La Foi très-schismatique
de Mgr Carlo-Maria Viganò ―
Précis d'Histoire sur le grand-schisme d'Occident,
d'où l'on tire que l'anti-pape Clément VII
ne fut pas approuvé par l'Église Universelle,
Mgr Viganò s'abusant fort en disant le contraire.
 
 
        Mgr Viganò vient de lancer il y a quelques jours, le 3 octobre dernier, une très-violente diatribe contre le pape François, un brûlot qu'il voudrait ardemment voir enflammer toute la Chrétienté.
 
        Cependant, à le lire, on ne peut manquer de constater non seulement le ton très-passionnel de son propos virulent, quoique en très-grande partie justifié au niveau factuel de ce qu'il reproche au pape François, mais surtout son incompréhension totale de "la crise de l'Église", dont le fond est d'être "PASSION DE L'ÉGLISE" (il en parle évasivement, certes, en finale, mais sans savoir ce qu'elle est, comme je l'expose au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2). Il en veut évidemment toujours énormément, avec bien de la rancœur, c'est manifeste et, au reste, cela, humainement parlant, peut se comprendre aisément, au pape François qui a méprisé le rapport complet qu'il lui avait envoyé concernant l'affaire du scandaleux cardinal Mc-Carrick...     
      
        Mais d'une manière générale, tout ce qu'il reproche à François, en termes de scandales contre la Foi, par exemple son allégeance au mondialisme, peut très-bien être reproché également à tous les papes modernes sans exception, singulièrement bien sûr, à ceux vaticandeux et post. Tout focaliser "la crise de l'Église" sur la seule personne, certes catholiquement très-peu aimable, de Jorge Mario Bergoglio, comme le fait Mgr Viganò, montre le déséquilibre tendancieux, fanatique et hélas passionnellement haineux, de son analyse.
 
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        Cette diatribe est de plus toute entachée du péché en soi mortel de schisme, ce qui est beaucoup plus grave. Mgr Viganò ose en effet soutenir, par des raisons théologiquement toutes plus fausses les unes que les autres, l'invalidité de l'élection pontificale de François au Siège de Pierre en 2013, ou à tout le moins la possibilité très-grande qu'il en soit ainsi, fort notamment en professant la soi-disant non-valeur de l'approbation par l'Église Universelle du pape actuel au Siège de Pierre, comme criterium primordial à retenir prouvant formellement la validité de toute élection pontificale, et bien sûr de celle de François qui en a bénéficié et en bénéficie toujours et encore, à l'heure où Mgr Viganò a écrit ses lignes erronