pape. Jean Madiran rappelait à bon escient : "On sait, ou plutôt, apparemment, on ne sait plus, qu’en application des «droits de l’homme» la République française occupa militairement Rome le 10 février 1798, pour y faire proclamer par le général Berthier la déposition du pape Pie VI et l’abolition de la papauté, en des termes dignes de mémoire : «Depuis quatorze cents ans, l’humanité demande la destruction d’un pouvoir anti-social dont le berceau ne semble se placer sous le signe de Tibère que pour s’approprier la duplicité, la férocité, la soif de sang et l’amour pour la débauche du père des Nérons»" (Les droits de l’homme, p. 55, note 15).
           
        Voilà, ô lecteur, le contexte historico-politique de cette incroyable homélie du cardinal Chiaramonti, moderne et même moderniste (les historiens actuels qui se penchent dessus en sont eux-mêmes surpris, tel Philippe Levillain, qui la qualifie de "réflexion étonnamment moderne"Dictionnaire historique de la papauté, art. Pie VII, p. 1335, col. 2). Et... quelques mois plus tard, à quelques kilomètres de là, le pape Pie VI était traîné brutalement d’exil en exil par les sbires du Directoire ("l’ambassadeur espagnol écrivait que les traitements inhumains qu’il subissait équivalaient à un lent assassinat" ― Histoire des papes illustrée, Castella, t. II, p. 274), illustrant, ... on ne pouvait mieux en effet !!, ce que le cardinal-évêque d'Imola avait déclamé péremptoirement en chaire : "la démocratie, non, mes frères, n’est pas en opposition avec les maximes évangéliques" !!! Pie VI, réduit à n’être plus que le "ci-devant pape et dernier", put lire cela, emprisonné à la Chartreuse d’Ema, près de Florence... et pleurer d’amères larmes de repentir sur son propre Bref à lui, Pastoralis Sollicitudo, qui, quoique destiné "à tous les français", avait sûrement inspiré Chiaramonti. Notons pour finir que cette politiquement infâme République cisalpine sans-culotte pour laquelle s’était dépensé et parjuré ignominieusement non moins qu’hérétiquement Chiaramonti, et même doublement hérétiquement, ne dura pas plus de... vingt mois, "et prit fin le 13 novembre 1799 après les victoires austro-russes qui avaient obligé les français à évacuer l’Italie" (ibidem, p. 275).
           
        Le scandale de ce sermon était, et d’ailleurs reste toujours malgré le temps écoulé, si grand, il servait si bien la cause antichrist, qu’il fut d’instinct exploité par tous les méchants et, non moins instinctivement, conspué avec horreur et réprobation, voire pieusement nié, par tous les gens de bien : "L’abbé Grégoire [illuminé, défroqué, débauché, régicide, franc-maçon de la pire espèce révolutionnaire], non sans malice, traduira et rééditera [ce sermon] en 1818, et le chevalier Artaud, premier biographe de Pie VII, s’efforcera de l’attribuer, bien à tort, à d’autres mains" (Dictionnaire historique de la papauté, Philippe Levillain, art. Pie VII, p. 1335, col. 1).
           
        Voici donc, mis en montre pour tous les yeux (dont j'espère que ceux qui étaient jusque là aveuglés sont maintenant dessillés avec le collyre du Saint-Esprit), le Bref Pastoralis Sollicitudo du pape Pie VI et le sermon du cardinal Chiaramonti. Prenons bien conscience que c'est dans ces deux documents ecclésiastiques de 1796 et de 1797, sur lesquels on comprendra que je me suis à dessein attardé, que réside LE PÉCHÉ ORIGINEL DE "LA CRISE DE L'ÉGLISE" DE NOS JOURS, dont on pâtit copieusement depuis le concile Vatican II.
           
        C'est en effet par l'implacable jeu du transvasement de la corruption des Mœurs dans la Foi, comme je l'exposais en commençant mon article (je vais expliquer tout-à-l'heure comment cette corruption des Mœurs va passer dans la Foi jusqu'à la crucifier usque ad mortem ; tant il est vrai que, comme disait fort bien Mgr Freppel, "on se relève de tout, sauf du sacrifice des principes"), que l'Église est arrivée à professer par son pape actuel François, cette abomination : "LA DIVERSITÉ DES RELIGIONS EST UNE SAGE VOLONTÉ DIVINE, PAR LAQUELLE DIEU A CRÉÉ LES ÊTRES HUMAINS" (déclaration d'Abu-d'Ahbi du 4 février 2019). Cette déclaration n'est rien d'autre que la corruption de la Foi par décalcomanie diabolique de la corruption des Mœurs en matière Politique constitutionnelle, ainsi formulée par le pape Pie VI dans Pastoralis Sollicitudo, qu'on vient de lire : "C’EST UN DOGME REÇU DANS LA RELIGION CATHOLIQUE QUE L'ÉTABLISSEMENT DES GOUVERNEMENTS EST L'OUVRAGE DE LA SAGESSE DIVINE". Si, en effet, toute société politique, même celles qui sont constitutionnellement mauvaises, est l'œuvre de Dieu (= Pie VI), alors, aussi, toute religion même fausse, est également l'oeuvre de Dieu (= François). C'est aussi simple que ça.
           
        Mais je continue mon historique. Pastoralis Sollicitudo et l'homélie de Chiaramonti sont, à ma connaissance, les premiers actes ecclésiastiques depuis la fondation de l'Église il y a 2 000 ans, à attenter formellement aux Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église, en matière politique constitutionnelle, attentat ecclésiastique contre les Mœurs à vocation certaine de se transmuer tôt ou tard en attentat contre la Foi, je viens d'en administrer la terrible et affreuse preuve en citant Pie VI et François.
           
        Or, le grave, le révélateur, c'est que la doctrine formellement hérétique contre les Mœurs qu'ils expriment, à savoir de considérer TOUT pouvoir politique "établi", "constitué", comme valide et légitime même ceux qui ne sont pas constitutionnellement ordonnés au Bien commun, loin d'être une simple et innocente erreur de parcours qu'on pourrait trouver "excusable" par la persécution auxquels les grands-clercs Pie VI et Chiaramonti furent soumis par les révolutionnaires sans-culottes, est au contraire déjà à cette époque une pensée élaborée, mûrie et acceptée librement dans la tête des grands-clercs de l'Église, du moins d'une grande partie d'entre eux aux plus hauts sommets de l'Église, chez les cardinaux électeurs du futur pape, autrement dit les "décideurs" de la vie de l'Église militante (et malheureusement, c'est une philosophie scolastique idolâtrique de l'être politique, agnostique, qui est à l'origine de cette corruption dans les idées ; cf. mon ouvrage St Thomas et les scolastiques ont trompé les papes qui nous ont trompés en Politique, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/StThomas&LesScolastiquesOntTrompéLesPapesQuiNousOntTrompésEnPolitique.pdf)...
           
        L'abbé Rohrbacher, cet ancien adepte converti du démocratisme illuminé de Félicité de Lamennais, ne s'était cependant pas encore assez converti de son lamennaisisme pour ne se réjouir point et fort glousser de plaisir du sermon démocrate à la diable du cardinal Chiaramonti, qu'il cite intégralement dans son Histoire, etc., et duquel il ne manque pas de dire, après avoir écrit, le misérable, que Chiaramonti avait fait ce sermon parce que les peuples italiens "s’étaient laissés entraîner une seconde fois à l’insurrection" : "Certaines personnes, à certaines époques, ont reproché cette homélie au cardinal évêque d’Imola. Au conclave [de 1800], où on la connaissait bien et où l’on épluchait tout, ELLE NE FUT LE SUJET D'AUCUN BLÂME, PEUT-ÊTRE MÊME QU'ELLE SERVIT À FAIRE ÉLIRE PAPE SON AUTEUR" (Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XXVII, pp. 572-573) !
           
        Lorsqu’ils eurent à choisir un successeur au défunt pape Pie VI, les grands-électeurs du Siège de Pierre connaissaient en effet parfaitement bien ce sermon du cardinal Chiaramonti prononcé quelque trois ans auparavant, car, comme tout grand scandale, il avait fait beaucoup de bruit (... jusqu'à retentir aux oreilles de Napoléon, qui en avait pris connaissance, et qui, dans ses mots bien connus à l'emporte-pièce allant brutalement au fond vrai des choses, le qualifia lapidairement de "sermon jacobin"... ce qui était on ne peut plus vrai ! Gaston Castella, de son côté, précise : "Cette homélie devait être vivement critiquée en Italie et en France" ― Histoire des papes illustrée, t. II, p. 301). Et cependant donc, constat à retenir, très-important, lesdits grands-électeurs du pape, les conclavistes, les "gonds de la porte de l’Église" (cardinales), les principaux représentants de l’Église, l’élite universelle de l’Ancien-Régime finissant, enfin les cardinaux de l'époque, ont choisi Chiaramonti pour monter sur le Siège de Pierre. Voilà qui met sous les yeux certes éberlués du fidèle catholique, une grande vérité, à savoir que l’élite du haut-clergé romain était déjà acquise, conquise, dès 1800, c’est-à-dire dès avant même la fausse pacification napoléonienne, à l’idée républicaine-démocrate, à tout le moins par consentement passif...
           
        En fait, Rohrbacher a raison, et donc il n’est que trop vrai de dire que Chiaramonti fut élu pape par ses pairs cardinaux pour signer le Concordat français.
           
        Cependant, sur le plan théologique, l'Église Universelle elle-même n'est pas encore engagée dans la corruption des Mœurs de ses grands-clercs, car même quand Chiaramonti monte sur le Siège de Pierre, il n'y a pour l'instant encore que ces deux actes de Pie VI et du futur pape qui la manifestent, et leur attentat formel contre les Mœurs ne rentre évidemment pas dans des actes ecclésiaux couverts par l'infaillibilité de l'Église. Le Bref de Pie VI est non-canonique, et bien entendu le sermon du cardinal d'Imola immolant ses Imoliens à la Bête révolutionnaire, quoiqu'ayant eu à l'époque un grand retentissement, n'est évidemment pas un acte du Magistère pontifical doté de l'infaillibilité. Mais nous ne pouvons qu'être très-alarmés à juste titre, car, par le fait même que Chiaramonti est choisi canoniquement pour remplir le Siège de Pierre par plus des deux/tiers des cardinaux qui connaissaient son sermon démocratique, nous savons désormais que la majorité des têtes des grands-clercs de l'Église est tout imbue, ou à tout le moins consentante passive, de la doctrine hérétique du rejet de la règle prochaine de la validité des sociétés politiques catholiquement énoncée par saint Paul en Rom XIII.
           
        Le cardinal Chiaramonti est donc élu pape le 14 mars 1800, et prend le nom de son protecteur et mentor, Pie, septième du nom pontifical.
           
        À partir de là, l'Épouse du Christ, l'Église, est dans un grand péril, un immense danger.
           
        Que le pape, intellectuellement perverti sur le plan de la validité des sociétés politiques (mais donc, pas seulement lui : la majorité des grands-clercs autour de lui et du Siège de Pierre, au moins par consentement passif), commette un acte ecclésial rentrant dans les actes du Magistère ordinaire & universel pontifical de soi doté de l'infaillibilité, qui professe cette doctrine hérétique du rejet du criterium catholique de la validité des sociétés politiques dont le pape a la tête tout remplie et tout affectionnée, alors, cela fera rentrer l'Église immédiatement dans l'économie propre de la Passion du Christ, qui consiste essentiellement, nous enseigne saint Paul, toujours le grand saint Paul, à "être fait péché pour le salut" (II Cor V, 21), à vivre désormais dans la "si grande contradiction" (He XII, 3), et donc sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), précisera de son côté Jésus lorsqu'Il eut à vivre sa propre Passion. Que cette pensée hérétique contre les Mœurs qui remplit la tête des grands-clercs "décideurs" de l'Église romaine d'alors, et singulièrement celle du nouveau pape, soit en effet actée dans un document magistériel doté de l'infaillibilité, et alors, l'Épouse du Christ, l'Église, rentrera dans l'économie de la Passion par le fait même.
           
        À partir de là, nous serons, quant aux Mœurs, théologiquement très-exactement à l'identique de la situation manifestée par le décret hérétique de la Liberté religieuse de Vatican II quant à la Foi, c'est-à-dire dans le cadre d'un enseignement du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité mais contenant une formelle hérésie (gardons-nous bien cependant d'en conclure que la "si grande contradiction" théologique ainsi manifestée par cette situation est formelle -sinon, évidemment, on n'en pourrait conclure qu'une conclusion : "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église"-, elle n'est que simplement matérielle, ce qui est synonyme de crucifixion, d'économie de la Passion à vivre -et à mourir- par l'Épouse du Christ ; autrement dit, aux antipodes absolus d'être vaincue, l'Église, vivant la "si grande contradiction" de sa Passion, à l'instar du Christ sur la croix, vainc par-là même, en co-Rédemptrice : cf., pour bien vivre spirituellement en catholique cette affreuse situation, mon exposé sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" qu'on pourra trouver, entre autres, dans la seconde partie de mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique ?, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=483, ou encore, ici : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf).
           
        C'est le Concordat passé en 1801 entre Napoléon Bonaparte représentant une République française constitutionnellement athée, donc non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, et le pape Pie VII représentant l'Église catholique, qui va être cet acte par lequel le scandale va arriver, et qui va irrémédiablement, diablement étant en effet le mot et la chose du mot, plonger l'Église Universelle dans l'économie de la Passion du Christ, "LA PASSION DE L'ÉGLISE", sous le rapport des Mœurs... pour commencer.
           
        Contrairement à ce que pensent en effet communément les esprits qui n'ont pas pris la mesure théologique exacte des choses, survolant très-superficiellement la question sans aucunement réfléchir, croyant avec tout le monde ce que tout le monde croit avec tout le monde, par mauvais habitus concordataire dans lequel tout le monde est aveuglément plongé depuis deux siècles tête sous l'eau comme Bécassine dans son étang, le Concordat est un acte d'enseignement magistériel pontifical ordinaire & universel, doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, un enseignement doctrinal portant sur les Mœurs.
       
        La démonstration en est aisée à faire. 
 
 
 
À suivre, dans la deuxième page :
Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(2)
 
 
 
 
07-05-2020 09:01:00
 

Feedback sur le pape Benoît XVI, ou le mystère de la papauté bicéphale actuelle éclairé et résolu par "LA PASSION DE L'ÉGLISE"

 
 
 
Feedback sur le pape Benoît XVI,
ou le mystère de la papauté bicéphale actuelle
éclairé et résolu par "LA PASSION DE L'ÉGLISE"
 
                         
           
        Tout le monde, désormais, qui réfléchit un peu, en est conscient. Le pape Benoît XVI ne s'écrit pas, ni historiquement ni théologiquement, au passé. Il s'écrit au... présent composé. Nouveau temps grammatical, certes !, pour un temps ecclésial-pontifical tout-à-fait hors-temps historique, tout marqué par l'eschatologie, les fins ultimes, extrêmes et dernières ; c'est le fameux Ausnahmepontifikat évoqué par Mgr Gänswein en 2016, c'est-à-dire un état d'exception qui met en suspens toutes les règles constitutionnelles ordinaires, y compris celles de la Légitimité pontificale.
           
        Le pape Benoît compose en effet avec le pape François une papauté bicéphale, situation pontificale qui, de près ou de loin, ne s'est jamais vue dans toute l'Histoire de l'Église, depuis sa fondation au pied de la Croix du salut, Ex corde scisso Ecclesia Christo iugata nascitur, De ce Cœur entr'ouvert, l'Église, Épouse du Christ, prend naissance (hymne des vêpres de la fête du Sacré-Cœur de Jésus), jusqu'à nos sinistres jours apocalyptiques. Situation pontificale jamais vue disais-je, sauf, peut-être, mais dans un contexte théologique très-sain, complètement différent et aux antipodes du nôtre, avec le tout premier pape, saint Pierre, s'adjoignant de son vivant ses immédiats successeurs, Lin, Clet, Clément, nommés au Canon de la messe, que, selon la Tradition, il désigna lui-même pour lui succéder, certains auteurs précisant même que saint Pierre régla l'ordre chronologique dans lequel ces trois prochains papes devaient lui succéder et se succéder eux-mêmes l'un l'autre sur le Siège de Pierre.
           
        Je l'ai déjà exprimé dans un article précédent, mais l'actualité la plus récente, celle de ce fameux livre co-écrit par lui-même avec le cardinal Sarah, Des profondeurs de nos cœurs, le crie de nouveau à grande trompette en chamade et à tue-tête, à la face du monde entier et surtout de l'Église Universelle : Benoît XVI se considère toujours comme pape en exercice. Une fois de plus en effet, une fois encore, on le voit co-signer ce livre de son plein nom de pape actuel, Benoît XVI (soit dit en passant, la polémique lancée par la honteuse défection et trahison de Mgr Gänswein, certainement circonvenu par les ennemis bergogliens de l'Église et cédant lamentablement à leur pression morale, ne tient pas une seule seconde la route : le cardinal Sarah a exhibé des lettres qui prouvent que Benoît XVI non seulement était au courant mais approuvait formellement la parution du livre, tout le livre : contenu et couverture, en tant que co-auteur à parité avec lui). Et nous sommes fort loin d'un simple lapsus calami puisque Benoît XVI a déjà signé ainsi, de son plein nom de pape en exercice, deux livres publiés l'année dernière, ainsi que je le faisais remarquer dans mon article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/pot-pourri-dans-un-pourrissoir-ecclesial?Itemid=483)...
           
        Je notais d'ailleurs dans ce même article bien d'autres éléments montrant à qui voulait le voir que Joseph Ratzinger se considère toujours comme pape actuel en exercice, malgré certaines dénégations de façade forcément obligées. Il revêt par exemple toujours la soutane blanche, usuellement réservée au seul Souverain Pontife actuel (et, à la question inquisitrice d'un journaliste ayant osé lui demander pourquoi il ne revêtait pas une soutane noire ou rouge depuis qu'il avait démissionné du Souverain Pontificat, il répondit : "C'est parce que je n'en ai pas d'autres, je n'en ai trouvé que des blanches dans mon armoire"...!). Tout-à-fait dans le même ordre d'idée, Benoît XVI, après sa renonciation au Siège de Pierre, a catégoriquement refusé de changer son thème héraldique, gardant dans ses armoiries les deux clefs signifiant bien sûr un règne pontifical actuel...
           
        Il faut rajouter que Benoît XVI a accordé rien moins que la Bénédiction Apostolique à un cardinal, le cardinal Brandmüller, en finale d'une lettre du 23 novembre 2017 qu'il lui écrivait, en ces termes : "Mit meinem apostolichen Segen bin ich, Ihr, Benedikt XVI ― Avec ma Bénédiction apostolique je suis, Ton, Benoît XVI". Or, fait remarquer à juste titre le rédacteur de Disputationes Theologicae qui rapporte le fait, "la Bénédiction Apostolique est quelque chose de bien documenté dans l’histoire et dans la praxis de l’Église, qui a institué une Aumônerie s’occupant d’accorder cette Bénédiction sur mandat juridictionnel du Pape, déléguée seulement par le Souverain Pontife à certains Évêques et prêtres pour des circonstances extraordinaires. Cependant, quiconque en est le dernier et immédiat dispensateur matériel n’est rien d’autre qu’un instrument du pouvoir pontifical qui lui est transmis stablement ou transitoirement. La Bénédiction Apostolique est donc synonyme de Bénédiction Papale et ne peut être accordée que par le Souverain Pontife à ses sujets sur lesquels il exerce la juridiction qui lui a été conférée par le Christ. Celui qui a été Pape, mais qui serait redevenu un simple Évêque, non seulement, en règle générale ne bénit pas un Cardinal (son supérieur quant au pouvoir de juridiction), mais certainement n’accorde pas la Bénédiction Apostolique. Nous faisons ensuite remarquer l’importance de l’adjectif [sic] «ma» : il ne s’agit pas en effet d’une simple Bénédiction Apostolique qui, sur délégation papale, peut être dispensée par un prélat, mais il s’agit de «ma Bénédiction Apostolique» (laquelle en soi comporte aussi d’ordinaire l’indulgence plénière). Elle est en soi un exercice de juridiction, juridiction personnelle de celui qui est en train de l’accorder. Sinon elle ne pourrait pas être dite «mienne» mais seulement «apostolique» ou «papale»" (20 novembre 2018 ― En 2017, Benoît XVI a-t-il accordé la Bénédiction Apostolique ?!? Notes sur la récente correspondance avec le cardinal Brandmüller).
           
        Et comme si cela ne suffisait pas pour asseoir le fait que Benoît XVI a conservé quelque chose de la Charge pontificale en exercice, la coutume, qui, cette fois-ci, en sens inverse, ne vient pas de lui vers l'Église mais de l'Église vers lui, a été prise d'une visite systématique au pape Benoît des nouveaux cardinaux créés par le pape François... comme s'ils devaient encore recevoir en quelque sorte de lui un confirmatur final de leur promotion au cardinalat ! Ne nous étonnons donc point de le voir être présent, invité par François, lors des consistoires de créations de cardinaux, notamment ceux de 2014 et de 2015...
           
        Certains parmi les conservateurs voudraient que le pape Benoît XVI ait renoncé seulement à l'exercice de la Charge pontificale, mais nullement à son munus ou fondement théologico-canonique qui donne l'Autorité du Christ au pape actuel. Mgr Gänswein, dans sa mémorable et extraordinaire conférence de 2016, contredit cette position théologiquement intenable : "Depuis l’élection de son successeur François le 13 mars 2013, il n’y a donc pas deux papes mais de facto un ministère élargi ― avec un membre actif et un membre contemplatif". Ce serai donc, selon Mgr Gänswein le secrétaire particulier de Benoît XVI qui dans cette conférence parlait très-fidèlement en son nom (ce qu'il n'a sûrement pas fait, ... Dieu, que les hommes sont petits !, dans l'affaire du livre Des profondeurs de nos cœurs), seulement dans le de facto que Benoît XVI continuerait après sa démission à être pape. Le munus, qui regarde le de jure, ne peut en effet être possédé que par une seule personne de pape : si donc François possède le munus, comme le formule implicitement Mgr Gänswein (et l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la validité de son élection au Siège de Pierre dûment posé par les cardinaux dans leur majorité canonique, lors de la très-solennelle cérémonie de l'intronisation de François, oblige effectivement de fide, par le fait dogmatique, à professer que François possède le munus), cela signifie ipso-facto que Benoît... ne l'a plus. Les conservateurs qui voudraient qu'il l'ait conservé après sa démission, et surtout après l'élection pontificale de François, sont donc par-là même radicalement déboutés.
           
        Mais dès lors, qu'est-ce, théologiquement parlant, un pape qui ne possèderait plus le munus mais qu'on prétendrait être toujours en possession du ministerium, ou du moins d'une partie du ministerium qu'on voudrait définir être "contemplative", celle "active" étant aux mains d'une... autre personne de pape ?! Nous sommes là en pleine aberration. Le ministerium pontifical, en effet, est théologiquement une émanation, une mise en oeuvre, du munus pontifical duquel il ne peut jamais être dissocié. Il ne saurait donc exister un ministerium pontifical "contemplatif" possédé par une personne sans que celle-ci soit en même temps en possession du munus pontifical correspondant, à tout le moins, à ce ministerium pontifical dit "contemplatif". Mais Mgr Gänswein s'en défend : il n'y a de jure qu'un pape, dit-il, depuis l'élection de François au Siège de Pierre le 13 mars 2013 et c'est François, et donc lui seul est en possession du munus pontifical. Déduction théologiquement obligée : Benoît ne peut posséder aucun ministerium pontifical après cette date. Le raisonnement de Mgr Gänswein, qui veut qu'un pape ne possédant plus le munus possèderait quand même une partie du ministerium, est en définitive aberrant.
 
        Mais donc, au rebours de la thèse aberrante de Mgr Gänswein, qui dans la conférence de 2016 ne faisait rien d'autre, je le répète, qu'exprimer la pensée du pape démissionnaire, et toujours pour tâcher d'expliquer pourquoi et comment Benoît XVI possèderait toujours une partie de la papauté même après sa démission, certains arguent que la formule de démission du 21 février 2013 officiellement prononcée par lui n'inclut pas le munus de la fonction pontificale. Benoît XVI en serait donc toujours pourvu. Théologiquement, ce raisonnement est encore plus aberrant que celui de Mgr Gänswein. Car s'il en était ainsi, comme une seule personne humaine peut être pape, c'est une loi de droit divin irréformable, alors, puisque Benoît possèderait encore le munus, cela aurait comme conséquence immédiate que François... ne l'aurait pas. Mais si François n'est pas en possession du munus pontifical, cela veut tout simplement dire qu'il n'est... pas du tout pape. Or, il est théologiquement impossible qu'il ne soit pas vrai pape, verus papa, puisque l'Église Universelle "engage sa destinée" (cardinal Journet) infailliblement, sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit, lorsqu'elle désigne et reconnaît comme sa tête pontificale actuelle, telle personne, ce qu'elle a formellement fait, par l'organe canoniquement unanime des cardinaux, lors de la cérémonie solennelle, et théologiquement signifiante entre toutes, de l'intronisation de François au Siège de Pierre. Puisque donc, déduction finale, nous sommes sûrs de fide, par le fait dogmatique, que François est le pape actuel de l'Église catholique, cela signifie formellement qu'il est en possession du munus pontifical, et donc cela signifie bien sûr que Benoît ne le possède plus...
           
        Debriefing. Il n'est que trop vrai de constater que tous ces raisonnements d'ordre théologique et/ou canonique que j'ai fait exprès d'exposer parce qu'ils récapitulent ceux qui sont tenus actuellement dans notre incroyable situation bi-pontificale, se mordent la queue, s'évanouissent les uns après les autres lamentablement dans le Nuage de l'Inconnaissable, cul par-dessus tête et tête par-dessous cul, dans l'inconsistance la plus navrante, décevante, si l'on cherche à expliquer par eux notre stupéfiante situation pontificale actuelle cependant très-véritablement bicéphale non moins que bipolaire... Le rédacteur de Disputationes Theologicae, à la fin de son article fouillé sur la question d'un "pape émérite", une question qu'il a pourtant tâché de scruter et décortiquer à fond du donf, arrive à la bouteille à l'encre pas même violette foncée, mais carrément la bouteille à l'encre noir c'est noir il n'y a plus d'espoir, ce qu'il traduit ingénument et naïvement par une formule des plus humoristiques... pour ceux qui ont encore la force de rire : "Il n’est pas facile de déterminer avec clarté de quoi on est en train de parler"...!!!!!
           
        ... Et pourquoi donc en est-il ainsi ?
           
        Pourquoi, alors que la théologie catholique a des règles extrêmement claires et précises quant à la Légitimité pontificale, la situation pontificale actuelle ne peut-elle s'encadrer dans aucune de cesdites règles ?!?
           
        Éh bien, la réponse est simple, mais elle demande et exige toute la force, le courage et l'énergie de la Foi vive, pour la formuler, et aussi, et surtout, pour... l'accepter. Car s'il en est ainsi, c'est parce que les cadres structurels de l'Église sont explosés, ce qui se constate non pas seulement au niveau de la doctrine ou des mœurs, avec François, mais à tous les autres niveaux ecclésiaux dont celui de la Légitimité pontificale, avec Benoît. Et ils sont tous explosés-implosés, parce que nous vivons "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Et que toute crucifixion inhérente à la Passion atteint et écartèle mortellement la substance de l'être qui est crucifié, ici, celui de l'Église.
           
        Ce n'est donc pas sur un plan théologico-canonique qu'il faut raisonner l'incroyable situation pontificale actuelle bicéphale, c'est sur un plan mystique, et pas n'importe quelle mystique mais la mystique de la Passion. SEULE L'ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST PERMET DE COMPRENDRE L'ARTICULATION DU BI-PONTIFICAT ACTUEL, UNE ÉCONOMIE DE LA PASSION DU CHRIST QUE VIT DE NOS JOURS SON ÉPOUSE, L'ÉGLISE, ET BIEN SÛR ÉMINEMMENT, LE SIÈGE DE PIERRE. C'est donc "LA PASSION DE L'ÉGLISE", telle que j'en fais l'exposé très-approfondi sur mon site, et elle seule, qui va lever toute obscurité, qui va expliquer en toute clarté surnaturelle la signification profonde de l'inédite situation bi-pontificale actuelle.
           
        Voici en effet la raison de la démission du pape Benoît XVI, à la genèse très-profonde du bi-pontificat actuel : à un moment donné de son pontificat, Benoît XVI a soudain ressenti une MISE À MORT RADICALE DE SA FONCTION PONTIFICALE, une sorte de Gethsémani brutal, impossible à éviter, comme présenté par la Main de Dieu, ainsi que l'a vécu Jésus en prenant son agonie de "la Volonté de son Père", lui faisant vivre et mourir à la fois une kénose, un anéantissement complet de sa personne pontificale (l'affaire des VatiLeaks, qui n'a pas du tout été élucidé dans ses raisons profondes, en est probablement un vecteur important, comme aussi cette très, très étrange et soudaine mise en interdit bancaire de tout l'État du Vatican, dans ces mêmes jours, chose JAMAIS arrivée, notons-le avec soin, ni avant ni non plus après jusqu'à présent...). Se sentant radicalement mis à mort en tant que pape, il a raisonné de cette façon : puisque je suis maintenant pontificalement mort, je ne peux plus continuer à assumer la Charge de saint Pierre ; un mort ne peut plus poser des actes de vivants ; je dois donc démissionner. Mais je dois démissionner non pas parce que je ne suis plus pape, mais uniquement parce qu'un pape mystiquement mort ne peut plus remplir la fonction d'un pape vivant. Par conséquent, celui qui me remplacera sur le Siège de Pierre sera lui aussi pape, mais je ne cesserai pas de l'être quant à moi.
 
        Le pape Benoît XVI a vraiment vécu LA MORT MYSTIQUE DU CHRIST EN CROIX, soudain, à un moment donné de son pontificat. C'est tout le sens de cette "visite mystique" qu'il a évoquée en des termes pudiques et très-discrets après sa démission, dont il explique ainsi la cause : "«C’est Dieu qui me l’a dit». C’est ainsi que Benoît XVI aurait répondu à la question d’un hôte qui, lui rendant visite dans sa retraite au cœur du Vatican, l’interrogeait sur sa décision de renoncer à la charge pontificale, en février 2013. Selon le site d’informations catholique Zenit, qui a publié ces propos le 19 août, le pape émérite aurait évoqué une «expérience mystique» à l’origine de ce choix. (...) Il a précisé qu’il ne s’agissait pas d’une apparition ou d’un phénomène analogue, mais bien d’une «expérience mystique» au cours de laquelle le Seigneur avait fait naître en lui le «désir absolu» de rester seul à seul avec Lui, recueilli dans la prière. Selon la source citée par Zenit, le pape émérite aurait également affirmé que cette «expérience mystique» s’était poursuivie au cours des mois suivants, le confortant dans son choix" (La Croix, 21 août 2013).
           
        Une crucifixion de sa personne pontificale allant jusqu'à la mort mystique, c'est la seule raison profonde et véridique de sa démission du Siège de Pierre. Elle n'a rien à voir avec la raison dilatoire, en vérité parfaitement fausse, évoquée par lui-même lors de sa démission, à savoir une santé physique déficiente, une "vigueur qui, ces derniers mois, s’est amoindrie en moi d’une telle manière que je dois reconnaître mon incapacité à bien administrer le ministère qui m’a été confié" (sic). Car on a bien la preuve, maintenant, sept longues années après sa démission de février 2013, que son soi-disant mauvais état de santé de l'époque était un faux prétexte : non seulement son physique l'a maintenu en vie jusqu'à 92 ans, ce qui n'est pas banal et montre par le fait même qu'il ne pouvait qu'être en bonne santé générale sept ans auparavant, mais il l'a maintenu dans une vigueur intellectuelle universellement reconnue, puisqu'aussi bien il est encore capable, à passé nonante comme disent les Suisses, de contrebalancer l'énergique pape François (pardon, j'allais écrire : l'énergumaniaque) ! Et, soit dit en passant, la mauvaise santé n'a jamais été, pour les papes, une raison valable pour démissionner, le code de Droit canon ne prévoit rien de ce côté-là, qu'il soit l'ancien ou le moderne ; on a d'ailleurs l'exemple édifiant, dans l'Ancien-Régime, d'un pape devenu aveugle et qui n'en a pas moins continué à assumer intégralement la fonction pontificale jusqu'à sa mort, sans que personne à commencer par lui-même, ne pensât à l'abdication de la Charge pontificale.
           
        Ce n'est donc pas la santé physique de Benoît XVI qui était déficiente, mais le modus de crucifixion où il a senti sa personne pontificale être plongée brutalement sans retour, qui l'a mis, de force et contre sa volonté personnelle, dans l'empêchement radical de continuer à être le pape en exercice vivant de la Charge de Pierre. Et c'est précisément à cause de cette raison mystique, qu'il a, présentement, la conscience intime, dans le fond de son âme, d'être toujours pleinement et vrai pape. Car subir de force contre sa volonté personnelle une crucifixion dans sa fonction pontificale ne saurait pas être une raison de démission. BIEN AU CONTRAIRE. Subir une crucifixion dans sa légitime vocation, qu'on a embrassée avec amour et générosité, et ce fut le cas de Joseph Ratzinger quant à la Charge de saint Pierre, enracine encore plus dans l'être qui la subit contre sa volonté, ladite vocation. L'être moralement et spirituellement digne qu'est éminemment Joseph Ratzinger perçoit la crucifixion de sa Charge pontificale dont il est victime comme un enracinement encore plus fort dans cette dite Charge. C'est pourquoi, après 2013, Benoît XVI se sent plus pape que jamais, il se sent même plus pape qu'avant de subir cette crucifixion forcée de sa fonction pontificale.
 
        C'est toute cette situation extra-ordinaire au sens le plus vrai et le plus fort du terme, qu'il a tâché de traduire et d'exprimer dans une langue juridico-politique, en empruntant à Carl Schmitt, un philosophe allemand, sa thèse sur "l'état d'exception", dont nous a parlé en son nom Mgr Gänswein dans sa très-mémorable conférence de 2016.
           
        "Pour toute personne appartenant à la culture allemande, notait un canoniste italien, Guido Ferro Canale, dans son judicieux article La renonciation de Benoît XVI et l'ombre de Carl Schmitt, le mot Ausnahmepontifikat en évoque un autre : Ausnahmezustand, qui est précisément l'«état d'exception» ou l'«état d'urgence» mentionné par Schmitt. Donc, laisserait entendre Mgr Gänswein, le doux pape Benoît XVI serait arrivé à la détermination de renoncer au Pontificat, non seulement parce que les forces venaient à lui manquer [raison parfaitement fausse, nous venons de le voir, quand on veut donner le sens de santé physique au mot "forces"], mais parce qu'il était conscient que l'Église vivait une période de crise extrême et de fracture, un moment dramatique, et que pour en sortir il était nécessaire de suspendre l'«état de droit» normal, avec ses lois et ses coutumes, et de prendre une décision forte de changement radical [ce que seule explique la crucifixion mystique de sa Charge pontificale endurée par Benoît XVI dans son pontificat, en parallèle in concreto duro avec la Passion mortelle du Christ : aucune autre raison, en effet, ne peut légitimer de mettre le Siège de Pierre et toute l'Église derrière lui, en "état d'exception", ce qui n'est jamais arrivé de toute l'Histoire de l'Église, et pour cause, car l'Église du Temps des nations ne peut vivre la Passion du Christ qu'une seule et unique fois dans sa vie militante, précisément à la toute-fin de son temps]. De cette façon, Benoît XVI aurait exercé la fonction de commandement dans le sens le plus plein et le plus profond du terme précisément par la renonciation.
           
        "[Car en effet, poursuit judicieusement Guido Ferro Canale :] si la légalité a trait à la gestion normale du pouvoir au sein de l'état de droit, faite de poids et de contrepoids, la légitimité se manifeste plutôt dans l'état d'exception, au moment de crise, de tournant, de rupture, lorsque la loi ne suffit pas. C'est dans ces situations exceptionnelles qu'on peut voir qui détient réellement le pouvoir : c'est celui qui, sortant du cours normal de la loi, détermine un tournant et, ce faisant, crée de fait un nouveau droit. Titulaire de la souveraineté, dans le sens le plus profond du terme, c'est donc celui qui décide dans l'état d'exception. En d'autres termes, l'état d'exception est le test décisif de la souveraineté et donc du pouvoir" (cf. http://benoit-et-moi.fr/2016/benot-xvi/ratzinger-schmitt-et-letat-dexception.html).
           
        Or, dans notre situation bi-pontificale, celui qui décide et déclare "l'état d'exception", le Ausnahmepontifikat, est bel et bien le seul... Benoît XVI. C'est donc lui qui détient au plus haut niveau le pouvoir pontifical suprême et légitime. C'est précisément en déclarant "l'état pontifical d'exception" par son acte fort de démission, que, contradictoirement, Benoît XVI montre qu'il est le vrai chef de l'Église, détenteur "de la souveraineté et donc du pouvoir". C'est pourquoi il est certain que Benoît ne considère le pape François que comme sa... longue-main ; c'est-à-dire comme remplissant la fonction "vivante" pontificale que lui, pape "mort" de la mort mystique du Christ en Croix dans le lieu du Siège de Pierre, ne peut plus remplir quoiqu'étant toujours pape, et même, pourrait-on dire, plus pape que François, puisque c'est lui, Benoît, qui a déclaré "l'état d'exception". Dans l'esprit de Benoît XVI, François ne fait qu'assumer la fonction "vivante" de Pierre, mais il ne le remplace pas en tant que Pontife romain ayant légitimement été fait pape, et surtout pas après avoir démissionné de la Charge pontificale, car c'est justement par cet acte de démission qu'il a créé "l'état pontifical d'exception", et que celui qui pose "l'état d'exception" montre par-là même qu'il est le véritable détenteur du pouvoir, ici, celui pontifical.
           
        C'est pourquoi, à sa manière discrète et forte à la fois, très-personnelle, Benoît XVI continue imperturbablement à remplir un "crypto-Magistère" d'autorité doctrinale en face et en parallèle de celui de François (... et radicalement opposé au sien...). Et il faut noter soigneusement que l'évènement confirme avec force cela, et ne pas oublier que le Saint-Esprit parle le plus ordinairement et le plus souvent, par l'évènement. Considérons en effet que tout ce que dit et fait depuis 2013 le vieillard fatigué qu'est prétendument devenu Benoît XVI, a une résonance et un écho extraordinaires et immédiats dans l'Église Universelle (je ne citerai ici que ses fameuses Notes sur les abus sexuels dans l'Église ; et dans l'actualité la plus actuelle, la magnifique apologie du célibat sacerdotal qu'il fait dans Des profondeurs de nos coeurs, rencontre, paraît-il, un véritable succès de librairie, sans parler de l'immense résonance que cette apologie catholique a dans le coeur des prêtres, on voit par exemple des évêques, qui se sont tus jusque là dans "la crise de l'Église", se lever et l'approuver publiquement ; elle va avoir, Dieu merci, autant de poids pontifical dans le monde catholique que la très-mauvaise porte que le pape François ne va sûrement pas manquer d'ouvrir au mariage des prêtres, je ne suis pas grand'prophète à le prédire, par le biais hypocrite, fourbe et frauduleux, des conclusions du synode de l'Amazonie qu'il va nous livrer prochainement...). Tout simplement parce que c'est le Saint-Esprit qui donne une vie ecclésiale divine à ce qu'il fait, Benoît XVI étant toujours pape.
           
        ... Mais à présent, je ne peux manquer hélas d'apporter une autre grille de lecture à notre incroyable situation bi-pontificale actuelle, laquelle, si elle était véridique (ce que je ne crois pas), serait beaucoup plus inquiétante quant à la Foi de Benoît XVI, que celle, mystique et compassionnelle, dont je viens de parler. Elle rendrait certes compte elle aussi de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", mais négativement cette fois-ci, et non plus positivement quant au rôle joué par Benoît XVI, d'un pape crucifié. Cette nouvelle grille de lecture ferait en effet de lui un pape crucificateur de l'Église au même titre que François.
           
        Tout tourne autour de la notion Ausnahmepontifikat. Ce terme signifie donc "un état d'exception", en l'occurrence, un état pontifical d'exception.
           
        Pris dans un sens positif comme je l'ai fait dans le raisonnement mystique que je viens de tenir dans cet article, cet état pontifical d'exception signifierait que la papauté vit la crucifixion en la personne de Benoît XVI, à son corps défendant, de manière victimale et non-coupable, à l'instar du Christ en croix.
           
        Mais hélas, je l'écris en tremblant, horresco referens, on peut donner un tout autre sens au terme Ausnahmepontifikat, cet état pontifical d'exception que donc serait le pontificat de Benoît XVI. Cette situation d'exception serait générée par le protagoniste lui-même, c'est-à-dire par Benoît XVI, qui crucifierait la fonction pontificale volontairement, de manière coupable et non-victimale cette fois-ci, en attentant à la Charge pontificale telle que Notre-Seigneur Jésus-Christ l'a instituée immuablement quand Il l'a fondée dans la personne une de Pierre. Ayons garde d'oublier en effet, et c'est d'Institution divine, que la papauté est créée et voulue par le Christ sur la personne UNE de Pierre : "Tu es Pierre et sur cette pierre, je bâtirai mon Église" (Matth XVI, 18). Dans le texte scripturaire, c'est au singulier, et la théologie n'a fait que ratifier le Vouloir formel de Jésus-Christ sur cela, en professant que c'est de droit divin que la personne du pape est une et unique, et qu'il ne saurait jamais y avoir deux papes en même temps dans une génération ecclésiale donnée...
           
        Mais on peut hélas relever dans les propos de Mgr Gänswein des choses très-inquiétantes, si l'on prenait le parti de les lire dans le mauvais sens, qui tendraient à signifier que Benoît XVI voudrait créer volontairement une nouvelle institution de la Charge pontificale pour renverser et remplacer celle de droit divin, en fondant sous son pontificat une prétendue institution nouvelle, celle de la "papauté émérite", qui serait soi-disant une extension de la fonction pontificale. Il n'est que de lire Mgr Gänswein sur cela, même distraitement, pour apporter de l'eau au moulin de cette hypothèse : "Le mot clé dans cette déclaration est «munus petrinum», traduit, comme c'est le cas la plupart du temps, par «ministère pétrinien». Et pourtant, munus, en latin, a une multiplicité de significations : il peut signifier service, devoir, conduite ou don, et même prodige. Avant et après sa démission Benoît a entendu et entend sa tâche comme participation à un tel «ministère pétrinien». Il a quitté le trône pontifical et pourtant, avec le pas du 11 Février 2013, il n'a pas abandonné ce ministère. Il a au contraire intégré l'office personnel dans une dimension collégiale et synodale, presque un ministère en commun, comme si, en faisant cela, il voulait répéter encore une fois l'invitation contenue dans la devise que le Joseph Ratzinger d'alors se donna comme archevêque de Münich et Freising et qu'ensuite il a naturellement maintenue comme évêque de Rome : «cooperatores veritatis», qui signifie justement «coopérateurs de la vérité». En effet, ce n'est pas un singulier, mais un pluriel, tiré de la troisième lettre de Jean, dans lequel il est écrit au verset 8 : «Nous devons accueillir ces personnes pour devenir coopérateurs de la vérité». Depuis l'élection de son successeur François le 13 Mars 2013, il n'y a donc pas deux papes, mais de facto un ministère élargi ― avec un membre actif et un membre contemplatif. C'est pour cela que Benoît XVI n'a renoncé ni à son nom, ni à la soutane blanche. C'est pour cela que l'appellation correcte pour s'adresser à lui est encore aujourd'hui «Sainteté». Et c'est pour cela qu'il ne s'est pas retiré dans un monastère isolé, mais à l'intérieur du Vatican, comme s'il avait fait seulement un «pas de côté» pour faire place à son successeur et à une nouvelle étape dans l'histoire de la papauté, qu'avec ce pas, il a enrichie de la «centrale» de sa prière et de sa compassion placée dans les jardins du Vatican" (fin de citation).
           
        Ainsi donc, dans ce sens très-négatif où le pape Benoît XVI crucifierait la fonction pontificale elle-même, le munus serait à comprendre, ce sont les propos de Mgr Gänswein, comme un service, entendez, qui peut être partagé par plusieurs personnes. C'est pourquoi le secrétaire de Benoît XVI déduit de cette définition qu'il donne du terme théologique (qui n'en est pas le premier sens), une possible participation de Benoît XVI au munus pétrinien après sa démission, en collaboration avec François, et c'est pourquoi encore il continue en disant que Benoît XVI après sa démission élargit le munus pétrinien "dans une dimension collégiale et synodale, presque un ministère en commun" avec François, ce qui est explicitement et carrément formuler la possibilité d'une pluralité de personnes pour remplir la fonction de Pontife suprême.
           
        Cette proposition-là est parfaitement hérétique, comme professant une dualité de personnes voire plus, ... pourquoi s'arrêter en si mauvais chemin ?, pour remplir la fonction UNE de Pierre. Et Mgr Gänswein de citer à tort, pour appuyer sa thèse, l'Épître où saint Jean parle des "coopérateurs de la Vérité", cooperatores veritatis, dont Benoît XVI a fait la devise de son épiscopat et qu'il a maintenue en tant que pape. Or, bien entendu, l'erreur est flagrante, grossière : saint Jean parle là des coopérateurs de la Vérité pour la propagation de l'Évangile, pas du tout pour la fonction pontificale !
           
        Mais d'oser nous dire qu'il s'agirait là d'une "nouvelle étape dans l'histoire de la papauté", le plus hérétiquement du monde, puisque cette fois-ci, si l'on suit cette interprétation négative de Ausnahmepontifikat, il s'agirait de vouloir transformer sacrilègement l'Institution divine de la papauté telle que le Christ l'a créée, en supprimant la loi de droit divin que la Charge de Pierre est assumée par une seule personne humaine individuelle, et non pas par un collectif humain, qu'on dit être "collégial et synodal". Ainsi donc, il y aurait, dans ce cas de figure, un "avant Benoît XVI" avec une fonction pontificale légiférée de droit divin par l'unicité de la personne remplissant le Siège de Pierre, puis brusquement un "pendant Benoît XVI", où il créerait volontairement lui-même un changement institutionnel dans la fonction pontificale en introduisant pour la première fois depuis saint Pierre la pluralité de personnes remplissant la Charge de Pierre, soi-disant dans le seul de facto pour commencer, et puis donc, et puis enfin, un "après Benoît XVI" où la loi de pluralité des personnes pour la fonction pontificale deviendrait en quelque sorte constitutionnelle, par... jurisprudence nouvelle ayant désormais force de loi ! Une jurisprudence instaurée par les hommes, que dis-je, par Benoît XVI lui-même soi-même, contre la loi de droit divin instaurée par le Christ de manière irréformable !!
           
        Le Ausnahmepontifikat lu ainsi de la plus mauvaise manière serait donc une destruction radicale de la fonction pontificale par un vouloir moderniste de Benoît XVI, qui achèverait l'anéantissement de l'Église opéré par François, quant à lui, de manière doctrinale (oecuménisme hétérodoxe, dialogue interreligieux, etc.) et par les mœurs (pas seulement celles sexuelles, comme dans Amoris Laetitia, mais, plus gravement encore si je puis dire, celles ecclésiales fondamentales : très-notamment, François est en train de promouvoir, presque occultement et sans faire de bruit, un mouvement général dans l'Église pour la destruction radicale des Congrégations religieuses contemplatives)... S'il en était vraiment ainsi, Benoît et François œuvrant victorieusement, en tant que papes légitimes, à la destruction de l'Église telle qu'elle est née du Côté du Christ sur la Croix, institution pontificale, doctrine, mœurs, etc., nous ne serions pas loin de l'avènement de l'Antéchrist-personne venant ouvrir son règne maudit entre tous... à partir du Siège de Pierre, sur les ruines définitives de l'Église dite du Temps des nations et de Rome son centre ("Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist" ― prophétie extraordinaire de Notre-Dame à La Salette, parfaitement authentique, que, soit dit en passant, une pauvre petite bergère sans culture comme l'était Mélanie Calvat, n'aurait jamais pu avoir l'idée d'inventer il y a plus d'un siècle et demi, a fortiori lorsqu'elle la révéla aux temps des papautés glorieusement régnantes de Pie IX et Léon XIII, quand nous-mêmes, chrétiens vivant concrètement cette prophétie de la perte de la Foi à Rome, dans l'attente de l'investissement du Siège de Pierre par l'Antéchrist-personne en tant que dernier pape légitime, avons tant de mal à prendre conscience de son accomplissement humainement incroyable...). Car s'il ne reste plus que des papes destructeurs légitimes sur le Siège de Pierre alors qu'il n'y a, plus d'un demi-siècle après le mortifère Vatican II, quasi plus rien à détruire dans l'Église, c'est que nous n'en sommes pas loin.
           
        Récapitulons les données. Il y aurait donc deux hypothèses pour expliquer le Ausnahmepontifikat que serait le pontificat de Benoît XVI, l'une positive, l'autre négative.
           
        1/ Son pontificat d'exception signifierait qu'à l'instar du Christ, il a vécu dans son règne pontifical, seul pape à l'avoir vécue de tous les papes depuis saint Pierre, une vraie crucifixion de sa Charge pontificale, au point anéantissant, kénosant, où il a été obligé, contre sa volonté, de démissionner du Siège de Pierre, quand bien même il n'a nullement donné sa volonté d'acquiescer à cette démission en son for interne. Et alors, pour tâcher d'expliquer sa volonté affichée d'être toujours pape vrai et authentique malgré sa démission au Siège de Pierre à laquelle l'a obligée la crucifixion qu'il endure dans la Charge pontificale, il a bâti à chaux et à sable mais surtout dans l'incohérence théologique la plus totale, non parce qu'il le voulait mais parce qu'il ne pouvait faire autrement, cette fou-thèse nouvelle et aberrante d'un "pape émérite" qui, hélas, prise au premier degré de lecture, est parfaitement hérétique. Decuit, potuit, ergo fecit, commente Gänswein, à partir du célèbre aphorisme de Jean Duns Scott, pour justifier la décision de Benoît XVI d'inventer un prétendu nouveau lieu théologique, celui du "pape émérite" : il convenait de faire, il se pouvait faire, il a donc été fait. Malheureusement, l'application dudit aphorisme à la thèse du "pape émérite" est théologiquement tout-à-fait fausse : tout au contraire, il ne convenait pas de faire, il ne pouvait pas se faire, et donc il ne fallait pas le faire. Seul l'état mystique de crucifixion de la fonction pontificale qu'il a vécu dans son pontificat explique que Benoît XVI a pu faire ce qu'il ne convenait pas de faire et qui est insoutenable sous l'angle théologique pur. Car l'économie de la crucifixion est une "si grande contradiction" (He XII, 3) qui amène à poser les choses en contradictoire. Autrement dit : Benoît XVI se sert de la thèse du "pape émérite" uniquement pour tâcher d'expliciter l'état pontifical de crucifixion, de Passion, dans lequel il se trouve, c'est parce qu'il n'a pas trouvé mieux pour manifester et révéler au for externe de la vie ecclésiale sa crucifixion pontificale, qu'il l'a concoctée, mais il ne veut pas du tout le sens hérétique qu'elle contient.
           
        2/ Son Ausnahmepontifikat serait au contraire volontairement, de sa part, par mauvaise motivation moderniste, une nouvelle fondation humaine de la fonction pontificale, élargie, comme dit Mgr Gänswein, "collégialement et synodalement" à au moins deux personnes, et pourquoi pas... à plus, comme d'ailleurs l'insinuent étymologiquement les termes choisis de "collège" et "synode", ordinairement toujours composés de plus de deux personnes. Mais alors, alors, ce serait, par une voie insoupçonnée et détournée, faire triompher l'hétérodoxe conciliarisme sur la fonction pontificale instituée par le Christ, un conciliarisme qui chercha sans cesse, depuis le Haut Moyen-Âge, à subvertir le Siège de Pierre, et qu'un pape Eugène IV eut tant de mal à réprimer après le Grand-Schisme d'Occident ! Le conciliarisme est en effet cette doctrine hérétique qui veut soumettre par principe l'Autorité pontificale à tout concile universel d'évêques, la fonction pontificale ne s'exerçant dès lors plus, comme l'a voulu le Christ, de manière monarchique et royale, mais de manière démocratique-épiscopalienne. Mais vouloir, par le biais de l'institution nouvelle d'une "papauté émérite", qu'il y ait plusieurs personnes pontificales pour remplir le Siège de Pierre (des personnes qui, toutes et chacune, sont des évêques puisqu'il est obligatoire que tout pape soit évêque de Rome), revient, dans l'ordre théologique, à la professer ! Dès lors que la thèse du "pape émérite" est acceptée, on pourrait parfaitement supposer, par exemple, que François, suivant l'exemple de Benoît XVI, démissionne à son tour "pour raison de santé" (après tout, il a plus de 80 ans), Benoît XVI de son côté étant toujours vivant, et qu'un troisième pape serait élu pour remplacer François ! Il serait tout-à-fait envisageable, avec la thèse du "pape émérite", de se retrouver avec deux "papes émérites" plus un "actif" sur le Siège de Pierre (il faudrait alors prévoir des strapontins à côté...), chacun d'eux disant son mot dans l'Église, comme on le voit faire actuellement avec Benoît et François, supprimant par le fait même l'unicité voire même l'infaillibilité du Magistère pontifical, l'enseignement magistériel pontifical étant dorénavant démocratique-épiscopalien !!
           
        Cependant, après de profondes réflexions, je pense vraiment que c'est la première hypothèse qui est vraie, celle d'un pape Benoît XVI vivant en victime crucifiée "LA PASSION DE L'ÉGLISE", et non pas en coupable crucifiant l'Église : s'il a concocté comme l'on sait et que Gänswein le révèle, sa thèse de "pape émérite", ce n'est pas pour subvertir la fonction pontificale suprême telle que le Christ l'a fondé il y a 2 000 ans, mais parce que c'est la seule façon qu'il a trouvée, façon certes lamentable, pour exprimer et expliciter au for externe ce qu'il vit de si contradictoire dans sa personne pontificale en tant que pape crucifié. Benoît XVI est un grand théologien, mais il n'est pas du tout besoin d'être docteur in utroque en théologie pour comprendre l'aberration primaire de la thèse de "pape émérite" au regard de la Constitution divine de l'Église et de la plus élémentaire théologie ! À supposer que la motivation de Benoît XVI pour concocter cette thèse de "pape émérite" soit mauvaise et moderniste, comme voulant vraiment subvertir l'institution de la Papauté, jamais il n'aurait osé la soutenir, sachant mieux que personne à quel point elle est contraire aux règles les plus élémentaires de la Constitution divine de l'Église ! S'il la soutient, c'est parce qu'il est forcé de la soutenir pour tâcher tant bien que mal, et plutôt mal que bien, d'asseoir sa volonté légitime de se considérer toujours comme pape, alors que la crucifixion qu'il a endurée de sa fonction pontificale active l'a obligée contre sa volonté, à démissionner.
 
        C'est le moment de rappeler les propos inspirés de Guido Ferro Canale, après lecture qu'il fit de la conférence de Mgr Gänswein : "Peut-être une indication est-elle donnée par l’affirmation de Gänswein selon laquelle Benoît XVI a «enrichi» la papauté «par la ‘centrale’ de sa prière et de sa compassion, placée dans les jardins du Vatican». La compassion (par les temps qui courent, il est bon de le rappeler), n’est pas la miséricorde. En théologie ascétique ou mystique, elle est le fait de s’unir aux souffrances du Christ crucifié, chacun s’offrant soi-même pour la sanctification de son prochain. UN SERVICE DE COMPASSION APPORTÉ PAR LE PAPE DEVIENT NÉCESSAIRE (d'après moi) SEULEMENT LORSQUE L'ÉGLISE SEMBLE VIVRE PERSONNELLEMENT LE VENDREDI SAINT. Lorsqu’il faut faire réentendre les paroles très amères de Jésus en Luc 22, 53 : «C’est votre heure et le règne des ténèbres»" (fin de citation).
           
        Le pape Benoît XVI serait donc le sujet pontifical choisi de la Passion du Christ endurée par son Épouse, l'Église. Pendant le cours de son pontificat, "la puissance des ténèbres" a tout-à-coup mystérieusement prévalu sur la grâce magistérielle pétrinienne, par un secret décret de la Providence divine et pour que l'Écriture s'accomplisse pour l'Épouse comme pour l'Époux, lui faisant vivre invinciblement l'économie crucifiante de la Passion, ce qui a eu pour effet immédiat de lui rendre radicalement impossible l'exercice normal du pouvoir des clefs (c'est là le sens profond du fameux Ausnahmepontifikat, pontificat manifestant un état d'exception). C'est une situation dans laquelle le "doux christ en terre", comme sainte Catherine de Sienne appelait le pape, est entièrement subverti par les forces du mal, exactement comme le Christ durant sa Passion. Ce qui bien sûr permet aux méchants de le supplanter sans qu'il puisse s'en défendre. Et c'est la raison profonde pour laquelle le pape Benoît XVI a démissionné : se sentant intérieurement ligoté, garroté, bâillonné, il ne pouvait plus défendre l'Église contre ses ennemis, alors que sa volonté était de la défendre contre ses ennemis, et c'est pourquoi il s'est démis, ne voulant pas que l'Église pâtisse de son impuissance radicale à la défendre, dûe à la crucifixion mystique qu'il endurait, ne voulant pas non plus en endosser la responsabilité morale devant le Christ. Mais le pape qui souffre la Passion est toujours vrai pape, il l'est même plus, si l'on peut dire, qu'avant de la souffrir ; il l'est cependant dans un anéantissement absolument complet, une kénose radicale, aux yeux du monde et même de l'Église.
           
        On peut d'ailleurs légitimement se demander si cette crucifixion mystique que Benoît XVI a enduré et endure toujours en tant que pape à l'heure où j'écris ce nouvel article n'est pas à élargir à toute la durée de son Pontificat, c'est-à-dire dès qu'il est fait pape le 19 avril 2005. En fait, il n'y aurait eu, en 2013, qu'un pic de crucifixion radicalement insurmontable, l'obligeant dès lors à révéler à l'Église et au monde entier, urbi et orbi, l'impossibilité désormais absolue où il était d'exercer le pouvoir des Clefs, mais il endurait cette crucifixion pontificale déjà... depuis 2005.
           
        Certains propos appuyés de Mgr Gänswein dans sa conférence font plus que le suggérer. Il parle par exemple de TOUT le pontificat de Benoît XVI comme d'un "pontificat d'exception", et c'est à cet endroit de sa conférence qu'il cite le très-significatif mot allemand Ausnahmepontifikat. Il faut bien noter, là, qu'il ne qualifie pas de ce mot si révélateur le seul acte de démission de Benoît XVI, mais tout son pontificat, à partir donc de son intronisation au Siège de Pierre, le 19 avril 2005. Ce qui, bien décodé, signifierait que tout le Pontificat du pape Benoît XVI est placé dans l'économie de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        C'est avec cette pensée qu'il faut lire la suite de sa conférence, lorsqu'il dit que l'élection de Joseph Ratzinger au Siège de Pierre fut le fruit d'une "lutte dramatique" dans le conclave l'élisant, entre le "parti du sel de la terre" et l'autre parti de cardinaux progressistes connu désormais sous l'appellation "groupe de Saint-Gall". Et de préciser plus encore : "L'élection [de Benoît XVI au Siège de Pierre] était certainement aussi le résultat d'un affrontement, dont la clef avait pratiquement été fournie par le cardinal Ratzinger lui-même, en tant que doyen, dans l'homélie historique du 18 Avril 2005 à Saint-Pierre ; et précisément là où à «une dictature du relativisme qui ne reconnaît rien comme définitif et qui n'a comme seule mesure que le 'moi' et ses désirs» il avait opposé une autre mesure : «le Fils de Dieu et vrai homme» comme «la mesure du véritable humanisme»". Et d'affirmer que cette "dictature du relativisme", loin de s'estomper n'a fait que "s'exprime[r] depuis quelque temps de manière irrésistible [c'est-à-dire : radicalement crucifiante, empêchant dès lors l'exercice normal du pouvoir des Clefs pontificales...] à travers les nombreux canaux des nouveaux moyens de communication qu'en 2005, on pouvait à peine imaginer".
           
        À mots très-légèrement couverts mais en vérité fort clairs, le secrétaire de Benoît XVI nous révèle qu'en fait l'élection pontificale de Joseph Ratzinger eut lieu au moment précis où l'Épouse du Christ, l'Église, rentrait dans l'économie de la Passion, ce moment précis qui fit dire au Christ : "Voici l'Heure et la puissance des ténèbres". Et le cardinal Joseph Ratzinger prit immédiatement une vive conscience de cette crucifixion mystique de l'Église au moment où il devenait pape : "Durant l'élection, ensuite, dans la chapelle Sixtine, je fus témoin, poursuit Mgr Gänswein, qu'il vécut l'élection comme un «véritable choc» et éprouva «un trouble» et qu'il se sentit «comme étourdi» dès qu'il réalisa que «le couperet» de l'élection allait tomber sur lui. Je ne révèle ici aucun secret parce que ce fut Benoît XVI lui-même qui l'avoua publiquement à la première audience accordée aux pèlerins qui étaient venus d'Allemagne. Et il n'est donc pas surprenant que Benoît XVI ait été le premier pape qui immédiatement après son élection, invita les fidèles à prier pour lui".
           
        Oui, ce fut le premier pape de toute l'histoire de l'Église à demander qu'on prie pour l'aider à soutenir sa Charge pontificale, par trop bien nommée, comme en écho à Jésus demandant en se tordant les mains après l'agonie de Gethsémani, de "veiller avec moi" en cette Heure des heures fatidique pour le salut : "Alors Il leur dit : Mon âme est triste jusqu'à la mort ; demeurez ici, et veillez avec Moi" (Matth XXVI, 38), et de se plaindre douloureusement que les Apôtres ne le firent point : "Ainsi, vous n'avez pas pu veiller une heure avec Moi ?" (Matth XXVI, 40). Ce que commente de cette manière Guido Ferro Canale : "Mais plus que le «surtout je me confie à vos prières» prononcé immédiatement après l'élection, ne nous souvenons-nous pas de l'invitation dramatique de la messe pour le début du ministère pétrinien : «Priez pour moi, que je ne me dérobe pas, par crainte des loups» ? (...) Je crois, par conséquent, que Benoît XVI était en train de confesser une crainte concrète. Et qu'il pensait à des loups très concrets. Je crois aussi que ceci explique le choc, le trouble et les vertiges". Car notre canoniste italien commentant la conférence de Mgr Gänswein se rend bien compte, lui aussi, que la déficience des forces physiques invoquée par le pape Benoît XVI ne saurait rendre compte de la raison profonde de sa démission : "C'est pourquoi il me semble que même la phrase «Benoît XVI était conscient qu'il n'avait plus la force nécessaire pour la charge très lourde» acquiert un sens moins anodin et peut-être plus sinistre. Très lourde, la charge le serait, non pas à cause de la multiplicité des engagements extérieurs, certainement fatigants, mais de la lutte interne épuisante. Tellement épuisante que, ne se sentant plus en mesure de l'assumer..." Et cette lutte interne épuisante est celle de la crucifixion mystique, laquelle rend impossible d'assumer l'exercice vivant de la Charge pontificale.
           
        Car, faut-il le rappeler, un pape ne démissionne pas parce qu'il a une lutte épuisante à mener dans son pontificat, sauf si cette lutte épuisante est inhérente à la crucifixion mystique radicale de sa Charge pontificale, à la Passion d'une Église vivant sa propre et personnelle fin des temps. La vie de l'Église militante, fort bien nommée, est en effet, ici-bas et même très-bas, une lutte perpétuelle contre les forces du mal, et il n'est que trop vrai qu'aucun pape, peu ou prou, n'en fut exempt dans son pontificat. Voici par exemple le cri du cœur d'un pape mourant, Jules II, vivant pourtant aux temps fort relâchés de la Renaissance : "Peu avant d'expirer, il [Jules II] protesta d'avoir éprouvé dans son pontificat des sollicitudes si poignantes, qu'elles pouvaient être comparées au martyre" (Histoire universelle de l'Église catholique, Rohrbacher, t. XXII, p. 346). Et ce n'était pas de sa part une vaine phrase ! Un jour, le pape Jules II était au lit avec une forte fièvre qui le minait ; on vint lui annoncer qu'une des villes appartenant au Saint-Siège était prête de tomber aux mains des ennemis. Il ne fait ni une ni deux, se lève précipitamment de son lit de souffrance, saute sur un cheval et fonce au camp des défenseurs ! Sa présence énergique ranima les combattants et le siège de la ville fut levé...!!
           
        Mais ceci n'était pour Jules II qu'un combat qui n'allait pas jusqu'à la crucifixion mystique paralysant radicalement les forces du pape qui vit, et meurt à la fois, la Passion du Christ. Combat spirituel que semble bel et bien vivre depuis 2005 le pape Benoît XVI, prédestiné à vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" à son plus haut sommet, sur le Siège de Pierre. Et c'est pourquoi Jules II, n'ayant pas à vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE", n'a pas démissionné, bien qu'ayant, durant son pontificat, à son propre dire sur son lit de mort, et on ne ment pas sur son lit de mort, "éprouvé des sollicitudes si poignantes qu'elles peuvent être comparées au martyre" ; et c'est pourquoi Benoît XVI, ayant quant à lui à vivre et à mourir cette "PASSION DE L'ÉGLISE", n'a pu que démissionner...
           
        La Papauté de notre temps de la fin des fins est un grand mystère, expliquai-je dans mon article Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...? (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/un-schisme-est-il-possible-dans-l-eglise-actuelle?Itemid=483). Il y a "deux papes" de nos jours apocalyptiques. Benoît XVI a eu beau démissionner le plus canoniquement du monde, contrairement à ce que, parmi les conservateurs, voudraient croire et faire accroire certains extrémistes tentés par l'orgueil sédévacantiste et ne connaissant pas leur théologie, il fait toujours figure de pape actuel. Et effectivement, n'a pas tout faux partout celui qui pense qu'il y a deux papes de nos jours. La Papauté de la fin des temps est en effet à la fois crucificateur de l'Épouse du Christ et en même temps crucifiée avec l'Épouse du Christ.
           
        Malgré la démission tout ce qu'il y a de plus canonique de Benoît XVI, il resterait en quelque sorte pape lui aussi, comme pape crucifié avec l'Épouse du Christ, quand François serait pape crucificateur de l'Épouse du Christ. Il y aurait donc dans notre Église contemporaine, deux papes sur un plan mystique. N'en soyons pas surpris. Les choses hors-temps de la fin des temps rendent possibles ce que la théologie stricte interdit formellement. J'ai condamné dans mon article Pot pourri dans un pourrissoir ecclésial la position de ceux qui, tel le bouillant curé italien Dom Minutella, professent que Benoît XVI est le seul pape actuel et que François ne l'est pas, mais c'est très-différent si l'on dit que Benoît est toujours pape et que François l'est également. Cependant, une fort belle page de Bossuet va nous expliquer comment cette situation est possible. Dans une de ses nombreuses Lettres, on le voit en effet se poser cette question : "Comment l'Église est-elle son corps [du Christ] et en même temps son épouse ?" Et il répond très-savamment : "Il faut adorer l'économie sacrée avec laquelle le Saint-Esprit nous montre l'unité simple de la vérité par la diversité des expressions et des figures [ce qu'illustre magistralement le fait que, dans la Messe, le Christ est à la fois le Prêtre du Sacrifice et le Sacrifice lui-même]. C'est l'ordre de la créature de ne pouvoir représenter que par la pluralité ramassée, l'unité immense dont elle est sortie ; ainsi, dans les ressemblances sacrées que le Saint-Esprit nous donne, il faut remarquer en chacune le trait particulier qu'elle porte, pour contempler dans le tout réuni le visage entier de la vérité révélée ; après, il faut passer toutes les figures pour connaître qu'il y a dans la vérité quelque chose de plus intime, que les figures ni unies ni séparées ne nous montrent pas ; et c'est là qu'il se faut perdre dans la profondeur du secret de Dieu, où l'on ne voit plus rien, si ce n'est qu'on ne voit pas les choses comme elles sont. Telle est notre connaissance, tandis que nous sommes conduits par la foi" (Lettre de Bossuet à une personne de piété, t. XXXVIII, p. 378, sq., dans l'édition de Versailles, citée par Rohrbacher dans son Histoire universelle de l'Église catholique, t. XXI, p. 160, sq.).
           
        Il m'est plus facile, après lecture de cette page très-inspirée, de conclure que notre papauté actuelle est toujours UNE, mais qu'elle a besoin de deux suppôts humains pour manifester "les deux traits si particuliers qu'elle porte" et qui la caractérise à la fin des temps. Or, ces deux traits sont extrêmement contradictoires puisqu'ils manifestent en plein la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à la Passion du Christ, ils consistent en ce que le pape UN de la fin des temps doit à la fois et en même temps être crucificateur de l'Épouse du Christ, mais encore être crucifié avec l'Épouse du Christ. Ces deux traits sont si contradictoires disais-je, qu'une seule personne humaine de pape ne pouvait les manifester à elle toute seule, il fallait donc deux personnes de pape pour les manifester l'un et l'autre... C'est pourquoi nous avons, sur le plan mystique, un Benoît XVI toujours pape, quand bien même cela contredit le plan strictement théologico-canonique qui voudrait qu'il ne le soit plus. Le pape crucificateur de l'Épouse du Christ (qui s'avère être François) ne pouvait pas en même temps être le pape crucifié avec l'Épouse du Christ (qui s'avère être Benoît). Mais les deux composantes de la papauté de la fin des temps doivent absolument être représentées, et c'est pourquoi il y a deux papes lorsque l'Église vit sa fin des temps propre et personnelle, et c'est la situation qu'on enregistre effectivement de nos jours.
           
        Un mystère terrible et redoutable se cache derrière cette bipolarisation pontificale actuelle. Mais ce mystère n'a rien de gnostique, il est tout simplement que l'Église vit la Passion du Christ usque ad mortem, ce qui prophétise l'imminence du règne de l'Antéchrist-personne. Depuis les deux papes, depuis le 11 février 2013 donc, l'Église vit en effet ce fameux Ausnahmepontifikat évoqué fort adroitement et très-intelligemment par le secrétaire particulier de Benoît XVI, c'est-à-dire un pontificat manifestant un état d'exception. Et quel état ecclésial d'exception !!! Puisqu'il s'agit rien moins que de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" devant, au final, sous le règne maudit de l'Antéchrist-personne, engendrer sa mort dans son économie de salut actuelle... 2013 est l'Heure (l'heure des méchants ― Lc XXII, 53) où la Papauté franchit le portillon du jardin de Gethsémani pour y souffrir puis mourir sous "la puissance des ténèbres".
           
        On ne peut pas manquer d'être interpellé et remué dans sa Foi par le phénomène météorologique formidable et presque jamais arrivé sur la basilique Saint Pierre de Rome le jour même de l'annonce de la démission de Benoît XVI, le 11 février 2013, ce que Mgr Gänswein traduit ainsi : "[L'annonce de la démission de Benoît XVI] était le matin de ce même jour où, dans la soirée, un éclair kilométrique frappa avec un incroyable fracas la pointe de la coupole de Saint-Pierre posée sur la tombe du Prince des Apôtres. Rarement le cosmos a accompagné de manière plus dramatique un tournant historique"... Historique ? Eschatologique, plutôt !
           
        Mgr Gänswein est en tous cas parfaitement fondé à dire, dans sa mémorable conférence : "Par conséquent, depuis le 11 Février 2013, le ministère papal n'est plus celui d'avant. Il est et reste le fondement de l'Église catholique ; et pourtant, c'est un fondement que Benoît XVI a profondément et durablement transformé dans son pontificat d'exception (Ausnahmepontifikat). (...) Comme à l'époque de Pierre, aujourd'hui encore l'Église une, sainte, catholique et apostolique continue d'avoir un unique Pape légitime. Et pourtant, depuis maintenant trois ans, nous vivons avec deux successeurs de Pierre vivant parmi nous, qui ne sont pas dans un rapport de concurrence l'un avec l'autre, et pourtant tous les deux avec une présence extraordinaire ! Beaucoup continuent à percevoir aujourd'hui encore cette nouvelle situation comme une sorte d'état d'exception voulu par le Ciel".
           
        À toutes fins utiles et non-utiles, je rappelle ici, sur la fin de mon article, pour ceux qui voudraient s'imaginer que la démission de Benoît XVI est invalide, que les seules conditions posées par le Droit canon pour qu'une démission au Siège de Pierre soit valide, sont : la liberté ; la manifestation extérieure. "S'il arrive que le Pontife romain renonce à sa charge, il est requis pour la validité que la renonciation soit faite librement et qu'elle soit dûment manifestée, mais non pas qu'elle soit acceptée par qui que ce soit" (Code de droit canonique, Art. 1, LE PONTIFE ROMAIN, Can. 332 - § 2), même pas, donc, acceptée par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers, représentant pourtant ainsi de soi, en matière de Légitimité pontificale, l'Église Universelle, qui, seule, a pouvoir de dire qui est pape et qui ne l'est pas. C'est donc vraiment la seule volonté libre du sujet pontifical de démissionner et la manifestation extérieure de cette dite volonté de démissionner, qui comptent, pour que la démission au Siège de Pierre d'un pape soit valide, effective, conditions qui ont été parfaitement remplies avec Benoît XVI.
           
        ... Alors, un pape ou deux papes ? S'il y a deux papes, comme il appert de la situation réelle de l'Église actuelle, comment concilier cela avec la Volonté formelle du Christ de faire reposer la Charge pontificale suprême sur l'unicité d'une seule personne ? Mais ce n'est pas comme cela qu'il faut raisonner la situation apocalyptique actuelle que nous vivons ecclésialement, pontificalement. Le tout premier point à prendre en considération dans le départ même de notre réflexion, sans lequel nous ne pouvons rien comprendre à rien de rien, c'est que l'Église, dans notre période moderne, vit dans l'économie spécifique de la Passion. Elle est véritablement crucifiée en toute rigueur de crucifixion. Elle est donc dans un état d'exception, ce que nous a fort bien révélé Benoît XVI par son secrétaire particulier Mgr Gänswein, dans ce terme allemand très-ciblé Ausnahmepontifikat. L'état d'exception met théoriquement en suspens toutes les règles constitutionnelles ordinaires, et c'est justement bien cela dont on se rend compte avec nos deux papes actuels. Il y aurait au premier degré une "si grande contradiction" (He XII, 3) avec la Constitution divine de l'Église dans le fait de voir deux papes alors qu'il ne doit y en avoir qu'un pour une génération ecclésiale donnée. Et cependant, là est la réalité d'une Église désormais crucifiée.
           
        L'économie de la Passion est un oxymore. Ce mot, en littérature, signifie une contradiction antinomique dans des termes mis ensemble. Si par exemple, je parle d'un jour nocturne, c'est un oxymore. Mais l'Église est plongée en plein oxymore depuis qu'elle vit sa Passion, c'est de cela que saint Paul a voulu parler lorsqu'il décrit la Passion du Christ comme une "si grande contradiction" dans sa Lettre aux Hébreux. Et l'autre formule qu'il prend pour définir l'essence de la Passion est elle aussi un puissant oxymore, lorsqu'il dit que dans sa Passion, "le Christ a été fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21). Comment est-il bien possible en effet que le péché, l'économie du péché, puisse générer un quelconque salut, puisque le péché est fait pour la damnation, le non-salut ?! Au premier degré de lecture, c'est impossible, l'affirmation de saint Paul est un oxymore encore plus fort qu'un jour nocturne. Et pourtant, la réalité surnaturelle de notre Rédemption passe par-là, par cet oxymore spirituel indépassable, et pas par un autre chemin... D'identique manière, comment est-il possible que nous ayons deux papes quand cela contredit de plein fouet la Constitution divine de l'Église fondée sur l'unicité de la fonction papale ? Nous sommes, nous aussi, dans une Passion écartelée de l'Église qui se déroule, 2 000 ans après la Passion archétypale du Christ, en plein oxymore. Et pourtant, là aussi, dans la co-Rédemption ecclésiale, la réalité surnaturelle de notre salut passe par-là et par nul autre chemin...
           
        L'oxymore manifeste l'écartèlement de la croix. La fonction pontificale suprême vivant la Passion à la fin des temps, est donc formellement caractérisée par un oxymore. Ce qui caractérise dans son essence la Passion que doit vivre la papauté à la fin des temps, en effet, n'est nullement la souffrance. Le pape souffrant de la fin des temps, c'est-à-dire un dernier pape doctrinalement "tout blanc" dans sa soutane, qui n'est pas "fait péché pour le salut" mais qui ne fait que souffrir une persécution de la part d'ennemis extra muros de l'Église sans participer lui-même d'aucune sorte au péché pénétré dans l'Église (comme dans la thèse illuministe de "la survie de Paul VI"), est un pur mythe. Il est basé sur une réflexion superficielle et simpliste, sentimentale et doloriste, de l'économie de la Passion, dont hélas certaines prophéties privées ne sont pas exemptes. La cause formelle de la Passion, en tout état de cause, ne peut pas être la souffrance, attendu que la souffrance n'est qu'un effet, et qu'un effet, métaphysiquement, ne peut jamais être une cause. La cause formelle de la Passion, c'est racheter le péché du monde. Or, pour racheter et effacer le péché du monde, il faut soi-même, en tant que Acteur de la Passion (le Christ) ou co-acteur (l'Église, le pape, à la fin des temps), "être fait péché pour le salut", comme l'exprime lapidairement et magistralement le grand saint Paul. Voilà la cause formelle de l'économie de la Passion, qui, certes, est "si grande contradiction", si puissant oxymore, aux fins d'opérer la Rédemption des âmes. Dire donc de la Passion que doit vivre la papauté à la fin des temps qu'elle doit être caractérisée essentiellement par la souffrance, c'est vouloir follement que la fumée qui est un effet, soit la cause de l'incendie de la cathédrale Notre-Dame de Paris, pour prendre un exemple.
           
        La cause formelle de la Passion vécue par la papauté de la fin des temps est, à l'instar du Rédempteur, le "être fait péché pour le salut", cela se manifeste donc dans l'oxymore, la contradiction écartelante. Et Dieu sait assez si les papes de la période moderne post-révolutionnaire sont tous dans le "être fait péché pour le salut" inhérent à "LA PASSION DE L'ÉGLISE", depuis l'infâme Concordat napoléonien et plus encore depuis l'hétérodoxe Vatican II, même les plus saints dans leur for privé !! Et c'est ce "être fait péché pour le salut" vécu par les papes modernes, qui va finir par causer en eux, et plus spécialement dans l'un d'entre eux choisi par la Providence divine pour remplir ce rôle (et celui-là semble bien être le pape Benoît XVI), la souffrance et la mort du Christ en croix dans son Église et sur le Siège de Pierre, cette souffrance et cette crucifixion n'étant qu'un effet d'une cause, qui est le "être fait péché pour le salut". S'imaginer, donc, un dernier pape de la fin des temps souffrant une Passion de l'Église sans que celui-ci soit fait "péché pour le salut", comme dans la thèse illuministe de "la survie de Paul VI", c'est ne rien comprendre à rien de ce qu'est fondamentalement "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et vivre sa Foi dans un illusionnisme complet. Par contre, Benoît XVI est bel et bien un de ces papes modernes "fait péché pour le salut", susceptible donc de remplir le rôle du pape vivant "LA PASSION DE L'ÉGLISE", car il continue à croire avec enthousiasme, cependant en toute innocence et inadvertance, au bien-fondé catholique de l'hétérodoxe œcuménisme contenu dans Vatican II, très-notamment dans les abominables décrets Dignitatis Humanae Personae Nostra Aetate, voulant voir la cause du mal dans l'Église depuis Vatican II, non pas, comme ça l'est cependant très-véritablement, très-sûrement, dans la lettre magistérielle elle-même dudit concile, mais dans un surréaliste et tout illusoire... "Vatican II des medias" ! Je n'en veux pour preuve, honteuse hélas, que le dernier discours d'adieu, aussi touchant que délirant, qu'il a fait aux curés de Rome le jeudi 14 février 2013, Salle Paul VI, avant de se retirer de la Charge pontificale (cf. http://www.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2013/february/documents/hf_ben-xvi_spe_20130214_clero-roma.html)...
           
        Voilà. J'arrive à la fin de mon article. Oui, feedback sur le pape Benoît XVI, retour en boucle sur un pape qui s'écrit désormais au présent composé. Tout-à-fait extraordinairement.
           
        Pour conclure ce nouvel article que j'ai essayé une fois de plus d'écrire à la Lumière divine de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", je m'effacerai humblement derrière les propos émouvants, édifiants et éclairants, du pape Benoît XVI lui-même, prononcés lors de sa dernière Audience générale, place saint Pierre à Rome, le mercredi 27 février 2013 : "Permettez-moi ici de revenir encore une fois au 19 avril 2005 [date de mon élection au Siège de Pierre]. La gravité de la décision [de démissionner] a été vraiment aussi dans le fait qu’à partir de ce moment [de mon élection au Siège de Pierre], j’étais engagé sans cesse et pour toujours envers le Seigneur. Toujours ― celui qui assume le ministère pétrinien n’a plus aucune vie privée. Il appartient toujours et totalement à tous, à toute l’Église. La dimension privée est, pour ainsi dire, totalement enlevée à sa vie. J’ai pu expérimenter, et je l’expérimente précisément maintenant, qu’on reçoit la vie justement quand on la donne. J’ai dit précédemment que beaucoup de personnes qui aiment le Seigneur aiment aussi le Successeur de saint Pierre et ont de l’affection pour lui ; que le Pape a vraiment des frères et des sœurs, des fils et des filles dans le monde entier, et qu’il se sent en sureté dans l’étreinte de votre communion ; parce qu’il n’appartient plus à lui-même, il appartient à tous et tous lui appartiennent.
           
        "Le «toujours» est aussi un «pour toujours» ― il n’y a plus de retour dans le privé. Ma décision de renoncer à l’exercice actif du ministère, ne supprime pas cela. Je ne retourne pas à la vie privée, à une vie de voyages, de rencontres, de réceptions, de conférences, etc. Je n’abandonne pas la croix, mais je reste d’une façon nouvelle près du Seigneur crucifié. Je ne porte plus le pouvoir de la charge pour le gouvernement de l’Église, mais dans le service de la prière, je reste, pour ainsi dire, dans l’enceinte de saint Pierre".
           
        ... Ô DIEU, VENEZ À NOTRE AIDE !
           
        SEIGNEUR, HÂTEZ-VOUS DE NOUS SECOURIR !!
 
 
En la belle fête de la CHANDELEUR,
Présentation de l'Enfant-Jésus au Temple
& Purification de la très-sainte Vierge Marie,
Lumen ad revelationem gentium,
et gloriam plebis tuæ Israel,
ce 2 février 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
02-02-2020 14:57:00
 

Veritatis Splendor, l'encyclique majeure de Jean-Paul II, extrêmement loin d'être catholique, enseigne l'hérésie-apostasie de l'Antéchrist

 
 
 
Veritatis Splendor, l'encyclique majeure de Jean-Paul II
extrêmement loin d'être catholique
enseigne l'hérésie-apostasie de l'Antéchrist
 
 
Preambulum
           
        J'ai été fort scandalisé et interpellé, ami lecteur, ami catholique, au début de ce mois de décembre, qui est le plus beau et le plus sacré des mois de l'année puisque le 25 nous fêtons l'immense joie de l'Emmanuel, Dieu avec nous, et que cette joie salvifique extraordinairement forte du salut pour toute âme de bonne volonté rejaillit un peu sur tout le mois, fort scandalisé et interpellé disais-je, de voir Benoît XVI présenter la plus importante encyclique de tout le pontificat de Jean-Paul II, Veritatis Splendor (elle est en effet plus importante que Redemptor Hominis), comme étant soi-disant "aujourd’hui le dernier rempart contre le relativisme, le lieu des certitudes et de la doctrine traditionnelle, où l’Église aide l’homme à trouver la réponse sur «ce qui est bien et ce qui est mal». Un rôle fondamental, sans lequel régnerait l’auto-certification morale du «le bien, c’est ce que je pense être bien»", ainsi que résumait la pensée ratzingérienne un quotidien italien, La Verità, dans son édition du 1er décembre ; encyclique Veritatis Splendor que d'aucuns présentent d'autre part comme le socle traditionnel, le fondement essentiel, de l'Institut Jean-Paul II, saccagé et décapité comme on sait par le libertaire et à la fois liberticide pape François.
 
        Et alors donc, on ose faire miroiter aux yeux des âmes catholiques et des simples qu'on abuse, cet é-nhaur-me mensonge que Veritatis Splendor serait, dans notre pauvre Église moderne affreusement crucifiée, une magnifique manifestation magistérielle de la tradition catholique la plus pure en matière de morale, qui, forte de la Force de Dieu (... et de saint Jean-Paul II...), permettra de renverser tôt ou tard le lâchage moral déliquescent du pontificat actuel bergoglien ! Ce mensonge est si scandaleux, si monstrueux, la vérité de la question étant en effet exactement aux antipodes, que je ne peux que monter au créneau pour le dénoncer à grands cris dans un nouvel article de mon Blog.
           
        Car la vérité vraie en vérité est que cette encyclique wojtylienne, d'une malice et d'un venin vraiment infernaux, fait certes apparemment un très-puissant rappel de la morale traditionnelle dont tout homme doit vivre pour être sauvé, mais en basant la mise en oeuvre de cette dite morale dans le cœur de l'homme non point sur la Grâce de Dieu donnant à l'homme d'en vivre par un don surnaturel tout gratuit, datis gratae, don que l'homme fils d'Adam déchu ne possède absolument pas en lui-même (doctrine catholique), mais, tout au contraire, au très-hérétique et très-antéchristique contraire, sur le fait que l'homme, ayant prétendument communication métaphysique avec la Grâce de Dieu et avec Dieu Lui-même, est censé pouvoir vivre de cette morale traditionnelle exigeante rien qu'en usant plénièrement de sa liberté ontologique épanouie au maximum, laquelle lui donne ipso-facto, par immanence vitale, cedit don de vivre la morale salvifique dans son cœur (doctrine de l'Antéchrist) ; autrement dit et pour faire court, le pape Jean-Paul II veut que ce soit l'homme qui se donne à lui-même le don d'être moralement sain et saint dans la Vérité de Dieu.
           
        La doctrine de fond de Veritatis Splendor est en effet de professer que la vie morale ordonnée à la loi naturelle et à Dieu est accessible à l'homme non par un don surnaturel de Dieu à l'homme mais par l'us et l'usage de sa raison humaine naturelle informant sa liberté, qui aurait prétendument communication théologique et surnaturelle avec la Vérité de Dieu... ce qui, prenons-en bien conscience, est ni plus ni moins professer que l'homme est Dieu ! Nous sommes là les pieds en plein dans la doctrine de l'Antéchrist. Toute l'encyclique est fondée sur le fait que raison et liberté ontologiques de l'homme, de tout homme, sont en adéquation identitaire et fondamentale avec la Vérité de Dieu, par communication immédiate des idiomes entre l'homme, tout homme, et Dieu. Veritatis Splendor professe qu'il n'y a pas, comme l'enseigne la Foi catholique, impuissance radicale de la raison de l'homme fils d'Adam pécheur de pouvoir accéder par sa propre virtus à la Vérité de Dieu, il y a tout au contraire identification consubstantielle entre les deux, raison de l'homme et Vérité de Dieu, dès lors que l'homme fait l'effort de conscientiser que le fondement de sa liberté humaine mue par sa raison est exactement de même nature ou plutôt surnature que la Vérité de Dieu ! C'est juste affaire de conscientisation, pas de conversion. On ne saurait trouver hérésie plus hérétique, car ses prolégomènes métaphysiques supposent que l'homme est Dieu en son essence : elle est celle de l'Antéchrist, la dernière et "l'égout collecteur" de toutes, elle comble la mesure du péché de l'homme, c'est vraiment l'hérésie 666. Une fois bien compris ce postulat antichristique de base qui sous-tend fondamentalement quoique très-sournoisement Veritatis Splendor, il est évident que le rappel de la morale catholique fait par Jean-Paul II dans cette encyclique ne peut susciter aucune vraie conversion de l'homme moderne à Dieu puisque c'est à partir du péché de l'Antéchrist que Jean-Paul II prétend ramener la morale catholique parmi les enfants des hommes ! C'est prendre le diable pour en faire le socle de la vertu...
           
        Devant tant de malice diabolique, car l'encyclique Veritatis Splendor veut se présenter tout au long (... très, très au long ! 186 pages !!), comme un éclatant et magnifique rappel intégral de la morale catholique en cachant soigneusement le venin antéchristique sur lequel elle la fonde plus qu'hérétiquement (en professant un bon effet enté sur une mauvaise cause ; comme d'un voleur plein de malice qui ferait miroiter à sa femme la fort grande beauté d'un bijoux de très-grand prix qu'il lui offre, mais tout en lui cachant soigneusement qu'il serait le fruit d'un vol), je ne peux que reprendre la plume ou plutôt l'ordinateur (soyons moderne !) pour la dénoncer énergiquement, à la Boanergès, le zèle de la Maison de Dieu me dévore, je dois en faire un article, un de plus, pour la défense et la manifestation publiques de la Vérité vraie en vérité qui doit régner pure et sans tache aux yeux des âmes contemporaines, hic et nunc, même et surtout sous le règne impur et satanique de "la puissance des ténèbres" ecclésiales, que donc nous vivons tous azimuts, c'est trop clair. Comme disait le pape Pie X : "Il vaut mieux mourir en ce monde plutôt que de corrompre la chasteté de la Vérité" ou de la laisser corrompre par le pape moderne. La Vérité, c'est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur, et elle n'a rien à voir ni à glander avec Veritatis Splendor.
           
        J'ajouterai que je ne suis pas étonné, seulement affligé, triste, d'être obligé de prendre acte que le "pape émérite" Benoît XVI ne comprend nullement cette perversion antéchristique suprême contenue dans Veritatis Splendor, dont il fut d'ailleurs un des principaux artisans et rédacteurs, elle lui passe visiblement complètement au-dessus de la tête et de l'âme, et je me garderai bien de l'en juger sur cela. Malheureusement pour son âme, le constat que je suis obligé de faire est le suivant : s'il rejette avec un vrai esprit de Foi catholique et en souffrant sincèrement les pires extrémismes progressistes auxquels François nous a accoutumés et nous accoutume quotidiennement panem nostrum quotidianum, il n'en rejette cependant pas du tout le fondement théologique moderniste. Benoît XVI rejette avec horreur les effets du modernisme doctrinal sans avoir la grâce ou bien la volonté personnelle, je ne sais Dieu le sait comme dirait saint Paul, d'en rejeter les causes. J'étais bien fondé à écrire de lui, dans un de mes derniers articles, ce qui suit : "Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux et fervent de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderne et même moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre" (Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!).
           
        ... Accrochez vos wagons, ô ami lecteur, catholique fidèle qui, par votre effort de Foi constant et méritoire, n'avez pas renié la Vérité vraie en vérité et que Dieu aime pour cela, je lance à présent à pleine vapeur la locomotive. Pour commencer, je me servirai d'un large et puissant extrait de mon grand article La canonisation de Jean-Paul II : une "si grande contradiction" (He XII, 3),  qu'on trouvera ici : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/14-la-canonisation-de-jean-paul-ii-une-si-grande-contradiction-he-xii-3, légèrement adapté à mon présent propos.
 
 
 
À l'Enfant Jésus,
Dieu, Fils de l'Homme,
Né dans la crèche.
           
        Le pape Jean-Paul II, dans Veritatis Splendor, est parfaitement hérétique, et c'est hélas bien peu dire, car il n'y est pas, dans ladite encyclique, hérétique de n'importe quelle hérésie mais de l'hérésie la plus complète et la plus anathématisante qui puisse exister en ce très-bas monde, et qui y existera jamais, à savoir celle de l'Antéchrist, laquelle consiste principalement dans la déification de l'homme, de tout homme, en mettant la Divinité réelle et transcendante du Père, du Fils et du Saint-Esprit, derrière la déité de l'homme, c'est-à-dire derrière l'image divine qu'est tout homme. C'est pourquoi, dans un précédent ouvrage que j'avais co-écris en 1988, L'extraordinaire secret de La Salette, j'avais baptisé Jean-Paul II de "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist", l'affublant également du sobriquet de "Jean-Paul Double" ; il me souvient qu'un prêtre de la Fsspx, pour sa judicieuse part, l'avait appelé, quant à lui, "le Napoléon de la révolution conciliaire", appellation qui, sur un plan pratique, est certes très-exacte, mais elle ne va pas au fond de son hérésie, qui est d'être essentiellement antéchristique...
           
        Que son Magistère pontifical, dont Veritatis Splendor est une illustration très-représentative, soit matériellement hérétique-antéchristique, on n'en saurait guère être surpris, puisque, au préalable, c'est la pensée de Karol Wojtyla qui l'est. Or, sa pensée, qui fonde son action, agere sequitur esse, et donc aussi son action pontificale une fois élu au Souverain pontificat, est toute sous-tendue par le personnalisme subjectiviste. Cette doctrine hérétique, qui commence à pervertir le monde à partir de Descartes et est infiniment aggravée par des philosophes modernes comme Kant, puis Hegel, Fichte, Kiergegaard, Husserl, Scheler, etc., etc., etc. (car ces faux-prophètes de l'Antéchrist sont en vérité innombrables comme le sable de la mer...), est mélangée affreusement et antinomiquement par Karol Wojtyla au thomisme, dans son livre majeur écrit en 1969, dans lequel il a mis toute sa pensée mûrie, il a 49 ans, Personne & acte. En quoi consiste-t-elle, cette doctrine du personnalisme subjectiviste ?
           
        On pourrait la définir simplement, en ce que l'étalon, le primat de la connaissance est mis dans l'acte de conscientisation d'une chose par l'homme. Par exemple, c'est lorsque l'homme conscientise la Révélation pour lui, c'est-à-dire prend personnellement conscience quant à lui de la réalité de la Révélation, que la Révélation existe. Elle n'existe pas si l'homme ne la conscientise pas. Car c'est l'acte de conscientisation de l'homme qui est conçu comme réel et objectif, métaphysique, par-dessus et en avant de tout autre acte, y compris, pour suivre mon exemple, l'Acte divin du vrai Dieu Transcendant mettant en oeuvre la Révélation. Alors, lorsque l'homme conscientise une chose, c'est ce qui fait qu'elle est... réelle. Ce qui signifie, en dernière analyse métaphysique, que c'est l'homme qui est vrai, qui est vérité, qui est réel, qui donc est... Dieu.
           
        Transposez ce principe dans l'ordre religieux, et cela devient : lorsque tout homme adepte d'une fausse religion conscientise pour lui une expérience de la Divinité, même objectivement fausse, alors, pour le personnaliste subjectiviste, elle a même valeur métaphysique que lorsque l'homme catholique conscientise la vraie expérience du Dieu Transcendant, par Jésus-Christ Notre-Seigneur seul et unique Médiateur entre Dieu et les hommes. Puisque ce qui compte, ce n'est pas l'Être réel de Dieu existant extrinsèquement à l'homme, ce qui compte c'est l'être de l'homme qui fait intrinsèquement une expérience conscientisée de la Divinité. Car c'est l'acte de l'homme qui existe, et lui seul. Et il faut bien comprendre que tout homme a la puissance ontologique de faire une expérience de la Divinité puisque tout homme, même fourvoyé voire méchant, est une image de Dieu, une déité.
           
        "J'ai dit : vous êtes des dieux", rappelle Jésus dans l'Évangile, appuyant son enseignement sur le Ps LXXXII. "N'est-il pas écrit dans votre Loi : «J'ai dit : vous êtes des dieux» ? Si la Loi appelle dieux ceux à qui la parole de Dieu a été adressée, et si l`Écriture ne peut être anéantie, comment dites-vous à celui que le Père a sanctifié et envoyé dans le monde : «Vous blasphémez», parce que j'ai dit : «Je suis le Fils de Dieu» ?" (Jn X, 34-36). Notons bien que les interlocuteurs à qui Jésus, maître de Vérité et Vérité incarnée Lui-même, fait cette grande révélation, sont, non pas ses Apôtres, mais des pharisiens haineux de Sa mission rédemptrice, dont on peut supposer à tout le moins que certains d'entre eux n'étaient pas en état de grâce. Ce qui signifie que Jésus, en rappelant aux pharisiens qu'ils étaient des dieux, ne faisait pas là allusion à la grâce divine résidant dans les justes, mais à la structure métaphysique de tout homme né en ce monde (ce que son propos d'ailleurs explicite très-bien : les dieux, dit Jésus, sont ceux à qui la Parole de Dieu est adressée ; donc les dieux sont tout homme, car Dieu adresse sa parole à tout homme même à celui qui ne la reçoit pas, parce qu'Il "veut que tous les hommes soient sauvés", les dieux ne sont donc pas seulement ceux qui ont accueilli surnaturellement en leur âme et conscience cette dite Parole de Dieu à eux adressée, receptus et probatus).
           
        Et c'est pourquoi, pour le pape Jean-Paul II, adepte illuminé et secrètement extrêmement passionné de ce personnalisme subjectiviste (qui au fond n'est rien d'autre que du modernisme appliqué, le personnaliste subjectiviste idolâtre cette fameuse "immanence vitale" qu'évoquait le pape saint Pie X dans son encyclique dénonçant le modernisme, Pascendi Dominici Gregis, c'est-à-dire la forme divine énergétique de l'homme qui soit disant révèle naturellement Dieu, voulant y trouver à la fois sa cause première et sa fin dernière), l'expérience religieuse par exemple du musulman et du chrétien a même valeur métaphysique.
           
        Ne nous étonnons donc point, une fois compris son angle de vue, sa gnose, de le voir n'éprouver aucun scrupule à baiser le... livre du Coran, présenté à sa vénération par des musulmans lors d'une audience pontificale : ce geste abominable, quand on sait ce que contient le Coran (qui, entre mille impiétés doublées d'âneries et triplées d'indignités, traitent dans une sourate ceux qui adorent la Très-Sainte Trinité, de gens "pires que l'excrément et l'urine"), ... et comment le pape ne le saurait-il point il serait bien le seul !!, est des plus logique, normal, et même hautement louable, quand on est un personnaliste subjectiviste. Et c'est cette doctrine hérétique à vocation antéchristique, c'est-à-dire aboutissant à combler la mesure de tout péché (lequel péché antéchristique "percera la voûte des Cieux" comme prophétisait Notre-Dame à La Salette, et déclenchera, à Son heure, la très-sainte Colère de Dieu), qui évidemment aboutira à l'œcuménisme hétérodoxe manifesté dans un mûrissement affreux lors de la réunion interreligieuse d'Assise en 1986, abomination de la désolation dans le Lieu-Saint s'il en fut jamais de mémoire historique de chrétien (par ailleurs renouvelée perseverare diabolicum les années suivantes, preuve s'il en était besoin qu'il ne s'agissait nullement de la part de Jean-Paul II d'une erreur pastorale de parcours).
           
        Même l'athée n'est plus conçu par le personnaliste subjectiviste comme ennemi de Dieu mais comme une personne qui met en oeuvre un acte de conscientisation, et qui donc, en cela, doit être absolument respecté dans ledit acte, car cet acte le met à l'égal de Dieu, quand bien même l'objet dudit acte de conscientisation n'est même pas Dieu puisque son postulat de départ est... de n'y croire pas ! Ce qui montre on ne peut mieux à quel point l'acte de conscientisation ontologique est conçu par le personnaliste subjectiviste comme le primat absolu dans l'ordre de la connaissance, un primat divinisant, puisque celui qui nie Dieu, par le simple et seul fait de poser un acte de cette nature, est mis au même rang que celui qui pose l'acte de la croyance au vrai Dieu, par Jésus-Christ son Fils Notre-Seigneur. Un certain Karol Wojtyla l'insinuera ainsi pendant... le concile, à cette époque, donc, déjà parfaitement converti à sa gnose antéchristique : "L'athéisme devrait être étudié à l'aide de la sociologie et de la psychologie, non comme négation de Dieu, mais plutôt comme état de conscience de la personne humaine" (Documentation Catholique, 28 septembre 1965, p. 1888)...
           
        Le pape Jean-Paul II a été exalté par le pape François comme étant le "saint de la famille", dans la cérémonie de sa canonisation. Mais même sous ce rapport, la doctrine qu'il prêchait était hérétique parce que toute entière sous-tendue par cette hérésie personnaliste subjectiviste : la pensée de Jean-Paul II, en effet, ne s'occupe pas de concevoir l'Ordre familial à partir de Dieu, elle conceptualise au contraire l'Ordre familial à partir de l'homme, comme un épanouissement de la personne humaine en tant que tel qui, par-là, parvient à son achèvement eschatologique, c'est-à-dire divinisant, très-notamment au moyen du couple masculin-féminin (... dont Jean-Paul II était complètement obsédé, le prouvent ses scandaleuses Audiences du mercredi...). Autrement dit, c'est la déité de l'amour humain qui intéresse Jean-Paul II, pas le fait que l'Ordre familial naturel permette à l'homme, par son us et usage, d'accéder à la Vie d'Amour substantielle de Dieu, l'amour humain n'en étant qu'une image non-substantielle, l'usage du non-être qu'est l'amour humain ne faisant que permettre d'accéder à l'Être supra-substantiel qu'est l'Amour divin...
           
        L'inversion wojtylienne est donc radicale, et hélas parfaitement et abominablement antéchristique dans son essence. L'Antéchrist-personne pourrait en effet être appelé le Grand-Supplanteur de Dieu, il adorera sa divinité d'image ou déité, tel un Lucifer terrestre, et la mettra à la place de celle du Dieu Transcendant vrai et extrinsèque à l'homme, qu'ainsi il supplantera. Et il voudra, il exigera que tout homme vivant en fasse autant. Or, l'œil de Jean-Paul II, "fixé sur une chimère" (le pape Pie X, parlant des modernistes), est, dans tous les domaines qu'il aborde, obnubilé et véritablement obsédé sur la divinisation eschatologique de l'homme plus que sur le Dieu Transcendant dont l'homme n'est qu'une image. Tout l'agir de son pontificat, écrits, paroles et actes, va dans ce sens. Et il finira par christifier la déité de l'homme, de tout homme, inéluctable aboutissement de sa perversion personnaliste subjectiviste qui lui fera épouser la doctrine de l'Antéchrist...
           
        Sa première encyclique, Redemptor Hominis, du 4 mars 1979, qui est traditionnellement celle où le nouveau pape met tout son programme de pontificat, en est une illustration dans le § III, lequel d'ailleurs se fonde sur une resucée (vomitive) du concile moderne. Jean-Paul II commence en effet par rappeler une affirmation fort équivoque de Vatican II : "Par l'Incarnation, le Fils de Dieu s'est uni en quelque sorte à tout homme" (Gaudium & Spes, 22. 2), et de dire immédiatement avec force que cette affirmation, dont il veut faire le pivot de son encyclique, est la route fondamentale de l'Église (n. 13). On ne va pas tarder à se rendre compte de ce qu'il entend par-là ; commençons par voir comment il précise longuement et fort passionnément la formule : "Jésus-Christ est la route principale de l'Église. Lui-même est notre route vers «la maison du Père», et il est aussi la route pour tout homme. Sur cette route qui conduit du Christ à l'homme, sur cette route où le Christ s'unit à chaque homme, l'Église ne peut être arrêtée par personne".
           
        Et, pour que personne ne s'y trompe, il donne ce qu'il faut entendre par la formule "chaque homme" : "Il s'agit donc ici de l'homme dans toute sa vérité, dans sa pleine dimension. Il ne s'agit pas de l'homme «abstrait», mais réel, de l'homme «concret», «historique». Il s'agit de chaque homme, parce que chacun a été inclus dans le mystère de la Rédemption, et Jésus-Christ s'est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère". Et d'enfoncer le clou plus encore quelques lignes plus loin : "L'homme, tel qu'il est «voulu» par Dieu, «choisi» par Lui de toute éternité, appelé, destiné à la grâce et à la gloire : voilà ce qu'est «tout» homme, l'homme «le plus concret», «le plus réel» ; c'est cela, l'homme dans toute la plénitude du mystère dont il est devenu participant en Jésus-Christ et dont devient participant chacun des quatre milliards d'hommes vivant sur notre planète, dès l'instant de sa conception près du cœur de sa mère".
           
        Et de poursuivre avec passion : "Il s'agit de tout homme, dans toute la réalité absolument unique de son être et de son action, de son intelligence et de sa volonté, de sa conscience et de son cœur. L'homme, dans sa réalité singulière (parce qu'il est une «personne»), a une histoire personnelle de sa vie, et surtout une histoire personnelle de son âme. (...) L'homme, dans la pleine vérité de son existence, de son être personnel et en même temps de son être communautaire et social, cet homme est la première route que l'Église doit parcourir en accomplissant sa mission : il est la première route et la route fondamentale de l'Église, route tracée par le Christ lui-même, route qui, de façon immuable, passe par le mystère de l'Incarnation et de la Rédemption. (...) C'est cet homme-là, dans toute la vérité de sa vie, dans sa conscience, dans sa continuelle inclination au péché et en même temps dans sa continuelle aspiration à la vérité, au bien, au beau, à la justice, à l'amour, c'est bien cet homme-là que le Concile Vatican II avait devant les yeux lorsque, décrivant sa situation dans le monde contemporain, il allait toujours des éléments extérieurs de cette situation à la vérité immanente de l'humanité [nous sommes ici en plein modernisme...]. (...) Cet homme est la route de l'Église, route qui se déploie, d'une certaine façon, à la base de toutes les routes que l'Église doit emprunter, parce que l'homme (tout homme sans aucune exception) a été racheté par le Christ, parce que le Christ est en quelque sorte uni à l'homme, à chaque homme sans aucune exception, même si ce dernier n'en est pas conscient. (...) Cet homme étant donc la route de l'Église, route de sa vie et de son expérience quotidiennes, de sa mission et de son labeur, l'Église de notre temps doit être, de façon toujours universelle, consciente de la situation de l'homme".
           
        Une formidable et prodigieuse équivoque éclate dans l'affirmation conciliaire, et plus encore dans le prolongement "routier" qu'en fait Jean-Paul II (... carrément une autoroute à grande vitesse, où il s'agit de dépasser tout le monde, même Dieu qui, décidément, roule trop lentement...). Ainsi donc, nous dit-il, et avec quel enthousiasme délirant notons-le, tout homme est uni au Christ depuis l'Incarnation, affirmation parfois, pas tout le temps dans le texte pontifical remarquons-le soigneusement, amendée par la formule atténuatrice : "en quelque sorte". Premièrement, il faut tout-de-même bien comprendre une chose : si tout homme était uni au Christ depuis et par l'Incarnation en toute rigueur théologique des termes, sans atténuation, ce qui hélas se trouve dans le texte magistériel pontifical lui-même et à plusieurs reprises (= "sur cette route où le Christ s'unit à chaque homme", ou encore : "Jésus-Christ s'est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère [de l'Incarnation-Rédemption]"), alors, c'est que tout homme serait lui aussi... le Christ, par communication immédiate et non médiate des idiomes, c'est-à-dire des identités ontologiques entre son être individuel et celui du Christ, depuis l'Incarnation ! Ce n'est vraiment que par la formule atténuatrice "Tout homme est en quelque sorte uni au Christ depuis l'Incarnation", que celle-ci pourrait, je dis bien et seulement : pourrait, recevoir un sens orthodoxe.
           
        Éh bien, retenons seulement la formule atténuatrice qui pourrait recevoir un sens orthodoxe, disais-je. Quel serait-il, ce sens orthodoxe ? Il serait que le Christ, dans l'Acte même de l'Incarnation, s'est uni mystiquement à chaque et tous les hommes. C'est-à-dire que, par la grâce du Christ-Dieu et Homme universel parfait à la fois, qui comprend toutes les individualités singulières de tous les hommes, tout homme est, depuis et par l'Incarnation-Rédemption, devenu un christ formel qui a la possibilité, en répondant "oui" au Don du Christ, par la Foi et par une vie sainte ordonnée au Christ et à son Évangile, d'être un christ sauvé dans, avec, pour et par le Christ à la fin de sa vie, et donc de pouvoir être considéré pour sa petite part singulière et particulière, comme le Christ après sa mort. Ceci est la seule acception orthodoxe possible de l'assertion conciliaire reprise et fort amplifiée par Jean-Paul II. Mais, je viens de le dire, un tout autre sens peut être donné de l'affirmation en question, à savoir que le Christ, en s'incarnant il y a 2 000 ans, s'est uni théologiquement et métaphysiquement à chaque et tous les hommes in situ, c'est-à-dire tels qu'ils sont nés avec la tare du péché originel, c'est-à-dire encore, que tout homme vivant, depuis l'Incarnation, est véritablement... le Christ Lui-même, et participe ni plus ni moins de sa Divinité comme de sa sainte-Humanité.
           
        Or, non seulement le texte conciliaire, restant à l'affirmation brute de décoffrage, ne permet pas de dire si c'est l'une ou l'autre interprétation qui est à retenir, mais les longueurs délirantes, enthousiastiques et indigestes, du pape Jean-Paul II pour bien expliquer que cette union du Christ à l'homme depuis l'Incarnation, concerne vraiment tout homme, tous les hommes et tout dans l'homme, quel qu'il soit, même celui qui ne croit pas au Christ, même celui qui n'est pas conscient de cette union au Christ, même celui qui mène une mauvaise vie au for externe, ne permettent pas plus, bien au contraire, de trancher, soit pour la première interprétation, mystique et orthodoxe, soit pour la seconde, théologico-métaphysique et hétérodoxe... Pour bien savoir quelle est la pensée profonde du pape Jean-Paul II quant à cela, il faut donc étudier son agir pontifical. En effet, l'agir ne fait pas que suivre l'être, selon l'adage antique bien connu, il en révèle aussi l'essence, la nature. Nous saurons donc la pensée profonde de Jean-Paul II sur la question par sa manière d'agir...
           
        Or donc, si Jean-Paul II use de la formule "Par l'Incarnation, le Christ s'est en quelque sorte uni à tout homme" de manière mystique et orthodoxe, alors, à cet homme-là, à tout homme donc, il continuera à lui prêcher le Christ et à exiger de lui qu'il ordonne son âme et sa vie à l'Évangile pour être sauvé ; car l'union mystique d'une âme avec le Christ, et on nous dit ici de toute âme humaine quelle qu'elle soit, ne la confirme pas en grâce, et moins encore l'identifie-t-elle métaphysiquement au Christ et au Verbe divin. Il est bien connu en effet que les âmes mystiques, même parvenues à un très-haut degré d'union avec le Christ, par "mariage mystique", comme saint Jean de la Croix par exemple, ou sainte Thérèse d'Avila, etc., n'en ont pas moins continué à être soumises absolument à l'Évangile et à toutes les lois divines et humaines (c'était l'erreur de certains hérétiques du XVème siècle, les adeptes du Libre-Esprit, de croire que l'union mystique avec Dieu affranchissait du même coup de toute loi, quelle qu'elle soit, divine ou humaine, doctrinale ou morale). Mais si le pape Jean-Paul II, ne faisant par ailleurs que continuer sur la lancée de son personnalisme subjectiviste qui déifie l'homme à partir de sa déité, use de ladite formule de manière métaphysique et hétérodoxe, voulant considérer que tout être humain depuis l'Incarnation du Christ, est lui-même le Christ, alors, il ne lui prêchera plus le Christ Jésus et son Évangile, puisque, tout homme né en ce monde étant vraiment, depuis l'Incarnation, le Christ, n'a évidemment... plus besoin d'être évangélisé.
           
        Quid ? Poser la question, c'est malheureusement y répondre. Sans équivoque possible. En présence de tous les innombrables interlocuteurs, hommes et femmes, qu'il eut en face de lui durant ses très-nombreux voyages de pèlerin (... du monde ?, ou de l'Église ?, la question se pose), souvent adeptes des religions les plus fausses et erronées voire diaboliques, Jean-Paul II a, à chaque et toutes les fois, mis la Foi du Christ dont il était l'indigne Vicaire, rigoureusement et systématiquement sous le boisseau, soumettant sans vergogne le Christ-Dieu véritable au dieu intérieur conscientisé et multiforme desdits interlocuteurs sans jamais les évangéliser de la Bonne-Nouvelle du Christ Jésus, exactement comme s'Il n'existait pas.
           
        C'est que, rappelons-nous, pour le personnaliste subjectiviste, la Révélation du Christ n'existe pas lorsque, devant lui, il a une personne qui fait une profession de foi conscientisée, puisque l'acte de conscientisation intrinsèque de la personne humaine prédomine métaphysiquement sur la Révélation extrinsèque. Et Dieu sait si l'indigne Vicaire du Christ a appliqué sans jamais faillir, tout son pontificat en a témoigné publiquement avec éclat, scandaleusement, impudemment et honteusement, ce dogme principal du personnaliste subjectiviste ! C'est pourquoi, ainsi que je l'ai dit plus haut, il baise le Coran (... accompagnant son geste d'un incroyable et monstrueux souhait de bénédiction : "Que saint Jean-Baptiste bénisse l'Islam !"...!!!!!!), parce qu'il considère que l'interlocuteur musulman qu'il a en face de lui, par son acte de conscientisation religieuse de l'Islam, est un dieu et un christ, que dis-je, est une expression immanente du Christ, une "route" christique que l'Église, donc, nous, tous les fidèles, devons emprunter, et que la vérité extrinsèque de Notre-Seigneur Jésus-Christ mort et ressuscité n'a aucune place et n'existe tout simplement plus par rapport à ce premier point ; il reçoit le tilak de la prêtresse indoue, il participe à un rite animiste, etc., etc., etc., pour la même antéchristique raison, la liste est longue (et n'a hélas nul besoin d'être développée ici, elle est connue de tous). Pour terminer, de charybde en scylla, par l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, à savoir la cérémonie interreligieuse d'Assise, en 1986.
           
        Qu'attendre d'autre de celui qui avait déclaré : "Être libre, c'est pouvoir et vouloir choisir, c'est vivre selon sa conscience [ce qui est en complète contradiction avec ce que dit Jésus-Christ dans l'Évangile : "La vérité -et elle SEULE- vous rendra libre" ; or, depuis le péché originel, la conscience de l'homme, à laquelle le personnaliste subjectiviste rapporte tout, n'est pas du tout forcément, et il s'en faut de beaucoup, ordonnée à la Vérité, il serait même plus exact de dire qu'elle n'y est jamais parfaitement ordonnée... donc elle ne peut pas rendre "libre", comme le veut Jean-Paul II]. L'homme doit donc pouvoir faire ses choix en fonction des valeurs auxquelles il donne son adhésion. La première de ces valeurs et la plus fondamentale est toujours sa relation à Dieu exprimée dans ses convictions religieuses" (Message pour la journée de la paix, D.C. du 4 janvier 1981, p. 2).
           
        Donc, pour répondre à la question posée que dessus, quid ?, le pape Jean-Paul II, par son agir pontifical public, professe bel et bien, ou plutôt fort mal, fort hérétiquement, fort antéchristiquement, que, depuis l'Incarnation du Verbe, tout homme, qui constitue en soi "la route de l'Église", est une Incarnation théologique et métaphysique du Christ. C'est ce que son agere révèle de son esse, son agir révèle formellement que sa pensée profonde consiste à croire que tout homme est le Christ, dès lors qu'il conscientise son existence humaine et sa religion, puisqu'il ne l'évangélise jamais du Christ Jésus et de son Évangile. S'il n'est pas possible de dire si Jean-Paul II professe cette hérésie à vocation antéchristique formellement, c'est-à-dire avec malice et advertance (ce serait en effet rentrer dans un jugement au for interne, ce qui est tout-à-fait interdit, Dieu seul "sonde les reins et les cœurs"), à tout le moins, on sait à présent avec certitude qu'il la professe matériellement, qu'il y soumet tout son pontificat matériellement...
           
        On constatera sans difficulté l'évolution logique de la pensée hérétique qu'il a fait sienne : le personnaliste subjectiviste, principalement par l'outil de la conscientisation ontologique, commence par déifier tout homme, puis ensuite il le christifie, dans une inversion antéchristique radicale, qui comble la mesure de son péché. Le processus était obligé : puisque le Christ, par la Révélation, a révélé qu'Il était Dieu, alors, le personnaliste subjectiviste en déduit, dans sa perversion radicale, que puisque tout homme est dieu selon lui, cela veut donc dire que tout homme est... le Christ.
           
        Il n'est pas inutile ici de dire que le pape Jean-Paul II n'a d'ailleurs fait que pousser au bout de l'hérésie, la pensée théologique hérétique du jésuite De Lubac (... qu'il fera cardinal), dont il est imprégné, imbibé comme éponge plongée dans l'eau depuis longtemps, et qu'il ne fait que régurgiter vomitivement dans Redemptor Hominis. Le jésuite De Lubac en effet, professait "dès 1946, dans son livre Surnaturel, que l'ordre surnaturel est nécessairement impliqué dans l'ordre naturel. Il en résulte que le don de l'ordre surnaturel n'est pas gratuit puisqu'il est redevable à la nature. En fait, la nature, en raison même de son existence, s'identifie au surnaturel. Dès 1938, dans son livre Catholicisme, il n'hésitait d'ailleurs pas à écrire : «En révélant le Père, et en étant révélé par Lui, le Christ achève de révéler l'homme à lui-même [= c'est-à-dire, dans les dernières déductions théologiques : comme une surnature, un Dieu, un Christ]» (p. 295). (...) Cette conception du surnaturel nécessairement lié à la nature humaine, est aussi clairement proposée par Karl Rahner depuis les années 30.
           
        "En fait, Karl Rahner dépasse même la pensée du Père de Lubac. Fortement influencé par Hegel, «Rahner se propose surtout d'éclaircir théologiquement les conditions de la possibilité d'une incarnation», de l'aveu même de son plus fidèle disciple, Hans Küng. (...) Dans son ouvrage Teologia dall'incarnazione, écrit en 1967, Rahner affirme tout d'abord que l'essence de Dieu est la même que la nôtre : «Quand le Logos se fait homme... cet homme en tant qu'homme est précisément l'auto-manifestation de Dieu dans son auto-expression. L'essence, en effet, est la même en nous et en Lui ; nous, nous l'appelons nature humaine». D'autre part, l'union hypostatique est un évènement qui a eu lieu «dans et par la conscience humaine. (...) Cette vision immédiate et effective de Dieu, n'est autre chose que la conscience initiale, non-objective, d'être le Fils de Dieu ; et cette conscience est donnée par le seul fait que celle-ci est l'union hypostatique» (Considerazioni dogmatiche sulla scienza et autocoscienza di Cristo, Rome 1967, p. 224). Rahner enseigne même que l'acte de Foi est inutile «parce que, écrit-il dans Teologia dall'incarnazione, page 119, dans mon essence il y a Dieu ; parce que toutes les actions, c'est Dieu qui les fait. Celui qui accepte son existence, donc son humanité, celui-là, même sans le savoir, dit oui au Christ. Celui qui accepte complètement son être-homme a accepté le Fils de l'homme parce qu'en celui-ci Dieu a accepté l'homme»" (extraits cités dans Pierre, m'aimes-tu ?, abbé Le Roux, 1988, pp. 53-56).
           
        ... Cela ne vous dit rien ? Mais, ces abominables professions de foi antéchristiques sont exactement ce qu'est en train de vouloir nous dire le pape Jean-Paul II dans Redemptor Hominis lorsqu'il part de la formule vaticandeuse "Par l'Incarnation, le Christ s'est en quelque sorte uni à chaque homme", pour dire en définitive que tout homme est la "route de l'Église", en précisant bien que "sur cette route, le Christ s'unit à chaque homme", ou encore : "Jésus-Christ s'est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère [de l'Incarnation-Rédemption]" ! Ces maîtres à penser dont il se nourrit et qu'il suit, qu'il admire et vénère tant, dont il fera cardinal l'un d'iceux-là (quant à l'hérétique radical que fut Rahner, il recevra des vœux personnels de Jean-Paul II, juste avant de mourir à 80 ans, en 1984...), en fait, mènent à la perversion achevée de l'Antéchrist-personne, qui n'aura rien à rajouter, je le répète, au degré de perversion de leur doctrine luciférienne absolument d'ores et déjà complète du tout. Laquelle consiste à prêcher à tout homme qu'il est Dieu, et comme l'on sait depuis la Révélation que tout Dieu dans l'homme est le Christ, Alpha et Omega de l'homme, alors, puisque tout homme est Dieu, tout homme est donc le Christ à la fois Dieu et Homme. Ni plus, c'est impossible, mais ni moins non plus. Tirez en effet la chevillette du syllogisme, et la bobinette cherra...
           
        Méditons soigneusement les concepts que ces faux-prophètes de l'Antéchrist osent nous sortir (... et dont il est fort bon et extrêmement important de prendre conscience qu'ils accomplissent une prophétie du Christ, un grand signe eschatologique pour les Temps ultimes de la fin des fins : "Alors si quelqu'un vous dit : Voici, le Christ est ici ; ou : Il est là, ne le croyez pas", Matth XXIV, 23 ; ces misérables faux-prophètes ne sont-ils pas en train de nous dire que le Christ est dans l'homme, dans tout homme, oui, oui, Il est vraiment partout, Il est ici, dans le juif déicide, Il est là, dans le musulman anti-trinitaire, Il est même dans l'athée ? MAIS NE LES CROYEZ PAS, dit le Christ). Si l'ordre surnaturel a nécessairement besoin de l'ordre naturel pour exister, comme disait De Lubac, alors, ce n'est pas compliqué, l'Incarnation du Verbe de Dieu a nécessairement besoin de la nature humaine... pour exister. L'important donc, métaphysiquement, dans l'opération de l'Incarnation, n'est plus Dieu et son Verbe-Christ, c'est... la nature humaine, et donc l'homme, tout homme, tout dans l'homme. Puisque sa nature est nécessaire à l'Incarnation. Et vous avez là, ô lecteur, le décodage profond, et affreux dans son impiété radicale, du § III d'une encyclique majeure du pape Jean-Paul II, Redemptor Hominis : en définitive, c'est l'homme qui est le sujet FORMEL de l'Incarnation, ce n'est plus le Verbe de Dieu !!
           
        Et c'est bien ce que Jean-Paul II pense, tout son agere pontifical l'a démontré et sur-démontré, sans encore oser le dire ouvertement sans voile dans son encyclique-programme. C'est-à-dire que le Christ-Dieu, en s'incarnant et prenant chair humaine véritable à la Noël, révèle à l'homme la vérité de sa nature véritable, à savoir d'être... le Christ-Dieu & Homme, sa nature humaine étant en vérité d'ordre surnaturel-divin. Voilà, pour nos antéchristiques personnalistes subjectivistes ayant mené au fond du donf leur perversion luciférienne, quelle est la première et véritable signification de l'Incarnation, son mobile métaphysique premier et capital, sa cause première et sa fin dernière.
           
        Et c'est pourquoi, dans toute l'encyclique, on note une exaltation, une exultation incroyable du rédacteur pontifical, justement là, là, dans ce passage central dont j'ai cité plus haut tout exprès de larges extraits, où il décrit cet homme touché par l'Incarnation du Verbe, comme "la route de l'Église, route qui se déploie, d'une certaine façon, à la base de toutes les routes que l'Église doit emprunter, parce que l'homme (tout homme sans aucune exception) a été racheté par le Christ, parce que le Christ est en quelque sorte uni à l'homme, à chaque homme sans aucune exception, même si ce dernier n'en est pas conscient" ; et je rappelle à nouveau que la formule atténuatrice "en quelque sorte" est parfois carrément supprimée par le pape Jean-Paul II dans son encyclique (= "sur cette route où le Christ s'unit à chaque homme", ou encore : "Jésus-Christ s'est uni à chacun, pour toujours, à travers ce mystère"), ce qui ne peut qu'avoir le sens de bien faire saisir au lecteur que pour lui, il s'agit bel et bien d'une union métaphysique et théologique du Christ avec tout homme...
           
        C'est en effet bien là le fond de sa croyance antéchristique. Ceux qui en douteraient encore n'ont juste qu'à prendre acte que si l'on peut, en vérité faussement, se croire autoriser à émettre un doute quant à la profession de foi antéchristique formelle de Jean-Paul II dans son encyclique-programme Redemptor Hominis, le doute n'est plus du tout permis quand on prend connaissance de ce qu'il ose dire dans son Homélie de Noël 1978, dans laquelle il professe absolument formellement la doctrine hérétique-antéchristique que je dénonce en lui, de manière donc cette fois-ci non seulement formelle mais beaucoup plus blasphématoire puisqu'elle était formulée le jour anniversaire même de la Naissance divino-humaine de Notre-Seigneur Jésus-Christ. Voici en effet comment ce "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist" osait commenter urbi & orbi la Naissance de Jésus, ce 25 décembre 1978, son premier Noël pontifical, à peine trois mois avant la parution de Redemptor Hominis :
           
        "Ce message [de Noël] s’adresse à chaque homme, à l’homme dans son humanité. Noël est la fête de l’homme. C'EST LA NAISSANCE DE L'HOMME. L’un des milliards d’hommes qui sont nés, qui naissent et qui naîtront sur la terre. Un homme, un élément de cette immense statistique [... évidemment, si tout homme est le Christ depuis l'Incarnation, alors, la naissance de Jésus-Christ est la naissance de tout homme, Il n'est Lui-même qu'un homme parmi les milliards d'autres !!!...]. (...) Et en même temps un être unique, absolument singulier. Si nous célébrons aujourd’hui de manière aussi solennelle la naissance de Jésus, nous le faisons pour rendre témoignage au fait que chaque homme est unique, absolument singulier. (...) Ce message [de la Noël] est adressé à chaque homme, précisément en tant qu’il est homme, à son humanité. C’est en effet l’humanité qui se trouve élevée dans la naissance terrestre de Dieu. L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME. (...) Dans la solennité de ce jour, nous nous élevons aussi vers le mystère insondable de cette naissance divine. En même temps, la naissance de Jésus à Bethléem témoigne que Dieu a exprimé cette Parole éternelle, son Fils unique, dans le temps, dans l’Histoire. De cette «expression», il a fait et il continue à faire la structure de l’histoire de l’homme".
           
        Ce que j'ai mis en rouge, et qu'à ma connaissance aucun tradi n'a remarqué en son temps, est tellement é-nhaur-me que cela passe dans les cœurs chrétiens habitués à un langage de Foi véritable de la part du pape, sans que personne ne se rende compte de la prodigieuse hérésie ici FORMELLEMENT affirmée par le pape Jean-Paul II sans qu'il soit possible de lui donner le moindre sens orthodoxe, chacun rectifiant inconsciemment cette langue antéchristique radicale pour la méditer quant à soi dans l'orthodoxie. Mais il s'en faut que la langue de Jean-Paul II soit orthodoxe, nous sommes vraiment ici en présence de la "voix de dragon" dénoncée par saint Jean dans l'Agneau de la fin des temps c'est-à-dire dans le dernier pape légitime (Apoc XIII, 11), quand il est en train de dire sans ambigüité aucune, au contraire en toute proposition hérétique formelle, que, par l'Incarnation, le Verbe s'est uni à la nature humaine en tant que telle, c'est-à-dire à TOUT homme qui a existé depuis que le monde est monde, avant le Christ, au temps du Christ, et qui existera après Son passage terrestre il y a 2 000 ans, vous, moi, ceux qui naîtront et mourront après nous !! Car bien sûr, sa proposition est totalement hérétique : non pas toutes les humanités de la nature humaine, mais SEULE l'Humanité singulière, au singulier, qui a été ineffablement donnée par Dieu à l'homme Jésus à la Noël au moyen du canal immaculé de la très-sainte Vierge Marie, son humanité particulière que les théologiens catholiques appellent à juste titre la Sainte-Humanité de Jésus-Christ, participe théandriquement à la Divinité du Verbe dans sa Personne unique ! Et strictement aucune autre humanité n'a communication théandrique avec le Verbe divin !! Or ici, le pape Jean-Paul II affirme au contraire, en prenant une formulation théologique bien connue des théologiens, que tous les hommes participent théandriquement, par la communication des idiomes, à la Divinité du Dieu Transcendant. Il n'en fallait pas tant, il s'en faut de beaucoup, extrêmement, pour que l'Inquisition sévisse, au Moyen-Âge, les impénitents finissant sur le bûcher...
           
        Dans ce premier message de Noël 1978, Jean-Paul II ose donc dire carrément que c'est TOUTE humanité existante qui se trouve unie de soi au Verbe divin, de par le fait même de l'Incarnation, et qui, par-là même, est Dieu-Verbe elle-même. Ce qui signifie donc, sans ambiguïté aucune, en toute clarté théologique... et formidablement antéchristique-hérétique !!, je le répète, que l'homme, tout homme vivant actuel, a communication métaphysiquement immédiate avec le Verbe divin, c'est-à-dire est... Dieu-Christ lui-même !!! Et c'est bien pourquoi d'ailleurs, notons-le avec soin, le texte pontifical écrit, dans la proposition théologique que j'ai soulignée en rouge : la «nature» humaine AVEC DES GUILLEMETS (j'ai été vérifier le texte sur le site officiel du Vatican : les guillemets hérétiques-antéchristiques y sont bel et bien ! http://www.vatican.va/content/john-paul-ii/fr/messages/urbi/documents/hf_jp-ii_mes_19781225_urbi.html). Parce que, comme le disait Karl Rahner, la nature humaine est une autre manière d'appellation, juste un surnom de la Nature divine... qui est la seule existante. En fait, il faut lire SURNATURE DIVINE quand on lit NATURE HUMAINE !!!
           
        Et c'est justement bien cette illumination antéchristique radicale que le pape Jean-Paul II veut communiquer, ... et avec quel enthousiasme !, ... quelle ardeur de prosélyte !, au monde entier, quand il finit son abominable Homélie de Noël 1978 : "Je m’adresse donc à toutes les communautés dans leur diversité. Aux peuples, aux nations, aux régimes, aux systèmes politiques, économiques, sociaux et culturels [dans son excitation hérétique qui confine à la folie, Jean-Paul II va jusqu'à vouloir infester de son hérésie des... idéologies ou des systèmes abstraits qui n'ont pas d'âmes et qui donc ne peuvent pas recevoir un enseignement !, ... mais pourquoi donc ne s'adresse-t-il pas aussi aux petits chiens sur les trottoirs ?!], et je leur dis : — Acceptez la grande vérité [!] sur l’homme ! — Acceptez la vérité entière [!] sur l’homme qui a été dite dans la nuit de Noël. — Acceptez cette dimension de l’homme [!], qui s’est ouverte à tous les hommes [!!] en cette sainte nuit ! — Acceptez le mystère dans lequel vit tout homme [!], depuis que le Christ est né ! — Respectez ce   mystère ! — Permettez à ce mystère d’agir [!] en tout homme ! — Permettez-lui de se développer [!] dans les conditions extérieures de son être terrestre. Dans ce mystère se trouve la force de l’humanité [!]. La force qui irradie sur tout ce qui est humain [!!]".
           
        L'Antéchrist-personne n'aura pas un autre prêche.
           
        C'est donc bien dans ce sens antéchristique radical que tout homme est le Christ-Dieu de par l'Incarnation, que Jean-Paul II veut qu'on comprenne ce qu'il dira à peine trois mois plus tard dans Redemptor Hominis, à savoir que tout homme est "la route de l'Église", c'est cela qu'il appelle "la grande vérité de l'homme", "la vérité entière sur l'homme", "la dimension de l'homme ouverte à tous les hommes", "le mystère dans lequel vit tout homme" et qu'il faut "respecter", et plus encore faire "agir", "se développer dans les conditions extérieures de son être terrestre"...!!
           
        Une fois lancé sur cette autoroute à grande vitesse, la voie large et spacieuse qui mène à l'homme terrestre et à l'enfer, car loin de monter vers le Ciel par la petite voie étroite du salut véritable, elle descend de Dieu et de l'Église vers l'homme fils d'Adam pécheur pour le diviniser-christifier et pour y rester (et dans cette nouvelle et damnable direction vers le bas, n'oublions pas que Jean-Paul II nous dit avec une hargne de diable dans Redemptor Hominis que "l'Église ne peut être arrêtée par personne"...), il ne faut pas s'étonner de voir Jean-Paul II professer la même doctrine de fond dans Veritatis Splendor, ce serait le contraire qui serait étonnant. Quinze ans après l'Homélie de Noël 1978 et Redemptor Hominis, il ne s'est nullement converti de sa gnose hérétique-antéchristique, c'est parler par euphémisme...
           
        C'est ainsi qu'il commence à présenter Veritatis Splendor aux évêques de toute l'orbe catholique (l'encyclique est adressée en effet "à tous les évêques de l'Église catholique", c'est-à-dire théologiquement à tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, ce qui, soit dit en passant, accroît encore la qualification et la note d'infaillibilité pontificale attachée de soi à l'enseignement doctrinal contenue dans l'encyclique wojtylienne, de par le Magistère ordinaire & universel pontifical... ― cf. Dom Paul Nau), par une récapitulation synthétique de l'enseignement fondamental de l'encyclique, dans une formule très-ramassée que voici : "LA SPLENDEUR DE LA VÉRITE se reflète dans toutes les œuvres du Créateur et, d'une manière particulière, dans l'homme créé à l'image et à la ressemblance de Dieu (cf. Gn I, 26) : la vérité éclaire l'intelligence et donne sa forme à la liberté de l'homme, qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur. C'est dans ce sens que prie le psalmiste : «Fais lever sur nous la lumière de ta face» (Ps 4, 7)".
           
        La première phrase de ce résumé synthétique de la doctrine fondamentale de Veritatis Splendor est doctrinalement atrocement incomplète, et par-là même, elle permet à l'hérésie du diable de passer : la splendeur de la Vérité qui est Dieu se reflète en effet intégralement dans l'homme AVANT le péché originel, mais... plus APRÈS. Après, elle ne s'y reflète plus qu'à l'état de vestige inconnaissable par l'homme si la grâce surnaturelle de Dieu ne la lui rend pas actuellement connaissable. Or, Jean-Paul II fait abstraction totale de ce distinguo essentiel, capital. L'homme, après le péché originel, est certes toujours créé à l'image et ressemblance de Dieu (des hérétiques le nieront), mais cette dite image et ressemblance sont devenus opaques de toute opacité en lui, ne permettant plus la révélation en l'homme fils d'Adam pécheur de la splendeur de la Vérité par voie naturelle, ce n'est désormais que par le moyen et le vecteur de la Grâce surnaturelle du Christ, extrinsèque à cet homme taré du péché originel, que cette splendeur de la Vérité peut à nouveau voir le jour en lui.
           
        Mais Jean-Paul II a rejeté cette doctrine catholique. Pour lui, il n'existe qu'une seule situation de l'homme : celle d'avant le péché originel où l'homme reflète naturellement la splendeur de la Vérité. C'est pourquoi il met deux points dans le texte pontifical après sa première phrase (grammaticalement, les deux points signifient que la proposition qui les suit est la conséquence obligée de la proposition qui les précède), pour asseoir ce qui est sa doctrine antéchristique radicale : "La vérité éclaire l'intelligence et donne sa forme à la liberté de l'homme, qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur". Comprenons bien ce que Jean-Paul II ose professer : puisque même après le péché originel la splendeur de la Vérité éclaire toujours l'homme, non seulement elle illumine salvifiquement son intelligence, mais elle est la forme de sa liberté. Nous sommes là dans le distinguo scolastique classique matière-forme. Or ce distinguo présuppose métaphysiquement que la matière est de même nature que la forme. J'en donne ici un simple exemple : nous sommes composés, nous les humains, d'une âme et d'un corps, et l'âme est la forme du corps ; mais âme et corps sont de même nature, la nature humaine, et il ne peut en être autrement, il ne pourra jamais exister un être humain composé d'un corps humain et d'une âme divine ou végétale. Si donc, comme le pape Jean-Paul II ose le dire, la splendeur de la Vérité qui est Dieu est la forme de la liberté de l'homme, alors, cela signifie, et il n'y a pas d'autre signification possible, que la liberté de l'homme, que Jean-Paul II conçoit comme matière de la splendeur de la Vérité qui est Dieu, est de même nature que celle-ci, c'est-à-dire qu'elle est d'essence... divine. Et, finalisant, bouclant la boucle de sa pensée hérétique-antéchristique, il ose affirmer que c'est "de cette façon que l'homme est amené à connaître et à aimer le Seigneur", c'est-à-dire que l'homme trouve tout simplement en lui, dans l'intrinséité de sa nature... humaine, la splendeur de la Vérité qui est... Dieu. Et la citation qu'ose faire notre "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist" du psalmiste "Fais lever sur nous la lumière de ta face", est à comprendre "dans ce sens", précise-t-il bien lui-même une seconde fois, "de cette façon", "dans ce sens", c'est-à-dire : illumine notre liberté de la splendeur de la Vérité, sous-entendu, immédiatement et naturellement comme l'était celle d'Adam avant le péché originel ; et non point : médiatement et surnaturellement par la grâce, datis gratae, du Christ auquel on ferait humblement cette prière : illumine-nous, rédime-nous, c'est-à-dire rachète-nous, sauve-nous, comme l'entend dans la vraie Foi le Psalmiste, en nous donnant la grâce, que nous ne possédons plus depuis le péché originel, que la splendeur de la Vérité illumine à nouveau notre intelligence et notre liberté. La différence est de taille. Comme entre le Christ et Bélial.
           
        Oh certes !, le moderniste intégral qu'est le pape Jean-Paul II ne rejette extérieurement rien du dogme, il fait par exemple toujours profession de croire, ou plutôt fait mine de croire, au péché originel, dans son § 1 qui suit immédiatement cette introduction synthétique. Rappelons-nous que le moderniste n'est pas, en effet, un hérétique ordinaire qui, étymologiquement, fait choix dans le dogme, gardant certains d'eux, mais en rejetant d'autres à sa convenance. Le moderniste au contraire fait profession de croire tous les points du dogme de la Foi, cependant que, pire que le simple hérétique, il en vide le contenu doctrinal catholique pour le remplacer par un contenu de son cru, de sa gnose, parfaitement hérétique. Mais, au for externe, le contenant, soit l'enveloppe extérieure, l'énoncé verbal du dogme, reste le même. Nous en avons ici une belle illustration dans le § 1 de Veritatis Splendor. Jean-Paul II fait semblant de professer le dogme du péché originel. Mais il se garde bien de lui en donner la définition catholique qu'on serait plus qu'en droit d'attendre d'un pape, à savoir que ce maudit péché supprime in radice la grâce surnaturelle dans l'homme, empêchant la splendeur de la Vérité de s'y manifester naturellement. Au contraire, il commence par l'appeler "mystérieux péché originel", comme s'il n'était pas vraiment sûr qu'il ait jamais vraiment existé (et là est le fond de sa pensée...). Il sait fort bien, et il le sent avec la haine instinctive du diable, que le dogme du péché originel, professé catholiquement, anéantit radicalement sa gnose antéchristique de vouloir que la splendeur de la Vérité illumine toujours l'intelligence de l'homme, même après ledit péché originel, au point que la liberté de l'homme soit de même nature ou plutôt surnature divine que cette splendeur de la Vérité.
           
        "Mais les ténèbres de l'erreur et du péché ne peuvent supprimer totalement en l'homme la lumière du Dieu Créateur. De ce fait, la nostalgie de la vérité absolue et la soif de parvenir à la plénitude de sa connaissance demeurent toujours au fond de son cœur. L'inépuisable recherche humaine dans tous les domaines et dans tous les secteurs en est la preuve éloquente. Sa recherche du sens de la vie le montre encore davantage". Il est parfaitement faux et mensonger de voir dans "l'inépuisable recherche humaine dans tous les domaines et dans tous les secteurs" et "la recherche du sens de la vie", des preuves que l'homme taré du péché originel recherche par-là même la Vérité de Dieu. Dire cela, c'est se tromper et tromper son prochain, et ici le prochain de Jean-Paul II est l'évêque catholique auquel s'adresse son encyclique. Toutes cesdites recherches humaines en effet peuvent très-bien avoir comme motivation première et peccamineuse, l'ambition, l'orgueil, l'amour égocentrique de soi, la soif de dominer toutes choses, bref, trouver leur assise fondamentale dans le péché de l'homme et non dans la Vérité de Dieu. Il faut en effet une véritable métanoïa dans l'homme, c'est-à-dire une conversion surnaturelle radicale de tout son être personnel, par pure grâce divine extrinsèque accordée à l'homme, pour qu'il puisse accéder, après le péché originel, à la lumière du Dieu Créateur, à la splendeur de la Vérité. Il est trop clair que dans ces explications wojtyliennes, on se retrouve toujours avec la doctrine antéchristique que l'homme pourtant fils d'Adam pécheur, peut accéder à Dieu naturellement, par sa propre virtus naturelle.
           
        Le § 2 de Veritatis Splendor expose bien l'écorce du dogme catholique, à savoir que c'est le Christ Jésus, et Lui seul, qui révèle à l'homme, tout homme, le Dieu vrai et véritable, mais... c'est pour mieux te manger mon enfant, comme disait le loup à l'innocent Petit Chaperon rouge !, mieux pénétrer l'âme fidèle, derrière cette écorce mensongère, du noyau diabolique de la doctrine antéchristique professée dans l'Homélie de Noël 1978 et dans Redemptor Hominis. Lisons-le : "De ce fait, la réponse décisive à toute interrogation de l'homme, en particulier à ses interrogations religieuses et morales, est donnée par Jésus Christ ; bien plus, c'est Jésus Christ lui-même, comme le rappelle le deuxième Concile du Vatican : «En réalité, le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné. Adam, en effet, le premier homme, était la figure de Celui qui devait venir, le Christ Seigneur. Nouvel Adam, le Christ, dans la révélation même du mystère du Père et de son amour, manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation»". Hélas !, hélas !, on sait trop maintenant ce que veut dire, par le Noël 1978 de Jean-Paul II, les formules du genre "le mystère de l'homme ne s'éclaire vraiment que dans le mystère du Verbe incarné" !, ou encore "le Christ (...) manifeste pleinement l'homme à lui-même et lui découvre la sublimité de sa vocation" ! Dans la bouche de nos doctrinaires de l'Antéchrist, qu'il s'agisse des Pères de Vatican II ou de Jean-Paul II, cela veut dire que l'Incarnation du Christ révèle à l'homme sa nature DIVINE !! Je rappelle ici la non-équivoque et tout au contraire formelle profession de foi antéchristique de Jean-Paul II dans son incroyable Homélie de Noël 1978 : "[Par le mystère de Noël] L’HUMANITÉ, LA «NATURE» HUMAINE, SE TROUVE ASSUMÉE DANS L'UNITÉ DE LA PERSONNE DIVINE DU FILS, DANS L'UNITÉ DU VERBE ÉTERNEL, DANS LEQUEL DIEU S'EXPRIME ÉTERNELLEMENT LUI-MÊME".
           
        Le pape Jean-Paul II va d'ailleurs réaffirmer, dans Veritatis Splendor, quoique plus sournoisement, cette hérésie antéchristique radicale, lorsqu'il en vient au jeune homme de l'Évangile posant à Jésus la question : "Bon Maître, que dois-je faire de bon pour avoir la vie éternelle ?" (Matth XIX, 16). Voici la réponse de Jean-Paul II : "Il convient que l'homme d'aujourd'hui se tourne de nouveau vers le Christ pour recevoir de lui la réponse sur ce qui est bien et sur ce qui est mal. Le Christ est le Maître, le Ressuscité qui a en lui la vie et qui est toujours présent dans son Église et dans le monde. Il ouvre aux fidèles le livre des Écritures et, en révélant pleinement la volonté du Père, il enseigne la vérité sur l'agir moral. À la source et au sommet de l'économie du salut, le Christ, Alpha et Oméga de l'histoire humaine (cf. Ap 1, 8 ; 21, 6 ; 22, 13), révèle la condition de l'homme et sa vocation intégrale. C'est pourquoi «l'homme qui veut se comprendre lui-même jusqu'au fond ne doit pas se contenter pour son être propre de critères et de mesures qui seraient immédiats, partiaux, souvent superficiels et même seulement apparents ; mais il doit, avec ses inquiétudes, ses incertitudes et même avec sa faiblesse et son péché, avec sa vie et sa mort, s'approcher du Christ. Il doit, pour ainsi dire, entrer dans le Christ avec tout son être, il doit "s'approprier" [!!] et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption pour se retrouver soi-même. S'il laisse ce processus se réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement d'adoration envers Dieu, mais aussi de profond émerveillement pour soi-même»" (§ 8).
           
        C'est toujours la même méthode. Le départ, trompeur, est le rappel intégral du dogme catholique, à savoir, ici, que le Christ est la Lumière et le Sauveur de l'homme, de tout homme ; mais la seconde partie du discours qui commence par "C'est pourquoi", par laquelle le pape Jean-Paul II définit comment le Christ doit concrètement être pour tout homme la Lumière et le Salut, inverse antéchristiquement, brusquement, sans préparation, les valeurs, en faisant plus qu'insinuer que l'homme qui reçoit en lui le Christ devient lui-même à son tour... le Christ. Il est intéressant de noter que Jean-Paul II pioche dans Redemptor Hominis, au § 10, le texte de cette seconde partie qu'il cite ici dans Veritatis Splendor, preuve, s'il en était besoin, que, lorsqu'il rédige cette nouvelle encyclique en 1993, il n'a pas renié le moins du monde la doctrine antéchristique contenue dans celle de 1979. L'homme, donc, ose-t-il dire dans ce passage, doit "«s'approprier» [!!] et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption POUR SE RETROUVER LUI-MÊME [= soi-même, dans le texte originel de Redemptor Hominis...]". Tonnerre de mille diables !! Pour se retrouver... lui-même ?!? L'homme était donc... le Christ-Dieu et Fils de l'homme à la fois, avant de se... retrouver ?!? Éh oui, c'est bien de cette façon antéchristique que Jean-Paul II veut entendre la chose. Ce que confirme le complément de la phrase, ainsi : "S'il laisse ce processus se réaliser profondément en lui, il produit alors des fruits non seulement d'adoration envers Dieu, mais aussi DE PROFOND ÉMERVEILLEMENT POUR LUI-MÊME". Pardi !!, forcément !! Si l'homme découvre, au terme de la "réalisation profonde de ce processus qui consiste à «s'approprier» et assimiler toute la réalité de l'Incarnation et de la Rédemption en lui", qu'il est... le Christ-Dieu et Fils de l'Homme tout à la fois, il ne peut, certes !, certes !, qu'éprouver un profond émerveillement de cette découverte !!
           
        Jean-Paul II ne va pas manquer de venir à l'application pratique de sa doctrine antéchristique qui veut que la nature de l'homme a communication métaphysique avec le Verbe de Dieu, et donc avec la loi morale découlant de Dieu. Les travaux pratiques sont très-simples : la liberté de l'homme ne peut que vouloir cette loi morale issue de Dieu, puisque la nature de l'homme en a naturelle communication métaphysique. Voici comment il s'exprime sur la question, en son § 41 : "L'autonomie morale authentique de l'homme ne signifie nullement qu'il refuse, mais bien qu'il accueille la loi morale, le commandement de Dieu : «Le Seigneur Dieu fit à l'homme ce commandement...» (Gn II 16). La liberté de l'homme et la Loi de Dieu se rejoignent et sont appelées à s'interpénétrer [en italiques dans le texte], c'est-à-dire qu'il s'agit de l'obéissance libre de l'homme à Dieu et de la bienveillance gratuite de Dieu envers l'homme. Par conséquent, l'obéissance à Dieu n'est pas, comme le croient certains, une hétéronomie [= une loi dictée par un autre que soi et qui s'impose à soi], comme si la vie morale était soumise à la volonté d'une toute-puissance absolue, extérieure à l'homme et contraire à l'affirmation de sa liberté. En réalité, si l'hétéronomie de la morale signifiait la négation de l'autodétermination de l'homme ou l'imposition de normes extérieures à son bien, elle serait en contradiction avec la révélation de l'Alliance et de l'Incarnation rédemptrice. Cette hétéronomie ne serait qu'une forme d'aliénation, contraire à la Sagesse divine et à la dignité de la personne humaine".
           
        Or, contrairement à l'affirmation de Jean-Paul II, cette situation où la liberté de l'homme épouse parfaitement la Loi divine n'a existé que dans Adam avant qu'il commette le péché originel. Il est parfaitement hérétique de soutenir, comme Jean-Paul II le fait ici, qu'après le péché originel, l'homme continue de voir sa liberté ontologique épouser naturellement la loi morale du Vouloir divin. Mais cette proposition hérétique, je l'ai dis en mon Introduction, est absolument indispensable dans la gnose antéchristique de Jean-Paul II qui veut que la nature humaine ait communication théandrique avec le Verbe divin, comme il nous l'a dit sans fard et en toute abominable clarté dans son Homélie de la Noël 1978.
           
        Une liberté de l'homme opaque de la splendeur de la Vérité, depuis le péché originel d'Adam ? Voilà qui n'arrange certes pas du tout notre Jean-Paul II. Il veut absolument que la liberté de l'homme s'appuyant sur sa raison, conçue à la moderne, soit à rang d'égalité avec la splendeur de la Vérité. Pour arriver à concilier ces inconciliables, on va le voir, avec une sainte-colère Boanergès dans l'âme, ne pas hésiter le moins du monde, comme seuls les modernistes savent le faire, à tricher avec la sainte Écriture. Le pape Jean-Paul II va, dans la suite de Veritatis Splendor, nous citer un verset du Livre de la Sagesse, déjà invoqué par Vatican II dans Gaudium et Spes pour plaider la cause de la liberté autonome de l'homme par rapport à Dieu. Voici ce verset : "Dieu dès le commencement a créé l'homme, et Il l'a laissé dans la main de son propre conseil" (Si XV, 14). Et notre "Jean-Baptiste luciférien de l'Antéchrist" de déraper immédiatement dans "les droits de l'homme", les pieds calés avec soin dans les starting-blocks de ce verset : "Ces paroles montrent que le pouvoir de l'homme s'exerce, en un sens, sur l'homme lui-même. C'est là un aspect constamment souligné dans la réflexion théologique sur la liberté humaine, comprise comme une forme de royauté" (§ 38). Puis, le coureur, propulsé, s'élance à toutes jambes dans le stade des "droits de l'homme" : "L'enseignement du Concile souligne, d'un côté, le rôle rempli par la raison humaine pour la détermination et pour l'application de la loi morale : la vie morale suppose de la part de la personne créativité et ingéniosité, car elle est source et cause de ses actes délibérés. D'un autre côté, la raison puise sa part de vérité et son autorité dans la Loi éternelle qui n'est autre que la Sagesse divine elle-même. À la base de la vie morale, il y a donc le principe d'une «juste autonomie» de l'homme, sujet personnel de ses actes. La loi morale vient de Dieu et trouve toujours en lui sa source : à cause de la raison naturelle qui découle de la Sagesse divine, elle est, en même temps, la loi propre de l'homme" (§ 40).
           
        Donc : la loi morale est immanente à l'homme, enseigne en digne fils de l'Antéchrist, Jean-Paul II. Mais, mais, il ne peut en être métaphysiquement ainsi, que si l'homme est... Dieu. Ce que d'ailleurs le texte wojtylien qu'on vient de lire dit très-clairement, si on enlève les considérants seconds pour lire dans l'abrégé substantiel de sa doctrine : "La loi morale vient de Dieu et est en même temps la loi propre de l'homme" !! Et c'est là l'essence profonde de l'enseignement de Jean-Paul II, épousant secrètement l'hérésie de Karl Rahner, ce qu'il veut dire de plus essentiel et qu'il a ramassé dans sa formule récapitulative de toute la doctrine de Veritatis Splendor, mise en exergue de toute l'encyclique : "La splendeur de la Vérité donne sa FORME à la liberté de l'homme qui, de cette façon, est amené à connaître et à aimer le Seigneur". "De cette façon", c'est-à-dire : en trouvant intrinsèquement en lui-même, par lui-même, avec lui-même, dans sa structure ontologique personnelle, la loi morale de Dieu ; et non point en la recevant extrinsèquement par la grâce surnaturelle de Dieu via le Christ-Messie Jésus... Mais si l'homme connaît la loi morale de par lui-même, au sens biblique très-fort du verbe, c'est qu'il est Dieu. Cela, c'est l'enseignement de l'Antéchrist. C'est aussi l'enseignement de Jean-Paul II.
           
        Or, disais-je, cette perversion suprême s'appuie mensongèrement sur le verset du Siracide cité par Vatican II dans Gaudium et Spes et repris ici dans Veritatis Splendor par le pape Jean-Paul II : "Dieu a laissé l'homme à son conseil", sous-entendu par le moderniste : à sa propre raison humaine, pour qu'en usant d'icelle l'homme se sauve en puisant uniquement en elle la loi morale de Dieu qu'il va y trouver. Mais le sens exact de ce verset de la Parole de Dieu est en vérité tout autre, il signifie : Dieu a laissé l'homme au dévoiement, à la perversité de sa raison découronnée de la Sagesse de Dieu, depuis le péché originel. Depuis lors, l'homme est "livré à lui-même [dans le mauvais sens du terme], voué à un mal congénital" (Première note exégétique sur Eccl. XV, 14, par fr. Brunot Bonnet-Eymard, in CRC n° 298, janvier 1994, p. 10). Mille tonnerres de Boanergès !! Les modernistes sont vraiment d'infâmes et ignobles tricheurs sacrilèges, n'hésitant jamais à tordre la Parole de Dieu pour lui faire dire leur hérésie, et la plupart du temps lui faire dire tout le contraire, le satanique contraire, de ce qu'elle dit. Et en tromper ainsi scandaleusement les âmes. J'en ai cité un exemple, dans mon article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!, en démasquant le contre-sens flagrant de I Jn IV, 8 fait par les Pères de Vatican II dans Nostra Aetate, et tout le monde se rappelle le mensonge éhonté des modernistes qui, dans les années 1970, pour soi-disant étayer leur idolâtrie de l'homme, citaient saint Irénée de Lyon : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant" ; or, saint Irénée, ce marteau des hérésies, disait exactement : "La gloire de Dieu, c'est l'homme vivant en Jésus-Christ". C'est un peu différent, n'est-il pas ? La vérité de la citation allait à l'exact encontre de ce que voulaient professer les modernistes trafiquant le grand saint Irénée, qui disait : il n'y a pas de gloire de l'homme vivant en autonomie de Jésus-Christ... Mais on a vu les modernistes, dans Dignitatis Humanae Personae, faire pire encore que tricher : ils ont affirmé, aux § 2 & 9, que la doctrine de la Liberté religieuse s'appuyait sur la Parole de Dieu et l'Écriture sainte absolument gratuitement, sans même pouvoir galvauder aucun texte scripturaire, étant parfaitement incapables, à l'aveu même du P. Yves Congar avant de mourir (un des rédacteurs de Dignitatis), de trouver le moindre verset scripturaire même trafiqué, pour cautionner cette doctrine plus qu'hérétique, carrément apostate !! Ce qui ne les a nullement empêché de la professer... perseverare diabolicum.
           
        Pour en rester à Veritatis Splendor, il n'y a pas, dans l'économie des fils d'Adam pécheurs, de raison humaine connaissant naturellement la loi morale et donc de fondement d'une liberté autonome de l'homme, n'en déplaise à Jean-Paul II. Toute sa laborieuse construction pour mettre à parité Sagesse de Dieu et Raison humaine libre dans Veritatis Splendor, s'en écroule donc sur pied, et réduit à rien la pseudo-théologie de son antéchristique encyclique, comme lorsqu'on enlève une carte à la base d'un château de cartes. Veritatis Splendor s'en écroule d'un seul coup d'un seul, aussi lamentablement et irrémédiablement que les tours du Word Trade Center...
           
        ... J'arrêterai ici ma démonstration et ma dénonciation de Veritatis Splendor, bien suffisante pour tout esprit droit et de bonne volonté. Je tiens à rassurer le lecteur : je n'ai pas lu les 186 pages de l'encyclique, et tiens à dire que je ne les lirai jamais. Je doute même et suis prêt à parier gros qu'aucun des milliers d'évêques catholiques qui, en 1993, ont reçu le pondéreux document magistériel, ne l'ai fait. Toute cette encyclique est en effet un énorme matraquage verbal, un véritable lavage de cerveau, sorte de rouleau compresseur, de bloc monolithique immangeable et imbuvable, qui n'a qu'un seul but : entasser au forcing et aux forceps dans la tête du lecteur la possibilité d'un mariage contre-nature entre les bons principes de la morale catholique et la Liberté de l'homme moderne vivant des "droits de l'homme" révolutionnaires tirés des "Lumières" maçonniques... en vérité monstrueuse copulation engendrant un monstre de Frankenstein auquel aucun pape moderne ne pourra jamais, jamais, jamais, qu'il le veuille ou non, insuffler la vie !
           
        Cette encyclique est en fait un véritable pathos pseudo-théologique, héroïque à sa façon, pour faire vivre en un suprême et très-désespéré effort dans le cœur de l'homme moderne, à la fois la Révolution des "droits de l'homme" et la Vérité de Dieu, mélangeant inextricablement le vrai et le faux dans un très-savant, très-travaillé et très-étudié tricotage-fricotage, un entrechoquement incessant de mots qui soit n'ont pas de liens logiques entre eux soit même s'opposent antinomiquement, exactement à la manière dialectique de Karl Marx et des hégéliens. Quand on lit Veritatis Splendor, on ne peut s'empêcher en effet de penser à ce que Karl Marx avait écrit dans un poème satanique : "Les mots que j'enseigne sont tous mêlés dans un enchevêtrement démoniaque ; ainsi, chacun peut croire vrai ce qu'il choisit de penser". C'est le bon diagnostic à poser pour le verbiage entrelardé de Veritatis Splendor. Ainsi, le droitdel'hommiste peut se croire conforter dans sa croyance d'une liberté autonome par rapport à Dieu dans Veritatis Splendor, et de son côté, le conservateur catholique peut s'imaginer boire du p'tit lait par le copieux (et parfois même, pris isolément : édifiant !) rappel traditionnel de la morale qui y est fait. Et toutes les encycliques de Jean-Paul Double sont bâties de cette façon. Qui se souvient de Centesimus annus, encyclique du 1er mai 1991 censée raviver le souvenir de celle du pape Léon XIII, Rerum Novarum, sur la question sociale ? Personne, sûrement, et cela vaut beaucoup mieux. "Le texte est si nuancé et balancé que les journalistes ne veulent en retenir que ce qui va dans le sens de leurs opinions. C'est ce que constate avec une certaine ironie L'Express du 9 mai : «On s'arrache le Saint-Père [!!]. Rarement réactions auront été plus contrastées que celles qui ont salué Centesimus Annus. En France, tandis que Le Figaro célèbre une si "impitoyable" condamnation du marxisme, L'Humanité se félicite, sur trois pages, d'une si "vive" critique du libéralisme. En Italie, Il Manifesto, journal communiste, titre sur "Wojtyla, l'anti-capitaliste", tandis que le super-patron Carlo De Benedetti n'en revient pas d'une telle défense du marché libre»" (Bulletin paroissial, abbé Sulmont, n° 234, juin 1991) !
           
        Nous sommes là en pleine application pratique de la doctrine du personnaliste subjectiviste qui consiste en ce que la conscientisation existentialiste par l'homme d'une chose ou d'une idée EST LA VÉRITÉ. Même si les différentes "vérités de l'homme" s'opposent antinomiquement entre elles, comme capitalisme et marxisme. Mais cela présuppose métaphysiquement que l'homme est Dieu puisqu'il est vérité. Et c'est bien cette doctrine de l'Antéchrist qu'a promue sans jamais faillir Jean-Paul Double dans tout son pontificat, et dont Veritatis Splendor n'est qu'une manifestation parmi d'autres.
           
        Je ne saurai finir mon article sans tirer un chaleureux coup de chapeau au seul catholique tradi qui a montré une Foi assez forte pour dénoncer Veritatis Splendor au temps même où elle parut, avec l'énergie d'un vrai prophète, je veux nommer feu l'abbé Georges de Nantes. Il eut ce rare courage, qu'à ma connaissance aucun autre tradi n'a eu comme lui, de dénoncer comme il se doit le venin diabolique de cette encyclique wojtylienne, ce qu'il a fait dans deux numéros de la Contre-Réforme Catholique (n° 296 de novembre 1993 & n° 298 de janvier 1994 ; on pourra, sur le site actuel de la CRC, trouver un condensé de ces deux numéros, à la page suivante : https://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/contre-reforme-catholique/commentaire-encycliques/lencyclique-veritatis-splendor.html). Sa dénonciation, qui épouse la mienne, m'a en partie mâché le travail et en tous cas m'a épargné beaucoup d'efforts que, peut-être, sans lui, je n'aurai pas eu le courage de faire, j'en ai été fort soulagé. Que Dieu l'en récompense avec une mesure bien tassée ! Par contre, les lefébvristes n'ont, à ma connaissance, pas eu ce courage (rien, sur leur site La porte latine, pour dénoncer l'hétérodoxie fondamentale de Veritatis Splendor, qui est cité par eux, certes, mais même pas négativement...) ; et ne parlons pas des "ralliés" qui, dès lors qu'il s'agit de dénoncer l'hétérodoxie des papes modernes, se les gèlent tout soudain immédiatement, se pétrifiant absolument comme la statue de pierre qu'on voyait à l'extérieur de certaines cathédrales, une femme représentant la religion juive... avec un bandeau sur les yeux. Les pauvres petits ne voient plus rien, ils n'entendent plus rien !
           
        Surprendrais-je mon lecteur ? J'avoue préférer à cette malice intellectuelle hypocrite et infernale, révoltante, du pape Jean-Paul II, qu'il a manifestée peu ou prou dans tout son pontificat, les pires turpitudes pastorales actuelles de notre inénarrable pape François ! Qui a été jusqu'à insérer liturgiquement la Pachamama dans une messe (c'est en effet ce qu'il a fait, donnant l'ordre à son maître de cérémonie durant la messe de clôture du synode d'Amazonie, de mettre un bol de terre sur l'autel où il célébrait ; or, dans le rituel païen de Pachamama, un bol de terre représente formellement l'idole, ce que François savait sûrement... Cf. https://gloria.tv/post/73iEYJeqHRrWAngqjPNd7ni8X) ! Je sais, c'est préférer la peste au choléra, mais tuediable ! Merci, François !! Voilà au moins un comportement intellectuellement clair et logique, qui nous délivre de, mille pardons, l'insupportable masturbation intellectuelle de Jean-Paul II. François, au moins, est logique avec sa perversion doctrinale. Ayant même perversité doctrinale que Jean-Paul II, il en développe logiquement les conséquences obligées dans sa pastorale, dans sa morale... et c'est une torture de moins à vivre pour le fidèle cloué à la croix de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" !
           
        Je finirais en disant que Veritatis Splendor ne peut en aucun cas être un barrage contre le mal moral contemporain et ecclésial. Le pape Jean-Paul II oppose en définitive une morale parfaitement humaniste, quoiqu'il s'en défende, à l'immoralisme humaniste. C'est donc peine perdue. Car si la morale ne trouve pas sa raison d'être en Dieu et en Dieu seul, non-acoquiné de Liberté de l'homme, elle n'a pas plus de valeur que l'immoralisme qui se passe de Dieu. C'est pourquoi il ne faut pas s'étonner de voir François, aussi moderniste que Jean-Paul II, renverser d'un revers de main brutal et méprisant le rappel moral de Veritatis Splendor par Amoris Laetitia, comme quelque chose de complètement incongrue, ce qui est parfaitement vrai. Si je pose comme base la doctrine de l'Antéchrist, il n'y a aucune raison de ne pas aller jusqu'au bout du toub, et renverser non seulement le dogme mais la morale. Il faut tout renverser, ou rien. Le positionnement de François est moins révoltant que celui de Jean-Paul II qui, tout en rejetant le dogme veut hypocritement garder la morale du bien. Greffer des bons fruits sur un mauvais arbre ne pourra jamais rendre l'arbre mauvais, bon. La pastorale de François, qui greffe de mauvais fruits sur un mauvais arbre renverse donc comme fétu de paille inconsistant la pastorale de Jean-Paul II prétendant greffer de bons fruits sur le même mauvais arbre. La pastorale de Jean-Paul II ne peut avoir aucune force et encore moins renverser la pastorale de François, car le bien soumis au mal ne peut avoir aucune force contre le mal qui fait le mal. Puisqu'elle est basée sur la même base de mal, Veritatis Splendor ne pourra JAMAIS renverser Amoris Laetitia.
           
        Veritatis Splendor est donc une encyclique de désespérés pour désespérés, ad usum desperados.
           
        ... Touch'pas à mon pote !, dit Benoît XVI de Jean-Paul II et de Veritatis Splendor. Hélas, il faut bien y toucher pour en pourfendre l'hérésie antéchristique et faire éclater et briller sur les âmes la Lumière de Dieu foudroyant radicalement les ténèbres "comme cire fond devant le feu" (Exorcisme de Léon XIII).
           
        Je tiens beaucoup à faire hommage de ma dénonciation de Veritatis Splendor à l'Enfant-Jésus en ce libérateur jour de la Noël, à deux genoux devant la crèche, ce que je fais en finissant mon article, comme très-humble acte de réparation de l'outrage et du blasphème inouïs d'impiété que lui a infligés le pape Jean-Paul II dans son Homélie de Noël 1978 abominablement illuminée du pire des illuminismes, celui de l'Antéchrist.
 
En la Fête de Noël 2019,
Emmanuel, DIEU AVEC NOUS,
Qui renverse l'antéchristique ténèbre,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
25-12-2019 11:01:00
 

À une arracheuse de dent qui ne trouvera dans ces lignes aucun mensonge…

 
 
 
À une arracheuse de dent
qui ne trouvera dans ces lignes
aucun mensonge…
 
 
 Preambulum
 
        Voici un article qui me concerne personnellement. Mais, par extension, il concerne également tous les chrétiens de nos jours qui, bon gré mal gré, sont absolument obligés, comme tout un chacun, de frayer avec les institutions démocratiques athées actuelles, lesquelles, prenons-en bien conscience, nous obligent peu ou prou à ne pas vivre notre vie sociale en chrétien, bien au contraire, à vivre socialement au rebours et même carrément contre notre Foi.
           
        Personne de mes lecteurs n'en sera surpris : aux temps affreux et terribles qui sont les nôtres, où la Vérité vraie n'intéresse quasi plus personne, mes revenus d'écrivain catholique que Dieu a consacré à la Vérité sans mélange (et qui, subséquemment, s'y est consacré usque ad mortem), sont si faibles, que j'ai été dans l'obligation de me mettre sous le régime de la Couverture Maladie Universelle (CMU). Devant me faire soigner les dents, je me suis soudain senti moralement coincé entre deux portes, violemment pris en porte-à-faux avec ce système de solidarité anonyme où l'humain digne et responsable, qu'il soit d'ailleurs le soignant ou le soigné, n'existe plus : impossible, en effet, quant au soigné qui bénéficie de la CMU, de remercier qui que ce soit pour ces soins médicaux gratuits qu'il reçoit, puisque tout ce qui est octroyé au patient, qui n'est qu'un n° de sécurité sociale, l'est à titre d'une solidarité nationale anonyme et impersonnelle... Or, la Foi et ma dignité humaine me font un devoir fondamental de remercier personnellement lorsque je reçois un don.
           
        En ayant tout-à-fait marre d'avoir toujours à vivre ma Foi et ma dignité humaine au fond de ma poche avec le mouchoir par-dessus, soigneusement cachées et occultées, j'ai, pour une fois, une rarissime fois, car il est certes fort impossible au chrétien de nos jours d'en faire plus sans risquer les pires sévices de la société libérale dans laquelle il vit, voulu porter le témoignage de la Foi au dentiste qui me soigne en tâchant de réveiller en elle, c'est une femme, de salutaires réflexions... Je lui ai donc écrit une lettre, celle que vous allez lire ci-dessous, et la lui ai remise lors d'un rendez-vous. Inutile de vous dire, ô lecteur chrétien qui me lisez, que le personnel soignant du collectif abstrait qui me soigne, n'y a... rien de rien compris sauf que c'était du négatif cassant l'ambiance, ce qu'il m'a signifié, au rendez-vous dentaire suivant la remise de ma lettre, par un visage très-fermé et réprobateur, un silence de mort, me prenant sûrement, soit pour un fou qui ne suit pas son traitement soit pour un terroriste intellectuel extrêmement dangereux, et plus certainement encore, pour... les deux à la fois !!
 
 
        À une arracheuse de dent qui ne trouvera dans ces lignes aucune mensonge,
           
        Voici la question. Qui remercier pour ces soins dentaires gratuits dont j’ai bénéficié ?
           
        En effet, il est de la dignité essentielle de l’être humain de remercier lorsqu’il a reçu un don. Le "lien social", définitionnellement, c’est le don et la reconnaissance du don. Les deux, mis en œuvre ensemble, et surtout pas l’un sans l’autre, permettent la circulation du courant social qui réchauffe, épanouit et fait vivre les humains.
           
        Supposez par exemple qu’on empêcherait quelqu’un à qui l’on fait un don, de remercier, éh bien, on le réduirait en esclavage, on attenterait gravement à son intégrité morale personnelle, on l’obligerait à vivre dans l’indignité, et, dans son cœur, on craquerait l’allumette de la haine au lieu de l’amour.
           
        Or, comme nous l’allons voir ensemble ô arracheuse de dent, TOUTE SOCIÉTÉ DÉMOCRATIQUE OBLIGE L’HOMME À VIVRE DANS L’INDIGNITÉ SOCIALE DU NON-REMERCIEMENT. C’est du reste l’une des raisons majeures pour laquelle, dans nos sociétés modernes, on n’arrête pas de parler tout azimut de la dignité de l’homme, des droits de l’homme, etc. : précisément… parce qu’on ne les vit pas, parce qu’on ne vit pas dans la dignité. Car on ne parle jamais tant d’une chose que lorsqu’on ne la possède pas et qu’on devrait la posséder ; cela obsède et on tache de s’en délivrer par la logorrhée, le matraquage verbal, comme pour exorciser le fait de ne pas la vivre. Dans l’Ancien-Régime, avant la Révolution de 1789, on ne parlait pas de dignité humaine, on la vivait, ce qui se faisait de personne à personne, et le fait de la vivre, au moins dans le principe admis (car il y eut certes beaucoup d’imperfections), rendait inutile d’en gloser, d'en bavasser, en répandant à tout vent d’inutiles coassements de grenouilles vaines, comme les médias nous en infestent et infectent journellement de manière vomitive. Comme disait le prince de Talleyrand-Périgord, un noble qui avait vécu à égale partie les deux périodes, avant et après la Révolution, et qui savait de quoi il parlait quoiqu’ayant tourné révolutionnaire : "Celui qui n’a pas connu l’Ancien-Régime, ne sait pas ce que c’est que la douceur de vivre".
           
        Revenons à la question du jour. Dans le cadre de notre société démocratique, qui dois-je remercier pour ces soins dentaires gratuits, comme il est de mon devoir de le faire ?
           
        Vous ? C’est tout-à-fait hors de question, malgré la fort grande envie naturelle que j’en éprouve en tant qu’être humain recevant des bons soins d’un autre être humain. Car bien entendu, ce n’est pas vous qui m’offrez vous-même personnellement la gratuité de ces soins dentaires. Au vrai, dans mon cas, la Démocratie ne vous considère pas comme une personne humaine responsable, elle vous donne uniquement le rôle d’être un rouage impersonnel du système, ne vous déléguant en effet nullement la mission de la représenter pour recueillir mes remerciements (remerciements qui seraient du reste parfaitement hypocrites puisque, par définition, la Démocratie c’est tout le monde, et donc, en vous remerciant, je… me remercierai moi-même). En outre, vous êtes payée par la Sécu, et on ne remercie pas quelqu’un qui est payé : il a reçu sa récompense. Pour toutes ces raisons, je ne peux donc pas vous remercier, le système démocratique tel qu’il est bâti M’EN EMPÊCHE (c’est d’ailleurs une très, très-grande violence que me fait là la Démocratie, en m’empêchant de remercier mon interlocuteur direct).
           
        Le problème, donc, vous très-anormalement exclue de mon devoir de remerciements (qu’il est contre-nature, n’est-ce pas, de ne pouvoir remercier celui qui est le maître d’œuvre principal des bons soins octroyés !), reste furieusement entier : qui dois-je bien remercier pour vivre dignement ma condition d’être social ? Pour être un acteur positif du lien social et non point négatif, comme il y en a déjà beaucoup trop ?
           
        La Sécu ? L’État ? C’est en effet eux qui vont vous allouer vos honoraires pour votre prestation de services, comme je le disais que dessus. Donc, cogitai-je un court instant, c’est eux que je dois remercier. Malheureusement, c’est formellement impossible pour deux raisons dont une seule suffirait à dirimer l’hypothèse. 1/ La Sécu et l’État ne sont que des entités juridiques abstraites. Or, un être humain ne peut pas remercier un collectif abstrait, c’est métaphysiquement impossible, il ne peut remercier qu'un autre être humain, comme lui. 2/ Et puis, et surtout, et même si la chose était possible, on ne remercie pas un simple gestionnaire. Or, la Sécu et l’État ne sont rien d’autre que des gestionnaires, des administrateurs du "bien commun" dont j’ai bénéficié pour ma petite part, ils n’en sont pas les génésiaques créateurs. On ne remercie pas des intermédiaires, sauf à leur demander de transmettre ces remerciements à qui de droit, c’est-à-dire à celui qui a créé le "bien commun"… lequel, précisément, fait l’objet de l’enquête serrée que je mène. C’est rapé-raté donc, du côté de la Sécu et de l'État.
           
        … Avouez que la question devient angoissante. Plus la quête se poursuit, et plus je me retrouve devant un grand trou noir, un abîme infernal, une nébuleuse inconnaissable…! En se triturant la cervelle, on peut encore invoquer le fameux peuple. Ah oui, oui, le peuple souverain cher à la Démocratie, dont l’État et la Sécu, donc, ne sont que mandataires. Et puis, c’est de la matière vive cette fois-ci, et non plus un collectif abstrait. Bien, je devrais donc faire mes remerciements au ci-devant peuple souverain, c’est lui le juridique mandant, lui la cause première du "bien commun", à lui tout honneur et toute gloire, et surtout… tout remerciement (je me vois déjà, au sortir du cabinet dentaire, accoster le premier quidam rencontré sur le trottoir et le congratuler avec effusion : "Ah !, merci, merci, merci infiniment mon ami, pour ces soins dentaires gratuits que VOUS m’avez si généreusement accordés !"). Mais, réflexion rapidement faite, je ne peux pas plus remercier le peuple souverain que l’État ou la Sécu. Et pour la même raison fondamentale, à savoir qu’il n’est pas plus le CRÉATEUR du "bien commun" que l’État ou la Sécu ne le sont. S’il n’en est pas le gestionnaire puisqu’il a délégué cette tâche à l’État ou la Sécu, le peuple, quant à lui, n’est qu’un usager, il ne fait pas plus qu’USER, exploiter, mettre en valeur, la matière du "bien commun", il ne le crée nullement. C’est justement là que se situe le MENSONGE DÉMOCRATIQUE, à savoir d’attribuer la cause première au peuple souverain.
           
        Rassurez-vous, nous approchons du nœud gordien à dénouer. Cela va se faire très-simplement, très-doucement, très-rapidement. Je viens d’écrire que le peuple auquel on prétend tout rapporter ne fait en vérité qu’user d’un don, le mettre en valeur, mais qu’il ne le crée nullement. Or, dans la société démocratique des "droits de l’homme", il appert qu’on se trompe bougrement et qu’on trompe son semblable en faisant systématiquement l’impasse sur ce créateur, cette cause première, du "bien commun" : on va fallacieusement et perversement l’amalgamer avec l’usager voire le gestionnaire, et ce, pour le plus grand malheur des hommes. Le premier fondement métaphysique des sociétés démocratiques est en effet que tout doit être rapporté à l’homme : tout, stricto sensu, doit tourner et retourner dans une phénoménologie humaine qui fonctionne exclusivement sur elle-même, par elle-même, en elle-même, avec elle-même, formidablement enclavée dans une pseudo-liturgie anthropocentrique, sans clef à la serrure, jusqu’à étouffement douloureux, suffocation définitive, pour le très-peu qu’on respire sa vie par le haut et non par le bas. Mais la question inévitable, inéluctable, ne peut manquer d’être posée : pour autant qu’on a démocratiquement décidé que tout doit être rapporté à l’homme, individuel ou collectif (= nation), tout PEUT-il, sans tricher avec le Réel, être rapporté à l’homme ? En l’occurrence, le "bien commun" peut-il être rapporté à l’homme comme cause première ?
           
        Prenons le cas d’un paysan qui, dans l’année en cours, a décidé d’ensemencer du blé dans son champ. Sa récolte, à terme, va contribuer à la formation du "bien commun" par l’impôt qui en sera tiré, cet impôt qui va aboutir à la gratuité de mes soins dentaires. Mais ce blé transmué en impôt, est-ce l’homme qui le crée ? Hélas ! On a pris l’habitude, dans les sociétés démocratiques, de se tromper mutuellement copieusement les uns les autres, par des formules du genre : "Cette année, Marcel l'agriculteur a fait pousser du blé dans son champ". Et TOUT LE MONDE, à commencer par vous j’en suis sûr, va prendre cette affirmation au premier degré. C’est-à-dire que, au premier abordage de la phrase, on va vraiment conscientiser, parce qu’on a pris le mauvais pli de raisonner exclusivement en terme d’homme-matière, en terme d’économie comptable, en terme de produit, qu’effectivement c’est le paysan qui fait pousser le blé dans son champ ; dans notre tête polluée, obstruée, par les "droits de l’homme", tout tourne, avant même d’y réfléchir, dans une sphère humaine qui prétend s’autocréer et vivre par elle-même. Comme si la puissance de vie résidait DANS l’homme. C’est là que se situe le terrible MENSONGE qui tue l’âme humaine. Réfléchissez en effet à la susdite formule qui veut que le paysan fait pousser du blé dans son champ. Si vous allez enquêter auprès de Marcel l'agriculteur, il vous dira, en écarquillant les yeux : "Ben non, c’est pas moi qui fais pousser la semence, je l'ai simplement chu à bas, et elle a poussé".
           
        L’enquête contradictoire avance, n’est-il pas ? Notre brave paysan vient de nous affirmer que ce n’est pas lui qui fait pousser la semence de blé, laquelle va produire cent pour un, et, multipliée par toutes ses consœurs, cousines et parentèles, je veux dire tout ce qui peut donner du fruit dans la nature et dans tous les domaines de l’activité humaine, va donner le Produit National Brut, le PNB. En vérité, cela semble tellement évident que ce n’est pas le paysan qui fait pousser le blé dans son champ… maintenant qu’on réfléchit un peu à la formule (= et que donc l’impôt qui en est tiré, formateur du "bien commun", n’est pas créé par l’homme) ! Mais avant d’y réfléchir, était-ce si évident ? On a tellement l’esprit déformé par l’humanisme intégral ambiant, démocratiquement imposé…! Même chose, plus démonstratif encore, avec la très-choquante formule : "on a fait un enfant". Tuediable, rien que ça ! Personnellement, mais détrompez-moi si je m’abuse, je ne connais pas un seul père qui a fabriqué son spermatozoïde conquérant dans une éprouvette, et ce n’est pas non plus sa femme qui le lui a fabriqué…!
           
        Alors, la question, qui s’affine, se précise, devient la suivante : QUI fait pousser la semence dans le champ du paysan, QUI donne la puissance de vie qui fait germer, c’est-à-dire, au bout de la chaîne sociale, QUI crée le "bien commun", et, pour en rester à mon problème, QUI a créé la gratuité de mes soins dentaires ? Là, morsangbleu, je commence à être drôlement intéressé, parce que je sais que c’est CELUI-LÀ que je vais devoir remercier au premier chef et qu’enfin, enfin, mon âme va pouvoir se libérer en accomplissant son devoir social de remerciement du don, et que ce remerciement couplé au don lui-même va générer en elle l’amour, moteur spirituel premier de l’être humain.
           
        Deux typologies de réponses à la question posée se bousculent au portillon :
           
        1/ Celle du gnostique illuminé qui s’imagine que le monde s’est autocréé, et qu’il continue de le faire, et que c’est éternel. Sa réponse, à lui, donc, gnostique, c’est que ladite "puissance de vie" qu’on a discernée être la cause première du "bien commun", est créée par le monde lui-même, autrement dit que le monde la possède de manière immanentiste, de soi, ex se (je devrais donc remercier… le monde). En vérité, celui-là est ou bien fou ou bien il pèche gravement contre le Saint-Esprit, c’est-à-dire contre le bon sens et l’évidence des choses. Même Voltaire, qui n’était pas précisément un homme pieux (c’est parler par antiphrase), avait écrit : "Je ne conçois pas d’horloge sans horloger". Cette affirmation voltairienne d’ailleurs, notez-le bien, n’est même pas un raisonnement : c’est juste un fait constaté. Et, sous peine de folie, on n’argumente pas contre un fait, contra factum non argumentum comme disent les scolastiques.
           
         Mettez en effet un Airbus A 380 en pièces détachées dans un hangar à soufflerie, actionnez la soufflerie, et revenez dans cent milliards d’années. Y a-t-il une seule possibilité pour que vous retrouviez ledit Airbus A 380 assemblé et en état de marche ? Poser la question, c’est y répondre. Or, qu’est-ce que la complexité d’un Airbus A 380 à assembler par rapport à l’extraordinaire planète bleue à créer harmonieusement, qui frappe de stupeur et d’émerveillement les astronautes quand ils la contemplent du haut des cieux, tellement elle est belle (et, contrairement à l’Airbus, la planète bleue n’est pas à créer une seule fois, fixiste, au début de tous les Temps, mais elle se crée tous les jours, que dis-je, chaque seconde qui passe, car prenez bien conscience, ô arracheuse de dent, que la création du monde, c’est une création PERMANENTE parce que c’est de la vie à l’état pur et non de la matière morte, et elle s’opère formellement au moment où j’écris ces lignes et, de nouveau, à celui, différent, où vous les lirez !) ? Qu’est-ce que le hangar à soufflerie par rapport aux milliards de lois physiques qui se contrebousculent dans l’univers ? RIEN, strictement RIEN. C’est la finitude par rapport à l’infinitude.
           
        Impossible, donc, de supposer notre monde sans un Créateur tout-puissant. Et tout-puissamment bon, puisque ce qu’Il a fait à l’origine et ce qu’Il continue de faire en même temps tous les jours, est bel et bon à ma nature. Pour expliquer le deus ex machina, les dernières avancées scientifiques parlent à présent de l’Intelligent Design, c’est-à-dire que les meilleurs savants actuels, en utilisant les technologies les plus avancées, et du reste grâce à elles, en sont parvenus, sous peine de forfaiture, à devoir scientifiquement prendre en compte un Dessein intelligent bien présent dans tout l’univers, mais cependant extrinsèque à lui… Intelligent Design, voilà qui tintinnabule mieux à l’oreille moderne que Dieu-Créateur qui fait trop simple (pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué), et surtout, bien sûr, beaucoup trop pieusard.
           
        Mais, pour en revenir à notre problème, en vérité vraie, si, selon cette première hypothèse, le monde s’autocréait lui-même sa "puissance de vie", alors convenez que mon devoir de remerciement social pour mes soins dentaires gratuits, devrait s’adresser d’abord à… moi-même, en tant qu’étincelle active et participative du monde pan-cosmique actuellement existant ! Ou bien : je ne devrais de remerciement à personne, puisque, en tant que partie du Grand-Tout, c’est moi qui me créerai moi-même… et cependant sans le savoir (!), ce bien social que… je n’ai pourtant pas créé dans l’acte, in actu ! Ou encore et enfin : je devrais des remerciements à tout le monde… moi y compris. Et les trois alternatives étant aussi valables l’une que l’autre, il me serait rigoureusement impossible de choisir l’une d’icelles pour satisfaire à mon devoir de remerciement… que je ne pourrai donc pas accomplir quoiqu’ayant à le faire (on est en pleine folie totale, complètement aliénante, où l’humain est moralement cadenassé avec menace grave d’implosion-explosion, remarquez-le avec soin…).
           
        2/ La réponse de l’homme digne qui n’a abdiqué ni son intelligence, ni son bon sens, ni non plus la faculté la plus haute de son être, qui lui révèle Dieu : celui qui donne la puissance de vie à la semence, qui crée le PNB que les hommes ne font que communautairement mettre en valeur, c’est Celui qu’on appelle le Bon Dieu. La réponse à la question objet de cet articulet est donc en vérité tellement simple, tellement primaire, tellement basique, que le démocrate est… tout-à-fait incapable d’y penser : ce Créateur de toutes choses, et très-notamment du PNB, et donc de l’impôt qui en découle, et donc de mes soins dentaires gratuits, c’est Celui qui est appelé le Bon Dieu.
           
        Fin de l’enquête (et son complet succès, veni, vidi, VICI !). Je sais donc maintenant QUI je dois remercier (car le remerciement d’une personne ne peut se faire qu’à une autre personne, et Dieu est un Être personnel ; on est même ontologiquement comblé puisque, familialement, il y a trois Personnes en Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit...), et bien sûr je le fais, en votre présence littéraire si je puis dire : "Mon cher Bon Dieu, je Te remercie affectueusement, avec une reconnaissance sans détour et aimante d’enfant, de ces soins dentaires gratuits que Tu m’accordes libéralement, j’en avais bien besoin. Amen, ainsi soit-il. Et au passage, répands s’il Te plaît Tes meilleures-meilleures bénédictions sur mon arracheuse de dent, elle en a sûrement fichtrement besoin, comme tout un chacun en ces temps modernes spirituellement émasculés, dévirilisés".
           
        Voilà, en partie grâce à vous, j’ai réussi à remplir mon devoir social, ce qui n’est pas vraiment facile, et quant à vous… votre grande pénitence est finie (à chacun son tour !).
           
        Je vous souhaite une très-bonne continuation.
Un théocrate.
           
        PS : Le "lien social" dont on se gargarise tant de nos jours, parce qu’il s’effiloche, s’effrite, se fissure, se désagrège dans l’angoisse et la frayeur (forcément ! on a rejeté Celui qui en est la base !), est fondé, dans l’Ancien-Régime ou société Très-Chrétienne (= avec un roy-père représentant Dieu dans la vie des hommes), sur l’Amour-charité. C’est-à-dire que c’est de personne responsable à personne responsable que ce lien se crée, du plus petit au plus grand niveau (c’est, je l’ai dit plus haut, le don et la reconnaissance du don qui fondent le lien social véritable : or, ceci ne peut exister que de personne à personne). Il en est bien autrement dans les sociétés démocratiques. On a remplacé l’Amour-charité par la solidarité, mais on a gardé le mot, "lien social". Est-ce la même chose ? Certainement pas ! À étiquette identique sur le bocal, contenu tout différent. La solidarité s’adresse en effet non pas à des personnes humaines mais à des animaux sociaux ou des robots mécanisés ou des fantômes phantasmatiques, comme on veut, avec toute la palette intermédiaire des mixtures, extrêmement réjouissante. Car tout, dans le module solidaritaire, humanitaire, est obligé et obligatoire. Or, rien n’est plus contraire au fondement le plus profond de l’homme, à savoir la liberté responsable mue par l’Amour. Dans une telle société, il ne peut donc plus y avoir d’homme libre ; et comme il ne saurait exister d’hommes sans être… libre, c’est affreusement, épouvantablement, abominablement dire que, dans toute société démocratique, IL N’Y A PLUS D’HOMMES DU TOUT (et, faut-il le dire, pas plus de femmes). Cette solidarité mécanique qui TUE l’être humain dans ce qu’il a de plus intimement profond aboutira, universellement imposée, à ce qu’on appelle la société du "big brother", laquelle s’avance à grands pas, elle mènera au pire du pire, avec un grand Dictateur mondial (Hitler, à côté, c’est un gentil enfant de chœur, un falot-pâlot thuriféraire de sacristie).
Postface
           
        Relisant mon texte où je tâche de montrer que Dieu le Père est à l'origine de tout ce qui est nécessaire à la vie de l'homme ici-bas et qu'Il le lui donne avec libéralité et grand amour, il m'apparaît bon de le compléter, en guise de Postface, par l'Évangile qui l'éclaire singulièrement par la Parole divine de Jésus, qu'on lit en Matth VI, 24-34 : 
           
        "Nul ne peut servir deux maîtres ; car, ou il haïra l'un et aimera l'autre, ou il s'attachera à l'un et méprisera l'autre. Vous ne pouvez servir Dieu et Mammon.
           
        "C'est pourquoi Je vous dis : Ne vous inquiétez pas, pour votre vie, de ce que vous mangerez ; ni pour votre corps, de ce dont vous serez vêtus. La vie n'est-elle pas plus que la nourriture, et le corps plus que le vêtement ? 
           
        "Regardez les oiseaux du ciel: ils ne sèment ni ne moissonnent, et ils n'amassent pas dans des greniers ; et votre Père céleste les nourrit. N'êtes-vous pas beaucoup plus qu'eux ? 
           
        "Qui de vous, en se tourmentant, peut ajouter une coudée à sa taille ? 
           
        "Et au sujet du vêtement, pourquoi vous inquiéter ? Considérez comment croissent les lis des champs : ils ne travaillent ni ne filent. 
           
        "Cependant Je vous dis que Salomon lui-même dans toute sa gloire n'a pas été vêtu comme l'un d'eux. 
           
        "Mais si Dieu revêt ainsi l'herbe des champs, qui existe aujourd'hui, et qui demain sera jetée dans le four, combien plus vous-mêmes, hommes de peu de foi ! 
           
        "Ne vous inquiétez donc pas, en disant : que mangerons-nous, ou que boirons-nous, ou de quoi nous couvrirons-nous ? 
           
        "Car ce sont les païens qui se préoccupent de toutes ces choses ; mais votre Père sait que vous avez besoin de tout cela. 
           
        "CHERCHEZ DONC PREMIÈREMENT LE ROYAUME DE DIEU ET SA JUSTICE, ET TOUTES CES CHOSES VOUS SERONT DONNÉES PAR SURCROÎT. 
           
        "Ne vous inquiétez donc pas du lendemain, car le lendemain aura soin de lui-même. À chaque jour suffit son mal".
 
 
 
 
08-12-2019 14:07:00
 

Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...?

 
 
 
Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...?
 
           
        Mes lecteurs me connaissent. Je n'ai pas l'habitude des circonlocutions et autres périphrases en face des questions très-graves qui attaquent mortellement notre Foi catholique et mettent en péril notre salut, je commence au contraire par donner immédiatement la réponse de Foi et de Vérité qui libère l'âme fidèle. Les explications, éventuellement longues et détaillées, viennent après. Parce que, devant un feu violent qui se déclare, il s'agit de commencer par jeter de l'eau dessus tout-de-suite, pas de discuter sur la taille des seaux à prendre pour l'opération.
           
        Voici donc la réponse à la question posée en titre : NON, dans l'ordre théologique, un schisme est absolument et rigoureusement impossible de nos jours, en l'état actuel de l'Église.
           
        Pour le bien comprendre, voyons d'abord la définition exacte du mot schisme, ainsi formulée dans le Droit canon de 1917 : "Celui qui refuse d’être soumis au Pontife suprême ou qui ne veut pas accepter la communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis, est schismatique" (can. 1325 § 2). On pourrait définir le schisme comme une hérésie d'obédience ; ou encore, un péché contre l'Église-Corps quand l'hérésie est un péché contre l'Église-Âme.
           
        La question d'un schisme se résout donc très-simplement : tout fidèle catholique qui se sépare du pape légitime actuel, est schismatique. Or, au moment où j'écris ces lignes et à celui où vous les lirez ô lecteur, le pape légitime actuel, de notoriété ecclésiale universelle publique valant formellement fait dogmatique (et tout fait dogmatique est doté de l'infaillibilité), est Jorge-Mario Bergoglio. Il satisfait en effet à la règle prochaine de la Légitimité pontificale que j'ai exposée en long et en large dans mes nombreux écrits sur la question, très-notamment dans l'avant-dernier article du Blog (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/pot-pourri-dans-un-pourrissoir-ecclesial?Itemid=483), à savoir : la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ sur un tel, actée par la majorité canonique des cardinaux (2/3 + 1), que je ne fais qu'énoncer brièvement ici et sur laquelle je ne reviendrai pas.
           
        Donc, le syllogisme est très-simple : puisque la Foi fait obligation formelle à tout catholique véritable de professer que François est le pape légitime actuel de l'Église catholique, le schisme actuel se définit ainsi : aux jours d'aujourd'hui, tout fidèle qui refuse de faire obédience au pape François fait schisme formel, est schismatique.
           
        ... C'est ici que commence le gros, l'énorme, problème. Car le pape François manifeste l'hérésie dans son Magistère ecclésial autorisé, de soi formellement doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel pontifical lorsqu'il s'adresse à l'Église Universelle (cf. Dom Paul Nau)... ce qui est, hélas, une grande proportion des cas où l'on enregistre de l'hérésie dans son Magistère bergoglien (très-notamment, par exemple, dans l'encyclique extrêmement hétérodoxe d'Amoris Laetitia).
           
        Pour cette raison catholique, des élites conservatrices de l'Église actuelle seraient tentées de faire schisme, en allant volontiers chercher le "pape émérite", Benoît XVI, pourtant fort âgé, pour remplacer François. Dans leur désir, en soi édifiant, de se séparer de l'hétérodoxie doctrinale du pape François, et même de son apostasie (en allant, pour les plus engagés d'entre eux, jusqu'à vouloir déclarer préalablement l'invalidité, soit de son élection au Siège de Pierre, soit de son pontificat après une élection pontificale valide), ils rencontreraient d'ailleurs un soutien implicite, paraît-il (mais ce n'est probablement que propos de journaliste à sensation qui cherche à faire des gros sous), dans certains politiques de droite populiste genre Donald Trump, agacés, à juste titre, du gauchisme forcené et délirant de François, dont le progressisme est si ultra et fanatique qu'il subvertit non pas seulement la sphère catholique mais celle sociopolitique. Ainsi, par exemple, non seulement on voit François se déclarer pour les migrants, mais avec une préférence affichée pour les entr'iceux qui sont musulmans, dans un gaucho-coco-gauchisme politico-religieux tous azimuts absolument indécent et sans aucune retenue ni barrières de sécurité...
           
        Cependant, ces prélats conservateurs sont paralysés, ils ne vont pas jusqu'au bout de leur démarche de se séparer de François pour la bonne cause, on les voit tout-au-contraire s'évanouir complètement avant, comme étonnés eux-mêmes, apeurés, de ce qu'ils ont osé faire, et se réfugier finalement dans un "silence" post-mortem qui avait fort ému Bernard Dumont, le directeur de Catholica dont j'avais commenté l'excellent article il y a un peu plus d'un an (https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/parution-d-un-remarquable-article-sur-la-situation-de-l-eglise-sous-le-pape-francois-mon-commentaire-i?Itemid=1).
           
        Leur attitude, cependant, se comprend fort bien. Qu'ils en aient ou non conscience, la question théologique de fond qui les paralyse dans une parésie invincible est en effet la suivante : comment, par motif de Foi, faire schisme avec un pape légitime actuel qui enseigne mal l'Église Universelle, puisque, de par la Constitution divine de l'Église, il est pour elle la règle prochaine de... la Foi ?!? Et qu'il est donc impossible de toute impossibilité qu'il puisse mal l'enseigner ? Théologiquement, c'est le rond-carré dans toute sa splendeur, il est effectivement rigoureusement impossible qu'un pape puisse mal enseigner l'Église Universelle sans remettre en cause, il faut bien le comprendre, les fondements mêmes de l'Église telle qu'elle a été instituée par Jésus-Christ il y a 2 000 ans. Comme je l'ai exposé dans mon dernier article, avec le pape François nous ne sommes absolument pas, en effet, en présence d'un cas de pape hérétique en tant que docteur privé, mais en face d'un pape qui manifeste l'hérésie dont est infectée TOUTE l'Église, l'Église Universelle, depuis Vatican II (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=483). En fait, le pape François enseigne actuellement mal l'Église Universelle à partir de l'enseignement autorisé de l'Église Universelle qu'il a trouvé dans Vatican II. La boucle est bouclée. Nous mettons justement le doigt, là, je le fais remarquer, sur une situation ecclésiale-pontificale qui manifeste avec une clarté éblouissante la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à l'économie de la Passion du Christ, que donc vit l'Épouse du Christ de nos jours...
           
        C'est pourquoi il n'y aura pas de schisme. Tout simplement, parce que, théologiquement, il ne peut pas y avoir de schisme sans faire s'écrouler d'un seul coup d'un seul toute l'Église. Nous sommes en effet dans une situation de crucifixion radicale de l'Église dans laquelle faire schisme ne solutionnerait absolument rien, ne sauverait nullement l'Église, bien au contraire. Supposons en effet qu'un schisme contre François, par motif de Foi, soit ecclésialement publiquement déclaré, avec, à sa tête, Benoît XVI : ce schisme ne ferait que montrer à tout regard... la faillite complète et définitive de l'Église, rendrait évident que "les portes de l'enfer ont prévalu contre elle". En effet, ce schisme opéré par motif de Foi contre François révèlerait ipso-facto la faillite de l'Église en montrant à la face du monde entier que le pape actuel légitime, n'est pas, contrairement à la Promesse formelle du Christ, règle prochaine de la Foi pour l'Église Universelle...
           
        Les prélats conservateurs qui réagissent actuellement par motif de Foi contre les atrocités doctrinales de François dont il puise le fond dans Vatican II, ne peuvent donc aboutir à rien. C'est pourquoi, avant de rentrer dans un "silence" catatonique non moins que catacombal, on les voit tourner en rond, faire un pas en avant puis deux en arrière, puis encore deux pas en avant puis un en arrière, etc., mais, au final, dans une impuissance ecclésiale complète d'arriver à rien de rien. La contradiction radicale de leur attitude, écho très-fidèle de la radicale contradiction où est plongée l'Église Universelle elle-même, est si flagrante, si grossière, si folle même, leurs propos disant le blanc et le noir quasi en même temps, qu'elle ne manque pas d'être remarquée par plus d'un catholique resté lucide, extrêmement interloqué et même scandalisé de ces ténèbres de bouteille à l'encre, comme peut l'être tout observateur attentif de la situation ecclésiale contemporaine qui n'a pas (encore) pris conscience de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Voici par exemple quelques réactions musclées trouvées sur Internet :
           
        "La valse-hésitation des cardinaux.
           
        "L’article publié récemment sur l’attitude «schizophrénique» du cardinal Sarah, entre affirmation répétée d’un soutien indéfectible au Pape et opposition sans concession aux orientations de son pontificat, m’a valu de vives critiques. Si l’on peut comprendre la défense de ceux qui voient en lui un futur pape, ce site n’est pas le seul à exprimer une perplexité… qui vaut aussi pour d’autres hauts prélats.
           
        "Une fidèle lectrice (et catholique fidèle) résume bien le sentiment des voix hors-du-chœur : «Le Cardinal Sarah a tout d’un saint homme pourvu d’une haute spiritualité et je n’arrive pas à comprendre comment il peut rester à la Curie. J’ai lu ses trois livres qui montrent, sans jamais accuser explicitement François, qu’il est en profond désaccord avec lui. Comment un homme aussi droit peut-il rester aux côtés d’un Pape comme François ? Est-il aveuglé par la nécessité de rester fidèle au Pape quel qu’il soit ? Pour moi, cet homme est un mystère» [... ce n'est pas le cardinal Sarah qui est un mystère, c'est la situation de l'Église qui est un mystère, le mystère de la Passion du Christ...].
           
        "En juin 2018, nous écrivions : «Cher cardinal Müller : assez avec la découverte de l’eau chaude ! Agissez ! Assez de ce va-et-vient continuel et épuisant : vous dénoncez pour ensuite rassurer (mais qui ??) ; vous lancez le caillou puis vous cachez la main». Et dans cet autre éditorial nous demandions à ces Pasteurs : «Vous dénoncez des dérives gravissimes pour ensuite souligner que vous n’en avez pas après «Tizio, Caïo et Sempronio» [noms génériques donnés par les italiens pour désigner telle ou telle personne qu'on ne veut pas nommer explicitement]. Mais alors, désolé, qui est responsable des faits graves que vous dénoncez ? Qui est le pasteur : vous, ou nous ? Qui a le pouvoir de freiner ces dérives doctrinales que vous dénoncez vous-mêmes ? Maintenant, c’est au tour du cardinal Robert Sarah… D’une certaine façon on peut le comprendre, personne ne veut déclarer le schisme ; et puisque ces pasteurs courageux consultent souvent Benoît XVI… on peut peut-être se poser une ou deux petites questions… On comprend parfaitement les peurs de Müller et de Sarah, et celles de Mgr Schneider, qui, tout en étant courageusement actifs sur les lignes directrices qu’ils s’efforcent de donner, ne vont en fin de compte pas jusqu’aux conclusions...
           
        "Éh oui, les conclusions. Le fait est que nous aussi, nous aimerions que la solution de ces problèmes soit immédiate, nous aimerions que les coupables ou les responsables soient sur le banc des accusés, nous aimerions un procès qui puisse expliquer au monde entier que l’Église (une, sainte, catholique et apostolique), la vraie, celle qui a deux mille ans, n’a pas de faute, mais que le modernisme condamné par saint Pie X dans Pascendi Dominici gregis, a gagné… qu’il est entré dans l’Église et qu’il la gouverne. On voulait, on présumait, on prétendait changer l’Église, oubliant qu’il fallait que ce fût l’Église qui nous change pour nous convertir au Christ. La Babel de notre temps, qui a ouvertement et clairement renversé la Mission de l’Église dans le monde, démontre cet échec dont aucun pasteur ne veut prendre la responsabilité. Nous comprenons bien qu’aucun cardinal ou évêque, aujourd’hui, ne veut assumer la responsabilité de déclarer un schisme en état avancé… D’ailleurs si Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même permet, et même tolère, cette situation anormale et bizarre non seulement de «deux papes», mais surtout de la Babel que nous vivons, il doit y avoir une raison [... Oui !, il y a une raison ! C'est que Dieu fait vivre à l'Église la Passion du Christ !] !
         
        "Nous comprenons donc qu’on ne peut pas attendre de ces pasteurs qu’ils déclenchent des procès contre les personnes ; mais qu’ils continuent à prendre le troupeau pour des imbéciles, qu’ils continuent à y semer la confusion, qu’ils continuent à lui donner de faux espoirs… dans quel but ? Et donc, chers Pasteurs : inutile de donner des interviews tous les deux jours pour dénoncer l’enfer doctrinal qui nous submerge si vous ne placez pas également les extincteurs, destinés à éteindre les flammes dévorantes… Chers Pasteurs, cher Mgr Sarah, on a parfois l’impression que c’est vous qui alimentez le feu de la vérité, sauf ensuite à vous débarrasser de la responsabilité et des conséquences, laissant le troupeau dans les flammes des disputes… comme si nous avions, nous, le pouvoir d’éteindre cet incendie. Comme le disait Jeanne d’Arc sur le bûcher : «Tenez haut la croix, pour que je puisse la voir à travers les flammes»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/29/la-valse-hesitation-des-cardinaux/).
           
        Autre réaction similaire, d'un catholique du rang :
           
        "Les mots ont un sens s'ils sont étayés par des faits. Les mots qui sont censés ne rester que des mots sont inutiles. L'un des effets de Vatican II a été de créer une quantité effrayante de prélats qui se prennent pour des journalistes. Ils analysent et invitent. Ils commentent et réfléchissent. Ils adorent lire leur nom dans les journaux. Ce qu'ils ne font jamais, ce qu'ils pensent qu'ils n'ont pas le devoir de faire, c'est en réalité AGIR.
           
        "Les mots, sans les faits, sont plutôt vides de sens. Vous devez faire ce que vous dites qu'il faut faire. Un évêque ou un cardinal n'est pas appelé à donner des commentaires sur la Foi. Il est appelé à la défendre activement, à temps et à contretemps, et sans respect pour l'autorité quand cette autorité défie Dieu. Il n'est pas quelqu'un qui fait des commentaires au sujet du pouvoir. Il est l'un de ceux qui l'ont vraiment.
           
         "On pourrait penser que ce concept simple serait clair après 2 000 ans de christianisme. Au lieu de cela, préparez-vous pour le prochain entretien boiteux dans lequel un prélat pense que mouiller ses lèvres est la même chose que siffler [= avant de siffler, on mouille ses lèvres ; ici, l'auteur de la formule veut dire que les prélats conservateurs savent bien se préparer à siffler, c'est-à-dire dénoncer canoniquement l'hérésie de François du haut de leur autorité épiscopale ou cardinalice, mais qu'ils ne sifflent pas !, aucun d'entre eux en effet, ne fait une monition canonique publique contre François en usant de sa légitime autorité épiscopale, que représentent les deux cornes de toute mitre d'évêque, qui sont traditionnellement un héritage des deux rayons illuminant la face de Moïse...]" (http://benoit-et-moi.fr/2019/actualite/des-hauts-prelats-trop-timores.html).
           
        Parmi tous ces conservateurs, le pompon de la contradiction sans complexe semble devoir revenir au cardinal Robert Sarah, qui rafle haut-la-main le 1er accessit avec les félicitations du jury. Il a osé dire dans une récente interview : "Je suis tranquille parce que je suis très fidèle au Pape. Personne ne peut citer un mot, une phrase, un geste par lequel je m’oppose au Pape. C’est ridicule. Je suis au service de l’Église, du Saint-Père, de Dieu. Assez. Les gens écrivent des choses pour s’opposer à nous, contre le Saint-Père, contre les évêques et les cardinaux. C’est ridicule. Nous ne devons pas tomber dans ce piège. Nous devons continuer à enseigner. Ce qu’ils disent ne m’intéresse pas".
           
        Sur Facebook, un simple catholique du rang lui a vertement réajusté sa barrette cardinalice, ainsi : "Éminence, le 18 mars dernier vous avez dit que «l’Église est devenue un repaire de ténèbres». Vous avez ajouté que «l’Église meurt parce que les pasteurs ont peur de parler avec vérité et clarté» ; et encore : «Les théologiens et même les prêtres jouent à déconstruire les dogmes, en les privant de leur sens profond. Le relativisme est le masque de Judas déguisé en intellectuel». Je m’arrête ici. Je pourrais continuer jusqu’à remplir une page entière et fatiguer mes vingt-cinq lecteurs. Qui peuvent de toute façon consulter, s’ils ne l’ont pas déjà fait, vos derniers livres : «La force du silence», «Dieu ou rien» et «Le soir approche et le jour tombe déjà».
           
        "Diantre ! Tout ce que vous avez écrit est un contre-chant conscient à la dérive de l’église de Bergoglio. Point par point : le rejet du relativisme éthique déguisé en «discernement», la défense de la famille naturelle, le thème des sacrements à ceux qui ne sont pas dans la grâce de Dieu, la priorité à la défense de la vie sur celle (païenne) de la nature. Même l’accent mis sur le fait que les Africains (vous venez de ce continent, vous savez et ne proposez donc pas une image idéologique de celui-ci comme centre social) doivent être aidés en Afrique.
           
        "Et maintenant vous vous en sortez avec cette phrase : «Je n’ai jamais parlé contre le Pape François». Cela, c’est de l’hypocrisie purement jésuite, cela s’appelle ménager la chèvre et le chou. Bien sûr : vous n’avez jamais accusé DIRECTEMENT Bergoglio de quoi que ce soit. Mais tout votre travail d’évêque et de savant n’a pas SEMBLÉ par erreur, mais A ÉTÉ et EST en opposition totale à ce que Bergoglio écrit et surtout dit, quand il parle a braccio [= sans préparation, en improvisant] et se révèle pour ce qu’il est.
           
        "Éminence, soyez à la hauteur de vos idées. De quoi avez-vous peur ? De mettre votre position au Vatican en danger ? Ce serait misérable. Et vous n’êtes pas misérable. Craignez-vous que les choses s’effondrent au point de sombrer dans le schisme ? Mais, même si ce n’est pas officiel, le schisme est déjà en cours, Éminence. Les fidèles sont divisés, radicalement divisés. Et j’ajoute que c’est bien ainsi, parce que beaucoup d’entre eux, se mirant dans l’horreur du bergoglisme, ont retrouvé la Foi. La Foi vraie et forte, qui n’est pas «ouverte» au monde mais qui convertit le monde. Et donc, assez avec ce «dire et ne pas dire». Vous, Burke et Müller ressemblez à trois crabes (rouges bien sûr) qui font un pas en avant et trois pas en arrière. Ou trois «milites gloriosi» qui menacent de foncer et s’enfuient à peine une papalina [calotte papale blanche] se pointe-t-elle à l’horizon" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/25/card-sarah-trois-pas-en-avant-deux-en-arriere/).
           
        Ces prélats conservateurs, qui tournent lamentablement en rond sur eux-mêmes, qui se contredisent publiquement non moins que altièrement, sans rougir de honte et sans vergogne, dans la situation cataclysmique ecclésiale-pontificale actuelle, sont vraiment pitoyables. Je pouvais bien écrire, dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial : "Même les réactions de Foi des conservateurs contre les pires vilenies de François, laissent un mauvais goût fadasse dans la bouche, inodore, incolore et finalement sans saveur. (...) Il est trop clair que les prêtres qui réagissent actuellement, petits ou grands, quand bien même ils peuvent être et sont effectivement, pour la plupart, d'excellente volonté, ne vivent plus de la grâce de la Foi intégrale et forte, dogmatiquement bien assise. Et l'explication n'est pas à chercher au loin : ces prêtres et prélats de bonne volonté sont tous de deuxième voire troisième génération ecclésiale après Vatican II, tous ont été formatés dans le moule du concile moderne qu'on leur a enseigné à prendre comme parole d'Évangile" (fin de citation).
           
        Ces pauvres conservateurs ont un chef, il s'appelle Benoît XVI. Voici comment un journaliste italien a lapidairement résumé son attitude :
           
        "BENOÎT XVI : EXTRÊMEMENT LUCIDE EN PENSÉE, PAS TOUJOURS EN ACTES.
           
        "La paura fa novanta (= «La peur fait 90» ; idiome qui serait d’origine napolitaine, intraduisible : 90 serait un nombre associé à la peur). La peur d’un schisme. Une peur qui touche surtout les cardinaux allemands fidèles à l’Église catholique, mais malgré tout allemands et se souvenant du schisme de Luther.
           
        "Cette peur saisit aujourd’hui Benoît XVI. Et cela le maintient en suspens, entre le besoin de dire la vérité et la peur du schisme.
           
        "Le pape émérite ondoie, comme un navire dans la tempête, entre un doute et l’autre. Ainsi, un jour, il intervient en lançant un message d’apaisement, un autre, il ne peut rester silencieux, et rappelant le cardinal Meisner, adversaire explicite de Bergoglio, il en fait l’éloge et dit, franchement, ce qu’il pense : la barque de Pierre est «déjà presque renversée» ; de la même manière, un jour il sort un document sur la pédophilie dans l’Église, qui va dans la direction opposée à ce que dit et fait Bergoglio, engendrant un émoi mondial, et un autre, il se prête à une opération de pacification, comme l’interview de Massimo Franco, il y a deux jours, où il se comporte en pompier.
           
        "C’est une tergiversation qui, dans son «absurdité», n’a qu’une seule raison d’être : le doute hamlétique sur ce qui est le pire des maux : les doctrines hérétiques et le comportement trivial de l’argentin, ou bien un schisme mondial, mené par ceux qui sont las de cette «auto-démolition de l’Église à travers ses ministres» ?
           
        "Le même doute, c’est évident, traverse la conscience de son secrétaire, Mgr Gänswein, qui depuis des années s’est aussi engagé dans des déclarations manifestement critiques à l’égard de la nouvelle orientation, et dans des actes de réparation dont la crédibilité apparaît, franchement, faible. Pugnantia te loqui non vides, disaient les anciens : ne vois-tu pas, Gänswein, que tu dis des choses qui se contredisent entre elles ?
           
        "C’est dans cette façon d’agir que l’on reconnaît l’homme Benoît : l’homme doux qui croit toujours qu’il peut par la bonté réparer les choses ; qui ne fait pas usage de son pouvoir de gouvernement, quand il le possède, sauf ensuite à abdiquer, quand il réalise qu’à force de ne pas gouverner, ce sont d’autres qui gouvernent [le mot de Montaigne, montrant le talon d'Achille des grands intellectuels, convient parfaitement à Benoît XVI : "Ces infinis esprits, disait-il, qui se trouvent rognés par leur propre force et souplesse"...].
           
        "Massimo Franco, journaliste fin et honnête, nous l’a fait comprendre, en nous disant qu’il y a beaucoup d’évêques et de cardinaux qui se rendent chez Benoît pour s’exprimer sur ce qui se passe dans «l’église de Bergoglio». Il me suffit de lire entre les lignes et d’avoir dialogué avec certains de ces ecclésiastiques pour comprendre ce qui se passe dans ces rencontres : Benoît les encourage à rester fermes dans une saine doctrine, il montre qu’il souffre beaucoup lui aussi, mais il invite alors, en Allemand qui sent le poids du schisme luthérien sur ses épaules, à être patient, à ne pas «casser l’Église».
           
        "Benoît a peut-être raison, mais il se peut aussi qu’il ait tort sur ce point. Quand tellement de personnes lui ont demandé d’écarter le cardinal Tarcisio Bertone, parce qu’il nuisait à l’Église toute entière, l’homme Benoît a choisi la voie de la douceur, ou du non-gouvernement : il a laissé Bertone à sa place, lui permettant de ruiner son pontificat, puis de se recycler en électeur de Bergoglio. L’homme Benoît fait-il aujourd’hui la même erreur ? Est-il possible de sauver l’unité de l’Église en dehors de la Vérité ? Benoît XVI est-il plus utile à l’unité de l’Église en continuant à envoyer des signaux contradictoires (voir aussi ses applaudissements constants à Müller, opposant évident de Bergoglio), ou le serait-il bien plus si, élevant la voix, reconnue par tous pour son autorité, il forçait Bergoglio à arrêter le bulldozer qui, chaque jour, détruit la Tradition et creuse le fossé entre la hiérarchie et le peuple de Dieu ?
           
        "Inutile de dire que l’auteur de ces lignes est en faveur de la seconde alternative, préférant dans ce cas la parésie d’un autre Allemand courageux, le cardinal Walter Brandmüller : qui, en grand historien qu’il est, connaît bien lui aussi les divisions du passé, mais qui sait aussi que la situation actuelle est peut-être sans précédent. En fait, il ne s’agit plus seulement de mauvaises manières ou de luttes de pouvoir internes, ni même de simple hérésie : nous sommes en effet désormais face à l’apostasie" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/22/benoit-xvi-redoute-t-il-un-schisme/).
           
        APOSTASIE. L'auteur, en finale, ne peut s'empêcher, entraîné par la force de ses propres propos, de lâcher le "gros mot", la grande vérité ecclésiale de notre temps que j'ai exprimée avec soin dans mon tout dernier article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! : notre situation est une situation d'apostasie propagée par l'Église Universelle elle-même depuis Vatican II, dont les papes post-conciliaires se font, j'allais dire tout naturellement, les... porte-voix. Plus exactement dit, c'est-à-dire plus apocalyptiquement : une situation de GRANDE APOSTASIE, puisque non seulement le monde la manifeste, mais, horresco referens, l'Église aussi, la manifeste, comme l'a fort bien vu et dit Benoît XVI lui-même quant aux mauvaises mœurs des clercs contemporains, en donnant pour cause formelle de ces mauvaises mœurs généralisées, l'absence de Dieu (= apostasie) dans l'Église elle-même : "C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles" (Notes, II, 2).
           
        Nous sommes donc bel et bien en présence de la GRANDE APOSTASIE, celle annoncée par saint Paul comme devant accompagner l'arrivée de l'Antéchrist-personne dans notre monde, laquelle arrivée se fera sur "le siège de Rome" a révélé très-pudiquement la Reine des prophètes à La Salette il y a plus d'un siècle et demi ("Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist"), autrement dit, sans voile : "SUR LE SIÈGE DE PIERRE". Et le pape François est une affreuse préfigure et prophétie de ce que, au niveau du prêche doctrinal, fera l'Antéchrist-personne lorsqu'il sera assis sur le Siège de Pierre, il est déjà cette "voix de dragon" dénoncée par l'Apocalypse dans l'Antéchrist-personne, quoique toujours "Agneau", c'est-à-dire Pontife légitime. L'Antéchrist-personne sera en effet légitimement intronisé comme dernier pape de l'Église dans son économie du Temps des nations par des cardinaux de mauvaise doctrine nommés par François et corrompus à peu près au même antéchristique degré que lui, il n'est que de voir le profil des treize nouveaux cardinaux que François va créer le mois prochain, dont certains sont écolo-cocos et d'autres carrément pro-gays (cf. mon grand article sur le sujet : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf) !! Et ces mauvaises créations de cardinaux ne datent pas d'hier. Je rappelle ici la saillie inspirée de l'abbé Fröehly, ce simple curé de campagne qui tenait un petit bulletin tradi de tendance sédévacantiste, dans les années 1965-85 ; il écrivait ceci dans l’une de ses Semaine paroissiale, c'était dans les premières années du pontificat de Jean-Paul II : "... Un prêtre abonné [à mon bulletin] m’écrit ces jours-ci que Notre-Dame de La Salette n’était pas sédévacantiste. Elle n’a jamais dit que le Siège serait vacant. Elle a dit qu’il serait occupé par l’Antéchrist. APRÈS TOUT, POURQUOI PAS, S'IL EST RÉGULIÈREMENT ÉLU ? ET POURQUOI NE LE SERAIT-IL PAS, AVEC LE PERSONNEL QUE LE PAPE POLONAIS MET EN PLACE ?" (La Semaine Paroissiale, n° 1002, 18.XII.83).
           
        J'aimerai maintenant revenir sur un point important, pour continuer à clarifier le plus parfaitement possible l'affreuse situation ecclésiale-pontificale actuelle. Pour cela, je vais adopter par hypothèse la pensée des conservateurs, à savoir que François serait hérétique seulement en tant que docteur privé, et non comme docteur universel des catholiques, comme il l'est cependant indubitablement. Si François était hérétique seulement en tant que docteur privé, alors la question d'un schisme par rapport à lui serait très-différente, et même complètement opposée. En effet, si François n'était qu'un "pape hérétique en tant que docteur privé, cas isolé et individuel, chancre certes cancéreux mais en définitive bénin et de courte durée, dans une Église Universelle qui resterait immuable par ailleurs, exempte, quant à elle, de toute hérésie, entièrement pure, non-contaminée et parfaitement sainte sur le plan doctrinal", comme je l'écrivais dans mon dernier article, alors, ceux qui voudraient se séparer de lui à cause de son hérésie personnelle, loin d'être dans une position de schisme séparant de l'Église, seraient tout au contraire les glorieux mandataires de l'Église Universelle désirant rejeter de son sein immaculé un sujet mauvais et contaminé par Satan.
           
        Dès lors, leur combat contre un pape hérétique en tant que docteur privé, loin de finir dans les marécages sordides où nous les voyons finir actuellement avec François, aboutirait inéluctablement et glorieusement, tout au contraire, à la proclamation ecclésiale universelle de la déchéance dudit pape hérétique en tant que docteur privé, indigne du Pontificat suprême, déchéance solennellement prononcée par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers + 1, qui, seule, dans cette dite majorité canonique, peut déchoir un Pontife romain personnellement indigne (seuls, en effet, je le rappelle, les cardinaux de la sainte Église romaine sont de droit divin habilités à désigner positivement le Vicaire actuel du Christ, ou, négativement, à lui retirer la matière du Souverain Pontificat, ce qui a pour effet direct et immédiat de lui retirer également sa forme, à savoir l'Autorité divine pontificale : car qui a pouvoir pour faire un pape, a aussi pouvoir pour défaire un pape ; et lui seul l'a). Si François était un pape hérétique en tant que docteur privé, alors, en fait, ce serait en quelque sorte lui le schismatique par rapport à l'Église Universelle. Ceux qui lutteraient contre lui seraient dans le camp de l'Église Universelle. Et la victoire leur reviendrait assurément, inéluctablement, tôt ou tard.
           
         Notre cas est apocalyptiquement extrêmement différent : François est hérétique en tant que docteur universel des chrétiens (seulement matériellement bien sûr, la Providence le voulant ainsi pour que l'Église épouse l'économie de la Passion du Christ "fait péché [matériel] pour notre salut" -II Cor V, 21- ; sinon, si François, et d'ailleurs avec lui tous les papes modernes, étaient formellement hérétiques en tant que docteurs universels des chrétiens, alors cela signifierait ipso-facto que "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église"). En telle occurrence, la note anathématisante de schisme est sur la tête... des défenseurs de la Foi, puisqu'ils sont positionnés contre un pape qui professe l'hérésie en tant que docteur universel des chrétiens, suppôt direct et immédiat de l'Église Universelle ! Il y a donc, un enfant du premier catéchisme le comprendrait, impossibilité théologique absolue que les défenseurs de la Foi puissent jamais triompher d'un pape qui professe l'hérésie dans sa fonction de docteur universel des chrétiens, ce serait, s'il y avait pour eux gain de cause et triomphe, la preuve que le Saint-Esprit, contre la formelle promesse du Christ, n'assiste pas le Vicaire du Christ dans cette dite fonction de docteur universel des chrétiens. Et donc la preuve que l'Église Universelle ferait par-là même faillite radicale et définitive, qu'elle ne serait pas de Constitution divine. Mais en fait, notre situation n'est pas celle que je viens de dire pour suivre le raisonnement théologique, elle est celle-ci : François manifeste matériellement l'hérésie en tant que docteur universel des chrétiens, ce qui est synonyme de crucifixion de l'Église ; le combat spirituel des défenseurs de la Foi devrait donc, s'il aboutissait, devoir révéler cette situation, et rien d'autre.
           
        Au début du siècle dernier, sous le pontificat du pape Pie X, était paru un livre, Il Santo, écrit par un moderniste italien, Fogazzaro. Ce moderniste très-ardent et convaincu décrivait, avec, il faut bien l'avouer, une vue des plus prophétiques, la pénétration de l'Église par la subversion moderniste victorieuse. Mais il n'avait pas pu imaginer jusqu'où irait l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, il fut à cent lieues de conjecturer que cette subversion serait générée... par le pape légitime lui-même, à partir du Siège de Pierre !! Fogazzaro s'était au contraire imaginé d'innombrables clercs de l'Église catholique tous secrètement inféodés au modernisme mais restant en place sans apparaître au for externe convertis à l'hérésie, autrement dit des crypto-modernistes, et puis, un pape très-catholique qui, aux termes d'enquêtes inquisitrices serrées contres les modernistes, se serait soudain rendu compte qu'ils étaient tellement nombreux dans l'Église, qu'il lui devenait impossible de tous les excommunier sans porter atteinte à l'Église elle-même, et puis encore et puis enfin, ce pape, découragé, épouvanté, ne pouvant que lâcher le bon combat, le bonum certamen dont parle saint Paul, céder devant la puissance trop grande du mal... Et le mal aurait ainsi triomphé, par la bande. Voici comment notre Fogazzaro s'exprimait : "... Maçonnerie catholique ? Oui, maçonnerie des Catacombes ! Vous avez peur, monsieur l'abbé ? Vous avez peur qu'on ne tranche trop de têtes d'un seul coup ? Et moi, je vous dis : Où est la hache qui donnerait un coup pareil ? Isolément, tous peuvent être frappés ; aujourd'hui, le professeur Dane, par exemple ; demain, dom Faré ; après demain, dom Clément. Mais le jour où l'imaginaire harpon de M. l'abbé Marinier pêcherait, attachés par un fil, des laïques de marque, des prêtres, des moines, des évêques, peut-être des cardinaux, quel sera, dites-moi, le pêcheur, petit ou grand, qui, d'effroi, ne laissera pas retomber dans l'eau le harpon et le reste ?"
           
        Cependant, la réalité apocalyptique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint que nous vivons présentement dans "l'aujourd'hui de l'Église", nous autres cathos de la fin des temps, est d'une gravité extraordinairement plus grave que n'avait pu l'imaginer notre moderniste Fogazzaro dans ses impiétés et ses délires les plus fous ! Est en effet contaminé par le modernisme ou l'antéchristisation de la Foi, non pas de très-nombreux "membres enseignés" de l'Église quand le "membre enseignant" principal resterait pur de toute contamination, mais est contaminé au premier chef, c'est bien le cas de le dire, le "membre enseignant" par excellence, à savoir le pape lui-même soi-même, quand la sanior pars des "membres enseignés" reste, quant à elle, non-contaminée ! Ceux qui, en effet, sont aujourd'hui pris d'effroi devant l'ampleur cataclysmique du mal pénétrant jusqu'aux "veines de l'Église" (pape Pie X, à propos du modernisme), jusqu'à, effrayés, laisser "retomber dans l'eau le harpon et le reste", ce sont de nombreux "membres enseignés" par le Vicaire du Christ actuel, constatant dans l'effroi, et tétanisés dans ce constat, que la subversion antéchristique dans l'Église est le fait du pape moderne lui-même soi-même !! C'est là tout le problème éprouvé par nos prélats conservateurs actuels...
           
        Dès lors, il n'y a ecclésialement plus rien à faire. Comme il n'y avait plus rien à faire, sauf à faire tout dans le Mystère de la Rédemption, pour ceux qui étaient et demeuraient courageusement, immobiles, tremblants de douleur compassionniste, au pied de la Croix où le Christ était pendu, sans retour possible de dépendaison, POUR NOTRE SALUT. Et c'est la véritable situation de notre Église catholique, de nos jours : elle aussi, en tant qu'Épouse co-rédemptrice du Christ, est pendue au bois de la croix d'ignominie, ... et quelle ignominie affreuse puisqu'elle est le fait du pape !, POUR NOTRE SALUT. Et nous devons l'assister, continuer à le faire, tel saint Jean l'Apôtre au pied de la croix, que j'ai, pour cette raison, pris pour saint-Patron de mon site sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Le poisson pourrit par la tête, dict-on. Or, le symbole de reconnaissance des chrétiens entre eux, dans le premier christianisme persécuté par le monde gréco-romain antique, était le poisson. Et la tête du poisson chrétien, c'est le pape. C'est pourquoi, à l'heure de la mort mystique de l'Église dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre, le poisson chrétien pourrit par le pape.
           
        La Papauté de notre temps de la fin des fins est un grand mystère. Comme le faisait remarquer le simple fidèle que j'ai cité tout-à-l'heure, il y a "deux papes" de nos jours apocalyptiques, "situation anormale et bizarre". Benoît XVI a eu beau démissionner le plus canoniquement du monde, contrairement à ce que, parmi les conservateurs, voudraient croire et faire accroire certains extrémistes tentés par l'orgueil sédévacantiste et ne connaissant pas leur théologie, il fait toujours figure de pape actuel. Et effectivement, n'a pas tout faux partout celui qui pense qu'il y a deux papes de nos jours. Comme je l'exprimais quelque peu dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial, la Papauté de la fin des temps est en effet à la fois crucificateur de l'Épouse du Christ et en même temps crucifiée avec l'Épouse du Christ. Les adeptes de la "survie de Paul VI", voyant dans ce dernier un pape crucifié avec l'Épouse du Christ, n'avaient pas complètement tort, ils se sont juste trompés sur le pape qui devait être crucifié dans le cadre de l'Église de la fin des temps, et ils se sont trompés aussi, beaucoup plus gravement cette fois-ci, sur le fait que le pape de la fin des temps doit également crucifier l'Église.
           
        Malgré la démission tout ce qu'il y a de plus canonique de Benoît XVI, il resterait en quelque sorte pape lui aussi, comme pape crucifié avec l'Épouse du Christ, quand François serait pape crucificateur de l'Épouse du Christ. Il y aurait donc dans notre Église contemporaine, deux papes, au moins sur un plan mystique. N'en soyons pas surpris. Les choses hors-temps de la fin des temps rendent possibles ce que la théologie stricte interdit formellement. J'ai condamné dans mon avant-dernier article la position de ceux qui, tel le bouillant curé italien Dom Minutella, professent que Benoît XVI est le seul pape actuel et que François ne l'est pas, mais c'est très-différent si l'on dit que Benoît est toujours pape et que François l'est également. Cependant, une fort belle page de Bossuet va nous expliquer comment cette situation est possible. Dans une de ses nombreuses Lettres, on le voit en effet se poser cette question : "Comment l'Église est-elle son corps [du Christ] et en même temps son épouse ?" Et il répond très-savamment : "Il faut adorer l'économie sacrée avec laquelle le Saint-Esprit nous montre l'unité simple de la vérité par la diversité des expressions et des figures [ce qu'illustre magistralement le fait que, dans la Messe, le Christ est à la fois le Prêtre du Sacrifice et le Sacrifice lui-même]. C'est l'ordre de la créature de ne pouvoir représenter que par la pluralité ramassée, l'unité immense dont elle est sortie ; ainsi, dans les ressemblances sacrées que le Saint-Esprit nous donne, il faut remarquer en chacune le trait particulier qu'elle porte, pour contempler dans le tout réuni le visage entier de la vérité révélée ; après, il faut passer toutes les figures pour connaître qu'il y a dans la vérité quelque chose de plus intime, que les figures ni unies ni séparées ne nous montrent pas ; et c'est là qu'il se faut perdre dans la profondeur du secret de Dieu, où l'on ne voit plus rien, si ce n'est qu'on ne voit pas les choses comme elles sont. Telle est notre connaissance, tandis que nous sommes conduits par la foi" (Lettre de Bossuet à une personne de piété, t. XXXVIII, p. 378, sq., dans l'édition de Versailles, citée par Rohrbacher dans son Histoire universelle de l'Église catholique, t. XXI, p. 160, sq.).
           
        Il m'est plus facile, après lecture de cette page très-inspirée, de conclure que notre papauté actuelle est toujours UNE, mais qu'elle a besoin de deux suppôts humains pour manifester "les deux traits si particuliers qu'elle porte" et qui la caractérise à la fin des temps. Or, ces deux traits sont extrêmement contradictoires puisqu'ils manifestent en plein la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à la Passion du Christ, ils consistent en ce que le pape UN de la fin des temps doit à la fois et en même temps être crucificateur de l'Épouse du Christ, mais encore être crucifié avec l'Épouse du Christ. Ces deux traits sont si contradictoires disais-je, qu'une seule personne humaine de pape ne pouvait les manifester à elle toute seule, il fallait donc deux personnes de pape pour les manifester l'un et l'autre... C'est pourquoi nous avons, sur le plan mystique, un Benoît XVI toujours pape, quand bien même cela contredit le plan strictement théologico-canonique qui voudrait qu'il ne le soit plus. Le pape crucificateur de l'Épouse du Christ (qui s'avère être François) ne pouvait pas en même temps être le pape crucifié avec l'Épouse du Christ (qui s'avère être Benoît). Mais les deux composantes de la papauté de la fin des temps doivent absolument être représentées, et c'est pourquoi il y a deux papes lorsque l'Église vit sa fin des temps propre et personnelle, et c'est la situation qu'on enregistre effectivement de nos jours.
           
        Le grand mystère de la papauté actuelle, à la fois double mystiquement et une théologiquement, est ressenti très-fortement dans le tréfonds des âmes, même quand c'est seulement inconsciemment. Ce ressenti est en effet si fort qu'il touche aussi, à sa façon certes galvaudée, les âmes des... mondains de ce siècle ! On voit par exemple les gens du spectacle s'être saisis de cette situation bi-pontificale très-anormale dans l'Église actuelle, pour en faire, déjà dès maintenant, dès avant la mort des deux papes ou de l'un deux seulement !!!, un... film, "The two Popes". Ce film, d'ores et déjà terminé, qui sera probablement un pénible et énervant nanar, un de plus, est présenté ce mois-ci au festival de Toronto ! Le scénario est complètement idiot et tartuffe, comme il fallait certes s'y attendre de scénaristes qui n'ont pas la Foi, il s'inscrit dans ces thrillers débiles très en vogue dans les années 2000 où le Vatican est le "méchant" qui cache un secret gnostique inavouable propre à détruire radicalement la crédibilité de l'Église (par exemple, que Jésus a eu un enfant avec la pécheresse Marie-Madeleine, et, ô tremblement, catalepsie & damnation !, qu'il y a un descendant actuel de cet enfant !!! Du Da Vinci code, quoi...), mais il a le mérite de montrer à quel point la situation bi-pontificale de l'Église actuelle frappe les esprits, remue nos contemporains... et à juste titre.
           
        S'ils voulaient réveiller en eux des réflexes et des réflexions catholiques, ils comprendraient que cette situation absolument unique et inédite dans les annales de l'Église depuis sa fondation il y a 2 000 ans par Notre-Seigneur Jésus-Christ, révèle que l'Église vit sa Passion et sa fin des temps ultimes. En tous cas, les scénaristes sachant surfer sur la vague des sentiments forts qui frappent les foules (pour faire des films à succès qui rapportent  gros !), cela montre à quel point cette situation ecclésiale bi-pontificale remue les âmes contemporaines. Il y a un fond de vrai même dans le synopsis imbécile du film : un secret terrible et redoutable se cache effectivement derrière cette bipolarisation pontificale actuelle. Mais ce secret n'a rien de gnostique, il est tout simplement que l'Église vit la Passion du Christ usque ad mortem, ce qui prophétise l'imminence du règne de l'Antéchrist-personne. Depuis les deux papes, depuis 2013 donc, l'Église vit en effet ce fameux Ausnahmepontifikat évoqué fort adroitement et très-intelligemment par Mgr Gänswein, le secrétaire particulier de Benoît XVI, dans une mémorable conférence que j'ai relatée dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial, c'est-à-dire un pontificat manifestant un état (ecclésial) d'exception. Et quel état ecclésial d'exception !!! Puisqu'il s'agit rien moins que de la Passion de l'Église devant, au final, sous le règne maudit de l'Antéchrist-personne, engendrer sa mort dans son économie de salut actuelle... 2013 est l'Heure (l'heure des méchants - Lc XXII, 53) où la Papauté franchit le portillon du jardin de Gethsémani pour y souffrir puis mourir sous "la puissance des ténèbres".
           
        Cet Ausnahmepontifikat ou état ecclésial-pontifical d'exception, inhérent à l'économie de la Passion du Christ, perturbe beaucoup les esprits faibles ou légers qui n'ont pas une Foi assez forte, les faisant déraper dans les pires sottises ou les propositions favens haeresim pour tâcher de trouver une solution qui, à tout prix, esquive et fuit "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je suis franchement désolé, vraiment navré, d'avoir à compter parmi eux le cardinal Raymond Burke, étant donné par ailleurs l'excellent combat spirituel qu'il mène avec le cardinal Brandmüller contre le prochain synode d'Amazonie, qui s'annonce comme devoir être un véritable acte d'apostasie de toute l'Église, pape en tête. Hélas !, hélas ! Avec bien d'autres qui sont tentés de suivre le cardinal Burke sur cette voie schismatico-hérétique, j'ai en effet la douleur, la honte, et en même temps une certaine sainte-colère étant donné son bagage théologique, ... un bagage de cardinal tout-de-même !, de le voir verser dans une sorte de vision sédévacantiste du problème, en invoquant la possibilité de l'invalidité de l'élection pontificale du pape François...
           
        ... O tempora !! O mores !! Non seulement les papes modernes déraillent, mais les cardinaux modernes, quoique conservateurs, eux aussi...
           
        Le cardinal Burke, en effet, n'a pas eu honte de déclarer dernièrement que "ce serait un argument en faveur de l'élection invalide du pape François s'il pouvait être démontré que le groupe de Saint-Gall s'est engagé dans une «campagne active» pour saper Benoît XVI et pour organiser l'élection d'un pape radicalement différent" ; mais notre cardinal s'empresse de préciser "qu’il ne possède pas de faits démontrables pour cette théorie". Il ne nie pas qu’il y a "certainement" des indices qui pointent vers un conclave invalide, "mais à partir de là, il faudrait en établir des preuves concrètes, je ne sais pas s’il y a des gens qui seraient en mesure de le démontrer ou non".
           
        Un mot, d'abord, sur ce fameux "groupe de Saint-Gall", ce sera rapide : il s'agirait de réunions fermées ayant eu lieu pendant les années du pontificat de Benoît XVI entre des cardinaux progressistes et même ultra-progressistes, genre Daneels ou Kasper, des cardinaux en tous cas très-influents, qui auraient soi-disant comploté ensemble pour renverser Benoît XVI, trop tradi à leur goût, et faire élire François à sa place. Et à partir de là, le cardinal Burke, mais d'autres avec lui, de faire tout un montage pseudo-théologique pour invalider l'élection pontificale de François. On est là dans le grand n'importe quoi scandaleux, la "complotite aigüe", qui met peccamineusement un très-mauvais doute dans l'âme des simples fidèles quant à la Légitimité certaine et formelle de toute élection pontificale théologiquement achevée, comme ayant été reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par les cardinaux dans leur majorité canonique des 2/3, et c'est bien sûr le cas de l'élection pontificale de François. Or, douter et faire douter de la Légitimité certaine et formelle d'une élection pontificale théologiquement achevée, qui est toujours un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, c'est tout simplement s'anathématiser soi-même... et travailler à ce que d'autres âmes faibles ou possédant peu de connaissance en théologie ou inclinées à l'erreur par leurs mauvais penchants, le soient également.
           
        Donc, le cardinal Burke, apparemment, ne... connaît pas sa théologie, la théologie de la Légitimité pontificale, excusez du peu. Partant de cette pure supputation complotiste qui n'est absolument pas démontrée, il le reconnaît lui-même (et par ailleurs, il est bon de savoir que le cardinal Kasper a formellement démenti qu'il ait été question d'élection pontificale dans les réunions dite de Saint-Gall, dont il était un des principaux membres), le cardinal Burke invoquerait un article de la Constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II, sur les élections pontificales, promulguée le 22 février 1996, à savoir le n° 79, qui, selon lui, pourrait invalider l'élection de François au Siège de Pierre, ainsi obtenue par un pacte secret entre grands-cardinaux électeurs, en quelque sorte un "délit d'initiés" pourrait-on dire dans un langage de financiers modernes...
           
        Or, notre cardinal, visiblement trop pressé, a mal lu le n° 79. Je cite textuellement ce n° 79, tout d'abord : "79. De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Pour bien comprendre la théologie qui sous-tend ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales, il faut lire préalablement le n° 78 où elle est exposée explicitement. Le cardinal Burke est vraiment en faute de ne l'avoir point fait. Pour ce qui est de moi, que Dieu a consacré et qui me suis consacré à la vérité intégrale quant à la théologie de "la crise de l'Église", je lis donc ensemble les deux numéros, 78 & 79, parce que c'est seulement de cette manière que l'on aura le vrai sens de ce qu'il faut entendre dans ce n° 79 :
           
        "78. Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23).
           
        "79. De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Voyons maintenant ce que Jean-Paul II mettait dans sa note 23, qui fonde sur la Tradition magistérielle tout le raisonnement qu'il tient dans ce n° 78, qui, lui-même, va être l'assise doctrinale du n° 79 : "Cf. S. PIE X, Const. ap. Vacante Sede Apostolica (25 décembre 1904), n. 79 : Pii X Pontificis Maximi Acta, III, (1908), p. 282 ; PIE XII, Const. ap. Vacantis Apostolicæ Sedis (8 décembre 1945), n. 92 : AAS 38 (1946), p. 94 ; PAUL VI, Const. ap. Romano Pontifici eligendo (1er octobre 1975), n. 79 : AAS 67 (1975), p. 641".
           
        Ainsi donc, il suffisait de... bien lire (!) la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales pour invalider complètement le raisonnement sédévacantiste attentatoire à la Constitution divine de l'Église qu'ose tenir le cardinal Burke. Le raisonnement que tient Jean-Paul II dans ces numéros 78 & 79, est en effet le suivant : si une élection pontificale a été faite par simonie, c'est-à-dire si des voix pour élire le nouveau Vicaire du Christ ont été achetées afin qu'il soit élu, les simoniaques, autant les cardinaux électeurs qui ont accepté qu'on leur achète leur voix pour élire un tel, que les cardinaux qui leur ont fait cette proposition, sont excommuniés, MAIS L'ÉLECTION DU NOUVEAU VICAIRE DU CHRIST AINSI FAITE PAR SIMONIE EST ET RESTE VALIDE MALGRÉ LE CRIME DE SIMONIE DONT ELLE EST ENTACHÉE. Et la même règle fondamentale régit toute élection pontificale qui serait défectueuse pour une raison ou pour une autre, car elle est basée sur la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui veut qu'une élection pontificale ne saurait plus être entachée d'aucun vice, ni de forme ni de fond, à partir du moment où elle est reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique du Sacré-Collège. C'est-à-dire que même si l'élection du pape François succédant au pape Benoît XVI avait été faite par "délit d'initiés", ce qui serait un vice dans son élection, les cardinaux qui se seraient rendus coupables d'un tel délit seraient excommuniés MAIS L'ÉLECTION DU PAPE FRANÇOIS QU'ILS AURAIENT AINSI FRAUDULEUSEMENT FAITE SERAIT ET RESTERAIT VALIDE.
           
        Voici donc la doctrine très-traditionnelle qu'exposait Jean-Paul II dans sa fort édifiante Constitution sur les élections pontificales (... il se montre en effet, dans toute cette Constitution, incroyablement attaché à la Tradition et respectueux d'elle -sauf, cependant, lorsque dans un article, il abolit très-étrangement la loi fondamentale des deux/tiers des voix cardinalices pour faire une élection pontificale valide-, ce qui n'a pas été sans m'étonner grandement mais me réjouir un peu, je l'avoue, de la part de ce pape moderne très-progressiste, peut-être même le pire de tous !, cf. mon grand article qui dénonce son personnalisme subjectiviste au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf...), basée sur la grande loi fondamentale de la Légitimité pontificale, que, je suis bien aise de m'en rendre un juste et mérité témoignage, j'ai sans cesse mise sur le chandelier de l'Église depuis plus de vingt ans, et ai été d'ailleurs le seul à le faire, à savoir : toute élection pontificale théologiquement achevée, c'est-à-dire reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, receptus & probatus, est formellement valide, sans qu'aucune raison puisse jamais l'invalider pour quelque cause que ce soit.
           
        Mais nous n'avons pas encore recueilli tout le fruit excellent, très-catholique, du raisonnement que tient Jean-Paul II, quant aux élections du Pontife romain. Après avoir dit, s'appuyant pour cela sur ses prédécesseurs, les Pie X, Pie XII et Paul VI, dans son édifiante Constitution sur les élections pontificales, que les élections pontificales simoniaques, c'est-à-dire canoniquement entachées, n'en restent pas moins parfaitement valides, il en donne la raison théologique : "... et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23)".
           
        "Comme cela a été établi par mes Prédécesseurs", en effet. Jean-Paul II faisait là briève mais fort exacte allusion principalement à la Constitution du pape Pie X sur les élections pontificales, de 1904. Pie X fut effectivement le premier pape à supprimer la nullité des élections pontificales simoniaques.
           
        Ainsi que je le faisais remarquer dès L'Impubliable, mon premier ouvrage sur la théologie de "la crise de l'Église" (http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf), ... il y a plus de vingt ans maintenant !, et que je l'ai redit et réécrit dans ma réfutation exhaustive du sédévacantisme faite pour mon site sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteSedevacMisEnForme.pdf), ... il y a sept ans à présent !, on ne peut effectivement que percevoir la très-grave dangerosité des bulles pontificales de certains papes de la Renaissance, notamment Jules II (mais encore le fameux Paul IV, cinquante ans après Jules II), qui contenaient l'affirmation de la nullité de toute élection pontificale entachée de simonie ou d'hérésie du papabile ou de brigues & d'intrigues visées par le n° 79, même si elle avait été approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux. Le pape Pie X s'en est bien rendu compte et n'a pas manqué, dans sa Constitution sur les élections pontificales, de supprimer la nullité de ces élections pontificales imparfaites. En excellent théologien (cela ne surprendra personne), Pie X en donnait ainsi la raison théologique : "afin d'ôter un prétexte d'attaquer la valeur de l'élection du Pontife romain". On remarquera que Jean-Paul II reprend très-fidèlement presque mot pour mot les termes du pape Pie X : "afin que ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain"...
           
        Le pape Jules II en effet, affirmait très-explicitement la nullité de toute élection pontificale obtenue par simonie dans sa bulle Cum tam divino de 1506. Et il continuait en disant, d'une manière parfaitement hérétique il faut bien le dire, que l'élection pontificale simoniaque serait nulle même si elle avait été reçue et approuvée par les cardinaux. C'est cette dernière proposition qui est hérétique car la majorité canonique des cardinaux représente toujours l'Église Universelle dans la réception et l'approbation d'une élection pontificale (donc, cette proposition de Jules II supposait que l'Église Universelle toujours assistée du Saint-Esprit qui ne peut ni se tromper ni nous tromper, aurait été trompée dans telle élection pontificale simoniaque... ce qui est supposer l'impuissance du Saint-Esprit à dénoncer le mal dans l'élection pontificale, rien de moins !), proposition hérétique qu'abrogeait formellement le pape Pie X dans sa Constitution de 1904. D'une manière très-sage, Pie X gardait le châtiment pour les fauteurs de simonie dans les élections pontificales, mais déclarait valides les élections simoniaques ainsi mal faites, du moment qu'elles étaient reçues et approuvées par l'Église Universelle. Et en effet, théologiquement, dans ce cas, le droit divin opéré sur les élections pontificales simoniaques par la réception et l'approbation ecclésiale universelle du nouveau Pontife romain, répare sanatio in radice tout vice simoniaque. Et donc, "DE MÊME" (§ 79) continue Jean-Paul II, en est-il pour les élections pontificales qui seraient faites par "délits d'initiés" : les initiés sont frappés ipso-facto d'excommunication latae sententiae, mais l'élection pontificale opérée ainsi par eux reste aussi valide qu'une autre élection pontificale qui n'aurait pas été faite par "délit d'initiés", étant réparée sanatio in radice par le droit divin de l'élection pontificale qui se trouve dans la réception et l'approbation par l'Église Universelle du nouveau Pontife romain, receptus & probatus.
           
        Je ne saurais poursuivre sans dire que les bulles de Paul IV, qui ne sont, cinquante ans plus tard, qu'une décalcomanie de celle de Jules II dont elles sont filles spirituelles, reprenaient exactement le même raisonnement hérétique de fond qu'elle, à savoir, comme le sédévacantiste ne le sait que trop bien ou plutôt que trop mal, d'oser invalider les élections pontificales d'un papabile hérétique en tant que docteur privé, ou faites par brigues & intrigues, même celles approuvées par la majorité canonique des cardinaux représentant ainsi ipso-facto l'Église Universelle, c'est-à-dire théologiquement achevées. Les bulles de Paul IV allaient jusqu'à copier les formules soufflées et boursouflées de Jules II. Toutes ces bulles ne brillent pas fort, en effet, par la simplicité et la clarté dans l'expression, comme si la forme emberlificotée, embrouillée, tarabiscotée et brumeuse, rejoignait le fond doctrinalement défectueux, en était le signe topique. Le cardinal "Lucius Lector", qui écrira sous ce nom de plume un fort livre Le Conclave pendant la vacance du Siège de Pierre à la mort de Léon XIII, a ces lignes sévères et méprisantes mais fort justes sur la forme rédactionnelle de celles de Paul IV : "… Préambule prolixe rédigé dans ce style ampoulé, sonore et creux, qu'ont affectionné parfois les scriptores de la chancellerie pontificale" ; "… toute cette redondance d'un langage riche en pléonasmes menaçants…" (Le Conclave, Lector, pp. 106-107 & 108).
           
        Mais bien sûr, si le pape Pie X abroge juridiquement la bulle de Jules II dans sa Constitution sur les élections pontificales de 1904 pour ce motif théologique principal et précis qu'elle invalide les élections pontificales approuvées par la majorité canonique des cardinaux représentant ipso-facto l'Église Universelle, ce qu'il réprouve à tellement juste titre, les bulles de Paul IV tombent sous la même sentence puisque cette proposition hérétique est expressément formulée par Paul IV et sert de raisonnement de fond dans lesdites bulles. Car que ce soit pour cause d'hérésie, de brigues & d'intrigues, ou de simonie, le motif formel de l'abrogation par Pie X de la bulle de Jules II se retrouve identiquement et absolument dans les bulles de Paul IV : que les sédévacantistes de tout poil prennent donc bien acte que celles-ci sont donc également abrogées, quoique seulement implicitement mais avec la même portée formelle que la bulle de Jules II. Or donc, puisque la bulle de Jules II est explicitement abrogée par Pie X, suivi quant à cela roue dans la roue par Jean-Paul II, sur ce motif théologique principal qu'une élection pontificale approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, ne saurait jamais être invalide, alors, les bulles de Paul IV sont obrogées, c'est-à-dire abrogées non-juridiquement. C'est le terme exact qui convient lorsque les termes d'une bulle pontificale sont supprimés par une bulle pontificale postérieure, sans cependant que la bulle qui les contient soit elle-même juridiquement et explicitement abrogée. Mais l'obrogation implicite a même valeur formelle pour invalider la bulle pontificale antérieure que l'abrogation juridique explicite. Depuis la Constitution de Pie X, les bulles de Paul IV n'ont donc, dans l'Église, plus aucune valeur par obrogation, pas plus que celle de Jules II par abrogation.
           
        Mais je clos ici ce chapitre qui foudroie radicalement le raisonnement sédévacantiste, quelqu'il soit.
           
        ... Était-ce donc si difficile pour un cardinal de la sainte Église romaine de lire le n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II dans le bon sens, cardinal Raymond Burke ? Tel que je viens de le faire, moi petit laïc ? Au lieu d'en faire une lecture parfaitement schismatico-hérétique et d'en tromper ainsi les fidèles qui vous suivent ? En faisant douter de la validité certaine de l'élection pontificale de François, puisqu'elle a été, et est toujours aux jours d'aujourd'hui, présentement reçue et approuvée par l'Église Universelle ? Reçue et approuvée, d'ailleurs, par... vous-même, cardinal Burke, en tant que membre actif du Sacré-Collège cardinalice ayant voix au chapitre quant à la validité non seulement de l'élection pontificale de François, mais de plus, par tacite reconduction de votre première obédience faite le jour de l'élection de François au Siège de Pierre, souscrivant présentement à la légitimité de François en tant que pape actuel de l'Église catholique, puisque, à ce jour, vous ne lui avez nullement retiré canoniquement et publiquement votre obédience !?
           
        Vous auriez mieux fait, cardinal Burke, de méditer ce que l'un de vos prédécesseurs du temps du pape Pie XI, le cardinal Billot, disait sur le sujet, et que je rapportais il y a plus de vingt ans dans L'Impubliable : "Dieu peut permettre que le Siège apostolique demeure vacant assez longtemps ; il peut permettre même qu'un doute s'élève sur la légitimité de tel ou tel élu ; mais il ne peut pas permettre que l'Église toute entière reconnaisse comme pontife légitime celui qui, en réalité, ne le serait point. Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, LA QUESTION NE SAURAIT PLUS ÊTRE AGITÉE D'UN VICE DANS L'ÉLECTION OU DE L'ABSENCE D'UNE DES CONDITIONS REQUISES POUR SA LÉGITIMITÉ. L'ADHÉSION DE L'ÉGLISE GUÉRIT POUR AINSI DIRE RADICALEMENT TOUT VICE POSSIBLE DE L'ÉLECTION. ET, D'UNE MANIÈRE INFAILLIBLE, ELLE DÉMONTRE L'EXISTENCE DE TOUTES LES CONDITIONS REQUISES" (De Ecclesio, Billot, t. XXIX, § 3, p. 621).
           
        Il est aussi net et théologiquement plus précis encore dans un autre passage : "On doit au moins tenir fermement, comme absolument inébranlable et hors de tout doute, ceci : l'adhésion de l'Église universelle est toujours à elle seule le signe infaillible de la légitimité de la personne du Pontife, et donc de l'existence de toutes les conditions requises à cette légitimité. Et la raison de ceci n'est pas à chercher au loin. Elle se prend en effet immédiatement de la promesse et de la providence infaillibles du Christ : Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle, et encore : Voici que Je suis avec vous tous les jours. Ce serait en effet la même chose, pour l'Église, d'adhérer à un faux Pontife que d'adhérer à une fausse règle de foi puisque le Pape est la règle vivante que l'Église doit suivre en croyant, et de fait suit toujours. Dieu peut certes permettre que parfois la vacance du Siège se poursuive plus longtemps. Il peut aussi permettre qu'un doute se lève sur la légitimité de tel ou tel élu. Mais il ne peut permettre que toute l'Église admette comme pontife celui qui ne l'est pas vraiment et légitimement" (De Ecclesia Christi, Billot, Rome, Éd. 5a, p. 635).
           
        Et, dans un autre endroit de ce dernier ouvrage, aux pp. 612-613, le même vigoureux et sain auteur, une des dernières grandes figures cardinalices avant la tourmente vaticandeuse (rien à voir avec les nôtres), d'illustrer ce qu'il vient de dire par un magistral exemple, qui, est-il besoin de le souligner, concerne en plein notre problème : "… Disons ce mot, au passage, contre ceux qui, cherchant à justifier certaines tentatives de schisme faites à l'époque d'Alexandre VI, allèguent que l'instigateur de ce schisme répandait qu'il avait des preuves très-certaines de l'hérésie d'Alexandre, et qu'il serait prêt à les révéler dans un concile général. Sans donner d'autres raisons qui permettraient de réfuter aisément cette opinion, qu'il suffise de rappeler ceci : il est certain que lorsque Savonarole écrivait ses lettres aux princes [pour dénoncer cette soi-disant "hérésie" d'Alexandre VI], toute la chrétienté adhérait à Alexandre VI et lui obéissait comme au vrai pontife. POUR CETTE RAISON MÊME, ALEXANDRE VI N'ÉTAIT PAS UN FAUX PAPE, MAIS UN PAPE LÉGITIME. DONC, IL N'ÉTAIT PAS HÉRÉTIQUE, au moins dans ce sens qu'un hérétique cesse d'être membre de l'Église et qu'il est privé en conséquence, par la nature même des choses, du pouvoir pontifical et de toute autre juridiction".
           
        Voilà le raisonnement théologique À L'ENDROIT qui résout absolument la question de la légitimité pontificale des papes modernes, notamment celle de François, sataniquement agitée À L'ENVERS par les sédévacantistes de tout poil ou ceux qui sont tentés de le devenir.
           
        Le cardinal Journet lui-même, un cardinal de Paul VI pourtant bien libéral par certains côtés, exposait également dans L'Église du Verbe Incarné, en termes rapprochés, cette loi fondamentale de la Constitution divine de l'Église, incroyablement... oubliée (??!) par les sédévacantistes et par... le cardinal Raymond Burke : "IV. Validité et certitude de l'élection [pontificale]. — L'élection, fait remarquer Jean de Saint-Thomas, peut être invalide lorsqu'elle est faite par des personnes non qualifiées, ou lorsque, faite par des personnes qualifiées, elle pécherait par vice de forme ou porterait sur un sujet inapte, par exemple un dément ou un non-baptisé. MAIS L'ACCEPTATION PACIFIQUE DE L'ÉGLISE UNIVERSELLE S'UNISSANT ACTUELLEMENT À TEL ÉLU COMME AU CHEF AUQUEL ELLE SE SOUMET, EST UN ACTE OÙ L'ÉGLISE ENGAGE SA DESTINÉE. C'EST DONC UN ACTE DE SOI INFAILLIBLE, ET IL EST IMMÉDIATEMENT CONNAISSABLE COMME TEL (conséquemment et médiatement, il apparaîtra que toutes les conditions prérequises à la validité de l'élection ont été réalisées. L'acceptation de l'Église s'opère soit négativement, lorsque l'élection n'est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l'élection est d'abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres. Cf. Jean de Saint-Thomas, II-II, qu. 1 à 7 ; disp. 2, a. 2. Nos 1, 15, 28, 34, 40 ; pp. 228 et suivantes)" (Le Verbe Incarné, Journet, excursus VIII,   p. 624).
           
        Saint Alphonse de Liguori, dernier théologien que je citerai à la barre parmi l'unanimité des théologiens du premier ordre sur cette question, expose cette grande loi théologique que je rappelle, en des termes encore plus forts : non seulement, enseigne-t-il, elle est le signe formel d'une élection pontificale valide, mais une élection qui ne le serait pas à l'origine le deviendrait formellement par la SEULE reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ sur l'occupant du Siège de Pierre. Il rejoint là tout-à-fait le raisonnement du pape Pie X non moins que du pape Jean-Paul II. Lisons-le : "Peu importe que dans les siècles passés quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude [hélas, c'est par trop vrai que jusqu'au décret libérateur de Nicolas II en 1059, il y eut bien des élections pontificales rien moins que pures, ce que notre saint auteur ne veut exprimer ici, par respect pour l'Église, qu'avec le voile de Noé] ; il suffit qu'il ait été accepté ensuite comme pape par toute l'Église, CAR DE CE FAIT IL EST DEVENU LE VRAI PONTIFE. Mais si pendant un certain temps, il n'avait pas été accepté vraiment et universellement par l'Église, pendant ce temps alors le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape" (Saint Alphonse de Liguori, Verità della fede, in Opere, etc., vol. VIII, p. 720).
           
        Tous ces raisonnements sédévacantistes à propos de François, ecclésialement impies, surtout quand ils sont tenus par des... cardinaux (!), ne sont pas sans rappeler la fable complotiste du cardinal Siri, qui aurait soi-disant été élu pape dans le conclave devant élire en 1963 Jean-Baptiste Montini, le futur Paul VI, mais que des cardinaux progressistes inféodés à la franc-maçonnerie auraient soi-disant forcé, dans l'aula conclavique même, de laisser la place à Montini ; et donc, raisonnaient les inventeurs de cette fable (... qui supposait, soit dit en passant, l'excommunication au moins d'un cardinal, celui qui aurait trahi ce secret conclavique...), l'élection de Paul VI n'ayant pas été faite dans la liberté de l'Église, son élection était invalide ! Ils n'oubliaient qu'une chose, si tant est que cette sornette d'histoire aurait jamais pu être vraie (ce qui bien sûr n'était pas le cas) : l'élection pontificale de Paul VI a été reçue et approuvée par l'Église Universelle, donc elle était vraie et indubitable, tout vice de forme étant réparé sanatio in radice par cette seule reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de Vicaire du Christ, comme le formule fort bien saint Alphonse de Liguori dans sa Dogmatique que je viens de citer. Toutes ces sordides histoires complotistes donc, théologiquement, ne valent en effet strictement rien pour invalider une élection pontificale, dès lors qu'elle a été dûment approuvée par l'Église Universelle au moyen du Sacré-Collège cardinalice canoniquement unanime...
           
        Inutile donc, pour en rester à François, d'aller chercher une éventuelle entente préalable entre cardinaux progressistes, sorte de "délit d'initiés" conclavique, pour invalider son élection au Siège de Pierre, cela n'a strictement aucune valeur. Le cardinal Burke aurait tout-de-même dû comprendre cela. Pour qu'un tel "délit d'initié" puisse avoir de la valeur pour invalider l'élection de François, il aurait fallu sine qua non que l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape n'ait pas été posé par les cardinaux après son élection conclavique sur sa personne, lors de la cérémonie très-solennelle d'intronisation du nouveau pape, le dimanche dans l'octave de l'élection conclavique. Or, cet acte a été dûment posé pour François. Et comme c'est un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, alors, il répare théologiquement tout vice dans l'élection pontificale dont il s'agit, quelqu'il soit.
           
        ... Merci de revoir votre copie, cardinal Raymond Burke !
           
        François est donc bel et bien le Vicaire du Christ actuel de l'Église catholique, apostolique et romaine.
           
        Et c'est justement bien pourquoi, précisément, l'Église vit de nos jours... sa Passion, vit... l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint.
           
        Les temps actuels sont tellement donnés à "la puissance des ténèbres", que les gens, c'est terrible et affreux à dire, semblent n'avoir plus d'âme, ils n'ont plus conscience qu'ils ont une âme immortelle qui vit de Dieu sinon rien, et ne comprennent donc plus du tout le langage de l'âme, ils vivent au contraire leur vie intellectuelle et spirituelle au niveau de l'animal psychologisé, sociologisé. Le pape Benoît XVI vient d'en faire la désolante expérience.
           
        Ses fameuse Notes ciblent on ne peut mieux la cause première et formelle de l'affreuse dégénérescence générale des mœurs chez les prêtres contemporains : l'absence de Dieu. L'absence de Dieu dans une âme est synonyme d'APOSTASIE, elle en est en tout cas la résultante formelle quand cette âme était chrétienne avant d'apostasier. C'était on ne peut mieux mettre le doigt sur la cause profonde du problème des mœurs cléricales contemporaines. Le cardinal Sarah ne s'y est pas trompé, ainsi que je le notais dans mon précédent article : "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. (...) La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels".
           
        ... Éh bien ! La plupart des universitaires qui ont commenté le texte du pape Benoît XVI n'ont même pas été capable de prendre conscience de cette cause... première !! Ils sont passés complètement à côté de Dieu, raisonnant dans du vide métaphysique, Dieu semblant vraiment leur être devenu une notion complètement étrangère et inconnue, qu'ils sont désormais absolument incapables d'appréhender... sorte d'illustration supplémentaire de la grande Apostasie que nous trouvons à tous les carrefours, toutes les avenues de notre contemporanéité ! Benoît XVI en fait ainsi la judicieuse et lapidaire remarque :
           
        "Benoît XVI continue de suivre avec assiduité ce qui se passe dans l’Église. En quelques lignes, denses et riches d’implications, écrites dans la revue allemande de théologie Herder Korrespondenz, il répond très clairement à ceux qui ont critiqué ses Notes explosives parues en février dernier sur les abus sexuels dans l’Église. «Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît pas du tout, et donc ce que je voulais précisément souligner comme le point clé de la question n’est pas abordé». C’est en ces termes que le Pape émérite Benoît XVI répond par quelques lignes publiées par Herder Korrespondenz à quelques-unes des critiques issues de son texte de réflexion sur la question des abus sexuels dans l’Église catholique.
           
        "«La contribution de Mme Aschmann («La vraie souffrance catholique en 1968», Herder Korrespondenz, juillet 2019, 44-47), malgré sa partialité, lit-on dans le numéro de septembre du journal, peut inspirer une réflexion plus approfondie, mais en réponse à ma publication dans Clergy Paper on the Abuse Crisis (No 4/2019, 75-81), elle est néanmoins insuffisante et typique du déficit général dans la réception de mon texte. Il me semble que dans les quatre pages de l’article de Mme Aschmann, le mot Dieu que j’ai placé au centre de la question, n’apparaît pas. J’ai écrit : «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans sens» (78). «La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a rien d’autre à dire. Et c’est pourquoi c’est une société dans laquelle la mesure de l’humanité est de plus en plus perdue» (79). Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît nulle part, et donc précisément ce que je voulais souligner comme le point-clé de la question n’est pas abordé. Le fait que la contribution d’Aschmann néglige le passage central de mon argument, tout comme la plupart des réactions dont j’ai eu connaissance, me montrent la gravité d’une situation dans laquelle le mot Dieu semble souvent marginalisé dans la théologie»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/08/27/et-le-mot-dieu-etait-absent/).
           
        "Dieu est mort", avaient écrit les soixante-huitards en mai 1968 ; ce n'était qu'un demi-mensonge ou une demie-vérité comme on veut.
           
        C'est cela la GRANDE APOSTASIE prophétisée par saint Paul comme signe topique de la fin des temps et de l'arrivée imminente de l'Antéchrist-personne...
           
        Mais Benoît XVI, lorsque dans les années du concile moderne, il n'était encore qu'un théologien écouté, Joseph Ratzinger, aurait dû se rendre compte que l'absence de Dieu ou apostasie était présente déjà... dans Vatican II. Dans mon dernier article, Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!, je citais en effet l'abominable décret vaticandeux Nostra Aetate, ouvertement syncrétiste et hérétique. Qu'osaient y dire les Pères, à propos des guerres des Croisés du Moyen-Âge contre les musulmans ? Guerres entreprises sous l'autorité du pape, avec comme héraut saint Bernard de Clairvaux, dont le motif spirituel principal était de délivrer les Lieux-Saints d'une fausse religion et les remettre sous le Règne du Christ-Dieu ? C'était donc une guerre sainte EN NOM DIEU, AYANT DIEU POUR CAUSE PREMIÈRE. Éh bien, ils osaient en dire ceci : "Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à OUBLIER LE PASSÉ et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle" ! Chose incroyable !!! La défense de la vraie Religion et du vrai Dieu contre les idolâtres musulmans dans le monde moyen-oriental, entreprise par nos glorieux ancêtres, est hypocritement devenue, dans la bouche tordue et blasphématoire des Pères vaticandeux... "de nombreuses dissensions et inimitiés" !!! Comme s'il s'agissait de querelles ayant des causes purement humaines, dans lesquelles la Cause de Dieu n'aurait aucune place !!! Et d'exhorter scandaleusement à "oublier le passé", c'est-à-dire en l'occurrence : "oublier le vrai Dieu" !!! Autrement dit : les Pères de Vatican II n'avaient plus aucune conscience de la motivation principale, DIEU, la Cause de Dieu, dans les guerres du Moyen-Âge contre les musulmans. Nous sommes là en pleine APOSTASIE, oubli de Dieu. Et cette fois-ci, non par les soixante-huitards non-catholiques, mais par tous les Pères réunis una cum le pape de l'Église contemporaine...
           
        "L'Église est au commencement de toutes choses" (saint Épiphane). Elle est donc au commencement du monde. Si l'Église est devenue apostate, alors le monde l'est aussi. Et c'est la situation que nous avons à vivre, en attendant le Seigneur, expectans expectavi Dominum et intendit mihi (J'ai attendu, et encore attendu le Seigneur, et Il a fait attention à moi ― Ps XXXIX, 2).
           
        Ce monde et l'Église devenue "Babel", cette Église et ce monde babelysé, appellent leur châtiment suprême, comme Jérusalem en l'an 70 de notre ère. Car les cris de leurs iniquités conjointes "percent la voûte des Cieux" (Secret de La Salette).
           
        Quelques années avant le grand châtiment qui détruisit Jérusalem de fond en comble, figure du grand cataclysme qui attend l'Église-Babel et notre monde contemporain, surgissait un prophète à Jérusalem.
           
        "Quatre ans avant le commencement de la guerre, lorsque Jérusalem était encore dans une profonde paix et dans l'abondance, Jésus, fils d'Ananus, qui n'était qu'un simple paysan, étant venu à la fête des Tabernacles qui se célèbre tous les ans dans le temple en l'honneur de Dieu, cria : «Voix du côté de l'Orient, voix du côté de l'Occident, voix du côté des quatre vents, voix contre Jérusalem et contre le temple, voix contre les nouveaux mariés et les nouvelles mariées, voix contre tout le peuple !» Et il ne cessait point jour et nuit de courir par toute la ville en répétant la même chose. Quelques personnes de qualité, ne pouvant souffrir des paroles d'un si mauvais présage, le firent prendre et battre de verges sans qu'il dit une seule parole pour se défendre ni pour se plaindre d'un si rude traitement, et il répétait toujours les mêmes mots. Alors, les magistrats croyant, comme il était vrai, qu'il y avait en cela quelque chose de divin, le menèrent vers Albinus, gouverneur de Judée. Il le fit fouetter jusqu'au sang, et cela même ne put tirer de lui une seule prière ni une seule larme ; mais à chaque coup qu'on lui donnait, il répétait d'une voix plaintive et lamentable : «Malheur, malheur sur Jérusalem !» Et quand Albinus lui demanda qui il était, d'où il était et ce qui le faisait parler de la sorte, il ne lui répondit rien. Ainsi, il le renvoya comme un fou, et on ne le vit parler à personne jusqu'à ce que la guerre commençât. Il répétait seulement sans cesse ces mêmes mots : «Malheur, malheur sur Jérusalem», sans injurier ceux qui le battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient à manger. Toutes ses paroles se réduisaient à un triste présage, et il les proférait d'une voix plus forte dans les jours de fête. Il continua d'en user ainsi durant sept ans cinq mois sans aucune intermission et sans que sa voix en fût ni affaiblie ni enrouée. Quand Jérusalem fut assiégée, on vit l'effet de ses prédictions, et faisant alors le tour des murailles de la ville, il se mit encore à crier : "Malheur, malheur sur la ville, malheur sur le peuple, malheur sur le temple !", à quoi, ayant ajouté : "Malheur sur moi !", une pierre lancée par une machine le renversa par terre, et il rendit l'esprit en proférant ces mêmes mots. Que si l'on veut considérer tout ce que je viens de dire [Flavius Josèphe relate d'autres faits miraculeux qui avertissaient les juifs de la prochaine ruine fatale de Jérusalem], on verra que les hommes ne périssent que par leur faute, puisqu'il n'y a point de moyens dont Dieu ne se serve pour leur salut et pour leur faire connaître par divers signes ce qu'ils doivent faire" (Guerre des juifs contre les romains, Flavius Josèphe, Livre VI, ch. XXXI).
           
        Serions-nous plus méchants, et donc plus punis, que les juifs déicides aux temps de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
           
        Car nous ne voyons pas de prophètes crier sur nos péchés............ 
           
        Ô Marie conçue sans péché, secours des chrétiens, priez pour nous qui avons recours à vous !!
 
En la fête du Très-Saint Nom de Marie,
Ce 12 Septembre 2019.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
12-09-2019 09:20:00
 

Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!

 
 
 
Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique
ou d'une Église hérétique...?!
 
           
        Au vu des événements dramatiques qui secouent l'Église actuellement, c'est en effet la seule, la vraie, la grande question ecclésiale contemporaine à poser, questio magna. Quand bien même elle semble de prime abord absolument ahurissante.
           
        D'une manière on pourrait dire épidermique, épiphénoménique, sans rentrer du tout dans le fond de la question, on voit actuellement les conservateurs réagir au problème que posent le discours et l'agir magistériels d'un pape François parfaitement et résolument hérétique (et même apostat), en le présentant comme le cas historico-canonique bien connu d'un pape hérétique en tant que docteur privé (cependant, avant les conservateurs, les traditionalistes, à commencer d'ailleurs par Mgr Lefebvre, ont eu le même type de réaction surréaliste avec les papes post-conciliaires modernes précédents, Paul VI ou Jean-Paul II).
           
        Mais il serait temps d'ouvrir les yeux, éventuellement, si besoin s'en fait ressentir, en prenant le collyre que le Saint-Esprit, incisif, conseille à l'église de Laodicée ("oins aussi tes yeux d'un collyre, afin que tu voies" ― Apoc III, 18), et comprendre que, sur le plan théologique, la situation ecclésiale actuelle n'est absolument pas celle-là, celle d'un pape hérétique en tant que docteur privé, cas isolé et individuel, chancre certes cancéreux mais en définitive bénin, dans une Église Universelle qui resterait par ailleurs, quant à elle, exempte de toute hérésie, entièrement pure, non-contaminée et parfaitement sainte sur le plan doctrinal. La vraie et réelle situation actuelle est tout au contraire le cas d'un pape qui ne fait que manifester l'hérésie dont est théologiquement empoisonnée TOUTE l'Église, l'Église Universelle. FRANÇOIS NE MANIFESTE PAS SON HÉRÉSIE PERSONNELLE, IL MANIFESTE L'HÉRÉSIE MAGISTÉRIELLE DE TOUTE L'ÉGLISE MODERNE, EN CORPS D'INSTITUTION.
           
        Et c'est la raison précise, justement, pour laquelle le pape François ne fera aucune réponse, ce qu'il a déjà commencé à faire, aux accusations qui sont faites contre lui personnellement des hérésies qu'il manifeste au for public de la vie ecclésiale. Je suis même certain qu'il en ressent une grande indignation en son for interne. Parce que l'accusation d'hérésie qui est faite contre lui, contre sa personne pontificale privée, est absolument injuste, inique, puisqu'il ne fait que manifester, en tant que pape, la croyance de toute l'Église dont il est le chef actuel. Et je ne peux que lui donner raison sur cela.
           
        Avant de prouver cette phrase affreuse et terrible que je viens d'écrire en majuscules ("FRANÇOIS MANIFESTE L'HÉRÉSIE MAGISTÉRIELLE DE TOUTE L'ÉGLISE MODERNE, EN CORPS D'INSTITUTION"), il est de mon impérieux devoir de prémunir le fidèle catholique du scandale qui pourrait résulter de cette situation absolument apocalyptique pour sa Foi, en apportant dès maintenant la précision qu'elle ne contredit absolument en rien la promesse formelle du Christ quant à son Épouse-Église : "Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre elle" (Matth XVI, 18). "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est-à-dire l'économie de la Passion du Christ appliquée à son Épouse dans sa situation actuelle, suffit, en effet, ainsi que je ne manquerai pas de l'expliquer plus loin, à rendre théologiquement compte de cette situation, sans que la Foi soit trouvée le moins du monde en défaut, bien au contraire.
           
        L'hérésie actuelle du pape François n'est pas son hérésie personnelle, elle est celle de l'Église Universelle actuelle.
           
        C'est malheureusement tellement facile à démontrer.
           
        L'hérésie de François se manifeste sous deux aspects, celui des mœurs, celui de la doctrine. L'hérésie quant aux mœurs, étalée impudemment dans Amoris laetitia, n'est pas la plus importante, tant il est vrai que les atteintes contre les mœurs sont en soi toujours moins graves que les atteintes contre la doctrine, contre la Foi au Christ Jésus. C'est l'hérésie contre la Foi qui est particulièrement grave, et qui, d'ailleurs, commande la plupart du temps l'hérésie contre les mœurs. Il est en effet bien connu, en théologie morale, qu'une doctrine corrompue sur les mœurs est quasi toujours la résultante d'une doctrine corrompue quant à la Foi. C'est pourquoi, pour faire plus court, je ne m'occuperai, quant au pape François, que de l'hérésie qu'on lui reproche contre la doctrine ; j'invite cependant le lecteur à bien vouloir prendre acte dès maintenant que tout ce que j'y dirais rejaillira par rebond et de soi sur ce qu'on lui reproche au niveau de l'hérésie contre les mœurs.
           
        La principale hérésie qu'on reproche au pape François, quant à la doctrine, est bien sûr l'hérésie du syncrétisme religieux ou œcuménisme hétérodoxe, "admirablement" synthétisée par lui dans son abominable déclaration d'Abu-d'Ahbi du 4 février 2019, ainsi exprimée : "La diversité des religions est une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains". François vient d'ailleurs de la réitérer perseverare diabolicum les jours derniers, cette déclaration, ce 4 mai écoulé, telle quelle dans son fond formidablement hérétique et même apostat (preuve, s'il en était besoin mais il n'y en a hélas nul besoin, qu'il ne reviendra jamais sur ce postulat hérétique-apostat) ; c'était lors d'une audience aux gardes suisses, et François les appelait à "... reconnaître la diversité culturelle, religieuse et sociale, comme une richesse humaine et non comme une menace, c'est la bonne attitude. C'est particulièrement important dans un monde qui éprouve, comme jamais avant, les mouvements massifs des peuples et des individus".
           
        Or, ce syncrétisme religieux est doctrinalement professé dans le concile Vatican II dans des termes aussi hérétiquement avancés que ceux employés aujourd'hui par François quelqu'un demi-siècle après ; les termes hérétiques de François et du concile Vatican II sont même d'une similitude confondante, impressionnante. Cette dite hérésie est professée dans plusieurs décrets conciliaires, dont je retiendrais seulement le principal, à savoir Nostra Aetate (28 octobre 1965). Ce n'est donc pas une hérésie-apostasie actuelle qui est personnelle au pape François, elle est tout au contraire professée magistériellement par l'Église Universelle... cinquante ans avant qu'il ne la professe. Le pape François ne fait en vérité qu'actualiser et rendre vivant le message de l'Église Universelle qu'il a trouvé dans le concile moderne, et il le fait tellement bien qu'il est peut-être le réveilleur suscité par la Providence divine pour faire comprendre à toute l'orbe catholique, tradis comme modernes du reste, endormie de l'étrange et profond sommeil qui prit les apôtres lorsque Jésus eut son agonie à vivre à Gethsémani, que l'hérésie syncrétiste est magistériellement professée et endossée par l'Église Universelle, et que donc nous sommes dans une situation de fin des temps.
           
        Pour s'en bien convaincre, lisons ensemble quelques extraits significatifs de l'abominable Nostra Aetate. Son Préambule, qui brosse l'idée de fond de la déclaration conciliaire, une idée parfaitement hérétique, commence ainsi : "À notre époque où le genre humain devient de jour en jour plus étroitement uni et où les relations entre les divers peuples augmentent, l'Église examine plus attentivement quelles sont ses relations avec les religions non-chrétiennes. Dans sa tâche de promouvoir l'unité et la charité entre les hommes, et même entre les peuples, elle examine ici d'abord ce que les hommes ont en commun et qui les pousse à vivre ensemble leur destinée".
           
        L'idée de fond de Nostra Aetate est donc essentiellement sociologique, naturelle et non surnaturelle, à vocation hérétique de subvertir la Foi. Il va en effet s'agir, pour les Pères de Vatican II, de discerner ce que les hommes ont en commun sur le plan religieux pour vivre ensemble une communauté mondialiste, car, comme le pape Jean XXIII l'avait déjà dit deux ans et demi seulement avant Nostra Aetate dans Pacem in terris (11 avril 1963), -... mais le pape Pie XII avant Jean XXIII l'avait déjà dit, dans son Noël 1944...!-, une autorité mondiale pour l'actuation du bien commun universel parmi les hommes est désormais, à notre époque, inéluctable, c'est une nécessité morale, c'est "un signe des temps" à prendre de la Main même de Dieu. Donc, alors que nous entrons dans l'ère universaliste que la Providence divine veut pour la terre entière et tous les peuples, il faut que l'Église "examine plus attentivement", selon les Pères modernes, ce qui peut être commun de sa Foi avec les religions non-chrétiennes, pour ne pas risquer d'entraver l'instauration de ce mondialisme voulu par Dieu en laissant subsister des ferments de désunion : ce serait lutter contre le Plan divin... mondialiste, et, en définitive, pécher contre Dieu Lui-même. Le grand péché contre l'instauration du mondialisme d'origine divine, est bien sûr la désunion. Quand tout doit s'unir universellement, il n'y a plus qu'un seul péché : la désunion...
           
        Dans cette optique surnaturellement tordue, qui subordonne hérétiquement une fin surnaturelle à une fin naturelle, les Pères modernes una cum Paul VI vont tâcher de réduire de force les désunions religieuses en présentant très-mensongèrement les diverses religions non-chrétiennes comme des inchoations de la Religion catholique. C'est-à-dire qu'elles auraient soi-disant en elles des semences chrétiennes qui ne se sont pas encore révélées à elles-mêmes qu'elles sont chrétiennes, qui sont encore non-mûries, mais prétendument bonnes en elles-mêmes et donc inchoativement communes avec la Foi catholique, semences dont on veut absolument qu'elles permettent l'union des chrétiens avec les non-chrétiens... C'est pourquoi, sur ces très-hérétiques prolégomènes, Nostra Aetate continue ainsi son exposé où l'on remarquera que la VRAIE Religion, celle du Christ, n'est nullement détachée parmi toutes les autres... elle n'est même pas nommée : "Les hommes attendent des diverses religions la réponse aux énigmes cachées de la condition humaine, qui, hier comme aujourd'hui, troublent profondément le cœur humain". Ici, on notera que la vue exprimée n'est pas surnaturelle, elle est psychologique : les hommes, en effet, n'attendent pas des religions d'abord une réponse aux questions métaphysiques qu'ils se posent, mais, avant tout, ils en attendent qu'elles les SAUVENT (... hélas, tout est à l'avenant dans Vatican II : derrière des affilongées de phrases captieuses, une logorrhée sirupeuse de mots qui veulent séduire -... "énigmes cachées de la condition humaine" !!-, nous trouvons toujours la même hérétique gnose chrétienne-laïque que j'ai dénoncée dans mes ouvrages, antinomique de la Foi chrétienne-sacrale léguée par le Christ...).
           
        Je passerai sur la présentation complètement mensongère et hérétique qui est faite dans Nostra Aetate des religions hindouistes, puis bouddhique, puis en finale, judaïque, pour ne citer uniquement que le descriptif pseudo-théologique scandaleux que les Pères modernes font de la religion musulmane, qui, évidemment, nous touche de fort près après la déclaration bergoglienne d'Abu-D'Ahbi : "L'Église regarde aussi avec estime les musulmans, qui adorent le Dieu Un, vivant et subsistant, miséricordieux et tout-puissant, créateur du ciel et de la terre, qui a parlé aux hommes. Ils cherchent à se soumettre de toute leur âme aux décrets de Dieu, même s'ils sont cachés, comme s'est soumis à Dieu Abraham, auquel la foi islamique se réfère volontiers. Etc.".
           
        Le mensonge, ici, est absolument flagrant dans tous les mots employés, inouï dans sa radicalité et son impudence mêmes, scandaleux au plus haut point.
           
        Premièrement, les musulmans, en effet, ... fallait-il donc vraiment apprendre une chose catéchétique aussi élémentaire aux deux mil cinq cents Pères de Vatican II et au pape Paul VI !!, n'adorent nullement le VRAI Dieu Un. Car le Dieu Un véritable est aussi et en même temps indissociablement Trine, c'est-à-dire en Trois Personnes divines, sinon, rien, il n'y a pas de Dieu Un sans Trinité. Or, le coranisme professe dogmatiquement, une sourate le dit explicitement, que le Dieu Un n'est pas Trine, en Trois Personnes, que c'est même une abomination de croire cela. Donc le Dieu Un musulman, refusant doctrinalement la Trinité, ne peut pas être considéré comme une inchoation du dogme catholique qui, une fois bien désenveloppée et mûrie, pourrait le révéler... puisque la doctrine musulmane rejette formellement, d'emblée, ce dogme. En vérité, le Dieu Un musulman qui rejette la Trinité n'existe tout simplement pas, il n'est absolument pas "vivant et subsistant" (!!!), et n'a donc et ne peut avoir strictement aucun point de contact théologique, pas même inchoativement, avec le Dieu Un catholique qui existe trinitairement. Les Pères de Vatican II mentent d'une manière éhontée et très-impie lorsqu'ils osent magistériellement dire que les musulmans adorent le Dieu Un, comme s'il s'agissait du VRAI Dieu Un et Trine à la fois, croyance donc, qui pourrait nous unir, nous catholiques, avec eux. Et lorsqu'ils osent rajouter que l'Église les "estime" pour leur croyance dans leur Dieu Un non-Trine, ils rajoutent encore à leur péché... Nous sommes là en plein mensonge éhonté, au plus haut point blasphématoire.
           
        Deuxièmement, la soumission du musulman à la Volonté divine, telle qu'elle est enseignée par le Coran et résumée par la célèbre formule "Inch'Allah !" n'a rien à voir avec la sainte soumission catholique du fidèle à la Providence divine, elle ne peut, là encore, trouver aucun point de contact surnaturel avec elle, aucun fond commun. La soumission musulmane est entièrement mauvaise en soi et ne peut jamais mener à la Religion du vrai Dieu, qui respecte le libre vouloir de l'homme, contrairement à Allah qui ne le respecte pas, ce libre vouloir de l'homme, le traitant en esclave sans aucun droit inhérent à sa personne humaine (l'illustration la plus belle de la sainte-soumission catholique est certes le "fiat" de Marie à l'Annonciation : Dieu n'a pas imposé l'Incarnation à la très-sainte Vierge Marie, c'était certes sa Volonté à Lui, Dieu, que l'Incarnation se fit en Marie, mais Dieu, par l'Ange, lui a demandé son accord à sa Volonté : à supposer, ex absurdo, que Marie aurait refusé, il n'y aurait pas eu d'Incarnation). La soumission du musulman à Allah est un fatalisme esclavagiste, qui montre bien que leur dieu est en fait Satan qui vient remplir le néant métaphysique de leur dieu Un non Trine. Cette soumission musulmane, indigne de Dieu et de l'homme, n'est pas, là encore, faut-il avoir à le dire, un fond commun doctrinal positif avec la vraie Religion, comme l'insinuent très-mensongèrement et très-scandaleusement les Pères du concile moderne.
           
        Mais, la tête complètement enclavée dans leur vision sociologique mondialiste du phénomène religieux parmi les hommes, qui leur fait vouloir vivre dans le mensonge en rejetant la Vérité, les Pères de Vatican II continuent imperturbablement à donner des pierres et des serpents aux fidèles, au lieu de pains, voulant à toutes forces, pour suivre leur gnose mondialiste, qu'il y ait un vrai fond religieux commun entre catholiques et musulmans, ... si, si, si, et donc une entente, une convivialité possibles entre eux, pouvant permettre l'union mondialiste, but suprême du jeu auquel les Pères veulent tout sacrifier, y compris la Vérité de la Religion. C'est très-concret, lisez plutôt : "Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à OUBLIER LE PASSÉ ET À S'EFFORCER SINCÈREMENT À LA COMPRÉHENSION MUTUELLE, AINSI QU'À PROTÉGER ET PROMOUVOIR ENSEMBLE, POUR TOUS LES HOMMES, LA JUSTICE SOCIALE, LES VALEURS MORALES, LA PAIX ET LA LIBERTÉ" (... ne croirait-on pas entendre le pape François...?).
           
        Et, après nous avoir présenté les membres des religions non-chrétiennes comme des frères ayant même destinée éternelle que nous, les Pères conciliaires una cum Paul VI, la tête toujours obsédée de mondialisme sociologique ou de pseudo-Millenium comme on veut, osent, agressivement animés du plus grand nerf par une haine guerrière mortelle et sans merci contre tout ce qui pourrait renverser leur gnose, calés avec une hargne féroce dans une tolérance zéro, conclure ainsi l'hérétique décret magistériel : "Nous ne pouvons invoquer Dieu, Père de tous les hommes, si nous refusons de nous conduire fraternellement envers certains des hommes créés à l'image de Dieu. La relation de l'homme à Dieu le Père et la relation de l'homme à ses frères humains sont tellement liées, que l'Écriture dit : «Qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu» (I Jn IV, 8). Par là, est sapé le fondement de toute théorie ou de toute pratique qui introduit entre homme et homme, entre peuple et peuple, une discrimination en ce qui concerne la dignité humaine et les droits qui en découlent [... bien entendu : très-notamment le "droit" à la Liberté religieuse...!]. L'Église réprouve donc, en tant que contraire à l'esprit du Christ, toute discrimination ou vexation opérée envers des hommes en raison de leur race, de leur couleur, de leur classe ou de leur RELIGION".
           
        Or, saint Jean est cité ici à contre-sens flagrant : car, immédiatement après le v. 8 cité par les Pères en tronquant la finale (le v. 8 complet est en effet : "Qui n'aime pas, ne connaît pas Dieu, car Dieu est amour"), l'Apôtre aimé du Seigneur précise tout-de-suite que l'amour humain dont il entend parler est celui émanant du Christ, et celui-là SEULEMENT : "L'amour de Dieu s'est manifesté parmi nous en ceci : Dieu a envoyé Son Fils unique dans le monde, afin que nous vivions par Lui. L'amour consiste en ce que ce n'est pas nous qui avons aimé Dieu, mais que c'est Lui qui nous a aimés le premier, et qui a envoyé Son Fils comme une propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si c'est ainsi que Dieu nous a aimés, nous aussi nous devons nous aimer les uns les autres" (I Jn IV 9-11). L'enseignement johannique est très-clair : nous devons nous aimer les uns les autres "ainsi que Dieu nous a aimés", c'est-à-dire par et dans l'Amour du Christ envoyé par Dieu-Amour. Pour faire concret : je ne peux donc aimer vraiment un non-chrétien qu'en lui témoignant et vivant avec lui l'Amour du Christ. Ce n'est pas du tout le message des Pères de Vatican II dans Nostra Aetate : pour eux, je dois aimer le non-chrétien fraternellement, humainement, sur la prétendue base de sa dignité ontologique de personne humaine, tel qu'il est, avec sa fausse religion s'il en a une. Exactement, soit dit en passant, comme nous le prêchi-prêche le pape François de nos jours. Comme donc on le voit, le mensonge conciliaire s'étend sur tout, y compris sur les citations scripturaires... Une fois qu'on s'est donné au mensonge, rien ne doit plus rester dans la Vérité de Dieu...
           
        Et, immédiatement après cette intimation violente et agressive faite aux fidèles de devoir se "conduire fraternellement avec tout homme créé à l'image de Dieu", l'abominable décret, de se sceller magistériellement en ces termes : "Tout l'ensemble et chacun des points qui sont édictés dans cette Déclaration, ont plu aux Pères du saint Concile. Et Nous, en vertu du pouvoir apostolique que le Christ Nous a confié, avec les vénérables Pères, nous les approuvons, les décrétons et arrêtons dans le Saint-Esprit, et Nous ordonnons que, pour la gloire de Dieu, ce qui a ainsi été établi en Concile, soit promulgué ― Rome, près Saint-Pierre, le 28 octobre 1965. Moi, Paul, Évêque de l'Église catholique ― (suivent les signatures des Pères)".
           
        ... Éh bien !, je dirai que le pape François est, pardon, un sacré bon catholique, contrairement à ce que disent "calomnieusement" contre lui les conservateurs et les traditionalistes. Il obéit en effet on ne peut mieux, on ne peut plus saintement, aux directives du concile œcuménique de Vatican II, donc à l'Église Universelle qui ne peut ni se tromper ni nous tromper car elle est toujours assistée très-immédiatement par le Saint-Esprit, avec un zèle supérieur, un soin extrême, un dévouement héroïque, une chaleur apostolique, qu'il n'est pas besoin de souligner... surtout en direction des migrants musulmans. Je n'ai pas arrêté de penser à lui en relisant Nostra Aetate, et je suis sûr que vous aussi, ô lecteur. Il en est un apôtre achevé.
           
        En tous cas, nous comprenons tous, parvenus ici, à quel point "édifiant" le pape François puise dans le concile Vatican II ses hérésies, à quel point il en applique les enseignements hérétiques à la lettre de la lettre, et plus encore dans l'esprit. Pour en revenir à notre problématique, le problème actuel n'est donc pas du tout l'hérésie personnelle du pape François, MAIS L'HÉRÉSIE DE TOUTE L'ÉGLISE, L'HÉRÉSIE DE L'ÉGLISE UNIVERSELLE EXPRIMÉE SOLENNELLEMENT EN CONCILE UNIVERSEL. François, actuellement, n'est en vérité que le révélateur providentiel de l'hérésie de l'Église Universelle, il est un providentiel aiguillon mis dans les côtes des catholiques pour qu'ils arrêtent de roucouler imbécilement des thèses de pape hérétique en tant que docteur privé, s'en gargarisant scrupuleusement et rituellement tous les matins avant de prendre leur petit déjeuner. Nous sommes en effet bien obligés de prendre conscience que c'est l'Église Universelle qui promulgue, le plus magistériellement du monde, le décret hérétique Nostra Aetate. Car le concile Vatican II voit la réunion de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, et c'est cela qui réalise ipso-facto l'Église Universelle. Et c'est pourquoi la conclusion théologique est certaine : cette hérésie syncrétiste de Nostra Aetate est formellement endossée par l'Église Universelle.
           
        Parvenus ici, il nous faut comprendre maintenant la place théologique du concile Vatican II pour que nos âmes puissent saisir ce que le Saint-Esprit veut nous dire dans le problème posé par Nostra Aetate, qui, au premier abord, semble incroyable, impensable : un décret magistériel hérétique promulgué par l'Église Universelle...
           
        Après beaucoup de lectures, la plus belle formule que j'ai trouvée pour définir Vatican II sous le rapport de l'autorité magistérielle, est celle signée par un "rallié", l'abbé Christian Gouyaud, qui, sous le titre L'autorité du magistère actuel, a écrit dans La Nef 158 (2004) : "On peut donc dire que l'Église, à Vatican II, a usé d'une forme magistérielle extraordinaire (un concile œcuménique) pour un contenu ordinaire (le Concile s'étant abstenu de proposer des définitions dogmatiques infaillibles en bonne et due forme). Cette assemblée, constitutive d'«une communion en acte» des successeurs des apôtres avec le successeur de Pierre, mettait singulièrement en valeur l'aspect universel du magistère ordinaire". La forme de Vatican II fut bel et bien extraordinaire quand son contenu, son fond, fut l'expression certaine du Magistère ordinaire & universel, infaillible de soi dès lors qu'il y eût enseignement simple de la Foi enté sur la Parole de Dieu, par une telle assemblée universelle autorisée. C'est singulièrement bien vu et tout aussi bien dit, cela rejoint d'ailleurs le propos judicieux de Mgr Ocariz, qui nous dit magistralement : "Le charisme de vérité et l'autorité magistérielle y furent [à Vatican II] certainement présents, au point que les refuser à l'ensemble de l'épiscopat réuni cum Petro et sub Petro pour apporter un enseignement à l'Église universelle, ce serait nier une partie de l'essence même de l'Église". Là aussi, on ne saurait mieux dire. Mais le Père Héris, o.p., affine encore la question en nous permettant de discerner ce qui est doté de l'infaillibilité magistérielle dans Vatican II et ce qui ne l'est pas : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Donc, le syncrétisme religieux hétérodoxe professé par Nostra Aetate sans être mis en relation, ni directement ni indirectement, avec la Révélation ou Parole de Dieu, ne serait pas un acte d'enseignement doctrinal intégré au Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité. Mais ne nous réjouissons pas trop vite, car nous sommes bien obligés de prendre acte que la doctrine hérétique de certains décrets vaticandeux a bel et bien été entée sur la Révélation, ainsi en est-il par exemple de Dignitatis Humanae Personae sur la Liberté religieuse, dont la doctrine hérétique fut mise, quant à elle, en relation directe avec la Parole de Dieu et la Révélation, dans son § 2 définitionnel et plus encore clairement en son § 9 ; or, la doctrine hérétique de la Liberté religieuse est en connexion très-intime avec la doctrine syncrétiste de Nostra Aetate... Cependant, admettons que Nostra Aetate ne soit pas une expression formelle du Magistère ordinaire & universel. Cela ne résout de toutes façons strictement rien, car, quant à Nostra Aetate, demeure un problème théologique gravissime quant à la Foi et à la Constitution divine de l'Église, qu'on peut ainsi poser : est-il théologiquement admissible que l'Église Universelle puisse proposer à croire une doctrine hérétique à l'universalité des fidèles, du moment qu'elle ne met pas ladite doctrine hérétique en relation, directement ou indirectement, avec la Révélation, c'est-à-dire sans en faire un acte formel du Magistère ordinaire & universel ?
           
        La réponse est non, bien sûr. Car si le décret magistériel Nostra Aetate n'est pas un acte formel du Magistère ordinaire & universel strictement doté de l'infaillibilité, il n'en est pas moins formellement un acte de l'Église Universelle dont la Foi nous enseigne qu'elle est toujours assistée, sans hiatus, par le Saint-Esprit dans tout ce qu'elle fait. Il est donc rigoureusement impossible, absolument, d'admettre que l'Église Universelle, sous mouvance directe et immédiate du Saint-Esprit, ... donc, très-notamment quand elle a promulgué Nostra Aetate !, puisse promulguer une doctrine hérétique pour l'universalité des fidèles, ce serait supposer une fois la non-assistance du Saint-Esprit dans la Vie de l'Église Universelle, ce qui n'est pas catholique. Si en effet l'Église Universelle n'est pas toujours stricto sensu sous le couvert de l'infaillibilité dans tous ses actes, elle est par contre toujours, sans exception aucune, sous l'Assistance du Saint-Esprit, qui, de soi, ne peut qu'exclure absolument toute hérésie dans les actes de l'Église Universelle, et bien au contraire, y éclairer la Foi des fidèles.
           
        Donc, rien à faire, on ne peut pas sortir de l'impasse théologique.
           
        Si Nostra Aetate hérétique ne semble pas vraiment sous le couvert de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel, l'hérétique décret est tout-de-même, via l'Église Universelle, sous Assistance directe du Saint-Esprit qui ne peut pas permettre l'hérésie. Et puis, et puis, et de toutes façons, il y a bien plus grave dans Vatican II, je l'ai rappelé plus haut : Dignitatis Humanae Personae est bel et bien, quant à lui décret à la doctrine formellement hérétique, un acte non moins formel du Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale. Car la relation de la doctrine hérétique y professée avec la Parole de Dieu et la Révélation y est en effet "manifestement" (Héris) formulée : "Le Concile du Vatican déclare, en outre, que le droit à la liberté religieuse a son fondement dans la dignité même de la personne humaine telle que l'a fait connaître la Parole de Dieu et la raison elle-même" (§ 2) ; "Qui plus est, cette doctrine de la liberté [religieuse] a ses racines dans la révélation divine, ce qui, pour les chrétiens, est un titre de plus à lui être saintement fidèles [!!!]" (§ 9). Nous sommes là en pleine application pratique de la norme des actes dotés de l'infaillibilité, rappelée par le P. Héris que j'ai cité plus haut : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible".
           
        La conclusion de l'enquête est donc plus que certaine. Ces décrets hérétiques formellement promulgués à Vatican II par l'Église Universelle, ce qui, faut-il le dire, n'est jamais arrivé de toute l'histoire de l'Église, nous oblige à voir que le signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint est accompli de nos jours. Le Lieu-Saint, en l'occurrence, c'est l'Église Universelle elle-même, souillée par l'hérésie. La Foi nous enseigne que nous vivons donc très-certainement, depuis le concile Vatican II, la période ultime de la fin des temps. Nous sommes donc très-proches du règne de l'Antéchrist-personne, préface négative de la Revenue du Christ en Parousie pour délivrer le monde et l'Église du mysterium iniquitatis.
           
        Qu'est-ce que l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, signe eschatologique ? Dans le cadre de ce nouvel article, je serai court (j'ai traité cette question d'une manière très-approfondie dans mon grand article http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf), je vais seulement résumer lapidairement la question en disant que ce signe eschatologique consiste à voir dans l'Église ce qui ne doit absolument pas y être vu eu égard à sa divine Constitution, essentiellement, à voir de l'impiété ou du péché dans le sacré qui ne doit contenir absolument et exclusivement que de la piété ou de la sainteté. Définition un peu courte sans nul doute, mais juste. Par exemple, voir de l'hérésie dans le Magistère de l'Église noté d'infaillibilité. Cela, c'est de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. C'est précisément exactement ce que nos yeux sont obligés de voir, aux termes de notre enquête démarrant surréalistement par l'hérésie "personnelle" du pape François et finissant réalistement dans l'hérésie magistérielle de l'Église Universelle, à Vatican II. Nous sommes donc très-certainement à la fin des temps, de tous les temps historiques, dans cette période-charnière apocalyptique annoncée par les saintes-Écritures qui doit voir l'apparition sur cette terre du personnage de l'Antéchrist-personne établissant son règne maudit entre tous, période qui doit se finir elle-même par la Parousie du Christ glorieux venant dans notre univers physique sur les Nuées du ciel. Car, faut-il avoir à le redire, aucune autre époque historique de la vie de l'Église militante depuis sa naissance il y a 2 000 ans, n'a vu, de près ou de loin, l'Église Universelle promulguer l'hérésie dans un cadre... infaillible. C'est la première fois de toute l'histoire ecclésiastique qu'une telle chose arrive, parce que c'est aussi la dernière, cela manifeste un signe eschatologique advenu, et donc la fin des temps... Le Retour glorieux du Christ est donc pour bientôt.
           
        Ceci dit, et qui met nos âmes dans la vérité vraie de notre temps par ce que nos yeux, dessillés éventuellement par le collyre du Saint-Esprit, voient dans l'Église, il n'en reste pas moins que notre quête théologique nous laisse cruellement sur notre faim, elle reste lancinante, douloureuse, terriblement angoissante, comme une pointe d'épée fichée en plein cœur de notre Foi : l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint renverse-t-elle la Constitution divine de l'Église ? N'est-ce pas ce que l'on doit croire depuis Vatican II qui enregistre des actes formellement dotés de l'infaillibilité par le Magistère ordinaire & universel et qui cependant enseignent non moins formellement l'hérésie ? Ce théologique constat, indubitable, ne semblerait-il pas nous obliger, nous acculer, à devoir conclure in fine que "Les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" ? Impossible, en effet, au premier degré de lecture, d'éviter l'hypothèse théoriquement possible de cette dramatique et tragique conclusion.
           
        ET CEPENDANT, nous savons bien sûr que cette conclusion est fausse, car la Foi nous enseigne que "Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église". Pas plus à la fin des temps qu'en d'autres temps. Mais nous avons le formel devoir d'en convaincre notre âme, par l'intelligence de la Foi. Saint Paul nous dit que nous devons toujours être prêt et capable de répondre de notre Foi à qui nous interpelle... mais nous le devons d'abord, ce devoir, à notre propre âme lorsqu'elle nous pose question ! "Charité bien ordonnée..."
           
        Or, c'est "LA PASSION DE L'ÉGLISE" qui donne cette intelligence de la Foi, ainsi que je le disais en commençant ces lignes. L'économie de la Passion du Christ appliquée à son Épouse l'Église qui vit actuellement sa propre fin des temps à elle, sa personnelle co-Passion, va en effet suffire à résoudre exhaustivement et supérieurement la question dans la Foi, loin que, comme il fallait s'y attendre, celle-ci soit trouvée en défaut le moins du monde.
           
        Scrutons donc l'économie de la Passion, qui va nous apporter la solution théologique complète de notre apocalyptique situation ecclésiale. Saint Paul définit la Passion du Christ en deux phrases lapidaires, mais qui illumine de la Lumière du Saint-Esprit toute l'économie terrible et affreuse de la Passion, dont on va se rendre compte que l'Église la vit (et la meurt) de nos jours. Il révèle aux Corinthiens que lorsqu'Il eut sa Passion à vivre et à mourir, Jésus fut "fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21) ; il complète sa définition de l'économie de la Passion en révélant cette fois-ci aux Hébreux que lorsque Jésus-Christ vécut sa Passion, il souffrit une "si grande contradiction" (He XII, 3). Le Christ Lui-même achève la définition paulinienne de l'économie de la Passion, en précisant que d'être fait péché pour le salut et être mis dans une si grande contradiction, révèle que l'acteur de la Passion est mis invinciblement sous le règne maudit de "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53).
           
        Nous avons donc deux certitudes absolues quant au Christ, lorsqu'Il eut à vivre l'économie de la Passion : 1/ Il fut fait péché ; 2/ Il resta parfaitement saint de toute sainteté, une fois fait péché, car, comme le dit lapidairement saint Paul, Il fut fait péché pour le salut. Si en effet la manière dont le Christ fut fait péché dans sa Passion contenait la plus petite ombre de coulpe séparant de Dieu, alors, le Christ n'aurait pas pu être fait péché pour le salut, Il aurait été fait péché pour la damnation. Nous avons donc une certitude absolue que le Christ, lorsqu'Il fut cependant fait très-réellement péché, resta parfaitement saint (ce qui d'ailleurs est une évidence, puisque le Christ est Dieu). Et la théologie morale nous permet d'affiner la question : un péché qui ne contient aucune coulpe s'appelle un péché matériel. Le Christ donc, lorsqu'Il vécut sa Passion, fut fait péché matériel.
           
        Il en est exactement de même pour l'Épouse du Christ, l'Église, lorsqu'elle aussi doit vivre (et mourir) sa co-Passion propre et personnelle, en décalcomanie pourrais-je dire de la Passion archétypale de Notre-Seigneur Jésus-Christ, et ce sont nos jours vaticandeux qui enregistrent cela. Lorsqu'elle est plongée dans l'économie de la Passion, elle est, elle aussi : 1/ faite péché ; 2/ et elle reste parfaitement sainte de toute sainteté, de telle manière que la deuxième Note qui la caractérise formellement, Une, Sainte, catholique et apostolique, ne souffre aucune diminution ni atteinte d'aucune sorte, quelle qu'elle soit.
           
        Cette première conclusion est évidemment très-importante. L'Église est faite péché à Vatican II, péché d'hérésie par le moyen des actes magistériaux hérétiques, donc elle rentre à partir de là dans l'économie de la Passion-fin des temps, mais nous savons déjà par la Foi qu'elle est faite péché pour le salut, c'est-à-dire dans un but de co-Rédemption, et donc, sans coulpe aucune de sa part. L'Église également, comme le Christ, est donc à Vatican II, faite péché matériellement seulement.
           
        Le principe de la Foi, par l'économie de la Passion du Christ, évacue donc tout scandale. C'est pourquoi je disais plus haut que "LA PASSION DE L'ÉGLISE" prémunit l'âme fidèle de tout scandale. Nous ne pouvons pas plus être scandalisé dans notre Foi de voir l'Épouse du Christ, l'Église, être faite péché pour le salut à Vatican II, que d'être scandalisé du Christ lorsque Lui aussi fut fait péché pour le salut quand Il vécut sa Passion il y a 2 000 ans.
           
        Il faut maintenant, bien sûr, passer du principe de la Foi à la pratique de la Foi, bien expliquer comment cedit principe s'applique concrètement dans la situation ecclésiale contemporaine qui nous montre que l'Église est faite péché à Vatican II, très-certainement par le constat absolument vrai d'actes magistériaux parfaitement hérétiques. Comment l'Église Universelle peut-elle être faite péché pour le salut ? En péchant seulement matériellement dans cesdits actes magistériaux hérétiques. Les Pères modernes, agissant dans cesdits actes in Persona Ecclesiae, ne doivent donc professer l'hérésie qu'on y trouve que matériellement. De telle manière que, effectivement, l'Église Universelle qu'ils représentent formellement dans cesdits actes n'ait à endosser aucune coulpe dans cette promulgation des hérésies vaticandeuses, c'est-à-dire qu'elle soit bien faite péché pour notre salut.
           
        Je suis en train de dire que les Pères de Vatican II ont promulgué les hérésies vaticandeuses dans l'inadvertance totale. On voudra bien sûr une preuve concrète de cette affirmation : s'il en est bien ainsi que je viens de l'écrire, alors, on doit constater, dans la rédaction du décret en soi hérétique formel de la Liberté religieuse (pour en rester à ce qui est le plus grave dans Vatican II, car formellement doté de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel), une absence totale, de la part des Pères conciliaires, de prise de conscience de la malignité de cette hérésie, de son caractère hérétique formel, autrement dit on doit constater l'inadvertance complète des Pères conciliaires, cette pure inadvertance qui, en théologie morale, fait le "péché matériel" exempt de coulpe (latin médiéval inadvertentia, du latin classique advertere : tourner son attention vers ; et donc, pour que la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" soit confirmée, on doit constater, obligatoirement, que les Pères conciliaires ont eu leur attention absolument détournée du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse en promulguant ce décret hérétique).
           
        Cette démonstration n'est pas bien difficile à faire, l'inconscience totale et même carrément insensée, folle, des Pères de Vatican II una cum Paul VI d'avoir à faire à une hérésie à caractère formel quant à la Liberté religieuse, étant révélée quant et quant dans le texte magistériel lui-même de promulgation du Décret... hérétique. Lisons par exemple le § introductif 1 : "Or, puisque la Liberté religieuse que revendique l'homme dans l'accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu concerne son immunité de toute contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral de l'homme et des associations à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ" (soit dit en passant, ce membre de phrase que j'ai mis en italique, empêchant que l'hérésie de la Liberté religieuse soit promulguée de manière formelle, est dû au Caetus Internationalis Patrum et, en son sein, principalement à un certain Mgr Marcel Lefebvre). Plus avant, toujours dans cette Introduction du décret hérétique, les Pères avaient déjà dit : "Considérant avec diligence ces aspirations [de l'homme moderne à la Liberté religieuse], dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, etc." On trouve par ailleurs moult autres passages dans le corps du décret, allant dans le même sens, il déborderait le cadre de cet article de tous les citer.
           
        Il est évident, ici, que les Pères de Vatican II n'ont pas la moindre conscience de la malignité ni de l'hétérodoxie formelles de la Liberté religieuse, puisque, certes en se trompant bougrement et fort péniblement, ils affirment dans le document magistériel qu'elle est... conforme à la Foi ! Benoît XVI n'a jamais rien fait d'autre, par sa fameuse et surtout fumeuse "herméneutique de continuité", que d'être l'écho de cette utopie chimérique, qui du reste avait déjà été sienne à l'époque, en tant qu'acteur majeur de Vatican II. En tous cas, nous avons là la preuve que les Pères de Vatican II, en promulguant cette hérésie à caractère formel, ne l'ont pas fait dans un acte de péché formel puisqu'il y manque totalement l'advertance ou connaissance pleine et entière de la malignité de la faute commise, de l'hétérodoxie doctrinale de la Liberté religieuse. Or, puisqu'ils agissaient in Persona Ecclesiae en promulguant la Liberté religieuse, cela signifie donc que c'est l'Église Universelle elle-même qui a matériellement professé l'hérésie. Mais une hérésie professée matériellement seulement n'entache en rien la note de sainteté de l'Église ; par contre, certes, cela la met automatiquement dans l'économie de la Passion, c'est alors que, par de tels actes magistériaux, l'Épouse du Christ est "faite péché [d'hérésie] pour notre salut". Aux fins supérieures de vivre une co-Passion qui, à terme, lui méritera d'être co-Rédemptrice.
           
        Rappelons-nous que l'Église est une "Personne morale" (Can. 100, § 1). En tant que telle, comme toute personne, elle peut donc pécher, ou, pour employer la langue de saint Paul, être faite péché. Un péché qui sera évidemment sans coulpe aucune, une simple matière de péché ou "péché matériel", puisque cette dite personne, l'Église, est sainte de toute sainteté, parfaitement immaculée, comme étant l'Épouse du Christ. Or, cette mise de l'Église dans l'état de péché matériel sans coulpe est nécessaire de toute nécessité, quand, dans les mystérieux Décrets divins, l'Église-Épouse, à la suite du Christ-Époux, doit, elle aussi, sauver le monde en co-Rédemptrice, c'est-à-dire être mise dans l'économie propre à la Passion du Christ, que saint Paul, vraiment inspiré quand il a écrit cela, a résumé d'un trait lapidaire et récapitulatif, en disant que cela consiste essentiellement à être "fait péché pour le salut". La mystique de la Passion n'est en effet pas difficile à comprendre : pour racheter le péché du monde, il faut absolument que l'acteur de la Passion, soit le Christ Lui-même soit son Épouse l'Église, soit identifié au péché, "fait péché", pour, en tant que victime expiatoire, pouvoir par-là même brûler, réduire en cendres et anéantir le péché du monde, le racheter. Et c'est ce que la Personne morale de l'Église vit, à la suite du Christ, depuis Vatican II.
           
        C'est bien cela que l'Église a à vivre (et à mourir, au terme du processus), dans, par et depuis Vatican II, voilà la grande révélation de "la crise de l'Église" : Dieu veut que l'Église vive la Passion du Christ, et donc, par les causes secondes, humaines, Il la met complètement dans l'économie du péché matériel, sous "la puissance des ténèbres", très-notamment en aveuglant invinciblement l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée par Dieu à introduire l'Église dans sa propre et personnelle Passion. Lesquels, una cum le pape, ont alors commis in Persona Ecclesiae un péché matériel d'hérésie par la promulgation de la Liberté religieuse, sans coulpe aucune de la part de l'Église, aux fins ultimes et supérieures de la faire vivre désormais dans l'économie propre à la Passion, d'être ainsi "faite péché". Car l'heure pour elle, cette heure dont le Christ a dit, quant à Lui, "Voici l'heure" (Lc XXII, 53) quand sa Passion a commencé au jardin de Gethsémani, est venue, et c'est l'heure co-rédemptrice du concile Vatican II, son jardin de Gethsémani à elle.
           
        Le proverbe antique dit : Jupiter aveugle ceux qu'Il veut perdre, Quos vult perdere Jupiter dementat. Nous sommes exactement dans ce cas de figure. Dieu, dans ses mystérieux Décrets providentiels, a aveuglé l'esprit des Pères conciliaires pour les perdre, c'est-à-dire pour perdre l'Église comme Il a perdu son Fils bien-aimé, en qui, pourtant, Il a mis toutes ses complaisances, lorsqu'Il L'a abandonné à "la puissance des ténèbres" pour qu'elle Le "fasse péché pour le salut", c'est-à-dire pour que la Rédemption puisse s'accomplir. Car la cause première et essentielle de l'économie de la Passion, c'est cela, c'est "être fait péché" pour pouvoir opérer le salut universel. Si l'acteur de la Passion, l'Église-Épouse de nos jours après le Christ il y a 2 000 ans, n'est pas "fait péché", alors, la Rédemption ou la co-Rédemption ne peut pas s'opérer. Et c'est pourquoi, l'heure étant venue de nos jours où l'Église doit devenir co-Rédemptrice, les Pères de Vatican II una cum Paul VI, c'est-à-dire l'Église Universelle, ont été perdus par la Providence divine, qui les a laissé dans un aveuglement complet quant au caractère hérétique formel, par exemple, de la Liberté religieuse ou du syncrétisme religieux hétérodoxe qu'on trouve dans Nostra Aetate.
           
        Si ce péché matériel commis in Persona Ecclesiae à Vatican II n'a aucune incidence sur la note de sainteté de l'Église, il en a par contre, et terriblement, pour revêtir au for externe l'Église de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église moderne, maudite comme une lépreuse depuis Vatican II et de plus en plus léprosée plus le temps avance (elle est vraiment couverte de pustules purulentes et répugnantes sous le pape François ― un vrai "cloaque d'impureté" comme avait prophétisé Notre-Dame de La Salette de la génération cléricale de la fin des temps, beaucoup moins quant aux mœurs sexuelles que quant au mode général de vie des clercs, ce qui rejoint d'ailleurs l'analyse de Benoît XVI dans ses Notes, comme on le verra plus loin : "Les prêtres, ministres de mon Fils, les prêtres, par leur mauvaise vie, par leurs irrévérences et leur impiété à célébrer les saints Mystères, par l'amour de l'argent, l'amour de l'honneur et des plaisirs, les prêtres sont devenus des cloaques d'impureté"), l'Église moderne disais-je, désormais, depuis Vatican II, pieds et mains liés, ligotée jusqu'à la paralysie sous "la puissance des ténèbres", radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché", l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra à mort l'Épouse du Christ léprosée et en stade terminal, dans son règne.
           
        Considérons bien que puisque l'acte de la Liberté religieuse est doté de l'infaillibilité ecclésiale, alors, c'est le Saint-Esprit qui veut cet acte, par l'organe immaculé de l'Église. Mais que veut-Il donc dire à nos âmes fidèles, puisque cet acte ecclésial est un péché matériel d'hérésie ? La réponse est toute simple. Le Saint-Esprit, par-là, nous dit, nous montre, qu'Il met Lui-même (c'est ce que signifie la note d'infaillibilité) l'Église du Christ dans l'économie de la Passion, puisque le péché matériel en est la caractéristique essentielle, et que cet acte le manifeste formellement. Voilà le sens de cette infaillibilité dont sont dotés ces actes de péché matériels commis par l'Église à Vatican II... À Vatican II, les Pères modernes crucifient la Foi de l'Église, la font donc rentrer par-là même dans l'économie de la Passion du Christ, mais ils ne renient pas la Foi de l'Église par un péché formel d'hérésie (croyez bien que c'est la même chose pour le pape François : il n'a nulle conscience de professer l'hérésie...).
           
        Il me semble que je peux arrêter là cet exposé sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qu'on trouvera écrit plus ex professo au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf. "LA PASSION DE L'ÉGLISE" fait triompher la grâce de Dieu sur le mysterium iniquitatis à l'oeuvre dans "la crise de l'Église", et elle seule le fait.
           
        Comprendre et admettre que nous vivons la fin des temps-Passion de l'Église n'est pas forcément donné à tout le monde. Certaines âmes, mêmes si les choses de la Passion sont clairement dites, ne peuvent pas comprendre, ne comprennent toujours pas. Je n'en ai que trop fait l'expérience depuis plus de vingt ans que je prêche "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Elle déchire un voile dans l'âme, qui anéantit radicalement tout concept humanisé ou mondain du salut... C'est pourquoi lorsque saint Pierre refuse la Passion, Jésus, scandalisé, lui rétorque : "Tu as le goût des choses de ce monde, et non celles de Dieu" (Matth XVI, 23). Il faut vraiment sacrifier toute son humanité pour rentrer dans l'économie de la Passion. Je serai donc fort étonné que tous comprennent ce que je viens d'exposer. Il me semble l'avoir fait cependant le plus simplement, le plus clairement, le plus parfaitement qu'il m'a été possible de le faire, pour que tout le monde comprenne, mais je sais que cela ne sert de rien pour éclairer certaines âmes. Jésus aussi ne fut pas compris lorsqu'il annonça sa Passion à ses Apôtres : comment prétendrais-je, moi petit disciple, être au-dessus du Maître ? Reprochera-t-on à Jésus d'avoir mal expliqué aux Apôtres la Passion ? Non, bien sûr. Jésus est le maître de doctrine, et en plus, aimant les âmes, il est le meilleur pédagogue qu'on puisse trouver pour les enseigner.
           
        Cependant, quand Il prophétise clairement Sa Passion à ses Apôtres, l'homme, dans les Apôtres, dit qu'il "ne comprend rien à cela". Or, pourtant, le Christ la leur annonce en termes simples, faciles à comprendre, absolument non-équivoques, sans images paraboliques, au surplus Sa Passion était déjà révélée dans les écrits inspirés des prophètes de Yahweh que connaissaient fort bien les Apôtres, et auxquels, d'ailleurs, Jésus les renvoie explicitement : "Ensuite, Jésus prit à part les douze, et leur dit : «Voici que nous montons à Jérusalem, et tout ce que a été écrit par les prophètes au sujet du Fils de l'homme s'accomplira. Car Il sera livré aux gentils, et on se moquera de Lui, et on Le flagellera, et on crachera sur Lui ; et après qu'on L'aura flagellé, on Le fera mourir ; et le troisième jour, Il ressuscitera». Mais ils ne comprirent rien à cela ; ce langage leur était caché, et ils ne saisissaient point ce qui était dit" (Lc XVIII, 31-34). Convenons pourtant que c'était on ne peut plus clairement dit ! En soi, donc, il n'y avait pas... à ne pas comprendre. Il y avait juste à entendre le sens obvie, simple et non-équivoque, des mots prononcés par Jésus...
           
        C'est donc bien la chose en elle-même que les Apôtres ne pouvaient admettre, accepter, représentant pour lors tous les hommes dans ce refus de conscientiser la Passion. Et en effet, la Passion est tellement insupportable à l'homme, tellement contre sa nature, qu'il la rejette instinctivement, sans même y réfléchir : elle est vraiment extra-humaine, j'allais écrire... extra-terrestre. Il faut d'ailleurs noter soigneusement que même la très-sainte Humanité du Christ a voulu la rejeter dans un premier mouvement, lequel premier mouvement n'est donc en soi entaché, le Christ étant parfaitement saint, d'aucun péché ("Père, s'il se peut, que ce Calice s'éloigne de Moi..."). Il ne l'a acceptée ("... cependant, non ma Volonté mais la Vôtre" ― Matth XXVI, 39), qu'après être passé par une effrayante suée de sang de tout son Corps, une hématidrose comme l'expriment les spécialistes, c'est-à-dire une sorte d'explosion interne de tout le tissu sanguin sous-cutané, sous le coup d'une émotion extrêmement forte et violente, capable de faire mourir celui qui l'éprouve, un véritable tsunami métabolique, une révolte universelle irrépressible de tout le corps (certains spirituels considèrent d'ailleurs, à très-juste titre, l'Agonie de Jésus au jardin des Oliviers comme une première mort ; il est parfaitement vrai que le Christ serait effectivement mort sur-le-champ s'Il n'avait été physiquement soutenu et conforté par l'Ange envoyé par son Père pour L'assister alors).
           
        L'acceptation nécessaire de la Passion par l'âme fidèle est donc le point du dogme catholique le plus difficile, le plus névralgique, crucial, la pierre de touche du vrai chrétien. Il n'est pas inutile de rappeler que ce fut le seul vrai obstacle que Clovis, notre premier et glorieux roy très-chrétien, eut grand'peine à franchir pour achever sa conversion commencée à Tolbiac ; Grégoire de Tours dans son Historia Francorum nous révèle en effet sa répartie scandalisée à l'évêque Rémy qui le catéchisait, lorsque celui-ci lui lisait le récit de la Passion du Christ ; il sortait alors colériquement son scramasaxe de son fourreau et s'écriait : "Si j'avais été là avec mes francs, JAMAIS le Christ n'aurait été crucifié !" Le brave et fier Sicambre, qui avait alors environ 25 ans, eut tant de mal à accepter que le Christ ait à passer nécessairement par la Passion pour sauver les hommes, que cela retarda l'administration de son Baptême, qui n'eut lieu, contre les coutumes liturgiques de l'époque, qu'à la Noël (on lira avec grand fruit tout le détail de cette remarquable conversion de Clovis, fort intéressante, fort édifiante, en cliquant sur le lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/L'extraordinaireConversionDeClovis.pdf)... En soi donc, il n'est pas du tout étonnant, ni même aucunement répréhensible quant au premier mouvement de révolte de la nature humaine, de voir l'homme, quel qu'il soit, rejeter la Passion le plus loin possible de lui. Surtout quand elle a lieu en Église...
           
        Mais qu'est-ce donc bien que la Passion, pour être aussi insupportable à la nature humaine ? Pour que même le Christ, dans un premier mouvement, s'y recule ? L'Apôtre des nations est celui qui a le mieux défini la Passion du Christ, dont il synthétise admirablement toute l'économie spécifique par ces mots inspirés : "Le Christ a été fait péché pour notre salut". Oh ! alors, on comprend d'un seul coup pourquoi c'est tellement insupportable d'avoir à vivre la Passion, son économie spécifique, car c'est voir tout son être, toute sa personne, invinciblement formaté à la matière du péché ; et ce, nonobstant le for interne de celui qui est "fait péché", qu'il soit parfaitement innocent quand il s'agit du Christ ou de l'Église, ou bien plus ou moins innocent, quand la Passion visite les âmes des pauvres cloportes du Seigneur que nous sommes tous. C'est extraordinairement contraire à la nature humaine créée par Dieu pour le Bien, et c'est pourquoi une autre formule de saint Paul est de définir la Passion comme "une si grande contradiction" (He XII, 3).
           
        Or donc, si je médite ainsi sur la Passion, c'est parce que l'Église catholique, apostolique et romaine, la vit de nos jours, dans le cadre apocalyptique de la fin des temps. Et c'est pourquoi il est si dur pour les théologiens, d'en prendre bon acte : "Tout, Seigneur, mais pas ça", clament-ils tous dans le fond secret de leurs âmes, les tradis comme les modernes, en écho bien peu glorieux aux onze Apôtres fuyant la Passion (dont il faut se rappeler que l'un d'entre eux est mort en odeur de damnation...), secouant leurs manteaux dans la poussière à l'instar des juifs rebelles et orgueilleux. L'examen théologique rigoureux et complet des assises de la "crise de l'Église" révèle en effet formellement et sans fard la "si grande contradiction" où elle se trouve depuis Vatican II avec sa Constitution divine, sa mise en état de péché matériel pour notre salut, et révèle donc que l'Église vit la Passion.
           
        Oui, même lorsque la Passion-fin des temps s'actualise clairement dans le monde et dans l'Église, l'humain ne veut pas le voir (contre le précepte formel de Jésus-Christ : "Quand vous VERREZ ces signes, etc." ― Matth XXIV, 33), ne veut pas en prendre conscience, avec pourtant devant les yeux les évidences les plus criées par le Saint-Esprit qu'il en est bien ainsi. Et c'est pourquoi le Saint-Esprit lui propose un collyre pour ouvrir ses yeux.
           
        L'homme moderne ne veut pas ouvrir ses yeux sur les signes eschatologiques infailliblement annoncés par le Saint-Esprit dans la sainte-Écriture pour révéler formellement que nous sommes à la Passion-fin des temps, et tous actualisés formellement dans notre contemporanéité... Et pourtant, il se rend bien compte qu'ils sont réalisés, ces signes, mais factuellement seulement. Le fait lui-même du signe eschatologique advenu à son époque dans le monde et l'Église va jusqu'à le bouleverser, le commotionner beaucoup, mais il ne comprend pas que... c'est un signe eschatologique !!
           
        Je vais en prendre un exemple illustre dans la personne de Benoît XVI. J'ai lu avec un grand intérêt ses Notes relatives au gravissime problème des mauvaises mœurs dans l'Église contemporaine, rédigées en vue du sommet des présidents des conférences épiscopales convoqué à Rome par le pape François, du 21 au 24 février dernier. Benoît XVI est une âme attachante et émouvante. Ce bulldozer de la pensée est un allemand et, inné en lui, il a la qualité du génie catholique allemand, à savoir une spiritualité chaude et cordicole, fondée sur l'amour mystique et vécue concrètement, toute empreinte d'une ferveur simple, familiale et communicative. Malheureusement, Joseph Ratzinger est né à l'époque des faux-prophètes, et il a ingurgité, dans tout l'élan généreux de sa jeunesse sacerdotale, le poison moderne et même moderniste, qui a perverti son grand esprit, il semble bien, hélas, à jamais quant à cette terre. Cependant, surtout dans ces dernières années, même avant sa démission du Siège pontifical, il a manifesté, et de plus en plus et de mieux en mieux, une volonté sincère de conversion véritable, pour revenir au vrai de la Religion. C'est singulièrement perceptible et émouvant dans ses Notes. Dieu lui en tiendra sûrement un grand compte.
           
        Ceci dit, son esprit est toujours dans l'aveuglement de l'homme moderne. Sa conversion spirituelle personnelle, manifestée d'une manière si édifiante dans lesdites Notes, ne va pas jusqu'à expurger de sa Foi les hérésies de Vatican II, très-notamment la très-athée Liberté religieuse, ne va pas jusqu'à conscientiser les signes eschatologiques que manifeste "la crise de l'Église". Il n'est pas le seul, parmi les hauts-prélats actuels, à ne pas pouvoir le faire, quand bien même il y a de leur part constat très-réaliste, mais seulement factuel, de "la crise de l'Église" et de la Foi. Je fais allusion notamment au cardinal Sarah, conservateur, qui, lui aussi, dénonce bien le fait de "la crise de l'Église", mais sans mieux comprendre que Benoît XVI que ce fait constaté est... l'irruption soudaine, dans la vie des hommes et de l'Église, d'un signe eschatologique formel advenu à notre époque (et à notre époque seulement), signifiant que nous vivons les temps ultimes du monde avant la Parousie.
           
        Voyons cela de plus près. Benoît XVI, dans ses Notes, a très-bien posé le diagnostic précis de "la crise de l'Église" : l'absence de Dieu, la perte de la Foi en Dieu même dans l'Église. Je laisse le cardinal Sarah, qui s'est, à juste titre, enthousiasmé de ces Notes de Benoît XVI, nous le dire dans la synthèse qu'il en a faite :
           
        "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. Benoît XVI le résume en une autre formule tout aussi claire, je cite : «C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles» (II, 2). (...) Mesdames, Messieurs, le génie théologique de Joseph Ratzinger rejoint ici non seulement son expérience de pasteur des âmes et d’évêque, père de ses prêtres, mais aussi son expérience personnelle, spirituelle et mystique. La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le Pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels. (...) Les explications psychologiques ont certes leur intérêt, mais elles ne font que permettre de repérer les sujets fragiles, disposés au passage à l’acte. Seule l’absence de Dieu peut expliquer une situation de prolifération et de multiplication si épouvantable des abus. (...) il faut dire que les enquêtes à propos des abus sur mineurs ont fait apparaître la tragique ampleur des pratiques homosexuelles ou simplement contraires à la chasteté au sein du clergé. Et ce phénomène est lui aussi une douloureuse manifestation, comme nous le verrons, d’un climat d’absence de Dieu et de perte de la foi" (fin de citation). Et Benoît XVI, de dire : "Une société sans Dieu (une société qui ne le connaît pas et qui le considère comme n'existant pas) est une société qui perd sa mesure. C'est à notre époque que le slogan «Dieu est mort» a été forgé. Lorsque Dieu meurt effectivement au sein d'une société, elle devient libre, nous assurait-on. (...) La société occidentale est une société dont Dieu est absent de la sphère publique et qui n’a plus rien à lui dire" (Notes).
           
        ... Fort bien ! Le constat est fort bien fait. Mais ni Benoît XVI ni le cardinal Sarah ne prennent la moindre conscience que leur constat dramatique et très-bien diagnostiqué d'une perte générale de la Foi dans toutes les âmes, cause formelle de l'affreuse débandade des mœurs dans le monde entier (et pas seulement chez les clercs), révèle ipso-facto, par le fait même, l'incarnation dans le monde et l'Église d'un signe eschatologique.
           
        Ils auraient dû commencer par remarquer une chose extraordinaire, qu'ils n'ont même pas remarqué, c'est à savoir que la disparition, l'anéantissement radical de la Foi et de la croyance en Dieu dans les âmes de toute une génération in globo, touchant avec une soudaineté étrange et spectaculaire l'humanité et l'Église dans les années 1968 et post, période que retient à fort juste titre Benoît XVI, EST ABSOLUMENT UNIQUE DANS TOUTES LES ANNALES DE L'HISTOIRE DU MONDE ET DE L'ÉGLISE DEPUIS LE PASSAGE DU CHRIST SUR LA TERRE IL Y A 2 000 ANS. IL N'Y A PAS DE PRÉCÉDENT HISTORIQUE DANS AUCUN SIÈCLE CHRÉTIEN D'UNE TELLE SITUATION DE PERTE UNIVERSELLE ET RADICALE DE LA FOI DANS LES ÂMES D'UNE GÉNÉRATION, DE PRÈS OU DE LOIN. Mais ni Benoît XVI ni le cardinal Sarah n'ont noté cela, qui était le plus important à remarquer, et qui leur aurait révélé immédiatement la signification, le sens profond de cette situation spirituelle globale d'anéantissement de la Foi dans les âmes à notre époque et à notre époque seulement, à savoir : L'INCARNATION DU SIGNE ESCHATOLOGIQUE DE LA GRANDE APOSTASIE ANNONCÉE PAR SAINT PAUL COMME SIGNE TOPIQUE DES TEMPS DE LA FIN OÙ DOIT SE MANIFESTER L'ANTÉCHRIST-PERSONNE : "Que personne ne vous séduise en aucune manière [en vous faisant croire que la Parousie est proche] ; car il faut que l'apostasie arrive auparavant, et qu'on ait vu paraître l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3). Le terme grec apostasie signifie en effet : perte radicale et complète de la Foi.
           
        ... Éh bien ! Voyez, considérez, touchez du doigt comme l'aveuglement possédant les meilleurs esprits, sur l'actuation de la fin des temps à notre époque, est vraiment stupéfiant, presque incroyable. Benoît XVI, le cardinal Sarah, sont on ne peut plus conscient du fait du signe eschatologique de la grande Apostasie, ils en ont vraiment pris conscience, d'une manière édifiante, mais... ils ne prennent pas du tout conscience qu'il s'agit d'un signe eschatologique !!! Et ils ne prennent pas plus conscience que Vatican II concrétise l'incarnation du signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint...
           
        C'est pourquoi on voit Benoît XVI dans ses Notes, et le cardinal Sarah après lui, se tromper d'une manière fort grave quant à l'avenir de l'Église, qu'ils ne voient pas du tout devoir mourir aux termes eschatologiques de cette crise ecclésiale pourtant finale que nous sommes en train de vivre (et de mourir). Je cite : "... Alors Mesdames, Messieurs, pour conclure je vous redis avec le Pape Benoît : oui, l’Église est pleine de pécheurs. Mais elle n’est pas en crise, c’est nous qui sommes en crise. Le diable veut nous faire douter. Il veut nous faire croire que Dieu abandonne son Église. Non, elle est toujours «le champ de Dieu. Il n’y a pas seulement l’ivraie mais également les moissons de Dieu. Proclamer ces deux aspects avec insistance ne relève pas d’une fausse apologétique : c’est un service qu’il est nécessaire de rendre à la vérité», dit Benoît XVI. Il le prouve, sa présence priante et enseignante au milieu de nous, au cœur de l’Église, à Rome nous le confirme. Oui, il y a parmi nous de belles moissons divines". Et Benoît XVI, de préciser : "Il est très important de contrer les mensonges et demi-vérités du diable au moyen de la vérité tout entière : oui, il y a des péchés dans l’Église, il y a du mal. Mais aujourd'hui encore il y a la sainte Église, qui est indestructible. Aujourd'hui il y a beaucoup de gens qui croient, souffrent et aiment humblement, dans lesquels le vrai Dieu, le Dieu d’amour, se montre à nous. Aujourd'hui encore Dieu a ses témoins (ses «martyrs») dans le monde. Nous devons simplement veiller, pour les voir et pour les entendre" (Notes).
           
        L'Église, pas en crise ? Allons, cardinal Sarah, ayez le bon courage de la Foi. Si "la crise de l'Église" ne nous obligeait pas à faire le constat d'actes magistériels hérétiques dotés de l'infaillibilité, comme c'est éminemment le cas avec Dignitatis Humanae Personae, alors, effectivement, l'Église ne serait pas "en crise" attaquant le cœur même de sa Constitution divine. Mais, je l'ai montré au début de ces lignes, ce n'est pas du tout le cas. Vatican II prouve formellement que c'est d'abord l'Église qui est en crise, nous les simples fidèles ne sommes "en crise" qu'après coup.
           
        L'Église, pas indestructible ? Hélas ! Aux temps du Christ, les juifs pieux pensaient la même chose de leur Église dans son économie synagogale-mosaïque de constitution divine. L'Ancien-Testament l'atteste : elle avait, elle aussi tout comme notre économie de salut du Temps des nations et de Rome son centre, reçu de Yahweh des promesses d'indéfectibilité et surtout d'éternité... et cependant, l'évènement l'a prouvé, elle a été destructible. Et le même sort attend notre économie de salut ecclésiale actuelle. Et la raison théologique en est que l'Église est certes éternelle dans son Principe divin (elle naît en effet dans le Sein de Dieu avant tous les Temps et y retourne à la fin du monde), mais les différentes économies de salut par lesquelles l'Église s'incarne sur cette terre, in via, ne sont pas, quant à elles toutes et chacune, éternelles.
           
        L'Église, pas abandonnée par Dieu ? C'est refuser la réalité profonde des choses ecclésiales actuelles. Car, contrairement à ce que dit le cardinal Sarah, ce n'est pas du tout le diable qui veut faire croire à l'abandon de l'Église. L'Église est vraiment abandonnée par Dieu. Exactement comme le Christ fut abandonné par Dieu son Père sur la croix. Et Jésus, Lui, contrairement à nos conservateurs et à nos traditionalistes qui ne veulent pas conscientiser le fond des choses, s'en rendit bien compte, Il ne chercha pas à travestir les faits en refusant d'en prendre conscience, au contraire, Il cria à son Père qu'Il L'abandonnait, carrément, crûment, sans fausse honte : "Eli, Eli, lamma sabachtani !, mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-Tu abandonné ?" Si Benoît XVI et le cardinal Sarah, pour ne parler que d'eux, s'étaient inspirés de la prophétie de La Salette, ils l'auraient compris, cet abandonnement, la très-sainte Vierge prophétisant clairement dans le Secret donné à Mélanie Calvat, pour les temps de l'Antéchrist-personne : "Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes", abandon général qui bien entendu regarde au premier chef l'Église elle-même.
           
        Il faut d'ailleurs faire une réflexion spirituelle très-importante, sur cela : certes, dans la période de la fin des temps, les hommes abandonnent Dieu par la grande Apostasie, puisque c'est un signe eschatologique, mais en un mouvement on pourrait dire simultané, Dieu, en même temps, abandonne les hommes. Alors, qui... commence ? Est-ce Dieu qui d'abord abandonne les hommes en retirant d'eux sa Grâce dans leur vie, et alors, les hommes, déboussolés, abandonnent Dieu à leur tour ? Ou alors, sont-ce les hommes qui commencent à abandonner Dieu eux les premiers, et alors, Dieu, par punition, se retire de leur vie, les abandonne à Son tour ? Je crois que c'est Dieu qui commence. D'ailleurs, c'est toujours Lui qui commence, l'homme ne fait que suivre. Lorsque son Père a abandonné Jésus à "la puissance des ténèbres" pour qu'Il vive la Passion et donc pour qu'Il puisse opérer la Rédemption, Jésus, faut-il avoir à en apporter la précision, n'était, de Sa part, coupable d'aucun abandon préalable de Dieu. Il n'avait pas abandonné Dieu son Père. Cela n'a pas empêché que Dieu L'a abandonné. Il en est de même pour l'humanité présente vivant sa Passion-fin des temps : c'est Dieu qui abandonne l'homme, non pour le perdre, mais pour lui faire vivre une Passion en le plongeant dans une kénose de tout son être. Car l'être de l'homme, plus encore lorsqu'il s'agit de "l'homme multiplié", comme disait Dom Guéranger de l'humanité entière, n'est plus rien quand Dieu se retire de lui... Alors, n'étant plus rien, la boussole de son être ayant disparue, ce que remarque très-bien Benoît XVI dans ses profondes Notes, l'homme s'affole, et a la tentation de quitter la voie du salut. C'est là la grande différence avec Jésus : d'être plongé dans la kénose de son être ne Le fait pas quitter la voie du salut ; tandis que l'homme moderne, lui, ne supportant pas cette kénose, ne soutient pas l'épreuve sans se mettre étourdiment dans des voies de péché...
           
        Il est bien vrai par ailleurs, et il est important de le dire certes, qu'il y a toujours, ... Dieu merci !, de belles âmes aimant Dieu et se sanctifiant à la fin des temps ultimes, exactement comme en tous les temps de l'Église, comme le remarquent Benoît XVI et le cardinal Sarah. Mais que l'homme superficiel n'en profite pas pour s'illusionner sur l'abandon mystique de l'Église par Dieu, bien réel, ni non plus sur le fait que l'Église va mourir dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations avec Rome son centre ; qu'il n'en profite pas, donc, pour refuser de conscientiser qu'il vit la fin des temps.
           
        Benoît XVI, et le cardinal Sarah avec lui, prennent donc bien conscience du fait factuel d'un signe eschatologique actualisé, incarné à notre époque, mais ils ne prennent nullement conscience qu'il s'agit... d'un signe eschatologique ! Quel étrange et incroyable aveuglement !!! Et les traditionalistes n'ont pas une autre attitude. Eux aussi prennent bien conscience du fait de l'hérésie doctrinale dans Vatican II, mais ils ne veulent pas conscientiser que cedit fait révèle l'actuation formelle d'un signe eschatologique qui s'appelle... l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. S'ils sont lefébvristes ou assimilés, ils refusent de le conscientiser en rejetant hérétiquement la note d'infaillibilité attachée au décret Dignitatis Humanae Personae (ce qui leur permet, ledit décret n'étant soi-disant pas couvert par l'infaillibilité, de nier que Dignitatis Humanae Personae manifeste l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint) ; s'ils sont sédévacantistes, ils refusent de le conscientiser en niant schismatiquement que le pape signataire dudit décret hérétique soit pape, rejetant hérétiquement la règle prochaine de la Légitimité pontificale que j'ai rappelée dans mon dernier article, à savoir l'infaillibilité de la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur un tel, dont Paul VI, évidemment, avait dûment bénéficié (ce qui leur permet de fuir la "si grande contradiction" manifestée par un vrai pape signataire d'un décret magistériel matériellement hérétique, donc de nier eux aussi que Dignitatis Humanae Personae manifeste l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint).
           
        Il est temps de finir mon travail. L'article de l'abbé Jean-Michel Gleize, de la Fsspx, dans Le courrier de Rome d'avril 2019 (année LIII, n° 620), va m'en donner l'occasion et le larron. J'y lis que notre clerc lefébvriste critique avec hauteur l'exposé qu'a fait Mgr Athanasius Schneider, assez remarquable, sur le cas d'un pape hérétique en tant que docteur privé (on peut trouver son étude ici : https://www.medias-presse.info/une-etude-de-mgr-schneider-face-au-cas-tragique-dun-pape-heretique/106513/). Le texte est critiquable, c'est sûr, mais la position ecclésiologique de Mgr Lefebvre quant à cette question... l'était bien davantage. Il aurait été souhaitable que l'abbé Gleize s'en souvienne et balaye devant la porte de la Fsspx avant de s'autoriser à balayer devant celle des autres. Présenter en effet la position de Mgr Lefebvre dans "la crise de l'Église", ainsi que le fait l'abbé Gleize dans son article, comme le fin du fin d'une "sagesse toute surnaturelle" de ce qu'il fallait faire et ne pas faire, est théologiquement... indécent.
           
        Certes, il faut reconnaître à Mgr Lefebvre le rare et grand mérite d'avoir été "le premier et le seul", c'est vrai, "à dénoncer efficacement le grand scandale introduit dans l’Église par le concile Vatican II et entretenu depuis par Paul VI et tous ses successeurs", c'est encore parfaitement vrai. Mais il est encore plus vrai qu'il ne prit jamais, et ne voulut jamais prendre, la mesure théologique authentique de "la crise de l'Église", celle ordonnée apocalyptiquement à la fin des temps que je mets sur le chandelier dans cet article. À savoir que le problème de fond est l'hérésie, non pas d'un pape en tant que docteur privé, mais de toute l'Église Universelle. Il s'est enlisé lui aussi, comme tout le monde et pas mieux que tout le monde, dans la dialectique "unacumiste-non-unacumiste", c'est-à-dire dans la fausse problématique de faire résider le problème théologique de "la crise de l'Église" sur la question d'un pape hérétique en tant que docteur privé, et dont il faut savoir s'il est légitime ou bien non. Ce qui est un faux problème ; le vrai problème, que je viens de rappeler, étant celui d'un pape manifestant l'hérésie de l'Église Universelle et non la sienne personnelle. Et ça, Mgr Lefebvre ne l'a jamais compris en son temps, et pas plus ne le comprennent de nos jours aucun de ses fils spirituels, à commencer par l'abbé Gleize.
           
        Par ailleurs, même si l'on restait dans la problématique d'un pape hérétique en tant que docteur privé, il serait bon que l'abbé Gleize saisisse que la position adoptée par Mgr Lefebvre face à ce cas d'école, loin d'être le fin du fin de la "sagesse toute surnaturelle" en telle occurrence, est... la plus scandaleuse de toutes. Sa solution prétendument supérieure consistait en effet à fuir le problème, sous le vain et très-mauvais prétexte que le plus important est de s'occuper à entretenir la Foi d'une manière pratique, en laissant de côté si un pape hérétique en tant que docteur privé l'est vraiment, et s'il doit être déposé ou bien non, etc. Or, Mgr Lefebvre, et ses fils prêtres actuels et singulièrement leur theologus attitré l'abbé Gleize, n'ont oublié qu'une chose, mais elle est capitale : c'est que la Foi catholiquement et authentiquement vécue dans "l'aujourd'hui de l'Église" inclut d'avoir à savoir formellement quel est le pape actuel, puisqu'il est... règle prochaine de la Foi ! On ne saurait donc prétendre vivre pratiquement de la Foi... si l'on ne sait pas quel est le pape actuel. Car la Foi ne peut être connue, dans une génération ecclésiale donnée, que par le pape actuel. Donc, arguer, comme le faisait Mgr Lefebvre, que, en présence d'un pape hérétique en tant que docteur privé, la "sagesse toute surnaturelle" consiste à laisser le problème de côté, en continuant simplement à faire vivre doctrinalement et liturgiquement la Foi du passé dans les âmes, c'est-à-dire à entretenir sa petite popote de Foi domestique, est... professer implicitement l'hérésie. L'hérésie, à laquelle les lefébvristes ne nous ont que trop habituée, à savoir de penser qu'on peut entretenir la Foi actuelle soi-même tout seul sans le pape actuel, un pape actuel pourtant toujours règle prochaine de la Foi.
           
        Le premier devoir du catholique, s'il y avait une fois dans la vie de l'Église militante le cas d'un pape hérétique en tant que docteur privé (il est bon de rappeler que c'est un cas d'école purement hypothétique, qui non seulement n'est jamais arrivé dans l'Église de manière formelle depuis 2 000 ans, les Libère et autres Honorius n'ayant été hérétiques que matériellement et très-faiblement -si tant est qu'ils l'aient été, c'est loin d'être sûr historiquement-, mais qui ne peut pas même arriver à cause de la Constitution divine de l'Église, ainsi que le professe par exemple saint Robert Bellarmin), ce premier devoir disais-je, est, à l'opposé de ce que pensait Mgr Lefebvre : de commencer par régler ce problème. Et non pas de l'évacuer par une fuite lâche et honteuse, qui montre soit dit en passant, qu'on ne comprend pas le fondement de la Foi basé sur l'expression infaillible du Magistère actuel résidant in capite dans le pape actuel, et qu'on a une pratique de la Foi à saveur schismatique. Et il n'est pas nécessaire de pousser beaucoup l'hétérodoxie du raisonnement de Mgr Lefebvre, pour arriver à l'hérésie lefébvriste qui consiste à nier le Magistère de l'Église du présent pour s'en tenir, par un jugement de "libre-examen" hérétique, tout ce qu'il y a de plus protestant, à l'Église du passé ou Tradition.
           
        Repousser l'examen de l'hérésie d'un pape en tant que docteur particulier à plus tard, "dans vingt ou quarante ans" est tout simplement une fuite lâche et honteuse similaire à celle des onze Apôtres fuyant et abandonnant le Christ lorsqu'Il eut à vivre sa Passion. Et soit dit en passant, on voit de nos jours l'inanité complète de ce raisonnement fait par Mgr Lefebvre dans les années 1980 : car... nous y sommes, nous, en 2019, "quarante ans" après !! Et le problème ne s'est pas résolu tout seul, comme ça, par miracle, c'est encore et toujours la bouteille à l'encre pour ceux qui veulent en rester à la fausse perspective de vouloir considérer "la crise de l'Église" sous l'angle complètement erroné d'un pape hérétique en tant que docteur privé. Et c'est pourquoi, quarante ans après que Mgr Lefebvre ait prononcé sa phrase qui fuit lâchement et honteusement le problème de fond, on voit les tradis qui veulent s'en tenir là fonctionner toujours et encore dans ce mortifère et scandaleux "cercle d'erreurs et de disputes, qui tourne incessamment sur lui-même" (saint Hilaire de Poitiers, au temps de l'arianisme), ... entre sédévacantisme et unacumisme mon cœur balance !, se battre dans des combats qui, dans la situation apocalyptique VRAIE de "la crise de l'Église", n'ont théologiquement ni queue ni tête, inspirés qu'ils sont par le diable qui, soufflant en riant sur les braises de l'imbécilisme et du sectarisme tradi, en tire seul, quant au salut des âme, tout profit, autour de la fausse question de la légitimité ou bien non des papes modernes... ou de fuir la question tout en y restant pour le fond, en prétendant vivre sa Foi sans tenir compte du pape actuel, tel Mgr Lefebvre.
           
        Pour finir, je trouve que le rôle que prend l'abbé Gleize dans son article par rapport à Mgr Athanasius Schneider, celui d'un donneur de leçons, ne lui convient pas vraiment ; je lui suggère plutôt de prendre une ardoise d'écolier et d'y inscrire à la craie blanche dessus ce que la Fsspx n'a encore jamais voulu admettre, à commencer certes par Mgr Lefebvre de son vivant, à savoir que le concile œcuménique de Vatican II est l'expression formelle du Magistère ordinaire & universel, et que, si tous les décrets vaticandeux n'en sont pas pour autant dotés de l'infaillibilité, certains le sont indéniablement, tel par exemple Dignitatis Humanae Personae. Quand il aura réussi à écrire cela à la craie blanche comme la soutane du pape sur son ardoise scolastique, il pourra penser à apporter voix au chapitre. À toutes bonnes fins utiles, je mets ici le lien de ma réfutation en règle de la position théologique hétérodoxe de la Fsspx dans "la crise de l'Église" : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/8-refutation-de-la-these-lefebvriste.
           
        ... Quand je pense aux tradis, à quelque mouvance ils appartiennent, me tourne et retourne dans la tête la boutade qu'un vieil ami, décédé maintenant, m'avait sortie un jour : "Si on a les châtiments, ce sera à cause des tradis !" Non, ils ne valent vraiment pas mieux que les modernes...
           
        Une fois n'est pas coutume, je prendrai pour finir de finir mon article, un texte tiré de... l'Église moderne, de son Catéchisme de l'Église Catholique, texte que n'a pas manqué de remarquer Mgr Athanasius Schneider et qu'il a cité, dont il est d'ailleurs vraiment permis de se demander comment l'Église moderne a bien pu encore avoir la grâce de le professer, au sein de ses indénombrables matériels reniements, hérésies et apostasie, puisqu'il professe la vérité apocalyptique des derniers temps de l'Église :
           
        "L'Épreuve ultime de l'Église.
           
        "675. Avant l'Avènement du Christ, l'Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la Foi de nombreux croyants. La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre, dévoilera le «mystère d'iniquité» sous la forme d'une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes, au prix de l'apostasie de la vérité. L'imposture religieuse suprême est celle de l'Anti-christ, c'est-à-dire celle d'un pseudo-messianisme où l'homme se glorifie lui-même à la place de Dieu et de son Messie venu dans la chair".
           
        ... Nous sommes prévenus donc, même par... l'Église moderne !!
           
        Je souhaite bon courage à tous mes lecteurs pour garder la Foi jusqu'au Retour du Christ glorieux.
 
En la grande fête de l'Ascension,
ce jeudi 30 mai 2019.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
30-05-2019 08:25:00
 

Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial...

 
 
 
Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial...
 
           
        Pot-pourri : mélange de morceaux de viandes variées formant un plat. Dans notre cas de mélange ecclésial, j'ai concocté un ragoût composé de morceaux de viandes hélas non seulement variés mais... avariés. Parce que, malheureusement, on ne peut rien trouver d'autre dans notre apocalyptique et affreuse "crise de l'Église". Le pire du pire est désormais notre lot quotidien, comme fiel et vinaigre qu'on présentait à Jésus sur la croix ; j'ai la tentation, pardon mon Dieu, de dire : panem nostrum quotidianum.
           
        Même les réactions de Foi des conservateurs contre les pires vilenies de François, laissent un mauvais goût fadasse dans la bouche, inodore, incolore et finalement sans saveur. On a par exemple beaucoup parlé des Dubia des quatre cardinaux conservateurs mettant le doigt sur la mauvaise doctrine du pape actuel en matière de mœurs dans Amoris laetitia, mais que valent ces Dubia cardinalices qui ne remontent pas à la source du mal, comparés aux Dubia autrement musclés de Mgr Lefebvre attaquant, en 1985, la subversion ecclésiale à la racine dogmatique du mal, en dénonçant la Liberté religieuse ? (http://laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/premieres_discussions_jeanPaulII/dubia_lefebvre_06_11_1985.pdf) ? Or, ces quatre cardinaux conservateurs, signataires des Dubia seconde mouture qui en restent aux mœurs en faisant l'impasse sur la doctrine, professent, au moins par défaut, la très-hérétique Liberté religieuse... laquelle est pourtant, si l'on va au fond des choses, la cause formelle du relativisme des mœurs contenu dans la très-sulfureuse Amoris laetitia. Identiquement, on voit, dans l'actualité la plus récente, certains évêques et prêtres francs-tireurs dénoncer l'hérésie du pape François. Mais qui se souvient encore qu'il y a quelque cinquante ans, juste après la clôture du concile Vatican II, des abbé de Nantes et des Père Barbara, et d'autres prêtres avec eux, avaient fait ensemble, place saint Pierre à Rome s'il vous plaît et publiquement, une monition au pape Paul VI pour cette même accusation gravissime d'hérésie sur le Siège de Pierre ? Or, ces premières monitions tradis contre-nature (car normalement, une monition est faite par un "membre enseignant" à un "membre enseigné", et non l'inverse...), s'attaquaient également, comme les Dubia de Mgr Lefebvre, à la racine conciliaire du mal, ce qui n'est pas du tout le cas desdits évêques et prêtres actuels attaquant l'hérésie de François sans remonter à Vatican II...
           
        Et tout est à l'avenant, pour peu que l'on satisfasse au "devoir de mémoire" tradi, afin de ne pas ressembler à l'insensé "qui regarde dans un miroir son visage naturel, et qui, après s'être regardé, s'en va, et oublie aussitôt quel il était" (Jac I, 23-24) : toutes les critiques actuelles contre la subversion de l'Église à partir du Siège de Pierre, ont déjà été faites, et surtout mieux faites, dès le début de la réaction traditionaliste. Nos yeux attristés et abattus ne voient de nos jours qu'une ombre d'écho falote et pâlotte, fort amoindrie et débile, des réactions catholiques qui s'étaient manifestées avec une toute autre vigueur dès les immédiats lendemains du concile moderne hétérodoxe... Il est trop clair que les prêtres qui réagissent actuellement, petits ou grands, quand bien même ils peuvent être et sont effectivement, pour la plupart, d'excellente volonté, ne vivent plus de la grâce de la Foi intégrale et forte, dogmatiquement bien assise. Et l'explication n'est pas à chercher au loin : ces prêtres et prélats de bonne volonté sont tous de deuxième voire troisième génération ecclésiale après Vatican II, tous ont été formatés dans le moule du concile moderne qu'on leur a enseigné à prendre comme parole d'Évangile.
           
        C'est pourquoi, pour résoudre le gravissime problème ecclésial d'un pape hérétique magistériellement (et non pas : hérétique en tant que docteur privé), on les voit, par défaut de formation solide, émettre des "solutions" qui, ne serait-ce le contexte dramatique, prêteraient à beaucoup rire... pour ne pas avoir à beaucoup pleurer.
           
        J'en prendrai un simple exemple dans l'actualité récente. Don Alessandro Minutella est un jeune curé italien de très-bon esprit catholique, certainement, bien qu'il ait reçu sa formation sacerdotale sous le pontificat de Jean-Paul II, dont, nous dit-il franchement non moins que naïvement, le "charisme" (!) a enthousiasmé sa vocation. Ce qui prouve en tous cas son bon esprit catholique, c'est qu'il a vertement critiqué Amoris laetitia du pape François, dénonçant publiquement son caractère hérétique, favens haeresim. En conséquence de quoi, son évêque l'a brutalement... excommunié ! Don Minutella n'a pas été long à réagir à cette excommunication inique, avec certes un grand esprit de Foi surnaturel, édifiant ("Je dirais que je ressens fort ce que saint Paul appelait «thlipsis», c'est-à-dire le tourment «tribolazione», non pas l'amer tourment du monde, mais celui qui vient de Dieu, qui jaillit du mystère de la croix et qui, finalement, rend fécond tout apostolat"), mais hélas, avec aussi.... le peu d'assise doctrinale qu'il a pu trouver dans le terreau Jean-Paul II, malgré les deux doctorats de théologie dont il est bardé. Ce jeune prêtre donc, dont certaines réactions hélas outrées et théologiquement incohérentes ne sont pas sans faire penser à feu l'abbé de Nantes, c'est-à-dire d'être un peu en l'air de tous les côtés, n'a rien trouvé de mieux qu'opposer à son évêque excommunicateur... la "survie de Benoît XVI" en tant que vrai pape quoique occulté, face à un illégitime François dont l'élection pontificale serait invalide !! Et donc, François n'étant pas pape, va sans dire que notre intrépide et fougueux jeune curé italien ne tient aucun compte de l'excommunication que son évêque bergoglien lui a infligée...
           
        ... Mais voilà qui n'est pas sans mettre abruptement le doigt sur des choses fort graves, fort troublantes. Réflexion faite, on est en effet extrêmement obligé de prendre acte que cette "survie théologique du pape Benoît XVI" est insinuée, apparemment, par... l'intéressé lui-même soi-même, puisque, dans les jours même où j'écris ces lignes, Benoît XVI vient d'autoriser l'édition d'écrits inédits de lui, sous le titre Par amour, et que sur la couverture du livre figure, placardée en montre et en grand apparat, son entière signature pontificale "Benedictus PP XVI", exactement comme s'il était... toujours pleinement pape. Ce n'est pas tout. Un autre livre de Benoît XVI vient de paraître en cette année 2019, et, au début de l'ouvrage intitulé Juifs et chrétiens, on lit une brève déclaration de Mgr Georg Gänswein, secrétaire personnel de Benoît XVI, qui écrit : "Le Pape Benoît m’a chargé de remercier, etc.". L’adjectif "émérite" est absent !
           
        Or, les amis, ce n'est pas d'hier que date cette volonté ratzingérienne de s'afficher comme pleinement pape, après, pourtant, sa renonciation officielle au Souverain Pontificat du 28 février 2013. Nous ne sommes en effet pas là dans le simple et innocent lapsus calami, l'étourdi ou l'éphémère. Rappelons-nous qu'il y a trois ans, le 20 mai 2016, le secrétaire particulier de Benoît XVI avait déjà parlé, en son nom, dans une mémorable conférence tenue dans le grand amphithéâtre de l'Université pontificale grégorienne, du pontificat de Benoît XVI comme d'un pontificat d'exception, c'est-à-dire, ... attention !, selon le terme allemand soigneusement choisi par Mgr Gänswein, Ausnahmepontifikat, un pontificat manifestant... un état d'exception. Et un canoniste italien commentant cette conférence de Mgr Gänswein, d'expliciter et définir ainsi les choses, assez extraordinairement : "C'est le moment très grave de l’Histoire où les règles ordinaires cessent d’être en vigueur. Ce qui caractérise [un état d'exception], c’est plutôt une compétence illimitée par principe, c’est-à-dire la suspension de tout l’ordre établi. Si une telle situation se produit, alors il est clair que l’État [ou l'Église] continue à subsister, tandis que le droit disparaît. «Aus-nahme» signifie, littéralement, «en dehors de la loi». Un état de choses qui ne peut pas être réglementé a priori et qui par conséquent, s’il se produit, oblige à suspendre toute l’organisation juridique. Par conséquent, un «Ausnahmepontifikat» serait un pontificat qui suspend, d’une certaine manière, les règles ordinaires de fonctionnement du ministère pétrinien. Et, si l’on veut poursuivre l’analogie, cette suspension serait justifiée, ou plutôt imposée, par une situation d’urgence impossible à affronter autrement" (sic ; cf. mon analyse de cette remarquable conférence, aux pp. 56, sq. de mon article "Réfutation de la thèse survivantiste -le pape   Paul VI serait toujours en vie-", au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteSurviePaul6MisEnForme.pdf)... C'est quasi dire clairement que la suite pontificale, après Benoît XVI, ne vaut théologiquement rien, François n'étant pas pape du tout, puisque "les règles de fonctionnement du ministère pétrinien" s'arrêtent à... Benoît XVI.
           
        ... Une "survie théologique de Benoît XVI" pour solutionner l'apocalyptique (et humainement insupportable) problème de "la crise de l'Église", cristallisé essentiellement dans un pape actuel magistériellement hérétique ! Je ne suis franchement surpris que d'une chose : c'est qu'on n'ait pas encore pensé à émettre la thèse guérardienne d'un Benoît XVI pape materaliter et d'un François pape formaliter (n'en parlons surtout pas à l'abbé Ricossa, cela risquerait de lui donner des mauvaises idées). Voilà qui, en tous cas, n'est pas sans faire penser aux adeptes attardés de "la survie du pape Paul VI", qui, donc, se trouvent maintenant dépassés par la survie d'un... successeur de Paul VI.
           
        Malheureusement, sur le plan théologique, nous sommes là les pieds dans de sérieuses balivernes, de graves loufoqueries, qui précipitent les âmes qui s'y fourvoient dans une sorte d'illuminisme des plus funestes, les empêchant de vivre ce que le Saint-Esprit fait vivre à l'Église de nos jours, à savoir "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...
           
        Ces thèses de survivance théologique d'un pape précédent pour annihiler la validité d'un pape hérétique actuel, sont en effet balayées comme rognures et mauvaises poussières par la règle prochaine de la légitimité de toute élection pontificale, à savoir : la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur un tel, actée par les SEULS cardinaux de la sainte Église romaine en corps d'institution, dans leur majorité canonique ; cet acte cardinalice, une fois posé, est toujours de l'ordre du fait dogmatique, et donc, en tant que tel, toujours doté de l'infaillibilité. Or, cet acte a dûment été posé sur tous les Pontifes romains succédant auxdits papes antécédents dont on nous parle, qu'il s'agisse de Benoît XVI ou de Paul VI, ce qui invalide in radice ces thèses de survivance pontificale puisque la Foi nous oblige à croire formellement que ces papes postérieurs sont certainement papes et que, d'autre part, il ne peut y avoir qu'un seul pape à la tête de l'Église, selon sa divine Constitution.
           
        En cette matière de Légitimité pontificale, que j'ai traitée dans les grandes profondeurs dans mes écrits, je rappelle ici seulement le point essentiel à ne jamais perdre de vue, à savoir que seuls les cardinaux sont habilités de droit divin à acter, positivement ou négativement, la légitimité pontificale appliquée à telle personne concrète de pape. Ils sont vraiment, et eux seuls ont cette habilitation dans l'Église, les "membres enseignants" de la Légitimité pontificale. Les papes Pie IX, et après lui Léon XIII, expriment la chose ainsi : "Le droit d'élire le Pontife romain appartient uniquement et personnellement aux cardinaux de la Sainte Église romaine, en excluant absolument et en éloignant toute intervention de n'importe quelle autorité ecclésiastique ou de toute puissance séculière, de quelque degré ou condition qu'elle soit" (Pie IX, const. In hac sublimi, 10 des calendes de septembre 1871 & Consulturi, 10 octobre 1877 ; Léon XIII, const. Praedecessores Nostri). Or, bien entendu, qui a pouvoir, et lui seul, pour élire le Pontife romain, a ipso-facto pouvoir, et également lui seul, de dire qui est le légitime pape actuel et qui ne l'est pas.
           
        Ainsi donc, et pour faire l'application pratique de la règle prochaine de la Légitimité pontificale que je viens de rappeler aux thèses de la survivance théologique de papes antérieurs, pour que Ratzinger-Benoît XVI soit toujours vrai et pleinement pape en 2019, il aurait fallu premièrement, de toute nécessité sine qua non, que les cardinaux dans leur majorité canonique n'aient pas accepté sa démission du Souverain Pontificat lorsqu'il l'a soumise à l'Église le 28 février 2013. Et ce, publiquement et à la face de toute l'Église, par déclaration cardinalice commune dûment et canoniquement enregistrée dans les annales ecclésiastiques. Or, tout le monde le sait, non seulement la majorité canonique cardinalice a accepté la démission de Benoît XVI, mais on n'enregistre même pas un seul cardinal pour s'y être opposé. Ainsi donc, de par l'acquiescement des cardinaux dans leur majorité canonique à la démission de Benoît XVI, il est théologiquement CERTAIN de toute certitude que Benoît XVI n'est plus pape après le 28 février 2013. Ce qui, du reste, est de l'ordre de l'évidence, puisque les cardinaux, toujours dans leur majorité canonique, ont postérieurement, depuis la démission de Benoît XVI, dûment acté une autre infaillible reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur une autre personne, celle de Bergoglio : s'ils reconnaissent infailliblement un pape après Benoît XVI, cela a la très-immédiate signification que Benoît XVI ne l'est plus, nonobstant le fait que, de droit divin, il ne peut y avoir qu'un seul pape à la tête de l'Église catholique. Quant à remonter à la survivance théologique de Montini-Paul VI, elle est foudroyée par, excusez du peu, plusieurs actes infaillibles de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur d'autres personnes, de Luciani à Bergoglio... quatre personnes, quatre papes ayant l'un après l'autre bénéficié de la reconnaissance ecclésiale universelle infaillible de leur qualité certaine de Pontife romain, par le Doigt du Saint-Esprit se manifestant par les cardinaux, digitus Dei est hic...
           
        Il est de Foi, de fide, que c'est chronologiquement la dernière personne en date à avoir bénéficié sur elle de la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape, qui est le Vicaire actuel du Christ : or, cette personne actuelle, nul n'en ignore et ne peut prétendre en ignorer, s'appelle Jorge-Mario Bergoglio sous le nom pontifical de François. Donc celui qui oserait récuser le fait dogmatique de la légitimité certaine du pape François, s'exclurait de lui-même de l'Église, s'anathématiserait lui-même ipso-facto par le péché de schisme formel.
           
        ... Dès lors, devant une problématique qui se résout d'une manière finalement extrêmement simple et parfaitement décisoire, on peut se demander ici pourquoi de sincères catholiques voulant garder la Foi dans "la crise de l'Église", ... mais apparemment Benoît XVI lui-même soi-même avant eux tous !, se fourguent la tête et l'âme dans de telles impasses insensées, presque ridicules, pour peu qu'on se place sur le plan théologique...? Car évidemment, ce n'est pas parce qu'on a l'énorme problème à résoudre d'un pape actuel hérétique dans son Magistère, que cela autorise à s'inventer des "solutions" dans le grand n'importe quoi, en supprimant les lois les plus fondamentales de la Constitution divine de l'Église, comme l'est éminemment la règle prochaine de la Légitimité pontificale.
           
        Le canoniste italien qui a commenté cette mémorable conférence du secrétaire particulier de Benoît XVI de 2016 dont j'ai parlé tout-à-l'heure, va nous mettre sur la piste et nous permettre de comprendre le fondement spirituel de ces thèses de "survivance théologique de papes antécédents" pour (prétendument) contrer et solutionner le problème d'un pape actuel magistériellement hérétique. Voici ses propos éclairants, sur l'attitude plus qu'affichée de Benoît XVI d'être toujours considéré comme pape, même après sa démission très-officielle (il revêt par exemple toujours la soutane blanche, usuellement réservée au seul Souverain Pontife actuel ; et, à la question inquisitrice d'un journaliste ayant osé lui demander pourquoi il ne revêtait pas une soutane noire ou rouge depuis qu'il avait démissionné du Souverain Pontificat, il répondit : "C'est parce que je n'en ai pas d'autres, je n'en ai trouvé que des blanches dans mon armoire"...! ― tout-à-fait dans le même ordre d'idée, Benoît XVI, après sa renonciation au Siège de Pierre, a catégoriquement refusé de changer son thème héraldique, gardant dans ses armoiries les deux clefs signifiant bien sûr un règne pontifical actuel...) : "Peut-être une indication est-elle donnée par l’affirmation de Gänswein selon laquelle Benoît XVI a «enrichi» la papauté «par la ‘centrale’ de sa prière et de sa compassion, placée dans les jardins du Vatican». La compassion (par les temps qui courent, il est bon de le rappeler), n’est pas la miséricorde. En théologie ascétique ou mystique, elle est le fait de s’unir aux souffrances du Christ crucifié, chacun s’offrant soi-même pour la sanctification de son prochain. UN SERVICE DE COMPASSION APPORTÉ PAR LE PAPE DEVIENT NÉCESSAIRE (d'après moi) SEULEMENT LORSQUE L'ÉGLISE SEMBLE VIVRE PERSONNELLEMENT LE VENDREDI SAINT. Lorsqu’il faut faire réentendre les paroles très amères de Jésus en Luc 22, 53 : «C’est votre heure et le règne des ténèbres»" (fin de citation).
           
        Ainsi donc, la question s'éclaire. Si certains font toujours vivre le pape antérieur par-dessus le pape actuel, c'est parce qu'ils le voient être sujet choisi de la Passion du Christ endurée par son Épouse, l'Église, et que, selon eux, seul le pape qui vit et meurt la Passion de l'Église, a réelle existence et valeur ; c'est, selon leur thèse, parce que, pendant le cours de son pontificat, "la puissance des ténèbres" a tout-à-coup prévalu sur la grâce magistérielle pétrinienne, par un mystérieux décret de la Providence divine et pour que l'Écriture s'accomplisse pour l'Épouse comme pour l'Époux, lui faisant vivre invinciblement l'économie de la Passion, ce qui a eu pour effet immédiat de rendre radicalement impossible l'exercice normal du pouvoir des clefs (c'est là le sens profond du fameux Ausnahmepontifikat, pontificat manifestant un état d'exception). C'est une situation dans laquelle le "doux christ en terre", comme sainte Catherine de Sienne appelait le pape, est entièrement subverti par les forces du mal, exactement comme le Christ durant sa Passion. Ce qui bien sûr permet aux méchants de le supplanter sans qu'il puisse s'en défendre, en élisant un des leurs pour apparaître comme le vrai Pontife suprême de l'Église catholique, alors qu'en vérité il ne l'est d'aucune manière, car c'est le pape antécédent mystiquement annihilé qui est toujours le vrai pape actuel. C'est toujours le pape qui souffre la Passion qui est le vrai pape, mais il l'est dans un anéantissement absolument complet, une kénose radicale, aux yeux du monde et même de l'Église. C'est bien pourquoi, d'une manière très-pratique, sans même trop rentrer en ce qui le concerne dans la mystique de la Passion, Don Alessandro Minutella, clonant radicalement le sédévacantisme le plus rigoriste et schismatique, va jusqu'à affirmer l'invalidité des messes actuelles dites en union théologique avec François, una cum famulo tuo Papa nostro Francesco, les seules messes valides étant pour lui celles qui sont dites en union théologique avec Benoît XVI, una cum famulo tuo Papa nostro Benedetto...!
           
        Et nos illuminés posant ainsi les choses pontificales-ecclésiales actuelles, nous disent qu'une telle situation est celle de l'époque, qui donc est la nôtre, de la Passion-fin des temps de l'humanité et de l'Église, juste avant le règne de l'Antéchrist-personne, qui lui-même sera suivi très-rapidement par la Parousie du Christ revenant en Gloire (qui aura pour premier et capital effet de délivrer l'Église du mysterium iniquitatis). Le canoniste italien que j'ai cité tout-à-l'heure, analysant la pensée de Benoît XVI qui, quoique démissionnaire, se croit toujours pape, un pape compatissant aux souffrances de l'Église nous dit son secrétaire Mgr Gänswein, l'a bien compris, en commentant qu'un tel cas de figure n'est envisageable que si l'Épouse du Christ "semble vivre personnellement le Vendredi-Saint". Or, évidemment, le Vendredi-Saint, c'est la MORT qui intervient et qui "triomphe" dans la figure du monde qui passe, mort donc de l'Église dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations avec Rome son centre, mort qui aura lieu dans un cadre apocalyptique-eschatologique sous le règne de l'Antéchrist-personne. Mais le Vendredi-Saint est suivi très-rapidement par le Dimanche de Pâques, c'est la RÉSURRECTION qui vainc la mort du Vendredi-Saint, qui aura lieu elle aussi dans un cadre apocalyptique-eschatologique, par la Parousie du Christ qui ressuscitera l'Épouse du Christ glorieusement (sur cela, nos illuminés ont certes parfaitement raison : nous sommes dans ce temps ultime de la fin des fins, mais ils se trompent complètement sur la manière de vivre ecclésialement et pontificalement ce temps ultime).
           
        Donc, une fois bien compris la pensée spirituelle de fond qui motive ces thèses de "survivance théologique de papes antérieurs", on voit qu'elles s'assimilent purement et simplement à la thèse mystique bien connue qui veut que le tout dernier pape de l'Église doit souffrir in Persona Ecclesiae la Passion du Christ. Nos illuminés, surtout ceux de la "survie théologique de Paul VI", en font pratiquement un dogme de Foi : le dernier pape avant la Parousie doit souffrir obligatoirement la Passion du Christ dans son Église. Et la thèse semble confortée invinciblement par le fait que le pape postérieur actuel supplantant le pape antécédent de la Passion de l'Église est magistériellement hérétique voire même carrément apostat quant à François (sa déclaration d'Abu-Dhabi comme quoi "la diversité des religions est une sage volonté divine, par laquelle Dieu a créé les êtres humains", est en effet rien moins qu'un pur acte d'apostasie radicale, elle fait encore monter, très-brutalement, d'un cran jamais vu jusque là même sous Jean-Paul II, l'antéchristisation sur le Siège de Pierre...). Comment mieux prouver, pensent-ils, le bien-fondé de la thèse survivantiste du dernier pape de la fin des temps vivant la Passion de l'Église, quand il est supplanté par un anti-pape crucifiant l'Église et donc le crucifiant en même temps lui-même...!?
           
        Or, malheureusement pour nos illuminés, leur raisonnement est radicalement faux et controuvé, dans ses prolégomènes même, dans sa base elle-même : cette thèse mystique qui veut que le dernier pape de la fin des temps doive obligatoirement souffrir dans sa personne pontificale la Passion du Christ au nom et pour le compte de l'Église Universelle, n'est qu'une invention humaine pieusarde, c'est juste de la "pieusarderie" comme aurait dit Joris-Karl Huysmans, strictement sans aucun fondement théologique, ni dans la Sainte-Écriture, ni dans la Foi. Mais il est vrai que cette thèse illuministe est très-fortement ancrée dans une certaine mémoire collective populaire pseudo-mystique. Le philosophe russe Soloviev lui-même croyait au dernier pape souffrant persécution sous l'Antéchrist, il brosse tout un roman-feuilleton surréaliste là-dessus dans son par ailleurs fort inspiré Court récit sur l'Antéchrist, et bien sûr, la fausse Prophétie des papes de Malachie véhicule elle aussi cette fausse thèse du dernier pape souffrant la Passion du Christ ; sans parler de très-nombreuses révélations privées qui y font allusion, souvent signées par des saints. Il n'en est pas moins certain que nous sommes là en présence de purs rajouts humains à la doctrine de la Foi, qui ne sont pas sans ressembler fortement aux prescriptions humaines que les pharisiens inventaient et rajoutaient à la religion mosaïque, et que, l'Évangile nous l'apprend, Jésus-Christ condamne très-sévèrement.
           
        Non seulement, en effet, il n'est pas du tout de Foi que le dernier pape souffrira personnellement la Passion du Christ au nom et pour le compte de l'Église Universelle, mais la règle prochaine de la Légitimité pontificale prouve la fausseté radicale de cette thèse, comme je vais le montrer tout-de-suite ; et plus encore est-ce prouvé par l'infaillible prophétie scripturaire sur les derniers temps de l'Église et du monde, en parfait et significatif accord, donc, avec ce qu'enseigne la théologie remarquons-le, prophétie divine qui, nous allons le voir, nous prédit le contraire, très-exactement le contraire, à savoir que le dernier pape de l'Église catholique sera... la Bête de la terre, l'Antéchrist-personne lui-même soi-même.
           
        La règle prochaine de la Légitimité pontificale invalide radicalement cette thèse illuministe, disais-je. Elle interdit en effet formellement de croire que Montini-Paul VI (s'il était toujours vivant) ou bien Ratzinger-Benoît XVI (qui, lui, est toujours certainement vivant), puissent être encore, l'un ou l'autre, vrai pape : l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain a en effet été infailliblement posé par les cardinaux unanimes sur la personne de Luciani-Jean-Paul 1er (ce qui interdit de supposer que Paul VI vivant serait toujours pape), puis, sur celle de Bergoglio-François 1er (ce qui interdit de supposer que Benoît XVI serait toujours pape). Dès lors en effet qu'est dûment actée la légitimité pontificale sur un pape postérieur, il n'est évidemment plus possible de croire qu'un pape antérieur puisse être encore vrai pape actuel... même le marquis de La Palice pourrait le dire (mais nos illuminés ne se montrent pas à la hauteur, hélas, du marquis de La Palice) ! La déduction théologique est excessivement simple : pour nos jours d'aujourd'hui, le catholique sait donc de Foi certaine, par le fait dogmatique, que François est certainement le pape actuel légitime de l'Église catholique, apostolique et romaine. Pour que la thèse de la survivance théologique de Benoît XVI ou de Paul VI, dont on nous affirme que l'un ou l'autre est "pape compassionniste", soit trouvée vérifiée par la règle prochaine de la Légitimité pontificale, il aurait fallu absolument que le Saint-Esprit empêchât toute reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain sur tout candidat au Siège de Pierre après Paul VI, ou après Benoît XVI si l'on ne croit à cette thèse survivantiste que pour Benoît XVI, tel Don Minutella. Il n'en fut rien, on le sait, l'infaillible reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain ayant été dûment actée par les cardinaux canoniquement unanimes sur Luciani et Wojtyla, puis sur Bergoglio...
           
        François est donc le pape actuel de l'Église catholique. Cette déduction théologique est fort importante pour avancer dans la voie de la Vérité ecclésiale-pontificale de notre temps. Car ce premier pas qu'humblement le catholique fidèle actuel fait l'effort de poser dans le chemin de la vérité met aussitôt son âme dans la Voie du Saint-Esprit et donc dans la vérité vraie en vérité de la situation réelle du Souverain Pontificat de notre temps de la fin des fins. Si François est en effet le Vicaire actuel du Christ, et c'est donc une vérité à croire de Foi, de fide, par le fait dogmatique actuel, sous peine de s'anathématiser soi-même ipso-facto il faut le répéter, alors, puisque nous vivons les temps de la fin des fins, la véritable figure du Pontife suprême de l'Église catholique aux temps de la fin nous est montrée par le Saint-Esprit sous un tout autre aspect que ne se l'imaginent nos illuminés, un aspect complètement opposé à ce qu'ils veulent croire de manière pieusarde.
           
        Car évidemment, faut-il en apporter l'indécente précision, le pape François a tous les profils qu'on veut... sauf celui du dernier pape souffrant vivant en compassionniste la Passion de l'Église. Puisque, tout au contraire, c'est lui qui crucifie l'Église, qui lui fait vivre la Passion, non certes pas en compassionniste, mais en bourreau ! Mais comme nous sommes dans le temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" et que le pape de cette Passion est certainement François, la règle prochaine de la Légitimité pontificale en fait foi formelle, il est par-là même prouvé la fausseté de la thèse qui veut que le pape vivant au temps de cette dite Passion ecclésiale, doit personnellement et pontificalement la vivre lui-même. En fait, nos survivantistes ne se trompent que sur un point, mais il est fort important : aux temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est l'Église-Épouse du Christ elle-même, en tant que "personne morale" (Canon § 100), qui souffre cette dite Passion, nullement le pape qui accompagne ce temps ecclésial ultime et affreux.
           
        François n'est certes pas encore le tout dernier pape de la fin des temps (la fin des temps est en effet une longue période, dans laquelle plusieurs papes se succèdent, sans que le dénouement final n'intervienne encore), mais il le précède certainement de très-peu et en tous cas il le préfigure presque parfaitement. Ce qui permet donc à l'âme fidèle de comprendre quel il sera, ce dernier pape de la fin des temps que donnera le Saint-Esprit à l'Église vivant sa Passion : le personnage pontifical de François, l'un des tout derniers papes de la fin des temps de l'Église avant le dernier, prophétise que, loin que ce dernier pape soit dans son for externe magistériel un saint et un martyr consommé dans la Foi, il achèvera tout au contraire dans un paroxysme indépassable de mal l'antéchristisation de la fonction pontificale, à laquelle n'ont que trop bien œuvré, et de plus en plus, tous les papes modernes antéchristisés depuis Vatican II, et certes singulièrement François l'apostat ; le dernier pape achèvera le mysterium iniquitatis en faisant mourir l'Épouse du Christ dans le cours de son règne pontifical dernier, lui donnant le coup fatal, commettant ce crime qui "percera la voûte des cieux" (Secret de La Salette), et déclenchera par-là même l'Intervention parousiaque du Christ Glorieux, l'Époux de cette Épouse mise à mort, pour la ressusciter. Or, cette oeuvre maudite entre toutes est réservée par la Providence de Dieu à l'Antéchrist-personne, et c'est donc lui qui sera le dernier pape, parce qu'il aura réussi à se faire élire légitimement au Souverain Pontificat, amené comme tout naturellement sur le Siège de Pierre par la longue trahison et complicité des papes modernes avec les forces du mal, de plus en plus grave et attentatoire à la vie de l'Église militante, plus les temps ecclésiaux avancent vers la fin de la fin. C'est alors qu'apparaîtra en pleine clarté et simplicité l'extraordinaire oracle du Secret de La Salette : "Rome perdra la Foi, et deviendra le siège de l'Antéchrist".
           
        Voilà donc ce que nous annonce prophétiquement la situation pontificale vraie de nos jours de fin des temps, avec un vrai pape François pleinement pape mais "antéchristisé" à fond du donf dans son Magistère : le tout dernier pape de la fin des temps, que François préfigure et annonce d'une abominable et presque parfaite manière, fera mourir l'Église dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre. Très-exactement, notons-le avec soin, de la même manière que Caïphe, dernier "pape" de l'Église juive aux temps du Christ, qui, excommuniant solennellement le Messie en la personne de Jésus la nuit du Jeudi-Saint, fit, par cette excommunication même, mourir lui-même, grand-Pontife, l'Église, dans son économie synagogale-mosaïque dont il était le chef suprême, mort de l'Église synagogale qui est intervenue dès immédiatement le lendemain, Vendredi-Saint, lors du déchirement du grand rideau du Temple laissant voir à tout regard le Saint des saints désormais vide de la Grâce divine, lors de la mort du Christ en croix.
           
        Voilà la vérité prophétique de notre temps qui, bien entendu, détruit complètement le mysticisme pieusement réconfortant, roboratif, mais frelaté, illusionniste, de la thèse du dernier pape souffrant la Passion de l'Église en martyr de la Foi, absolument pur de toute hérésie, tout blanc comme sa soutane de pape. Le Saint-Esprit nous oblige à voir tout au contraire la figure du dernier pape de la fin des temps comme devant être l'Antéchrist-personne lui-même, que François préfigure actuellement presque parfaitement comme artisan principal de la crucifixion de l'Église, en versant sans cesse dans son sein immaculé le venin de l'hérésie voire même de l'apostasie radicale, comme à Abu-Dhabi. Exactement à l'inverse donc, de ce que voudrait la thèse mystique de nos illuminés. Or, puisque c'est le Saint-Esprit qui nous montre en François le vrai pape actuel, par l'infaillible actuation sur lui de la règle prochaine de la Légitimité pontificale, Il nous montre donc par-là même en prévisionnel son Dessein final quant à la papauté, Il nous révèle qu'Il a, dans sa Providence divine très-sainte, prévu et voulu que le mysterium iniquitatis à son sommet le plus haut sera manifesté par le dernier pape, dans lequel cohabitera en quelque sorte à la fois le mal et le Bien ; ce que nous montre très-bien, sans aucune équivoque possible, la prophétie de saint Jean dans l'Apocalypse, qui décrit la Bête de la terre, c'est-à-dire l'Antéchrist-personne lui-même, comme un "Agneau à la voix de dragon" : "Je vis une autre bête montant de la terre ; elle avait deux cornes semblables à celle de l'Agneau, et elle parlait comme le dragon" (Apoc XIII, 11).
           
        L'image scripturaire infaillible de "l'Agneau à la voix de dragon" nous indique en effet sans aucune espèce d'ambiguïté un principe spirituel LÉGITIME. L'Agneau est figure d'un grand-prêtre légitime, et non figure d'un usurpateur illégitime ou d'un anti-pape. Si en effet l'Antéchrist-personne ne faisait, à la toute-fin du processus d'iniquité, qu'usurper illégitimement la fonction pontificale, l'Antéchrist-personne n'étant donc en fait que l'ultime et dernier antipape de tous les temps historiques de l'Église, alors, il ne pourrait pas être appelé un "Agneau", c'est-à-dire un prêtre légitime, et donc le Saint-Esprit n'aurait pas pris cette image pour le désigner dans la sainte-Écriture. Et saint Jean continue en nous révélant que cet Agneau parlera comme un dragon, c'est-à-dire professera des mauvaises doctrines ou mœurs.
           
        Nous sommes ici, certes, dans un grand mystère. Les papes sont "antéchristisés" complètement depuis le concile moderne, qui a rajouté à la perversion pontificale des mœurs commencée au sortir immédiat de la Révolution par l'infâme concordat napoléonien, la perversion pontificale de la Foi, très-notamment par l'hérétique Liberté religieuse. Par ce néologisme "antéchristisé", je veux essentiellement dire que tous les papes modernes, depuis Pie VII le concordataire mais singulièrement plus depuis Paul VI le conciliaire, sont déjà matériellement des "Agneaux à la voix de dragon", mais, c'est trop évident, ils ne le sont pas formellement, c'est-à-dire en toute conscience et advertance du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse ou de la collusion complice avec le principe démocratique onusien universel ; tous les papes modernes depuis Pie VII le premier pape "antéchristisé" jusqu'à l'avant-dernier pape "antéchristisé", peuvent même être parfaitement saints en leur for privé (nous en avons d'ailleurs plusieurs canonisés). Un seul pape moderne sera formellement "l'Agneau à la voix de dragon", et ce sera le tout dernier, et lui seulement, l'Antéchrist-personne. Pour autant, il n'est que trop vrai qu'une longue liste de papes matériellement "antéchristisés" sur le Siège de Pierre depuis le concordat de 1801, et de plus en plus "antéchristisés" plus les temps avancent, avec un formidable bond en avant depuis Vatican II (car il y a une dynamique du mal qui veut que si le mal n'est pas expurgé radicalement, il ne reste pas statique, il progresse), mène, tout naturellement si je puis dire, à un pape formellement "antéchristisé", c'est-à-dire mène à l'Antéchrist-personne. Après tous les antépénultièmes papes antéchristisés sur le Siège de Pierre depuis Pie VII, l'actuel François est peut-être le pénultième ultime et dernier pape "antéchristisé" seulement matériellement, c'est-à-dire l'avant-dernier de tous les papes, avant l'affreuse et épouvantable irruption sur le Siège de Pierre du tout dernier pape de la fin des temps, l'Antéchrist-personne lui-même, évidemment formellement antéchristisé quant à lui, c'est-à-dire antéchristisé en toute advertance et malice de son antéchristisation, en son for externe magistériel et en son for interne.
           
        Ne manquons d'ailleurs pas de remarquer que si nous acceptons de voir avec le courage et l'intelligence de la Foi, comme nous le devons, la vérité vraie en vérité de la figure du dernier pape de l'Église catholique, à savoir qu'il sera l'Antéchrist-personne lui-même soi-même, cela décode du même coup dans la Lumière du Saint-Esprit le signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, dont il est scripturairement et infailliblement prédit qu'il doit s'opérer à la toute-fin des temps ecclésiaux du Temps des nations et de Rome son centre. Cette redoutable et fort mystérieuse prédiction, très-sûre, certes, à laquelle Jésus-Christ Lui-même fait allusion en citant le prophète Daniel, était jusque là non-décryptée, semblait ne jamais pouvoir être éclaircie à fond, ni par les premiers Pères de l'Église ni par les théologiens qui leur ont succédé durant les deux mil ans de temps historiques de l'Église. Or, le principe exégétique est bien connu : la prophétie divine devient claire lorsqu'elle s'accomplit. Mais précisément : puisque nous vivons les temps derniers de l'Église, ce signe eschatologique laisse tomber toutes ses obscurités et se décode d'une manière presque facile, pour qui, du moins, tel l'aigle qui regarde le soleil en face, ne refuse pas de voir ce que ses yeux voient : c'est par l'Antéchrist-personne qui sera vrai et dernier pape, que se réalisera l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Et donc le Lieu-Saint dont il est question dans la Prophétie sera la fonction pontificale de droit divin elle-même, dans un pape actuel vrai et légitime. Voilà le fond du fond du mysterium iniquitatis, révélé dans le désenveloppement complet de cette grave prophétie des temps de la fin : l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Tout cela, je l'ai déjà expliqué le mieux que j'ai pu, je crois, dans mon grand article http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf.
           
        Mais alors, diront sans doute les adeptes de la "survivance théologique de papes antérieurs" dialectiquement opposés au pape actuel reconnu par l'Église Universelle et donc certainement pape, et certainement seul vrai pape, s'il en est ainsi, nous devons donc faire allégeance à un pape magistériellement hérétique, François pour l'occurrence extrêmement détestable, un François qui, pontificalement, ressemble de plus en plus, et pour cause, au personnage maudit entre tous, de l'Antéchrist-personne ?
           
        C'est bien justement cela, la sainte-crucifixion du chrétien de nos jours, par laquelle, j'oserai dire à la suite éminente de Benoît XVI, il peut compatir véritablement, unir sa compassion au mystère de l'Église crucifiée, à "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Le vrai chrétien, au lieu de se fabriquer un petit cocon sédévacantiste douillet bien confortable mais hors de l'Église, extra muros, en refusant de professer la légitimité pontificale de François, doit participer intra muros à la crucifixion-passion de l'Église sa Mère, et il ne peut le faire qu'en professant à la fois que François est pape et en même temps sans rien lâcher de sa Foi. Et c'est évidemment l'écartèlement suprême. Seule la prière à la très-sainte Vierge, à saint Jean et aux saintes femmes, se tenant au pied de la croix, TOUS DEBOUTS, stabat Mater dolorosa, peuvent nous aider à "tenir ferme ce que nous avons reçu [la Foi] jusqu'à ce que Je revienne" (Apoc III, 11), en purgeant toute impureté de Foi, comme l'est la thèse illuministe du dernier saint pape martyr de la fin des temps. 
           
        Mais je reviens un peu aux temps de Pie VII. On lit, dans l'histoire de ce pape qui commit la première faute pontificale attaquant mortellement la Foi et la Constitution divine de l'Église par le concordat de 1801, autrement dit qui commit le premier acte pontifical "antéchristisé", que les anticoncordataires refusaient de croire que Pie VII avait signé cet abominable traité solennel avec Napoléon, réputant pour la première fois dans toute l'Histoire de l'Église, via la structure juridique synallagmatique de tout concordat, légitimité et validité à une société politique constitutionnellement... athée. Ils refusaient de le croire, par motif de Foi et de respect de la fonction pontificale suprême instituée par le Christ pour garder la Foi dans toute l'Église. Non, non, ce n'était pas possible, qu'on ne nous raconte pas d'histoire, disaient-ils, il est impossible, voyons, que le pape, que notre bien-aimé Pie VII dont nous avons accroché une image au-dessus de notre lit et devant laquelle, à genoux, nous faisons nos prières du soir (c'est ce que faisaient, dans les débuts, les chouans anticoncordataires), ait pactisé dans un traité solennel avec la Bête de la Révolution !
           
        Ils n'ont pas évoqué un sosie du pape, ni non plus professé l'invalidité de l'élection pontificale de Chiaramonti-Pie VII, et pas plus parlé d'un "pape chambré", comme certains l'ont fait pour refuser l'antéchristique Ralliement sous le pape Léon XIII, mais eux aussi, eux les premiers, comme nos illuminés actuels, ont refusé de voir le réel ecclésial de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" qui commençait à s'incarner à leur époque, à savoir : qu'un pape vrai pape puisse attenter dans sa fonction pontificale, à la Foi et à la Constitution divine de l'Église. Non pas formellement certes, car c'est impossible sans supposer ipso-facto que cedit pape soit déjà l'Antéchrist-personne lui-même, mais matériellement, c'est-à-dire que les papes qui font cet attentat le font sans avoir conscience de le faire, en toute inadvertance de la malice de la faute commise, qui fait le péché formel. Mais cela n'en a pas moins le terrible effet de plonger l'Église dans l'économie de la Passion, en la crucifiant. Hélas ! Hélas ! Il en était bien ainsi, quant au concordat napoléonien. Avec Pie VII, c'était la première fois, non la dernière, qu'un pape, dans le plus solennel de sa fonction, faisait quelque chose d'absolument incompatible avec le Donné fondamental de la Foi et de la Constitution divine de l'Église ; et malheureusement, sans en avoir aucunement conscience. Et c'est cela qui révulse la Foi ordinaire des fidèles. Qu'un pape ou qu'une série de papes puissent être les artisans principaux de la mise à mort de l'Église, dans son économie de salut actuelle.
           
        C'est tout le fond de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" d'en donner l'explication à la fois théologique, spirituelle, mystique et prophétique, qui prémunisse le fidèle du scandale de sa Foi, "PASSION DE L'ÉGLISE" que j'ai pris à tâche d'exposer le mieux possible sur mon site www.eglise-la-crise.fr, et dont on trouvera une synthèse explicative dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/ExposePassionEglise2.pdf.
           
        Parler du concordat napoléonien me mène tout naturellement à parler du concordat chinois, dont les termes sont tellement abominables à la Foi qu'ils ont été volontairement tenus dans le plus grand secret, concordat chinois qui cependant n'est rien d'autre, pour le fond, qu'une décalcomanie pour copie conforme du concordat napoléonien. J'avais d'ailleurs promis, en commençant ces lignes, de mettre plusieurs morceaux de viande dans mon ragoût, dégoûtant plutôt que ragoûtant, je l'avoue, avarié plutôt que varié... En voici donc un autre : le concordat chinois. Je n'en parlerai cependant que succinctement, pour ne pas rallonger. Sur le sujet, que peut-on reprocher de plus à François qu'on ne devrait reprocher pareillement à son concordataire prédécesseur Pie VII ? Je me le demande. On reproche à François de pactiser avec un État communiste absolument athée et qui n'a pas du tout l'intention de se convertir à la Foi ? Mais Napoléon refusait radicalement, lui aussi, d'intervenir au concordat en tant que représentant un État catholique ; que dis-je !, non seulement il ne voulait pas que l'État français soit catholique mais il ne voulait pas plus faire déclaration de catholicité en tant que chef d'État, en son nom personnel. Il y eut, sur cela, un fort houleux débat qui dura plusieurs heures entre Napoléon et le cardinal Consalvi, représentant le Saint-Siège pour la signature du Concordat, dans lequel Napoléon finit par imposer sa volonté de non-catholicité étatique et personnelle (cf. J'accuse le Concordat !, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        Et qu'on ne dise surtout pas que Napoléon ne persécuta plus la Religion catholique en France après le concordat, contrairement à ce que fait actuellement le gouvernement communiste chinois ! Certes, Napoléon ne persécuta pas extérieurement le catholicisme en France après le concordat, mais il fit bien pire : il corrompit la Religion catholique en France, tacitement d'accord avec un pape complètement inconscient de ce qu'il faisait ou plutôt laissait faire, en l'obligeant à se prostituer à la Liberté religieuse, désormais loi nationale obligatoire après le Concordat. Que les têtes sans cervelles qui se regardent dans un miroir et qui l'instant d'après oublient comment elles sont faites, veuillent bien se ressouvenir qu'en même temps que Napoléon signait un concordat avec l'Église catholique, il en signait d'autres avec les juifs, les protestants, et... les franc-maçons. Son but, auquel il arriva avec un formidable succès auquel il ne croyait pas pouvoir arriver lui-même, "grâce" à l'incroyable trahison et veulerie du pape Pie VII, était de s'asservir toutes les puissances spirituelles de la nation, la vraie mélangée aux fausses, pour les mettre à la botte du seul pouvoir politique, agissant ainsi en véritable précurseur de l'Antéchrist-personne. Mais introduire, avec l'appui formel du pape, la Liberté religieuse dans les mœurs de l'Église, en France d'abord puis très-rapidement ensuite dans le monde entier (car le concordat napoléonien eut vocation d'essaimer dans toutes les nations du monde, ce qu'il fit durant tout le XIXème siècle et début XXème), était introduire occultement un venin mortel dans les veines de l'Église, bien autrement pire pour le principe surnaturel de l'Église qu'une persécution ouverte à la chinoise.
           
        L'Église, depuis ce diabolique concordat initié par Pie VII, commença d'abord par pratiquer au niveau des mœurs la très-hérétique Liberté religieuse, et, imbibée d'elle pendant un long siècle et demi, finit, comme éponge qui serait plongée dans l'eau depuis tellement longtemps qu'elle ne saurait plus décider si elle est éponge ou eau, par s'y convertir résolument et la proclamer comme loi d'Église au niveau de la Foi dans le concile Vatican II, osant, plus mensongèrement encore qu'hérétiquement ce qui n'est pas peu dire, la déclarer, par le truchement de la dignité humaine, "appuyée sur la Parole de Dieu" (Dignitatis, § 2) !!! Ce qui est une véritable déclaration d'apostasie universelle de toute l'Église en corps d'institution, un blasphème intégral lancé à la Face de Dieu, par lequel l'Église du Temps des nations avec Rome son centre s'est engagée dans la voie de mériter sa mortelle condamnation, qui sera prononcée prochainement par l'Antéchrist-personne légitimement assis sur le Siège de Pierre en tant que dernier pape.
           
         Il me semble inutile d'en dire plus sur le concordat chinois, qui d'ailleurs n'existe pas en tant que pièce juridique officielle, morceau de viande avarié qui prouve en tous cas on ne peut mieux l'antéchristisation de la fonction pontificale en la personne de François.
           
         Dernier morceau de viande : on accuse François d'être pour le mondialisme. Le conseil de saint Jacques, de ne pas oublier comment son propre visage est fait après s'être regardé dans un miroir, s'impose, d'emblée, furieusement, ici. Il serait facile au pape François, s'il le voulait, de répondre à cette accusation qu'il ne fait rien d'autre, sur cela, que suivre une déjà fort longue tradition pontificale chez les papes modernes, il ne fait guère que finir les phrases que Pie XII et Jean XXIII ont commencées, pour ne parler que d'eux...
           
        Le mondialisme est ardemment désiré par Jean XXIII dans Pacem in terris, sa dernière encyclique (1963) : "De nos jours, le bien commun universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d'action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l'étendue de la terre. C'est donc l'ordre moral lui-même qui exige la constitution d'une autorité publique de compétence universelle" (§ 137) ; "Cet organisme de caractère général, dont l'autorité vaille au plan mondial et qui possède les moyens efficaces pour promouvoir le bien universel, doit être constitué par un accord unanime" (§ 138).
           
        Et le pape Jean XXIII ne faisait là que finir les phrases que le pape Pie XII avait, plus ardemment encore que lui, commencées, dans tous ses Noëls pro-onusiens de guerre, de 1939 à 1944. Singulièrement dans son Message de Noël 1944, Pie XII appelle, avec un enthousiasme incroyable, à la création d'une "société des peuples" au-dessus de l'autorité de chaque et toutes les nations ! Commençant par exalter le principe de "l’unité du genre humain et de la famille des peuples", il ose dire : "De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII faisait là allusion à la défunte SDN], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l’autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE"...!!
           
        Est-ce qu'on se rend bien compte jusqu'à quelle perversité antéchristique allait le pape Pie XII, dans ce passage !? L'indigne Vicaire du Christ osait déclarer là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et militait de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux. Autrement dit, c'était carrément vouloir "changer les temps et les lois" (Dan VII, 25) comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne dans son règne. Car dire de la souveraineté des nations qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas. Parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant et surtout absurde. Mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de la nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos.
           
        Il ose continuer son Message de Noël 1944 ainsi : "C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations, par l'érection d'une société des peuples !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure". Et de conclure par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : "Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques accords de Yalta !!] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d’un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective.
           
        "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici, se nomme] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE [… Ah bon ?! Nous sommes donc, ô pape inconséquent et irréfléchi, dans une nouvelle économie de salut ?? Là encore, comme pour l’unité des peuples, la paix universelle entre les peuples est une réparation des effets du péché originel que SEUL Dieu peut opérer en instaurant le Millenium... SEUL Dieu peut engendrer une nouvelle économie de salut où les effets collectifs du péché originel seront abolis dans l’humanité : voyez comme les gens de la tour de Babel ont été punis d’avoir voulu réparer par eux-mêmes les effets du péché originel ! Il y a donc là, dans ces propos pontificaux incroyables, un orgueil et une impiété inqualifiables, inconcevables, de la part d’un… pape !!, qui épouse carrément l'impiété et l'orgueil qui sera celui de l'Antéchrist-personne, avec un enthousiasme affiché dont se glorifie impudemment l'indigne pape, mettant sa gloire dans ce qui fait sa honte, qui fait frémir de sainte-colère, de la part d'un... pape :], (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [= Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux" [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE ! Le Vicaire du Christ ne se souvenait-il donc plus que le meilleur moyen d'attirer les châtiments apocalyptiques sur le monde, est d'œuvrer pour une fausse paix humaniste dans le monde, que les hommes se donnent à eux-mêmes sans Dieu ? Saint Paul nous révèle à quel point cela déclenche la juste Colère de Dieu : "QUAND LES HOMMES DIRONT «PAIX & SÉCURITÉ», SUBITEMENT LA CATASTROPHE LES SAISIRA COMME LES DOULEURS PRENNENT LA FEMME QUI VA ENFANTER, ET ILS N'ÉCHAPPERONT PAS" (I Thess V, 3)]" (Noël 1944, extraits).
           
        En tous cas, il est facile de voir que le mondialisme et l'immigrationnisme "tous frères" de l'actuel pape François s'appuie sur une longue tradition pontificale moderne... antéchristique. Ici, le clivage avant Vatican II-après Vatican II, les bons avant, les méchants après, cher aux esprits obscurantistes des sédévacantistes notamment, vole en éclats, n'a plus aucune consistance, comme il appert clairement des documents pontificaux les plus officiels : les papes sont "antéchristisés" bien avant Vatican II, et ceux qui viennent après ne font que finir les phrases que ceux d'avant Vatican II avaient commencées...
           
        ... Les fidèles catholiques qui veulent garder la vraie Foi de nos jours sont au Calvaire, au pied de la croix, où est lamentablement pendue l'Épouse du Christ, l'Église, se tordant de douleur ignominieusement et dans l'opprobre. Stabat Mater dolorosa. Et l'âme fidèle qui veut garder la Foi jusqu'à la fin doit prendre de plus en plus et de mieux en mieux conscience que là est son Lieu mystique actuel, dorénavant, et nulle part ailleurs. Il n'y a plus aucun espoir sur le plan humain, et il faut y inclure surtout, hélas, le plan humain-ecclésial. Aucun homme d'église, petit ou grand, ne peut déclouer l'Épouse du Christ que l'on voit, là, abominablement crucifiée par les papes modernes, fichée sur le pieu d'infamie, sous le coup de la Justice divine. Plus aucun espoir dans l'ordre humain. L'Église du Christ, dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre, va donc mourir.
           
        Or, c'est précisément quand il n'y a plus aucun espoir du côté de la terre, que c'est le grand moment de l'Espérance. Puisque tout est quasi mort quant au salut, sur la terre, c'est précisément là où il y a le plus grand espoir de Résurrection surnaturelle. Spem contra spem, c'est-à-dire l'Espérance contre l'Espérance même, nous enseigne saint Paul à propos de la situation "désespérante" d'Abraham devant sacrifier son seul fils, Isaac, après la mort duquel il ne devait plus lui rester aucun espoir de postérité de laquelle devait, Yahweh l'avait pourtant promis, naître le Salut incarné.
           
        Le formidable Hymne pascal nous met cette Espérance surnaturelle dans l'âme avec une force extraordinaire : L'auteur de la Vie est mort, dux vitae mortuus, commence-t-il. Éh bien ! C'est fini. Qu'attendre, lorsque le chef de la Vie est mort ? Logiquement, de cette logique humaine dont Dieu rit, il n'y a plus rien à attendre puisque le principe de la Vie est mort !, puisque la seule chose qui pouvait vaincre la mort a été vaincue par elle ! Et cependant, imperturbable, l'Hymne pascal continue sans hiatus, comme si la mort n'avait RIEN fait mourir : L'auteur de la Vie est mort, ET VIVANT, IL RÈGNE !, dux vitae mortuus, REGNAT VIVUS !
           
        Ainsi en sera-t-il de notre Église, la Dame aimée de tout cœur digne et droit : lorsqu'elle mourra de mâlemort sous la main maudite de l'Antéchrist-personne, et il n'y en a certainement pas pour très-longtemps maintenant, c'est, à quelques "secondes eschatologiques" près, le moment où elle ressuscitera pleine de gloire, en co-Rédemptrice, revêtue de la Gloire du Christ venant régner sur la terre, ainsi que nous l'annonce le Saint-Esprit dans l'Apocalypse : "Et moi, Jean, je vis la cité sainte, la Jérusalem nouvelle, qui descendait du Ciel, d'auprès de Dieu, prête comme une épouse qui s'est parée pour son époux. Et j'entendis une voix forte venant du trône, qui disait : Voici le tabernacle de Dieu avec les hommes, et Il habitera avec eux ; et ils seront Son peuple, et Dieu Lui-même sera avec eux, comme leur Dieu" (Apoc XXI, 1-3).
           
        Je terminerai le propos très-prophétique de mon présent article, par la prière de saint Jean de Damas : "Mais, Seigneur, allège le lourd fardeau de mes péchés qui T'ont gravement offensé ; purifie mon esprit et mon cœur. Conduis-moi par le juste chemin (Ps XXII, 3), comme une lampe qui m'éclaire. Donne-moi de dire hardiment Ta parole ; que la langue de feu de ton Esprit (Act II, 3) me donne une langue parfaitement libre, et me rende toujours attentif à Ta présence. Sois mon berger, Seigneur, et sois avec moi le berger de tes brebis, pour que mon cœur ne me fasse dévier ni à droite ni à gauche. Que ton Esprit bon me dirige sur le droit chemin pour que mes actions s'accomplissent selon Ta volonté : jusqu'au bout !" (Exposé de la Foi orthodoxe, I).
 
En la fête de Notre-Dame de Fatima,
ce 13 Mai 2019,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
           
        Addenda ― 10 juin 2019. Il y a vraiment un courant dans l'Église qui voudrait que Benoît XVI, pourtant fort âgé, soit toujours le vrai pape actuel, le vrai Vicaire du Christ, avec évidemment l'arrière-pensée transparente de ne pas avoir à reconnaître François comme le pape actuel, ce qui permettrait de pousser un libérateur et formidable ouf de soulagement...
           
        Voici par exemple une association de catholiques, Veri Catholici, à vocation universelle, qui s'est récemment créée "suite à l'exhortation faite par Mgr Athanasius Schneider de préserver la foi éternelle enseignée par notre Seigneur Jésus-Christ, transmise au sein de l’Église catholique au cours des siècles". Or, pour mieux lutter contre les hérésies et apostasie magistérielles du pape François, ces catholiques militants vont jusqu'à soutenir très-sérieusement la thèse de l'invalidité canonique de la démission de Benoît XVI. Pour cela, ils ergotent sur deux mots : ministerium ; munus.
           
        Le droit canon, rappellent-ils, autorise effectivement la démission de la Charge pontificale, mais à la seule et expresse condition que le pape qui s'en démet déclare abandonner le munus de la fonction pontificale ; or, ergotent-ils, Benoît XVI, lorsqu'il a déclaré le 28 février 2013 abdiquer la fonction pontificale suprême, n'a fait allusion qu'au ministerium de ladite Charge suprême et non à son munus. Mais puisque le droit canon n'autorise un pape régnant à démissionner que s'il renonce expressément au munus de sa charge pontificale, alors, Benoît XVI ne l'ayant pas fait, il est donc toujours... pape : "il ne s’agit pas d’une démission papale, mais simplement d’une retraite du ministère actif" (sic). Parce que le munus est l'entier de la Charge pontificale, quand le ministerium est seulement l'exercice actif du munus. Donc, puisque Benoît XVI n'a pas démissionné du munus de la Charge pontificale, ce serait toujours lui le pape actuel de l'Église catholique, quand bien même il aurait renoncé à l'exercice actif du Souverain pontificat...
           
        En quelque manière, on retomberait là, en sous-main, dans les élucubrations guérardiennes d'un pape materialiter qui ne serait pas pape formaliter (cf. ma réfutation de cette thèse traditionaliste aberrante, ici : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteGuerardismeMisEnForme.pdf).
           
        Mais, dans ce cas de figure... que serait donc François ? La réponse est bien sûr simplissime : puisqu'il ne peut y avoir qu'un seul pape dans l'Église catholique, c'est en effet une loi de droit divin, François ne serait donc pas pape du tout, puisque c'est Benoît qui l'est encore et toujours. François ne ferait qu'exercer, théologiquement au nom et pour le compte de Benoît XVI, le ministère actif de la Charge pontificale, il ne serait rien d'autre que la... longue-main de Benoît ! Qui serait toujours le seul et unique pape de l'Église catholique, aux jours d'annhuy 2019...
           
        Dieu, que d'aberrations. Qu'on me pardonne, mais nous sommes là à mon avis devant une fuite de la réalité en allant chercher d'illusoires distinguos, du genre : si une mouche tombe dans un bénitier et y meurt noyée, est-ce que c'est la mouche qui est bénite, ou est-ce que c'est l'eau qui perd sa bénédiction ?!
           
        Cette thèse (pas celle de la mouche, celle de Veri Catholici) n'a aucune valeur. Il est en effet théologiquement rigoureusement impossible que François ne soit pas le pape actuel de l'Église catholique à l'heure où j'écris ces lignes, et donc, puisqu'il ne peut y avoir qu'un seul pape dans l'Église, il est théologiquement rigoureusement certain que Benoît ne l'est plus. C'est le droit divin qui le veut ainsi formellement, comme je vais l'expliquer tout-de-suite, et on ne saurait opposer des raisons tirées du droit canon pour annihiler le droit divin : c'est en effet le droit divin qui fonde le droit canon, non l'inverse. À supposer, par extraordinaire presque impossible, qu'il y aurait des raisons de droit canonique censées invalider un acte d'Église normé sur le droit divin, elles seraient réparées sanatio in radice par ledit droit divin : aucune raison d'ordre canonique ne saurait invalider un acte ecclésial fondé sur le droit divin. Or, nous sommes bien dans ce cas de figure avec notre affaire :
           
        Premièrement, ce qui sert de base fondamentale à cette thèse originale de Veri Catholici, c'est uniquement le droit canon.
           
        Deuxièmement, l'élection de François au Siège de Pierre est formellement basée sur le droit divin. Le droit divin en matière de légitimité pontificale, l'aurais-je assez répété, est en effet fondé essentiellement sur l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape sur un tel, acte dont les sujets sont les seuls cardinaux de la sainte Église romaine agissant in Persona Ecclesiae dans leur majorité canonique. À partir du moment où ce droit divin ainsi acté intervient dûment dans une élection au Siège de Pierre, on ne saurait plus invoquer aucune raison contre la validité de cette dite élection pontificale, le droit divin étant au-dessus de toute loi en ce comprises bien sûr celles du droit canon. Or, la personne de Jorge-Mario Bergoglio a formellement été le sujet de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique : l'élection de François est donc fondée sur le droit divin.
           
        La conclusion théologique est certaine, et doit être professée par tous les catholiques, sous peine de... ne l'être plus : même si des raisons canoniques existaient pour invalider la démission de Benoît XVI du Souverain Pontificat, elles seraient réparées sanatio in radice par le droit divin inhérent à l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape qui a été posé sur la personne de François après cette dite démission. François étant, de par le droit divin, certainement pape, Benoît XVI ne peut donc plus l'être, c'est-à-dire que sa démission ne peut qu'être valide, à tout le moins à partir du moment où l'élection de François au Siège de Pierre fut dûment et théologiquement approuvée par l'Église Universelle, au moyen du Sacré-Collège dans sa majorité canonique.
           
        Même en effet si l'on considérait que la différence entre munus et ministerium est théologiquement fondée (on me permettra d'en douter, car le mot latin munus signifie charge, fonction, et peut très-bien, étymologiquement, avoir le même sens fondamental que le mot ministerium), le fait que l'élection de François au Siège de Pierre a été faite en étant approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux montre que c'est une élection pontificale couverte par le droit divin : c'est donc un fait dogmatique en effet que François est le pape actuel de l'Église catholique, et donc le seul pape, puisque, eu égard à sa constitution divine, il ne peut y avoir dans l'Église qu'un seul et unique pape. Et ce premier fait dogmatique en engendre donc ipso-facto un autre, à savoir que Benoît XVI n'est plus pape.
           
        Car dès lors que le droit divin fonde un acte d'Église, on ne saurait plus invoquer aucune raison, d'ordre canonique ou autre, pour l'annihiler, l'invalider.
           
        Ce qui signifie que François est le pape actuel de l'Église catholique. Formellement. Indubitablement. Le munus avec le ministerium, le ministerium avec le munus...
           
        Ce qui, évidemment, nous plonge dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE", pieds et mains cloués et saignants sur la sainte-Croix ecclésiale du salut...
           
        Car c'est le pape François qui frappe à coups redoublés sur les clous...
 
 
 
13-05-2019 07:29:00
 

Le cri du cœur d'un simple fidèle

 
 
 
Le cri du cœur d'un simple fidèle
 
           
 
Preambulum
       
        Une correspondante m'envoie, ces jours derniers, copie d'une Lettre qu'elle vient d'adresser à deux prêtres tradis de sa connaissance, l'un est ex-Fsspx de la mouvance Résistance (= Mgr Williamson), l'autre est "rallié".
           
        C'est une sorte de cri de son cœur ou plutôt de son âme, qui dit sa peine de constater, dans la spiritualité et la Foi des prêtres tradis en général, l'absence complète d'Espérance dans le Règne de la Gloire du Christ qui doit s'exercer plénièrement sur la terre avant d'être vécu plénièrement dans le Paradis éternel, absence qu'elle constate douloureusement, absence qui révèle malheureusement un néo-pharisaïsme très-pernicieux, qui certes s'ignore la plupart du temps, mais dont se nourrissent hélas toutes les spiritualités catholiques actuelles, qu'elles soient du reste d'étiquette tradi ou moderne.
           
        Le fond du problème, que les prêtres actuels n'aperçoivent pas parce que, tels les antiques pharisiens au temps du Christ, "ils ont des yeux et ne voient point", c'est que la "crise de l'Église" étant de nature essentiellement apocalyptique, la vertu d'Espérance que nous devons entretenir en nos âmes pour vaincre les forces du mal qui tâchent par cette dite crise de déraciner en nous la Foi, doit correspondre obligatoirement à la nature de cette crise, c'est-à-dire être elle aussi d'ordre apocalyptique-eschatologique ; sous peine, autrement, de s'illusionner gravement et de n'avoir pas la force de tenir bon jusqu'à la fin dans la Foi, trompés par cette illusion historiciste dans laquelle nous aurions voulu croire, contre les plus grandes évidences des signes eschatologiques advenus en notre époque, et en notre époque seulement.
           
        Le péché serait grand de faire espérer à un mourant, en plein février glacial, que, le printemps revenant bientôt, sa santé ne peut, elle aussi, que reverdir comme l'herbe qui verdoie, et qu'il a encore de très-longs jours terrestres à espérer. Ce serait le mettre dans une illusion cruelle et surtout fort préjudiciable pour le salut de son âme, car il doit se préparer à la mort, proche pour lui. C'est hélas ce grand péché que commettent l'immense majorité des prêtres actuels, la plupart inconsciemment peut-on penser (c'est à espérer pour eux du moins), qu'ils soient du reste modernes ou tradis, lorsqu'ils font miroiter aux âmes de leurs ouailles un "alleluia perpétuel" de l'Église pour les modernes, ou une "renaissance" de l'Église de nature purement historiciste, côté tradi, un Vatican III gratiné d'un Pie XIII et saupoudré d'un Pétain II, ... huuum !, délicieux ragoût ragoûtant !, mes papilles en gustatent déjà et s'affriolent !!!, alors que les considérants fondamentaux de cette "crise de l'Église" CRIENT tous formidablement, par la Voix méprisée du Saint-Esprit, que sa nature est d'essence apocalyptique, qu'elle est vraiment "la der des der", la toute dernière avant la Parousie. Ce qui signifie que la grande renaissance ecclésiale que, certes, nous attendons tous, sera essentiellement d'ordre apocalyptique, elle aussi, comme étant introduite et initiée par le Retour glorieux de Jésus-Christ dans notre univers physique, qu'elle inclura la rénovation de la terre elle-même après le Déluge universel de feu qu'elle aura subie, sans parler d'une nouvelle économie de salut ecclésiale, le Millenium, qui sera la Gloire de l'Épouse du Christ achetée par elle dans la grande tribulation que nous vivons actuellement, dont le pire, le règne de l'Antéchrist-personne, que nous n'avons pas encore vu, est à venir.
           
        Le Christ-Dieu a montré le Chemin : pour connaître la Gloire, il faut passer par la mort, et la mort ignominieuse. Et l'Épouse-Église le suit actuellement, ce Chemin divin, en toute soumission d'Amour empressé pour son Époux, au grand dam des néo-pharisiens qui composent actuellement la grande majorité de son clergé : elle aussi va mourir dans l'ignominie absolue, comme le Christ sur la Croix, avant de renaître très-glorieusement dans une nouvelle économie de salut, une renaissance eschatologique qui dépasse la renaissance historiciste d'un Vatican III-Pie XIII-Pétain II comme le Ciel dépasse la terre, et la Réalité, l'ombre d'icelle...
           
        J'aime beaucoup cette lettre franche et directe de mon amie correspondante, de nationalité canadienne, car elle dévoile, dénonce et montre du doigt, de manière simple et sans argumentation théologique comme je le fais moi-même dans mes articles sur le sujet, le néo-pharisaïsme spirituellement mortifère et tellement antichrist hélas par trop présent et existant dans la spiritualité et la Foi de la grande majorité de nos prêtres catholiques actuels.
           
        Mais je m'empresse de donner la parole à ma correspondante...
           
 
        Bonjour monsieur l'abbé,
           
        Je viens de lire un article de la Fsspx sur "La fête du Christ-Roi", remède à "la peste du laïcisme".
           
        Or, j'étais un peu déçue de n'y voir aucune mention de l'espérance du Règne du Christ-Roi sur la terre, mais seulement que cette fête pointe vers l'espérance du Ciel : "... la fête du Christ Roi se présente comme le couronnement de tous les mystères du Christ et comme l’anticipation dans le temps de la royauté éternelle qu’il exerce sur tous les élus dans la gloire du ciel".
           
        Mais notre Espérance catholique n'est-elle pas que "TOUT SERA RESTAURÉ DANS LE CHRIST" dès ici-bas, c'est-à-dire sur cette terre purifiée et renouvelée, et ce, en prémices du Règne de Dieu au Ciel, le Ciel étant notre Espérance ultime, bien sûr.
           
        Saint Irénée de Lyon parle des gnostiques dans son Contra Haereses comme des hérétiques qui "brûlaient les étapes du salut". Mais n'est-on pas ici, également, en présence d'une spiritualité cléricale qui "brûle les étapes" du Plan divin, fixées de toute Éternité dans les Décrets irréformables du Bon Dieu ? Puisqu'on veut ne croire qu'en un Règne du Christ au Ciel, alors que le Plan divin prévoie que ce Règne plénier du Christ aura lieu d'abord sur la terre avant que d'avoir lieu au Ciel éternel ?
           
        Mais si nous devons nous soumettre à la Volonté de Dieu, et la vouloir avec Lui, si Sa Volonté est de s'acquitter de Ses Promesses de régner sur la terre en restaurant, non seulement l'Église et les nations, mais aussi la nation juive qui a souffert le châtiment de la diaspora et de "l'aveuglement" pendant dix-neuf siècles, ne faut-il pas espérer et vouloir cette Grande Restauration-là, terrestre, qui est imminente, les signes eschatologiques étant tous advenus à notre époque, et à notre époque seulement, en faisant foi ?
           
        Je voulais vous faire part de ce sujet, qui m'interpelle ces jours-ci, concernant la grande espérance du Règne spirituel du Christ sur la terre ("comme au ciel"), le "Règne des mille ans" ou "Millénarisme", tel que communément cru et défendu par les premiers chrétiens et par saint Irénée de Lyon dans son livre Contre les Hérésies (gnostiques). Saint Irénée disait que la foi dans le "Règne des mille ans" (décrit par saint Jean dans l'Apocalypse et qui reprend chrétiennement les promesses de Dieu à son peuple dans l'Ancien-Testament) était le meilleur rempart contre toute infiltration de gnose dans notre Foi : les interprétations allégoriques, symboliques, de ce Règne (comme s'identifiant à l'Église) seraient donc une réduction, une omission du sens littéral, en forme de risque pour notre Foi et notre Espérance... Surtout en notre époque présente de l’imminence de la Parousie qui doit introduire ce Millenium, tandis que l’imposture religieuse antéchristisée sévit, dans un aveuglement presque complet des habitants de la terre.
           
        En effet, aujourd'hui, tandis que presque tout le monde croit au (faux) "Nouvel Âge" (ex. : fraternité mondialiste maçonnique sans le Christ, etc.), les catholiques, eux, ne croient plus, et donc n'espèrent plus, dans le "Règne du Christ Glorieux sur la terre renouvelée", qui sera le vrai "Nouvel Âge".
           
        La résurrection et la délivrance de l'Église et des Nations, tant espérée, ne seraient-elles pas l'entrée dans le Règne terrestre plein de gloire du Christ-Roi ? Pourquoi donc les Catholiques mettent sous le boisseau l'authentique connaissance et lumière eschatologiques, tout particulièrement en ce qui concerne ce "Règne millénaire", cette grande espérance que Dieu réalisera ses Promesses terrestres, par une justice réalisée d'abord sur la terre purifiée et renouvelée où les justes ont souffert (ex. : les martyrs), et ce, avant son Règne éternel au Ciel ? Le Règne millénaire serait le Repos de Dieu du 7e jour, le grand Sabbat après les douleurs de l'enfantement de la Création des six jours, tandis que le Paradis serait l'Éternité du 8e jour. Il n'y aurait pas identité entre la "Fin des temps" et la "Fin du monde", entre les deux, il y aurait le Règne millénaire du Christ sur la terre inauguré par Son glorieux Retour. Il n'y aurait pas identité entre la Parousie introduisant le Règne millénaire (première résurrection) et la dernière Parousie finissant les Mille ans et le Temps lui-même (Jugement Dernier, Résurrection générale).
           
        La Volonté de Dieu, pour nous, catholiques de notre génération ecclésiale, ne serait-elle pas que nous, ses fidèles, ESPÉRIONS EN CE RÈGNE, dans nos jours marqués par l'imminence de la Parousie du Christ Glorieux introduisant ce Millenium, et plus vivement que jamais ? Que nous espérions en cette NOUVELLE ÉCONOMIE DE SALUT QUI VERRA LA GLORIFICATION DE L'ÉGLISE CATHOLIQUE EXALTÉE, après la Passion ignominieuse qu'elle vit de nos jours, cette nouvelle économie de salut où, après la CONVERSION DE LA NATION JUIVE (que le faux-œcuménisme de Vatican II ne prêche et n'espère plus, par contrefaçon-anticipation antéchristique de la vraie conversion des juifs avant le Millenium, soit qu'on veulle croire qu'ils n'ont pas besoin de se convertir, soit qu'on veuille croire qu'ils soient déjà convertis), nous serons tous UN SEUL TROUPEAU SOUS UN SEUL PASTEUR, et connaîtrons enfin la grande unité des cœurs et la vraie paix ?
           
        Or, voici : je pense que le démon s'empare du Plan de Dieu, pour le contrefaire. Le Plan de Dieu ne peut que s'acquitter fidèlement de Ses Promesses, la Promesse faite à Abraham, renouvelée par Yahweh aux prophètes de l'Ancienne-Alliance, et réaffirmée dans la Nouvelle-Alliance (Apocalypse de saint Jean) par le "Règne de mille ans" (qui implique le triomphe sur les ennemis du Christ, l'enchaînement des démons en enfer, et la "première résurrection" des justes pour régner avec Lui sur la terre renouvelée). Le diable, lui, fait du Plan divin une "contrefaçon-anticipation" ou imposture, qui culminera, jusqu'à "séduire les élus s'il se pouvait", dans le règne de l'Antéchrist-personne. En effet, actuellement, les signes bibliques du Millenium sont utilisés avec pompes mondaines et d'une façon pervertie (ex. : l'Arc-en-ciel, qui est un signe d'Alliance avec Dieu ; la Démocratie instaurée depuis la Révolution française, qui semble être une contrefaçon-anticipation du Règne de Dieu sur la terre où les élus règneront tous avec Dieu sans plus d'intermédiaires hiérarchiques, selon la prophétie jamais réalisée : "un homme n'enseignera plus son frère, car tous Me connaîtront, les petits et les grands" ; la Fraternité universelle maçonnique sans conversion au Christ -or : "qui n'a pas le Fils, n'a pas le Père", fondateur de cette dite Fraternité sous sa Paternité- ; l'espérance d'une paix mondiale onusienne, antéchristique, etc.).
           
        Dans le livre de Daniel (chap. VII), il est écrit que l'Antéchrist aura LA PRÉTENTION DE "CHANGER LES TEMPS ET LA LOI" : cela semble décrire les changements prodigieux (trompeurs) dans les Pouvoirs Temporels et Spirituels, surtout depuis la Révolution française (ex. : démocratie, laïcisme, fraternité universelle sans le Christ-Roi) et depuis Vatican II (ex. : faux-œcuménisme, imposture religieuse, etc.).
           
        En effet, si le démon est le SINGE DE DIEU, alors il ne peut que séduire les habitants de la terre en s'emparant du vrai Plan de Dieu pour le détourner de la vraie Foi et de la vraie Espérance dans l'authentique Règne de Dieu sur la terre, que nous demandons chaque jour dans la Prière enseignée par Notre-Seigneur Jésus-Christ, Roi des rois, Seigneur des seigneurs : Que Votre Règne arrive sur la terre comme au Ciel.
           
        Et, soit dit en passant : à qui fera-t-on croire que le Règne de Dieu par la grâce de l'Église catholique versée dans les âmes saintes, réalise parfaitement cette prière, c'est-à-dire qu'il fait advenir sur terre ce Règne de Dieu exactement COMME il est manifesté plénièrement et sans aucune entrave, au Ciel éternel ?! Poser cette question, c'est donc, au vu de la réponse évidente à y faire, mettre en façade que l'Église catholique, dans son économie de salut actuelle, ne fait pas "arriver le Règne de Dieu sur la terre COMME il a lieu au Ciel éternel", c'est-à-dire sans obstacle aucun et plénièrement... Pour ne parler que de cela, voit-on, au Ciel éternel, des fidèles être trucidés par des musulmans ? Voit-on aussi, je l'écris en tremblant, des prêtres fornicateurs pédophiles ? Le Règne de Dieu le Père que le Christ nous fait Lui demander n'est donc pas encore advenu sur cette terre par l'Église. D'ailleurs, si l'on dit que l'Église et la Chrétienté réalisent le Règne de Dieu dans leur temps actuel, il y aurait illogisme complet que le Christ, durant ce Règne, nous le fasse... encore demander dans le Pater Noster, durant tout le temps de cette Église et de cette Chrétienté.
           
        Viens, Seigneur Jésus ! Lui seul fera la justice, et nous délivrera des impies qui veulent supplanter et empêcher l'Avènement de son Règne IMMINENT.
           
        Oui, après le bref règne de l'Antéchrist-personne, de l'Impie, viendra le Règne millénaire plein de la Gloire du Christ, c'est-à-dire un Règne terrestre, ici-bas. Il y a de très solides arguments, bibliques, prophétiques et exégétiques, pour défendre l'orthodoxie du "Règne millénaire" (décrit dans l'orthodoxie la plus parfaite, entre autres, par le grand saint Irénée de Lyon). À cela, il faut rajouter que le grand Cycle des Apparitions de la Vierge, par ses nombreuses apparitions débutées en 1830, se révèle comme une authentique Préparation à l'imminence de la Parousie ordonnée au Millenium, en cette fin du Temps des Nations. Notre généralissime en chef des armées céleste recrute son armée, son talon.
           
        J'espère dans la Conversion des Juifs et la Résurrection de l'Église Catholique, j'espère dans le Triomphe millénariste du Christ-Roi dans lequel sera inclus celui du Cœur immaculé de Marie promis, "À LA FIN", quand tout semblera perdu. Et Dieu renouvellera toutes choses, la face de la terre et de l'Église. Ce sera une Résurrection et une délivrance de l'Église et des nations sous le Règne millénaire où Dieu sera glorifié et il y aura la Paix.
           
        Cher monsieur l'abbé, vous qui connaissez la Tradition, porte-t-elle encore aujourd’hui, cette Sainte Tradition (dépositaire du Dogme), je veux dire, la Foi et l'Espérance dans le Règne des Mille ans ? Ce Règne millénaire de Dieu sur la terre ne serait-il pas l'acquittement de Sa Promesse de régner malgré ses ennemis (ex. : le Sacré-Coeur de Jésus à sainte Marguerite-Marie : "Je régnerai malgré mes ennemis"), de Sa promesse du Triomphe du Cœur immaculé de Marie ("À la FIN, etc."), de Sa Promesse d'une délivrance de l'Église et des nations (ex. : Fatima, etc.), et celle de la Conversion et du Rétablissement de la nation juive ? Celle du grand Repos de la Création où il sera enfin notre Dieu, et nous, son peuple : "UN SEUL TROUPEAU SOUS L'UNIQUE BERGER ?
           
        "Mais lorsque le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'Il trouve la Foi sur la terre ?" (Lc XVIII, 8)
           
        Bien à vous,
           
        Une brebis qui se pose beaucoup de questions... ce qui est sa manière à elle (bien imparfaite et maladroite, certes) d'aimer Dieu et son Église.
 
En ce 2 Février 2019,
Fête de la Chandeleur,
Purification de la très-sainte Vierge Marie,
 B.D.
 
 
 
02-02-2019 18:33:00
 

TOUS MES ARTICLES DOCTRINAUX... REMIS À NEUF

 
 
 
TOUS MES ARTICLES DOCTRINAUX... REMIS À NEUF
 
 
 
Preambulum
 
            C'est à une sorte de "ravalement de façade" typographique et de mise en forme informatique, que je me suis attelé le mois dernier. J'ai en effet revu soigneusement la présentation des dix articles doctrinaux qui figurent sur mon site, sous les deux rubriques "La Passion de l'Église" et "Articles de Fond", soit la copieuse révision d'un millier de pages au total (... aux rames, galérien !). Cette présentation, en effet, laissait beaucoup à désirer dans certains de ces articles, j'en présente ici mes plus sincères excuses au lecteur, et il y avait longtemps que j'avais en tête de la revoir. C'est chose faite à présent, ce gros chantier est bien terminé, Deo gratias.
            Je ne saurai trop conseiller au lecteur de mon site d'aller faire un tour pour (re)lire ces dix articles, bien revus à tous les niveaux (je n'ai cependant que peu touché aux textes, ils n'en avaient quasi nul besoin, étant déjà fort bien finalisés).
            Y faire un tour, pas seulement, évidemment, pour la beauté de la présentation relookée, mais, bien sûr, surtout pour la grande richesse de vérité libératrice quant à la "crise de l'Église" contenue dans ces dix articles, vérité libératrice que, ô lecteur, vous ne trouverez, et il s'en faut de beaucoup, NULLE PART AILLEURS. Les articles que j'ai écrits en effet, par grâce de Dieu se servant du pauvre instrument que je suis, sont les seuls, absolument les seuls dans tout le monde catholique, ce que je dis là n'est qu'un simple constat, à exposer la vérité vraie des assises profondes de ce qu'il a été convenu d'appeler, depuis le concile Vatican II, la "crise de l'Église", et qui est "PASSION DE L'ÉGLISE". Ils vous rendront libres si vous le voulez, libres de la liberté des enfants de Dieu, parce que "la vérité vous rendra libre" (Jn VIII, 32).
            Ces articles sont bien les seuls, en effet, à mettre au grand jour la vérité vraie de la "crise de l'Église", bien propres à délivrer le catholique actuel, s'il le veut bien, du mensonge permanent qui, par l'esprit mauvais, possède le monde entier, pour tout ensevelir dans les ténèbres du modernisme certes, mais encore, côté tradi, pour tout enfermer dans les rébellions orgueilleuses de l'hérésie, du schisme, de l'obscurantisme, voire même de l'illuminisme. Tout cela étant un peu comme la lourde pierre tombale devant le sépulcre où gisait le Corps du Christ, impossible à remuer et empêchant les âmes d'entrer dans le Saint des saints du Mystère de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est-à-dire de ce que l'Église a à vivre et mourir aujourd'hui, de par la Volonté divine.
            Ces dix articles, chacun à leur façon, sont la Main de l'Ange. Ils remuent puissamment la pierre barrant l'entrée du Saint-Sépulcre, la roulent à force, dégagent l'ouverture au moins à passage d'homme, rentrent franc de port dans le Lieu-Saint de "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Moins pour y mourir que pour y vivre de la sainte-Espérance, en attendant le Règne de Gloire que l'Épouse du Christ est présentement en train d'acheter à la Justice divine, et que nous donnera sa co-Rédemption effective : "Là où sera le Corps, s'assembleront les aigles" (Matth XXIV, 28).
            Cinq de ces articles exposent positivement la doctrine de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ou leur sujet y est intimement lié, cinq autres sont la réfutation négative des positionnements tradis qui rejettent hérétiquement et/ou schismatiquement "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
            Les voici listés, ces dix articles, dans l'ordre même où je les ai mis sur mon site :
           
 
        1/ Exposé de la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (39 pages). ― C'est le socle, la base de mon travail. Celui qui médite en profondeur et avec droiture d'esprit sur la "crise de l'Église", ne peut manquer, tôt ou tard dans sa réflexion, de se rendre compte de l'écartèlement usque ad mortem que vit de nos jours l'Épouse du Christ entre des principes contraires, à savoir, pour faire court et aller à l'essentiel, entre la légitimité certaine des papes de Vatican II et post, d'une part, et le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, pour en rester à ce qui est magistériellement le plus peccamineux dans l'Église contemporaine, d'autre part. Mais quand l'Épouse du Christ est écartelée à mort entre des principes contraires, cela veut dire qu'elle est crucifiée. Et d'être crucifiée signifie qu'elle vit l'économie de la PASSION DU CHRIST, que saint Paul définit comme étant une "si grande contradiction" (He XII, 3).
           
        L'économie de la Passion, c'est être non seulement crucifié, mais l'être dans la malédiction, "être fait péché pour le salut" (II Cor V, 21), donc être réprouvé par la Justice de Dieu, car "celui qui est pendu au bois est maudit de Dieu" (Deut XXI, 23), être de plus livré implacablement à "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), et, de tout cela, devoir ignominieusement en mourir, à brève échéance. Certes, mourir dans l'opprobre absolue, mais la Foi nous rassure et même nous remplit de joie profonde : aux seules fins certaines de ressusciter glorieusement quand on s'appelle le Christ ou l'Église (et l'âme fidèle est bien sûr intégrée dans la destinée du Christ et de son Église) ; cependant, il faut passer par une mort ignominieuse bien réelle auparavant, et celle-ci aura lieu dans le règne de l'Antéchrist-personne quant à l'Église, pour ce qui nous concerne.
           
        Ce premier article approfondit donc le plus possible l'économie de la Passion du Christ appliquée à l'Église-Épouse, Passion qu'elle est en train de vivre présentement, dans notre contemporanéité.
           
        On le trouve au lien suivant :
 
           
        2/ Réfutation de la thèse "LEFÉBVRISTE" (162 pages). ― À Dieu ne plaise, osa reprocher saint Pierre au Christ, que Tu aies à passer par la Passion ! Toutes les mouvances tradis, consciemment ou bien non, osent, elles aussi, faire ce reproche à l'Église contemporaine : Nous ne voulons pas que Tu vives la Passion ! La première dans l'ordre tradi à refuser et rejeter "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est la mouvance lefébvriste. Comment s'y prend-elle pour acter ce refus réprouvé ? En acceptant de bien prendre conscience du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, mais refusant en parallèle d'admettre que ce décret vaticandeux a été promulgué dans un cadre certain d'infaillibilité : ainsi, l'Église n'est pas écartelée, crucifiée, sa Constitution divine n'est pas mortellement atteinte par ce décret soit disant promulgué dans un cadre faillible, elle ne vit donc pas la Passion du Christ, la "crise de l'Église" n'est pas la crise dernière, proprement apocalyptique, devant finir par la Parousie.
           
        Or, nier que la Liberté religieuse soit formellement dotée de l'infaillibilité ecclésiale, pour en rester à ce décret vaticandeux qui a théologiquement valeur d'exemplaire pour toute la "crise de l'Église", c'est nier le plus hérétiquement du monde la doctrine de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel, doctrine à croire de Foi, de fide. Car en effet, le décret de la Liberté religieuse est une expression formelle de ce mode magistériel ordinaire & universel, toujours doté de l'infaillibilité...
           
        Mais le lefébvriste voudrait s'en sortir en professant que le Magistère du passé ou Tradition est théologiquement plus important et plus sûr voire même, ose-t-il soutenir, peut effacer, gommer, le Magistère du présent, lorsque celui-ci s'avère défectueux. Ce positionnement est radicalement faux et hérétique : le Magistère du présent est TOUJOURS doté de l'infaillibilité, il n'y a donc pas à supposer qu'il puisse avoir à être réparé doctrinalement de quelque manière que ce soit. Contrairement à ce qu'ose professer le lefébvriste en effet, la bonne règle en la matière n'est pas que c'est le Magistère du passé qui norme le Magistère du présent, mais... c'est l'inverse qui est vrai : c'est le Magistère du présent qui norme toujours le Magistère du passé, en y rajoutant, de par le Saint-Esprit, un supplément d'âme. Soutenir qu'il puisse y avoir une situation qui renverse cette loi de droit divin, comme le fait le lefébvriste, est tout simplement verser dans l'ecclesiovacantisme, c'est-à-dire professer que l'Église n'existe plus dans le présent, thèse, faut-il le dire, plus hérétique encore, s'il était possible, que ne l'est le simple... sédévacantisme.
           
        Le lefébvriste, au fil des ans, n'arrête cependant pas de s'inventer des distinguos subtils et de subtils distinguos pour rejeter la doctrine catholique de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel formellement actée dans l'Église moderne du présent, aux fins occultes de rejeter "LA PASSION DE L'ÉGLISE", mais je réfute toutes ses arguties très-fausses et mensongères, soigneusement listées et mises en rangs d'oignons, dans cet article qu'on trouve au lien suivant :
 
           
        3/ Réfutation de la thèse "SÉDÉVACANTISTE" (104 pages). ― Le sédévacantiste ne veut pas, lui non plus, que la "crise de l'Église" manifeste que l'Épouse du Christ ait à vivre, de par Dieu, la Passion du Christ. Pour rejeter la réalité ecclésiale contemporaine, il nie, d'une manière brutale et primaire, que le Pontife romain soit vrai pape depuis Vatican II. Ce faisant, il se croit, généralement avec beaucoup d'orgueil, au-dessus de tous ses petits copains tradis. Il a seulement oublié que celui qui se met à la première place doit souvent redescendre à la dernière place, selon l'Évangile... Plus hérétiquement en effet que tous les autres tradis, le sédévacantiste se met de lui-même hors de l'Église, il n'y a même pas besoin de le faire sortir de l'Église, il s'excommunie de lui-même, tout seul, précisément rien qu'en déniant aux papes de Vatican II et post, la qualité de Vicaire légitime du Christ. Le sédévacantiste donc, quitte la ville sainte, Jérusalem, mais ce n'est pas, lui non plus, pour monter au Calvaire rédempteur de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", il s'en faut hélas de beaucoup (on le voit plutôt se confiner très-malsainement dans des ghettos zélotes, extra-muros, d'esprit profondément sectaire et obscurantiste).
           
        Il est en effet tout-à-fait impossible de dénier la qualité certaine de Vicaire légitime du Christ à l'élu d'un conclave qui s'est canoniquement déroulé, tout conclave théologiquement achevé étant en effet de l'ordre du fait dogmatique, toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale. Quand l'Église Universelle, par l'organe ordinaire du Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique, désigne le pape actuel, celui-ci ayant accepté son élection au Siège de Pierre, il est dès lors certainement le Vicaire actuel du Christ. Or, tous les papes modernes, à commencer par Paul VI le pape de Vatican II et à finir par François, ont dûment bénéficié d'une élection pontificale opérée au sein d'un conclave qui s'est canoniquement déroulé (on le sait avec certitude par le fait que la question rituelle de l'accepto posée par le cardinal-doyen du Sacré-Collège, contient l'affirmation de la canonicité certaine du conclave qui vient de se dérouler : "Acceptes-tu l'élection qui vient d'être faite CANONIQUEMENT de ta personne au Souverain Pontificat ?", et par le fait que cette question rituelle a été posée certainement dans tous les conclaves modernes ; or, seuls les cardinaux, véritables "membres enseignants de la Légitimité pontificale", ont pouvoir et mandat de dire si telle élection pontificale est canonique ou bien non, aucun autre membre de l'Église n'a cette habilitation). Refuser de reconnaître certainement légitimes les papes modernes qui, tous, sont sortis d'un conclave qui s'est canoniquement déroulé, c'est s'auto-excommunier ipso-facto. Or, tous les sédévacantistes se mettent eux-mêmes dans cette peu enviable situation...
           
        Je réfute dans cet article toutes les spécieuses raisons que les sédévacantistes osent hérétiquement mettre en avant pour refuser la règle prochaine de la Légitimité pontificale, que je viens de rappeler ci-dessus, tout spécialement bien sûr, les raisonnements mensongers et complètement faux qu'ils osent tenir quant à la fameuse (mais beaucoup plus fumeuse encore que fameuse) bulle de Paul IV, leur "grosse Bertha", leur canon prussien censé foudroyer les papes modernes... mais qui hélas les foudroie surtout eux-mêmes, et eux seuls ! Ne serait-ce que parce que la bulle en question n'a pas du tout un objet dogmatique mais seulement disciplinaire, le verbe "definimus" qu'on trouve au § 3 n'ayant en effet qu'un sens purement disciplinaire, ce qui est formellement prouvé par son complément d'objet direct et immédiat, qui, n'ayant qu'un sens disciplinaire assigné par  Paul IV, donne donc le sens disciplinaire au verbe "definimus" lui-même (avant Vatican 1er, c'était en effet possible de trouver dans le bullaire pontifical des décrets contenant le verbe "definimus" avec un sens non-dogmatique). Ce qui signifie bien sûr que l'incroyable proposition du § 6 de ladite bulle sur la prétendue faillibilité des conclaves pourtant théologiquement achevés, n'est pas du tout l'objet d'une définition dogmatique par Paul IV... on s'en serait douté, puisque cette proposition est rien moins qu'hérétique !
           
        On lit ma réfutation du sédévacantisme au lien suivant :
 
           
        4/ Réfutation de la thèse des "RALLIÉS" (85 pages). ― Les "Ralliés", qui ont quitté Mgr Lefebvre lors des Sacres épiscopaux en 1988, eux non plus ne veulent pas vivre leur Foi dans le cadre, cependant voulu par la Providence de Dieu, de "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Ils le refusent avec autant d'opiniâtreté et de rébellion spirituelle intérieure que leurs frères ennemis tradis, les lefébvristes ou les sédévacantistes. Pour ce faire, leur méthode est cependant différente : ils nient, quant à eux, le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse. Dès lors, sur l'air de : Tout va très bien madame la Marquise, il n'y a plus de contradiction atteignant l'Église dans sa Constitution divine même, et donc, pas d'horrible, affreuse, Passion à vivre ecclésialement : dans la Liberté religieuse promulguée à Vatican II, le pape est bien pape, le cadre magistériel est bien doté de l'infaillibilité ecclésiale au moins pour le § 2 définitionnel, mais... la doctrine elle-même de la Liberté religieuse n'est pas une hérésie à caractère formel.
           
        Malheureusement pour eux, la Liberté religieuse est formellement hérétique dans la lettre même du texte magistériel. Il n'est besoin, pour s'en convaincre, que de lire l'abominable § 5 du décret conciliaire. Quel père de famille catholique, conscient de ses responsabilités parentales devant Dieu et les hommes, pourrait en effet bien y lire ce qu'osent dire les Pères de Vatican II una cum Paul VI, sans en rougir de honte jusqu'à la crête, et que voici : "À chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial, appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leurs propres convictions religieuses [!!!], la formation religieuse à donner à leurs enfants".
           
        Est-ce qu'on se rend bien compte de ce que peuvent déduire de ce texte abominable, mais texte magistériel conciliaire dûment promulgué in persona Ecclesiae, les parents non-catholiques, croyants dans des faux-dogmes...? Desquels se déduisent des attentats directs contre l'intégrité et la dignité humaines de leurs enfants, puisque, d'une part, "il n'y a rien de plus pratique qu'un principe" (Mgr Duchesne), et d'autre part, seuls les principes de la vraie religion, celle catholique, peuvent générer une formation parentale de l'enfant respectant intégralement sa nature et sa dignité humaines ? Sans y attenter d'aucune sorte, comme le font, peu ou prou, TOUTES les fausses religions ? Ainsi donc, l'atroce coutume de l'excision sexuelle des fillettes africaines nées pour leur malheur dans des foyers idolâtres tirant de leur idolâtrie bougrement aggravée de coranisme, pardon, tirant de "leurs propres convictions religieuses" cette pratique abominable, est, dans ce scandaleux et inouï DHP § 5, cautionnée et même agressivement proclamée par les Pères de Vatican II comme un... droit légitime des parents à la Liberté religieuse, dont ils ont osé nous dire, dans DHP § 2, qu'elle était... "APPUYÉE SUR LA PAROLE DE DIEU" !!!
           
        On l'a compris : il n'y a pas hérésie plus... hérétique, que la Liberté religieuse.
           
        Voici le lien de l'article qui réfute en profondeur la thèse des "ralliés", à partir de textes du R.P. de Blignières, de l'abbé Bernard Lucien et du R.P. de Saint-Laumer (couvent de Chémeré-le-Roi) :
 
           
        5/ Réfutation de la thèse "GUÉRARDIENNE" (162 pages). ― Les adeptes de la thèse de Mgr Guérard des Lauriers ont trouvé un autre "truc" pour refuser de monter au Calvaire, là où, sur le bois de la croix du salut, est pendue de nos jours, non plus le Christ Lui-même, mais son Épouse très-sainte, l'Église : couper le pape en deux, comme le roi Salomon se proposait de le faire de l'enfant du litige, déchirer en deux la tunique sans couture du Christ dans la personne du Pontife romain. Il n'y aurait plus seulement, selon eux, depuis l'hérésie magistérielle de Vatican II, qu'un pape materialiter, la matière juridique d'un pape si vous préférez, mais dépouillé radicalement de ce qui constitue un pape formaliter, entendez un pape théologiquement pleinement et vrai pape, il serait privé de l'Autorité du Christ qui le constitue son Vicaire actuel. C'est-à-dire que le pape moderne post-Vatican II ne serait plus qu'une... cosse de haricot, sans haricot dedans !
           
        Nous sommes là tout simplement en pleine folie métaphysique, avant même d'être dans une grave hérésie qui se recoupe avec les hérésies christologiques des premiers siècles chrétiens (très-notamment, avec le nestorianisme). Il est impossible en effet que puisse exister sur cette terre une matière toute seule sans sa forme idoine : ou bien les papes modernes, après Vatican II, sont papes vrais et réels, matière et forme, ou bien il ne le sont pas du tout, ni matière ni forme, ils ne peuvent pas l'être à moitié (par ailleurs, un pape materialiter signifierait ipso-facto cette folle absurdité que l'Église présente serait une Église materialiter...).
           
        En fait, en déniant aux papes de Vatican II et post le formaliter ou Autorité divine, les guérardiens tombent dans une sorte de sédévacantisme mitigé : ce qui signifie que ce qui condamne le sédévacantiste pur et dur, à la barbaresque du P. Barbara, les condamne eux aussi, à savoir le rejet qu'ils font tous de la règle prochaine de la Légitimité pontificale que j'ai exposée plus haut, dans la présentation de mon article réfutant le sédévacantisme, et auquel je reporte le lecteur. Cette règle prochaine, en effet, oblige tout fidèle catholique à professer de Foi, de fide, par le fait dogmatique à tout coup doté de l'infaillibilité, que le pape sorti des mains cardinalices dans un conclave qui s'est canoniquement déroulé, est vrai pape, "verus papa" (Pie XII), c'est-à-dire bien sûr autant pape materialiter que... pape formaliter. Le guérardien, pour le nier, quant à lui, au formaliter de l'élu d'un conclave qui s'est canoniquement déroulé, verse donc dans l'hérésie et s'excommunie ipso-facto lui-même de l'Église catholique, autant que le sédévacantiste pur et dur qui le nie, quant à lui, à la fois au formaliter et au materialiter. Par sa thèse absurde et folle, que le guérardien prenne donc bien conscience qu'il oblige son âme, autant que le sédévacantiste radical, à faire hara-kiri dans la Foi. Il sort lui-même de l'Église, s'excommunie, se suicide, non seulement radicalement mais en plus ridiculement, quant à lui, guérardien, car il le fait par une folie métaphysique, ce qui n'est pas le cas du sédévacantiste barbaresque pur et dur.
           
        Les adeptes de cette thèse aberrante, heureusement peu nombreux derrière le groupuscule italien de l'abbé Francesco Ricossa, s'ingénient pourtant, en bons lefébvristes qu'ils sont au niveau de leur formation cléricale, à trouver, au fil impénitent des ans enregistrant leur entêtement, des monceaux d'arguties de scribes pour prétendument justifier le bien-fondé de leur thèse : je les réfute toutes, l'une après l'autre, avec grande patience et grand'soin dans mon article.
           
        Cependant, le nombre de pages élevé de mon article (162), ne doit pas faire illusion : en fait, ma réfutation proprement dite de ce qui ne mérite d'être appelé qu'une fou-thèse, fait 100 pages ; derrière elle, j'ai mis également mon ancien texte de réfutation du guérardisme, un simple essai figurant en annexe de L'Impubliable, chiffrant 10 pages seulement ; puis enfin, j'ai cru bon de reproduire un vieux texte de Myra Davidoglou, qui, quoique barbaresquement sédévacantiste à la hue et dia(ble), contient quelques aperçus intéressants contre le guérardisme, texte paru en 1991 ; ce dernier comptabilise une cinquantaine de pages.
            Voici le lien de mon article de réfutation du guérardisme :
 
           
        6/ Réfutation de la thèse "SURVIVANTISTE" (66 pages). ― La thèse de "la survie du pape Paul VI" pour solutionner la "crise de l'Église", consiste dans le scénario d'un pape moderne converti des hérésies modernistes de Vatican II, dès lors circonvenu par les cardinaux franc-maçons de son plus proche entourage, remplacé contre son gré à partir de 1975 par un sosie, puis, après la mort du sosie en 1978, vivant incognito en survie mystérieuse quelque part dans le monde, supplanté par des antipapes à partir de Jean-Paul 1er, dans l'attente de sa remanifestation victorieuse à la face de toute l'Église par une Geste divine à la Jeanne d'Arc, aux fins de réunifier l'Église autour de sa personne, la remettre miraculeusement debout pour affronter l'Antéchrist-personne dans son règne maudit, tout proche dès lors que Paul VI redivivus revient à la face de l'Église et du monde...
           
        J'avoue sans honte avoir cru ingénument en son temps, c'est-à-dire dans les années 1980, à ce scénario : il y avait dedans l'idée forte d'un pape vivant la Passion au nom et pour le compte de l'Église, et c'est par-là que cette thèse me séduisait. Ce scénario n'était cependant qu'une très-lointaine amorce non-substantielle pour faire avancer les âmes vers ce qu'est la vraie "PASSION DE L'ÉGLISE", c'est-à-dire telle que je l'expose sur mon site, exactement comme l'agneau pascal des juifs n'était qu'une parabole, une image non-substantielle du Sacrement de l'Eucharistie. Car la vérité vraie de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est, entre autres, qu'il n'y a pas qu'un seul pape à la vivre, ce sont tous les papes modernes qui la vivent et la font vivre à l'Église, à la fois acteurs coupables et victimes, crucificateurs et crucifiés. Las ! Certains retardataires vraiment attardés en sont restés, quasi... quarante ans après la parution de cette thèse illuministe et alors que Paul VI aurait plus de 120 ans s'il vivait encore !, à... l'image pour dire que, à l'échafaudage pour dresser la statue, rejetant la statue pour en rester, de manière insensée, à... l'échafaudage.
           
        Théoriquement, la thèse de "la survie de Paul VI" se présente comme une troisième forme de sédévacantisme, et, théologiquement, tombe donc, elle aussi, sous l'anathème qui condamne tout sédévacantisme. En voulant en effet croire de manière illuminée à un pape qui n'existe plus, la grave conséquence de cette fausse adhésion, son concret théologique, c'est hélas que le survivantiste refuse et rejette l'adhésion au vrai pape actuel, François, celui que l'Église Universelle actuelle, par l'organe canoniquement unanime des cardinaux, désigne infailliblement, sous la mouvance directe du Saint-Esprit, comme étant le seul, certain et vrai Vicaire du Christ. Comme tout sédévacantiste, le survivantiste, en refusant de croire que François est le pape actuel de l'Église catholique parce que Paul VI vit encore, se rend donc coupable de schisme formel, s'excommunie lui-même, sort damnablement de l'Église véritable. C'est là, pour lui, que se situe le grand piège de Satan, dans lequel il tombe.
           
        Posons quelques idées fortes ancrées dans le réel, pour l'aider à se désillusionner de ce mirage dans le désert, ce château en Espagne, sur lequel il s'obnubile d'une manière fort dangereuse pour sa Foi.
           
        Le grand point sur lequel s'articule toute la thèse, c'est la "conversion" de Paul VI, son abjuration des erreurs modernistes de Vatican II. L'adepte de la thèse situe cette "conversion" en l'année 1972, s'appuyant, d'une manière qui, soit dit en passant, révèle très-bien sa tendance illuministe, sur... une seule prophétie privée, celle de la petite Jacinthe de Fatima voyant un pape persécuté et souffrant, avec le chiffre "1972". Le problème, c'est que, si l'on accepte de poser les pieds par terre dans le réel ecclésial de cette année 1972, non seulement il n'y a, au for public, strictement aucun acte, parole ou écrit, du pape Paul VI, pour asseoir cette soi-disant "conversion" (ce que le survivantiste s'imagine pouvoir expliquer par la persécution des cardinaux franc-maçons de son plus proche entourage, l'empêchant de manifester sa conversion... pure affirmation gratuite de sa part), mais, beaucoup plus dirimant pour la thèse, le Magistère pontifical de l'année 1972 donne une preuve formelle que Paul VI n'est pas du tout converti du modernisme hérétique de Vatican II à cette date retenue de 1972.
           
        Cette preuve est fournie le 29 juin 1972, c'est-à-dire juste au beau milieu de l'année 1972, lorsque Paul VI prononça sa fameuse allocution où il parle des "fumées de Satan", non pas dans l'Église mais dans le peuple de Dieu (ce qui est très-différent). Or, dans l'esprit de Paul VI, ces fameuses "fumées de Satan" ne font pas du tout allusion à un complot franc-maçonnique, genre Illuminés de Bavière, qui aurait pénétré dans l'Église pour la subvertir (comme l'a interprété à tort même un Mgr Lefebvre dans sa Lettre ouverte aux catholiques perplexes), mais à un esprit de zizanie, de confusion, de trouble, que Paul VI attribue à Satan, ayant envahi l'esprit des fidèles pour les empêcher de jouir... des bons fruits d'un concile Vatican II qui ne peut qu'en produire de bons, étant lui-même excellentissime, affirme le pape, sous tout rapport ! Le point de vue de Paul VI dans ce discours est en effet extrêmement clair : il avoue être très-surpris et profondément déçu, le 29 juin 1972, de ne pas voir arriver le "printemps de l'Église" auquel il s'attendait beaucoup, car Vatican II, tellement inspiré du Saint-Esprit selon lui, ne pouvait donc que donner un souffle puissant de renouveau spirituel et surnaturel dans l'Église ! Alors, s'il se développe des mauvais fruits sur Vatican II, ce n'est pas du tout, pour Paul VI, parce que le concile est mauvais, il est aux antipodes de cette pensée, qui n'effleure même pas son esprit, c'est parce que Satan a empêché que Vatican II, inspiré par le Saint-Esprit et intrinsèquement bon selon lui, produise des bons fruits. Il est trop clair, dans ce discours, que le pape du concile moderne ne prend nullement conscience des hérésies modernistes dans Vatican II, telle la Liberté religieuse par exemple, empoisonnant mortellement l'Église... Paul VI croit même tellement à l'inspiration divine de Vatican II, qu'il va jusqu'à oser soutenir, dans cette allocution du 29 juin 1972, que le concile moderne a permis à l'Église, excusez du peu, de... "reprendre pleinement conscience d'elle-même" ; c'est-à-dire qu'avant Vatican II, l'Église avait perdu la conscience de ce qu'elle était pleinement, et, grâce à Vatican II, elle a salutairement repris conscience de ce qu'elle est pleinement et véritablement !!!
           
        Le 29 Juin 1972, nous avons donc là une preuve formelle que Paul VI n'est pas du tout converti de son modernisme doctrinal qui d'ailleurs l'a fait favoriser les pires erreurs de Vatican II (très-notamment la Liberté religieuse, qui n'aurait pas pu être promulguée sans un acte personnel de lui, c'est Paul VI qui lui a fait passer le Rubicon).
           
        Pour que l'adepte de "la survie de Paul VI" en prenne bon acte, je lui mets ici trois liens Internet sur la question : 1/ L'allocution elle-même du 29 juin 1972, qui fut en partie improvisée, où il pourra lire les mots même de Paul VI, qui lui montreront noir sur blanc, évanouissant les phantasmes complotistes qu'il s'est créés, sa non-conversion à la mi-1972 (http://notredamedesneiges.over-blog.com/article-16356283.html) ; 2/ Un commentaire du cardinal Giacomo Biffi sur ce célèbre mot de Paul VI, "la fumée de Satan dans le peuple de Dieu", mais mal compris, où le cardinal témoigne que Paul VI ne s'est jamais défait de la croyance en la sainteté intrinsèque de son concile (http://christroi.over-blog.com/article-la-fumee-de-satan-est-entree-dans-le-temple-de-dieu-paul-vi-61119740.html) ; 3/ une analyse de l'abbé Gleize, prêtre tradi Fsspx dont je suis obligé de dénoncer les thèses aberrantes qu'il ose soutenir pour nier l'infaillibilité magistérielle de Vatican II dans mon article réfutant le lefébvrisme, mais qui, ici, dans son article, montre fort bien que Paul VI, en prononçant ce discours du 29 juin 1972, non seulement croit à la sainteté doctrinale parfaite de Vatican II, mais de plus, en rajoute une sacrée couche gravement hétérodoxe, en professant une quasi hérésie moderniste quant au "sacerdoce commun" des simples fidèles, qu'il appelle "peuple de Dieu" dans cette allocution, avec ce sens hérétique qu'il n'y a qu'un degré de différence entre le sacerdoce ministériel sacramentel et celui des simples fidèles, proposition moderniste (... et, soit dit en passant, pseudo-millénariste) expressément condamnée par le pape Pie XII (http://laportelatine.org/vatican/sanctions_indults_discussions/028_08_01_2018/21_03_2018_les_fumees_de_satan_gleize.php).
           
        La preuve est faite dans ce discours, que donc, à la moitié de l'année 1972, le pape Paul VI n'est pas du tout converti des hérésies modernistes du concile Vatican II... il s'en faut, hélas, extrêmement !
           
        Dès lors que la preuve est faite de la non-conversion de Paul VI dans l'année 1972, aucune raison valable n'existe plus pour le remplacer par un sosie, par un prétendu complot occulte des cardinaux franc-maçons de son proche entourage... puisque Paul VI est toujours de leur bord ! Opération-sosie qui, soit dit en passant, aurait demandé une énorme préparation et sans cesse des plus périlleuses, de toutes les minutes ! Il ne faut tout-de-même pas oublier que le Souverain Pontife est la personne humaine la plus regardée au monde, et ce, tous les jours ! Ne soyons donc pas étonnés qu'aucune preuve authentiquée par expert ne prouve l'existence d'un sosie du pape Paul VI, il n'y a là, dans l'argumentaire survivantiste, rien d'autre que des supputations, fort sujettes à caution voire tendancieuses, faites par un journaliste d'investigation allemand, et l'on sait assez que les scoops à sensation de ce genre de journaliste ont toujours besoin d'être vérifiés authentiquement pour mériter d'être crus. Ce qui n'est pas du tout le cas, pour le sosie de Paul VI. La vérité historique, c'est qu'il n'y a pas de "conversion" de Paul VI des erreurs modernistes de   Vatican II, et que donc, il n'y eut point de sosie de Paul VI, et c'est donc bien le vrai Paul VI qui meurt en 1978.
           
        Mais il y a mieux encore, pour démontrer l'absurdité complète de la thèse de "la survie de Paul VI", cette fois-ci sur un plan spirituel. Je prends l'hypothèse, pour faire plaisir à l'adepte survivantiste, d'une conversion vraie et réelle de Paul VI, en 1972, des erreurs et hérésies modernistes de Vatican II. Fort bien. Mais s'il en était vraiment ainsi, alors, il faut que le survivantiste comprenne bien qu'il y a donc, par le seul fait de ladite conversion du pape moderne et au moins à partir d'elle, impossibilité absolue qu'il puisse vivre et faire vivre à l'Église, LA PASSION ! En effet, qu'est-ce qui caractérise essentiellement ce qu'est la Passion, qu'est-ce qui définit théologiquement l'économie de la Passion ? Je l'ai dit, redit et sans cesse répété, derrière saint Paul : essentiellement, que l'acteur de la Passion SOIT FAIT PÉCHÉ POUR LE SALUT. Or, si le pape Paul VI est converti, par le fait même, il n'est plus... "fait péché pour le salut" (II Cor V, 21), et donc ne peut pas être, ne peut plus être, à partir de sa conversion, l'acteur principal, capital, de "LA PASSION DE l'ÉGLISE". J'ai lu dans un récent argumentaire survivantiste que c'est la souffrance qui fait le pape de la Passion. Vue totalement fausse : la souffrance n'est qu'un effet, ce n'est pas une cause. La cause première de la Passion, c'est que celui qui vit la Passion est "fait péché pour le salut" (et, seulement subséquemment, il en souffre copieusement, certes, d'être fait péché, même si c'est pour le salut, pour une fin surnaturelle Rédemptrice). Or donc, dans l'hypothèse où Paul VI se convertit, il ne peut plus être le pape de la Passion de l'Église. Il pourrait certes souffrir persécution pour la Justice, mais pas être le pape de la Passion de l'Église. Car vivre la Passion, ce n'est pas d'abord souffrir pour la Justice, c'est d'abord "être fait péché pour le salut". Voilà une seconde vérité toute simple qui, je l'espère, pourra contribuer à désembuer sérieusement l'esprit illuminé du survivantiste...
           
        De toutes façons, puisque l'on a la certitude absolue que François est bien le pape légitime actuel (puisqu'il bénéficie de la règle prochaine de la Légitimité pontificale sur sa personne), puisque sa bulle de canonisation de Paul VI, du dimanche 14 octobre 2018, est tout ce qu'il y a de plus canoniquement promulguée (elle contient en effet le verbe "definimus" qui, depuis le concile Vatican 1er, fait les proclamations dogmatiques extraordinaires de soi systématiquement dotées de l'infaillibilité...), alors, que le survivantiste prenne bien conscience que, depuis cette canonisation, cela le met en bien peu enviable position d'être doublement hérétique, schismatique et anathème : 1/ en récusant la légitimité de François ; 2/ en refusant de croire que Paul VI est mort... puisqu'une canonisation universelle valide, comme celle que vient de faire le pape François en canonisant Paul VI, ne peut avoir lieu... qu'après la mort d'un saint, jamais de son vivant ; le simple fait, donc, qu'une bulle dotée de l'infaillibilité proclame pour l'Église Universelle qu'un tel est saint, prouve qu'il est mort, et celui qui, après la promulgation de cette bulle, récuserait qu'il est mort, s'excommunierait lui-même ipso-facto, rien que par le fait de nier le fait dogmatique d'un saint canonisé et donc mort, affirmé par une Bulle dotée de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Derrière des apparences pseudo-mystiques et pseudo-prophétiques flamboyantes, brillantes, pétillantes comme poudre de perlimpinpin dans main de magicien, "la survie de Paul VI" s'avère donc n'être rien d'autre, en fait, qu'une troisième et vulgaire forme de... sédévacantisme : après le sédévac brut de décoffrage, obtus, obstrué, pur et dur à la barbaresque, après le guérardien insensé formaliter mais heureusement seulement fou materialiter, voici le survivantiste allumé-illuminé comme sapin de Noël...
           
        Démontage complet de cette thèse illuministe-sédévacantiste, dans mon article, sous forme d'une lettre grave et sévère envoyée au responsable d'un site pro-survie de Paul VI, au lien suivant :
 
           
        7/ Le Retour des juifs à Jérusalem & en terre d'Israël dans nos temps modernes : signe formel de la fin des temps (104 pages). ― "... Et Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations, jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli" (Lc XXI, 24, seconde partie). Ce verset prophétique de Notre-Seigneur Jésus-Christ signifie, au sens littéral, que lorsque la ville de Jérusalem ne sera plus aux mains des nations, mais au contraire reviendra sous contrôle juif, alors, cela signifiera que le temps des nations est accompli, autrement dit que la période de la fin des temps, de tous les temps historiques, est advenue pour l'humanité, et que donc le Retour en Gloire du Christ n'est pas loin (en passant hélas par la préface ténébreuse du règne de l'Antéchrist-personne).
           
        ... Mais que d'encre mauvaise a coulé, et coule encore, pour nier que ce verset prophétique de Jésus sur Jérusalem, ait ce sens littéral certain et catholique que je viens d'indiquer ci-dessus !!
           
        Il est hélas trop vrai de faire le constat que tous les siècles chrétiens ont véhiculé l'idée que les juifs, par punition de leur déicide, ne reviendraient JAMAIS PLUS à Jérusalem. La prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur était entendue ainsi : "Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusques et y compris la fin du monde", c'est-à-dire que la consommation définitive des temps et l'introduction dans l'Éternité, enregistrera ce non-retour juif à Jérusalem...
           
        Cette pensée négationniste, dont il est important de dire qu'elle n'a jamais été cautionnée magistériellement par l'Église, imprègne si fortement l'esprit des chrétiens, que le fait physique et géographique du Retour moderne des juifs en terre d'Israël et à Jérusalem... n'a même pas le pouvoir de l'y désincruster ! Ébahi, j'ai en effet lu, en pleine guerre du Golfe en 1992, un tradi soutenir encore et toujours, avec le fait du Retour des juifs à Jérusalem sous les yeux, la thèse classique en la matière, à savoir que les juifs... ne reviendraient jamais plus à Jérusalem ! Préférant comme un aveugle, à l'instar des antiques pharisiens qui avaient des yeux mais ne voyaient point, l'idée préconçue qu'il s'est fait sur la question, idéologiquement antisémite, à la réalité qu'il avait sans conteste possible sous les yeux. Puisque l'on sait que les juifs ne reviendront jamais à Jérusalem, alors ce que l'on voit actuellement, à savoir les juifs à Jérusalem, n'est qu'un "fait politique" sans consistance, il ne signifie rien, déraisonnait-il le plus follement du monde. La puissance de négation de Satan sur les esprits qui s'en laissent circonvenir, est en vérité incroyable...
           
        La vérité prophétique est cependant aux antipodes de la proposition antisémite que les juifs ne reviendront jamais plus à Jérusalem et en terre d'Israël, pas même à la fin des temps. Jésus a dit en effet qu'Il était venu en ce monde, non pour abolir l'Ancien-Testament, mais pour l'accomplir : "Ne pensez pas que Je sois venu abolir la loi ou les prophètes ; Je ne suis pas venu les abolir, mais les accomplir" (Matth V, 17). Or, tous les prophètes de Yahweh, et singulièrement Ézéchiel et Jérémie, ont annoncé le grand Retour du juif sur la terre "que J'ai donnée à vos pères", et bien sûr singulièrement à Jérusalem, pour la fin des temps. Le Christ ne pouvait donc pas prophétiser à son tour, après avoir Lui-même inspiré, en tant que Verbe de Dieu, les prophètes de Yahweh, que les juifs... ne reviendraient jamais en terre d'Israël et à Jérusalem, même pas à la fin des temps, comme nos scolastiques des temps chrétiens, plus ou moins antisémites, ont sataniquement voulu le Lui faire dire.
           
        Et c'est bien pourquoi la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur, tout au contraire, ne peut que confirmer, "accomplir" la prophétie vétérotestamentaire sur le sujet, c'est-à-dire redire que Jérusalem, compris comme le microcosme de tout Israël, verrait ce Retour des juifs... à la fin du temps des nations. Exactement comme l'ont annoncé les prophètes de Yahweh pour Israël, la prophétie jérusalémite de Jésus marque donc le moment précis de ce Retour : lorsque la fin du temps des nations arrivera, alors Jérusalem cessera d'être occupée par les nations, car les juifs feront un Retour en terre d'Israël et bien entendu à Jérusalem. C'est donc bien en ce sens précis qu'il faut comprendre le "Jérusalem sera foulée aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli". Sous-entendu par Notre-Seigneur : lorsque cette fin du temps des nations arrivera, alors, Jérusalem cessera d'être foulée aux pieds par les nations, car les juifs seront revenus la posséder, la délivrant par le fait même de ce foulement aux pieds impie des nations, car le Plan divin prévoie un Retour des juifs à la fin des temps. Rien de plus simple à comprendre.
           
        ... Rien, cependant, parmi les enfants des hommes rebelles, n'a plus fait l'objet de négation, de rejet, de refus d'entendre le sens obvie et vrai de la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur !
           
        Exemple récent. Un objecteur a voulu détourner le sens du Retour, en voulant traduire le verbe "fouler aux pieds" par "opprimer" : "Jérusalem sera opprimée par les nations, jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli". Et d'arguer subséquemment que la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur voulait signifier que la fin du temps des nations sera prophétie certainement accomplie, uniquement lorsque les juifs... cesseront d'être opprimés à Jérusalem ! Certes, il existe effectivement bien un signe eschatologique qui regarde l'oppression des juifs, c'est celui de l'Armageddon, mais ce signe ne supprime nullement celui du Retour final des juifs, c'est juste un autre signe eschatologique connexe à celui du Retour. Or, dans la prophétie jérusalémite qui nous occupe de Lc XXI, 24 - seconde partie, Jésus prophétise exclusivement quant au signe du Retour, Il ne prophétise nullement quant au signe de l'Armageddon, comme le croit très-faussement notre objecteur.
           
        Pour bien le comprendre, l'auteur de cette objection, avant de soutenir sa thèse négationniste du Retour, aurait mieux fait de lire l'ENTIER du v. 24 de ladite Prophétie, qui donne le sens précis du Retour et exclue formellement le sens de l'Armageddon, et non pas seulement la seconde et dernière partie de ladite Prophétie, comme il le fait :
           
        "Ils [les juifs déicides] tomberont sous le tranchant du glaive, et seront emmenés captifs dans toutes les nations, ET Jérusalem sera foulée aux pieds [ou opprimée, si cela fait plaisir à notre objecteur, les deux traductions, en effet, sont sensiblement de même signification] par les gentils, jusqu’à ce que les temps des nations soient accomplis" (Lc XXI, 24). La conjonction de coordination "ET" , que j'ai mise en majuscule, est évidemment très-importante : elle signifie que tout l'évènement prophétisé est lié ensemble, est concomitant, il s'agit en fait d'un seul évènement, dont les différents moments, imbriqués entre eux, se succèdent chronologiquement de manière très-serrée, sans hiatus.
           
        Le tableau que nous prophétise Notre-Seigneur est en vérité extrêmement clair, limpide : d'abord, les juifs sont trucidés et ce qu'il en reste est radicalement chassé de Jérusalem, ils n'y demeurent donc plus, il n'y a donc plus aucun juif à Jérusalem, et en subséquence de quoi, Jésus nous dit que Jérusalem est foulée aux pieds ou opprimée par les nations. Cela suffit pour invalider complètement la thèse de notre objecteur qui voudrait lire, mais à tort, que ce sont les juifs qui sont "opprimés" dans Jérusalem, en relation avec le signe eschatologique de l'Armageddon : en effet, même La Palice aurait pu le dire, pour pouvoir être "opprimé" quelque part, encore faut-il commencer par y... demeurer ! Mais justement, Notre-Seigneur nous prophétise que les juifs, punis de leur déicide, seront radicalement chassés de Jérusalem, "emmenés captifs dans toutes les nations" : ils n'y seront donc plus, à Jérusalem, ils ne peuvent donc pas, en tout état de cause, y être... opprimés ! Contrairement à ce que pense notre objecteur, la prophétie de Notre-Seigneur ne peut donc absolument pas concerner l'oppression des juifs à Jérusalem, c'est-à-dire le signe eschatologique de l'Armageddon...
           
        Ce que Notre-Seigneur prophétise devoir être foulée aux pieds ou opprimée, dans    Lc XXI, 24, c'est la ville de Jérusalem radicalement vidée de ses juifs. Les sujets de l'oppression, du foulement aux pieds, dans la prophétie de Notre-Seigneur, ne sont pas les juifs dans Jérusalem, c'est tout au contraire une Jérusalem vidée radicalement de ses juifs ! La prophétie porte donc sur l'oppression politique d'une ville. Et c'est cet accomplissement prophétique qu'enregistre fort bien l'Histoire, le foulement aux pieds d'une ville vidée de ses habitants légitimes par d'autres habitants illégitimes, entre l'an fatidique 70 et l'an libérateur 1917 : la ville de Jérusalem, entre ces deux dates, est sous oppression politique, présentée par Notre-Seigneur sous l'image bien orientale d'un "foulement aux pieds", par les nations, sans trêve ni hiatus. Il y a donc, comme je le disais, une suite chronologique très-serrée dans la prophétie de Jésus : d'abord, les juifs sont trucidés, puis ce qu'il en reste est chassé impitoyablement dans toutes les nations, ET Jérusalem, en conséquence de quoi, radicalement vidée de ses habitants légitimes, les juifs, est "foulée aux pieds" ou opprimée si l'on veut, par des habitants illégitimes...
           
        Or, ce qui libère d'une oppression politique une ville, c'est lorsque ses propriétaires légitimes y reviennent pour la reposséder. Là encore, l'Histoire la plus certaine enregistre que c'est exactement ce qui est arrivé en 1917, lorsque les anglais libérèrent Jérusalem de l'occupation ottomane, et que les juifs y habitant déjà y jouirent ipso-facto, par le fait même de cette libération, à nouveau de la propriété de LEUR ville, de Jérusalem (une moitié pour commencer l'accomplissement du signe eschatologique du Retour, Jérusalem-Ouest, puis la seconde moitié, Jérusalem-Est, en 1967, pour la libération complète de Jérusalem, et donc l'accomplissement plénier de la prophétie jérusalémite du Retour de Notre-Seigneur). C'est à ce moment-là, précis dans l'Histoire, que la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur s'accomplit, délivrant son sens eschatologique profond : les propriétaires légitimes de Jérusalem, à savoir les juifs, commençant à la libérer en 1917 puis finissant de la libérer en 1967 de l'oppression des nations étrangères ou de leur foulement aux pieds comme on veut, annoncent en même temps, par-là même, AU MONDE ENTIER, car "Israël est étendard élevé pour les nations" (Is XI, 12), que nous sommes rentrés dans la période de la fin du temps des nations. C'est ce que prophétise formellement Jésus, et cela seulement.
           
        Voici, ô lecteur, une simple illustration des attaques inouïes dont ce signe eschatologique juif du Retour final, est sans cesse l'objet.
           
        Par ce qui précède, on comprend donc qu'il était très-important pour moi d'asseoir scripturairement, théologiquement, prophétiquement, historiquement, le plus possible, ce signe eschatologique majeur du Retour final des juifs en terre d'Israël, et singulièrement, bien sûr, à Jérusalem ; signe du Retour sans cesse en butte à la contradiction et à la négation pharisaïques, de la part des hommes, surtout hélas quand ils sont... catholiques, et plus encore lorsqu'ils sont... ensoutanés.
           
        C'est ce que j'ai longuement fait dans cet article, dont voici le lien :
 
           
        8/ La vraie et seule solution du problème de la cohabitation des juifs et des arabes en Terre sainte, ou le miracle extraordinaire de la théandrie (30 pages). ― Le plus court de mes articles, et le plus formidable !
           
        Alors que la cohabitation des juifs et des arabes en terre moyen-orientale, et pas seulement dans la petite terre d'Israël, et pas seulement à Jérusalem, semble absolument et radicalement impossible, l'inextricabilité de la situation depuis cent ans que les juifs ont opéré le grand Retour semblant ne pouvoir jamais se dénouer, de près ou de loin, UN SEUL MOT DE THÉOLOGIE CATHOLIQUE résout radicalement le problème, in radice !!
           
        C'est le mot : théandrie. La théandrie, au sens étroit et strict du terme, stricto sensu, est la cohabitation dans un même ensemble d'une nature divine et d'une nature humaine, sans confusion ni amalgame de l'une dans ou par l'autre. C'est la Personne divine de Jésus-Christ qui réalise parfaitement ce qu'est la théandrie, ainsi récapitulée par la formulation théologique bien connue : "Jésus-Christ est vrai Dieu, vrai homme, cependant une seule Personne".
           
        Mais au sens métaphysique large que j'expose dans mon article, la "théandrie", baptisée dès lors improprement (car étymologiquement, elle signifie une nature divine avec une nature humaine dans un même et seul ensemble), c'est la cohabitation harmonieuse de deux natures différentes, quelles qu'elles soient, pas forcément divine avec l'humaine, dans un même ensemble, sans confusion des deux natures entre elles, et dans l'intégrité impeccable de l'ensemble qui les contient.
           
        ... Et maintenant, ô lecteur, que se passe-t-il en terre moyen-orientale, que voient nos yeux ? Nous avons, de par Dieu, une terre, autrement dit "un ensemble" : la Maison abrahamique du salut, située entre les deux fleuves de l'Euphrate et du Nil, c'est-à-dire tout le Moyen-Orient, ainsi délimité avec grande précision par Yahweh Lui-même dans l'Ancien-Testament. Et Yahweh a planté Lui-même sur cette terre, deux races, c'est-à-dire deux "natures", l'une juive et l'autre arabe, inconfusibles l'une dans et par l'autre. Et la Providence divine a ordonné ces deux races moyen-orientales pour qu'elles vivent toutes deux sur cette seule et même terre ou "ensemble". Elles ne pourront donc le faire dans le respect intégral des deux races, qu'en vivant l'une et l'autre le Mystère théandrique. C'est le premier point à bien saisir. Le second point, c'est qu'il est impossible à l'homme de concrétiser et vivre le Mystère théandrique par ses propres forces humaines, il y faut impérativement et nécessairement une grâce divine extrinsèque à l'homme. C'est évidemment Notre-Seigneur Jésus-Christ qui possède cette grâce divine, puisque, on vient de le voir, Jésus-Christ est l'archétype théandrique par excellence dans sa Personne divino-humaine.
           
        Ce qui signifie que la cohabitation juive-arabe dans la Maison abrahamique du salut ne pourra être vécue dans l'harmonie parfaite, et l'épanouissement parfait des deux "natures", pardon, races, que... lorsque juifs et arabes se seront convertis tous les deux à Notre-Seigneur Jésus-Christ qui leur communiquera alors gratuitement en retour le Don théandrique. C'est une chose bénie et merveilleuse qui arrivera, mais, à cause de la vilenie et de la rébellion de l'homme, nous ne le verrons probablement que dans le Millenium.
           
        Géopolitiquement, lorsque cette conversion aura eu lieu, et donc lorsque les deux races-"natures" moyen-orientales pourront vivre dans l'harmonie entre elles, il n'y aura plus en terre de Moyen-Orient qu'une seule et grande Nation arabe, tous les États arabes artificiels actuels, morcelés, étant supprimés ; et cette Nation arabe une sera équilibrée par la clef de voûte de la construction moyen-orientale, c'est-à-dire par la petite Nation Israël, perle dans l'écrin...
           
        Voici l'article qui explique tout cela :
 
           
        9/ La canonisation de Jean-Paul II : une "si grande contradiction" (He XII, 3) (129 pages). ― Saint Paul emploie cette formule pour décrire la Passion et la mort de Jésus-Christ sur la croix, et par-là il veut signifier que la contradiction endurée par Notre-Seigneur et Sauveur fut alors telle qu'elle ne peut pas même être conçue par l'homme : "Considérez celui qui a supporté contre sa personne une SI GRANDE CONTRADICTION de la part des pécheurs".
           
        Cette même "si grande contradiction" se retrouve évidemment dans l'Église, Épouse du Christ, lorsqu'elle a elle-même à vivre et mourir sa propre et personnelle Passion, que Dieu veut pour elle aux fins supérieures de la rendre co-Rédemptrice ; et cette dite Passion, l'Épouse du Christ la vit et la meurt de nos jours, spécialement depuis Vatican II.
           
        Or, cette "si grande contradiction", dorénavant lot ordinaire et quotidien de l'Église, est marquée comme peut-être elle ne l'a encore jamais été autant depuis qu'elle vit et meurt la Passion du Christ, dans LA CANONISATION DE JEAN-PAUL II. Si l'on veut encore bien prendre la mesure des choses, cet évènement ecclésial est en effet, pour toute âme catholique, inouï, renversant, bouleversant, presque impensable.
           
        Considérons en effet que le Magistère pontifical de Jean-Paul II, au for public, est entaché de manière multiforme et universelle non pas seulement par l'hérésie, mais par la dernière hérésie qui à la fois les récapitule et les dépasse toutes, c'est-à-dire celle que prêchera l'Antéchrist aux foules lorsqu'il viendra en ce monde pour clore l'iniquité des Temps, par son règne de malédiction. Cette hérésie dernière consiste en la déification de l'homme en tant qu'homme, de tout homme et de tout dans l'homme, en apostasiant complètement le Dieu réel et transcendant, Père, Fils & Saint-Esprit. Or, ceci est LE message majeur et récurent de Jean-Paul II dans tout son Magistère pontifical. En fait, il est trop vrai de dire que Jean-Paul II fut une matière d'Antéchrist sur le Siège de Pierre, magistériellement parlant. La figure scripturaire de "l'agneau à la voix de dragon" (Apoc XIII, 11) prend en lui une terrible et singulièrement concrète illustration.
           
        ... Et cependant, Jean-Paul II est saint en son for privé (la bulle du pape François, dotée de soi de l'infaillibilité, nous fait formelle obligation de le croire, de fide). Extrêmement contradictoirement, donc, à son for public magistériel, de soi antéchristique.
           
        La "si grande contradiction" ne saurait être plus marquée, en vérité.
           
        La première question qui vient à l'esprit catholique, est : la chose est-elle possible ? Est-ce qu'un des deux attendus qui confectionne l'insupportable contradiction (que, il est bon de se le rappeler, n'ont pas pu supporter onze Apôtres sur douze lorsqu'ils l'ont vue dans Jésus vivant sa Passion), n'est pas erroné, ce qui la supprimerait ? Mais alors... lequel des deux ? Est-ce le Magistère de Jean-Paul II qui n'est pas aussi hérétique que certains le disent, encore moins antéchristique, cette vision des choses n'étant qu'affabulation d'intégristes coincés ne comprenant rien à rien ? Ou alors, est-ce la bulle de canonisation de François qui est nulle et non-avenue, soit parce que François n'est pas pape, soit parce que sa bulle de canonisation est, théologiquement ou canoniquement, défectueuse ?
           
        Or bien, il appert de l'étude approfondie des choses tout-à-fait renversantes de la canonisation de Jean-Paul II, que lesdits attendus sont tous les deux bel et bien réels et vrais : 1/ le Magistère pontifical de Jean-Paul II est au for public complètement antéchristique (c'est bien pire qu'être seulement hérétique) ; 2/ et la bulle de canonisation dudit Jean-Paul II est tout ce qu'il y a de plus canonique, théologiquement parfaite, indubitablement valide.
           
        Ce qui signifie pour la fin de la fin, que la "si grande contradiction" ne peut être... supprimée. Ce qui du reste ne saurait surprendre l'âme spirituelle qui a compris que l'Église contemporaine est en train de vivre et mourir sa propre et personnelle PASSION...
           
        Cet article (qui, au fil de sa rédaction, est devenu un livre, tellement le sujet est grave et difficile, impossible à traiter sans mettre le soc de charrue très-profond), a pour but d'exposer cette "si grande contradiction" qu'est la canonisation de Jean-Paul II dans le cadre surnaturel de notre Église contemporaine vivant et mourant l'écartèlement de la Passion du Christ. Tant il est important que le catholique rende compte de sa Foi, à toute heure et sur toutes choses, et d'abord... à sa propre âme.
           
        ... C'est cependant, ô lecteur, un des très-rares sujets que j'aborde dans mes articles, où je me sens impuissant à donner une conclusion sûre et définitive...
           
        Voici en tous cas cet article, que je finis en disant : salvo meliore iudicio (je salue un meilleur jugement) :
 
           
        10/ L'Antéchrist-personne venant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape LÉGITIME de l'Église Catholique ? (117 pages). ― Ex abrupto, la question paraît absolument choquante, certes, et même, j'en conviens sans difficulté, il semblerait qu'il y ait radicale et monstrueuse impiété à seulement... la poser. Surtout lorsqu'on fait profession de Foi catholique comme c'est mon cas, désirant ardemment y mourir après en avoir vécu le mieux possible.
           
        ... Et pourtant, et pourtant, lorsque l'on parle de l'Antéchrist, terme infailliblement révélé par la sainte Écriture dans les Épîtres de saint Jean, on est bien forcé de remarquer premièrement une chose, laquelle autorise catholiquement cette question pour une étude sérieuse du sujet. Dite chose qui, au reste, crève tellement les yeux... qu'on ne la remarque même pas ! Et je suis bien certain que la plupart des lecteurs qui ont commencé à me lire, surtout ceux catholiques, ne s'en sont jamais fait la réflexion, pas un sur cent j'en suis sûr. Mais voici cette chose : le nom Antéchrist contient le terme... christ. Or, le christ, dans le Temps des nations et de l'Église catholique, apostolique et romaine qui est le nôtre, c'est, dans la toute première acception du terme, bel et bien d'abord... le pape, que sainte Catherine de Sienne appelait : "Le doux Christ en terre".
           
        Christ veut essentiellement dire, dans son sens le plus élevé : Messie, Oint du Dieu trois fois Saint, aux fins d'opérer le salut de l'homme, de tout homme qui l'accepte, par la grâce divine départie audit Oint, intermédiaire privilégié entre Dieu et l'homme. Fonction messianique qui trouve évidemment son achèvement et son accomplissement complets et définitifs dans la Personne humano-divine de Jésus venu en ce monde il y a 2 000 ans ; et c'est pourquoi on L'appelle Jésus-Christ : le Christ, c'est Jésus, et Jésus, c'est le Christ, il y a synonymie et identification parfaites.
           
        Or donc, je le redis, cette fonction christique suréminente qui trouve son achèvement eschatologique complet en Jésus-Christ, est essentiellement et même exclusivement assumée, durant tout notre Temps des nations et de l'Église catholique, apostolique et romaine, par son Vicaire, le Vicaire de Jésus-Christ, c'est-à-dire le souverain Pontife de Rome, enfin, le... pape ! C'est dire que trouver le mot "christ" dans la dénomination révélée du plus grand ennemi de Dieu devant clore le Temps des nations et de l'Église romaine, mot, donc, qui regarde premièrement le pape durant tout ledit Temps des nations, cela signifie de toutes façons (une façon qu'il importe évidemment de bien définir, bien circonscrire), une relation intime, au plus près, au plus serré, de l'Antéchrist-personne avec... la fonction pontificale suprême, avec... le pape.
           
        En soi donc, et malgré des apparences théologiques tellement contraires, c'est évident (scripturairement basées entre autres sur la promesse formelle de Jésus-Christ : "Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église" ― Matth XVI, 18), le fait qu'on trouve le mot "christ" dans la dénomination "Antéchrist", est une indication scripturaire de premier ordre au théologien pour l'autoriser à étudier cette redoutable et presque effrayante question, c'est-à-dire ne pas refuser de mettre à l'examen si, oui ou non, l'Antéchrist-personne sera... le dernier pape légitime de l'Église catholique, apostolique et romaine (ou plus exactement sans doute, faut-il seulement dire que l'Antéchrist-personne recueillera la succession pontificale, mais en toute légitimité, parmi tous ses autres pouvoirs politique et religieux le constituant Empereur universel ; une fonction pontificale par ailleurs théologiquement de plus en plus dégradée, démocratisée, depuis les papes issus de Vatican II, mais conservant cependant tous ses éléments essentiels, ce qui fait qu'elle sera toujours de droit divin lorsque l'Antéchrist-personne en prendra possession...).
           
        Qu'est-ce que ce "christ", en effet, qui sera une composante certaine, puisque révélée, du personnage réprouvé de l'Antéchrist-personne venant clore par son règne universel maudit, l'économie du Temps des nations ? Faut-il l'assimiler purement et simplement à la fonction papale instituée de par le Christ pour tout le Temps des nations et de l'Église romaine, qui est christ par excellence ? Ou alors, est-ce impie de seulement y penser ?
           
        Réponse très-musclée, fort argumentée, très-élevée, dans cet article, avec une conclusion beaucoup plus certaine que dans l'article précédent :
 
           
 
        Voici donc listés ces dix articles doctrinaux soigneusement remis à neuf ad majorem Dei gloriam.
           
        Je souhaite de tout cœur à mon lecteur d'en tirer le maximum de profit spirituel pour le salut de son âme (et de la mienne).
           
        Bonne libération de l'âme !
 
En ce dimanche du Christ-Roy,
28 octobre 2018.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
28-10-2018 13:36:00
 

Parution d'un remarquable article sur la situation de l'Église sous le pape François ― Mon commentaire (II)

 
 
 
Parution d'un remarquable article
sur la situation de l'Église sous le pape François
― Mon commentaire (II)
 
 
 
Avertissement au lecteur
 
            Cette nouvelle page (II) est la suite & fin de mon dernier écrit édité sur le Blog, intitulé : Parution d'un remarquable article sur la situation de l'Église sous le pape François ― Mon commentaire (I) ; j'ai dû en effet, pour des raisons techniques de limitation informatique, scinder en deux mon commentaire. Il faut donc bien évidemment, cela va sans dire, lire cette première page avant de lire celle-ci. On la trouvera au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/parution-d-un-remarquable-article-sur-la-situation-de-l-eglise-sous-le-pape-francois-mon-commentaire-i?Itemid=154.
           
       
        Suite du texte de Bernard Dumont :
 
        "Une autre hypothèse surgit donc, celle de la difficulté d’appréhender le caractère inédit de la situation actuelle de l’Église – tant par son ampleur que par les méthodes qui la créent – empruntant beaucoup d’éléments à une société politique soumise à des règles spécifiques généralement mal identifiées dans le monde ecclésiastique. L’entrée dans l’ère médiatique, symbolisée par l’ouverture des fenêtres du bureau de Jean XXIII devant les caméras de télévision, marquait déjà le début d’un imprudent emprisonnement dans les filets de la culture dominante. Presque soixante ans plus tard, tout cela s’est transformé en un système d’emprise sur les consciences bien plus complexe et efficace que dans le passé, d’où il est vain d’espérer pouvoir s’extraire sans identifier ses ressorts internes, ruses et finalités. Quant à l’exercice du pouvoir, il emprunte lui aussi beaucoup de traits à la manière dont il s’opère dans les systèmes politiques contemporains, caractérisés par la dilution, l’opacité, les jeux d’influences. Or il est notoire que beaucoup de responsables ecclésiastiques n’ont qu’une connaissance limitée dans ce domaine, qui exige une attention particulière à éviter la moindre parole susceptible de déformations, d’amalgames, à provoquer le désintérêt ou le rejet dès lors que l’on tente d’entrer dans des considérations de théologie ou de spiritualité risquant d’être immédiatement filtrées et retraduites en termes négatifs. Dans ces conditions, ce qui assure normalement l’unité sociale de l’Église – dans sa dimension naturelle s’entend – se trouve fortement affecté. La bienveillance mutuelle, l’obéissance prévenante envers la hiérarchie, la fidélité absolue de celle-ci dans la transmission du Bon Dépôt de la vérité évangélique, tout cela tend à être remplacé par une forme de contrôle social proche de celui qui s’exerce sur la société dans son ensemble. Ce contrôle spécifique de la période de modernité tardive dans laquelle nous vivons a des aspects déstructurants sur les individus qui en sont la cible, et dont il exige en outre qu’ils deviennent eux-mêmes les agents de leur propre conversion aux valeurs imposées. Ce phénomène d’étouffement a caractérisé toute la période de l’après-concile, avec de rares échappées, mais depuis l’investiture de Jorge Mario Bergoglio il a opéré un saut en avant particulièrement significatif".
           
        Ne trouvant pas vraiment d'explication satisfaisante à l'attitude de "silence" des grands-prélats modernes face à la subversion de ces aggiornamento suivis de "réformes", sauf à considérer "LA PASSION DE L'ÉGLISE", Bernard Dumont passe du fond du problème, à la forme. Ce "silence" réactionnel serait dû, nous dit-il, au fait que les mœurs de la société moderne se sont défalquées sur celles de l'Église moderne, qui alors, les appliquant, finit par subir "une forme de contrôle social proche de celui qui s'exerce sur la société dans son ensemble (...) [qui] a des aspects déstructurants sur les individus qui en sont la cible, et dont il exige en outre qu’ils deviennent eux-mêmes les agents de leur propre conversion aux valeurs imposées". Pour faire plus court, plus lapidaire aussi : l'Église moderne subit, est obligée de subir, comme la société qui l'entoure, une bigbrothérisation de ses mœurs, pour être théologiquement plus précis encore : une antéchristisation de ses mœurs, et l'auteur y voit une raison qui peut être évoquée pour expliquer le "silence" des grand-prélats.
           
        Ici, Bernard Dumont a encore plus raison qu'il ne le croit : les mœurs de l'Église moderne, en effet, sont bel et bien corrompues et subverties par celles de la société post-révolutionnaire qui l'entoure, et la "réforme" bergoglienne ne fait rien d'autre qu'exacerber la chose, que la période vaticandeuse a comme institutionnalisée mais qui existait déjà bien avant, officieusement. Et il ne saurait en être autrement. Et on ne saurait s'en étonner. Et, au fait, nous ne sommes même pas là dans une question de forme, mais de fond. Comme je le disais en effet plus haut, l'hétérodoxe toute première "mise en conformité de l'Église avec les exigences de la modernité" a commencé... par les mœurs, avec le concordat de 1801. Dès 1801, prenons bien conscience de la date, nous sommes là au sortir même de la Révolution (Napoléon en effet se vantera d'avoir mis le point final à la Révolution avec le concordat), l'Église épouse par l'outil juridique concordataire les "puissances" accouchées par elle, toutes viscéralement et constitutionnellement... athées. Par ces épousailles contre-nature, elle se soumettait pieds et mains liés auxdites "puissances", et naturellement, bon gré mal gré, à leurs principes internes de fonctionnement, ne pouvant que les adopter, tôt ou tard et plutôt tôt que tard.
           
        Après le concordat, Napoléon, qui possédait à un degré extrême le génie brute et puissant d'aller au fond radical des choses, en tira immédiatement la bonne déduction à faire : il comprit tout-de-suite que par ce traité, il était devenu maître de l'Église, il parlait sans complexe de "MES curés et mes gendarmes", il aurait très-bien pu dire, en montant d'un degré, "MES évêques et mes préfets", et, plus haut encore, "MON pape et moi l'empereur universel" (c'est pourquoi, d'ailleurs, dans une logique impeccable, il s'auto-couronnera empereur en 1800, en se mettant lui-même la couronne sur la tête, ne laissant pas le pape la lui mettre), et, au degré suprême, "MON Église et moi... l'Antéchrist" ! Et comprenons bien qu'une fois passé le concordat avec l'Église, en disant tout cela, il aurait eu absolument raison. Tant il est vrai qu'à partir du moment où l'Église répute validité et légitimité aux "puissances" constitutionnellement athées, alors, ce n'est plus elle, l'Épouse du Christ, qui est la maîtresse du monde, mais lesdites "puissances" qui le deviennent immédiatement. Ipso-facto. Dans le principe seul, pour commencer, puis dans l'effectivité ensuite, et de plus en plus. Par la force métaphysique des mauvaises choses en ce très-bas monde. En effet, si le Bien, qui est le seul à exister métaphysiquement, commet l'énorme faute de donner l'existence au mal, et c'est ce qui s'est fait, de par le pape, au concordat napoléonien, alors, en ce monde dont le prince est Satan, c'est le mal qui devient instantanément maître du Bien, le soumettant radicalement à ses règles. Dans le train qui mène le monde vers ses destinées eschatologiques, l'Église, dans l'Ordre très-chrétien, c'est-à-dire jusqu'à la Révolution, était la locomotive qui tirait tous les États-wagons du monde ; dans l'ordre révolutionnaire, auquel s'est immédiatement soumise l'Église par la pratique pontificale concordataire avec ses "puissances" constitutionnellement athées, ce sont cesdites "puissances" filles de Satan, qui, toutes ensemble, deviennent locomotive du monde, l'Église n'étant plus, par sa faute concordataire, que le dernier wagon tamponne-cul du monde. Certes, cela ne se voit pas tout-de-suite, il faut "du temps au temps" comme disait François Mitterrand, pour qu'on se rende compte dans l'effectivité de cette soumission radicale du Bien au mal, mais elle est un fait accompli dès la première "mise en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité", comme dit (trop) pudiquement Bernard Dumont, c'est-à-dire... dès le concordat napoléonien.
           
        Dès lors, il n'y a plus du tout à s'étonner de voir l'Église moderne être obligée de fonctionner de plus en plus, et surtout de pire en pire, depuis ce très-fatidique concordat, avec les principes de fonctionnement, règles et mœurs profanes, qui régissent les sociétés civiles constitutionnellement athées qui l'entourent, comme le remarque intelligemment Bernard Dumont dans ce § que je commente, ce serait le contraire qui serait étonnant. L'Église se trouvant, par sa faute concordataire, obligée d'"emprunt[er] beaucoup d’éléments à une société politique soumise à des règles spécifiques généralement mal identifiées dans le monde ecclésiastique". Et... pour cause ! Car si elles sont "mal identifiées" par les catholiques, ces règles qui régissent les sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées, c'est parce que non seulement elles sont nouvelles pour eux qui sont obligés de les adopter, mais surtout parce qu'elles sont antinomiques à la Foi, antinomiques à la Constitution divine de l'Église. On oblige en fait le catholique à adopter des règles qui sont absolument contraires au message du Christ, qui sont viscéralement anti-surnaturelles. Elles sont donc de multiples petites doses d'arsenic que, par la faute originelle du concordat napoléonien, le catholique, du plus simple laïc au plus grand-prélat jusqu'au pape, est obligé d'ingurgiter de force, et qui empoisonnent radicalement de plus en plus son principe vital surnaturel, à proportion.
           
        Le progrès technique, mis au service du mal, "médiatique" à partir du pontificat de Jean XXIII précise l'auteur, ne fait qu'accroître de plus en plus cette emprise du mal antéchristique sur le Bien ecclésial, qui devient "un imprudent emprisonnement dans les filets de la culture dominante", et c'est un euphémisme de le dire. Et l'on arrive tout naturellement, si j'ose l'exprimer ainsi en parlant du mysterium iniquitatis, à "un système d’emprise sur les consciences bien plus complexe et efficace que dans le passé, d’où il est vain d’espérer pouvoir s’extraire sans identifier ses ressorts internes, ruses et finalités", c'est-à-dire, en clair et en décodé, on en arrive à une bigbrothérisation antéchristique de la vie ecclésiale moderne. Ce n'est plus le Christ qui dirige l'Église moderne post-concordataire, c'est l'Autre, le Roi des zôtres. "Je suis venu au nom de Mon Père, et vous ne Me recevez pas ; si un autre vient en son propre nom, vous le recevrez" (Jn V, 43).
           
        Oui, le Christ est venu dans son Église, elle est même née de son Côté transpercé sur la croix du Salut, mais, par sa première "mise en conformité avec les exigences de la modernité", c'est-à-dire par le concordat napoléonien, on, que dis-je : ... on !, le PAPE a rejeté le Christ de l'Église, pour recevoir l'Autre, celui qui ne vient pas au nom du Père, mais qui vient en son nom propre. Et son nom s'appelle et s'épèle l'HOMME, rien que l'HOMME, tout l'HOMME. Dès lors, quoi d'étonnant que ce soient les règles de l'HOMME, comme le remarque fort bien Bernard Dumont, et pas d'un HOMME naturel qui pourrait recevoir le Christ mais d'un HOMME anti-naturel émasculé du Christ, qui, après le concordat napoléonien, régissent maintenant l'Église du Christ, et de plus en plus, et de pire en pire, le progrès technique venant rajouter encore à l'implacabilité du processus de bigbrothérisation antéchristique de l'Église moderne post-concordataire. Mais comme cesdites règles antéchristiques régissant les sociétés politiques constitutionnellement athées sorties du ventre de la Révolution sont antinomiques à sa Constitution toute surnaturelle, au même titre radicalement mortel que la nature de l'arsenic l'est par rapport à la nature de l'être humain, alors, ces règles la feront mourir très-certainement, à l'Heure de la Providence divine (et non à l'heure de l'Autre), lorsqu'aura lieu la dernière "mise en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité", qui sera mise à mort. C'est à peu près cela, je crois, que la sainte-Écriture appelle "l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint".
           
        "Quant à l’exercice du pouvoir, il emprunte lui aussi beaucoup de traits à la manière dont il s’opère dans les systèmes politiques contemporains, caractérisés par la dilution, l’opacité, les jeux d’influences. Or il est notoire que beaucoup de responsables ecclésiastiques n’ont qu’une connaissance limitée dans ce domaine, qui exige une attention particulière à éviter la moindre parole susceptible de déformations, d’amalgames, à provoquer le désintérêt ou le rejet dès lors que l’on tente d’entrer dans des considérations de théologie ou de spiritualité risquant d’être immédiatement filtrées et retraduites en termes négatifs. Dans ces conditions, ce qui assure normalement l’unité sociale de l’Église – dans sa dimension naturelle s’entend – se trouve fortement affecté".
 
        Je trouve ces phrases fort intéressantes, frappées au coin de la vérité de la situation. Moins ceux qui détiennent l'Autorité dans l'Église moderne ont la Foi, et plus ils marchent avec l'autoritarisme disciplinaire, disais-je plus haut, en faisant une comparaison avec l'antique pharisaïsme. Or, il y a accointance certaine entre les mœurs du pharisaïsme, qu'il soit celui antique ou celui qui sévit dans l'Église contemporaine post-concordataire, et les mœurs de fonctionnement sociopolitiques amorales et virtuellement antéchristiques des "puissances" constitutionnellement athées. Nous assistons là, en vérité, à la transmutation, on pourrait presque parler de transsubstantiation à l'envers, des mœurs surnaturelles de l'Église en celles, non pas même naturelles mais anti-naturelles, des sociétés politiques à vocation antéchristique, à vocation certaine de faire advenir le règne de l'Autre des zôtres, de l'Antéchrist-personne.
           
        L'auteur est juste un peu faible ici, quand il nous dit seulement que les "responsables ecclésiastiques n'ont qu'une connaissance limitée dans ce domaine" de, appelons les choses par leur nom, "la psychologie des foules" (Gustave Le Bon). La vérité catholique, c'est que les grands-prélats n'ont pas à avoir cette connaissance, qui est une mauvaise connaissance basée sur la manipulation de l'homme réel, que le Christ peut salvifiquement faire vivre, pour le formater en homme zombi, en zôtre, en fils de l'Antéchrist à terme, que bien sûr le Christ ne peut salvifiquement faire vivre. Le propos de Bernard Dumont, en tous cas, confirme et vérifie on ne peut mieux ce que je disais tout-à-l'heure, à savoir que depuis que l'Église a réputé, par l'outil juridique concordataire, validité et légitimité aux sociétés du mal post-révolutionnaires, ce sont cesdites sociétés qui, maintenant, deviennent la locomotive "spirituelle" du monde... y compris de l'Église, qui s'y est prostituée, devenant ainsi la grande Prostituée de Babylone dénoncée au ch. XVII par saint Jean dans l'Apocalypse. Depuis lors, les "responsables ecclésiastiques", à commencer certes par le pape, sont obligés, bon gré mal gré, que ça leur plaise ou non, d'adopter les mœurs du monde antéchristique qui les entoure, qui ne sont même pas naturelles mais anti-naturelles, en abandonnant les mœurs christiques surnaturelles. Je suis venu dans l'Église au nom de mon Père, et vous M'avez rejeté ; qu'un autre vienne en son nom, et vous l'accueillerez. Nous vivons ecclésialement cela depuis le concordat napoléonien jusqu'à maintenant, avec sans cesse une aggravation dans le maudit processus, qui, en outre, passe insensiblement du domaine des Mœurs dans le domaine de la Foi.
           
        "L’un des éléments venant aggraver ce risque d’étouffement résulte de certaines conséquences de choix antérieurs, quand certaines pratiques internes à l’Église de l’époque postconciliaire se sont définies par mimétisme à l’égard des tendances externes. C’est le cas de la valorisation du collectif, rangé trop facilement dans la catégorie de la collégialité, mais s’alignant sur certaines tendances de la psychologie sociale des années 1960 en faveur de la multiplication des groupes, jusque dans la vie spirituelle (méditation de groupe, révision de vie, etc.). Il semble que l’on ait ainsi souvent assimilé à tort deux réalités bien distinctes, le groupe, de nature psychologique, et la communauté, organique et définie par l’ordre au service du Bien et de la Vérité. L’un des défauts de cet alignement sur certaines méthodes en vogue dans le milieu ambiant (dominant) est son impact, dans le domaine ecclésial, sur la prise de responsabilité, acte foncièrement personnel par nature, mais tendant à s’effacer au profit du collectif – de bas en haut de l’échelle, des comités paroissiaux aux conférences épiscopales et à leurs divers secrétariats. Paradoxalement, l’espace personnel, honoré pendant la même période au titre de la promotion des membres du Peuple de Dieu, s’est vu réduit jusqu’à l’isolement, tandis que se multiplièrent les instances collectives, à l’intérieur desquelles la dynamique de groupe peut aisément faire sentir ses effets. Ajoutons que tout cela est exposé au regard inquisiteur d’instances extérieures à l’Église, ou de véritables organes de police de la pensée installés en son sein même, fonctionnant comme des agences de notation et de classification en fonction du degré de conformation aux exigences de la doxa. Cette situation persiste de manière plus ou moins marquée depuis l’époque conciliaire, chacun pouvant constater à quel point elle s’est considérablement renforcée ces dernières années, les pressions de la culture dominante qui s’exercent depuis l’extérieur de l’Église et celles qui procèdent ad intra se conjuguant pour freiner, sinon interdire tout libre questionnement et en réprimer l’éventuelle formulation".
           
        L'auteur continue sur cette même problématique de l'abandon par l'Église moderne de ses mœurs de fonctionnement surnaturelles, pour adopter les mœurs de fonctionnement anti-naturelles des sociétés post-révolutionnaires constitutionnellement athées. Il s'arrête d'abord au concept "collectif", très en vogue dans les années conciliaires et post. Or, il note avec soin que le groupe n'a rien de naturel, c'est la communauté qui est naturelle : "Il semble que l’on ait ainsi souvent assimilé à tort deux réalités bien distinctes, le groupe, de nature psychologique, et la communauté, organique et définie par l’ordre au service du Bien et de la Vérité". Il note encore, à juste titre, ce qui est bien connu au demeurant, que vivre les mœurs par le "groupe" est, à proportion même où on les vit ainsi, déresponsabiliser la personne humaine, et, au fait, la supprimer plus ou moins carrément dans sa valeur de personne, dépersonnaliser la personne humaine. Et si cela a lieu dans l'Église, c'est ni plus ni moins, si l'on va au fond des choses, enlever la personne concrète du fidèle au Christ, car le Christ sauve la personne, Il ne sauve pas le groupe, le groupe, pour Lui, n'existe pas. À l'opposé, le fidèle, plongé dans le groupe, ne peut plus prendre de vraies responsabilités, l'acte responsable étant le propre de la personne individuelle, et, au pire, on l'empêche donc par-là même de poser des actes personnels de salut en Église (il peut certes toujours poser des actes de salut privés, ascétiques, mais plus des actes de salut publics, dans la dimension de l'Église militante). On voit là à quel point il est extrêmement grave que l'Église moderne ait changé ses mœurs surnaturelles par les mœurs de la société virtuellement antéchristique qui l'entoure : si le fidèle n'est pas encore empêché de poser des actes privés de salut, il ne peut plus en poser d'ecclésial-public dans la liberté des enfants de Dieu, et par-là même, par la suite, cette subversion dans son être ecclésial-public tendra à envahir aussi son être privé de fidèle catholique, pour abolir et supprimer en lui la Foi. Nous sommes bien en présence d'une mort programmée de toute Foi sur la terre : d'abord dans la société politique, puis dans l'Église elle-même, puis enfin dans l'âme de tout fidèle. "Mais lorsque le Fils de l'homme viendra, pensez-vous qu'Il trouve la foi sur la terre ?" (Lc XVIII, 8).
           
        "Ajoutons que tout cela est exposé au regard inquisiteur d’instances extérieures à l’Église, ou de véritables organes de police de la pensée installés en son sein même, fonctionnant comme des agences de notation et de classification en fonction du degré de conformation aux exigences de la doxa. Cette situation persiste de manière plus ou moins marquée depuis l’époque conciliaire, chacun pouvant constater à quel point elle s’est considérablement renforcée ces dernières années, les pressions de la culture dominante qui s’exercent depuis l’extérieur de l’Église et celles qui procèdent ad intra se conjuguant pour freiner, sinon interdire tout libre questionnement et en réprimer l’éventuelle formulation".
 
        L'auteur a remarquablement bien pris conscience de ce que j'appelle la bigbrothérisation antéchristique de l'Église moderne. Pour conclure son exposé sur les raisons du "silence" des grands-prélats face aux hétérodoxes "mise en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité", "adaptations au milieu", je note que Bernard Dumont en discerne deux principales : 1/ une raison de fond, à savoir que cette "dynamique du mal" dans l'Église moderne signifie qu'elle vit la "si grande contradiction", donc qu'elle vit la Passion du Christ, l'Épouse du Christ est dès lors "faite péché pour le salut", et cela, à l'instar des onze Apôtres sur douze, "méduse", frappe de stupeur les grands-prélats modernes censés réagir positivement contre le mal dans l'Église, en tant qu'épiscopes, étymologiquement "gardiens de la Foi" ; 2/ une raison de forme, à savoir que les mœurs de fonctionnement dans l'Église moderne sont de plus en plus bigbrothérisées, et empêchent radicalement, "étouffent", toute tentative de réaction... exactement comme dans les pires sociétés totalitaires, marxiste, maoïste ou nazie. 
           
        Mais je poursuis ma lecture.
           
        "Cet interdit, déjà vérifié maintes fois dans le passé, est maintenant beaucoup plus pesant, à la mesure de la gravité nouvelle des questions suscitées par certaines des options les plus provocantes de la « réforme » en cours. Les exceptions – par exemple, les dubia présentés par les quatre cardinaux, mais aussi tout ce qui a pu s’exprimer comme analyses des options ou formulations s’éloignant de la tradition catholique – se sont heurtées à une ignorance affectée, associée au déferlement d’outrageantes critiques, jusque dans les documents les plus élaborés, sous forme de mise en cause de l’honnêteté, de suspicion d’hérésie gnostique ou pélagienne, et ainsi de suite. Dans le même temps, le refus de répondre non seulement persiste, mais est même érigé en vertu spirituelle, comme en témoigne un article dernièrement publié par le jésuite argentin Diego Fares, dans La Civiltà cattolica sur le thème de « l’esprit d’acharnement ». Cet auteur impute cette forme de mauvais esprit aux questionneurs, à « ceux qui discutent et insultent à coup de tweets », face auxquels le silence serait un geste de profonde humilité venant confondre l’esprit diabolique : « C’est la meilleure approche contre les médisances de couloirs, les airs scandalisés, les attaques qui aujourd’hui se diffusent facilement sur les réseaux sociaux, jusque dans les publications qui se définissent comme “catholiques”. » (loc. cit., n. 4029, 5-19 mai 2018, p. 225) Enfin si l’ordre juridique est en principe maintenu, son respect est discrétionnaire, selon une logique subtile dont seule une approche d’ensemble peut donner une idée cohérente. L’un des effets de cette situation « kafkaïenne » est de créer le trouble et la crainte. Cette analogie, même lointaine, est sans doute malaisée à percevoir d’emblée, ce qui renforce son effet perturbateur".
           
        Je disais plus haut que les détenteurs actuels de l'Autorité dans l'Église moderne étaient comparables aux antiques pharisiens : comme eux, ils sont, les papes modernes en tête, si possédés, au sens le plus diabolique du terme, par l'idéologie de la Foi qu'ils se sont créée, que j'ai appelée dans mes ouvrages "la gnose chrétienne-laïque" (par opposition avec "la Foi chrétienne-sacrale" dont le Christ a doté son Église ― c'est-à-dire que nos pharisiens modernes ont pris à tâche de marier l'Église avec le monde moderne, dans lequel ils veulent voir hérétiquement une inchoation du Royaume de Dieu), qu'ils éprouvent une véritable HAINE lorsque la vérité de la Foi vient soudain, ne serait-ce que par réaction, contredire leur idéologie gnostique de la Foi, et leur remettre de force les pieds dans la vérité. Bernard Dumont remarque que plus les attaques qu'ils font contre les fondamentaux de la Foi sont graves et sacrilèges, plus l'interdit qu'ils élèvent en face devient drastique et sans aucune miséricorde contre tout celui qui voudrait s'y opposer. Et ce n'est pas encore assez. Non seulement l'interdit devient carrément nazi, mais il ose impudemment se revêtir d'un vêtement de sainteté (qui ne voit Satan à l'oeuvre dans cette perversion et ce travestissement infâmes et révoltants, ne le verra jamais) ! Les fameux dubia, par exemple, ont été portés le plus canoniquement du monde au pape François, par voie juridique impeccable. Il n'a donc pu qu'en être informé. Cela n'a pas empêché ledit François d'oser dire qu'il n'avait pris connaissance de leur existence qu'en... lisant le journal ! C'est se moquer du monde, "nous péter à la figure", comme un vieux militaire de ma connaissance me commentait vertement une situation ecclésiale analogue.
 
        Mais nous touchons là du doigt qu'on ne saurait lutter contre le pape à qui est dévolu par le Christ le charisme de diriger les destinées spirituelles générales de l'Église. François, comme tout pape moderne peu ou prou, mène ces destinées à la crucifixion puis à la mort de l'Épouse du Christ ? Il faut le suivre ac cadaver. Et c'est pourquoi le jésuite de service fustige d'importance, avec une colère qui n'a rien de sainte, les grands-prélats qui réagissent avec leur Foi face à la mise à mort programmée de la doctrine traditionnelle et donc, subséquemment, celle de l'Église, comme si c'était eux les méchants, eux qui ne font que rappeler la doctrine la plus basique. Cela suit le plus pur pharisaïsme, ainsi dénoncé par Notre-Seigneur dans l'Évangile : "Ils vous chasseront des synagogues, et l'heure vient où quiconque vous fera mourir croira rendre hommage à Dieu. Et ils vous traiteront ainsi parce qu'ils ne connaissent ni le Père ni Moi. Je vous ai dit ces choses afin que, lorsque l'heure en sera venue, vous vous souveniez que Je vous les ai dites" (Jn XVI, 2-4). À l'heure de "la puissance des ténèbres" et de "LA PASSION DE l'ÉGLISE", c'est vraiment le moment, en effet, de s'en souvenir...
           
        L'auteur continue encore à réfléchir sur le fléchissement des mœurs ecclésiales modernes. Suivons-le :
           
        "Si la collectivisation et la répression des questions gênantes constituent des freins d’origine récente, il resterait à tenir compte de la persistance d’un esprit légaliste dans une certaine culture ecclésiastique traditionnelle. Il s’agit d’un glissement ancien dans la pratique disciplinaire, qui repose sur l’obéissance, un acte moral de soumission de la raison et non d’exécution mécanique. C’est encore un paradoxe que de constater que, depuis le déroulement même du concile Vatican II et par la suite, une dépréciation, souvent rageuse, du « juridisme » et du « rubricisme », c’est-à-dire d’un respect ponctuel et scrupuleux des normes canoniques et liturgiques, ait pu coexister avec une mentalité positiviste, rappelant celle que l’on rencontre dans les systèmes administratifs de l’État moderne. Cette tendance à rapprocher la hiérarchie ecclésiale d’un corps préfectoral persiste, et elle est même encouragée par ceux-là mêmes qui la supportaient mal il y a encore quelques années mais qui en tirent profit aujourd’hui. Une tendance analogue, connue de longue date, est celle qui consiste à élever indûment au rang de Magistère – c’est-à-dire d’enseignement du Christ à travers ses ministres : « Qui vous écoute m’écoute » – toute parole émanant du pape François. Et cela d’autant plus que la forme même dans laquelle est présenté l’enseignement bergoglien échappe à toute catégorie classique, tranchée, dépourvue d’ambiguïté : elle est même délibérément tout le contraire. Mais l’habitude persiste de considérer que ce qui vient du haut de la hiérarchie, quelle que soit sa nature, est publiquement hors discussion. On en arrive alors à un conflit de devoirs dont les termes sont faussés. D’un côté, il semble impossible d’accepter le heurt frontal, pourtant envisagé par saint Paul lui-même – « Mais quand nous-mêmes, quand un ange venu du ciel vous annoncerait un autre Évangile que celui que nous vous avons annoncé, qu’il soit anathème ! » (Galates 1, 8) ; d’un autre côté, la conscience n’en reste pas moins choquée par des contradictions flagrantes avec les préceptes les plus explicites du Christ. Certains s’en remettent alors à l’œuvre du temps, se convainquant que l’entreprise « réformiste » actuelle est trop « périphérique » pour ne pas être une parenthèse appelée à être vite oubliée. Cette pensée est d’autant plus aisée que l’humble activité quotidienne à l’échelle de l’Église locale peut ouvrir une perspective de lente construction de l’avenir, en attente de voir passer l’orage. Mais est-il possible d’imaginer que le conflit global puisse ne pas avoir de retombées sur la paix locale, lorsque celle-ci existe – plus ou moins – par une heureuse et bien rare exception ? En outre, ne convient-il pas que le pasteur d’une portion du troupeau ait aussi, pour citer encore saint Paul (2 Cor 11, 28) « la sollicitude de toutes les Églises » ?"
           
        Je ne pense vraiment pas, comme l'auteur, qu'on puisse inférer de l'esprit légaliste la pesanteur anormale constatée chez les grands-prélats pour réagir : les causes de leur non-réaction sont beaucoup plus profondes comme on l'a vu plus haut, dans les propos mêmes de Bernard Dumont. Ce qu'il dit ensuite, quant à la parole magistérielle du pape François, n'est pas très-exact non plus : l'esprit légaliste ne va pas jusqu'à prendre toute parole qui sort de la bouche du pape François comme sacro-sainte et couverte par l'infaillibilité, au point qu'il serait toujours impossible de la discuter ou de dénoncer en elle des erreurs. Ce n'est pas, comme je l'ai déjà dit, une parole du pape, ou même plusieurs paroles détachées, fragmentées, de ce pape, qui sont à prendre en considération, mais la direction spirituelle générale qu'il donne par l'ensemble de ses paroles. Or, celle-ci, comme pour tous les papes depuis saint Pierre, ne saurait être discutée catholiquement. Et, quant à François, cette direction spirituelle générale, fort loin de la confusion et du brouillard-brouillon très-savamment entretenus par lui dans ses paroles isolées et fragmentées (la remarque de l'auteur sur cela est parfaitement fondée), est extraordinairement claire et précise : il a la volonté de fer, que rien ne saurait briser, de mener l'Épouse du Christ dans les voies les plus progressistes possibles, jusqu'à épouser le monde qui, pour nos gnostiques à la Karl Rahner, est une autre façon de dire le Royaume de Dieu...
           
        Alors, certes, nous voici tous plongés la tête sous l'eau, nous catholiques, plongés irrémédiablement, oui, diablement est le mot et la chose, dans la "si grande contradiction" inhérente à "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Bernard Dumont le voit bien, mais, curieusement, il refuse ici de prendre acte de cette contradiction dans l'Église moderne (contradictoirement, car il a admis plus haut que la situation ecclésiale actuelle nous menait à la Croix, évoquant "l’éventualité d’affronter l’épreuve de la Croix selon une modalité imprévue"), il veut en croire les termes faussés : "On en arrive alors à un conflit de devoirs dont les termes sont faussés". Non, les termes n'en sont absolument pas faussés mais au contraire véridiques. Pour le bien comprendre, reprenons l'exemple de la Liberté religieuse. C'est à la fois, d'une part une "mise en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité" à caractère hérétique formel, et d'autre part, le décret magistériel est incontestablement un acte du Magistère ordinaire & universel de soi infaillible, au moins dans son § 2 définitionnel de l'anti-doctrine professée par les Pères de l'Église moderne una cum, théologiquement un, avec le pape légitime, Paul VI (... même Mgr Lefebvre a signé la Liberté religieuse !).
           
        La "si grande contradiction", qui manifeste on ne peut mieux la crucifixion de l'Église moderne est, là, visible comme éléphante enceinte dans corridor étroit.
           
        Elle ne signifie cependant pas du tout que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église". Elle signifie au contraire que l'Église vit la Passion du Christ, qu'elle est en train de devenir co-Rédemptrice...
           
        Il y a en effet, théoriquement, deux manières dont la "si grande contradiction" peut rentrer dans l'Église, et pas qu'une seule. L'une, formelle ; l'autre simplement matérielle. La première serait synonyme de reniement conscient et voulu des principes de la Foi par les "membres enseignants", et cela, certes, signifierait bien sûr le triomphe complet de Satan sur l'Église, et donc sur le Christ, et donc sur Dieu, et donc sur toutes les âmes. La seconde est absolument et complètement aux antipodes, elle est synonyme de crucifixion des principes de la Foi par les "membres enseignants" mais sans reniement par eux desdits principes, c'est-à-dire qu'ils sont dans l'inadvertance totale du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, pour en rester à ce décret vaticandeux ayant théologiquement valeur d'exemplaire pour toute "la crise de l'Église". Et donc, le péché d'hérésie qu'ils font commettre là à l'Épouse du Christ en promulguant ce décret magistériel (car agissant dans le cadre de l'infaillibilité à Vatican II dans Dignitatis, au moins je le répète pour le § 2 définitionnel dudit décret, ils commettent donc cet acte magistériel in Persona Ecclésiae) n'est qu'un péché d'hérésie purement matériel, sans aucune coulpe. Et il est tout-à-fait possible d'envisager que l'Église, Personne morale (Can. § 100), puisse commettre ou être mise en état de péché matériel sans aucune coulpe, sans que la note de sainteté dont elle est dotée par le Christ en soit le moins du monde atteinte. Et cela signifie précisément que l'Église rentre par-là même dans l'économie de la Passion, comme saint Paul l'enseigne à propos du Christ vivant sa Passion : "Il a été fait péché pour notre salut", un péché évidemment, quant au Christ ou à son Épouse l'Église, parfaitement exempt de toute espèce de coulpe.
           
        Et cette situation ecclésiale en apparence renversante annonce donc, en dernière analyse de la question, par la mystique de la Passion, le triomphe complet de Dieu sur Satan par la co-Rédemption de l'Église, une fois que celle-ci aura fini de souffrir sa Passion propre et personnelle et qu'elle en mourra de mâlemort dans et par le règne, maudit entre tous, de l'Antéchrist-personne (avant de ressusciter elle aussi, comme le Christ son divin Époux, la mort et la résurrection d'Énoch & Élie dans le règne de l'Antéchrist-personne en étant la parabole certaine). Exactement comme le Christ mort sur la croix, loin d'être vaincu, triomphe sur Satan par-là même de sa mort en croix, a désormais la victoire rédemptrice sur le monde entier. Et il va en être de même pour notre chère Église, la Dame de tout cœur catholique véritable, en train présentement de devenir co-Rédemptrice justement par la crucifixion opérée en elle principalement par et depuis Vatican II.
           
        On voudra maintenant une preuve que les Pères de Vatican II étaient bien dans l'inadvertance totale du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, quand ils ont promulgué ce décret en soi hérétique, cette pure inadvertance qui, en théologie morale, fait le "péché matériel" (latin médiéval inadvertentia, du latin classique advertere, tourner son attention vers), péché purement et simplement matériel qui fait donc de leur acte magistériel, une "si grande contradiction" simplement matérielle, non-formelle. Pour que la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" soit confirmée, on doit en effet obligatoirement constater que les Pères conciliaires ont eu leur attention absolument détournée du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse en promulguant ce décret.
           
        En vérité, cette démonstration n'est pas bien difficile à faire, l'inconscience totale et même carrément insensée, folle, des Pères de Vatican II et de Paul VI d'avoir à faire à une hérésie formelle quant à la Liberté religieuse, étant révélée quant et quant dans le texte magistériel lui-même de promulgation dudit décret... hérétique. Ne les voit-on pas, en effet, ahuri, y professer à maintes reprises que la Liberté religieuse... est en parfaite harmonie avec la Foi et la Tradition ! Ils se trompent bougrement certes, le plus imbécilement du monde sans aucun doute, suscitant dans un premier temps la colère indignée de tout catholique véritable, mais donc, ce qui importe, c'est de noter qu'ils n'ont en tous cas nullement conscience d'attaquer la Foi, de souscrire sciemment à une hérésie, en professant la Liberté religieuse... puisqu'ils s'imaginent qu'elle est en harmonie avec la Foi. Lisons attentivement ces passages, c'est dans Dignitatis Humanae Personae, au § introductif 1 : "Or, puisque la Liberté religieuse que revendique l'homme dans l'accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu concerne son immunité de toute contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral de l'homme et des associations à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ" (il n'est pas anodin de préciser que ce membre de phrase que j'ai mis en italique, empêchant pour sa part que la Liberté religieuse soit promulguée de manière formelle par les Pères vaticandeux, est dû au Caetus Internationalis Patrum et, en son sein, principalement à un certain Mgr Marcel Lefebvre). Plus avant, toujours dans cette même Introduction du décret... hérétique, les Pères avaient déjà dit : "Considérant avec diligence ces aspirations [de l'homme moderne à la Liberté religieuse], dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, etc." On trouve moult autres passages dans le corps du décret, allant dans le même sens, il déborderait le cadre de mon article de tous les citer.
           
        Il est évident, ici, que les Pères de Vatican II n'ont pas la moindre conscience de la malignité ni de l'hétérodoxie formelles de la Liberté religieuse, puisque, certes en se trompant bougrement et fort péniblement, ils affirment dans le document magistériel qu'elle est... conforme à la Foi ! Benoît XVI n'a jamais rien fait d'autre, par sa fameuse et surtout extrêmement fumeuse "herméneutique de continuité", que d'être l'écho de cette utopie désastreuse des Pères de Vatican II, qui du reste avait déjà été sienne à l'époque en tant qu'acteur majeur du concile moderne. En tous cas, nous avons là la preuve que les Pères de Vatican II, en posant cette hérésie en soi formelle, ne l'ont pas fait dans un acte formel puisqu'il y manque totalement l'advertance ou connaissance pleine et entière de la malignité de l'hérésie professée, de l'hétérodoxie doctrinale foncière de la Liberté religieuse.
           
        Si par contre les Pères de Vatican II avaient posé dans le décret magistériel que jusque là l'Église s'était trompée en professant le dogme "Hors de l'Église, point de salut" directement antinomique de la Liberté religieuse, et qu'il fallait désormais croire que la vérité consistait en la Liberté religieuse anéantissant ce dogme dans le for public, alors là, certes, on n'aurait pu que déduire de cette affirmation qu'ils auraient non seulement eu conscience, advertance pleine et entière, que la Liberté religieuse était contraire à un dogme défini dans l'Église, mais qu'en plus ils auraient voulu privilégier l'hérésie sur le dogme, aux fins damnables de l'anéantir ! Là, le péché d'hérésie aurait certes été formel (cette supposition n'est qu'un cas d'école évidemment complètement impossible, puisque les Pères una cum Paul VI, certainement légitimes, agissaient in Persona Ecclesiae dans le décret de la Liberté religieuse, et donc, ils ne pouvaient pas commettre, au nom de l'Église Universelle, un péché d'hérésie formel, étant sous le couvert de l'infaillibilité inhérente à l'Église Universelle). Mais on est très-loin de ce compte-là, dans le décret magistériel sur la Liberté religieuse que promulguent les Pères à Vatican II, on est même aux antipodes : c'est dans l'ignorance invincible totale et complète du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, que les Pères, una cum Paul VI, la professent. En édictant magistériellement, in Persona Ecclesiae, la Liberté religieuse, les Pères enseignants de l'Église moderne restent donc dans le péché matériel sans coulpe. Ce qui signifie, en dernière analyse la plus importante de la question, que l'Église rentre par cet acte dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE", puisque ce qui caractérise essentiellement l'économie de la Passion, selon ce que nous enseigne saint Paul, c'est que l'acteur de la Passion soit "fait péché pour le salut".
           
        Et c'est bien cela que l'Église a à vivre (et à mourir, à terme), dans, par et depuis Vatican II, voilà la grande révélation de "la crise de l'Église" : Dieu veut que l'Église vive la Passion du Christ. Et donc, par les causes secondes, humaines, Il la met dans l'économie du péché matériel, sous "la puissance des ténèbres", très-notamment en aveuglant invinciblement l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée par Dieu à introduire l'Église dans sa propre et personnelle Passion. Lesquels, una cum le pape, ont alors commis in Persona Ecclesiae un péché matériel d'hérésie par la promulgation de la Liberté religieuse, sans faute ni coulpe aucune de la part de l'Église Universelle, aux fins ultimes et supérieures de la faire vivre désormais dans l'économie propre à la Passion, d'être ainsi "faite péché". Car l'heure pour elle, cette heure dont le Christ a dit, quant à Lui, "Voici l'heure" (Lc XXII, 53) quand sa Passion a commencé au jardin de Gethsémani, est venue, et c'est l'heure co-rédemptrice du concile Vatican II, son jardin de Gethsémani à elle.
           
        Car bien entendu, si ce péché matériel commis in Persona Ecclesiae à Vatican II par les Pères de l'Église moderne n'a aucune incidence sur la Note de sainteté de l'Église, il en a, et terriblement, et affreusement, pour revêtir au for externe l'Église de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église, maudite comme une lépreuse depuis Vatican II et de plus en plus léprosée plus le temps avance, désormais pieds et mains liés sous "la puissance des ténèbres", radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, ce qu'à sa manière quelque peu alambiquée remarque fort bien Bernard Dumont, l'Église disais-je, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché", l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra sacrilègement à mort l'Épouse du Christ léprosée, dans son règne.
           
        Je voudrai maintenant revenir sur la dernière partie de ce § de l'article de Bernard Dumont que je suis en train de commenter :
 
        "Certains s’en remettent alors à l’œuvre du temps, se convainquant que l’entreprise « réformiste » actuelle est trop « périphérique » pour ne pas être une parenthèse appelée à être vite oubliée. Cette pensée est d’autant plus aisée que l’humble activité quotidienne à l’échelle de l’Église locale peut ouvrir une perspective de lente construction de l’avenir, en attente de voir passer l’orage. Mais est-il possible d’imaginer que le conflit global puisse ne pas avoir de retombées sur la paix locale, lorsque celle-ci existe – plus ou moins – par une heureuse et bien rare exception ? En outre, ne convient-il pas que le pasteur d’une portion du troupeau ait aussi, pour citer encore saint Paul (2 Cor 11, 28) « la sollicitude de toutes les Églises » ?"
 
        Ici, et c'est humain, Bernard Dumont voudrait bien... fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Après avoir fait intelligemment le point sur l'inextricabilité de la situation de l'Église moderne, dont il se rend bien compte qu'elle révèle qu'elle est crucifiée véritablement, l'auteur voudrait évoquer des possibilités d'en sortir. C'est humain, disais-je, il n'y a là aucun péché à vouloir se sortir, dans un premier réflexe instinctif, de l'économie de la Passion, quand la Providence cependant veut nous y plonger. Souvenons-nous que même Jésus, dans son Humanité très-sainte, a éprouvé ce réflexe lorsque la Passion lui tombe brutalement dessus au jardin de Gethsémani : "S'il se peut, ô Père, que ce calice s'éloigne de Moi". Mais il ne faut pas oublier qu'immédiatement après ce tout premier réflexe instinctif de sa nature humaine très-sainte, Jésus s'empresse de la soumettre entièrement au Vouloir divin d'avoir à vivre, et surtout à mourir, la Passion, la terrible et affreuse Passion : "Cependant, non Ma volonté, ô Père, mais la vôtre".
           
        Bernard Dumont voudrait croire que la "réforme" bergoglienne, pour en rester à elle, ne serait que "périphérique", c'est-à-dire qu'elle n'atteindrait pas le cœur de l'Église, le cœur de la Foi, et donc, le temps, qui est très-souvent Parole de Dieu qui a le dernier mot, en aurait raison, ne peut qu'en avoir raison. Toute réforme hérétique et/ou vandale dans l'Église ne peut qu'être engloutie, phagocytée, par la toute-Puissance divine à l'oeuvre permanente par le Saint-Esprit dans cette même Église, qui se sert souvent du temps pour se manifester, et donc la nôtre subira le même sort, veut-il se convaincre, ou sans doute faire semblant de se convaincre. Le problème, et il le sait très-bien, c'est que la "réforme" bergoglienne n'est pas du tout périphérique : elle touche le cœur de la Constitution divine de l'Église, elle touche le cœur de la Foi, du Dépôt révélé. Et toucher les choses au cœur, c'est exactement dire tout le contraire que de les toucher seulement au "périphérique", c'est au contraire dire qu'elles sont, pour la première fois et la... dernière fois, touchées usque ad mortem, puisque cela signifie que l'Église est rentrée dans l'économie de la Passion (sinon, elle ne serait pas touchée au cœur)...
           
        Inutile donc d'aller chercher un espoir dans les églises locales qui, au niveau le plus humble et donc le plus visité par le Saint-Esprit, seraient censées reconstruire doucement et sans bruit toute l'Église dans sa pureté originelle, attendant l'Heure de Dieu pour que la pureté de Foi de toutes les églises locales qui peuplent l'univers balaye tout d'un coup, à la Jeanne d'Arc, d'une puissante et irrésistible vague, comme fétu de paille inconsistant, ladite "réforme" bergoglienne... suivant, il ne faudrait quand même pas l'oublier, l'aggiornamento montinien... sans parler des autres "mises en conformité avec les exigences de la modernité", "adaptations au milieu" pontificales qui, depuis le concordat de Pie VII, sévissent en rangs d'oignons très-serrés sur le Siège de Pierre et donc dans l'Église Universelle (ralliement léontreizien, profession de foi pacifiste et rejet des "guerres justes" benoîtquinziens pendant la 1ère guerre mondiale, Noëls 1939-45 pro-onusiens avant la lettre piedouziens, profession de foi ouvertement mondialiste jeanvingttroisienne dans Pacem in terris, etc., etc. ; hélas, la liste est loin d'être exhaustive !).
           
        Cependant, Bernard Dumont est trop sagace pour s'abuser longtemps de ces illusions enfantines qu'il dresse devant ses propres yeux. Faisant une saine réflexion à base de théologie fondamentale, il ne peut manquer de remarquer qu'il est impossible de supposer des églises locales pures dans la Foi quand l'Église Universelle ne l'est plus : n'est-ce pas l'Église Universelle qui, à chaque génération ecclésiale, innerve de la Foi toutes les églises, dont bien sûr celles de base, celles locales ? L'auteur le comprend bien : "Mais est-il possible d’imaginer que le conflit global puisse ne pas avoir de retombées sur la paix locale, lorsque celle-ci existe – plus ou moins – par une heureuse et bien rare exception ?" Depuis le long temps, ... plus de deux siècles si l'on compte à partir du concordat napoléonien !, et les nombreuses, j'allais écrire innombrables, et successives "mises en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité", "adaptation au milieu", émanant du Siège de Pierre en direction de toutes les églises, la vérité c'est qu'il est impossible de supposer qu'une seule église locale sur terre puisse ne pas en être peu ou prou infectée, infestée, sans parler même de... toutes les églises locales !, et donc ne pouvoir être ce foyer de restauration future entrevu utopiquement dans les nuages, pour... fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Sans compter que puisque l'Église est atteinte au cœur et vit la sa dernière crise avant la Parousie, toute restauration ecclésiale d'ordre canonico-historique est, dans le principe même de la question, totalement exclue.
           
        "Quelles que soient les hypothèses invoquées ici et toute autre imaginable, il reste à se demander jusqu’à quel niveau d’atteinte de l’unité doctrinale et pratique il faudra en arriver pour que se manifeste au grand jour une position du problème cohérente et proportionnée. La question est lancinante, et elle est posée avant tout aux successeurs des Apôtres et aux membres éminents du clergé romain, aux théologiens dont le rôle est de les soutenir, aux prêtres témoins immédiats des contradictions auxquelles aboutissent les changements de cap qui leur sont demandés, en définitive à tout chrétien confronté à la pression du « monde » devant lequel il est pour le moins indécent de se plier. Chacun peut comprendre que s’il peut y avoir un temps pour se taire, il y a aussi un temps pour parler".
           
        L'auteur veut se demander jusqu'où il faudra aller, dans la subversion de la doctrine, pour qu'il y ait une saine réaction ? Question fort "lancinante", certes. Mais il est inutile de l'adresser à tout le monde catholique, dans le vain espoir de trouver, quelque part dans la multitude, une formidable voix de réponse à la Jeanne d'Arc qui ferait faire en contre-pied une révolution victorieuse à la révolution, l'annihilant radicalement. Parce qu'il n'y aura pas d'autre réaction, dans l'Église moderne, que... LE SILENCE DE JÉSUS DURANT SA PASSION, celle-ci se déroulant inexorablement usque ad mortem. Il faut d'ores et déjà prier saint Jean pour avoir le courage de faire comme lui : aller, et surtout rester, au pied de la croix, où est pendue cette fois-ci, non plus le Christ, mais son Épouse l'Église. Car le temps de la Passion, contrairement à ce que voudrait pouvoir croire Bernard Dumont, est UN TEMPS POUR SE TAIRE. Il est impossible de prévoir dedans un temps pour parler. Sauf à considérer les sept Paroles du Christ en croix, lesquelles ne sortent pas du SILENCE inhérent à la Passion. Ce sont des Paroles silencieuses qui ne sortent pas le Christ de l'économie de la Passion.
           
        Mais nous arrivons maintenant à la conclusion de l'auteur :
           
        "Dans l’apparente paralysie générale il semble que deux conditions puissent favoriser une issue. L’une tient à l’effet d’émulation que peuvent provoquer les prises de position, même partielles, de personnalités ecclésiales. L’exemple récent du cardinal Willem Eijk, archevêque d’Utrecht, aux Pays-Bas, est notable à cet égard, de par les formules très fortes qu’il a utilisées pour mettre en cause le renvoi dos à dos des évêques allemands prêts à donner la communion aux non-catholiques et à ceux qui s’y refusent, le pape François se contentant de leur demander de se mettre d’accord entre eux. Le cardinal hollandais voit là une véritable démission de la fonction propre d’un souverain pontife. Il n’a pas hésité à citer à l’appui de sa réaction un passage du Catéchisme de l’Église catholique (n. 675) : « Avant l’avènement du Christ, l’Église doit passer par une épreuve finale qui ébranlera la foi de nombreux croyants (cf. Lc 18, 8 ; Mt 24, 12). La persécution qui accompagne son pèlerinage sur la terre (cf. Lc 21, 12 ; Jn 15, 19-20) dévoilera le “mystère d’iniquité” sous la forme d’une imposture religieuse apportant aux hommes une solution apparente à leurs problèmes au prix de l’apostasie de la vérité. » La seconde condition est plus personnelle, spirituelle même. Elle consiste à surmonter l’opposition du démon muet, qui pour un motif ou un autre retient de témoigner du bien et du mal" (fin de l'article).
           
        Un temps pour parler. C'est donc le titre choisi par Bernard Dumont pour son article. Il manifeste que l'auteur voudrait bien pouvoir en rester au "que ce calice s'éloigne de Moi" prononcé par le Christ au début de sa Passion. Il voudrait une parole qui décloue l'Église moderne de la croix où il la voit pendue, écartelée. Il n'y en aura pas, de parole, je viens de le dire. L'Église doit mourir dans son économie de salut actuelle, pour que l'Écriture s'accomplisse, parce que la Providence divine l'ordonne ainsi, elle mourra donc de mâlemort. C'est une fière et valeureuse réaction, certes, que celle du cardinal hollandais, surprenante d'ailleurs en provenance de ces pays nordiques très-déliquescents sur le chapitre de la Foi, mais elle n'aura pas plus de portée effective que celle du cardinal Zen : elle sera foulée aux pieds par "la puissance des ténèbres". Et les autres paroles qui viendraient en écho à cette réaction, auraient le même sort. Il y a d'ailleurs, l'auteur ne semble pas le remarquer, une contradiction à citer cette parole épiscopale hollandaise comme pouvant contribuer à "ressusciter" l'Église moderne crucifiée, dès lors que l'on cite le passage du Catéchisme de l'Église catholique qui donne le (vrai) cadre apocalyptique-parousiaque à notre "crise de l'Église" : s'il s'agit en effet de la dernière crise de l'Église dans laquelle la sainte Écriture nous prophétise infailliblement qu'elle ne doit se terminer que par la Parousie glorieuse du Christ, alors, les paroles humaines d'ici-bas, mêmes celles épiscopales autorisées, ne sauraient la résoudre.
           
        Pour finir, je dirai à Bernard Dumont : un temps pour parler, doit être entièrement consacré, hic et nunc, à dire "LA PASSION DE L'ÉGLISE" à toute l'Église, c'est-à-dire, dans le contexte actuel, à toutes les âmes que la Providence nous donne à rencontrer sur notre chemin... même si, d'aventure extrême, ce serait le pape qui ne veut rien entendre !
           
        Un temps pour parler doit être une parole mystique intégrée dans les sept Paroles du Christ en croix, qui n'a rien à voir avec une parole pour déclouer l'Église de la croix, dont se gargarisent les faux-prophètes et les illuminés genre "Demain, la chrétienté" (feu Dom Gérard du Barroux). Il ne faut pas, en effet, vouloir, par une Foi trop humaine, une parole qui décloue l'Épouse du Christ de la croix pour lui faire connaître une prétendue renaissance, parce que c'est la Volonté de Dieu que l'Épouse du Christ vive la Passion de nos jours, usque ad mortem. Et que vouloir le contraire, serait vouloir "faire la volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu" (André Frossart, à propos des tradis).
           
        Un temps pour parler, c'est dire "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        C'est la seule parole surnaturelle qui vaille de nos jours, pour illuminer les âmes du salut et de la Force de Dieu.
           
        C'est ce que j'essaye de faire moi-même, à ma toute petite place, quasi d'ermite enfoui sous la terre ; c'est ce que je me permets de conseiller à Bernard Dumont d'essayer lui aussi de faire, de sa place.
 
En la fête de saint Hyacinthe & saint Fraimbault,
ce 17 Août 2018.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
17-08-2018 15:40:00
 

Parution d'un remarquable article sur la situation de l'Église sous le pape François ― Mon commentaire (I)

 
 
 
Parution d'un remarquable article
sur la situation de l'Église sous le pape François
― Mon commentaire (I)
 
 
Preambulum
 
           Est paru récemment un article surprenant sur la situation de l'Église sous le pape François, qui, sans cependant le dire explicitement, décrit étonnamment bien la terrible et affreuse réalité de la Passion que vit l'Église actuellement ; réalité apocalyptique que, quant à moi, j'expose sur mon site https://www.eglise-la-crise.fr/ en en donnant clairement, le plus que je peux du moins, tous les tenants et aboutissants, mystiques, théologiques et prophétiques. Cet article, daté du 1er juillet 2018, signé par Bernard Dumont directeur de la revue Catholica, est intitulé Un temps pour parler. On pourra le trouver au lien suivant : http://www.catholica.presse.fr/2018/07/01/un-temps-pour-parler/
           
        Je me propose de le commenter, pour deux raisons.
           
        Première raison ― Comme je viens de le dire, l'auteur, sans cependant donner le nom exact aux choses, exprime d'une manière fort lucide et clairvoyante la situation pratique de Passion que vit l'Église aujourd'hui ; et c'est assez incroyable, en ces temps d'obscurcissement et d'occultation complets de la vérité ecclésiale moderne parmi les enfants des hommes (surtout quand ils sont catholiques). Je suis trop habitué à la diabolique conspiration du silence qui est faite sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" dans le monde catholique, pour ne pas être heureux de pouvoir mettre le projecteur sur un tel article, si rare. Étant, à ma connaissance, le seul à prêcher authentiquement la vraie "PASSION DE L'ÉGLISE", ce n'est qu'un simple constat qu'il me serait bien aise de n'avoir à faire point, on peut comprendre mon étonnement et ma joie de trouver cet article.
           
        Certes, il y a bien des faux-prophètes qui parlent de Passion de l'Église, j'en note même quelques-uns qui se sont levés récemment, mais si on les lit, on se rend compte que leur but profond et inavoué est d'en parler pour... obscurcir la vérité vraie de la Passion de l'Église, prenant le mot pour mieux en rejeter la réalité profonde. On les voit en effet usurper frauduleusement le contenant verbal "Passion de l'Église" pour y mettre dedans un contenu faux et mensonger qui n'a rien à voir avec la réalité vraie de ce qu'est la Passion de l'Église, à savoir essentiellement, pour l'Épouse du Christ, d'être "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21), d'être dans "la si grande contradiction" (He XII, 3), et soumise à "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), lorsqu'elle doit vivre et mourir sa Passion propre et personnelle à la suite de l'Époux des âmes, ce qui est précisément le cas de nos jours. Exactement comme le faisaient les antiques gnostiques aux temps de saint Irénée de Lyon, lesquels, nous apprend-il dans son Contra Haereses, gardaient malicieusement dans leurs doctrines perverses le mot "Christ", cependant qu'ils le vidaient de son contenu véritable pour le changer par un autre contenu, complètement hérétique. Mais comme ils parlaient du "Christ", cela abusait les âmes simples, et ils les trompaient ainsi. C'est tout-à-fait ce que font certains faux-prophètes actuels qui parlent de "PASSION DE L'ÉGLISE" : ils mettent sous ce concept quelque chose qui n'a rien à voir avec le vrai contenu de la "PASSION DE L'ÉGLISE", sauf par sens accomodatice et de manière très-lointaine, et cela a l'effet de tromper les fidèles qui, croyant connaître le vrai contenu de la "PASSION DE L'ÉGLISE" par ce qu'ils en disent faussement, ne peuvent, par-là même, illuminer leurs âmes de la Lumière providentielle et salvatrice de cedit vrai contenu, que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" d'exposer sur mon site. Ils jouent donc là sataniquement le rôle hautement réprouvé des pharisiens que le Christ dénonce comme "ayant pris la clef de la science ; vous-mêmes, vous n'êtes pas entrés, et vous avez arrêté ceux qui voulaient entrer" (Lc XI, 52).
             
        Seconde raison ― Mais hélas, la langue que l'auteur emploie dans son article pour dire "LA PASSION DE L'ÉGLISE" est très-intellectualiste, ce qui, pratiquement, empêche le lecteur moyen de tirer le grand fruit de vérité qui s'y trouve. Je ne dénonce pas chez Bernard Dumont un intellectualisme au sens de doctrine philosophique ou psychologique, mais seulement une méthode d'expression qu'il adopte et qui privilégie les formes abstraites voire phénoménologiques sans assez leur donner une incarnation pratique et concrète, immédiatement perceptible à l'âme du lecteur, et de laquelle elle peut tirer aussitôt une révélation salutaire (comme je m'efforce de le faire moi-même dans mes écrits), méthode intellectualiste dont le Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL) donne la définition suivante : "Attitude qui consiste à accorder la prédominance aux solutions [ou formes] intellectuelles au point souvent de méconnaître les réalités". À cause de cela, dans son article, le concret de la "si grande contradiction" inhérente à l'économie de la Passion du Christ applicable à l'Église, de la mise en état de péché matériel et sans coulpe de l'Épouse du Christ "faite péché pour notre salut", de sa subversion radicale sous "la puissance des ténèbres", que vit (et meurt) l'Église d'aujourd'hui, n'est pas vraiment perçu par le lecteur, et c'est vraiment grand dommage, lesdites formes abstraites de l'auteur, qui pourtant ont vocation de le lui dire, ne pouvant frapper son âme du concret de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        C'est pourquoi, pour ces deux raisons, l'une positive l'autre négative, je me propose de faire une glose de cet article, aux fins, c'est la définition de toute glose, d'en éclaircir l'obscurité, ici intellectualiste, pour qu'il révèle clairement "LA PASSION DE L'ÉGLISE", article dont mon lecteur ne va pas tarder à se rendre compte qu'il en vaut vraiment la peine.
           
        Pour des raisons techniques de limitation informatique, je précise que mon commentaire de cet article sera scindé en deux parties, simultanément éditées dans mon Blog (Parution d'un remarquable article sur la situation de l'Église sous le pape François ― Mon commentaire, I & II). Pour passer de l'un à l'autre, il suffira au lecteur de cliquer sur le bouton de la rubrique "(Blog) Articles Archivés", et on les trouvera facilement sur cette page.
           
        Mais je commence (je mets le texte de Bernard Dumont dans un autre caractère) :
 
           
        "Un temps pour parler
           
        "La «réforme» [= bergoglienne] assume aujourd’hui dans l’Église une fonction comparable à celle qu’a exercée l’aggiornamento il y a plus d’un demi-siècle. L’ensemble de la période ayant immédiatement précédé et surtout suivi le concile Vatican II se déroule en effet selon un processus de longue durée, qui a connu des phases actives, des ralentissements (alors qualifiés d’involution), puis aujourd’hui une nouvelle phase de reprise accélérée. Cette dernière cause des ravages mais présente l’intérêt de clarifier le sens général du   mouvement ; en même temps, le délai écoulé permet de juger sur pièces le caractère inopérant de l’interprétation minimaliste des effets produits, interprétation qui se termine en impasses, telle l’herméneutique de la continuité, de peu d’intérêt pratique désormais faute de pouvoir s’imposer d’elle-même et de disqualifier définitivement son opposée, l’herméneutique de la rupture. L’actuelle réforme constitue une mise en conformité plus complète avec les exigences de la modernité tardive, laquelle mène nécessairement au-delà de celles de la modernité dans sa phase antérieure, celle qui était en train de s’achever au moment de Vatican II. Cependant tout se passe comme si cette nouvelle étape d’adaptation au milieu devait poursuivre inexorablement sa course, au sein d’un corps lent à réagir, sauf notables mais très minoritaires exceptions, demeurant comme médusé en présence des menaces les plus pressantes".
           
        Ce 1er § de l'article brosse fort bien la toile de fond : l'auteur remarque qu'il y a ce que j'ai appelé dans mes écrits "une dynamique du mal" à l'œuvre, en travail, dans l'Église. Il y manque cependant une bonne définition de cette "dynamique du mal", dont Bernard Dumont indique qu'elle doit "poursuivre inexorablement sa course", mais sans dire en quoi elle consiste ni surtout pourquoi elle doit poursuivre jusqu'au bout du bout sa maudite course, sans pouvoir jamais être stoppée par rien ni par personne. Il ne dit pas non plus en quoi elle peut être grosse, pour l'Église, des "menaces les plus pressantes", ou de lui "causer des ravages", pour reprendre ses expressions lointaines. Menaces et ravages ecclésialement ad intra, qui ne sont pas le fait d'ennemis extérieurs à l'Église, dont il ne fait pas assez remarquer qu'elles sont en soi, en effet, anormaux au plus haut point, comme étant contraires à la Constitution divine de l'Église. Et qui font immédiatement penser aux fameuses "fumées de Satan" dénoncées par le pape Paul VI dans son homélie du 29 juin 1972, par ailleurs assez contradictoirement de sa part, comme investissant à la fois le peuple de Dieu et l'Église.
           
        Qu'il s'agisse du désormais vieil aggiornamento montinien ou de l'actuelle réforme bergoglienne, tous les deux intégrés à cette "dynamique du mal", Bernard Dumont note qu'ils ont pour but premier de mettre l'Église "en conformité avec les exigences de la modernité", de "l'adapter au milieu", avec toujours un degré dans le plus pour la dernière mise à jour en date. Il manque ici beaucoup à l'auteur de nous dire à quel "milieu" l'Église doit s'adapter, pour bien éclairer la problématique réelle et faire saisir immédiatement à son lecteur le caractère absolument apocalyptique, de fin des temps, de la situation de l'Église moderne. C'est là que, n'étant pas assez précis en restant trop dans un examen phénoménologique des choses sans remonter aux causes premières, son article manque son but : éclairer explicitement et concrètement les âmes de "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Or donc, "le milieu" auquel un mystérieux "processus" oblige l'Église à "s'adapter" obligatoirement, est rien moins que... la société post-révolutionnaire universelle basée sur "les droits de l'homme" anti-Dieu et sur des États constitutionnellement athées. Or encore et surtout, ce monde moderne post-révolutionnaire est théologiquement formellement antinomique à l'Épouse du Christ, un poison mortel pour elle, qui ne peut que la faire mourir tôt ou tard, à la fin dudit "processus d'adaptation" qui ne cesse, nous dit Bernard Dumont, et il a raison hélas, d'œuvrer dans une "course inexorable".
           
        Ce qui est absolument anormal dans la situation, si l'on veut en rester à une réflexion qui n'inclut pas que l'Église vit dans l'économie de la Passion, c'est justement qu'un tel processus ait pu s'introduire et prendre vie dans l'Église, attaquant de plus en plus mortellement les fondamentaux les plus sacrés de sa Constitution divine, ce qui doit, en finale, aboutir inéluctablement à sa dernière mise à jour qui s'épèlera... mise à mort. Car il faut bien saisir que c'est là une situation qui, en soi, au premier degré de lecture, c'est-à-dire sans l'explication que donne "LA PASSION DE L'ÉGLISE", convainc de forfaiture la Promesse pourtant divine du Christ, à savoir que "les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre l'Église" (Matth XVI, 18). Il faut bien comprendre en effet qu'introduire dans l'Église un processus de mise à jour continuel, qui rime avec "révolution permanente", pour la conformer à un milieu formellement antinomique aux fondamentaux de sa Constitution divine, c'est ipso-facto trouver en défaut la grande Promesse du Christ quant à l'indéfectibilité de son Église-Épouse. Chose que la Foi nous dit être impossible, évidemment, mais il faut bien donner une explication de la situation ecclésiale moderne qui montre une Église soumise à "la puissance des ténèbres" usque ad mortem. C'est en fait ce point gravissime de théologie morale beaucoup plus que de théologie dogmatique, qui est le plus important à considérer, et que, je le répète, seule "LA PASSION DE L'ÉGLISE", dont je vais brosser théologiquement les grands traits en finale de mon présent article, résout victorieusement dans la Foi. Bernard Dumont va lui-même mettre le doigt sur cela tout-à-l'heure, mais trop furtivement, trop évasivement, et cela me permettra, quant à moi, d'apporter les précisions nécessaire qui empêcheront les fidèles catholiques de nos jours de se scandaliser d'une pareille situation...
           
        Ce "processus de longue durée" dont nous parle notre auteur, auquel on soumet de force l'Église dans la période moderne, est comparable à une femme pour laquelle la décision aurait été prise de lui donner de l'arsenic, décision à laquelle elle ne peut absolument pas se soustraire. Au début, la dose est petite, les troubles ressentis par elle sont bénins et ne mettent pas en jeu son pronostic vital. Mais il faut bien comprendre que cette décision initiale de lui faire prendre de l'arsenic doit et va, à terme, la faire mourir. Car c'est un poison mortel pour l'organisme humain. Puis, le temps avançant, on lui fait prendre des doses de plus en plus fortes, les troubles de santé qu'elle en ressent deviennent de plus en plus graves, et le pronostic vital de la malheureuse finit par être engagé. Car, aux fins de faire correspondre toujours de mieux en mieux la nature de l'organisme humain de la femme à la nature de l'arsenic, pour suivre l'idée ténébreuse et insensée, en vérité diaboliquement homicide, de ceux qui ont pris la décision de lui donner de l'arsenic, on lui en donne une dose toujours plus élevée, et le poison finit par faire son oeuvre : tuer la nature propre de l'organisme humain, terrasser la femme, qui finit par en mourir.
           
        Ce que l'auteur appelle trop pudiquement, abstraitement, "une mise en conformité plus complète [de l'Église] avec les exigences de la modernité" est en fait cette dose toujours plus forte d'arsenic donnée à la femme de ma parabole, qui est l'Épouse du Christ, à chaque station ultérieure nouvelle (de chemin de croix) suivant la précédente, à partir de ce que l'auteur appelle "la modernité dans sa phase antérieure" jusqu'à "la modernité tardive". Et, à l'instar de la femme arseniquée, l'Église finira elle aussi par en mourir de mâlemort. Inéluctablement. Cette mort de notre Église, dans son économie de salut actuelle inhérente aux Temps des nations et de Rome son centre, on l'enregistrera dans le règne de l'Antéchrist-personne, dont l'avènement n'est certainement plus loin maintenant. L'Église, qui est éternelle dans sa substance (mais pas les différentes économies de salut par lesquelles elle vit in via, dans l'humanité), ne ressuscitera dans une économie de salut nouvelle, instaurée parousiaquement par le retour du Christ Glorieux, qu'après cette mort ecclésiale qui sera bien réelle, à l'instar de celle du Christ sur la croix il y a 2 000 ans.
           
        ... Mais au fait, question des plus importantes et lancinantes pour le chrétien, des plus fondamentales, que ne se pose pourtant pas Bernard Dumont : qui, pour la première fois, a pris la sacrilège décision, quant à l'Église, de l'obliger à prendre de l'arsenic, pardon, à se mettre "en conformité" avec ce que l'auteur de l'article appelle "les exigences de la modernité", lesquelles ne sont en fait que la conformation de l'Église et de sa Foi avec la société antéchristique post-révolutionnaire moderne qui l'entoure et dans laquelle elle vit, métaphysiquement basée sur les "droits de l'homme", parfaitement et absolument antinomique avec sa Constitution divine ? Et donc mortelle pour elle ? Qui lui a fait faire la première mise à jour ? Qui a tourné pour la première fois la manivelle d'un moteur qui ne doit plus s'arrêter dès lors qu'il est lancé ? Et quand a-t-elle été faite, cette première mise à jour qui doit, à terme, faire mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des Nations ?
           
        La réponse va nous faire pénétrer au cœur du problème, au cœur du mysterium iniquitatis. Car nous n'avons pas à chercher le coupable parmi les ennemis extra muros de l'Épouse du Christ. C'est SA SAINTETÉ LE PAPE PIE VII qui a été le premier à obliger l'Église à faire sa première "mise en conformité avec les exigences de la modernité". Par le concordat napoléonien de 1801, un concordat passé, pour la première fois dans toute l'Histoire de l'Église, avec une "puissance", comme dit saint Paul en parlant des pouvoirs politiques, constitutionnellement... ATHÉE. Voilà le péché originel de ces "mises en conformité" successives avec la société athée moderne, qui, jamais ecclésialement renié et encore moins exorcisé par les papes succédant à Pie VII, en ce compris même les plus saints d'entre eux tel Pie IX ou Pie X (ce dernier pape, en effet, interdira qu'on touche au "Ralliement" léontreizien, qui n'était pourtant qu'une sorte de réactivation musclée de la pratique concordataire pontificale avec des États athées, atroce "mise en conformité" de l'Église avec "les exigences de la modernité" à la fin du XIXème siècle), aboutira dans nos jours d'annhuy à la réforme bergoglienne pire encore que l'aggiornamento montinien, ce qui est logique, jusqu'à ce que la dernière "mise en conformité-mise à mort" fasse véritablement mourir l'Église dans son économie de salut actuelle, sur la croix d'ignominie, en co-Rédemptrice, à l'imitation de Jésus-Christ son géniteur.
           
        On pourrait objecter que cette première peccamineuse "mise en conformité" initiée par le pape Pie VII avec "les exigences de la modernité" ne regarde pas la Foi de l'Église, que c'est juste une question de politique. L'objection est très-superficielle et de nulle valeur. Le concordat napoléonien, en effet, n'est nullement une question de politique accidentelle, mais de politique constitutionnelle. Il changeait pour la première dans l'Église le principe de légitimité des sociétés politiques en réputant désormais valides des "puissances" qui sont constitutionnellement... athées. Tout concordat, en effet, est un traité diplomatique solennel, juridiquement construit de manière synallagmatique, ce qui présuppose formellement la parité de légitimité de tous et chacun des partis concordataires en présence. Le simple fait, donc, pour le pape, de signer un concordat avec une "puissance" constitutionnellement athée, comme l'était l'État français de Napoléon, était lui réputer formellement validité et légitimité. Ce qui est directement opposé à l'enseignement de saint Paul dans Rom XIII, qui n'admet de légitimité qu'aux "puissances" ordonnées constitutionnellement au Bien commun, et non à celles qui n'y sont point ordonnées, comme c'est le cas de toutes les "puissances" sorties du ventre de la Révolution, cesdites "puissances" constitutionnellement... athées, qu'un Louis Veuillot appelait "les filles de Babylone". Il est en effet rigoureusement impossible qu'une "puissance" constitutionnellement athée puisse être ordonnée au Bien commun véritable (parce que le Bien commun véritable est une émanation de la Religion véritable et du Christ), ce qui signifie, selon saint Paul, qu'il est donc rigoureusement impossible qu'elle soit valide et légitime. Et évidemment, il est de soi hérétique de réputer validité et légitimité à une société qui... ne l'est point ; comme le faisait le pape Pie VII rien qu'en acceptant comme partenaire concordataire la République française de Napoléon. Car c'est lier les âmes et les corps, par le devoir catholique d'obéissance dû aux "puissances" valides et légitimes (qui, toutes, viennent de Dieu, omnis potestas a Deo), à des "puissances" réprouvées au service de Satan, formatées pour mener les hommes en enfer (sur cette question, on pourra lire avec profit mon J'accuse le Concordat !, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        Or, le principe de légitimité politique est intégré formellement aux Mœurs. Or encore, l'Église est infaillible non pas seulement sur les choses de la Foi, mais sur celles des Mœurs. Ce n'est pas tout. Une "mise en conformité avec les exigences de la modernité" qui touche les Mœurs, ce qui fut le cas, donc, pour la première mise en conformité initiée par Pie VII, touche automatiquement la Foi. Peut-être pas tout-de-suite, mais cela ne peut qu'y aboutir, tôt ou tard. Pour la raison très-simple qu'il y a intime et intrinsèque connexion entre les choses des Mœurs et celles de la Foi, autant que, dans l'être humain, entre le corps et l'âme. Et c'est la raison d'ailleurs, pour laquelle l'Église est infaillible non pas seulement quant à la Foi mais quant aux Mœurs (cela ne servirait à rien, en effet, si elle était infaillible seulement pour la Foi, mais sans l'être pour les Mœurs ; le fait qu'elle ne le serait pas pour les Mœurs ferait qu'elle ne pourrait pas être infaillible pour la Foi). Toucher aux Mœurs, c'est indirectement et médiatement toucher à la Foi, et c'est pourquoi le proverbe dit bien : si je ne vis pas comme je pense, je vais être obligé de penser comme je vis. Si je pervertis ou subvertis mes Mœurs, tôt ou tard je vais être obligé de pervertir et subvertir ma Foi, il y a transvasement obligé de la corruption des Mœurs dans la Foi. Et c'est effectivement bien ce damné processus que l'on constate dans l'Église moderne. Pie VII ayant introduit dans l'Église l'obligation de faire cette première "mise en conformité avec les exigences de la modernité" sur le plan des Mœurs, en réputant désormais validité et légitimité aux "puissances" athées, ce qui se prolongea durant tout le XIXème siècle et le début du XXème qui virent, au fil des ans, sur le modèle archétypal napoléonien, de très-nombreux concordats passés par l'Église avec des "puissances" constitutionnellement non-catholiques (le plus scandaleux me semble être celui passé en 1964 par le pape Paul VI avec le Maroc, constitutionnellement... musulman !), il n'a pas fallu beaucoup plus qu'un siècle et demi pour voir l'athée Liberté religieuse pratiquée au for public par tous les États constitutionnellement athées concordatisés avec l'Église, très-logiquement quant à eux avec leurs fondements et principes athées, devenir Foi de l'Église par le décret Dignitatis Humanae Personae de Vatican II.
           
        Mais il est vrai de dire que c'est par les Mœurs que ces hétérodoxes "mises en conformité avec les exigences de la modernité" successives ont commencé dans l'Église moderne, pour aboutir à, et c'était inévitable, toucher à présent la Foi, à partir de Vatican II. Concile moderne qui désormais, et Bernard Dumont a raison de le dire, est lui-même déjà dépassé dans le mal par la réforme bergoglienne... la dose d'arsenic augmentant sans cesse, de plus en plus, usque ad mortem.
           
        Un mot sur l'herméneutique de continuité. L'auteur en parle, mais sa réflexion est hélas en-deçà de la sinistre réalité. Il nous dit deux choses : qu'elle est impuissante à endiguer "la dynamique du mal" de la doctrine, ou plutôt de l'anti-doctrine, professée dans la Liberté religieuse ; et que son contraire dialectique, à savoir l'herméneutique de rupture, peut lui être opposé avec autant de raison. Or, la vérité est que l'herméneutique de continuité formulée par Benoît XVI pour prétendument "droitiser" dans la Foi la Liberté religieuse, ne peut qu'être radicalement impuissante à endiguer son hétérodoxie foncière, pour la bonne et simple raison qu'elle n'est rien d'autre qu'un... vœu pontifical pieux sans aucune assise dans le réel dogmatique. La vérité, terrible, est que c'est la lettre magistérielle elle-même de la Liberté religieuse qui est hétérodoxe au plus haut point, aucune interprétation qu'on en puisse faire ne saurait donc pouvoir lui trouver le moindre point de contact avec la Tradition doctrinale ; la vérité, terrible, est que c'est la seule herméneutique de rupture qui donne l'interprétation obvie et simple du texte magistériel. Il ne s'agit donc pas, comme a l'air de le faire l'auteur, de mettre l'une et l'autre herméneutiques en balance : c'est l'herméneutique de rupture qui donne la seule vraie interprétation du texte magistériel de la Liberté religieuse, l'herméneutique de la continuité n'est rien d'autre que de la poudre de perlimpinpin lancée dans les yeux des fidèles. Si l'Église n'est pas morte de l'énorme dose d'arsenic mortelle de la Liberté religieuse lorsqu'elle lui fut administrée le 7 décembre 1965, c'est parce que la mort de l'Église n'est décidée que par Dieu seul à l'Heure où Il l'a décidée, qu'Il la maintient en vie jusque là (très-miraculeusement) ; à l'instar du Christ qui meurt à l'heure qu'Il a choisie : "Je donne Ma vie pour la reprendre de nouveau. Personne ne Me l'ôte, mais Je la donne de Moi-même. J'ai le pouvoir de la donner, et J'ai le pouvoir de la reprendre : tel est le commandement que J'ai reçu de Mon Père" (Jn X, 17-18).
           
        Rien ne peut mieux faire comprendre que l'herméneutique de rupture est la seule lecture vraie de la Liberté religieuse, que de lire l'application pratique que les Pères de Vatican II font eux-mêmes de la Liberté religieuse aux sociétés familiales, dans le § 5 de l'hérétique décret. Quel père de famille catholique, conscient de ses responsabilités parentales devant Dieu et les hommes, pourrait en effet bien y lire ce qu'osent y dire les Pères de Vatican II, sans en rougir de honte jusqu'à la crête, et que voici : chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial [proposition hérétique : le droit primordial n'appartient qu'à Dieu, le droit familial n'en est, en tout état de cause, que subséquence...], appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leurs propres convictions religieuses [!!!], la formation religieuse à donner à leurs enfants" (sic).
           
        Est-ce qu'on se rend bien compte de ce que peuvent déduire de ce texte abominable, mais texte magistériel conciliaire, les parents non-catholiques, croyants dans des faux-dogmes ? Desquels se déduisent des attentats directs contre l'intégrité et la dignité humaines de leurs enfants, puisque, d'une part, "il n'y a rien de plus pratique qu'un principe" (Mgr Duchesne), et d'autre part, seuls les principes de la vraie Religion, celle catholique, peuvent générer une formation parentale de l'enfant respectant intégralement sa nature et sa dignité humaines ? Sans y attenter d'aucune sorte, comme le font, peu ou prou, TOUTES les fausses religions ? Ainsi donc, l'atroce coutume de l'excision sexuelle des fillettes africaines nées pour leur malheur dans des foyers idolâtres tirant de leur idolâtrie, pardon, de "leurs propres convictions religieuses", cette pratique abominable (très-souvent aggravée de coranisme, qui considère la femme, a fortiori la fillette, juste comme un complément de l'homme, du "croyant", qui est le seul à exister métaphysiquement dans le foyer musulman), est, dans ce scandaleux et inouï DHP § 5, cautionnée et même proclamée fort agressivement par les Pères de Vatican II una cum Paul VI, comme un... droit légitime des parents à la Liberté religieuse, dont ils ont osé nous dire, dans le définitionnel DHP § 2, qu'elle était, cette maudite Liberté religieuse, "appuyée sur la Parole de Dieu" !!! Ce qui d'ailleurs est un pur mensonge des Pères modernes, péché de mensonge qui se rajoutait au péché d'hérésie : aucun texte scripturaire, et pour cause, ne cautionne, de près ou de loin, la Liberté religieuse telle que l'exprime le moderne, ou plutôt le moderniste, dans Dignitatis Humanae Personae.
           
        On l'aura compris : il n'est donc nullement question d'une bonne interprétation à faire de la Liberté religieuse, prétendument à la lumière de la Tradition, comme s'abaissait à le dire même un Mgr Lefebvre, qui rejoignait là l'herméneutique de continuité de Benoît XVI, vœu pontifical certes pieux mais totalement, parfaitement, illusoire, genre mirage dans le désert des Tartares. Le vrai, c'est que c'est la lettre magistérielle elle-même du décret qui est formellement (et abominablement) hérétique dans son sens obvie et immédiat. En vérité, amen je vous le dis : le contenu, à la fois doctrinal et pratique, du décret sur la Liberté religieuse, est si ennemi de la dignité humaine véritable, singulièrement celle de l'enfant comme nous venons de le voir concrètement avec DHP § 5, que son vrai titre devrait être : Indignitatis Humanae Personae, de l'Indignité de la personne humaine. Car la vraie dignité humaine, c'est de connaître et de vivre de Jésus-Christ, Lumière du monde, et la Liberté religieuse donne un "droit" de ne point connaître ni de vivre de Jésus-Christ, "droit" plus scandaleux encore lorsqu'il s'agit des enfants. Autrement dit, et pour en rester à la terminologie qu'emploie l'auteur dans son article : la "nouvelle étape d’adaptation au milieu" que constituait à l'époque de Paul VI et de Vatican II la Liberté religieuse, est bel et bien de l'arsenic mortel.
           
        Bernard Dumont, dans la dernière phrase de ce § 1, se pose question quant au "silence" rencontré dans l'Église moderne face à cette "dynamique du mal" qui oeuvre en son sein. Le "corps" de l'Église, nous dit-il, il veut dire les grands-prélats, est comme "médusé" (= frappé de stupeur ― Larousse) face à elle. Mais, si l'on comprend bien la situation, il n'est rien de plus normal, en effet, que les grands-prélats ne puissent qu'être formidablement... médusés ! Comme tout le monde, un peu attentif ou même pas du tout, ils sont bien obligés, les grands-prélats, de voir que celui qui génère la crucifixion de l'Église par sa mise en conformité obligatoire avec les exigences d'une société constitutionnellement athée, c'est... le pape ! Ce ne sont pas du tout des ennemis extérieurs, extra muros, c'est... le pape moderne en effet, pourtant chargé au premier chef par le Christ de garder l'Épouse du Christ contre toute attaque mortelle, et très-notamment celle d'une conformation, d'un formatage, de l'Église et de sa Foi avec une société athée et ses principes mortels pour elle ! Les grands-prélats, dans leur volonté de lutter contre les "ravages" et les "menaces les plus pressantes" contre l'Église, sont donc forcément paralysés à la racine de leur pouvoir ecclésial dans leur bon désir de réagir, puisque celui qui est théologiquement la source de leur autorité dans l'Église, à savoir le Souverain Pontife, c'est lui qui est l'auteur de ces "mises en conformité avec les exigences de la modernité" successives qui mettent l'Église en péril de mort ! L'autorité suprême du pape les empêche donc in radice de mettre en oeuvre leur propre autorité épiscopale, toujours subalterne, toujours subordonnée à celle du pape, pour défendre l'Église. Mais l'auteur continue à réfléchir sur cet implacable "silence" réactionnel dans l'Église, face aux attaques modernes mortifères du mysterium iniquitatis contre l'Épouse du Christ, "silence" qui semble le tourmenter beaucoup. Il va être intéressant de le suivre dans son § 2 :
           
        "Cet état de choses est caractérisée par une sorte d’autocensure des plus lucides, une lenteur extrême à les voir prendre position, dénoncer publiquement l’inacceptable, se limitant dans la meilleure des hypothèses à une réaction à la critique de points secondaires ou dérivés. Les sessions du Synode sur la famille, en 2014 et 2015, ont marqué une parenthèse, en ce sens qu’un bon tiers des participants sont intervenus pour récuser clairement les changements doctrinaux et disciplinaires proposés, tandis que d’autres, apparemment décontenancés, n’ont fini par y acquiescer qu’en raison de manipulations dénoncées en leur temps. Depuis le silence est redevenu presque unanime, les valeureuses exceptions confirmant le fait. C’est ce silence qui suscite l’interrogation. Comment expliquer cette apparente paralysie, qui tranche singulièrement avec l’audace des ennemis de l’Église, extérieurs ou alliés dans la place ?"
           
        Fort intrigué par ce "silence" des grands-prélats face à "la dynamique du mal" dans l'Église, "silence" devant le mal ecclésial moderne qui est l'objet premier, et même la grande obsession, de son article, Bernard Dumont continue son investigation. "L'autocensure des plus lucides" dont il parle et que s'appliquent à eux-mêmes les grands-prélats, provient de ce que je viens de dire, à savoir que ceux parmi eux qui voudraient réagir savent qu'ils doivent le faire... contre le pape. Et alors, ils s'autocensurent rigoureusement de le faire, en se mettant devant les yeux de l'âme, de leur âme catholique, le principe d'autorité, le fameux principe d'obéissance ecclésial : on ne saurait en effet défendre la Foi contre le pape, puisque, la théologie l'enseigne, tout pape légitime actuel est... la règle prochaine de la Foi ! Mais justement : il est trop vrai de dire qu'un tel constat ne fait que faire prendre une grande conscience de la crucifixion que vit et meurt à la fois l'Église moderne depuis Pie VII, premier pape géniteur de ces contrenatures "mises en conformité avec les exigences de la modernité", théologiquement... gay, si je puis dire.
           
        La Liberté religieuse de Vatican II par exemple, nous l'avons vu plus haut, est une hérésie à l'état pur, s'il m'est permis de poser un tel oxymore par antiphrase ; mais elle est promulguée par un pape légitime actuel, Paul VI, théologiquement un avec, una cum, tous les évêques du monde entier (... ils étaient 2 500 à Vatican II !, prenons bien conscience que jamais concile ecclésial universel ne réunit, de toute l'Histoire de l'Église, un aussi grand nombre d'évêques autour du pape actuel !!), soit une génération ecclésiale actuelle légitime de "membres enseignants" à tout coup formellement dotés de l'infaillibilité ecclésiale, de par le Magistère ordinaire & universel, dès lors qu'ils font un enseignement doctrinal unanime sur un point de Foi, ou sur la contradictoire d'un point de Foi comme l'est la Liberté religieuse ! Avouez qu'il y a là de quoi vous casser les bras, vous paralyser les jambes, vous couper la langue, si vous avez des (bonnes) intentions de réagir ! Et c'est à partir de là, justement, qu'il faut éclairer son esprit et surtout son âme de la réalité de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", car cette situation manifeste on ne peut mieux l'écartèlement de l'Épouse du Christ sur la croix de Rédemption, que saint Paul, quant au Christ de la Passion, appelle "la si grande contradiction". C'est pourquoi, lorsqu'il n'y a pas radicale "autocensure des plus lucides" chez les grands-prélats, c'est-à-dire quand ils ne se cassent pas eux-mêmes bras et jambes pour s'interdire de réagir, prenant conscience que toute réaction est en soi théologiquement impossible de toute impossibilité, il ne peut y avoir parmi eux, à tout le mieux, que "lenteur extrême à prendre position pour dénoncer l'inacceptable", et encore, "en se limitant dans la meilleure des hypothèses à une critique de points secondaires ou dérivés". Autrement dit : les grands-prélats ne peuvent réagir que d'une manière extrêmement a minima, quasi balbutiée et chuchotée dans l'inaudible, qui, à la fois, satisfait leur conscience d'avoir réagi pour la Foi, tout en ne s'attaquant pas au pape, qui promeut l'essentiel de cet inacceptable, qui est la locomotive de cette "dynamique du mal" dans l'Église moderne...
           
        ... Un seul grand-prélat actuel, j'ai l'honneur de nommer le cardinal Joseph Zen Zekiun l’évêque émérite de Hong-Kong, n'a pas accepté de réagir seulement sur des points "secondaires ou dérivés" contre cette diabolique "dynamique du mal" en oeuvre dans l'Église, dans l'affaire scandaleuse du futur concordat chinois, mais il a attaqué de front le principe même dudit projet de concordat, affreuse "mise en conformité [de l'Église] avec les exigences de la modernité" (dont il est bon de souligner qu'elle ne sera rien d'autre qu'une décalcomanie, un énième avatar de plus, de celle originelle du concordat napoléonien de même et semblable mouture ― c'est-à-dire qu'on traite avec l'ennemi de la Foi à égalité de partis légitimes, l'Église y étant réputée de même valeur que... l'État constitutionnellement athée !, car, je le répète, tout concordat, traité diplomatique solennel, est juridiquement construit de manière synallagmatique, ce qui présuppose formellement la parité de légitimité de tous et chacun des partis concordataires en présence). Tout en sachant fort bien que le pape François et le cardinal secrétaire d'État Parolin sont derrière et le soutiennent à fond.
           
        Pour bien jauger de la situation de Passion dans laquelle vit l'Église moderne, il est fort intéressant et surtout instructif de voir quel a été le résultat de sa si juste critique de ce prochain concordat ignoble. Le résultat de la réaction du cardinal Zen, qu'on pourrait presque appeler par certains côtés le "Mgr Lefebvre chinois", c'est qu'il est ignominieusement calomnié par ce triste cardinal secrétaire d'État Parolin, véritable outil technocratique du mal comme le fut son prédécesseur Jean Villot au temps de Paul VI ; calomnié de manière aussi injuste, cruelle et méchante, derrière laquelle on sent si bien Satan, que le furent les chouans anticoncordataires au temps de la post-Révolution (le pape François n'est pas, lui non plus, en reste de calomnier le cardinal Zen, en susurrant hypocritement que sa réaction est dûe à "son grand'âge"... François oublie juste un détail : c'est qu'il est à peu près dans la même fourchette d'âge que celui dont il voudrait insinuer qu'à cause de sa vieillesse, il... n'a plus toute sa tête !). Or, c'est la calomnie qui, dans l'Église moderne, a force de loi et fait figure de la vérité. Parce que l'Église moderne, vivant dans l'économie de la Passion du Christ, est toute entière sous "la puissance des ténèbres". La réaction musclée du cardinal Zen, qui ne porte pas sur les points "secondaires et dérivés" du concordat chinois mais au contraire qui, au nom de la Foi la plus pure, s'attaque au principe même de l'ignoble chose, ne donne RIEN : elle est laminée par la "dynamique du mal" promue DANS l'Église par le pape moderne légitime, et donc, par l'Église Universelle derrière lui... "dynamique du mal" qui doit aboutir au règne de l'Antéchrist-personne, en finale.
           
        Ce grand cardinal que j'admire, lui, au moins, aura fait son devoir devant le Christ, il me fait l'effet d'être un saint. Il sait fort bien qu'il a le pape devant lui et contre lui. Il n'en a pas moins mené son combat sur le tout, principal & accessoires, avec la dernière énergie de la Foi. Il l'a perdu dans le figure du monde qui passe, son combat, il ne pouvait que le perdre, comme Jésus le Christ sur la croix, et il le savait. Il n'en reste pas moins attaché à l'Église sa Mère de toutes ses forces, y compris au pape, ce qui montre son degré de sainteté et d'héroïsme, car rien que de dire cela dit tout son mérite. Il a d'ailleurs une formule des plus admirables pour le dire : "Quand un enfant reçoit une gifle par sa mère, il ne s'en éloigne pas, au contraire, il s'agrippe et se colle à ses jupes en pleurant, c'est-à-dire qu'il se rapproche plus encore d'elle". Voilà un cardinal de la sainte Église romaine qui accepte le martyr de la Foi, aux temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", sans tomber lâchement dans le sédévacantisme orgueilleux et rebelle et sans rien lâcher non plus au niveau de la Foi. C'est tout simplement beau, et à mettre sur le chandelier, en ce temps où l'on ne voit que laideur dans l'Église, surtout dans les âmes cléricales.
           
        J'ai parlé tout-à-l'heure du principe d'obéissance à l'autorité suprême du pape et de l'Église Universelle, qui casse les bras et les jambes de certains grands-prélats qui, dans un premier temps, réagiraient bien volontiers non seulement contre les points "secondaires ou dérivés", mais contre l'essentiel de ces hétérodoxes "mise en conformité avec les exigences de la modernité". Il est bon de noter, comme Bernard Dumont ne manque pas de le faire, que ce très-faux principe d'obéissance émasculé de la Vérité (cette pseudo-obéissance est en fait une grave idolâtrie, et non point la vraie obéissance catholique, par excellence vertu d'Église au service de la Vérité qui est Jésus-Christ) est soutenu manu militari par la clique vaticane aux plus hauts sommets contre toute velléité de réaction. Ce n'est pas ici mon propos de donner des exemples de cet autoritarisme disciplinaire qui a remplacé la Foi chez les détenteurs de l'Autorité dans l'Église actuelle, mais Bernard Dumont le fait lorsqu'il dit, à propos du Synode sur la famille de 2014-2015, que "d'autres [grands-prélats] apparemment décontenancés, n’ont fini par y acquiescer [à la "mise en conformité" doctrinale de l'Église dans ce synode "avec les exigences de la modernité"], qu’en raison de manipulations dénoncées en leur temps". Manipulations des textes mais encore des personnes subissant des pressions occultes pour supprimer toute réaction...
           
        Nous sommes là en fait comme avec les pharisiens qui, au temps du Christ, remplaçaient la vraie Foi par l'autoritarisme disciplinaire. La règle morale est simple : plus les détenteurs actuels de l'Autorité ecclésiale perdent la Foi, selon l'oracle salettin ("Rome perdra la Foi", prédit Notre-Dame à La Salette, AVANT de devenir "le siège de l'Antéchrist"...), et plus ils la remplacent par un autoritarisme disciplinaire implacable et sans miséricorde, rigoriste et rigidifié comme statue de sel, aveugle et lobotomisé, aux fins, précisément, de toujours faire respecter l'Autorité qu'ils détiennent. Le chanoine Weber, dans ses Quatre Évangiles en un seul, décrit bien la situation synagogale-ecclésiale tordue, aux temps du Christ, et... c'est la nôtre, en notre présente fin des temps : "Les Pharisiens étaient, dès l'origine, de pieux observateurs de la Loi, se tenant à l'écart des païens et des juifs infidèles. Ils étaient surtout très attachés aux traditions anciennes. Avec le temps, ils avaient fini par réduire la Religion à de minutieuses et innombrables observances, la corrompant par de fausses interprétations et la déshonorant par un écrasant orgueil et par les vices qui en sont le châtiment" (12. ― Prédication de Jean-Baptiste). Or, les actuels détenteurs de l'Autorité dans l'Église moderne se comportent exactement ainsi que les antiques pharisiens. Certes, ils ne rajoutent pas des observances superfétatoires à la Religion (ils en enlèveraient plutôt), mais, comme eux, ils remplacent le cœur de la Religion par une écorce d'icelle, purement extérieure, et qui n'a pas de point de contact avec ce Cœur vivant et plein d'Amour salvateur, qui est Jésus-Christ dans son Épouse-Église. La seule chose qui les intéresse, c'est juste la mise en conformité de l'Église avec les exigences de la modernité, c'est-à-dire que leurs âmes ne vivent plus qu'avec une vision sociologique extérieure de la Religion et de l'Église. Mgr Marcel Lefebvre en avait été "médusé", frappé de stupeur, lui le premier, lorsque, dans le courant de ce qu'on a appelé "l'état chaud 1976", après s'être levé publiquement pour faire la réaction musclée que l'on sait contre l'essentiel de l'aggiornamento conciliaire, il avait été à Rome, frappant à la porte des cardinaux de l'époque pour tâcher de trouver chez eux des appuis. Il en était revenu complètement ébahi, "médusé", frappé de stupeur : aucun des cardinaux pressentis, comme il le dira lui-même dans une conférence après cette tournée romaine totalement infructueuse, ne plaça le débat sur la Foi, la seule chose qui les intéressait étant l'aspect sociologique de la question, autrement dit la pensée du monde moderne athée qui entoure l'Église...
           
        ... Et alors, il n'y a plus que le grand silence devant le triomphe extérieur de la "dynamique du mal" dans l'Église.
           
        Ce silence stupéfie fort notre auteur, visiblement, car, quoique décrivant très-bien d'une manière factuelle et phénoménologique le processus de Passion que vit l'Église moderne, il ne semble pas lui-même en prendre vraiment conscience. C'est pourquoi on le voit finir ainsi son § 2 : "Depuis le silence est redevenu presque unanime, les valeureuses exceptions confirmant le fait. C’est ce silence qui suscite l’interrogation. Comment expliquer cette apparente paralysie, qui tranche singulièrement avec l’audace des ennemis de l’Église, extérieurs ou alliés dans la place ?" Quand bien même Bernard Dumont va avoir une magnifique phrase que nous verrons tout-à-l'heure sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", l'on voit ici, par son interrogation, qu'il ne semble pas comprendre que l'Église moderne est irréversiblement plongée dans l'économie de la Passion du Christ. In concreto duro. Il voit bien la forme de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qu'il décrit avec une grande lucidité dans son article puissant, mais il semble que son âme n'a pas encore la révélation de son fond.
           
        Or, pour comprendre la raison fondamentale et mystique de ce silence actuel devant la "dynamique du mal" dans notre Église moderne, il faut se reporter à la première Passion, celle archétypale du Christ il y a 2 000 ans. Et on a tout-de-suite la réponse. Face à "la puissance des ténèbres et son heure", Jésus se tait. Il ne se défend pas. Il garde le silence. Il ne dit pas un mot devant Hérode, qui Le traite en insensé. Quant à Pilate, il est obligé, à son grand étonnement, de Le forcer à répondre à son interrogation : "Et comme Il était accusé par les princes des prêtres et les anciens, Il [Jésus] ne répondit rien. Alors Pilate Lui dit : N'entends-Tu pas quels graves témoignages ils portent contre Toi ? Mais Il ne lui répondit pas un seul mot, de sorte que le gouverneur en fut très étonné" (Matth XXVII, 11-14). C'est ce même "silence" de Passion que l'on retrouve chez son Épouse l'Église, lorsqu'elle aussi doit vivre (et mourir, à terme) sa propre et personnelle Passion, et c'est dans notre contemporanéité. Ceux qui la représentent dignement, c'est-à-dire la sanior pars des grands-prélats actuels, ne disent plus rien face à la "dynamique du mal" qui, pour que l'Écriture s'accomplisse pour l'Épouse comme pour l'Époux, possède l'Église et la soumet à son pouvoir diabolique. Et ceux qui disent encore quelque chose contre le mal triomphant, c'est comme s'ils ne disaient RIEN, leur parole n'a aucun poids pour renverser la situation mortifère, c'est comme une plume quasi immatérielle que le moindre souffle de vent mauvais emporte aussitôt, comme on l'a vu tout-à-l'heure avec le cardinal Zen. Voici la réponse à l'interrogation appuyée et sans doute angoissée que pose Bernard Dumont : Jésus garde le silence dans sa Passion. Mais ne comprenant pas encore, lorsqu'il a rédigé son article, cette réponse qui mène dans le saint des saints de la compréhension de "la crise de l'Église", à savoir "LA PASSION DE L'ÉGLISE", notre auteur continue son propos sur cette même problématique de "silence" face à la "dynamique du mal" dans l'Église. Et il va finir par arriver, au terme de sa quête laborieuse, quasi explicitement à "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Voici son § 3 :
           
        "Une piste est suggérée par tous ceux qui, au prix d’un pénible travail d’exégèse, tentent de donner un sens traditionnel aux textes, discours et actes les plus gravement suspects. La sophistique, quelles que soient les intentions de ceux qui la pratiquent, n’est pas que du côté des ennemis de la continuité dogmatique, elle affecte parfois tout autant des personnes désireuses de fidélité. Or si les motivations des premiers relèvent nettement de la ruse ou de la mauvaise foi – que l’on pense à l’argument consistant à invoquer la mansuétude du Seigneur envers le pécheur, oubliant la condition de sortir de son péché, à tant d’autres citations tronquées également –, la motivation des seconds est différente. Elle consiste à tenter d’esquiver la difficulté, à la nier même en essayant désespérément de la couper de tout contexte, à refuser de connaître l’intention la plus claire des auteurs, voire de considérer l’ensemble d’un texte et sa logique interne pour n’en retenir que ce qui s’y trouve énoncé de la manière la plus traditionnelle. C’est une attitude intellectuelle que l’on a déjà rencontrée à propos des textes conciliaires présentant le plus de difficultés. Combien de pages, par exemple, n’aura-t-on pas écrites pour établir une parfaite complémentarité entre l’encyclique Quas primas, de Pie IX, et la déclaration conciliaire Dignitatis Humanae ? Mais pourquoi agir ainsi ? Faudrait-il être malhonnête pour sauver l’orthodoxie ? Ne s’agit-il pas plutôt d’une réaction devant le risque de se scandaliser, comme saint Pierre se récriant vigoureusement à l’idée que son Seigneur et Maître puisse mourir comme le dernier des esclaves ? Il est permis de supposer que ce risque de scandale provienne lui-même d’un défaut de préparation à l’éventualité d’affronter l’épreuve de la Croix selon une modalité imprévue. Le silence devant le mal consisterait alors en une mise en suspens du jugement de vérité devant une situation subjectivement impensable".
           
        L'explication est longue, mais le sens en est clair. Bernard Dumont tâche de trouver une explication à ce "silence", dans le fait que ceux qui, dans l'Église moderne, pourrait réagir contre l'hétérodoxie des "textes, discours et actes les plus gravement suspects" des "mises en conformité [de l'Église] aux exigences de la modernité", ne le font cependant pas, parce qu'ils ont pris à lourde et même impossible tâche, de "droitiser" les textes, discours et actes en question, la seule attitude qu'ils se sont permis étant de vouloir les rendre conformes à la saine doctrine catholique. Même quand ils ont le "noir" devant les yeux, ils ne veulent pas le voir, mais tâchent de convertir ce "noir" en "blanc", à grand renfort de sophistique, réputant inexistant tout le reste. Il est cependant bien facile de comprendre pourquoi ils agissent ainsi, dans une attitude qui semble complètement, affreusement folle quand on est en présence, par exemple, comme l'auteur le remarque bien, de la Liberté religieuse, tellement la lettre magistérielle dudit décret vaticandeux, comme je l'ai souligné plus haut, ne peut recevoir rien d'autre qu'une lecture "noire" sans qu'il soit possible d'y mettre la moindre touche de "blanc" (les "ralliés" ont montré jusqu'à quel degré de folie on pouvait aller en employant "la sophistique" pour tâcher de faire dire "blanc" au "noir" le plus formel de ce décret du concile, ils ont atteint, pour ce faire, un tel degré de malhonnêteté intellectuelle, que c'en est à la fois renversant, honteux, scandaleux et révoltant).
           
        Mais ils agissent ainsi parce que ces textes, discours et actes dont s'agit, sont couverts par le pape moderne, voire promus directement par lui, pape légitime actuel qui est toujours règle prochaine de la Foi pour toute sa génération ecclésiale. Le pape légitime actuel, en effet, n'est pas règle prochaine de la Foi uniquement pour les actes rigidement dotés de l'infaillibilité pontificale, mais encore pour la direction spirituelle générale qu'il fait emprunter à l'Église, dont il est la tête. Si, comme disait Charles Journet dans L'Église du Verbe incarné, l'Église "engage sa destinée" en se choisissant une tête visible dans les conclaves, c'est parce que c'est le charisme du pape, son rôle, une fois élu, le Christ l'a choisi pour cela, d'engager la destinée de l'Église dans une direction donnée, durant tout son pontificat. En fait, si l'Église engage infailliblement sa destinée en se choisissant un pape, c'est parce que celui-ci, une fois élu, va engager la sienne, de même manière infaillible. On ne saurait en effet jamais supposer qu'il se trompe dans la direction spirituelle générale qu'il donne à emprunter à l'Église. C'est bien ainsi que le pape Léon XIII, dans son encyclique Sapientiae Christianae du 10 janvier 1890, résume le devoir d'obéissance du simple fidèle au pape : "Quand il s'agit d'établir les limites de l'obéissance, que personne ne s'imagine que la soumission à l'Autorité des pasteurs sacrés et surtout du Pontife romain s'arrête à ce qui concerne les dogmes, dont le rejet opiniâtre ne peut aller sans le crime d'hérésie [= Magistère extraordinaire]. Il ne suffit même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été définies par un jugement solennel de l'Église, sont cependant proposées à notre Foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et que le Concile du Vatican a ordonné de croire de Foi catholique et divine [= Magistère ordinaire & universel]. Il faut en outre que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir et gouverner par l'Autorité et la direction des évêques, et surtout par celles du Siège Apostolique".
           
        C'est l'enseignement de cette dernière phrase que ces grands-prélats ou théologiens, qui tentent à toutes forces, au forcing et aux forceps, de "droitiser" les textes, discours et actes des papes modernes reflétant cette destinée à suivre par tous les catholiques, saisissent dans un instinct très-profond et extrêmement fort, un instinct très-puissant ancré, il faut bien le comprendre, sur la Foi la plus pure. Instinct si puissant qu'ils passent sans difficulté l'éponge sur la folie inouïe de leur attitude, sans même en avoir le moins du monde conscience pour la plupart, du moment que leur âme est en paix avec ce fondement théologique capital : le pape est règle prochaine de la Foi dans la destinée spirituelle générale qu'il fait prendre à l'Église. Or, puisque l'Église moderne vit la "si grande contradiction" inhérente à l'économie de la Passion dans laquelle elle est plongée, où le pape dit le noir quand il devrait dire le blanc, alors, comme l'a bien vu l'auteur, ils se réfugient dans la "sophistique" la plus folle pour faire dire le blanc au noir, ce qui concrètement veut dire qu'ils s'interdisent radicalement de réagir au noir... puisqu'ils l'ont baptisé blanc à grands coups de goupillons. Ils font donc silence complet.
           
        Mais, de ce § 3, je retiens surtout la finale très-inspirée, dans laquelle Bernard Dumont, comme acculé intellectuellement par la "si grande contradiction" qu'il voit dans l'attitude des grands-prélats modernes, et qui frappe son esprit, finit comme par prendre conscience que nous sommes là dans l'économie de la Passion, "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Il passe soudain de la "si grande contradiction" constatée chez les grands-prélats modernes ("Faudrait-il être malhonnête pour sauver l’orthodoxie ?") à celle vécue par le Christ durant sa Passion ("Ne s’agit-il pas plutôt d’une réaction devant le risque de se scandaliser, comme saint Pierre se récriant vigoureusement à l’idée que son Seigneur et Maître puisse mourir comme le dernier des esclaves ?"), pour passer à nouveau et enfin du Christ de la Passion à l'Église moderne vivant la sienne propre et personnelle ("Il est permis de supposer que ce risque de scandale provienne lui-même d’un défaut de préparation à l’éventualité d’affronter l’épreuve de la Croix selon une modalité imprévue. Le silence devant le mal consisterait alors en une mise en suspens du jugement de vérité devant une situation subjectivement impensable"). Effectivement, la situation de l'Église moderne est d'être plongée dans l'économie de la Passion du Christ, usque ad mortem. Et cela est humainement, "subjectivement" dit l'auteur, "impensable". Et cela rebute et fait fuir plus de onze apôtres sur douze, de nos jours de réplication ecclésiale de la Passion du Christ...
           
        Je continue à lire notre intéressant auteur, et lie les deux § suivants de son article, liés dans l'idée exprimée :
           
        "Cette hypothèse d’ordre psychologique et moral est possible, mais elle ne coïncide pas avec la réaction spontanée et beaucoup plus nette de prélats qui ont clairement manifesté leur désaccord, entre autres, avec ce qui conduirait à traiter à égalité gens mariés et couples vivant en adultère, et qui par la suite cependant se sont tus.
           
        "Faudrait-il en incriminer leur manque de courage ? Seraient-ils impressionnés par les manœuvres d’intimidation qui jouent précisément sur la crainte et cherchent à susciter la mauvaise conscience par des accusations sans cesses réitérées de rigidité morale et de manque d’esprit d’ouverture, de pharisaïsme et autres perversions de l’esprit ? Peut-être, mais il est certainement impossible de généraliser une telle possibilité".
           
        Après avoir parlé de la majorité des grands-prélats modernes qui refusent purement et simplement de réagir, se servant de l'outil sophistique pour cela, l'auteur remarque l'attitude différente d'une minorité d'entre eux, qui ont d'abord vigoureusement réagi, puis ensuite se sont définitivement tus. À mon avis, l'explication n'est pas à chercher au loin : cesdits grands-prélats qui ont réagi d'abord, puis se sont tus ensuite tout d'un coup, rejoignant le camp des "sophistiques" dans le silence, n'avaient absolument pas pris conscience, quand ils ont réagi, du caractère "subjectivement impensable" de la situation ecclésiale contemporaine crucifiée et ordonnée à la Passion, qui les faisait réagir, d'où le fait, précisément, que leur réaction instinctive est "spontanée et beaucoup plus nette" ; mais, dans le feu du combat rapide, ils n'ont pas été longs à en prendre conscience, à être saisis tout-à-coup aux tripes spirituelles par "la si grande contradiction" de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", à savoir essentiellement de voir le pape légitime être le promoteur de l'hétérodoxie dans l'Église, ce qui, à l'instar des onze Apôtres sur douze, les a fait rebrousser chemin... en quatrième vitesse. Certes ! On ne voit pas, parmi les grands-prélats modernes, beaucoup de saint Jean acceptant d'aller, et surtout de rester, au pied de la croix où est pendue l'Épouse du Christ (à part sans doute, le cardinal Zen) !
 
 
(à suivre, dans la seconde & dernière page
Parution d'un remarquable article
sur la situation de l'Église sous le pape François
― Mon commentaire, II, consultable au lien suivant :
 
http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/parution-d-un-remarquable-article-sur-la-situation-de-l-eglise-sous-le-pape-francois-mon-commentaire-ii?Itemid=483)
 
 
 
 
 
 
 
16-08-2018 12:03:00
 

Aux dernières nouvelles de "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...

 
 
 
... Aux dernières nouvelles
de "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...
 
 
        Nouvelles à la fraîche qui me concernent personnellement, cette fois-ci, car je dois bien sûr le témoignage de ma Foi aux visiteurs de mon site.
           
        Dans la grande dénonciation de la corruption doctrinale du mouvement "rallié" que j'ai faite dans mon précédent article Le Rd Père de Blignières & le mouvement "rallié", fils de la Lumière ou... fils des ténèbres ? (cf. http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/le-rd-pere-de-blignieres-le-mouvement-rallie-fils-de-la-lumiere-ou-fils-des-tenebres?Itemid=483), daté du 15 octobre 2017, le lecteur se sera sûrement rendu compte qu'en fait, cette dénonciation englobe tout le mouvement tradi dans son ensemble. Ce n'est pas, en effet, que la mouvance "ralliée" qui donne une réponse profondément hétérodoxe à "la crise de l'Église", faisant vivre les fidèles dans un positionnement ecclésial hérétique tout en leur faisant croire qu'ils sont dans le nec plus ultra de la défense de la Foi, les trompant ainsi fort gravement, c'est globalement tout le mouvement tradi qui, d'une manière ou d'une autre, fait cette réponse hétérodoxe face à "la crise de l'Église".
           
        Au bout de 28 ans de fréquentation d'une chapelle sédévacantiste, puis, après l'avoir quittée, 9 ans de fréquentation d'une chapelle "ralliée", je n'ai pu que constater, affligé dans ma Foi, que ni les uns ni les autres tradis (et pas plus ceux de la mouvance lefébvriste ou guérardienne), ne veulent vivre ce que la Providence de Dieu a ordonné pour la vie ecclésiale contemporaine, à savoir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Ils ne font, chacun à leur manière, qu'une réponse dialectique, réactionnaire, à l'hérésie conciliaire, réponse qui, finalement, est aussi hérétique qu'elle, quoiqu'y étant opposée. Après 37 ans de pratique tradi, il m'est devenu viscéralement impossible de continuer à vivre ecclésialement ma Foi dans le cadre de toutes ces mouvances en définitive aussi hétérodoxes que l'Église moderne, mais de façon beaucoup plus hypocrite et camouflée...
           
        J'ai donc cru pouvoir prendre la décision de ne plus les fréquenter, ni les unes ni les autres, ainsi que je l'ai dis dans mon dernier article dénonçant la mouvance "ralliée". Et ceci, pour sauvegarder ma Foi. Même si je devais la sauvegarder sans les sacrements (sauf, évidemment, si j'étais à l'article de la mort où l'Église permet de quérir les derniers sacrements près de mauvais prêtres validement ordonnés, quand il est impossible de trouver des prêtres bien catholiques, qui ne soient ni hérétiques ni schismatiques ni apostats). Car il vaut mieux en effet garder la Foi sans les sacrements, plutôt que perdre la Foi ou se la laisser corrompre avec les sacrements. J'ai cru pouvoir appuyer cette mienne décision sur le fait que dans les temps de l'Antéchrist, la Femme ou Église trouve son lieu de salut au désert et nulle part ailleurs, un lieu, du reste, soigneusement préparé par la Providence divine pour elle, ainsi qu'il nous est prophétisé par saint Jean au ch. XII de son Apocalypse. Or, nous sommes dans les temps de l'Antéchrist-légion, précurseurs immédiats du temps ultime de l'Antéchrist-personne : j'étais donc fondé, pensais-je, à me réfugier déjà avec l'Église au désert qui, bien sûr, est une Église hors-institutions, une Église mystique, extra-muros.
           
        Et puis, quelques temps après, l'idée m'est venue de relire soigneusement le ch. XII de l'Apocalypse où cette Femme ou Église au désert est décrite par saint Jean, pour bien mettre mes pas dans la Voie ecclésiale du Christ, que je désire suivre par-dessus tout. Il m'est apparu alors quelque chose que j'avais oubliée. Mais avant de dire laquelle, voici les extraits importants de ce ch. XII :
           
        "Et un grand signe parut dans le Ciel : une Femme revêtue du soleil, et qui avait la lune sous Ses pieds, et sur la tête une couronne de douze étoiles.
           
        "Elle était enceinte, et elle poussait des cris, étant en travail, et ressentant les douleurs de l'enfantement.
           
        "Et il parut un autre signe dans le Ciel : c'était un grand dragon roux, qui avait sept têtes et dix cornes, et sur ses têtes sept diadèmes.
           
        "Et sa queue entraînait la troisième partie des étoiles du Ciel, et les jeta sur la terre. Et le dragon se tint devant la Femme qui allait enfanter, afin que, lorsqu'Elle aurait enfanté, il dévorât son fils.
           
        "Et Elle mit au monde un enfant mâle, qui devait gouverner toutes les nations avec une verge de fer ; et son fils fut enlevé vers Dieu et vers Son trône.
           
        "Et la Femme s'enfuit au désert, où elle avait un lieu que Dieu avait préparé, afin qu'on l'y nourrît durant mille deux cent soixante jours.
           
        "Et il y eut un grand combat dans le Ciel : Michel et ses Anges combattait contre le dragon, et le dragon combattait avec ses anges. Mais ceux-ci ne furent pas les plus forts, et leur place ne fut plus trouvée dans le Ciel.
           
        "Et il fut précipité, ce grand dragon, ce serpent ancien, qui est nommé le diable et Satan, qui séduit le monde entier ; il fut précipité sur la terre, et ses anges furent précipités avec lui.
           
        "(...) Et quand le dragon vit qu'il avait été précipité sur la terre, il poursuivit la Femme qui avait mis au monde l'enfant mâle.
           
        "Mais à la Femme furent données les deux ailes du grand aigle, afin qu'Elle s'envolât au désert, dans son lieu, où Elle est nourrie pendant un temps, des temps, et la moitié d'un temps, loin de la présence du serpent.
           
        "Et le serpent lança de sa gueule, après la Femme, de l'eau comme un fleuve, afin qu'Elle fût entraînée par le fleuve.
           
        "Mais la terre secourut la Femme, et la terre ouvrit sa bouche et engloutit le fleuve que le dragon avait lancé de sa gueule.
           
        "Et le dragon fut irrité contre la Femme, et il alla faire la guerre à ses autres enfants, qui gardent les commandements de Dieu, et qui ont le témoignage de Jésus-Christ.
           
        "Et il se tint sur le sable de la mer" (Apoc, XII).
           
        J'ai mis en italiques ce que j'avais oublié, et qui est très-important à considérer, à savoir : le temps de la Femme au désert correspond très-exactement au temps de l'Antéchrist-personne, soit les fameux 3 ans et demi de son règne finissant le Temps des nations et devant être clos eux-mêmes par le Retour en gloire du Christ ou Parousie. Cela signifie donc que la Femme ou Église sera au désert uniquement quand le règne de l'Antéchrist-personne s'ouvrira, et pas avant. Or, présentement, l'Antéchrist-personne n'est pas encore paru dans le monde et son règne n'est pas ouvert : nous sommes toujours dans les temps de l'Antéchrist-légion ou collectif, qui doivent l'engendrer.
           
        Donc, durant ce temps immédiatement précurseur du désenveloppement total du mysterium iniquitatis que sera le règne de l'Antéchrist-personne, le Christ n'a pas encore vomi la forme institutionnelle de l'Église, comme Il le fera lorsque cette forme sera entièrement circonvenue et aux mains de l'Antéchrist-personne, lors de son règne. Autrement dit : aux temps de l'Antéchrist-légion, la Femme ou Église n'est pas encore au désert, actuellement elle réside encore et toujours, certes de moins en moins plus le temps avance, dans l'Église-Institution, que celle-ci soit dans les morceaux moderne ou tradis.
           
        La déduction est simple : étant encore présentement dans ce temps de l'Antéchrist-légion, je n'ai pas le droit de me retirer de l'Église-Institution, comme si le règne de l'Antéchrist-personne était déjà manifesté au monde, ouvrant l'ère des 1260 jours ou 42 mois ou 3 ans et demi, je dois au contraire toujours satisfaire au devoir dominical en intégrant l'un ou l'autre morceau d'Église antéchristisé actuel, qu'il soit moderne ou tradi...
           
        J'ai agi en prophète en lançant mes anathèmes contre le mouvement tradi dans son ensemble, à travers celui "rallié" qui en a été l'occasion et le larron, et ne le regrette nullement, bien au contraire : c'est là, devant le Trône de Dieu, témoignage de ma Foi pour dénoncer les faux-prophètes actuels déguisés en peaux de brebis. Maintenant, et le Christ l'exige de moi, il me reste à agir en simple fidèle, c'est-à-dire à réintégrer un morceau d'Église de mon choix tant que l'Antéchrist-personne n'est pas manifesté au monde, tout en ayant bien conscience que cedit morceau sera antéchristisé, de toutes façons, puisqu'aussi bien... ils le sont tous.
           
        Réintégrer un morceau tradi ? Impossible, en raison de leur mauvaise foi et de leur Foi mauvaise tout court, qui moult me scandalise et que ma Foi ne supporte absolument plus. Réintégrer le gros morceau de l'Église... moderne, alors ? Voilà certes qui me répugne énormément, puisque, il y a quasi 40 ans, je l'ai fui, pratiquant depuis lors ma Foi dans les morceaux tradis. Mais... il n'y a pas d'autres morceaux catholiques, que ceux tradis ou celui moderne ! Alors, alors... que faire, ô mon Dieu, pour bien faire ? Pendant quelques mois, attendant l'inspiration du Saint-Esprit, je me suis contenté de faire comme certains Chouans anticoncordataires aux temps de la Révolution : réciter le dimanche une "messe blanche", c'est-à-dire lire les prières de la messe dans le missel simplement, et faire une communion spirituelle ; ce que je fis avec quelques membres de ma famille qui, notamment à cause du grand'âge, ne pouvaient, eux non plus, satisfaire au devoir dominical...
           
        J'en étais là de mon positionnement crucifié, ecclésialement et dominicalement tout-à-fait crucifié depuis le 15 octobre, quand vint la fête de saint Joseph, 19 mars. Je décidais, comme tous les ans, d'aller prier saint Joseph et l'honorer pour sa fête, dans une petite chapelle qui lui est consacrée, à quelques kms de chez moi ; ce que je fis, vers 10H, ce matin du 19 mars...
           
        J'étais seul, tout seul, et priais à genoux saint Joseph, tristement je l'avoue, à toutes mes intentions, nombreuses. J'avais déjà bien entamé la belle dévotion des 7 douleurs & 7 allégresses de saint Joseph, quand j'entends une voiture s'arrêter tout prêt de la chapelle, puis une autre, etc. : des personnes âgées, pour la plupart, rentrent dans l'oratoire ; je finis vite ma prière, allume un cierge, et accoste l'une d'elle : il y aura une messe dans... un quart d'heure ! Effectivement, j'avais vu des ornements et des hosties sur le petit autel avant de commencer mes prières... mais je pensais que c'était pour la fin de la matinée.
           
        Ce contretemps me parut comme un signe du Ciel et je me sentis fortement inspiré d'assister à cette messe. Je savais bien évidemment que ce serait une messe dans le rite moderne, mais je fus comme poussé à m'unir calmement à la prière de ces gens tout simples venus, au fait, faire exactement la même chose que moi : prier saint Joseph. J'attendis donc le début de la messe, et lorsqu'elle commença, le petit oratoire était bondé de monde. C'était un prêtre âgé, genre "génération Paul VI", qui officiait. Quand bien même elle était de rite moderne, cette messe en l'honneur de saint Joseph fut d'une grande piété, les fidèles étaient recueillis, le prêtre fit un sermon admirable sur saint Joseph, et je fus presque surpris de pouvoir m'unir en paix et sans arrière-pensée à l'assemblée ; je compris soudain, après la Consécration évidemment dite à voix haute par le prêtre, que le Christ était là, sacramentellement là, miséricordieusement là, bien présent, parmi cette foule et son prêtre moderne, et qu'il n'était pas du tout impossible pour moi, pas autant que je l'avais cru, de m'y unir sans réserve par la Foi. Et la pensée libératrice me vint tout-de-suite : si je peux le faire une fois, dans le cadre rituel moderne, pourquoi pas toutes les fois où le devoir dominical l'exige...?
           
        Saint Joseph, patron de l'Église UNIVERSELLE me donna la grande grâce de saisir que le Christ était toujours sacramentellement là, dans ces milieux modernes pourtant si défectueux sur le plan du rite. C'est un grand mystère, mais il en est bien ainsi. Ce qui solutionnait mon problème du devoir dominical d'un seul coup : malgré la forme rituelle tellement insuffisante des offices modernes, je pouvais, sans injurier ma Foi, y assister, le Christ y étant toujours sacramentellement présent. Je l'avais d'ailleurs déjà noté dans mon article du 15 août 2013 sur le devoir dominical dans "la crise de l'Église", en prenant pour preuve des miracles eucharistiques à l'authenticité indubitable, ayant eu lieu dans le cadre du rite moderne (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/zoom-sur-le-devoir-dominical-doit-on-assister-aux-messes-tradis-una-cum-ou-non-una-cum-et-que-penser-de-l-assistance-aux-messes-de-rite-moderne?Itemid=154).
           
        Éh bien ! le grand saint Joseph, le Patron de l'Église Universelle, qui a dans sa main la dispensation de tous les morceaux disparates de l'Église de nos jours, me voyant l'honorer de ma pauvre prière le jour de sa fête, me gratifia par sa grande miséricorde de la lumière du Saint-Esprit pour que je comprenne que je devais satisfaire à mon devoir dominical, désormais, avec le morceau moderne, chez les modernes. C'est ce que je ferais, désormais.
           
        Ce n'est bien sûr pas la solution parfaite. Tout simplement parce qu'aux temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", il n'y a pas de solution parfaite et qu'il ne peut pas y en avoir. Cette messe de saint Joseph, de rite pourtant moderne, fut admirablement bien dite, mais j'assisterai à d'autres messes de rite moderne qui seront certainement moins bien dites. La forme des messes modernes sera certes bien moins parfaite que chez les tradis ; mais le fond me sera beaucoup plus garanti que chez les tradis, à savoir : la théologiquement indispensable union avec l'Église Universelle, seule dispensatrice de la Rédemption, cause et source du salut des âmes. Il n'y a de toutes façons, je le répète, pas de solution parfaite en nos temps ecclésiaux vivant l'économie de la Passion sous "la puissance des ténèbres", pas plus que lorsque Jésus était cloué sur la croix : voulait-Il soulager la traction des bras en reposant sur les pieds, Il agrandissait par-là même la plaie des pieds ; voulait-Il soulager la plaie des pieds en tirant sur les bras, Il agrandissait par-là même la plaie des mains... Ainsi en est-il dans l'Église, de nos jours, pour satisfaire au devoir dominical : si je vais chez les tradis, je suis obligé de souscrire, au moins par défaut, à leurs positionnements complètement hérétiques quant à "la crise de l'Église", et si je vais chez les modernes, alors, les rites sont beaucoup moins purs... Les circonstances ont voulu que je choisisse désormais les modernes, Dieu soit béni des voies qu'Il me fait prendre.
           
        Il me revenait en tous cas de faire mon témoignage à mon lecteur, quant au choix actuel fait par moi pour le devoir dominical, dans le cadre de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que nous avons tous à vivre (et à mourir), et à rectifier sur un point important la conclusion de mon précédent article, qui posait que le fidèle pouvait déjà sortir de toute forme institutionnelle de l'Église de nos jours, moderne ou tradis, alors que nous ne sommes pas encore dans le temps très-rigoureusement compté par Dieu, Mane, Thecel, Pharès, de l'Antéchrist-personne où la Femme doit aller au désert, c'est-à-dire sortir de toute institution, et... seulement à ce moment-là.
           
        C'est chose maintenant faite, mon témoignage est fait.
 
En la fête de saint Joseph,
Patron de l'Église Universelle,
ce 19 mars 2018.
Vincent Morlier 
 
 
 
19-03-2018 11:49:00
 

Le Rd Père de Blignières & le mouvement "rallié", fils de la Lumière ou... fils des ténèbres ?

 
 
 
Le Rd Père de Blignières & le mouvement "rallié",
fils de la Lumière ou... fils des ténèbres ?
 
 
Preambulum
 
        ... Que bien penser des milieux "ralliés" ?
 
        Peut-on y entretenir valablement sa Foi catholique ?
           
        Il faut bien, en effet, notamment pour satisfaire au devoir dominical dans notre "crise de l'Église", se résoudre à fréquenter l'un ou l'autre lieu de culte tradi, à quelque mouvance il appartienne, lefébvriste, sédévacantiste, "rallié" ou guérardien. Quand bien même on les sait doctrinalement tous corrompus de façon ou d'autre, quant à la profession de Foi intégrale, certes d'une corruption toute autre que dans les églises modernes mais hélas pas moins grave, en refusant hérétiquement et/ou schismatiquement de vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que Dieu ordonne pour l'Église d'aujourd'hui, voulant vivre une autre vie d'Église qu'ils se sont inventée contre le Vouloir divin, qui, par voie de conséquence, n'existe pas surnaturellement, et que Dieu ne soutient nullement de sa Grâce... Après avoir cessé de fréquenter une chapelle sédévacantiste devenue tout-à-fait non-catholique par sectarisme obscurantiste, intégriste au pire sens du terme, janséniste même, et j'en passe, la Providence divine a mené mes pas, fin 2008, vers une communauté "ralliée" desservie par les moines de Chémeré, sous la direction du Père de Blignières. Je l'ai fréquentée pendant neuf ans, moins que les vingt-huit ans pendant lesquels j'ai fréquenté la susdite chapelle sédévacantiste certes, mais bail assez long tout-de-même, l'on en conviendra, pour bien jauger des choses, sans apriori, sans partialité et patiemment.
           
        Hélas ! Ce que je savais théoriquement de la Foi "ralliée" corrompue, s'est vérifié pratiquement : à côté d'une Liturgie irréprochable et bien dans le rite tradi, d'une doctrine spirituelle ascétique bien tradi dans les sermons, coexiste chez eux un refus absolu, orgueilleux et sectaire, haineux même, de vivre ce que le Christ-Dieu fait vivre à l'Église aujourd'hui, à savoir "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Les "ralliés", en effet, ont la prétention, à partir d'eux-mêmes, de faire revivre l'Église dans une nouvelle période historique après la crise qu'elle endure présentement, et dont le plus dur est soi-disant derrière nous pour les plus illuminés d'entre eux, même quand Dieu ordonne apocalyptiquement, pour notre présente génération ecclésiale, la Passion de l'Église et sa mise à mort dans son économie de salut actuelle, comme Il a ordonné celle de son Fils il y a 2 000 ans. N'hésitant pas une seule seconde, dans leur rébellion contre la Volonté divine, à épouser l'hérésie vaticandeuse, très-notamment celle de la Liberté religieuse, mais encore les pires mensonges du Vatican, comme par exemple le soi-disant 3ème secret de Fatima prétendument dévoilé l'an 2 000, ou de professer que la consécration de la Russie demandée par Notre-Dame de Fatima est bien faite (!!!), ou bien de rajouter les mystères lumineux de Jean-Paul II à la récitation du Rosaire, tombant ainsi dans la surenchère mystique, pourtant condamnée par saint Jean de la Croix dans l'un de ses traités de mystique, comme étant toujours fausse. Il s'agit en effet, pour les esprits faux, très-superficiels et mondains, des "ralliés", de fabriquer un melting-pot ecclésial, où l'on prétend marier ce qui n'est pas absolument mauvais dans l'église moderne actuelle, ou qu'on veut, en se mentant à soi-même, ne pas croire mauvais (de telle façon à s'entretenir dans l'illusion que l'Église n'est pas atteinte dans sa Constitution divine même, comme c'est cependant le cas par exemple avec l'hérésie conciliaire de la Liberté religieuse), avec la tradition doctrinale du passé, méli-mélo ecclésial dans lequel l'âme est censée faire son salut et qui doit être la souche de la restauration ecclésiale de demain... que les "ralliés" commencent déjà aujourd'hui, fiers et preux pionniers de la Restauration de l'Église. Pas question, dans un tel schéma, va sans dire, de dénoncer les pires vilenies doctrinales du pape François, ne serait-ce que pour s'en préserver.
           
        Le plus important, pour le "rallié", est en effet de refuser de prendre acte que la fumée de Satan est rentrée, non pas seulement dans "le peuple de Dieu" comme l'avait dit le pape Paul VI en 1972, mais surtout DANS l'Église elle-même en tant qu'Institution divine, ce qui signifie bien sûr que l'Épouse du Christ vit sa crise dernière, proprement apocalyptique, avant la Parousie. Le "rallié" veut vivre une Église qui n'est pas "faite péché pour notre salut", il refuse qu'elle soit crucifiée, et ce fut Vatican II, pour faire court, qui enregistra cette crucifixion, agonisant depuis lors dans la "si grande contradiction" et sous "la puissance des ténèbres". Il ne veut pas souffrir avec l'Église, même quand Dieu veut qu'elle souffre la Passion pour devenir co-rédemptrice. Son programme est celui de feu Dom Gérard de l'abbaye du Barroux, l'un des leurs : "Demain, la chrétienté [... d'hier]". Au diable, la Volonté de Dieu qui veut que l'Église vive apocalyptiquement sa propre Passion, le "rallié" veut une Église dans l'Histoire, au Thabor et victorieuse sur les forces du mal. Entêté très-orgueilleusement dans son aveuglement, il ne peut manquer de tomber dans ce qu'André Frossard avait dit des tradis : "Ils veulent faire la Volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu !"
           
        Ce faisant, le "rallié" n'arrive qu'à se construire une pseudo-vie d'Église qui n'existe pas surnaturellement, dans un surréalisme spirituel en forme de bulle de savon, prêt à éclater dès le moindre contact avec le réel ecclésial contemporain. Et c'est sans doute là que se situe la raison pour laquelle il y a défections ou lâchages de prêtres chez eux, autant chez les jeunes d'ailleurs que chez les plus anciens : tout-à-coup, dans les esprits les plus honnêtes et lucides, il y a soudain prise de conscience que tout ce décorum "rallié" n'est rien d'autre, sur le plan spirituel, que du carton-pâte. Comme le disait Bossuet : "Le plus grand désordre de l'esprit est de vouloir que les choses soient, non ce qu'elles sont, mais ce qu'on voudrait qu'elles soient" ; et ce n'est évidemment pas sans conséquences désastreuses.
           
        Il est fort important en effet, de nos jours, de vivre la spiritualité authentique de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", sinon, ne vivant pas ce que "l'Esprit dit à l'Église", alors, on ne peut manquer, soit de lâcher la Foi, le combat spirituel nécessaire au salut, soit au contraire de sectariser sa Foi, la manière de la vivre, car on s'invente une pseudo-vie d'Église que la grâce ne soutient pas, et donc, on est obligé, pour la vivre, de le faire avec ses propres forces humaines. C'est ce qu'ont fait les zélotes au temps du Christ. Cela devient donc une pseudo-vie d'Église sectarisée, tenue à bout de bras en l'air avec des forces humaines qui ne sont plus ordonnées à la Charité de Dieu. On pourrait dire, en forçant quelque peu le trait, que cela devient une vie d'Église pélagienne, fasciste. Malheureusement pour eux, Dieu sait si les "ralliés" illustrent on ne peut mieux, cette loi spirituelle que je viens d'exposer : ils vivent leur Foi en la ghettoïsant avec grand soin, refusant avec l'énergie du désespoir, c'est bien le cas de le dire, tout ce qui pourrait remettre en cause l'ecclésiologie frauduleuse qu'ils se sont construite sur le sable de leur illusion, et non pas sur le Roc de la vérité ecclésiale de notre temps. "Ils veulent faire la Volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu !" La Volonté de Dieu, c'est que l'Église vit la Passion ; il ne s'agit donc pas de tenir bon sa Foi dans l'attente d'une renaissance de nature historique de l'Église qui n'aura pas lieu, il s'agit de tenir bon dans l'attente de la mort apocalyptique de l'Église qui aura lieu, puis, après cette mort qui sera opérée sous le règne de l'Antéchrist-personne, tenir bon encore, car : "Voici, Je viens   bientôt ; tiens ferme ce que tu as reçu, de peur qu'un autre ne prenne ta couronne" (Apoc III, 11).
           
        Quant à moi, plongé par la Providence de Dieu dans ce milieu trouble, certainement pour rendre témoignage de la Foi intégrale à mon humble place, mais encore pour ma nécessaire pénitence ascétique, j'ai sans cesse essayé, depuis neuf ans, par de nombreux courriels savants et argumentés à eux adressés, de "droitiser" le combat de ces prêtres "ralliés", sans jamais les condamner ni les juger, en les invitant aimablement mais fortement à prendre conscience de la fausseté intrinsèque et viscérale de leur positionnement ecclésiologique : Dieu daignait se servir du pauvre instrument que je suis pour les amener à résipiscence (et sans doute aussi pour amasser des charbons ardents sur la tête des méchants parmi eux). Je n'ai reçu de leur part en retour que silences hostiles ou palinodies de réponses quand il y en eut, etc. ; rien qui, au demeurant, ne m'ait vraiment surpris, chacun sait que le dialogue avec les périphéries de la Foi tradi s'arrête évidemment là où commence l'idéologie de chacune des mouvances du Tradiland, sédévacantiste, lefébvriste, "ralliée", guérardienne ; au-delà, c'est nada, tabou, on ne dialogue plus ! Ce qui montre bien, pour en rester à lui, que le mouvement "rallié" fonctionne comme une secte, il en a toutes les mœurs, à la fois détestables, orgueilleuses et vindicatives, sous des dehors faussement libéraux voire mondains...
           
        J'ai finalement compris que mon devoir de Foi, devant Dieu, était désormais de fuir toutes ces sectes camouflées derrière des dehors très-hypocrites de bien spirituel et de catholicité, et ai pris la décision de cesser de les fréquenter. Le prêche menteur d'un prêtre de Chémeré déclarant hautement que la Consécration de la Russie était bien faite par Jean-Paul II en 1984, ce pape "marial s'il en fut jamais" (!!!), me fit soudain comprendre qu'ils ne reviendront jamais du mensonge ecclésial dans lequel ils veulent vivre perseverare diabolicum ; je tiens à préserver mon âme de leur mensonge continuel, qui pourrait mettre ma Foi en péril. À voir le sectarisme de zélote où toutes les mouvances du Tradiland sont arrivées, je dirai bien, tel Jésus de Judas Iscariote : "Il eût mieux valu qu'elles ne fussent point nées". La Foi, en effet, c'est un tout : il ne s'agit pas, pour satisfaire son devoir dominical, de tolérer au-delà d'une sainte mesure de tolérance, le mensonge latent dans lequel les milieux tradis, quels qu'ils soient, vivent et font vivre les âmes au niveau de "l'aujourd'hui de  l'Église" : impossible en effet, de sacrifier l'Église véritable qui vit présentement sa Passion... pour recevoir les sacrements du salut (on ne saurait au reste être étonné d'avoir à vivre cette "si grande contradiction" que saint Paul nous dit être inhérente à l'économie de la Passion du Christ... puisque l'Église vit sa Passion) ! Il me semble avoir été vraiment jusqu'aux extrêmes limites de cette sainte tolérance, avec les "ralliés" et plus généralement avec toutes les mouvances tradis, quelles qu'elles soient.
           
        Il faut bien comprendre que nous vivons les temps de l'Antéchrist : il viendra un temps où les morceaux disparates d'Église qui restent actuellement dans le monde, qu'ils soient modernes ou (prétendument) tradis, NE TRANSMETTRONT PLUS DU TOUT LA GRÂCE DU CHRIST, MAIS AU CONTRAIRE, TRANSMETTRONT LE PÉCHÉ DE L'ANTÉCHRIST. L’Église est actuellement comme un caméléon, cet animal qui prend la couleur de fond sur lequel il est posé, un caméléon qui, avançant de plus en plus vers le noir, prend lui-même de plus en plus la couleur du noir... L'Église, pour s'aboucher et s'accoupler de plus en plus avec la Démocratie universelle et ses mœurs œcuménistes hétérodoxes, va devenir en effet de plus en plus la grande Prostituée de Babylone dénoncée par saint Jean dans l'Apocalypse, que feu l'abbé de Nantes, inspiré sur cela, a judicieusement appelé dans une langue plus moderne, le MASDU, Mouvement d'Animation Spirituelle de la Démocratie Universelle. Pour garder la Foi, je dis bien : pour garder la Foi, il faudra donc EN SORTIR, tôt ou tard. À un moment différent pour chacun, sans doute, selon sa propre voie spirituelle, celle où le Christ l'a placé et le fait cheminer. Quant à moi, ce moment semble être venu maintenant...
           
        "SORTEZ DU MILIEU D'ELLE [= Babylone-la-grande, la Prostituée dont l'Église moderne, très-notamment par la Liberté religieuse, a épousé le péché] Ô MON PEUPLE, AFIN DE NE POINT PARTICIPER À SES PÉCHÉS, ET DE N'AVOIR POINT PART À SES CALAMITÉS ; CAR SES PÉCHÉS SE SONT ACCUMULÉS JUSQU'AU CIEL, ET DIEU S'EST SOUVENU DE SES INIQUITÉS [et va donc la châtier irrémédiablement, c'est-à-dire la rejeter complètement, comme la suite du chapitre nous le montre indubitablement]" (Apoc XVIII, 4-5). Prophétie apocalyptique d'ailleurs déjà faite dans l'Ancien-Testament, par Jérémie, en LI, 45, qui donne cette terrible précision : "Sortez, ô mon peuple ! du milieu d'elle, AFIN QUE CHACUN SAUVE SON ÂME DE L'ARDENTE FUREUR DU SEIGNEUR. Ainsi donc, il adviendra un moment sacrilège où l'Église, "faite péché pour notre salut" depuis Vatican II pour faire court, sera supplantée par l'Antéchrist-personne qui lui donnera le coup décisif de la mort dans son règne maudit entre tous ; comme son divin Époux, le Christ, elle mourra dans la figure du monde qui passe, pour se retirer un court temps dans le Sein de Dieu. L'Antéchrist-personne commettra en elle, ou plutôt dans l'écorce vide de l'Église qui lui restera dans les mains, le péché formel, lequel déclenchera l'Intervention divine parce que "la voûte des cieux en sera percée" (Secret de La Salette). Toute âme qui veut son salut devra avoir quitté l'écorce vide de l'Église avant ce moment-là, où elle recevra le coups de la mort par l'Antéchrist-personne. C'est donc au plus tard du plus tard lorsque "Rome deviendra le Siège de l'Antéchrist" comme prédit lapidairement et divinement le Secret de La Salette, qu'il faudra quitter ce qui sera devenu l'écorce de l'Église. Il faut bien saisir ceci : à partir du moment où l'Église est "faite péché pour notre salut", c'est-à-dire où elle rentre dans sa Passion, et c'est depuis le Concordat napoléonien de Pie VII, l'Antéchrist-légion a pouvoir d'investir l'Église SANS ÊTRE VU. Il commence par se cacher derrière les fautes de faiblesse de toute une génération de papes modernes, concordat, ralliement, Vatican II, etc., pour se dévoiler de plus en plus dans la personne des papes, dont l'avant-dernier sera le plus "antéchristisé" avant son apparition en ce monde, Dieu le permettant ainsi "pour que l'Écriture s'accomplisse", pour l'Église comme pour le Christ. Et alors, le mysterium iniquitatis étant parfaitement mûr, l'Antéchrist-personne apparaitra en ce monde sur le Siège de Pierre, que Notre-Dame à La Salette appelle pudiquement "le Siège de Rome" dans un langage à peine voilé, comme dernier pape légitime. C'est tout le sens de l'incroyable prophétie de La Salette : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist". Notre suprême et affreuse épreuve consistera justement en ce que l'Antéchrist-personne sera le légitime et dernier pape puisqu'il sera cet "Agneau [= figure scripturaire du grand-prêtre] à la voix de dragon" dénoncé dans l'Apocalypse.
           
        "Quand Je reviendrai, trouverai-Je encore la Foi ?" Ô Jésus ! Mon Sauveur et mon Dieu ! J'ai envie de Te répondre : "Cela dépend de Toi !" Toi seul en effet a le pouvoir de nous conserver dans la Foi en Toi, nous ne sommes, tous que nous en sommes, rien, et nous ne pouvons pas garder la Foi en Toi par nos propres forces ! Nous pouvons juste, à deux genoux, Te demander de daigner porter un regard de commisération et de miséricorde sur nos pauvres bonnes volontés souvent si impuissantes ! Alors, Vie de toutes nos vies, aie grande pitié de nous, Fils de Dieu et Fils de l'Homme, assiste-nous de ta divine Grâce, nous avons tant besoin de Toi pour garder Foi en Toi et nous sauver !
           
        Mais il est temps de terminer ce très-long Préambule. J'ai donc profité des dix ans d'anniversaire de la fondation "ralliée" de la communauté de La Roë, et du sermon prononcé par le Père de Blignières à cette occasion durant la messe, pour lui faire une grande épître, afin de récapituler et dénoncer leur grave déviance au niveau de la Foi. Le lecteur au courant des mœurs sectaires des mouvements tradis dans leur ensemble, et pas seulement "ralliés", ne sera pas surpris que le très-auguste prieur de Chémeré ne m'en ait fait aucune réponse. On les connaît si bien ! Que ce soient les lefébvristes, les sédévacantistes, les guérardiens, les "ralliés", dès qu'ils sont coincés dans leurs raisonnements hérétiques et/ou schismatiques, dès qu'ils se sentent pris aux tripes de leurs honteuses palinodies, alors... ils font les morts (et on peut hélas craindre que c'est parce que, spirituellement, ils le sont vraiment). Pour ne surtout pas avoir à se réformer. "Courage ! fuyons" fut donc toute la dialectique de dominicain déployée par le Père de Blignières, le vrai courage de la Foi n'étant pas son fort, pour répondre à mon épître...
           
        C'est cette épître, qui démasque, au mieux je pense, toute la fausseté et la fourberie de l'ecclésiologie "ralliée", que je reproduis ici intégralement, dans ce nouvel article pour mon Blog.
           
        J'en souhaite excellente et fructueuse lecture à toutes les âmes de bonne volonté qui la liront... et aussi à celles qui ne sont pas de bonne volonté, pourquoi pas. 
           
 
        Révérend Père de Blignières,
           
        Le sermon que vous avez prononcé dans cette messe anniversaire a bien fait ressortir votre spiritualité, celle qui est la vôtre, et plus généralement celle de la mouvance Ecclesia Dei où vous vous situez, spiritualité que vous voulez croire la meilleure possible, la plus sanctifiante, dans le cadre de "la crise de l'Église" que nous vivons tous, prêtres et laïcs.
           
        Je ne peux manquer de vous dire, en toute simplicité, ce que j'en pense, en tant que catholique mais encore comme fidèle de La Roë depuis 9 ans. C'est un devoir pour moi, et un devoir de Charité, autant d'ailleurs pour mon âme que pour la vôtre et celles qui liront cette épître. Le pape François se veut très-fort en voulant dialoguer la Foi dans les périphéries ; il faudrait peut-être mieux commencer par la dialoguer, cette Foi, entre les catholiques, c'est encore plus urgent, car les fondamentaux de la Foi vacillent d'abord dans les âmes des catholiques.
           
        Un dialogue de Foi. C'est ce que je vais essayer de faire avec vous, mon Rd Père, par ce présent courriel, du moins de mon côté. Il n'y aura aucune condamnation dans cette épître, je n'en ai aucune en tête, je croirais me condamner à proportion même où je condamnerais.
           
        Cependant, il faut bien dire certaines choses. Il y a un gravissime "décalage" dans votre spiritualité, qui est très-dommageable à la Vérité plénièrement vraie dans laquelle toute âme, de nos jours, doit vivre pour son salut.
           
        Tout le fond de votre sermon a consisté, en effet, à présenter la liturgie traditionnelle comme l'essence même de la Foi, de la vie de la Foi. C'est fort bel et bon, et j'en profite moi-même avec joie spirituelle, gratitude et reconnaissance, envers le Bon Dieu et ses instruments que vous êtes, vous, les moines de Chémeré, depuis 9 ans donc à La Roë. Mais ce n'est pas suffisant de présenter les choses ainsi. Outre la liturgie traditionnelle et la doctrine générale du salut, il faut, pour vivre vraiment de la Foi en tant que catholique contemporain, aussi vivre "l'aujourd'hui de l'Église" comme s'exprime le moderne. Vivre dans notre âme ce que le Saint-Esprit fait vivre à l'Épouse du Christ aujourd'hui. Vouloir vivre sa Foi in abstracto de cet "aujourd'hui de l'Église" en se réfugiant intellectuellement dans la doctrine générale du salut et la liturgie, comme dans un cocon douillet qu'on claquemure et calfeutre avec grand'soin de tous côtés pour qu'il soit indestructible, inattaquable, consisterait à vivre sa Foi dans un surréalisme spirituel illusoire, c'est-à-dire dans une pseudo-réalité spirituelle qu'on s'inventerait au-dessus de la réalité, pour ne pas vouloir vivre sa Foi dans la vraie réalité spirituelle que la Providence divine ordonne pour notre temps ecclésial.
           
        Je descends dans la pratique.
           
        C'est quoi, "l'aujourd'hui de l'Église" ? Dans lequel, donc, nous devons vivre notre Foi, sous peine de s'abuser soi-même quant à l'exercice et la mise en oeuvre concrète de notre Foi ? C'est que l'Église vit LA PASSION DU CHRIST, elle vit l'économie très-particulière de la Passion, in concreto duro, jusqu'à ce que mort s'ensuive, usque ad mortem. Ici, j'affirme la vérité, je prouverai plus loin cette affirmation.
           
        C'est quoi, l'économie de la Passion du Christ, que donc revit présentement l'Église ? Saint Paul l'a merveilleusement bien synthétisée en deux révélations lapidaires, comme lui seul sait si bien le faire, que voici : "Le Christ a été fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21), et il dépeint dans une autre épître la Passion comme "une si grande contradiction" (Heb XII, 3) ; il faut compléter avec ce que le Christ dit Lui-même, lors de sa Passion : "Voici l'heure et la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53).
           
        C'est quoi, que l'Église vit sa Passion propre et personnelle, à l'instar de celle de l’Époux ? Cela signifie essentiellement que la crise ecclésiale qui l'enregistre est la dernière, la toute dernière, celle devant précéder immédiatement la Parousie, celle-ci étant elle-même précédée du règne de l'Antéchrist-personne, qui manifestera abominablement une apocalypse du mal, "récapitulant et ramassant en lui les 6 000 ans d'iniquités" selon saint Irénée de Lyon, avant d'être terrassé lui-même par le Retour du Christ en Gloire venant premièrement ressusciter l'Église que l'Antéchrist-personne aura fait mourir de mâlemort dans son économie de salut actuelle, dite du temps des nations.
           
        Or, nous avons une certitude de Foi, de fide, que l'Église vit sa Passion propre et personnelle dans notre contemporanéité, que nous sommes donc dans cette crise ecclésiale dernière, proprement apocalyptique, par l'actualisation dans cette dite crise de tous les signes eschatologiques. Il ne faut pas s'imaginer en effet être catholique, si l'on croit que l'âme chrétienne est fondée, dans toutes les générations d'hommes y compris celle dernière, à poser en doute systématique le fait qu'elle vit, ou bien non, la fin des temps ! Il y a une génération d'hommes où les signes eschatologiques, qui sont Paroles du Saint-Esprit quant à la fin des temps, sont actualisés très-certainement, très-formellement, en opposition avec ce que les générations du passé ont enregistré. Et lorsque cesdits signes eschatologiques sont actualisés dans cette génération-là, et dans celle-là seulement, alors, le devoir formel du catholique est de croire qu'il vit la fin des temps, avec toutes les très-graves conséquences qui en découlent sur le plan de la Foi, dont je vais développer les principales ci-après, et c'est une croyance de l'ordre de la Foi, de fide. Celui qui, au vu de l'actualisation à son époque des signes eschatologiques, mettrait en doute formel le fait qu'il vit certainement la fin des temps, à l'instar des antiques pharisiens qui avaient des yeux pour ne voir point l'accomplissement messianique, ne serait tout simplement pas catholique, il serait anathème. Je suis obligé de constater, mon Rd Père, que votre spiritualité quant à "la crise de l'Église", et plus généralement celle de la mouvance Ecclesia Dei, tombe sous cet anathème. Pour l'instant du moins. Car il est à peine besoin de préciser que votre spiritualité, votre ecclésiologie actuelle, n'inclut nullement cette conscience d'être à la fin des temps, c'est-à-dire de voir l'Église être sous "la puissance des ténèbres", avec la finale inéluctable de mourir prochainement dans son économie de salut actuelle sous et par le règne de l'Antéchrist-personne. J'espère de tout cœur, au moins, que vous n'en êtes pas au niveau parfaitement hérétique de l'abbé Francesco Ricossa qui, en suivant un auteur moderniste, ose carrément récuser la doctrine catholique de la fin des temps, sans aucun complexe ni retour salutaire sur sa Foi, niant, entre autres, qu'il y ait un vrai règne de l'Antéchrist-personne devant clore la fin des temps...
           
        Les signes eschatologiques, en effet, ne sont pas des nostradamuseries ou des prédictions astrologiques de Mme Soleil, voyante extra-glucide à la mode, ce sont des signes engendrés par Dieu dans notre univers physique ou ecclésial, on pourrait dire qu'ils sont des signes métaphysiques parce qu'ils sont des réactions de la nature telles que Dieu les a programmées en icelle, lorsque la fin approche. Réactions naturelles devant la mort qui approche, qui, donc, sont l’œuvre de Dieu. Ils sont consignés avec précision, et même dans le menu détail pour certains, par le Saint-Esprit, tant dans l'Ancien que dans le Nouveau Testament, afin que l'homme soit prévenu. Et qu'il en soit prévenu, non pour satisfaire une curiosité vaine, mais pour son salut. Il y a donc péché très-grave, et même péché contre le Saint-Esprit, de n'en tenir point compte, c'est non seulement attenter à la Parole de Dieu mais mettre son salut en péril, et c'est pourquoi Notre-Seigneur dans l'Évangile nous fait un devoir formel d'en prendre conscience lorsqu'ils s'actualisent : "Quand vous verrez ces signes, etc.", nous dit-Il, insistant même lourdement, en prenant la parabole du figuier qui bourgeonne annonçant ainsi l'été, pour que l'âme catholique comprenne bien à quel point c'est important de conscientiser ces signes eschatologiques lorsqu'ils font leur apparition en notre monde, en notre église et en notre temps.
           
        Or, les signes eschatologiques sont comparables et ont même valeur théologique que les signes messianiques devant accompagner la venue du Messie en ce monde, c'est-à-dire ils ont valeur de certitude formelle quant à ce qu'ils annoncent, à savoir la fin de ce monde. Pour bien le comprendre, méditons attentivement l’Évangile et rappelons-nous qu’à l’époque de Jésus, toute la nation juive attendait ardemment l’apparition du Messie. Jean le Baptiste ne fait que traduire l’aspiration générale et fervente de ses concitoyens et coreligionnaires juifs, lorsqu’il fait poser par ses disciples à Jésus la grande question, questio magna : "Es-tu celui que nous attendons ?" Or, que répond Jésus pour asseoir formellement la croyance de Jean ? Notre-Seigneur répond en prenant comme critères de réponse uniquement et exclusivement l’accomplissement des signes messianiques sur sa Personne : "Allez, et dites à Jean : les aveugles voient, les boiteux marchent, les sourds entendent, etc.", tous signes annoncés scripturairement par les prophètes de Yahweh comme devant être les signes topiques et exclusifs du Messie. Notons avec soin comme Jésus, maître de doctrine, ne donne aucun autre critère pour que Jean puisse poser une croyance formelle dans le fait qu'Il est le Messie ou bien non. Et cela, qu’il est particulièrement important de retenir, signifie que c’est parce que l’accomplissement des signes messianiques ou eschatologiques est théologiquement SUFFISANT pour asseoir une croyance formelle (soit, quant aux signes messianiques, pour croire que Jésus était certainement le Messie ; soit, quant aux signes eschatologiques, pour croire que nous sommes certainement à la fin des temps, dans l'économie affreuse de "la puissance des ténèbres" soumettant même l'Église à son pouvoir, comme le Christ y fut soumis il y a 2 000 ans). Ce que, de son côté éclairé, Jean le Baptiste saisit fort bien, et c’est pourquoi la réponse de Jésus suffit à ce vrai juif, cet homme de Foi, pour Lui donner croyance et adhésion formelles en tant que Messie. Quel aurait été le péché de Jean le Baptiste, Rd Père de Blignières, s’il avait osé objecter à la réponse de Jésus que les signes messianiques sur sa Personne n’étaient pas suffisants pour asseoir la croyance qu'il était le Messie ? S’il avait relativisé cesdits signes ? Il aurait été exactement le péché des catholiques actuels, en ce compris ceux tradis, qui refusent d’enregistrer, au vu des signes eschatologiques cependant présentement tous accomplis à notre époque, et à notre époque seulement, que nous sommes certainement à la fin des temps. À savoir LE PÉCHÉ CONTRE L’ESPRIT, de soi irrémissible en ce monde et en l’autre lorsqu'il est commis formellement.
           
        La question qui suit s'impose d'elle-même dans mon discours de la méthode : c'est quoi, les signes eschatologiques ? Il y en a une bonne douzaine, tous révélés infailliblement dans la Sainte-Écriture. N'en avez-vous donc point remarqué l'actualisation certaine d'au moins un seul, Rd Père de Blignières ?! C'est bien curieux. Quant à moi, fort frappé d'en voir certains advenus dans mes jours terrestres, visibles comme éléphante enceinte dans corridor étroit, j'avais, en 1992, en collaboration avec les membres d'une association "Diffusion Catholique de la Fin des Temps (DFT), que j'ai quittée depuis, co-écrit un livre-programme Actualité de la fin des temps, pour faire de tous cesdits signes une étude systématique. On avait construit le livre de la manière la plus simple du monde : un chapitre par signe eschatologique, auquel on avait rajouté quelques signes de fin des temps révélés, dans des prophéties privées, par des saints (par ex. : saint Vincent Ferrier, qui vous est très-proche, a prophétisé très-clairement qu'à la fin des temps, les hommes s'habilleront en femme et les femmes en hommes ; il est à peine besoin de dire que cette prophétie est plus que réalisé, jusque dans son essence, à l'heure de... la théorie du gender ! En effet, le dominicain-prophète voulait prophétiser que les humains de la dernière génération seront moralement si dégénérés et impies qu'ils iront jusqu'à prétendre abolir la différenciation sexuelle, mais il ne pouvait prévoir jusqu'où irait leur perversion, il en était resté à l'habit ! Nous sommes rendus bien plus loin !! Ce signe-là est d'ailleurs une constante prophétique privée, car saint Vincent Ferrier n'était pas le seul à le prophétiser comme devant être signe topique de la fin des temps, d'autres saints l'ont fait comme lui. Itou pour les prodigieuses avancées technologiques qui accompagneront la dernière génération d'hommes, cet autre signe est aussi une constante prophétique qu'on trouve également chez plusieurs saints. Cependant, ces signes eschatologiques révélés par prophéties privées n'ont pas la valeur critériologique ni le poids de ceux qui sont scripturairement, et donc infailliblement, révélés par le Saint-Esprit dans la Sainte-Écriture qui, eux, ont une portée divine).
           
        Schématiquement, on peut cataloguer ces signes eschatologiques infailliblement révélés par le Saint-Esprit dans la Sainte-Écriture en deux catégories : certains demandent le criterium de la Foi pour savoir si, oui ou non, ils sont actualisés en notre temps, et en notre temps seulement (ex. : la grande Apostasie ou abandon de la Foi par la majorité des âmes aux temps de l'Antéchrist, exige d'avoir la Foi, bien sûr, pour se rendre compte si, oui ou non, il est réalisé : quelqu'un qui n'a pas la Foi ne peut pas se rendre compte si, in globo, une génération d'hommes a abandonné... la Foi !) ; d'autres, par contre, ne sont pas de nature spirituelle, ils sont au contraire foncièrement matériels, physiques, géographiques, ce sont des signes que j'oserai dire juifs, c'est-à-dire qu'ils sont perçus par les sens de tout homme, qu'il ait, ou bien non, la Foi, qu'il soit pie ou impie. Un petit chien sur le trottoir pourrait, s'il avait une conscience, se rendre compte s'ils sont actualisés ou non. C'est justement en faisant allusion à ces signes eschatologiques qui ne demandent que des yeux physiques pour savoir avec certitude s'ils sont, ou bien non, advenus en notre temps et notre monde, que Jésus donne l'ordre de... les voir : "Quand vous verrez ces signes, etc."
           
        Alors, maintenant, attention, Rd Père de Blignières, faites bien attention à votre âme. La suite de mon propos va vous obliger à poser un acte de Foi très-important devant Dieu, pas devant votre serviteur qui vous écrit ces lignes et qui n'est rien. Vous allez pouvoir vous rendre compte vous-même, et Dieu également, par la réponse intérieure que vous allez faire, si vous faites hélas partie des pharisiens qui refusent agnostiquement de voir ce que leurs yeux voient (néo-pharisiens donc, dans notre fin des temps non plus, comme il y a 2 000 ans, messianique, mais eschatologique cette fois-ci), ou alors, ce que j'espère de tout cœur, si vous faites partie des humbles qui acceptent de passer sous les fourches caudines du Saint-Esprit, soumettant humblement votre esprit à Sa Parole quant à la fin des temps. Je vais en effet à présent vous mettre sous les yeux un signe eschatologique de la seconde catégorie, qui donc ne demande aucun criterium de Foi pour savoir s'il est advenu ou bien non, juste des yeux physiques pour voir, un signe eschatologique formellement advenu en notre temps, et en notre temps seulement, dont même Grosjean, l'innocent du village, serait coupable devant Dieu de n'en point prendre conscience. Faites bien attention donc, Rd Père de Blignières, à l'attitude que vous allez adopter quant à ce signe.
           
        Il s'agit, justement, du signe juif. Les prophètes de l'Ancien-Testament sont unanimes à prophétiser un retour physique des juifs en terre géographique d'Israël à la fin des temps, de tous les temps historiques (en vue de leur conversion finale en corps de nation). Il y a évidemment un sens de la prophétie qui est historique, comme s'accomplissant sous Esdras lors du retour des juifs dans leur terre-patrie après l'exil de Babylone, il y a aussi bien entendu un sens spirituel à donner à la prophétie (comme signifiant la conversion finale du juif, selon la prophétie de Zacharie : "Ils regarderont vers Celui qu'ils ont transpercé"), MAIS il y a un troisième sens, purement eschatologique celui-là, d'un retour physique des juifs en terre géographique d'Israël comme signe topique de la fin des temps, troisième sens eschatologique qui achève le sens historique, incomplet sous Esdras. Même saint Jérôme, pourtant fort peu enclin à désenvelopper le sens eschatologique dans ses commentaires des prophètes, surtout quand ils sont à connotation millénariste, le consigne. Et Notre-Seigneur Jésus-Christ, dans l'Évangile, ne fait que récapituler, en maître de doctrine qu'Il est, ce signe eschatologique juif, lorsqu'Il prophétise formellement en Luc XXI, 24 : "Jérusalem sera foulé aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli". En fait, Jésus récapitule sur Jérusalem, microcosme de tout Israël, la grande prophétie eschatologique du retour juif, signe topique de la fin des temps.
           
        Or, si je tourne mes yeux vers Jérusalem, et je vous invite ici à le faire comme moi mon Rd Père, je vois, et tout le monde peut le voir, que Jérusalem n'est plus foulé au pieds par les nations, Jérusalem est foulé aux pieds, de nos jours, par les juifs, et par les seuls juifs, en leur nom et qualité de juif. Et de nos jours seulement, car une telle chose n'est jamais arrivée depuis la prophétie de Notre-Seigneur, il s'en faut extrêmement, dans aucune des générations historiques passées depuis 2 000 ans. Le langage parabolique employé par Notre-Seigneur : "foulé aux pieds", signifie en effet, en langue moderne : "occupation politique". Jérusalem est de nos jours complètement sous le pouvoir politique juif (même la mosquée d'Omar et l'important territoire du mont du Temple qui l'entoure, l'est ; les arabes musulmans ne la possèdent que par concession des juifs, après la guerre des 6 jours... concession qu'ils n'auraient d'ailleurs jamais dû leur faire, ils s'en mordent les doigts maintenant). Puisque Jérusalem n'est plus "foulé aux pieds" par les nations, mes yeux me montrent en effet indubitablement qu'elle l'est par les juifs, alors, le temps des nations est donc "accompli", autrement dit, nous sommes très-certainement, depuis l'accomplissement de ce signe eschatologique, dans la période de la fin des temps ; ce n'est pas seulement une possibilité, une thèse discutable, c'est, comme je l'ai expliqué plus haut en rappelant la valeur théologique formelle du signe eschatologique, une certitude de l'ordre de la Foi, de fide.
           
        Tout signe eschatologique qui s'incarne sur cette terre a une naissance, une maturation, un achèvement final (la grande loi posée par Garrigou-Lagrange dans Les trois conversions, les trois voies, s'appliquent aussi très-bien aux signes eschatologiques). Ces trois étapes, car le signe eschatologique juif est parfaitement finalisé à l'heure où je vous écris mon Rd Père, sont on ne peut plus simplement discernables dans l'étude de l'incarnation dudit signe.
           
        1917-1967-1980 sont les trois dates historiques qui voient respectivement la naissance, la croissance et l'achèvement complet de ce signe eschatologique formel qui, je le répète, oblige tout catholique à professer de Foi, de fide, qu'il vit la fin des temps aux jours d'annhuy, sous peine de pécher contre le Saint-Esprit.
           
        2 Novembre 1917. C'est la Déclaration de l'anglais Balfour qui libère le territoire palestinien, en ce compris Jérusalem, de l'occupation ottomane vieille de quatre siècles exactement (1517), y concédant un "foyer national juif" (a jewish national home). À partir de 1917, le juif "foule aux pieds" Jérusalem en tant que juif, certes sous mandat anglais délivré par la SDN, l'ancêtre de l'ONU, ce n'est encore que la naissance du signe eschatologique, mais il le fait en sa qualité de juif. Et c'est bien cela qui commence à réaliser la prophétie eschatologique de Notre-Seigneur. 2 Novembre 1917. Vous ne manquerez pas de noter avec grande attention, mon Rd Père, que nous sommes là à quelques jours seulement du... 13 octobre 1917, l'apparition de Fatima, dont le sens profond est d'avertir les hommes qu'ils rentrent dans la période de la fin des temps, ce que montre très-évidemment, sauf pour ceux qui ont des yeux pour ne voir point, le grand miracle du soleil et de l'arc-en-ciel qui, soit dit en passant, commence à réaliser, lui aussi, un autre signe eschatologique, celui des "grands signes dans le ciel" (Lc XXI, 11). Petit à petit, les juifs vont de plus en plus occuper, politiquement contrôler, de 1917 jusqu'en 1967, la partie ouest de Jérusalem : par conséquent, à proportion même, ce ne sont plus "les nations" qui la foulent aux pieds.
           
        La guerre des 6 jours en 1967 libère la partie est de Jérusalem, encore aux mains des jordaniens, jalon de croissance qui voit désormais TOUT Jérusalem être "foulé aux pieds" par les seuls juifs, est et ouest, et non plus seulement la partie ouest de Jérusalem, comme avant l'an 1967. Déjà à cette date, on peut dire que le signe eschatologique jérusalémite est absolument finalisé, achevé...
           
        Mais j'en vois la finalisation définitive dans la presque incroyable déclaration de la Knesset, le parlement de l'État d'Israël, en 1980 : "Jérusalem est capitale ÉTERNELLE de l'État d'Israël". Cette déclaration, certainement inspirée par le Saint-Esprit aux juifs actuels, quand bien même ils ne sont pas convertis encore, mêle en effet la métaphysique à la politique d'une manière époustouflante : le qualificatif "éternel" n'a rien de politique, c'est une déclaration presque divine...! Pour bien en jauger, considérons qu'aucun autre pays du monde n'a déclaré dans un document officiel que sa capitale était... éternelle ! Et pourtant, pour ne prendre que cet exemple, si Paris n'était plus la capitale de la France, il est aisé de comprendre que la France ne serait plus la France ! Mais il n'est pas venu une seule seconde à l'esprit des députés du Parlement français de déclarer Paris capitale éternelle de la France, et pourtant, humainement parlant, ils y auraient été aussi fondés que les députés juifs le faisant pour Jérusalem... À partir de 1980 donc, le signe eschatologique juif est vraiment complètement et absolument réalisé, avec son message clair, sorti de la bouche infaillible de Jésus-Christ Notre-Seigneur : Jérusalem n'étant plus foulé d'aucune manière par les nations, nous sommes donc, en toute certitude, dans la période de la fin du temps des nations. Vous aurez peut-être remarqué que je ne tiens pas compte du jalon de la création de l'État d'Israël, en 1948. C'est parce qu'il ne regarde qu'indirectement, médiatement, Jérusalem. La prophétie de Notre-Seigneur en effet se focalise uniquement sur Jérusalem. Cependant, je l'ai dit, Jérusalem est comme le miroir microcosmique de tout Israël. Et c'est pourquoi les prophètes de Yahweh prophétisent dans l'Ancien-Testament le grand retour juif non pas seulement à Jérusalem mais dans tout Israël, comme signe topique de la fin des temps.
           
        Je terminerai ma démonstration en disant que ce signe eschatologique est un signe majeur. Il dépasse en valeur d'autres signes eschatologiques (et c'est pourquoi, soit dit en passant, on ne peut que dénoncer la grande faute des Pères du concile de Trente de ne point l'avoir consigné, ... par antisémitisme ?, lorsqu'ils traitèrent des signes eschatologiques dans un décret, n'en retenant seulement que... trois). Saint Thomas More, ce grand humaniste de la Renaissance, cet érudit pétri de classicisme, écrit dans sa prison son "Dialogue du réconfort dans les tribulations" quelque court temps avant de subir son martyre, en 1534 ; il se pose la question, dans un passage de son livre, question assez ordinaire pour quelqu'un qui se sait condamné à une mort imminente, si son époque est celle de la fin du monde ou bien non ; et notre saint en instance de martyre, écrit tout simplement : "... mais il me semble que je n'aperçois pas certains de ces signes qui, d'après l'Écriture, viendront un long moment avant [la Parousie], entre autres le retour des juifs en Palestine, et l'expansion générale du christianisme". Le signe eschatologique juif est donc majeur, pour saint Thomas More, et vous n'aurez pas manqué de noter qu'il l'appuie sur l'autorité infaillible de la Sainte-Écriture. Or, saint Thomas More était un grand connaisseur des langues anciennes, singulièrement celles attachées à la Sainte-Écriture...
           
        ... Oh !, je connais bien sûr l'objection scolastico-allégorique qui prétend, mais hérétiquement, invalider la lecture littérale de la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur, que j'expose ici. Soit disant, selon cette dite objection, que la dite prophétie n'aurait seulement qu'un sens spirituel, à savoir la conversion finale des juifs à la fin des temps, et aucun sens littéral. Or bien, cette objection n'a strictement aucune valeur, pour deux raisons essentielles, l'une théologique l'autre exégétique, dont une seule suffirait à la dirimer radicalement (c'est même pire : elle est hérétique si elle ne veut voir dans la prophétie qu'un sens spirituel à l'exclusion de tous autres ; l'Église d'ailleurs n'a jamais professé cela, elle a tout simplement professé le sens spirituel de la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur en faisant silence sur tous les autres sens ; ce qui est bien sûr très-différent de ce que croient certains scolastiques de préférence antisémites, qui ont traduit indûment ce silence de l'Église sur le sens littéral de la prophétie jérusalémite par une condamnation qui n'existe nullement -- l'argumentum ex silentio est toujours très-difficile à manier par les esprits fanatiques et primaires...).
           
        1/ Au niveau exégétique, il est strictement impossible de dire que la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur ne concerne qu'un sens spirituel. Cette prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur, Lc XXI, v. 24 seconde partie, est en effet insérée dans les punitions qui vont tomber à bras raccourcis sur les juifs, suite à leur rejet déicide de Jésus, leur Christ-Messie, toutes rassemblées dans les v. 20 à 27 du ch. XXI de l'Évangile de saint Luc. Or, cesdits versets, qui précèdent et qui suivent immédiatement notre v. 24 seconde partie, qui donc se trouve au beau milieu d'iceux-là, ont TOUS trait à des prophéties physiques, matérielles, qui, TOUTES, sans exception, ont eu un accomplissement de même nature, c'est-à-dire non point du tout spirituel, mais tout ce qu'il y a de plus matériel, physique, au sens littéral, et même le plus cruellement littéral possible (châtiment des juifs par "le fil de l'épée", mise en captivité dans les nations des survivants, malédiction sur les femmes juives enceintes, etc.). Il est donc exégétiquement rigoureusement impossible, dans cet ensemble tout d'une pièce, de dire que le seul v. 24 seconde partie, qui, lui aussi, décrit premièrement un châtiment physique, géographique (= l'occupation de Jérusalem par des non-juifs), et la fin dudit châtiment, puisse n'avoir, dans la Bouche de son divin Auteur, qu'un sens spirituel.
           
        D'autant plus que la sainte-Écriture le lie formellement, par la conjonction de coordination "ET" à la première partie dudit v. 24 (= "Ils [les juifs] seront emmenés captifs dans toutes les nations, ET Jérusalem sera foulée aux pieds, etc."), laquelle première partie, prophétisant une chose matérielle, a eu, lors de la chute de Jérusalem en l'an 70, un accomplissement tout ce qu'il y a de plus matériel, et donc a vu son sens littéral accompli, advenu. Il y a d'ailleurs, on le remarquera, un lien logique dans la pensée de Jésus lorsqu'Il décrit ce fait tout d'une pièce, qui a une cause (= les juifs seront physiquement soustraits de Jérusalem, puisqu'ils seront emmenés dans les nations) et un effet (= ils ne seront donc plus à Jérusalem, qui, bien sûr, subséquemment, sera foulée aux pieds par les nations). Or, puisque le début de cette prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur a eu un accomplissement physique, matériel, géographique, dûment constaté et enregistré par l'Histoire, la suite et fin de ladite prophétie, qui est que le châtiment touchant la ville sainte juive, à savoir d'être aux mains des nations et non plus des juifs, finira quand le Temps desdites nations finira lui-même, ne peut bien sûr, elle aussi, qu'avoir un accomplissement D'ABORD physique, matériel, géographique, avant tout sens spirituel (qui certes existe, lui aussi, je vais en parler tout-de-suite). Or, puisque nous voyons les nations ne plus fouler Jérusalem de leurs pieds, les juifs l'occupant de nouveau librement en leur nom et qualité de juif, la foulant de leurs pieds pour reprendre la formulation de Jésus, alors cela veut dire que la dernière partie de la Prophétie jérusalémite est accomplie dans son sens premier, qui est matériel, physique, géographique, ce qui signifie formellement que la fin du Temps des nations est advenue.
           
        "L'Écriture éclaire l'Écriture" : impossible de supposer que le seul v. 24 seconde partie puisse n'avoir qu'un sens spirituel alors que tous les autres versets de la grande prophétie de Notre-Seigneur touchant le châtiment des juifs consécutif au rejet déicide qu'ils feront de Sa personne, ont tous eu un accomplissement d'abord physique, au sens littéral le plus serré du texte. La conclusion est simple, sûre et formelle : le v. 24 seconde partie revêt D'ABORD un sens physique, matériel, géographique, avant tout autre sens, y compris celui spirituel, qu'il précède.
           
        2/ Mais la seconde raison, théologique, invaliderait plus encore s'il était possible, ladite thèse spiritualiste agnostique qui nous occupe. En effet, loin que le sens littéral de la prophétie de Notre-Seigneur sur Jérusalem, à savoir un retour physique et géographique des juifs en terre d'Israël et à Jérusalem à la fin des temps, s'oppose au sens spirituel qu'elle contient, à savoir la Conversion finale des juifs à la fin des temps, ce sens littéral y est tout au contraire théologiquement ordonné de la manière la plus formelle, la plus nécessaire ! Le Saint-Esprit a prévu en effet, pour la fin des temps, le Retour des juifs dans "la terre que J'ai donnée à vos pères" (Jr XXX), afin de leur y donner la grâce de la Conversion finale en corps de nation. Supprimer le sens littéral de la prophétie jérusalémite de Notre-Seigneur, c'est donc, par le fait même supprimer son sens spirituel, et se positionner le plus radicalement qu'on peut contre la Conversion finale des juifs ! Zacharie en effet prophétise au pluriel : "Ils regarderont vers Celui qu'ils ont transpercé", et tous les glosateurs catholiques ont commenté cette prophétie en disant que ce "ils" signifiait les juifs in globo, en corps de nation. Or, même La Palice aurait pu le dire, il est nécessaire absolument d'être préalablement réuni en corps de nation pour pouvoir être converti... en corps de nation. Les juifs ne peuvent se convertir ensemble, ce qui est prophétisé, que s'ils se trouvent réunis ensemble. Et c'est précisément cela que nous annoncent les prophéties du grand retour des juifs en terre d'Israël à la fin des temps, une réunion physique des juifs dans leur nation, aux fins surnaturelles ultimes d'y être convertis. Le sens littéral entendu littéralement est théologiquement nécessaire au sens spirituel pur, contrairement à ce que la plupart des scolastiques ont prétendu lire dans ces prophéties eschatologiques, voulant ne voir qu'un sens spirituel, en cela hérétiquement beaucoup plus près des gnostiques qui ne croient pas au corps (sens littéral entendu littéralement), que des catholiques.
           
        L'Écriture forme ici un tout harmonieux, exactement comme le corps et l'âme dans l'être humain, et attenter au corps de l'Écriture, c'est-à-dire à son sens littéral entendu littéralement, revient à supprimer son âme, son sens spirituel. Le Retour physique et géographique des juifs en terre d'Israël est le tout premier palier théologiquement nécessaire à leur Conversion finale. On serait tout-à-fait fondé à le baptiser : "Conversion du corps du juif", prélude nécessaire et rempli d'espérance de la conversion de son âme, proche donc, dès lors que cette "conversion du corps" est opérée ! Et c'est ainsi que le Saint-Esprit a ordonné les choses de la fin des temps. Supprimer les fondations terrestres de la maison, comme le font les scolastiques néo-pharisiens (et malheureusement ils sont foison dans tous les temps chrétiens et même parfois saints, depuis que les saints Jérôme et Augustin ont mis "à la mode" de ne voir dans les prophéties scripturaires qu'un sens spirituel, au IVème siècle), c'est donc faire s'écrouler la maison elle-même. Les juifs eux-mêmes, quoique non-encore convertis, ont grande conscience du caractère essentiellement spirituel du Retour cependant physique et géographique en terre d'Israël, d'une manière très-inspirée, car ils l'appellent l'Aliyah. Ce mot hébraïque, étymologiquement, signifie : ascension, élévation spirituelle. Et non point matérielle. Le Retour en terre d'Israël est donc moins conçu par le juif actuel comme quelque chose de matériel, physique, géographique, que comme spirituel ! Ce en quoi, on est obligé de noter que le juif non-converti est plus inspiré que le scolastique (qui se croit) catholique !
           
        Éh bien voilà, Rd Père de Blignières. Vous êtes à présent en face d'une fort grave décision à prendre en votre âme et conscience : est-ce que je veux être catholique, ce qui inclut d'avoir à croire de Foi, de fide, que votre époque, la mienne, celle que la Providence divine nous a prédestinée à vivre, est celle de la fin des temps, car les signes eschatologiques sont formellement advenus, ou est-ce que je ne veux pas être catholique ? Ou est-ce que je veux seulement être catholique comme il me plaît de l'être, ce qui revient à dire que je ne veux pas être catholique ? À vous, bien sûr, la réponse. Et j'espère de tout cœur que, devant Dieu, vous ferez la bonne réponse.
           
        Les signes eschatologiques sont interconnectés bien sûr : si l'un est advenu, alors les autres le sont également, pas forcément du reste au même degré, l'un pouvant être au stade deux, quand l'autre est déjà au stade trois, final, et un autre encore seulement au stade un, celui de sa naissance en ce monde. Or, comme nous venons de le voir, puisqu'on a la certitude formelle que le signe eschatologique juif est advenu, l'accomplissement de ce signe est en effet tellement évident que même un petit chien sur le trottoir pourrait s'en rendre compte s'il avait une conscience, alors, les autres ne peuvent que l'être également, à un quelconque stade. Je ne vais pas en faire la démonstration pour la douzaine d'entr'iceux-là, ce serait m'astreindre à écrire un livre (et ce livre a déjà été écrit), je vais simplement la faire pour l'un d'entre eux, à savoir le signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, signe qui concerne l'Église au premier chef, donc censé vous toucher plus encore, en tant que prêtre du Seigneur. Ce qui vous permettra, je l'espère, de rectifier votre ecclésiologie mauvaise parce que historiciste, en cela qu'elle exclut que "la crise de l'Église" actuelle soit de nature essentiellement apocalyptique, eschatologique, vraiment la "der des der".
           
        J'ai traité longuement de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint dans un article que vous pourrez lire au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique. Pour ici, naturellement, je serai beaucoup plus court, je vais seulement résumer lapidairement la question en disant que ce signe eschatologique consiste à voir dans l'Église ce qui ne doit absolument pas y être vu eu égard à sa divine constitution, essentiellement, à voir de l'impiété dans le sacré qui ne doit contenir absolument et exclusivement que de la piété. Définition un peu courte sans nul doute, mais juste.
           
        Par exemple, voir de l'hérésie dans le Magistère de l'Église noté d'infaillibilité. Cela, c'est de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint.
           
        Or, on la voit de visu, des yeux de la Foi cette fois-ci et non des yeux naturels, cette abomination de la désolation, formellement actualisée dans le Lieu-Saint c'est-à-dire dans l'Église, par le concile Vatican II. On la voit très-notamment actualisée, sans discussion possible, dans le décret hérétique de la Liberté religieuse.
           
        Vous récusez cela, vous mettant derrière l'illusoire "herméneutique de continuité" du pape Benoît XVI, qui n'est qu'un vœu pieux, mais il faudra bien y venir, c'est-à-dire, au fait, revenir à votre premier positionnement, celui des années 1985...
           
        Pour mieux frapper votre esprit, je ne discuterai pas ici de la théorie hérétique voire même apostate du § 2, définitionnel, dudit décret (je l'ai fait en long et en large ici : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/10-refutation-de-la-these-des-rallies), mais je mettrai en évidence et dénoncerai l'aspect pratique et abominablement concret du § 5, application de la Liberté religieuse aux familles, que les Pères de Vatican II font dériver très-immédiatement de la doctrine qu'ils osent professer dans ce § 2 fondateur. Tant il est vrai qu'"il n'y a rien de plus pratique qu'un principe" (Mgr Duchesne), qu'il soit bon ou mauvais hélas. Je l'avais déjà fait, d'ailleurs, dans un courriel des années passées à vous envoyé, mais vous n'y avez fait aucune réponse... Voici donc les conséquences pratiques du § 2 de la Liberté religieuse, telles que les Pères de Vatican II les professent eux-mêmes mot à mot : "À chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial, appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leur propre conviction religieuse, la formation religieuse à donner à leurs enfants. C'est pourquoi le pouvoir civil doit reconnaître aux parents le droit de choisir en toute liberté, les écoles et autres moyens d'éducation (...). En outre les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de fréquenter des cours scolaires ne répondant pas à la conviction religieuse de leurs parents" (DHP § 5).
           
        Ce prétendu droit général pratique appliqué à l'universalité des familles, qui est dérivé très-immédiatement du droit général théorique du § 2, est complètement hérétique. C'est ce qui ressort par exemple fort clairement de l'enseignement de saint Thomas d'Aquin, dans deux passages de sa Somme. Il commence par établir un distinguo fort important, dont les Pères de Vatican II n'ont tenu aucun compte, à savoir si l'enfant a l'âge de raison, canoniquement sept ans, ou s'il ne l'a pas ; ce n'est seulement que si l'enfant n'a pas l'âge de raison qu'alors saint Thomas fait prédominer le droit naturel des parents au-dessus du droit de Dieu de mettre l'enfant dans la voie du salut (et c'est pourquoi il interdit qu'on baptise de force les enfants juifs n'ayant pas l'âge de raison, par exemple) ; mais dès que l'enfant a passé ses sept ans, et que donc il commence à être scolarisé, saint Thomas s'empresse de faire à nouveau prédominer le droit de Dieu, qui consiste dans le devoir formel pour tous parents, qu'ils soient catholiques ou bien non, à mettre tout enfant dans la voie du salut, sur le droit naturel des parents. Dès que l'enfant a passé l'âge de sept ans, il n'y a plus AUCUN DROIT pour les parents non-catholiques d'éduquer leurs enfants, ... ô abomination !, "selon leurs propres convictions religieuses" fausses... comme ont osé l'enseigner très-hérétiquement les Pères de Vatican II. Voyez mon article exposant l'enseignement de saint Thomas sur ce sujet, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/non-saint-thomas-d-aquin-n-est-pas-pour-la-tres-heretique-liberte-religieuse?Itemid=483.
           
         Il y a en ce moment un procès à Londres très-intéressant. Des "médecins" musulmans pratiquant l'abominable excision sexuelle des fillettes nées pour leur malheur dans des foyers musulmans, comparaissent devant un tribunal anglais. En effet, la loi anglaise interdit l'excision sexuelle. Savez-vous, mon Rd Père, quelle ligne de défense ont choisi les avocats de ces ignobles individus ? La Liberté religieuse, inscrite dans la déclaration des droits de l'homme, tout simplement. Et ils ont parfaitement raison de le faire. À leur place, je joindrai en plus DHP § 5 à la plaidoirie, pour faire encore plus poids, DHP § 5 qui est une parfaite décalcomanie des droits de l'homme en la matière, ils seraient encore plus sûrs de triompher, dans ce monde d'iniquité absolue ! Je n'ai pas connaissance du résultat du procès, mais, en droit, les avocats de ces infâmes exciseurs ne peuvent, logiquement, que gagner. Car ne nous y trompons pas, comme votre confrère le P. de Saint-Laumer l'a fait dans un de ses articles sur la question, voulant croire que DHP limite le droit des parents non-catholiques à l'éducation des enfants en y excluant les abus, l'excision sexuelle des fillettes musulmanes n'est pas du tout un abus pour le musulman, c'est l'application des plus légitimes de la religion du Coran, qui professe que la femme est seulement un complément de l'homme, il peut donc tout-à-fait la mutiler pour son plaisir... L'excision sexuelle des fillettes rentre dans l'éducation normale selon le Coran, ce n'est nullement un abus.
           
        Ce prétendu droit d'éduquer ses enfants ayant passé l'âge de raison "selon ses propres convictions religieuses", universellement appliqué par les Pères de Vatican II à tout parent, qu'il professe ou bien non la vraie Religion, réalise donc pour sa part, de manière très-évidente aux yeux de la Foi, et j'espère, Rd Père de Blignières, que vous vous en rendrez enfin compte, le signe eschatologique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Il y a d'ailleurs deux Lieux-Saints souillés, ici, dans DHP § 5. D'abord, celui de l'Église, qui enregistre par le décret de la Liberté religieuse, une hérésie à caractère formel dans son enseignement universel et ordinaire, de soi toujours infaillible ; ensuite, le Lieu-Saint souillé par l'abomination de la désolation de la Liberté religieuse, est aussi l'âme de tout enfant né pour son malheur dans un foyer idolâtre non-catholique.
           
        ... Alors, c'est quoi, "l'aujourd'hui de l'Église", Rd Père de Blignières ? C'est qu'elle vit la fin des temps, parce que les signes eschatologiques sont très-sûrement advenus en ce monde dans notre génération d'hommes, et dans celle-ci seulement. Votre devoir de prêtre est donc d'en prendre conscience et de révéler publiquement que l'Épouse du Christ vit sa Passion, qu'elle est véritablement "faite péché pour notre salut" et dans "la si grande contradiction" annoncée par saint Paul comme devant être les caractères principaux de l'économie de la Passion, qu'elle vit "sous la puissances des ténèbres".
           
        Pour cela, vous avez le devoir de dénoncer publiquement, pour en rester là, le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse. Et, ce faisant, vous vivrez vraiment de la vie de l'Église, vous comprendrez vraiment ce que signifie le fait de vivre la fin des temps, de vivre donc au pied de la croix où est pendue cette fois-ci, non plus le Christ, mais son Épouse, l'Église, et vous rentrerez par la souffrance sanctifiante dans la Compassion de l'Église mourante. Je doute fort que Mgr Scherer vous suive là-dessus, mais pourquoi désespérer ?!
           
        Vous n'étiez pas très-loin de la vérité vraie de "la crise de l'Église" dans les années 1985, dans votre premier positionnement avec le P. Guérard des Lauriers : 1/ vous dénonciez le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, 2/ en y adjoignant hélas, comme une subséquence théologique qu'à l'époque vous croyiez obligée, le sédévacantisme, plus exactement dit un sédévacantisme mitigé à la guérardienne. Or, il y avait juste à supprimer la déduction sédévacantiste que vous faisiez, pour être dans le vrai du vrai et toucher par-là même immédiatement à "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ce que j'ai déjà dit au Père de Saint-Laumer dans un courriel il y a quelques années : 1/ Le Magistère ecclésial et pontifical est, depuis Vatican II, entaché d'hérésie à caractère formel (non, il ne fallait pas changer sur cela...) ; 2/ Le pape Paul VI qui l'a promulgué était parfaitement légitime, et les papes post-vaticandeux qui l'ont suivi, également, bien évidemment. Ce qui signifie donc, même La Palice aurait pu le dire, que l'Église, depuis lors, vit dans... "la si grande contradiction" inhérente à l'économie de la Passion.
           
        Il y a deux sorte de contradictions qui peuvent exister, l'une, formelle, l'autre, simplement matérielle. Si l'Église était depuis Vatican II dans la contradiction formelle, c'est-à-dire si, par l'organe d'un pape parfaitement légitime agissant dans un concile œcuménique in Persona Ecclesiae, elle avait promulgué l'hérésie magistériellement avec advertance, en pleine connaissance que la Liberté religieuse par exemple était une hérésie, alors, nous serions certes en présence d'une contradiction formelle, et... "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église" ; la Foi serait vaine, Dieu et son Christ étant de leur côté de purs imposteurs. Mais si les Pères de Vatican II ont promulgué l'hérésie de la Liberté religieuse en toute inadvertance de son caractère hérétique formel, la prenant, certes à grand'tort, pour un désenveloppement orthodoxe du Dogme, un "progrès", une avancée doctrinale dûe à la maturation spirituelle-politique-sociologique des peuples s'épanouissant dans "l'humanisme intégral" à la Maritain, comme s'en sont malsainement illuminés les papes modernes depuis moult lustres (ainsi qu'il résulte notamment de la lecture des Noëls 1939-45 de Pie XII, de Pacem in Terris de Jean XXIII, de Populorum progressio de Paul VI, de "la civilisation de l'amour" de Jean-Paul II, entre autres nombreux documents pontificaux à la doctrine pseudo-millénariste hétérodoxe hélas !), alors, nous ne sommes plus qu'en présence d'une contradiction simplement matérielle. Qui est synonyme de crucifixion. Loin d'être une défaite de l'Église, c'est au contraire le sommet de la victoire, puisque par-là même, l'Épouse du Christ est mise dans l'économie de la Passion, laquelle est "cette Heure pour laquelle Je suis venue", c'est-à-dire... pour vaincre. Nous sommes donc à cette Heure-là, où l'Épouse du Christ est en train, dans un déchirement d'entrailles inouï, de devenir co-Rédemptrice.
           
        Il est fort important de vivre cette spiritualité authentique de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", sinon, ne vivant pas ce que "l'Esprit dit à l'Église", alors, on ne peut manquer de sectariser sa Foi, la manière de la vivre, car on s'invente une pseudo-vie d'Église que la grâce ne soutient pas, et donc, on est obligé, pour la vivre, de le faire avec ses propres forces humaines. C'est ce qu'ont fait les zélotes au temps du Christ. Cela devient donc une pseudo-vie d'Église sectarisée, tenue à bout de bras en l'air avec des forces humaines qui ne sont plus ordonnées à la Charité de Dieu. On pourrait dire, en forçant quelque peu le trait, que cela devient une vie d'Église pélagienne, fasciste, qui s'appuie sur ses propres forces humaines. André Frossard avait dit un jour à Jean-Paul II, parlant des tradis : "Ils veulent faire la Volonté de Dieu contre la Volonté de Dieu !" La Volonté de Dieu, c'est que l'Église vit la Passion ; il ne s'agit donc pas de tenir bon dans l'attente d'une renaissance de nature historique de l'Église qui n'aura pas lieu, il s'agit de tenir bon dans l'attente de la mort de l'Église qui aura lieu, puis, après cette mort, tenir bon "jusqu'à ce que Je vienne" : "Tiens ferme ce que tu as reçu, jusqu'à ce que Je vienne" (Apoc VI) Étant donné que vous vivez l'Église actuelle en vous abstrayant de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", je ne suis donc pas étonné de trouver des mœurs ecclésiales complètement sectarisées dans l'abbatiale, au niveau de l'organisation liturgique musicale par exemple (les PP. Bernard & Henri savent très-bien ce que je veux dire...).
           
        Cela ne veut pas dire qu'il n'y a aucun bien parmi les tradis, Dieu merci. J'avais par exemple à côté de moi une femme entre deux âges, dans cette messe solennelle d'anniversaire de La Roë, venue visiblement des églises modernes. Elle avait ingénument pris avec elle pour assister à la messe, un manuel... des paroisses modernes. Elle a vite compris qu'elle ne pouvait pas suivre notre messe tradi avec ! Mais j'ai remarqué sa grande attention, au sermon notamment, et son grand respect de la cérémonie. Elle en a sûrement retiré quelque chose...
           
        Je terminerai en citant Léon Bloy, qui m'a beaucoup appris : "La pitié que j'éprouve pour mes contemporains ne peut éteindre en moi la colère que je ressens envers eux, parce qu'elle est fille d'un pressentiment infini". Ce pressentiment infini du prophète, car Léon Bloy était le plus grand des petits prophètes de notre temps moderne, était : LE REFUS DE LA CROIX, LE REFUS DE LA PASSION. Le refus de la Passion allume la colère dans l'âme du vrai prophète.
           
        Au niveau ecclésial, vous êtes pour l'instant, mon Rd Père, avec les onze Apôtres qui fuient la Passion du Christ. Or, il y a pour votre âme un danger mortel, puisque l'un d'entre eux, Judas, a failli dans la Foi pour refuser l'économie de la Passion, y engageant son propre salut. Il y a donc danger certain de possible damnation pour celui qui refuse la Passion, lorsqu'elle doit être vécue. Quant à moi, je trouve préférable de suivre le seul Apôtre sur douze qui a accepté la Passion, saint Jean, et demeurer avec lui au pied de la croix, malgré mon indignité, jusqu'à ce que mort s'ensuive ; pour mieux dire les choses, je n'en ai que peu de mérite, car le Bon Dieu m'a mené là sans possibilité pour moi de n'y point aller...
           
        Il me semble bon de rappeler que le refus de la Passion attire la plus grande condamnation de la part de Jésus sur ceux qui s'en rendent coupables, que même les pharisiens n'ont pas entendu. Jésus ne les a pas traités de "Satan", en effet, lorsqu'Il condamne leur attitude, Il les traite de "sépulcres blanchis", de "race de vipères", etc., ce sont des accusations fort graves, cinglantes, mais moins que de traiter quelqu'un de "Satan". Mais Jésus traite Simon-Pierre de "Satan", lorsqu'il ose Lui faire reproche d'annoncer sa prochaine Passion... Il n'y a pas d'anathème plus grand dans tout l'Évangile !! C'est à méditer.
           
        Votre croix à vous est d'intégrer ou plutôt convertir votre spiritualité à "LA PASSION DE L'ÉGLISE", et pour cela, vous avez le devoir devant Dieu de dénoncer publiquement, à votre place de prêtre et de supérieur de communauté, le caractère hérétique formel de la Liberté religieuse. Ce sera une très-grande croix pour vous, étant donné votre parcours, c'est évident !!! Mais voilà où se situe votre devoir pour vivre la vraie spiritualité de notre temps ecclésial, vivre "l'aujourd'hui de l'Église" que j'évoquais au début de mon épître. Et quant à moi, ma croix consiste à supporter dans la vertu d'impatience mes prêtres, ceux que la Providence a mis sur ma route, qui ne font pas encore cet effort de Foi essentiel.
           
        Sur des choses aussi graves que le contenu de ce courriel, il faut, dans un premier temps du moins, de la discrétion. C'est pourquoi je n'adresse ce courriel qu'à vous seul, mon Rd Père, ainsi qu'aux prêtres mis en copie dans l'adresse de ce courriel. Après réflexions, j'y inclus même le P. Bernard, quoique le sachant en faiblesse en ce moment, car après tout, cela pourra lui faire du bien de voir le fond des choses, c'est de tout cœur que je le souhaite pour son âme ! Il y a eu d'autres prêtres de Chémeré que les PP. Bernard & Henri, dans cette messe anniversaire de La Roë ; je ne les connais pas, encore moins leur adresse courriel, sinon je leur aurai envoyé en copie mon présent message.
           
        Voilà, Révérend Père de Blignières. J'ai mis du temps à rédiger cette épître, écrite par petits morceaux, plus encore à me décider à vous l'envoyer ; pour parler clair, je me la suis arrachée des entrailles, car je fais là du travail de vrai prophète. Quand un laïc, en effet, doit convertir son supérieur dans l'ordre ecclésial, un prêtre, il n'est plus un laïc, il est un prophète (rien à voir avec du travail de faux-prophète, par exemple feu Dom Gérard du Barroux, qui prêchait dans son livre : Demain, la chrétienté ; ben non, demain, ce qui nous attend, c'est pas la chrétienté... d'hier !, demain, c'est la mort de l'Église in concreto duro ; et après-demain, c'est la résurrection eschatologique de l'Église dans une économie nouvelle et supérieure de salut qui ne sera plus celle du temps des nations, et qu'il est extrêmement catholique de baptiser Millenium). Ce n'est pas forcément un rôle qu'il aime.
           
        J'avoue, pardon mon Dieu, pardon pour cette saillie d'humeur, de paresse et de coupable retour sur moi-même, que j'aime beaucoup mieux, à l'église,
           
        Dormir dans les bancs à l'ombre du Seigneur.
           
        Votre serviteur très-respectueux,
 
En la fête de sainte Thérèse d'Avila,
ce 15 Octobre 2017.
Vincent Morlier
 
 
 
 
 
 
 
15-10-2017 17:51:00
 

Les papes modernes ont-ils des excuses d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire constitutionnellement athée...? (II)

 
 
 
Les papes modernes ont-ils des excuses
d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire
constitutionnellement athée...?
(II)
 
 
 
À la Papauté,
À tous les papes
qui se sont succédés
sur le Siège de Pierre.
           
        L'Histoire est maîtresse de Vérité, disais-je en introduisant cette série de deux articles, dont le but est de comprendre les raisons qui ont poussé les papes à reconnaître formellement, par l'outil juridique concordataire, la validité, la légitimité, des Institutions politiques constitutionnellement athées dérivées de la Révolution... ce qui, en soi, et selon le mandat divin donné par le Christ à Pierre et à ses successeurs, est pourtant tellement contre-nature, tellement contraire à l'économie du salut que l'Église a mission de mettre en oeuvre dans le monde !
           
        Dans le premier article (I), j'ai privilégié un grand historien suisse des années 1950, quoique de tendance libérale, Gaston Castella (1883-1966), lequel nous a bien montré que les papes et le Siège de Pierre ont été persécutés à mort, ce n'est hélas que triste et sinistre réalité, par les roys et princes autrefois très-chrétiens, tout le long des XVIIème et XVIIIème siècles : ceux-ci ont sans cesse, le plus qu'ils ont pu, attenté mortellement à la mission de gouvernance de la politique universelle attachée de droit divin au Souverain Pontificat, avec l'arrière-pensée antichrist de réduire à rien la fonction pontificale elle-même et tout l'Ordre surnaturel basés sur le Christ et l'Église. Car, ne nous y trompons pas, c'est bien à la suppression radicale de la papauté que veulent aboutir les responsables politiques d'Ancien-Régime, pervertis de plus en plus non pas seulement par une doctrine césariste et absolutiste d'ordre politique, mais surtout par la pensée antichrist radicale des Lumières. Ce ne sont pas des enfants difficiles, donnant certes du fil à retordre au père de famille mais ayant gardé l'esprit droit, ce sont des enfants qui se révoltent contre l'autorité paternelle elle-même, qu'ils veulent supprimer, ils ne sont pas seulement despotes, mais despotes éclairés, entendez : par la fausse lumière de Lucifer, qui déifie la nature jusqu'à supplanter radicalement la surnature, c'est-à-dire Dieu et son Royaume. C'est pourquoi on les a vu exiger du pape la suppression de l'ordre des Jésuites, menace de schisme national à l'appui qu'ils auraient sûrement mise à exécution si le pape avait refusé de sacrifier les fils de saint Ignace, pour bien montrer leur volonté d'anéantir toute juridiction du Vicaire du Christ sur la chose politique universelle...
           
        Méditant en profondeur cette situation nouvelle faite par les dirigeants politiques de l'Ancien-Régime au Saint-Siège et à la papauté, constatant le retirement de plus en plus complet des papes de la vie politique des nations, l'historien Gaston Castella en met toute la faute sur les hommes politiques de l'Ancien-Régime. Pour lui, les papes sont uniquement des victimes de cette situation, sans aucune faute de leur part, ils ne font que subir la mauvaise volonté des roys et princes autrefois très-chrétiens. S'ils se retirent de la vie politique des nations, c'est uniquement parce qu'on les y oblige.
           
        Nous allons voir maintenant un autre historien, Jacques Crétineau-Joly (1803-1875), ultramontain quant à lui, et donc fort peu suspect de vouloir calomnier les papes, nous donner une vue des choses différente, en disant que les papes eux aussi ont voulu se retirer des choses de la Politique universelle. Ce ne serait donc pas seulement les roys et les princes autrefois très-chrétiens qui mettent les papes sur la touche de la Politique universelle, mais ce sont les papes eux-mêmes qui s'en désolidarisent volontairement, épousant en quelque sorte la cause des méchants qui les persécutent, dans une attitude qui n'est pas sans rappeler ce que les psychologues appellent le syndrome de Stockholm, c'est-à-dire que les otages ou victimes finissent par épouser la cause de leurs ravisseurs ou persécuteurs (https://fr.wikipedia.org/wiki/Syndrome_de_Stockholm).
           
        Les papes ne vont cependant pas abandonner leur mission divine de gouvernance de la chose politique universelle pour la même raison que les roys et princes autrefois très-chrétiens veulent qu'ils l'abandonnent, à savoir par refus et apostasie du Surnaturel dans la Politique, ils vont l'abandonner, quant à eux, par désespoir : à cause de la persécution mortelle des roys et princes d'Ancien-Régime contre leur mission divine dans la Politique universelle des nations, ils ne croiront plus possible, désormais, que le Royaume du Christ puisse encore s'y établir par le moyen de l'Ordre très-chrétien royal et sacral, celui-ci étant dorénavant aux mains d'ennemis du Christ.
           
        Pour autant, les papes de la fin d'Ancien-Régime ne vont évidemment pas abandonner la croyance au Royaume du Christ en ce monde (ils ne le pourraient pas, bien sûr, sans renier carrément par le fait même leur mandat de Vicaire du Christ ; un de leurs lointains successeurs, Pie XI, va même, encore et toujours, proclamer le plus solennellement possible la royauté de droit du Christ-Roy sur toutes les nations en 1925, dans l'encyclique Quas Primas, alors que celles-ci sont toutes... constitutionnellement athées !), mais, affreusement trompés par la scolastique et la philosophie antique, comme je l'ai montré dans d'autres de mes articles ou de mes livres, ils vont s'imaginer pouvoir translater le pouvoir politique, de la main des roys et des princes dans celle des peuples, dans lesquels peuples ils veulent voir résider le pouvoir politique ordonné au Christ par le truchement de républiques naturelles. S'illusionnant sur cela complètement et le plus gravement du monde sur la nature essentiellement et viscéralement antichrist et donc antinaturelle des républiques démocratiques post-révolutionnaires, très-notamment par les "droits de l'homme" qui sont leur base métaphysique : elles sont en effet directement constituées contre le Christ et son Royaume et ne peuvent donc pas... faire régner le Christ parmi les nations, même La Palice aurait pu le dire. Mais les papes modernes, et déjà ceux de l'Ancien-Régime finissant, ne se mettront pas, dans un aveuglement de l'esprit inouï et presque incroyable, à la hauteur... du marquis de La Palice.
           
        Or, les papes n'avaient, sur le plan de la Foi, rigoureusement pas le droit de chercher autre chose, pour diriger la Politique du Temps des Nations, que l'Ordre très-chrétien royal et sacral. Parce que c'est l'Ordre politique que Dieu Lui-même a instauré parmi les enfants des hommes pour tout le Temps des nations, jusqu'à la Parousie. Et Il n'en a point instauré d'autre. Dieu a parlé en effet en Politique pour tout le temps des nations, et Il ne l'a pas fait en cachette des hommes et de l'Église, mais avec grand éclat et visiblement, très-notamment par le miracle de la Sainte-Ampoule à la Noël 496 ou encore par la très-miraculeuse geste de sainte Jeanne d'Arc. L'Ordre royal et sacral très-chrétien est donc voulu par Dieu pour diriger la Politique universelle aux temps des nations jusqu'à la Parousie, il a une base purement surnaturelle avant même d'être naturelle. Or, le problème de fond est que l'Église n'y a rien compris, n'a jamais pris en compte ce Vouloir divin formel d'ordonner la Politique universelle des nations par l'Ordre très-chrétien basé sur le sacre royal de Clovis, l'élection divine des francs et de la nation franque toute entière qui, dans son extension totale, dilatatio regni disent les Chartes carolingiennes, est tout simplement l'Europe ou Grande-France.
           
        Tout au contraire, au satanique rebours de l'Ordre très-chrétien, l'ordre politique nouveau révolutionnaire non seulement n'a qu'une base humaine, mais en outre cette base humaine est antichrist et donc n'a rien de naturelle, elle est uniquement ordonnée contre Dieu et son Ordre surnaturel, par le vecteur des "droits de l'homme" ; et, faut-il le dire, ce nouvel ordre politique révolutionnaire qui ne se constitue que pour détruire l'Ordre surnaturel royal et sacral très-chrétien, n'a reçu aucun aval ni placet de la part de Dieu.
           
        Les papes vivant la terrible charnière historique du bouleversement politique universel, certes affreusement coincés entre l'Ordre politique divin-naturel et celui révolutionnaire antichrist-antinaturel, n'avaient donc théologiquement strictement pas le moindre droit, ... c'est un comble d'avoir à dire une chose aussi évidente !, d'acquiescer au remplacement de l'Ordre très-chrétien par le nouvel ordre révolutionnaire basé sur les "droits de l'homme" et sur des sociétés politiques constitutionnellement athées : c'était non seulement se positionner contre la Volonté divine quant à la Politique universelle des nations mais encore épouser carrément la cause des méchants, et même commettre le péché d'apostasie.
           
        C'est là, justement, que les papes auraient dû se souvenir de l'enseignement paulinien en Rom XIII, et surtout l'appliquer à bon escient à la terrible situation politique engendrée par la Révolution : tout pouvoir constitutionnellement ordonné au Bien commun vient de Dieu, dit saint Paul, et, subséquemment, toute obéissance et allégeance ne sont dûes qu'à cedit pouvoir ; et tout ce qui veut le renverser est réprouvé des hommes et de Dieu : "Celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordre établi par Dieu ; et ceux qui résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes" (Rom XIII, 2). Or, en présence des deux Ordres politiques qui s'affrontaient dramatiquement durant la Révolution, l'application pratique de cet enseignement était on ne peut plus simple, on ne peut plus claire. L'Ordre royal et sacral très-chrétien venait de Dieu, et le nouvel ordre politique révolutionnaire venait des hommes et de Satan : donc le devoir formel de tout un chacun, ... a fortiori du pape qui était le tout premier parmi les enfants des hommes à s'obliger à ce devoir !!!, était d'obéir et d'être soumis à l'Ordre politique qui venait de Dieu, à savoir bien sûr celui très-chrétien, et de rejeter formellement le nouvel ordre révolutionnaire. Sous peine, surtout quand on s'appelle le pape, d'attirer sur soi et donc sur l'Église toute entière, la plus grande malédiction divine. Ce n'était pas en effet parce que les détenteurs politiques de l'Ordre très-chrétien étaient devenus méchants et mauvais, que cela abolissait l'Ordre très-chrétien lui-même, le devoir de respect et d'obéissance lui était toujours dû, comme à Dieu Lui-même. Avec bien entendu le rejet formel du nouvel ordre révolutionnaire prétendant le supplanter.
           
        On est affligé d'avoir à dire que les papes n'ont absolument pas compris ce devoir fondamental et primordial. Ils ont fait tout le contraire. L'esprit complètement perverti par les données scolastiques et philosophiques antiques en matière politique constitutionnelle, ils n'ont jamais pris en compte la Parole de Dieu dans la Politique du Temps des nations, laquelle était toute entière incarnée dans l'Ordre royal et sacral très-chrétien. C'est pourquoi, lorsque, avec la dégénérescence des temps et des âmes, les détenteurs de cet Ordre très-chrétien prévariqueront, les papes croiront pouvoir s'autoriser à abolir et supprimer carrément cet Ordre très-chrétien. Pie VII, dans un article du Concordat napoléonien, le dit crûment et sans vergogne, en osant appeler l'Ordre très-chrétien royal de France "l'ancien gouvernement" (art. 16). Ce ne sont donc pas que les révolutionnaires qui disent "Du passé, faisons table rase", c'est... le pape !! C'est là la première faute pontificale : prétendre abolir l'Ordre très-chrétien voulu par Dieu pour tout le Temps des nations. La deuxième faute pontificale est encore plus grave s'il se pouvait. Après avoir aboli le pouvoir politique donné aux hommes par Dieu, il faut bien, évidemment, en trouver un autre. Tant il est vrai que la nature a horreur du vide. La Politique est en effet tellement inhérente à la vie de l'homme, cet animal social, qu'il ne peut pas même respirer une seconde sans elle. Alors, pour remplacer l'Ordre très-chrétien sacrilègement aboli par eux, les papes vont élaborer un projet parallèle à celui des révolutionnaires, en mettant le pouvoir politique légitime dans les mains des peuples, démocratiquement. Voulant absolument voir dans les républiques post-révolutionnaires antichrists-antinaturelles, à toutes forces et contre l'évidence métapolitique des choses, des républiques naturelles pouvant être ordonnées au Christ, comme il y en avait dans l'Antiquité. Ce qui montre à quel point Dieu punissait la papauté d'avoir osé abolir l'Ordre très-chrétien qu'Il voulait, puisqu'Il lui envoyait le châtiment d'un aveuglement des plus affreux, que Léon XIII élèvera aux pinacles de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint : Jupiter aveugle ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. C'était en effet quasi pécher contre le Saint-Esprit de vouloir voir dans les républiques post-révolutionnaires antichrists-antinaturelles des républiques naturelles pouvant, Léon XIII le voulait à toutes forces, être ordonnées au Christ...!! Mais les papes modernes ne reviendront JAMAIS sur cette erreur magistrale, aucun d'entre eux, même les meilleurs, tel saint Pie X.
           
       Et tout le problème de ce qu'on a appelé "la crise de l'Église" à partir de Vatican II, vient de là : une déviance originelle dans l'ordre métapolitique, constitutionnel, inhérent aux mœurs, lesquelles, corrompues par la papauté dès la Révolution, finiront par se transvaser dans la Foi et la corrompre elle-même. Et ce sera Vatican II qui enregistrera cette corruption ultime qui appelle l'Antéchrist de toutes ses forces.
           
        Mais brisons-là, quant à la théorie et à la morale de l'histoire, j'aborde à présent la grande page historique qui va, ... hélas !, illustrer mon propos introductif.
           
        Cette grande page que va nous relater en détail Jacques Crétineau-Joly va en effet nous obliger à poser ce dramatique et tragique constat, à savoir que les papes de la fin d'Ancien-Régime ne croyaient plus à la restauration de l'Ordre très-chrétien voulu par Dieu, à la fois royal et sacral, celui fondé surnaturellement sur le sacre de Clovis, désespérant donc en Politique de ce que Dieu Lui-même avait institué pour le salut des hommes pendant tout le Temps des nations. Cette page d'Histoire, il est bon de le souligner, a pour elle une garantie d'authenticité absolue, non seulement dans le matériau de tout premier ordre dont s'est servi l'historien pour rédiger ses lignes, à savoir les archives secrètes du Vatican (lesquelles, à l'époque, n'étaient consultables par personne), mais encore par l'approbation officielle qu'a faite de sa rédaction le pape Pie IX lui-même, qui avait autorisé notre historien à consulter lesdites archives, ce qui montre la très-haute estime dans laquelle le pape tenait la valeur professionnelle de Crétineau-Joly non moins que son entier accord sur l'analyse de fond qu'il en fait (ce qu'avait soigneusement noté un certain Mgr Marcel Lefebvre ; et d'en tirer, quant à lui, la conclusion que la dénonciation du complot franc-maçonnique contre le Saint-Siège que notre historien fait dans d'autres pages de son ouvrage, était donc chose certaine puisqu'approuvée par le pape Pie IX...). C'est dire que cette page d'Histoire que je vais citer maintenant est au-dessus de tout soupçon quant à la véracité du fait lui-même et de l'attitude de tous ses acteurs, principalement bien sûr celle du pape Pie VI.
           
        Elle est tirée de l'ouvrage écrit par Jacques Crétineau-Joly L’Église romaine en face de la Révolution, t. I, pp. 183-198, dans la réédition faite par des tradis en 1976. Les italiques et les majuscules dans le texte cité, seront de moi ; j'y rajouterai aussi de temps en temps de sérieux et graves commentaires entre crochets :
           
        "... Depuis longtemps, les roys de l’Europe n’avaient plus entre eux de lien commun, plus de centre d’unité et d’action, plus de modérateur omnipotent, qui apaisait les colères, dissipait les défiances, réglait les intérêts, et se portait garant de la bonne foi comme de la parole de chacun. Violemment séparés de l’Église par le Protestantisme, ou amenés, par les coupables manœuvres de leurs ministres, à redouter l’influence de la Papauté, les princes s’étaient isolés sur leurs trônes. Ils ne s’entendaient que pour laisser organiser le mal autour d’eux, et faire de la force contre le Siège romain. Par un concours de circonstances que l’Histoire ne s’est jamais donné la peine d’étudier ou qu’elle a cherché à obscurcir, la Chaire de Pierre s’était peu à peu déshabituée de son influence légitime. Cette influence qu’elle exerça au Moyen-Âge tournait constamment au bénéfice du peuple, dont les papes se constituaient les interprètes et les tuteurs. Ils étaient toujours en mesure de stipuler, de prier ou de commander pour lui. (...) Ce pouvoir, qui fut un frein pour les monarques et un bienfait pour les peuples, avait été le plus souvent exercé par le Pontificat avec une modération admirable. Son autorité était un contrepoids et une protection, quelquefois aussi un stimulant. Armée du double prestige de la vertu et de la puissance spirituelle, elle entraînait les souverains et les nations sous un drapeau commun, et les Croisades et la bataille de Lépante, et les grandes ligues se formaient à sa voix. Au nom du pape, des légats parcouraient l’Europe, imposant la guerre ou la paix. Ils discutaient avec les princes, ils négociaient avec les républiques, ils servaient de trait d’union dans tous les différends. Médiateurs craints ou respectés, ils aplanissaient les obstacles, et se faisaient tout à tous pour consacrer les droits de chacun. L’univers entier reposait à l’abri de la science, de la sagesse, de la justice et du courage de Rome chrétienne.
           
        "À travers les mille péripéties de l’histoire, le Siège apostolique n’avait jamais manqué d’hommes pour remplir ce grand rôle de la paternité universelle [dans l’ordre politique universel]. La disette des caractères fortement trempés et des esprits éminents ne se fait jamais sentir autour de la Chaire de Pierre. L’Église, se renouvelant sans cesse, et choisissant ses pontifes, ses cardinaux et ses prélats au plus haut comme au plus bas de l’échelle sociale, a toujours à sa disposition de vastes capacités qui peuvent répondre à tous les besoins. Mais quand le Luthéranisme et le Calvinisme eurent divisé l’Europe et modifié sa manière d’être, l’Église comprit qu’elle devait peu à peu s’effacer du mouvement politique [Notons bien comme Crétineau-Joly attribue le retirement des papes de la Politique universelle à un vouloir de la papauté elle-même, et non comme un confinement qu'ils subissent sans le vouloir eux-mêmes ; par ailleurs, je ne saurai passer sur sa formule "l'Église comprit" : il y a là, de la part de Crétineau-Joly, une volonté manifeste, bien ultramontaine au demeurant, d’excuser l’attitude nouvelle des papes, certes en partie compréhensible mais préjudiciable à la vérité que l’on doit poursuivre jusqu’au bout, même si elle nous humilie et crucifie dans nos chefs spirituels, car seule la Vérité vraie et entière DÉLIVRE ; c’est pourquoi il faut rectifier le propos de Crétineau-Joly en disant hélas que l’Église, loin d’avoir à "comprendre" qu’elle devait s’effacer du mouvement politique universel (elle avait simplement à supporter à son corps défendant la mise sur la touche où la très-mauvaise volonté des princes l’avait confinée), avait bien au contraire à proclamer hautement qu’elle réservait ses droits pleins et entiers pour des temps meilleurs ; et au grand jamais, n’avait-elle pas à les abdiquer purement et simplement d’aucune manière, comme elle le fit hélas officiellement par la suppression des Jésuites ; car il y avait là ni plus ni moins le reniement d’un mandat divin confié par le Christ à Pierre]. Il ne s’agissait plus d’être Guelfe ou Gibelin, et de disserter avec la Maison de Souabe sur les prérogatives du Sacerdoce ou sur les ambitions de l’Empire. Toutes ces rivalités d’un autre âge [... voyez comme le penser libéral atteint même les meilleurs contre-révolutionnaires, tel notre historien !] tombaient devant une nécessité plus pressante. Rome voulut préserver le Catholicisme d’une crise dangereuse [... en retirant son épingle du jeu ?!? Curieuse et insensée stratégie qui consiste à laisser toute la place à l'ennemi, en prétextant que c'est pour mieux le vaincre...!]. Rome se résigna à laisser les roys et les peuples débattre entre eux les questions purement temporelles [N'oublions pas que le pape Pie IX a approuvé ces lignes de notre historien... Ô funeste résignation, nullement chrétienne, nullement louable, nullement inspirée par le Saint- Esprit !]. Son abstention calculée, MAIS VOLONTAIRE, avait les apparences d’un affaiblissement moral [Crétineau-Joly, quoiqu’il en ait, ne peut esquiver la vérité vraie de ce lâchage pontifical ! Hélas, il ne s’agissait pas que d’une apparence de démission !]. En renonçant à l’exercice d’une autorité qui féconda le pouvoir et l’obéissance, les papes avaient consommé un sacrifice [... qu’il ne fallait surtout pas faire]. Personne ne leur en tint compte [c’est bien normal : on est puni par où on a péché]. Ils ne parlaient plus qu’au nom de la puissance des Clefs ; ils ne se mêlaient plus que de matières naturellement soumises à leur examen. Ce fut ce moment qu’on choisit pour accuser l’Église d’empiéter sur le domaine temporel. Ils se renfermaient dans les affaires de conscience ; ils se tenaient à l’écart de tout débat politique. On ne voulut jamais se persuader que cette abstention était sérieuse ; alors on s’imagina de faire des tableaux de fantaisie de leur prépondérance passée. On désirait que les roys n’eussent plus entre eux de lien ni d’accord : on leur apprit à se défier du pape et à s’éloigner de l’Église.
           
        "On alla plus loin. L’esprit du siècle, qui était en marche et en progrès comme tous les esprits du siècle, contraignit les roys de la terre et leurs gouvernements à humilier le pouvoir ecclésiastique et à le tenir en tutelle, tandis qu’il sera toujours d’une sage politique de laisser croire aux peuples que la Religion est indépendante. L’autorité des princes, des législateurs et des magistrats n’est possible, et durable peut-être, que lorsque ces mêmes peuples ont le droit de regarder la Religion comme la source, et la première, de toutes les autorités [grande vérité, qui justement faisait toute la force de l'Ordre très-chrétien]. Cette pensée, innée au cœur des multitudes, est pour elles une consolation et une espérance. Par-là même, elle devient un appui pour les trônes, car il n’y a que ce qui est puissant qui donne la force ou qui y ajoute. La politique abaissa donc les trônes qu’elle prétendait exhausser. En les effrayant d’un pontife comme Grégoire VII ou comme Jules II, elle fit naître aux princes la pensée de gouverner par eux-mêmes, et surtout pour eux-mêmes. Cette pensée d’égoïsme devait leur être fatale : ils ne s’en aperçurent même pas lorsque le danger approcha. Ils étaient privés de cette vigilance toujours active [... que Pierre possédait, et qu’il ne demandait qu’à communiquer, via ses successeurs modernes sur son Siège, aux princes, comme il l’avait fait libéralement dans les temps du Moyen-Âge...!] qui, à l’heure des périls, les réunissait sous la bannière de l’Église, et leur désignait l’ennemi commun qu’il fallait frapper de la parole ou du glaive. Ils restèrent désunis, incertains, ne formant que des vœux stériles, ou ne se prêtant qu’à contrecœur à d’impuissantes combinaisons. L’homogénéité n’existait plus dans le conseil des monarques, elle passa dans le camp révolutionnaire. Les monarques avaient dédaigné ou affaibli la seule influence qui pouvait dompter l’idée démocratique ; aucun d’eux ne sentit la nécessité de recourir à Rome, comme à la source de tout principe. (...) [Rome, de son côté, d’une manière tout aussi répréhensible,] semblait s’être désintéressée de toutes les questions politiques. On avait eu l’air de craindre son activité et de suspecter sa domination ; elle la restreignait aux choses de la Foi. Depuis Benoît XIV [1740-1758] surtout, plus elle s’était vue injustement attaquée, plus elle avait cherché à se montrer conciliante et réservée [c’est hélas bien autre chose que cela : il ne s’agit plus de condescendance miséricordieuse, il s’agit, sur le Siège de Pierre, de lâcheté voire de trahison pure et simple du mandat divin dans la chose politique universelle ; c’est sous ce pape, par exemple, qu’on voit s’initier dans la pratique diplomatique pontificale ce maudit mouvement concordataire avec des gouvernements constitutionnellement non-catholiques, attentant de soi à la constitution divine de l'Église, rien moins : "En 1747, un fait inédit depuis la Réforme s’était produit dans les rapports entre la papauté et un pays protestant : la nomination, certes officieuse, du représentant du Palatinat à Rome comme agent diplomatique de la Prusse. Un accord général avec une référence particulière aux bénéfices ecclésiastiques et à la législation matrimoniale fut signé l’année suivante" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, p. 216). Est-ce un hasard de voir Benoît XV, le pape si "diplomatique" de la première guerre mondiale, prendre explicitement son nominal prédécesseur comme modèle de pape, ce pape Benoît XIV au demeurant bien bon pape mais qui, par tellement de côtés, peut être appelé le Jean XXIII de la fin de l’Ancien-Régime ? C'est-à-dire un pape bonasse, qui laisse faire le mal, qui y participe même (car accepter un diplomate en poste à Rome comme représentant un État constitutionnellement hérétique, c'était reconnaître la validité de cet État), sans réagir ?]. (...) Il fut tacitement convenu dans le conseil des roys que les progrès du siècle et de la civilisation s’opposaient à une intervention quelconque du Pontificat suprême [dans toute affaire politique regardant les nations].
           
        "Tout hérétique que fut l’Angleterre, elle ne partagea pas cette erreur. [Le second] Pitt [premier ministre anglais en place aux temps de la Révolution, après la brillante carrière politique de son père], avait réfléchi sur les conséquences morales et politiques du fait révolutionnaire. Il s’en constitua l’ennemi personnel ; il chercha les moyens de réunir l’Europe contre les prédicants de démagogie. Son infatigable persévérance ne se dissimulait pas les obstacles de tout genre dont une pareille alliance était entourée ; mais il crut parer à plus d’une difficulté EN PROPOSANT AU PÈRE COMMUN DE SE PLACER À LA TÊTE DE CETTE LIGUE SAINTE. Pie VI, outragé et menacé à la tribune de tous les clubs et sur tous les théâtres de France, avait jugé nécessaire de prendre quelques précautions en vue de l’invasion antichrétienne. Plutôt pour sauvegarder les frontières de l’État romain que pour abriter le Saint-Siège apostolique, il avait ordonné des mesures militaires et une concentration de troupes autour de Rome. Il avait auprès de lui le cardinal Maury, nature vigoureuse, qui ne demandait pas mieux que de continuer par les armes la croisade que son éloquence avait entreprise à l’Assemblée nationale. Les cardinaux de l’intimité du Pontife, étaient par leur caractère ou pour leurs antécédents, tout disposés à seconder une coalition monarchique. Pitt s’était fait rendre compte de ces dispositions. Il connaissait le courage personnel du vicaire de Jésus-Christ. Il savait qu’aux maux extrêmes on doit opposer des remèdes encore plus extrêmes ; IL CRUT DONC QUE LE ROYAUME DE DIEU POUVAIT ENCORE ÊTRE DE CE MONDE [... lui, l’hérétique !, il y croyait encore !, quand nous allons avoir la douleur et l'humiliation d'enregistrer, par les lignes qui vont suivre, que le pape Pie VI n'y croyait plus !]. Les Roys hésitaient ou tremblaient. Ceux mêmes qui avaient les armes à la main ne combattaient que dans le but d’arriver à une transaction, la moins déshonorante possible, mais, avant tout, la plus profitable à leurs intérêts du moment.
           
        "Au milieu de tous ces affaissements royaux, Pitt entrevoit que LE SEUL MOYEN DE VAINCRE L’IDÉE RÉVOLUTIONNAIRE, C’EST DE LUI OPPOSER L’IDÉE RELIGIEUSE [Quelle remarquable vue supérieure, possède cet... hérétique !]. Les ambassadeurs anglais dans les cours étrangères ont ordre d’approuver, d’exalter, de citer comme modèle l’attitude et la vigueur du Pape. Bientôt l’éloge du Saint-Siège et l’urgence de reconnaître le Pape comme chef suprême et lien ostensible de la ligue contre la Révolution se trouvent dans la bouche de tous les ministres britanniques. Une négociation officieuse s’ouvrit à Londres entre le cabinet de Saint-James et les prélats émigrés, à la tête desquels se trouvait Arthur Dillon, archevêque de Narbonne. William Pitt voulait mettre la grande image de la Papauté en face de la Révolution ; il espérait en tirer parti pour ses vues ultérieures. Une correspondance sans caractère officiel s’engagea à ce sujet entre le cardinal de Montmorency-Laval et Arthur Dillon, puis François de Conzié, évêque d’Arras, écrivit en mai 1794, au cardinal de Bernis :
           
        "«Depuis mes dernières communications d’Allemagne, mande-t-il au vieil ambassadeur de Louis XV et de Louis XVI près le Saint-Siège, j’ai reçu, à mon arrivée ici, un billet du cardinal Zelada, secrétaire d’État de Sa Sainteté, et j’ai beaucoup causé avec M. Pitt de son contenu. Le ministre m’a témoigné une sincère et profonde admiration pour la vigueur que déploie la cour de Rome ; mais il m’a dit très-franchement que, sans vouloir faire d’une vaste coalition monarchique une affaire particulière de religion, il croyait plus que jamais l’intervention du Pape essentielle dans les circonstances présentes. Avec son prodigieux bon sens, M. Pitt entre très-bien dans les raisons que développe le Saint-Père ; mais il désirerait que la cour de Rome appliquât À L’UNIVERS ENTIER les mesures qu’elle a prises en vue d’une invasion républicaine sur le territoire pontifical [… c’était l’hérétique qui rappelait le pape à son devoir en matière de Politique universelle !]. M. Pitt pense qu’il n’est possible de s’opposer au torrent révolutionnaire qu’en lui jetant comme digue l’Europe entière armée. Ses idées sur cette coalition sont celles-ci. Il m’a dit : Je ne demande pas que le Pape se mette de sa personne à la tête d’une croisade politique ou qu’il la prêche comme Urbain II. Ces temps sont passés ; et, si je ne les regrette pas comme anglican, je puis bien, dans la situation actuelle, ne pas avoir le même sentiment comme homme et comme ministre de la Grande-Bretagne, chargé de veiller à la conservation de l’Europe ébranlée [... voyez comme les simples intérêts temporels, humains, voire bassement matériels, ont besoin de la force de la Religion pour simplement... exister !]. Les coalitions auxquelles nous travaillons, au nom de l’ordre social, sont combattues et déjouées par des intérêts particuliers. En plus d’une occasion, j’ai déjà vu les cours du continent reculer devant les divergences d’opinion et de culte qui nous séparent ; JE PENSE QU’UN LIEN COMMUN DEVRAIT TOUS NOUS RÉUNIR. LE PAPE PEUT SEUL ÊTRE CE CENTRE. Il a l’Italie, l’Espagne, l’Autriche, et une partie de l’Allemagne sous la main. Son autorité, momentanément affaiblie par des causes regrettables [... tout le monde se rendait bien compte de la persécution fomentée par les cours royales et princières contre le Saint-Siège, et qui l'avait affaiblie...] peut très-facilement recouvrer le prestige perdu, surtout quand la Prusse et la Russie, de concert avec l’Angleterre, y prêteront la main [raisonnement ô combien judicieux et inspiré : le ministre d'État hérétique, ici, sur des bases de raisonnement de Foi, d'une Foi vive et agissante, semblait vraiment l'instrument de Dieu, et s’entretenait l'âme dans la vertu d’Espérance en Politique... que les papes avaient abandonnée]. Le soulèvement de la Vendée indique qu’en France on pourrait encore, dans plusieurs provinces, trouver de pareils dévouements. Je crois donc que la cour de Rome pourrait et devrait jouer un beau rôle au milieu des secousses. Sur l’observation que je me permis de lui faire de l’âge du Souverain pontife [il avait 80 ans] et de sa manière de juger les évènements, M. Pitt ajouta qu’il comprenait et approuvait cette réserve ; qu’on avait eu tort de tenir la Papauté dans l’isolement, qu’elle était une force avec laquelle il fallait toujours compter, et que les gouvernements devaient se reprocher cette ingratitude ; mais, reprit-il, dans le danger commun, il n’est plus temps de se laisser aller à d’inutiles récriminations. (...) Une bulle du Pape, présentée aux cours catholiques par des légats a latere, et annonçant la guerre sainte, la guerre à l’anarchie, produirait un grand et salutaire effet. ELLE ARMERAIT LES SOUVERAINS ET LES NATIONS ; elle fonderait une alliance INDISSOLUBLE, SEUL moyen de résister au sauvage enthousiasme de la démagogie. J’ai eu de longues conférences avec quelques-uns de vos évêques émigrés. Il y en a plusieurs encore dans la maturité et qui seraient tout prêts à seconder nos vues, si le pape s’y associait. (...) Si le pape se décidait à envoyer des légats aux cours catholiques, je connais assez mon pays pour répondre d’avance qu’ils ne seraient pas reçus avec plus de respect à Vienne ou à Madrid qu’à Londres même. Les divergences de religion s’effacent dans un immense péril commun. Si le pape consent à publier la bulle de coalition, une flotte anglaise ira croiser sur les côtes d’Italie pour protéger les États romains, et cette flotte portera en même temps un ambassadeur extraordinaire de Sa Majesté près le Saint-Siège pour honorer le chef visible de cette alliance indispensable.
           
        "«Tel est en abrégé le récit de mon entrevue avec M. Pitt. Votre Éminence y verra qu’il ne recule devant aucun obstacle, et qu’il sait très-bien les aplanir [... et en effet, quelle incroyable chose de voir un hérétique promouvoir le Plan divin si intelligemment, si bellement, si... catholiquement, auprès des catholiques défaillants, pape y compris !]. La proposition que je suis en état de transmettre n’a rien d’officiel ; c’est le résultat d’une conviction particulière si l’on veut ; mais pour qui connaît M. Pitt et sa ténacité, il n’y a pas à douter de l’adhésion du Parlement anglais à un semblable projet. (...) Tous croient avec nous qu’une aussi auguste manifestation [que constituerait la bulle de coalition du pape] pourrait avoir des conséquences incalculables [mais oui, bien sûr, c’était parfaitement bien vu !]. Mais à Rome, où est le conseil, la lumière et la direction, sera-t-on du même avis ? (...) Je dois faire observer à Votre Éminence que la proposition de M. Pitt me semble renfermer beaucoup d’avantages et fort peu d’inconvénients. La cour de Rome n’ignore sans doute pas le sort que la Convention lui destine ; un jour ou l’autre, le Vatican sera la proie de nos révolutionnaires, et alors que deviendra le pape ? [prophétie parfaitement lucide et réalisée à peine un an après, lorsque Pie VI consommera son martyr !] (...) M. Pitt, en discutant avec d’autres prélats les éventualités de sa proposition, a émis l’idée qu’en cas d’invasion prévue du patrimoine de Saint-Pierre, le Pape et le Sacré-Collège pourraient, en toute sûreté, se retirer sur des vaisseaux anglais, qui les transporteraient en Sicile, à Madère ou aux îles Baléares ; le lieu de retraite choisi serait mis à couvert d’un coup de main par les flottes britanniques. L’Angleterre s’est montrée et se montre chaque jour, envers le clergé français [émigré], animée d’une si sainte et si généreuse délicatesse, que je croirais faire injure à l’humanité en soupçonnant d’une arrière-pensée ce peuple qui nous entoure, nous, évêques proscrits pour notre Foi, de toutes sortes d’hommages pieux et de soins paternels. Je n’ose pas insister davantage sur tous ces points dont Rome est meilleur juge que moi. Je transmets à Votre Éminence les principaux détails de mon entrevue avec M. Pitt, et je vous prie de les soumettre au Saint-Père, afin de m’acquitter de la mission dont je suis heureux d’avoir été chargé»".
           
        Autant le projet Pitt remplit l’âme de la vertu de Dieu, autant, hélas, la réponse de Rome, du pape Pie VI, que nous allons voir maintenant, couvre de honte, et c’est avec cette honte particulière pour les fautes des pères, aigüe, cuisante et cruelle, qui atteint l'âme dans son tréfonds, que je continue à rapporter ces lignes :
           
        "À cette communication, ne manquant ni de perspicacité ni de prévision [certes, certes, ô combien !], le cardinal de Bernis répondit le 10 juin 1794 : «Le très-saint Père, dans la dernière audience qu’il a daigné m’accorder, a voulu lire lui-même à haute voix et devant le cardinal secrétaire d’État, votre lettre dernière. Au milieu de tous les tourments qui l’accablent, Sa Sainteté a été profondément émue et s’est montrée très-reconnaissante des sentiments dont Votre Grandeur se faisait l’interprète. Le Pape désire que vous en témoigniez à M. Pitt toute sa plus sincère gratitude. Il l’a exprimée avec une telle éloquence de cœur et de langage que je ne puis vous rendre que très-faiblement l’impression que j’en ai ressentie. Le très-saint Père apprécie avec une haute sagesse tous les dangers dont il est entouré ; il les connaît, il les prévoit depuis longtemps. Son inébranlable constance saura les braver ; il a le martyre du devoir à endurer : il s’y prépare par la prière [... on ne peut s’empêcher de remarquer ici que le Saint-Père répond complètement à côté de la question : à une adresse faite par le premier ministre anglais à sa Personne publique de "Vicaire du Christ", ayant de soi vocation à la Politique universelle, Pie VI répond en faisant allusion à sa simple personne privée...]. M. Pitt a la bonté de lui offrir, en cas de besoin, un asile assuré sous la protection du pavillon britannique [ce n’est pas cela que proposait le ministre anglais au pape : certes, Pitt offrait cet asile à la personne privée du pape, mais uniquement dans le cadre des possibles attaques révolutionnaires qui auraient été les suites probables de l’émission par Pie VI de la bulle de coalition européenne contre la Révolution, pas pour les suites naturelles de l’évolution révolutionnaires laissée à elle-même, comme veut l’entendre ici le pape, avec une grande fausseté dans sa réponse : il y a quand même une bougre différence ! Mais, on ne le voit que trop bien ici, la mort dans l’âme, il est trop clair que le pape Pie VI ne pense pas UN SEUL INSTANT à sa fonction de Pasteur universel ayant, de par sa Charge même, à jouer un rôle sur le plan politique international...]. Sa Sainteté déclare qu’elle accepterait avec bonheur cet honorable asile, et que le Sacré-Collège l’y suivrait avec pleine confiance. Mais le Pape croit ne pouvoir et ne devoir laisser le tombeau des saints Apôtres que forcé et contraint ; sa résolution irrévocable est d’attendre, au pied de son crucifix, l’ennemi venant au nom de la Révolution".
           
        Sans, donc, RIEN faire, pour l’empêcher. Quand bien même le plan Pitt ne lui demandait qu’un très-léger effort, prenant toute l’organisation sur lui...! Le génial premier ministre anglais avait en effet fort bien prévu les choses en se réservant à lui même et aux puissances politiques de préparer militairement toute la Croisade anti-révolutionnaire, déchargeant le pape âgé de tout effort : en fait, la Croisade ÉTAIT DÉJÀ PRÊTE, le pape, auquel Pitt mettait clefs en mains, n’avait plus qu’à tourner la clef pour allumer le moteur, c'est-à-dire apporter sa caution morale publiquement. Le pape n'avait qu'à simplement bouger le petit doigt en signant la bulle de coalition européenne, puis à la promulguer officiellement ! Quelle PETITE chose, qui demandait si peu d’efforts et de soucis au pape, et qui, fort peccamineusement, ne fut pas faite !!!
           
        En vérité, comme nous sommes loin, avec le pape Pie VI, de la dignité et de l’esprit de sacrifice personnels du pape Grégoire VII, préparant ardemment lui-même, en personne physique, une Croisade pour délivrer les chrétiens des pays d’Orient, tâchant d’y intéresser le césariste Henri IV d’Allemagne (en pure perte d’ailleurs), aux mœurs rien moins que chrétiennes ; voici la mâle lettre qu'il lui écrit, par exemple : "En outre, je donne avis à votre grandeur que les chrétiens d’au-delà des mers, cruellement persécutés par les païens, journellement mis à mort comme de vils animaux et pressés par la misère extrême qui les accable, ont envoyé me prier humblement de les secourir de la manière que je pourrais, et d’empêcher que la Religion chrétienne, ce qu’à Dieu ne plaise, ne périsse entièrement chez eux. J’en suis navré de douleur, jusqu’à désirer la mort et aimer mieux exposer ma vie pour eux que de commander à toute la terre, en négligeant de les secourir. C’est pourquoi j’ai travaillé à y exciter tous les chrétiens et à leur persuader de donner leur vie pour leurs frères, en défendant la loi de Jésus-Christ, et de montrer, par cette preuve éclatante, la noblesse des enfants de Dieu. Les Italiens et ceux d’au-delà des monts, inspirés de Dieu, je n’en doute point, ont reçu de bon cœur cette exhortation, et il y en a déjà plus de cinquante mille qui se préparent à cette expédition, s’ils peuvent m’y avoir pour chef et pour pontife [car le pape Grégoire VII avait bel et bien l’intention de "faire le voyage" en personne…], résolus de marcher à main armée contre les ennemis de Dieu, et d’aller, Lui conduisant, jusqu’au sépulcre du Seigneur" (Histoire universelle de l'Église catholique, abbé Rohrbacher, t. XIV, p. 240) ; et notre historien de commenter ainsi, avec raison : "Si le roi Henri avait voulu seconder le pape dans cette expédition et réunir les forces de l’Allemagne contre les païens, l’Allemagne eût été tranquille au-dedans, les païens se seraient convertis au christianisme, ou du moins rendus tributaires aux princes chrétiens. C’est la réflexion d’un historien du temps, Brunon de Saxe" (ibid., p. 241).
           
        Exactement de la même manière, je le dirai mieux tout-à-l’heure, que la "Croisade Pitt" aurait tout naturellement ramené les hérétiques protestants, allemands, anglais, et les schismatiques russes, au Siège de Pierre, sans oublier d’y ramener à deux genoux les princes catholiques, singulièrement défaillants de leurs devoirs de vénération envers le pape depuis les Traités de Westphalie (1650), reprenant soudain et salutairement conscience de la puissance supérieure de la fonction pontificale dans les affaires TEMPORELLES, c'est-à-dire sur leur propre pouvoir politique ! Or, avec le pape Pie VI, le tableau est affreux : loin que ce soit, comme avec Grégoire VII, le pape qui entraîne le laïc dans le bon combat, le bonum certamen dont nous parle saint Paul dans une épître, c’est le laïc, ... de religion hérétique de surcroît !, qui y entraîne providentiellement, de par Dieu, le pape, un pape qui... refuse de se laisser entraîner dans le bon combat, jouant le rôle négatif du… rebelle et fort peu chrétien Henri IV d'Allemagne de l’époque du pape Grégoire VII ! Quelle affreux renversement ! L’espèce de démission confinant au désespoir du pape Pie VI était si évidente, si affichée, qu’elle fut perçue par les ennemis du nom très-chrétien eux-mêmes, témoin cette commission que Napoléon pria le P. Fumé, supérieur général des Camaldules, de transmettre au pape : "Vous direz à Pie VI que Bonaparte n’est pas un Attila, et que, quand il en serait un, le pape devrait se souvenir qu’il est successeur de Léon" (ibid., Rohrbacher, t. XXVII, p. 544). Quelle douleur, pour l’âme catholique, de voir un Napoléon rappeler le pape, par ces paroles cinglantes, à son devoir militant !!!
           
        Mais poursuivons la lecture de Crétineau-Joly, qui continue à nous rapporter la lamentable attitude du pape Pie VI, dans sa réponse au génial et très-providentiel plan Pitt : "Le gouvernement pontifical a pris, dans la mesure de ses moyens, les précautions militaires qui lui étaient suggérées pour sauvegarder ses bien-aimés sujets ; mais il n’entre ni dans sa politique, ni dans ses vœux, de fomenter des guerres PLUS OU MOINS JUSTES [Quel propos scandaleux, monstrueusement scandaleux !!! Que Pie VI récusât le projet de Pitt, c’est chose déjà coupable et répréhensible, mais qu’en outre, il ose le condamner, assez vicieusement il faut le dire, en faisant reposer sur lui d’injustes et volontairement vagues suspicions (le pape aurait été bien empêtré de dire en quoi le plan de Pitt était une guerre "plus ou moins juste", à moins qu’il ne faille supposer que l’idée démocratique avait déjà fait son chemin dans le cerveau de Pie VI, ce que montrerait, il faut bien le remarquer, son très-scandaleux Bref Pastoralis Sollicitudo signé deux ans après cet épisode...), ce n’est plus une simple faute de faiblesse qu’on peut comprendre à cause de l’attitude rebelle des cours absolutistes, c’est le reniement d’un point capital de doctrine, c’est carrément une apostasie de l'Ordre très-chrétien tout entier, de la politique universelle chrétienne-sacrale d'essence surnaturelle, que le Vicaire du Christ avait, au tout premier chef, le devoir de faire respecter parmi les enfants des hommes : il y a vraiment là, dans ce refus de Pie VI, une véritable apostasie, des plus scandaleuse, qui dévoile hélas fort bien que les grands-clercs ont prévariqué en matière de Politique universelle dès la période pré-révolutionnaire...]. Plus que personne, Sa Sainteté déplore les inqualifiables excès auxquels se livre la France révolutionnaire [c’est bien le moins !] ; mais ces excès, ce n’est pas au souverain Pontife, qui est toujours père, qu’il appartient de les punir par des armes temporelles [!!!] ; le Saint-Siège en aurait la volonté, qu’il n’en a plus la puissance [MAIS IL NE L’A PLUS, CETTE VOLONTÉ !, IL VIENT DE NOUS LE DIRE SANS COMPLEXE ! ET C’EST POURQUOI IL NE VEUT PLUS EN AVOIR LA PUISSANCE QUE PITT LUI METTAIT PROVIDENTIELLEMENT DANS LES MAINS. Et puis, et puis, remarquez ce scandaleux prétexte qu'ose invoquer le pape de sa qualité de "père de tous", pour... ne point réprimer les méchants, les révolutionnaires, prétexte que, soit dit en passant, on retrouvera presque pour copie conforme chez Pie XII pendant la guerre 39-45... Le Pape aurait mieux fait de se rappeler qu’AVANT d’être le père des méchants, il l’était des bons, massacrés par les méchants, qu’il abandonnait ainsi lâchement à leur sort... avant de les obliger, sous peine de damnation, deux ans plus tard, en 1796, par le Bref le plus scandaleux de tout le bullaire pontifical, Pastoralis Sollicitudo, de reconnaître la prétendue autorité politique des méchants sur eux !]. Tout en admirant l’active énergie de M. Pitt [hypocrite, feinte admiration de ce qui était effectivement vraiment très-admirable : quelle Foi vive et agissante, en effet, dans le premier ministre anglais William Pitt, cet... hérétique !, ce… schismatique !], le Pape se résigne au spectacle du mal [oh ! quelle atroce phrase !!!], et attend d’en être la victime [il sera exaucé].
           
         "La coalition dont s’occupe le gouvernement britannique, est une chose grave et utile [… le pape vient de dire le contraire, en traitant le projet Pitt de "guerres plus ou moins justes"…]. Le gouvernement pontifical est tout disposé à y adhérer et à lui prêter son concours [... sans en prendre la tête, ce qui revenait en pratique à saborder ledit projet puisque sa force principale résidait dans le fait de mettre le pape à la tête de la coalition... qu’on prétend ainsi, par le refus, hypocritement soutenir] : c’est pour lui un droit et une obligation [comme tout cela sent le forcé !!] ; mais pour le moment, Sa Sainteté ne désire pas aller plus avant [on l’avait deviné]. On a trop reproché à la Papauté son immixtion dans les querelles des roys et des peuples pour que le Saint-Siège vienne encore fournir matière à des blâmes inconsidérés ou à des représailles coupables [certes, certes, c’était une excuse fondée, nous l’avons vu, et même parfaitement fondée : mais ce qui ne l’est pas, c’est d’assimiler une immixtion papale dans les affaires politiques entre roys très-chrétiens d’Europe avec celle qui aurait consisté, pour le Pape, à intervenir contre des rebelles de l’Ordre très-chrétien lui-même. On voit bien, là, entre les lignes, que le principe de cet Ordre très-chrétien "fondée par Dieu" (loi salique), royal et sacral, avec la nation française à sa tête, est formidablement absent, ne pèse d’aucun poids, dans l’esprit du pape ! Quelle incroyable démission ! Notez bien d’ailleurs que Pitt avait par avance récusé cette excuse, en disant au pape : "… qu’on avait eu tort de tenir la Papauté dans l’isolement, qu’elle était une force avec laquelle il fallait toujours compter, et que les gouvernements devaient se reprocher cette ingratitude ; mais, reprit-il, dans le danger commun, il n’est plus temps de se laisser aller à d’inutiles récriminations" : l’Histoire nous force de constater que le pape, lui, préférait s’y laisser aller, se laisser aller à de mauvais et réprouvés sentiments de dépit, de rancœur froissée, bref, écouter le "vieil homme" que saint Paul demande de remplacer par l'homme nouveau…].
           
        "Le Pape ne peut plus avoir de guerre, MÊME JUSTE, à ordonner ou à prêcher [... ô blasphème !] ; il ne lui reste qu’à en subir les conséquences [ce propos inouï, de peccamineuse démission et désespoir, par lequel le pape refuse dans le principe même de patronner des guerres justes, est ni plus ni moins une abdication d'un mandat majeur de la fonction pontificale… Mais faut-il lire : ne peut ou ne veut ? Il semblerait que ce soit : ne veut plus ; considérer en tous cas que le très-scandaleux "même juste" est une avant-première de la gnose "chrétienne-laïque" qui professe que toute guerre ne peut, en soi, qu'être injuste, formule et raisonnement de fond qui seront... textuellement repris, quasi mot pour mot, par Pie XII, dans ses discours de Noëls de guerre 1939-45]. Il n’y a pas assez d’union, pas assez d’homogénéité chez les souverains, et surtout dans leurs conseils, pour espérer que l’intervention pontificale aurait l’efficacité désirée [... mais, mais, précisément, voyons ! Le projet Pitt était suscité par la Providence divine pour... la faire renaître, cette unité internationale détruite par les péchés des hommes ! C'était ne plus croire à la puissance des Clefs, et c'était... le pape qui n'y croyait plus ! C’était vraiment là désespérer en Politique, sans raison sérieuse, désespérer du succès raisonnablement tout-à-fait prévisible de l’opération envisagée par Pitt, désespérer du bonum certamen et de la puissance des Clefs ainsi que de la grâce de rénovation du Christ sur les âme, faute particulièrement grave chez le chef des chrétiens]".
           
        La meilleure preuve de la fausseté intrinsèque du prétexte mis en avant par le pape Pie VI, la meilleure preuve que le projet Pitt était tellement suscité par la Providence divine, on la voit dans le fait que la coalition envisagée par lui fut finalement formée AVEC SUCCÈS par les puissances européennes pour permettre la réunion du conclave qui élira le successeur de Pie VI, le cardinal Chiaramonti, au Souverain Pontificat, en 1800...! C'est une autre très-belle page d'Histoire que nous relate... Crétineau-Joly lui-même, un peu plus loin dans son ouvrage, et que voici : "[Après la mort de Pie VI arrivée en 1799, provoquée par les mauvais traitements des soldats du Directoire lors de son exil], il n'y avait plus de pape, il ne devait plus y en avoir ; plus d'Église par conséquent. La Révolution se félicitait, avec le Directoire, de régner au Capitole et de commander au Vatican. Elle s'applaudissait d'avoir dispersé le Sacré-Collège et de rendre ainsi tout conclave impossible. Les jours marqués par le Philosophisme unis aux Jansénistes et aux Constitutionnels civils arrivaient à pas précipités. L'Église romaine allait tomber par morceaux comme un vieux mur qui n'a plus d'étais, quand tout-à-coup, la face des évènements change avec une rapidité providentielle. Ce qui jusqu'à ce jour a été la chose impossible devient soudain la chose la plus réalisable. Des rivalités, des malentendus, de sourdes ambitions, de tristes mécomptes, avaient, depuis 1792, maintenu entre les cabinets des Puissances, une fatale division. Leurs armées, se mettant en ligne, se faisant battre les unes après les autres, n'avaient produit ni un grand capitaine ni un grand fait militaire. Tout-à-coup, l'empereur Paul 1er de Russie se place à la tête d'une coalition formidable (...). Chose extraordinaire ! Les princes oublient leurs différends, les ministres ne se souviennent plus de leurs passions : tous sont équitables, tous sont modérés. Bientôt, les ambitions et les intérêts reprendront leur empire ; mais dans ce moment, chacun est dominé par une pensée plus élevée. On dirait que le Ciel, daignant concourir à leur oeuvre de réparation, inspire à tous un profond sentiment de justice. Des Russes, des Anglais et des Turcs se sont improvisés les alliés de la catholique Autriche ; par une suite ininterrompue de victoires, ils ouvrent au Sacré-Collège les portes du Conclave. Les cardinaux, abrités par les baïonnettes de Souwarow, sortent de tous les lieux où la Démagogie les relégua. La République française et son Directoire ont détrôné le pape Pie VI et persécuté l'Église romaine. La République n'existe déjà plus que de nom ; le Directoire a sombré le 18 brumaire aux acclamations universelles, et, 22 jours après, le Conclave s'assemble paisiblement" (ibid., t. I, pp. 218, sq). Cette coalition, à la tête de laquelle il ne manquait que le pape, était EXACTEMENT ce que voulait faire, avec un sens très-haut de la Providence divine, le ministre Pitt (anglican !). Et voyez comme le rôle imparti dans ce plan au pape n’était que d’un très-petit poids puisque la Providence divine, quelques années plus tard, s’est arrangée SANS LE PAPE pour former une coalition européenne, et que celle-ci a TRIOMPHÉ un moment, un trop court moment certes, de la Révolution…! En vérité, nous le disons dans l’amertume et l’opprobre, il n’y eut donc vraiment que la cour de Rome et le pape pour ne pas être à la hauteur de la Providence divine.
           
        "M. Pitt, qui négocie avec toutes ces incertitudes royales ou ministérielles, doit comprendre, mieux que personne, le sentiment de dignité dont le Saint-Père est animé [c’était vraiment faire intervenir de mauvais sentiments de fierté et de dignité blessée là où il s’agissait justement de mettre en avant de hauts, dignes et surtout chrétiens sentiments d’oubli de l’offense : quel bel exemple ç’aurait été, de la part du Vicaire du Christ ! Pitt lui-même, rappelez-vous, prenant là comme le rôle des prophètes de Yahweh envers les roys d'Israël défaillants, le lui avait conseillé : "… Mais, dans le danger commun, il n’est plus temps de se laisser aller à d’inutiles récriminations". Ah !, sagesse romaine ! Comme tu aurais bien fait de suivre le prophète... anglican ! Tu peux vraiment te vanter de marcher avec des pieds de plomb… pour le Bien !]".
           
        Même Crétineau-Joly, relatant cette très-affligeante page de l’Histoire en excusant au maximum la cour de Rome, on l’a vu, ne peut s’empêcher, tellement c’est évident, de remarquer à quel point le projet Pitt était providentiel: "Placer le souverain Pontife à la tête d’une coalition formée de roys catholiques ou non-catholiques, et faire rendre par ces roys à la puissance des Clefs l’hommage qu’ils lui avaient si longtemps disputé ou refusé, ÉTAIT UN PROJET D’UNE RARE INTELLIGENCE. La papauté seule, en effet, aurait pu triompher de l’idée révolutionnaire [... ce projet était en effet d’une "rare intelligence" : on ne peut s’empêcher de voir qu’en suivant le plan Pitt, tous les gouvernements non-catholiques européens, unis dans le feu et l’héroïsme du bon combat à mener pour le Bien, se seraient forcément, invinciblement, rapprochés de ceux catholiques et du Siège de Pierre, et l’hérésie et le schisme des premiers et le gallicanisme des seconds, auraient fort bien pu alors, la grâce de Dieu aidant, "fondre comme cire devant le feu" (exorcisme de Léon XIII)… Lorsque l’homme donne la première main, Dieu fait des miracles, Il ne se laisse jamais vaincre en générosité : c’est tout cela, ce Bien immense au niveau des Nations et de toute l’Europe, et donc du monde entier, que le pape envoie promener d’un revers de main las et désespéré, cachant mal sa mauvaise humeur…]. Pour cela, il n’eut pas fallu de longue main dénaturer son caractère ou diminuer son empire sur les masses [c’est parfaitement vrai, mais il n’aurait pas fallu non plus que la papauté abdiquât sa charge en ce domaine de la politique universelle, comme elle le fit cent vingt ans avant la Révolution, l’Histoire nous oblige hélas à l’enregistrer]. Le projet de Londres arrivait donc trop tard. Son accomplissement était impossible [... non, non, c’est totalement et scandaleusement faux : tout au contraire, il semble plutôt que la Voix du Ciel proposait là, tel le Sacré-Cœur à Louis XIV, un Plan de salut de Miséricorde ineffable qui aurait tout réparé à la fois, d’une Pierre (c’est bien le cas de le dire), deux coups, voire même plusieurs, des plus salutaires sur le plan surnaturel : 1/ anéantissement des rebelles athées de la Révolution ; 2/ réunion des Nations de l’ancienne Chrétienté autour du Pape, entraînant : a) à tout le moins, atténuation du schisme russe et anglais et sans doute même leur conversion au niveau national (voyez par exemple l’attitude fort édifiante des anglais pendant la Révolution envers les émigrés, où l’on sent si bien le désir du pécheur protestant de revenir à bien, ce que même Pitt perçoit et qu’il dit au pape) ; b) à tout le moins, atténuation de l’hérésie protestante, luthérienne et calviniste, des pays allemands et suisses, et probablement conversion de toute la sphère germanique (n’oublions pas que du temps de Bossuet, il s’en fallut d’un cheveu que la grande masse des protestants allemands ne se convertisse…) ; c) soumission et attitude de nouveau respectueuses et filiales des roys et princes européens catholiques envers le pape, ceux-ci ayant salutairement repris tout soudain conscience de la suprématie politique internationale du Saint-Siège sur leur propre pouvoir ; 3/ et en finale, reformation des liens de la Chrétienté par l’abolition des déjà révolutionnaires Traités de Westphalie, autour d’un Siège de Pierre immensément glorifié par sa victoire sur la Révolution et ayant récupéré par le fait même toute son autorité morale, jusques et y compris dans le domaine politique international, autorité politique universelle que Pierre possède par mandat divin, comme avait si bien su l'enseigner dans sa bulle le pape Boniface VIII aux temps de Philippe le Bel]".
           
        Et, si l’on continue à enseigner son âme par l’Histoire, lieu théologique pour accéder à la Vérité (Melchior Canus), il est étrange de voir Pie VI adopter pendant la Révolution exactement la même attitude diminuée que Pie XII pendant la seconde guerre mondiale, ou encore bien celle de Benoît XV pendant la première du nom, je veux dire : se cantonner à une action charitable purement... PRIVÉE, que d’ailleurs la réponse de Pie VI à Pitt laissait entrevoir : "Le vieux pape ne se dissimule pas que les jours de son règne sont comptés. (...) D’une voix rendue plus éclatante par l’approche des dangers, il a exalté ceux qui meurent en confessant leur Foi ; il veut veiller, comme une mère attentive, aux besoins de tous les proscrits. Évêques, prêtres, nobles et peuple, errent à travers l’Europe sans pain et sans vêtements [… quelle inconséquence cruelle ! Pie VI n’avait-il pas répondu à Pitt qu’il ne voulait plus de guerre "plus ou moins juste", faite, précisément, pour rendre bonne... justice à ceux que la Révolution avait réduit à la misère en les spoliant de tous leurs biens pour cause de Religion ou d’attachement à l’Ordre très-chrétien ?!]. Les revenus du patrimoine de saint Pierre sont bien affaiblis. Pie VI s’impose tous les sacrifices personnels les plus rigoureux pour subvenir à tant de glorieuses misères. Il a offert une royale hospitalité à Mesdames Adélaïde et Victoire, tantes du roy Louis XVI. À tous les exilés que la piété ou le hasard des évènements conduit vers les États de l’Église, le Pontife ouvre ses bras et son cœur ; il partage, il donne, il prodigue [... c’est fort touchant, la larme vient à l’œil, mais ce n’est pas édifiant après le refus démissionnaire et désespéré, immotivé et moralement scandaleux, du plan Pitt]. Son inépuisable charité rappelle à la terre, étonnée de tant de merveilleux résultats, cet œil vigilant, dont parle le prophète Daniel, et de qui la paupière ne s’appesantit jamais [... du moins, pour les choses de la charité privée...]. On dirait que le miracle de la multiplication des pains est devenu la chose la plus ordinaire à Rome, qui ne fut jamais marâtre à personne. Pie VI a consolé, il a secouru dans ses États [on verra bientôt les papes Benoît XV, Pie XII, pendant les deux guerres mondiales, en faire autant, avec les juifs quant à Pie XII... sans cependant se permettre la moindre condamnation publique des agissements nazis contre eux !] ; il faut que ses consolations et ses secours s’étendent partout où se trouvent une infortune et un dévouement. Sa main, déjà tremblante, ne cesse d’écrire. Il presse, il conjure les princes et les évêques d’Italie, d’Espagne et d’Allemagne de se coaliser dans de saintes générosités [... quelle misère de voir à quelle coalition de bonnes sœurs à cornette et de bons frères quatre-bras de la Charité chrétienne, le Pape se réduisait ! Comme si Notre-Seigneur Jésus-Christ avait donné au pape la Charge suprême de Vicaire universel des peuples pour soigner les malades dans les hôpitaux d’incurables ! Mais ne voit-on pas notre pape François avoir la même attitude d'abandon pratique d'un mandat majeur de sa fonction pontificale, c'est-à-dire se focaliser uniquement sur la charité privée en trahissant la charité publique que le Souverain Pontife doit absolument aux nations, c'en est même un devoir fondamental, principal, de la Charge pontificale ? Dans les jours mêmes, en effet, où j'écris ces lignes, François déclare, s'appuyant donc, il faut soigneusement le remarquer, sur une très-longue pratique pontificale de ses prédécesseurs en la matière : "La sécurité des migrants passe toujours avant la sécurité nationale" (Message du pape pour la journée mondiale du migrant et du réfugié, 21 août 2017) ; hélas, il est trop évident qu'il ne fait là que suivre l'exemple des papes modernes, à commencer par Pie VI, s'occupant de charité privée mais abandonnant complètement la charité publique commise au premier chef à la charge suprême de Vicaire du Christ]. Il fait passer son âme dans l’âme de tous les fidèles, et, renouvelant l’ère de la primitive Église, il veut que dans la Chrétienté il n’y ait plus qu’un seul cœur et qu’un même esprit [... pas dans la Politique, en tous cas !].
           
        "Au spectacle de cette bienfaisante sollicitude implorant de tous et de chacun des asiles pour abriter les proscrits, des dons pécuniaires pour les empêcher de mourir de faim, l’Église universelle applaudit en l’imitant. Catherine II de Russie met à la disposition des émigrés bien au-delà de ce que les prières du Pontife semblent demander. L’Angleterre hérétique ouvre au Clergé français un crédit d’hospitalité, qu’elle continuera même à travers les désastres. Depuis le jour où elle s’est séparée de l’unité, l’Angleterre n’a eu avec le Saint-Siège que des rapports hostiles. PIE VI A PARLÉ ; L’ANGLETERRE PRODIGUE SES TRÉSORS POUR HONORER UNE CONSTANCE RELIGIEUSE QU’ELLE N’A PAS IMITÉE [… la perfide Albion !, elle, proverbialement si avare ! Russie schismatique, Angleterre hérétique : PIE VI A PARLÉ, ILS OBÉISSENT IMMÉDIATEMENT, L’HISTOIRE NOUS LE DIT ! Voilà bien la meilleure preuve que les nations, TOUTES les nations, auraient suivi le pape comme un seul homme sur le plan politique universel, s’il avait eu le courage de se mettre à leur tête pour renverser la Révolution en France, sans même s’occuper de rien d’autre, comme le lui demandait Pitt, vrai prophète de Yahweh, étonnant, édifiant et véritable instrument de la Providence divine dans cette affaire...]".
           
        Cependant, dans cette descente en flamme du pape Pie VI que ma Foi m'oblige à faire, la mort dans l’âme (sans pour autant, tel saint Alphonse de Liguori à propos de Clément XIV, me permettre le moindre jugement sur lui, je m'empresse de le dire ; je vénère au contraire du fond de l’âme, encore et toujours, et jusqu’à ce que mort s’ensuive, la papauté, tous les papes, jusqu'à l'inénarrable François de mes jours actuels, quand bien même je me vois forcé de dénoncer leur dérive dans la chose politique universelle), je ne serais pas complet si je ne mentionnais ici que l’attitude du pape Pie VI fut différente en 1792. L’Histoire révèle en effet qu’il essaya bel et bien de fomenter une coalition militaire contre les révolutionnaires, mais à un niveau beaucoup plus réduit, beaucoup moins viril, et pour tout dire beaucoup moins divin, que celui entrevu par le formidable plan Pitt :
           
        "Le bouleversement accompli [= la Constitution civile du clergé], le pape, par son Bref du 3 mars 1792 invite même l’empereur Léopold à intervenir dans les affaires de la religion en France pour la protéger. Un peu plus tard, il rappelle au successeur de Léopold, l’empereur François, qui pourtant, comme grand-duc de Toscane, lui avait donné tant de soucis avec son synode de Pistoie et ses lois léopoldines, ce même droit d’intervention si décrié dans la politique du droit nouveau ; et il lui donne un conseil de politique chrétienne qui paraîtra bien suranné aujourd’hui ("Itaque, in componendo bello, illae apud te potiores esse debent conditiones, quae regno Dei conveniant, undè in caetera humana regna omnis publicae potestatis vis vigorque promanat"). La tolérance civile pourra s’imposer quand le mal aura fait tant de progrès que les moyens de coercition deviendraient impuissants et risqueraient de l’accroître ; ce sera alors le cas de supporter avec patience ce que Dieu Lui-même souffre, comme la mansuétude libérale le réclame. Mais, tant qu’il reste un espoir raisonnable de ramener au bien une nation égarée, en combinant la force des armes et l’appareil de la justice avec les paroles de persuasion et les exemples, les princes chrétiens doivent se souvenir qu’ils ne portent pas l’épée en vain ; qu’ils doivent la tirer principalement pour protéger l’Église et la tirer de la servitude, et «avoir soin de ne jamais séparer les intérêts religieux de tous les autres» [... mais n’était-ce pas cela que projettait de réaliser à merveille le plan Pitt, avec une toute autre envergure ?!]. Plusieurs seraient tentés peut-être de dénoncer là une excitation du pape à la guerre contre la France, un attentat de sa part à l’indépendance de notre pays, au profit de la Religion. Mais tout lecteur attentif verra d’abord dans les textes cités ici que Pie VI ne provoque pas l’intervention armée des souverains et qu’il a même soin d’en noter le dessein déjà formé par eux, ensuite, qu’il qualifie à bon droit leur entreprise de «guerre très juste» [... mais pourquoi donc, alors, soutiendra-t-il radicalement le contraire deux ans après, en osant qualifier le projet Pitt, sans le nommer tout en le nommant, de "guerres plus ou moins justes" ?! Mystère ! L’historien qui pourrait apporter une réponse à ce problème, ne perdrait pas son temps], sans doute parce que la France propage la révolution dans leurs États, et qu’il la considère comme une guerre «défensive». Cela étant, Pie VI demeurait bien dans son rôle en rappelant aux princes que la restauration de l’Ordre chrétien était le vrai et le seul moyen de rendre cette défensive efficace [... hélas ! il abandonnera ce bonum certamen deux ans plus tard !]" (Histoire du catholicisme libéral et social, abbé Emmanuel Barbier, pp. 73-74).
           
        ... Alors, pour conclure d'une manière générale et récapitulative, comment puis-je, en toute bonne justice et respect des faits historiques véridiques qui sentent la bonne odeur de Jésus-Christ, en tout respect aussi de l'institution divine de la papauté et de chacun des papes modernes de Pie VI à François, répondre à la question cruciale que j'ai posée en ces deux articles conjoints Les papes modernes ont-ils des excuses d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire constitutionnellement athée...?
           
        Il me semble qu'on peut répondre à la fois un tout petit oui, un microscopique oui, sur le plan naturel, mais surtout un formidable non, un non sur le plan surnaturel qui phagocyte et annihile même ce oui.
           
        Oui, ad hominem, seulement sur le plan strictement humain, les papes ont quelque excuse d'avoir désespéré de l'Ordre très-chrétiens représenté par des roys et princes européens convertis aux Lumières franc-maçonniques depuis au moins un siècle, et qui ne cessaient de les persécuter à mort dans leur mandat divin de gouvernance de la Politique universelle des nations.
           
        Mais non, mille fois non, sur le plan divin, surnaturel, les papes n'ont absolument aucune excuse d'avoir désespéré de l'Ordre très-chrétien, parce que cet Ordre politique universel est basé sur Dieu, et qu'il n'est pas permis de désespérer de Dieu et de son Ordre. Surtout quand on est pape. Même quand cet Ordre est foulé aux pieds par la Bête apocalyptique commençant à se manifester lors de et par la Révolution. Le reniement des principes n'est JAMAIS permis, même pour un bien, ou plutôt un prétendu bien. C'est ce que dit lapidairement Mgr Freppel dans sa belle formule : "On peut se relever de tout le reste, sauf du sacrifice des principes". Or, c'était, ... ô combien !, sacrifier le principe, que de prétendre abolir l'Ordre politique royal et sacral très-chrétien pour le remplacer par un nouvel ordre politique, a fortiori lorsque ce nouvel ordre est révolutionnaire.
           
        La papauté moderne a donc commis deux péchés gravissimes, dont on ne sait trop quel est le plus grave : 1/ d'avoir souscrit à l'abolition pure et simple de l'Ordre royal et sacral très-chrétien voulu par Dieu pour tout le Temps des nations jusqu'à la Parousie ; 2/ d'avoir souscrit à la formule politique de la Révolution, par le Concordat napoléonien de Pie VII. Ce n'est hélas pas tout. Je ne voudrais pas charger les papes modernes, mais la page historique très-authentique que Jacques Crétineau-Joly tire des archives secrètes du Vatican nous révèle qu'ils ont commis un troisième péché gravissime : celui d'avoir abdiqué un mandat confié à la Chaire de Pierre par le Christ, à savoir la gouvernance de la Politique universelle du Temps des nations. L'historien révèle en effet que les papes ont eux-mêmes lâché de leurs mains ce divin mandat commis à eux par le Christ, peut-être malsainement mûs par le syndrome de Stockholm, pour désormais le commettre aux peuples devenus soi-disant politiquement assez mûrs, Pie XII le dira clairement dans son message de Noël 1944, suffisamment en tous cas pour se gérer eux-mêmes dans les affaires de Politique internationale. Cette démission peccamineuse des plus coupable sera très-évidente avec les papes Benoît XV et Pie XII ayant à vivre, chacun, les deux premières guerres mondiales, et qui s'interdiront rigoureusement, avec des scrupules de vieilles filles et quasi maladivement, toute prise de position au niveau politique international. Jusqu'à se faire taper sur les doigts par tout le monde, de la même manière humiliante qu'on voit déjà Napoléon le faire avec Pie VI, lorsqu'il lui rappelle vertement son devoir politique au niveau de la protection des nations et des peuples. C'est bien pourquoi l'on verra les papes après Pie XII (mais déjà Pie XII lui-même), surtout Jean XXIII et plus encore Paul VI, se féliciter abominablement de la création de l'ONU, organisme international babelesque prétendant représenter légitimement les peuples du monde entier dans... la gérance de la Politique universelle.
           
        Par-là même de ces deux péchés gravissimes, et même trois, les papes ont crucifié l'Épouse du Christ, ils l'ont fait rentrer toute entière dans l'économie de la Passion du Christ, faisant peser sur elle la plus grande malédiction divine, exactement comme les grands-prêtres juifs de Jérusalem refusant leur Messie attirèrent implacablement et sans retour la plus grande malédiction de Yahweh sur la synagogue, initiant eux-mêmes, de leurs propres mains de Vicaires légitimes du Christ,
           
        "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
 
En la date anniversaire
de la mort de Pie VI, pape,
ce 29 Août 2017.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
William Pitt the Younger (1759-1806) *oil on canvas*114.5 x 144.5 cm *not before 1806
William Pitt le Jeune (1759-1806)
 
 
 
 
 
 
 
 
 
29-08-2017 15:14:00
 

Les papes modernes ont-ils des excuses d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire constitutionnellement athée...? (I)

 
 
 
 
Les papes modernes ont-ils des excuses
d'avoir cédé au républicanisme post-révolutionnaire
constitutionnellement athée...?
(I)
 
 
 
À la Papauté,
À tous les papes
qui se sont succédés
sur le Siège de Pierre.
           
        L'Histoire authentique est maîtresse de Vérité.
           
        Une des lumières du concile de Trente, le célèbre dominicain Melchior Canus, que d'aucuns, quant à la valeur, placent juste derrière saint Thomas d'Aquin dans l'Ordre des Frères prêcheurs, avait fait de l'autorité de l'Histoire le dixième et dernier de ses Lieux théologiques pour accéder certainement à la Vérité, à bonne et fort honorable place derrière des critères de première grandeur, comme l'autorité de l'Église, l'autorité des Conciles généraux, etc. L'Histoire a un lien viscéral très-fort avec Dieu le Père Créateur. Le fait historique véritable est en effet, on pourrait dire, une sorte de petite création parabolique, qui, mis en compagnonnage avec d'autres de son espèce, donne à l'âme une vision du Plan divin quant à la terre, qui est manifestation du Royaume de Dieu par son Christ. Et plus on réunit ensemble de ces bons compagnons qui sentent la bonne odeur de Jésus-Christ, plus cette vision devient claire, c'est-à-dire plus l'âme humaine vit de la Personne vivante du Verbe incarné et de son Règne, perçue dans la joie et la gloire salvifiques que donnent la Voie, la Vérité et la Vie.
           
        Tout ceci pour dire à mon lecteur que de scruter attentivement l'Histoire permet de mieux saisir pourquoi les papes et la cour romaine ont cédé si facilement au républicanisme voire au démocratisme constitutionnellement athée issu de la Révolution française (ce qui en soi est pourtant si contre-nature et tellement renversant), aux lendemains même, très-immédiats, de la tourmente révolutionnaire. Ce qui aide l'âme à comprendre comment la Providence divine a ordonné les choses pour faire rentrer l'Épouse du Christ dans sa Passion propre et personnelle, et donc à mieux vivre soi-même la vie de l'Église aujourd'hui, vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE", loin de tout illusionnisme spirituellement malsain genre "Demain, la Chrétienté" (... d'hier).
           
        C'est en effet dès 1801 que l'Église passe contractuellement, à la face du monde entier, un Concordat avec un État constitutionnellement athée, telle l'était la République française représentée par Napoléon. C'est, au regard de la vertu suréminente de Foi donnée par le Christ-Dieu à la papauté et au Siège de Pierre, si incroyable, si attentatoire à la constitution divine de l'Église et aux fondements de la civilisation chrétienne, qu'on ne peut s'empêcher d'y réfléchir très-profondément.
           
        Sur le plan des mœurs (les choses de la Politique constitutionnelle appartiennent au domaine des mœurs, dont l'Église est autant garante, et infailliblement garante, que pour les choses de la Foi), nous sommes là carrément en présence d'une apostasie. Signer un concordat avec la République française constitutionnellement athée était en effet ipso-facto lui réputer validité et légitimité (car tout concordat est un acte diplomatique solennel qui présuppose formellement la validité de tous et chacun des co-contractants intervenant audit acte concordataire, de par sa structure juridique synallagmatique). Or, depuis la Révélation, les seuls pouvoirs politiques valides sont ceux qui appuient explicitement leur fondement sur le Christ (ce qu'auraient dû savoir, plus et mieux que personne, faut-il hélas avoir à le dire, les Vicaires... du Christ). En effet, saint Paul, l'Apôtre des nations, nous enseigne formellement dans son célèbre chapitre XIII de l'épître aux Romains, que seuls les pouvoirs politiques ordonnés constitutionnellement au Bien commun sont valides, ladite ordonnance étant règle prochaine sine qua non de la validité de tout pouvoir politique ; ceux qui n'ont pas inscrite dans leur constitution cette ordonnance à la mise en oeuvre du Bien commun, non seulement ne sont pas valides mais n'existent même pas pour saint Paul. Or encore, depuis l'Incarnation, le Bien commun a un nom, il s'appelle Jésus-Christ, fondement et géniteur de tout Bien commun véritable dans l'ordre politique. Or enfin, tous les pouvoirs républicains-démocrates issus de la Révolution française, non seulement ne sont pas ordonnés constitutionnellement à Jésus-Christ, qui donc est le nom du Bien commun depuis l'Incarnation, mais, pire encore, sont ordonnés très-explicitement contre ce Bien commun véritable ordonné à Jésus-Christ, puisqu'ils sont tous constitutionnellement fondés sur les "droits de l'homme" révolutionnaires, lesquels, derrière une façade transparente, sont ni plus ni moins une radicale déclaration de guerre au Géniteur du Bien commun, Jésus-Christ. Il est en effet trop vrai de dire que les sociétés politiques issus de la Révolution non seulement ne sont pas constitutionnellement ordonnées au Bien commun, négativement, mais sont très-positivement constitutionnellement ordonnés au "mal commun" comme n'étant en vérité qu'une entreprise sociopolitique de démolition du Bien commun, c'est-à-dire de Jésus-Christ, dans les âmes des hommes.
           
        Ces "puissances", comme dit saint Paul en parlant des pouvoirs politiques, issues de la Révolution, sont donc formellement invalides, inexistantes, et c'est rien moins qu'une apostasie véritable, sur le plan des mœurs dont l'Église est gardienne et gardienne infaillible, que de les déclarer valides à la face du monde entier (ou du moins, mais cela revient au même, de leur réputer formellement validité et existence, par le simple et seul fait de les accepter comme partenaires concordataires). Les mœurs en effet couvrent les questions de Politique constitutionnelle : or, changer le critérium de validité des sociétés politiques dans un virage à 180°, en réputant désormais la validité à des gouvernements constitutionnellement athées, et donc non-constitutionnellement ordonnées à la poursuite du Bien commun, alors que, catholiquement, en suivant saint Paul, la Foi enseigne que les "puissances" qui sont valides sont seulement et exclusivement celles qui sont constitutionnellement ordonnées audit Bien commun, c'était en effet toucher là formidablement aux mœurs.
           
        À l'opposé de cette attitude rien moins qu'apostate, les Vicaires du Christ auraient dû faire immédiatement haro sur ces "puissances" du diable sorties du ventre de la Révolution, les dénoncer à la face du monde entier en criant le plus fort possible, avec la dernière énergie, dès qu'elles ont, dans leur arrogance, levé leur tête d'iniquité, de rébellion et d'orgueil lucifériens à la Face de Dieu et des hommes, qu'elles étaient des filles du diable suscitées par l'enfer pour la perte des âmes par le Politique (Louis Veuillot, dans une langue apocalyptique fort inspirée, les appellera "les filles de Babylone"), fulminant sur elles, dans le plus grand tremblement de leur fonction de Vicaire du Christ, les plus anathématisantes excommunications. Las ! Aux antipodes absolus, les papes ont fait tout le contraire : avec une honteuse précipitation et même frénésie, ils se sont dépêchés, se mettant à leurs pieds, de frayer publiquement avec ces nouvelles "puissances" du diable, leur réputant validité formelle par la pratique concordataire, osant très-sataniquement invoquer en leur faveur, dans le plus grand mensonge, comme hélas le pape Pie VI l'a fait dans son très-scandaleux Bref Pastoralis Sollicitudo (1796), l'enseignement paulinien quant au devoir d'obéissance et de respect envers la "puissance", enseignement... qui, en vérité, les condamnait sans appel, eux papes modernes, d'oser réputer ainsi la validité à des sociétés politiques constitutionnellement non-ordonnées au Bien commun, ce qui est parler par euphémisme quand elles étaient constitutionnellement ordonnées au mal commun, par les "droits de l'homme".
           
        Quand on réfléchit bien aux assises profondes de "la crise de l'Église", la grande hérésie moderne, donc, n'est pas tellement Vatican II qui, très-notamment par la Liberté religieuse, met les "droits de l'homme" dans la Foi, c'est le Concordat napoléonien de 1801 qui met lesdits "droits de l'homme" dans les mœurs, le concile moderne n'étant que l'achèvement dans la Foi de l'apostasie que le Concordat avait mis dans les mœurs de l'Église et de la société deux siècles et demi auparavant (tant il est vrai que si je ne vis pas comme je pense, je vais être, tôt ou tard, obligé de penser comme je vis).
           
        Mais ce n'est pas ici le lieu pour moi, dans ce nouvel article, d'expliquer la théologie de "la crise de l'Église", d'exposer comment le catholique peut, dans la Foi, résoudre le problème fondamental que pose l'affreux constat susdit de voir les papes prévariquer radicalement, au niveau des mœurs d'abord, puis, deux siècles et demi de transvasement de la corruption des mœurs dans la Foi plus tard, au niveau de la Foi elle-même, sans devoir en conclure sans retour que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" : je l'ai fait, moult fois fait, et bien fait je m'en rends bon témoignage, dans les autres articles ou livres que le lecteur trouvera sur mon site, où j'en conclue, bien au contraire d'une défaite définitive de l'Épouse du Christ devant Satan, que l'Église rentre par-là même dans l'économie de sa Passion propre et personnelle, qu'elle est ainsi faite, par les papes modernes, "péché pour notre salut" (II Cor V, 21), vivant depuis lors dans la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à "LA PASSION DE L'ÉGLISE", aux fins surnaturelles ultimes de vaincre définitivement Satan (bien au contraire d'être vaincue par lui), en co-Rédemptrice et à l'imitation de la victoire du Christ sur la croix (pour approfondir, on peut consulter notamment ces deux liens : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2 ; ou encore, quant à la dénonciation du Concordat napoléonien : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        Pour lors, l'objet de ce nouvel article, je le répète, est seulement d'essayer de discerner, à l'aide de l'Histoire, les raison qui ont fait que les papes, entraînant toute l'Église avec eux, ont pu s'autoriser à prendre immédiatement la voie républicaine-démocrate proposée par les révolutionnaires, empruntant là, dans l'ordre politique constitutionnel inhérent aux mœurs, au rebours complet et satanique de leur mission divine en ce monde, cette infernale voie réprouvée qui, de Charybde en Scylla, mènera l'Épouse du Christ à son crucifiement et à sa mort dans son économie de salut actuelle du temps des nations, lequel crucifiement aura lieu à la toute-fin des temps, sous la main maudite de l'Antéchrist-personne, dans le cadre de son règne. Un second article ayant même sujet et même titre (II) suivra rapidement ce premier (I), dans lequel j'exposerai cette fois-ci que le pape Pie VI et les grands-clercs romains ne croyaient plus à la restauration de l'Ordre très-chrétien attaqué par la Révolution, dès 1794, époque à laquelle le génial premier ministre anglais, William Pitt, pourtant anglican, proposa au pape de patronner moralement une formidable coalition de toutes les puissances européennes, pas seulement celles catholiques, contre les armées révolutionnaires françaises : mais les papes furent tellement malmenés par les cours royales et princières pendant tout l'Ancien-Régime, comme nous l'allons voir maintenant dans cet article (I), qu'ils ne croyaient plus pouvoir vaincre la Révolution par ces roys et ces princes qui, depuis trop longtemps, n'avaient plus de très-chrétiens que le nom... Et c'est pourquoi on aura la douleur de voir le pape Pie VI non seulement laisser tomber, le plus lamentablement possible, le magnifique et très-providentiel plan Pitt pour renverser la Révolution, mais en outre, oser soutenir qu'il ne croyait plus aux "guerres justes" (!), rentrant déjà là dans une pratique hétérodoxe pacifiste que son successeur Benoît XV développera en plein aux temps de la guerre 14-18, scandalisant tout le monde à juste titre, faux argument qui, quant à Pie VI et en l'occurrence d'une guerre ayant pour seul et unique but de renverser la Révolution dans toute l'Europe, était particulièrement et même monstrueusement scandaleux. Une dernière précision. Ces deux nouveaux articles sont, quant au contenu, des tirés-à-part légèrement revus à partir de Notes de fin de texte de mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, qu'on trouvera au lien suivant :http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGraçayA4.pdf.
           
        Or, tout part en effet du refus de plus en plus marqué des roys et princes autrefois très-chrétiens de continuer à se soumettre à l'Autorité spirituelle du Saint-Siège, à partir surtout de l'Ancien-Régime, c'est-à-dire grosso-modo durant les deux siècles du XVIIème et plus encore du XVIIIème. C'est cette mauvaise attitude des politiques qui déclenchera dialectiquement une autre mauvaise attitude des grands-clercs, celle de se tourner vers la forme républicaine-démocrate. ET LES GRANDS-CLERCS PURENT SE CROIRE AUTORISÉS À ADOPTER CETTE NOUVELLE ATTITUDE, PARCE QU’EN POLITIQUE, ILS AVAIENT L’ESPRIT RADICALEMENT PERVERTI PAR LA SCOLASTIQUE, LAQUELLE RAISONNE LA POLITIQUE EN PHILOSOPHE À PARTIR DU MODÈLE GRÉCO-ROMAIN ANTIQUE, ET NON EN SE BASANT SUR L'ORDRE TRÈS-CHRÉTIEN SACRAL SURNATURELLEMENT INITIÉ À LA NOËL 496 (ce que j'expose en profondeur dans Saint Thomas et les scolastiques ont trompé les papes qui nous ont trompé en Politique, qu'on pourra consulter au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/StThomas&LesScolastiquesOntTrompéLesPapesQuiNousOntTrompésEnPolitique.pdf).
           
        Faire un historique abrégé de cette nouvelle situation faite à l’Église, de rébellion sourde et implacable des princes contre l’Ordre spirituel durant tout l'Ancien-Régime, va donc être tout-à-fait utile, ne serait-ce que pour ne pas accuser la papauté de toutes les fautes, qu’elle n’a certes pas, et pour bien saisir les raison qui ont pu les pousser à adopter ce nouveau positionnement en matière Politique constitutionnelle qui, concrètement, au niveau des mœurs, était cependant rien moins qu'une... apostasie. Sauf indication contraire, je me servirai à présent de la très-belle page que nous donne l’Histoire des papes illustrée de Gaston Castella, 2ème édition, 1966, t. II, dans ses chapitres V à VIII inclus, dont je vais maintenant tirer de très-larges extraits. Les italiques et les majuscules dans le texte cité, seront de moi ; j'y rajouterai aussi quelques commentaires de temps en temps :
           
        "L’Ancien-Régime. — C’est le régime politique et social des nations européennes pendant les 17e et 18e siècles qui ont précédé la Révolution. Cette période est surtout caractérisée par l’avènement des monarchies absolues, par la centralisation des services administratifs et par l’affaiblissement ou la disparition des franchises locales [en fait, c’était, dans l’ordre sociopolitique, l’antichambre de la Révolution, par la suppression contre-nature des nobles ruraux, maillon essentiel de la civilisation très-chrétienne]. Il semble, à première vue, majestueusement ordonné, et présente, à la vérité, une grande complexité qui se retrouve dans sa situation religieuse. On a vu au cours de cet ouvrage, que, même au Moyen-Âge, bien des éléments avaient échappé à l’Église dans la civilisation ["bien des éléments" ?! : c’est là propos de libéralisme, dont hélas, l’auteur, semble quelque peu imbu...] ; toutefois, à considérer l’ensemble, elle en avait gardé la direction. Au début du «Grand-Siècle», après les crises d’ailleurs fécondes dans plusieurs de leurs parties, l’Église n’a pas reconquis l’empire qu’elle avait au Moyen-Âge sur la civilisation. Cet insuccès partiel ne nous a pas dissimulé, du reste, une rénovation qualitative d’importance capitale. Mais, à tout prendre, à l’âge du «baroque», la direction générale de la politique a déjà échappé à l’Église pour ne plus ressortir qu’à l’autorité des États. Dans l’ordre social, enfin, l’âge de la restauration catholique ne semble pas avoir apporté de restauration profonde ; tributaire sur ce point de la Renaissance et de l’humanisme, elle est demeurée trop aristocratique, et les problèmes sociaux n’ont guère retenu l’attention de ses penseurs.
           
        "Le premier événement, générateur d’un nouvel ordre politique européen [voyez comme l’auteur définit l’Ancien-Régime, avec raison, comme une véritable cassure d’avec les siècles très-chrétiens qui le précèdent], est la guerre de Trente ans. Elle se termina par les Traités de Westphalie (1648). (...) L’influence de la papauté en fut profondément atteinte. «On peut tracer en grandes lignes l’histoire politique des 17e et 18e siècles, écrit un historien catholique, sans mentionner la papauté. Elle dit son mot dans le concert des puissances secondaires de l’Europe, concert modeste et précaire, qu’étouffe l’orgueilleuse voix des grandes puissances [France, Autriche, Espagne, Angleterre]. Le nouveau droit public lui dénie tout autre rôle. Aux congrès de Westphalie, ce droit a trouvé sa charte ; en vain, le Saint-Siège proteste-t-il, en vain ses nonces prennent-ils congé de ces congrès, les congrès de Westphalie sont un congé signifié à la papauté elle-même» (G. Goyau, A. Pératé, P. Fabre : Le Vatican. Les papes et la civilisation. Le gouvernement central de l’Église. Paris, 1895, pp. 181-183 [ces auteurs sont certes des libéraux, mais le tableau ici brossé par eux est parfaitement véridique])".
           
        Un autre auteur a la même analyse de fond : "Pénétrés de telles maximes, tous résolus à être chez eux maîtres absolus, princes protestants et princes catholiques se trouvaient d’accord pour exclure à peu près complètement le pape du domaine de la politique internationale ; ou du moins, ils ne lui ouvraient la porte qu’en tant que souverain temporel de l’État pontifical. Pour eux, l’idée de chrétienté avait à peu près sombré. On ne le constata que trop dans les délibérations du fameux congrès de Westphalie contre lequel, après avoir rappelé ses nonces, le pape Innocent X ne put que protester. Le plus grand ministre des Affaires étrangères de Louis XIV, Hugues de Lionne, ne disait-il pas  cyniquement : «Qu’importe au Pape que la France soit catholique ou hérétique ? En est-il moins pape pour avoir perdu l’Angleterre ? Serait-il pas plus grand prince, s’il n’était que le seigneur de Rome et de l’État ecclésiastique ?» Hélas ! on sait comment les ministres de Louis XIV traitèrent «le seigneur de Rome» chaque fois qu’il se trouva en conflit avec le Roy et de quelles avanies ils l’abreuvèrent" (Conférences de Notre-Dame de Paris - Carême 1928, 4ème conférence, Mgr Baudrillart, Éd. Spes, en six fascicules - pp. 13-14).
           
        Mais voyons en profondeur quel est ce nouvel ordre engendré par les Traités de Westphalie, il nous intéresse au premier chef. "Innocent X (1644 1655) vit son pontificat assombri par une paix basée, non sur le droit et la justice, mais sur un simple équilibre de forces. Au point de vue religieux, la paix de Westphalie introduisait le principe de l’égalité des cultes chrétiens [indifféremment protestant et catholique, veut dire l'auteur ; elle est donc l'ancêtre hétérodoxe de la très-hérétique Liberté religieuse promulguée à Vatican II...]. Elle maintint les dispositions de la paix d’Augsbourg (1555) sur le «réservat ecclésiastique» et, pour couper court aux difficultés qui s’élevaient à propos de la possession des biens ecclésiastiques et de l’exercice du culte, on fixa une «année normale» ou «décrétoire». La diplomatie française fit adopter l’année 1624, qui était favorable aux catholiques parce qu’à cette date les péripéties de la guerre avaient donné une prépondérance marquée au catholicisme [c’est-à-dire que les biens disputés entre catholiques et protestants étaient réputés appartenir à celui qui le possédait en 1624, qu’il soit protestant ou catholique : quel inqualifiable mépris des droits de la Religion catholique véritable et donc de Dieu ! Mépris du droit de l'Église qui sera répliqué pour copie conforme, et cette fois-ci par le pape lui-même, Pie VII cédant dans un article du Concordat tous les biens ecclésiastiques de France lésés pendant toute la période révolutionnaire, non plus seulement à des protestants, mais, bien pire, à un gouvernement constitutionnellement athée...]. Mais l’exercice légal et public du culte eut toujours pour règle et pour mesure officielle la religion même de l’État, cujus regio, illius et religio, conception bâtarde que le droit chrétien et le moderne s’accordent à réprouver pour des motifs contradictoires. Les traités proclamaient aussi le principe essentiellement protestant de la suprématie du pouvoir civil. Ces clauses religieuses, ainsi que les nombreuses sécularisations d’évêchés et d’abbayes décrétées en faveur de souverains luthériens et calvinistes (les deux confessions protestantes avaient été mises sur le même pied d’égalité), motivèrent les énergiques protestations du Saint-Siège. La papauté n’avait pas cessé, on l’a vu, de travailler au rétablissement de la paix européenne. Mais le nonce Chigi avait été impuissant, à Münster, à détourner les belligérants de leur tendance universelle à opérer cyniquement le partage du butin en sacrifiant sans vergogne les considérations de justice, les droits de l’Église ET LES RÈGLES DE L’ORDRE SOCIAL CHRÉTIEN. Si le concours de la diplomatie française avait circonscrit le dommage dans une certaine mesure [… ah !, tout-de-même !, la "fille aînée de l'Église" voulait bien se souvenir quelque peu de sa vocation divine...!], le dommage n’en fut pas moins commis.
           
        "La paix de Westphalie demeure ainsi une date décisive dans l’histoire de la désorganisation du droit public de l’Europe par l’abandon systématique des nobles traditions qui avaient été l’âme de la Chrétienté du Moyen-Âge [traditions très-chrétiennes, donc, basées essentiellement sur le droit divin direct, celui de l'Église romaine bien sûr mais encore celui de l'Ordre très-chrétien basé sur la France]. C’est pourquoi le pape Innocent X, par la bulle Zelo Domus Dei [tout un programme, ce titre !] du 26 novembre 1648, déclara «nuls, vains, invalides, iniques, réprouvés, sans force et sans effets... tous les articles du traité portant préjudice à la Religion catholique, au culte divin, au Siège apostolique romain, ainsi qu’aux Églises inférieures». La protestation pontificale contre une évidente injustice touche au cœur même de la question primordiale que posent les Traités de Westphalie. La conception politique dont ils s’inspirèrent, où des historiens et des juristes ont salué la charte constitutive de la diplomatie moderne, est l’équilibre européen, le «principe» d’équilibre, au dire de certains auteurs, ou mieux, la politique d’équilibre. La préoccupation concrète des adversaires de la Maison d’Autriche de mettre un terme à sa prépondérance excessive en Europe donna naissance à un système général qui devint la règle théorique et permanente de la politique européenne depuis les Traités de Westphalie. Elle peut s’énoncer ainsi : pour garantir l’indépendance et la sécurité de tous les États de l’Europe, aucun d’eux ne devra posséder une telle prépondérance qu’il ne puisse facilement être tenu en échec par les autres puissances dans le cas d’une entreprise ambitieuse et abusive. C’est l’aspect initial ou plutôt négatif du système. Il s’achèvera dans la suite et prendra le caractère d’une règle positive. Les principaux États de l’Europe sont censés représenter, par eux-mêmes ou par le groupement de leurs alliances, des forces à peu près équivalentes qui se font contrepoids. Cet équilibre des forces étant la garantie de la paix européenne et de la sécurité politique de chaque État, à tout accroissement extérieur de puissance d’un grand État européen devra correspondre une extension équivalente des autres grands États de manière à conserver la balance intacte. Cette conception a régi le droit international de l’Europe du 17e siècle à nos jours [c’est, si l’on y réfléchit bien, carrément une conception maçonnique de la paix européenne, uniquement basée sur la rationalisation d’une situation géopolitique existant à un moment donné de l’Histoire : moment forcément fugace et éphémère, car personne n’a la clef, sauf Dieu, de la vie des Nations, de leur évolution et de leur destinée ; il s'agit donc d'une paix purement babelesque, que les hommes se donnent entre eux, uniquement fondée sur des vouloirs humains, des ententes humaines, à l’exclusion formelle de la Volonté divine : ces fameux Traités de Westphalie sont donc déjà tout-à-fait dans l’esprit de... l’ONU]".
           
        Le lecteur n’est évidemment pas sans remarquer que, donc, dès la deuxième moitié du XVIIe siècle, les États européens, qui avaient cependant tous reçu vocation très-chrétienne, s’organisaient politiquement par un pacte républicain humaniste, maastrichien avant la lettre, pacte qui excluait formellement non seulement le droit divin direct de la France (cela va sans dire) mais tout droit divin dans toute vie politique et étatique des hommes, en commençant par exclure en avant-première le droit divin de l’Église et de la papauté sur la Politique internationale. Mais il faut bien comprendre que si l’on arriva à une telle extrémité, déjà complètement révolutionnaire et antichrist plus d'un siècle avant la Révolution, c’est parce qu’auparavant LE DROIT DIVIN DIRECT DE LA FRANCE, FONDEMENT DE L'ORDRE TRÈS-CHRÉTIEN, N’AVAIT PAS ÉTÉ ASSEZ EXPLICITÉ. ET EXPLICITÉ D'ABORD PAR L'ÉGLISE ET SES PAPES. C’est précisément à l'occasion des Traités des Westphalie que, pour la première fois depuis la Noël 496, le droit de prééminence de la France sur les autres Nations lui fut contesté : comment mieux dire qu’on entendait formellement rejeter l’Ordre politique international très-chrétien fondé par Dieu sur la France pour tout le Temps des Nations ! "Le 14 juillet 1650 [... oh !, cette date !!!], à l’occasion d’un banquet diplomatique donné à Nuremberg par l’empereur Ferdinant III pour célébrer la paix de Westphalie (1648), l’ambassadeur français était mis sur le même pied que l’ambassadeur suédois. Pour la première fois, de temps immémorial, le droit de la France était violé : l’ambassadeur français quitta la salle du festin ; ce fut une affaire d’État que le protocole eut beaucoup de mal à régler pacifiquement" (Jeanne d’Arc et la Monarchie, abbé Marie-Léon Vial, p. 23, note 1). Voilà certes une affaire d’État qui n’aurait justement pas dû être réglée pacifiquement, à moins d’une réparation diplomatique complète et éclatante devant toutes les Nations : en vérité, aucun motif de guerre juste n’aurait été plus juste que celui-là, parce qu’il s’agissait rien moins que de défendre l’Ordre très-chrétien voulu par Dieu et fondé sur la France, qui assurait le salut des hommes en Politique !... Et quand à l’Église, on voit assez par la bulle indignée du pape Innocent X, Le zèle de la Maison de Dieu, le cas qu’on en faisait : elle n’existe tout simplement plus dans l'esprit des politiques d'Ancien-Régime !! Et l’on voit encore bien par-là l’union indissoluble du droit divin direct de la France et de l’Église : rejeter l’un, c’est rejeter l’autre. Autrement dit, par la mise sur la touche des deux Institutions divines procurant le salut en Politique, c’est déjà là, au beau milieu du XVIIe siècle, dans la sphère politique internationale, la première révolution, le premier rejet de l’Ordre très-chrétien, quand bien même on agit encore sous couverture chrétienne (mais plus... catholique, car les protestants sont mis à pied d’égalité avec les catholiques : c’est déjà en actes, la pratique de la Liberté Religieuse de Vatican II). On alla jusqu’à des monstruosités : dans l’année 1729, le tristement célèbre abbé de Saint-Pierre exaltera sans aucune retenue ce nouvel ordre humaniste et rationaliste entre les hommes (... qui avait séduit le roy Henri IV lorsque, déjà, les subversifs le lui avaient fait connaître en son temps), dans son utopie certes dérisoire mais surtout incroyablement impie Mémoire pour rendre la paix perpétuelle, laquelle était si outrée qu’elle fera même sourire Voltaire par sa démesure ! Bien évidemment, nul droit divin au niveau politique dans l'utopie du triste abbé, qu'il soit direct dans la France ou indirect dans les autres nations européennes ; la France n’est qu’un des éléments de l’échiquier, rien de plus.
           
        Et précisément, l’auteur, dans son commentaire de la nouvelle politique internationale humaniste mise ainsi en route par les nobles et princes autrefois très-chrétiens dans les Traités de Westphalie, va nous permettre de mieux comprendre pourquoi les papes ont fini, pour rejeter ce nouvel ordre à coloration chrétienne mais en vérité humaniste voire antichrist radical, par souhaiter la création d’une autre organisation sociopolitique internationale plus authentiquement chrétienne que ce qu’était devenu le pouvoir très-chrétien dans des mains nobles devenues ingrates et rebelles au Surnaturel. Le problème, l’immense problème, c’est que, l’esprit déformé par la scolastique, les grands-clercs ne comprirent pas plus que les cours très chrétiennes, que DIEU AVAIT PARLÉ EN POLITIQUE INTERNATIONALE, en désignant la France pour être Son mandataire direct auprès des Nations, aux fins d’assurer la paix internationale. Les grands-clercs avaient donc autant le devoir de se référer à l'Ordre politique très-chrétien sacral basé sur la France, que, de leur côté, les roys, à commencer certes par celui de France, avaient à se référer et soumettre à l'Ordre religieux basé sur l'Église romaine.
           
        C'est là la grande déviance : les roys ne croyaient plus au droit divin direct de l’Église, les clercs croiront pouvoir y pallier en... supprimant le droit divin direct du roy de France et des roys en général. Voulant prémunir les âmes de la peste, ils leur inoculeront le choléra : si l’on regarde attentivement la solution de remplacement qu’ils essaieront de trouver par la formule républicaine-démocrate promue par le pape Pie VII, on se rend compte qu’elle n’est en fait qu’une dialectique copie du nouvel ordre international HUMANISTE prôné dans les Traités de Westphalie. En effet, apparemment, l’Ordre international républicain-chrétien basé sur les peuples, prôné par Pie VII et mis ardemment en oeuvre par lui au moyen du Concordat napoléonien, est aux antipodes absolus de l’autocratique et aristocratique organisation humaniste des cours d’Ancien-Régime, mais en réalité, par leur rejet identique du droit divin direct, que ce soit celui de l'Église par les roys ou celui de l'Ordre politique très-chrétien par le pape, ils sont dans le même camp réprouvé. Exactement pour la même raison que les USA élitistes ne pouvaient que se trouver d’accord avec l’URSS prolétaire, car leur fondement antichrétien est exactement identique, quand bien même ils vont au but par des chemins radicalement opposées. À quoi, en effet, sert-il bien de remplacer les roys par les peuples, si, pas plus que ceux qu’on réprouve à juste raison, l’on n’insère le droit divin direct dans l’Ordre international qu’on veut promouvoir ?! À RIEN, SAUF AU PIRE. C’est pourquoi, on verra la papauté moderne avec l’Église officielle tout entière, finir par s’acoquiner avec l’ONU, sous Pie XII, cet ONU qui au fond est le dernier enfant bâtard des Traités de Westphalie... non moins que le dernier rejeton cagneux du Concordat de Pie VII.
           
        Le pape Pie XII, en effet, à la veille de la création de l'ONU, conclura le radio-message de Noël 1944 par ces phrases, dont il n'est certes nul besoin de montrer l'analogie avec le projet impie westphalien consistant à confier aux hommes la création de la paix universelle entre les nations, prérogative qui n'appartient qu'à Dieu, ce qui est particulièrement grave quand on s'appelle le pape et qu'on se dit, tel Pie XII, attaché audit projet babelesque... plus que personne : "Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix, investi de commun accord d’une autorité suprême [!!!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective. PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE. (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès que [Nous-même, à cette évolution aboutissant à la création d’un organisme juridique international s’arrogeant le droit de gérer politiquement les Nations]. (...) Car si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire". Inutile de souligner qu'ici le pape épouse, ... et avec quel enthousiasme scandaleux !!, le projet babelesque, de westphalien devenu onusien.
           
        Mais continuons à lire notre intéressant historien, pour mieux comprendre la suite des évènements : "[Le nouvel ordre international promu par les Traités de Westphalie,] c’est une politique, ce n’est pas un principe. C’est une recette politique qui a eu sa raison d’être depuis la disparition de l’édifice social et juridique de la Chrétienté du Moyen-Âge [... oui certes, il a disparu, cet édifice très-chrétien, mais parce que les hommes l’ont fait disparaître par leur abandon de la Foi ! Il n’a pas disparu tout seul ! Il faudrait tout-de-même le dire !]. Elle peut permettre de garantir l’ordre européen [... mis en péril par la rébellion humaniste de l’homme ayant supprimé l’équilibre européen très-chrétien...] si elle est complétée par des considérations supérieures de droit et de justice. La balance des forces est une considération, mais non pas la seule qui doive entrer en ligne de compte. Il y a encore et surtout le droit des États, le droit des peuples, leurs intérêts ou leurs aspirations légitimes, leurs traditions respectables et l’honnêteté nécessaire dans les rapports mutuels, dans la fidélité aux engagements, dans le respect du bien d’autrui [... Après avoir supprimé la Politique très-chrétienne et donc la loi morale, l’homme est bien obligé d’y revenir, mais au lieu de reprendre l’Ordre très-chrétien qui manifestait par surcroît cette morale politique, on va réinstaurer un essai de morale politique par des pactes purement humains, accroissant ainsi la perversion puisque la loi morale prendra sa source non en Dieu mais en l’homme !]. Quand la politique d’équilibre a pour objet de sauvegarder tous ces biens d’un ordre supérieur, elle est excellente, mais ne constitue pas encore à elle seule la règle suprême du droit international. Au contraire, quand l’équilibre des forces devient, comme aux Traités de Westphalie, un principe souverain auquel on croit légitime de sacrifier tout le reste, on érige un droit qui est la négation du droit. Ce «principe» d’équilibre porte alors en soi toutes les tares des morales de l’intérêt et dénature le caractère essentiel du droit et du bien. Il ne fut trop souvent qu’une combinaison empirique où les droits des faibles furent sacrifiés aux convenances des forts. «Les convenances de l’Europe sont le droit», déclarait un diplomate au Congrès de Vienne (1815). À quoi, un autre répondit : «Je mets le droit d’abord, les convenances ensuite». La politique d’équilibre ne constitue donc pas une charte d’organisation européenne, comme d’aucuns l’ont prétendu, et n’établit nullement une communauté organique des puissances, communauté que l’Europe et le monde attendent encore [!!!], et qui doit, pour être viable et conforme à la morale éternelle, être réalisée dans la liberté et le respect des droits de tous".
           
        Cette communauté organique des puissances désirée par l’auteur, formule que Pie XII reprendra presque mot pour mot dans ses incroyables Noëls de guerre laïcistes, et dont il dira souhaiter "plus que personne" (Noël 1944) l’instauration, et avec quel ardeur enthousiastique hélas, mais quelle est-elle, sinon la manifestation de l’inouïe et luciférienne prétention démiurgique pleine d’orgueil et d’illusion de la part de l’homme de re-créer lui-même l’Ordre international en totale autonomie et autarcie par rapport à Dieu, un Ordre que Dieu avait déjà instauré aux assises de la Société très chrétienne, à la Noël 496 ? Ou du moins une illusion babelesque de re-création, car l’homme n’a pas la puissance de créer en Politique, pas plus que dans d’autres domaines ? Une telle prétention, qui remplit l’âme pie d’effroi et d’horreur, fait immédiatement penser à Lucifer dont Isaïe nous révèle qu’il voulait établir son trône au-dessus du Trône de l’Éternel. Pas de péché plus grand. Or, ni l’auteur que je cite, ni Pie XII, ce qui est beaucoup plus grave de la part d’un pape, ne prendront conscience de ce péché babelesque, ils ne daigneront pas se souvenir que cet Ordre sociopolitique international qui fait tant défaut à l’homo modernus, a déjà été fondé par le Christ à la Noël 496, que c’est un prodigieux don de Dieu à l’homme qui le décharge de tout le souci politique, fardeau insupportable et écrasant pour lui, homme déchu, et que le devoir de l’homme est de s’y référer et d’en user, comme étant son salut, avec grande reconnaissance. Il y a donc dans ce projet moderne post-westphalien de fonder humainement une communauté organique des puissances basée non plus sur le primaire équilibre des forces mais sur le droit moral UNE INJURE INOUÏE À LA PROVIDENCE DIVINE. Car dans la nouvelle formule, loin de purger le projet westphalien de son poison mortel (= bâtir l’édifice politique sur l’homme et non sur Dieu), on accroit plus encore la perversion en faisant découler de l’homme non plus seulement l’équilibre des forces, mais l’équilibre du bon droit et de la justice. Ce n’est plus les corps que l’homme prétend gérer (rapport de forces politiques), c’est les âmes (par la force morale ordonnée de soi à l’âme et à Dieu). On délègue de plus en plus la mission du salut politique universel à l’homme, en l’enlevant de plus en plus à Dieu... Mais l’homme n’est qu’une illusion d’optique quand il prétend agir tout seul sans le monde surnaturel, c’est pourquoi cette conspiration contre l'Institution divine de la politique universelle gîtant dans l'Ordre très-chrétien et en définitive contre Dieu, qui s’en rit d’ailleurs l’Écriture nous le révèle, donnera tout pouvoir d’agir au Grand-Prestidigitateur, à Satan, à l’heure de Dieu. Au lieu d’être la délivrance de l’humanité, l'utopie de la paix westphalienne devenue de nos jours onusienne aboutira à nous donner, et ce sera fort juste punition, l’effroyable flagellation de la race humaine tout entière sous la verge de fer du règne maudit de l’Antéchrist.
           
        Mais pour l’instant, continuons à nous instruire et voyons à quel point les papes furent martyrisés par les cours très-chrétiennes redevenues païennes, et combien on peut certes les excuser d’avoir voulu chercher une solution au problème que posait la rébellion larvée des grands, sans pour autant pouvoir les justifier d’avoir versé eux-mêmes, hélas, dans une rébellion aussi répréhensible contre l’Ordre politique divin (l’auteur intitulera d’ailleurs un de ses chapitres : "Le martyre de la papauté") :
           
        "On comprend, d’après ce qui précède, pourquoi la papauté éleva une protestation solennelle contre les Traités de Westphalie, quelle qu’ait pu être leur utilité immédiate pour mettre fin à la guerre de Trente ans. Sa protestation, sans doute, fut vaine. Parmi les hommes d’État de cette époque qui, suivant l’expression d’Innocent X, «cherchaient plutôt leurs intérêts que ceux de Dieu», nul ne paraît s’être trop ému d’une protestation que le pape avait faite pour libérer sa conscience «afin, disait-il, de n’être pas accusé de négligence au jour où il paraîtrait devant le tribunal de Dieu». L’empereur [d’Autriche] lui-même interdit la diffusion de la bulle Zelo Domus Dei, et les princes ecclésiastiques allemands, à l’exception d’un seul, «omirent» d’en autoriser la publication. Ils craignaient tous que les catholiques d’Allemagne ne subissent de nouveaux dommages du fait d’adversaires irrités de la protestation pontificale. LORSQUE DISPARUT INNOCENT X [1655], CE NE FUT PAS SEULEMENT LA MORT D’UN PAPE. C’ÉTAIT LA FIN D’UN RÉGIME, D’UN ÂGE OÙ LES SOUVERAINS PONTIFES POUVAIENT ENCORE FAIRE ENTENDRE LEUR VOIX POUR SAUVEGARDER L’ORDRE CHRÉTIEN DANS UNE EUROPE QU’ILS AVAIENT NAGUÈRE CIVILISÉE ET ORGANISÉE. (...) À Rome, dans la galerie Doria, on admire le portrait d’Innocent X par Velasquez. Le peintre, l’un des plus grands de son siècle, a rendu avec une fidélité impitoyable la prudence, mais aussi la méfiance du vieux pontife, qui se lisent dans ses yeux gris bleu au regard perçant et impénétrable. En face de l’absolutisme grandissant, les papes, tout en restant fermes sur les principes, comme Innocent X l’avait été devant le jansénisme et l’abus de droit des Traités de Westphalie, allaient devoir user plus que jamais de réserve et de prudence sans se méprendre d’ailleurs sur la décadence de leur prestige".
           
        Abordons maintenant le pontificat du pape suivant, Alexandre VII (1655-1667). "Dans la seconde moitié du 17e siècle, les progrès de l’absolutisme font passer au premier plan les intérêts politiques qui supplantent ceux de la religion. Les princes catholiques ont une tendance de plus en plus marquée à considérer l’Église comme un instrument de gouvernement. Ils entendent bien la servir et, au besoin, la défendre, mais ils veulent qu’elle leur soit subordonnée. Lorsque la morale contredit la raison d’État, c’est la seconde qui l’emporte. Le déclin de la papauté est manifeste depuis les Traités de Westphalie qui ont fait passer les intérêts des princes devant ceux de l’Église. La papauté doit se retrancher désormais dans le domaine ecclésiastique et ne peut plus faire entendre qu’une faible voix dans le concert des puissances. Elle proteste contre les nouvelles formes de l’erreur ; elle le fait avec force et autorité. Elle ne peut empêcher néanmoins les progrès lents, mais constants, de la libre pensée naissante qui triomphera au siècle suivant. De ce déclin de l’influence du Saint-Siège, les papes ne sauraient être tenus pour responsables. Ils furent dignes et capables, quelques-uns même eurent une valeur éminente. La cause profonde de l’abaissement de la papauté doit être recherchée dans la victoire de l’absolutisme et dans les nouveaux courants de la pensée. L’attitude des princes à l’égard de l’Église a contribué finalement à ébranler l’Église et l’État ; l’orgueil de Louis XIV, se complaisant à humilier le Souverain Pontife, est, comme son absolutisme politique, une cause lointaine de la Révolution". Le tableau est hélas bien peint. Il est un fait, petit en apparence, mais qui illustre assez bien les mauvaises relations entre l’Église et les États chrétiens : à partir de l’élection d’Alexandre VII, on verra se former un parti très-influent de cardinaux qui en avaient tout-à-fait "ras l’bol" de l’influence de la puissance politique sur les élections papales, aux fins de la seule raison d’État, ou pire d’intérêts humains inférieurs : "Les membres du Sacré-Collège ne voulaient être les obligés de personne, ni se laisser guider par des influences politiques, mais élire celui qui leur paraîtrait le plus digne. Se promettant de n’obéir qu’à leurs propres convictions, il formèrent entre eux un groupe que l’ambassadeur d’Espagne désigna sous le nom d’«escadron volant», qui leur resta et qui désigna dans la suite des associations semblables.
           
        "Dans les dernières années de son ministère [vers 1660], Mazarin ne cessa pas de créer des difficultés au pape. Il soutint les prétentions des Farnèse et des Este contre le Saint-Siège et, surtout, écarta la papauté des négociations qui aboutirent en 1659 à la paix des Pyrénées, signée par l’Espagne vaincue. C’était là une nouvelle preuve du déclin de la puissance pontificale, empêchée de faire entendre sa voix dans un accord entre deux monarques catholiques [c’était plus grave encore que pour le Traité de Westphalie où des puissances protestantes étaient intervenantes...]. Le Saint-Siège ne devait pas tarder à éprouver les effets [de l’hégémonie de Louis XIV]. Un incident des plus mesquins (une rixe entre des soldats de la garde corse du pape et les gens du duc de Créqui, ambassadeur de France à Rome), fut exploité par Louis XIV, qui avoua lui-même que sa colère était feinte. Le «roy-soleil» renvoya le nonce de Paris et fit occuper Avignon et le Comtat Venaissin, terres pontificales, menaça d’envoyer des troupes en Italie et obligea Alexandre VII à lui faire présenter des excuses par son neveu, le cardinal Flavio Chigi, et à faire ériger à Rome une pyramide en souvenir de l’offense et de la réparation [!!]. Après la signature de la paix de Pise (1664), qui avait mis fin à cette triste affaire, Avignon et le Comtat Venaissin furent restitués au Saint-Siège qui sut désormais à quoi s’en tenir sur les prétentions de Sa Majesté très-chrétienne [hélas !]. Ce ne fut pas le dernier conflit entre Rome et le Louvre. Le 17e siècle, si grand dans l’histoire de la pensée, si important dans la politique par le triomphe de l’absolutisme et par l’hégémonie de Louis XIV qui étendit la civilisation française à l’Europe, n’a pas un moindre relief dans l’histoire religieuse. Tandis que les princes chrétiens, on l’a vu, achevaient de rompre les liens politiques qui les rattachaient à la papauté et n’acceptaient du Concile de Trente que les dispositions qui ne gênaient pas leurs prérogatives politiques, l’esprit du grand concile se répandait partout en Europe et y multipliait les fruits de la réforme catholique. Une renaissance magnifique et diverse se manifesta de toutes parts".
           
        Hélas, le bon grain n’allait pas tarder à être étouffé par l’ivraie. "Pour faire la révolution dans les esprits, dans les mœurs, et plus tard dans les lois, les «philosophes» ont su capter toutes les classes sociales, et leur influence a été européenne. Ils ont organisé l’opinion, qui avait de justes raisons de se plaindre de l’état politique et social de l’Ancien-Régime, au moyen de toute espèce de sociétés, dont la franc-maçonnerie a été le type le plus parfait, et auxquelles un penseur original et profond, Augustin Cochin, a donné le nom, exactement choisi, de «sociétés de pensée». Aucun des problèmes politiques, économiques et sociaux qui s’imposaient à l’attention de la monarchie française n’était insoluble, si une crise intellectuelle et morale n’avait atteint l’âme française et l’âme européenne dans leurs profondeurs. Si, vers la fin du siècle, l’opinion a pris l’habitude d’associer philosophie, liberté et réformes, c’est aux «philosophes» qu’on le doit. Ils ont si bien transformé les esprits en les déshabituant du respect de la tradition, tant religieuse que politique, les ont si bien accoutumés à l’idée d’un changement possible, que nombre de privilégiés eux-mêmes, bénéficiaires de l’ancien ordre des choses, se sont pris d’un engouement extraordinaire et surprenant pour la «philosophie». Il se forma ainsi comme une ligue universelle contre l’autorité, l’autorité religieuse surtout, et les roys eux-mêmes, qui se targuaient de pratiquer le «despotisme éclairé» aux dépens de l’Église, sont responsables en grande partie de la destruction des forces vives du christianisme. De cette poussée irrésistible, à laquelle on voit participer philosophes, gallicans et jansénistes contre les jésuites, le plus ferme soutien de la papauté, l’Église, la noblesse et la royauté elle-même seront les victimes. Lorsque la Compagnie de Jésus sera traquée dans différents pays et finalement supprimée par le Saint-Siège, circonvenu et menacé par les monarques imbus de «philosophie», nul ne se méprendra sur l’importance de sa défaite. Et quand le siècle s’achèvera, les révolutionnaires, qui venaient de renverser la royauté en France, croiront que la dernière heure de la papauté a sonné. La papauté devait endurer de grandes souffrances pendant tout le 18e siècle. La libre pensée se flattait de la réduire à néant. Quant aux souverains catholiques, prétendus amis et soutiens du Saint-Siège, ils ne s’imposaient quelques ménagements envers lui que dans la mesure où leurs intérêts étaient en jeu. Le monde diplomatique, brillant et raffiné, assez disparate de vie et de croyance, mais plutôt sceptique dans l’ensemble, s’entendait à merveille sur un point : se coaliser contre la Compagnie de Jésus pour la faire disparaître.
           
        "Lorsque Clément XI fut élu pape (1700-1721), la situation politique était si enchevêtrée, les intérêts en jeu si considérables, qu’un autre pontife plus résolu n’eût probablement pas mieux réussi que lui à surmonter les obstacles que les compétitions des puissances accumulaient devant le Saint-Siège. La situation faite aux Souverains Pontifes depuis les Traités de Westphalie et les victoires de Louis XIV ne leur permettait guère de jouer qu’un rôle secondaire dans le concert des grands États, uniquement soucieux de l’équilibre européen entendu à leur profit. Les convenances de la papauté, tant comme puissance morale que comme État italien, ne devaient pas peser lourd dans les calculs de Sa Majesté Apostolique, du Roy Catholique et de Sa Majesté Très-Chrétienne. [Dans l’affaire de la succession d’Espagne (1701-1714)], une offre de médiation de Clément XI ne pouvait être que de peu d’effet. Ses sympathies allaient à Philippe V et il eut une première déception lorsqu'il vit que le petit-fils de Louis XIV, aussi bien que l’empereur Léopold 1er, lui contestaient ses droits de suzeraineté sur la couronne de Naples et la Sicile ; un différend devait naître, à la fin de la guerre, à propos de la grande île. Pour l’instant, le pape fut péniblement affecté par l’attitude de l’empereur qui reconnut la dignité de roy de Prusse à l’électeur Frédéric de Brandebourg afin de le rallier à sa cause (1701). Le Saint-Siège protesta en faisant valoir qu’il devait être consulté lorsqu’il s’agissait d’ériger un nouveau royaume [c’est effectivement une prérogative du pape très importante pour l’Ordre très chrétien]. Il avait d’autant plus de raison de se plaindre que l’État prussien se fondait sur la possession des terres de l’Ordre teutonique, sécularisées lors de la Réforme. Mais la protestation pontificale ne trouva pas plus d’écho à Vienne, la catholique, qu’à Berlin, la capitale du jeune royaume protestant. La politique de Clément XI fut interprétée dans le camp impérial comme une manifestation favorable à la France, et l’Italie ayant été envahie par les troupes autrichiennes, les États de l’Église connurent aussitôt le risque d’être occupés. On en vint, en 1708, à une guerre déclarée entre le pape et l’empereur. Elle tourna à l’avantage de l’Autriche et la paix, signée l’année suivante, imposa à Clément XI la reconnaissance de Charles III, frère de l’empereur comme roy d’Espagne. La riposte de Philippe V [petit-fils de Louis XIV, rival de Charles III] ne se fit pas attendre : le nonce apostolique à Madrid reçut ses passeports et Philippe saisit les revenus pontificaux qui provenaient d’Espagne. Le malheureux pontife, qui n’avait cédé aux exigences impériales que par la crainte d’un nouveau sac de Rome, se voyait littéralement pris entre l’enclume et le marteau. La fin des hostilités n’apporta pas plus de satisfaction au pape, et l’on put mesurer à quel degré d’abaissement était ravalé le Siège apostolique.
           
        "Il essuya une nouvelle humiliation à l’avènement du successeur de Joseph 1er, l’empereur Charles VI. Le nonce envoyé à cette occasion à Francfort, qui était le propre neveu de Clément XI, le cardinal Annibal Albani, ayant protesté contre l’avènement de Charles III comme roy d’Espagne, fut purement et simplement éconduit. Les traités de paix d’Utrecht et de Rastatt (1713 & 1714) avaient attribué la Sicile au duc Victor-Amédée II de Savoie. Le droit de suzeraineté du pape sur la Sicile fut violé, et le nouveau roy voulut y exercer aussitôt certains privilèges ecclésiastiques que les papes avaient toujours contestés. La suppression de ces droits séculaires par la bulle Romanus Pontifex du 20 février 1715, fut suivie de l’expulsion des ecclésiastiques de la Sicile dont le Saint-Siège dut assurer, à grands frais, l’entretien. Le pape ne fut pas non plus consulté lorsque le duc de Savoie reçut la maigre Sardaigne, avec le titre de roy, en échange de la riche Sicile, remise à l’Autriche (traité de Londres, 1720). Clément XI obtint, en revanche, une certaine satisfaction aux traités de Baden et Rastatt. Malgré les efforts de l’Angleterre, de la Hollande et de la Prusse, il obtint que l’exercice de la religion catholique fût assuré dans les pays rhénans cédés par la France. Clément XI mourut le 19 mars 1721 ; une simple dalle de marbre dans la chapelle du chœur de Saint-Pierre marque son tombeau. Ce pape, zélé, pieux, et dont la vie fut irréprochable, avait eu les plus grandes difficultés à concilier ses devoirs de père commun des fidèles avec ceux du prince italien qu’il était aussi. Il avait pu se rendre compte combien les droits du Saint-Siège pesaient peu dans les balances des grands monarques lorsque leurs intérêts étaient en jeu ; en dépit des phrases pompeuses et des révérences de cour, la raison d’État primait tout".
           
       Innocent XIII (1721-1724) qui lui succéda "eut la douleur de voir le nouveau souverain [de Naples et Sicile, appartenant pourtant au Saint-Siège, mais que l’Autriche s’était attribués], remettre en usage les privilèges supprimés par Clément XI. Il n’obtint pas davantage la restitution de Comacchio, ni des droits de suzeraineté du Saint-Siège sur Parme et Plaisance, revendiqués par Charles VI, à l’exemple de ses prédécesseurs, comme fiefs impériaux. Il mourut déjà le 7 mars 1724. Les efforts de ce pontife, humble et doux aux pauvres gens, s’étaient brisés contre des forces politiques sans cesse grandissantes qui tenaient pour peu de chose les droits du Saint-Siège.
           
        Benoît XIII (1724-1730) eut la gloire d’élever sur les autels le pape Grégoire VII, "le pape de génie, réformateur de l’Église au XIe siècle. L’office de la fête du saint, fixée par lui, en 1728, au 25 mai, souleva les récriminations des cours imbues de gallicanisme. Grégoire VII n’avait-il pas humilié Henri IV à Canossa ? Ces souvenirs d’une époque où le Saint-Siège dominait les roys étaient INTOLÉRABLES aux souverains qui se flattaient de l’avoir abaissé. Benoît XIII supprima par gain de paix le deuxième nocturne de l’office. Il n’en fut point récompensé et ne peut empêcher aucune des mesures prises par les tenants du «despotisme éclairé» pour affirmer la mainmise de l’État sur l’Église.
           
        "Les tribulations du siège apostolique continuèrent sous le pontificat du successeur de Benoît XIII [= Clément XII, 1730-1740]. Le conclave, qui suivit sa mort, fut orageux et rendit manifeste, une fois de plus, l’influence des cours absolutistes. La situation politique de l’Europe devenait, en même temps, plus embrouillée. L’entrée en scène de nouveaux États (le royaume de Sardaigne, le royaume de Prusse et l’empire russe), et l’extinction prochaine des maison italiennes, les Médicis et les Farnèse, ne pouvaient qu’allumer de nouvelles convoitises. Une première candidature au trône pontifical préconisée par les «zelanti» ["l’escadron volant"] échoua devant l’exclusive de l’Espagne et de la France, gouvernées toutes deux par les Bourbons. L’union finit par se faire, et Clément XII fut élu pape. Sa diplomatie ne connut guère que des déboires. En 1731, à la mort du dernier Farnèse, le duc Antoine, il vit l’Espagne s’emparer de Parme et de Plaisance sans daigner lui faire hommage pour ces fiefs de l’Église. La même année, la République de Gênes repoussa avec dédain la médiation du pape dans un différend qu’elle avait avec la Corse. [Puis, lors de la guerre entre la France et l’Autriche, suite à la succession de la Pologne], le territoire pontifical fut violé à plus d’une reprise par les belligérants. [Lors du règlement du différent,] le pape fut traité sans ménagement par le roy d’Espagne et celui des Deux-Siciles, il dut se résigner à donner, sans conditions, l’investiture de la Sicile à son nouveau souverain. Clément XII avait cru que sa condescendance serait payée de retour. Il ne tarda pas à être détrompé. Le jeune roy des Deux-Siciles, Charles III, dirigé par son ministre Tanucci, adversaire résolu des droits de l’Église, ne cessa pas d’élever des prétentions en matière ecclésiastique et réclama le droit de nommer à tous les bénéfices. Le pape dut consentir en même temps de nouveaux sacrifices au roy d’Espagne lors de la conclusion d’un concordat. La Sardaigne, enfin, rompit les relations diplomatiques avec le Saint-Siège qui n’avait pas voulu lui concéder des avantages analogues à ceux qu’avait arrachés Charles III. L’attitude des cours où régnaient des Bourbons causait la douleur la plus vive au chef de l’Église. Le «bourbonnisme», qui tendait à unir étroitement les États néo-latins, pays catholiques, était pénétré d’un esprit qui s’inspirait de la seule «raison d’État», sans aucun égard pour les droits de l’Église. C’était la pure doctrine des vieux légistes et des humanistes, si bien comprise et appliquée lors de la Réforme, et comme l’a dit un grand historien français, Albert Sorel, «la vieille doctrine du salut public telle que Rome l’avait pratiquée et enseignée au monde» [!]. Elle revient à dire que tout se réduit finalement à la puissance. La papauté n’était plus de taille à s’y opposer et la diffusion de tels principes était d’autant plus dangereuse qu’elle coïncidait avec une licence croissante de mœurs et de pensée.
           
        "Un long pontificat fit suite, après une longue vacance du Saint-Siège, au règne de Clément XII. Benoît XIV (1740-1758), élevé au pontificat suprême à une époque où l’absolutisme des cours rendait plus ardue que jamais la tâche du Vicaire du Christ, prit le pouvoir avec une volonté arrêtée de modération qui devait même lui faire encourir le reproche d’une condescendance excessive. L’esprit d’un siècle qui tournait de plus en plus ses forces contre le christianisme, le «despotisme éclairé» des monarques et des cours, rendaient de plus en plus difficile au pape l’accomplissement de ses devoirs de souverain et de père commun des fidèles. Benoît XIV se rendait compte de la faiblesse de l’État pontifical, du prestige déclinant du Saint-Siège et des exigences des puissances, anciennes et nouvelles, grandes et moyennes, qui se partageaient l’Europe. Il estima qu’il valait souvent mieux plier que rompre et que, pourvu que l’essentiel fût sauvegardé, il était sage d’aller jusqu’à l’extrême limite des concessions. C’est aux circonstances dont il n’était pas le maître, et non pas à sa politique, qu’il faut imputer les tribulations de l’Église dont il fut le premier à souffrir. La condescendance du Saint-Père se manifesta dès les débuts de son pontificat dans les négociations qu’il entreprit avec les cours en matière de bénéfices ecclésiastiques et de concordats. La Sardaigne, Naples, le Portugal et l’Espagne reçurent les droits les plus étendus pour l’investiture des évêques, la collation des bénéfices et la juridiction ecclésiastique ; dans tous ces pays, le pape consentit, par gain de paix, à la suppression d’antiques immunités de l’Église. Le pape tint parole, mais on ne saurait en dire autant des gouvernements de Turin, de Naples, de Lisbonne et de Madrid qui soulevèrent à plus d’une reprise des difficultés. Le roy de Sardaigne, gratifié du titre de «vicaire du Saint-Siège», celui de Portugal, honoré du nom de «roy très-fidèle» et «sa Majesté Catholique» [Espagne], ne se gênèrent pas pour soumettre étroitement leurs clergés à la couronne. Le roy d’Espagne obtint le droit de nommer à douze mille bénéfices, le pape ne s’en réservant que... cinquante-deux. De hauts dignitaires ecclésiastiques n’étaient pas les moins ardents à réclamer pour leur souverain les privilèges les plus étendus. La guerre de la succession d’Autriche plaça le Souverain pontife dans une situation pleine de périls. Les alliances contractées par la Prusse, celle française surtout, avaient transformé le conflit en guerre européenne et nul ne songeait à respecter, le cas échéant, la neutralité du territoire pontifical. Autrichiens et Espagnols ne s’en firent pas faute et le pape, toujours plein d’esprit, disait dans une lettre au cardinal de Tencin, son ami, qu’il pourrait écrire un traité sur le martyre de la neutralité [!]. Parme, Plaisance et Guastalla furent cédés à l’infant d’Espagne sans qu’on se fût préoccupé le moins du monde de la suzeraineté pontificale.
           
        "[À la mort de Benoît XIV] la question du maintien ou de la suppression de la Compagnie de Jésus domina le conclave [il faut bien saisir que cette question est capitale : elle fut le mauvais prétexte dont se servit le pouvoir politique absolutiste pour annihiler complètement et sans retour de la face de la terre le pouvoir spirituel sous la botte du temporel, après toutes les tentatives que nous venons de voir, qui n’étaient que des coups de boutoir importants, mais aucun d’entre eux n’enlevant la place, comme le fera l’affaire de la suppression des Jésuites]. Aussi l’élection du cardinal Cavalchini, connu pour son attachement envers les fils de saint Ignace échoua-t-elle devant l’exclusive prononcée contre lui par le cardinal de Luynes, au nom du roy de France. Le représentant de Louis XIV s’était fait l’interprète de toutes les cours bourboniennes. L’accord finit par se faire, et Clément XIII (1758-1769) fut élu. Le caractère du nouveau pontife était tout autre que celui de son prédécesseur. Dans sa première allocution au Sacré-Collège, il affirma sa volonté de défendre énergiquement les droits du Saint-Siège. Il allait aussitôt en donner la preuve dans l’affaire des jésuites. Le Saint-Siège se trouvait dans la position la plus difficile. Il n’ignorait pas que des réformes étaient devenues nécessaires, mais il ne voulait pas les précipiter. Aussi, Clément XIII se trouva-t-il, dès le début de son pontificat, aux prises avec l’affaire qui devait en être jusqu’au bout le tourment : la suppression de la Compagnie, réclamée par presque toutes les cours catholiques. «On ne devait voir, écrit Albert Sorel, qu’une ligue se former au 18e siècle : c’est la ligue des puissances du Nord contre la Pologne ; et on ne devait apercevoir qu’une circonstance où les puissance de l’Ouest et du Midi poursuivaient de concert un objet commun : c’est la suppression de l’ordre des jésuites». L’offensive commença au Portugal". Un attentat commis contre le roy, nullement suscité par les jésuites comme on s’en doute, leur fut pourtant imputé par le pouvoir malintentionné. "Pombal [Jean Lombard cœur de roy nous apprend dans son volumineux ouvrage La montée parallèle du capitalisme et du marxisme, que ce premier ministre du roy du Portugal était un des pires disciples des Illuminés de Bavière...], ennemi déclaré de la Compagnie, prit contre elle les mesures les plus rigoureuses. Il en fit incarcérer un grand nombre, expulsa les autres du royaume et des colonies, les fit jeter sur les côtes des États pontificaux et mit la main sur les biens de l’ordre. Toutes les démarches du pape en leur faveur restèrent vaines ; le nonce à Lisbonne, Acciailoli, connu pour ses sympathies envers les pères, reçut ses passeports (1760). Le Saint-Père tenta de nouveaux efforts en priant l’Espagne de servir de médiatrice. Rien n’y fit et Pombal répondit à ces tentatives de paix en faisant conduire au bûcher, comme hérétique obstiné, le P. Gabriel Malagrida, un vieillard de plus de soixante-dix ans.
           
        "L’exemple du Portugal fut bientôt suivi par la France. Un attentat manqué contre Louis XV en fut le prétexte, bien que les jésuites n’y fussent pour rien [encore un attentat contre le roy d’un pays duquel on veut expulser les jésuites ? Tiens, tiens, curieux....], et la banqueroute d’une maison de commerce dirigée par le P. Lavalette [sans qu’il fut de sa faute] déclencha les poursuites. Le 6 août 1762, Louis XV prononça la dissolution de l’ordre comme contraire à l’État et nuisible à la religion et à la morale et le bannit à jamais du royaume ; ses biens furent confisqués. Le pape eut beau déclarer nuls les arrêts du Parlement par son allocution consistoriale du 3 septembre 1762, un décret royal du 1er décembre 1764 donna force de loi aux décisions du Parlement. Clément XIII intervint alors solennellement en sa qualité de Pasteur suprême pour défendre l’ordre si durement frappé. Par la constitution Apostolicum pascendi munus du 7 janvier 1765, il en loua les mérites, etc. Peine perdue. Les ennemis des jésuites firent alors campagne en Espagne pour déterminer le gouvernement de Charles III à les traiter comme l’avaient fait ceux de Portugal et de France [toutes ces cours sont bourboniennes...]. Le roy était d’ailleurs imbu des mêmes principes d’absolutisme que ceux de Lisbonne et de Versailles. La rupture était à la merci d’un incident [qui, bien entendu, fut trouvé : sur faux-témoignage, une émeute fut à tort imputée aux jésuites ("tout le monde mentait dans ce siècle de mensonge", commente notre auteur !) ; la suite, ne traîna pas : expulsion des jésuites, par décret royal du 27 février 1767]. La protestation de Clément XIII fut de nul effet ; le roy d’Espagne lui répondit qu’il avait des motifs fondés pour agir comme il l’avait fait. Il déclara au Souverain Pontife que les pères seraient emmenés dans les États de l’Église à l’exemple de ce qu’avait fait le Portugal. Le pape ayant répondu qu’il ne pouvait pas se charger de leur entretien, Charles III les débarqua en Corse où ils menèrent une existence misérable jusqu’à ce qu’un certain nombre d’entre eux eût finalement trouvé asile sur le territoire pontifical.
           
        "Il n’était pas difficile de prévoir que cette politique trouverait des imitateurs dans les autres États bourboniens, Naples et Parme [ce qui fut fait en 1767 & 1768, à la manière brutale et injuste des autres cours bourboniennes]. À ces mesures de spoliation devaient bientôt s’ajouter d’autres vexations et d’autres injures à l’égard de la Compagnie et de la papauté qui avait pris sa défense. Le gouvernement de Parme souleva la question de la suzeraineté du pape sur le duché à laquelle le Saint-Siège n’était nullement disposé à renoncer. Du Tillot, ministre du duc de Parme, prit alors des mesures qui restreignaient les privilèges ecclésiastiques en matière d’impôts et de juridiction, au mépris du droit canonique alors en vigueur, et soumit au placet les actes pontificaux. Les démarches de Clément XIII s’étant avérées sans effet, il se décida, par un bref du 30 janvier 1768, à frapper de nullité les lois ducales qui portaient atteinte aux droits de l’Église ; leurs auteurs encouraient les censures prévues par la bulle célèbre In coena Domini, publiée par Urbain V en 1364 et complétée par saint Pie V. L’attitude du pape, que n’approuvaient pas tous les membres du Sacré-Collège, souleva la colère des cours bourboniennes. Elles voulurent y discerner une atteinte à la souveraineté des États et une vengeance des jésuites. Le bref pontifical fut interdit, et le Saint-Siège, menacé de représailles s’il ne reconnaissait pas la souveraineté du duc de Parme et Plaisance. Clément XIII déclara que sa conscience lui interdisait de rapporter la mesure qu’il venait de prendre. Les menaces furent aussitôt mises à exécution : la France saisit Avignon et le Comtat Venaissin ; Bénévent et Ponte-Corvo furent occupés par les troupes espagnoles et napolitaines. Le pape demeura ferme et se contenta d’adjoindre le cardinal Negroni, adversaire des jésuites, au cardinal Torrigiani, secrétaire d’État, qui était leur ami. Les cours de Madrid, Paris et Naples, ne se déclarèrent pas satisfaites. Au mois de janvier 1769, leurs ambassadeurs présentèrent au Souverain Pontife, une note où elles le pressaient de supprimer la Compagnie de Jésus. «Cela mène le Saint-Père au tombeau», écrivait le cardinal Negroni. Quelques jours plus tard, le 2 février 1769, l’apoplexie foudroyait le doux et pieux vieillard de soixante-seize ans ; son calvaire était fini. Il n’avait laissé passer sans protester aucun des attentats dont la Foi et la papauté avaient été les victimes. Mais le plus souvent ses protestations n’avaient fait qu’aviver les ressentiments qui plongeaient leurs racines dans l’esprit d’un siècle rebelle à tout frein moral et religieux. Clément XIII eut du moins l’honneur d’accomplir sa tâche sans défaillance".
           
        Puis, fut élu le malheureux Clément XIV (1769-1774) qui promulgua pour l’Église universelle, sauf exception russe, le décret de suppression des Jésuites. "Son règne a été dominé tout entier par l’affaire de la suppression des Jésuites, et il a été, pour cette raison, l’un des papes les plus discutés de l’histoire. Les ennemis de la Compagnie ont exalté en lui l’homme courageux et tout pénétré d’esprit évangélique qui avait eu assez d’héroïsme pour détruire un ordre dont les intrigues faisaient un tort mortel à l’Église ; les amis des jésuites, au contraire, n’ont pas cessé de déplorer la faiblesse et la duplicité du pontife qui, pour complaire aux cours, terrorisé par l’ambassadeur d’Espagne, Moniño, comte de Florida-Blanca, se serait résigné à détruire un institut deux fois séculaire qui est le plus ferme soutien de la papauté. Si l’homme, quelles que soient les circonstances, reste maître de son choix, ce qui est le propre du libre-arbitre, on ne saurait méconnaître le rôle de ces circonstances. Et qui pourrait nier qu’elles ne fussent alors plus difficiles que jamais ? [On ne saurait certes juger le pauvre pape Clément XIV ; cependant, pour en rester aux actes eux-mêmes, l’acte de la suppression des jésuites était la capitulation décisive et formelle du pouvoir spirituel devant le pouvoir politique, et voilà pourquoi il fut si grave et pourquoi il tourmenta si fort l’infortuné pape ; on sait qu’au conclave devant l’élire, il avait cru trouver une formule astucieuse contentant tout le monde, tout en cachant ses intentions de condamner ou non les jésuites s’il était élu, ce qui, par le jeu des influences, lui permit d’être effectivement élu pape : s’il commit là une faute, Dieu sait assez s’il en fut puni dès cette terre ; sur cette page très-douloureuse, on lira avec profit l’ouvrage de Crétineau-Joly Clément XIV et les jésuites].
           
        "En dépit des compliments et des flatteries dont le pape fut l’objet après quelques premières mesures conciliatrices [qu’il prit dans les premiers jours de son élection], l’orage ne devait pas tarder à éclater. Le bref du 12 juillet 1769, encourageant les missions des Jésuites dans les pays infidèles, en fut l’occasion. Les cours étaient décidées depuis longtemps à poser un ultimatum au Saint-Père lorsque, le 22 juillet, le cardinal de Bernis lui remit une note presque comminatoire de la France, de l’Espagne et de Naples, réclamant la suppression de la Compagnie. Choiseul [... lui aussi franc-maçon] avait indiqué à Bernis un délai de deux mois dans lequel le pape devrait s’exécuter [!]. «Ce terme passé, écrivait le ministre au cardinal, on ne pourra empêcher les souverains de la maison de Bourbon de rompre toute communication avec un pape, ou qui nous amuse, ou qui nous est inutile». Clément XIV chercha naturellement à gagner du temps. Pour donner aux Couronnes des gages de ses dispositions conciliantes, le pape prit alors un certain nombre de mesures contre les Jésuites dans les États pontificaux. L’ambassadeur d’Espagne, Moniño, répétait cependant, implacable : «C’est en vain qu’on tourmente ces pauvres gens. Une seule parole suffit : l’abolition». En même temps, on était à l’été 1772, l’ambassadeur de l’Escurial ne se gênait pas pour menacer le pape de rompre les relations et de supprimer tous les ordres religieux en Espagne s’il ne se décidait pas promptement ; le danger d’un schisme apparaissait. En retour de sa condescendance, on faisait entrevoir au pape la restitution d’Avignon et de Bénévent : «Le pape, raconte Bernis, répondit qu’il ne trafiquait pas dans les affaires». C’est seulement à la fin de novembre 1772 que Clément XIV cessa la résistance. Il promit de supprimer l’ordre. La signature du bref eut lieu, après longue et mûre réflexion et à la suite de nouvelles instances de Moniño, dans la première moitié de juin 1773 ; mais il porte la date officielle du 21 juillet ; c’est le document célèbre qui commence par les mots : Dominus ac redemptor noster et qui fut publié le 16 août au Gèsù, la célèbre église des Jésuites à Rome [ce qui est incroyable, c’est que le Bref ne fut pas reçu dans les cours... protestante et schismatique de Prusse et de Russie ! Frédéric II et Catherine II "interdirent la promulgation du bref et la Compagnie de Jésus continua d’exister légalement" dans ces pays non-catholiques !]. Un événement de cette portée ne pouvait manquer de susciter aussitôt et dans le cours des temps, les appréciations les plus diverses et les plus opposées".
           
        En fait, la lutte déjà plus que séculaire entre le pouvoir politique autrefois très-chrétien regimbant comme des furieux sous le doux joug du Christ d'une part, et son Vicaire sur la terre voulant maintenir ce joug de salut d'autre part, avait été toute récapitulée dans cette question de la suppression ou non des jésuites. Il faut bien comprendre que la capitulation de Clément XIV était l’acte de reddition, d’abdication pure et simple, sans condition, de la papauté devant les puissances politiques absolutistes... "Mais il ne faut pas oublier surtout quelle pression fut exercée sur le Saint-Père par les cours bourboniennes qui le menaçaient d’un véritable schisme s’il ne cédait pas. L’effet immédiat de la suppression ne tarda pas à se faire ressentir sur les pays catholiques d’une manière que le Saint-Siège, dans la pureté de ses intentions, n’avait pas prévue. Ranke, le grand historien protestant, a écrit très justement : «Les jésuites avaient été persécutés et haïs surtout parce qu’ils défendaient la doctrine la plus rigoureuse de la suprématie du Saint-Siège. ON AFFECTA DE CROIRE QUE LE PAPE, EN LES LAISSANT TOMBER, RENONÇAIT À CETTE DOCTRINE ET À SES CONSÉQUENCES. L’opposition philosophique et religieuse avait, disait-on, remporté la victoire ! LES BOULEVARDS EXTÉRIEURS ÉTAIENT PRIS ! L’attaque du parti victorieux contre la forteresse devait recommencer avec encore plus d’énergie». Un redoublement d’hostilité contre le catholicisme ne devait pas tarder à se produire après une accalmie superficielle et momentanée. Clément XIV eut bien la satisfaction de se voir restituer Avignon, Bénévent et Ponte-Corvo, mais il avait auparavant le chagrin d’assister à l’alliance de la Prusse, de l’Autriche et de la Russie pour se partager la Pologne (1772). La santé du pape s’altéra rapidement après les évènements de l’été 1773. Les prophéties d’une certaine Bernardine Baruzzi, qui annonçait en termes apocalyptiques la mort prochaine du pape, lui inspirèrent une terreur qui grandit jusqu’à l’issue fatale. Il languit depuis le printemps jusqu’au 21 septembre 1774 où il expira pieusement [assisté miraculeusement par saint Alphonse de Liguori qui s’était déplacé par miracle, en bilocation, dans les appartements fermés du pape, comme le révèle l’historien Crétineau-Joly dans l’ouvrage sus-mentionné : ce qu’évidemment, l’auteur, un tantinet libéral, ne dit pas...].
           
        À cause de notre époque de désacralisation de l’Histoire, de naturalisme tous azimuts, il ne me semble pas inutile de citer au long cette intervention surnaturelle. L'historien Rohrbacher la rapporte ainsi : "Lorsqu’en 1773, le saint évêque [saint Alphonse-Marie de Liguori] reçut le bref de suppression [des jésuites], il adora quelque temps en silence les jugements de Dieu dans la conduite de son Pontife ; puis, prenant la parole : «Volonté du pape, s’écria-t-il, volonté de Dieu !» et l’on n’entendit plus de sa bouche une seule parole qui manifestât sa peine intérieure. Un jour, plusieurs personnes de distinction voulant jeter du blâme sur les dispositions de Clément XIV : «Pauvre pape ! s’écria le saint évêque, que pouvait-il faire dans les circonstances difficiles où il se trouvait, tandis que toutes les couronnes demandaient de concert cette suppression ? Pour nous, nous ne pouvons qu’adorer en silence les secrets jugements de Dieu et nous tenir en paix [bien noter que le saint excuse le pape…]. Je déclare cependant que, ne restât-il qu’un seul Jésuite au monde, il suffirait pour rétablir la compagnie» ― «Priez pour le pape, écrivait-il le 27 juin 1774. Dieu sait si je compâtis à ses afflictions !» ― «Priez pour le pape, dit-il encore dans une lettre, ainsi que je ne cesse de le faire de mon côté. Priez pour le pape ; on m’a écrit de la Romagne qu’il désire la mort, tant il est affligé de toutes les traverses qui tourmentent l’Église» ― «Les affaires de l’Église, écrit-il le 12 juin, vont de mal en pis. Mgr Rosetti, qui vient de Rome, m’a dit des choses à faire pleurer. Le pape est dans la plus grande affliction ; il se tient toujours enfermé ; il ne donne audience presque à personne et n’expédie aucune affaire» ― «… Je ne fais que répéter : Pauvre pape ! pauvre pape, qui est affligé de toutes parts ! Je ne cesse de prier pour lui, afin que le Seigneur vienne à son secours».
           
        "(…) Dans la matinée du 21 septembre 1774, saint Liguori, après avoir fini sa messe, se jeta, contre sa coutume, dans son fauteuil ; il était abattu et taciturne, ne faisant aucun mouvement, n’articulant aucune parole et ne demandant rien à personne. Il resta dans cet état tout le jour et toute la nuit suivante, et durant tout ce temps il ne prit aucune nourriture, et ne chercha point à se déshabiller. Les domestiques, qui voyaient sa situation, ne sachant ce qui allait arriver, se tenaient debout à la porte de sa chambre, mais aucun n’osait entrer. Le 22 au matin, il n’avait pas changé d’attitude ; on ne savait plus que penser. Le fait est qu’il était dans une extase prolongée. Cependant, lorsque l’heure fut plus avancée, il agite la sonnette pour annoncer qu’il veut célébrer la sainte messe. À ce signe, ce n’est pas seulement frère Antoine qui vient comme de coutume, mais toutes les personnes de la maison accourent avec empressement. En voyant tant de monde, le saint demande avec un air de surprise ce qu’il y a — Ce qu’il y a ? lui répondirent-ils ; depuis deux jours, vous ne parlez plus ni ne mangez, et vous ne nous donnez plus aucun signe de vie. — C’est vrai, répliqua le saint évêque, mais vous ne savez pas que j’ai été assister le pape qui vient de mourir. — On crut que ce n’était qu’un songe. Cependant, on ne tarda pas à recevoir la nouvelle de la mort du pape Clément XIV, qui avait passé à une meilleure vie le 22 septembre, à sept heures du matin, au moment même où saint Liguori avait repris ses sens (Mém. sur la vie et la congrég. de saint Liguori, t. 2, l. 3, c. 54, p. 445, sq.)" (rapporté par Rohrbacher, t. XXVII, pp. 26-28)]".
           
        Et nous arrivons à Pie VI (1775-1799), recueillant la dramatique succession de Clément XIV, jusqu'à ce que mort s’ensuive, c'est bien le cas de le dire en ce qui concerne ce dernier pape d'Ancien-Régime qui finit sa vie par un quasi-martyre. Bien que ne se faisant nulle illusion sur le danger que courait l’Église et les nations chrétiennes, "le Saint-Père ne se doutait pas cependant que la tempête fût si proche. Il était aux prises, pour l’heure, avec des États qui contestaient sur des questions diverses les droits de l’Église. Les empiètements de Joseph II sur les droits de l’Église en Allemagne lui causèrent de graves soucis. Sans exposer ici les théories joséphistes [qui étaient un plagiat de celles gallicano-jansénistes françaises], on peut affirmer que c’était encore une forme de la crise révolutionnaire que le Saint-Siège rencontrait en Allemagne. Les réformes du fils de Marie-Thérèse étaient entreprises dans une bonne intention [?], mais elles procédaient d’une idée erronée que des réformes ecclésiastiques peuvent être poursuivies sous les auspices de la seule autorité civile. Sitôt après la mort de l’impératrice-mère (1780), Joseph II prit avec une hâte fébrile une série de mesures radicales. Il soumit la publication de toutes les bulles pontificales au placet impérial, supprima les monastères dont le but ne tendait pas à l’éducation nationale telle qu’il l’entendait, mit l’instruction publique, y compris celle des clercs, aux mains de l’État, interdit aux couvents toute relation avec des supérieurs étrangers, supprima des confréries, abolit des processions, alla jusqu’à régler le nombre des messes et celui des cierges qui devaient être allumés à certains offices. «Mon frère le sacristain !» disait de Joseph II, Frédéric II, l’ironiste couronné. Pie VI garda une longue patience. Puis, voyant que ses représentations étaient sans effet, il prit le parti de se rendre à Vienne pour s’entretenir avec l’empereur. Le voyage eut lieu au mois de mars 1782. Mais le pape, de retour à Rome, eut la douleur de constater que l’empereur persistait dans sa politique. L’horizon s’assombrit de nouveau quelques années plus tard, le fébronianisme ayant inspiré les électeurs ecclésiastiques de l’Empire à réclamer la suppression de la juridiction des nonces en Allemagne. Un synode national se préparait, un schisme menaçait d’éclater, lorsque les soldats de la République parurent sur le Rhin".
           
        Nous voici donc parvenus à la Révolution qui, sous cet angle, apparaît vraiment à la fois comme l’aboutissement logique et comme le châtiment d’une Société très-chrétienne qui avait tout-à-fait prévariqué dans la chose de la Foi.
           
        Tout cet historique que j'ai voulu faire, le lecteur en comprend bien la raison, montre le contexte qui explique pourquoi les papes et les grands-clercs cherchèrent, on pourrait dire furent forcés et acculés à chercher, un nouvel ordre politique universel en se passant des roys et nobles très-chrétiens, puisqu’ils étaient devenus pratiquement païens voire antichrists ; quand bien même cela ne saurait les excuser d’avoir porté leur choix sur un système républicain-démocrate constitutionnellement athée qui était pire encore, il s’en faut extrêmement, que celui qu’ils prétendaient ainsi remplacer, sans même parler de l'atteinte mortelle de ce nouveau système politique constitutionnel à la constitution divine de l'Église, ainsi qu'aux fondements mêmes de la société.
 
En la fête de Saint-Pierre-AUX-LIENS,
ce 1er Août 2017,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
01-08-2017 15:58:00
 

Non, saint Thomas d'Aquin n'est pas pour la (très-hérétique) Liberté religieuse...!

 
 
 
Non, saint Thomas d'Aquin n'est pas pour
la (très-hérétique) Liberté religieuse...!
 
           
        C'est pourtant ce que certains "grands intellectuels" contemporains voudraient faire croire et accroire, escamotant pour cela sans vergogne la pensée véritable du Docteur Angélique, trichant scandaleusement avec ses écrits, n'hésitant pas le moins du monde, avec la dernière impudeur, à leur faire dire le contraire de ce qu'ils disent. Ce qui fait voir, soit dit en passant, que nous sommes vraiment rendus à un point de satanisation des esprits peu croyable, digne de l'Antéchrist, puisqu'on se sert du blanc pour exprimer... le noir.
           
        La mouvance Ralliée nous a hélas fort habitué, depuis de nombreuses années à présent, à ce genre de faux-culs de première, capables, sans rougir aucunement, de sortir des écrits d'une malhonnêteté intellectuelle insoutenable pour soi-disant prouver l'orthodoxie de la Liberté religieuse, son illusoire "herméneutique de continuité" (Benoît XVI) avec la Tradition doctrinale. On est hélas tellement obligé, en effet, de remarquer que les adeptes de la Liberté religieuse n’échafaudent leurs raisonnements et leurs textes qu’au moyen de mensonges éhontés et captieux, de citations truquées, tronquées, voire même carrément fausses, de "confusions des plans et des points de vue soigneusement entretenues" (La Liberté religieuse, texte posthume du P. Joseph de Sainte-Marie, paru dans "Le Courrier de Rome", mai 1987). Le tout, avec un entêtement si complet, si affreux, et qui semble hélas si voulu, que cela fait penser, ... ô horreur !, à une véritable conversion de leurs esprits dévoyés à Satan. Le fond commun des écrits des sectaires de la Liberté religieuse est d’être un ignoble traficotage des choses de l’esprit et des textes, page après page, ligne après ligne, qui révolte profondément toute âme honnête, pas même forcément catholique, révélant ainsi on ne peut mieux leur mauvais camp et combat.
           
        En voici un exemple pour l’illustrer, et, malheureusement, il est de taille, puisqu'il émane d'un... pape ! Il s’agit de Pacem in Terris, la dernière encyclique de Jean XXIII (11 avril 1963), laquelle est l’ancêtre directe du décret conciliaire Dignitatis Humanae Personae sur la Liberté religieuse car elle contient déjà la formule hérétique que ledit décret proclamera seulement quelque deux ans et demi après : "Chacun a le droit d’honorer Dieu suivant la juste règle de la conscience et de professer sa religion dans la vie privée et publique"(Pacem in Terris, § 14). "Suivaient une citation de Lactance et une autre de Léon XIII, ni l’une ni l’autre ne prouvant la proclamation faite, car Lactance parlait du droit des chrétiens à pratiquer leur religion dans l’empire romain, et Léon XIII précisait de quelle liberté il parlait [à savoir : de l'exclusive liberté religieuse de l'Église et de la Foi catholiques, veut dire à juste titre l'auteur, car c'est effectivement bien là ce que disait Léon XIII dans son encyclique], ce que ne fait pas l’encyclique de Jean XXIII. Dans celle-ci, en effet, l’absence de toute précision fait que la proclamation du droit de chaque homme à professer sa religion peut tomber sous les coups de la condamnation du libéralisme faite par Léon XIII, précisément dans l’encyclique Libertas dont on cite ici un passage. Disons-le comme il faut le dire : de tels procédés ne sont pas intellectuellement honnêtes" (P. Joseph de Sainte-Marie).
           
        Ce qui m'amène tout naturellement à l'exemple très-récent de M. Grégor Puppinck, prétendant de même mensongèrement que saint Thomas d'Aquin se déclare pour la Liberté religieuse dans ses écrits...
           
        Mais, tout d'abord, qui est ce M. Puppinck ? On le présente comme un personnage important, évoluant dans les hautes sphères politiques internationales et religieuses, un sage, selon le monde, et même un sage "chrétien"... on va voir de quelle manière. Il est, nous apprend le media Zenit, l'organe Internet officieux du Vatican, "Docteur en droit, Directeur du European Centre for Law & Justice, et membre du Panel d’Experts de l’OSCE/ODIHR sur la liberté de religion et de croyance". Ce Monsieur, donc, fait des conférences : "«Droits des parents en matière d’éducation et de religion» ; c’est le titre de l’intervention de Grégor Puppinck à un Séminaire de Haut Niveau au Conseil de l’Europe, le 28 avril 2017, [dans le cadre de] l’événement intitulé «Liberté de religion en Europe, accomplissements et perspectives», organisé par la Représentation Permanente de Saint Marin et le Council on International Law and Politics" (https://fr.zenit.org/articles/droits-des-parents-en-matiere-deducation-et-de-religion/). Et c'est là-dedans qu'il va nous sortir son mensonge sur saint Thomas d'Aquin, qui serait prétendument... adepte de la Liberté religieuse (!!!).
           
        Pour commencer, ce qui m'amuse assez (... car étant sous le règne de Satan, il faut bien penser à s'amuser un peu pour purger la mauvaise bile, se rafraîchir et détendre l'esprit...), ce sont les majuscules mises aux titres dudit sieur Puppinck par Zenit. C'est un "Docteur en Droit" ; il intervient à un "Séminaire de Haut Niveau ―SHN, pour les intimes― au Conseil de l'Europe", il est "membre d'un Panel d'Experts de l’OSCE/ODIHR", et intervient dans un évènement organisé par une Représentation Permanente de la Principauté de Saint Marin, etc. ! Ce qu'on veut vous dire par ces majuscules, c'est que des types comme ça, vous avez beau lever les yeux, vous ne pouvez même pas voir à quelle hauteur, cachée pour vous, ils perchent leur pensée super-quintessenciée. Va sans dire que les mots sages qui sortiront de leurs bouches sacrées seront tous sertis dans l'infaillibilité humaine dont Félicité de Lamennais voulait voir doter la démocratie universelle dont ils sont les représentants accrédités. Vous ne pourrez même pas comprendre leur haute sagesse, plus proche du Ciel que de la terre, ce qui signifie bien évidemment qu'on ne vous reconnaîtra aucune compétence pour juger s'il y a, dans leur dite "sagesse", des choses fausses et erronées. Cependant, ces brouettées innombrables de prétendus "sages" que nous pondent les gens du monde (rappelons-nous en effet le fort méprisant mot de saint Paul à leur sujet : "Un temps viendra [l'Apôtre des nations fait là clairement allusion à la fin des temps, soit dit en passant...] où les hommes ne supporteront plus la saine doctrine ; mais ils se donneront une foule de docteurs, suivant leurs convoitises et avides de ce qui peut chatouiller leurs oreilles" ― II Thim IV, 3-4), ont à admettre, comme tout le monde, même si ça leur déplaît, que la Foi est LE critérium à la fois le plus simple et le plus élevé pour juger de toutes choses, y compris les "sagesses humaines" ou plutôt qui se prétendent telles. Je ne sais plus qui a dit qu'à notre époque, conditionnée dans tous les domaines par le cartésianisme subjectif déconnecté de la réalité des choses, plus quelqu'un est diplômé, surtout au niveau des études théoriques élevées, plus on est sûr d'une énorme proportion de faussetés et d'erreurs souvent grossières dans les solutions ou les théories qu'il proposera.
           
        On va s'en rendre compte tout-de-suite, avec ce Grégor Puppinck...
           
        Au fait, qu'est donc l'OSCE qu'on accouple au plus étroit à l'ODIHR, dont on nous dit que le sieur Puppinck est un Expert extrait d'un prestigieux Panel, les majuscules étant de rigueur ? Ce sont deux ONG, dont on sait fort bien qu'elles ne sont rien d'autres que des sociétés crypto-maçonniques pour faire avancer le schmilblick sociopolitique dans le sens mondialiste. L'OSCE s'avère être un machin technocratique abstrait mis en place pour faire avancer les "droits de l'homme" dans le monde entier, et, quand il est gentil, il répond au doux nom de : Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe ; c'est une tête sans bras qui a besoin de l'ODIHR pour fonctionner concrètement, cette dernière ONG s'épluchant ainsi : Office pour les Institutions Démocratiques et les Droits de l'Homme. Notez en passant la similitude des deux dénominations. Comme chacun sait, ou devrait le savoir, la non-réalité des "droits de l'homme" géniteurs de ces sociétés technocratiques opaques, tâche de faire croire qu'elle existe au moyen d'abstractions intellectualistes et de tas de "commissions" pseudo-réalistes qui s'enchevêtrent entre elles, ou plus exactement dit, qui grouillent ensemble dans le plus grand chaos, comme asticots sur morceau de viande avariée (d'ailleurs, l'étymologie des ONG le révèle bien : ces sociétés inexistentielles, en effet, ne se définissent pas positivement mais seulement négativement, par rapport à une société qui existe, ce sont des Organisations NON Gouvernementales). On nous dit, sur le site de ces deux ONG que j'ai été voir par curiosité malsaine (que Dieu me pardonne !), que leur but est d'aider les États modernes à "mettre en oeuvre leurs engagements de dimension humaine, y compris ceux liés aux droits de l'homme, la non-discrimination, la démocratisation et l'État de droit. (...) L'OSCE a une approche complète de la sécurité des États, qui englobe des aspects politico-militaires, économiques et environnementaux, et également humains".
           
        Nous sommes donc là les pieds en plein dans des sociétés crypto-maçonniques dont le but, épousé depuis longtemps par l'Église moderne (... et plus qu'épousé, car ladite Église moderne s'est trouvée la sublime vocation d'en être à présent le meilleur fer de lance, la locomotive "spirituelle" !), est d'arriver à instaurer dans le monde entier les "droits de l'homme". Ce qui se combine "à merveille" avec l'humanisme intégral qu'avait conçu Jacques Maritain, adopté avec un enthousiasme délirant par les papes modernes, un prétendu humanisme "chrétien" à dimension universelle, aboutissement de la démocratie dite chrétienne, qui, pour le fond, épouse parfaitement le programme et les idéaux de l'ONU et de toutes ces ONG droitdel'hommistes. Humanisme intégral cependant complètement hétérodoxe, car le Christ, qu'on prétend y professer, n'est pas censé l'innerver extrinsèquement de sa Grâce surnaturelle, c'est au contraire intrinsèquement, par voie d'immanence vitale moderniste, par la virtus de l'homme, que le Christ est censé y être révélé. En définitive, comme l'avait voulu Karl Rahner, c'est donc... l'homme qui révèle le Christ !! Et il faut bien prendre conscience que nous sommes là dans la perversion ultime, indépassable, celle de l'Antéchrist, où l'homme se fait Dieu et Christ à la fois, crime qui "perce la voûte des Cieux" (Secret de La Salette). Il est en effet bien pire de s'identifier théologiquement au Christ-Dieu, que de Le rejeter. C'est cette perversion ultime que j'ai baptisée dans mes ouvrages : la gnose "chrétienne-laïque", laquelle prétend supplanter l'Ordre du Christ basé sur la Foi "chrétienne-sacrale", renversé à la Révolution française.
           
        Grégor Puppinck fait donc partie de toute cette clique droitdel'hommiste, ONU mélangé cul et chemise avec le Vatican, de ces Ralliés prétendument "chrétiens" qui se sont convertis à cette gnose "chrétienne-laïque", cette perversion antéchristique de la Foi apostasiée, hélas à la suite des papes modernes : tous veulent à toutes forces, ils n'ont plus que cela en tête, allier Bélial et le Christ, croire que les "droits de l'homme" révolutionnaires, finalement, révèlent intrinsèquement les Droits de Dieu. Les "droits de l'homme" seraient, comme disait Léon Bloy de Napoléon, "la face de Dieu dans les ténèbres" ; c'est-à-dire qu'il suffit de leur débarbouiller le visage, de les désenténébrer par la lumière chrétienne, pour que ces "droits de l'homme" révèlent les Droits de Dieu...! Depuis plus de deux siècles que la comédie infâme, commencée dans l'Église au niveau des mœurs par le Concordat napoléonien, dure, les Ralliés pseudo-chrétiens aux "droits de l'homme" sont tous, papes en tête, devenus si fous, si insensés, si idolâtres de leur péché, à force de vouloir ériger leur folie contre la réalité théologique des choses, qu'ils ne se rendent même plus compte de leur aliénation, arrivée de nos jours à son point de maturation et de culmination suprêmes et ultimes, celui antéchristique. Ils ne peuvent plus prendre conscience que lesdits "droits de l'homme", loin d'être l'aboutissement et la révélation à l'homme du Royaume de Dieu sur la terre, l'ultime achèvement orthodoxe des Droits de Dieu, en sont l'antinomique contraire, comme Lucifer l'est de Dieu, étant très-véritablement l'abomination de la désolation du grand Révolté infestant la terre toute entière.
           
        Puppinck, pour en rester à lui qui nous occupe présentement, milite par exemple pour abolir l'avortement et tout ce qui attaque le droit à la vie. Ce serait certes fort bel et bon... s'il ne le faisait avec l'arme des "droits de l'homme" auprès d'institutions démocratiques bien évidemment fondées sur lesdits "droits de l'homme", dans le cadre d'une autre ONG dont il est le dirigeant, ... une de plus !, bien entendu elle aussi calée et cadrée dans lesdits "droits de l'homme", Le Centre européen pour le droit et la justice (European Center For Law et Justice). Le malheureux a donc mis les "droits de l'homme" au début, au milieu et à la fin de son combat ! Toujours par curiosité malsaine, Dieu me pardonne, je me suis un peu penché sur ce Centre : "Le Centre européen pour le droit et la justice (CEDJ), créé en 1998, internationalement reconnu et habilité depuis 2007, dirigé par Grégor Puppinck, est devenu un acteur de premier plan dans, notamment, toutes les procédures de la Cour européenne des droits de l’homme dès qu’il est question du droit à la vie, des droits de la famille, de la liberté religieuse. Le CEDJ ne cache pas son «inspiration chrétienne», même s’il ne peut en faire état dans les procédures où il intervient. Toutefois, il souligne qu’il fonde son action sur les «valeurs spirituelles et morales qui sont le patrimoine commun des peuples européens et qui sont à l'origine des principes de liberté individuelle, de liberté politique et de prééminence du droit, sur lesquels se fonde toute démocratie véritable»" (Yves Daoudal). Donc, pour nos illusionnés qui veulent s'illusionner, les valeurs chrétiennes fondent les "droits de l'homme" issus de la Révolution, un certain Joseph Ratzinger l'a d'ailleurs dit très-clairement, très-explicitement. Si en effet l'on parle de "liberté individuelle", de "liberté politique", de "prééminence du droit", etc., fruits avérés du christianisme, pour les faire aboutir dans les démocraties post-révolutionnaires actuelles, toutes constitutionnellement athées, c'est donc bien que l'on professe que les fameux "droits de l'homme" révolutionnaires, fondements métapolitiques desdites démocraties modernes, sont l'achèvement du christianisme. Il est impossible de formuler une perversion de la pensée plus grande, tomber plus radicalement dans l'apostasie pure et simple... tout en se revêtant du Christ, comme du reste le fera en son temps l'AntéCHRIST (lire à ce sujet mon article : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique).
           
        Il ne faut donc plus s'étonner de voir nos illusionnés volontaires essayer de faire triompher le droit naturel ou chrétien auprès des instances internationales normées sur les très-athées "droits de l'homme" puisque, pour eux, ces "droits de l'homme"... achèvent le droit chrétien !!! Alors que ces "droits de l'homme" issus de la Révolution, intrinsèquement pervers comme disait le pape Pie XI à propos du communisme, ne sont en vérité que le décalogue de Satan pour aliéner l'âme de tout homme, au fil d'un long travail et d'un long temps, aux fins de la métanoïer à la cause de Satan et la faire devenir l'esclave consentante de l'Antéchrist-personne, à la toute-fin des temps, lorsque son règne maudit s'ouvrira en ce très-bas monde. Pratiquement, on est là en présence de gens qui se sont volontairement idiotifiés et qui vont demander aux loups de défendre les brebis. Le plus grave est qu'ils ne veulent pas comprendre la folie intégrale de leur mauvais combat...
           
        Alors, par punition divine de leur perversité entêtée, voulue par eux avec une ténacité sans faille, car ils refusent systématiquement d'être éclairés sur leur fondamentale erreur depuis plus de deux siècles maintenant, Dieu leur a envoyé le châtiment de l'aveuglement : maintenant, le voudraient-ils, les Ralliés, papes y compris (je pense hélas pouvoir même dire : surtout les papes), ne pourraient plus comprendre, Dieu ayant fermé à triple-tour, cadenassé, verrouillé, par une juste punition de leur malice pertinace, leur entendement. C'est là le châtiment de Dieu sur eux. Tant il est vrai que, comme dit le proverbe antique, Jupiter aveugle ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. Ils iront donc jusqu'à leur perdition temporelle, il n'est même pas besoin d'être prophète pour le prédire puisqu'on les voit, par les "droits de l'homme", se lier eux-mêmes les mains et les pieds face à l'ennemi du nom chrétien : celui-ci n'aura donc plus qu'à les sacrifier quand il lui plaira et comme il lui plaira. Et fasse le Ciel, fasse Notre-Dame de Fatima, qui veut sauver toutes les âmes "surtout celles qui en ont le plus besoin", ... et Dieu sait si nos malheureux Ralliés, en ce compris et même surtout les papes, en ont bougrement besoin !!, qu'ils n'encourent pas devant le Trône de Dieu leur perdition éternelle, par-là même de leur perdition temporelle dont ils seront coupables !
           
        Ils n'ont eu de cesse, en effet, depuis le Concordat de 1801 validant et légitimant formellement les sociétés athées basées sur "les droits de l'homme" (car la structure juridique synallagmatique de tout concordat, acte diplomatique solennel, présuppose la validité de toutes et chacune des parties intervenantes, co-contractantes), de vivre et faire vivre leurs âmes et celles de leur prochain, ou plutôt de les faire mourir, avec cette hérésie qui sera proclamée urbi & orbi à Vatican II : la dignité ontologique de l'homme mise au-dessus de la Foi, comme un critérium métaphysique supérieur à Dieu, puisque Dieu doit s'effacer lorsqu'Il se trouve en compétition avec lui (on se souvient de la blasphématoire répartie militante de Jacques Chirac lors des manifestations anti-avortement : "Il y a danger, dans ces manifestations, à ce que la loi morale prévale sur la loi légale" ; autrement dit : il y a danger à ce que le Droit de Dieu prenne le pas sur le droit de l'homme !!!). Hérésie d'abord professée seulement au niveau de l'homme politique, au niveau de l'État (qui n'est rien d'autre que "l'homme multiplié" selon la belle expression de Dom Guéranger), au moyen du Concordat napoléonien de 1801, donc sur le plan des mœurs auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, puis, enfin, professée au niveau de tout l'homme individuel et pas seulement de celui politique, sur le plan de la Foi cette fois-ci, au moyen du décret vaticandeux sur la Liberté religieuse promulgué en 1965.
           
        Le fond de commerce hérétique des Ralliés consiste en effet à professer que la dignité ontologique de l'homme est un droit naturel dont ils prétendent qu'il se suffit métaphysiquement à lui-même, c'est-à-dire qu'il n'a pas à être obligatoirement enté sur le Droit de Dieu pour exister vraiment. Or, cette proposition est pire qu'une hérésie, c'est l'APOSTASIE pure et simple, la fameuse "grande Apostasie" (II Thess II, 3) dont saint Paul nous révèle qu'elle sera signe topique de l'avènement de l'Antéchrist parmi les enfants des hommes (apostasie signifie : abandon ou rejet de tout le dogme d'une religion, et pas seulement d'une ou plusieurs doctrines dans ledit dogme, comme le fait l'hérétique). L'être de l'homme, image de Dieu, est évidemment digne de tout respect, mais, depuis le péché originel, ne l'est absolument pas toute volonté que l'homme met en oeuvre dans un agir, sous prétexte de cette dite dignité ontologique de tout homme : la volonté de l'homme n'est revêtue d'authentique dignité humaine que lorsqu'elle est mue par la grâce du Christ, et singulièrement quant à la croyance religieuse. Or, le gnostique "chrétien-laïc", le Rallié, professe tout au contraire que le droit naturel de l'homme recouvre toute volonté mise en oeuvre par cet homme, même celle mauvaise, parce qu'il veut croire que toute volonté de l'homme est ontologiquement digne en soi. Nous sommes là en plein dans le concept théologique de l'apostasie où l'homme se met à la place de Dieu, c'est-à-dire que, dans un blasphème intégral, il supprime carrément Dieu...
           
        Ce concept abominablement hérétique est hélas affirmé en toutes lettres dans les dernières lignes du § 2 définitionnel de la Liberté religieuse : "Ce n'est donc pas dans une disposition subjective de la personne mais dans sa nature même qu'est fondé le droit à la liberté religieuse. C'est pourquoi le droit à cette immunité persiste en ceux-là même qui ne satisfont pas à l'obligation de chercher la vérité et d'y adhérer ; son exercice ne peut être entravé…" Et le cardinal Béa, ce fieffé hérétique à barrette, a commenté ainsi la chose, en toute impudeur théologique, lorsqu'il était président du Secrétariat pour l'union des chrétiens chargé de la rédaction dudit décret hérétique : "En d'autres termes, également le droit de celui qui erre de mauvaise foi reste complètement sauf. Et le document conciliaire en donne cette raison péremptoire : ce droit ne se fonde pas (…) sur une disposition subjective de la personne mais sur sa nature ; il ne peut donc pas se perdre à cause de certaines conditions subjectives qui ne changent ni ne peuvent changer la nature de l'homme". On ne saurait être plus clair, plus hérétiquement clair. Nous sommes là en plein schème apostat : Dieu est rejeté absolument, par obnubilation idolâtrique de l'ontologie humaine. Ce n'est pas directement que Dieu est rejeté, mais par voie de conséquence directe et immédiate de l'idolâtrie du droit humain : comme l'homme est une déité ou forme divine, comme en outre il ne saurait exister deux divinités dans un seul et même espace métaphysique, alors, si j'idolâtre l'ontologie humaine, je supprime par le fait même, ipso-facto, l'Être transcendant de Dieu, je l'apostasie radicalement, in radice. Le pape Jean-Paul II cautionnera de son côté, il fallait s'y attendre de sa part, cette doctrine bien plus qu'hérétique, carrément apostate, comme il ressort par exemple du discours qu'il prononça au Ve colloque international d'études juridiques : "Ce droit [à la Liberté religieuse] est un droit humain et donc universel car il ne découle pas de l'action honnête des personnes et de leur conscience droite, mais des personnes mêmes, c'est-à-dire de leur être intime qui, dans ses composantes constitutives, est essentiellement identique dans toutes les personnes. C'est un droit qui existe dans chaque personne et qui existe toujours, même dans l'hypothèse où il ne serait pas exercé ou violé par les sujets mêmes où il est inné".
           
        Du prétendu droit de la personne humaine individuelle à la Liberté religieuse découle bien sûr très-logiquement, comme d'une cause à effet directe et immédiate, le droit pour les parents d'éduquer leurs enfants dans la religion de leur choix personnel, "dans la ligne de leur propre conviction religieuse", comme oseront dire hérétiquement les Pères de Vatican II dans le décret sur la Liberté religieuse, au § 5. Quelle qu'elle soit, bien entendu, cette religion, même si elle est fausse et, au moins implicitement, antichrist. Nous sommes tout simplement là en pleine conséquence hérétique d'une cause hérétique. En effet, les Pères de Vatican II, après avoir exposé définitionnellement dans le § 2 la Liberté religieuse pour toute personne humaine individuelle, en formulent ainsi la conséquence obligée pour les familles, dans le § 5 qui lui est dédié : "À chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial, appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leur propre conviction religieuse, la formation religieuse à donner à leurs enfants. C'est pourquoi le pouvoir civil doit reconnaître aux parents le droit de choisir en toute réelle liberté, les écoles et autres moyens d'éducation. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de fréquenter des cours scolaires ne répondant pas à la conviction religieuse des parents". Et en cela, l'Église moderne, par les Pères de Vatican II, est en parfaite communion de pensée avec... les rédacteurs athées des "droits de l'homme" de la Révolution, et de leurs épigones d'après-guerre, qui, Puppinck le rappelle dans sa conférence, rédigeront ainsi l'art. 26.3 de la Déclaration universelle des droits de l'homme : "Les parents ont, par priorité, le droit de choisir le genre d’éducation à donner à leurs enfants". On remarquera sans peine que c'est quasi mot pour mot ce qu'ont professé les Pères de Vatican II dans DHP, § 5...
           
        Grégor Puppinck, dans sa conférence, se réjouit de ce que le droit des familles à l'éducation des enfants soit reconnu par la Déclaration universelle des droits de l'homme, en ce que cela érige un rempart contre l'absolutisme de l'État. Il ne voit pas, aveuglé à l'instar de tous les Ralliés de son genre, qu'il est tombé dans un piège dialectique tendu par Satan : en effet, le droit des parents formulé par la Déclaration universelle des droits de l'homme, suivi quelques décennies plus tard roue dans la roue par le § 5 du décret conciliaire sur la Liberté religieuse, n'est nullement le vrai droit naturel des familles normé sur le Droit de Dieu, c'est au contraire un droit fondé sur les "droits de l'homme" excluant le Droit de Dieu par principe fondamental, et donc, comme tout "droit de l'homme", il est forcément absolutiste, totalitaire, puisqu'il s'érige en soi et par soi au-dessus de tout et de tous, de l'État bien sûr, ce dont se réjouit imbécilement Puppinck, mais encore... du vrai Dieu, ce que Puppinck ne remarque... même pas. Et là est justement l'hérésie, l'apostasie. Le vrai droit naturel ne peut en effet être conçu que comme étant enté sur le Droit de Dieu, ou sinon, s'il n'y est pas, c'est un faux droit naturel qui est aussi totalitariste et réprouvé que celui... de l'État, qu'on prétend ainsi stupidement combattre. Le droit des familles concocté par les "droits de l'homme" athée, adopté par les Ralliés, appartient évidemment à cette dernière damnée catégorie.
           
        Donc, la réponse que fait Puppinck au totalitarisme de l'État sur les familles est d'y opposer dialectiquement un autre totalitarisme, celui d'un droit familial droitdel'hommiste sur l'État, lequel droit familial totalitaire et hétérodoxe est du reste dérivé entièrement du prétendu droit de la personne humaine individuelle à l'hérétique Liberté religieuse, ce sont les Pères de Vatican II qui ont fléché eux-mêmes les choses ainsi dans le décret conciliaire. Or, le véritable droit des familles, celui vraiment naturel, respecte le Droit de Dieu, c'est-à-dire qu'il s'arrête là où le Droit de Dieu commence. Et, au niveau des familles, le Droit de Dieu commence dans la Volonté qu'a Dieu de sauver TOUTES les âmes des enfants, en ce compris bien sûr ceux nés en foyer idolâtre, non-chrétien. Ce qui signifie qu'il ne saurait y avoir jamais un vrai droit des parents idolâtres à éduquer leurs enfants dans les principes de leur fausse religion, qui est une voie de damnation pour ces enfants, comme ont osé le formuler hérétiquement les Pères de Vatican II dans le décret sur la Liberté religieuse. Car il est facile de comprendre que cedit prétendu droit serait immédiatement et directement opposé au Droit de Dieu de sauver tout enfant quel qu'il soit, né dans un foyer catholique ou au contraire, idolâtre. À tout le plus, la Foi admet, et encore, dans certaines conditions révisables à discrétion, une simple tolérance pour les parents non-catholiques à éduquer leurs enfants selon leurs convictions religieuses fausses, mais cette dite tolérance ne peut JAMAIS devenir un droit, là étant justement la ligne de démarcation infranchissable entre l'orthodoxie et l'hétérodoxie.
           
        Il ne faut évidemment pas demander aux rédacteurs athées de la Déclaration universelle des droits de l'homme de comprendre cela, puisque justement, étant athées, ils ne peuvent pas faire autrement que de concevoir pour l'homme des droits totalitaires qui, par une conséquence obligée, ne peuvent que se combattre dialectiquement entre eux, comme les démons dans l'enfer : si l'on conçoit en effet l'homme comme un être, une ontologie, qui subsiste par elle-même métaphysiquement toute seule dans l'absolu, sans Dieu pour la soutenir, alors, les droits de l'homme conçus à partir de ce concept-là ne pourront qu'être des droits totalitaires, absolutistes, et s'opposer mortellement l'un l'autre. Et c'est ainsi qu'on voit Puppinck, dans sa conférence, ne pas pouvoir se sortir du dilemme posé par les deux droits de l'homme qui l'occupent, et qui ne peuvent que se combattre sans fin : celui de l'État, et celui des familles. Puisque, par leur hérésie même, ou plutôt leur apostasie, les droitsdel'hommistes ne peuvent concevoir les droits de l'État et ceux des familles que de manière totalitaire, alors, privilégier un des deux droits par rapport à l'autre va automatiquement porter atteinte aux fondamentaux de l'un ou de l'autre. Pour résoudre le problème, il n'y a pas trente-six solutions il n'y en a qu'une : il faut sortir de l'homme. Seul Dieu a un Droit absolu ; le droit de l'homme est relatif par rapport à celui de Dieu ; étant seulement relatif, tous les droits subséquents inhérents à l'homme sont eux aussi relatifs, et l'opposition insoluble entre par exemple le droit de l'État et celui des familles, conçus totalitairement selon les "droits de l'homme" athée, s'évanouit radicalement, in radice, en trouvant sa solution dans le Droit absolu de Dieu.
           
        Par contre, la situation d'équilibre qu'on prétend trouver entre deux droits de l'homme conçus totalitairement, ne pourra jamais être autre chose qu'un compromis bancal et hypocrite, qui sacrifie obligatoirement le fond des choses (c'est pourquoi un homme célèbre dont le nom m'échappe a judicieusement défini le compromis comme étant "des concessions faites, que chacune des parties qui les fait n'a pas le droit de faire"), ne pourra jamais être qu'une atteinte fondamentale à l'un des deux droits en présence. Cet "équilibre" bancal ne pourra donc que fluctuer, désespérément flou et indécis, sur la vague du temps, entre les exigences absolutistes des deux droits en présence, dans une phénoménologie mouvante sans fond, elle sera toujours bâtie sur le sable et non sur le roc. Puppinck, dans sa conférence, a l'air de se rendre compte de cette contradiction insoluble, mais sans la chanson, car il n'en sort pas, ne peut en sortir, et d'ailleurs son péché ne veut pas en sortir, car il s'est interdit, par sa perversion ralliériste, de sortir des "droits de l'homme" qu'il veut croire être compatibles avec la Foi, voire même, s'il fait partie des plus pervertis et/ou idiotifiés des Ralliés, comme le summum de l'évolution dogmatique orthodoxe de la Foi. Ce qu'il devrait comprendre, je le répète, c'est que les "droits de l'homme" génèrent automatiquement des droits totalitaires, absolutistes. Qu'ils soient ceux de l'État, ou ceux de la famille. Hélas !, il est trop vrai de dire que sur cela, Puppinck ne fait rien d'autre que suivre les Pères de Vatican II una cum le pape Paul VI, théologiquement un avec lui, qui, eux les premiers, ont prostitué la Foi en adoptant le principe du droit totalitaire des familles tiré de l'hérétique Liberté religieuse accordée à la personne individuelle, un droit qui abolit dans le principe même de la chose, ... ô abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, le Droit de Dieu.
           
        Or, le totalitarisme mène infailliblement au sectarisme puis au terrorisme. Ce processus sociologique inéluctable est en effet inclus dans la conception révolutionnaire des prétendus "droits de l'homme". J'en montrerai ici un simple exemple : au for public, le droit religieux du musulman, basé sur le coran, va jusqu'à devoir, et c'est pour lui un devoir de religion fondamental et non un abus, tuer celui qui refuse son dieu (ou plutôt démon) Allah. Par conséquent, si, comme les Pères de Vatican II ont osé le formuler dans le décret sur la Liberté religieuse, suivant en cela la conception droitdel'hommiste, il y a un droit formel au for public pour tous les adeptes des fausses religions de manifester concrètement leurs faux dogmes, alors, est inclus le droit pour les musulmans de tuer les hommes qui refusent Allah et leur fausse religion du diable. Nous touchons là du doigt la raison précise pour laquelle nos sociétés modernes post-révolutionnaires basées sur les "droits de l'homme" n'ont aucune réponse à faire face au terrorisme musulman. D'autre part, ce prétendu "droit" du musulman au for public va par exemple s'opposer du tout au tout à celui du bouddhiste pour lequel la non-violence indifférentiste doit être la règle de tous les hommes au for public. Etc., etc. !
           
        Et c'est absolument en vain qu'on prétend pallier à ces contradictions insolubles entre deux "droits de l'homme" différents d'adeptes de religions différentes, en formulant que le droit à la Liberté religieuse s'arrête là où commencent les exigences de la paix publique, du bien commun, de l'ordre sociétal juste, "conforme à l'ordre moral objectif" (DHP, § 7). Car à partir du moment où l'on retire le Droit de Dieu de la vie publique des hommes, mais sur quels critères va-t-on fonder un "ordre moral objectif" ?! Il est évident, pour en rester à eux, que le musulman et le bouddhiste n'ont pas la même conception de ce qu'est un "ordre moral objectif". Alors, sur quoi va-t-on le fonder pour générer la paix publique indispensable à la cohabitation harmonieuse de tous les croyants ? Sur le critérium musulman ?, celui bouddhiste ? Et pourquoi pas sur celui vaudou !? Ou celui... athée ?! Or, l'ordre moral objectif dans la vie publique des hommes n'existe... que par le Droit de Dieu. Dieu seul en effet est objectif. Et donc est en puissance de générer l'ordre moral objectif recherché. Mais puisque, par principe rebelle, la conception révolutionnaire droitdel'hommiste refuse le Droit de Dieu, conception abominablement "canonisée" par les Pères de Vatican II et les Ralliés, alors, on s'interdit par-là même de tracer les règles d'un ordre sociétal juste, et donc il n'y a plus aucun moyen de faire cohabiter dans la paix publique véritable les adeptes des différentes religions. Sauf à les faire vivre ensemble artificiellement dans l'écorce démocratique et zombie de leur être, dans une pseudo-convivialité qui n'est, pardon, qu'une vivialité entre les cons, aux antipodes même de toute dignité humaine, qu'on a brandi sataniquement très-haut aux seules fins concrètes d'aboutir à... supprimer toute dignité humaine. La conclusion n'est que trop certaine : les "droits de l'homme" athées, bénis scandaleusement par les Pères de Vatican II, font vraiment monter l'enfer sur la terre...
           
        ... Cependant, après cet exposé théorique qui m'a paru indispensable, j'en reviens à présent à l'objet précis de mon article. Puppinck est tellement entiché de son droit des familles totalitaire, conçu à partir des "droits de l'homme" révolutionnaires, qu'il va chercher saint Thomas d'Aquin pour prétendument le cautionner, ainsi qu'il appert du passage suivant de sa conférence : "... Je termine en rappelant une leçon, tout droit sortie du Moyen-âge occidental, alors même que la société était profondément religieuse. Interrogé sur la possibilité de retirer un enfant à ses parents de confession juive, dans l’intérêt supérieur de l’enfant à être baptisé et intégré dans la société catholique, Saint Thomas d’Aquin y opposa fermement le caractère prioritaire des droits naturels des parents, enseignant ainsi que les libertés publiques consistent essentiellement à garantir les lois naturelles de la société".
           
        Nous sommes là en plein mensonge, il y en a même plusieurs dans ce passage.
           
        Mais je commence par citer les deux textes de saint Thomas d'Aquin auxquels fait allusion notre individu. Et l'on va se rendre compte sans difficulté à quel point saint Thomas d'Aquin est contre la Liberté religieuse... comme il fallait s'y attendre. Ces deux textes disent à peu près la même chose, mais il faut les citer tous les deux, car ils ont quelques différences intéressantes qui vont nous permettre de mieux cerner encore la belle pensée catholique de saint Thomas sur notre sujet :
 
II-II, q.10, a.12
           
        "Article 12 : Doit-on baptiser les enfants des infidèles malgré leurs parents ?
           
        "Objections :
           
        "1. Il semble que oui. En effet, le lien matrimonial est plus grand que le droit de la puissance paternelle, parce que celui-ci peut être défait par l'homme lorsqu'un fils de famille devient majeur ; tandis que le lien matrimonial ne peut l'être, selon cette parole : "Ce que Dieu a uni, que l'homme ne le sépare pas" (Matth XIX, 6). Mais le lien matrimonial est défait pour cause d'infidélité. L'Apôtre dit en effet : "Si la partie qui n'a pas la foi veut s'en aller, qu'elle s'en aille, car le frère ou la sœur n'est pas enchaîné au joug dans ces cas-là". Et le Canon précise que, si le conjoint incroyant ne veut pas demeurer avec l'autre sans offenser le Créateur, le conjoint ne doit pas cohabiter avec lui. Donc à plus forte raison le droit paternel est-il enlevé pour cause d'infidélité. Les enfants des infidèles peuvent donc être baptisés contre le gré de leurs parents.
           
        "2. On doit secourir un homme en danger de mort éternelle plus qu'un homme en danger de mort temporelle. Or, si quelqu'un voyait un homme en péril de mort temporelle et ne lui portait pas secours, il ferait un péché. Donc, puisque les enfants des juifs et des autres infidèles sont en péril de mort éternelle s'ils sont laissés à des parents qui les forment dans leur infidélité, il semble qu'il y ait lieu de les leur retirer pour qu'ils soient baptisés et instruits dans la foi.
           
        "3. Les enfants des esclaves sont esclaves et sous la puissance de leurs maîtres. Mais les Juifs sont les esclaves des rois et des princes. Donc aussi leurs enfants. Par conséquent les rois et les princes ont la puissance de faire ce qu'ils veulent des enfants des Juifs. Il n'y aura donc aucune injustice à baptiser ces enfants malgré leurs parents.
           
        "4. Tout homme appartient davantage à Dieu dont il tient son âme, qu'à son père charnel dont il tient son corps. Il n'y a donc pas d'injustice à retirer les enfants des Juifs à leurs parents selon la chair, et à les consacrer à Dieu par le baptême.
           
        "5. Le baptême est plus efficace pour le salut que la prédication, puisque le baptême a pour effet d'enlever sur-le-champ la tache du péché, la dette de peine, et d'ouvrir la porte du ciel. Mais, s'il y a péril par la suite du manque de prédication, c'est imputé à celui qui n'a pas fait cette prédication, comme c'est écrit en Ézéchiel à propos de celui qui " voyant venir le glaive, n'a pas sonné de la trompette " (33, 6-8). Donc, bien davantage, si les enfants des Juifs sont damnés par défaut de baptême, sera-ce imputé comme péché à ceux qui auraient pu les baptiser et qui ne l'ont pas fait.
           
        "CEPENDANT, il ne faut faire d'injustice à personne. Or ce serait faire une injustice aux Juifs que de baptiser malgré eux leurs enfants ; ils perdraient en effet leur droit de puissance paternelle sur ces enfants devenus des fidèles. On ne doit donc pas baptiser des enfants contre le gré de leurs parents.
           
        "CONCLUSION :
           
        "Ce qui possède la plus haute autorité, c'est la pratique de l'Église à laquelle il faut s'attacher jalousement en toutes choses. Car l'enseignement même des docteurs catholiques tient son autorité de l'Église. Il faut donc s'en tenir plus à l'autorité de l'Église qu'à celle d'un Augustin ou d'un Jérôme ou de quelque docteur que ce soit. Or, l'usage de l'Église n'a jamais admis que les enfants des Juifs soient baptisés malgré leurs parents. Il y eut cependant dans les temps reculés beaucoup de princes catholiques qui furent très puissants comme Constantin et Théodose ; de très saints évêques furent familiers avec eux, comme Sylvestre avec Constantin, et Ambroise avec Théodose. Ces évêques n'auraient nullement omis de leur faire porter cette loi si elle était conforme à la raison. C'est pourquoi il semble périlleux d'introduire cette nouveauté : baptiser les enfants des juifs malgré leurs parents en dehors de la coutume jusqu'à présent observée dans l'Église.
           
        "Il y a à cela deux raisons. La première vient du péril de la foi. Car, si ces enfants recevaient le baptême avant d'avoir l'usage de la raison, dans la suite, en parvenant à l'âge parfait, ils pourraient facilement être entraînés par leurs parents à abandonner ce qu'ils ont reçu sans le connaître. Une autre raison, c'est que cela est contraire au droit naturel. En effet, par nature, le fils est quelque chose du père. Et d'abord il n'est même pas distinct de ses parents corporellement, aussi longtemps qu'il est contenu dans le sein de sa mère. Mais ensuite, alors même qu'il en est sorti, tant qu'il n'a pas l'usage du libre arbitre, il reste enfermé sous la tutelle des parents comme dans un sein spirituel. Car, aussi longtemps que l'enfant n'a pas l'usage de la raison, il ne diffère pas de l'animal sans raison. Aussi, de même qu'un bœuf ou un cheval appartient en droit civil à quelqu'un qui s'en sert quand il veut, de même est-il de droit naturel que le fils avant d'avoir l'usage de la raison demeure sous la tutelle du père. Il serait donc contraire à la justice naturelle que l'enfant, avant d'avoir l'usage de la raison, soit soustrait à la tutelle de ses parents ou qu'une disposition soit prise à son sujet malgré les parents. Mais, après qu'il commence à avoir l'usage du libre arbitre, il commence à être lui-même et il peut, dans ce qui est de droit divin ou naturel, se gouverner. Et alors il faut l'amener à la foi non par contrainte mais par persuasion ; et il peut, même contre le gré de ses parents, adhérer à la foi et être baptisé, mais pas avant d'avoir l'âge de raison. Aussi est-il dit à propos des enfants des anciens pères qu'ils furent sauvés «dans la foi de leurs parents», ce qui donne à comprendre qu'il appartient aux parents de pourvoir au salut de leurs enfants surtout avant que ceux-ci aient l'âge de raison.
           
        "Solutions :
           
        "1. Dans le lien matrimonial, chacun des conjoints a l'usage du libre arbitre et chacun peut malgré l'autre adhérer à la foi. Tandis que ceci n'a pas lieu chez l'enfant avant qu'il ait l'usage de la raison. Mais après, la comparaison est valable, s'il veut se convertir.
           
        "2. Il ne faut pas arracher quelqu'un à la mort naturelle contre l'ordre du droit civil ; par exemple, si quelqu'un est condamné par son juge à la mort temporelle, personne ne doit l'y soustraire par la violence. On ne doit donc pas non plus, pour délivrer un enfant du péril de mort éternelle, violer l'ordre du droit naturel qui met le fils sous la tutelle de son père.
           
        "3. Les Juifs sont les esclaves des princes par une servitude civile qui n'exclut pas l'ordre du droit naturel ou divin.
           
        "4. L'homme est ordonné à Dieu par la raison qui lui permet de connaître Dieu. C’est pourquoi, avant que l'enfant ait l'usage de la raison, l'ordre naturel fait qu'il est ordonné à Dieu par la raison de ses parents, dont il subit par nature la tutelle, et c'est selon leurs dispositions qu'il est mis rapport avec les choses divines.
           
        "5. Le péril qui résulte d'une prédication omise ne menace que ceux à qui a été confié l'office de prêcher. C'est pourquoi on lit avant ce texte, chez Ézéchiel : "Je t'ai donné pour sentinelle aux enfants d'Israël" (III, 17). Mais procurer aux enfants des infidèles les sacrements du salut revient à leurs parents. Il y a donc pour eux péril si, en soustrayant leurs petits enfants aux sacrements, il en résulte pour ceux-ci un détriment en ce qui concerne le salut.
 
III, q.68, a.10
           
        "ARTICLE 10 : Faut-il baptiser les enfants des juifs malgré leurs parents ?
           
        "Objections :
           
        "1. On doit sauver un homme du danger de la mort éternelle plus encore que du danger de la mort temporelle. Or si un enfant est en danger de mort temporelle, on doit lui porter secours, même si par méchanceté ses parents s'y opposaient. À plus forte raison faut-il donc, malgré leurs parents, préserver du danger de la mort éternelle les enfants qui sont fils d'infidèles.
           
        "2. Les fils d'esclaves sont esclaves et au pouvoir de leurs maîtres. Mais les juifs et tous les autres infidèles sont esclaves des rois et des princes. Les princes peuvent donc, sans aucune injustice, faire baptiser les enfants des juifs et ceux de leurs autres esclaves infidèles.
           
        "3. Un homme appartient à Dieu, de qui il tient son âme, plus qu'à son père de qui il tient son corps. Il n'y a donc pas d'injustice à enlever à leurs parents selon la chair les enfants des infidèles pour les consacrer à Dieu par le baptême.
           
        "CEPENDANT : on lit dans les décrétales ce canon d'un concile de Tolède : "Quant aux Juifs, le saint concile a décrété que désormais personne ne doit être amené à la foi par violence ; ce n'est pas malgré eux qu'il faut les sauver, mais de leur plein gré, pour que reste entière la forme de la justice".
           
        "Conclusion :
           
        "Les enfants qui sont fils d'infidèles ont l'usage de la raison, ou ils ne l'ont pas. S'ils l'ont, ils commencent à pouvoir disposer d'eux-mêmes en ce qui est de droit divin et de droit naturel. Ils peuvent donc, de leur propre volonté et malgré leurs parents, se faire baptiser, tout comme ils peuvent contracter mariage, et c'est pourquoi on peut licitement les exhorter et les inviter à recevoir le baptême.
           
        "Mais s'ils n'ont pas encore l'usage de la raison, ils sont, de droit naturel, sous la tutelle de leurs parents, aussi longtemps qu'ils ne peuvent pas se gouverner eux-mêmes. Ainsi dit-on que sous la loi ancienne les enfants étaient sauvés par la foi de leurs parents. Ce serait donc contraire à la justice naturelle que de baptiser ces enfants contre le gré de leurs parents, comme de baptiser malgré lui un homme qui a l'usage de la raison. Il serait de plus dangereux de baptiser les enfants des infidèles, car ils retourneraient facilement à l'infidélité, à cause de l'affection naturelle qu'ils ont pour leurs parents. Par conséquent, ce n'est pas l'habitude de l'Église de baptiser les enfants des infidèles malgré leurs parents.
           
        "Solutions :
           
        "1. Il n'est pas permis d'arracher quelqu'un à la mort corporelle au mépris du droit civil ; par exemple on n'a pas le droit d'arracher à la mort par violence celui qui a été condamné à mort par le juge. De même, il n'est pas permis, pour préserver un enfant du danger de la mort éternelle, de violer l'ordre du droit naturel qui le met sous la tutelle de son père.
           
        "2. Les juifs sont les esclaves des princes, mais d'un esclavage purement civil, qui n'exclut pas l'ordre du droit naturel ou du droit divin.
           
        "3. L'homme est ordonné à Dieu par sa raison, qui lui permet de le connaître. Par conséquent avant d'avoir l'usage de la raison, l'enfant, d'après l'ordre de la nature, est ordonné à Dieu par la raison de ses parents, aux soins desquels la nature l'a soumis. C'est en suivant leurs décisions qu'il faut agir envers lui dans les choses divines".
           
        (fin de citation)
           
        Comme le lecteur peut s'en rendre compte sans difficulté, saint Thomas d'Aquin est fort loin de professer un prétendu droit totalitaire et absolutiste des parents à éduquer l'enfant du foyer selon les principes de n'importe quelle religion, vraie ou fausse, tel que se le sont forgés hérétiquement les droitsdel'hommistes athées, hélas suivis honteusement roue dans la roue par les Pères de Vatican II et les Ralliés ! Droit totalitaire et absolutiste qu'ils ont osé baptiser naturel alors qu'il exclut le Droit de Dieu, et qu'un vrai droit naturel est toujours en adéquation formelle et obligatoire avec le Droit de Dieu (un prétendu droit de l'homme qui exclut par principe le Droit de Dieu ne peut jamais, en effet, prétendre être un droit naturel, il n'est, à l'exact et satanique contraire, qu'un droit... anti-naturel) !
           
        Tout à l'opposé, il ressort des propos fort édifiants de saint Thomas que, pour lui et pour tout catholique véritable dont il ne fait du reste ici que manifester la Foi orthodoxe, le seul vrai droit naturel des parents envers l'enfant du foyer est de le former et de l'éduquer pour qu'il soit sauvé, pour qu'il soit mis dans la voie du salut de son âme. Saint Thomas le dit clairement : "Aussi est-il dit à propos des enfants des anciens pères qu'ils furent sauvés «dans la foi de leurs parents», ce qui donne à comprendre qu'il appartient aux parents de pourvoir au salut de leurs enfants surtout avant que ceux-ci aient l'âge de raison". Or, bien sûr, seule la vraie Religion, celle catholique, satisfait à cette condition de mettre l'enfant dans la voie du salut. Ainsi donc, tirez la chevillette du syllogisme et la bobinette cherra, il n'est pas besoin de beaucoup réfléchir pour comprendre que le seul vrai droit naturel des parents envers l'enfant du foyer admis par saint Thomas d'Aquin est de le former et de l'éduquer dans la Religion catholique, puisque, seule parmi toutes les religions, la Religion catholique sauve, met dans la voie du salut. Selon la Foi catholique, il n'y a donc strictement aucun droit naturel octroyé de par Dieu aux parents pour éduquer l'enfant du foyer selon les principes d'une fausse religion.
           
        Puppinck se fait fort d'arguer, dans sa conférence, que le droit naturel des parents est antécédent à celui de l'État. Mais il oublie une chose capitale dans son raisonnement, et les Pères de Vatican II l'ont oublié avant lui, chose capitale que bien entendu n'oublie nullement saint Thomas d'Aquin quant à lui : c'est à savoir que si le droit des parents est certes antécédent à celui de l'État, le Droit de Dieu est lui aussi, lui le tout premier, antécédent au droit naturel des parents ! Et donc, très-logiquement, du haut vers le bas, on a, quant à l'éducation de l'enfant : le Droit de Dieu, puis ensuite le droit parental ou familial, puis enfin, le droit de l'État. Or, les Ralliés, pour s'être pervertis l'âme dans les "droits de l'homme", n'ont pu, ainsi que je l'ai dis plus haut, que forger un droit familial qui exclut le Droit de Dieu, un droit familial droitdel'hommiste qui prétend se sustenter métaphysiquement en lui-même et par lui seul, totalitaire, absolutiste. Et c'est pourquoi, dans le cadre de ce droit familial hétérodoxe où le Droit de Dieu est exclu, ils osent professer que les parents ont le "droit" d'éduquer l'enfant du foyer selon n'importe quelle foi religieuse, quelle qu'elle soit, vraie ou fausse.
           
        Or enfin, notons avec soin que saint Thomas, fort loin de reconnaître un droit des parents idolâtres à former l'âme de l'enfant du foyer selon leurs conceptions religieuses fausses, formule au contraire un droit naturel qui l'annihile complètement, puisque non seulement il nous dit que c'est un droit pour les parents d'éduquer leurs enfants dans la voie du salut, donc selon les seuls principes de la seule Religion véritable, celle catholique, mais en outre, il nous dit que cedit droit est aussi un DEVOIR FORMEL pour les parents, ainsi qu'il résulte de sa formulation très-claire : "... ce qui donne à comprendre qu'il appartient aux parents de pourvoir au salut de leurs enfants". Et le fait que l'enfant n'a pas encore l'âge de raison renforce encore plus, pour saint Thomas, ce devoir des parents, sous peine d'être coupable d'une faute plus grave encore, de le mettre dans la voie du salut, c'est-à-dire de l'éduquer catholiquement, attendu qu'il "appartient aux parents de pourvoir au salut de leurs enfants SURTOUT avant que ceux-ci aient l'âge de raison". Et comprenons bien que pour saint Thomas et la Foi catholique, le devoir de pourvoir au salut des enfants est un devoir qui existe non seulement pour les parents catholiques, mais encore pour TOUS les parents qui ont des enfants, même ceux qui n'ont pas la Foi catholique ! Tant il est vrai que le Droit de Dieu qui consiste en la matière à vouloir sauver TOUTES les âmes des enfants nés dans tout foyer, y compris ceux idolâtres, ne saurait trouver aucune espèce d'empêchement, quel qu'il soit. À partir du moment où les parents prennent la responsabilité de faire naître un enfant, immédiatement ils endossent le devoir de le mettre dans la voie du salut, c'est-à-dire concrètement, depuis le Passage du Christ sur la terre, de le faire rentrer dans l'Église par le baptême catholique, puis de le faire vivre des principes de la Foi catholique.
           
        Donc, conclusion sur ce point précis : pour saint Thomas d'Aquin, C'EST UN DEVOIR DES PARENTS NORMÉ SUR UN DROIT NATUREL FAMILIAL DÉRIVÉ DU DROIT DE DIEU, DE METTRE L'ÂME DE L'ENFANT DU FOYER DANS LA VOIE DU SALUT, DEVOIR QUE SEULE LA RELIGION CATHOLIQUE PEUT REMPLIR. ET CE DEVOIR S'IMPOSE À TOUS PARENTS, MÊME S'ILS SONT NON-CATHOLIQUES. La conséquence immédiate et directe de ce que saint Thomas d'Aquin dit, impérée par les principes mêmes de la Foi, c'est donc qu'il ne peut exister strictement aucun droit, encore moins devoir, pour les parents non-catholiques, d'éduquer leurs enfants selon leurs convictions religieuses fausses. Et ceci, parce qu'il n'y a strictement aucun droit naturel familial vrai et authentique qui peut exister en-dehors du Droit de Dieu, voire contre, lequel exige de mettre les enfants de tout foyer, catholique ou bien non, dans la voie du salut, donc sous l'éducation catholique.
           
        "... Mais, mais, mais, voyons, vous n'avez pu que le lire vous-même dans les textes que vous venez de citer, saint Thomas professe fort clairement que le droit naturel des parents non-catholiques, juifs dans son exemple, quant à l'éducation de l'enfant, est normatif et au-dessus de la Foi, puisqu'il dit qu'on n'a pas le droit de baptiser un enfant juif sans le consentement de ses parents !"
           
        Mais, mais, mais, pardon, vous avez fort mal lu saint Thomas. Il fait passer le droit naturel des parents par-dessus le Droit de Dieu uniquement et exclusivement pour les enfants qui n'ont pas encore atteint l'âge de raison, soit canoniquement sept ans. Et absolument pas pour les enfants qui ont passé cet âge de raison, c'est-à-dire qui ont l'usage du libre-arbitre pour discerner le bien du mal, le vrai du faux, pour lesquels enfants donc, bien au contraire, saint Thomas prescrit formellement le devoir de les mettre dans la voie du salut, c'est-à-dire de les amener à la Foi catholique, même si cela devait se faire en dépit du gré mauvais et contraire de leurs parents non-catholiques. Relisez-le attentivement : "Les enfants qui sont fils d'infidèles ont l'usage de la raison, ou ils ne l'ont pas [remarquez avec grand soin comme saint Thomas insiste énormément sur ce distinguo capital, qui fonde tout son raisonnement théologique en la matière, jusqu'à faire des répétitions littérairement fautives dans son texte]. S'ils l'ont, ils commencent à pouvoir disposer d'eux-mêmes en ce qui est de droit divin et de droit naturel. Ils peuvent donc, de leur propre volonté et malgré leurs parents, se faire baptiser". C'est uniquement, selon saint Thomas, parce que les enfants n'ont pas encore l'usage de la raison pour discerner le bien du mal, le vrai du faux, que le droit naturel familial et parental prend le pas sur le Droit de Dieu. Nullement lorsque les enfants, à partir de sept ans, prennent possession de leur libre-arbitre. Voici la définition de l'âge de raison : "Moment de la vie auquel le jeune enfant acquiert la conscience morale de soi. L'âge de raison a été évoqué pour la première fois dans le droit canonique défini par le concile de Latran IV en 1215 sous le terme latin annos discretionis, l'âge auquel l'enfant distingue le bien du mal. C'est à cet âge que l'enfant doit commencer à se prêter à la confession et à la communion" (http://www.linternaute.com/expression/langue-francaise/15293/age-de-raison/).
           
        Saint Thomas professe, en accord parfait avec la Foi et le vrai droit naturel familial, et il exprime très-bien la question, que seuls les enfants qui n'ont pas l'usage de leur raison à cause de leur bas-âge, sont sous la tutelle de leurs parents quant à la question religieuse, et c'est seulement dans ce cas-là que le droit naturel familial ou parental prend le pas sur le Droit de Dieu. Ce qui d'ailleurs, il faut le noter soigneusement, ne revient nullement à dire que saint Thomas ne considère point les parents non-catholiques comme sans faute de ne pas enseigner la Foi catholiques à leurs enfants, c'est-à-dire de les mettre dans la voie du salut, même quand ils n'ont pas encore l'âge de raison ; au contraire, ils les considèrent en faute de ne pas enseigner la Foi à leurs enfants en bas-âge quand bien même, à cause qu'ils sont sans raison, il fait prédominer le droit naturel parental sur le Droit de Dieu qui exige que les enfants en bas-âge soient mis dans la voie du salut.
           
        Mais dès que les enfants ont atteint l'âge de raison, saint Thomas d'Aquin s'empresse de faire de nouveau prédominer le Droit de Dieu sur le droit naturel des parents, il ne reconnaît aux parents adhérant à une fausse religion strictement aucun droit, comme le professent les droitsdel'hommistes salement accouplés aux Ralliés de tout poil les papes hélas y inclus, à éduquer leurs enfants dans leur fausse religion. Lorsque les enfants juifs, pour suivre l'exemple pris par saint Thomas d'Aquin, ont passé l'âge de raison, alors, le droit et le devoir catholiques est de les amener à conversion, c'est-à-dire de leur présenter la voie du salut à suivre, même contre l'autorité parentale et familiale dévoyée dans une fausse religion, juive en l'occurrence.
           
        Or, faut-il hélas avoir à le rappeler encore une fois, ce n'est pas du tout cette doctrine bien catholique que nous ont enseigné les Pères à Vatican II, dans le § 5 de Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse. Ils ont hérétiquement professé, au contraire, que le droit familial et parental des non-catholiques à former leurs enfants dans leurs convictions religieuses fausses, ce qui met leurs âmes dans la voie de la damnation, perdure encore et toujours lorsque les enfants ont passé l'âge de raison. En fait, il serait plus vrai de dire que les Pères vaticandeux n'ont tenu aucun compte du distinguo capital en la matière que pose saint Thomas entre les enfants qui n'ont pas encore l'âge de raison, qui n'ont pas l'usage du libre-arbitre, et pour lesquels donc le droit naturel des parents prédomine sur le Droit de Dieu, et ceux qui ont passé l'âge de raison, et donc qui sont en possession de leur libre-arbitre, et pour lesquels le droit naturel des parents passe derrière le Droit de Dieu. Et c'est pourquoi, indifféremment pour tous les enfants, qu'ils aient passé ou non l'âge de raison, les Pères de Vatican II formulent hérétiquement ainsi les choses, dans ce très-scandaleux DHP § 5 que j'ai cité déjà plus haut : "À chaque famille, en tant que société jouissant d'un droit propre et primordial [notons déjà comme l'adjectif "primordial" est parfaitement hérétique : seul en effet le Droit de Dieu est primordial, le droit de la société familiale n'est que secondaire et dérivé de lui : nous sommes là en plein dans l'affirmation droitdel'hommiste qui veut que le droit de l'homme existe métaphysiquement en lui-même, sans avoir besoin d'être enté sur le Droit de Dieu], appartient le droit d'organiser librement la vie religieuse du foyer sous la direction des parents. À ceux-ci revient le droit de décider, dans la ligne de leur propre conviction religieuse, la formation religieuse à donner à leurs enfants. C'est pourquoi le pouvoir civil doit reconnaître aux parents le droit de choisir en toute réelle liberté, les écoles et autres moyens d'éducation. En outre, les droits des parents se trouvent violés lorsque les enfants sont contraints de fréquenter des cours scolaires ne répondant pas à la conviction religieuse des parents".
           
        Or, ces affirmations conciliaires ne sont orthodoxes que lorsque l'enfant à éduquer n'a pas dépassé l'âge de raison, soit sept ans. Mais plus du tout après cet âge. Après cet âge, elles sont au contraire profondément hétérodoxes. Saint Thomas d'Aquin, et, je le rappelle, il ne fait là qu'exprimer les principes fondamentaux de la Foi catholique en la matière, dit au contraire que le devoir catholique est d'amener l'enfant qui a passé l'âge de raison vers la Foi, bien entendu non par force mais par persuasion, même si les parents ne sont pas d'accord. Or, dans Dignitatis Humanae Personae, les Pères de Vatican II expriment très-exactement le contraire puisqu'ils parlent pour tous les parents, qu'ils soient catholiques ou bien non, du droit de "choisir les écoles, cours scolaires et autres moyens d'éducation (...) dans la ligne de leur propre conviction religieuse". Mais lorsque l'enfant commence à être scolarisé, c'est qu'il a passé l'âge de raison. Donc, les Pères de Vatican II sont là en plein dans l'hérésie, et les Ralliés dont le sieur Puppinck évidemment... sans parler du pape François !, le sont également derrière eux, lorsqu'ils donnent aux parents non-catholiques un prétendu droit formel d'éduquer leurs enfants ayant passé l'âge de raison dans les mauvais principes de leur fausse foi religieuse...
           
        En conclusion, je résumerai synthétiquement la fort belle pensée de saint Thomas sur notre sujet, en ces termes : Saint Thomas enseigne que c'est non seulement un droit mais un devoir formel pour TOUT parent de mettre l'enfant du foyer dans la voie du salut, et donc de l'éduquer dans la Foi catholique qui seule met l'âme d'un chacun dans cette dite voie du salut (laquelle n'est rien d'autre que la Personne vivante de Jésus-Christ, "voie, vérité et vie"). C'est la grande règle en la matière. Exception unique qui confirme cette grande règle générale intangible pour toutes les générations d'enfants : la situation de l'enfant qui n'a pas encore l'âge de raison, et qui, pour cela, est sous tutelle spirituelle de ses parents, l'enfant avant sept ans n'ayant effectivement pas de statut juridique propre et personnel. Et c'est dans ce SEUL cas que le droit naturel parental passe au-dessus du Droit de Dieu quant à la formation à donner à cet enfant privé encore de raison (mais quand bien même le Droit de Dieu s'efface dans ce cas devant le droit parental, les parents adeptes de fausses religions qui forment leur enfant en bas-âge dans les principes de leur fausse religion, sont en faute devant Dieu de ne pas mettre cet enfant privé de raison dans la voie du salut). Dès que l'enfant a passé l'âge de raison, sept ans, il devient un être canoniquement existant, le Droit de Dieu de le sauver reprend le pas sur le droit naturel parental ou familial, et, précisément pour respecter sa dignité humaine découlant de sa capacité juridique, il n'y a AUCUN DROIT pour les parents idolâtres à éduquer cet enfant ayant passé sept ans "selon leur propre conviction religieuse" faussée, plus ou moins inféodée à Satan. Amen.
           
        De la pensée profonde et très-catholique de saint Thomas d'Aquin sur le sujet, fort édifiante, il appert donc que les Pères de Vatican II, les Ralliés et autres Grégor Puppinck... sans parler du pape François, ne sont que des fieffés hérétiques, et, par-dessus le marché, des tricheurs sans conscience, lorsqu'ils osent mettre le Docteur Angélique dans leur camp hérétique ou plutôt carrément apostat.
           
        Pour finir ce débat, je mettrai quant à moi les majuscules où il faut les mettre, quant au texte de Grégor Puppinck :
           
        ... Ce Qu'il Fallait Démonter (CQFD) !!
 
En la fête du Précieux-Sang
de Notre Sauveur à tous,
 catholiques et non-catholiques,
ce 1er juillet 2017.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
 
01-07-2017 18:04:00
 

Ce que je pense de l'élection d'Emmanuel Macron à la présidence de la République française

 
 
 
Ce que je pense de l'élection d'Emmanuel Macron
à la présidence de la République française
 
           
        En fait, personnellement, je n'en pense rien, pour ne pas dire que je m'en contrefous absolument royalement, souverainement. Attendu que je ne me suis jamais intéressé à ce qui n'existe pas dans l'ordre métapolitique, là où la Politique des hommes rejoint le Plan divin.
           
        C'est uniquement par Notre-Seigneur Jésus-Christ, mon Sauveur et le Sauveur de tout homme (qui sauve pas seulement quant à l'Éternité mais quant au temporel politique), que j'en pense quelque chose de très-fort, que voici :
           
        CETTE ÉLECTION PRÉSIDENTIELLE EST INVALIDE. RADICALEMENT, IN RADICE.
           
        C'est ce que "le Christ qui est roy de France" (Pierre Virion), me dit très-fort à moi, français de France, cette France surnaturellement christique que j'aime tant...
           
        Car le pouvoir politique en France, pour être valide, doit être immédiatement et formellement dérivé de Jésus-Christ, explicitement, publiquement et constitutionnellement : c'est LUI, en effet, Jésus-Christ, "mon Sauveur et mon Dieu" comme l'appelle saint Thomas l'Apôtre, qui est le seul, vrai et réel Chef d'État en France. Tout chef de l'État français n'est rien d'autre que son simple mandataire, l'ombre de sa Personne. Aussi surprenant cela puisse paraître à nos esprits modernes dévirilisés, dévitalisés, politiquement émasculés, zombinisés et pasteurisés.
           
        Ce fut, de par Dieu et à la face du monde entier, le message principal de sainte Jeanne d'Arc, que nous fêtons aujourd'hui, hélas, pour la plupart, dans l'ignorance totale de l'objet essentiel de la mission que lui confia la Providence divine, même chez les tradis, et même et surtout, ... ô scandale !!, dans l'Église (la messe, composée pour elle dans le cadre de sa canonisation en 1920 sous le pape Benoît XV en effet, et qu'on ne trouve que dans le Propre de France soit dit en passant, ne révèle nullement pourquoi Dieu l'avait essentiellement missionnée parmi les hommes, elle en fait quasi mensongèrement juste une "héroïne patriotique" comme on pourrait en trouver dans d'autres nations...!). Quel est-il, ce message johannique ? Le fond de son message est de révéler une France de constitution politique acheiropoïète (= non-faite de main d'homme) et théocratique, message qu'elle scella formellement devant les hommes par son sang de jeune et très-pure vierge française, au moyen du supplice qu'elle craignait le plus et qui l'effrayait jusqu'à la terreur, pauvre Jeannette (c'est son prénom, sur le registre de baptême) : le bûcher, le feu. Voyez son tout premier acte politique, sa déclaration à Robert de Beaudricourt, son seigneur local duquel elle dépendait et qu'elle va trouver en premier lorsque sa mission publique commence : "Je suis venue vers vous, Robert, de la part de mon Seigneur, afin que vous mandiez au dauphin [le futur Charles VII] de bien se tenir et de ne pas engager de bataille avec ses ennemis, parce que mon Seigneur lui donnera secours après la mi-carême. Le royaume n’appartient pas au dauphin, IL APPARTIENT À MON SEIGNEUR. Cependant, mon Seigneur veut que le dauphin devienne roy et qu’il tienne le royaume en commende [= c'est-à-dire de suzerain à vassal]. Il sera roy malgré ses ennemis et moi je le conduirai à son sacre" ― "Et quel est ton seigneur ?", lui mande Robert de Beaudricourt ― "LE ROY DU CIEL", répond Jeanne.
           
        Merveilleuse simplicité et divine concision de notre Jeanne, qui rappelle rien moins que celles du Saint-Esprit parlant dans la Sainte-Écriture !... La mission première de Jeanne était donc bel et bien d'affirmer à la face du monde entier et de l'Église l'essence théocratique du pouvoir politique en France, le droit divin direct du Christ sur la France. C'est vraiment le Christ Jésus qui est roy ou chef d'État en France, à travers tous les âges post-christiques qui suivent le Sacre de Clovis (la Geste de Jeanne en effet, n'est qu'une réactivation de l'élection divine de la France, "nouvelle Tribu du Juda" comme l'appellera un pape, initiée à la Noël 496). Pour le salut de la France d'abord, puis de l'Europe (qui n'est rien d'autre qu'une Grande-France), puis enfin du monde entier. Le leadership du monde, dans le Plan divin, c'est la France, nullement les États-Unis d'Amérique (ce conglomérat de peuples les plus divers et hétérogènes n'étant même pas une nation, ne saurait donc diriger le Temps des... nations), encore moins la Chine ou la Russie. Et c'est un Vouloir divin formel pour toute l'économie du Temps des nations, le nôtre, après comme avant la Révolution, et ce, jusqu'à la Parousie, les révoltés et rebelles contre ce Vouloir divin n'ayant en effet strictement nul pouvoir de l'abolir.
           
        Hélas, hélas, qui, de nos jours, comprend encore cette grande vérité d'une France véritablement théocratique, acheiropoïète, plus aux mains de Jésus-Christ que de son chef d'État, de laquelle dépend le salut du monde entier en Politique jusqu'à la Parousie ! On ne voit plus chez nos contemporains, en ce très-bas monde, sauf quelques rarissimes exceptions "qui tiendraient ensemble sous un pommier" comme dit la prophétie, que des eunuques qui se les sont politiquement coupés eux-mêmes en même temps qu'ils ont coupé la tête au bon roy Louis XVI, s'imaginant par-là, les sinistres imbéciles, les furieux crétins, s'être... grandis, "mettant leur gloire dans ce qui est leur honte" (Phil III, 19).
           
        Et c'est bien pourquoi, à défaut de faire allégeance formelle au pouvoir politique direct de Jésus-Christ sur la France, tout pouvoir politique qui prétend s'exercer en France, est, par-là même, invalide. Il peut certes, dans la figure du monde qui passe, présenter toutes les apparences de la réalité politique, très-notamment en se revêtant de la gloire du "prince de ce monde", il n'en est pas moins une illusion complète et funeste, un pur ectoplasme, comme disaient les spirites de la fin du XIXème siècle des fantômes qu'ils faisaient apparaître en faisant tourner les tables. Et il est bien évident que les actes politiques qui sont posés ultérieurement à partir d'un pouvoir politique invalide sont eux-mêmes tous frappés d'illégitimité, ipso-facto, attendu qu'un pouvoir politique invalide est juridiquement impuissant à fournir des actes politiques légitimes.
           
        Pardon de poser cette question, elle est presque indécente, qu'on veuille bien avoir la bonté grande de m'en excuser : Emmanuel Macron se reconnait-il être le simple lieutenant ou tenant-lieu de Jésus-Christ quant à son pouvoir politique de Président de la République française, et à l'exercice dudit pouvoir ? C'est cependant la seule vraie question à poser après l'élection présidentielle de dimanche dernier.
           
        Il ne s'agit pas, ici, comprenons-le bien, d'une question terminologique quant au titre à donner au chef de l'État français. Il serait possible de concevoir, en effet, que, depuis le XVIIIème siècle, une saine évolution ait pu amener dans l'ordre politique français très-chrétien un changement de statut au niveau du chef de l'État, et qu'on puisse avoir actuellement un Président de la République française parfaitement légitime, les roys ayant laissé la place à une structure plus adaptée à l'évolution des temps historiques vers le Millenium, ce nouveau Temps terrestre, cette nouvelle et dernière économie de salut, que le Christ Glorieux initiera et nous donnera lors de la Parousie et pour après, et qui verra alors, parmi les enfants des hommes, une forme à la fois démocratique et divine absolument inconnue du Temps des Nations (c'est cela, le vrai sens de l'Histoire, car il y en a un). Mais la condition sine qua non pour que cette dite évolution soit orthodoxe, c'est que le Président de la République française fasse, exactement comme les roys très-chrétiens le faisaient, allégeance formelle de son pouvoir politique au Christ Jésus, comme n'étant véritablement que son simple vassal, son mandataire, pour les choses politiques de la France (... qu'elle est belle, significative et émouvante, la coutume de nos roys très-chrétiens, de venir présenter à l'autel, lors de l'Offertoire de la messe de l'Épiphanie, or, encens et myrrhe, en lieu et place des roys-mages : c'était évidemment signifier publiquement l'allégeance de leur pouvoir politique à l'Enfant-Jésus Roy !). Et qu'il le fasse plus encore constitutionnellement que personnellement. Car "le saint Royaume", comme sainte Jeanne d'Arc appelait la France, "APPARTIENT au Roy du Ciel", c'est "le royaume de Dieu MÊME", "le PROPRE héritage du Christ", comme diront de leur côté les papes du moyen-âge, parfaitement conscients eux aussi de l'élection divine de la France (... contrairement aux papes modernes venant après la Révolution, qui, dès Pie VII et son très-infâme Concordat napoléonien, seront, sur le sujet, des plus lamentables hélas, préférant loucher honteusement sur la démocratie puis sur l'ONU, pour le plus grand malheur des peuples du monde entier...).
           
        Poser cette question de l'allégeance du pouvoir politique français à Notre-Seigneur Jésus-Christ, quant à Emmanuel Macron, ce jeune ambitieux arrivé qui n'a que foutre de la Religion véritable, petit poulain bcbg qui caracole et hennit juste comme il faut dans la gloire du monde fric-frac et de Satan, dont le parcours, pour les habituels illusionnés volontaires, a semblé tellement fulgurant, mais qui, en réalité, n'a été que boosté par les franc-maçons et autres initiés de l'Europe technocratique et mondialiste, via notamment Jacques Attali et les Rothschild (qui, déjà, créèrent le président Pompidou !), poser cette question disais-je, est quasi indécent : loin qu'Emmanuel Macron fasse une quelconque allégeance du pouvoir politique français à Jésus-Christ, se reconnaissant seulement comme son lieutenant ou tenant-lieu, il bâtit au contraire tout son pouvoir sur les seuls "droits de l'homme" poussés à l'extrême du refus de l'Ordre politique du Christ (sa lettre récente aux LGBTI en est une illustration des plus révélatrices...), il n'est en fait qu'un vil pion, utile et consentant, sûrement à usage unique puis jetable, pour faire advenir le règne de l'Antéchrist-personne qui achèvera la perversion de nos contemporains, en ce compris la gent d'Église, idolâtrant de plus en plus, depuis la Révolution, la Bête de la mer et se souillant sans vergogne avec elle (lorsque Jean XXIII a dit que "le mal absolu n'existe pas sur terre", il s'est trompé : il existera lorsque le règne de l'Antéchrist-personne s'ouvrira). Par-là même, donc, d'être tourné contre le Christ, bien évidemment très-éloigné d'y faire la moindre allégeance, le pouvoir politique d'Emmanuel Macron est formellement invalide ; et tous les actes politiques subséquents qu'il posera seront frappés d'illégitimité non moins formelle.
           
        Le pouvoir politique de ce petit valet des mondialistes est donc invalide de soi. Cela, en tant que catholique et français (dans l'ordre métapolitique, ces deux termes sont absolument identiques), je tenais vraiment à le dire, énergiquement. Parce que c'est ce que "le Christ qui est roy de France" me dit très-fort dans l'âme, à moi simple français de France, ainsi qu'à tout français qui n'a pas perdu le sens profond de ses racines sociopolitiques réelles qui remontent au Sacre de Clovis. Parce qu'il n'est pas dit que la vérité doit toujours être foulée aux pieds et conspuée par les bêtes.
           
        ... Maintenant que le plus important est dit, et j'ai écrit cet article pour le dire, je crois qu'il ne va pas être inutile de désillusionner ceux qui, malgré l'invalidité certaine du pouvoir politique d'Emmanuel Macron, veulent encore (faire mine de) s'imaginer qu'il puisse donner, dans les mois qui viennent, un formidable renouveau dynamique à la France, lui procurer des lendemains sociopolitiques qui vont chanter cocorico !!! en boucle.
           
        Or, par ses mœurs privées immorales, j'ai la certitude absolue que, même si son pouvoir était valide et ses actes politiques légitimes, Emmanuel Macron sera totalement impuissant dans le domaine sociopolitique à œuvrer pour un vrai projet de reconstruction en France. Cette certitude, je l'ai déjà, parce qu'il vit sa vie d'homme dans le subjectif phantasmatique et non dans le réel objectif.
           
        Emmanuel Macron s'est follement amouraché, dès l'âge de ses quinze ans, d'une femme de quarante ans, sa professeure. Ceci, en soi, n'est pas pour scandaliser un chrétien. Dans l'état de pénible déchéance où le péché originel nous a tous mis, c'est un cas de figure hélas des plus commun, banal. Un homme chrétien qui, au moins une fois dans sa vie, n'aurait jamais à connaître ce genre de passion folle, ne serait tout simplement pas un homme. Mais un homme chrétien ne va pas se soumettre à cette passion folle, il va au contraire s'empresser de regarder le contexte moral dans lequel elle s'inscrit pour juger si elle est bonne ou mauvaise, et, subséquemment, s'autoriser, ou bien non, à y souscrire. Car le vrai amour, fort, absolu, viril, très-libre, que dis-je : infiniment libre comme Dieu, a précisément son fondement en Dieu et en Dieu seul, que balisent ses Lois morales, et non dans l'homme (encore moins dans la femme, pardon mesdames, mesdamoiselles). Or, Dieu ne suscitera jamais un vrai amour qui renverse ses Lois morales. Mais dans le cas de notre allumé, la chose est des plus claires : lorsqu'il s'amourache de cette femme qui a vingt-cinq ans de plus que lui (ce qui, l'on en conviendra, n'est déjà pas très-bon signe), elle est mariée légitimement à un autre homme, et de surcroît mère de trois enfants. Elle a donc une famille tout ce qu'il y a de plus légitime, et la famille, c'est sacré, et c'est sacré parce que la famille est une parabole humaine de la Très-Sainte Trinité, du vrai Dieu, Père, Fils et Saint-Esprit.
           
        Le devoir d'homme digne d'Emmanuel Macron, fondé sur la réalité morale des choses de l'amour, était donc des plus simples, et il devait le suivre : cet amour passion qu'il éprouvait pour cette femme n'était pas un vrai et réel amour, basé sur Dieu, mais seulement une épreuve morale de purification de la chose amoureuse en lui. Fuir le subjectif phantasmatique pour épouser le réel objectif balisé par les Lois morales qui, elles-mêmes, nous révèlent l'Amour substantiel, car "Dieu est Amour" (I Jn IV, 8 & 16) et essentiellement cela : voilà le chemin de tout homme (et de toute femme) digne. Emmanuel Macron, hélas pour son âme, a fait exactement tout le contraire, et c'est vraiment choquant. Il a tout sacrifié, apparemment sans aucune hésitation ni vergogne, à son amour phantasmatique, à commencer par les membres de la famille de sa professeure, elle en premier, il n'a pas hésité le moins du monde à tuer la structure familiale légitime pour faire vivre son faux amour. Il montre par-là qu'il sacrifie délibérément le réel objectif au subjectif phantasmatique. Notez bien que je ne dis pas cela pour le juger, encore moins pour le condamner, ... Dieu m'en garde !, je ne suis moi-même qu'un pauvre pécheur, mais c'est un simple constat qui se pose objectivement quant au for externe de sa vie.
           
        Il y a eu beaucoup de blabateurs interviewés après l'élection d'Emmanuel Macron. Moi, j'aurai bien voulu entendre l'interview du premier mari légitime de celle que les imbéciles vicieux et les vicieux imbéciles ne manqueront pas d'appeler "la première dame de France" (!!!). Je ne parle pas, par contre, des trois enfants qu'a eus Brigitte Auzière avec son premier mari légitime, car on apprend, un peu éberlué tout-de-même quoique de nos jours plus rien n'éberlue, que ses trois enfants, d'âges, donc, sensiblement identiques à celui de Macron, sont, ... mille et mille pardons !, cul et chemise avec lui, s'étant montrés, bien avant l'élection présidentielle, finalement très-honorés (!) d'avoir Emmanuel Macron... comme beau-père, un beau-père de leur âge donc, la quarantaine, et même... tuediable !, plus jeune de deux ans que l'aîné desdits trois enfants de la professeure !! Nous sommes donc là, ... c'est admirable les amis !!, en présence d'une famille recomposée réussie, en vérité un super-modèle du genre, car elle est recomposée, divorce à l'appui pour bien montrer la volonté forte de tous les acteurs de sceller formellement cette recomposition "familiale", dans une situation contre-nature au niveau des âges !!! Car croyez bien que dans la France pourrie actuelle, ce genre de mœurs est un dièse pour Macron, et même un double-dièse, nullement un bémol. Le mari légitime semble par contre laissé dans l'ombre, et, peut-être, il serait intéressant de savoir ce qu'il pense d'Emmanuel Macron...!? À moins que lui aussi ne soit perverti dans les mœurs modernes, comme ses trois enfants...?!
 
        Et qu'on ne me dise surtout pas que bien des roys très-chrétiens ont eu des favorites, et donc auraient cédé, eux aussi, au subjectif phantasmatique : ce n'était, de la part de certains de nos roys, que faiblesse de mœurs, pas atteinte aux mœurs comme dans le cas d'Emmanuel Macron. Jamais, au grand jamais, aucun roy très-chrétien de France n'a accepté qu'une concubine supplantât une reine en titre, son épouse légitime (aurait-il osé le faire, que le plus petit paysan de France, du fin-fond de sa terre, aurait fait 1 000 kms à pieds pour venir embrocher la concubine avec sa fourche à fumier, en grande colère, devant toute la cour, et personne ne lui aurait rien dit, surtout pas le roy). Henry IV, le plus vert galant de nos roys, n'y a même pas pensé. Tous nos roys restèrent, au niveau des mœurs, accrochés à l'objectif réel, quand bien même, et ce n'est certes pas excusable, certains d'entre eux en prirent à leur aise avec le subjectif phantasmatique. C'est singulièrement évident pour le premier de nos roys très-chrétiens, Clovis, qui, une fois sacré à la Noël 496 (date bien exacte), et même avant, vira toutes ses épouses de second rang, germaniques, pour ne plus garder que son épouse légitime, la burgonde et très-catholique Clothilde.
           
        On me dira que je mélange ici Politique et vie privée. Nenni, les amis, point, point. Un philosophe, je ne sais plus lequel, a fort justement dit que "la politique est une femme". Quand donc je vois Emmanuel Macron se comporter avec les femmes comme un être absolument dominé et soumis au subjectif phantasmatique jusqu'à l'assassinat du réel objectif, ce que ne fit aucun de nos roys très-chrétiens il s'en faut extrêmement, je me dis qu'il n'aura sûrement pas plus de maturité ni de pureté avec la femme qu'est la Politique qu'avec celle de sa vie privée, il vivra avec la Politique, nationale et internationale, de semblable manière, dans le subjectif phantasmatique, l'utopie inexistentielle, le rêve idéologisé et malsain, l'irréel ectoplasmique où Dieu n'existe pas et où, bien au contraire, Satan a tout pouvoir pour infléchir les choses dans le sens qu'il veut. Amis, je vous le dis même pas en prophète : la politique en France, aux mains d'Emmanuel Macron, va ressembler, dans les mois et années à venir, à un ectoplasme de spirite.
           
        Emmanuel Macron est donc exactement l'homme qu'il faut pour servir les desseins de l'Autre, de Satan, de Lucifer, ce roi des fantômes, des fantoches et des faux-culs toutes variétés confondues, qui cherche sans cesse à supplanter le Règne du Christ parmi les hommes par un pseudo-règne phantasmatique intégral. Et qui, par permission divine, la sainte-Écriture nous l'enseigne infailliblement, y arrivera un très-court temps à la toute-fin des temps. Le rêve luciférien paraîtra alors, par magie, plus vrai que Dieu et le réel (qui, quant à eux, ne seront même plus perçus par le commun des hommes, c'est déjà pratiquement le cas de nos jours), au moyen du vecteur de l'Antéchrist-personne et de son règne, grand prestidigitateur et magicien universel... lequel sera sûrement, lui aussi, un jeune premier, séduisant et séducteur, ayant fait ses armes dans les banques Lazard et/ou Rothschild, chapeauté par un cornac, pardon j'allais écrire connard, du genre Jacques Attali.
           
        Emmanuel Macron est donc la "divine surprise" de l'Autre, c'est en quelque sorte déjà "l'homme qui vient" comme disait de l'Antéchrist-personne le philosophe russe Vladimir Soloviev (1853-1900), préparé de fort longue main dans les arrières-loges et les boutiques franc-maçonniques. C'est tellement vrai que Jacques Attali a presque dévoilé le plan des maudits en disant en 2015, plus de deux ans (!) avant l'élection présidentielle de cette  année : "Le prochain président sera un inconnu, il sortira de nulle part". Ce phraseur infatué de lui-même, dont la seule ambition semble être de se faire aduler comme "grand sage" par les gens du monde, a même été jusqu'à révéler que le successeur de Macron... est déjà programmé pour 2022, et cette fois-ci, ce sera une présidente, une jeune femme !!!
           
        Tout est donc crypté d'avance, et soyons bien sûr qu'il en sera de plus en plus ainsi dans l'avenir, car plus nous approchons du règne de l'Antéchrist-personne, c'est-à-dire plus nous rejetons le Christ Jésus de la sphère politique (... et peut-il être plus rejeté que de nos jours ?), plus les initiés auront main-forte sur la Politique. On ne saurait donc être surpris des "révélations" de Jacques Attali, quand il nous assure savoir qui sera le prochain supplanteur du Christ à la tête de la France. Ce hâbleur qui se prend pour un Merlin l'Enchanteur politique, vient d'écrire un bouquin dans lequel il se glorifie de pouvoir "prédire" avec précision l'avenir sociologique des sociétés politiques. Forcément ! Ce n'est vraiment pas très-difficile ! Plus la société politique universelle est réduite franc-maçonniquement par le module démocratique (et nous sommes à la toute-fin du long processus de réduction commencé à la Révolution ; et tous les États du monde ont subi cette réduction au forcing et aux forceps depuis plus de deux siècles à présent... les papes modernes y aidant furieusement pour leur part, bien avant Vatican II, c'est un simple constat qu'on est obligé de faire hélas, le rouge de la honte au front et aussi une sainte-colère dans l'âme, parce que l'Histoire l'enregistre), plus l'organisation sociopolitique du monde entier devient un rationalisme cartésien connaissable, une gnose, gnosis, dans lequel tout est prévu et prévisible. Mathématiquement. Comme dans "le meilleur des mondes". Quand on est dans les petits papiers de Satan, et Jacques Attali l'est visiblement, il n'y a donc rien là de si extraordinaire que de "prédire" l'avenir de nos sociétés politiques complètement maçonnisées, comme il le prétend, dans le seul et méprisable but de courtiser l'admiration des mondains en se faisant passer pour un être extrêmement intelligent capable de deviner l'avenir du monde...!
           
        Voilà. C'est tout ce que j'avais à dire. 1/ Le pouvoir politique constitutionnellement athée qu'Emmanuel Macron prétend exercer sur la France est de soi métaphysiquement radicalement invalide ; 2/ Par décalcomanie avec ses mœurs privées, la politique pratique qu'il mettra en œuvre sera de toutes façons phantasmatique.
           
        De droit comme de fait, Emmanuel Macron est donc admirablement bien formaté pour œuvrer merveilleusement bien à l'Adveniat regnum... antichristum.
           
        Je donne ici le lien où l'on pourra consulter mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, j'y ai mis, dedans ses 1 430 pages rédigées en 1996 dans le cadre du XVème centenaire de la Noël 496, tout ce qu'il faut pour qu'on comprenne bien à quel point d'authenticité véridique, il est vrai que, comme le rappelait pour sa part notre héroïne nationale, Jeanne la très-glorieuse, C'EST "LE CHRIST QUI EST ROY DE FRANCE" : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGraçayA4.pdf
           
        Je recommande également un site merveilleusement bien fait, très-savant, entièrement consacré à la véritable histoire de sainte Jeanne d'Arc, dont Mark Twain a pu dire, à juste titre (il n'a pas été le seul à en faire le constat, après étude objective de sa vie et de sa mission) : "Jeanne d'Arc demeure, aisément, de très loin, la personnalité la plus extraordinaire jamais produite par la race humaine" : http://www.stejeannedarc.net/
           
        "Un français parle aux français" !
 
            À la bénie Solennité de sainte Jeanne d'Arc,
            Pour mémoire de gloire & d'opprobre,
ce dimanche 14 mai 2017.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
14-05-2017 16:06:00
 

Le saint abbé Guérin, curé de Pontmain aux temps des Apparitions, a-t-il plu en tout à la très-sainte Vierge et au Bon Dieu...?

 
 
 
Le saint abbé Guérin,
curé de Pontmain aux temps des Apparitions,
a-t-il plu en tout à la très-sainte Vierge et au Bon Dieu...?
 
           
 
        Ce que je vais exposer dans ce nouvel article va faire prendre conscience aux âmes de la réalité apocalyptique de notre temps, immédiatement, sans aucune démonstration théologique... ce que d'aucuns apprécieront. C'est en effet la très-sainte Vierge Marie elle-même qui va nous enseigner que nous vivons la fin des temps, Notre-Dame de Pontmain plus précisément, et il n'est pas besoin de dire que sa révélation lapidaire, sans parole, sera frappée de l'infaillible Sceau du Saint-Esprit. Bienheureuse l'âme de bonne volonté qui écoutera son message, dont je veux être seulement, ici, le "serviteur inutile" (Lc XVII, 10), pas trop indigne j'espère !
  
NDdePontmain26
 
         Je commencerai par dire que la question que j'ai posée en titre semble en soi presque choquante voire contradictoire : Le saint abbé Guérin, curé de Pontmain aux temps des Apparitions, a-t-il plu en tout à la très-sainte Vierge et au Bon Dieu...? Si je qualifie ce bon homme de Dieu de "saint curé", c'est donc, s'il est canonisable, qu'il... a plu en tout à la très-sainte Vierge, qu'il vénérait tant, et au Bon Dieu. Alors, pourquoi donc fais-je ressortir une contradiction ?  
           
        Parce que c'est Notre-Dame de Pontmain elle-même qui manifeste cette contradiction, qu'on trouve en effet dans les changements survenus dans l'Apparition dès que le curé de Pontmain arriva sur les lieux où la très-sainte Vierge Marie daignait apparaître au bon petit troupeau chrétien de Pontmain, changements qui étaient donc l'immédiate conséquence de l'arrivée du prêtre sur le lieu où Notre-Dame apparaissait. Certains changements dans l'Apparition, en effet, manifestent le contentement de la très-sainte Vierge Marie pour le curé Guérin, quand d'autres manifestent son mécontentement. D'où contradiction, qu'il va bien falloir expliquer. La contradiction de ma question ne fait donc qu'être l'écho de l'Apparition elle-même en ce qui concerne le curé Guérin.  
           
        Tout le monde sait que la très-sainte Vierge s'est comportée à Pontmain comme une "maîtresse d'école" pour ses bons petits enfants campagnards (toute la population d'ailleurs, était des enfants à ses yeux...), faisant dérouler sous leurs regards émerveillés, directement pour les voyants et indirectement pour les autres, un "tableau" vivant où certaines choses apparaissaient, remplissaient un rôle, etc., un peu comme une institutrice enseigne ses petits écoliers en écrivant ou faisant des dessins à la craie sur le tableau noir. Et justement, trois nouveautés se rajoutent au "tableau" de l'Apparition au moment précis où le bon curé Guérin arrive sur les lieux où l'Apparition se déroule. Cependant que l'une d'entre elles est extrêmement négative, l'autre certainement positive, et la dernière, de signification également très-négative. D'où la contradiction dans tout cela, sur laquelle il faut plancher pour bien comprendre le message de la Vierge Marie à Pontmain quant au clergé de l'Église de France du XIXème siècle, dont le curé Guérin, certes, était un éminent et très-digne représentant...  
           
        Mais voyons avec précision quels sont ces trois nouveautés pour commencer, nous en gloserons ensuite. Pour cela, je citerai les deux Relations de l'Apparition de Pontmain qui sont authentiquées comme les seules valables par l'autorité ecclésiastique, à savoir : 1/ le fameux Récit d'un voyant, par le P. Joseph Barbedette ; 2/ L'Évènement de Pontmain, par l'abbé Richard. La relation Richard, écrite quasi au lendemain de l'Apparition, où sont scrupuleusement colligés et synthétisés les témoignages de tous ceux qui ont participé à la merveilleuse Vision (pas seulement les quatre voyants directs, mais encore toutes les autres personnes, à peu près quatre-vingts, qui étaient sur les lieux de l'Apparition, et qui ont vu les réactions des voyants), est certes plus officielle, munie de l'Imprimatur, mais la relation Barbedette, écrite pourtant vingt ans après l'Apparition, est celle qui, incontestablement, est au plus près de la réalité des faits surnaturels qui se sont déroulés le 17 janvier 1871, puisque rien ne saurait dépasser le témoignage d'un voyant direct dans les criterium retenus pour préciser ce qui s'est passé exactement lors d'une Apparition surnaturelle. Le petit voyant d'ailleurs, devenu prêtre, nous dit dans l'introduction de son récit : "Puissé-je compléter le récit, vrai en tous points, de M. Richard, en y ajoutant quelques détails ignorés jusqu'à ce jour, et que nous n'avons pas donnés lors des interrogatoires, parce qu'on ne nous les a pas demandés !" Humblement, il ne manque pas de rendre hommage au récit de l'abbé Richard (les interrogatoires dont il parle font sûrement allusion à ceux, très-nombreux, que fit l'abbé Richard lui-même, dans les jours immédiats qui suivirent l'Apparition), mais tout en signalant bien, pour la vérité de l'Apparition, que son récit à lui, voyant direct, contient des "détails ignorés jusqu'à ce jour"...  
           
        C'est pourquoi je privilégie la relation de Joseph Barbedette, dont, par ailleurs, il nous dit la sûreté de la rédaction : "Ce n'est pas que je craigne de me tromper : tous ces souvenirs [de l'Apparition du 17 janvier 1871], avec leurs moindres détails, sont trop profondément gravés dans ma mémoire, et ils me sont aussi présents que s'ils dataient d'hier".  
           
        Je prends donc son récit là où le curé de Pontmain arrive sur les lieux de l'Apparition, c'est-à-dire à la grange Barbedette :  
           
        "«... La voyez-vous toujours [la très-sainte Vierge Marie] ?» nous cria de loin Sœur Marie-Édouard, qui revenait, accompagnant M. le curé.  
           
        "«Oui, ma Sœur».  
           
        "Sœur Vitaline et les assistants récitaient le chapelet des Martyrs du Japon.
           
        "Au moment où M. le curé s'approchait de la grange, une petite croix rouge, de sept à huit centimètres, se forma instantanément sur le cœur de la belle Dame. Avec la même rapidité et en même temps, un cercle, ou plutôt un ovale, se dessina aussi autour de la belle Dame, large de dix à douze centimètres, d'un bleu plus foncé que celui de la robe. L'ovale entourait la Vision, à la distance de cinquante centimètres environ, laissant en-dehors les trois étoiles du triangle. Quatre bobèches simples, fixées à l'intérieur de l'ovale, portaient quatre bougies, deux à la hauteur des épaules, deux à la hauteur des genoux. Ces bougies n'étaient pas allumées.  
           
        "L'Apparition n'avait pas fait un mouvement, elle nous regardait toujours avec un sourire céleste.  
           
        "«Voilà quelque chose qui se fait !», nous étions-nous écriés ensemble.  
           
        "«Que voyez-vous, mes chers enfants ?», demanda M. le curé.  
           
        "Et nous fîmes la description que je viens de donner" (fin de citation).  
           
        La relation Richard, sur le même passage, a cette précision très-intéressante :  
           
        "Il [= "le bon et digne curé"] s'approchait de la porte de la grange, quand les enfants s'écrièrent tous ensemble : «Oh, voilà quelque chose qui se fait !» -- «Que voyez-vous ?», demanda le bon curé. Etc." (fin de citation). La première phrase montre bien, exactement comme dans la relation Barbedette, que ces changements ont lieu en relation directe avec l'arrivée du curé Guérin sur les lieux de l'Apparition : il s'approche de la grange, donc pénètre dans le lieu de l'Apparition, et, immédiatement, les changements se produisent, "instantanément", comme dit Barbedette. Ils sont donc à l'évidence une réaction directe et immédiate de la très-sainte Vierge Marie à l'arrivée du curé Guérin...  
           
        Suit, dans la relation Richard, le même descriptif que celui de la relation Barbedette, sauf que les nouveautés dans l'Apparition ne sont pas citées dans le même ordre, l'ovale est cité d'abord, puis les quatre bobèches à l'intérieur dudit ovale, et seulement et enfin, la petite croix rouge sur le cœur de Notre-Dame. Cette différence d'ordonnance dans les deux relations des faits de Pontmain n'a pas d'importance quant à la signification de cesdits trois signes nouveaux dans l'Apparition puisque, de toutes façons, ils apparaissent "en même temps" (Barbedette).  
           
        Il faut quand même remarquer avec soin, car c'est extrêmement important, que Joseph Barbedette, témoin direct, est frappé uniquement par la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge. Son témoignage est sans équivoque sur ce point, mon lecteur peut le relire ci-dessus : des trois nouveaux signes consécutifs à l'arrivée du curé de Pontmain sur les lieux de l'Apparition, celui-là seul, manifestement, le frappe beaucoup, il cite les deux autres sans émotion et presque en annexes. Est-ce parce qu'il est prêtre lorsqu'il rédige son récit, qu'il comprend mieux que les autres voyants, qui étaient encore enfants lorsqu'ils furent colligés par l'abbé Richard, que la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge Marie regarde essentiellement le clergé...? Notons en effet que l'abbé Richard, sur ce passage crucial qui nous intéresse, enregistre le témoignage des voyants "tous à la fois" (Richard) ; sa relation mélange en effet les nouveautés dans l'Apparition à la venue du curé de Pontmain sans aucune considération de rang d'importance, les tirant collectivement de la bouche des quatre voyants qui, au lendemain de l'Apparition, sont tous des petits enfants en ce compris Joseph Barbedette, et qui, très-certainement, ont dû, lorsqu'il furent interrogés séparément et individuellement par l'abbé enquêteur, ne pas les citer tous dans le même ordre. Il en est bien autrement de la relation Barbedette, laquelle, fidèlement, indique, par le voyant direct devenu prêtre et ayant mûri ce qu'il avait vu étant enfant, quel était, des trois signes, le plus important. N'oublions pas l'avertissement de Joseph Barbedette devenu prêtre, dans l'introduction de sa relation : "Puissé-je compléter le récit, vrai en tous points, de M. Richard, en y ajoutant quelques détails ignorés jusqu'à ce jour, et que nous n'avons pas donnés lors des interrogatoires, parce qu'on ne nous les a pas demandés !" Ici, quant à la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge, ce n'est pas un complément matériel que Joseph Barbedette fait, car la relation Richard l'enregistre également, mais un complément dans la signification profonde des faits eux-mêmes, mettant à la première place parmi les trois signes nouveaux dans l'Apparition, celui qui avait le plus d'importance...  
           
        Je vais dire un mot d'abord sur les deux autres signes, et je reviendrai ensuite sur le premier des trois signes, la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge Marie, qui est effectivement extrêmement important, pour en donner l'explication.  
           
        Le plus facile à interpréter des deux autres signes, est l'apparition des quatre bobèches à l'intérieur de l'ovale qui se crée, entourant intégralement la Vierge de Pontmain. Tout le monde y a vu une allusion de la très-sainte Vierge à la belle coutume qu'avait prise l'abbé Guérin d'allumer quatre bougies devant une statue de la Vierge placée derrière l'autel, au moment de la Consécration et à chaque messe. Ce n'est certainement pas de ce côté-là que notre bon curé marial crucifie de manière sanglante sa vénérée Patronne... Ce signe-là est incontestablement positif, et positif seulement.  
           
        Le deuxième signe, à savoir l'ovale au bleu sombre qui se dessine immédiatement autour de la Vierge de Pontmain quand le curé Guérin arrive au lieu de l'Apparition, l'englobant complètement, est, quant à lui, de signification beaucoup plus négative que positive. Je me souviens d'un vieil auteur, décédé à présent, René-Salvator Catta, petit-fils du romancier René Bazin, artiste et auteur prolifique lui-même, parti dans les années 1950 au Canada, qui, tradi dans les dernières années de sa vie, rédigea un commentaire poétique du Récit d'un voyant de Joseph Barbedette, intitulé La Tour de David. Ce commentaire, qui ne contient que peu de passages vraiment inspirés, n'eut qu'une diffusion dactylographiée fort restreinte, presque sous le manteau, dans les années 1980. Cependant, il y a quelques passages éclairants dans son étude, à citer, dont celui-ci, qu'il faisait quant à notre ovale : "Il est de tradition d'inclure dans un ovale une personne glorifiée ; le Moyen-Âge, l'époque byzantine, en portent maintes traces dans la sculpture et la peinture. L'ovale nous avertit donc de la nature glorieuse de la Personne présentée à l'intérieur. Cette gloire est cependant voilée, assombrie [par "le bleu plus foncé que celui de la robe" qui peint l'ovale, précise Barbedette dans sa relation]. L'ovale d'un bleu sombre, plus sombre que la robe de la Vierge, pourrait donc signifier que les temps qui vont s'ouvrir obscurciront, au moins pour nous, vivants sur la terre, la gloire de Marie, et que nous n'en serons que plus plongés dans les ténèbres". Ce commentaire-là a sûrement grande valeur. Mais il ne dit pas tout. En effet, il ne faut pas oublier que cet ovale est créé dans l'Apparition au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux où la Vierge apparaît. Alors, on dirait que la très-sainte Vierge, en se réfugiant immédiatement dans un ovale où tout est de l'ordre de la gloire surnaturelle au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux de l'Apparition, se garde précipitamment d'un mortel danger que représente pour elle et l'ordre de la Grâce, le nouvel arrivant (exactement comme quelqu'un sur le pas de sa porte, rentrerait précipitamment dans sa maison, fermant la porte sur lui à double-tour de clef, en voyant arriver dans la rue un homme armé). Ce nouvel arrivant est en effet un danger pour la vie de la Grâce surnaturelle et donc pour la très-sainte Vierge qui en est parfaitement inhabitée, puisqu'il la crucifie mortellement de manière sanglante en touchant directement son Cœur immaculé. Cet ovale épais apparaît donc comme une armure sans fissure, puisqu'il entoure complètement la très-sainte Vierge, comme une cuirasse invincible de protection de la Vierge contre le curé de Pontmain.  
           
        ... Mais, mais, tuediable !!, quelle est donc bien cette énigme si terrible, si incroyable, où l'on voit l'Apparition à la fois traiter le curé de Pontmain en ami (= les quatre bobèches), mais encore et surtout hélas, en ennemi mortel et implacable dont il faut se garder avec un soin extrême, car il crucifie au cœur, c'est-à-dire mortellement (= l'ovale-cuirasse de la Belle Dame de Pontmain & la petite croix rouge sur son cœur)...??  
           
        Avant d'en donner l'explication hélas tellement simple mais si obscurcie surtout chez les catholiques, qu'ils soient modernes ou tradis du reste, il convient de donner la signification de la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge : j'en ai trop parlé pour ne pas continuer à le faire.  
           
        Marie est la figure de l'Église, à la fois son archétype et le prototype le plus parfait, tous les théologiens savent bien cela. Une petite croix rouge sur le cœur de la Vierge signifie donc que le curé Guérin crucifie l'Église, crucifie Dieu, crucifie le Ciel tout entier. Et d'une manière particulièrement atroce, sanglante, puisque la croix est rouge sang et qu'elle est placée sur le coeur de la Vierge. Lorsqu'en effet l'on dit d'une personne : "Untel est vraiment une croix pour moi", cela signifie que cette personne nous fait beaucoup souffrir, qu'elle nous anéantit à mort ; la terrible nouveauté de la petite croix rouge apparaissant "instantanément" (Barbedette) sur le cœur de la Vierge à l'arrivée du curé Guérin a donc la signification certaine de dire qu'il fait beaucoup souffrir la très-sainte Vierge qui semble, ici, figurer l'Église elle-même, et le Ciel tout entier derrière elle, à commencer par le Bon Dieu...  
           
        René-Salvator Catta, dans son laïus mélangé, finit cependant par taper dans le mille lorsqu'il en est à commenter la fameuse petite croix rouge sur le cœur de la Vierge au moment précis où le curé Guérin arrive sur les lieux de l'Apparition. Voici comment il commente le crucial passage de la relation Barbedette Au moment où M. le curé s'approchait de la grange, une petite croix rouge se forma instantanément sur le cœur de la Belle Dame : "La coïncidence impose l'interprétation : la petite croix désigne M. Guérin, et par lui, tous les prêtres. Mais pourquoi une croix ? Et pourquoi est-elle rouge ? Et pourquoi posée sur le cœur de Marie ? On peut répondre de plusieurs façons. (...) Ne serait-ce pas aussi le signe que les prêtres sont une croix pour Marie, Reine du clergé ?", finissait par dire notre auteur, après quelques tâtonnements interprétatifs peu inspirés.  
           
        Cependant, bien que cette dernière interprétation fût la vraie, cet auteur se trompait lorsqu'il voulait discerner la cause de cette petite croix rouge sur le cœur de la Vierge, dans le fait que les prêtres, trop rationalistes, trop cartésiens, refusent généralement le Surnaturel lorsque le Ciel s'invite sans prévenir sur la terre ; ce qui donc, selon lui, aurait fait souffrir la très-sainte Vierge à Pontmain, d'où la petite croix rouge sur son cœur. Il remarquait en effet que la première réaction du curé Guérin, lorsque Sœur Marie-Édouard vient lui dire qu'il y a une Apparition de la Vierge Marie, là, tout près, tout-de-suite, à quelques pas du presbytère, dans sa paroisse à lui, ... circulez pas M'sieur l'curé, y'a quelque chose à voir !!, est une réaction tout ce qu'il y a de plus négative, peu édifiante pour le moins, et même bien peu mariale : "... Un prodige ! La Sainte Vierge ! Mais, ma Sœur, vous me faites peur !" et il reste là, beugaü-la-lune comme un Gros-Jean, pétrifié comme statue de sel dans son presbytère, très-loin de manifester la moindre joie prudente, et même la moindre joie mariale...! C'est la main forcée par sa gouvernante, qui allume d'autorité la lanterne pour sortir dehors en lui intimant quasi l'ordre d'aller y voir (Catta veut y voir du matriarcat dans les mœurs de Pontmain !!!), qu'il se rend sur les lieux de l'Apparition...  
           
        Pour autant, cette explication ne rend absolument pas compte de la petite croix rouge sur le cœur de la Vierge : notre bonne et miséricordieuse Mère du Ciel sait fort bien en effet de quelle pâte sordide sont faites nos pauvres âmes depuis le péché originel, elle sait trop que les pauvres cloportes du Seigneur que nous sommes tous, en ce compris bien sûr les prêtres, ne peuvent pas avoir immédiatement une réaction positive lorsqu'un Fait surnaturel se produit parmi les enfants des hommes. Il est donc impossible de supposer qu'elle s'en offusquerait à ce point de douleur extrême et indépassable que signifie la petite croix rouge qui apparaît sur son cœur, à l'arrivée du curé Guérin près d'elle. D'autant plus qu'elle sait fort bien, qu'au fond, il l'aime, le curé Guérin, et elle lui a signifié, par le signe des quatre bobèches, qu'elle savait qu'il l'aimait, c'est un touchant retour de gage d'amour, comme s'en échangent entre eux les amoureux. Cette explication n'est donc pas la bonne.  
           
        Et cependant, on en revient toujours là, c'est bien lui, curé de Pontmain, figurant le clergé dans son ensemble, qui est la cause de cette terrible petite croix rouge sur le cœur de la Belle Dame, René-Salvator Catta a bien raison de le souligner.  
           
        ... Alors, alors, quid, en quoi donc le cher et bon et saint et fervent curé Guérin, si pieux, si marial, peut-il faire souffrir mortellement autant la très-sainte Vierge et tout le Ciel derrière elle, au point de douleur extrême d'être une croix rouge sang sur le cœur du Bon Dieu, que représente la Vierge Marie à Pontmain...???
 
 
NDdePontmain 
           
        Je crois bien être le seul à oser le dire dans tout le monde catholique, modernes et tradis mélangés, sur cela cul et chemise.  
           
        Je vais le dire encore une fois. C'est parce que le curé Michel Guérin est un prêtre de l'Église de France concordatisée avec des puissances politiques post-révolutionnaires constitutionnellement ATHÉES. Et ceci est une abomination aux Yeux de Dieu, une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qui est l'Église. Car cela attente mortellement à sa Constitution divine, c'est la clouer sur la croix jusqu'à ce que mort s'ensuive. C'est ce que Notre-Dame de Pontmain a révélé dans l'Apparition. Or, l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint est un signe eschatologique qui signifie la fin des temps, les temps apocalyptiques. Nous sommes donc, depuis le Concordat napoléonien, dans la période de la fin des temps (on pourra noter en effet qu'il ne saurait être question du Ralliement, dans cette dénonciation par la Vierge Marie des Mœurs du clergé français, puisque l'Apparition a lieu en 1871 et que le Ralliement n'aura lieu qu'en 1892 ; par contre, le curé de Pontmain est bel et bien sous le régime du Concordat napoléonien qui, en 1871, régit toujours l'église de France...).  
           
        Il y a donc, dans le curé Guérin de Pontmain, un distinguo à faire entre son for privé, qui est saint (nul n'en doute, certes), et son for public qui est abominable, en tant que prêtre concordatisé à un pouvoir politique constitutionnellement athée.  
           
        Voilà ce que l'Épouse du Saint-Esprit a révélé, entre autres choses, à Pontmain, de manière simple et obvie, sans parole.  
           
        Il ne va pas être très-difficile de montrer en quoi le Concordat est une abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, et combien la très-sainte Vierge avait raison de dénoncer à Pontmain un prêtre concordatisé à une puissance politique impie et athée.  
           
        Le pape Pie VII, l'esprit déformé par la scolastique sur la question politique constitutionnelle, voulant croire que saint Paul, dans son fameux ch. XIII de l'Épître aux romains, a enseigné que "TOUT pouvoir vient de Dieu", même s'il est constitutionnellement antichrist, s'est autorisé à signer un concordat avec un État constitutionnellement athée. C'était hélas du même coup lui réputer formellement la validité, à cause de la structure juridique de tout concordat.  
           
        Tout concordat en effet est un acte diplomatique, solennel, synallagmatique, c'est-à-dire qui inclut une obligation contractuelle entre les partis. Or, seul un parti co-contractant formellement valide peut poser un acte synallagmatique, un parti qui ne serait pas valide, aurait-il la volonté d'acter une obligation contractuelle synallagmatique dans un concordat, il ne le pourrait pas. Ce qui signifie bien sûr que le simple fait d'accepter comme co-contractant concordataire un parti, quel qu'il soit, est ipso-facto lui réputer formellement la validité. Ce que donc faisait Pie VII envers la République française constitutionnellement athée représentée par Napoléon, rien qu'en l'acceptant comme partenaire co-contractant concordataire, en signant l'acte avec lui. Or, réputer la validité à un pouvoir politique constitutionnellement athée est hérétique au dernier degré, surtout quand on s'appelle le pape et qu'on agit in Persona Ecclesiae, c'est aller carrément contre l'enseignement de saint Paul en Rom XIII, je veux dire : compris comme il doit l'être, lequel consiste à ne reconnaître valides que les pouvoirs politiques constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun (le drame, c'est que c'est précisément par la mauvaise compréhension scolastique de Rom XIII, qui veut que saint Paul ait enseigné que TOUT pouvoir quelqu'il soit, même antichrist, "vient de Dieu", que les papes se sont autorisés à considérer les démocraties post-révolutionnaires constitutionnellement athées comme valides, et donc à pouvoir passer concordat avec elles !).  
           
        L'État français post-révolutionnaire représenté par Napoléon était en effet complètement athée, antichrist, comme étant métapolitiquement basé sur les "droits de l'homme et du citoyen" (1791). Cette fameuse Déclaration de l'homme qui, réuni avec ses semblables, proclame solennellement son autonomie radicale par rapport à Dieu, Lui jetant ainsi une véritable déclaration de guerre, prétend en effet L'exclure radicalement de la vie des hommes, fait radicale profession de foi d'athéisme, ce qui est très-perceptible lorsqu'elle en vient à définir la source du pouvoir politique : "Le principe de toute souveraineté réside essentiellement dans la nation" (art. 3) ; et, à l'article 2 du titre III de cette même constitution, elle renchérit : "La nation, de qui seule émanent tous les pouvoirs, etc.", toutes formules athées directement contraires et antinomiques à l'affirmation de saint Paul : "Tout pouvoir vient de Dieu". Ne professe pas moins l'athéisme complet de ladite Déclaration, fondement de l'État français au temps de Napoléon, l'art. 10, ainsi rédigé : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public établi par la loi". Notez bien comme le rédacteur fait abstraction totale de l'existence du vrai Dieu, ce qui est bien pire, bien autrement grave, que s'il ne Lui reconnaissait aucun droit après avoir professé son existence : nous sommes donc là, en présence d'un athéisme absolument complet et radical. Or, c'est sur ce principe de base qu'est constitutionnellement fondée la République française issue de la Révolution...  
           
        Impossible, par ailleurs, de voir le Concordat comme seulement un Indult, un Privilège concédé par le pape à César sur les biens spirituels de la France, comme l'auraient voulu certains ultramontains du XIXème siècle. Selon cette thèse fausse, seuls le pape et l'Église qu'il représente seraient juridiquement existants dans l'acte concordataire, et il est facile de deviner qu'alors la partie étatique du Concordat, étant juridiquement inexistante, n'a pas à être forcément un gouvernement valide. Mais cette question n'est plus discutée (elle l'a été beaucoup dans les années 1880), et on ne saurait douter, je l'explique longuement dans J'accuse le Concordat !, que le Concordat soit un vrai contrat synallagmatique, c'est-à-dire qui présuppose juridiquement la validité de toutes et chacune des parties co-contractantes audit acte. Ce qui signifie bien sûr, je le répète, que le simple fait par le pape d'accepter une partie co-contractante dans tout Concordat, c'est ipso-facto lui reconnaître ou lui réputer, ce qui revient au même, d'être valide. Or, la République française représentée par Napoléon au Concordat est constitutionnellement athée. Or enfin, c'est introduire l'abomination de la désolation dans l'Église que de reconnaître ou réputer la validité à un État constitutionnellement athée.  
           
        Je ne fais ici que résumer la dénonciation des mœurs ecclésiales concordataires post-révolutionnaires que j'expose au long dans mon J'accuse le Concordat ! ainsi que dans plusieurs autres de mes articles récents : je ne compte pas, en effet, me répéter une énième fois dans ce nouvel article quant aux raisons profondes qui me font rejeter le Concordat au même titre que Vatican II. On pourra consulter ce livre au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf ; et la critique que je formule quant à la thèse du Ralliement soutenue par Roberto de Mattei expose elle aussi lesdites raisons profondes, on pourra aussi la consulter au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-ralliement-de-leon-xiii-par-roberto-de-mattei?Itemid=154.  
           
        ... Et c'est pourquoi le curé Guérin, prêtre de l'église de France concordatisée, a beau être saint tout ce qu'on veut en son for privé, il n'en est pas moins, à son for public, qui, depuis 1801, est, de par le pape, prostitué à un pouvoir politique constitutionnellement athée, une petite croix rouge sang sur le cœur de la Vierge de Pontmain. Notons d'ailleurs que la très-sainte Vierge ne fera que redire en 1871 à Pontmain ce qu'elle avait déjà dit en 1846 à La Salette, dans le Secret donné à Mélanie Calvat : "Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leur infidélité et leur mauvaise vie, CRUCIFIENT de nouveau mon Fils !" 
 
NDdePontmain26 NDdePontmain NDdePontmain26
           
        Amen dico vobis, nous vivons, depuis le Concordat napoléonien, des temps d'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint, directement précurseurs du règne de l'Antéchrist-personne, ce règne maudit étant lui-même annonciateur de la Parousie, étant une sorte de préface ténébreuse du Retour du Christ en gloire sur notre terre, dont la première divine et admirable Opération parmi nous sera justement d'anéantir radicalement le mystère d'iniquité récapitulé dans la personne de l'Antéchrist, et de tous les misérables qui se seront donnés à lui sans retour. Un Antéchrist-personne d'ailleurs, qui pourrait bien avoir recueilli en toute légitimité la succession pontificale, être... le dernier pape de l'Église, comme j'en expose l'hypothèse plus que crédible hélas, dans ce grand article : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique. 
           
        Et donc, il faut bien prendre conscience que ce mysterium iniquitatis devenu si abominablement puissant dans nos temps de la fin, au point de renverser le Nom du Christ par toute la terre, n'est si puissant justement, que parce qu'il a trouvé et trouve encore aujourd'hui la complicité et l'aide prodigieuses des papes modernes, ceux-ci engageant toute la puissance de l'Église, ... ô contradiction !!, derrière leur dévoiement. Ce dévoiement consiste principalement à vouloir construire la tour de Babel, il épouse le projet des mondialistes : ériger une société universellement conviviale et toute humaine, sans Dieu à la première place, que dis-je, sans Dieu du tout (quand bien même cesdits papes modernes, de Pie VII à François, ne veulent pas le mal en épousant ainsi le mysterium iniquitatis, mais ce n'est pas parce qu'ils prennent le mal qu'ils opèrent en ce très-bas monde depuis le Concordat napoléonien, pour "le bien supérieur de l'Église" comme disait Pie VII en signant cet abominable Concordat, que cela en fait un bien objectif : c'est toujours un mal ; et certes, le drame cornélien de voir l'Église, entraînée par ses papes, soutenir le mysterium iniquitatis, est si extraordinaire à constater, que toutes les tragédies imaginées par le grand Racine, à côté de ce drame immense, ne sont rien...).  
           
        Oh ! je sais bien. Ceux qui aiment les vérités diminuées se récrieront aux cent mille diables d'enfer de ce que je viens d'écrire là, qui paraît sacrilège à leurs âmes éprises de faussetés et de mensonges...! Les pauvres petits, cela les empêche de vivre la Foi domestique en toute tranquillité, car ces âmes tièdes et mondaines, hélas, ne semblent pas rechercher autre chose que ce qu'elles osent appeler "la tranquillité de l'ordre" établi. Mais la vérité intégrale seule importe, car c'est elle seule, non les vérités diminuées que vomit le Saint-Esprit dans les saintes-Écritures, qui fait vivre l'âme spirituelle qui aime son salut...  
           
        Elle fait vivre en tous cas mon âme, et ne demande pas mieux que de faire vivre celle des hommes de bonne volonté qui me lisent.
 
En la fête de saint Jacques de la Marche,
Ce 28 Novembre 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
28-11-2016 16:48:00
 

Le ralliement de Léon XIII, par Roberto de Mattei

 
 
 
Le ralliement de Léon XIII, par Roberto de Mattei
Critique de la thèse exposée
 
 
 
 
Argentré-du-Plessis,                                                               ce 7 novembre 2016.
 
 
        Cher "camarade" de... la lutte FINALE !
           
        Je vous estime trop, docteur xxx, pour ne pas vous dire le fond exact de ma pensée, concernant la thèse développée par De Mattei dans son livre Le ralliement de Léon XIII...
           
        J'ai parcouru le livre en question, en profondeur, mais je l'avoue, sans avoir la force morale de le lire jusqu'au bout, tellement l'attitude de Léon XIII est vomitive pour un catholique qui se respecte : je le savais perverti de républicanisme moderne, et c'est vraiment atroce (la page qui nous relate que lorsque, fortuitement, le nom du "Comte de Chambord" fut prononcé devant lui, c'est à grand'peine si Léon XIII put retenir soudain une explosion de haine, cette page est à pleurer...).
           
        L'ouvrage contient deux choses : 1/ Une masse documentaire impressionnante, intéressante, car elle est basée sur les sources originelles, sur les acteurs principaux du Ralliement. 2/ La thèse de fond développée par l'auteur. Celle-ci, dans l'ordre théologique, est complètement et radicalement FAUSSE, in radice. Elle va même exactement dans le sens contraire à la vérité. De Mattei nous dit qu'au fond, le Ralliement ne fut rien d'autre qu'une pastorale politique désastreuse, qui ne touche en rien à la Constitution divine de l'Église car ce n'est pas un enseignement doctrinal.
           
        ... Dites donc, vous qui êtes un vieux tradi de la vieille, cela ne vous rappelle rien ce genre de raisonnement ? Lorsque Vatican II est sorti, les théologiens tradis se sont penchés sur les textes de ce concile universel, et ils y ont trouvé moult hérésies ou positionnements hétérodoxes. Cela commençait à mousser dangereusement, lorsque, tout-à-coup, ô divine surprise !, un magicien a sorti un lapin de son chapeau : le concile était... pastoral ! C'était extramidable, tout le problème théologique était du même coup résolu ! Car les documents magistériaux à saveur hérétique n'étaient soit disant pas dotés du charisme d'infaillibilité ! Or, trente ans après, même ceux qui soutenaient cela, sont revenus sur leur "note de pastoralité" dont ils ont enfin compris l'inconsistance absolue : ce n'était que poudre de perlimpinpinette. Le mot du pape Paul VI a été mal entendu, et on lui a fait dire le contraire de ce qu'il disait : dans sa phrase, complète du tout, Paul VI rappelait en effet l'importance du... Magistère ordinaire & universel employé à Vatican II, et de l'obéissance qui lui était dûe par tout catholique !! Paul VI était donc loin de vouloir donner une "note de pastoralité", c'est-à-dire de non-infaillibilité, aux documents vaticandeux, puisqu'il y disait... le contraire. Il voulait simplement dire que le concile avait une motivation pastorale, loin de vouloir dire qu'il avait une notation théologique pastorale...
           
         Vouloir voir de la pastoralité là où il y a de l'infaillibilité, c'est se planter complètement. Pour le Ralliement comme pour Vatican II, ça ne sert donc de rien de nous dire que c'était une "pastorale politique", soit disant pour dédouaner l'action du pape Léon XIII de toute faute doctrinale, ce qui importe C'EST DE CONSIDÉRER L'ENSEIGNEMENT DOCTRINAL CONTENU INTRINSÈQUEMENT DANS CETTE DITE "PASTORALE POLITIQUE". Car il y a bel et bien un enseignement doctrinal, dans le Ralliement, et un enseignement doctrinal HÉRÉTIQUE.
           
        Quel est-il, cet enseignement hérétique ? Il est de réputer formellement la validité aux sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées (d'ailleurs, cet enseignement est non seulement hérétique, mais c'est de l'apostasie pure et simple si l'on va au fond des choses). Cet enseignement pontifical moderne contenu dans la "pastorale politique" du pape Léon XIII (car il y a bel et bien enseignement doctrinal, je vais le démontrer tout-à-l'heure), est hérétique parce qu'il va en effet directement contre l'enseignement de saint Paul en Rom XIII, tel que je l'ai rappelé dans ma Lettre politique suite à un certain sermon récent, qui nous dit que les seuls pouvoirs politiques qui sont valides sont EXCLUSIVEMENT ceux qui sont ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. Or, des puissances politiques constitutionnellement athées issues de la Révolution ne peuvent bien entendu en aucune manière être constitutionnellement ordonnées à la poursuite du Bien commun, et donc il est hérétique de leur réputer la validité.
           
        C'est ce que les papes modernes, Léon XIII après Pie VII, n'ont pas compris : ils ont voulu au contraire à toutes forces voir dans les républiques post-révolutionnaires athées des républiques naturelles, comme celles de l'Antiquité. Rien n'était plus faux. Les républiques post-révolutionnaires sont des ANTI-républiques, elles n'ont rien de naturel (... les sectaires au pouvoir le criaient pourtant à tue-tête, à cors et à cris, tant qu'ils pouvaient, que l'essence constitutionnelle de la IIIème Gueuse du nom était antichrist ! Mais Léon XIII resta absolument sourd et aveugle à cette grande réalité ! Et, sur le sujet, saint Pie X ne fut et ne fit pas mieux !). Et c'est pourquoi elles n'ont aucune existence métaphysique, et bien entendu : aucune validité. C'est ce qu'enseigne saint Paul de toutes les puissances qui ne sont pas constitutionnellement ordonnées au Bien commun, et il parle, dans Rom XIII, inspiré du Saint-Esprit. Et c'est cet enseignement très-important quant à la question politique constitutionnelle qui a été perverti par les scolastiques modernes et par les papes IMMÉDIATEMENT après la Révolution. Léon XIII, dans la folie la plus totale, osait soutenir : "Respectez la constitution [de la République française], mais changez les lois" : il n'a jamais voulu et/ou pu comprendre que ladite constitution étant intrinsèquement mauvaise, il était impossible pour un catholique d'y œuvrer en y faisant de "bonnes lois" ! Si en effet, à l'extraordinaire, des députés catholiques avaient réussi à faire passer une bonne loi dans le cadre républicain constitutionnellement athée, elle aurait été ANTICONSTITUTIONNELLE !! À vocation certaine d'être expurgée tôt ou tard du corpus des lois, puisqu'elle y est non seulement hétérogène, mais surtout elle y est mortellement opposée : c'est, ou la mauvaise constitution, ou la bonne loi, les deux ne peuvent pas cohabiter ensemble !! Or donc, la constitution de la République française étant intrinsèquement mauvaise, elle est ce "mauvais arbre" dont Jésus ne dit pas tellement, dans l'Évangile, pour parler par antiphrase, qu'on peut en tirer de "bons fruits", ce qui signifie évidemment qu'on ne peut strictement pas faire de bonnes lois dans un cadre constitutionnel mauvais et antichrist : c'est tout de même lamentable de voir qu'un enfant du 1er catéchisme comprendrait tout-de-suite cela, que Léon XIII ne comprit jamais, du haut de son thomisme raffiné et de son latin poétique...
           
        J'ai lu la seule biographie complète qui existe sur Barnabé Chiaramonti, futur pape Pie VII : il est aussi perverti de démocratisme sangnériste avant la lettre (= Marc Sangnier) que Léon XIII !! À la Noël 1798, pesez bien la date cher "camarade" de la lutte FINALE, devant l'invasion de l'Italie du nord par les armées napoléoniennes, le cardinal Chiaramonti ose faire un sermon à ses ouailles d'Imola, dont certaines avaient pris les armes, encore plus sensationnel que le toast d'Alger de Lavigerie, pour leur signifier avec force que leur devoir de chrétien consistait à se rallier à la forme démocratique post-révolutionnaire : "La forme du gouvernement démocratique adoptée parmi nous [!], ô très-chers frères, non, N'EST PAS EN OPPOSITION AVEC LES MAXIMES ÉVANGÉLIQUES ET N'Y RÉPUGNENT PAS" (sic) !!! Et notez comme notre Chiaramonti futur Pie VII parle de démocratie, et pas de république ! En vérité, ce qu'a fait Léon XIII avec les chefs politiques de la IIIème Gueuse du nom, n'est rien d'autre qu'un copier-coller de ce qu'a fait Pie VII avec Napoléon (comme me disait mon vieux curé tradi, hélas sédévacantiste : "La plus grande preuve apologétique de la divinité de l'Église, c'est qu'elle a vécu 2 000 ans MALGRÉ LES CURÉS").
           
        Dans sa p. 12, De Mattei résume sa thèse de manière synthétique, ce qui permet d'y dénoncer facilement la grosse erreur de fond qu'il commet, grave et dirimante. Et du même coup, cela va me permettre de faire cette démonstration dont je parlais tout-à-l'heure, à savoir qu'il y a bel bien enseignement doctrinal doté de soi de l'infaillibilité dans la "pastorale politique" du Ralliement de Léon XIII. Mais je la cite, cette p. 12, pour commencer : "La disparition de Pie IX posait de façon plus urgente que d'ordinaire les questions que soulève chaque changement de pontificat : le nouveau pape suivra-t-il les traces de son prédécesseur ou inaugurera-t-il une politique différente ? La question ne touchait pas le domaine du magistère, toujours caractérisé par une continuité doctrinale dans la ligne de la Tradition de l'Église, mais était de l'ordre du gouvernement ecclésiastique. Vatican I avait défini comme vérité de foi la Primauté du pontife romain, mais l'infaillibilité, garantie à son magistères à certaines conditions, n'est pas assurée aux actes du gouvernement du pape, à ce qu'on appelle couramment sa politique" (fin de citation).
           
        Quand je vous disais dans un courriel que De Mattei raconte "n'importe quoi" en matière d'infaillibilité pontificale, nous en avons là une belle illustration. De Mattei "oublie" tout simplement que l'Église catholique n'est pas infaillible seulement quant aux choses de la Foi mais quant aux choses des Mœurs. Or, c'est toucher formellement aux Mœurs que de changer pour l'Église Universelle le criterium de validité quant aux sociétés politiques. Et c'est bien ce que faisait Pie VII en 1801, et Léon XIII après lui par le Ralliement qui n'était qu'une réactivation musclée du Concordat napoléonien, en réputant la validité à un État constitutionnellement athée. Réputer valide un État constitutionnellement athée (c'est ce que Pie VII faisait rien que par le fait de signer Concordat avec lui, à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, qui présuppose obligatoirement la validité de tout co-contractant concordataire), c'était changer les Mœurs de l'Église, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle. Et Léon XIII, lorsqu'il oblige les catholiques français à donner à la Gueuse IIIème du nom le devoir d'obéissance et de respect intimé par l'Apôtre des Nations en Rom XIII aux seules puissances politiques certainement valides, lui répute donc par-là même la validité. Car ledit devoir d'obéissance et de respect n'est dû qu'aux puissances politiques certainement valides. Donc, quand De Mattei nous dit que "la question ne touchait pas le domaine du magistère" sous-entendu dans son expression infaillible, il se plante complètement. Cela touchait le domaine du magistère infaillible du pape, par le biais des Mœurs, directement objet, elles aussi, du charisme de l'infaillibilité magistérielle du pape.
           
        Au fait, que sont donc les Mœurs, quant auxquelles la Foi nous enseigne que l'Église ne peut pas plus se tromper lorsqu'elle en traite magistériellement, que lorsqu'elle nous enseigne la Foi ? "Mœurs : habitudes (d'une société, d'un individu) relatives à la pratique du bien et du mal" (Petit-Robert, 1990). Un vieux dictionnaire qui me tombe sous la main a une définition à peu près semblable, plus précise encore : "Habitudes considérées par rapport au bien ou au mal dans la conduite de la vie" (Littré, 1877). Or, donner tout-à-coup une direction radicalement opposée en ce qui concerne le criterium fondamental de la validité du pouvoir politique d'une manière générale, c'est, je crois bien, toucher formidablement aux Mœurs des fidèles !!
           
        Avant le Concordat de 1801, les fidèles croient, de par Dieu et l'Église, que sont valides uniquement les pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, justement pour suivre l'enseignement clair de saint Paul dans Rom XIII, enseignement scandaleusement trafiqué par les scolastico-pontificalo-modernes ; les fidèles croient que leur foi politique ne doit être donnée qu'aux chefs des gouvernements qui proclament constitutionnellement Dieu et son Christ dans la vie publique et dont, au fait, ceux-ci n'avouent être que les représentants, voire le "tenant-lieu" direct, théocratique, pour ce qui concerne le roy Très-Chrétien et le "saint royaume" comme disait le pape Grégoire IX de la France.
           
        Après le Concordat de 1801, c'est tout le contraire, très-exactement et très-scandaleusement le contraire, qui est affirmé par le pape au fidèle, à savoir qu'un gouvernement athée qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, est réputé valide. C'est donc désormais appeler bien ce qui était considéré comme mal, et inversement... c'est donc toucher aux Mœurs, objet de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Avec le Concordat comme avec le Ralliement, nous ne sommes pas là, en effet, avec ce que De Mattei appelle "de l'ordre du gouvernement ecclésiastique", évidemment non-doté de l'infaillibilité, qu'on pourrait aussi appeler les choses de la politique accidentelle, par opposition aux choses de la politique constitutionnelle. Pour prendre exemple, si Pie XI, en 1925, avait fait une allocution solennelle place Saint-Pierre à Rome pour dire aux italiens que le meilleur chef d'État en Italie serait Benito Mussolini et que le devoir de tout catholique italien était de voter pour lui, sans aucun doute la faute aurait été grave, infiniment déplorable, mais enfin la Constitution divine de l'Église, quant à l'infaillibilité magistérielle, n'en aurait été touchée d'aucune manière, ç'aurait été un simple "dérapage" sur une question de politique accidentelle. Mais, en vérité vraie, Pie XI a fait… bien pire que recommander Mussolini, il a, entre autres hélas, signé en 1933 un concordat avec Hitler et les nazis, assorti d'un exécrable "serment" de fidélité audit gouvernement anti-Dieu exigé des grands-clercs allemands, et là, nous sommes en plein dans une question de politique constitutionnelle. Parce que, depuis le Concordat de 1801, archétypal de tous les concordat suivants qui furent passés dans le XIXème siècle et le XXème suivant avec des États constitutionnellement athées, c'est PAR PRINCIPE que le pape s'autorise à signer des concordats avec des États pourtant constitutionnellement athées, en leur réputant formellement la validité, et c'est au nom DU MÊME PRINCIPE que Léon XIII oblige les catholiques au Ralliement à la Gueuse.
           
        Or, faut-il le dire, théologiquement, l'Église n'a pas le droit de réputer la validité à des puissances politiques constitutionnellement athées. Si elle le fait, comme elle l'a fait depuis 1801, elle se crucifie par-là même, et rentre dans l'économie de la Passion du Christ... usque ad mortem. Et il est inutile de chercher à biaiser pour dédouaner l'Église de son péché concordataire hérétique, en alléguant que le pape Pie VII n'a pas fait d'enseignement doctrinal à proprement parler, pour enseigner ces nouvelles mœurs en matière de politique constitutionnelle, dans une encyclique où il aurait déclaré par exemple : "Je définis qu'il est catholique de considérer les puissances politiques issues de la Révolution, cependant constitutionnellement athées, comme pleinement valides". Certes, il n'y a pas d'encyclique pour dire cela, mais ce serait s'abuser étrangement de s'imaginer que, étymologiquement, le "Magistère" ne peut qu'avoir une expression orale ou écrite. Le Magistère infaillible peut tout aussi bien revêtir l'appareil d'un acte théologiquement signifiant. Comme l'est par exemple l'acte concordataire. Ou la "pastorale politique" du Ralliement. Par l'acte concordataire de 1801, il y a en effet bel et bien, ou plutôt fort mal, enseignement universel du pape quant à la validité d'un État constitutionnellement athée, en direction de tous les fidèles (car le Concordat de 1801 n'est pas seulement français, en fait c'est l'archétype qui servira à tous les concordats passés depuis lors avec tous les États du monde...). Et cela suffit pour que l'infaillibilité soit engagée, n'en déplaisent aux dilueurs de tout poil qui déforment le concept du Magistère dans son mode ordinaire & universel.
           
        Or, les incidences de ce changement fondamental sur la vie pratique des peuples sont innombrables, et de tout premier ordre. Ne prenons qu'un exemple, celui du mariage. Avant le Concordat, ce qui faisait la réputation du mariage dans la chose publique, c'était le mariage religieux. Mais après le Concordat, ce qui répute le mariage dans la chose publique, c'est le contrat civil passé devant César, devant le maire (Article organique LIV. "Ils [les curés] ne donneront la bénédiction nuptiale qu'à ceux qui justifieront, en bonne et due forme, avoir contracté mariage devant l'officier civil" ; et qu'on ne dise pas qu'il s'agit d'un article organique non-approuvé par le pape, car il est rentré dans les lois françaises de nos jours et l'Église s'y est soumise). Et notez bien comme il est formellement interdit sous peine de graves sanctions, de ne point faire passer l'homme avant Dieu, dans cette société concordatisée : le curé qui ferait un mariage sans avoir le certificat du maire, serait pénalement sanctionné… Autrement dit : Dieu, depuis le Concordat, pour unir un homme et une femme, doit demander la permission à César, et un César qui, la plupart du temps, n'est pas, constitutionnellement, seulement SANS Dieu mais CONTRE Dieu. Alors que… c'est Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est venu rétablir le mariage dans sa dignité première !! Chaque mariage depuis l'entrée en application du Concordat, est donc en vérité une grave injure, un outrage à Jésus-Christ, qui reçoit une gifle à chaque mariage depuis le Concordat. Croyez-vous vraiment qu'Il ait envie de donner autant de bénédictions aux mariages concordataires qu'aux mariages avant le Concordat ? Moi, je crois bien que non. On ne saurait exiger de Celui qu'on outrage, autant de grâces. Et c'est peut-être bien une cause MAJEURE de l'augmentation des divorces depuis lors. Et cela, on le doit à Pie VII et à tous les papes qui l'ont suivi sur le Siège de Pierre jusqu'à nos jours, y compris les plus saints en leur for privé, tels Pie IX et Pie X (car si ces papes saints ont pris quelque peu leur distance par rapport aux pires avancées d'un Pie VII ou d'un Léon XIII, ils ne sont jamais revenus sur le principe concordataire moderne, qu'ils n'ont pas aboli).
           
        Faire donc un tel changement dans la politique constitutionnelle, comme l'a fait Pie VII en signant son concordat napoléonien, oh oui, je crois bien que c'est toucher formidablement aux Mœurs des fidèles ! Cette inversion radicale du criterium de la légitimité des mariages introduite par le Concordat, faisant passer César avant le Christ, admise donc, au moins implicitement, par la papauté concordataire, va finir par aboutir, en 2013, lors des débats faits dans le cadre de l'infâme loi Taubira, à ce que le mariage va être antéchristiquement considéré comme une chose qui appartient uniquement à la République, Jésus-Christ, le Restaurateur du mariage, va, quant à Lui, en être dépossédé complètement. Mais ce sont les Pie VII et les Léon XIII qui ont fléché la direction pour aboutir à cette abomination de la désolation dans le Lieu-Saint. Voyez cette incroyable déclaration de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-  Atlantiques : "Le mariage est une institution républicaine et grâce à ce texte [la loi Taubira], il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n'est pas sacré, sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" (intervention de la ci-devant-ci-derrière à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) !!! Une telle évolution impie de la pensée sur le mariage aurait-elle été possible, cher "camarade" de la lutte FINALE, si le pape en était resté à exiger catholiquement que tout mariage soit légitimité devant Dieu AVANT d'être enregistré par César...? C'est-à-dire s'il avait refusé de se prostituer concordatairement à un État constitutionnellement athée...?
           
        Copuler (pardon) avec un État constitutionnellement athée dont on répute la validité, quand on s'appelle l'Église du Christ, est source de sacrilèges multiples, sans cesse revenus, et de péril immédiat pour la Foi. En voici une illustration tirée de l'Ami du Clergé, dans sa livraison n° 42 du 20 octobre 1910, trouvée, tout-à-fait par hasard au cours des recherches que je fis pour rédiger mon J'accuse le Concordat !, entre cent mille milliards de mille millions à grouiller dans la crotte en nos sinistres jours concordatisés : "Liturgie. - [Question angoissée d'un prêtre à l'Ami du Clergé :] À certains jours, les représentants des nations étrangères assistent en corps à la messe, et on leur donne à baiser l'instrument de paix [= la croix du Christ]. Comme il y en a qui sont franc-maçons et d'autres protestants, si le sous-diacre les connaît, que doit-il faire ? [Réponse embarrassée, dilatoire et diluée, de l'Ami du Clergé :] En principe, les franc-maçons et les protestants, connus comme tels, ne devraient pas être admis à baiser l'instrument de paix ; mais en raison des complications graves qui pourraient résulter d'un refus public, il n'appartient pas au sous-diacre de trancher lui-même la question, mais il doit en référer à l'autorité supérieure et se conformer à ce qu'elle en ordonnera"…! Et voilà à quelles situations sacrilèges est obligée de se soumettre l'église concordataire ! Va sans dire d'ailleurs que "l'autorité supérieure" a dû faire exactement le même raisonnement que l'Ami du Clergé, c'est-à-dire reculer, préférer le sacrilège divin au scandale humain ! Comment voulez-vous que cette église concordataire soit bénie de Dieu, elle rougit de Lui devant l'homme !!!
           
        En fait, ce n'est pas sa thèse à lui, que De Mattei développe dans son livre, elle ne fait qu'épouser et exposer l'utopie des papes du XIXème siècle suivant Pie VII, qui s'imaginent tous, de Léon XII à Léon XIII, mener le bonum certamen contre la subversion révolutionnaire en étant de leur côté "tout blancs", purs de toute faute quant à eux chefs de l'Église ; alors qu'en fait, la vérité vraie c'est qu'ils ont déjà cédé radicalement à la subversion révolutionnaire, par la pratique concordataire pontificale avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athée pratiquant l'indifférentisme au for public en matière de religions, pratique initiée par le premier pape du XIXème siècle dès 1801. Or donc, pas plus que les papes du XIXème suivant Pie VII, les Léon XII, les Pie VIII, les Grégoire XVI, les Pie IX, et donc Léon XIII lui-même soi-même, De Mattei ne prend conscience de la déviance fondamentale, directement attentatoire à la Constitution divine de l'Église, que constitue ladite pratique concordataire ecclésiale avec des États constitutionnellement athées, dont le Ralliement ne fut rien d'autre qu'une réactivation musclée.
           
        Il est pourtant facile de voir en quoi consiste l'hétérodoxie viscérale de cette  pratique : à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, qui est toujours un acte de portée internationale, diplomatique et solennel, tout co-contractant concordataire, en effet, est réputé être formellement valide. Donc, rien qu'en acceptant l'État français post-révolutionnaire constitutionnellement athée comme co-contractant concordataire, le pape lui réputait par le fait même, ipso-facto, validité et, subséquemment, légitimité de toutes les œuvres politiques qu'il tire de son fond constitutionnel. Or, un État constitutionnellement athée, logique avec lui-même, professe et pratique au for public... l'indifférentisme en matière de religion. D'où la "si grande contradiction" (He XII, 3) de tous les papes du XIXème siècle, qui, de jure, dénoncent l'indifférentisme religieux au for public dans de belles encycliques, et qui, de facto, ratifient cedit indifférentisme hétérodoxe par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées.
           
        Car il est aisé de saisir que si l'Église répute la validité à des pouvoirs politiques qui pratiquent l'indifférentisme religieux au for public, il va bien falloir qu'un jour, l'Église reconnaisse la doctrine de la Liberté religieuse elle-même, cette Liberté religieuse qui est l'expression théologique dudit indifférentisme religieux au for public. Si en effet je reconnais une existence métaphysique à des êtres, j'en reconnais donc aussi implicitement aux œuvres qu'ils tirent de leur essence, de leur fond, quand bien même je ne prends pas conscience tout-de-suite de cette conséquence obligée. Donc, par le seul fait de réputer la validité à des États constitutionnellement athées qui, quant à eux, pratiquent logiquement la Liberté religieuse, comme la tirant de leur propre fond, je reconnais une valeur métaphysique formelle à la Liberté religieuse elle-même. Et voilà tout le mal. Car si moi, catholique, je ne vis pas comme je pense (ma Foi condamne la Liberté religieuse), tôt ou tard je vais être obligé de penser comme je vis (canoniser la Liberté religieuse). Si l'Église pratique la Liberté religieuse par le système concordataire avec des États constitutionnellement athées, elle va être inéluctablement obligée de penser, puis de poser en droit, c'est-à-dire dans la Foi, cette Liberté religieuse tôt ou tard, si elle ne veut pas revenir sur cette mauvaise pratique, ce qu'elle n'a jamais voulu faire (il serait plus exact de dire qu'elle n'y a même pas pensé !).
           
        Comprenons bien que la Liberté religieuse de Vatican II est la réponse du berger à la bergère, le répondant de jure de la pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire de facto, dont le Ralliement léontreizien ne fut qu'un jalon parmi tant d'autres : à mauvaises mœurs, mauvaise doctrine. En fait "la crise de l'Église" commence par une déviance au niveau des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, et cette déviance, insidieusement, a, pendant un bon siècle et demi, de 1801 à 1965, corrompu de plus en plus la Foi elle-même de l'Église, jusqu'à arriver à la proclamation en droit de la Liberté religieuse dans un décret magistériel doté de l'infaillibilité ecclésiale sous le mode ordinaire & universel... Nous sommes là au fond même du fond de "la crise de l'Église".
           
        Donc, la thèse de De Mattei, non seulement est absolument fausse, mais pire, elle exprime exactement le contraire de la vérité théologique en la matière. Je lis au dos du livre, qui ne fait que résumer fidèlement la pensée de fond de l'auteur : "... Et si le Ralliement n'avait été qu'une mesure d'apaisement ? Et s'il n'avait eu d'autre but, en rétablissant le dialogue avec les États européens, que de réaffirmer la Primauté du Pontife romain ? Et si l'on avait fait d'une manœuvre circonstancielle une doctrine définitive emportant avec elle une attitude d'esprit et un mode de décision déterminant pour l'histoire catholique au XXème siècle ?" (fin de citation).
           
        ... Tuediable !! Tous les mots de cette analyse sont autant de petits scandales à l'état pur qui me hérissent le poil, sur le plan de la Foi.
           
        Le Ralliement, une "mesure d'apaisement"...? Mais une pastorale contenant formellement un enseignement hérétique ne peut strictement pas être employée par l'Église comme "mesure d'apaisement", voyons ! La théologie morale enseigne en effet, et c'est un de ses principes de base, qu'il n'est JAMAIS permis de faire un mal pour opérer un bien. A fortiori quand on s'appelle le pape et qu'on agit in Persona Ecclesiae, nom d'un chien ! Mais remarquons bien, une fois de plus, la parfaite décalcomanie de Léon XIII avec Pie VII qui disait à qui voulait l'entendre qu'il avait voulu le Concordat napoléonien pour... "le bien supérieur de l'Église".
           
        Le Ralliement présuppose "le rétablissement du dialogue avec les États européens"...? Mais il n'est absolument pas permis à l'Église, puissance surnaturelle immédiatement ordonnée à Dieu, de dialoguer avec les États européens modernes, qui sont tous des Républiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées. Car le mot dialogue ici, est entendu au sens moderne du terme, à savoir qu'il ne s'agit pas du tout de convertir constitutionnellement lesdits "États européens", mais seulement de traiter avec eux à parité, c'est-à-dire en leur reconnaissant une existence métaphysique et donc la validité de leurs Institutions, à l'instar de celle de l'Église. Or, théologiquement, il n'est absolument pas permis à l'Église de réputer la validité à des gouvernements constitutionnellement athées qui ne sont pas ordonnées à la poursuite du Bien commun, c'est absolument hérétique et condamné par saint Paul en Rom XIII.
           
        Le Ralliement, la "réaffirmation de la Primauté du Pontife romain"...? Impossible, là encore théologiquement, de considérer qu'un moyen hérétique puisse œuvrer à la soit disant réaffirmation de la Primauté du Pontife romain, ce serait sous-entendre que le Christ a besoin de Bélial pour établir son Royaume ici-bas dans et par l'Église !!
           
        Le Ralliement, une simple "manœuvre circonstancielle...? Mais on ne saurait catholiquement supposer que l'Église, dont la deuxième Note nous enseigne qu'elle est parfaitement sainte, on est heureux de le chanter le plus fort possible dans toutes les messes au Credo, puisse employer une "manœuvre circonstancielle"... couvant l'hérésie comme serpent lové en son sein.
           
        "On" aurait indûment fait du Ralliement, "une doctrine définitive emportant avec elle une attitude d'esprit et un mode de décision déterminant pour l'histoire catholique au XXème siècle"...? Quel hypocrite mensonge, que cette présentation des choses pleine de malice ! Ce n'est pas "on", un "on" bien anonyme, qui a fait du Ralliement une doctrine définitive devant être désormais enseignée et crue obligatoirement par les fidèles, CE SONT TOUS LES PAPES MODERNES DE PIE VII À FRANCOIS QUI L'ONT FAIT TELLE ET VOULU AINSI. Il y a ici un mensonge grossier et hypocrite. Et lesdits papes modernes l'ont fait telle et voulu ainsi, souvent avec un militantisme incroyablement agressif pour tout celui qui les contredirait sur cela, très-anathématisant...
           
        J'arrête ici.
           
        Je ne saurai trop vous recommander à nouveau la lecture de mon J'accuse le Concordat ! qui est incomparablement plus costaud que Le Ralliement de Léon XIII de De Mattei, pour pénétrer les assises profondes de "la crise de l'Église" (http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        Bien à vous, Dr xxx. Gardons la Foi, l'Espérance & la Charité. Là où Dieu nous a mis et nous fait œuvrer.
 
Vincent Morlier,
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        PS : Je n'ai pas personnellement de contact avec De Mattei, dont je n'aime pas du tout la pensée qui ne va pas au fond des choses (c'est un journaliste et un historien avant tout, mais certainement pas un théologien). Mais si vous, vous en avez, vous pouvez tout-à-fait, et ce serait même très-souhaitable, lui faire connaître ma critique, c'est-à-dire cette présente lettre. Je vous prophétise avec grande facilité qu'il n'aura rien à y rétorquer.
 
 
 
07-11-2016 13:26:00
 

L'obéissance et le respect dûs aux Autorités politiques légitimes sont-ils dûs à la République française actuelle et aux dépositaires de son "pouvoir"...?

 
 
 
L'obéissance et le respect
dûs aux Autorités politiques légitimes
sont-ils dûs à la République française actuelle
et aux dépositaires de son "pouvoir"...?
 
           
        ... On entend des choses bizarres, surprenantes, parfois, en chaire tradi, des applications de doctrine qui ne sont pas vraiment très-catholiques...
           
        Par exemple, on entend que la République française actuelle, démocratie post-révolutionnaire constitutionnellement athée comme elles le sont toutes de nos jours, est une société politique à laquelle le catholique devrait le respect et l'obéissance dûs aux sociétés légitimes. Donc, elle serait à rang d'égalité avec la société d'Ancien-Régime, celle de nos roys très-chrétiens, constitutionnellement basée sur le Christ quant à elle. Le devoir de respect et d'obéissance, qu'explicite saint Paul en Rom XIII quant aux sociétés politiques, serait donc soit disant dû, exactement au même titre, aux pouvoirs politiques qui sont basés sur le Christ, et aux pouvoirs politiques qui sont basés contre le Christ...!!
           
        Dans ce genre de discours scolastico-moderne, qu'hélas tous les papes modernes ont relayé, et pas seulement ceux d'après Vatican II, il y a une énorme hérésie, un énorme mensonge, une énorme lâcheté, un énorme reniement. C'est gravement tromper les âmes, de professer que le respect et l'obéissance sont dûs à la République française constitutionnellement athée actuelle, et aux détenteurs de sa soit disant "Autorité".
           
        Les sociétés politiques modernes en effet, ces fameuses démocraties qu'un Louis Veuillot appelait si justement "les filles de Babylone", ne peuvent en aucune manière se prévaloir de la moindre validité, et bien entendu, subséquemment, l'exercice de leur pouvoir, quel qu'il soit, ne peut jamais s'exercer d'une manière légitime : un pouvoir politique invalide ne peut en effet pas plus produire des actes légitimes, quand bien même le voudrait-il, qu'un mauvais arbre produire de bons fruits... C'est dire que, subséquemment, le devoir d'obéissance et de respect envers la fonction politique n'est dû en aucune manière aux détenteurs de pouvoirs politiques issus de la Révolution dont la charte fondamentale est les fameux "droits de l'homme" anti-Christ et anti-Dieu.
           
        Les scolastiques et ceux qui leur emboîtent le pas croient pouvoir opposer à ce que je viens de dire la doctrine de saint Paul dans son épître aux Romains, ch. XIII. Saint Paul, affirment-ils, nous demande d'être soumis à TOUT pouvoir politique, quelqu'il soit, constitutionnellement bon ou mauvais, parce que TOUT pouvoir "vient de Dieu".
           
        Mais, et j'en suis infiniment désolé pour eux, ce n'est pas du tout ce que nous dit saint Paul. Saint Paul nous dit même exactement le contraire de ce qu'ils voudraient lui faire dire. L'Apôtre des Nations en effet, dans ce célèbre ch. XIII qui a vu couler beaucoup d'encre, et trop souvent pas de la meilleure qualité, n'entend pas du tout intégrer dans les pouvoirs politiques dont il parle, ceux qui sont constitutionnellement mauvais. Bien au contraire, saint Paul ne parle que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, à l'exclusion de tout autre. La démonstration en est facile à faire.
           
        Nous en avons la preuve formelle dans le verset trois dudit ch. XIII, qui, Lapalisse l'aurait dit, suit immédiatement les deux premiers versets, que voici : "Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures : car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par Dieu. C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordre établi par Dieu ; et ceux qui résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes". Et saint Paul continue en disant : "Car les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises. Veux-tu donc ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN, ET ELLE TE LOUERA" (v. 3). La pensée de saint Paul est claire : il nous dit là qu'à chaque et toutes les fois que je fais le bien dans l'ordre public, la puissance m'en louera, m'en récompensera. Mais, théologiquement, il est impossible qu'une puissance qui n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun, puisse, à tout coup, à chaque et toutes les fois, me louer pour le bien public que je fais : il ne reste en effet pas assez de grâce dans l'homme taré du péché originel, qu'il soit seul ou réuni avec ses semblables également tarés comme lui, pour pouvoir, à chaque et toutes les fois que le bien public est acté, opéré, louer celui qui le fait. Un pouvoir politique qui n'est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, pourra certes louer quelques biens publics, mais pas tous et à chaque fois. Seul un pouvoir politique chrétien-sacral constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, c'est-à-dire basant son pouvoir politique explicitement sur le Christ, a ce pouvoir de louer tout bien public opéré par l'homme, quel qu'il soit. Il est donc clair que saint Paul n'entend parler, dans son fameux ch. XIII aux Romains, que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, qui, eux et eux seuls, sont capables de louer celui qui fait le bien dans l'ordre public, à chaque et toutes les fois qu'il l'opère. Lorsque saint Paul dit : "Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu", cela ne doit être entendu que de la façon suivante : "Il n'y a pas d'autorité constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun qui ne vienne de Dieu". Un point catholique, c'est tout. Les autres n'existent pas, pour saint Paul...
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs l'Apôtre des Nations continue très-logiquement son propos, dans le verset quatre, par ces mots : "CAR elle [la puissance politique] est le ministre de Dieu pour le bien". Comprenons bien là encore ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, il nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue systématiquement . Et c'est également pourquoi du reste, toujours aussi logiquement, saint Paul continue au verset quatre : "Que si tu fais le mal, crains ; car ce n'est pas sans motif qu'elle [la puissance politique] porte le glaive, puisqu'elle est le ministre de Dieu dans sa colère contre celui qui fait le mal". Notons bien comme saint Paul fait exactement le même raisonnement pour celui qui fait le mal au for public que pour celui qui y fait le bien : celui qui fait le mal au for public doit s'attendre à chaque et toutes les fois qu'il le commet, à être châtié par "la puissance", comme il dit. Or, si à chaque et toutes les fois que je fais le mal au for public, je dois m'attendre à être châtié par la puissance, c'est donc bien que ladite puissance est constitutionnellement ordonnée au Bien commun, et non accidentellement.
           
        Il est donc absolument clair et tout ce qu'il y a de plus indiscutable que dans Rom XIII, saint Paul n'entend parler que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés au Bien commun, À L'EXCLUSION FORMELLE DE TOUS LES AUTRES. Or, depuis la Révélation, c'est-à-dire depuis le passage du Christ sur la terre, le Bien commun a un Nom : celui du Christ, celui de Jésus. Tout pouvoir politique donc, depuis lors, pour être constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun sur la terre, doit être explicitement basé sur le Christ, ou, à tout le moins, sur le Dieu Un et Trine, le vrai Dieu catholique. Sous peine, tout simplement, de... ne pas exister métaphysiquement.
           
        Autrement dit, mais le lecteur l'a déjà compris, TOUS LES POUVOIRS ISSUS DE LA RÉVOLUTION, TOUTES NOS DÉMOCRATIES MODERNES CONSTITUTIONNELLEMENT ATHÉES, sont radicalement exclues du devoir de respect et d'obéissance intimé par saint Paul dans son ch. XIII aux Romains, parce qu'elles ne sont pas constitutionnellement ordonnées au Bien commun. Ce n'est même pas le catholique qui les excommunie, c'est elles-mêmes qui s'excommunient toute seules sans qu'on ait besoin de le faire : par leur principe fondamental qui consiste à rejeter du pouvoir politique la Pierre d'Angle qui est le Christ, se servant pour cela des antichristiques "droits de l'homme", elles se suicident elles-mêmes, pourrait-on dire, avant de naître ici-bas, elles font métapolitiquement hara-kiri dans le ventre de Satan leur géniteur, elles n'ont aucun droit à l'existence, c'est-à-dire à la validité de leurs institutions, et, conséquemment, à la légitimité de leurs actes politiques.
           
        C'est donc une véritable hérésie et un grand scandale que de leur appliquer le devoir de respect et d'obéissance intimé par saint Paul à tous les chrétiens UNIQUEMENT quant aux sociétés politiques constitutionnellement ordonnées à la poursuite du Bien commun.
           
        On pourrait objecter ici que saint Paul intime le devoir d'obéissance et de respect envers le pouvoir politique Romain de son temps ; or, celui-ci n'était bien sûr pas chrétien constitutionnellement. Cependant, si le pouvoir politique Romain n'est pas constitutionnellement chrétien, il est néanmoins ordonné à la poursuite du Bien commun. L'empire romain en effet, établi AVANT le Christ qu'il ignore sans faute de sa part, poursuit constitutionnellement le Bien commun, quand bien même c'est d'une manière fort imparfaite. Il y a un grand élan vers le Bien dans toute l'Antiquité, surtout plus la venue de Jésus-Christ approche, un désir de mieux en tous cas, dans tous les domaines, y compris celui sociopolitique. Il y a donc dans tous les gouvernements de l'époque, même celui de Néron qui vit au temps de saint Paul (car si lui est un chef politique très-mauvais, cela ne change pas la nature de son gouvernement qui tend vers le Bien commun), ce que les théologiens appellent une inchoation vers le Bien, c'est-à-dire un commencement même fort imparfait de Bien commun. Certes, lorsque le Romain va être interpellé par le Christ, on va le voir se raidir orgueilleusement et s'opposer à Lui, mais cela ne change rien au fait que la nature de son gouvernement prépare les voies du Seigneur.
           
        Tout le monde a remarqué la préparation géographique que constitue la civilisation romaine, pour l'établissement des grandes places du christianisme aux premiers siècles chrétiens, mais ce n'est pas seulement sur ce simple plan matériel que la civilisation romaine prépare les voies du christianisme, sur le plan sociopolitique il y a aussi, malgré de prodigieux et révoltants défauts, toute une plate-forme d'ordre que saura bien utiliser, en l'améliorant, le christianisme : c'est singulièrement évident dans la société gallo-romaine sur laquelle s'édifiera le christianisme mérovingien voire même carolingien. Je suis bien aise ici de pouvoir citer Benoît XVI, qui, dans une allocution "Actualité du Règne de Dieu", a judicieusement expliqué et rappelé qu'au temps de Jésus "le terme évangile était utilisé par les empereurs romains pour leurs proclamations ; indépendamment de leur contenu, elles étaient appelées bonnes nouvelles, c'est-à-dire des annonces du salut, car l'empereur était considéré comme le seigneur du monde et chacun de ses édits comme précurseur de bien" (Vatican Information Service du 28 janvier 2008, 18e année, n° 19). C'est précisément la doctrine professée par saint Paul en ses Épîtres, à savoir que les Républiques romaines de son temps poursuivent… le Bien commun, quand bien même, nous qui avons le recul de l'Histoire, nous sommes obligés de constater qu'ils étaient fort loin de le trouver toujours.
           
        Or, justement, ce n'est PAS DU TOUT le même cas de figure pour nos républiques post-révolutionnaires. Elles, elles ont sciemment rejeté le Christ Jésus, géniteur du Bien commun en Politique, de leurs Constitutions, c'est même la raison principale de leurs fondations et "existences" en ce monde, de par la Révolution. Et donc, elles ne sont pas constitutionnellement ordonnées à la poursuite du Bien commun. Par conséquent, on ne peut absolument pas supposer, comme pour l'antique République romaine, que les républiques post-révolutionnaires poursuivent le Bien commun, même une simple et imparfaite inchoation dudit Bien commun... Donc, puisqu'elles ne sont pas ordonnées constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, en aucun cas on ne peut leur appliquer l'omnis potestas a Deo paulinien, saint Paul ne parlant dans son Épître que des pouvoirs constitutionnellement ordonnés au Bien commun. C'est, il faut le dire, un vrai scandale de voir la papauté concordataire & post, le faire. Ce sera par exemple tout l'angle de vue, tout le raisonnement de fond du pape Léon XIII, dans son abominable Bref Au milieu des sollicitudes, que d'assimiler frauduleusement "république romaine antique" et "république post-révolutionnaire"… alors que la première tend vers le Bien commun, et donc tend à trouver le Christ dans le for public, quand la seconde tend à expurger le Christ à toutes forces du for public, et donc le Bien commun dont Il est le géniteur (puisque "sans Moi, vous ne pouvez rien faire"). Les papes post-révolutionnaires n'ont pas vu la différence !!!
           
        ... Dieu me garde donc d'en vouloir au prêtre qui a sorti cette hérésie en chaire tradi, ainsi qu'à sa communauté qui professe cette hérésie lamentable, laquelle sous-tend, plus lamentablement encore, la très-hétérodoxe Liberté religieuse : avant lui, et bien au-dessus d'eux tous, il y a les papes modernes, et pas seulement ceux d'après Vatican II comme il est hélas trop facile de le dire, mais ceux d'avant Vatican II, par exemple les Léon XIII avec son "Ralliement" et les Pie VII avec son infâme "Concordat" napoléonien, qui l'ont professé.
           
        C'est dire, pour conclure, car dans ce simple mot je n'irai pas plus loin (si on veut le faire, on pourra consulter mon J'accuse le Concordat ! au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf), que "la crise de l'Église" a des racines qui remontent très-loin, et que les choses sont si graves, qu'elles ne sauraient plus désormais se résoudre que par le Retour du Christ glorieux dans notre univers ou Parousie.
           
        Pour l'instant, en L'attendant, expectans expectavi Dominum, sachons entretenir en nous la vraie doctrine catholiques des choses. Nous sommes au pied de la croix où est pendue, le plus lamentablement possible, cette fois-ci non plus le Christ Lui-même, mais son Épouse immaculée, l'Église.
           
        J'espère une chose : c'est que, par cette Lettre politique, j'aurai donné du COURAGE au prêtre prêcheur pour que, la prochaine fois qu'il se fendra de nous parler de Politique en chaire, il le fasse dans la Vérité de Dieu. Ou alors, il me faudra résoudre, la mort dans l'âme, à faire comme ce militaire français, aux temps de Léon XIII : "Lorsque le pape parle dogme, je suis à genoux ; lorsqu'il parle discipline, je suis debout ; lorsqu'il parle politique, je suis ASSIS"... attendant, dans la vertu d'impatience, la fin du discours mortifère...
 
En la fête de saint Pierre d'Alcantara,
ce 19 octobre 2016,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
 
19-10-2016 09:17:00
 

Caïphe, dernier grand-Pontife juif de l'Ancien-Testament, était-il légitime ou bien non ?

 
 
 
Caïphe, dernier grand-Pontife juif de l'Ancien-Testament,
était-il légitime ou bien non ?
 
 
 
        Un énergumène sédévacantiste qui sévit dans une petite secte groupusculaire, que je ne nommerai pas (il est en effet d'une rare incorrection, d'un orgueil incroyable, ses propos sont ceux d'un déséquilibré, et il ne mérite pas qu'on le nomme, encore moins qu'on lui fasse l'honneur d'un échange polémique courtois entre gens sérieux), s'est imaginé, dans sa tête fanatisée et zélote, un parallèle, une réplication à faire, entre la situation théologique des derniers grands-Pontifes juifs ayant eu à vivre la fin des temps de l'Ancien-Testament, qui étaient tous, affirme-t-il, des antipapes illégitimes (il inclut bien sûr dans la liste, Caïphe, qui enregistre sous son pontificat la fin formelle de l'église synagogale juive et de toute l'économie de l'Ancien-Testament, lors du déchirement du grand rideau du Temple arrivé à la mort de Jésus-Christ en croix), et la situation théologique des derniers papes vivant la fin des temps du Nouveau-Testament, c'est-à-dire nos papes post-vaticandeux (Vatican II ouvre en effet indubitablement les derniers temps ecclésiaux du Nouveau-Testament), les Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, qui donc seraient, eux aussi, des antipapes illégitimes, par analogie typologique avec ce qu'il veut croire s'être passé à la fin des temps pontificaux-ecclésiaux de l'Ancien-Testament qui, selon lui, n'aurait vu que des grands-Prêtres illégitimes.
           
        La typologie de l'histoire ecclésiale-pontificale des derniers temps de l'Ancien-Testament, qui révèlerait soit disant uniquement des grands-Prêtres illégitimes, doit, pour notre méchant drôle, se reproduire à l'identique pour ceux du Nouveau-Testament, qui ne verraient après Vatican II que des antipapes illégitimes, c'est une obligation absolue, c'est même de l'ordre prophétique divin, soutient-il avec une ardeur d'illuminé dangereusement allumé, et même avec une fureur pseudo-prophétique qui ne supporte pas la moindre remise à niveau de ses plus folles erreurs, dont on ne trouve une analogie, puisqu'il faut parler d'analogie, que dans celle qui saisissait les pythonisses des temps antiques, vaticinant, dans d'affreuses transes, sur leur trépied d'infamie, sous la très-redoutable emprise et possession d'un démon (elles pouvaient en mourir à chaque fois d'ailleurs, tellement l'épreuve divinatoire était terrible ; c'est pourquoi la plupart des pythonisses, saisies d'effroi, terrorisées, refusaient de se soumettre à ces transes démoniaques épouvantables, mais, périodiquement, les populations païennes au sein desquelles elles vivaient les y obligeaient implacablement, sans que les malheureuses pussent s'y soustraire).
           
        Donc, selon notre énergumène sédévacantiste, pythonisse d'un nouveau genre, les susnommés papes qui, après Vatican II, vivent la fin des temps du Nouveau-Testament, sont des antipapes illégitimes, par réplication obligatoire avec ce qu'il veut croire s'être passé à la fin des temps ecclésiaux-pontificaux de l'Ancien-Testament...
           
        Que vaut cette thèse, qui voudrait donner une assise solide à la thèse sédévacantiste qui dénie formellement toute légitimité aux papes modernes de Vatican II...?
           
        Pour répondre à la question, il convient d'abord de faire un distinguo dans la thèse. Elle s'appuie en effet sur deux piliers principaux, dont l'un est valable, l'autre point : 1/ la thèse en elle-même, qui veut que la typologie de ce que l'on discerne au niveau ecclésial-pontifical dans la fin des temps de l'Ancien-Testament doit se répliquer au même niveau ecclésial-pontifical dans la fin des temps du Nouveau-Testament. Cette thèse est certainement très-valable, et, quant à moi, j'y souscris sans réserve, sans aucune difficulté. Notre-Seigneur Lui-même semble bien dire qu'il en sera ainsi, puisque, lorsqu'Il déroule le grand listing des signes eschatologiques à la fin des trois Évangiles qui en parlent, Il mêle indifféremment la fin de Jérusalem (Ancien-Testament) et celle de la fin des temps (Nouveau-Testament), sans marquer de différence, comme si la fin de l'une devait être prophétie de la fin de l'autre, une fin se réalisant dans le microcosme, l'autre dans le macrocosme, de manière semblable. Affirmer donc que la situation théologique des grands-Prêtres vivant la fin des temps de l'Ancien-Testament doit être exactement la même que celle des papes vivant la fin des temps du Nouveau-Testament est en soi une thèse parfaitement soutenable, admissible. 2/ l'autre pilier par contre de la thèse, celui que défend mordicus l'énergumène sédévacantiste, est une affirmation totalement gratuite de sa part, à savoir que les grands-Prêtres de la fin des temps de l'Ancien-Testament étaient tous des antipapes illégitimes, ce qu'il répercute bien entendu, suivant la thèse, sur les derniers papes post-vaticandeux qui vivent la fin des temps du Nouveau-Testament, en professant qu'ils sont eux aussi des antipapes illégitimes.
           
        C'est évidemment sur le point 2/ que je vais focaliser toute mon attention.
           
        Or, il n'est pas vraiment besoin de réfléchir beaucoup pour poser une première formelle conclusion qui va dénouer par rebond, on va le voir, toute la problématique : la Foi enseigne en effet formellement que les papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, venant après Vatican II, les Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, sont tous des papes certainement vrais et légitimes, d'authentiques Vicaires du Christ, comme je vais en faire la facile démonstration théologique tout-de-suite.
           
        Par conséquent, cela montre, toujours en suivant la thèse, mais non plus cette fois en prenant comme point de départ les grands-Prêtres de la fin des temps de l'Ancien-Testament, mais en prenant les papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, que, puisque ces derniers sont certainement légitimes, alors, les grands-Prêtres de la fin des temps de l'Ancien-Testament, ne pouvaient, eux aussi, qu'être certainement légitimes. Car la thèse ne fonctionne pas seulement d'amont en aval, de l'Ancien-Testament vers le Nouveau, mais également du Nouveau vers l'Ancien, d'aval en amont : si l'on a une certitude de Foi quant à la situation théologique des papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, qu'ils sont certainement légitimes, alors, cela donne une certitude formelle, également de Foi, quant à la situation théologique des grands-Prêtres de l'Ancien-Testament, qu'ils sont, eux aussi, certainement légitimes.
           
        Les papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, que nous vivons dans l'Église actuellement, sont certainement légitimes ; et donc les grands-Prêtres de la fin des temps de l'Ancien-Testament le sont aussi.
           
        Ce sont ces deux points que je vais établir à présent dans ce nouvel article.
           
        Prouver, pour commencer, que les papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, de Jean-Paul 1er à François, sont certainement légitimes, ne va pas être difficile. En effet, le catholique a cette absolue certitude par la théologie fondamentale qui régit la Constitution divine de l'Église catholique, apostolique et romaine.
           
        La règle prochaine de la Légitimité pontificale, c'est-à-dire en langue plus moderne son criterium premier et capital, est en effet la Désignation ecclésiale universelle du Pontife romain actuel (dans le Conclave) puis sa Reconnaissance ecclésiale universelle (dans la cérémonie d'Intronisation du nouveau pape, qui n'intervient que quelques jours après la Désignation), dont l'organe ordinaire est le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique. Dès lors que les cardinaux ont posé ce double-acte de Désignation-Reconnaissance ecclésiale universelle sur un tel, le réputant formellement, au nom de l'Église Universelle, vrai, légitime et authentique Vicaire du Christ actuel pour toute l'Église, acceptus et probatus, on a la certitude de Foi, de fide, qu'il l'est véritablement. C'est, par le fait dogmatique, une proposition à croire de Foi, de fide, que tout catholique véritable a la stricte obligation de professer, sous peine d'anathème ipso-facto. Ce n'est pas plus compliqué que cela, et justement, ça ne doit pas être plus compliqué que cela, pour que tous les catholiques du monde entier, des plus savants aux plus simples, jusqu'à Gros-Jean l'innocent du village, et même, mais oui, jusqu'à... notre énergumène sédévacantiste, puissent avoir la certitude d'avoir un vrai pape, et surtout de savoir qui il est.
           
        Or, ce double-acte, ayant à tout coup valeur formelle de fait dogmatique doté de l'infaillibilité, a été dûment posé sur tous les papes suivant Vatican II, les Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI, puis François ; exactement et au même titre qu'il a été posé sur tous les papes modernes précédant Vatican II, de Pie VII le tout premier pape post-révolutionnaire, à Paul VI. Un enfant du 1er catéchisme en tirerait tout-de-suite la seule et unique conclusion logique et surtout théologique à en tirer, que notre énergumène, orgueilleusement aveuglé par son sédévacantisme, ne voit même pas, ayant des yeux pour ne voir point, à savoir que lesdits papes modernes post-Vatican II sont tous vrais, légitimes et authentiques Vicaires de Jésus-Christ (... quand bien même on a l'affreuse douleur, en tant que catholique, de les voir crucifier à mort l'Épouse du Christ, l'Église, par leurs comportements magistériaux rien moins que catholique ; mais cela révèle, précisément, LA PASSION DE L'ÉGLISE que j'expose sur mon site www.eglise-la-crise.fr, cela révèle, justement, que l'Épouse du Christ est plongée dans l'économie de la Passion du Christ).
           
        Donc, première certitude impérée par la Foi : la thèse de notre méchant drôle, dans sa partie sédévacantiste, est foudroyée à la racine de l'os, radicalement déboutée. Car on est déjà sûr d'une chose : une thèse qui veut que les papes de la fin des temps du Nouveau-Testament doivent être des antipapes, contredit de plein fouet la Constitution divine de l'Église qui veut que si des papes sont désignés et reconnus comme papes vrais et authentiques par l'Église dans sa dimension universelle, ils le sont très-certainement et infailliblement. L'interprétation sédévacantiste de sa thèse en est donc radicalement foudroyée, convaincue d'être absolument fausse, erronée, hérétique, schismatique, contraire à la Foi. Tout ce qu'il rajoute à côté, n'est que du vent, produit avarié de cervelle surchauffée à rouge et à blanc dans l'hérésie sédévacantiste. Impossible, je le répète, de supposer qu'une vraie prophétie ayant Dieu pour auteur, plus exactement dit une authentique typologie prophétique de fin des temps, puisse, en s'accomplissant, attenter mortellement à une loi fondamentale de la Constitution divine de l'Église, comme l'est la loi de l'infaillibilité de la Reconnaissance ecclésiale universelle du Pontife romain légitime. Ce serait en effet supposer que Dieu s'oppose à Lui-même, ce qui est bien entendu impossible.
           
        "Mais, mais, mais, rétorquera mon méchant drôle, en amont, on a la certitude que les grands-Prêtres de la fin des temps de l'Ancien-Testament étaient illégitimes, je le démontre dans mon article !" Éh bien, penchons-nous donc à présent sur ce récent article qu'il a écrit, où il tâche de prouver et démontrer que tous les grands-Pontifes juifs après la période maccabéenne, étaient illégitimes. Dont, bien sûr, Caïphe, le dernier grand-Pontife juif de l'Ancien-Testament, qui enregistra sous son pontificat la fin formelle de l'économie vétérotestamentaire.
           
        La grande fresque historico-ecclésiale juive qu'il trace dans cet article est par quelques endroits intéressante et certainement valable (je veux parler des grandes lignes de fond mais pas des commentaires que mon énergumène sédévacantiste y fait), surtout, certes, pour bien montrer l'ignoble compromission du pouvoir religieux juif, à son plus haut niveau, avec celui politique romain.
           
        Mais, mais, mais, faut-il absolument déduire de cette compromission atroce (qui me fait penser irrésistiblement à celle du pape Pie VII avec les pouvoirs politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées, dès 1801, date du Concordat napoléonien, lequel dit Concordat, en termes d'infamie et de sacrilège, n'a rien à envier aux pires compromissions des grands-Prêtres juifs avec l'occupant politique romain...), comme le fait mon énergumène sédévacantiste, une illégitimité formelle de la fonction pontificale des derniers grands-Pontifes juifs, dont bien entendu celle de Caïphe ?
           
        Pour répondre à cette question, je m'appuierai quant à moi uniquement sur ce que m'enseignent l'Évangile et les Actes, c'est-à-dire sur les écrits inspirés et infaillibles du Nouveau-Testament. L'avantage du criterium que je choisis est certain : il est absolument supérieur en effet sur tout autre puisque les enseignements que j'y trouverai sur notre affaire seront dotés de l'infaillibilité inhérente à la sainte Écriture. Or, il y a plusieurs passages scripturaires qui permettent de se faire une idée très-précise sur notre question, surtout l'un d'entre eux, que je me propose d'étudier à présent.
           
        Le premier passage à étudier est celui-ci, que j'avais seulement cité de mémoire dans ma précédente Lettre : "Ils sont dans la Chaire de Moïse, faites ce qu'ils disent, mais pas ce qu'ils font". J'en avais déduit que Jésus affirmait ici la légitimité des prêtres juifs de son temps, en ce compris bien sûr le grand-Pontife Caïphe. Mon énergumène a fait remarquer que le contexte de cette déclaration de Notre-Seigneur visait seulement les scribes et les pharisiens, qui n'étaient pas prêtres encore moins grand-Pontife, ainsi que le passage, effectivement, le révèle : "Les scribes et les pharisiens sont assis sur la chaire de Moïse. Observez donc et faites tout ce qu'ils vous disent ; mais n'agissez pas selon leurs œuvres, car ils disent, et ne font pas" (Matth XXIII, 2-3). Donc, on ne saurait arguer de ce passage la légitimité de Caïphe. Soit, on peut admettre le raisonnement. Je donnerai ici volontiers un Bon-Point à mon méchant drôle, de préférence une belle grande image coloriée, comme le faisaient les maîtresses d'école dans les petites classes de CP, son niveau, car je vois qu'il affectionne particulièrement les images d'Épinal dont il ne cesse d'entrelarder indigestement tous ses textes, sans doute pour frapper les esprits frustres et simplets comme le sien....
           
        Encore que ce ne soit pas absolument sûr, il s'en faut. En effet, mon contradicteur qui se fait fort de citer le contexte de cette parole de Notre-Seigneur... n'en a pas encore assez cité pour embrasser le sens profond du texte : c'est en effet tout le chapitre XXIII qui est à lire, pour comprendre que Jésus commence par cibler, là encore, un microcosme (les scribes et les pharisiens), pour finir par appliquer ses malédictions au macrocosme que représente TOUTE l'église juive réunie, en corps d'institution, à savoir non pas seulement lesdits scribes et autres aides sacerdotales qui eux-mêmes ne faisaient pas partie de la caste sacerdotale à proprement parler, mais encore tous les prêtres juifs et évidemment le grand-Pontife Caïphe avec eux. On a vu plus haut que c'est le même procédé typologique que Notre-Seigneur emploie lorsqu'Il déroule les signes eschatologiques : Il commence par parler de la fin de Jérusalem, puis finit par parler de la fin du monde. Ici de même, Jésus termine sa condamnation par ces mots : "JÉRUSALEM, JÉRUSALEM, qui tues les prophètes, et qui lapides ceux qui te sont envoyés, combien de fois ai-Je voulu rassembler tes enfants, comme une poule rassemble ses petits sous ses ailes, et tu ne l'as pas voulu !" (Matth XXIII, 37). Nous ne sommes plus là, il faut en convenir, avec les seuls scribes et pharisiens "laïcs". Jérusalem, dans la bouche de Notre-Seigneur, a évidemment le sens d'englober toute l'église juive institutionnelle d'alors. C'est exactement comme si, dans notre économie du Temps des Nations, quelqu'un proférait des malédictions sur "Rome, Rome, etc.". Il ne viserait pas là une seule catégorie ecclésiastique, par exemple les jésuites ou les dominicains, mais absolument tous les ordres d'Église, tous les prêtres du Seigneur (c'est dans ce sens que Notre-Dame à La Salette prophétise "Rome perdra la Foi et deviendra le Siège de l'Antéchrist" : Rome, pour la très-sainte Vierge, figure ici toute l'Église institutionnelle). À partir donc de ce constat, on peut, par la méthode classique bien connue des exégètes, faire rejaillir le sens macrocosmique global, qui s'applique à toute l'église juive dans ce quasi dernier v. 37 de cet anathématisant ch. XXIII de saint Matthieu, sur tous les autres versets dudit chapitre, et comprendre que quand Notre-Seigneur demande au peuple juif d'"écouter ce qu'ils disent" (v. 3), il entend aussi parler des prêtres et même du grand-Pontife Caïphe ; ce qui, comme j'en faisais le raisonnement dans ma précédente Lettre, signifierait qu'ils profèrent un enseignement autorisé, donc légitime, et, conclusion ultime, ils sont donc eux-mêmes, dans leur fonction sacerdotale, légitimes. Ce raisonnement peut être valablement tenu, mais je n'ai pas de mal à reconnaître, cependant, que ce que j'expose là est un sens quelque peu accomodatice qui ne peut pas, à lui tout seul, prouver la légitimité du grand-Pontife Caïphe.
           
        Donc, admettons que ce passage scripturaire ne fait pencher la balance ni dans un sens ni dans un autre, pour décider si Caïphe était légitime grand-Pontife juif, ou bien non.
           
        Il en est bien autrement de l'autre passage que je citais dans ma Lettre, et que mon énergumène sédévacantiste trafique complètement pour lui faire dire exactement le contraire de ce qu'il dit, dans un refus satanique de la Vérité qui lui est fort coutumier.
           
        Voyons d'abord le passage : "Mais l'un d'eux, nommé Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là, leur dit : «Vous n'y entendez rien, et vous ne réfléchissez pas qu'il vaut mieux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point». Or, il ne dit pas cela de lui-même ; mais, étant grand-prêtre cette année-là, il prophétisa que Jésus devait mourir pour la nation" (Jn XI, 50-52). Ici, poursuivais-je à juste titre dans ma Lettre, saint Jean affirme sans ambiguïté aucune que Caïphe possédait le don de prophétie attribué à tout grand-prêtre... légitime. Donc, Caïphe, tout dernier grand-prêtre de l'église juive, fut... légitime. C'est l'Évangile lui-même qui l'affirme.
           
        Saint Jean faisait en effet là allusion au fait que tout grand-Prêtre possédait le don de prophétie inhérent à sa fonction suprême de guide du peuple juif, ce qui était matériellement manifesté dans le vêtement rituel du grand-Prêtre. Il portait par-dessus l'Ephod ("gilet ou tablier richement brodé, retenu par deux pierres d'onyx sur les épaules" - Wikipedia), l'Hochen ou pectoral : "Fixé sur le devant de l'Ephod, il était orné de douze pierres précieuses, chacune gravée avec le nom d'une des tribus. Il «consistait en une tablette carrée ou en une pochette d'or» dans laquelle le grand prêtre portait les Urim et les Thummim" (ibidem). Or, qu'étaient-ce, ces Urim et ces Thummim ? "Dans la Bible hébraïque, l'Ourim et le Thoummim sont des éléments du pectoral porté par le Grand prêtre d'Israël. Ils sont généralement considérés comme des objets ayant trait à l'art de la divination, mais aucune description de leur aspect ne figure dans la Bible. En hébreu, le mot ourim signifie lumières, et thoummim, perfections, parfois traduit par vérité. Les érudits juifs les décrivent comme un «instrument qui servait à donner la révélation ET À DÉCLARER LA VÉRITÉ»" (John M'Clintock and James Strong, Cyclopedia of Biblical, Theological, and Ecclesiastical Literature, 1867-1881, art. "Urim and Thummim"). André-Marie Gérard, dans son excellent Dictionnaire de la Bible, apporte ces précisions intéressantes à propos de ces Urim et de ces Thummim : "Saint Jérôme considère qu'il ne s'agit pas d'objets. C'en étaient pourtant très-probablement : deux petits cailloux ou deux bâtonnets, bien distincts l'un de l'autre par la forme, la couleur, ou une inscription, et qui servaient pour consulter Yahweh à la manière dont les Anciens interrogeaient les flèches ou le foie des oiseaux, voire les «teraphim» des Hébreux. (...) C'étaient des «sorts sacrés»" (art. "Ourim et Toummim", p. 1034).
           
        Et c'est précisément à ce don de prophétie inhérent à la fonction de grand-Prêtre que fait allusion saint Jean en parlant de Caïphe : lorsque Caïphe dit qu'il vaut mieux qu'un homme seul meure plutôt que toute la nation, c'est-à-dire lorsqu'il "DÉCLARE LA VÉRITÉ", saint Jean nous dit que c'était sous cette dite inspiration prophétique inhérente à la fonction du grand-Prêtre juif, dont, bien évidemment, Caïphe n'aurait pas pu bénéficier s'il avait  été... illégitime. Saint Jean affirme donc là, d'une manière formelle, que Caïphe usait du don de prophétie inhérent à la fonction de grand-Prêtre légitime ; mais puisqu'il est impossible d'user de l'attribut d'une charge sans posséder la légitimité de ladite charge elle-même, saint Jean affirme donc là formellement que Caïphe était grand-Prêtre... légitime.
           
        Voilà une conclusion évidemment extrêmement gênante pour mon énergumène sédévacantiste. Alors, on voit ce fourbe hypocrite, loin de se rendre à ce que lui apprend le Saint-Esprit par saint Jean de la légitimité certaine de Caïphe, tricher scandaleusement avec le sens du texte sacré et inventer n'importe quoi pour tâcher d'esquiver cette révélation évangélique infaillible. Il affirme, sans rire, que lorsque saint Jean dit que Caïphe était "le grand-prêtre de cette année-là", c'est en fait pour dire... qu'il n'était pas le grand-prêtre de cette année-là !!! Ce guignol sinistre, ce bouffon insolent, ce triste clown grotesque est vraiment à enfermer et à bêtabloquer d'urgence. La formule de saint Jean, selon ce grand insensé blasphématoire de l'Écriture sainte, signifierait donc très-sataniquement... le contraire de ce qu'elle dit !!! Voilà ce qu'il ose dire sans rire. Il veut en effet voir dans la formule une ironie pour dire le contraire du sens obvie du texte : "Si l’Apôtre Jean dit à deux reprises que Caïphe est «le prêtre de cette année là», c’est parce qu’il ne reconnaît pas sa légitimité" (sic !!!). Car, selon lui, le fait que le grand-Pontificat juif puisse changer de titulaire tous les ans au temps du Christ, prouve qu'il est désormais illégitime : si donc saint Jean évoque un "grand-prêtre de cette année-là", c'est pour dire qu'il est... illégitime. Voilà son pauvre raisonnement, plus que tordu, parfaitement et complètement faux : ce n'est pas en effet parce que le souverain Pontificat juif est dégénéré jusqu'à pouvoir changer de titulaire d'année en année, que cela signifie ipso-facto, comme cet imbécile au carré veut le croire bêtement pour les besoins hérétiques de sa thèse sédévacantiste, qu'il est dès lors certainement illégitime. On a, justement, dans notre passage de saint Jean, la preuve formelle du contraire, puisque saint Jean affirme que Caïphe usait du don de prophétie inhérent à la fonction de grand-Prêtre légitime, et donc qu'il était grand-Prêtre légitime lui-même : c'est donc bien la meilleure preuve que le fait de voir le grand-Pontificat pouvoir changer d'année en année de titulaire, n'invalidait pas, de soi, la charge de grand-Prêtre !
 
        Mais, pour faire le savant, l'énergumène sédévacantiste veut appuyer fallacieusement son invention scandaleuse sur une note de Tintori, lequel, il suffit de le lire pour s'en rendre compte, dit tout ce qu'on veut sauf ce que veut lui faire dire mon vicieux et malhonnête blasphémateur de la sainte Écriture : "Le pontificat était à vie, mais les procurateurs romains déposaient et établissaient les pontifes à leur gré. Ainsi Anne fut déposé et, en diverses années, des membres de sa famille, furent élus, et finalement, ce fut son gendre Caïphe qui selon Flavius Josèphe avait acheté le suprême pontificat". Une fois de plus, on surprend là notre halluciné en train de prendre des vessies pour des lanternes, de s'inventer dans sa tête fêlé de grand fou une réalité qui n'existe pas : Tintori, dans ce passage explicatif de la formule de saint Jean ne dit nullement, en effet, comme veut le lui faire dire mensongèrement mon énergumène sédévacantiste, que le fait de changer de titulaire "en diverses années" invalidait de soi la charge du grand-Pontificat juif, il ne fait tout simplement que donner l'explication du fait historique que les grands-Prêtres pouvaient changer d'une année sur l'autre aux temps du Christ, sans porter aucun jugement sur la validité subséquente, ou bien non, de la charge de grand-Pontife juive en elle-même. La fausseté intrinsèque et radicale de l'explication de mon énergumène est donc là grosse comme une éléphante enceinte dans un corridor, patente, visible, et tout le monde peut la constater.
           
        Et de même que Tintori ne fait qu'exposer la réalité objective de la situation historique du grand-Pontificat au temps du Christ, sans porter aucun jugement sur la légitimité ou bien non du grand-Pontife juif, de même également saint Jean se cantonne à ce même descriptif objectif : il ne fait lui aussi, dans son Évangile, que dire la situation historique du grand-Pontificat juif au temps du Christ, qui pouvait changer, certes, d'un an sur l'autre, mais sans porter aucun jugement de légitimité ou bien non sur celui qui le détenait pour un an, comme se l'invente dans sa tête de menteur tordu hérétique mon énergumène sédévacantiste.
           
        Ainsi donc, le passage "Caïphe, qui était le grand-Prêtre de cette année-là" veut tout simplement dire ce qu'il exprime dans son sens obvie, à savoir, mais oui, que... "Caïphe était le grand-Prêtre de cette année-là", pardon, mais l'imbécillité abyssale de mon énergumène m'oblige à ce pléonasme. ET RIEN D'AUTRE.
           
        En outre, et c'est beaucoup plus grave encore, mon énergumène, par son explication, se rend coupable de blasphème envers la sainteté impeccable de l'Écriture sainte ayant Dieu pour Auteur. Et Duquel il est impossible de supposer qu'il puisse inspirer à l'Auteur sacré un sens de malice peccamineux, comme il le suppose non seulement dans son ignorance exégétique mais encore dans son impiété exégétique. Supposer en effet comme il le fait que le Saint-Esprit inspire à saint Jean un sens de malice humaine et même satanique, en cachant derrière le sens obvie de la lettre scripturaire un sens exactement contraire audit sens obvie, est blasphémer la sainteté du Saint-Esprit, et lui prêter des manières de Satan, qui dit une chose pour dire son contraire. Le péché de mon énergumène sédévacantiste est donc ici vraiment très-grand. On ne saurait en effet dire de la sainte Écriture, qu'il y a des sous-entendus contraires derrière le sens obvie du texte, des crypto-sens à décoder, procédé qui est le fait de la malice humaine inspirée de Satan, et qui suppose une lecture gnostique de la sainte Écriture. Le Saint-Esprit n'écrit ni ne dit jamais le blanc pour dire le noir. Cela, c'est le fait de mon énergumène sédévacantiste, qui se montre là comme ce qu'il est, un véritable fils de Satan, mais pas celui du Saint-Esprit. À supposer, pour suivre l'hypothèse fausse de mon énergumène sédévacantiste, que le fait de voir le grand-Pontificat pouvoir changer d'un an sur l'autre invalidât radicalement la fonction de grand-Prêtre, alors, la sainte Écriture devait, eu égard à la sainteté impeccable du Saint-Esprit, le dire dans le sens obvie du texte, par exemple en rajoutant le qualificatif "faux" ou "illégitime" : "Caïphe, qui était le faux grand-Prêtre de cette année-là" ou "Caïphe, qui était l'illégitime grand-Prêtre de cette année-là". Mais le texte scripturaire : "Caïphe, qui était le grand-Prêtre de cette année-là" ne peut signifier que ce qu'il dit dans son sens obvie, à savoir bien sûr, pour commencer, qu'il ne peut s'agir, en tout état de cause, de dire que Caïphe N'était PAS le grand-Prêtre de cette année-là, ce qui est prêter blasphématoirement un sens contraire, carrément satanique, au texte scripturaire dont l'Auteur premier est... le Saint-Esprit.
           
        Qu'il puisse y avoir de l'ironie dans le texte scripturaire, rien de plus vrai, mais alors le Saint-Esprit la manifeste dans le sens obvie et ouvert du texte, pas dans un crypto-sens occultement dissimulé derrière le sens obvie du texte, pire même, où, selon mon imbécile, idiot, stupide, crétin, et surtout blasphématoire contradicteur, il faudrait entendre sataniquement l'exact contraire du sens obvie du texte scripturaire ! Quel blasphème de supposer cela !! Si l'on dit, comme il ose le faire dans son impiété et dans son imbécilisme atavique qui lui méritent coups de trique sur fesses de baudet, que lorsque le Saint-Esprit dit que "Caïphe était le grand-prêtre cette année-là", c'est pour dire "que Caïphe N'était PAS le grand-prêtre cette année-là", alors, on prête au Saint-Esprit des procédés de Satan.
           
        Voici un exemple scripturaire où le Saint-Esprit manie superbement bien l'ironie, c'est dans l'Apocalypse, lorsque l'Ange dit à l'église de Laodicée : "Car tu dis : «Je suis riche, et je me suis enrichi, et je n'ai besoin de rien» ; et tu ne sais pas que tu es malheureux, et misérable, et pauvre, et aveugle, et nu. Je te conseille d'acheter de Moi de l'or éprouvé par le feu, afin que tu deviennes riche, et des vêtements blancs pour t'en couvrir, et que la honte de ta nudité ne paraisse point ; oins aussi tes yeux d'un collyre, afin que tu voies" (Apoc III). Ici, le Saint-Esprit se moque carrément des tièdes qui s'imaginent être riches, alors qu'en fait ils sont pauvres de tout. L'ironie est cinglante, mordante, mais elle est manifestée par le sens obvie, ouvert, non par un sens occulte, ce qui est impossible.
           
        La conclusion est simple. Quand saint Jean dit : "Caïphe était le grand-prêtre de cette année-là", ce n'est pas du tout ironique de sa part, il ne fait là que décrire objectivement un fait historique avéré, en excellent narrateur qu'il est, et c'est tout. Supposer une ironie dans ce passage johannique, est une pure affabulation, une invention grotesque de mon énergumène, une affirmation gratuite et stupide, tordue, de sa part, pour faire dire mensongèrement et blasphématoirement au texte la thèse sédévacantiste. Je le répète, saint Jean ne fait que dire là la vérité de la situation historique : Caïphe était grand-Pontife juif dans l'année qui enregistra la Passion du Christ. Un point, c'est tout.
           
        Donc, première chose à retenir de ce passage de saint Jean : l'Apôtre bien-aimé du Seigneur, en bon "journaliste" qui fait bien son travail, constate le fait que Caïphe était le grand-Prêtre l'année où le Christ fut crucifié.
           
        Mais, comme je l'ai déjà dit en commençant ce chapitre sur ce passage johannique si révélateur et si décisif pour notre sujet, ce n'est pas tout, il s'en faut de beaucoup ! Saint Jean, en effet, est fort loin d'en rester à ce constat neutre qui ne permettrait pas, à lui tout seul, de décider la question de la légitimité du grand-Pontificat de Caïphe, ou bien non (en effet, son affirmation "Caïphe, qui était le grand-Prêtre de cette année-là" pourrait être une simple reconnaissance du titre porté par Caïphe, mais sans se prononcer sur la légitimité du titre porté par lui). Mais si l'on poursuit la lecture de ce passage, saint Jean affirme immédiatement... la légitimité du "grand-Prêtre de cette année-là" auquel il vient de faire allusion, par le passage que je mets en majuscules : "Mais l'un d'eux, nommé Caïphe, qui était le grand prêtre de cette année-là, leur dit : «Vous n'y entendez rien, et vous ne réfléchissez pas qu'il vaut mieux pour vous qu'un seul homme meure pour le peuple, et que la nation entière ne périsse point». OR, IL NE DIT PAS CELA DE LUI-MÊME ; MAIS, ÉTANT GRAND-PRÊTRE CETTE ANNÉE-LÀ, IL PROPHÉTISA QUE JÉSUS DEVAIT MOURIR POUR LA NATION".
           
        Le raisonnement que saint Jean tient là EST UNE AFFIRMATION SCRIPTURAIRE INFAILLIBLE DE LA LÉGITIMITÉ DE CAÏPHE, EN TANT QUE GRAND-PRÊTRE. Il n'est pas besoin d'être grand'clerc, en effet, pour comprendre ce que dit saint Jean : il nous dit que Caïphe prophétisa, non de lui-même, mais de par le don de prophétie attaché à la fonction sacerdotale légitime de grand-Prêtre juif ; cela signifie donc en toute certitude que Caïphe était légitime grand-Prêtre puisque saint Jean nous affirme qu'il use dudit don de prophétie attaché à la fonction pontificale juive suprême. Car s'il n'avait pas été légitime grand-Prêtre juif, il n'aurait évidemment pas pu en user. Et justement, c'est très-clairement ce que saint Jean veut nous dire dans ce passage très-instructif, il insiste volontairement sur ce point qui, visiblement, a une grande importance pour lui : Caïphe ne dit pas cela de lui-même, c'est-à-dire de son for privé en tant qu'homme pécheur, mais de par le don de prophétie inhérent à la fonction pontificale suprême juive légitime. Et donc, il nous révèle là, couvert par l'infaillibilité scripturaire, que Caïphe est grand-Prêtre légitime.
           
        Mais là, comme par hasard, on voit notre pythonisse sédévacantiste se débiner complètement devant l'affirmation johannique non-équivoque de la légitimité de Caïphe, qui pourfend d'outre en outre toute sa thèse, alors que mon commentaire de ce passage dans ma Lettre, ... que cet aveugle volontaire a lu !!, était pourtant très-clair pour bien faire ressortir de l'affirmation johannique, la légitimité de Caïphe en tant que grand-Prêtre juif. Ce qui montre à tous sa malhonnêteté insigne et profonde. Un texte scripturaire prouve la légitimité de Caïphe ? Ce grand fou orgueilleux et impie, qui n'hésite pas un seul instant à sacrifier la Vérité à "ses petites idées" comme disait de lui sa mère, n'en tient aucun compte, il passe par-dessus, l'esquive, n'en parle pas, n'en pipe mot, comme s'il n'existait pas, montrant à tous sa mauvaise foi digne d'un juif judaïque du temps de Notre-Seigneur, qui a des yeux et ne voit point. Ainsi donc, il est puni par où il a péché : par son orgueil de démon, qui ne supporte pas d'être spirituellement dirigé alors qu'il en a tant besoin, sûrement bien plus que d'autres, il ne peut plus avoir accès à la Vérité simple consignée dans la sainte Écriture, il en est réduit dans sa tête à manger du foin et à dormir à la belle étoile sous les intempéries de ses erreurs grossières, tel Nabuchodonosor puni de son orgueil, réduit par la Justice divine à l'état de bête.
           
        Qu'il veuille bien se convertir à la Vérité de Dieu, dont je ne suis que l'humble et indigne serviteur ici. Qu'il veuille bien comprendre, par ce passage scripturaire dont nous venons de voir ensemble le sens exact, à savoir qu'il prouve infailliblement la légitimité du grand-Prêtre Caïphe, qu'il a tout faux partout dans sa thèse : non seulement lorsqu'il dénie la légitimité des papes venant après Vatican II, mais encore lorsqu'il nie la légitimité de Caïphe, dernier Pontife suprême de l'église synagogale juive avant sa disparition en tant que Moyen de salut surnaturel.
           
        Dans ma Lettre, je n'évoquais que ces deux susdits passages scripturaires, quant à la légitimité du grand-Pontife juif Caïphe. Y réfléchissant depuis, j'en ai trouvé trois autres qui éclairent très-positivement notre sujet (et je suis bien persuadé qu'il y en a d'autres encore). Ils n'affirment pas formellement la légitimité du grand-Prêtre au temps de Jésus, mais il est important tout-de-même de les citer, car ils vont tous, eux aussi, dans le même sens de la légitimité des chefs spirituels du peuple juif au temps de Jésus, qui enregistrait la fin des temps de l'Ancien-Testament.
           
        Premier passage, c'est toujours dans la terrible nuit du Jeudi-Saint, où tant de choses se passent pour notre salut : "Cependant, le grand prêtre interrogea Jésus sur Ses disciples et sur Sa doctrine. Jésus lui répondit : «J'ai parlé ouvertement au monde ; J'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et Je n'ai rien dit en secret. Pourquoi M'interroges-tu ? Demande à ceux qui M'ont entendu ce que Je leur ai dit ; eux, ils savent ce que J'ai dit». Lorsqu'Il eut dit cela, un des satellites, qui se trouvait là, donna un soufflet à Jésus, en disant : «Est-ce ainsi que Tu réponds au grand prêtre ?» Jésus lui répondit : «Si J'ai mal parlé, montre ce que J'ai dit de mal ; mais, si J'ai bien parlé, pourquoi Me frappes-tu ?» Anne L'envoya lié à Caïphe, le grand prêtre" (Jn XVIII, 19-24).
           
        Première remarque. Y avait-il déjà des "papes émérites" (= Benoît XVI !) du temps de Jésus ? C'est-à-dire deux grands-Prêtres en même temps ? Le passage évangélique ici, tend à montrer qu'Anne et Caïphe sont tous les deux grands-Prêtres lorsque la Passion de Jésus se déroule. En fait, l'histoire ecclésiastique juive enseigne que du temps de Notre-Seigneur, seul Caïphe était le grand-Pontife légitime, mais Anne, son beau-père, l'avait été quelque temps avant lui, et, très-influent, moralement "chef de famille sacerdotale", très-réputé auprès du peuple juif, il restait avec le titre et les honneurs de grand-Prêtre "émérite". Et c'est pourquoi saint Jean n'hésite pas une seconde à lui attribuer carrément le titre complet de "grand-Prêtre". Ce qui, soit dit en passant, est encore une autre preuve du très-grand respect des Apôtres pour la fonction de grand-Prêtre aux temps de Jésus, et, s'il vous plaît, du Saint-Esprit derrière eux qui les inspire infailliblement, puisque même ceux qui ne sont plus que grand-Prêtre émérite sont scripturairement cités par eux avec le titre complet...
           
        Seconde remarque. Notons avec soin que l'occasion, là, était vraiment rêvée pour Jésus de dénoncer l'illégitimité des grands-Pontifes juifs de son temps... s'ils avaient été illégitimes ! Surtout, au surplus, qu'Anne, devant qui Il comparaissait, n'était plus, donc, qu'un grand-Prêtre émérite ! Or, remarquons avec soin comme Jésus n'en fait rien. Bien au contraire, on Le voit ne contredire en rien le raisonnement du sbire qui L'a souffleté et qui affirme implicitement mais formellement, par sa brutale interpellation "Est-ce ainsi que tu réponds au grand-Prêtre ?" et son comportement, la légitimité du grand-Prêtre Anne devant qui Jésus comparaît, légitimité de la fonction pontificale que donc, Jésus, par son attitude, aurait offensé et outragé (on va revoir avec saint Paul le même cas de figure : il est souffleté devant le grand-Pontife Ananie parce qu'il manque de respect à la fonction légitime du grand-Prêtre). Jésus suit au contraire le raisonnement du sbire en se disculpant seulement d'avoir mal parlé devant le grand-Pontife. La question vient tout-de-suite : mais pourquoi donc Jésus aurait-il éprouvé le besoin de se disculper de mal parler devant le grand-Pontife si celui-ci avait été... illégitime ? C'était bien sûr parfaitement inutile, puisque, s'il était illégitime, comme le veut à toutes forces mon énergumène sédévacantiste, de mal parler devant lui n'était pas offenser la dignité de grand-Prêtre. Et cependant, donc, la réponse de Jésus montre qu'Il tient à se disculper de mal parler devant le grand-Prêtre, ce qui ne peut avoir comme signification que Jésus reconnaissait qu'Il comparaissait devant un grand-Prêtre légitime. Il était cependant très-facile pour Jésus, suite à l'interpellation brutale du sbire "Est-ce ainsi que tu réponds au grand-Prêtre ?", de faire passer le message de l'illégitimité du grand-Prêtre qu'Il avait devant lui, s'Il l'avait voulu, par une de ces petites phrases bien senties que Celui qui est la Vérité incarnée savait fort bien sortir à l'occasion, du genre : "Pourquoi Me frappes-tu ? Il n'est permis de frapper qu'en présence du grand-Prêtre outragé", qui aurait immédiatement fait comprendre à toute l'assistance qu'Il ne reconnaissait pas la légitimé du grand-Prêtre Anne devant qui Il comparaissait. Donc, ce passage scripturaire est positivement très-intéressant, c'est certes moins probant que dans le passage johannique d'une grande clarté qu'on a vu plus haut, mais, incontestablement, il y a une indication de premier ordre que Jésus, au moins implicitement, reconnaît et respecte la légitimité du grand-Prêtre qu'Il a devant Lui...
           
        Les Apôtres suivent le Maître, et ont exactement la même attitude que Lui dans leur comportement face à la grande-Prêtrise juive de leur temps, et plus généralement, à l'autorité qu'ils représentent. Deux passages nous le font comprendre et bien saisir :
           
        Le chef des Apôtres, saint Pierre, s'exprime ainsi : "Mais vous, vous avez renié le Saint et le Juste, et vous avez demandé qu'on vous accordât la grâce d'un meurtrier ; et vous avez fait mourir l'Auteur de la vie, que Dieu a ressuscité d'entre les morts ; ce dont nous sommes témoins. C'est à cause de la foi en Son nom que ce nom a raffermi cet homme, que vous voyez et connaissez ; et la foi qui vient de Lui a opéré en présence de vous tous cette parfaite guérison. Et maintenant, mes frères, je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que vos chefs. Mais Dieu, qui avait prédit par la bouche de tous les prophètes que Son Christ devait souffrir, l'a ainsi accompli" (Act III, 14-18).
           
        Ici bien sûr, il n'y a pas d'affirmation explicite de la légitimité des "chefs" auxquels fait allusion saint Pierre, mais je cite quand même ce passage car saint Pierre parle des chefs religieux du peuple juif, exactement comme s'ils étaient légitimes. S'ils ne l'avaient pas été, il aurait, sous l'inspiration du Saint-Esprit, tourné autrement sa formule scripturaire, par exemple, en disant : "... Je sais que vous avez agi par ignorance, aussi bien que ceux qui se sont mis à votre tête", ou quelque autre tournure du même genre, pour bien faire saisir à l'auditeur qu'en fait, il leur déniait toute légitimité d'être leurs chefs. Là encore, saint Pierre parle comme si l'ordre ecclésial-religieux qui a condamné le Christ s'exerçait dans un cadre normal et légitime. Ce n'est qu'une indication, mais elle existe. Et le même sens pro-légitimité, dans les textes infaillibles du Nouveau-Testament, se retrouve à chaque fois que le Christ ou les Apôtres abordent la question...
           
        Voyons par exemple avec les disciples d'Emmaüs ; ils professent explicitement et sans ambigüité aucune la légitimité des grands-prêtres juifs, lorsqu'ils répondent à Jésus leur posant question sur ce qui s'était passé les jours précédents : "Touchant Jésus de Nazareth, qui a été un prophète puissant en œuvres et en paroles, devant Dieu et devant tout le peuple ; et comment les princes des prêtres et nos chefs L'ont livré pour être condamné à mort, et L'ont crucifié" (Lc XXIV, 19-20). "Nos chefs" : les disciples d'Emmaüs professent la légitimité des grands-prêtres juifs de leur temps.
           
        Terminons avec saint Paul, l'Apôtre des Nations, qui, disais-je tout-à-l'heure, se retrouve dans le même cas de figure que Notre-Seigneur, c'est-à-dire qu'il comparaît lui aussi devant le grand-Prêtre : "Paul, regardant fixement le conseil, dit : «Mes frères, c'est en toute bonne conscience que je me suis conduit devant Dieu jusqu'à ce jour». Le grand prêtre Ananie ordonna à ceux qui étaient près de lui de le frapper au visage. Alors Paul lui dit : «Dieu te frappera, muraille blanchie. Tu es assis pour me juger selon la loi, et, contrairement à la loi, tu ordonnes de me frapper ?» Ceux qui étaient présents dirent : «Tu maudis le grand prêtre de Dieu ?» Paul répondit : «Je ne savais pas, mes frères, que ce fût le grand prêtre ; car il est écrit : Tu ne maudiras pas le prince de ton peuple»" (Act XXIII, 1-6).
           
        Nous avons ici une très-belle preuve de plus de l'immense respect dans lequel Jésus et les Apôtres tenaient les grand-Prêtres juifs de leur temps, ceci, donc... malgré leurs compromissions affreuses avec le monde politique romain d'alors (et c'est justement un très-grand enseignement pour nous, catholiques de la fin des temps du Nouveau-Testament, d'avoir la même attitude qu'eux envers nos "grand-Prêtres" à nous de l'après Vatican II, les Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI, François...) ! Puisque même quand cette grande-Prêtrise n'a plus aucune valeur (elle cesse d'en avoir en effet très-précisément lors de la mort du Christ en croix, qui fait naître l'Église immédiatement, celle-ci remplaçant théologiquement l'église synagogale), saint Paul, par une sorte d'habitus irrépressible, ne peut s'empêcher de toujours la respecter, par un véritable lapsus calami très-révélateur, en jouant des "prolongations" qui, théologiquement, n'étaient plus de mise !!
           
        Conclusion générale du débat. Le moins qu'on puisse dire est qu'il n'y a aucune déclaration dans l'Évangile et les Actes affirmant de près ou de loin l'invalidité et l'illégitimité des prêtres juifs et du grand-Prêtre Caïphe. C'est exactement le contraire qui est vrai : si l'on pèse objectivement les passages scripturaires que nous venons de lire (et je ne suis sûrement pas exhaustif, il y en a sûrement d'autres qui ont le même sens), il n'est que trop vrai de dire que la sainte Écriture infaillible cautionne la légitimité du grand-Pontificat de Caïphe, d'ailleurs affirmée formellement dans le passage johannique qu'on a vu, qui lui attribue le don de prophétie inhérent au grand-Pontificat légitime.
           
        Mon énergumène sédévacantiste va évidemment s'en étrangler de fureur et de rage pseudo-prophétiques, hélas, je le connais, mais qu'il tâche tout-de-même de n'en mourir point, comme les pythonisses antiques : la vérité est pour tout le monde, même pour lui, et elle est faite pour faire vivre l'âme, pas pour la faire mourir.
           
        Cette grande humiliation qui va être la sienne, d'être convaincu d'erreur, de forfaiture, d'interprétation blasphématoire de la sainte Écriture, de mensonge et d'imposture, il se l'est imposé à lui-même tout seul. Si ce méchant drôle m'avait suivi, au lieu de se prendre pour un maître à penser alors qu'il n'en a absolument ni les compétences ni les outils, au lieu d'insulter, d'agresser et de calomnier ceux qui tâchent de le corriger pour son bien, au lieu de prétendre orgueilleusement donner des leçons à tout le monde alors qu'il n'est même pas capable de comprendre le b.a. ba des assises spirituelles profondes de "la crise de l'Église", il n'en serait pas là, empalé, dans ce cul de basse-fosse où on le voit honteusement croupir, sur l'hérésie, le schisme, l'obscurantisme et l'illuminisme le plus déjanté.
           
        Que donc il ne soit pas rebuté d'apprendre de moi qu'il ne suffit pas, en effet, pour être véritablement un "docteur de la loi", un "maître à penser", d'étaler des tas de citations savantes, des monceaux de copieuses pages d'histoire et de chiffres livresques, comme si l'intelligence d'une cause se mesurait au kilogramme et au kilomètre, mais il faut avant tout avoir une vue surnaturelle supérieure d'ensemble pour bien embrasser toute la problématique. Or, cette vue surnaturelle supérieure, il ne la possède pas, pas la moindre once, ce n'est pas l'Intelligence du Saint-Esprit qui le mène, c'est un esprit de démon, sectaire, négateur, luciférien, zélote et plein d'orgueil. On le constate dans tous les articles qu'il écrit (écrit étant un fort bien grand mot pour ses productions littérairement bâclées, absconses et sans suites logiques). Pour construire des articles de fond sur "la crise de l'Église", il ne s'agit pas de faire de grands "copier-coller" tirés de manuels classiques, de piquer par-ci par-là des passages dans les auteurs vraiment intelligents (tout le contraire de lui), d'emberlificoter quelques phrases de liaison de son cru, de préférence illisibles, puis d'entrelarder le tout d'un monceau indigeste d'images d'Épinal de mauvais goût, genre "Bons-Points" pour les petites classes, cela ne peut que donner au final un casse-croûte immangeable, imbuvable, et, bien pire, truffé d'erreurs grossières, parce que mon énergumène n'a pas l'intelligence globale et supérieure des sujets qu'il prétend orgueilleusement traiter, ce qui est fort dangereux pour la Foi de ses malheureux lecteurs.
           
        ... Hélas ! Internet est une épée à double tranchant. Celui qui a la vraie science peut effectivement donner une grande propagation à cette vraie science, en créant un site. Et ainsi, nourrir son prochain de la Vérité, de "la Charité de la Vérité" comme disait Mgr Guérard des Lauriers, laquelle, dans n'importe quel domaine ne l'oublions pas, est Jésus-Christ Lui-même Soi-même en Personne ("Je suis la Vérité, la Voie et la Vie"). Mais n'importe quel crétin, quel couillon (pardon), ne possédant aucune science sur le sujet qu'il traite, peut en faire autant. Et s'attribuer la même autorité de webmaster, littéralement "maître sur Internet", que celui qui est accrédité par sa science véritable à avoir, quant à lui, une vraie autorité ! Ce qui est le cas des petits morveux orgueilleux qui, du haut du site-vitrine de leur secte groupusculaire, s'imaginent avoir transmué leur imbécilisme en intelligence par le seul fait de s'être auto-revêtu d'une pseudo-autorité de webmaster de site ! Qui n'ambitionnent visiblement que d'être des Éric Zemmour de "la crise de l'Église", c'est-à-dire des esprits brouillons-pressés qui prétendent orgueilleusement juger toutes choses du haut d'une pseudo-science glanée livresquement à droite-à gauche, mais dépourvus de la science véritable et de l'intelligence nécessaire, ou plutôt de l'indispensable humilité, pour l'obtenir.
           
        L'énergumène sédévacantiste voudrait voir par exemple, et je terminerai avec cette remarque, que le grand-Pontificat de Caïphe était certainement illégitime car Caïphe l'avait acheté. Il y a donc eu péché de simonie, invalidant de soi la charge de grand-Pontife, clame-t-il victorieusement à grand son de trompette imbécile. Manque de chance pour lui, nous savons, quant au Souverain pontificat des temps du Nouveau-Testament, que le péché de simonie n'invalide pas l'élection pontificale qui serait défectueuse de ce côté-là. En effet, si le pape Jules II a effectivement édicté aux temps de la Renaissance une bulle déclarant nulle toute élection pontificale qui serait entachée de simonie, le pape Pie X l'a abrogée quant à l'invalidation de l'élection pontificale simoniaque, gardant seulement de la bulle de Jules II l'excommunication des fauteurs de ladite simonie. Et le même raisonnement est à tenir pour le grand-Pontificat juif de l'Ancien-Testament. Comme l'on voit, nos brouillons pressés écrivent n'importe quoi pour se donner raison dans leur thèse sédévacantiste. Comme pour son comparse à qui j'ai écris ma Lettre, on touche du doigt ici que si peu de science éloigne de la Vérité, beaucoup y ramène.
           
        Je récapitule maintenant les deux grands points de mon exposé catholique.
           
        1/ Il est de Foi, de fide, que tous et chacun des papes modernes après Vatican II, les Jean-Paul 1er, Jean-Paul II, Benoît XVI et François, sont papes légitimes et vrais Vicaires du Christ (quoique fort indignement certes, leur esprit étant de plus en plus antéchristisé, "afin que l'Écriture s'accomplisse" ― Jn XIII, 18, pour l'Épouse du Christ comme pour le Christ, c'est-à-dire afin que l'Église, par eux les papes modernes, vive sa Passion). Parce qu'ils ont, tous et chacun d'eux, dûment bénéficié de la Reconnaissance ecclésiale universelle cardinalice de leur qualité de vrai pape, qui est la règle prochaine de la Légitimité pontificale.
           
        2/ Les écrits infaillibles du Nouveau-Testament enseignent que Caïphe, dernier grand-Prêtre de l'église synagogale juive, était certainement légitime, lui aussi.
           
        Ce qui signifie que la thèse de mon énergumène sédévacantiste, qui veut que non seulement Caïphe était un antipape illégitime mais que les papes d'après Vatican II ne sont pas papes, s'écroule lamentablement d'un seul coup d'un seul, sur pied, par tous les côtés, aussi irrémédiablement que les tours du Word Trade Center ou qu'un château de cartes dont on tire seulement deux cartes du dessous...
           
        Mais je connais trop ma pythonisse sédévacantiste, pour penser qu'elle va enfin le comprendre et se ranger humblement à la Vérité catholique que je lui expose ici, par miséricorde et pour le salut de son âme et de celles des membres de la petite secte groupusculaire complètement loufoque et déjantée que j'évoquais en tête des présentes.
           
        Mon énergumène sédévacantiste ressemble trop à Don Quichotte de la Mancha pour se rendre à la réalité des choses : il préfère de beaucoup fendre des lances dans le vide contre les moulins-à-vent de son invention. Il s'est complètement pris la tête à ce jeu-là, où, en véritable mégalomaniaque, il se prend pour Moïse redivivus (c'est-à-dire, et ça va sans dire, à la toute première place et au-dessus de tout le monde), et ne voudra pas en revenir. On sait trop ce que ce méchant drôle est capable d'inventer depuis qu'il s'imagine avoir reçu une révélation surnaturelle sur la montagne de La Salette... délire grotesque que je dénonçais et flétrissais dans ma Lettre.
           
        Je gage fort qu'ayant lu les présentes, notre Don Quichotte de la Mancha, à cheval sur sa haridelle, chevalier de la Triste-Figure s'il en fut jamais, ne s'enrageât bougrement de raisonnements dont sa cervelle surmenée va encore fumer et cramer fort dangereusement ; puis, bombant son torse bardé de fer, debout droit comme un I sur ses étriers, on va le voir se jeter incontinent sur ses moulins-à-vent... Tuediable & morsangbleu, sa pauvre haridelle va en baver !! Que de lumières cathodiques mais pas catholiques vont encore électriser et traverser de part en part, dans des éclairs foudroyants, sa pauvre et malheureuse cervelle fragile... il vaut mieux n'en pas faire le compte. Mais voilà, on sait d'ores et déjà que tout cet élan surréaliste va, encore un coup, retomber à plat, à moins que zéro, une fois de plus, une fois encore, une fois toujours : notre Don Quichotte de la Mancha n'est même pas digne de monter sa haridelle pour pourfendre ses moulins-à-vent, la seule monture qui lui convienne vraiment, et avec laquelle il fait vraiment corps, l'identification est hélas parfaite c'en est même péniblement impressionnant, est... l'ÂNE de Sancho Pança ! Il ne lui servira à rien en effet de repondre des dizaines de pages indigestes sur l'histoire juive antique, entrelardées, comme rôti de bœuf point n'est lardé, d'images d'Épinal de mauvais goût, afin de prouver l'illégitimité des derniers grands-Prêtres de l'Ancien-Testament, parce que toutes, inéluctablement, viendront s'écraser, s'évanouir lamentablement, devant l'Autorité infaillible de l'Évangile johannique révélant la légitimité de Caïphe...
           
        Au fait, la thèse de réplication typologique de la fin des temps pontificale de l'Ancien-Testament dans la fin des temps du Nouveau-Testament étant extrêmement valable en elle-même, alors donc, puisqu'il sait maintenant que Caïphe était sans aucun doute possible grand-Prêtre... légitime, il doit professer que François est pape... légitime. Et inversement, on savait de toutes façons, avant même d'étudier le cas de Caïphe, qu'il ne pouvait qu'avoir été légitime grand-Prêtre, puisqu'on a la certitude de Foi, de fide, par la Reconnaissance ecclésiale universelle actée théologiquement sur tous les pape de l'après-Vatican II, de Jean-Paul 1er à François, ces papes de la fin des temps du Nouveau-Testament, qu'ils sont certainement vrais et légitimes papes : nous ne pouvions donc que découvrir, au terme de notre étude sur la légitimité de Caïphe, sa légitimité à lui. Car l'amont pontifical vérifie l'aval pontifical, et vice-versa, si l'on suit la thèse de la réplication typologique de la situation ecclésiale-pontificale de la fin des temps, autant quant à l'Ancien-Testament que pour le Nouveau-Testament.
           
        La thèse a en effet une grande valeur, mais... dans le bon sens !
           
        Pour autant, je garde cet énergumène sédévacantiste et tous les membres de la secte groupusculaire susdite dans ma prière et ma Charité. Que Dieu ait pitié de ces pauvres malheureux illuminés, entêtés perseverare diabolicum dans la connerie bétonnée au carré, telle tête d'autruche plongée dans saut de ciment Lafarge à prise rapide !
 
En la fête des saints Côme & Damien,
ce 27 septembre 2016,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
27-09-2016 10:29:00
 

Les processions de la Fête-Dieu dans nos temps modernes : peuvent-elles plaire à Dieu...???

 
 
 
Les processions de la Fête-Dieu
dans nos temps modernes :
peuvent-elles plaire à Dieu...???
 
 
           
        Cette année, je n'irai pas à la procession de la Fête-Dieu.
           
        Pourquoi ?
           
        Ce n'est pas parce que j'ai perdu la Foi, Dieu merci. C'est bien au contraire parce que le Bon Dieu daigne, dans sa grande Bonté, me gratifier du don de la Foi plus que jamais, l'augmentant même, pour la confusion de ma propre pusillanimité. Et je me rends compte que certains positionnements, coutumes, adoptés jusque là, ne sont pas compatibles avec le saint exercice de cette Foi, et peuvent même faire obstacle à la réception de la grâce surnaturelle qui en découle.
           
        Je n'irai pas, disais-je, processionner à la Fête-Dieu, parce que l'essence de cette manifestation publique solennelle du Saint-Sacrement, telle qu'elle a été instituée par les papes au Moyen-Âge, n'est pas respectée de nos jours.
           
        Pour le bien comprendre, un petit rappel historique sera utile.
           
        Nous devons l'origine de la "Fête-Dieu" ou "Fête du Saint-Sacrement du Corps et du Sang du Christ" à une révélation faite à sœur Julienne du Mont-Cornillon vers l'an 1210. Cette révélation demandait l'institution d'une fête annuelle en l'honneur du Saint-Sacrement de l'autel. Malgré une vive persécution contre sœur Julienne et ceux qui souhaitaient que cette fête se répande, le diocèse de Liège l'institua vers l'an 1245, puis le pape Urbain IV, qui avait connu personnellement sainte Julienne, ajouta cette fête au calendrier liturgique et la rendit obligatoire pour toute l'Église en 1264. Voici un extrait de la Bulle d'Urbain IV pour l'institution de la Fête-Dieu dans l'Église universelle : "Qu'en ce jour, les foules empressées du peuple fidèle, accourent dans les temples avec une nouvelle ferveur ; que le clergé et le peuple se lèvent pour faire éclater leur joie dans des cantiques de louanges ; que les cœurs et les désirs, les voix et les lèvres chantent des hymnes joyeux ; que la foi chante, que l'espérance bondisse, que la charité tressaille, que la dévotion applaudisse, que le chœur des prêtres jubile, que l'assemblée des vierges soit remplie de consolation ; que chacun vienne avec un cœur fervent, une volonté empressée, qu'il rende ses devoirs avec zèle, pour célébrer dignement la solennité d'un si grand jour, et puissent tous les enfants du Christ être enflammés d'une telle ardeur pour son service, qu'augmentant de jour en jour le trésor de leurs mérites, ils soient jugés dignes de recevoir comme leur récompense, au terme de leur course, Celui qui sur la croix se livra pour leur rédemption, et dans le Sacrement se donne à eux en nourriture". Saint Thomas d'Aquin prépara la liturgie de cette fête, notamment par la création du Lauda Sion Salvatorem et du Pange Lingua Gloriosi, permettant aux fidèles de chanter triomphalement une catéchèse simple et belle sur la Présence Réelle.
           
        Puis, le pape Jean XXII, en 1318, ordonna dans une Bulle de compléter les cérémonies de la Fête-Dieu par une procession solennelle publique obligatoire où le très Saint-Sacrement serait porté en triomphe, pour sanctifier et bénir, par la divine Présence de Jésus-Christ, les rues et les maisons de nos villes et villages. Les processions du Saint-Sacrement s'inspirent de I Roi VIII, lorsque Salomon fit transporter l'Arche au Temple. Ces processions ne sont donc pas nées de génération spontanée. Au reste, dans les temps du Nouveau-Testament, on faisait déjà, dès l'an 675, une procession du Tabernacle. Ces processions étaient courantes et avaient lieu le dimanche ou pendant le Triduum au XIème siècle. À partir du XIVème siècle, où, grâce aux Fête-Dieu désormais annuellement célébrées avec grandes pompes et publicité extérieures, le culte de l'Eucharistie se développe de plus en plus, l'Ostensoir apparaît en Allemagne et en France où l'hostie consacrée est exposée à l'adoration des fidèles. La pratique courante de l'exposition du Saint-Sacrement date d'ailleurs de la période de l'instauration de la Fête Dieu. Après la Réforme, seuls les pays où l'Église catholique domine continuent à pratiquer les processions rituelles du Saint-Sacrement auxquelles participe l'ensemble des classes sociales : clergé, noblesse, paysans, et les différents corps de métiers. Le Concile de Trente a par ailleurs synthétisé la doctrine de l'Église en la matière par un anathème qu'il est bon de rappeler ici : "Si quelqu'un dit que, dans le Saint Sacrement de l'Eucharistie, le Christ, Fils de Dieu, ne doit pas être adoré d'un culte de latrie, même extérieur et que, en conséquence, il ne doit pas être vénéré par une célébration festive particulière, ni être porté solennellement en procession selon le rite et la coutume louables et universels de la Sainte Église, ni être proposé publiquement à l'adoration du peuple, ceux qui l'adorent étant des idolâtres : qu'il soit anathème" (XIIIème session, 11 octobre 1551).
           
        Fin de mon petit historique, il n'y en a pas besoin de plus pour bien saisir le fond de la question. Je la résume en quelques traits rapides mais essentiels. L'instauration de la Fête-Dieu s'est faite en deux temps principaux : 1/ d'abord l'institution de la fête liturgique elle-même, dans le cadre purement ecclésial, par le pape Urbain IV en 1264, à laquelle institution est liée l'édifiante coutume d'élever à toutes les messes l'hostie tout juste consacrée par le prêtre célébrant, pour l'adoration des fidèles (c'est comme une petite Fête-Dieu à chaque messe) ; 2/ puis, quelque cinquante ans plus tard, en 1318, l'institution par le pape Jean XXII de la procession publique dans les rues de nos villes et villages, pour y porter la Présence sacramentelle de Jésus-Christ, est liée intrinsèquement à la Fête-Dieu, comme en étant un élément constitutif désormais obligatoire. Mais il est important de comprendre que ce caractère public est déjà implicite dans la promulgation liturgique de la Fête-Dieu elle-même par Urbain IV, Jean XXII ne faisant seulement qu'expliciter formellement un peu plus tard ce que son prédécesseur a voulu en instituant la Fête-Dieu.
           
        Parvenue à son achèvement théologique complet sous Jean XXII, la fête du très Saint-Sacrement, appelée dans le langage liturgique, la fête du Corps du Christ, et dans le langage populaire, la Fête-Dieu, est donc une fête dans laquelle l'Église rend les honneurs publics à Notre-Seigneur Jésus-Christ dans la sainte Eucharistie, c'est-à-dire dans l'espace social et politique. On fait, les autorités civiles étant obligatoirement présentes et participatives, une procession solennelle dans les lieux publics principaux de la cité le jour de la Fête-Dieu, justement, pour bien le montrer. C'est la monstrance publique de Jésus-Christ par son Saint-Sacrement, régnant universellement sur toutes choses, et auquel Homme-Dieu, tous, sans exception, au moins de droit, sont soumis dans ce jour béni de l'année (les punitions exemplaires d'impies ayant voulu publiquement refuser l'adoration du Saint-Sacrement, ne sont pas rares). Jésus-Christ est le Roy, le Bon Pasteur universel, Il règne publiquement sur tous les hommes, pies comme impies, surtout par son immense Amour, au moins un jour dans l'année ; Il règne publiquement sur les animaux (les miracles de bœufs ou d'ânes s'agenouillant spontanément au passage du Saint-Sacrement, dans les processions de la Fête-Dieu, sont bien connus) ; Il règne publiquement sur la Création toute entière, animée et inanimée (les pétales de fleurs rendent elles aussi hommage au Sauveur du monde, etc.). Je dirai presque que la Fête-Dieu, telle qu'elle a été instituée par les papes, est une épiphanie qui prophétise le futur Millenium, si je ne craignais de faire s'émouvoir les scolastiques ensablés dans leur obscurantisme...
           
        Ainsi donc, dans sa maturation théologique achevée, la Fête-Dieu instituée par les papes inclut obligatoirement le caractère public, c'est-à-dire social et politique : c'est très-publiquement que l'hommage au Saint-Sacrement doit être rendu, c'est ainsi que les papes ont institué cette fête et l'ont entendu. Le caractère public-politique est donc dans l'essence même de la Fête-Dieu. Pas de caractère public, pas de Fête-Dieu...
           
        Et c'est ici, ô lecteur, que le problème se pose.
           
        Car il est évident, sous l'angle catholique de la question, que la manifestation du Saint-Sacrement dans l'ordre public doit se faire dans la liberté ABSOLUE des enfants de Dieu. Sinon, rien. L'essence de la Fête-Dieu, en effet, c'est un règne, le Règne universel de Jésus-Christ par son Saint-Sacrement, par sa Présence réelle dans l'ordre public, sociopolitique. Or, par définition, le règne d'un roi, ... et, en l'occurrence, quel roi ! puisqu'Il est Dieu en même temps, non seulement n'a besoin de la permission de personne pour s'exercer, mais il est absolument nécessaire sine qua non qu'il n'y ait strictement aucune espèce de permission à demander à qui que ce soit pour qu'il s'exerce. Sinon, il y a ipso-facto empêchement dirimant audit règne, et donc il ne peut pas s'exercer. Or, depuis la Révolution et les pouvoirs politiques qui en découlent, tous constitutionnellement athées comme étant basés sur les "droits de l'homme", cette liberté catholique absolue, rigoureusement nécessaire pour la manifestation du Règne du Christ par la Fête-Dieu, n'existe plus du tout, comme elle existait quand la Fête-Dieu a été instituée par les papes dans les temps où l'Ordre très-chrétien était en place, ce qui dura jusqu'à la Révolution...
           
        Pour le bien saisir, plaçons-nous par exemple au XVème siècle. Le jour de la Fête-Dieu arrive, et c'est grande effervescence parmi le peuple, pusillis cum majoribus, pour faire la fête à Dieu et, au fait, se la faire à soi-même, car, quand on est chrétien, la fête de Dieu par son Christ, c'est personnellement "faire la fête" (de ma petite enfance, et c'était dans les années de Vatican II, je me souviens avec émotion que tout un coin du grenier de notre maison bordant la grand'rue de notre commune, était occupé par des tréteaux en bois peints de couleurs vives, par des accessoires divers, servant à la Fête-Dieu de chaque nouvel an ; et à nous enfants, il était strictement interdit d'y toucher, ces instruments servant à la gloire du Saint-Sacrement avaient pour nous un peu comme une aura sacrée ; ils n'étaient d'ailleurs pas notre propriété, mais, confectionnés par des bonnes volontés catholiques, ils étaient la propriété de la paroisse ; et la plupart des greniers des maisons bordant la grand'rue avaient de ces accessoires qui étaient ressortis pour le "beau jour" tous les ans...).
           
        Le clergé, de son côté, se pique de renchérir sur la ferveur populaire pour faire de ce jour béni entre tous, un jour merveilleux de piété publique où Jésus-Christ règnera presque visiblement parmi les enfants des hommes ; pour cela, il va trouver les échevins et autres capitouls, bref les autorités sociopolitiques de la ville, afin de s'entendre avec eux pour l'organisation de la procession.
           
        Lesdites autorités civiles savent, de leur côté, que, fort loin d'avoir à donner une quelconque autorisation pour la manifestation publique du Saint-Sacrement, leur seul rôle, purement subalterne, se borne à l'organiser matériellement, en accord et sous l'autorité du clergé, et ils y sont strictement obligés. L'autorité politique, au XVème siècle, ne penserait pas une seule seconde pouvoir mettre un veto, un non-placet à la procession publique de la Fête-Dieu car non seulement elle sait qu'elle n'y a aucun pouvoir mais surtout que ce serait une atteinte sacrilège à l'autorité de l'Église qui, par ses papes, a institué la Fête-Dieu, atteinte touchant aux fondements même de la société. Autrement dit, le pouvoir politique est entièrement aux ordres de la Fête-Dieu c'est-à-dire du Règne du Christ, puisqu'il s'agit de faire régner le Christ par son Saint-Sacrement, et que l'ordre politique, étant immédiatement dérivé du Christ, a encore plus d'obligation que quiconque à s'y soumettre et à manifester ledit Règne du Christ (on le comprenait tellement bien, avant la Révolution et les "droits de l'homme", que les roys de France par exemple, lors de la fête de l'Épiphanie, portaient solennellement à l'Offertoire de la messe, or, encens et myrrhe, au prêtre célébrant représentant l'Enfant-Jésus dans la crèche, en lieu et place des rois-mages, faisant donc ainsi allégeance de leur pouvoir politique au Christ... et il n'est pas besoin d'apporter la précision qu'ils n'en étaient pas humiliés mais au contraire honorés, tant il est vrai que plier genou devant le Christ-Dieu, c'est se grandir à ses propres yeux et aux yeux de tous).
           
        Dans ce contexte, le Christ, ne rencontrant aucun obstacle de la part des hommes, pouvait régner parfaitement durant ce jour béni par le truchement de son Saint-Sacrement ; et c'est ce qu'Il faisait, pour le plus grand bien spirituel de tous.
           
        Faut-il le dire, hélas oui, il n'en est pas du tout de même dans le cadre de nos sociétés post-révolutionnaires gérées par des pouvoirs politiques basés sur les "droits de l'homme", qui osent prétendre régir la Religion dans la chose publique. La manifestation publique de la Fête-Dieu par la procession dans les rues doit en effet, dans nos temps modernes, recevoir obligatoirement l'aval et le placet du maire de la ville où celle-ci doit avoir lieu, avec pouvoir et même devoir pour celui-ci, de refuser cette manifestation du Règne de Dieu s'il juge, bien entendu à l'aune révolutionnaire des "droits de l'homme", que ladite procession peut contrevenir à la tranquillité et à l'ordre publics. Car, depuis le Concordat de 1801, c'est cedit criterium, d'ordre purement humain et non divin, qu'on ose retenir pour permettre ou non à Dieu de régner le jour de la Fête-Dieu ; et, au surplus, à l'abominable surplus, un criterium dont l'homme politique de la Révolution s'arroge d'être seul juge compétent, par-dessus l'Église : "Article 1.- La religion catholique, apostolique et romaine sera librement exercée en France. Son culte sera public, en se conformant aux règlements de police, que le Gouvernement jugera nécessaire pour la tranquillité publique" (Concordat) ; et il est parfaitement vain et inutile de dire que le Concordat napoléonien a été aboli en 1905, car l'esprit du Concordat est toujours ce qui régit les relations entre l'Église et l'État, avant comme après son abolition, c'est-à-dire jusqu'aux jours d'annhuy 2016, dans lesquels je suis affligé d'avoir à écrire ces lignes.
           
        Il faut d'ailleurs noter ici une chose très-importante, c'est à savoir que cedit criterium de paix et de tranquillité publiques mis dans les seules mains de l'homme républicain pour juger si la Religion a droit d'exercice public ou bien non, est un fondement des sociétés post-révolutionnaires si important, qu'il forme déjà la teneur d'un article de la "Déclaration des droits de l'homme" : "Nul ne doit être inquiété pour ses opinions, même religieuses, pourvu que leur manifestation ne trouble pas l'ordre public (art. 10)". Or, on est obligé, le rouge de la honte au front, de constater que l'Église, par ses papes, a cautionné cedit fondement révolutionnaire non seulement dans le Concordat napoléonien en 1801, mais dans le décret hérétique de la Liberté religieuse promulgué à Vatican II en 1965, en ces termes proprement scandaleux où les sectes non-catholiques sont appelées... les "groupes religieux" (!) : "Dès lors que les justes exigences de l'ordre public ne sont pas violées, ces groupes [religieux] sont en droit de jouir de cette immunité [que constitue la Liberté religieuse] afin de pouvoir se régir selon leurs propres normes, honorer d'un culte public la Divinité suprême [?!!]" (§ 4). Ainsi donc, dans nos sociétés modernes, non seulement l'exercice public de l'unique Religion véritable, celle catholique, mais encore celui de toutes les fausses religions, sont rigoureusement et obligatoirement normés sur ce criterium, tenu pour suprême par tous... y compris, las !, l'Église, de la paix et de la tranquillité de l'ordre public mis dans les seules mains de l'homme politique révolutionnaire...!!
           
        Autrement dit, dans l'ordre politique post-révolutionnaire dans lequel nous vivons, ou plus exactement dit : post-concordataire et post-conciliaire c'est du reste cul et chemise, c'est l'homme qui ose décider si, oui ou non, pour en rester à notre affaire, le Règne du Christ par son Saint-Sacrement peut s'exercer parmi les enfants des hommes pendant un jour de l'année, en jugeant lui-même si ce Règne du Christ ne gênera pas trop la paix et la tranquillité publiques !! Et le juge n'est pas n'importe quel homme, mais celui de la Révolution !!! Il est évident, dans ces conditions, que le Règne du Christ en est tout-à-fait empêché, par-là même d'avoir à être autorisé par les hommes pour s'exercer, qui plus est, par les hommes révolutionnaires. Et donc l'essence de la Fête-Dieu, telle qu'elle a été instituée par les papes, est violée, n'est pas respectée. Si en effet je prétends régner mais que j'ai à demander la permission de régner à quiconque, alors c'est ce quiconque qui est roi sur moi, et quant à moi je ne suis plus roi du tout. Mais c'est le traitement qu'on ose infliger à Notre-Seigneur Jésus-Christ, fort mal nommé pour lors on en conviendra, depuis le Concordat renforcé par Vatican II, pour chaque et toutes les Fête-Dieu annuelles...
           
        Les papes du Moyen-Âge catholique qui ont institué la Fête-Dieu auraient été complètement scandalisés, horrifiés, de voir que la Fête-Dieu ne puisse avoir lieu que... par la permission de l'homme, et donc sous le règne de l'homme, ce qui annihile le Règne du Christ ipso-facto, in radice, et même pire, cela produit exactement l'effet inverse de ce que ces papes voulaient en instituant la Fête-Dieu, puisqu'au lieu du Règne du Christ sur l'homme, on a le règne de l'homme sur le Christ !! Ils en auraient, dans une sainte-colère, fulminé les pires anathèmes à juste titre. Il y a donc un blasphème intégral dans les processions post-concordataires de la Fête-Dieu. Au for externe, l'esprit superficiel peut certes s'illusionner : on processionne en chantant les beaux et édifiants hymnes de saint Thomas d'Aquin, on est dans les rues, on chante à tue-tête et de plein cœur notre Foi catholique, mais, mais... c'est avec la permission de l'homme politique que le Christ "règne" ce jour de la Fête-Dieu !! Et comme cet homme, ainsi que je l'ai déjà dis, est celui de la Révolution, alors, on en arrive, dans les dernières déductions de la question, à ce que, dans notre monde post-concordataire, c'est par la permission de Satan que le Christ est autorisé à régner le jour de la Fête-Dieu !!! Mille tonnerres de Boanergès, où en est-on bien rendu !!!
           
        Car le blasphème est en effet doublé par le fait que l'homme politique dont il s'agit, c'est-à-dire tout maire de toute ville ou village français actuel, qui prétend avoir le droit d'autoriser ou non le Christ à régner le jour de la Fête-Dieu sur les hommes, est, quant à la nature de son autorité politique, ennemi déclaré du Christ. Ceux qui en douteraient n'ont qu'à se rendre dans les grandes salles de toutes les mairies de France & de Navarre, là où se tiennent les conseils municipaux et où se font les mariages (... pour tous), pour apercevoir, à la place d'honneur, un buste de la catin Marianne (c'est en effet une putain de Paris qui fut "intronisée" Marianne, sacrilègement assise sur l'autel majeur de la cathédrale Notre-Dame, lors de la Révolution...), celle-ci symbolisant depuis lors le pouvoir politique des "droits de l'homme" qui régit la société française toute entière, du plus petit niveau communal jusqu'à la présidence de la République, en passant par tous les pouvoirs intermédiaires, garde-champêtre y compris. TOUT MAIRE FRANÇAIS ACTUEL EST DONC UN OFFICIER RÉPUBLICAIN RÉVOLUTIONNAIRE DANS LE FOR PUBLIC, DONT LE CREDO OBLIGATOIRE EST "LES DROITS DE L'HOMME" SANS DIEU NI SON CHRIST. Dès lors qu'il accepte son mandat de maire quand il est élu, il souscrit obligatoirement à cette toute première règle du jeu, quand bien même, en son for privé, ce serait le meilleur des hommes, voire le meilleur des catholiques. Il lui est donc, de par la nature révolutionnaire de sa fonction publique même, radicalement IMPOSSIBLE de se soumettre au Droit de Dieu dans la vie publique des hommes, en mettant par exemple, le jour de la Fête-Dieu, son pouvoir de maire aux ordres et au service du Règne du Christ par son Saint-Sacrement, tel son ancêtre échevin était tellement honoré de le faire et comme lui-même il devrait l'être pareillement. Car la nature profonde du pouvoir révolutionnaire, et c'en est l'élément le plus constitutif, est justement de mettre le pouvoir politique de l'homme au-dessus de tout et de tous, y compris bien sûr au-dessus du Règne du Christ, par principe même de la question, à chaque et toutes les fois que l'occasion s'en présente ; et la manifestation publique de la Fête-Dieu n'est évidemment pas exclue, bien au contraire. C'est aussi simple que cela, et c'est dans la constitution républicaine...
           
        Par conséquent, si l'on va au fond des choses, les processions post-concordataires de la Fête-Dieu, qui toutes, se sont déroulées et se déroulent encore aujourd'hui de par l'autorisation de l'homme politique républicain (avant comme après Vatican II qui, ici, n'est même pas une ligne de démarcation entre le Bien et le mal, ce concile hérétique n'ayant fait qu'augmenter et aggraver le mal du Concordat...), sont une abomination aux Yeux de Dieu. Elles sont loin de pouvoir attirer des bénédictions non seulement sur nous, catholiques, mais sur nos concitoyens, elles attirent plutôt la malédiction vengeresse et les foudres Boanergès de Dieu sur tout le monde, pie et impie.
           
        Certains tradis on cru pallier à cette situation révolutionnaire déplorable en faisant la procession de la Fête-Dieu dans des parcs privés. Les maires des grandes villes de France où gîtent certaines chapelles tradis en effet, sont loin de vouloir leur accorder l'autorisation républicaine de faire la procession de la Fête-Dieu dans les rues de la ville, pour ne pas dire qu'ils la refusent systématiquement... avant même que la requête leur en soit formulée (j'ai presque envie de dire : au moins, eux, maires républicains, ils sont logiques avec leurs principes laïques ou plutôt athées ; si, après la Révolution, les bons, ... à commencer par les papes hélas, hélas !!, avaient été aussi logiques avec leurs principes que les méchants le furent avec les leurs, et le sont toujours d'ailleurs, nous n'en serions certes pas là où nous en sommes actuellement). Alors, certaines chapelles tradis de grandes villes de France se sont imaginées résoudre le problème en faisant lesdites processions dans quelque grande propriété privée appartenant à un sympathisant tradi. Et l'illusion est quasi parfaite : le parc est fort grand, les allées spacieuses et longues, le jardinier du maître les lieux, complaisant, a passé la tondeuse avant le grand jour, il est tout-à-fait possible d'y recréer "l'ambiance Fête-Dieu", avec reposoirs bien placés sous plusieurs tonnelles feuillues et ombragées, petites filles en blanc lançant des pétales de fleurs en l'air devant le Saint-Sacrement, et tout et tout, et tutti quanti. Mais le lecteur l'a déjà deviné : le simple fait que la procession a lieu en-dehors de l'espace public fait que l'essence de la Fête-Dieu voulue par les papes en instituant cette solennité, n'est pas satisfaite, respectée. Ce palliatif à la situation post-concordataire est tout ce qu'on veut, une belle manifestation de dévotion privée (... mais qui peut être spirituellement dangereuse, en illusionnant les tradis qui la pratiquent qu'ils font une vraie procession de la Fête-Dieu, alors qu'il n'en est rien...), mais, en tout état de cause, c'est clystère sur jambe de bois, ce n'est pas une vraie procession de la Fête-Dieu, laquelle doit obligatoirement avoir lieu dans l'espace public-politique, comme l'ordonna et le voulut le pape Jean XXII, finalisant ce qu'avait théologiquement ébauché son prédécesseur le pape Urbain IV.
           
        Debriefing. Que ce soit donc d'une manière ou d'une autre, il faut bien prendre conscience et reconnaître avec courage que les processions de la Fête-Dieu, telles qu'elles ont été voulues et ordonnées par les papes bien catholiques du Moyen-Âge, sont radicalement impossibles, impraticables, dans nos temps modernes, c'est-à-dire depuis le Concordat de 1801 fort aggravé de Vatican II. Soit on est obligé, pour respecter le caractère public intrinsèque à la Fête-Dieu, de soumettre contradictoirement la manifestation publique du Règne du Christ dans son Saint-Sacrement au pouvoir politique de l'homme mauvais, avec faculté par trop réelle pour celui-ci de la refuser (et cela, par le fait même, annihile radicalement l'essence de la Fête-Dieu ; cette dite soumission est même blasphémer le Nom du Christ et violer son Règne), soit on fait une copie infidèle de la Fête-Dieu, en la célébrant dans le domaine purement privé, non-public...
           
        C'est pourquoi, finissant par comprendre quant à moi la non-catholicité viscérale des processions de la Fête-Dieu dans nos temps modernes (et, je le dis pour mon humiliation : le comprenant assez tardivement, il y a seulement quelques années), je n'irai pas cette année processionner à la Fête-Dieu, et ce, afin de... rendre publiquement hommage au Saint-Sacrement (j'y tiens, certes) ; pas plus ne le ferai-je les années prochaines.
           
        Mais comment, pour la Fête-Dieu, rendrai-je publiquement hommage au Saint-Sacrement, que je révère comme mon unique salut ? Ce qui est de mon devoir de chrétien, dans la mesure possible des choses ? Éh bien, ce sera par ce présent article livré dans le domaine public sur mon site le jour même de la Fête-Dieu, et qui y restera dans l'octave jusqu'à la solennité dominicale de ladite fête, que je le ferai ; article que je remettrai en devanture sur mon blog dans les mêmes temps, bon an mal an, toutes les années que Dieu me donnera encore à vivre, ou plutôt à survivre, en ce très-bas monde, marquant publiquement ainsi chaque Fête-Dieu des mauvais ans nouveaux à venir, rendant personnellement ainsi, quant à moi, franc hommage public au Saint-Sacrement.
           
        ... Jusqu'à temps que NOTRE-SEIGNEUR Jésus-Christ, dans sa grande Pitié pour les vrais fils de Dieu, décide de mettre enfin le holà à l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qui est nôtre tout azimuts, par son Intervention inévitablement apocalyptique...
           
        Qu'on se le dise. Et quiqu'engroigne. Et honni soit qui mal y pense.
 
            En la solennité de la Fête-Dieu,
ce 29 mai 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
29-05-2016 17:31:00
 

Pour en finir avec les élucubrations hérétiques du guérardisme

 
 
 
POUR EN FINIR AVEC
LES ÉLUCUBRATIONS HÉRÉTIQUES
DU GUÉRARDISME 
(Lecture critique de l'éditorial & de l'article qui le suit
"Pape, papauté et siège vacant dans un texte de saint Antonin
de Florence et dans la pensée du Père Guérard des Lauriers",
par l'abbé Ricossa ― Sodalitium n° 66, janvier 2016)
 
            
Preambulum
 
        Venant de finir de rédiger une réfutation soignée et radicale de la thèse guérardienne, je considère qu'il s'agit d'une grande nouveauté, et c'est pourquoi j'en fait une annonce dans mon Blog, pour que le lecteur en soit bien informé.
        Cependant, mon article est évidemment inséré sous l'onglet "Réfutation de la thèse guérardienne", que le lecteur trouvera dans le cartouche en haut à gauche de la page d'accueil de mon site. Le lecteur n'aura donc qu'à cliquer sur cet onglet pour trouver ce nouvel article, dont il n'aurait pas été informé si je n'avais créé cette page de Blog.
        Je mets ici simplement la lettre d'accompagnement adressée à M. l'abbé Ricossa, pour l'informer lui-même de cet article :
 
 
 
 
Argentré du Plessis,                                                                       Ce 4 Avril 2016,
           
        M. l'abbé Ricossa,
        Je vous prie de bien vouloir trouver en pièce jointe, un commentaire critique de votre article Pape, papauté et siège vacant, etc., dans le dernier n° de Sodalitium (n° 66).
        Vous vous TROMPEZ gravement, M. l'abbé !
        J'admire votre combat contre le positionnement de la Fsspx, mais hélas vous avez pris la peste pour combattre le choléra, c'est à peu près ce qu'est le guérardisme, parfaitement aussi hétérodoxe que le lefébvrisme, vous le comprendrez j'espère en lisant ma critique très-argumentée.
        Seule la thèse de LA PASSION DE L'ÉGLISE que le Bon Dieu me donne la grâce d’exposer rend compte de la Foi dans "la crise de l'Église", vous devriez vous pencher avec beaucoup d'attention sur cette thèse, M. l'abbé.
        Puisse mon texte vous aider à bien le comprendre !
        Puisse Notre-Dame du Bon-Conseil, sous le patronage de laquelle vous avez mis votre sacerdoce, vous y inciter !
        Croyez à tout mon respect, bien sincère, M. l'abbé Ricossa, in Christo Rege.
 
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
15-04-2016 08:02:00
 

Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie, voire déjà à Laodicée...!?

 
 
 
Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie,
voire déjà à Laodicée...!?
 
           
Preambulum 
 
        J'ai rédigé le fond de cet article en 1988, dans les Annexes de L'extraordinaire Secret de La Salette. Cet écrit, moyennant quelques petits remaniements et légères corrections, me semble plus actuel encore aujourd'hui que lorsque je l'ai écrit il y a 28 ans (... déjà !). La grande question qu'il débat revient en effet sans cesse à la surface, d'une manière ou d'une autre, dans l'actualité ecclésiale contemporaine et dans nos âmes catholiques éprouvées : vivons-nous des temps vraiment apocalyptiques qui doivent engendrer en ce très-bas monde le règne de l'Antéchrist-personne, ou bien alors, non, l'Antéchrist-personne n'est pas encore pour tout de suite, la terrible et affreuse crise présente, surtout ecclésiale, surtout surtout sur le Siège de Pierre, devant au contraire se dénouer par une Restauration glorieuse dans un cadre purement historique, en un mot comme en cent, par... le règne du saint-pape et du grand-monarque, que d'aucuns assimilent à un "règne du Sacré-Cœur" et/ou à un "règne du Cœur immaculé de Marie" ?
           
        ... Éh bien ! De nature essentiellement apocalyptique ?, ou bien seulement historique ?, cette crise universelle que nous vivons présentement ? Pour suivre l'Apocalypse de saint Jean et son descriptif inspiré des sept églises mystiques embrassant toute l'Histoire de l'Église militante ici-bas dans son économie du Temps des nations et de Rome son centre, la question posée revient à savoir si nous vivons ecclésialement la fin de la cinquième église, Sardes, dans l'attente d'avoir à vivre son passage intra-historique dans Philadelphie, la sixième église, qui serait glorieuse selon certains auteurs, ou bien alors, si déjà nous vivons ecclésialement la fin de Philadelphie, dans l'attente d'avoir à vivre son redoutable passage apocalyptique, extra-historique, dans Laodicée, la septième et toute dernière période ecclésiale, qui finira par la Parousie et qui s'ouvrira par l'irruption brutale et sacrilège de l'Antéchrist-personne légitimement intronisé sur le Siège de Pierre ?
           
        Encore faut-il étayer soigneusement et sérieusement sa pensée quand on opte pour le Plan A ou le Plan B, car le choix de l'un ou l'autre est grandement important sur le plan spirituel quant au salut de nos âmes. Il s'agit donc de le faire au moyen d'arguments de poids catholiquement fondés sur la vérité soit historique soit théologique... et non pas en s'appuyant honteusement, sans aucune réflexion ni esprit critique, dans un mysticisme déplorable, sur les erreurs d'interprétation flagrantes et grossières du bienheureux Barthélémy Holzhauser, dans sa lecture très-illuminée de la sixième église de l'Apocalypse, Philadelphie...
           
        Ma foi, si vous voulez bien me suivre, c'est par ici, explication tout-de-suite : 
           
 
        Comme chacun sait, il s'agit de la prophétie consignée dans les trois premiers chapitres de l'Apocalypse de saint Jean, ch. I à III. Il est de tradition catholique que celle-ci, entre autres sens allégorique, spirituel, etc., décrit chronologiquement les sept périodes mystiques que l'Église aura à vivre ici-bas durant toute sa vie militante, de sa naissance du haut de la Croix du salut, ex corde scisso Ecclesia, Christo jugata, nascitur (De ce Cœur entr'ouvert, l'Église, Épouse du Christ, prend naissance ― Hymne de la fête du Sacré-Cœur), jusqu'à sa mort crucifiée qui sera opérée par la main maudite de l'Antéchrist-personne dans le cadre de son règne, laquelle mort clôturera définitivement le Temps des Nations et de l'Église dans son économie actuelle ayant Rome pour centre et fondement.
           
        Or, la plupart des catholiques actuels, de préférence tradis, s'imaginent que nous vivons la période ecclésiale de Sardes, la cinquième église apocalyptique, plus exactement la fin de cette période, qui, comme toutes les fins, est pénible. Mais ils se rassurent et réconfortent en espérant, après la fin de Sardes, rentrer bientôt, par une charnière qui reste purement intra-historique, dans la nouvelle période ecclésiale de Philadelphie, la sixième église, qu'ils croient être, pour l'Église et par rebond pour la société humaine toute entière, une "gloire crépusculaire" (Raoul Auclair), c'est-à-dire une période où le Bien dominerait à nouveau sur le mal ; crépusculaire, parce qu'ayant lieu juste avant la septième et dernière période de l'Église, Laodicée, celle-ci, très-courte, devant voir le règne de l'Antéchrist-personne et la fin de tous les âges ecclésiaux. Ainsi donc, puisque nous vivrions la fin de Sardes, bien loin que la "grande tribulation, telle qu'il n'y en a pas eu depuis le commencement du monde, et qu'il n'y en aura plus" (Matth XXIV, 21), c'est-à-dire le règne apocalyptique de l'Antéchrist-personne, serait pour tout de suite, il y aurait encore une autre période intermédiaire de l'Église insérée dans l'Histoire s'intercalant auparavant, période par ailleurs glorieuse dans laquelle, croient-ils pouvoir espérer, nous verrions de nouveau un triomphe du Christ sur le mal, que d'aucuns veulent cristalliser dans le règne jumelé d'un saint pape et d'un grand monarque... ou, pourquoi non, dans le "triomphe du Cœur immaculé de Marie" annoncé à Fatima.
           
        D'autres encore, cependant en moins grand nombre que ceux qui se croient à Sardes, voudraient que nous vivions déjà... Laodicée. Leur raison, qui hélas n'est pas du tout illusoire, est que l'iniquité sur le Siège de Pierre est si forte, si incroyablement antéchristique depuis les papes Jean-Paul II, Benoît XVI et François, ce qui n'était même pas prévisible ne serait-ce que sous le pontificat de Jean XXIII ou même celui de Paul VI, qu'à n'en pas douter, c'est sûr de sûr, nous sommes déjà à Laodicée, c'est-à-dire dans cette période où le mysterium iniquitatis est à son summum, vraiment à la toute-fin de la fin des temps, dans l'attente de la Parousie. Cette position extrémiste, qui n'existait pas il y a quelques années, mais qui semble réunir des adhérents à cause même de l'iniquité effectivement tout-à-fait incroyable qui règne actuellement sur le Siège de Pierre, est facile à réfuter : si nous étions déjà à Laodicée, alors, où est l'Antéchrist-personne ? Où est l'avènement de "l'homme d'iniquité" (II Thess II, 3) qui doit s'encadrer très-certainement dans la dernière période de l'Église militante, Laodicée, puisqu'aussi bien c'est lui qui doit en ouvrir l'ère fatale ? Nulle part, il faut en convenir. Or, c'est l'avènement en ce monde de l'Antéchrist-personne qui doit premièrement ouvrir la période ecclésiale de Laodicée. Car d'autre part, théologiquement, le mysterium iniquitatis à son summum doit absolument manifester l'Antéchrist-personne, c'est une certitude de Foi, il ne peut pas rester à l'état inchoatif d'Antéchrist-légion ou collectif que nous vivons encore présentement (cf. mon précédent article, au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/l-antechrist-sera-une-personne-humaine?Itemid=154)... Ainsi donc, l'Antéchrist-personne n'étant pas paru de nos jours, cette opinion que nous sommes déjà à Laodicée est très-certainement fausse, et n'a pas besoin de plus de réfutation.
           
        Revenons donc à ceux qui se croient encore à Sardes. Quant à ceux-là, ils se trompent pour au moins deux raisons. La première, c'est que la sixième église, Philadelphie, ne prophétise pas du tout, dans le texte apocalyptique de saint Jean bien lu et bien interprété, une soi-disant "gloire crépusculaire" du Temps des nations chrétiennes et de l'Église romaine, comme ont voulu le croire certains à la suite du bienheureux Barthélémy Holzhauser (1613-1658), ce dernier la décrivant sous les vêtements d'un règne du grand monarque et du saint pape, en parfaite logique d'ailleurs avec l'économie du Temps des Nations. La deuxième raison, c'est surtout qu'ils sont paresseusement en retard d'un train, car notre période moderne ne vit pas ecclésialement la fin de Sardes, mais, en toute certitude, la fin de... Philadelphie, comme nous l'allons voir ensemble plus loin. Et depuis déjà assez longtemps, et du reste par une rentrée dans Philadelphie extrêmement forte, visible et marquée, beaucoup plus que lorsque Thyatire, la quatrième période ecclésiale, a cédé la place à Sardes, la cinquième (il est donc vraiment très-surprenant qu'ils ne s'en soient pas rendus compte...). Or, nous ne voyons pas vraiment, quoiqu'étant donc dans Philadelphie, et même à la fin de Philadelphie, une victoire du Christ sur le mal dans cette période ecclésiale, relative ou absolue, avec ou sans saint pape et/ou grand monarque... pour parler par un très-doux euphémisme ! Ils s'abusent pour au moins deux raisons, disais-je, et même pour une troisième, quant à ceux qui veulent croire que ce triomphe de l'Église dans la période de Philadelphie doit se concrétiser par le règne jumelé d'un grand monarque et d'un saint pape, attendu que ces prétendus personnages charismatiques à venir ne sont rien d'autre qu'un... mythe, une sorte de réduction obscurantiste du Millenium, c'est-à-dire du Règne terrestre universel futur du Christ en Gloire après la Parousie, à l'économie du Temps des nations et de l'Église romaine (en fait, ce prétendu règne d'un saint pape et d'un grand monarque est tout ce que pouvait concevoir le "Gentil" vivant au temps des Nations, réfléchissant le Règne de la Gloire du Christ à venir avec, dans la tête, les paramètres de l'économie du Temps des nations : autrement dit, c'est, quand on est dé à coudre, réfléchir à la plénitude qui remplirait un tonneau avec ses propres mesures de dé à coudre...).
           
        Or, prenons bien conscience que cette question, de savoir si nous vivons ecclésialement la fin de Sardes ou au contraire, celle de Philadelphie, est extrêmement importante sur le plan spirituel et quant au salut de nos âmes. Il en résulte deux attitudes spirituelles fort différentes, et même radicalement opposées, et, si l'on choisit la mauvaise, cela aura pour conséquence certaine de piéger l'âme dans les filets de l'Antéchrist-personne lorsqu'il paraîtra soudainement et brutalement en ce très-bas monde.
           
        Si en effet je crois que je vis ecclésialement la fin de Sardes, alors, je considère que l'Église n'est pas irrémédiablement et mortellement atteinte par l'iniquité que je vois actuellement dans l'Église et singulièrement sur le Siège de Pierre, depuis Vatican II pour faire court, à l'instar du Christ en croix mis à mort (qui, quoique encore vivant, n'a plus qu'une issue, une fois crucifié : la mort). Cette iniquité n'est pas radicale et surtout pas irréparable, tout au contraire, puisque je crois que dans Philadelphie, les papes doivent se convertir et convertir l'Église (!), comme le prêchent certains doux illuminés, et ceci nous fera connaître cette "gloire crépusculaire" à partir du Siège de Pierre, dont ils s'illusionnent. Cette iniquité pontificale présente, mais qui n'est pas radicale, ne doit donc pas déboucher sur un dénouement apocalyptique qui enregistrera la mort de l'Église dans son économie actuelle du Temps des nations, par l'apparition de l'Antéchrist-personne assis sur le Siège de Pierre et, à partir du Siège de Pierre, exigeant de tout homme vivant lors de son règne, maudit entre tous, le reniement complet de Jésus-Christ, mon Sauveur et le vôtre. Si en effet nous vivons la fin de Sardes, alors, l'entrée dans la période suivante, Philadelphie, se fait dans un cadre historico-canonique normal, sans Antéchrist-personne ni subséquente Parousie, exactement comme quand l'Église est passée de la période Thyatire à celle de Sardes, et, nous le verrons, ce fut au XVIème siècle. Ce qui signifie de très-important pour le catholique, qu'il soit tradi ou non, que Rome va rester Rome dans l'âge ecclésial suivant, c'est-à-dire que le salut du Christ sera toujours présent sur le Siège de Pierre, et donc que le fin du fin, pour le catholique, dans la situation présente, est, malgré l'effrayante et très-humiliante crise vaticane actuelle, de ne pas se préparer à devoir se couper absolument et radicalement avec cette Rome dès qu'elle rentrera dans l'âge ecclésial suivant. Car, après sans doute de grands châtiments mais de nature purement historique, que l'Histoire a déjà enregistré (... "la banalité historique de tous les siècles", comme disait si bien Léon Bloy !), par exemple "une troisième guerre mondiale", le saint pape ne tardera pas à se manifester, opérant en même temps la conversion de Rome (!). Pour ceux qui croient que nous vivons la fin de Sardes, il s'agit donc coûte que coûte, en contradiction complète pourtant avec l'examen théologique véritable de la situation ecclésiale actuelle, surtout sur le Siège de Pierre, de ne pas prendre conscience de l'iniquité antéchristique radicale de "la crise de l'Église" issue de Vatican II, même au prix de constructions intellectuelles et pseudo-théologiques complètement aberrantes, folles, hérétiques, schismatiques, scandaleuses, directement attentatoires à la Constitution divine de l'Église...
           
        Or, la vérité vraie de la situation ecclésiale actuelle est aux antipodes : la nature profonde de "la crise de l'Église" actuelle est d'être antéchristique radicale, surtout sur le Siège de Pierre, et c'est ce qui prouve précisément que nous vivons la fin de Philadelphie, et donc cette dite crise doit se dénouer par l'avènement de l'Antéchrist-personne en ce monde à partir du Siège de Pierre, parce que, dans "la crise de l'Église" qui marque la fin de Philadelphie, la Constitution divine de l'Église est atteinte mortellement et doit se dénouer dans la prise de possession par l'Antéchrist-personne du Siège de Pierre, dès que Laodicée commence.
           
        Les adeptes de Sardes entretiennent donc présentement en leur âme une terrible et bien funeste illusion. L'iniquité que tout catholique digne de ce nom voit depuis Vatican II sur le Siège de Pierre, et de plus en plus et de pire en pire plus les temps avancent, ne peut déboucher que sur la mort de l'Église dans son économie actuelle, opérée par l'avènement de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre. Comme je l'ai montré avec soin dans mon dernier article en effet (cf. https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/12-la-passion-de-l-eglise/articles-fond/15-l-antechrist-personne-devant-clore-notre-fin-des-temps-sera-t-il-le-dernier-pape-legitime-de-l-eglise-catholique), l'Antéchrist-personne doit être... le dernier pape légitime de l'Église catholique, ou, à tout le moins, recueillir le plus légitimement du monde la succession pontificale parmi tous ses autres pouvoirs le constituant Empereur universel (comme d'ailleurs, si nous avions été un peu attentifs au sens obvie des mots, la très-sainte Vierge Marie, Reine des prophètes, l'avait révélé sans fard ni voile, crûment et fort explicitement, dans le Secret de La Salette : "Rome... deviendra le Siège de l'Antéchrist").
           
        Donc, pour faire court : si le passage de Sardes à Philadelphie ne voit pas Satan prendre la succession pontificale sur le Siège de Pierre par le truchement de l'Antéchrist-personne, c'est exactement le contraire qui va arriver quant au passage de Philadelphie à Laodicée. Le devoir du catholique est donc exactement contraire dans l'un et l'autre cas : autant, si l'on vit la fin de Sardes, il doit s'attendre à devoir rester attaché comme toujours au Siège de Pierre lorsque l'âge ecclésial de Philadelphie s'ouvrira, autant il doit se préparer à se couper radicalement de la Rome ecclésiale lorsque, après la fin de Philadelphie, Laodicée s'ouvrira, puisque le tout premier signe de l'ouverture de Laodicée sera que l'Antéchrist-personne sera... sur le Siège de Pierre, en tant que dernier pape légitime de l'Église catholique ! Celui qui ne le fera pas court le grand risque de se faire piéger par l'Antéchrist-personne avec la conséquence que l'on sait quant au salut de son âme.
 
        Pour l'instant certes, il n'y a pas de différence entre les catholiques qui s'imaginent faussement vivre la fin de Sardes, et ceux qui ont compris que l'Église vit la fin de Philadelphie : le devoir de rester attaché au Siège de Pierre dans "la crise de l'Église" actuelle (c'est-à-dire, vue la situation : exactement comme le Christ fut attaché à la croix, écartelé et martyrisé dans sa Foi), est le même dans l'un et l'autre cas, il consiste essentiellement et très-pénitentiellement à reconnaître la légitimité des papes modernes actuels, ce cher François, premier du nom, pour le présent (les sédévacantistes ne sont que des lâches, des rebelles orgueilleux et des hérétiques, qui fuient l'Église lorsqu'elle vit sa Passion, pour ne pas avoir à la vivre avec elle, s'auto-créant par ailleurs en ghetto des petites églises qui surnaturellement... n'existent pas). Mais c'est la suite qui sera radicalement opposée : celui qui se croit à la fin de Sardes se prépare à ouvrir son cœur sans réserve et même avec enthousiasme au saint pape qui ne manquera pas d'être élu et intronisé lorsque Philadelphie s'ouvrira, veut-il croire ; celui qui sait que la fin que nous vivons est celle de Philadelphie se prépare tout au contraire, le plus qu'il peut, à rejeter violemment et radicalement, à VOMIR (Laodicée), à l'instar du Christ Lui-même qui le fera, l'Antéchrist-personne qui, soudain, fera irruption sur le Siège de Pierre, le plus légitimement du monde en tant que dernier Pontife romain, lorsque Laodicée s'ouvrira.
           
        ... Oh ! alors, dans quel péril spirituel extrême se met le catholique de nos jours, qui, voulant se croire faussement à la fin de Sardes, attend, horresco referens, ce que de méprisables et misérables faux-prophètes, de préférence en soutane et soutane tradi, lui font attendre, à savoir... un saint pape, se préparant intérieurement à s'élancer de joie dans ses bras, alors que cela risque fort de le faire s'élancer dans les bras... du plus grand ennemi du Christ et du nom chrétien assis sur le Siège de Pierre, à savoir l'Antéchrist-personne revêtu légitimement des livrées pontificales du Christ, le fameux Agneau à la voix de dragon dénoncé par saint Jean quelques chapitres après celui prophétisant les sept églises, plus loin dans son Apocalypse !!
           
        La question, on le comprend mieux à présent, est donc extrêmement importante de savoir si nous vivons actuellement la fin de Sardes ou bien alors la fin de Philadelphie.
           
        Je résume encore un coup la problématique : une vue historiciste-ecclésiale de la situation actuelle, qui exige absolument de continuer à rester attaché à Rome lorsque le prochain âge ecclésial s'ouvrira, ou bien alors, une vue apocalyptique-ecclésiale, qui exige exactement le contraire, de se couper radicalement avec cette dite Rome dès que le nouvel âge s'ouvrira ? On comprend qu'il est très-important de répondre à cette question qui engage le salut de nos âmes. Ne nous méprenons pas sur cette importance. N'oublions pas que ce qui a contribué à faire s'égarer l'hérésiarque Luther (1483-1546), lors du passage du quatrième âge ecclésial, Thyatire, au cinquième âge, Sardes (qu'il vivait, et dont d'ailleurs il fut un des principaux signes, puisque ce passage, nous allons le voir tout-de-suite, se situe en 1517), c'est de s'être cru à la crise apocalyptique alors qu'il ne vivait qu'une crise historique de l'Église (il vaticinait en effet contre le pape Léon X, ne l'appelant plus que la "bête de l'Apocalypse"). Mais, quant à nous, catholiques de la fin des temps, prenons bien garde de commettre l'erreur inverse, tout aussi funeste pour le salut de nos âmes ! Car il est tout aussi funeste pour notre salut, lorsque l'Heure apocalyptique est venue, celle dont Jésus a dit en ce qui Le concernait "Voici l'Heure et la puissance des ténèbres", de ne pas se préparer à se couper radicalement avec le pape de Laodicée qui occupera légitimement le Siège de Pierre, et qui sera l'Antéchrist-personne, pour manifester le summum de l'iniquité !
 
        Éh bien, alors : vivons-nous ecclésialement Sardes ? Philadelphie ? La meilleure méthode, pour trancher ce difficile débat, est évidemment d'aller à la source de la Prophétie, c'est-à-dire au texte même de l'Apocalypse de saint Jean, ch. I à III.
           
        Je serai rapide sur les quatre premiers âges ecclésiaux, qui ne souffrent pas de difficulté ni d'équivoque, les dates historiques auxquelles ceux-ci s'incarnent dans l'Histoire faisant en effet l'unanimité des différents auteurs. Pour mémoire, je rappelle que les sept Églises sont expressément désignées dans l'Apocalypse, et dans l'ordre : "Ce que tu vois, écris-le dans un livre, et envoie-le aux sept Églises qui sont dans l'Asie, à Éphèse, à Smyrne, à Pergame, à Thyatire, à Sardes, à Philadelphie et à Laodicée" (Apoc I, 11).
           
        La première période, Éphèse, est celle de la naissance de l'Église, celle des douze Apôtres, qui va de la mort du Christ en croix jusqu'à la mort du dernier des Apôtres, saint Jean (Éphèse signifie : J'envoie), soit approximativement de l'an 33 à l'an 90.
           
        La seconde période, Smyrne (qui étymologiquement vient de myrrhe, la souffrance), regarde la difficile croissance de l'Église des catacombes, sous le joug cruel et homicide de l'Empire romain, c'est l'Église des martyrs mais encore des premiers grands docteurs et Pères (de l'an 90 à l'an 313, date du libérateur Édit de Milan).
           
        La troisième période, Pergame, voit l'Église sortir des catacombes avec la conversion de l'Empereur Constantin-le-Grand (312), pour commencer à conquérir librement les Nations (qui, toutes, sont prédestinées au Christ), avec le rôle extrêmement important de la toute première d'entre elles : la France, objet d'une élection divine particulière à vocation universelle (ceux qui n'en sont pas convaincus, le seront après avoir lu mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGraçayA4.pdf). C'est le temps vigoureux et roboratif des grands évêques et des moines évangélisateurs qui sillonnent en tout sens et labourent en profondeur l'Europe ou Grande-France, fondements de la civilisation chrétienne préparant l'apogée de la quatrième Église. Sans eux, la réussite de Thyatire eût été impossible. "Cette troisième église durera (...) jusqu'à ce que Charlemagne, Empereur d'Occident, instaure une sorte d'équilibre entre les deux pouvoirs, spirituel et temporel ; le temporel toutefois ne se reconnaissant de validité qu'autant qu'il aura été confirmé par l'Autorité spirituelle" (Histoire & prophétie, Raoul Auclair, p. 120).
           
        Les trois premiers âges ecclésiaux manifestent donc, à divers titres, la croissance victorieuse de l'Église catholique, apostolique et romaine dans le monde, et de la civilisation qui en découle.
           
        "Et le quatrième temps, temps central, sera Thyatire. Temps le plus long (800 à 1517), le temps de l'expression la moins imparfaite de ce qui constitue en propre la civilisation chrétienne. Sept siècles, de Charlemagne à Charles Quint, de Léon III à Léon X" (ibidem). Cette quatrième période ecclésiale manifeste le règne et la domination de l'Église sur le monde, qui est douceur, comme le joug de son Divin Maître.
           
        Avec la cinquième Église et les deux suivantes commence la décadence de l'Église, et concomitamment sa subversion, qui deviendra de plus en plus radicale, jusqu'à sa consomption, sa mort, sous le règne de l'Antéchrist-personne : cette cinquième église, Sardes, s'ouvre avec Luther et la Réforme protestante en 1517, "immense brèche dans l'édifice jusqu'alors si solide de la société chrétienne. (...) Sardes sera précisément l'Église allégorique de ce déclin de la civilisation chrétienne, cependant que par un mouvement inverse et simultané l'on verra l'essor d'une civilisation nouvelle, de moins en moins religieuse, de plus en plus laïque et profane. (...) Le moteur des peuples était religieux ; il deviendra politique. Les nations vont s'affirmer dans leur caractère propre et s'enfermer dans leur singularité" (ibid., pp. 120 & 133). C'est l'Église sous laquelle les mouvements de Révolution universelle, de nature antéchristique, prennent re-naissance, sapant avec de plus en plus de force et de réussite les deux principaux piliers de la civilisation chrétienne en ce bas-monde, à savoir l'Église romaine et les Trônes des roys très-chrétiens des Nations.
 
        Ici, il s'agit, évidemment, de bien saisir ce qui caractérise cette cinquième période de la vie militante de l'Église, Sardes, commencée en 1517 (révolte de Luther), afin d'en discerner la fin, objet du litige, sans équivoque possible.
           
        Chaque Église-période est caractérisée par un nouveau rapport dans le conflit irréductible qui oppose l'Église au monde, les deux antagonistes étant irréconciliables comme nous en a averti Notre-Seigneur. La première, c'est la constitution toute surnaturelle d'une Force, à partir du Sacrifice divin du Christ et des douze Apôtres, capable d'engager la lutte, quand elle sera bien structurée, contre le monde symbolisé par l'Empire romain. La deuxième, c'est l'engagement de cette lutte par cette Force surnaturelle devenue constituée et organisée, contre l'Empire romain, mais ce dernier est et reste dominateur. La troisième, c'est la victoire de droit de cette Force de l'Église sur le monde (avec la conversion de Constantin-le-Grand), puis la conquête dans les faits, libre et progressive, de ce monde. La quatrième, la conquête du monde étant réalisée de droit et de fait, c'est l'établissement du règne de l'Église et son apogée dans la société convertie à elle : c'est la Loi de l'Église, la Loi d'Amour du Christ, qui régit désormais le monde. Mais la cinquième voit la re-naissance des forces néo-païennes (devenues antéchristiques, puisque le Christ a paru dans le monde), s'ingéniant à miner, saper, la prédominance de l'Église sur le monde, ceci de manière occulte puisque l'Église est toujours dominatrice sur la subversion antéchristique seulement naissante. La sixième verra l'aboutissement de ce lent mais universel travail de sape qui se concrétisera par une victoire de droit du néo-paganisme antéchristique sur l'Église et les Nations chrétiennes, et, dès lors, la conquête progressive dans les faits, par violence, menée par l'Antéchrist-légion, desdites Nations, pour les déchristianiser sociopolitiquement. La septième, mystère d'iniquité, est la "victoire" de droit et de fait, de l'Antéchrist-personne sur l'Église et la civilisation qui en découle dans les Nations, enregistrant la mort de l'Église dans la figure du monde qui passe (cette pseudo-victoire du mal sur le Bien étant elle-même radicalement anéantie par le Retour en Gloire du Christ, par la Parousie).
           
        Pour Sardes, on discerne donc deux caractéristiques principales : 1/ L'Église est toujours dominatrice et Loi du monde, comme dans la précédente période, Thyatire, 2/ mais elle est attaquée par les ferments mortels de la subversion néo-païenne antéchristique.
 
        C'est bien pourquoi l'Esprit-Saint dit à l'Église de Sardes : "Vous avez la réputation d'être vivante et vous êtes morte" (Apoc III, 1). C'est la première parole qui lui est adressée, c'est donc celle qui la caractérise le mieux. Lorsque ces mouvements antéchristiques mortifères qui la minent finiront par prendre le dessus sur l'Église et les Nations chrétiennes, lorsque, pour que le mystère d'iniquité connaisse une "victoire" afin que "l'Écriture s'accomplisse" pour l'Église comme pour le Christ, l'Église ne dirigera plus du tout les destinées du monde comme dans Thyatire et encore dans Sardes, alors l'Église n'aura plus "la réputation d'être vivante", un nouveau palier sera franchi, une nouvelle période de l'Église s'ouvrira, celle où, comme l'annonce la Prophétie faite à la sixième Église, Philadelphie, l'Église "aura peu de forces" (Apoc III, 8). Car, quant à Philadelphie, sa caractéristique prophétique, double également, consiste en : 1/ La victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques sur l'Église ; 2/ la conquête dans les faits des nations du monde entier à ce reniement abolissant radicalement le Christ de la face de la terre, détricotant systématiquement ce qui avait été fait par les moines et les évêques sous Pergame, pour aboutir au règne universel, de droit et de fait, de l'Antéchrist-personne.
           
        Mon travail est donc avant tout historique. Il consiste à chercher s'il n'y a pas eu un moment, une période-charnière dans l'Histoire, où, depuis 1517 qui a vu la naissance de Sardes, le mouvement néo-païen antéchristique a pris le pas d'une manière décisive et nette sur l'Église, concrétisant et consacrant pour lui une victoire de droit reprenant à l'Église la direction des destinées du monde, la supplantant dans ce rôle. Si l'on trouve une réunion de faits qui montrent, par leur confluence, que l'Église perd la prépondérance sur le monde, alors il sera prouvé que nous vivons depuis ce moment dans Philadelphie.
           
        Or, si, depuis 1517, la révolte contre l'Ordre très-chrétien prend corps essentiellement dans les sectes protestantes, laïcistes et maçonniques, qui minent activement de plus en plus mais occultement les États catholiques et l'Église romaine, si donc la balance penche de plus en plus en sa faveur, il n'y a pas cependant, avant la funeste Révolution française, de décisive avancée. 1789, et surtout 1793 année de la décapitation du roy Louis XVI, voit une gravissime cassure dans l'Ordre très-chrétien établi : la Révolution universelle jette son masque, s'affirme à découvert, brise l'équilibre catholique jusque-là maintenu tant bien que mal sur le monde civilisé (malgré la terrible déchirure du protestantisme), et fragilise considérablement la prépondérance de l'Église sur le monde en gagnant une grande bataille contre la première nation parmi les nations chrétiennes. Est-ce à dire cependant que cette funeste période serait le passage recherché entre la cinquième et la sixième Église, entre Sardes et Philadelphie ?
           
        Certes non, parce que ce n'est pas la Forteresse entière qui est abattue mais seulement sa principale Tour de défense, la France. La civilisation très-chrétienne est en effet toute fondée sur la Pierre d'angle qu'est l'Église catholique, mais sa protection est assurée par la Royauté davidique qui gît dans la Maison de France, elle-même assistée dans sa haute mission par les Monarchies et principautés européennes (lesquelles, soit dit en passant, avaient toutes un lien de parenté, proche ou éloigné, avec les Bourbon ou les dynasties antérieures ; qu'on sache bien que la Royauté française "est autant au-dessus des autres Couronnes du monde que la dignité royale surpasse les fonctions particulières", comme n'hésitera pas à dire le pape saint Grégoire-le-Grand au pourtant obscur roy mérovingien Childebert II...).
           
        Voilà ce merveilleux équilibre politico-religieux que la subversion doit d'abord casser pour prendre le pas sur l'Église et lui ravir sa prépondérance dans le gouvernement de ce monde, et donc nous faire passer de Sardes à Philadelphie. Mais bien sûr, à partir de la destruction de la Tour principale, la France très-chrétienne, l'Église, dès lors, ne sera plus défendue que par les Tours subalternes des Monarchies et principautés européennes qui, elles-mêmes, n'étant plus soutenues par la Tour principale de France, qui les coordonnait, les unifiait et les rendait invincibles contre la subversion néo-païenne antéchristique active depuis Sardes, seront de plus en plus en butte aux attaques victorieuses de la Révolution universelle (même quand elles feront front commun ensemble dans la Sainte-Alliance), jusqu'à leur propre anéantissement.
           
        Les forces néo-païennes antéchristiques vont donc, à partir de cette gravissime cassure de 1793 qui est une sorte de prophétie de la rentrée prochaine dans Philadelphie, avoir de plus en plus les coudées franches pour attaquer l'Église directement, aux fins de lui enlever de droit la prépondérance sur le monde, ce qui aura pour conséquence de nous faire rentrer ecclésialement dans Philadelphie. Elles penseront même, fortes de leur terrible et grand succès sur la Royauté française en 1793, arriver à la vaincre quasi tout-de-suite, dès la rentrée dans le XIXème siècle, en faisant mourir d'épuisement le pape Pie VI à Valence, le 29 août 1799, et surtout en empêchant toute élection nouvelle d'un futur pape. Souvenons-nous. Pie VI, qui ressemble physiquement d'une manière si émouvante à Louis XVI, est dépouillé, outragé par les créatures du Directoire, qui le traînent brutalement sur les routes de l'exil : "Le Père commun [Pie VI], épuisé par les douleurs et vaincu par l'émotion, arrive enfin à la citadelle de Valence. La paralysie gagne tous ses membres, et le Directoire veut encore qu'il marche. Pie VI ne résiste pas, ce sont les médecins qui s'opposent à cette impitoyable translation : ils déclarent que le moribond n'a plus que très-peu de jours à vivre. Le Pontife expira en effet le 29 août 1799, à l'âge de 80 ans et demi. (...) Il n'y avait plus de pape, il ne devait plus y en avoir ; plus d'Église, par conséquent. La Révolution se félicitait, avec le Directoire, de régner au Capitole et de commander au Vatican. Elle s'applaudissait d'avoir dispersé le Sacré-Collège et de rendre ainsi tout conclave impossible. Les jours marqués par le Philosophisme uni aux Jansénistes et aux Constitutionnels civils, arrivaient à pas précipités. L'Église romaine allait tomber par morceaux comme un vieux mur qui n'a plus d'étais, quand tout-à-coup, la face des évènements change avec une rapidité providentielle. Ce qui jusqu'à ce jour a été la chose impossible (réunion du conclave), devient soudain la chose la plus réalisable. Des rivalités, des malentendus, de sourdes ambitions, de tristes mécomptes avaient, depuis 1792, maintenu entre les cabinets des Puissances, une fatale division. Leurs armées, se mettant en ligne et se faisant abattre les unes après les autres, n'avaient produit ni un grand capitaine ni un grand fait militaire. Tout-à-coup, l'empereur Paul 1er de Russie se place à la tête d'une alliance formidable. (...) Chose extraordinaire ! Les princes oublient leurs différends, les ministres ne se souviennent plus de leurs passions : tous sont équitables, tous sont modérés. Bientôt, les ambitions et les intérêts reprendront leur empire ; mais dans ce moment, chacun est dominé par une pensée plus élevée. On dirait que le Ciel, daignant concourir à leur œuvre de réparation, inspire à tous un profond sentiment de justice. Des russes, des anglais et des turcs, se sont improvisés les alliés de la catholique Autriche ; par une suite non-interrompue de victoires, ils ouvrent au Sacré-Collège les portes du Conclave. Les cardinaux, abrités par les baïonnettes de Souwarow, sortent de tous les lieux où la Démagogie les relégua. (...) La République française et son Directoire ont détrôné le pape Pie VI et persécuté l'Église romaine. La République n'existe déjà plus que de nom ; le Directoire a sombré le 18 brumaire aux acclamations universelles, et vingt-deux jours après, le Conclave s'assemble paisiblement..." (L'Église romaine en face de la Révolution, Crétineau-Joly, t. I, pp. 218, sq.).
           
        Cette page historique est vraiment impressionnante, frappante. Que les adeptes de Sardes n'oublient surtout pas d'en tirer l'enseignement fort qu'elle contient : dès la fin de la Révolution française, les forces subversives néo-païennes antéchristiques sont déjà si fortes sur le monde à partir de la première nation d'entr'icelles toutes, la France, qu'elles ont conquise et mise à terre, qu'il s'en est fallu d'un très-mince cheveu que nous ne passassions, dès 1799 donc, dans Philadelphie...! Mais la Providence divine n'en avait pas décidé ainsi, ce que montre très-bien cette soudaine et quasi miraculeuse réunion du conclave élisant le premier pape venant après la Révolution, Pie VII, lequel pape commencera, quant à lui, une nouvelle longue période où, par la pratique concordataire pontificale romaine avec des États post-révolutionnaires constitutionnellement athées, à commencer par le diabolique Concordat passé avec Napoléon en 1801, ce seront eux, les papes, qui, l'esprit incroyablement aveuglé, précipiteront le plus qu'ils pourront la victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques sur l'Église, c'est-à-dire précipiteront cette ouverture de Philadelphie...
           
        Mais, au sortir de la Révolution, nous n'y sommes pas encore. L'Église restait debout, toujours Loi de droit du monde, de par Dieu et de par Lui seul et sûrement pas de par les papes concordataires, grâce à la réaction musclée des Tours européennes ensemble, quand bien même la Tour principale de défense était déjà irrémédiablement écroulée, à terre.
           
        Alors les forces néo-païennes antéchristiques prendront astucieusement prétexte de l'unification de l'Italie pour supprimer les petits États temporels de l'Église, ceinture de protection et de soutien matériel pour le Saint-Siège assurant son indépendance au sein des nations, indispensable pour assurer sa prépondérance spirituelle sur le monde (l'Italie, dans son unité moderne totalement artificielle, n'est qu'une pseudo-nation, d'érection purement maçonnique). C'est dès 1817 que ce travail de sape commence, par le carbonarisme franc-maçon, pour finir victorieusement en 1870 par la suppression des États pontificaux et la conquête de Rome, achevant ainsi l'unification maçonnique de l'Italie. Dans le même temps, les Monarchies et principautés européennes sont minées de plus en plus fortement et victorieusement par les ferments révolutionnaires attaquant l'autorité de droit divin des roys et princes autrefois très-chrétiens, eux-mêmes très-affaiblis intérieurement par l'esprit philosophique les corrompant, à l'instar des papes post-révolutionnaires eux-mêmes convertis au principe démocratique dès Pie VII. Comme l'écrira fort bien Léon Bloy : "Les rois n'ont plus la force de soutenir leur diadème et s'évanouissent sous le fardeau de leur dérisoire Majesté" (Le symbolisme de l'Apparition, p. 157).
           
        Tout le XIXème siècle mais surtout sa fin, enregistre donc une affreuse et effrayante avancée dans le monde et dans l'Église des forces néo-païennes antéchristiques, sous le double rapport 1/ de l'affaiblissement et l'affaissement progressifs et rapides des Monarchies et principautés européennes (dont le fer de lance était devenu l'Empire austro-hongrois, l'Österreich, c'est-à-dire la "France de l'Est", celle-ci ayant pris la succession, à un plus bas niveau, de la France Très-Chrétienne abattue en 1793, dans la défense de l'Église et de la civilisation très-chrétienne, et permettant encore à l'Église, tant bien que mal, de toujours subsister dans la période de Sardes), 2/ ainsi que de la suppression des États Pontificaux. À la fin du XIXème siècle cependant, sous les papes Pie IX et Léon XIII "glorieusement" régnants, on ne peut pas dire que l'Église n'est plus, de droit, la Loi du monde, principalement grâce à l'Empire d'Autriche-Hongrie maintenant encore les Tours européennes debout. Quoique derrière la façade des Institutions, en ce compris et même surtout celle du Saint-Siège, tout soit déjà vermoulu et prêt à tomber. Tout ne tient plus qu'à un fil, une façade. Que les Monarchies et principautés européennes, et surtout leur Tour principale qui est l'Autriche-Hongrie, soient encore l'objet d'un sérieux coup de boutoir réaménageant les forces politiques d'Europe au profit de la Révolution, et alors le basculement des pôles spirituels aura lieu, laissant une Église romaine tragiquement sans appuis naturels, isolée au milieu d'un monde redevenu complètement païen, une Église pas encore subvertie elle-même mais ayant totalement perdu sa prépondérance métapolitique sur le gouvernement du monde, qu'elle possédait plénièrement dans Thyatire et encore, mais de moins en moins, dans Sardes.
           
        Et alors, nous ne serons plus dans Sardes, mais dans Philadelphie.
           
        Force est de constater, dès que nous tournons la page tourmentée et déliquescente du XIXème siècle, que la première guerre mondiale fabriquée par les forces révolutionnaires néo-païennes antéchristiques aux fins d'abattre l'empire d'Autriche-Hongrie (par l’assassinat perpétré par une sorte d'adepte carbonaro, le dimanche 28 juin 1914, contre l’archiduc François-Ferdinand, héritier de l'Empire austro-hongrois, et son épouse la duchesse de Hohenberg), saute immédiatement aux yeux, et s'identifie d'une manière flagrante avec ce moment historique recherché. En fait, il s'agit plus précisément de l'année 1917, date et axe eschatologiques par excellence, extrêmement forts et marqués dans l'histoire des hommes. Juste 400 ans après la révolte de Luther (Déclaration de Wittemberg), cette année 1517 qui voyait aussi l'occupation d'Israël par les Turcs ottomans, qui n'en partiront, là encore, qu'en... 1917.
           
        Je suis tombé dernièrement sur un livre qui intéresse extraordinairement notre sujet. Sans rentrer du tout dans notre problématique prophétique du passage de Sardes à Philadelphie, en s'appuyant uniquement sur l'aspect politique international des choses, Pierre Virion a brossé tout son ouvrage L'Europe ― Après sa dernière chance, son destin, sur l'extrême importance de cette année-charnière s'il en fut jamais, de mémoire d'homme et d'Église : 1917.
           
        Voici comment il débute son livre : "Il est, dans le cours des temps, des conjonctures, des périodes qui déterminent l'avenir sans retour, ou, si l'on veut, des journées décisoires dirons-nous, pour emprunter au langage juridique un terme qui semble bien convenir à cette année-là : 1917. Année capitale qui eût pu, en terminant la première guerre mondiale, voir ressurgir en Europe une vie nouvelle et des forces civilisatrices dont elle avait toujours été capable. Année fatidique aussi parce que c'était la dernière chance de l'Europe chrétienne, la dernière chance de l'Europe tout court, dont la malice des hommes a fait un désastre. ET CE FUT L'ÉCROULEMENT D'UN MONDE, LA NAISSANCE D'UN AUTRE, que les partis-pris les plus optimistes ne parviendront jamais, les suites en sont trop amères, à représenter comme un instant bénéfique pour l'humanité. Pour quiconque voudra bien loyalement et avec attention méditer les perspectives de 1917, cette année sera le dernier carrefour sans pareil des courants, des forces et des machinations ténébreuses où s'est déployé sur la trame d'une inexpiable guerre, L'HOMICIDE CONFLIT DE LA RÉVOLUTION RELIGIEUSE ET POLITIQUE AVEC L'IRRÉDUCTIBLE VÉRITÉ. Mais tout le drame a pratiquement tourné autour du refus de l'offre de Paix séparée entre l'Autriche et les Alliés (...) qui eût donné le coup d'arrêt à la Révolution galopante favorisée par la paix wilsonnienne, par les menées des Puissances qui, de Washington à Londres et Paris, furent dès cette année 1917, responsables de l'explosion communiste. Sous le regard des foules crédules, trompées, abreuvées d'idées fausses, CES PUISSANCES ONT CHANGÉ À LEUR PROFIT LA FACE ET LA VOCATION DE L'EUROPE, provoqué la seconde guerre mondiale de 1940 et ses suites désastreuses. Nous n'exagérons rien. (...) On saisira mieux les malheureuses incidences du refus de Paix séparée en le plaçant dans le contexte terriblement révélateur que fut l'année 1917. Rarement a-t-on eu l'occasion de voir s'exercer en même temps toutes les forces diverses parfois contraires à l'intérieur d'une société. AU BOUT DE LA ROUTE OÙ, DEPUIS BIENTÔT DEUX SIÈCLES SE SONT SUCCÉDÉS ET COMBATTUS LES IMPÉRATIFS MAJEURS ESSENTIELS DE LA TRADITIONNELLE SOLIDITÉ DE L'EUROPE CHRÉTIENNE AVEC LES FACTEURS RÉVOLUTIONNAIRES QUI LA RONGENT, L'AN 1917 LES VOIT SE DRESSANT ENSEMBLE LES UNS EN FACE DES AUTRES COMME À UN DERNIER RENDEZ-VOUS OÙ LE CHOIX DES HOMMES VA ENFIN DÉCIDER. Ce sera hélas!, au mépris de l'Histoire garante à la fois de la grandeur et de la liberté de l'Europe !" (pp. 7-9).
           
        On ne saurait être plus clair ! Voilà une vue politique chrétiennes des choses qui s'élève jusqu'à l'aspect apocalyptique, et qui résout par-là même et sans l'aborder, notre problème prophétique. Plus loin dans son ouvrage, tellement l'année 1917 frappe les esprits intelligents qui veulent un peu réfléchir, ce qui est visiblement le cas de l'auteur, Pierre Virion d'écrire : "LA DERNIÈRE CHANCE ― Le monde bouleversé ? Si peu enclin soit-on à accorder quelque crédit à des messages d'ordre surnaturel, on ne peut guère dénier à ce mot datant de 1830, un dynamisme prophétique ARRIVÉ À PLEINE RÉALISATION EN 1917 [l'auteur fait allusion à ce que la très-sainte Vierge avait prophétisé à sœur Catherine Labouré en 1830, à la Rue du Bac : "Le monde sera bouleversé"]" (p. 35). Et, plus loin encore : "Ribot [le machiavélique agent des Loges maçonniques pour empêcher la Paix séparée] vociférait devant la Chambre des Députés, cette traîtresse et irréparable imposture : «Il faut que dorénavant la justice ait pour garantie cette Ligue des Nations [la SDN] qui s'organise sous nos yeux et qui demain sera MAÎTRESSE DANS LE MONDE»" (p. 54). Hélas ! Les Vicaires du Christ concordatisés de l'époque, Benoît XV pour ne pas le nommer, avec un certain Monsignore Eugenio Pacelli futur Pie XII pour le pousser à fond dans cette direction, sont déjà pratiquement d'accord avec cet ennemi de l'Église, sur cela (cf. mon précédent article L'Antéchrist-personne devant clore notre fin des temps sera-t-il... le dernier pape de l'Église catholique ?). Paul Morand (1888-1976), cet homme politique de la première guerre mondiale, "publiant ses notes il y a quelques années, a écrit une préface dans laquelle on peut lire : «Cette extraordinaire année 1917 sera aussi importante que 1789 pour l'histoire de l'Europe». Mais il avoue lui-même n'en avoir pas eu conscience en 1917" (Le mensonge historique, André Gillois, 1990, p. 61).
           
        Le lecteur comprend sans peine à quel point ces constats intelligents intéressent notre sujet : 1917 est cette année-charnière qui voit le basculement de la prépondérance de l'Église sur le monde au profit des forces néo-païennes antéchristiques ; à partir de 1917, la Loi qui mène le monde est désormais celle de l'Antéchrist-légion, plus celle de l'Église. Dernier bastion important à empêcher que l'Église ne perde sa prépondérance spirituelle et métapolitique sur le monde entier, l'Empire d'Autriche-Hongrie est la grande victime de la première guerre mondiale : après 1917 tout particulièrement, qui scelle définitivement l'écroulement complet de cette Tour de défense principale des Monarchies et principautés européennes (et qui d'ailleurs entraîne dans sa chute l'écroulement des empires russes et allemands, toutes les Tours de défense européennes tombent en effet à peu près en même temps à la fin de la première guerre mondiale), la Forteresse entière tombe, s'écroule irrémédiablement, et l'Église en est réduite à se réfugier dans le Donjon central, seule désormais en face du monde désormais complètement repossédé par les forces néo-païennes antéchristiques déguisées sous les oripeaux "nationalistes" ou "démocrates" qui ne veulent plus que des États-nations constitutionnellement athées, ce qu'elles ont obtenu radicalement dans tous les peuples après la première guerre mondiale, et qui donc a enfin consacré cette victoire de droit sur l'Église tant recherchée par elles depuis 1793, pour lui ravir le contrôle des destinées du monde entier.
           
        La loi qui mène le monde, à partir de 1917, c'est dorénavant celle de la subversion. C'EST DONC TRÈS-CERTAINEMENT À CE MOMENT-LÀ QUE NOUS QUITTONS SARDES POUR RENTRER DANS PHILADELPHIE.
           
        L'examen au niveau politique international amène donc à cette conclusion absolument indubitable. Mais si nous élevons à présent notre regard au niveau eschatologique, alors, combien plus encore l'an 1917 apparaît comme une charnière radicale entre deux âges ecclésiaux ! À ce niveau supérieur, c'est carrément... du crève-l'œil :
           
        1/ Cette année 1917 voit s'initier le grand Retour des juifs, l'Aliyah, radicalement impossible depuis la destruction de Jérusalem l'an 70 par les romains, dans "la terre que J'ai donnée à vos pères" (Ez XXXVI, 28), improprement appelée Palestine, et notamment à Jérusalem ; signe eschatologique des plus importants, car prophétisé par Jésus comme devant être signe topique formel de la fin des temps ("Jérusalem sera foulé aux pieds par les nations jusqu'à ce que le temps des nations soit accompli" ― Lc XXI, 24). Même sans l'aspect politique international des choses de 1917 que nous venons de voir ensemble (et qui, à lui seul, est suffisant pour trancher notre question), ce signe du grand Retour des juifs en Israël serait amplement suffisant à lui tout seul pour prouver que 1917 est une année à signification eschatologique, faisant rentrer l'Église et le monde entier dans les derniers temps : or, c'est dans les deux dernières Églises mystiques, Philadelphie et Laodicée, que l'Antéchrist, lui aussi signe topique de la fin des temps, commence à prendre pied sur la terre, d'abord sous la forme légion ou "dix rois" dans Philadelphie, puis sous la forme personnelle dans Laodicée. Le Retour des juifs signifie donc que nous rentrons dans Philadelphie.
           
        2/ 1917 voit également la naissance en Russie du communisme d'État, c'est-à-dire de la prise de possession par l'Antéchrist-légion d'une nation, qui est anéantissement radical et d'une manière systématique, en droit, de la Loi de l'Église et du Christ dans une nation, satanique prophétie de ce qui doit dès lors arriver à toutes les autres nations (et pas forcément sous la forme soviétique : le capitalisme, qui est la loi fondamentale de toutes les démocraties post-révolutionnaires modernes, n'est rien d'autre qu'un... communisme de l'argent, exactement aussi antéchristique que le communisme soviétique !). Le fait que ce nouvel ordre sociopolitique antéchristique puisse prendre pied dans une nation, manifeste on ne peut mieux le passage de Sardes à Philadelphie, c'est-à-dire ce changement que nous recherchons et qui consiste en ce que les forces néo-païennes antéchristiques reprennent le pas, quant à la direction des destinées du monde, sur l'Église. Encore une démonstration nette et formidablement... décisoire, comme dit Pierre Virion, de la rentrée dans Philadelphie par l'an 1917.
           
        3/ Comme si cela ne suffisait pas amplement, 1917 a en outre la grâce insigne de voir une extraordinaire Apparition mariale, absolument, et de loin, inconnue des temps chrétiens passés : Fatima, de portée mondiale, dont la signification profonde est que la très-sainte Vierge Marie vient pour assister l'Église et les nations chrétiennes dans le dernier combat apocalyptique qui se dessine dès lors pour elles à partir de cette année-clef, parce que l'Église a plus besoin d'elle, ayant "peu de force" comme le révèle clairement l'Ange à Philadelphie. Claire Ferchaud, la mystique de Loublande, dont la première mission s'inscrit dans le cadre de la première guerre mondiale, a reçu elle aussi confirmation par le Ciel d'une aide surnaturelle supplémentaire apportée à la terre et à l'Église à partir de... 1917 : "1917 marque, selon Claire Ferchaud, le signal de l'accomplissement d'un temps, le temps d'une action divine, moins apparente sans doute que l'action diabolique de ceux qui veulent perdre et la France et l'Église, mais souveraine, inexorable dans sa Puissance, sa Majesté, sa Justice, et finalement sa Miséricorde. Ces temps ont débuté en 1917, ils ne sont pas encore terminés, ils sont «actuels». C'est bien ce que la Très Sainte Vierge nous suggère à Fatima en cette même année 1917" (Au plus fort de la tourmente..., Claude Mouton, p. 13).
 
        On pourra noter l'extraordinaire confluence de ces trois grands signes eschatologiques marquant 1917, qui se précipitent tous en même temps, en octobre et début novembre de cette année inouïe : en octobre, c'est la victoire des Bolcheviks en Russie et la très-sainte Vierge vient immédiatement assister les nations le 13 du même mois, chiffre symbolique marquant la malédiction antéchristique dans laquelle l'Église et le monde s'engouffraient ; en novembre, le 2 voit la délivrance, sur papier pour commencer, de Jérusalem, et le 3... Léon Bloy, le plus grand des petits prophètes modernes, en mourait, rendant à Dieu son âme héroïque (la délivrance effective de Jérusalem se fera à toutes vitesses dès le mois suivant, en décembre 1917).
           
        À vrai dire, c'est bien plus qu'il nous en faut pour conclure formellement que les forces néo-païennes antéchristiques ont pris le pas sur l'Église en 1917, et que donc cette année prodigieusement fatidique enregistre l'entrée du monde et de l'Église dans Philadelphie. Il est tout-de-même incroyable qu'une coupure aussi spectaculaire, nette, fracassante, à la fois dans l'Histoire et dans l'Eschatologie (bien plus visible que l'année 1517, passage de Thyatire à Sardes !), soit passée complètement inaperçue aux yeux du plus grand nombre des catholiques (de préférence tradis, et de préférence prêtres du Seigneur...) ! On ne peut qu'y voir du néo-pharisaïsme conservateur, de l'obscurantisme, de la paresse spirituelle, voire plus gravement de l'idolâtrie de l'économie de salut en cours, celle du Temps des nations et de l'Église romaine. Certains tradis se montrent en effet tellement attachés à un dénouement de "la crise de l'Église" DANS un cadre exclusivement historique, DANS l'économie du Temps des Nations sinon rien, qu'on se demande s'ils ne versent pas, pour leur part, dans l'hérésie des… Éternals. "Éternals : Hérétiques qui, dans les tout premiers siècles de l'ère chrétienne, croyaient à l'éternité du monde tel qu'il est présentement. La résurrection de la chair et le Jugement dernier, qu'ils ne niaient pas, n'apporteraient aucun changement à l'état du monde et scelleraient, au contraire, son caractère éternel" (Dictionnaire des hérésies dans l'Église catholique, Hervé-Masson, p. 145) ! C'est tout simplement le péché d'idolâtrer l'économie de salut en cours, à l'instar des antiques pharisiens. Mais hélas, combien parmi les tradis, surtout ceux infectés de maurrassisme et de scolastique ultra, considèrent le Temps des Nations ainsi, comme s'il était déjà... l'Éternité commencée !!!
           
        ... Mais, voudra-t-on objecter, mais, mais, puisque nous vivons depuis 1917 dans Philadelphie, où est donc cette "gloire crépusculaire" promise à cette période ecclésiale, si bien vaticinée par le bienheureux Holzhauser dans son Interprétation de l'Apocalypse renfermant l'histoire des sept âges de l'Église catholique (publié par le chanoine de Wuilleret en 1857, édition Louis Vivès), et que j'ai là à témoin, présentement sous la main ?
 
        Je l'ai dit plus haut en commençant ces lignes : il n'y a pas, dans le texte prophétique lui-même de l'Apocalypse, de gloire annoncée pour la période ecclésiale de Philadelphie, avec ou sans saint pape et/ou grand-monarque. Pour le bien saisir, je commence par rappeler, au mot et à la virgule scripturaires près, in extenso & ne varietur, l'adresse de l'Ange à l'Église de Philadelphie :
           
        "Écrivez aussi à l'Ange de l'église de Philadelphie : Voici ce que dit le Saint et le Véritable, qui a la clé de David, qui ouvre, et personne ne ferme, qui ferme, et personne n'ouvre : Je sais quelles sont vos œuvres : Je vous ai ouvert une porte que personne ne peut fermer parce que vous avez peu de force et que vous avez gardé ma Parole et n'avez point renoncé mon Nom. Je vous amènerai bientôt quelques-uns de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent juifs et ne le sont point, mais qui sont des menteurs : Je les ferai bientôt venir se prosterner à vos pieds : et ils connaîtront que Je vous aime. Car vous avez gardé la patience ordonnée par ma Parole ; Je vous garderai Moi aussi de l'heure de la tentation qui viendra dans tout l'univers pour éprouver ceux qui habitent sur la terre. Je viendrai bientôt ; conservez ce que vous avez reçu, de peur qu'un autre ne prenne votre couronne. Quiconque sera victorieux, Je ferai de lui une colonne dans le temple de mon Dieu ; il n'en sortira plus ; et J'écrirai sur lui le nom de mon Dieu, et le nom de la ville de mon Dieu, de la nouvelle Jérusalem qui descend du ciel, venant de mon Dieu et mon Nom nouveau. Que celui qui a des oreilles entende ce que l'Esprit dit aux Église" (Apoc III, 7-13).
           
        Ce qui caractérise la sixième période ecclésiale, Philadelphie, c'est donc qu'elle a "peu de force" mais qu'elle garde la Foi, ne "renonce point mon Nom" malgré le handicap de sa grande faiblesse. Et cela cadre très-bien avec l'ordre chronologique des Églises mystiques dans le rapport de force entre l'Église et le monde, comme nous l'avons vu ensemble plus haut : après la cinquième période ecclésiale de Sardes attaquée par la maladie mortelle des forces néo-païennes antéchristiques re-naissantes mais cependant toujours maîtresse des destinées du monde, nous voyons bien que ce "peu de force" signifie que les forces néo-païennes antéchristiques ont désormais repris le pas sur elle, elles ont réussi à gagner une victoire de droit sur l'Église, renversant ce qui s'était passé entre Smyrne et Pergame, à savoir une victoire de droit de l'Église sur le monde, par la conversion de Constantin-le-Grand. Là, c'est tout le contraire : Philadelphie enregistre une victoire de droit du monde sur l'Église. L'Ange qui dans l'Apocalypse s'adresse aux Églises mystiques, loin de promettre à Philadelphie une quelconque "gloire crépusculaire", autrement dit une nouvelle victoire du Bien sur le mal, lui prophétise tout au contraire que le règne de l'Antéchrist-personne, qui consacrera définitivement la victoire de droit des forces néo-païennes antéchristiques que subit Philadelphie en y joignant une radicale et complète victoire de fait qui mettra à mort l'Église, est ce qui l'attend "bientôt", dans un tout proche avenir, puisqu'aussi bien, ce sera la période ecclésiale immédiatement suivante qui verra ce règne maudit entre tous, Laodicée...! Mais que Philadelphie se rassure : par cette mort dans la figure du monde qui passe, elle vaincra à l'instar du Divin Maître. "Car vous avez gardé la patience ordonnée par ma Parole ; Moi aussi Je vous garderai de l'heure de la tentation qui viendra dans tout l'univers pour éprouver ceux qui habitent sur la terre".
           
        Il est donc loin d'être question, dans le texte apocalyptique lui-même concernant Philadelphie, d'une quelconque victoire ecclésiale sur le mal, quand l'Ange lui prophétise exactement le contraire, le règne de l'Antéchrist-personne après l'agonie morale sous "la puissance des ténèbres" que subit Philadelphie qui a "peu de force"...!
           
        Le seul passage qui pourrait être invoqué dans Philadelphie comme une prophétie d'un règne royal pour le Bien, serait "la clef de David". Cette clef de David concerne en effet une royauté sacrale au Nom de Jésus-Christ. On le voit par exemple dans Is XXII, 22, où un roy juif est intronisé par Yahweh, qui le met ainsi en possession du pouvoir royal : "Je mettrai sur son épaule la clef de la maison de David ; il ouvrira, et personne ne fermera, et il fermera, et personne n'ouvrira". Mais même Holzhauser, qui pourtant veut discerner dans Philadelphie une "gloire crépusculaire", est bien obligé de convenir qu'ici, le principe royal annoncé dans Philadelphie ne concerne pas une royauté temporelle, mais celle de Jésus-Christ Lui-même : "De plus, il est dit ici que le Christ a la clef de David parce que David et son règne furent la figure de Jésus-Christ et de son règne, comme on le voit dans les livres des prophètes". On voit la même chose d'ailleurs dans l'annonciation de l'Ange Gabriel à la Vierge Marie : "Il sera grand, et sera appelé le Fils du Très-Haut ; et le Seigneur Dieu Lui donnera le trône de David Son père, et Il régnera éternellement sur la maison de Jacob, et Son règne n'aura pas de fin" (Lc I, 32-33). Il ne s'agit donc pas ici d'un règne du Christ dans le cadre restreint et enclavé d'un âge ecclésial inhérent au Temps des nations et de l'église romaine, genre règne du saint-pape et du grand-monarque, mais de l'espérance à venir du Règne de la Gloire du Christ, c'est-à-dire du Millenium qui aura lieu après la chute du règne de l'Antéchrist-personne, qui en est satanique contrefaçon-anticipation.
           
        Tout se comprend dès lors fort bien, si l'on veut lire la Prophétie avec intelligence : après avoir prophétisé à Philadelphie l'épreuve redoutable qui l'attend, à savoir le règne de l'Antéchrist-personne qui est contrefaçon-anticipation du Millenium, l'Ange apporte la seule contrepartie spirituelle capable de contrebalancer "la tentation universelle" antéchristique dans les âmes des fidèles de Philadelphie, seule capable de leur donner la patience nécessaire pour la supporter : l'espérance du Millenium, justement, de la nouvelle économie de salut pleine de la Gloire du Christ qui sera instaurée juste après la chute de l'Antéchrist-personne et de son règne maudit. La "clef de David" dont il est question à Philadelphie, c'est donc LA SAINTE ET GRANDE ATTENTE DU MILLENIUM À VENIR. Cette "clef de David" qui "ouvre une porte" salvatrice pour les fidèles de Philadelphie, leur permettant d'échapper ainsi spirituellement aux griffes diaboliques et redoutables de l'Antéchrist-personne, c'est le Millenium, c'est l'ouverture prophétique sur la Délivrance surnaturelle que constituera pour le fidèle de Philadelphie, le Millenium. C'est pourquoi il est dit : "Voici le Saint et le Véritable, qui a la clef de David, qui ouvre, et personne ne ferme ["Je vous ai ouvert une porte que personne ne peut fermer"... pas même la Bête antéchristique, qui, pourtant, a pouvoir de fouler aux pieds les saints du Très-Haut comme en avertit le prophète Daniel, saint Jean de son apocalyptique côté nous dit même que l'Antéchrist-personne aura pouvoir de "vaincre les saints" ― XIII, 7 !], qui ferme et personne n'ouvre [... seuls les fidèles de Philadelphie qui "ont peu de force" mais qui n'ont "pas renié mon Nom", ce qui est très-méritoire, ont accès à cette porte prophétique qui les garde de la "tentation universelle", personne d'autre n'y a accès !]". Cette "clef de David" ne prophétise donc pas du tout un triomphe de l'Église dans ses structures actuelles inhérentes à l'économie du Temps des nations, on est loin de compte quand on s'imagine une "gloire crépusculaire" DANS Philadelphie, avec ou sans saint-pape et grand-monarque... Dans cette prophétie, il s'agit essentiellement de consolations et d'encouragements donnés à des opprimés voire des martyrs livrés aux mains de leurs ennemis. Ce qui caractérise Philadelphie, c'est qu'elle est toute tendue vers la grande épreuve antéchristique à passer, que lui annonce l'Ange, après laquelle seulement l'Église sera glorieusement étendue à toute la terre d'une manière qu'elle n'a jamais connue, "nouvelle Jérusalem qui descend d'auprès de Dieu" (Apoc. XXI, 2).
           
        On pourrait aussi évoquer le passage de Philadelphie où des ennemis du Christ sont humiliés devant les serviteurs de Dieu, pour cautionner un triomphe temporel du Bien sur le mal pendant cette période ecclésiale : "Je vous amènerai bientôt quelques-uns de ceux qui sont de la synagogue de Satan, qui se disent juifs et ne le sont point, mais qui sont des menteurs : Je les ferai bientôt venir se prosterner à vos pieds : et ils connaîtront que Je vous aime". Mais cette prophétie de l'Ange à Philadelphie regarde là encore un futur, le futur du Millenium, où, effectivement, la Gloire de Dieu humiliera tout impie devant les justes, et non dans le temps même de Philadelphie : il est prophétisé en effet que ce sera "bientôt" que cela arrivera, et donc, ce n'est pas pour tout-de-suite, pas dans l'immédiat du temps de Philadelphie, en relation avec l'autre "bientôt" de la prophétie faite à Philadelphie ("Je viendrai bientôt") qui fait allusion certaine à la Revenue en Gloire du Christ et à l'établissement du Millenium. Par conséquent, ce passage ne prophétise pas une humiliation des méchants devant les justes pendant Philadelphie, mais seulement dans le Millenium à venir "bientôt".
           
        ... Alors, se demandera-t-on, mais sur quoi donc s'est basé Holzhauser et ceux qui le suivent sur ce terrain, pour nous prophétiser une "gloire crépusculaire" dans Philadelphie ? La réponse est simple. Holzhauser se base uniquement sur... une analogie mystique avec le sixième Âge : a) ce qu'il appelle la sixième époque du monde ("Nous trouvons le type de cette période -la sixième Église- dans la sixième époque du monde"), b) le sixième jour de la Création ("C'est aussi à cette sixième période -la sixième Église- qu'en raison de la similitude de sa perfection se rapporte le sixième jour de la Création, lorsque Dieu fit l'homme à sa ressemblance et lui soumit toutes les créatures du monde pour en être le seigneur et le maître"), c) le sixième esprit du Seigneur ("C'est encore à cette sixième période que se rapporte le sixième esprit du Seigneur, savoir : l'esprit de sagesse que Dieu répandra en abondance sur toute la surface du globe en ce temps-là").
           
        Nul doute, certes, que l'analogie mystique basée sur le chiffre six (signifiant une perfection) soit très-exacte. Par contre, l'interprétation, l'application temporelle à Philadelphie de cette dite analogie mystique est fort délicate à faire par un lointain prophète, même catholique et fort respectable : elle n'est révélée vraiment par le Saint-Esprit aux hommes qu'au moment où la Prophétie s'accomplit, dans les temps même où elle s'accomplit. Car c'est le suc de la Prophétie dont la connaissance est seulement utile au salut de ceux qui ont ce temps à traverser. Nous avons donc, nous autres qui vivons Philadelphie, un immense avantage sur Holzhauser, qui a rédigé son ouvrage... en 1620, dans les lointains commencements de Sardes, ayant par ailleurs beaucoup souffert dans son apostolat vénérable, des hérétiques protestants, et voulant espérer, c'est humain et excusable, une période de l'Église où les méchants seraient abattus. Or, nous sommes bien à même de voir que cette application qu'il fait à Philadelphie de la perfection du sixième âge, sous la forme d'un triomphe temporel avec le règne jumelé d'un saint pape et d'un grand monarque, n'est pas du tout exacte. Que le sixième âge (que ce soit celui du monde, des dons du Saint-Esprit, de la Création, ou de l'Église) soit marqué par une perfection, c'est une grande vérité ; en déduire, comme le fait Holzhauser, et tant d'autres à sa suite, que cette perfection dans Philadelphie doit être EXTÉRIEURE ET GLORIEUSE, non seulement rien n'est moins sûr mais cela est formellement contredit par l'Ange qui enseigne à Philadelphie ce qu'elle aura à vivre, qui est exactement contraire, nous venons de le voir.
           
        Raoul Auclair, voulant suivre en cela Holzhauser, s'est échiné dans ses ouvrages mélangés à concilier dans Philadelphie une Église sur laquelle l'Ennemi a pouvoir de mettre son joug odieux (car elle n'est plus maîtresse des destinées du monde dans cette époque de sa vie militante), avec un triomphe extérieur de cette même Église sous le règne d'un saint-pape et d'un grand-monarque. Peine perdue !, la contradiction est évidemment trop flagrante... Quant à Holzhauser, il est si illuminé de son analogie avec le sixième âge des choses, qu'il veut absolument traduire en une gloire temporelle très-certaine pour Philadelphie, qu'il n'est pas gêné d'attribuer le "peu de force" dont l'Ange qualifie cette sixième Église, et qui contredit bien sûr de plein fouet cette prétendue gloire extérieure qu'il veut voir dans Philadelphie, à... la fin de Sardes, en contradiction totale avec la révélation apocalyptique : "... Car, vers la fin des temps du cinquième âge, ceux-ci [les serviteurs de Dieu] ayant peu de force, s'élèveront néanmoins contre les pécheurs qui auront renié la Foi à cause des biens terrestres, etc." !
       
        Holzhauser, ici, trafique carrément le texte apocalyptique, sans vergogne aucune (c'est tout-de-même bien surprenant...), en attribuant à Sardes ce que l'Ange dit de Philadelphie !! Évidemment, à partir de là, on peut faire dire tout et n'importe quoi au texte révélé. C'est dire le peu de valeur de son Interprétation, etc., toute entière basée sur l'a-priori illuministe total et presque forcené d'une prétendue gloire temporelle de l'Église pendant Philadelphie, décidé par lui une fois pour toutes en prolégomènes...! On pourra noter ici, un rien goguenard, que le marquis de La Franquerie et son éditeur Jean Auguy (éd. de Chiré), dans la plaquette Le saint pape et le grand monarque d'après les prophéties, 1980, ont recopié inintelligemment telle quelle, pp. 7 & 8, dans le contresens et l'obscurantisme le plus total, l'erreur fort grossière d'Holzhauser, ... sans aller même vérifier dans l'Apocalypse !, attribuant le "peu de force" à Sardes alors que saint Jean, de par Dieu, l'applique à Philadelphie ! C'est bien sûr bougrement gênant d'appliquer le "peu de force" à Philadelphie quand on a décidé que cette sixième église devait voir le règne glorieux du saint pape et du grand monarque...!!!
           
        Or bien, donc, la perfection inhérente au sixième âge de l'Église, Philadelphie, est réelle, mais de nature purement INTÉRIEURE et non extérieure, ce qui était complètement impossible, d'ailleurs, étant donné ce "peu de force" qui la caractérisait essentiellement. C'est la très-sainte Vierge Marie, Reine des Prophètes, qui, un peu avant que Philadelphie ne s'ouvrît, en 1846, alors que Sardes était déjà bien fort avancé, a révélé par avance aux fidèles de Philadelphie quelle serait la nature exacte de la perfection du sixième âge ecclésial. Ce qu'elle fait dans le Secret donné à Mélanie Calvat, quand, sortant de la vision affreuse de l'Apocalypse, elle s'adresse avec un Amour inexprimable aux fidèles qui auront à passer le temps de la sixième Église, martyrisés par l'Antéchrist-légion. Considérons et méditons bien ce qu'elle dit, chacun de ses mots est une révélation : "MAIS LES ENFANTS DE LA FOI, MES VRAIS IMITATEURS, CROÎTRONT DANS L'AMOUR DE DIEU ET DANS LES VERTUS QUI ME SONT LES PLUS CHÈRES. HEUREUSES LES ÂMES HUMBLES CONDUITES PAR L'ESPRIT-SAINT ! JE COMBATTRAI AVEC ELLES JUSQU'À CE QU'ELLES ARRIVENT À LA PLÉNITUDE DE L'ÂGE". Il y a là comme qui dirait une explicitation de ce que la très-sainte Vierge viendra faire à Fatima, de ce surcroît d'aide surnaturelle qui sera donné aux fidèles dès lors que Philadelphie s'ouvrira, en 1917, comme l'avait bien vu Claire Ferchaud.
           
        Il ressort donc de cette révélation mariale impressionnante que les fidèles de la sixième Église, ceux "qui ont peu de force mais qui n'ont pas renoncé mon Nom" (et c'est l'humilité certes le meilleur moyen pour garder la Foi quand on est faible), PAR LE SEUL FAIT DE GARDER LA FOI, bien que cette Foi soit terriblement foulée aux pieds par la Bête (surtout sur le Siège de Pierre !), CROÎTRONT en sainteté jusqu'à devenir les plus grands saints que l'Église ait jamais enfantés ! Car dans cette croissance, ils seront conduits par l'Esprit-Saint dont le propre est précisément d'opérer une sainteté de PERFECTION dans les âmes qu'Il conduit. La sainteté à laquelle doivent aboutir tous les fidèles de la sixième Église qui, à la fin, n'auront point renoncé le Nom de Jésus-Christ, est une sainteté de PERFECTION, une sainteté sous les auspices bénis de Marie. Or, cette sainteté de perfection qu'aucun âge de l'Église n'aura jamais connue même de loin, qui élèvera considérablement chaque chrétien vers les sommets spirituels, dont sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus, avec sa petite voie d'enfance spirituelle, fut pratiquement, juste avant que ne s'ouvrît Philadelphie, le phare et le modèle achevé, sera acquise progressivement dans un grand mystère entre l'âme et Dieu, tout au long de la très-purificatrice sixième Église... un mystère si grand que l'âme même n'en a pas absolument conscience, si tant est qu'elle l'a. C'est cette croissance extraordinaire menant à une sainteté de plénitude jamais atteinte dans tous les âges de l'Église, que nous révèle la très-sainte Vierge à La Salette : "Je combattrai avec les enfants de la Foi, mes imitateurs, jusqu'à ce qu'ils arrivent à la plénitude de l'âge". Car la recherche et la poursuite par les âmes fidèles de la perfection est elle-même perfection, il est dit, en effet "Cherchez et vous trouverez", sous-entendu : immédiatement ; le futur employé, ici, n'est pas lointain et séparé du présent, il lui est immédiat et surtout lié (c'est ce temps que la grammaire française a baptisé : futur immédiat).
           
        C'est pourquoi, cette perfection intérieure qui n'éclatera qu'à la fin du sixième âge de l'Église, à la fin de Philadelphie, est l'attribut BIEN RÉEL de toute la durée de Philadelphie.
 
        Voilà donc le véritable sens de la perfection du sixième âge ecclésial, de Philadelphie : une perfection toute INTÉRIEURE, c'est-à-dire qu'il sera donné aux fidèles de Philadelphie une grâce de sainteté mariale que n'aura jamais eue aucun autre âge de l'Église. Et dont on peut penser qu'elle leur servira pour "acheter" la grâce du Millenium : n'est-ce pas ainsi qu'il faut comprendre les choses, en méditant sur la manne dans le désert ? Pendant cinq jours, il fallait en ramasser une mesure par jour, mais pendant le sixième jour, une double mesure, à valoir, et pour le sixième et pour le septième jour où il fallait se reposer... C'est alors que se comprend fort bien la plénitude de l'âge dont jouiront les heureux privilégiés qui accèderont au Millenium, que saint Irénée de Lyon nous décrit ainsi : "Que toute créature [accédant au Millenium] doive, selon la volonté de Dieu, croître et parvenir à la plénitude de sa stature, pour produire et faire mûrir de tels fruits, c'est ce que dit Isaïe : «En ce temps-là, toutes les montagnes les plus hautes, et toutes les collines les plus élevées seront arrosées de ruisseaux d'eaux courantes. (...) Alors la lumière de la lune deviendra comme la lumière du soleil ; et la lumière du soleil sera sept fois plus grande, comme serait la lumière de sept jours ensemble, lorsque le Seigneur aura bandé la plaie de son peuple, et qu'Il aura guéri la blessure qu'il avait reçue» (Is XXX, 25-26)". Et de préciser, plus loin : "C'est réellement que l'homme s'exercera à l'incorruptibilité, qu'il croîtra et qu'il parviendra à la plénitude de sa vigueur aux temps du Royaume, jusqu'à devenir capable de saisir la gloire du Père" (Contra Haereses, Livre V). Les fidèles de Philadelphie sont donc formés par la très-sainte Vierge Marie elle-même, pour atteindre la plénitude de l'âge qui sera le modus commun de tous les hommes dans le Millenium...
           
        Car au fait, entre Philadelphie et le Millenium, il n'y a qu'une très-courte parenthèse, quand bien même elle est fort redoutable, celle du règne de l'Antéchrist-personne qui, dans le cadre de Laodicée, ne durera que très-peu de temps.
           
        Et justement, deuxième sens de cette perfection toute intérieure qui marquera Philadelphie, pendant que les fidèles souffriront le martyre (de l'âme et/ou du corps), tout au long du sixième âge de l'Église que possèdera implacablement l'Antéchrist-légion, pendant qu'ils croîtront spirituellement et d'une manière fort cachée et secrète pour parvenir à la plénitude de l'âge, pendant ce temps-là donc, les Anges feront le marquage des élus... dont l'infâme 666 sera la contrefaçon diabolique dans Laodicée, dès que Philadelphie sera clos : "Je vis encore un autre ange qui montait du côté de l'orient, ayant le sceau du Dieu vivant : et il cria à haute voix aux quatre anges qui avaient reçu le pouvoir de frapper de plaies la terre et la mer, en disant : Ne frappez point la terre, ni la mer, ni les arbres, jusqu'à ce que nous ayons marqué au front les serviteurs de notre Dieu" (Apoc VII, 2-3). Voilà une autre forme de la perfection intérieure inhérente à Philadelphie, et qui est le marquage des élus, car ceci se passe à l'ouverture du sixième Sceau... donc pour la sixième Église, c'est-à-dire tout du long de cette sixième période ecclésiale. Or, cette marque surnaturelle qui sera apposée sur les fidèles de Philadelphie, ce signe électif, c'est... la très-sainte Vierge Marie elle-même. Écoutons-la nous le révéler à Marienfried, en 1947 : "Je suis LE SIGNE DU DIEU VIVANT. J'imprime mon sceau sur le front de mes enfants. L'Étoile persécutera mon Signe, mais mon Signe vaincra l'Étoile" (soit dit en passant, il n'est pas anodin de remarquer que non seulement le matériel de guerre soviet mais aussi celui américain, porte l'Étoile...). Philadelphie est donc dans une grande perfection spirituelle intérieure. C'est pourquoi l'on notera avec soin qu'elle est la seule Église parmi les sept Églises mystiques de l'Apocalypse à laquelle l'Ange ne fait aucun reproche, comme il en fait à toutes ses consœurs : c'est en relation certaine avec cette perfection spirituelle intérieure qui la caractérise...
           
        Conclusion : la perfection du sixième âge de l'Église, Philadelphie, est donc purement INTÉRIEURE, et non pas extérieure. Je préfère quant à moi suivre sur cela la très-sainte Vierge Marie à La Salette, dans son Secret si extraordinaire pour peu qu'on le médite, plutôt que le bienheureux Holzhauser, si saint soit-il par ailleurs, ce que cet apôtre qui fit beaucoup pour réparer les méfaits du protestantisme en Allemagne était certainement (il est bon ici de rappeler, pour ceux qui auraient tendance à prendre son commentaire apocalyptique comme Parole d'Évangile, que lorsque l'Église déclare un bienheureux, elle ne canonise nullement ses écrits, moins encore ses prophéties ; il est par ailleurs assez étrange que Holzhauser ait arrêté son commentaire de l'Apocalypse au ch. XV parce qu'il ne se sentait plus... inspiré de Dieu pour continuer, comme il l'avoue lui-même en toute humilité à ses disciples : "Lorsque ses disciples lui en demandèrent la raison, il leur répondit ingénument qu'il ne se sentait plus animé du même esprit, et qu'il ne pouvait pas continuer" - Préface, chanoine de Wuilleret). Au demeurant, on est bien obligé de constater que l'interprétation faite par Holzhauser de la prophétie de Philadelphie, la sixième Église de l'Apocalypse, est entièrement basée sur la seule analogie mystique du sixième âge, et non point sur le texte littéral apocalyptique lui-même qu'Holzhauser n'hésite point à contredire s'il le trouve en désaccord avec son interprétation, comme on l'a vu. C'était pratiquement faire de son interprétation... une nouvelle prophétie dans l'Église ! Cette nouvelle "prophétie" holzhausérienne avait donc grandement besoin elle-même de passer au feu de la vérité incarnée dans la réalisation prophétique qui a lieu, quant à Philadelphie, à partir de 1917, pour être vérifiée authentique ou bien non.
           
        Et le fait est que, passée au crible de la vérité, il n'en reste... rien.
           
        L'examen rigoureux de la question posée en titre de ce nouvel article Sommes-nous à Sardes ou à Philadelphie, voire déjà à Laodicée...!? aboutit donc à cette indubitable et sûre conclusion : NOUS VIVONS, NOUS LES CATHOLIQUES POST-VATICAN II, LE SIXIÈME ÂGE ECCLÉSIAL DE PHILADELPHIE, plus exactement, la fin de cet âge marqué par "la crise de l'Église", qu'à La Salette la Reine des prophètes avait qualifiée d'"affreuse"... Et Dieu sait assez si la réalité présente, surtout sur le Siège de Pierre, vérifie la prophétie salettine ! Ce qui signifie donc que nous nous apprêtons à vivre la redoutable charnière apocalyptique qui nous conduira à Laodicée, âge ecclésial ultime qui s'ouvrira avec l'apparition de l'Antéchrist-personne intronisé légitimement, en tant que pape, sur le Siège de Pierre, et ce sera, certes, l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint à son summum indépassable.
           
        ... Maintenant, ne me faites pas dire ce que je ne dis pas : je ne dis pas que notre actuel pape François sera le tout dernier pape de Philadelphie avant l'avènement de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre, je dis simplement qu'il vit, et nous avec, la fin de Philadelphie. Mais est-il le dernier pape ou l'avant-dernier, l'antépénultième ou le pénultième, avant Laodicée, ou bien faut-il en compter plusieurs après lui, continuant à nous faire mourir la fin de Philadelphie de cette mâlemort spirituellement atroce et affreuse qu'humainement parlant nous ne pouvons plus supporter ? Sans que l'âge ecclésial de Laodicée ne s'ouvrît encore apocalyptiquement ?
           
        Je n'en sais rien, strictement rien, absolument rien. Je m'en remets à Dieu, Lui demandant seulement de prendre à Sa garde ma propre sanctification. Si l'on m'avait dit, lorsque j'ai rédigé la première mouture de cet article dans les Annexes de L'extraordinaire Secret de La Salette il y a 28 ans déjà (!), en 1988, Jean-Paul II étant pape antéchristiquement régnant, qu'après lui il y aurait encore deux papes à remplir le Siège de Pierre sans que nous vissions poindre à l'horizon la fin de Philadelphie, Sœur Anne, ne vois-tu rien venir ?, j'avoue que j'aurai eu beaucoup de mal à y croire.
           
        Alors, maintenant, à l'heure d'annhuy 2016, combien doit-il y avoir de pape(s) après le pape François, si tant est qu'il doit y en avoir encore un seul, sans voir la fin achevée de Philadelphie, c'est-à-dire l'introduction apocalyptique dans Laodicée par, hélas !, hélas !, hélas !, l'intronisation légitime de l'Antéchrist-personne sur le Siège de Pierre ?
           
        Dieu, et Lui seul, dont je suis et veux rester l'humble, aimant, et très-inutile serviteur, le sait... et cela me suffit.
 
En la fête de la Purification
de la très-sainte Vierge Marie,
ce 2 février 2016.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
02-02-2016 11:35:00
 

Comment je suis arrivé à la thèse de "la Passion de l'Église" (nouvelle Préface de L'Impubliable)

 
 
 
Comment je suis arrivé à la thèse de
"LA PASSION DE L'ÉGLISE"
(nouvelle Préface de L'Impubliable)
 
           
       
Preambulum
       
        ... Comment j'y suis arrivé ? Premièrement, en étant broyé et laminé par le Saint-Esprit dans la mort mystique de l'Église, par pure volonté et choix divins.
           
        Nul, en effet, ne peut comprendre "LA PASSION DE L'ÉGLISE", c'est-à-dire ce que l'Église vit et meurt en nos jours ultimes précurseurs de la Fin des fins, sans y participer dans sa chair et dans son âme in concreto duro. Or, il n'est pas au pouvoir de l'humain d'y participer de lui-même, même en le voulant très-fort, seul Dieu peut donner la grâce de cette participation à "LA PASSION DE L'ÉGLISE", à la fois terrible et souhaitable.
           
        Je serai donc... une "âme privilégiée" ? Éh ! Je vais parler en insensé comme dit saint Paul, mais oui, je suis une "âme privilégiée" (!!!) et même très-privilégiée, comme ayant reçu de par Dieu une "révélation", la révélation de ce que l'Église vit et meurt aujourd'hui, et... en cela seulement. Quand bien même le miroir de mon âme me tient dans l'humiliation de mon péché, en le mettant devant mes yeux tous les jours, le Saint-Esprit a daigné formater ma vie dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" dès ma prime jeunesse. Ceci dit, pour les grandes lignes ; les autres vous seront communiquées au Jugement dernier.
           
        Cette Préface à la 7ème édition de L'Impubliable, que je viens de rédiger, est fort importante, et c'est pourquoi j'en fais un tiré-à-part et la mets sans tarder dans les actualités du Blog (si on veut la lire dans son contexte, cliquer sur :
           
        Elle est rédigée en gros vingt ans après que j'eus compris que l'Église, singulièrement depuis Vatican II, vivait la Passion du Christ, institutionnellement, universellement, "dans l'Absolu" (Léon Bloy), sans retour possible à une situation non-crucifiée, et avec comme seul et unique dénouement, LA MORT (c'est-à-dire que l'Épouse du Christ doit mourir dans l'économie de salut actuelle, aux fins de ressusciter apocalyptiquement, après une Parousie du Christ Glorieux qui ne sera pas encore la dernière, plus belle et plus glorieuse encore, dans une nouvelle économie de salut qu'il est convenu d'appeler Millenium ou Règne du Saint-Esprit ou encore IIIème Testament, car en effet celle-ci sera au Nouveau Testament ce que celui-ci était à l'Ancien). 
           
        C'est donc avec le recul et la sagesse des ans passés qui décantent le regard de l'âme, que, dans cette dite Préface, j'expose synthétiquement la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que j'explique simplement et en résumé "comment j'y suis arrivé", par quels cheminements intellectuels et spirituels bien surprenants... et qui m'ont moi-même bien surpris.
           
        Je ne saurai trop en conseiller la lecture attentive à toute âme de bonne volonté qui veut comprendre ce que, de nos jours, l'Esprit dit à l'Église, comme dit le moderne, aux fins d'y participer salvifiquement. Et cela consiste essentiellement à se tenir héroïquement au pied de la croix co-rédemptrice sur laquelle est pendue, de nos jours, non plus cette fois-ci Jésus-Christ, mais l'Église Universelle, catholique, apostolique et romaine. Dans l'attente de sa mort crucifiée, pardon, dans l'attente de la Vie glorieuse qui suivra cette mort ecclésiale, qui s'effectuera dans la figure du monde qui passe et sous la main maudite de l'Antéchrist-personne, tant il est vrai que, comme l'exprime liturgiquement l'Hymne de la messe pascale, Mors et vita duello, conflixere mirando, dux vitae mortuus, regnat vivus ! (La mort et la vie sont dans un duel merveilleux, l'Auteur de la Vie est mort, et, vivant, Il règne !)
           
        Bonne lecture ! 
 
 
 
Préface
(de L'Impubliable)
 
"Mon Dieu, mon Dieu, Pourquoi m'as-tu abandonné ?
Les cris de mes péchés sont cause que le salut est bien éloigné de moi.
(…) Cependant, Il n'a point détourné de moi son Visage ;
mais Il m'a exaucé lorsque je criai vers Lui"
(Ps. XXII, dit de la déréliction du Juste)
           
        Les prémisses de la longue étude qui va suivre ont été posées originairement dans le cadre de mon grand Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, comme formant une partie importante de la Conclusion générale de l'ouvrage (pp. 655-697).
           
        Depuis la parution de ce Traité, en septembre 1997, quelques lecteurs, daignant trouver ces pages finales très-éclairantes sur la situation exacte de l'Église après Vatican II, m'ont conseillé d'en faire un tiré-à-part.
           
        J'acquiesce d'autant plus volontiers à leur désir, que c'est aussi le mien de mettre au grand jour, le plus possible, la Vérité vraie de "la crise de l'Église" générée principalement par Vatican II, parce que seule la vérité épanouit et libère l'âme fidèle, Veritas liberabit vos. J'ai donc repris les quelques pages rapides que j'écrivais alors en conclusion de mon Traité, pour les développer considérablement en une étude la plus exhaustive possible, afin que l'exposé théologique, autant dans les condamnations des positions traditionalistes principales que dans la présentation de la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", ne puisse être attaqué de quelque manière que ce soit. C'est ce travail que vous allez lire maintenant.
           
        En fait, de quoi s'agit-il ? Il s'agit essentiellement de trouver dans la Foi une explication à la situation ecclésiale aberrante issue de Vatican II, théologiquement incompréhensible de prime abord, et qui s'énonce ainsi : Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse.
           
        Ce décret magistériel ayant valeur d'exemplaire pour toute "la crise de l'Église", il est juste de le prendre comme fondement du problème théologique. C'est d'ailleurs la plupart du temps contre lui, et l'orientation œcuméniste hétérodoxe tout azimut qui s'en est suivi dès immédiatement après la clôture du concile, que les traditionalistes ont réagi pour garder la Tradition doctrinale, allant, pour certains, on le sait, jusqu'à dénier toute légitimité à l'Église qui l'avait promulgué, et pour d'autres, en faire le fondement de "discussions doctrinales" avec les hauts-prélats romains (... dont le plus clair, soit dit en passant, est qu'il en est sorti de l'eau de boudin).
           
        Il importe donc extrêmement, tout d'abord, de bien comprendre ce qu'est ce Décret, sous l'angle théologique. Une fois l'exposition théologique bien faite, le problème qu'il pose se résoudra (presque) tout seul. Tant il est vrai que bien poser les bases d'un problème, c'est déjà le résoudre à moitié.
           
        Considérons que cet acte magistériel regarde trois lieux théologiques. 1/ les "membres enseignants" qui signent cet acte, soit le pape et les évêques conciliaires avec lui, par rapport à leur légitimité ; 2/ le cadre magistériel de l'acte ou contenant, par rapport au charisme de l'infaillibilité ; 3/ le contenu textuel de l'acte, par rapport à l'orthodoxie doctrinale.
           
        Je vais d'ores et déjà donner ici, sans plus attendre, les conclusions formelles auxquelles je suis arrivé en finale de toute ma longue enquête, en m'appuyant sur les fondamentaux certains de la Foi, et dont on trouvera, au fil de l'écrit qui va suivre, toute l'argumentation serrée, basée sur la Foi et les faits de l'Histoire ecclésiastique, donc indiscutable.
           
        Quant au 1/, à savoir la légitimité des Pères conciliaires à commencer bien sûr par celle du pape, celle de Paul VI. Il n'est pas permis, sous peine d'anathème, de dire que les papes de Vatican II & post ne sont pas légitimes (= thèse sédévacantiste). Car la règle prochaine de la légitimité pontificale n'est pas que le pape a la Foi dans son magistère, contrairement à ce que pensent indûment les sédévacantistes, mais qu'il est reçu et reconnu comme Vicaire actuel du Christ, receptus & probatus, par l'Église Universelle, représentée ordinairement, dans nos temps modernes, par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique (la règle que le pape doit avoir obligatoirement la Foi dans son magistère existe bien, certes, mais elle est une simple subséquence de la reconnaissance ecclésiale universelle du pontife romain, qui est, et elle seule, la règle prochaine de la légitimité pontificale : elle la suit et ne la précède pas ; c'est-à-dire, pour suivre le raisonnement sédévacantiste, que si le pape est déficient quant à la Foi dans son Magistère, c'est à l'Église Universelle représentée par les cardinaux en corps d'institution, de le dire, et d'en tirer la conséquence pour la légitimité de ce pape, et personne d'autre ne peut les suppléer pour cela, et surtout pas de simples "membres enseignés" comme le sont... tous les sédévacantistes). Or, bien sûr, à commencer par Paul VI, le signataire de la Liberté religieuse hétérodoxe, puis tous ceux qui le suivront sur le Siège de Pierre en la professant eux aussi, tous et chacun ont dûment bénéficié de cet acte de reconnaissance ecclésiale universelle de leur qualité de Vicaire actuel du Christ, toujours de l'ordre du fait dogmatique de soi infaillible, le dernier en date s'appelle François. Cet acte est en effet une loi fondamentale de la Constitution divine de l'Église, qu'on ne peut dénier sans abdiquer immédiatement la Foi, ipso-facto, je le dis bien sûr en direction, on l'a deviné, des... sédévacantistes. Ainsi donc, pour conclure ce point, il est rigoureusement impossible de soutenir, pour tacher de trouver une porte de sortie à l'acte magistériel hérétique de la Liberté religieuse, que les acteurs de Vatican II, qui avaient pouvoir et mandat de mettre en œuvre l'infaillibilité dans l'Église le 7 décembre 1965, singulièrement le pape, n'étaient pas de vrais "membres enseignants".
           
        C'est pourquoi j'ai intitulé le chapitre dénonçant le sédévacantisme, "la désolation de l'abomination" : rien de plus désolant, abominable, en effet, que cette position qui s'avère être, au final, fort gravement schismatique et hérétique.
           
        Pour ce qui est du 2/, à savoir le cadre formel de l'acte magistériel de la Liberté religieuse, quant à la mise en œuvre, ou bien non, de l'infaillibilité ecclésiale. Les clercs de Mgr Lefebvre soutiennent quant à eux, pour s'en sortir, que si le pape et les évêques qui ont signé la Liberté religieuse le 7 décembre 1965 sont bel et bien de vrais et légitimes "membres enseignants" de l'Église, qu'il n'en faut certes point douter, par contre, ce décret magistériel n'est pas du tout doté de l'infaillibilité, comme n'étant pas une manifestation du Magistère ordinaire & universel, moins encore l'est-il de celui dogmatique extraordinaire, il ressortirait soi-disant seulement d'un prétendu Magistère "authentique" de soi non-doté de l'infaillibilité, dont il est bon de savoir, par ailleurs, ce que se gardent bien de préciser les lefébvristes, que ce très-moderne voire moderniste département magistériel est très-récent dans l'Église, véritable bébé vagissant dans la dogmatique (les théologiens ont commencé à en parler seulement à partir des années 1900, pas avant, et encore, sans le définir exactement...). Ainsi, la chose s'arrangerait (sur l'air de : Tout va très bien, Madame la marquise) : le décret conciliaire sur la Liberté religieuse serait bien sûr extrêmement regrettable, un lapsus très calami pour sûr !, mais n'attaquerait en rien la Constitution divine de l'Église... puisque l'infaillibilité n'y est pas engagée. Malheureusement, c'est une thèse théologiquement absolument insoutenable, irrecevable, et les lefébvristes font une très-grave faute contre la Foi que de la soutenir, car ils ne peuvent le faire, comme ils le font hélas sans vergogne aucune et en rejetant perseverare diabolicum toute critique à ce sujet, qu'en attaquant hérétiquement le concept catholique du Magistère ordinaire & universel d'enseignement, de soi toujours infaillible, concept bien enseigné, sans équivoque aucune, par les Pères de Vatican 1er : or, si l'on suit l'enseignement des Pères de Vatican 1er, le Décret magistériel de la Liberté religieuse est indiscutablement un acte qui ressort bel et bien du Magistère d'enseignement doctrinal ordinaire & universel, de soi toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale, et non point d'un prétendu Magistère "authentique", de soi non-infaillible.
           
        C'est pourquoi, j'ai intitulé le chapitre dénonçant le lefébvrisme, "l'abomination de la désolation" : rien de plus abominable, désolant, en effet, que cette position qui humanise l'Église du Christ en la présentant comme une Institution humaine faillible dans son Magistère d'enseignement doctrinal universel, à la moderniste (... un comble, pour ceux qui se sont mis gaillardement sous le patronage de saint Pie X, le grand pourfendeur du modernisme !).
           
        Et quant au 3/, à savoir le contenu doctrinal de l'acte magistériel quant à son orthodoxie catholique. La dernière porte de sortie consiste à reconnaître que le pape est effectivement bien pape en signant cet acte, que le cadre magistériel formel ou contenant est effectivement bien doté de l'infaillibilité (au moins quant au § 2 de Dignitatis, définitionnel, noyau substantiel et fondement de tout le décret), mais que le contenu de l'acte, à savoir la doctrine de la Liberté religieuse elle-même, n'est pas vraiment une hérésie formelle, et que même on peut trouver un fil d'Ariane (quoique mystérieusement... invisible, jusque là !) entre la doctrine traditionnelle et la Liberté religieuse : c'est, comme chacun le sait bien, la thèse soutenue principalement par ceux qui se sont séparés de Mgr Lefebvre au moment des sacres épiscopaux en 1988, les "ralliés". Malheureusement, là encore, la thèse est absolument insoutenable, irrecevable dans la Foi : il y a bel et bien, contrairement aux salmigondis de raisonnements des "ralliés", qu'on veuille bien me passer le mot il n'est que trop justifié quand on lit leurs écrits, antinomie doctrinale formelle entre la doctrine catholique sur la question et la Liberté religieuse : j'invite fortement le lecteur qui en douterait à lire d'un trait, en regard synoptique, Quanta Cura de Pie IX et Dignitatis Humanae Personae de Paul VI dans la foulée (cf. les pp. 46-47, où j'ai réuni ces deux textes), pour constater que ces deux documents magistériels, disent, l'un le blanc, l'autre le noir, sur une base définitionnelle absolument identique de la Liberté religieuse.
           
        J'ai inclus, peut-être à tort, cette troisième dénonciation dans la seconde, en tous cas elle mérite le même jugement lapidaire que celle-ci, à savoir : abominable, désolant, nous sommes là encore, en effet, en plein dans "l'abomination de la désolation"...
           
        ... Mais alors, alors, s'il en est bien ainsi, cela signifie donc vraiment que l'énoncé théologique du problème de "la crise de l'Église", reste absolument intact, debout, solide comme roc...?!? Je le rappelle ici : Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse. Si l'examen approfondi révèle en effet qu'aucun des trois lieux théologiques qui composent l'énoncé du problème, ne peut être trouvé en défaut, alors c'est très-simple, nous sommes vraiment devant une contradiction radicale DANS l'Église (dont je vais dire, dans quelques lignes, comment elle peut se comprendre dans la Foi catholique : car évidemment, au premier degré, la contradiction DANS l'Église signifie que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église"...).
           
        Je ne suis évidemment pas arrivé tout-de-suite à ce constat de prime abord impensable, car bien sûr la Foi semble interdire de seulement y penser, et c'est pourquoi on l'exclue d'office, sans même l'examiner. En commençant l'examen théologique de "la crise de l'Église" à la suite des tradis, j'étais au contraire, un peu comme tout le monde chez eux, persuadé que la solution, aux antipodes d'avoir à aboutir à ce constat de contradiction DANS l'Église, consisterait dans le fait qu'un des trois lieux théologiques susdits serait pris en défaut dans l'acte magistériel de la Liberté religieuse, et mon travail consistait donc simplement à découvrir lequel des trois faillissait, pour apporter "la solution théologique de la crise de l'Église" qui permettrait aux tradis, et plus généralement à tous les catholiques et aux âmes de bonne volonté, d'être "un seul corps et un seul esprit" (Eph. IV, 4), et que soit enfin détruit sans retour ce honteux et scandaleux "cercle d'erreurs et de disputes, qui tourne incessamment sur lui-même" (saint Hilaire de Poitiers, au temps de l'arianisme) dans lequel les cathos, surtout ceux tradis, croupissent tous depuis "l'été chaud 1976", c'est-à-dire depuis la première réaction tradi médiatisée. Ce fut ma pensée au départ. Mais je fus de plus en plus surpris, plus j'avançais dans ma longue étude, d'être bien obligé, acculé, de prendre acte qu'aucun des trois lieux théologiques, ô stupeur !, ne pouvait être trouvé... en défaut.
           
        Approfondir les raisons des sédévacantistes n'avait abouti qu'à faire briller devant mes yeux admiratifs un magnifique joyau de la Foi, à savoir l'infaillibilité de la désignation, par l'Église Universelle, de sa Tête, c'est-à-dire d'un pape actuel légitime, car elle y "engage sa destinée" (cardinal Journet) : et par conséquent il était rigoureusement exclu de dénier la qualité de Vicaire du Christ d'abord à Paul VI quand il promulgue le décret sur la Liberté religieuse (et bien sûr à Jean XXIII avant lui), puis à tous ceux qui le suivirent sur le Siège de Pierre, puisque tous et chacun d'entre eux avaient dûment bénéficié de cette dite désignation ecclésiale universelle infaillible... Approfondir les raisons des lefébvristes niant que le Décret peccamineux fut doté de l'infaillibilité ecclésiale, n'avait fait que montrer à mon âme émerveillée et mettre à son grand jour, un pur diamant de la dogmatique, à savoir la si belle doctrine de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel, dont le susdit Décret hérétique était formellement une expression, et même une magnifique expression ! Donc, impossible de trouver en défaillance le deuxième lieu théologique, qui fait rentrer la Liberté religieuse, sans aucun doute, dans le cadre formel de l'infaillibilité magistérielle. Et, dernier de la liste, approfondir les raisons des "ralliés" quant à l'orthodoxie doctrinale de la Liberté religieuse, ne fit que faire mieux goûter à mon âme, infiniment reconnaissante, toute la force libératrice du dogme "Hors de l'Église, point de salut", directement antinomique de la Liberté religieuse, en étalant au grand jour la malhonnêteté intellectuelle profonde de ceux qui veulent, à la suite du pape Benoît XVI, qu'il y ait une possible "herméneutique de continuité" entre la Tradition et ladite anti-doctrine (car la Liberté religieuse n'est même pas une doctrine, c'est seulement la contradictoire formelle d'un dogme défini dans l'Église, et donc une anti-doctrine, c'est les ténèbres inexistentielles par rapport à la Lumière qui, seule, existe). En d'autres termes, la Liberté religieuse est tout ce qu'il a de plus une formelle hérésie, une hérésie formelle.
           
        Donc, disais-je, parvenu au terme de mon labeur, j'étais bien obligé de me rendre compte, tout-à-fait ébahi, interloqué, que l'espoir que j'avais en commençant mon étude, à savoir trouver lequel des trois lieux théologiques serait pris en défaut afin de le dénoncer, était vain, trompeur, illusoire, faux. Je restai donc prodigieusement surpris, interdit, devant ma propre conclusion, avec les yeux de l'âme de plus en plus fixés sur l'énoncé théologique du problème de "la crise de l'Église", dont toutes les parties le composant restaient indestructiblement... debout. Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse.
           
        Je ne compris pas du tout, dans un premier temps, comment il pouvait bien en être ainsi. C'était même sûr : il NE pouvait PAS en être ainsi. Car évidemment, je le répète, et tout lecteur catholique le comprendra aisément, l'énoncé du problème tend à démontrer, au premier degré de lecture, que "les portes de l'enfer ont prévalu à Vatican II contre l'Église"... Et cependant, plus j'insistai pour détruire l'énoncé, plus la Foi me montrait sa vérité entière, inattaquable, dans toutes et chacune de ses parties...
           
        Je fus un fort long temps à cogiter douloureusement le problème, sans pouvoir le résoudre le moins du monde, à mon grand dépit. "Éh quoi !, me disais-je, est-ce que Jésus-Christ n'assiste pas tous les jours son Église, comme Il l'a promis dans l'Évangile, donc en ce compris nos jours de "crise de l'Église" ? Alors, comment, pourquoi, le problème théologique de "la crise de l'Église" semble-t-il ne pas pouvoir se résoudre puisque Jésus-Christ assiste l'Église aujourd'hui, à l'heure d'annhuy, et que la non-possibilité d'une réponse à ce problème serait une preuve pratique que Jésus-Christ... ne l'assiste plus !? C'est-à-dire qu'on ne pourrait que se rendre à ce que signifierait au premier degré l'énoncé susdit, à savoir que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église" ?! Ce qui est tout-à-fait impossible, évidemment !!! Alors, alors, comment se fait-il qu'on ne trouve pas la réponse au    problème ? Etc."
           
        Un vieux prêtre tradi que, à l'occasion, j'avais vaguement consulté sur cette question, avait osé me dire, pour finir la conversation sur un sujet qui ne le prenait visiblement pas aux tripes : "Si on ne trouve pas de réponse, c'est probablement parce qu'il n'en existe pas, il n'y en a pas". Cela, c'était la solution du diable, j'en fus scandalisé. Quoi ! Quand la Constitution divine de l'Église semble mortellement atteinte à sa mœlle par les attendus théologiques plus que certains de la situation ecclésiale contemporaine, il n'y aurait pas d'explication, pas de solution au problème...?!? L'intelligence de la Foi serait donc chose vaine !?! Saint Paul enseigne que le catholique doit toujours être prêt à rendre compte de sa Foi à qui lui fait question ; j'avais trop conscience que si un païen contemporain me demandait raison quant à "la crise de l'Église", je ne pouvais rien lui répondre, et tous les cathos, singulièrement les tradis, n'avaient pas plus de réponse que moi. Mais cela revenait tout simplement à dire que Satan avait triomphé de l'Église, qu'elle était morte, et non pas comme le Christ sur la croix, c'est-à-dire avec espérance certaine de Résurrection et donc de triomphe définitif sur le mal, mais tout au contraire, définitivement vaincue par le diable et le péché du monde, sans plus aucun espoir de Résurrection...
           
        Quant à moi, tournant le dos avec indignation à ce pur blasphème, j'attendais la solution de Dieu, expectans expectavi Dominum, dans une certaine "vertu d'impatience", et plus elle me fuyait, plus j'étais résolu à ne quitter point le pré carré avant que de la trouver. C'était devenu un aiguillon qui me harcelait sans cesse. Je m'escrimais toujours et encore à trouver des raisons pour invalider l'un, puis l'autre, et encore l'autre, lieu théologique, composant l'énoncé du problème, mais les raisons échafaudées à hue et surtout à dia(ble), s'évanouissaient l'une après l'autre au feu impitoyable de la dogmatique catholique, à peine érigées debout, comme dérisoires mirages dans cruel désert, cela n'aboutissait qu'à me montrer toujours plus vrai de la Vérité de Dieu, toujours plus indestructible, le terrible et incroyable énoncé. Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse.
           
        Une pseudo-solution intermédiaire sur laquelle, avide, je jetais les yeux, qui voulait couper le pape en deux, un pape juridique ou materialiter sur la terre, le formaliter du pape ou Autorité divine pontificale restant quant à lui au Ciel, bien au chaud avec Jésus-Christ, ne fit que me faire rire, à défaut de me faire pleurer (comme disait ma grand'mère maternelle : "Il vaut mieux rire que pleurer, la grimace est plus belle"). Cette espèce de méchant Meccano pseudo-doctrinal, intellectualiste jusqu'à la folie, s'avérait tout ce qu'il y a de plus pitoyable, ridicule, c'était juste une sorte de psychanalyse rationaliste du problème, proprement scandaleuse sous l'angle théologique, puisque, à l'instar de l'hérésiarque Nestorius, elle déchire la tunique sans couture du Christ dans la personne Une du pape.
           
        Il y avait belle lurette, également, que j'avais tiré la chasse d'eau sur la thèse de "la survie de Paul VI", à laquelle j'avais cru innocemment et par défaut, dans les années 1980. Ce qui n'aurait été qu'un fait ecclésial qui semblait résoudre "la crise de l'Église" d'une manière très-simple, en professant que Paul VI s'était converti dans les années 1972 des hérésies de Vatican II, mais que sa personne avait été dès lors circonvenue par des cardinaux franc-maçons au plus près du Siège de Pierre, puis mise à l'écart, d'abord remplacée temporairement par un sosie, puis définitivement écartée lorsqu'il fut décidé de le faire mourir officiellement, ce fait ecclésial disais-je, ne solutionnait de toutes façons rien du tout, et pour au moins deux raisons fondamentales, de droit et de fait.
           
        1/ Quant à la raison de droit, théologique, cela ne servait à rien, en effet, de croire en un Paul VI "tout blanc", redevenu pur de l'hérésie vaticandeuse par conversion personnelle ultérieure, car une telle conversion personnelle ne pouvait en aucun cas "reblanchir" l'Église hérétiquement atteinte dans et par Vatican II. Et je me reproche quelque peu d'être resté paresseusement trop longtemps accroché à cette histoire douteuse basée sur un fait ecclésial qui ne résolvait de toutes façons en rien "la crise de l'Église" au niveau du droit ecclésial. Le droit théologique, le de jure de la Constitution divine de l'Église sur lequel, à partir des années 1990, mon esprit portait de plus en plus son attention, parce que Dieu en était l'Auteur et que la solution de "la crise de l'Église" est en Dieu et nulle part ailleurs, renversait en effet in radice ce dérisoire rêve d'enfant, ce pauvre château bâti en Espagne : à quoi, en effet, sur le plan théologique, pouvait-il bien servir à Dieu de faire réapparaître un Paul VI converti qu'Il aurait gardé mystérieusement en survie, puisqu'il s'agissait du pape promulgateur de... l'hérétique Liberté religieuse ? À rien, bien évidemment. La conversion a-posteriori, en tant que docteur privé, du pape signataire de la Liberté religieuse ne pouvait de toutes façons en rien réparer théologiquement la promulgation dudit décret hérétique fait par Paul VI en tant que docteur universel des catholiques, le 7 décembre 1965. Car dans cet acte officiel d'Église, ce n'est pas sa personne privée mais le docteur universel des catholiques, qui a agi formellement in Persona Ecclesiae. C'est donc l'Église Universelle qui assume et endosse le décret hérétique de la Liberté religieuse, dès lors qu'il a été dûment promulgué, comme ce fut bien sûr le cas. Or, un acte magistériel de cette nature, doté de soi de l'infaillibilité, une fois posé, ne peut plus être réformé, plus rien ne peut le modifier a-posteriori, et bien entendu, la conversion ultérieure du pape signataire n'a aucune espèce d'incidence sur lui, ne peut nullement l'annihiler rétroactivement. Ce qui signifie bien évidemment que le gros problème théologique qu'il pose, demeure intact... avec ou sans survie de Paul VI, dont l'éventuelle réapparition au monde est donc parfaitement inutile, sur le plan théologique. Et Dieu ne fait pas de miracle sans raison.
           
        2/ La seconde raison qui montrait la fausseté intrinsèque et radicale de cette thèse simpliste, c'est que l'étude approfondie de l'Histoire ecclésiastique moderne montre que ce sont D'ABORD les papes eux-mêmes, et non pas des "infiltrés-comploteurs" immiscés "aux veines de l'Église" comme disait romantiquement le pape Pie X en parlant des modernistes, qui mettent l'Église "sous la puissance des ténèbres", et, peu ou prou, eux TOUS depuis le Concordat hérétique de Pie VII (... en ce compris Pie X, d'ailleurs !). Les ennemis ayant obscurci l'Église dans le terminus ultime que fut le concile Vatican II n'étaient donc pas à chercher extra muros, avec en finale un pape prisonnier d'eux, victime co-expiatrice parfaitement innocente, l'Histoire ecclésiastique la plus impartiale montre au contraire d'un terrible doigt justicier et révélateur, qu'ils étaient à chercher et hélas à trouver intra muros, c'étaient... les papes eux-mêmes qui, depuis Pie VII jusqu'à François, mettaient et mettent toujours et encore l'Église sous "la puissance des ténèbres", avant Vatican II, comme pendant, et bien sûr après ! Dès lors, à quoi servait-il donc bien de dédouaner l'un d'entr'iceux-là, Paul VI, de l'hérétique décret de la Liberté religieuse, puisque cedit hérétique décret avait été préparé de très-longue main hélas par la déviance pontificale commencée par le Concordat de Pie VII, poursuivie par le Ralliement de Léon XIII, sans parler du laïcisme étatique admis sans réserve, voire promue !, par les Pie XI et les Pie XII (cf. par exemple, les scandaleux sept démocrato-onusiens Noëls 1939-45 de ce dernier) ? Et que Paul VI n'avait rien fait d'autre, à Vatican II, que de finir les phrases concordataires qu'avaient hérétiquement commencées à prononcer tous ces papes modernes avec les États constitutionnellement athées issus de la Révolution, ces "filles de Babylone" (Louis Veuillot) !? À rien, bien évidemment. C'était ne rien comprendre au fond du problème de "la crise de l'Église" que de vouloir que la conversion personnelle de Paul VI puisse faire en sorte que l'Église n'ait pas à vivre sous l'économie de la Passion du Christ, être et vivre désormais sous "la puissance des ténèbres" sous laquelle tous ses prédécesseurs de Vicaire du Christ depuis la Révolution l'avait mise. Car il y a là une action de la Providence divine quant à l'Église Universelle qui dépasse bien évidemment la personne d'un pape...
           
        Une fois bien pris conscience de ces deux points, dont un seul suffisait à dirimer radicalement la thèse de "la survie de Paul VI", cet ultime mirage dans le désert s'évanouit lamentablement, et je me retrouvais, une fois de plus, avec le terrible énoncé de "la crise de l'Église", obsédant, lancinant, et qu'instinctivement, à l'instar des onze Apôtres sur douze fuyant la Passion du Christ, à l'instar aussi de tous les tradis de nos jours, j'avais tout fait, Dieu m'est hélas témoin que je ne suis moi aussi qu'un pauvre pécheur, pour fuir : Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse...!
           
        De longs mois passèrent...
           
        ... Ce n'est qu'en lisant, un jour, saint Paul décrivant, dans sa langue lapidaire inégalable, la Passion du Christ, que, soudain, par un mouvement à la fois discret et puissant de la Grâce, un trait de Lumière divine jaillit fortement dans mon esprit, et je compris alors d'un seul coup et complètement ce que signifiait VRAIMENT l'énoncé théologique de "la crise de l'Église". Le Saint-Esprit daignait me donner enfin la grille de lecture de cet énoncé, pour le comprendre dans et par la Foi catholique. Je saisissais d'un seul coup deux choses : 1/ l'énoncé était bel et bien indestructible, réel comme Dieu, mes examens théologiques du problème ne m'avaient pas trompé, et, 2/ loin de signifier la faillite totale de l'Église et donc de Dieu, comme une première lecture trop rapide, superficielle, par l'extérieur des choses, à la pharisienne, tendait à le montrer, il signifiait bien au contraire que l'Épouse immaculée du Christ, l'Église, vivait, depuis Vatican II, sa propre et personnelle Passion, en co-Rédemptrice.
           
        Il me reste à bien expliquer ce que je viens d'écrire. Auparavant, voici les phrases pauliniennes qui ont illuminé et touché mon âme en profondeur quant à "la crise de l'Église", à l'instar du "tolle, lege" qu'entendit saint Augustin pour sa propre conversion. Saint Paul révèle que lorsque le Christ eut sa Passion à vivre (et à mourir), Il fut "fait péché pour notre salut" (II Cor V, 21). Dans un autre passage, il compare la Passion du Christ à une "si grande contradiction" (He XII, 3-4). Ces deux simples passages, et dans un premier temps le seul passage de l'épître aux Corinthiens (l'autre aux Hébreux ne le complétant dans mon esprit que plus tard), me firent tout comprendre soudainement. Plus tard encore, j'y joignais la grande révélation du Christ Lui-même, concernant sa propre Passion : "Voici l'heure et la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53).
           
        Ainsi donc, l'Église, de par Vatican II, est elle aussi "fait(e) péché pour notre salut" (II Cor. V, 21). N'oublions pas, pour commencer l'explication, que l'Église est une "Personne morale" (Can. 100, § 1). En tant que telle, comme toute personne, elle peut donc pécher, ou, pour employer la langue de saint Paul, être faite péché. Un péché qui sera évidemment sans coulpe aucune, que la théologie morale baptise "péché matériel", puisque cette dite personne, l'Église, est sainte de toute sainteté, parfaitement immaculée, comme étant l'Épouse du Christ. Or, justement, cette mise de l'Église dans l'état de péché matériel sans coulpe est nécessaire de toute nécessité divine, quand, dans les mystérieux Décrets divins, l'Église-Épouse, à la suite du Christ-Époux, doit, elle aussi, sauver le monde en co-Rédemptrice, c'est-à-dire être mise dans l'économie propre à la Passion du Christ, que saint Paul, vraiment inspiré quand il a écrit cela, a résumé d'un trait lapidaire et récapitulatif, en disant que cela consiste essentiellement à être "fait péché".
           
        Et c'est bien cela que l'Église a à vivre (et à mourir, à terme), dans, par et depuis Vatican II, voilà la grande révélation de "la crise de l'Église" : Dieu veut que l'Église vive la Passion du Christ, et donc, par les causes secondes, humaines, Il la met complètement dans l'économie du péché matériel, sous "la puissance des ténèbres", très-notamment en aveuglant invinciblement l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée par Dieu à introduire l'Église dans sa propre et personnelle Passion, lesquels, una cum (= un avec) le pape, ont alors commis in Persona Ecclesiae un péché matériel d'hérésie par la promulgation de la Liberté religieuse, sans faute aucune de la part de l'Église, aux fins ultimes et supérieures de la faire vivre désormais dans l'économie propre à la Passion, d'être ainsi "faite péché". Car l'heure pour elle, cette heure dont le Christ a dit, quant à Lui, "Voici l'heure" (Lc XXII, 53) quand sa Passion a commencé au jardin de Gethsémani, est venue, et c'est l'heure co-rédemptrice du concile Vatican II, son jardin de Gethsémani à elle.
           
        Ainsi donc, l'énoncé susdit doit être lu ainsi, et seulement ainsi : Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse. CEPENDANT, CETTE DITE HÉRÉSIE N'EST PAS PROFESSÉE FORMELLEMENT PAR LES PÈRES DE VATICAN II, MAIS SEULEMENT MATÉRIELLEMENT, CE QUE RÉVÈLE ABSOLUMENT LE TEXTE MAGISTÉRIEL. OR, CETTE MISE DE L'ÉGLISE DANS L'ÉTAT DE PÉCHÉ MATÉRIEL PAR CEDIT DÉCRET LA MET DANS L'ÉCONOMIE PROPRE DE LA PASSION, QU'ELLE VIT DONC DEPUIS VATICAN II. L'ÉGLISE EST AINSI "FAITE PÉCHÉ POUR NOTRE SALUT" (II Cor V, 21).
           
        Nous avons en effet, dans le principe même de la Foi, la certitude que ce péché du monde que l'Église épouse à Vatican II, très-notamment via la Liberté religieuse, est, de sa part, absolument sans aucune espèce de coulpe ou faute séparant de la vie de la grâce et de Dieu, de deux manières :
           
        1/ Par le texte même de saint Paul, qui précise fort bien... la seule chose qu'il était justement capital de préciser, à savoir que le Christ (= et donc l'Église de nos jours) "est fait(e) péché POUR NOTRE SALUT", lorsque le Christ ou l'Église ont leur Passion respective à vivre. Saint Paul, en effet, ne dit pas seulement que le Christ a été "fait péché", mais qu'Il a été fait péché "pour notre salut". Or, cette dernière précision interdit formellement de supposer que Jésus-Christ dans sa Passion ait pu être fait péché avec coulpe, même la plus petite soit-elle, car il est en effet impossible que ce qui est fait pour le salut puisse contenir quelque coulpe que ce soit. S'il y avait une quelconque coulpe dans la manière dont le Christ a été fait péché pour endurer sa Passion, alors, saint Paul aurait été obligé de dire que le Christ a été fait péché... pour notre damnation. Et non pour notre salut.
           
        Or, évidemment, ce qui s'applique au Christ vivant sa Passion, s'applique tout de même à son Épouse l'Église, lorsqu'elle doit elle-même vivre sa Passion : si l'Église, dans Vatican II, par l'organe transparent de tous les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape, avait péché avec coulpe, c'est-à-dire, pour rentrer dans le concret, si Paul VI et les Pères conciliaires avaient signé avec coulpe le décret de la Liberté religieuse (ce qu'ils font in Personna Ecclesiae puisque ledit décret est une manifestation formelle du Magistère ordinaire & universel), alors, saint Paul n'aurait pas pu écrire du Christ (et donc de l'Église, lorsqu'elle-même rentre dans l'économie propre de la Passion, à l'instar du Christ), qu'elle est "fait(e) péché POUR NOTRE SALUT". S'il y avait eu la moindre coulpe dans l'acte ecclésial de promulgation du décret de l'hérésie formelle de la Liberté religieuse, alors, l'Église, certes, aurait été faite péché, horresco referens, pour notre damnation (ce qui bien sûr aurait signifié que l'énoncé théologique susdit signifiait que "les portes de l'enfer ont prévalu au concile Vatican II contre l'Église"). Saint Paul nous enseigne tout juste le contraire, salvifiquement le contraire : le Rédempteur, et la co-Rédemptrice 2 000 ans après Lui, sont certes faits péché, mais exclusivement pour notre salut. Ce qui signifie sans équivoque : sans aucune espèce de coulpe, si minime soit-elle. Cqfd.
           
        2/ Ce que confirme, bien sûr, la nature de la Personne morale de l'Église qui promulgue cedit décret. Nous savons en effet par la Foi que l'Église est absolument sainte, pure de tout péché formel, c'est la deuxième Note qui la caractérise, que le Credo nous fait obligation formelle de croire sous peine d'anathème : Je crois que l'Église est Une, Sainte, Catholique & Apostolique. Par conséquent, sachant par la Foi d'une manière certaine que l'Église ne peut pécher ou être faite péché avec coulpe, nous avons donc la certitude que lorsque nous voyons les "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape, certainement légitimes, promulguer ensemble, c'est-à-dire in Persona Ecclesiae (et non, évidemment, en tant que docteurs privés), un décret magistériel hérétique, ils n'ont pu le faire que... sans aucune coulpe, si minime soit-elle. Le péché d'hérésie commis à Vatican II dans la Liberté religieuse par l'Église Universelle représentée par les Pères conciliaires una cum le pape, n'a donc contenu aucune coulpe, aucune faute, il s'agit d'un simple péché purement et exclusivement matériel, la matière d'un péché, d'hérésie en l'occurrence. Exactement comme lorsque Jésus-Christ Notre-Seigneur a été "fait péché pour notre salut" sur la croix d'ignominie, il n'y avait aucune coulpe dans cette manière pour Lui d'être fait péché.
           
        Mais bien entendu, si ce péché matériel commis in Persona Ecclesiae à Vatican II n'a aucune incidence sur la Note de sainteté de l'Église, il en a, et terriblement, pour revêtir au for externe l'Église de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église, maudite comme une lépreuse depuis Vatican II et de plus en plus léprosée plus le temps avance, désormais pieds et mains liés sous "la puissance des ténèbres", radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché", l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra à mort l'Épouse du Christ léprosée, dans son règne.
           
        Considérons bien que puisque l'acte de la Liberté religieuse est doté de l'infaillibilité ecclésiale, alors, c'est le Saint-Esprit qui veut cet acte, par l'organe immaculé de l'Église. Mais que veut-Il donc dire à nos âmes fidèles, puisque cet acte est un péché matériel ? La réponse est toute simple. Le Saint-Esprit, par-là, nous dit, nous montre, qu'Il met Lui-même (c'est ce que signifie la note d'infaillibilité) l'Église du Christ dans l'économie de la Passion, puisque le péché matériel en est la caractéristique essentielle, et que cet acte le manifeste formellement. La note d'infaillibilité de l'acte de péché matériel commis par l'Église dans la Liberté religieuse, nous indique donc avec une certitude de Foi, de fide (= ce que signifie la note d'infaillibilité) que c'est Dieu Lui-même qui, par cet acte, fait emprunter à l'Église la voie de la Passion : voilà le sens de cette infaillibilité dont sont dotés ces actes de péché matériels commis par l'Église à Vatican II... Qu'est-ce, en effet, l'infaillibilité ? C'est la faculté pour celui qui en bénéficie de "ne pas se tromper". Pas moyen, donc, de douter le moins du monde que l'Église rentre dans la Passion dès lors qu'un acte de péché matériel doté de l'infaillibilité est posé dans et par l'Église...
           
        On voudra bien sûr affiner la question par une preuve concrète de l'affirmation qui précède et qui expose le principe. Après la théorie, la pratique, qui, bien sûr, doit corroborer la théorie : s'il en est bien ainsi que je viens de l'écrire, alors, on doit constater, dans la promulgation du décret en soi hérétique formel de la Liberté religieuse, une absence totale, de la part des Pères conciliaires, de prise de conscience de la malignité de cette hérésie, de son caractère hérétique formel, autrement dit on doit constater l'inadvertance complète des Pères conciliaires, cette pure inadvertance qui, en théologie morale, fait le "péché matériel" (latin médiéval inadvertentia, du latin classique advertere, tourner son attention vers ; et donc, pour que la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que je professe soit confirmée, on doit constater, obligatoirement, que les Pères conciliaires ont eu leur attention absolument détournée du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse en promulguant ce décret plus que peccamineux).
           
        Cette démonstration n'est pas bien difficile à faire, l'inconscience totale et même carrément insensée, folle, des Pères de Vatican II et de Paul VI d'avoir à faire à une hérésie formelle quant à la Liberté religieuse, étant révélée quant et quant dans le texte magistériel lui-même de promulgation du Décret... hérétique. Ne les voit-on pas, en effet, ahuri, y professer à maintes reprises que la Liberté religieuse... est en parfaite harmonie avec la Foi et la Tradition ! Ils se trompent bougrement certes, le plus imbécilement du monde sans aucun doute, suscitant dans un premier temps la colère indignée de tout catholique véritable, mais donc, ce qui importe, c'est de noter qu'ils n'ont en tous cas nullement conscience d'attaquer la Foi, de souscrire sciemment à une hérésie, en professant la Liberté religieuse... puisqu'ils s'imaginent qu'elle est en harmonie avec elle !
           
        Lisons attentivement ces passages, c'est dans Dignitatis Humanae Personae, au § introductif 1 : "Or, puisque la Liberté religieuse que revendique l'homme dans l'accomplissement de son devoir de rendre un culte à Dieu concerne son immunité de toute contrainte dans la société civile, elle ne porte aucun préjudice à la doctrine catholique traditionnelle sur le devoir moral de l'homme et des associations à l'égard de la vraie religion et de l'unique Église du Christ". Sic (il n'est pas anodin de préciser que ce membre de phrase que j'ai mis en italique, empêchant que la Liberté religieuse soit promulguée de manière formelle, est dû au Caetus Internationalis Patrum et, en son sein, principalement à un certain Mgr Marcel Lefebvre...). Plus avant, toujours dans cette Introduction du décret... hérétique, les Pères avaient déjà dit : "Considérant avec diligence ces aspirations [de l'homme moderne à la Liberté religieuse], dans le but de déclarer à quel point elles sont conformes à la vérité et à la justice, etc." On trouve par ailleurs moult autres passages dans le corps du décret, allant dans le même sens, il déborderait le cadre de cette Préface de tous les citer.
           
        Il est évident, ici, que les Pères de Vatican II n'ont pas la moindre conscience de la malignité ni de l'hétérodoxie formelles de la Liberté religieuse, puisque, certes en se trompant bougrement et fort péniblement, ils affirment dans le document magistériel qu'elle est... conforme à la Foi ! Le pape Benoît XVI n'a jamais rien fait d'autre, par sa fameuse et surtout fumeuse "herméneutique de continuité", que d'être l'écho de cette utopie désastreuse, qui du reste avait déjà été sienne à l'époque, en tant qu'acteur majeur de Vatican II. En tous cas, nous avons là la preuve que les Pères de Vatican II, en posant cette hérésie formelle, ne l'ont pas fait dans un acte formel puisqu'il y manque totalement l'advertance ou connaissance pleine et entière de la malignité de la faute commise, de l'hétérodoxie doctrinale de la Liberté religieuse.
           
        Si par contre les Pères de Vatican II avaient posé dans le décret magistériel que jusque là l'Église s'était trompée en professant le dogme "Hors de l'Église, point de salut" directement antinomique de la Liberté religieuse, et qu'il fallait désormais croire que la vérité consistait en la Liberté religieuse anéantissant ce dogme, alors là, oui, certes, on n'aurait pu que déduire de cette affirmation qu'ils auraient non seulement eu conscience, advertance pleine et entière, que la Liberté religieuse était contraire à un dogme formellement défini dans l'Église, mais qu'en plus ils auraient voulu privilégier l'hérésie sur le dogme, aux fins damnables de l'anéantir ! Alors là, le péché d'hérésie aurait certes été formel, je serais le premier à le dire (encore que cette supposition n'est qu'un cas d'école complètement impossible, puisque les Pères una cum Paul VI, certainement légitimes, agissaient in Persona Ecclesiae dans le décret de la Liberté religieuse, et donc, ils ne pouvaient pas commettre, au nom de l'Église Universelle, un péché formel...) ! Mais on est très-loin de ce compte-là, dans le décret magistériel sur la Liberté religieuse que font les Pères à Vatican II, on est même aux antipodes : c'est dans l'ignorance invincible totale et complète du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, que les Pères, una cum   Paul VI, la professent. Donc, en édictant magistériellement la Liberté religieuse in Persona Ecclesiae, les Pères enseignants de l'Église moderne restent dans le péché matériel sans coulpe.
           
        Autre preuve que celui qui récapitule à lui seul tous les Pères de Vatican II, soit le pape Paul VI, n'était pas du tout hérétique formel, c'est son fameux Credo de 1968, fort bellement développé et actualisé pour notre temps dans la Foi la plus pure et intégrale (c'est Jacques Maritain qui en fut la cheville ouvrière). Le contexte de sa parution était très-difficile pour Paul VI, c'était se mettre à dos tous les progressistes, extrêmement forts à l'époque, agressifs et virulents, derrière le "catéchisme hollandais", et il fallait un grand courage, presqu'un courage de martyr de la Foi, pour redire en 1968 toute la Foi intégrale, pure, simple, au monde entier, ce que donc a fait Paul VI. Et cela prouve bien que quand il signe quelques années auparavant la Liberté religieuse, il ne signe pas cette hérésie de manière formelle, mais seulement matérielle, en toute innocence sur le fond doctrinal de la question, quoique se trompant formidablement. Cf. ce Credo de 1968 au lien suivant, et l'on pourra se rendre compte, dans le très-beau préambule de Paul VI, à quel point ce pape n'avait vraiment qu'une pensée, qu'une volonté, celle de garder la Foi de toujours et de la défendre contre les attaques des progressistes : http://www.nrt.be/docs/articles/1968/90-9/1623-Profession+de+foi+de+SS+Paul+VI+(30+juin+1968).pdf
           
        Dans le cadre de cette Préface, je crois en avoir assez dit pour bien montrer le caractère simplement matériel du péché d'hérésie commis par les Pères actuels de l'Église, à Vatican II, in Persona Ecclesiae (d'autres développements se trouvent bien sûr dans le corps de mon texte).
           
        Ainsi donc, voilà la signification profonde de l'énoncé théologique de "la crise de l'Église", ainsi cristallisé : Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse. La clef de la compréhension de "la crise de l'Église", qui ouvre et personne ne ferme, qui ferme et personne n'ouvre, c'est que l'Église-Épouse du Christ vit désormais, de par Vatican II, dans l'économie propre à la Passion du Christ, "fait(e) péché [matériel, sans coulpe aucune] pour notre salut" (II Cor. V, 21).
           
        Toute une génération ecclésiale donnée, le pape à sa tête, et bien entendu toutes les générations ecclésiales qui la suivront jusqu'à la mort de l'Église sous le règne de l'Antéchrist-personne, était soudainement "faite péché", un péché évidemment seulement matériel, et faite péché "pour notre salut" puisqu'elle représentait, en corps d'institution en tant que "membres enseignants", l'Église Universelle. Derrière les causes secondes, les actes humains, etc., c'était le Saint-Esprit qui mettait Lui-même l'Épouse de Jésus-Christ sous "la puissance des ténèbres", dans l'économie de la Passion. Afin que l'Écriture s'accomplisse pour l'Épouse du Christ comme pour l'Époux des âmes, Jésus-Christ, il y a 2 000 ans.
           
        Et ce, sans faute aucune ni coulpe de sa part, ni connaissance et encore moins consentement du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse (qu'il y ait eu certains prélats conciliaires qui signèrent le décret en ayant pleinement conscience de ce caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, peut-être, c'est hélas bien possible, notamment du côté des fameux "évêques du Rhin", et malheur à eux de l'avoir fait, mais leur for privé ne représentait en aucune manière l'Église Universelle, qui donc reste pure de toute coulpe dans la promulgation de la Liberté religieuse).
           
        Le 7 décembre 1965, date mémorable à jamais, le pape Paul VI a promulgué avec toute l'Église Enseignante, dans un cadre certain d'infaillibilité, un Décret magistériel contenant une formelle hérésie, à savoir Dignitatis Humanae Personae, sur la Liberté religieuse.
           
        Le nœud de la question se situe donc dans la manière dont fut promulgué ce fameux et tristement célèbre décret hérétique, par les Pères conciliaires una cum Paul VI : l'a-t-il été dans la pleine connaissance du caractère hérétique formel de la doctrine de la Liberté religieuse ? Ou bien, les Pères conciliaires l'ont-ils promulgué tout au contraire dans l'innocence totale de ce caractère hérétique formel, leur esprit étant sous "la puissance des ténèbres" ? Ce n'est que dans le premier cas où les Pères auraient promulgué la Liberté religieuse avec pleine connaissance et plein consentement du caractère hérétique formel de la Liberté religieuse, que l'énoncé du problème serait une preuve que les portes de l'enfer auraient, à Vatican II donc, prévalu définitivement contre l'Église. Mais dans le second cas, si les Pères posent cet acte cependant hérétique formel en toute innocence qu'il s'agit d'une hérésie, c'est simplement une mise de l'Église dans l'économie propre de la Passion : l'Église en est certes crucifiée, mais reste sans faute. Et... toujours Église du Christ !
           
        C'est en fait par orgueil humain et pharisaïsme, qu'on lit quasi instinctivement l'énoncé théologique de "la crise de l'Église", comme une contradiction, un péché, obligatoirement formels. Mais si nous étions plus humbles, ce qui s'adresse aussi à moi car j'ai été de longs mois à ne pas comprendre le vrai sens de l'énoncé théologique, nous comprendrions qu'il y a deux grilles de lecture possibles dudit énoncé, et pas qu'une seule. Il y a, théoriquement, deux manières, en effet, dont la "si grande contradiction" peut rentrer DANS l'Église, et pas qu'une seule. L'une, formelle ; l'autre simplement matérielle. La première est synonyme de reniement des principes de la Foi par les "membres enseignants", et cela signifierait bien sûr le triomphe complet de Satan sur l'Église, et donc sur le Christ, et donc sur Dieu, et donc sur toutes les âmes ; la seconde est absolument aux antipodes, elle est synonyme de crucifixion des principes de la Foi par les "membres enseignants", mais sans reniement par eux desdits principes, et cela signifie, en dernière analyse de la question, par la mystique de la Passion, le triomphe complet de Dieu sur Satan par la co-Rédemption de l'Église, une fois que celle-ci aura fini de souffrir sa Passion propre et personnelle et qu'elle en mourra de mâlemort dans et par le règne, maudit entre tous, de l'Antéchrist-personne  (... avant certes de ressusciter elle aussi, la mort et la résurrection d'Énoch & Élie dans le règne de l'Antéchrist-personne en étant la parabole certaine). Exactement comme le Christ mort sur la croix, loin d'être vaincu, triomphe sur Satan par-là même de sa mort en croix, a désormais la victoire rédemptrice sur le monde entier. Et il va en être de même pour notre chère Église, la Dame de tout coeur catholique véritable, en train présentement de devenir co-Rédemptrice justement par la crucifixion opérée en elle principalement par et depuis Vatican II, et que manifeste l'énoncé théologique susdit du problème.
           
        La théologie catholique est une très-bonne servante de Dieu et des âmes fidèles, non seulement elle pose les garde-fous qui évitent à l'âme fidèle de se fourvoyer, quant à "la crise de l'Église", dans les pièges de Satan (pièges sédévacantiste, lefébvriste, "rallié", guérardien, et tutti quanti...), mais, si on fait l'effort de la suivre jusqu'au bout de ce qu'elle révèle, elle va jusqu'à nous mener, de waypoint en waypoint, devant le Saint des saints de la compréhension de "la crise de l'Église" ; cependant qu'elle n'a pas le pouvoir de faire rentrer l'âme dans ce Saint des saints, elle la laisse là, à bonne destination terminus, juste devant la porte, ce qui est déjà beaucoup car il n'y a plus qu'à l'ouvrir. Mais elle n'a pas pouvoir de l'ouvrir. Il faut un autre serviteur de Dieu, plus éminent qu'elle, pour l'ouvrir, et ce serviteur, c'est la Mystique de la Passion du Christ, qui, seule, a pouvoir de faire rentrer l'âme catholique dans le Saint des saints de cette compréhension suprême et salvifique de "la crise de l'Église", la Théologie passant la main à la Mystique de la Passion du Christ...
           
        Le mouvement traditionaliste dans son ensemble, toutes mouvances confondues, a fait du problème théologique à résoudre, assez bien perçu par eux dès l'après-Vatican II, une question de légitimité, ou bien non, de l'Église ayant signé ce décret vaticandeux hérétique, pour en rester à celui-là. C'était, comme on vient de le voir, un très-faux problème. Il ne s'agit pas du tout, en effet, de légitimité, ou bien non, de l'Église qui promulgue ce décret hérétique, il s'agit, par ce décret hérétique mais professé seulement matériellement, de la mise de l'Église dans l'économie propre de la Passion du Christ, laquelle consiste essentiellement à être "fait(e) péché"...
           
        ... Mais certains pourraient objecter qu'il y a erreur d'approche de la problématique de "la crise de l'Église", dans la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", en ce qu'elle aborde le problème sous l'angle de l'impeccabilité et non sous celui de l'infaillibilité. En effet, croient-ils pouvoir dire, si l'Église est certes impeccable, c'est le charisme d'infaillibilité doctrinale dont l'a dotée le Christ qui regarde la question du décret hérétique de la Liberté religieuse. Or, le charisme d'infaillibilité, par définition, regarde exclusivement la question doctrinale (il s'agit pour l'Église, de ne point chûter, faillir, dans la question de la Foi), et nullement celle morale, d'un péché matériel ou non commis par l'Église, en promulguant un décret magistériel. Il y aurait donc, selon cette objection, amalgame indû, confusion, entre "infaillibilité" et "impeccabilité", dans la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Cependant, il est bien facile de montrer l'inanité complète de cette objection.
           
        Le décret sur la Liberté religieuse regarde-t-il en effet exclusivement l'infaillibilité de l'Église, non pas son impeccabilité ? Je vois là une manie, bien scolastique au demeurant, voire pharisienne, de cloisonner les concepts, de créer artificiellement des séparations, pire même des oppositions radicales, entre des notions qui en soi, cependant, ne sont pas du tout séparées moins encore opposées, ce qui, in casu, crée une dialectique exclusiviste entre infaillibilité et impeccabilité.
           
        En vérité, il n'y a pas à inventer un clivage contre-nature entre infaillibilité et impeccabilité. Pas plus qu'il n'y a à cliver la Divinité dans la Personne du Christ, par rapport à sa Sainte-Humanité. L'objection qu'on soutient là contre la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", revient en effet à dire : "Puisque, dans la Personne de Jésus, on sait qu'il y a Dieu, on ne saurait donc pas dire qu'il y a en même temps un homme, attendu que ce sont deux notions qui n'ont rien à voir entre elles". Inutile, c'est fort évident, de souligner l'erreur intellectuelle de quelqu'un qui soutiendrait ce raisonnement, d'une manière totalement insensée ! Dans la Personne de Jésus, qui est intégralement une et parfaite, il y a deux natures qui, en soi, c'est parfaitement vrai, n'ont cependant rien à voir entre elles : Dieu et l'homme. Mais cela ne revient pas à dire, à la façon réprouvée de Nestorius, qu'elles ne peuvent pas coexister harmonieusement entre elles, ni surtout s'échanger leurs propriétés respectives par la communication des idiomes.
           
        Or, c'est exactement la même chose pour le document magistériel sur la Liberté religieuse : il y a dedans une notion qui regarde la théologie dogmatique (= infaillibilité), et une autre notion qui regarde la théologie morale (= impeccabilité). Et les deux notions peuvent très-bien se trouver côte à côte l'une l'autre dans le même ensemble d'un décret ecclésial particulier, sans qu'il y ait la moindre contradiction ou confusion. En voulant exclure l'une par l'autre, on ne fait que créer indûment une opposition dialectique irréelle, complètement artificielle, entre infaillibilité et impeccabilité. En vérité, il n'y en a aucune. Il est bien vrai que la notion d'infaillibilité consiste à empêcher l'Église de faillir en matière de Foi et de Mœurs, sans que n'y rentre aucune notion de péché, de matière peccamineuse. Tout simplement parce qu'en théologie dogmatique, il n'est pas question de péché. Ainsi donc, sous l'angle de vue purement théologique dogmatique, le décret de la Liberté religieuse s'analyse ainsi : 1/ l'Église, dotée du charisme d'infaillibilité, ne peut absolument pas faillir en matière de Foi et de Mœurs ; 2/ or, le décret de la Liberté religieuse montre qu'elle a failli en matière de Foi. 3/ Donc, la chute doctrinale de l'Église n'est que matérielle. Sous l'angle dogmatique, il n'y a certes aucune notion de péché qui rentre dans l'examen théologique à faire du décret sur la Liberté religieuse, comme il appert du syllogisme que je viens de poser pour l'illustrer. Cela revient-il à dire qu'il n'y a QUE cet angle-là de vue, à savoir de théologie dogmatique, par lequel on peut et doit faire l'examen théologique du décret de la Liberté religieuse ? Bien sûr que non.
           
        En vérité, ce décret est autant à examiner par l'angle de vue de la théologie morale. Pour la raison très-simple que le Droit canon, je l'ai rappelé plus haut, enseigne que l'Église est une "personne morale". Et, en tant que personne, elle est donc susceptible de... pécher. J'écris bien, évidemment : en tant que PERSONNE ; c'est sous le seul rapport ontologique que je dis que l'Église peut pécher, pas sous celui de la nature de cette Personne morale qu'est l'Église, laquelle, étant l'Épouse du Christ et parfaitement immaculée, ne peut pécher réellement, c'est-à-dire avec coulpe, cela va de soi. Or donc, sous ce rapport de la théologie morale, le document sur la Liberté religieuse s'examine ainsi : 1/ la doctrine de la Liberté religieuse est une doctrine formellement hérétique ; 2/ la personne morale de l'Église qui, par l'organe transparent du pape & des évêques unis à lui, professe cette hérésie, commet donc un péché par cet acte, très-exactement un péché d'hérésie. 3/ Bien évidemment, il faut tout-de-suite apporter la précision que l'Église-Épouse du Christ étant parfaitement pure de toute coulpe devant Dieu, ne pouvant commettre aucun péché avec coulpe, n'est par contre pas du tout exemptée, en tant que personne morale, de pouvoir en commettre un... purement matériel, c'est-à-dire ne contenant aucune coulpe en soi. Et c'est effectivement là le nœud de la question, et la solution théologique du problème. Sous l'angle de la théologie morale, qui, soit dit en passant, nous aide beaucoup mieux que la théologie dogmatique à comprendre les choses profondes de "la crise de l'Église" (et c'est pourquoi j'ai privilégié dans L'Impubliable cet angle de vue), l'Église commet un péché matériel, ou plus exactement dit, est mise par le Saint-Esprit en état de péché matériel, à l'instar du Christ sur la Croix, "fait(e) péché pour notre salut" (II Cor. V, 21).
           
        Ainsi donc, pour conclure ma réponse à cette objection, une lecture monophysite (= hérésie qui ne veut voir qu'une seule nature dans le Christ) de la Liberté religieuse est totalement indûe : ce n'est pas seulement sous l'angle de la théologie dogmatique qu'il faut analyser le décret magistériel Dignitatis, mais encore, et plus encore dirais-je, sous celui de la théologie morale, à cause de l'éclairage prodigieux que nous apporte saint Paul en décrivant le Christ de la Passion sous cet angle-là.
           
        L'Église en effet n'est pas seulement infaillible, elle est aussi impeccable. Il est possible que dans mon exposé j'ai des formules qui mélangent les deux notions ensemble. Mais c'est tout simplement parce que ces deux notions se trouvent ENSEMBLE dans l'examen à faire de la Liberté religieuse. Sur le fond, il n'y a aucun mélange indû de ces deux notions dans la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", il y en a seulement sur la forme. Et ce mélange quant à la forme n'est d'ailleurs même pas erroné. De la même manière que dire, à propos du Christ, "Dieu a souffert", "Dieu est mort", n'est pas absolument faux (= en effet : Jésus-Christ étant vrai Dieu & vrai homme, il n'est pas théologiquement faux de dire que, par la communication des idiomes entre Dieu et l'homme, "Dieu a souffert", "Dieu est mort", théandriquement dans la Sainte-Humanité du Christ, lorsqu'Il eut à vivre sa Passion ; c'est précisément la raison théologique pour laquelle on accuse les juifs de "déicide" quant à la mort du Christ), mais il est vrai que c'est à éviter parce que le raccourci verbal a une connotation fautive dans la forme, Dieu en tant que tel ne pouvant évidemment ni souffrir ni mourir. De la même façon, il est vrai que j'ai des formules qui tendent à dire que "l'Église infaillible a péché matériellement", etc., c'est sans doute quelque peu fautif sur la forme quand on fait de la théologie de "très-petit docteur" (Léon Bloy), mais nullement sur le fond. Parce que le document magistériel sur la Liberté religieuse supporte à la fois les deux notions ecclésiales : infaillibilité & impeccabilité. Amen, sur ce point.
           
        C'est vrai que personne, jusqu'ici, et il s'en faut de beaucoup, n'a exprimé cette grande vérité contemporaine de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que le Bon Dieu, qu'Il en soit mille fois béni, me fait l'insigne grâce de dire ici, "l'honneur ignominieux" de révéler (car la Passion est de soi ignominieuse). Mais précisément, c'est un vrai devoir pour moi d'exprimer dans L'Impubliable ce que le Saint-Esprit m'a inspiré sur le sujet (j'ai choisi ce titre, car la Passion est tout ce qu'il y a de plus impubliable chez les hommes, ils la rejettent instinctivement...!). Voici donc cette publication très-humble, à la face de l'Église, fort microscopique certes vus mes excessivement faibles moyens et le fort peu d'aide, pour parler par euphémisme, que je trouve autour de moi pour le faire, voici enfin cet exposé complet et cohérent de la théologie de "la crise de l'Église" que j'ai vainement cherché en son temps dans nos prétendus mais surtout vains "chefs de file" tradis, sans parler des autres, plus vains encore. Sans me faire aucune illusion, par ailleurs, sur le succès de cette publicité (comme disait Léon Bloy : "Depuis longtemps, je me résigne à écrire pour Dieu seul, à chanter sa Gloire dans le désert" ― Lettre à Florian, 13 déc. 1910), car il y a en effet très-peu d'âmes qui acceptent d'aller au pied de la croix, jusque sur le calvaire, à l'exemple de la très-sainte Vierge, de saint Jean et des saintes femmes, qui ont eu ce grand courage comparable à un vrai martyr.
           
        Cet exposé de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" fera revenir en tous cas les âmes ferventes à la simplicité inébranlable de la Foi, et par-là même, les fortifiera pour tenir bon jusqu'à la Fin des fins. Comme disait Mgr Lefebvre lui-même, rappelant un mot du pape Jean XXIII : "Il faut donc revenir à la réalité et, comme disait le sage Jean XXIII : "Ne compliquons pas les choses simples, et si elles sont complexes, ramenons-les à la simplicité"" (J'accuse le Concile !, Mgr Lefebvre, p. 83). REVENIR À LA RÉALITÉ DANS LA SIMPLICITÉ est la ligne de conduite essentielle de L'Impubliable, ce qui mènera tout naturellement à la Vérité, c'est-à-dire au Christ, à Jésus.
           
        L'important est que la VÉRITÉ règne TOUJOURS à la face de la terre, des âmes, du monde entier et de l'Église elle-même, même et surtout aux temps affreux de la Passion et de la Mort imminente de l'Épouse du Christ. Il est du reste grandement nécessaire de la faire régner, cette Vérité ecclésiale de notre temps, pour enfin sortir et se libérer de cet étouffant et mortifère "cercle d'erreurs et de disputes, qui tourne incessamment sur lui-même" dans lequel nous entretiennent, depuis presqu'un demi-siècle maintenant, avec une insouciance stupéfiante, sans complexe aucun, tous les "chefs de file" cathos et/ou tradis sans exception, aux bannières les plus opposées. Et justement, c'est peut-être la raison pour laquelle le Saint-Esprit m'a inspiré, moi, non seulement simple "catholique et français toujours" mais, qui mieux est, "damné de la terre" à la Léon Bloy. Pour les punir de leurs honteuses théories hétérodoxes, absolument scandaleuses eu égard à la Foi, mais professées du haut d'une prétendue "autorité", avec une désinvolture et une vacuité de jean-foutre souvent proportionnellement couplées à un entêtement, une superbe, un orgueil des plus extrêmes, et que certains clercs tradis osent camoufler derrière des "Vous n'êtes ni prêtre ni évêque, vous n'avez ni la grâce d'état ni la science pour traiter la question, alors suivez nous !"
           
        Un dernier avertissement, avant de rentrer en matière : ce qui va suivre est certes surtout rédigé à l'intention du catholique fidèle, et suppose donc dans le lecteur une connaissance de base des dogmes fondamentaux de notre Foi, ainsi que des grandes lignes de ce qu'il a été convenu d'appeler "la crise de l'Église". Pour autant, il s'en faut que cet essai soit réservé aux "initiés", je m'en voudrais à mort ! Tout le monde, je dis bien : tout le monde, n'est-il pas concerné par l'épreuve apocalyptique que traverse l'Épouse immaculée du Christ ? Réponse : oui, car tout le monde ne peut être sauvé que par cette unique Épouse du Rédempteur, qui souffre actuellement toutes les peines de l'enfer sur une croix d'ignominie absolue, mais qui toujours sauve, et pas seulement les catholiques déclarés. Mon souci principal, jusqu'au scrupule, a donc été de rédiger cet essai à l'usage de... tout le monde, y compris les âmes de bonne volonté les plus simples, même les incroyants, et, pourquoi pas, les prostituées et les clochards de l'âme et/ou du corps, du moment qu'ils sont intéressés au sujet dans un recoin béni et visité par le Saint-Esprit de leur respectable âme. Tout le monde donc, va pouvoir comprendre ce que j'écris parce que je me suis arrangé pour cela, quand bien même la question est ardue.
           
        À ce sujet, j'aime beaucoup me rappeler l'exemple du Bx Raymond Lulle, ce prodigieux théologien du Moyen-Âge qui, après avoir donné un cours magistral aux écoliers de Paris dans les termes scolastiques les plus difficiles à entendre, réexposait en mots simples et brefs, après le cours, le même sujet aux mendiants qui se trouvaient à la porte de l'Université (avant, sans doute, de leur donner piécette), et... répondait à leurs questions.  Ah ! Que voilà donc un vrai théologien ! Mais quand certains prêtres déboutent la demande d'explication de simples fidèles concernant "la crise de l'Église", sous prétexte qu'ils "ne peuvent pas comprendre" (sic), ou pire "qu'il n'y a pas besoin de comprendre «la crise de l'Église» pour faire son salut, que c'est même DANGEREUX pour la spiritualité" (re-sic !), il y a là un vrai scandale : c'est d'ailleurs le signe certain qu'ils ne sont ni dans la Vérité, ni surtout dans l'Amour-Charité, qui inclut la vertu d'Intelligence de la Foi. On ne pourra pas me reprocher ce scandale-là, parce que tout le monde, à condition d'aimer l'Église qui est si aimable, la Dame immaculée de tout cœur chrétien voire simplement honnête, va pouvoir saisir ce que je vais dire dans L'Impubliable, quand bien même, par la force des choses, mon étude sera pour le fond assez savante (mais ô combien, au fil de ma recherche, j'ai pu vérifier l'adage, et le lecteur en fera de même, que si "Peu de science éloigne de Dieu, beaucoup y ramène"…!).
           
        Pour finir de finir cette longue et très-substantielle Préface (qui, pratiquement, résume toute ma thèse, la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE"), je tiens à dire que non seulement je reste ouvert aux remarques, compléments d'informations, questionnements, critiques douces ou amères (comme les oranges, les deux sont excellentes pour la santé…!), qui pourraient m'être faits sur ce présent travail, mais je les demande instamment comme étant ma meilleure récompense : malgré mon attention extrême, je ne suis qu'un pauvre humain et j'ai peut-être laissé encore quelques interstices ouverts aux courants d'air de Satan... On pourra m'adresser tout courrier à : "M. Vincent Morlier, B. P. 47033, 35370 - Argentré-du Plessis", ou bien m'envoyer un courriel à : "Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser.". Mon ambition est d'arriver à un travail théologique exhaustif qui ne laisse pas la moindre place à l'imprécision ni au flou, encore moins à l'erreur, parce que la Gloire de Dieu l'exige "dans l'Absolu" (Léon Bloy), et aussi parce que l'ennemi de la Rédemption s'en sert toujours pour apporter un fruit de trouble et de mort dans les âmes, en cette très-éprouvante Fin des Temps.
           
        Veritas liberabit vos !
 
Argentré-du-Plessis, ce 2 Novembre 1998,
Jour des morts dans le Seigneur ;
revue & augmentée, ce Vendredi-Saint 3 Avril 2015,
pour la 7ème édition de L'Impubliable,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
 
04-06-2015 13:38:00
 

L'Antéchrist sera une personne humaine

 
 
 
L'Antéchrist sera une personne humaine
 
 
 
Preambulum
       
        L'échange de courriers qui va suivre est tout centré sur le grand mystère de l'Antéchrist, et de la manière dont il doit venir tenter les hommes "jusqu'à séduire les élus s'il était possible" (Matth XXIV, 24). Une mauvaise opinion a cours dans certains milieux, comme quoi le terme d'Antéchrist ne recouvrerait qu'une notion collective ou légion, ce ne serait en fait qu'une société impie composée d'impies, qui est la Démocratie actuelle dans sa dimension universelle moderne basée sur les révolutionnaires "droits de l'homme" athées, mais il faudrait nier que l'Antéchrist recouvre une notion personnelle individuelle, singulière : il n'y aurait pas d'homme individuel pour incarner le mysterium iniquitatis dans son achèvement ultime de rébellion contre Dieu et son Christ, à la fin des temps...
           
        Cette opinion, qui n'est pas catholique, est notamment soutenue, avec ardeur et zèle, par M. Louis d'Alencourt, sur son site Le grand réveil. Ayant prévenu un ami qui se laissait séduire par cette vue des choses, qu'elle n'était pas catholique, il m'a répondu en m'adressant l'extrait d'un article de M. d'Alencourt, exposant son argumentation ("Attention, l'Antéchrist arrive", du 27 juillet 2014, au lien suivant : https://legrandreveil.wordpress.com/2014/07/27/attention-lantechrist-arrive/). Il s'en faut que cette argumentation soit valable, quand la vérité est de dire qu'elle n'est pas catholique. J'ai compris qu'il était nécessaire, pour le bien des âmes, d'exposer la vraie doctrine en la matière, et ai fait une première réponse à cet extrait d'article, pour en dénoncer toute la fausseté auprès de mon ami, qui, de son côté, l'a transmis à d'Alencourt ; lequel lui a fait une réponse à son tour, s'entêtant hélas perseverare diabolicum dans son erreur ; réponse qui m'a été communiquée, et à laquelle j'ai répondu avec vigueur à mon tour, en l'adressant cette fois-ci directement à M. d'Alencourt, pour lui dénoncer sa mauvaise croyance, aux conséquences qui peuvent être fort graves pour le salut des âmes. Je n'ai plus qu'à consigner ici que M. d'Alencourt n'a pas répondu, à ce jour, à cette mise au point à lui envoyée le 31 octobre 2014... Les lecteurs de son site pourront voir, dans les mois qui vont suivre, si notre "eschatologue" s'amende de son erreur, ou si, au contraire, il y persiste, ce qu'à Dieu ne plaise... Voici donc maintenant tout cet échange :
 
 
 
 
- I -
 
[Extrait de l'article de M. d'Alencourt, "Attention, l'Antéchrist arrive",
exposant ses raisons de ne pas croire à la notion personnelle individuelle,
quant à l'Antéchrist :]
 
        "... b) L'anticipation de l'Antéchrist.
 
        "Pour le dragon, Satan, initiateur du système antichristique, les écrits des catholiques sont du pain béni. Parce que les apôtres et les Pères de l'Église s'expriment selon un genre littéraire classique, qui consiste notamment à désigner une multitude au singulier. De même que l'homme peut désigner l'être humain et toute l'humanité, le fils d'iniquité dans la bouche de saint Paul est bien pratique pour désigner l'homme issu du système antichristique.
           
        "Du coup, de nombreux exégètes et théologiens vont s'engouffrer dans cette brèche et eux aussi parler de l'Antéchrist au singulier et l'assimiler à une personne, tout en considérant pourtant le système qu'il y a derrière, et en reconnaissant que les trois ans et demi ne peuvent être que l'aboutissement du système. Tous ? Non, saint Jean parle bien "d'antichrists" au pluriel dans ses épîtres et de nombreux autres théologiens ont bien perçu que le système primait sur le personnage.
           
        "Mais c'est là le génie de Satan : il s'arrange pour qu'en fin de période, c'est à dire depuis environ 50 ans, les hommes, y compris les catholiques, ne soient influencés QUE par les écrits qui décrivent un Antéchrist-personne.
           
        "Pourquoi ?
           
        "Parce que si vous attendez un personnage qui vienne chapeauter le système, tant qu'il n 'est pas apparu, vous pensez avoir du temps. Et si vous avez du temps, vous ne vous préparez pas spirituellement et surtout vous ne prévenez pas les autres du danger, car l'accoutumance à cette société vous a anesthésié.
           
        "Or quel est l'enjeu véritable de tout cela ? C'est d'attirer le plus d'âmes en enfer.
           
        "Avez-vous besoin d'un personnage qui vienne terminer le boulot alors que la société est pervertie dans sa totalité, que sa mentalité est totalement et irréversiblement atteinte ?
           
        "Quand le fruit est mûr vous faites quoi ? Vous le cueillez.
           
        "Quand le blé est mûr, vous faites quoi ? Vous moissonnez.
           
        "Si vous voulez moissonner un maximum d'ivraie au milieu du bon grain, il ne faut pas donner à cette société sa chance de regretter ses péchés et de s'amender" (fin de citation)
 
 
- II -
 
[Et voici ma 1ère réponse à cet extrait d'article, que j'adressais à l'ami m'ayant transmis ces lignes peu orthodoxes quant au mystère de l'Antéchrist, réponse qui ne rentre pas encore dans la profondeur du sujet, mais qui était cependant bien suffisante pour ramener un esprit catholique à la vérité sur l'Antéchrist... :]
 
 
        Ce 24 Octobre 2014.
           
        Non, vous ne m'ennuyez pas, M. xxx, tout simplement parce qu'il y a une belle vie de Foi dans votre âme, et que ceci mérite les réponses aux questions posées. Seulement, ne vous attendez pas à posséder la Vérité, sans effort et sans travail... Qui cherche, trouve ; il faut donc chercher, creuser, approfondir, et tout cela est du travail.
           
        Je connais quelque peu M. d'Alencourt. C'est un père de famille tout-à-coup très-inspiré d'eschatologie, mais... sans formation profonde. Il a certes puisé ses sources principalement dans les livres que j'ai écrits sous le pseudo "Louis de Boanergès", selon ce qu'il m'a dit lui-même lorsque j'ai eu un entretien téléphonique avec lui, auquel il tenait absolument avant de construire son site Internet, disait-il... Mais la demi-heure de conversation passée avec lui m'a vite montré qu'il était obsédé de prospection prophétique tout azimut, il veut absolument savoir QUAND les choses de la Fin arriveront, etc. Je l'en ai mis en garde immédiatement, mais d'après les échos que j'ai de gens qui vont sur son site (ce qui n'est pas mon cas), il fait fébrilement dans les dates, les rapprochements numérologiques de toutes sortes, etc. J'ai une certaine estime pour lui cependant, ses motivations sont sûrement excellentes, car au moins, lui, il comprend que nous sommes à la fin des temps, donc c'est une âme vigilante. Mais hélas ! il le comprend un peu trop ! Et surtout, mal ! En (se) racontant des histoires pour cautionner ses propres thèses.
         
           Ainsi, là, par exemple, il nous dit que lorsque l'Écriture emploie quant à l'Antéchrist le singulier, c'est toujours pour signifier une multitude ; et les Pères continueraient ce système, qui serait soi-disant "un genre littéraire classique" (...?) ; mais les exégètes et théologiens venant après l'Écriture et après les Pères, auraient mal compris ce style, et auraient pris indûment au pied de la lettre littérale le personnage individuel de l'Antéchrist, qu'il ne faudrait en fait comprendre que d'une manière collective. Tout ce raisonnement n'est qu'un montage artificiel, une pure invention de notre sieur d'Alencourt, dénuée de tout fondement sérieux. Premièrement, parce que l'Écriture désigne clairement le mystère de l'Antéchrist comme étant une personne individuelle dans certains versets non-équivoques ne pouvant absolument pas être entendus au sens obvie d'un collectif ou multitude ; deuxièmement, parce que les Pères, en commentant lesdits versets, loin de vouloir employer à leur endroit un prétendu "genre littéraire classique" qui n'existe que dans la tête de d'Alencourt, les ont compris et commenté au sens premier et obvie de ce qui est révélé dans la sainte Écriture concernant l'Antéchrist, à savoir qu'il s'agira bel et bien, et même terriblement, d'un personnage venant à la fin des temps, cristallisant et récapitulant dans sa personne humaine tout le mal "des six mil ans d'iniquités du monde, depuis la Création" (saint Irénée de Lyon) ; troisièmement et enfin, parce que les exégètes, expliquant à leur tour les Pères et la sainte Écriture, l'ont fait tout bonnement dans le sens... de la sainte Écriture et des Pères, à savoir, donc, suivre la révélation du Saint-Esprit nous enseignant que le mystère de l'Antéchrist comprend d'abord et principalement une notion personnelle individuelle. Donc, il est parfaitement faux de dire qu'il faudrait toujours comprendre au sens de multitude ce qui est exprimé scripturairement au singulier, quant à l'Antéchrist. Les Pères et autres exégètes catholiques n'ont en effet rien fait d'autre que de respecter ce sens personnel singulier révélé par le Saint-Esprit dans la sainte Écriture (ce qui n'est pas le cas de d'Alencourt), lorsqu'Il parle par ses prophètes du mystère de l'Antéchrist. D'Alencourt voudrait donc mettre sur le dos de nos pères dans la Foi une erreur qui... n'existe que dans sa tête, voulant sans complexe leur faire porter le poids de sa propre erreur à lui, qui est de nier le mystère de l'Antéchrist sous sa forme et notion personnelle individuelle.
           
        ... O tempora, o mores ! Alors, on a soit des cathos, tradis ou non, qui ne prennent absolument pas conscience qu'ils vivent la fin des temps, qui, tels les antiques pharisiens, "ont des yeux et ne voient point", alors pourtant que les signes eschatologiques, tous actualisés présentement, crèvent les yeux, vivant subséquemment une Foi désincarnée et surréaliste, ou alors on a des cathos eschatologues comme d'Alencourt qui ne voient plus que cela, au point que cela dévoie leur jugement sur les choses de l'eschatologie, au point de raconter quasi n'importe quoi sur le sujet. "Le juste milieu est le chemin des crêtes", c'est la perfection bien difficile à trouver pour les pauvres humains que nous sommes tous !
           
        Quant à d'Alencourt donc, il est si obsédé de l'accomplissement prophétique, qu'il voudrait, le malheureux, qu'il soit... déjà accompli ! "Tout est consommé" a dit le Christ sur la croix juste avant de mourir. Et d'Alencourt voudrait qu'on en soit déjà là pour notre monde et notre Église contemporaines, par une furieuse voire furibonde impatience, irrépressible et/ou non-comprimée, ne respectant pas la feuille de route du Bon Dieu. Il s'en faut cependant que nous soyons à la toute dernière étape, celle du règne de l'Antéchrist-personne, nous en sommes sûrement très-proche, mais nous n'y sommes pas, nous sommes toujours dans le temps de l'Antéchrist-légion devant engendrer l'Antéchrist-personne, c'est-à-dire dans la 6ème église (Philadelphie) avant la 7ème & dernière (Laodicée), qui sera celle du vomissement de l'impie (non, non, pour le dire ici en passant, nous ne sommes plus dans la 5ème église, Sardes, nous sommes passés dans la 6ème église, Philadelphie, et ce, depuis belle lurette, très-précisément depuis 1917 : c'est par un vrai péché de paresse spirituelle ou d'obscurantisme, que beaucoup de cathos tradis n'en ont pas pris conscience ; mon prochain article, derrière celui-ci, sera consacré à cette question importante).
           
        Manque de formation profonde, disais-je. Si Louis d'Alencourt avait bien étudié la théologie du Royaume ou eschatologie, il saurait, et ainsi ne tromperait pas gravement ses lecteurs (dont vous-même), que la doctrine de l'Antéchrist-personne est UNE VÉRITÉ DE FOI, et que c'est se positionner dans l'hérésie que de la nier.
           
        Voici l'extrait d'un livre écrit par un ecclésiastique au début du siècle dernier qui va bien vous le montrer. L'auteur, l'abbé Augustin Lémann, a pris grand'soin, dans son livre L'Antéchrist écrit en 1905, de classer les choses "certaines" et les choses seulement "probables" quant à la notion d'Antéchrist. Or, il range dans la catégorie des choses "certaines", sur le plan de la Foi, le fait que l'Antéchrist sera un homme individuel, et il appuie cela, entre autres, sur le concile de Trente, Suarez et saint Thomas d'Aquin, lesquels ne font, de leur catholique côté, que bien résumer la Foi de l'Église toute entière sur le sujet. Lisez attentivement, svp :
           
        "... DEUXIÈME CERTITUDE : L'Antéchrist sera un homme, un individu. "Il faut qu'on ait vu paraître l'homme de péché" (II Thess., II, 3). L'Antéchrist n'est donc pas une fiction, un mythe, ainsi qu'une plume de critique légère, celle de Renan, s'est efforcée de l'établir (Renan. L'Antéchrist, Paris 1873. p. 478-479). Il ne doit pas davantage être confondu avec une secte quelconque, une collection d'impies, un milieu d'athéisme, une période de persécution, ainsi que l'ont pensé certaines âmes pieuses. L'Antéchrist sera une réalité individuelle, une personne, surgissant, il est vrai, à une époque d'athéisme et de sectes perverses, mais, tout en ayant des liens étroits avec ces sectes et ce milieu d'athéisme, il ne laissera pas que d'être lui-même une personne, un individu "ayant les yeux d'un homme et une bouche qui proférait de grandes choses et des blasphèmes" (Dan., VII, 8, 20 ; Apoc., XIII, 5). Cathec. Conc. Trid. P. I art. VII. n. VIII : signa judicium præcedentia. - "Dicendum est Antichristum futurum esse verum hominem. Existimo esse assertio nem certam de fide" (Suarez. De Antichristo. Sect, I, n°4 ; Edit. Vivès, t. XIX, Paris. 1860).
           
        "TROISIÈME CERTITUDE : L'Antéchrist ne sera pas Satan incarné, ni un démon sous une apparence humaine, mais un membre de la famille humaine, un homme, rien qu'un homme. "L'homme de péché" (II Thess II, 3). Sans doute cet être recevra les inspirations de Satan et sera comme son instrument ; Satan sera son conseiller et son inspirateur invisible : il lui prêtera son appui, ses pouvoirs, mais il ne sera pas l'Antéchrist lui-même. "Dicendum est, Antichristum non solum futurum verum hominen, sed etiam veram humanam, propriam, et connaturalem humanitati ; itaque non erit persona dæmoni sin carnata" (Suarez, De Antich., Sect. I, n° 5) - S. Thom. Sum. theol. P. IIIa, q. 8, a. 8. "Erit homo (non dæmon incarnatus, ut quidam Scholastici opina tisunt) ; sed homo pessimus" (Van Steenkiste. Pauli Epistolæ, t. II, p. 276).
           
        Voilà, c'est clair : la Foi catholique fait obligation de croire que si l'Antéchrist est un mystère d'iniquité, cedit mystère sera bel et bien concrétisé, dans son épanouissement complet et achevé, par UN HOMME INDIVIDUEL, quand bien même il est parfaitement exact de dire que la notion d'Antéchrist recouvre également une notion collective. Voici le lien Internet du livre en question, qui devrait vous intéresser : http://catholicapedia.net/Documents/cahier-saint-charlemagne/documents/C227_Lemann_L.antechrist_28p.pdf
           
        Il n'est pas inutile maintenant de voir que la réflexion théologique montre que l'Antéchrist, dans son achèvement complet, ne peut effectivement être qu'un homme individuel. En effet, qu'est-ce que le démon cherche à faire avec l'Antéchrist et son règne maudit ? Essentiellement à singer la Rédemption qui donc inclue l'Incarnation d'un sauveur dans un homme individuel. Le règne de l'Antéchrist est en effet un règne où Satan prétend sauver l'homme, tout homme. Mais le démon, qui n'a rien en lui-même (il ne peut en effet rien créer, il ne peut que singer le Plan divin), imite donc ce qui s'est passé quant à la Rédemption-Incarnation véritable, celle du Christ Jésus. Or, quant au Plan divin, il y a d'abord eu l'incarnation d'une Personne individuelle, à savoir le Christ Jésus, vrai HOMME individuel, notez-le avec soin, puis ensuite, de cet Homme-Dieu, est née la Société du salut, l'Église (et conjointement la Société politique très-chrétienne basée sur les francs, qui va avec l'Église). Satan veut singer cela, et il ne peut donc le faire qu'en respectant les DEUX formes sous lesquelles le salut s'opère dans l'humanité, à savoir la forme individuelle (Jésus-homme) et la forme collective (l'Église qui est "Jésus-Christ continué", comme dit Bossuet). Cependant, le grand-Révolté va faire les choses à l'envers : au lieu que ce soit l'Homme du salut qui, par son Sacrifice, va engendrer la société du salut, comme dans le Plan divin de Rédemption-Incarnation, Satan va organiser d'abord une société de (pseudo-)salut, les fameux "dix rois", qui, en langue plus moderne, sont la Démocratie universelle basés sur les sataniques "droits de l'homme", et c'est cette société d'iniquité viscéralement antéchristique, à savoir l'Antéchrist-légion, qui va engendrer la personne individuelle de l'Antéchrist, l'Antéchrist-personne.
           
        Car de toutes façons, ce n'est qu'ainsi seulement que Satan peut prétendre séduire invinciblement l'humanité : par un homme d'iniquité, un vrai homme individuel. Parce que les hommes ne peuvent être séduits invinciblement que par un homme. Notez bien la mystique de la question : si Satan inverse l'ordre divin des choses, à savoir faire venir la personne de son "sauveur" prétendu APRÈS la société qui va avec, et non AVANT comme dans le Plan divin de Rédemption-Incarnation le Christ l'a fait, c'est parce que Satan est incapable de se sacrifier pour donner le salut à l'humanité. Quelle différence significative avec le Christ-Dieu ! Lui se sacrifie dans la Personne individuelle de Jésus, vrai homme, et ce sacrifice du Christ engendre le salut pour l'humanité toute entière en générant l'Église ou Christ-collectif, et la Société politique très-chrétienne qui en découle. Satan fait le contraire, il sacrifie toute une génération d'hommes en érigeant une société maudite ou Antéchrist-légion (la nôtre), qui a pour but d'engendrer un homme de prétendu salut, l'Antéchrist-personne. Lequel, dans une tromperie totale, un scandaleux et monstrueux mensonge, prétendra sauver l'humanité, alors qu'en fait, ce sera la génération d'hommes-victimes que Satan a sacrifiés pour cela dans le cadre de l'Antéchrist-légion, qui a permis qu'il naisse (très-notamment par les sacrifices des dizaines voire des centaines de millions d'être humains par les totalitarismes communistes et nazie)... Monstrueux tour de prestidigitation diabolique. Car l'Antéchrist-légion engendre l'Antéchrist-personne. Ô profondeur d'iniquité !! Alors que le Christ-personne a engendré le Christ-collectif ou Église.
           
        Debriefing. Donc d'Alencourt se trompe singulièrement et fort gravement en soutenant que la société de malédiction qui nous entoure opère déjà cette séduction maléfique maximale sans cependant qu'il y ait la personne individuelle de l'Antéchrist : métaphysiquement, elle ne peut pas opérer cette séduction maximum, pour la simple raison qu'une société ne peut pas séduire invinciblement un homme, un être humain ; seul un être humain peut séduire invinciblement un autre être humain. C'est pourquoi la séduction actuelle n'est pas encore la plus forte, elle ne sera invincible, humainement parlant (car le Christ protègera les justes et les élus, Il l'a promis), que lorsque le mysterium iniquitatis se sera incarné dans un homme vrai et réel. C'est ce que saint Irénée de Lyon, dans son magistral ouvrage doctrinal Contra Haereses écrit au IIème siècle de notre ère, avait fort bien vu, pour ne parler que de ce Père de l'Église qu'un Daniel-Rops considérait rien moins que comme "la synthèse du christianisme tout entier au IIème siècle", tant oriental qu'occidental. Donc, c'est fort grave en soi de faire croire aux fidèles actuels, comme le fait M. d'Alencourt, que la séduction est déjà maximale maintenant, sous l'Antéchrist-légion, alors qu'elle sera incomparablement plus forte lorsque l'Antéchrist-personne viendra : c'est exposer par-là même les âmes à une chute lorsque l'Antéchrist-personne viendra !
           
        "Parce que tu as gardé la patience ordonnée par ma Parole, Moi aussi Je te garderai de l'heure de la tentation qui va s'abattre sur l'univers entier", est-il dit à l'église de Philadelphie, la 6ème, la nôtre, ce qui vise expressément l'Antéchrist-personne et le règne inique qu'il instaurera. Je suggère à ce cher M. d'Alencourt de bien méditer le mot "patience" et d'observer avec soin le conseil du Christ, ici. S'imaginer qu'on est déjà à la tentation ultime, alors que l'Antéchrist-personne n'est pas encore paru, est céder au péché d'impatience. Et cela peut avoir, sous le rapport de la Foi, des conséquences très-graves.
           
        Vous pouvez faire lire ce texte à d'Alencourt, je vous y autorise si vous voulez.
           
        2/ Bravo & félicitation de vous intéresser à, et d'adopter la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que j'ai exposée le mieux que j'ai pu sur mon site ! Ce qui indique que vous êtes très-bien inspiré. Bien entendu, contre elle, qui n'est que la vérité ecclésiale de notre temps que le Bon Dieu me fait "l'honneur ignominieux" d'exposer seul dans la Tradition, vous trouvez ces entêtés souvent endurcis de sédévacantistes... le contraire aurait étonné. La loi de droit divin de l'infaillibilité de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape sur un tel, de l'ordre du "fait dogmatique", les gêne bougrement... forcément ! Puisqu'elle réduit à rien, foudroie à la racine, in radice, leur thèse sédévacantiste complètement hérétique, obscurantiste, sectaire et zélote. Et cependant, elle est tirée de la Constitution divine de l'Église, telle que le Christ l'a façonnée il y a 2 000 ans. Vous le comprendrez très-facilement, vous qui êtes de bonne volonté (je n'en dis pas autant des sédévacs, prêtres ou laïcs du reste), rien qu'en lisant entièrement ma page de réfutation du sédévacantisme au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/9-refutation-de-la-these-sedevacantiste.
           
        Pour répondre à une autre des pertinentes questions de votre courriel : toutes les lois de droit divin qui régissent la Constitution de l'Église ne sont pas forcément explicitées formellement dans un dogme, cher ami. Il y en a qui, tout en étant bel et bien de droit divin, ne sont pas encore dogmatisées. Pour bien comprendre pourquoi il en est ainsi, il faut se représenter le Trésor de l'Église comme une Vie, une Grâce plénière et totale donnée une fois pour toutes par le Christ à son Épouse l'Église, et qui d'ailleurs la fait naître en même temps, lorsqu'Il meurt sur la croix. La mort de Notre divin Sauveur, en effet, fait naître ipso-facto, par le fait même, son Épouse, qui n'est rien d'autre qu'un autre Lui-même, "Jésus-Christ continué" (Bossuet), avec bien sûr toute sa Vie et toute sa Grâce divines : c'est ce que les théologiens appellent d'une manière un peu sèche le Dépôt révélé. Mais l'Église ne fait l'inventaire de ce Dépôt révélé qu'au fil du temps : tout-à-coup, par la motion du Saint-Esprit, par le jeu merveilleux de la Providence divine, l'Épouse du Christ comprend intellectuellement que la vie de la grâce du Christ dont elle vit, signifie quelque chose de particulier, qu'elle désenveloppe doctrinalement alors, et dont elle fait un dogme. Le dogme est en fait une conscientisation intellectuelle par l'Église du Trésor christique dont elle vit déjà, sur un point particulier. Donc, tous les trésors particuliers dont vit déjà l'Église ne sont pas forcément explicités intellectuellement... tout simplement parce que le Saint-Esprit n'inspire par l'Épouse du Christ de s'en occuper, d'en prendre conscience jusqu'à la dogmatisation... ce qui, bien sûr, ne signifie nullement qu'ils ne sont pas absolument, déjà, des trésors de grâce, des lois divines dont elle vit... et... qu'il est donc formellement hérétique de contredire. Ainsi en est-il de la loi de l'infaillibilité de l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape sur un tel, dont nous parlons, qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale. Donc, pour conclure, ne vous attendez pas à trouver toutes les lois de droit divin qui régissent la Constitution divine de l'Église dans un manuel de théologie, celui-ci fût-il très-complet ! J'aborde très-précisément cette question importante dans ma page de réfutation du sédévacantisme, que vous ne manquerez pas de lire, et qui vous délivrera complètement, j'en suis bien sûr, des mensonges obscurantistes, âneries de Gros-Jean comme devant, et autres forfaitures sédévacantistes.
           
        Bien à vous, cher M. xxx, in Christo Rege,
 Vincent Morlier
           
        PS : Je compte sur vous pour dire un Ave Maria pour moi devant une statue de la très-sainte Vierge, pour me récompenser de vous consacrer du temps, merci !
 
 
 
- III -
           
        [La loi interdisant la publicité de courriers ou courriels privés, j'ai le regret de ne pouvoir reproduire sur mon site la réponse de M. d'Alencourt à mon courrier ci-dessus, adressé à mon ami, qui le lui avait communiquée. J'en reprends de toutes façons tous les points forts, sans en oublier aucun, dans la réponse vigoureuse et sévère que je lui fais, qu'on trouvera intégralement ci-après. Je résumerai ici simplement sa réponse en disant que notre "eschatologue" distingué s'entête dans son rejet de la doctrine catholique sur l'Antéchrist-personne, voulant ne voir l'Antéchrist que sous la forme collective, voulant surtout que la tentation présente qui est la nôtre sous l'Antéchrist-légion, soit celle maximale, à laquelle même si l'Antéchrist-personne existait et devait venir, il ne rajouterait rien : ce qui est tromper les âmes fort dangereusement. De plus, dans sa réponse, notre "eschatologue", s'appuyant sur le fait que je n'ai aucune autorité ecclésiale pour le détromper, veut, ce qui m'a singulièrement déplu, que chacun soit libre de professer son opinion, même quand on la dénonce comme étant sûrement contraire à la Foi ! N'oubliant qu'une chose : personne n'a le droit d'en prendre à son aise avec la vérité doctrinale, la pureté de la Foi est primordiale, surtout à notre époque, et notre salut y est intimement lié. Voici donc ma seconde et dernière réponse à sa réponse, cette fois-ci adressée à lui directement :]
 
        Ce 31 Octobre 2014.
           
        M. d'Alencourt,
           
        Je suis fort surpris des thèses peu catholiques que vous développez sur votre site, sous la couverture d'une "mission" de prophète catho tradi dont vous vous dites inspirée. Il est bon, certes, c'est même fort louable, d'avertir nos contemporains que la période que nous vivons est celle de la Fin des temps, encore faut-il ne pas leur raconter n'importe quoi, car alors, on discrédite le prophétisme catholique dans les âmes, et on fait pire que diable.
           
        Un ami m'ayant fait part de votre refus de croire dans la doctrine de l'Antéchrist-personne, je lui ai fait une réponse pour bien montrer que cette doctrine de l'Antéchrist-personne n'est pas du tout ce qu'on appelle une "opinion libre" chez les théologiens, c'est-à-dire quelque chose qu'on serait libre de croire ou de ne pas croire, mais qu'au contraire, c'est une doctrine DE FOI, de fide. Si ce n'est pas l'objet d'un dogme défini, ç'en est formellement celui du Magistère ordinaire & universel, doté lui aussi de l'infaillibilité ecclésiale j'espère que vous ne l'ignorez pas.
           
        Or, ma dite réponse vous a été communiquée, et vous avez osé y répondre en vous entêtant dans votre mauvaise croyance que l'Antéchrist recouvre seulement une collectivité mais pas une personne, rajoutant en plus un jugement sur l'abbé Lémann, qui ne faisait pourtant que rapporter la Foi de l'Église en la matière, qui... vous juge surtout vous-même : ses arguments seraient "très minces" (sic) ! Le problème, c'est que lesdits arguments sont ceux de la Foi. Alors, je ne donne pas cher de la vôtre, M. d'Alencourt, si vous vous permettez de juger la Foi de l'Église... Vous montrez là un entêtement orgueilleux qui non seulement est très-répréhensible, mais de plus fort dangereux spirituellement, et pour votre âme, et, hélas, pour les âmes des lecteurs de votre site.
           
        L'argumentation théologique principale pour prouver que l'Antéchrist recouvre essentiellement une personne individuelle, que je développais dans ma réponse, était cependant sans réplique (et c'est pourquoi du reste, vous n'y avez répondu que par la dénégation têtue, non-argumentée, irréfléchie et sans valeur). En effet, ce qui prouve théologiquement que l'Antéchrist recouvre d'abord une notion de personne individuelle, c'est que Satan cherche par le règne de l'Antéchrist à singer et supplanter la Rédemption des hommes. Or, la Rédemption des hommes par Dieu inclue l'Incarnation dans un être humain, qui fut Jésus-Christ. Satan voulant singer la Rédemption par le règne de l'Antéchrist, ne pourra donc que copier aussi cet aspect essentiel et principal de la Rédemption, c'est-à-dire l'Incarnation du salut DANS UNE PERSONNE INDIVIDUELLE (d'un pseudo-salut évidemment, pour ce qui est de lui, Satan, et de son maudit Antéchrist-personne).
           
        C'est par ailleurs dans un mensonge le plus total, ou une non-connaissance des textes, à vous de cocher la case utile, que vous osez dire que les sources scripturaires quant à l'Antéchrist n'évoquent jamais la notion de "personne", mais seulement de "collectif". C'est que vous n'avez pas lu la sainte-Écriture alors, sur le sujet. Ou alors que vous ne voulez pas vous soumettre à la Vérité de ce qui y est révélé, à savoir, pour notre sujet, l'infaillible révélation de l'Antéchrist-personne.
           
        Je n'en citerai qu'un texte, il est de Daniel, qui révèle sans équivoque aucune, sauf pour les esprits négateurs fils de Satan, la notion personnelle individuelle de l'Antéchrist, il le décrit en effet de cette manière : "... Et voici, cette corne [l'Antéchrist] avait des yeux comme les yeux d'un homme, et une bouche qui disait de grandes choses et des blasphèmes" (Dan VII, 8 & 20, repris par Apoc XIII, 5). Considérez avec soin, M. d'Alencourt, que Daniel nous décrit le mysterium iniquitatis d'abord sous une forme collective, ce sont les 4 bêtes, et ensuite, comme je l'écrivais dans la réponse que vous avez (mal) lue, de ces 4 bêtes qui sont l'Antéchrist-collectif ou légion, sort une corne (c'est-à-dire une puissance politique de roi, selon la terminologie scripturaire)... laquelle aura des "yeux" et une "bouche", descriptif très-différent du descriptif des 4 bêtes précédent qui représentent l'Antéchrist-légion (c'est-à-dire, comme je vous l'expliquai dans ma réponse, que dans le mysterium iniquitatis, c'est l'Antéchrist-légion qui engendre l'Antéchrist-personne ; au lieu que dans le Mystère divin de la Rédemption, c'est le Christ personnel qui engendre le Christ-collectif ou Église). Comment le prophète de Yahweh pouvait-il mieux décrire un HOMME, comme il le fait ici dans ce passage, en évoquant une "bouche" et des "yeux" ? Impossible, évidemment, de faire mieux. Des 4 bêtes antéchristiques, sort un homme antéchristique : c'est là, de par Dieu, sa révélation. Et nous sommes tous tenus d'y croire, sous peine de faire forfait dans la Foi. Cette prophétie non-équivoque pour désigner le mystère de l'Antéchrist sous la forme d'un homme individuel, avec des yeux et une bouche, ce qu'il ne dit pas pour les bêtes qui le précèdent et qui représentent l'Antéchrist-légion, est d'ailleurs si importante aux yeux de Dieu, qu'Il la fera répéter mot à mot par saint Jean dans son Apocalypse (XIII, 5). Preuve, s'il en était besoin, que la révélation que l'Antéchrist sera un HOMME INDIVIDUEL est très-importante pour notre Foi puisque cette révélation de l'Ancien-Testament est répétée dans le Nouveau...
           
        Or donc, une fois cette corne, ce roi d'iniquité, paru dans le monde, que fait-il ? Daniel nous décrit son activité comme étant celle d'un... HOMME INDIVIDUEL : "Les dix cornes de ce même royaume, ce sont dix rois ; il s'en élèvera un autre après eux, et il sera plus puissant que les premiers, et il abaissera trois rois. Il proférera des paroles contre le Très-Haut, il écrasera les saints du Très-Haut, et il pensera qu'il pourra changer les temps et les lois ; et ils seront livrés entre ses mains pendant un temps et des temps, et la moitié d'un temps. Alors le jugement se tiendra, afin que la puissance lui soit enlevée, qu'il soit détruit et qu'il disparaisse à jamais" (Dan VII, 24-26). Donc, après nous avoir décrit l'Antéchrist ultime comme un homme individuel puisqu'il a des "yeux" et une "bouche", Daniel nous décrit son agir comme étant celui d'un... homme individuel, il parle, il pense, il a des mains. Vous avez déjà vu, vous M. d'Alencourt, un système "proférer une parole", avoir une "pensée", et des "mains" ?! Il faut être vraiment bouché à l'émeri pour ne pas comprendre qu'ici le prophète décrit sans ambigüité aucune l'Antéchrist ultime comme un HOMME. Ces versets décrivent en effet l'activité d'un homme puissant et méchant contre les saints, et non l'activité malfaisante d'un simple collectif systémique contre les saints. Il serait temps que vous vous rentriez cela bien dans la tête et l'âme... si vous voulez rester catholique.
           
        Car il ne sert de rien de dire, comme vous le faites, sauf pour montrer que vous ne savez pas la science de la sainte-Écriture, que les textes scripturaires contiennent plus de descriptions de l'Antéchrist qui s'appliquent à un collectif qu'à un homme individuel (ce qui du reste n'est même pas vrai) : il suffit en effet que, pour un même sujet traité scripturairement, mettons dans vingt versets différents, un seul verset dise une chose, pour que cette chose soit révélée infailliblement, quand bien même les dix-neuf autres versets scripturaires s'exprimant sur ledit sujet n'en diraient traître mot. C'est un principe exégétique bien connu. Donc, quand bien même il n'y aurait que le passage de Daniel que je viens de citer, par ailleurs doublé dans l'Apoc, pour prouver que l'Antéchrist sera une personne individuelle, ce serait exégétiquement suffisant pour que cela soit couvert infailliblement par la Révélation. Fichez-vous bien cela dans votre esprit négateur de la vérité catholique sur cette question, M. d'Alencourt. Du reste, il s'en faut qu'on soit dans ce cas de figure, car il y a autant de passages scripturaires sur l'Antéchrist qui en parlent comme d'un collectif, que de passages à en parler comme d'une personne individuelle. Et par ailleurs, apprenez, car vous ne le savez certainement pas, que si un seul verset scripturaire sur vingt révèle un aspect particulier sur un sujet donné, cet aspect rejaillit automatiquement sur les dix-neuf autres qui ne le contiennent pas, tant il est vrai que "l'Écriture éclaire l'Écriture", autre principe exégétique de base. Ce qui signifie, pour finir, que cela ne sert donc absolument à rien, comme vous le faites, de citer des versets scripturaires parlant de l'Antéchrist comme d'un mystère collectif pour asseoir la thèse d'un Antéchrist qui serait seulement collectif, à partir du moment où l'on sait qu'on a par ailleurs des versets le décrivant dans son mystère personnel individuel : car il faut comprendre exégétiquement les versets exprimant le mystère de l'Antéchrist sous sa forme collective... également de manière personnelle individuelle (de même, d'ailleurs, pour la réciproque : il faut voir un sens collectif dans les passages scripturaires qui traitent de l'Antéchrist de manière individuelle) ! Pour ne pas connaître la science exégétique, vous racontez donc à peu près n'importe quoi sur le mystère de l'Antéchrist.
           
        Cette vérité que l'Antéchrist est D'ABORD une personne individuelle, nonobstant tout autre sens, notamment bien sûr celui collectif, est si certaine, qu'elle est même connue... des littérateurs savants, des rédacteurs de dictionnaires de langue française, et des académiciens pas forcément... croyants. Même la simple langue française, donc, a intégré ce concept de personne individuelle quand son Académie tâche de définir ce qu'est la notion d'Antéchrist (pour le dire ici en passant, j'attache beaucoup d'importance au criterium de la langue française, car la virtus du génie français, qui vient directement du Christ, est souvent extrêmement révélatrice au sens fort...).
           
        Voyez par exemple sur ce site très-officiel du Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales, en lien direct avec le CNRS dont il est une émanation. Voici comment les auteurs savants définissent l'Antéchrist, je les cite :
           
        "A.-- THÉOL. Nom donné, à la suite de saint Jean (1re ép., II, 18 et 22, etc.), à un personnage mystérieux qui détient le pouvoir de Satan et doit apparaître à la fin des temps pour mener contre l'Église du Christ une lutte suprême : "Ils ajoutaient qu'avant la fin du sixième millénaire son évangile serait répandu parmi les nations, et qu'au bout de six mille ans de la durée du monde l'Antéchrist viendrait, persécuterait les justes, et exercerait sur eux mille cruautés ; mais qu'alors Jésus-Christ descendrait du ciel pour abolir le règne de ce tyran" (Leroux, De l'Humanité, t. 2, 1840, p. 713).
           
        "B.-- P. ext.
           
        "1. Nom donné, à la suite de saint Jean (1re ép., II, 18), aux adversaires du Christ devant se manifester à la fin des temps ; faux prophète, impie, apostat : "... 5. "Les vieux mythes, même quand nous n'y croyons plus, sont tout-puissants sur notre âme. Qui voulait être l'antéchrist, Nietzsche, subissait encore le trouble et les délices que le Christ introduisit dans le monde" (Guéhenno, Journal d'une Révolution, 1938, p. 127).
           
        "2. Au fig., pop. et péj. Un antéchrist. "Un méchant homme, un démon" (Guérin, 1892) : "Le danger monte, c'est une vague, une houle. ? De quoi parlez-vous ? ? Mais des antipatriotes ! Aujourd'hui même ils mobilisent l'arrière-ban de la pègre derrière les Antéchrists de l'anarchie, et le socialisme révolutionnaire déferle au Pré-Saint-Gervais" (Aragon, Les Beaux quartiers,1936, p. 327). Cf. http://www.cnrtl.fr/lexicographie/antéchrist.
           
        Tâchez de bien intégrer les notions sur l'Antéchrist, M. d'Alencourt, il serait grand'temps. La langue française les expose fort bien, et surtout dans un ordre impeccable : l'Antéchrist recouvre D'ABORD ET ESSENTIELLEMENT une personne humaine vraie et réelle, c'est la définition théologique, selon nos académiciens, et ils entendent par-là : catholique. Ensuite, et ensuite seulement, prière de bien noter l'ordre des choses, l'Antéchrist recouvre SECONDAIREMENT ET "PAR EXTENSION" disent nos savants auteurs, la notion collective, c'est-à-dire une collection d'impies formant une société donnée à la fin des temps, etc. Et troisièmement et d'une manière éloignée cette fois-ci, l'Antéchrist est synonyme de "méchant homme, un démon".
           
        Pour parfaire votre instruction, car vous n'avez rien compris à rien de ce que vous prétendez traiter, vous pourrez aussi aller voir sur http://www.la-definition.fr/antéchrist, où vous ne manquerez surtout pas de noter les différentes définitions académiques données par les dictionnaires de 1835, 1932 & 1986 : toutes disent que l'Antéchrist, si le mot recouvre un sens collectif, recouvre à égalité un sens personnel et individuel.
           
        Donc, apprenez bien la leçon que j'ai tirée cette fois-ci tout exprès de laïcs voire de non-croyants, quand les théologiens catholiques disent la même chose exactement (que ce soit les Apôtres, les Pères ou les exégètes), sans parler de l'infaillible révélation scripturaire qui dit encore et toujours que l'Antéchrist sera un homme individuel. Et cessez enfin de tromper les âmes sur cela, M. d'Alencourt, c'est très-préjudiciable pour tout le monde, à commencer pour vous. Dieu vous en demandera compte, si vous persévérez là-dedans, ne l'oubliez pas. Lorsque vous avez voulu créer votre site, je me rappelle, vous avez voulu à toutes forces communiquer avec moi parce que, me précisiez-vous, vous aviez puisé votre inspiration eschatologique et prophétique surtout à partir de mes livres. Fort bien. Alors, écoutez votre "aîné en eschatologie", il vous dit ici la vérité sur cette question. Je sais bien que de nos jours, "tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds" (Secret de La Salette), que tout est spirituellement à bas dans l'Église, et que donc je n'ai strictement aucune autorité sur qui que ce soit, donc sur vous, mais apprenez à écouter ceux qui ont passé le soc de charrue bien avant vous, un soc très-profond, là où vous passez présentement avec une motobineuse superficielle. Je ne dis pas cela pour vous vexer croyez-le bien, mais quand je vois ce que vous écrivez sur votre site, je me demande si vous ne feriez pas mieux de le fermer, allant, dans votre quête numérologique insensée, jusqu'à compter le nombre de buts enregistrés lors de la dernière coupe mondiale de football, pour les appliquer, dans des calculs abracadabrantesques, à la date du grand Dénouement... on croit rêver ou plutôt cauchemarder !!!
           
        Hélas ! Internet est une épée à double tranchant. Celui qui a la vraie science peut effectivement donner une grande propagation à cette vraie science, en créant un site. Et ainsi, nourrir son prochain de la Vérité qui, dans n'importe quel domaine ne l'oublions pas, est Jésus-Christ Lui-même Soi-même en Personne ("Je suis la Vérité, la Voie et la Vie"). Mais n'importe quel crétin ne possédant aucune science sur le sujet qu'il traite, peut en faire autant. Et s'attribuer la même autorité de webmaster, littéralement "maître sur Internet", que celui qui est accrédité par sa science véritable à avoir une vraie autorité ! Je ne citerai pas de nom ni de site. Par pitié, ne ressemblez pas à ces petits morveux orgueilleux qui, du haut de leur site, s'imaginent avoir transmué leur imbécilisme en intelligence par le seul fait de s'être auto-revêtu d'une pseudo-autorité de webmaster de site ! Par pitié, n'ambitionnez pas d'être le "Éric Zemmour de l'eschatologie", c'est-à-dire un esprit brouillon-pressé qui prétend orgueilleusement juger toutes choses du haut d'une pseudo-science glanée livresquement à droite-à gauche, mais dépourvu de la science véritable et de l'intelligence nécessaire, ou bien plutôt de l'indispensable humilité, pour l'obtenir.
           
        Autre chose ne va pas dans le bon sens, dans votre réponse à ma réponse envoyée à mon ami. Vous vous targuez de faire beaucoup d'activités prophétiques, quand moi, je serai inactif, en me cantonnant dans un site aux contours fermés. Mais que s'agit-il de faire, à la fin des temps, M. d'Alencourt ? Il s'agit essentiellement d'être IMMOBILE, au for externe. Quand on est crucifié, on est immobile. Vous le savez, la "crise de l'Église" et du monde entier d'ailleurs à sa suite, est une réplication de la Passion du Christ, laquelle est archétypale. Si vous voulez donc comprendre quelle doit être votre attitude et votre comportement pendant ce que j'ai appelé "LA PASSION DE L'ÉGLISE", alors, regardez et instruisez-vous, comme je l'ai fait avant vous, sur ce qui s'est passé lorsque le Christ était cloué en croix, et c'est pour cette Heure qu'Il était venu, Il le dira Lui-même, c'est-à-dire c'est à cette Heure précise qu'il sauvait tous les hommes (qui veulent bien l'être). La Vierge immaculée était au pied de la croix avec saint Jean et les saintes femmes, contemplant le Christ cloué en croix : TOUS RESTENT TRÈS-DOULOUREUSEMENT IMMOBILES PENDANT PLUSIEURS HEURES SUR LE MONT DU CALVAIRE, TREMBLANTS DE N'Y POUVOIR PLUS TENIR SUR LEURS PIEDS CHANCELANTS LA MINUTE SUIVANTE, au moment même où l'Acte du salut est en train de s'opérer formellement (Jésus, en effet, n'a pas sauvé les hommes par l'extraordinaire activité qu'Il a déployée pendant ses 3 ans de vie publique, miracles inclus, mais en restant IMMOBILE sur la croix pendant quelques heures...). PERSONNE, DANS CE MOMENT OÙ TOUT EST SUSPENDU ET QUI SUSPEND LE TEMPS LUI-MEME, NE PARLE ET ENCORE MOINS NE BLABLATE, sauf Jésus, en sept rares et testamentaires mots courts et lapidaires. C'est à méditer par vous à genoux et les bras en croix et... les mains sous les genoux, M. d'Alencourt, vous en avez bougrement besoin pour réprimer en vous le prurit de l'activisme spirituel désordonné, brouillon et pressé, qui hélas, est trop la note principale de votre site.
           
        Un dernier point à rectifier. Dans votre article, vous soutenez plusieurs fois le raisonnement qu'il faut avertir les gens dès maintenant qu'ils vivent le mystère d'iniquité, comme ça, ils n'ont rien à craindre, même au cas où l'Antéchrist-personne arriverait. Vous biaisez, M. d'Alencourt, vous répondez à côté de la question, pour ne pas vouloir voir l'erreur dans votre pensée, que je vous dénonce. Cela va sans dire, bien sûr, pour un catholique, que lorsque nous sommes aux temps de l'Antéchrist-légion, il faut avertir son prochain de l'imminence de la grande épreuve spirituelle "qui doit s'abattre PROCHAINEMENT sur l'univers entier" (église de Philadelphie), c'est ce que j'ai essayé de faire quant à moi autant que j'ai pu, mais il ne faut pas, comme vous le faites en vous entêtant dans votre hérétique conception de l'Antéchrist conçu comme étant seulement un collectif, présenter cette période de l'Antéchrist-légion comme étant déjà... l'ultime épreuve spirituelle. Elle n'en est que le prodrome, l'antichambre, les prolégomènes, comme le dit d'ailleurs très-bien l'Ange à la 6ème église, celle de Philadelphie, la nôtre, que je viens de citer : "... épreuve qui doit s'abattre PROCHAINEMENT sur l'univers entier". Si ça doit arriver "prochainement", c'est que ce n'est pas encore arrivé, même La Palice aurait pu le dire. Cette dite période de l'Antéchrist-légion ne fait qu'annoncer ladite épreuve ultime qui est à venir et qui n'est pas encore là. Donc, vous trompez les âmes par votre conception hérétique de l'Antéchrist, en leur faisant croire, comme je vous le disais déjà dans ma réponse que vous n'avez pas voulu, par entêtement voire orgueil, comprendre, que notre période actuelle de l'Antéchrist-légion est DÉJÀ l'épreuve ultime et maximale... alors que celle-ci est à venir. C'est grave, cela, car les gens qui auront cru, par votre faute, que la tentation présente est déjà celle maximale, seront déstabilisés voire renversés lorsque celle qui sera vraiment maximale adviendra par l'ouverture du règne de l'Antéchrist-personne, qui sera incomparablement plus forte sur les âmes que la tentation actuelle de l'Antéchrist-légion, autant qu'une tentation venant d'un système inique a incomparablement moins de force qu'une tentation venant d'un homme représentant ledit système inique. Donc, rectifiez le tir là-dessus, votre dévoiement des âmes est grave en soi.
           
        Cette fois-ci, je vous souhaite une bonne lecture, lente, approfondie, scrupuleuse, sérieuse, crayon à la main, de ce qui précède, qui, certes, est sévère, mais je crois que vous le méritez un peu et même beaucoup.
           
        Afin d'apprendre la science eschatologique VRAIMENT.
           
        Et de la propager ensuite, si vous vous en sentez la mission, sur votre site.
           
        Croyez-moi bien vôtre, M. d'Alencourt, in Christo Rege, et comptez sur ma prière pour faire mieux (vous êtes pour l'instant un prophète dévoyé, à purifier, mais un prophète quand même, qui pourrait faire du bien s'il acceptait la purge...).
 
Vincent Morlier
           
        PS, rajouté ici, que je n'ai pas envoyé à M. d'Alencourt :
           
        Ayant été lire en entier le susdit article de d'Alencourt sur son site, je note aussi, entre autres, une grave erreur qu'il fait : relativiser à son goût la durée du règne de l'Antéchrist-personne, que l'Apocalypse nous révèle être de 42 mois. Il y est obligé, forcément ! Cette durée de temps qui correspond en effet grosso-modo au règne d'un Antéchrist qui sera une personne humaine (pour mémoire terrible, rappelons-nous que le pouvoir d'Hitler, cette préfigure moderne la plus parfaite de l'Antéchrist-personne, dura en pleine puissance à peu près 42 mois, c'est-à-dire quelques années seulement), gêne bougrement sa thèse de ne vouloir considérer qu'un Antéchrist-légion ! Car la durée du règne de l'Antéchrist-légion est beaucoup plus longue, plusieurs lustres ou décades. Alors, pour faire coller la durée révélée du règne de l'Antéchrist, à son idée de vouloir qu'il ne s'agit que d'un Antéchrist-légion, il ose relativiser ce temps pourtant scripturairement révélé ("Tout cela [le temps que met l'Antéchrist-légion à prendre forme] dure bien plus longtemps que 42 mois. Or l'Apocalypse décrit la totalité du système pour cette durée. Manifestement, comme pour toute date ou durée donnée dans une prophétie, il faut découvrir le véritable sens de ce "42 mois" et la vraie durée cachée"), et ose l'élargir, en tirant sur l'élastique, à... 84 ans, ce qui bien sûr, correspond un peu mieux au temps du règne de l'Antéchrist-légion ("Il n'y aura pas 42 mois d'Antéchrist. Il y a déjà plus de 84 ans derrière nous dont 56 particulièrement éprouvants, c'est déjà pas mal")...!!
           
        Quand on a décidé de plier le Saint-Esprit à ses petites opinions personnelles, pourquoi s'arrêter en chemin, n'est-ce pas ? Malheureusement pour d'Alencourt, le Saint-Esprit a révélé le temps que durera le règne de l'Antéchrist-personne d'une manière extrêmement précise et incontournable, et je crois bien qu'il n'y a pas une plus grande précision de temps aussi rigoureusement révélée dans toute la sainte Écriture, Ancien et Nouveau Testaments réunis...! Le Saint-Esprit révèle en effet par Daniel et saint Jean la durée du règne de l'Antéchrist rigoureusement comptée dans la balance divine, mane, thecel, pharès, de trois manières différentes, en années (3 temps et un demi temps, c'est-à-dire 3 ans et demi), en mois (42 mois) et en jours (1260 jours), qui révèlent exactement la même longueur de temps, justement pour interdire absolument de la relativiser... comme ose le faire d'Alencourt !
           
        Conclusion : ce temps du règne du maudit devant durer rigoureusement 3 ans et demi maximum (car Notre-Seigneur Jésus-Christ promet dans l'Évangile que ce temps sera abrégé eu égard aux élus, il sera dans les faits plus court, quand bien même on ne sait pas combien de temps la Providence divine abrègera le règne de l'Antéchrist-personne...), il s'agit donc bien du règne d'un homme individuel, autre confirmation scripturaire, donc dotée de l'infaillibilité, s'il en était besoin, pour être bien sûr que la doctrine de l'Antéchrist-personne est révélée.
 
 
 
16-11-2014 16:44:00
 

L'HEURE EST GRAVE, CITOYENS (dénonciation d'un scandale affreux)

15-11-2014 16:11:00
 

Comment le catholique peut-il lutter contre la loi infâme du "mariage pour tous" ? Rappel de quelques règles aussi vitales qu'oubliées

 
 
 
Comment le catholique peut-il lutter contre
la loi infâme du "mariage pour tous" ?
Rappel de quelques règles aussi vitales qu'oubliées
 
 
 
Præambulum
           
        Cet article de fond est rédigé sous forme de Lettre. Il fait suite à une news de "Le Point.fr" en date du 2 juillet 2013 (cf. http://www.lepoint.fr/politique/mariage-gay-les-maires-refractaires-passent-a-l-offensive-02-07-2013-1688256_20.php), relatant le combat mené par certains maires de France contre la loi du "mariage gay", au moyen de... la "liberté de conscience" et des "droits de l'homme". Un proche m'ayant envoyé par courriel cette news pour me vanter ce combat des maires de France en ces termes : "Cela fait plaisir, malgré tout !", j'ai saisi l'occasion pour lui rappeler certaines règles élémentaires et fondamentales du combat catholique, sans le respect desquelles tout combat mené contre les méchants et le mal ne peut qu'aboutir à l'échec, n'étant pas intégré au bonum certamen (II Thim IV, 7). Pour ne pas risquer de déprécier l'élan du texte, je lui ai gardé sa forme épistolaire originelle.
 
 
 
        Ce 14 juillet 2013.
 
        À MON CHER FRÈRE BENOIT (& copie à mes amis catholiques, qui peuvent encore, je l'espère de tout cœur du moins, comprendre... le français).
 
        Hélas, non, cher Benoît, la réaction des maires de France contre le mariage gay, est loin de faire plaisir à un catholique véritable... elle l'afflige au contraire profondément.
           
        Refuser la loi du mariage pour tous, donc gay, est évidemment un bon combat, un bonum certamen. Mais la refuser au nom de la "liberté de conscience", en s'appuyant sur les "principes de 89" ou la Constitution laïcarde de 1946, comme je le lis, ébahi et triste, dans l'article de Le Point dont tu me donnes les coordonnées ci-dessus, est une aberration complète, une folie totale, qui annihile radicalement, par le fait même, le combat du Bien.
           
        La "liberté de conscience" est en effet un principe purement révolutionnaire, une arme de guerre contre la Religion, qui signifie : "Je pense et fais ce que je veux, comme je veux, et j'en ai le droit, sans tenir aucun compte de la Loi de Dieu et l'amour du prochain ; c'est moi qui suis la norme du Bien et du mal". C'est le droit fondé sur l'autonomie réprouvée de Lucifer par rapport à Dieu. C'est dire s'il est absurde, et même blasphématoire, de s'y référer pour soutenir un combat... du Bien au service de l'Ordre divin. C'est moralement aussi contre-nature que... tiens, oui... le mariage gay !
           
        D'autant plus que si je prends les armes du mal pour mener un combat du Bien, ces armes du mal commenceront par... détruire mon combat pour le Bien. C'est ce qui va arriver, avec les maires de France. Il n'y a même pas besoin d'être prophète pour le prédire. Ce sera en effet jeu d'enfant pour les subversifs de leur opposer que la révolutionnaire "liberté de conscience" est nécessairement INTÉGRÉE à la démocratie et à sa volonté manifestée dans la loi républicaine. C'est en effet la démocratie qui est le cadre formel obligatoire de la "liberté de conscience", cette dernière n'étant qu'un matériau pour construire l'ordre démocratique anti-Dieu qui nous est imposé universellement. Et bien sûr : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté [révolutionnaire] !" Par conséquent, on va vite leur faire comprendre, à ces braves maires républicains mais qui ne vont pas au fond des choses, en les prenant plus ou moins gentiment par le bras, qu'il n'est pas admissible ni même sérieux d'user d'une arme révolutionnaire pour contrer le combat de la Révolution, en l'occurrence, le mariage gay légalisé... Et ils seront, d'une manière ou d'une autre, obligés de se mettre au pas, par l'absurdité même de leur combat : la honte, c'est qu'ils ne seront même pas déboutés injustement, mais... justement ! Tu n'auras qu'à suivre l'actualité, et tu verras que cela va se passer exactement comme je viens de le dire.
           
        La véritable arme à prendre par les maires de France est DIEU LUI-MÊME, qui a créé la nature humaine et sa loi inhérente (que contredit radicalement le mariage pour tous), et auquel Bon Dieu tous doivent respect et obéissance.
           
        Ce n'est même pas premièrement à cause de la loi naturelle que la loi du mariage gay est répréhensible, c'est à cause de Dieu qui a créé l'Ordre naturel de telle manière et pas de telle autre, et c'est donc UNE ATTEINTE MORTELLE À DIEU que la loi du mariage gay, qui veut pas moins, si l'on va au fond abominable des choses, que "reconstruire" sacrilègement et lucifériennement la Création (comme l'a très-bien vu le docteur Dickès de son côté). Le mariage est en effet considéré par les subversifs comme une chose qui appartient à l'homme (et donc, c'est l'homme qui fixe les lois qu'il veut au mariage), et plus du tout à Dieu. Lis cette abominable déclaration de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques, montant au créneau pour faire passer la loi Taubira : "Le mariage est une institution républicaine [!!!] et grâce à ce texte [la loi Taubira] il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré [!!!], sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" (intervention de la ci-devant à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) — (Il ne reste plus à la ci-devant ci-derrière qu'à militer logiquement pour la suppression "homme - femme" dans les chiottes publiques, cette insupportable différenciation sexiste qui n'est pas républicaine).
           
        Ce qui signifie que c'est EXPLICITEMENT AU NOM DE DIEU que l'on doit refuser la loi du mariage gay. On est vraiment là les pieds dans la lutte primordiale entre Lucifer et Dieu. Il faut donc ABSOLUMENT employer l'argument divin pour terrasser les subversifs, sinon rien, ce n'est même pas la peine de commencer, il vaut mieux rester couché, le combat est perdu d'avance. "Quis ut Deus ?", "Qui est comme Dieu ?", dira SEULEMENT saint Michel Archange à Lucifer le révolté, père de nos rebelles actuels. C'est tout. Et cela suffit. Saint Michel rembarre et terrasse Lucifer en mettant seulement, si j'ose dire, Dieu dans la balance. Un maire qui déclarerait : "Je rejette la loi du mariage gay, et ne marierai par conséquent aucun couple de même sexe, parce que c'est un attentat mortel contre Dieu et la nature humaine telle qu'Il l'a créée, et parce que notre bonheur temporel et éternel à tous et chacun d'entre nous consiste à vivre selon Dieu et la nature telle qu'Il l'a faite, y contrevenir ne faisant que nous amener la mort temporelle, en passant notamment par le sida et, infiniment plus grave, la mort éternelle", aurait gagné la partie d'un seul coup d'un seul, dans le principe même de la question. Les subversifs en seraient foudroyés. Comme quand Jésus a dit devant Pilate : "JE SUIS ROY". Quand bien même ce maire héroïque en serait subséquemment flagellé, couronné d'épines, et enfin crucifié par le monde maudit qui nous entoure, puisque nous sommes aux temps de la Passion de l'Église et de l'humanité, il aurait éternellement gagné, et la couronne de gloire serait surnaturellement sur sa tête pour n'en plus bouger.
           
        Mais voilà : on ne trouvera aucun maire français pour dire ça, pire : on NE peut PAS en trouver dans le cadre démocratique des "droits de l'homme" dans lequel ils exercent obligatoirement leur mandat politique.
           
        Parce que, de par la nature révolutionnaire dudit mandat, les malheureux maires français actuels ne peuvent absolument plus invoquer Dieu et son Autorité au for public, le voulussent-ils très-fort, sans remettre en cause ipso-facto leur mandat politique. Invoquer Dieu et son Ordre sur la place publique, comme raison et cause premières du refus des lois mauvaises, est en effet absolument antinomique des "droits de l'homme", et donc rigoureusement interdit, excommuniable, voire psychiatrisable, le plus grand péché que puisse commettre l'homme politique moderne. Et aucun maire français actuel ne peut franchir ce barrage... à moins d'être un héros de la Foi et de sacrifier par-là même son mandat politique. Il ne faut pas oublier, en effet, que même les maires français qui sont de bonne volonté (et il y en a sûrement) ont tous un buste de cette p..... de Marianne dans la grande salle de la mairie où les conseils municipaux se réunissent, les délibérations se prennent, les mariages se font, etc. ; que si jamais, comprenant qu'elle est le symbole de la Révolution antichrétienne et des lois mauvaises dans leur commune, ils prenaient à ces bons maires de l'enlever et la foutre à la poubelle, même avec l'assentiment du conseil municipal, pour vivre désormais dans leurs communes avec les lois de Dieu, ils seraient immédiatement démissionnés par le préfet. PARCE QUE TOUT MAIRE FRANÇAIS ACTUEL EST UN OFFICIER RÉPUBLICAIN RÉVOLUTIONNAIRE DANS LE FOR PUBLIC, DONT LE CREDO OBLIGATOIRE EST "LES DROITS DE L'HOMME" SANS DIEU NI SON CHRIST. Dès lors qu'il accepte son mandat de maire quand il est élu, il souscrit obligatoirement à cette toute première règle du jeu, quand bien même, en son for privé, ce serait le meilleur des catholiques. Il lui est donc, de par la nature révolutionnaire de sa fonction publique même, radicalement IMPOSSIBLE d'invoquer... le Droit de Dieu dans la vie publique des hommes pour contrer les lois mauvaises. C'est dans la constitution républicaine, et c'est aussi simple que cela.
           
        Ce qui bien sûr signifie que tout est fichu, foutu, sur le plan purement humain, puisque justement il faudrait absolument des maires invoquant Dieu et son Autorité sur la place publique, pour terrasser la loi du mariage gay, seul ce moyen pouvant le faire ; or, on n'a plus que des maires systématiquement inféodés aux "droits de l'homme" antinomiques de ceux de Dieu. Tout est donc foutu, fors l'Espérance chrétienne en Dieu et en Dieu seul, c'est bien le cas de le dire.
           
        Tout le monde, de nos jours, pusillis cum majoribus, est d'ailleurs tellement imbibé, possédé de la "puissance des ténèbres" droitsdel'hommesque, que les gens bons (sans jeux de mots), en ce compris hélas les traditionalistes, ne peuvent même plus concevoir la défense du Bien autrement qu'avec les armes... républicaines-révolutionnaires. Comme les maires de France, leur sanior pars pourtant, ne l'illustrent que trop bien. Tellement on ne peut plus vivre avec autre chose qu'avec la Révolution et ses diaboliques produits. N'ai-je pas entendu, effaré, honteux, encoléré, les participants d'une des "manifs pour tous" commencer ou finir leur journée, je ne sais plus, en chantant joyeusement à tue-tête la... Marseillaise, ce chant fait par et pour la Révolution, qui est aussi utilisable pour le combat du Bien... qu'une lesbienne pour expliquer la pureté aux enfants ?!?
           
        Cette situation affreuse, si l'on y réfléchit même un tout petit-petit peu, est un comble inouï, qui montre épouvantablement bien à quel degré d'anéantissement spirituel COMPLET est rendu l'homme, de nos jours, dans sa vie publique-politique. Léon Bloy, en 1900, n'aurait même pas été capable d'imaginer ça, dans ses plus pessimistes projections prophétiques pour notre temps. Par contre, Isaïe, dans l'Ancien-Testament, a bien prophétisé cette situation : "La vérité est à terre, et il n'y a plus d'hommes" (LIX). La Vérité, qui est Dieu par Jésus-Christ Notre-Seigneur et Roy, est à terre ? On a mains et pieds rigoureusement liés pour l'invoquer, pire, soi-même on n'ose plus et on la remplace sacrilègement par la "liberté de conscience", sa luciférienne contrefaçon, son satanique ersatz ? Il n'y a donc plus d'hommes. C'est lapidaire. Utiliser l'arme de la "liberté de conscience" à la place de celle de Jésus-Vérité, qui pourtant est une "épée à double tranchant" (Apoc.), c'est avouer n'être plus que des foies jaunes, des mi-portions, des lavettes. Isaïe dixit.
           
        Quant à moi, j'éloigne de mon âme avec une vive et profonde répulsion, voire mépris et sainte-colère, ces combats impurs qui s'intègrent bêtement et fort honteusement dans le cadre républicain-révolutionnaire, à vocation certaine de se faire hara-kiri tôt ou tard, et plutôt tôt que tard, "Manifs pour tous", "soutien aux maires invoquant la liberté de conscience", pétitions diverses aux institutions républicaines, main sur le cœur et à trois genoux plutôt qu'à deux devant ceux qui détiennent des postes de responsabilité dans notre (!) Démocratie, etc. Afin de garder un fond de bile à peu près sain pour "tenir bon jusqu'à la fin".
           
        Pour finir sur une note d'humour, car tout cela est infiniment grave, navrant à l'excès, désolant au possible (notamment parce que la plupart des catholiques qui s'enfourguent dans ces faux-combats sont de braves gens) : je sais, Benoît, que tu fartrifouilles souvent sur "Leboncoin.fr", pourrais-tu stp me trouver un sarcophage égyptien, série Ramsès II Deluxe, avec ses bandelettes d'origine, état neuf, n'ayant jamais servi (je ne veux pas de momie douteuse qui pue dedans), je pressens en avoir furieusement besoin pour moi quelque jour prochain............................
           
        ... Je vais te dire, cher Benoît, la SEULE chose qui pourrait encore être faite en Politique de nos jours, en tant que catholique (je ne parle pas pour toi qui n'est malheureusement pas en santé pour le faire) : ORGANISER UN PÈLERINAGE ANNUEL À LA CATHÉDRALE DE REIMS, LÀ OÙ SONT LES ANTIQUES FONTS BAPTISMAUX QUI ONT VU LE SACRE-BAPTÊME DE TOUT LE PEUPLE FRANC ET DE CLOVIS (c'est en effet ainsi que cela s'est passé : TOUT le peuple franc avec son roy et ses antrustions, les premiers de la nation franque, a été CONSACRÉ à Dieu, dans le cadre d'une véritable théophanie, et pas seulement baptisé, et pas seulement Clovis notre premier roy, pour opérer le salut sociopolitique dans le monde entier en passant par l'Europe, à la Noël 496 -date historiquement bien exacte-, j'en donne les preuves dans mon Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, consultable au lien suivant : https://eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/TRRFCompletDuToutAvecNDDeGra%C3%A7ayA4.pdf). Cela tombe bien : le baptistère de Clovis vient d'être retrouvé sous la cathédrale grâce aux fouilles archéologiques réalisées ces toutes dernières années, presque à la fraîche, en 1993-96 (fouilles, d'ailleurs, financées en grande partie par... la République française !!!! De nos jours, il ne faut donc vraiment plus s'étonner de rien : les gens bons prennent les armes du mal, et les méchants financent les bonnes œuvres, c'est ça justement, le mystère de l'Antéchrist, l’hermaphrodisme du Bien et du mal dans une même personne, et c'est bien vers cette abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qu'on va ; soit dit en passant : le pape François est un modèle du genre...). Cf. le lien suivant : https://www.francebleu.fr/culture/patrimoine/les-mysteres-de-la-cathedrale-de-reims-le-baptistere-de-clovis-episode-5-1607418848.
           
        FAIRE CE PÈLERINAGE ANNUEL AU BAPTISTÈRE DE REIMS À LA SEULE FIN SURNATURELLE DE SUPPLIER DIEU DE NOUS ENVOYER LE ROY DE FRANCE POUR RÉINSTAURER L'ORDRE TRÈS-CHRÉTIEN DANS TOUT L'UNIVERS. D'abord, bien sûr, en France, puis, de-là, dans l'Europe (qui, métapolitiquement, n'est jamais rien d'autre qu'une Grande-France, dilatatio regni disent merveilleusement bien les chartes carolingiennes en parlant, par exemple, des confins Est de la Francia orientalis, oh pardon, de l'Allemagne), puis enfin dans le monde entier. Lequel roy, bien sûr, si le Bon Dieu daignait nous le donner, foutrait le pied au c.., en direction des ténèbres extérieures, à tous ces très-crétins qui ne veulent pas être ni vivre sociopolitiquement en très-chrétiens (il ne s'agit pas ici, en effet, de vie privée, mais de vie publique-politique), de droite ou de gauche, tous les rebelles à l'Ordre de Dieu, à sa Présence dans la sphère sociopolitique, et notamment quant au mariage (ce n'est qu'un aspect de la question, certes important).
           
        Non, non, le roy de France très-chrétien n'est pas dépassé. Attendu que Dieu, dans ses œuvres, n'est jamais dépassé. C'est pourquoi, depuis l'instauration théocratique de la Noël 496, le roy de France, "empereur en son royaume", ne meurt pas. Pas plus que Dieu. Nous avons donc, au moment où j'écris ces lignes et à celui auquel tu les liras, Benoît, un roy de France très-chrétien... par l'absence. Il faut tout simplement demander au Bon Dieu qu'Il veuille bien nous le rendre... présent, qu'Il nous le... découvre, qu'Il... l'impose invinciblement et souverainement au monde entier pour son salut. Il est là, il existe, il vit AUJOURD'HUI, le roy très-chrétien, mais il est occulté par la masse de notre péché collectif, qui n'est pas petit, surtout celui républicain, et beaucoup plus encore celui "républicain-catholique" (et pire encore : celui "républicain-traditionaliste")... au point qu'on ne sait même pas qui il est.
           
        En effet, il faut bien comprendre que nous vivons toujours dans l'économie politique très-chrétienne royale, d'essence théocratique, acheiropoïète (= non-faite de main d'homme) JUSQU’À LA FIN DES TEMPS. Elle ne peut tout simplement pas, cette dite économie mise en route par Dieu POUR TOUT LE TEMPS DES NATIONS à la Noël 496, et ce, très-miraculeusement (un pape dira de cette merveilleuse cérémonie nocturne qu'elle fut un "déluge sacré", tellement la Présence divine y était sensible...), être abolie par l'homme, le voulût-il très-fort avec ses semblables en 1789. Même quand s'y ajoute l'abominable caution concordataire des papes post-révolutionnaires, incroyablement traîtres à leur mission sacrée dans la chose politique constitutionnelle depuis Pie VII en 1801. Car ce n'est pas l'homme qui fonde la Politique réelle, c'est Dieu. L'homme est viscéralement impuissant à changer puis refonder in concreto un Ordre politique véritable, il ne peut prendre l'Ordre politique, quelqu'il soit, que de la Main de Dieu. Seul Dieu peut CRÉER en Politique, ce que ne comprend plus du tout l'homme moderne, qu'il soit du reste de droite ou de gauche, conservateur (par ex. : Maurras), ou progressiste (genre Maritain à la fin de sa vie) ; par contre le juif, beaucoup moins dégénéré moralement que l'homme moderne au temps du prophète Samuel, l'avait très-bien compris lorsqu'il ne veut plus du gouvernement des Juges, qu'il veut remplacer par des roys : il ne s'imagine pas un seul instant pouvoir ériger lui-même la nouvelle économie politique qu'il veut, pourtant en rébellion contre Dieu qui lui avait donné les Juges, il va demander À DIEU de créer le nouvel ordre politique des rois, qu'il veut ! Ce en quoi donc, il s'est montré beaucoup moins dégénéré que l'homme moderne (la même leçon se tire d'ailleurs des mœurs politiques théocratiques chez les "barbares" : l'homme moderne, y compris quand il est catholique, se montre donc inférieur, et au juif, et au "barbare"...).
 
        La seule chose que l'homme déchu peut faire de lui-même en Politique, qu'il vive dans l'Ancien ou le Nouveau Testament, c'est ériger des sociétés d'iniquité à base d'"animal social" aristotélicien, de soi parfaitement inexistentielles parce que non-ordonnées constitutionnellement à la poursuite du "bien commun". Et c'est bien sûr le cas de TOUTES les sociétés démocratiques actuelles (car l'ordonnance constitutionnelle au "bien commun" est la condition sine qua non de la validité et de la légitimité de tout pouvoir politique, selon saint Paul en Rom. XIII, ce qui implique, depuis la Révélation, l'obligatoire mention du Dieu vrai et de son Christ dans la Constitution, comme étant la source du "bien commun", condition théologiquement dirimante, que ne remplit nullement, faut-il le dire, AUCUNE ni toutes des démocraties post-révolutionnaires constitutionnellement basées sur les "droits de l'homme" refusant précisément à Dieu et à son Christ de fonder le "bien commun" ; condition cependant théologiquement dirimante disais-je, quant à la validité et légitimité des nouvelles institutions démocratiques, dont, soit dit en passant, AUCUN pape moderne venant après la Révolution ne nous aura parlé, en ce compris les plus saints... mais en leur privé seulement).
           
        OR DONC, CE QUI EST SÛR DE SÛR, C'EST QUE DIEU A CRÉÉ EN POLITIQUE À LA NOËL 496 (le miracle inouï de Jeanne d'Arc, venue de par Dieu réactiver l'élection divine de la France en plein XVème siècle moralement déliquescent, miracle à nulle autre nation connue, de près ou de loin, en témoignera avec éclat au Jugement dernier, pour la confusion des réfractaires de tout poil, en ce compris d'ailleurs la gent d'église qui ne veut voir en elle qu'une simple "héroïne nationale" comme il pourrait en exister dans d'autres nations, alors qu'elle était le héraut de l'élection & la mission divines de la France, ce qui est, comment dirais-je ?... un peu autre chose). MAIS, QUE JE SACHE, DIEU N'A RIEN CRÉÉ DEPUIS LORS, EN TERMES D’ÉCONOMIE POLITIQUE NOUVELLE. Qu'on se le dise et honnie soit qui mal y pense, quiqu'engroigne.
           
        Suite à ce pélerinage annuel et nos pénitences (car "le lion est vaincu en rugissant [politique révolutionnaire], l'Agneau vainc en souffrant" [politique très-chrétienne], c'est une des plus belles paroles de saint Augustin), le Bon Dieu nous enverrait notre roy très-chrétien doté de la force sociopolitique de l'Ordre, pour faire vivre Jésus-Christ et son Amour dans la sphère publique, ou... ne nous l'enverrait pas (car nous sommes dans les temps de la Passion de l'Église et de l'humanité, et, pour nous aussi, "il faut que l’Écriture s'accomplisse"... sur la croix, le disciple n'étant pas au-dessus du maître). Mais, quant à nous, nous aurions fait la SEULE chose qu'un catholique vrai et véritable peut encore faire en Politique à l'heure actuelle pré-antéchristique, sans se prostituer damnablement et fort honteusement au principe républicain antichrist, via la "liberté de conscience", la Marseillaise, le vote démocratique (et que sais-je encore de plus polluant pour l'âme) : DEMANDER À DIEU SON ROY TRÈS-CHRÉTIEN LIBÉRATEUR. Cela, pour le moins, montrerait à Dieu qu'on croit toujours en Lui, en Politique.
           
        SEUL en effet, il faut bien le comprendre et s'en convaincre salutairement, j'y insiste, SEUL le roy de France, "Tenant-lieu" du Christ royal pour tous les Temps des nations (au Moyen-Age, on l'appelait : "Vicaire du Christ en la temporalité" !), aurait grâce & pouvoir divins de remettre en vigueur l'Ordre sociopolitique en France et dans le monde entier, même encore de nos jours (car Dieu est tout-puissant), c'est-à-dire de rendre PRÉSENT pour tout homme au for public la Personne du Christ Pantocrator, du Christ qui règne dans sa dimension publique-politique et non pas seulement privée, qui sauve amoureusement l'homme dans le temporel avant de le sauver pour l’Éternité, subséquemment bien sûr de supprimer AU NOM DE DIEU ET DE SON CHRIST les lois mauvaises (surtout évidemment, celles du mariage, dont il faut rappeler que le Christ est le Restaurateur divin), mais encore bien, entre autres... de supprimer la surveillance big brother de toute l'humanité, qui est en train de s'installer occultement, sournoisement, par les écoutes téléphoniques et Internet, pas seulement américaines mais de toutes les nations européennes (car ce jeune héros d’Édward Snowden a révélé le pot-aux-roses : toutes les nations européennes, France, Allemagne, etc., ont aussi leur système national d'écoute, et... il suffirait tout simplement de les interconnecter tous ensemble pour mettre le monde entier sous surveillance PERMANENTE ET DANS L’IMMÉDIATETÉ ! Même le roman d'Orwell, "1984", serait dépassé !!), etc. PERSONNE d'autre que le roy de France ne peut rétablir l'Ordre très-chrétien à sa place, fût-il le plus doué, le plus génial, le plus puissant, le plus pur des hommes politiques... car il s'agit ici d'une grâce surnaturelle dans l'ordre politique que Dieu départit uniquement au roy très-chrétien, au successeur actuel de Clovis.
           
        Il faudrait un homme de Dieu, suscité par Lui, pour lancer ce pélerinage annuel, et bien sûr, avec lui, des catholiques politiquement SÉRIEUX, c'est-à-dire de conviction et de pratique non-républicaines, sans compromission ni faille, ayant rigoureusement excommunié dans leur âme les structures politiques actuelles (ce qui inclut, à tout le moins, l'engagement de ne jamais voter dans le système démocratique actuel, du plus grand niveau présidentiel au plus petit niveau communal...). N'oublions pas qu'au temps d'Abraham, la ville fut sauvée avec seulement... dix justes.
           
        Hélas ! Hélas ! Même les gens bons, en ce compris les prêtres tradis, ne peuvent plus comprendre que la seule solution à la merda politicus actuelle, est de demander à Dieu le roy très-chrétien. Et ce n'est même pas de leur faute d'ailleurs, mais celle des papes post-révolutionnaires, surtout du concordataire Pie VII et du ralliériste Léon XIII, ce dernier achevant d'obscurcir complètement et atrocement les meilleurs esprits, en forçant les catholiques français à "croire" à la République, credo in Rempublicam. Les meilleurs, la preuve : Mgr Lefebvre lui-même soi-même fut contaminé, imprégné de cette déviance léontreizienne, c'est pourquoi on le voit n'éprouver aucune vergogne d'intituler un chapitre de son dernier livre Ils L'ont découronné, écrit peu avant sa mort en 1991 : "Jésus-Christ, roi des républiques"...!!! Plus fou tu meurs, puisque TOUTES les républiques post-révolutionnaires modernes, à commencer bien sûr par celle de France, sont constitutionnellement... athées ; comment donc concevoir Jésus-Christ roy d'un ordre politique... athée dans le principe même qui le fonde ?!??? Nos clercs, les meilleurs donc, sont vraiment tombés sur la tête. Comment ne pas penser à la prophétie de sœur Lucie de Fatima qui parlait de "désorientation diabolique généralisée" pour nos temps de la fin ? Très cléricalement généralisée en effet, cette désorientation diabolique...
           
        Tout ce que dessus étant bien posé, mûrement et longuement médité, je suis de plus en plus persuadé qu'il n'y a vraiment plus que le Retour du Christ glorieux sur les Nuées du ciel à attendre, comme prochain évènement POLITIQUE, je dis bien POLITIQUE, pour tout remettre en ordre et nous sauver ; les hommes, clercs et laïcs mélangés, se montrant vraiment impuissants par tous les côtés, on vient de le voir avec les meilleurs maires de France... et mettons miséricordieusement le voile de Noé sur les tradis.
           
        Ce qui sera fait apocalyptiquement, et ça va (enfin) chauffer tuediable, surtout pour les impies, Déluge universel de feu inclus, dans les ténèbres, le tonnerre et les éclairs Boanergès. Ce sera pour toute l'humanité une véritable opération chirurgicale sans anesthésie, du moins pour lesdits impies (car, pour les justes, il leur est promis, sûrement à proportion de leur sainteté, "d'échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de paraître avec confiance devant le Fils de l'homme" ― Lc XXI, 36). Pendant trois jours et deux nuits.
           
        Sinon, rien : ni pastis ni Le Pen.
           
        Avec toute ma fraternelle amitié, Benoît. Et mes meilleures prières et encouragements pour tenir bon dans ta très-grosse épreuve de santé, qui dure depuis si longtemps que je ne sais même plus comment tu étais quand tu avais la santé : je profite de ce courriel pour te dire que tu nous édifies tous, à la maison, par ta patience et ton courage quotidiens.
           
        Ton frère affectionné,
           
Vincent

           
        PS 1 : J'autorise la diffusion de cette mienne correspondance à tous vents (de préférence bons), comme on veut et à qui l'on veut. Je compte d'ailleurs la mettre en article sur mon site : www.eglise-la-crise.fr
 
        PS 2, ce 19 septembre 2013 : Suite de la pétition des maires de France. "Mariage gay : les Sages examineront le refus des maires. ― Le Conseil constitutionnel devra se prononcer sur le droit des maires ou de leurs adjoints opposés au mariage homosexuel à refuser de les célébrer au nom de l'objection de conscience. Le Conseil d'État, saisi le 2 juillet par le collectif des Maires pour l'enfance, a annoncé, hier, avoir transmis aux Sages la question prioritaire de constitutionnalité (QPC) soumise par les élus. Le Conseil constitutionnel aura trois mois pour trancher la question de l'objection de conscience des maires" (Ouest-France du 19 septembre 2013).
       
        Tuediable ! Les... Sages (avec un "S" majuscule) !!! En fait, ces autoproclamés "sages" ne sont rien d'autre que des "très-petits docteurs" (Léon Bloy) de la République constitutionnellement... athée (probablement tous affiliés à la franc-maçonnerie, avec ou sans tablier, soigneusement triés sur le volet pour leur allégeance béni-oui-oui sans faille, que dis-je, leur ardente ferveur au principe républicain... athée). Il n'est pas vraiment difficile de deviner la suite que ces prétendus "Sages" vont donner à la requête... républicaine des maires de France.
           
        Suite, donc, et sûrement fin, dans trois mois ; fin sans appel, fin de non-recevoir sur laquelle il sera interdit de revenir, fin abominablement honteuse, toute dominée par le triomphe complet du mal et des méchants dans l'ordre politique-public, dans les mains desquels les "bons" auront eu l'inouï reniement et/ou la sottise de remettre la cause du Bien, de Dieu et des hommes dignes. L'Histoire ne pourra que retenir, quant à la loi scandaleuse du mariage gay, que les maires de France, leur sanior pars pourtant, n'auront pas su poser la... QPC (question prioritaire de catholicité).
           
        PS 3, ce 14 octobre 2013 : "Mariage gay : les Français et la clause de conscience. ― Une majorité de Français (54 %) est opposée au fait qu'un maire puisse s'opposer à l'application d'une loi sur la base d'une objection de conscience, selon un sondage YouGov pour le Huffigton Post et iTélé. Le Conseil constitutionnel se prononcera sur cette question le 18 octobre" (Ouest-France du 14 octobre 2013). On va chercher "l'opinion démocratique de la majorité", qui va dans le sens d'un refus de la clause de "liberté de conscience" invoquée par les maires de France pour refuser la loi du mariage gay, c'est presque dire que la cause est déjà jugée dans le mauvais sens, Rempublica locuta, causa finita est ! Ce sondage récent, ayant eu lieu entre le 4 et le 8 octobre 2013, révèle d'ailleurs une chose incroyable, que ne dit pas Ouest-France. Il y avait en effet deux questions posées au sondé(e) : 1/ "Selon vous, les maires devraient-ils avoir le droit de refuser d'appliquer une loi en raison d'une objection de conscience ?" et 2/ "Selon vous, les maires devraient-ils avoir le droit de faire valoir une clause d'objection de conscience pour refuser de marier un couple de même sexe ?". Or, à la première question qui pose le problème de l'objection de conscience quant à la loi entendue d'une manière générale, les français ont répondu "non" à 54 %, et c'est ce chiffre qu'a retenu Ouest-France. Mais à la seconde question, posant le problème de l'objection de conscience uniquement quant à la loi du mariage gay, les français ont répondu "non" à... 57 % ! Éh bien, je trouve cela... croustillant. Les français ont donc moins de réticence à accepter l'objection de conscience quant à la loi en général, que pour la loi contre-nature du mariage gay !! Ce qui signifie très-clairement que les français dans leur ensemble, sont loin, sur la question des mœurs, d'être... "plus sains qu'on ne croit", comme veulent s'en illusionner certains faux-prophètes d'extrême-droite que je ne nommerai pas, ils sont au contraire... "plus pourris qu'on ne croit". On pourra consulter le sondage en question au lien suivant : http://cdn.yougov.com/cumulus_uploads/document/cn6jgzzo9z/Baro_HP_Itele_Oct.pdf
           
        Dernier PS, ce 19 octobre 2013 : "Les maires tenus de célébrer les mariages gays. - Le Conseil constitutionnel a décidé, hier, de ne pas reconnaître de clause de conscience aux élus locaux opposés aux unions entre personnes de même sexe. Ils devront appliquer la loi. Après avoir validé la totalité de la loi Taubira, en mai, les Sages du Conseil constitutionnel ont douché les derniers espoirs de revanche des opposants au mariage homosexuel. L'absence dans la loi de disposition garantissant la liberté de conscience des officiers d'état civil hostiles au mariage gay est conforme à la Constitution. "Le Conseil a jugé qu'eu égard aux fonctions de l'officier de l'état civil dans la célébration du mariage, le législateur n'a pas porté atteinte à leur liberté de conscience", précise la haute instance. Autrement dit, la liberté de conscience, dont peuvent jouir les militaires, les médecins ou les avocats dans certains cas qui heurtent leurs convictions, ne peut pas être étendue aux maires, car ces derniers sont des représentants de l'État quand ils célèbrent un mariage. Les maires ou leurs adjoints sont tenus d'appliquer la loi. L'officier d'état civil s'expose, sinon, aux peines de cinq ans de prison et de 7 500 € d'amende. Le collectif des Maires pour l'enfance, via son porte-parole Franck Meyer, maire de Sotteville-sous-le-Val (Seine-Maritime), à l'origine de la procédure, a jugé que la décision du Conseil marquait un "recul des droits de l'Homme". Il a estimé que ses membres traitaient les maires de "simples fonctionnaires" alors qu'ils sont d'abord des élus. Ce collectif, qui revendique le soutien de 20 000 élus, et la Manif pour tous ont demandé un rendez-vous à François Hollande. "Des appels à manifester". - Philippe Gosselin, député UMP de la Manche, à la pointe du combat parlementaire, s'est dit "déçu", même si ce n'est pas, selon lui, "une surprise". Ludovine de la Rochère, présidente de la Manif pour tous, a promis "des appels à manifester dans les semaines qui viennent". Le collectif va maintenant se tourner vers la Cour européenne des droits de l'homme (CEDH). De son côté, Dominique Bertinotti, ministre chargée de la Famille, s'est dit "convaincue que les élus sauront" dorénavant "permettre à tous les couples de se marier sans difficulté". Depuis la promulgation de la loi Taubira, des édiles ont déjà refusé de célébrer des unions entre les personnes de même sexe, comme à Bollène (Vaucluse) ou à Arcangues (Pyrénées-Atlantiques). Mais les couples ont finalement été mariés par des adjoints" (Ouest-France des 19-20 octobre 2013). Ceux qui aiment les textes technocratiques bien faits pourront consulter la décision constitutionnelle du 18 octobre au lien suivant : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/francais/les-decisions/acces-par-date/decisions-depuis-1959/2013/2013-353-qpc/decision-n-2013-353-qpc-du-18-octobre-2013.138338.html, ainsi que le commentaire officiel d'icelle, qui vaut son pesant d'assignat, au lien suivant : http://www.conseil-constitutionnel.fr/conseil-constitutionnel/root/bank/download/2013353QPCccc_353qpc.pdf
           
        ... Fin, donc, de l'esbroufe et du grand n'importe quoi. Je recopie ici quelques phrases que j'écrivais le 2 juillet, dans mon courrier ci-dessus :
           
        Première phrase : "... si je prends les armes du mal pour mener un combat du Bien, ces armes du mal commenceront par... détruire mon combat pour le Bien. C'est ce qui va arriver, avec les maires de France. Il n'y a même pas besoin d'être prophète pour le prédire. Ce sera en effet jeu d'enfant pour les subversifs de leur opposer que la révolutionnaire "liberté de conscience" est nécessairement INTÉGRÉE à la démocratie et à sa volonté manifestée dans la loi républicaine. C'est en effet la démocratie qui est le cadre formel obligatoire de la "liberté de conscience", cette dernière n'étant qu'un matériau pour construire l'ordre démocratique anti-Dieu qui nous est imposé universellement. Et bien sûr : "Pas de liberté pour les ennemis de la liberté [révolutionnaire] !" Par conséquent, on va vite leur faire comprendre, à ces braves maires républicains mais qui ne vont pas au fond des choses, en les prenant plus ou moins gentiment par le bras, qu'il n'est pas admissible ni même sérieux d'user d'une arme révolutionnaire pour contrer le combat de la Révolution, en l'occurrence, le mariage gay légalisé... Et ils seront, d'une manière ou d'une autre, obligés de se mettre au pas, par l'absurdité même de leur combat : la honte, c'est qu'ils ne seront même pas déboutés injustement, mais... justement ! Tu n'auras qu'à suivre l'actualité, et tu verras que cela va se passer exactement comme je viens de le dire". Au petit poil, en effet...
           
        Deuxième phrase : "... TOUT MAIRE FRANÇAIS ACTUEL EST UN OFFICIER RÉPUBLICAIN RÉVOLUTIONNAIRE DANS LE FOR PUBLIC, DONT LE CREDO OBLIGATOIRE EST LES DROITS DE L'HOMME SANS DIEU NI SON CHRIST. Dès lors qu'il accepte son mandat de maire quand il est élu, il souscrit obligatoirement à cette toute première règle du jeu, quand bien même, en son for privé, ce serait le meilleur des catholiques. Il lui est donc, de par la nature révolutionnaire de sa fonction publique même, radicalement IMPOSSIBLE d'invoquer... le Droit de Dieu dans la vie publique des hommes pour contrer les lois mauvaises. C'est dans la constitution républicaine, et c'est aussi simple que cela".
           
        Troisième phrase : "... tout est fichu, foutu, sur le plan purement humain, puisque justement il faudrait absolument des maires invoquant Dieu et son Autorité sur la place publique, pour terrasser la loi du mariage gay, seul ce moyen pouvant le faire ; or, on n'a plus que des maires systématiquement inféodés aux droits de l'homme antinomiques de ceux de Dieu. Tout est donc foutu, fors l'Espérance chrétienne en Dieu et en Dieu seul, c'est bien le cas de le dire".
           
        Tout est foutu, sur le plan humain, ce que mon PS 2 explicitait ainsi, quatrième phrase : "Suite, donc, et sûrement fin, dans trois mois [en fait, un mois a suffi pour faire tomber le couperet de la guillotine ! Tant les méchants ont hâte de triompher !] ; fin sans appel, fin de non-recevoir sur laquelle il sera interdit de revenir, fin abominablement honteuse, toute dominée par le triomphe complet du mal et des méchants dans l'ordre politique-public, dans les mains desquels les "bons" auront eu l'inouï reniement et/ou la sottise de remettre la cause du Bien, de Dieu et des hommes dignes". Je n'aurai pu mieux dire ! Car quant au recours devant la CEDH, la Cour européenne des droits de l'homme, voici ce qu'en pense Dominique Chagnollaud, un spécialiste-expert des questions de droit démocratique international, président du Cercle des Constitutionnalistes : "Il a peu de chance de prospérer dans la simple mesure où cette question relève de la marge d'appréciation des États" (in Le Huffington Post, article "Mariage pour tous et clause de conscience", du 20 octobre 2013). Il serait plus vrai de dire qu'il n'a strictement aucune chance d'aboutir puisqu'il y a déjà eu un cas anglais exactement identique à notre cas français, début 2013, et qu'il a été... débouté par la CEDH : "E. – La jurisprudence de la Cour européenne des droits de l’homme. - La CEDH a été appelée à statuer sur la situation de poursuites disciplinaires contre un fonctionnaire anglais qui refusa d’enregistrer des «civil partnership» anglais pour des motifs religieux et fit l’objet de poursuites disciplinaires. Saisie d’une requête dénonçant l’atteinte à la liberté de conscience, la Cour rejeta la demande au motif que, dans le cadre de la conciliation entre la liberté du requérant, qui avait fait l’objet des sanctions, et les droits des personnes de même sexe de voir leur partenariat enregistré, le Royaume-Uni avait agi dans le cadre de la marge d’appréciation dont les États membres bénéficient pour assurer la conciliation entre des droits qui entrent en conflit et qui sont aussi protégés par la convention. Cf. CEDH, 15 janvier 2013, n° 51671/10, Ms Lillian Ladele c. Royaume Uni" (in "Commentaire de la Décision n° 2013-353 QPC du 18 octobre 2013"). 
           
        ... Oui, il ne nous reste plus, à nous autres catholiques véritables, qu'à, si j'ose dire, espérer EN DIEU SEUL. C'est pourquoi la conclusion de mon courrier est plus que jamais valable : "Tout ce que dessus étant bien posé, mûrement et longuement médité, je suis de plus en plus persuadé qu'il n'y a vraiment plus que le Retour du Christ glorieux sur les Nuées du ciel à attendre, comme prochain évènement POLITIQUE, je dis bien POLITIQUE, pour tout remettre en ordre et nous sauver ; les hommes, clercs et laïcs mélangés, se montrant vraiment impuissants par tous les côtés, on vient de le voir avec les meilleurs maires de France... et mettons miséricordieusement le voile de Noé sur les tradis. Ce qui sera fait apocalyptiquement, et ça va (enfin) chauffer tuediable, surtout pour les impies, Déluge universel de feu inclus, dans les ténèbres, le tonnerre et les éclairs Boanergès. Ce sera pour toute l'humanité une véritable opération chirurgicale sans anesthésie, du moins pour lesdits impies (car, pour les justes, il leur est promis, sûrement à proportion de leur sainteté, "d'échapper à toutes ces choses qui doivent arriver, et de paraître avec confiance devant le Fils de l'homme", Lc XXI, 36). Pendant trois jours et deux nuits. Sinon, rien : ni pastis ni Le Pen".
           
        Sic transit merda mundi.
           
        Appendice, ce 27 avril 2014. ― Canonisation des papes Jean XXIII & Jean-Paul II. Manuel Valls, premier ministre de la République française constitutionnellement... athée, s'était invité à la cérémonie (...?). Après avoir été hué par les pèlerins français, le drôle n'en a pas moins osé brandir, tête haute et menton en avant, le péché de la loi du mariage gay adoptée en France : "Le premier ministre a plaidé pour «un dialogue plus ouvert et plus apaisé» avec l'épiscopat catholique, dimanche à Rome, après les tensions nées de la légalisation du mariage homosexuel en France. «Le mariage [gay], c'est fait, c'est rentré dans les faits. TOUT LE MONDE SAIT QU'ON N'Y REVIENDRA PLUS», a-t-il expliqué devant quelques journalistes en marge de la cérémonie de canonisation de Jean XXIII et Jean-Paul II" (Ouest France du 28 avril 2014).
           
        Il est inouï de voir le pécheur, non seulement oser affirmer publiquement son péché de rébellion ouverte contre l'Ordre divin, et le faire place saint Pierre à Rome, presque en face du pape, mais en plus se faire l'arbitre moral de la situation conflictuelle générée par son propre péché, si j'ose dire (pardon), et avec quelle outrecuidance, arrogance et insolence pleines d'orgueil. Il faut vraiment être aux temps de la Fin des fins, de l'Antéchrist, pour voir cela. Comment ne pas se rappeler la prophétie de Notre-Dame à La Salette : "Tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds"... Ainsi donc, ce que j'écrivais le 19 septembre 2013, date anniversaire de l'apparition de la très-sainte Vierge Marie à La Salette soit dit en passant, s'est avéré plus que (tristement) vérifié : "PS 2 : Suite [du combat contre la loi du mariage gay], donc, et sûrement fin, dans trois mois ; fin sans appel, fin de non-recevoir SUR LAQUELLE IL SERA INTERDIT DE REVENIR, fin abominablement honteuse, toute dominée par le triomphe complet du mal et des méchants dans l'ordre politique-public, dans les mains desquels les "bons" auront eu l'inouï reniement et/ou la sottise de remettre la cause du Bien, de Dieu et des hommes dignes".
           
        Plus que jamais, notre espérance de catholiques crucifiés est donc en Dieu seul !
 
 
 
 
 
21-10-2013 12:43:00
 

Zoom sur le devoir dominical : doit-on assister aux messes tradis "una cum" ou "non-una cum" ? Et que penser de l'assistance aux messes de rite moderne ?

 
 
 
Zoom sur le devoir dominical :
doit-on assister aux messes tradis
"una cum" ou "non-una cum" ?
Et que penser de l'assistance
aux messes de rite moderne ?
 
 
 
 
        Bonjour M. xxx,
           
        Vous posez sur mon site une question en très-peu de mots (= "Bonsoir, j'aurai voulu savoir où aller à la messe ; doit-on être una cum ou non una cum ? merci"), mais elle va au cœur du problème ecclésial contemporain, et, pour cette raison, elle va demander des développements pour être bien exposée. Vous me donnez là, d'ailleurs, l'occasion de faire le point sur la question du devoir dominical dans le cadre de la "crise de l'Église", que je n'ai encore jamais abordée dans mes écrits, et je vous en remercie. Cette présente lettre vous sera donc certes personnellement adressée, mais je la destine à faire un nouvel article important, qui prendra place sur le Blog de mon site (bien sûr, j'anonymiserai votre nom, qui n'apparaîtra pas).
           
        Tout d'abord, je vous félicite de votre visite sur mon site, tout consacré à débroussailler et débrouiller la question à la fois théologique, apocalyptique et mystique, de la "crise de l'Église". J'espère qu'il vous a intéressé et surtout, qu'il a nourri votre Foi. Si c'est le cas, faites-le connaître autour de vous, surtout parmi les tradis qui, toutes tendances confondues, ont tant besoin d'approfondir leur Foi puisqu'on les voit s'enfermer la tête dans tellement d'idées fausses !
           
        Justement, à propos d'idées fausses, le distinguo "messes una cum" et "messes non-una cum" en est une, c'est une invention de toutes pièces des sédévacantistes en déduction de leur thèse non-catholique. Ils commencent en effet par dénier, d'une manière schismatique et hérétique, la qualité de pape aux pontifes romains de Vatican II et post, de Jean XXIII à François, puis ensuite, puisqu'évidemment selon eux ces papes conciliaires ne sont pas papes, alors, toute messe dite en union liturgique avec eux... est forcément sacrilège, et le fidèle ne doit pas y assister sous peine de péché grave voire mortel. Ils professent qu'il est aussi peccamineux d'assister à une messe "una cum" le pape actuel post-conciliaire, qu'à un rite orthodoxe russe schismatique... Je connaissais un prêtre sédévacantiste, maintenant décédé, qui, pour cette raison, excommuniait non seulement les prêtres conciliaires mais encore ceux lefébvristes...!
           
        Il ne manque qu'un tout petit détail à leur thèse fausse, sectaire, fanatique, extrémiste, qui la scie à la base, in radice : c'est que les papes de Vatican II et post sont théologiquement... CERTAINEMENT papes, vrais et indubitables. En effet, leur élection pontificale, à tous et chacun d'eux, a été dûment approuvée par l'Église Universelle (dont l'organe ordinaire est le Collège cardinalice dans sa majorité canonique), et cette approbation canonico-juridique est toujours et à chaque fois un "fait dogmatique", c'est-à-dire qu'elle est ipso-facto couverte par l'infaillibilité ecclésiale. J'ai exposé, au mieux je pense, cette grande loi fondamentale de la Constitution divine de l'Église, sur la page de mon site consacrée à la réfutation de la thèse sédévacantiste, et je vous invite à la consulter si vous désirez affermir votre Foi sur ce point fort important, à savoir la règle prochaine de la légitimité pontificale, qu'osent fouler hérétiquement de leurs pieds les sédévacantistes, comme vils sangliers saccageant la Vigne du Seigneur (https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/9-refutation-de-la-these-sedevacantiste).
           
        Donc, le raisonnement catholique à faire en la matière est exactement contraire à celui des sédévacantistes : puisque tous les papes d'après Vatican II sont bel et bien vrais papes, c'est la majeure du syllogisme catholique à poser, puisque d'autre part, mineure dudit syllogisme, tout prêtre catholique doit obligatoirement faire mention du nom du pape vivant au Canon de la messe (autrement, il célèbre une messe certes valide, mais schismatique), donc, conclusion syllogistique, toute messe actuelle (à commencer par celles de la tradition, les messes dites de saint Pie V), doit OBLIGATOIREMENT être dite "una cum" le pape actuel (François), sous peine d'anathème. Sur cette question précise, les prêtres Fsspx de Mgr Lefebvre, qui célèbrent tous leurs messes "una cum le pape actuel", à sa suite d'ailleurs, sont bien inspirés.
           
        Même si cette mention liturgique du pape moderne à la messe nous crucifie, nous catholiques, puisque ces malheureux papes sont matériellement hérétiques depuis Vatican II... Mais justement, c'est là toute l'épreuve spirituelle réservée par Dieu au catholique vivant la fin des temps, de laquelle épreuve crucifiante le sédévacantiste donc, s'abstrait en rebelle orgueilleux, se retire hérétiquement (à son grand dam, puisque se retirer de cette épreuve que la Providence nous envoie, c'est par-là même se retirer de la vie de l'Église vraie et véritable...).
           
        Vous êtes catholique, vous savez donc que vous devez remplir votre devoir dominical, c'est-à-dire assister obligatoirement à une messe le dimanche, sauf cas de force majeure. La question que vous posez, est : quelles messes me permettent actuellement de remplir mon devoir de chrétien ? Nous venons de voir que le distinguo sédévacantiste n'a aucune consistance, il est théologiquement faux, sectaire, schismatico-hérétique. Donc, première conclusion : TOUTE messe tradi célébrée par un prêtre validement ordonné est sûre... et il est même exact de dire que les messes tradis "una cum" sont PLUS CATHOLIQUES que celles célébrées "non-una cum", puisque les papes conciliaires & post, sont papes vrais et indubitables.
           
        Ceci, je pense, serait suffisant pour répondre à votre question, et je pourrais en vérité mettre ici le point final à ma réponse en toute bonne conscience (au grand soulagement de ma paresse...!).
           
        Mais je vais aller plus loin, car il faut aller plus loin pour aller jusqu'au bout de la Foi crucifiée qui est notre lot quotidien et dominical, à nous autres, catholiques de la fin des temps ayant à vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Si donc, comme nous venons de le voir, toute messe tradi est valide, que penser des messes célébrées selon le rite de Paul VI, je veux parler des messes modernes dites dignement, à l'exclusion des messes excentriques, etc. ? Si, par exemple dans le cadre d'un pèlerinage à l'étranger, on se trouve un dimanche dans l'impossibilité d'assister à une messe tradi, pouvons-nous, devons-nous même, nous rendre dans une église moderne célébrant le rite de Paul VI, pour satisfaire au devoir dominical ?
           
        La réponse, théologiquement certaine, est : OUI, nous le pouvons, et même nous le devons. À condition évidemment, que la nouvelle messe en question soit célébrée dignement, ce qui est le cas, il faut bien le reconnaître, dans la majeure partie des cas.
           
        Les sédévacantistes concluent évidemment par le contraire, en s'appuyant sur des raisonnements d'esprit janséniste et pharisaïque : non, nous disent-ils notamment par les travaux théologiques de "Rore sanctifica", les rites modernes, tant d'ailleurs ceux d'ordination des prêtres et des évêques que celui de la messe, sont hérétiques et invalides de soi, et donc il ne faut évidemment pas assister aux nouvelles messes. Or, sans même étudier leurs raisonnements doctrinaux, on sait déjà, par la Foi, que la conclusion qu'ils en tirent ne manifeste pas la vérité vraie (leurs arguments manifestent sans nul doute une grande part de vérité sur la question, mais pas la déduction qu'ils en font). On le sait par la raison théologique primordiale suivante : le promulgateur capital des nouveaux rites est Paul VI. Or, Paul VI étant pape vrai et indubitable, il est théologiquement impossible de toute impossibilité, sans remettre en cause par-là même la constitution divine de l'Église, qu'un pape vrai pape puisse promulguer pour l'Église Universelle un rite liturgique qui serait formellement hérétique, encore moins peut-il dûment promulguer un rite de soi invalide.
           
        En fait, si les nouveaux rites sont indiscutablement très-inférieurs sur le plan doctrinal aux anciens (le célèbre jugement des cardinaux Ottaviani & Bacci, dans une lettre écrite à Paul VI avant même la parution officielle de la nouvelle messe pour toute l'Église en 1969, est hélas parfaitement vérifié, exact : "Le Nouvel Ordo Missae s'éloigne de façon impressionnante, dans l'ensemble comme dans le détail, de la théologie catholique de la Sainte Messe, telle qu'elle a été formulée à la XXIIe session du Concile de Trente, lequel, en fixant définitivement les canons du rite, éleva une barrière infranchissable contre toute hérésie qui pourrait porter atteinte à l'intégrité du Mystère"), ils ne sont cependant pas hérétiques au sens formel du terme, comme le croient les sédévacantistes dans leur vision pharisaïque et janséniste des choses. En vérité, la notation exacte est de dire qu'ils sont débiles, au sens étymologique de : faibles et sans force. Faibles, et même profondément faibles, pour manifester la Foi, et même inclinés vers l'erreur, par obsession œcuméniste malsaine chez leurs concepteurs, ils ont hélas enlevé "la barrière infranchissable contre toute hérésie qui pourrait porter atteinte à l'intégrité du Mystère". Mais ils ne mettent pas formellement l'hérésie dans le Mystère. Ils n'ont en effet nullement la volonté intrinsèque, surtout pas de la part du pape Paul VI, d'introduire un sens hérétique dans les rites, comme par exemple la non-transsubstantiation dans la messe.
 
        On pourrait baptiser les rites modernes de "rites-bébé", dont les formes & formules liturgiques font "areuh-areuh" au lieu de dire virilement la Foi comme dans la messe St Pie V, mais cela ne va pas plus loin dans le sens hérétique, ce qui serait évidemment de soi invalidant. Quand vous allez dans une messe moderne (ce qui m'est arrivé bien des fois dans le cadre d'un pélerinage à Fatima ; en traversant l'Espagne et le Portugal, vous ne trouvez en effet pas de messes tradis), vous vous rendez compte, en les observant avec soin, que les assistants, célébrant et simples fidèles, ont tous bel et bien la Foi (il y a des signes qui ne trompent pas), ils ont bien conscience que le Sacrifice du Christ auquel ils assistent ou qu'ils opèrent, est vraiment réactualisé dans la messe moderne... malgré, donc, des formes incontestablement immatures, débiles, imparfaites, voire, c'est vrai, inclinées vers l'erreur, et dont certaines hélas pourraient laisser penser qu'il y a des portes ouvertes à une lecture non-transsubstantiatoire du St Sacrifice de la messe. Cependant, les participants aux messes modernes n'ont généralement pas conscience de cela, et vivent leurs messes avec l'intention transsubstantiatoire de l'Église de toujours. Et c'est certes bien incroyable, vu la débilité de leurs formes liturgiques, surtout pratiquées depuis plusieurs décennies maintenant ! Sûrement par un grand miracle de Dieu, "qui veut sauver tous les hommes", on se rend compte que la très-grande majorité des participants des messes modernes croient bien à la Présence réelle. Je cite ici une mienne tante, personne toute simple mais moderne convaincue, qui, acculée par mes arguments lui démontrant que la nouvelle messe était mauvaise par rapport à l'ancienne, avait fini par me dire faiblement, à bout d'arguments, pour toute défense : "... Mais, tu sais, dans nos messes, on croit bien que Jésus vient dans l'hostie à la Consécration..." Et elle disait cela manifestement de la Présence réelle, et non pas d'une simple présence spirituelle du Christ, à la protestante... Or, cette conversation étant récente, cela faisait, pour le moins, quarante ans qu'elle allait à la messe moderne tous les dimanches...!
           
        Donc, là encore, le jugement sédévacantiste, pour en rester à lui, s'avère radicalement faux : non seulement les messes tradis "una cum" le pape post-conciliaire actuel sont licites et valides (... la vérité vraie, c'est que, les papes modernes étant certainement papes, ce sont plutôt les messes "non-una cum" qui sont certainement illicites, elles peuvent même être mortellement schismatiques si ceux qui y assistent le font avec un esprit consciemment et volontairement sectaire...), mais même les messes modernes, quand elles sont dites avec dévotion et sérieux, sont valides, et permettent aux simples fidèles de remplir leur devoir dominical.
           
        Nous en avons d'ailleurs la preuve formelle par les miracles eucharistiques qui arrivent avec des hosties consacrées... dans lesdites messes modernes. Les "très-petits docteurs" (Léon Bloy) sédévacantistes qui affirment l'invalidité systématique des nouveaux rites, sont en effet radicalement déboutés par le seul fait de miracles eucharistiques actuels arrivés dans le cadre desdits nouveaux rites. Ce qui prouve évidemment que Notre-Seigneur Jésus-Christ est présent sacramentellement dans ces hosties consacrées dans le rite moderne.
           
        Le miracle de Moure (Portugal), arrivé en 1996 et répété identiquement les deux années suivantes (!) lors de la même traditionnelle cérémonie annuelle du Lausperene, est célèbre, quoiqu'il ne soit pas à proprement parler un miracle eucharistique puisqu'il s'agissait d'une surimpression miraculeuse du Visage du Christ sur l'hostie consacrée (un Visage triste, soit dit en passant, devant lequel un vieux paroissien portugais de 80 ans pleura toute la journée du dimanche... ce qui n'est pas sans faire penser aux dires du petit François de Fatima, qui, mystique, ressentait de la tristesse dans le Bon Dieu, lors des apparitions de Fatima...). Cf. pour le détail de ce miracle, le lien suivant : http://crc-resurrection.org/toute-notre-doctrine/renaissance-catholique/mystique/le-miracle-eucharistique-de-moure/.
           
        Mais, plus contraignant et percutant encore par son actualité... pontificale, est le cas d'un miracle tout ce qu'il y a de plus eucharistique celui-là, c'est-à-dire touchant à la substance des espèces de l'hostie, arrivé dans le diocèse d'un certain archevêque... Bergoglio, devenu le très-enthousiastique pape François que l'on sait. En voici le récit abrégé, dont il est fort émouvant de constater qu'il nous reporte abruptement à l'antique et très-traditionnel miracle eucharistique de Lanciano au VIIIème siècle, le plus vieux et certain miracle eucharistique consigné dans les annales de la Foi, la même conclusion rigoureusement scientifique étant donnée à l'un et l'autre : l'origine corporelle de la chair en laquelle s'est transformée miraculeusement l'hostie, est, dans les deux cas, un muscle du cœur du MÊME homme, de type moyen-oriental !
 
        Mais lisons, c'est vraiment impressionnant : "... C'est donc le 18 août 1996 que le Père Pezet ramasse après la communion une hostie souillée abandonnée au fond de son église, que lui avait signalé après la messe, une paroissienne attentive. Il la dépose alors précieusement dans un petit récipient d'eau dans le tabernacle de la chapelle du Saint-Sacrement. Le 26, ouvrant le même tabernacle, il découvre en lieu et place de l'hostie une substance sanglante. Son évêque averti, Mgr Jorge Bergoglio, donne des consignes afin de photographier l'hostie. Les clichés pris le 6 septembre sont sans ambiguïté : il s'agit de chair sanglante et la taille de l'hostie s'est sensiblement modifiée. Gardée au tabernacle secrètement pendant trois années, l'hostie ne change plus d'apparence. L'évêque engage alors une procédure d'analyse scientifique.
 
        "Le 5 octobre 1999, en la présence des représentants de l'archevêque de Buenos-Aires, le docteur Castañon prélève un échantillon du fragment sanglant et l'envoie à New-York pour analyse. Il cèle l'origine de l'échantillon à l'équipe de recherche. Le Dr Zugiba, cardiologue de renom et pathologiste médico-légal, déclare après analyse : "La matière analysée est un fragment du muscle du cœur qui se trouve dans la paroi du ventricule gauche, près des valves [... c'est exactement le même résultat pour le miracle de Lanciano du VIIIème siècle, ayant fait récemment l'objet d'analyses scientifiques pointues et rigoureuses...!]. Ce muscle est responsable de la contraction du cœur. On doit se rappeler que le ventricule gauche du cœur agit comme une pompe qui envoie le sang à travers tout le corps. Le muscle cardiaque est dans un état d'inflammation et contient un nombre important de globules blancs. Ceci indique que le cœur était vivant au moment où l'échantillon a été prélevé. J'affirme que le cœur était VIVANT étant donné que les globules blancs meurent en dehors d'un organisme vivant. Ils ont besoin d'un organisme vivant pour les maintenir. Donc, leur présence indique que le cœur était vivant quand l'échantillon a été prélevé. Par ailleurs, ces globules blancs avaient pénétré les tissus, ce qui indique d'autant plus que le cœur avait été soumis à un stress intense, comme si son propriétaire avait été battu sévèrement au niveau de la poitrine" (fin de citation). Mike Willesee et Ron Tesoriero, respectivement journaliste et juriste australien, témoins de ces tests et avisés de l'origine des prélèvements, s'enquérèrent auprès du professeur Zugiba du temps de survie de globules blancs provenant de tissus humains conservés dans de l'eau. Réponse : quelques minutes. Ils révélèrent alors les conditions de conservation pendant trois années successives. Embarrassé, le Dr Zugiba ajoute : "Vous devez m'expliquer une chose : si cet échantillon provient d'une personne morte, alors, comment se peut-il que pendant que je l'examinais, les cellules de l'échantillon étaient en mouvement et pulsation ? Si ce cœur provient de quelqu'un qui est mort en 1996, comment peut-il être toujours en vie ?" C'est alors que Mike Willesee informa le Dr Zugiba de la provenance de l'échantillon : UNE SIMPLE HOSTIE CONSACRÉE" (fin de citation, tiré du bulletin du CESHE n° 108, juillet 2013, pp. 38-39).
 
        Suite à ce constat, on eut l'idée judicieuse de faire des analyse comparatives avec les saintes Espèces miraculeuses conservées depuis douze siècles à Lanciano, lesquelles révélèrent ceci : "Résultat clinique : les échantillons proviennent d'un même individu, de sang de type AB+, portant les caractéristiques d'un homme du Moyen-Orient..." (ibidem). Il y a cependant, dans l'un et l'autre miracle eucharistique, une différence... de taille : l'un, celui de Lanciano, est fait à partir d'une hostie consacrée dans un rite traditionnel (au VIIIème siècle, ce n'est évidemment pas le rite St Pie V, mais c'est un rite latin doctrinalement traditionnel ; cf. le lien Internet suivant, pour approfondir les détails de ce miracle : http://fr.wikipedia.org/wiki/Miracle_de_Lanciano) ; l'autre, celui du diocèse de Bergoglio, est fait à partir d'une hostie consacrée dans le rite moderne de Paul VI. Mais tous les deux produisent le même miracle, avec une même très-impressionnante identité de la Personne corporelle de Jésus-Christ, prouvée scientifiquement... Un enfant du 1er catéchisme saurait en tirer la conclusion qui s'impose (mais je ne suis pas sûr que les sédévacantistes en soient capables) : les messes dites avec le rite moderne sont donc généralement valides.
           
        On ne peut qu'être très-ému dans sa Foi par les résultats de l'analyse scientifique faite sur le miracle eucharistique de 1996, résultats par ailleurs identiques pour le miracle de Lanciano. L'hostie consacrée transformée en le Corps du Christ, est en effet non seulement une chair vivante, mais il s'agit de la chair du CŒUR. Ce qu'on appelle "le Corps du Christ" lorsque l'hostie est consacrée est donc le CŒUR VIVANT DE JÉSUS, que nous consommons lorsque nous communions. "La matière analysée est un fragment du muscle du cœur (...) J'affirme que le cœur était VIVANT (...) quand l'échantillon a été prélevé". Ceci rejoint et confirme d'une manière tout-à-fait impressionnante la doctrine du Cœur eucharistique de Jésus, ainsi présentée par Paulette Leblanc dans un remarquable article intitulé La théologie du Coeur de Jésus chez les mystiques, ou l'Amour est-il toujours vivant ? (http://voiemystique.free.fr/theologie_du_coeur_de_jesus_28.htm) : "L’Eucharistie, don de Lui-même aux hommes, Jésus l’a portée dans son Cœur durant toute sa vie terrestre. La vie intime du Christ, c’est son Cœur préparant le don suprême de tout son être à Dieu et aux hommes, c’est son Cœur vivant son Eucharistie, avant de la donner aux hommes. La vie intime du Christ, c’est son Cœur Eucharistique. Pour exprimer l’Amour de Jésus instituant l’Eucharistie, la veille de sa Passion, pour demeurer présent au milieu de nous dans tous les tabernacles du monde, et jusqu’à la consommation des siècles, de nombreux théologiens et mystiques ont utilisé ce terme : Cœur Eucharistique de Jésus. Plusieurs encycliques ont mentionné ou développé la théologie du Cœur Eucharistique de Jésus. (...) On rejoint alors la vision de l’Apocalypse johannique dont l’Agneau est une victime toujours vivante, l’Agneau immolé et vainqueur... L’objet intégral du culte rendu au Cœur Eucharistique de l’Agneau correspond donc aux deux aspects inséparables du Mystère Pascal : mystère de mort et de résurrection. Si on peut oser s’exprimer ainsi : le Cœur Eucharistique, c’est l’avenir du Cœur de Jésus, dans le temps futur, et dans l’éternité, car l’Agneau Immolé est l’Éternel Vivant" (fin de citation). Le Cœur Eucharistique de Jésus fait d'ailleurs l'objet d'une fête liturgique spécifique, célébrée le 14 juin dans le calendrier traditionnel.
           
        Étant donné la très-grande importance du sujet, à savoir que les rites modernes sont eux aussi valides puisque des miracles eucharistiques ont lieu à partir d'hosties y consacrées, je relate maintenant un autre miracle eucharistique arrivé en Pologne dans le cadre du nouveau rite, en 2009 :
           
        "Miracle eucharistique à Sokôlka en Pologne, confirmé par l'archevêque polonais. L'archevêque de Bialystok a reconnu, à la mi octobre 2009, le miracle eucharistique de Sokôlka comme absolument authentique. Depuis quelque temps, le phénomène occupe une grande place dans les médias polonais (manchettes de journaux).
           
        "Que s'est-il passé ? Dans le petit bourg polonais de Sokôlka (archevêché de Bialystok), un prêtre laissa tomber une hostie consacrée lors de la distribution de la sainte communion aux fidèles, le 12 octobre 2008. Pour le cas où le prêtre ne pourrait pas consommer cette hostie, l'Église catholique a prévu de l'enfermer dans un vase sacré (custode) rempli d'eau et d'attendre jusqu'à ce qu'elle se soit entièrement dissoute : si bien qu'il ne peut plus être question de l'apparence du pain et par conséquent aussi du Corps de Notre-Seigneur. Et c'est exactement cette procédure qui fut suivie à Sokôlka. Cependant, quand la custode fut ouverte, après quelques jours, il devait se révéler que l'eau était devenue rouge. Le contenu de la custode fut versé sur un corporal, et après l'évaporation du liquide, apparut un morceau de chair. Ce dernier fut soumis pour contrôle à deux spécialistes du centre médical universitaire de Bialystok, indépendants l'un de l'autre. Les deux experts arrivèrent à la conclusion qu'il s'agissait là d'un morceau de cœur humain qui avait subi les souffrances de l'agonie. Ceci a également été certifié par la commission d'enquête. Celle-ci fut appelée le 30 mars 2009 et a maintenant terminé son travail.
           
        "Elle communique ce qui suit : «Le matériau envoyé pour examen révèle, d'après le jugement de deux pathomorphologues indépendants, un tissu de muscle cardiaque, du moins y ressemble-t-il, en comparaison à tous les tissus vivants d'un organisme». La Commission a aussi certifié que l'hostie est la même hostie qui avait été enfermée dans le tabernacle de la chapelle paroissiale. L'intervention d'un tiers n'a pas été constatée. La Commission souligne finalement ce qui suit : «L'évènement de Sokôlka ne contredit pas l'enseignement de l'Église, mais le confirme. L'Église croit que après les paroles de la Consécration, le pain se transforme, par l'action du Saint-Esprit, et devient le Corps du Christ, et le vin son Sang. Cet évènement constitue aussi un rappel pour les croyants, à savoir que la personne qui en a la charge distribue le Corps du Christ avec Foi et grande attention, et que les croyants le reçoivent avec respect». Le dossier de l'affaire a été entretemps transmis à la nonciature à Warschau et sera ensuite remis au Vatican. Tous les media en parlent, à ce point que la Société rationaliste de Pologne a demandé à un procureur de lancer une enquête, soulignant que ce tissu cardiaque pouvait appartenir à une personne récemment décédée, et qu'il était nécessaire d'établir son identité afin d'écarter la thèse d'un meurtre ! (D'après Katolisch Glauben und Leben n° 6 de novembre-décembre 2009, traduit par Mme J.P.).
 
        Je m'en voudrai beaucoup de terminer ce chapitre sans évoquer la magnifique vision qui fut donnée par Notre-Seigneur à une grande mystique canadienne peu connue, Dina Bélanger (1897-1929), en religion Sœur Marie Sainte-Cécile de Rome, par laquelle vision Jésus montrait en 1928 à cette âme très-privilégiée ce que la science moderne prouve maintenant rigoureusement, à savoir que la Chair de l'Hostie consacrée est celle de son Cœur-Sacré : "Ce matin, quand j’arrivai à la chapelle, un peu avant six heures, [Notre-Seigneur], par une lumière intérieure, voulut me faire voir son divin Cœur dans l’Hostie sacrée. Mais je résistai à l’attrait de cette lumière par crainte de l’illusion. [Cependant, au fil des heures de la matinée] le tableau me poursuivait. Enfin, pendant la communion de la communauté [religieuse de Jésus-Marie], durant la messe, il me fut impossible de résister plus longtemps à la force de cette lumière, et je m’abandonnai à Notre-Seigneur en reconnaissant son action divine.
 
        "Notre-Seigneur, Homme-Dieu, me fit voir son Cœur adorable dans l’Hostie sainte. Je ne regardai pas son Visage sacré, mais son Cœur et l’Hostie me captivaient. Les deux, son Cœur et l’Hostie, étaient parfaitement unis, tellement l’un dans l’autre que je ne puis pas expliquer comment il m’était possible de les distinguer l’un de l’autre [... et pour cause !, puisque la science moderne prouve maintenant absolument que la Chair de l'Hostie consacrée consiste exclusivement en les cellules de Son Cœur !, EST le Cœur de Jésus !]. De l’Hostie, émanait une immensité de rayons de lumière ; de son Cœur, jaillissait une immensité de flammes, lesquelles s’échappaient comme en torrents pressés.
 
        "La très Sainte Vierge était là, si près de Notre-Seigneur quelle était comme absorbée par Lui, et pourtant je la voyais distinctement de Lui. Oh ! qu’elle était pure ! qu’elle était pure !... Je ne ferais que répéter ce mot : qu’elle était pure !
 
        "Toutes les lumières de l’Hostie et toutes les flammes du Cœur de Jésus passaient par le Cœur Immaculé de la très Sainte Vierge. Notre-Seigneur me dit : «Oui, faites-Moi régner». À cette vue, à ces paroles, toujours intérieurement, à genoux, je tombai prosternée, comme anéantie d’amour en présence de mon Dieu, et, avec un accent de supplication que je ne connaissais pas, je dis : «O Cœur Eucharistique de Jésus, je t’en supplie, par Notre-Dame du Cœur Eucharistique, règne dans toutes les âmes comme tu le veux !»
 
        "(...) Notre-Seigneur me dit : «Mon Cœur déborde de grâces pour les âmes. Amenez-les à mon Cœur Eucharistique». De plus, la très Sainte Vierge attirait toutes les âmes vers elle pour les conduire au Cœur Eucharistique. Enfin, je vis une multitude innombrable d’anges autour du Cœur Eucharistique, une multitude aussi à perte de vue. En leur langage céleste, ils répétaient : «Gloire au Roi immortel des siècles !»" (Une vie dans le Christ ― Marie Sainte-Cécile de Rome (Dina Bélanger), religieuse de Jésus-Marie (1897-1929) ― Autobiographie & témoignages, texte publié et annoté par Dom L. Crenier, Ch. XXI, La vie religieuse, mai-juin 1928, pp. 221-222).
           
        ... La question qui vient évidemment tout-de-suite à l'esprit, après ce rappel de miracles eucharistiques ayant eu lieu après la Consécration dans le nouveau rite de la messe de Paul VI, est la suivante : "Mais alors, si Jésus-Christ vient autant aux messes modernes qu'à celles tradis, le combat tradi pour la messe ancienne n'a pas de sens ?!"
           
        Il s'en faut qu'il en soit ainsi ! Outre la grande tristesse du Visage du Christ venue en surimpression sur l'hostie consacrée par le rite moderne dans le miracle de Moure en 1996, un miracle eucharistique arrivé dans les années 1990 va bien nous montrer ce que pense Notre-Seigneur des nouvelles liturgies, et nous en tirerons la grande conclusion morale après, à l'aide de la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qui, seule, va permettre un décryptage équilibré et sage du gravissime problème du devoir dominical généré par "la crise de l'Église", qui est tout votre questionnement cher Monsieur xxx. Celui qui est le héros de ce miracle peu banal dont je parle, est... un chien. Ledit chien, habitant avec sa maîtresse âgée dans un coin de montagne très-reculé, dans un pays d'Amérique du Sud, fait tous les dimanches à pied, pardon : à pattes, 80 kms (quatre-vingts kms...!), pour se rendre en une ville située dans la vallée, aux seules fins d'aller à l'église et... d'assister à la messe qui s'y célèbre. La messe est en fin de matinée, et le curé sait qu'une demie-heure avant d'ouvrir la porte de son église, le chien sera là, qui attendra sagement. Dès que la porte s'ouvre, il rentre dans l'église, va se mettre sagement au premier rang, et ne bouge plus. La messe commence. Le chien reste sur ses pattes quand les fidèles sont debout ; il s'assied sur son postérieur quand ils s’assoient. Une fois la messe terminée, durant laquelle il s'est comporté le plus sagement possible, sans jamais aboyer, ni japper, ni bouger de sa place, ayant comme conscience d'assister à quelque chose d'important, il sort tranquillement de l'église, comme... un bon paroissien qu'il est, pour retourner dans ses lointaines montagnes, à 80 kms de là, retrouver son... athée de maîtresse, car sa propriétaire n'est même pas croyante ! Et l'incroyable histoire s'est répétée au moins pendant une année si mes souvenirs sont bons, amenant, au fil du temps, beaucoup de gens à l'église objet du miracle. À ma connaissance, ce miracle récent, qui eut lieu dans le cadre du rite moderne, est unique dans toute l'histoire de l'Église... Les histoires de bœufs ou d'ânes qui se mettent à genoux au passage du Saint-Sacrement ne sont pas comparables.
           
        Il me semble que ce miracle d'un genre tout nouveau a une grande signification. C'est comme si Notre-Seigneur, plus que bafoué et offensé dans sa dignité divine dans les messes nouvelles, disait : "Puisque vous Me traitez comme un chien dans vos célébrations nouvelles, où Je viens quand même, Je fais venir un chien à l'église pour bien vous montrer ce que vous êtes devenus liturgiquement dans votre rapport avec Moi". Et en effet. Dans les messes tradis, le Christ est crucifié une fois : lors de la Consécration ; dans les messes modernes, le Christ est crucifié deux fois : lors de la Consécration & par les formes liturgiquement nettement insuffisantes et même favens haeresim du rite moderne pour dire la Foi.
           
        Avant d'en venir à l'importante conclusion de tout ceci pour notre Foi, n'omettons surtout pas de rappeler, pour être complet, que les traditionalistes ont eux aussi été gratifiés par la Miséricorde divine d'un "petit" miracle eucharistique, car il n'a pas l'éclat des grands miracles de cette espèce. C'est arrivé à Stich, en Bavière : un prêtre tradi de la toute première heure, l'abbé Leutenegger, remarqua du sang sur le corporal après la Consécration, alors qu'il n'avait aucune blessure aux mains et que le calice ne fuyait pas ; l'hostie consacrée, quant à elle, ne subit aucune transformation. Ce qui n'est vraiment pas anodin, c'est que le miracle eut lieu... le jour anniversaire de la bulle Quo Primum de saint Pie V promulguant sa messe, un 14 juillet de l'an 1970 ! Cf. la plaquette Les faits de Stich, aux Éd. DFT.
           
        Il est temps maintenant de récapituler et de tirer la conclusion catholique de notre problématique actuelle, en ce qui concerne le devoir dominical du chrétien vivant ecclésialement la Passion, la fin des temps... et singulièrement sur le plan liturgique.
           
        Seule la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" peut nous permettre de le faire de manière catholique, sage et équilibrée, dans la pure et humble Lumière du Saint-Esprit, loin de tout sectarisme comme de tout laxisme. J'en rappelle ici le fondement essentiel : depuis Vatican II, l'Église est rentrée dans l'économie propre à la Passion du Christ, laquelle consiste principalement à être "fait péché pour notre salut" (II Cor. V, 21), être mis sous "la puissance des ténèbres", ce qui est en soi "la si grande contradiction" (He XII, 3-4) du Christ en croix. La nouvelle messe, promulguée alors que l'Église est en train de vivre sa propre et personnelle Passion depuis Vatican II, est donc tout naturellement... "faite péché", ce qui bien sûr se constate par les formes et rubriques liturgiques favens haeresim y employées, quand bien même cette messe post-vaticandeuse de la Passion de l'Église est toujours, identiquement à l'ancienne, une messe véritable, parfaitement valide. C'est-à-dire que, pour suivre le lumineux et lapidaire éclairage de saint Paul quant à l'économie de la Passion du Christ en II Cor. V, 21, la nouvelle messe n'est pas seulement "faite péché" (aspect de la question sur lequel s'obnubilent de manière pharisaïque et janséniste les sédévacantistes, entre autres, car les lefébvristes ne sont pas loin d'eux quant à leur jugement sur la nouvelle messe), mais elle l'est "pour notre salut" : bien que de formes liturgiques débiles et même favens haeresim, elle n'en reste pas moins valide, transsubstantiant véritablement le Corps et le Sang du Christ à la Consécration ; c'est en ce sens qu'elle est à la fois "faite péché", et qu'elle l'est "pour notre salut", le salut, du moins, de ceux qui y participent. C'est ainsi que la grande question, qui pourrait scandaliser notre Foi (= Comment bien comprendre qu'un pape vrai pape ait pu promulguer une pareille messe, théologiquement si défectueuse, liturgiquement si injurieuse au Christ Sauveur ? Puisque l'on sait par ailleurs qu'il est de Foi qu'un pape ne puisse promulguer qu'un rite doctrinalement pur de toute hérésie formelle pour l'Église Universelle ?), cette question disais-je n'a plus de sens, puisque justement, aux temps où l'Église doit vivre sa propre et personnelle Passion, il faut qu'elle soit "faite péché". C'est donc le Saint-Esprit Lui-même qui, par l'organe transparent du pape agissant en tant que docteur universel des catholiques, fait rentrer l'Épouse du Christ dans l'économie de la Passion, qui la fait "être péché" (mais pour notre salut, pas pour notre damnation), notamment au moyen de la promulgation par un vrai pape de la nouvelle messe doctrinalement "faite péché".
           
        Cependant, quoique la nouvelle messe soit valide au même titre que l'ancienne (les miracles eucharistiques dont elle est gratifiée le prouvent indubitablement, ne permettant pas le moindre doute à cet égard), il vaut mieux assister à l'ancienne messe, parce qu'il ne s'y trouve aucun sens favens haeresim. Pour autant, il ne faut pas assister à l'ancienne messe en pharisien, je veux dire pour s'exclure de la grande épreuve ignominieuse de la Passion qu'est en train d'endurer l'Épouse du Christ, cette mise sous "la puissance des ténèbres", cet état de péché matériel où elle est depuis Vatican II pour faire court, que le Bon Dieu lui a providentiellement destinée pour nos jours (afin "que l’Écriture s'accomplisse" pour l'Épouse comme pour l’Époux des âmes, et qu'elle en devienne co-Rédemptrice) : ce serait en effet vouloir... "faire la volonté de Dieu contre sa volonté" (André Frossard, à propos des tradis). Or, malheureusement, on constate que trop de tradis privilégient les formes d'avant, tant sur le plan doctrinal que sur celui liturgique d'ailleurs, pour prétendre par-là s'exclure de l'épreuve de crucifixion que Dieu a réservée à l'Église de nos jours, voulant vivre leur Foi dans une Église "toute blanche", comme avant, et surtout pas dans une Église recouverte d'un manteau de péché universel, modus inhérent à la Passion... C'est évidemment céder à la tentation de la fuite, à l'instar des onze Apôtres sur douze lors de la Passion archétypale du Christ il y a 2 000 ans.
           
        Je dis : il vaut mieux assister à l'ancienne messe pour satisfaire au devoir dominical. Ce n'est qu'une préférence personnelle. Quant à ceux qui croient en leur âme et conscience qu'il vaut mieux assister à la nouvelle messe dite dignement, et c'est leur droit, qu'ils sachent bien qu'ils auront quant à eux à lutter contre une autre tentation que ceux qui assistent à l'ancienne messe, tout aussi redoutable que celle pharisaïque épinglée que dessus, à savoir la tentation de céder à la tendance pécheresse-hérétique qui se trouve systématiquement incrustée dans tout nouveau rite liturgique moderne, même les mieux dits, même les plus dignes et les plus sincèrement fervents.
           
        Aux temps de la crucifixion de l'Église, l'examen de la grande affaire du devoir dominical par "LA PASSION DE L'ÉGLISE" aboutit donc à la conclusion qu'il n'y a aucune solution parfaite, pas de position de repos intellectuel et spirituel... Il fallait du reste s'y attendre, puisque la Passion est une crucifixion, un écartèlement entre des principes contraires ! Pour bien comprendre la situation au temps où l'Église vit sa Passion, il faut en effet se représenter le Christ lorsqu'il était crucifié, ne trouvant aucune position de repos sur sa croix : s'Il tirait sur les bras pour soulager les pieds, Il agrandissait les plaies des mains clouées, et si, pour soulager les bras et les mains, Il appuyait sur ses pieds, Il en agrandissait les plaies. Situation d'écartèlement identique pour nous vivant authentiquement la Passion de l'Église, sur le plan liturgique : si nous allons à la messe ancienne, il faut veiller soigneusement à ce que le venin pharisaïque ne pénètre pas nos âmes, c'est-à-dire veiller à ne pas s'abstraire de l'économie de la Passion dans laquelle Dieu veut que vive l'Église depuis Vatican II, qui consiste principalement à ce qu'elle est "faite péché" ("pour notre salut"), et si nous allons à une messe nouvelle même dignement dite, alors, c'est de bâbord et non de tribord qu'il nous faut veiller, lutter contre la tendance pécheresse moderniste qui s'y trouve inévitablement de manière diffuse...
           
        Ma conclusion générale est celle-ci : pour satisfaire dans notre Église actuelle au devoir dominical, on peut assister à toutes les messes de rite "extraordinaire" (autant les "non-una cum" que les "una cum", sachant que les premières sont de soi moins catholiques que les secondes, comme sectarisant et mettant en péril de péché mortel de schisme ceux qui y assistent), et aussi à toutes les messes de rite "ordinaire", sous réserve expresse que celles-ci soient dites dignement. Les seules messes à exclure rigoureusement du devoir dominical sont les messes modernes excentriques et excentrées du noyau liturgique de la Foi, à savoir la transsubstantiation des espèces à la Consécration, soit par la forme et/ou par le fond, parce qu'elles risquent fort d'être invalides ; à l'opposé du spectre, il faudrait aussi exclure rigoureusement du devoir dominical les messes sédévacantistes sectaires, où le fidèle serait obligé par le prêtre, pour y assister, de professer formellement que le pape actuel n'est pas pape : ce qui serait lui faire commettre un péché mortel de schisme pour... pouvoir remplir son devoir dominical !
           
        Dans cette question du devoir dominical au temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", se vérifie on ne peut mieux la belle phrase de saint Grégoire de Nazianze : "Le juste milieu est le chemin des crêtes".
           
        Mais à présent, un mot, sur cette terminologie que je viens d'employer dans ma conclusion générale, rite "extraordinaire", rite "ordinaire", qui nous vient du pape Benoît XVI dans son fameux Motu proprio libéralisant la messe ancienne. Elle s'avère exacte, reflétant fort bien la situation spirituelle et mystique de l'Église, quant à la messe, au temps où elle vit sa Passion : la forme "ordinaire" est bel et bien en effet... la messe moderne, puisqu'elle est de soi "faite péché" par son rite favens haeresim (quoique "pour notre salut" puisqu'elle est par ailleurs valide), c'est vraiment la messe de l'économie de la Passion qu'est en train de vivre l'Église actuellement. Et la forme "extraordinaire" est une messe qui n'est pas "faite péché", puisque son rite est parfait et ne contient aucun sens favens haeresim, bien au contraire, puisqu'il "élèv[e] une barrière infranchissable contre toute hérésie qui pourrait porter atteinte à l'intégrité du Mystère" (cardinaux Ottaviani & Bacci) ; or, n'être entaché d'aucun sens favens haeresim au temps où l'Église vit sa Passion et est donc recouverte d'un manteau de péché, est devenu effectivement... "extraordinaire" !
           
        Me voici parvenu à la fin de mon exposé. L'on peut bien voir à quel point la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" permet, et elle seule, de saisir le fond des choses, d'éclairer salutairement les âmes pour qu'elles puissent bien discerner où est le devoir catholique de nos jours, notamment quant au devoir dominical. Combien son jugement est sage et équilibré, loin de tout sectarisme comme aussi de tout laxisme !... Elle est vraiment cette divine "clef qui ouvre et personne ne ferme, et qui ferme, et personne n'ouvre" (Apoc III, 7 & Is XXII, 22)... J'en rappelle ici le lien, où elle est exposée en profondeur sur ce site : https://eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2.
           
        Je ne saurai terminer sur notre sujet sans parler d'une actualité hélas brûlante et fort irritante : la récente interdiction faite par le pape François aux franciscains de l'Immaculée de célébrer la messe tradi sans expresse autorisation des autorités supérieures... Les Franciscains de l'Immaculée sont un Institut de vie religieuse récent, fondé en 1970, d'esprit marial et traditionnel, s'inspirant notamment de saint Maximilien Kolbe, qui pratiquait jusque là à parité les deux rites de la messe mais avec une nette préférence pour la messe tradi. François revient donc, pour cet Institut, à la ségrégation anormale du rite "extraordinaire" antécédente au Motu proprio de Benoît XVI. Quand bien même il se récrie de vouloir revenir sur le Motu proprio libérateur de son prédécesseur, mensongèrement il faut bien le constater, car il est évident qu'il manifeste là, dans cette occasion, le fond de sa pensée sur la messe, non seulement pour l'Institut religieux en question mais pour toute l'Église. Comme disait Dom Paul Nau à propos du Magistère ordinaire des papes : "... Une lettre ou une allocution [du pape] [peuvent n'être] directement adressées qu'à un groupe restreint, mais moins comme ultime destinataire que comme porte-voix ou amplificateur [en direction de l'Église Universelle]" (article n° 1, 1956, pp. 405-406). La pensée du pape François exprimée aux franciscains de l'Immaculée mais bien sûrement en direction de l'Église Universelle est donc celle-ci : seule la messe nouvelle est vraiment la messe de l'Église, et l'autre, l'ancienne, a besoin d'une autorisation pour être célébrée... ce qui est sacrilègement la ghettoïser. Car aux temps cruciaux de la Passion de l'Église, il y a déséquilibre certain, et même, plus exactement dit, faute pastorale gravissime, surtout pour le pape, de mettre le rite ancien en situation d'infériorité par rapport au nouveau rite, puisque le poids du péché dont est recouvert systématiquement le rite moderne n'est alors plus contrebalancé par le rite ancien qui l'exclue radicalement, comme on l'a vu tout-à-l'heure. Il en résulte donc un tort grand et certain pour les âmes, qui risquent de ne plus voir le côté favens haeresim du rite moderne, qui estompe trop l'aspect sacrificiel de la messe, ce qui serait empêché si le rite ancien, qui manifeste au mieux cet aspect sacrificiel, était mis en pendant avec lui.
 
        Au temps où l'Église, notamment par la messe, est "faite péché", il est en effet très-important d'avoir toujours devant les yeux de l'âme une vision de l'Église au temps où elle n'était pas "faite péché", pour exorciser, justement, cedit péché, empêcher que le simple péché matériel liturgique du nouveau rite ne se transmue en péché avec coulpe, petite ou grande, dans les âmes des fidèles... Il est donc, pour cette raison fondamentale, très-important que la messe ancienne soit toujours sur le chandelier de l'Église à parité avec le nouveau rite, et non mis sacrilègement sous le boisseau (... par le pape, ô comble de l'inintelligence et de la sottise pastorales !). Par ailleurs, c'est une palinodie hypocrite, c'est à peu près se moquer du monde, et fort répréhensible, honteux pour un pape, de donner comme raison de cette interdiction de la messe ancienne une... "tension" dans la communauté des franciscains, dont la messe ancienne serait soi-disant responsable (!), comme ose le soutenir le porte-parole du Vatican, le P. Federico Lombardi, dans Zenit du 2 août 2013, l'organe de presse officieux de Rome : la vérité, c'est qu'il s'agit d'une véritable cabale fomentée par une minorité de membres progressistes hargneux de cette congrégation, qui ne veulent pas de la messe ancienne dans leur communauté, ce sont eux et eux seuls qui ont créé cette "tension" dans cette congrégation édifiante d'esprit traditionnel et marial, pour la forcer à moderniser sa vie religieuse, car bien entendu... ce n'est nullement, en soi, la messe ancienne qui est cause de "tension" ! Une "tension" en effet, n'est qu'une raison psychologique, elle n'est pas une raison première des choses ! De qui se moque-t-on ? La bonne & droicte justice aurait consisté à mettre au pas de la parité libre des deux rites, les rebelles progressistes de la communauté, et non de saquer la messe ancienne. Mais donc... on voit le pape donner la main à ces méchants, il donne la main au mal, le plus hypocritement du monde par ailleurs on est bien obligé de le dire, en osant mettre la faute sur... l'ancien rite (je dirai : comme à l'accoutumée, hélas, depuis Vatican II... et même avant, on serait fondé à dire : depuis le concordat de Pie VII avec Napoléon, première pénétration de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint par la compromission du pape avec le mal, cf. sur cela mon dernier livre J'accuse le Concordat !, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/J'accuseLeConcordat.pdf, livre qui, soit dit en passant, en des temps moins calatrèsmiteux, serait une véritable bombe...). Le pape François montre donc bien là, dans cette occurrence, le fond de son esprit, et il est... sournoisement antitraditionnel (et peut-être même faut-il élargir ce jugement à... Benoît XVI, puisque le P. Federico Lombardi nous apprend que la procédure contre les Franciscains de l'Immaculée avait été initiée à la fin du pontificat de Benoît XVI, par lui-même...!).
           
        Que Dieu et sa sainte Mère qui est aussi la nôtre, vous aident, m'aident moi-même, et tous ceux qui liront avec bon esprit ces lignes, à bien remplir leur devoir dominical jusqu'à la fin, pour la plus grande gloire de Dieu, amdg, et notre salut éternel à tous !
           
        Plus que jamais, en effet, quand on va au fond des choses, retentit formidablement à tous les échos de l'Église, l'extraordinaire question du Christ : "Quand Je reviendrai, trouverai-Je encore la Foi ?"
           
        À nous de répondre "Oui, ô Jésus, Tu la trouveras dans mon âme, la Foi, avec ta sainte grâce", de Lui dire avec amour que nous voulons, par égard pour Lui et son amour infini pour nous, la garder, notre Foi au Christ Sauveur !
           
        Croyez, M. xxx, en mes salutations catholiques les meilleures, in Christo Rege. Merci encore de votre questionnement qui m'a permis de bien faire le point sur cette affaire fort importante de l'accomplissement du devoir dominical dans le cadre écartelant de la "crise de l'Église", ce que je n'avais jamais fait jusque là.
           
En la bénie fête de l'Assomption 2013,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
 
 
15-08-2013 07:20:00
 

Commentaire catholique de la prophétie de Notre-Dame à La Salette : "L'Église sera éclipsée"

10-03-2013 11:33:00
 

Deux petites Lettres au ci-devant ministre Vincent Peillon, sur son projet de fonder une nouvelle... religion (!!)

23-01-2013 18:05:00
 

Une sacrée bonne Lettre à Mgr di Falco-Leandri, évêque de Gap & d'Embrun

14-09-2012 14:52:00
 

La notation "non-infaillible" du concile Vatican II selon Mgr Gherardini : du grand n'importe quoi... moderniste

 
 
 
La notation "non-infaillible" de Vatican II
selon Mgr Brunero Gherardini :
du grand n'importe quoi… moderniste
 
 
        Mgr Brunero Gherardini est un professeur ecclésiastique romain émérite qui s'est fait remarquer ces derniers temps par sa critique vive et acérée des déviances doctrinales de Vatican II. C'est un intellectuel chevronné, très-chevronné même nous dit-on, savant érudit au cursus impressionnant, grand théologien parmi les plus grands paraît-il, enfin il n'est que de lire les encensements des "lefébvristes" ou des "ralliés" à son sujet pour s'édifier de la réputation du prélat romain (le "dernier grand théologien de ce qu'on a appelé l'École Romaine", "l'illustre professeur émérite de l'Université du Pape, doyen de la faculté de théologie", selon le rédacteur du site Disputationes theologicae qui a encore quelques autres formules très-laudatives ; "l'un des plus éminents doyens de la faculté romaine", assure de son côté, à deux genoux sinon à trois, Côme Prévigny sur le site lefébvriste La porte latine ; etc., etc.)…
 
        Pour ma petite part, je ne peux m'empêcher d'être beaucoup plus froid à son sujet, surtout après l'avoir lu. Et même, pour dire les choses comme je les sens, aussi froid que pierre tombale par nuit d'hiver glaciale moins que zéro.
 
        Pour commencer, une chose me frappe, d'emblée, tue soigneusement par les thuriféraires susdits qui ne pensent qu'à glousser de plaisir non-dissimulé devant les critiques du prélat romain contre Vatican II : c'est à savoir un grand et suspect "trou noir" dans la biographie du digne monsignore, un énorme demi-siècle qui va des années 1955 à 2005 pour le moins, lesquelles années furent, ... comment dirais-je ?, des années importantes n'est-il pas, pour le combat catholique. Où était donc Mgr Gherardini durant toutes ces longues décennies les plus cruciales pour la Foi, où les traditionalistes, certes avec tous leurs défauts (qui hélas ne sont pas petits), furent seuls à porter la chaleur et le poids du jour ? Que faisait-il alors pour mener le bonum certamen ? Même s'il ne semble pas avoir une grande sympathie pour Mgr Lefebvre qu'il ne cite paraît-il jamais dans ses écrits critiques contre Vatican II, étant donné sa position en vue, sa Foi aurait pu se manifester publiquement indépendamment de lui, de manière ou d'autre, en réprobation à la chose conciliaire, bien avant nos tout récents jours : mais non, depuis le Concile jusqu'en ces toutes dernières années à la fraîche, il n'a rien trouvé à redire publiquement contre la "religion conciliaire"...
           
        Mgr Gherardini est donc un ouvrier de la onzième heure et demi. Arrivé sur ses quatre-vingt cinq ans, toute sa carrière ecclésiastique passée en tout bien tout honneur dans le giron de l'Église conciliaire, on ne peut, en soi, certes, que se réjouir de voir le prélat romain enfin réagir. En toutes manières, c'est bon pour son âme, Dieu en soit béni, d'autant que, sûrement, cette réaction n'est pas spontanée, elle a été méditée depuis bien des années dans le silence intérieur de son esprit de plus en plus réprobateur. Mais tout-de-même, gardons le sens des proportions : un ouvrier de la onzième heure et demi n'a pas vocation à être un "chef de file". Ni à se prendre pour tel, ni non plus à voir les ouvriers qui ont travaillé tout le jour, devoir le prendre pour tel et lui courir sus aux pieds, indécemment et honteusement, comme hélas on le voit faire.
           
        Sa réaction fort tardive est-elle, au moins, non pas intégriste mais intégrale, parfaite ?
           
        Il s'en faut, hélas. De beaucoup. In globo, sa réaction se scinde en deux pôles : 1/ on ne saurait que le louer pour sa courageuse critique doctrinale, élaborée et fort lucide, des décrets de Vatican II, qui ressemble beaucoup, pour le fond, à celle de son concitoyen Romano Amerio (qui a réagi bien avant lui), et, sur cela, il est quasi "traditionaliste", quoiqu'il se défendrait sûrement de l'étiquette ; 2/ mais on ne peut que constater qu'il reste bougrement moderniste quant à son appréciation théologique des actes magistériels de Vatican II, qu'il professe être quasi tous non-dotés de l'infaillibilité. Donc actes théologiquement inexistants, car pouvant être, soi-disant sans aucun préjudice pour la constitution divine de l'Église, tout simplement (re)modelés comme vulgaire pâte dudit nom, à volonté, pontificale de préférence. Et même, si la pâte vaticandeuse se montre trop revêche, rébarbative au remodelage indispensable, le "grand théologien" ne voit aucun inconvénient théologique à ce qu'elle soit jetée… à la poubelle. Mais oui, oui. Tout simplement. Sans se compliquer la vie.
           
        Ce second pôle de sa réaction anti-conciliaire, d'ailleurs, me fait me demander sérieusement si les thuriféraires susdits du chanoine émérite de la basilique Saint-Pierre de Rome ne le louangeraient pas aussi hautement, par hasard, moins pour sa critique doctrinale vaticandeuse que pour sa notation non-infaillible des actes de Vatican II. Car c'est cela surtout qui est important pour eux, là gît leur angoisse secrète. Si jamais en effet il s'avérait vraiment que les décrets peccamineux de Vatican II étaient de soi dotés de l'infaillibilité magistérielle, éh bien les amis, prenons conscience que cela "foutrait" complètement en l'air toute la belle mécanique "lefébvriste" et "ralliée", parfaitement identique sur le fond de vouloir un Vatican II RÉPARABLE. Adieu, veaux, vaches, cochons, couvées… Plus de "Demain, la chrétienté" comme disait feu Dom Gérard du Barroux, pas plus à prévoir de Pétain II accessoirement couronné, et non plus de Pie XIII, et encore moins de Vatican III. Il y aurait "seulement" si j'ose dire, ce qui rebute extrêmement les pusillanimes, à attendre et hâter, comme dit saint Pierre dans son Épître, par notre vie chrétienne pénitente de souffrance acceptée sous le règne de la Bête, sans plus aucun espoir humain, le Retour du Christ glorieux venant sur les Nuées du Ciel, pour nous délivrer et nous sauver de la main de fer impie de l'Antéchrist.
           
        La différence n'est donc pas mince. Si jamais la théologie nous obligeait à considérer que les décrets magistériels de Vatican II, ceux formellement hérétiques par exemple celui sur la Liberté religieuse, sont dotés de l'infaillibilité, et que donc ils sont, par-là même, IRRÉPARABLES, il faudrait bien entendu immédiatement tirer un trait sur tout concept historico-canonique de la "crise de l'Église", et alors, adopter résolument la seule explication possible qui rende compte de la Foi, brûlant ce qu'on a adoré et adorant ce qu'on a brûlé : cette "crise de l'Église" manifeste la Fin des Temps, elle est d'ordre purement eschatologique, apocalyptique, ses considérants théologiques révélant que l'Église est crucifiée. C'est-à-dire adopter la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que j'expose sur mon site, reconsidérer et mettre à la première place, qu'elle aurait toujours dû avoir et conserver, la grille de lecture prophétique de notre situation, que les clercs tradis, dans leur immense et honteuse majorité, se sont cléricalement autorisés à mépriser, contre le conseil de saint Paul, à leur grand dam. Ou alors, en présence de décrets magistériels hérétiques mais théologiquement irréparables puisque infaillibles, il ne resterait plus, si l'on refuse "LA PASSION DE L'ÉGLISE", qu'à adopter la seule autre alternative théoriquement possible  mais... maudite, celle de l'impie, à savoir, horresco referens, que cette situation révèlerait que "les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église", elle signifierait que l'Église ne serait pas de constitution divine, puisqu'elle est convaincue de faillibilité là où l'infaillibilité lui avait été divinement assurée, et que donc Dieu n'existerait pas, son Christ fondateur de l'Église n'étant de son côté qu'un pur imposteur. Tertium non datur.
             
        … Alors, dotés de l'infaillibilité ecclésiale, les actes magistériels du concile moderne (ou du moins certains d'entre eux les plus cruciaux, tel celui sur la Liberté religieuse), ou pas dotés ?
           
        C'est au fond la seule question importante à traiter, en avant-première de toutes autres. Comme écrit lui-même fort justement le rédacteur de Disputationes theologicae : "À ce propos, la première question à laquelle il est urgent de trouver une réponse est celle relative à la nature du Concile Vatican II et des ses documents. Ce n'est qu'après cette réponse, et pas avant, qu'on pourra définir les limites du débat possible sur le contenu de ces textes". Rien de plus exact. Et, comme il dit, depuis quasi cinquante ans qu'on (fait semblant de) se pose(r) la question, cela devient urgent en effet, d'y répondre, ça urge vraiment d'urger. Mais contrairement à ce que veulent penser bien des esprits brouillons-pressés animés par la méthode Coué, de préférence ensoutanés, ladite question, bien réfléchie, sans parti-pris et à fond, ne peut pas être résolue dans le sens du "bien-penser" tradi, qui consiste à professer la non-infaillibilité de principe des actes de Vatican II ou de la grande majorité d'iceux-là...
           
        Sur la valeur magistérielle des Actes de Vatican II, Mgr Brunero Gherardini a rédigé deux articles (La valeur magistérielle de Vatican II, du 7 mai 2009 & Église-Tradition-Magistère, du 7 Décembre 2011, commandités semble-t-il par les responsables du site Disputationes theologicae). Ces deux articles, qui concluent à la non-infaillibilité de la quasi totalité des actes conciliaires, sont à peu près des abominations de la désolation dans le Lieu-Saint, qui ici, in casu, est l'infaillibilité magistérielle, lieu théologique qui est le signe topique du Dieu Vivant dans son Église chaque jour qu'Il fait, singulis diebus. D'où le sacrilège d'y attenter.
           
        ... Oh !, ne demandez surtout pas aux "lefébvristes" ni à leurs frères ennemis les "ralliés" de s'en rendre compte : ils ne peuvent pas le faire, attendu que les uns et les autres se sont plongés la tête sous l'eau de cette abomination, telle Bécassine dans son étang, à vrai dire depuis qu'ils existent, et justement, je vous l'ai dit que dessus, on peut légitimement se demander s'ils n'encensent pas à tout va le prélat romain, plus pour professer cette abomination que pour sa dénonciation des déviances doctrinales contenues dans le concile moderne.
           
        De quelle abomination parlai-je ? De celle qui consiste à évacuer complètement le Magistère ordinaire & universel d'enseignement non-définitif, doté de soi de l'infaillibilité, dans l'exposé sur les modes magistériels. Ou plus exactement dit, à le supplanter hérétiquement par un tout moderne et récent Magistère, plus ou moins flottant sur la mer du monde, dit "authentique", dont on nous dit cette fois-ci qu'il n'est pas doté de l'infaillibilité mais qui soi-disant n'en comprendrait pas moins les actes magistériels d'enseignement non-définitif. Avec bien entendu comme travaux pratiques immédiats le concile Vatican II : si l'on trouve dedans des actes d'enseignement doctrinal universel simple, non-définitif, immédiatement, sans aucune réflexion, le moderne va les faire rentrer dans le tiroir de ce soi-disant Magistère authentique non-infaillible… Pour le moderne en effet, il n'existe plus de concret, en fait, que deux modes magistériels : celui extraordinaire dogmatique définitionnel infaillible, et celui authentique non-infaillible, lequel, entre autres, comprendrait soi-disant l'enseignement non-définitif qui est pourtant, la Foi manifestée par les Pères de Vatican 1er nous fait formelle obligation de le professer, l'objet exclusif du mode ordinaire & universel doté de l'infaillibilité. Donc, véritable tour de prestidigitation diabolique qui a abusé tout le monde, les progressistes comme les traditionalistes avec ou sans étiquette, on a fini par aboutir, dans l'ère moderne, à cette profession de foi parfaitement hérétique qui consiste à considérer des actes d'enseignements universels simples portant sur la Foi, c'est-à-dire non-définitifs, comme pouvant être… non-dotés de l'infaillibilité.
           
        Et attention, quand j'écris "Pour le moderne", je veux dire pour TOUS les prêtres de l'ère moderne post-Vatican 1er, c'est-à-dire autant ceux qui sont modernistes ou progressistes affichés que ceux qui sont connotés conservateurs ou traditionalistes, lesquels s'entendent tous à merveille sur cela, en ce compris bien entendu ceux, tels Mgr Lefebvre ou Mgr Gherardini, qui sortent de l'École française de Rome, eux aussi corrompus, certes sans le vouloir, par la manière moderniste de comprendre les différents modes magistériels au sein de l'Église depuis, grosso modo, le début du siècle dernier. Ainsi donc, par pénétration moderniste dans la dogmatique concernant la question magistérielle et son infaillibilité inhérente, on a abouti à professer très-sérieusement (et on y tient maintenant dur comme fer, et s'inscrire en faux contre cela n'est même plus accepté ― je suis bien certain qu'on s'offusquera très-fort, avec grand scandale, en jetant son manteau dans la poussière comme les antiques pharisiens, que j'osasse discuter la chose), que des actes d'enseignements universels de la Foi non-définitifs pourraient cependant tout-à-fait bien ne pas être dotés de l'infaillibilité. Et bien sûr, on dit que c'est le cas pour le décret sur la Liberté religieuse, dont l'objet formel est le dogme "hors de l'Église, point de salut" (la Liberté religieuse en effet n'est pas une doctrine, c'est la contradictoire hérétique d'une doctrine et même d'un dogme, celui que je viens d'énoncer), donc formellement un objet de Foi.
             
        Il n'est que de lire la conclusion du premier article de Mgr Gherardini pour illustrer l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint magistériel que je viens de dénoncer :
           
        "... En résumé, donc, je dirais que :
             
        "- Le Concile Œcuménique Vatican II est sans aucun doute magistériel [La Palice aurait pu le dire !] ;
           
        "- Sans aucun doute non plus, il n'est pas dogmatique, mais pastoral, puisqu'il s'est toujours présenté comme tel [la note théologique de "pastoralité"… n'existe pas ! Il ne faut pas foncondre, comme le fait ici notre grand théologien, la motivation qui a présidé à la rédaction des actes conciliaires avec leur notation théologique...] ;
           
        "- Ses doctrines sont infaillibles et irréformables là seulement où elles sont tirées de déclarations dogmatiques [seul, donc, le Magistère extraordinaire existe pour Mgr Gherardini ; il n'évoque même pas la possibilité que des actes de Vatican II puissent ressortir du Magistère ordinaire & universel infaillible… qui est donc parfaitement inexistant pour notre "grand théologien" : on croit rêver ou plutôt cauchemarder...!] ;
           
        "- Celles qui ne jouissent pas de fondements traditionnels constituent, prises ensemble, un enseignement authentiquement conciliaire [!] et donc magistériel [!!], bien que non dogmatique, qui engendre donc l'obligation non pas de la foi, mais d'un accueil attentif et respectueux, dans la ligne d'une adhésion loyale et déférente [les actes conciliaires et magistériels non-dogmatique sont donc des actes… conciliaires et  magistériels : c'est tout-à-fait du M. Jourdain qui s'extasiait de faire de la prose rien qu'en parlant. Est-ce qu'il faut vraiment être bardé de diplômes prestigieux comme bœuf lardé point ne l'est, pour en arriver à ces âneries-là ?! Derrière lesquelles malheureusement se cache la formidable impiété de considérer des actes magistériels doctrinaux promulgués universellement, comme exempts de l'acte de Foi de la part des fidèles ??] ;
           
        "- Celles, finalement, dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle, pourront et devront être sérieusement soumises à un examen critique sur la base de la plus rigoureuse herméneutique théologique [... ce qui suppose donc hérétiquement la possibilité d'un Magistère doctrinal d'enseignement universel non-définitif qui pourrait être faillible puisque possiblement erroné voire hérétique…].
           
        "Tout ceci, cela va sans dire, Salvo meliore iudicio. Brunero Gherardini" (fin de citation).
           
        Il n'est qu'à peine besoin de faire remarquer que Mgr Gherardini a, dans son analyse théologique des actes de Vatican II, complètement évacué le Magistère ordinaire & universel simple d'enseignement de soi doté de l'infaillibilité. Après n'avoir eu dans ses deux articles pas une seule ligne (!) sur ledit Magistère, l'ayant parfaitement évanoui dans le Nuage de l'Inconnaissable (sauf une seule fois, mais de manière purement anecdotique), notre grand théologien parmi les plus grands ne voit plus évidemment que deux tiroirs où ranger les actes d'enseignement doctrinal universel de Vatican II : soit dans celui dogmatique extraordinaire, mais cela est exclu puisqu'il n'y a aucune définition dans Vatican II, ce que tout le monde sait bien et c'est presque enfoncer une porte ouverte que de le dire, soit dans celui inventé par les modernes, le tiroir… authentique non-infaillible.
           
        Et, loin de comprendre l'absurdité blasphématoire de son propos, Mgr Gherardini au contraire prend à tâche d'illustrer la non-infaillibilité de la catégorie magistérielle "authentique" des modernes, ou plutôt des modernistes, en la scindant elle-même en deux sous-tiroirs de son cru, dont on ne voit pas très-bien d'ailleurs en quoi ils diffèrent substantiellement l'un de l'autre : il assigne à un premier sous-tiroir la vocation sublime de ranger les enseignements des Pères de Vatican II qui ne "jouissent pas de fondements traditionnels" (... comme si un pareil cas de figure pouvait s'envisager !!! Mais voyons, si Mgr Gherardini avait un tout petit peu réfléchi, il aurait dû comprendre que, théologiquement, il est rigoureusement impossible de supposer que les Pères actuels de la Foi, un avec le pape, puissent ensemble enseigner universellement aux fidèles une doctrine qui "ne jouirait pas de fondements traditionnels"...!!!), le second quant à lui aurait le devoir non moins vocationnel et non moins sublime de ranger ceux "dont la nouveauté apparaît soit inconciliable avec la Tradition, soit opposée à elle" (... cas de figure plus encore inenvisageable, théologiquement parlant, que le précédent...!!!). Gageons que notre grand théologien aurait bien du mal à dire ce qui différencie substantiellement les deux sous-tiroirs qu'il s'est inventés…
           
        Quoiqu'il en soit de ce dernier point, on comprend en tout cas très-bien, trop bien, hélas, sa pensée, sa blasphématoire et réprouvée pensée : c'est de soutenir qu'un enseignement universel sur la chose de la Foi émanant des Pères de l'Église d'une génération ecclésiale donnée una cum le pape, in casu celle de Vatican II, puisse être non-doté ipso-facto de l'infaillibilité, comme faisant partie d'un soi-disant Magistère "authentique" non-infaillible, et non pas être obligatoirement une manifestation de soi du Magistère simple ordinaire & universel d'enseignement infaillible. Et là, précisément là, réside le caractère hérétique formel de son exposé qui, qu'on en prenne bien conscience, l'aurait mené tout droit sur le bûcher au Moyen-Âge.
           
        On n'aura d'ailleurs pas manquer de noter au passage que pour s'autoriser à professer son Magistère "authentique" non-infaillible pouvant soi-disant contenir des actes d'enseignements universels non-définitifs, Mgr Gherardini invoque bien évidemment la fameuse, mais plus fumeuse encore, "pastoralité" de Vatican II, cette vieille baderne de baliverne pour perroquets sans intelligence, cette super-supercherie que se refilent incontinent depuis le début de la "crise de l'église"… les perroquets sans intelligence. J'ai démonté au long ce faux raisonnement scandaleux dans ma première Lettre à Mgr Fellay, présente sur ce site, auquel donc je renvoie le lecteur, pour ici je dirai simplement que la "pastoralité" n'a été invoquée par les papes du concile, à commencer par Jean XXIII, que comme motivation des actes conciliaires, et nullement comme note théologique. Ce qui signifie que la pastoralité du concile n'a pas empêché, et d'ailleurs théologiquement n'aurait pas pu empêcher le moins du monde, que l'infaillibilité puisse être employée dans les actes doctrinaux non-définitifs de Vatican II à vocation universelle, dès lors que ceux-ci ont été dûment posés.
           
        Un exemple percutant nous fera comprendre pourquoi. On pourrait comparer les Pères vaticandeux à deux jeunes tourtereaux séduits par le monde qui, en sortant du cinéma, ont "fait l'amour", sans, bien sûr, vouloir d'enfant : neuf mois après, merde alors, "l'enfant paraît" comme disait Victor Hugo ; ils ont eu beau penser à tout sauf à lui en forniquant comme des bêtes, il est là, rien de rien de rien à faire ; ils ont beau chanter maintenant mordicus, sur tous les tons et à tout le monde, qu'ils ont "fait l'amour" seulement pastoralement, c'est-à-dire sans vouloir d'enfant, L'ENFANT EST LÀ. C'est exactement ce qui s'est passé à Vatican II : les Pères una cum Paul VI ont beau dire à tout le monde, et les sous-fifres vicieux plus ou moins frappés d'imbécilisme volontaire continuent à le dire un demi-siècle plus tard, qu'ils ont fait les choses conciliaires seulement pastoralement, ils ne peuvent pas empêcher que lesdites choses… sont ce qu'elles sont, à savoir, au moins pour certains décrets, des actes d'enseignement simple, non-définitif, inhérent au Magistère ordinaire & universel, c'est-à-dire de soi dotés d'infaillibilité. Ce sont les actes qui comptent, pas les motivations desdits actes.
           
        Car par ailleurs, la théologie de l'acte magistériel doté de l'infaillibilité n'a rien à voir avec celle de l'acte sacramentel qui nécessite l'intention : pour l'acte infaillible, il n'y a pas besoin d'intention (j'ai réfuté Mgr Fellay qui soutient honteusement le contraire, dans ma susdite Lettre, qu'évidemment je ne saurai reproduire ici). Rien à faire pour sortir de là sans intégrer les petites maisons de fou à Charenton, avec ou sans camisole de force. Un cardinal de l'ère montinienne, le cardinal Garrone, qui par ailleurs s'était violemment opposé à Mgr Lefebvre dans ce qu'on a pu appeler "l'été chaud 76", saura bien le dire, sans ambages ni ronds-de-jambe diplomatiques : "Comme tous les autres, ce Concile était dans l'ordre de l'autorité doctrinale un sommet et une valeur suprême. (...) Certains ont estimé qu'en se déclarant "pastoral", le Concile signifiait qu'il ne voulait pas être doctrinal. C'est là une ABSURDITÉ" ("50 ans de vie d'Église", Cal Garrone, Desclée 1983).
           
        Enfin, heureusement, notre grand théologien romain parmi les plus grands conclue son article fort modestement par un : "Salvo meliore iudicio" (je salue un meilleur jugement). "Cela va sans dire", appuie-t-il même d'une manière assez surprenante, preuve qu'il n'a pas l'air de beaucoup estimer ce qu'il vient lui-même d'écrire sur les catégories magistérielles en Église, et... heureusement pour son âme et pour son salut ! Il m'autorise donc par-là à le prendre doucement et gentiment par le bras, sans acrimonie qu'il le croit bien, au contraire par Charité vraie, et l'inviter cordialement à méditer maintenant le "meilleur jugement" qu'il invoque et salue à la romaine, sur la chose magistérielle conciliaire, en lisant ce qui suit :
           
        La vérité catholique, que je vais exposer maintenant, c'est que TOUT acte d'enseignement universel de la Foi émanant du Collège enseignant actuel una cum le pape, qu'il soit définitif ou non-définitif, est par le fait même, ipso-facto, couvert par l'infaillibilité ecclésiale dès lors qu'il s'appuie sur le Donné révélé (ce qui, soit dit en passant, fut le cas du décret Dignitatis Humanae Personae). La raison théologique formelle en est que lorsque l'Épouse du Christ enseigne universellement la Foi à ses fils, elle le fait toujours en Nom Dieu, en Nom Christ-Dieu (la note d'universalité est évidemment sine qua non pour que l'acte d'enseignement de la Foi soit doté de l'infaillibilité). On ne saurait en effet supposer sans remettre en cause la constitution divine même de l'Église, qu'un acte ecclésial d'enseignement universel de la Foi puisse être humainement fait ; or, c'est hérétiquement ce qu'on dit, comme le fait sans vergogne ni aucune réflexion quant à sa Foi "le dernier grand théologien de l'École française de Rome", quand on suppose qu'il puisse être faillible, la faillibilité étant en effet le propre de l'homme, et de l'homme déchu. Il est au contraire de Foi, de fide, que tout acte d'enseignement universel de la Foi par l'Église est divinement fait, c'est-à-dire avec sa note topique d'infaillibilité inhérente à Dieu. Impossible de supposer que l'Église du Christ puisse, même une seule fois, enseigner universellement la Foi, en ce compris celle non-définitive, sans que cela vienne immédiatement et directement de Dieu.
           
        Mon accusation est donc grave, j'en ai bien conscience. Elle est carrément au niveau du J'accuse ! d'Émile Zola dans "l'Affaire", comme on disait en 1900 à propos de Dreyfus. Mais il faut bien se rendre compte que mon accusation est hélas plus fondée encore qu'elle n'est grave.
           
        Si l'on en veut une preuve lapidaire, il n'est que de se souvenir de l'exposé des différents modes magistériels dans l'Église fait par les Pères de Vatican 1er, exposé qui n'est pas si vieux que cela tout-de-même puisqu'il est de 1870 (encore moins peut-on le considérer comme suranné et dépassé puisqu'il est à croire de Foi, de fide), et de le comparer, tel quel, à celui que nous fait Mgr Gherardini dans ses deux articles, pour en rester à notre prélat romain puisque cet article lui est consacré (mais il est loin d'être le seul à faire pareil hérétique exposé sur les modes magistériels : en fait, de nos jours, tout le monde le fait ainsi, des pires "gauchistes" aux plus extrêmes "droitistes" sur le spectre catholique, nous allons par exemple voir tout-à-l'heure l'abbé Barthe y souscrire). Juxtaposer ensemble les deux calques de travail et les regarder à travers la lumière de Dieu. La divergence va être impressionnante et radicale : un abîme va les séparer, celui qui existe entre la doctrine catholique et l'hérésie.
           
        Mais occupons-nous pour commencer de l'exposé catholique de Vatican 1er. Tout d'abord, un point capital à bien comprendre : dans leur exposé sur les modes magistériels dans l'Église, les Pères de Vatican 1er ne se sont occupés que des actes magistériels qui ont pour objet formel la Foi ou les mœurs. Ils ne se sont absolument pas occupés des autres qui n'y ont pas formellement trait, comme par exemple ceux qui regardent le gouvernement, la gestion pastorale des fidèles, etc. Ce qui signifie que les départements magistériels qu'ils vont s'occuper à nous définir, et ils vont le dire expressément, sont tous et chacun couverts par l'infaillibilité puisqu'ils regardent la Foi universelle des chrétiens. Ceci étant bien compris, comment les Pères de Vatican 1er distribuent-ils les différents modes magistériels dotés absolument de l'infaillibilité inhérente à leur objet formel de Foi ? Ils les distribuent en deux modes très-simples, et deux seulement : celui extraordinaire dogmatique, dont l'objet formel est l'acte définitionnel, que le bénédictin Dom Paul Nau, en ses deux célèbres et fort savants articles des années 1950-60 appellera, la sententia finalis terminativa, c'est-à-dire une formule de Foi aux termes absolument achevés, et celui ordinaire & universel, dont l'objet formel est l'acte non-définitionnel, dit "non-définitif" en nos temps modernes, c'est-à-dire l'enseignement simple de la Foi, quotidien et universel, aux fidèles de l'orbe catholique, sans avoir en vue l'exposé complet de la doctrine prêchée.
           
        Pour les Pères de Vatican 1er donc, non seulement la doctrine définitive est couverte par l'infaillibilité, mais, à égalité, celle qui n'en est qu'un fragment, l'enseignement universel simple et quotidien, parce que celui-ci lui est formellement et à tout coup ordonné. Et c'est bien pourquoi il y a dans l'Église deux modes par lesquels la Vérité infaillible nous est présentée. Il y a deux modes, parce qu'il y a deux choses de nature foncièrement différente à devoir être couvertes par l'infaillibilité (sinon, où serait bien l'utilité de deux modes si une seule chose, la doctrine définitive, avait à être couverte par l'infaillibilité ?) : la Foi fragmentée, débitée pourrions-nous dire aux fidèles selon leurs besoins et capacités spirituels au moment où elle est prêchée, d'une part, et la Foi définitive d'autre part, respectivement objets du mode ordinaire et du mode extraordinaire. Car : "Magistère ordinaire, comme jugement solennel, exigent également la Foi pour la doctrine qu'ils proposent. C'est donc qu'ils la peuvent assurer [tous les deux] contre toute erreur. Faute de cette certitude, en effet, nul ne pourrait être tenu d'y accorder sa Foi, c'est-à-dire d'y adhérer sur l'autorité de la Vérité première" (Nau, article de 1956, p. 393).
           
        Continuons à approfondir ce point, il est excessivement important pour comprendre la déviance grave actuelle dans tous les esprits. L'effet de l'infaillibilité, quant à l'acte d'enseignement simple du Magistère ordinaire & universel, est de garder la doctrine que contient ledit acte pure de toute erreur POUR AUTANT QU'IL EN TRAITE, et nullement de garantir la rectitude doctrinale d'une sententia finalis terminativa. Ceci bien compris, on comprend que ce serait s'abuser étrangement de croire que l'enseignement ordinaire sur un point de Foi non encore défini dogmatiquement par le mode extraordinaire, n'est pas couvert lui aussi, dans l'acte fragmentaire et isolé, par l'infaillibilité de l'Église, sous le fallacieux prétexte qu'il ne s'agit pas d'une sententia finalis terminativa, puisque… ce n'est pas l'objet du Magistère ordinaire de produire ce genre d'acte doctrinal définitif. L'infaillibilité inhérente à l'acte du Magistère ordinaire & universel consiste en le garder TOUJOURS dans la fidélité à la doctrine dogmatique définitive dont il est une pièce dans le temps, pour la part plus ou moins grande qu'il débite à l'universalité des fidèles de cette dite doctrine définitive à un moment donné de la Vie divine de l'Église. IL EST DE FOI QU'IL NE SAURAIT S'EN ÉLOIGNER FRAGMENTAIREMENT UNE SEULE FOIS, c'est à dire être jamais faillible, donc pouvoir contenir pour sa part un exposé hérétique (comme le supposent blasphématoirement les modernes de toute obédience, progressiste ou bien… traditionaliste), et c'est JUSTEMENT en quoi l'infaillibilité joue pour lui.
           
        Pour résumer la question par une formule lapidaire : UN ACTE SIMPLE D'ENSEIGNEMENT UNIVERSEL DU MAGISTÈRE ORDINAIRE NE DIT PAS TOUTE LA VÉRITÉ, MAIS IL NE DIT RIEN CONTRE CETTE DITE VÉRITÉ. ET C'EST PRÉCISÉMENT EN CELA QU'IL EST COUVERT PAR L'INFAILLIBILITÉ : pour l'empêcher de dire rien contre la vérité définitive dans ce qu'il en dit aux fidèles.
           
        L'analogie de l'Autorité parentale dans la famille humaine avec l'Infaillibilité dans l'Église, exemple pratique, peut aider à bien comprendre la différence entre l'enseignement simple et la définition dogmatique, c'est-à-dire entre le magistère ordinaire et celui extraordinaire, et surtout nous fera bien saisir que l'infaillibilité couvre autant l'un que l'autre. Lorsque les parents chrétiens ont à révéler la vérité de l'amour conjugal à l'enfant, ils ne lui diront pas "la vérité définitive" tout-de-suite, et de plus ils ne lui diront pas la même chose s'il pose question à sept, douze, ou seize ans ; cependant, à chacune de ces tranches d'âge, les parents conscients de leurs devoirs et fidèles aux bonnes mœurs chrétiennes, diront LA VÉRITÉ autant que l'enfant peut la comprendre : ce qu'ils lui diront quand il a sept ans en évoquant par exemple la pollinisation naturelle des fleurs, etc., ne sera en rien un mensonge ni contraire à "la vérité définitive" qu'ils lui révèleront quand il sera en âge de l'entendre. Autrement dit, tout ce qu'ils lui diront à ces différents âges de sa vie, qui seront des vérités "non définitives" de leur magistère parental ordinaire, sera infailliblement ORDONNÉ à la vérité définitive, laquelle lui sera révélée en une seule fois uniquement lorsqu'il sera en âge de la comprendre, vérité définitive que, sur le plan doctrinal, on appelle une sententia finalis terminativa.
           
        Il faut absolument continuer à éclairer le moderne, qui risque de ne pas comprendre de quoi il s'agit, à propos de cesdits actes "non-définitifs" inhérents au mode ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, à cause de l'esprit moderniste qui a tout envahi dans l'Église, y compris dans la cervelle des traditionalistes, toutes mouvances confondues d'ailleurs, comme il ne ressort que par trop de leurs propos incroyables à ce sujet. La qualification théologique retenue pour les actes inhérents au Magistère ordinaire & universel, est donc : "non-définitif". Une chose frappe d'emblée : c'est que cette définition est négative. Or, ce n'est pas anodin, c'est déjà là une première et formidable avancée de l'hérésie : pourquoi, en effet, ne pas donner une définition théologique positive à l'acte d'enseignement simple inhérent au Magistère ordinaire & universel ? Pourquoi ne le définir que par rapport à l'acte regardant le Magistère dogmatique extraordinaire, en une dialectique d'opposition à lui, pire : en le définissant par l'absence de ce qu'il ne peut avoir en propre et qui n'appartient qu'au mode extraordinaire dogmatique ? Serait-ce par hasard qu'on voudrait professer qu'il n'y aurait que le Magistère extraordinaire dogmatique à vraiment exister, et que l'ordinaire simple et universel n'existerait que par rapport à lui ?
           
        Voilà justement la grande déviance moderne, qui ne veut considérer que les actes magistériels de Foi absolument parfaits (= mode extraordinaire) mais pas les actes magistériels de Foi relativement parfaits (= mode ordinaire), déviance gravissime et hérétique démentie formellement par Vatican 1er qui met à parité intégrale et parfaite les deux modes magistériels en Église, qui existent tous les deux indépendamment l'un de l'autre (ce qui ne signifie pas : en opposition), avec même & identique valeur de substance. Il faut toujours bien se remettre en tête, surtout nous les modernes, la formule des Pères de Vatican 1er : "Est à croire de foi divine et catholique tout ce qui est contenu dans la Parole de Dieu écrite ou transmise, et que l'Église, SOIT par un jugement solennel, SOIT par son magistère ordinaire et universel, propose à croire comme divinement révélé" (Dei Filius). Le "soit" séparatif est fort clair sur la réalité de substance pour chacun et tous des deux modes magistériels.
           
        En fait, il faut bien se rendre compte que c'est dès cette qualification dialectique "non-définitif" donnée aux actes du Magistère ordinaire & universel, que les modernes ont attenté mortellement à l'intégrité dudit mode. Or donc, il faut bien se rendre compte aussi, dans l'horreur certes, que cette qualification négative donnée aux actes du Magistère ordinaire & universel remonte… à l'immédiat après-Vatican 1er ! Dès les années 1900, elle s'est imposée comme la seule valable pour les théologiens, qui l'ont tous adoptée, il n'est que de lire les articles de théologie sur la question, même les plus anciens. Et l'École française de Rome s'est nourrie elle aussi de cette toute première pénétration moderniste dans la dogmatique concernant les modes magistériels et leur infaillibilité inhérente...
           
        Pourquoi dis-je qu'il s'agit d'une pénétration moderniste dans la dogmatique catholique ? Parce que ce qualificatif "non-définitif" est formidablement et diaboliquement ambivalent. Il peut signifier deux choses, dont l'une est orthodoxe quand l'autre est parfaitement hétérodoxe. Il peut signifier, ou bien que l'acte du Magistère ordinaire & universel d'enseignement délivre un fragment seulement de la Vérité doctrinale, non sa totalité dogmatique (sens orthodoxe), non-définitif n'ayant alors que le sens de non-complet, ou bien alors qu'il délivre une "vérité provisoire", une vérité par provision, sous réserve d'inventaire ultérieur (sens modernistes hétérodoxe, par lequel il est professé qu'une vérité puisse ne pas vraiment être, c'est-à-dire ne pas exister métaphysiquement : car ou bien une vérité est, ou il s'agit d'une erreur, en tout état de cause on ne saurait parler d'une vérité provisoire, dans le sens moderniste qu'elle pourrait être telle à une époque donnée, mais ne plus être telle, ou exactement telle, un siècle plus tard).
           
        Or, il appert que c'est ce dernier sens, hétérodoxe, qui a largement prévalu dans les esprits modernes, ce qu'on constate même, hélas, dans le discours du pape actuel (il suffit de lire les articles du site "rallié" Tradinews, doctrinalement fort déliquescents sur le sujet, pour s'en rendre compte, notamment celui intitulé : "La thèse Ocariz contredite aussi par la thèse Ratzinger"…). Les traditionalistes, à commencer hélas par Mgr Lefebvre lui-même soi-même pour finir par Mgr Gherardini, en tous cas, n'ont hélas pas senti le modernisme de cette terminologie dialectique "définitif - non-définitif" par laquelle il est professé qu'un acte universel du Magistère ordinaire d'enseignement pourrait bien ne pas être, pour sa petite part plus ou moins grande, invinciblement ordonné à la Vérité immuable, c'est-à-dire on l'a compris : infailliblement, ce qui, pourtant, est absolument et toujours le cas, la Foi nous fait formelle obligation de le professer.
           
        En fait, s'il fallait donner un qualificatif positif théologiquement idoine et adéquat pour définir l'acte du Magistère ordinaire & universel d'enseignement, ce n'est pas le qualificatif dialectique "non-définitif" qu'on devrait retenir, négatif et extrêmement dangereux, mais le qualificatif inchoatif. Ce mot veut dire : "(1380 ; lat. inchoativus, de inchoare "commencer"). Ling. Se dit des formes verbales exprimant une action commençante, une progression" (Petit Robert). On ne saurait donc trouver, me semble-t-il, qualificatif plus adéquat : le but de l'acte simple et universel du Magistère ordinaire d'enseignement n'est pas en effet de débiter une doctrine dogmatiquement achevée, sententia finalis terminativa, mais de délivrer un commencement de cette dite sentence finale, une part inchoative plus ou moins approchée de la définition parfaite et qui, de toutes façons et dans tous les cas, tend OBLIGATOIREMENT ET INFAILLIBLEMENT à cet achèvement dogmatique ultime, objet du seul Magistère extraordinaire. Or, on comprend bien que ce commencement de définition dogmatique y est théologiquement ordonné, et donc, qu'il ne saurait qu'être lui aussi couvert par l'infaillibilité, dans le sens qu'il ne saurait contenir la moindre erreur en ce qu'il dit inchoativement de la doctrine qu'il expose.
       
        Dans ce qui n'est qu'un simple article, je ne serai pas plus long sur la question. La doctrine catholique exposée par les Pères de Vatican 1er est donc fort claire et fort simple, et elle peut être résumée ainsi : quant aux actes magistériels dont l'objet formel est la Foi ou les mœurs, il y a deux modes magistériels, et deux seulement, et tous les deux strictement couverts par l'infaillibilité au même rigoureux titre : le PREMIER, ordinaire & universel, propose aux fidèles la Foi inchoative, simplement, quotidiennement, universellement et perpétuellement, sans avoir en vue la totalité dogmatique de la doctrine professée, le second mode et DERNIER propose la Foi définitive qui se tire du multiple et incessant enseignement ordinaire & universel. Et non l'inverse. C'est en effet ainsi que Mgr d'Avanzo, l'édifiant rapporteur de la Députation de la Foi à Vatican 1er, mandaté expressément par Pie IX, a présenté la questio magna à toute l'aula conciliaire : en disant que le premier mode magistériel est… l'ordinaire & universel. Comprenons bien, donc, en conclusion, que les Pères de Vatican 1er auraient été horrifiés et auraient immédiatement voués à l'anathème latae sententiae, celui qui aurait osé leur soutenir qu'un acte simple d'enseignement magistériel universel ayant pour objet formel la Foi, puisse ne pas être couvert ipso-facto par l'infaillibilité… comme le professent maintenant TOUS les modernes, des plus fieffés progressistes aux plus intégristes des traditionalistes, en passant par le... "dernier grand théologien de ce qu'on a appelé l'École Romaine"…!
           
        Justement. Voyons à présent, pour descendre du Ciel à l'enfer, et comme promis, comment les modernes découpent les différents départements magistériels. M. l'abbé Barthe, suivant en cela un certain Mgr Gherardini, a bien synthétisé ce découpage des départements magistériels faits par les modernes, que tout le monde adopte, je le répète : des plus fieffés progressistes aux plus coincés traditionalistes, sans aucun esprit critique par rapport à la Foi de la part ni des premiers ni des derniers (ce qui est tout-de-même un peu plus surprenant quant à cesdits derniers…). Je le cite : "Je voudrais faire ici quelques réflexions qui vont dans le sens des analyses théologiques très éclairantes que Mons. Brunero Gherardini, a exprimées pour «Disputationes theologicae» et qui ont anticipé et résument celles de son livre qui vient de paraître sur cette question capitale, Concilio ecumenico Vaticano II. Un discorso da fare. (…) Il convient assurément de rappeler les divers degrés d'engagement de l'enseignement suprême du pape seul ou du pape et des évêques unis à lui. Il importe spécialement de préciser que le magistère le plus élevé peut se placer à deux degrés d'autorité : 1°/ Celui des doctrines irréformables du pape seul ou bien du collège des évêques (Lumen gentium n. 25 § 2 et 3). Ce magistère infaillible, auquel il faut "adhérer dans l'obéissance de la foi», peut lui-même être proposé sous deux formes : a) les jugements solennels du pape seul ou du pape et des évêques réunis en concile ; b) le magistère ordinaire et universel (Dz 3011). 2°/ Et d'autre part, celui des enseignements du pape ou du collège des évêques avec le pape, sans intention de les proposer de manière définitive, auxquels est dû «un assentiment religieux de la volonté et de l'esprit» (Lumen gentium n. 25 § 1). On parle généralement de «magistère authentique», bien que le vocabulaire ne soit pas absolument fixé" (Le Magistère ordinaire infaillible, par M. l'abbé Claude Barthe).
           
        Premièrement, on voudrait bien savoir la manière dont l'abbé Barthe entend le qualificatif "définitif" dans sa formule "… sans intention de les proposer de manière définitive" : on dirait bien que la tournure de la phrase signifie qu'il l'entend à la manière hétérodoxe moderniste, à savoir que cette doctrine ainsi prêchée magistériellement ne le serait que "par provision", sous réserve doctrinale d'inventaire ultérieur, avec bien entendu la possibilité de ne plus avoir à la considérer ultérieurement comme une vraie doctrine un siècle plus tard, ou en tous cas plus dans toutes ses parties (… et non pas les parties accidentelles comme veut arguer un certain Joseph Ratzinger, mais celles substantielles). Ce sens hétérodoxe moderniste est confirmé, me semble-t-il, par le terme "irréformable" employé à la suite d'ailleurs des encycliques modernes sur la question, à la place de "définitif"… ce qui n'a pas du tout le même sens.
           
        Quoiqu'il en soit de ce dernier point, cet exposé contient d'abord une énorme erreur qui engendre elle-même carrément l'hérésie, et pas n'importe laquelle, puisqu'elle est celle moderniste.
           
        La gravissime erreur de l'exposé consiste dans le fait de ranger le Magistère ordinaire & universel, dans la catégorie 1°/ réservé aux enseignements… irréformables ou définitifs. Or, le Magistère ordinaire & universel n'a pour objet essentiel que la proposition de la Foi non-définitive ou inchoative aux fidèles, simple, quotidienne, à l'exclusion formelle des actes de définition dogmatique, comme on vient de le voir ensemble. Cette première erreur en engendre de par elle-même immédiatement une autre, carrément hérétique cette fois-ci. En effet, puisque l'on a posé, en contradiction avec la doctrine catholique, que le mode ordinaire & universel a pour objet un enseignement irréformable ou définitif, alors, où bien mettre l'enseignement… non-définitif ? Dont la Foi nous révèle l'existence et qu'on ne saurait gommer, annihiler ? Sous quel mode magistériel ? Il faut bien le mettre quelque part, et donc le ranger sous un autre mode, c'est-à-dire, au fait, sous le dernier… qui reste, à savoir le Magistère authentique, tout nouveau tout beau, qu'on vient de découvrir. Et c'est ainsi que l'abbé Barthe, copiant-collant servilement Mgr Gherardini sur cela, range dans la catégorie du Magistère authentique les actes d'enseignements non-définitifs. Or, le problème, c'est que le Magistère authentique, par définition, est de soi… non-doté de l'infaillibilité.
           
        Par conséquent, conclusion ultime, et conclusion formellement hérétique, on professe donc, je veux dire TOUTE l'Église de l'ère moderne professe (la preuve : Lumen Gentium professe apparemment ce nouveau découpage magistériel), qu'un acte d'enseignement universel doctrinal non-définitif n'est pas couvert ipso-facto et obligatoirement, systématiquement, par l'infaillibilité ecclésiale. Le tour de prestidigitation de Satan est joué, et tout le monde a marché. La catégorie 2°/ dont nous parle en effet l'abbé Barthe, "authentique", pourrait donc soi-disant avoir pour objet des actes d'enseignements non-définitifs de la Foi émanant des membres enseignants actuels dans leur mandat de docteurs universels, mais qui cependant, ô chose incroyable ! inouïe !… ne seraient pas dotés ipso-facto, par le fait même, de l'infaillibilité. Or, je l'ai déjà dit plus haut en m'appuyant sur la Foi : de soutenir qu'un acte d'enseignement universel de la Foi, de quelque nature qu'il soit, définitif ou non-définitif, n'est pas de soi couvert par l'infaillibilité, est une proposition hérétique formelle, et de la pire des hérésies, celle moderniste, comme je vais l'expliquer tout-à-l'heure.
           
        Donc, comme je l'évoquai déjà plus haut, et pour résumer la profession de foi des modernes quant aux catégories du Magistère ecclésial : il y a pour eux un Magistère extraordinaire infaillible normé aux actes définitifs, il y a aussi un Magistère ordinaire & universel infaillible dont on ne sait pas trop au fait ce qu'il est mais qu'on cite seulement pour mémoire et qu'on range avec le définitif pour (faire mine de) suivre les Pères de Vatican 1er, et il y a un Magistère authentique non-infaillible auquel on remet l'objet qu'on a "volé" au Magistère ordinaire & universel, à savoir les actes de Foi non-définitifs, et qu'on a au passage, comme par hasard, formidablement gonflé comme baudruche, ou plutôt comme la grenouille de la fable prête à éclater, pour pratiquement ne plus faire exister QUE lui. Donc, concrètement, il y a, pour le moderne (et… le traditionaliste, qui, ici, épouse parfaitement la théologie moderne sans en rougir de honte jusqu'à la crête, comme il le devrait), un Magistère extraordinaire définitif infaillible, et il y a un Magistère authentique non-définitif non-infaillible. On a tout bonnement évanoui le Magistère ordinaire & universel infaillible dans le Nuage de l'Inconnaissable… Voilà donc, ô abomination de la désolation dans le Lieu-Saint où a abouti le modernisme quant au concept du Magistère ecclésial… Voilà, Seigneur, ce qu'ils ont fait de votre Parole Sacrée !, voilà ce qu'ils ont osé en faire en s'appelant les Fils du Très-Haut…!! Et les… fiers traditionalistes n'y ont rien vu que du bleu !!!
           
        Mais, au fait, pourquoi donc dis-je que cet exposé, qui est celui de Mgr Gherardini dans ses deux articles, l'abbé Barthe ne faisant ici que le résumer, est moderniste ?
           
        Parce que, d'un tel exposé, on ne peut que déduire qu'il y aurait soi-disant des cas où les membres enseignants actuels, en tant que docteurs universels et non en tant que docteurs privés, proposeraient la Foi à l'universalité des fidèles, non-définitive en l'occurrence, mais ce ne serait pas au Nom de Dieu qu'ils le feraient, ce serait au nom de l'homme. Puisqu'en effet l'infaillibilité est exclue par principe dans cette soi-disant catégorie "authentique", infaillibilité qui est l'attribut divin, c'est donc qu'il y aurait un enseignement de la Foi, non-définitif, qui viendrait de l'homme : c'est l'homme dans l'homme d'église qui aurait le pouvoir de par lui-même d'enseigner universellement la doctrine de la Foi. Or, que l'objet de l'enseignement soit définitif ou non-définitif, tous les deux, selon la doctrine catholique bien exposée à Vatican 1er, ont à être absolument couverts par l'infaillibilité. Car tout enseignement universel portant sur la Foi ou les Mœurs, quelqu'il soit, définitif ou inchoatif, est fait absolument par Dieu à l'homme, c'est justement pourquoi les Pères de Vatican 1er mettent bien à parité parfaite l'infaillibilité qui couvre, et les actes définitifs inhérents au Magistère extraordinaire dogmatique, et tout autant les actes non-définitifs ou inchoatifs inhérents au Magistère ordinaire & universel. Autant les actes non-définitifs que ceux définitifs ont impérativement à être couverts par l'infaillibilité, comme émanant absolument de Dieu.
           
        En vérité, la profession de foi de l'Église moderne en matière de Magistère ecclésial, est donc parfaitement et complètement... moderniste. Lorsque saint Pie X en vient dans Pascendi Dominici Gregis aux fondements philosophiques du modernisme, il résume la chose par le mot "immanence vitale", qui revient sans cesse dans toute son encyclique. Que veut dire la formule ? Elle signifie que l'homme prétend trouver en lui-même, dans son propre fond, la Transcendance divine, il s'imagine que sa Cause première réside en lui. Mais c'est très-exactement ce que le théologien moderne, progressiste mélangé au traditionaliste, est en train de nous dire quand il range dans une catégorie magistérielle des actes d'enseignement universel de la Foi qui cependant ne seraient pas couverts ipso-facto par l'infaillibilité, signe topique du Dieu Transcendant. Si en effet l'on nous dit qu'il peut exister des actes d'enseignement de la Foi dans le mandat officiel de l'Église mais qui ne seraient pas ipso-facto couverts par l'infaillibilité qui est l'attribut du vrai Dieu, alors, c'est que dans ces cas précis, ce n'est pas Dieu qui prêcherait la Foi au fidèle par l'organe du membre enseignant, ce serait l'homme dans l'homme d'Église qui la prêcherait. Ce n'est plus le Christ dans l'homme d'Église qui prêcherait la Foi aux fidèles, ce serait l'homme en lui. C'est donc le membre enseignant qui prétendrait tirer la Foi de son propre fond d'homme pour l'enseigner aux fidèles. Je le répète, nous sommes là en plein modernisme.
           
        Or, la Foi me fait au contraire refuser formellement de recevoir l'enseignement universel de la Foi, qu'elle soit définitive ou non-définitive, par l'homme, fût-il homme d'église. Toujours, et dans tous les cas. C'est Dieu, et Lui seul, qui enseigne la Foi par l'organe des membres enseignants, qui dans cet acte d'enseignement ne sont que ses simples suppôts passifs, transparents de Dieu, et non l'homme qui me l'enseigne. Saint Paul est très-clair sur cela lorsqu'il nous dit que "La Foi vient de la prédication entendue" de la part de ceux qui sont "envoyés" par le Seigneur, et c'est le Seigneur Lui-même qui dans cette prédication l'enseigne : "Qui vous écoutes, M'écoute". Parce que c'est immédiatement et non médiatement MOI qui parle, révèle bien Jésus-Christ, lorsque vous, Mes membres enseignants, enseignez universellement la Foi aux fidèles dans votre mandat d'Église.
           
        Il est donc théologiquement proscrit le plus qu'il soit possible de supposer dans l'orthodoxie une catégorie magistérielle universelle qui inclurait des actes d'enseignement de la Foi, même seulement non-définitifs, qui n'émaneraient pas directement et immédiatement de Dieu, c'est-à-dire qui ne seraient pas ipso-facto couvert par l'infaillibilité. Ce serait supposer, à la manière moderniste, que la Foi vient de l'homme, est générée par lui. Or donc, la grande règle, c'est qu'à partir du moment où il y a enseignement de la Foi dans le cadre magistériel universel d'Église, il y a automatiquement, obligatoirement et systématiquement infaillibilité parce que c'est Dieu qui enseigne la Foi. Supposer le contraire, comme les modernes nous le font supposer dans leur réprouvé découpage magistériel, c'est tout simplement réduire hérétiquement l'Église à une simple institution humaine, qui tire la Foi de son propre fond humain, par immanence vitale.
           
        Cette définition moderniste du Magistère authentique est donc tout ce qu'il y a de plus hérétique, et, par-là même, irrecevable, inacceptable. Quant à moi, je la rejette avec la dernière énergie loin de mon âme et l'anathématise formellement, au nom même de la Foi.
           
        Certes, il existe bien un département magistériel "authentique", mais il inclut seulement tous les actes magistériels qui, rigoureusement, ne concernent pas l'enseignement de la Foi ou sur les Mœurs, définitifs ou non-définitifs, ceci étant précisément la ligne de démarcation qui caractérise les objets formels du Magistère authentique. Car dès lors qu'il y a enseignement universel de la Foi, automatiquement cela ressort, je le répète, soit du Magistère extraordinaire définitionnel, soit du Magistère ordinaire & universel non-définitionnel, de soi tous deux dotés ipso-facto de l'infaillibilité (précisément à cause même de leur objet formel de Foi).
           
        Deux catégories nous sont bien connus maintenant, nous autres fidèles des temps modernes, depuis Vatican 1er, à savoir 1/ celle du mode extraordinaire dogmatique, 2/ celle du mode ordinaire & universel. Mais les théologiens modernes, quelque temps après Vatican 1er, et par les réflexions mêmes inférées par les définitions de ce concile sur la chose magistérielle, ont encore dégagé une troisième catégorie, négative quant à elle, et qu'ils ont baptisé authentique. Ce mode authentique, en effet, n'en est pas vraiment un, il concerne en fait tous les actes qui émanent certes authentiquement du Magistère de l'Église, des évêques et du pape, mais sans concerner les choses de la Foi ni des Mœurs, qui est l'objet formel des seuls modes ordinaire & universel, et extraordinaire dogmatique. Ces deux derniers modes sont donc les seuls modes positifs, quand le mode authentique n'est qu'un mode négatif. On pourrait dire, d'une manière un peu vulgaire, que le Magistère authentique est un "département fourre-tout", où on met tout ce qui ne ressort pas explicitement des départements ordinaire doctrinal et extraordinaire dogmatique, de soi dotés de l'infaillibilité, mais qui néanmoins émane lui aussi du Magistère de l'Église aussi authentiquement, d'où son appellation, que ces deux premiers départements magistériels infaillibles.
           
        Un article de l'Ami du Clergé exprime bien le cadre de ce Magistère authentique non-infaillible quant au pape, qui, je le répète, n'a été défini que dans les temps tout ce qu'il y a de plus modernes, début XXe siècle voire même dans les plus récentes décennies immédiatement pré-Vatican II (il n'en est absolument pas question dans Vatican 1er qui ne connaît que deux sortes d'actes magistériels : ceux qui sont infaillibles, répartis sous les modes extraordinaire et ordinaire, et ceux... qui ne le sont pas, dont il n'est pas même dit un traître mot à Vatican 1er) : "En-dehors de là [du domaine du Magistère ordinaire et extraordinaire strictement infaillible], il y a présomption en faveur de son inerrance [au pape], à cause de l'Assistance divine qui lui est promise, et pratiquement on doit un assentiment religieux ferme et sans réserve aux décisions pontificales personnelles ou émanant des Congrégations romaines. Bien qu'elles soient réformables, elles excluent absolument tout défaut de prudence et tout mal moral ; elles sont l'autorité éclairant les doutes de la conscience pratique. Les circonstances changeant, ces décisions peuvent être modifiées ou même abolies, et il n'y a pas lieu de se scandaliser de ces changements ni d'opposer les décrets d'un pape aux décrets d'un autre ; mais cette mutabilité n'enlève rien au devoir strict que les fidèles ont de s'y soumettre" (Tables générales 1909-1923, p. 381, 2e col.).
           
        Il existe donc une troisième catégorie d'actes magistériels d'Église qui ne ressortent pas du Magistère infaillible, qu'il soit ordinaire ou extraordinaire, mais du Magistère authentique, de soi non-infaillible (authentique, en ce sens qu'il émane des pasteurs légitimes posant des actes légitimes dans le cadre de leur mission d'Église). C'est en fait tous les actes des papes et des Évêques qui ont trait à la gestion pastorale du Peuple de Dieu sans faire partie de l'enseignement ayant trait à la Foi ou aux mœurs, sauf de manière plus ou moins éloignée. Mais cependant, là encore, l'assentiment du simple fidèle à ce genre d'actes est absolument requis. On pourrait de prime abord s'en étonner puisque ce Magistère authentique n'est pas couvert par l'infaillibilité. Et pourtant, rien de plus juste, car l'Église est SAINTE. L'infaillibilité accordée à l'Église n'est en effet elle-même qu'une conséquence parmi d'autres, la plus importante certes, de l'Assistance permanente du Christ et de l'Esprit-Saint à l'Église : lors même, donc, que l'Église n'est pas dans le cadre du Magistère ordinaire ou extraordinaire infaillible, elle est quand même assistée par le Christ de telle manière que le fidèle est sûr que toutes ses directives ne peuvent que le mener dans la voie du salut... quand bien même il y aurait erreur dans l'ordre temporel ou accidentel.
           
        L'Assistance divine du Christ à son Église, dont l'infaillibilité n'est qu'un "département" si l'on peut dire, est en effet un charisme plus grand que l'infaillibilité car non seulement elle empêche négativement l'Église de se tromper, comme l'infaillibilité, mais elle la fait positivement progresser vers la Jérusalem céleste et le Retour glorieux du Christ-Époux. C'est pourquoi les saints ont tous compris qu'il valait mieux être crucifié par l'Église (ou du moins par ceux qui sont dépositaires de son Autorité), que crucifier l'Église, lorsque par exemple, cedit Magistère authentique non-infaillible fait défaut dans l'ordre accidentel. Parce qu'il n'y a pas meilleur moyen d'acquérir le salut que de souffrir persécution pour Dieu par... l'Église (ce qui ne revient pas à dire que quand il y a erreur manifeste et objective de la part des grands-clercs, il faille la nier, par une sorte d'esprit partisan, finalement cléricalement idolâtre, la pire de toutes les idolâtries, essence même du pharisaïsme, à résonance fasciste - art. 1 : le parti a toujours raison ; art. 2 : quand le parti a tort, se référer à l'art. 1).
           
        Donc, pour résumer la doctrine catholique sur cette question si importante des catégories magistérielles en relation avec le charisme de l'infaillibilité, doctrine finalement très-simple mais abominablement sophistiquée, complexifiée et surtout pervertie par les libéraux-modernistes dès l'immédiat après-Vatican 1er : il y a un Magistère infaillible qui porte sur la Foi ou les mœurs, soit ordinaire & universel (doctrine enseignée perpétuellement, quotidiennement, universellement, simplement et communément dans l'Église), soit extraordinaire (nouveaux dogmes tirés du Magistère ordinaire & universel, et définis pour la première fois dans le Canon de l'Église ― car c'est le simple enseignement doctrinal inhérent au Magistère ordinaire & universel qui fonde la définition dogmatique du Magistère extraordinaire, et non l'inverse), et il y a un Magistère non-infaillible, qui ne porte pas sur les doctrines de Foi et de mœurs, dit authentique dans nos temps modernes, et le distinguo est un affinement théologique parfaitement justifié… quand il veut bien se contenir dans les limites susdites.
           
        Léon XIII, dans son encyclique Sapientiae Christianae du 10 janvier 1890, le tout premier pape à ma connaissance qui évoque factuellement la catégorie magistérielle "authentique" sans cependant encore la nommer, résume ainsi le devoir d'obéissance du simple fidèle à chacune de ces trois catégories, dont on voudra bien noter qu'il les distingue avec grand soin : "Quand il s'agit d'établir les limites de l'obéissance, que personne ne s'imagine que la soumission à l'Autorité des pasteurs sacrés et surtout du Pontife romain s'arrête à ce qui concerne les dogmes, dont le rejet opiniâtre ne peut aller sans le crime d'hérésie [= Magistère extraordinaire]. Il ne suffit même pas de donner un sincère et ferme assentiment aux doctrines qui, sans avoir été définies par un jugement solennel de l'Église, sont cependant proposées à notre Foi, par son magistère ordinaire et universel, comme étant divinement révélées, et que le Concile du Vatican a ordonné de croire de Foi catholique et divine [= Magistère ordinaire & universel]. Il faut en outre, que les chrétiens considèrent comme un devoir de se laisser régir et gouverner par l'Autorité et la direction des évêques, et surtout par celles du Siège apostolique [= Magistère authentique non-infaillible]".
           
        Donc, en conclusion de ce petit rappel… catholique cette fois-ci, sur les catégories différentes du Magistère ecclésial, et pour rentrer dans le concret du concret de notre problème ecclésial issu de Vatican II, on sait à présent qu'il est d'ores et déjà théologiquement rigoureusement exclu de dire que Dignitatis Humanae Personae, le document hérétique de la Liberté religieuse, puisse ressortir du Magistère authentique non-infaillible, comme le soutient par défaut notre "grand théologien" Gherardini dans ses deux articles, puisqu'il rentre dans ladite catégorie non-infaillible tous les actes du concile qui ne ressortent pas formellement du dogmatique extraordinaire (= ce qui est le cas du décret sur la Liberté religieuse). Parce que, définitionnellement, ce département magistériel "authentique" non-infaillible, par ailleurs bébé vagissant dans la dogmatique catholique, concerne tout ce qui n'a pas trait à la Foi ou aux Mœurs ; et que, bien sûr, le décret sur la Liberté religieuse a pour objet formel la Foi.
           
        La conclusion générale est excessivement simple : puisque premièrement le décret conciliaire de la Liberté religieuse a comme objet formel un point de Foi, quand bien même c'est par la contradictoire d'un point de Foi, puisque deuxièmement la doctrine y contenue, ou bien plutôt donc l'anti-doctrine, est enseignée par les Pères de Vatican II réunis una cum le pape, confectionnant ensemble ipso-facto "l'Église Universelle", en la déclarant au surplus tirée du Dépôt révélé, alors, alors, c'est que Dignitatis Humanae Personae est un acte formel du Magistère ordinaire & universel d'enseignement de la Foi, de nature bien sûr "non-définitive" comme on s'est habitué à le dire dangereusement. Doté bien évidemment de soi de l'infaillibilité. En conséquence de quoi, il est donc rigoureusement exclu de le considérer comme pouvant être "réparé", puisqu'un acte doté de l'infaillibilité ne saurait, théologiquement, le moins du monde, avoir à être... réparé. Or, hélas, hélas, il faudrait de toute nécessité qu'il puisse être réparable puisqu'il professe une... hérésie formelle, la Liberté religieuse (n'en déplaisent aux "ralliés" et à leurs débiles et malhonnêtes échappatoires pour nier ce caractère hérétique formel de la Liberté religieuse) !
           
        Ce qui signifie, pour l'ultime déduction, que la "si grande contradiction" du Christ en croix révélée par saint Paul (He XII, 3-4) pour décrire le Christ vivant dans le modus de sa Passion, est présentement vécue par l'Église-Épouse actuelle, qu'elle est "faite péché pour notre salut" (II Cor. V, 21), et que nous sommes donc bel et bien dans les temps eschatologiques de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Un dernier point, fort impressionnant. Ce rejet de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel divin pour ne plus privilégier parmi les hommes qu'une non-infaillibilité d'un Magistère authentique humain, est par ailleurs, mais qui en a conscience ?, un signe eschatologique advenu, un de plus : "Je suis venu au nom de mon Père et vous M'avez rejeté, qu'un autre vienne en son propre nom, et vous l'accepterez" (Jn V, 43). Or, selon les exégètes, celui qui viendra en son propre nom, de lui-même, sera l'Antéchrist, et son nom est : l'homme. En rejetant le magistère ordinaire & universel du Christ-Dieu infaillible, et en acceptant un magistère "authentique" de l'homme faillible, on accomplit on ne peut mieux cette terrible prophétie de Notre-Seigneur. En réalité, ce rejet est donc une abominable Apostasie, qui, soit dit en passant, est encore... un autre signe eschatologique formel, selon saint Paul.
           
        Décidément, tous les chemins mènent... à la fin des temps.
           
        Appendice, ou plutôt appendicite purulente à opérer. Les malheureux lefébvristes ont cru trouver une parade imparable à la doctrine catholique que je viens de rappeler, en disant que les sujets formels du Magistère ordinaire & universel sont uniquement les "évêques dispersés" avec le pape, mais que quand ils sont rassemblés tous ensemble dans un même lieu, par exemple dans une aula conciliaire (... suivez attentivement mon regard), ils ne sont plus, ô inénarrable ouf de soulagement !, ô merveilleuse délivrance !, lesdits… sujets dudit Magistère ordinaire & universel en acte !!! Cette folle objection est une mauvaise plaisanterie, que j'ai réfutée dans la seconde Lettre à M. l'abbé Gleize, qu'on trouvera sur ce site. Ici, il me suffira de rappeler seulement la belle définition d'un rapporteur de Vatican 1er, Mgr Zinelli, pour en montrer toute la fausseté, l'inanité, et... l'idiotisme achevé (une véritable sententia finalis terminativa, dans son domaine) : "L'accord des évêques dispersés a la même valeur que lorsqu'ils sont réunis : l'assistance a en effet été promise à l'union formelle des évêques, et non pas seulement à leur union matérielle" (Mgr Zinelli, Mansi 51, 676 A). Les sujets formels du Magistère ordinaire & universel sont en effet des personnes physiques, à savoir celles des évêques et du pape actuels, la substance de cesdits sujets ne réside donc pas, faut-il avoir à le dire hélas oui quelle honte, dans un... accident, à savoir leur dispersion ou leur rassemblement universels.
 
En la fête de saint Patrick,
ce 17 Mars 2012,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
       
        P.S. : La loi m'interdisant de recopier in extenso les deux articles de Mgr Gherardini, j'en donne ici simplement les liens Internet, pour ceux qui voudraient les consulter :
 
 
 
17-03-2012 21:54:00
 

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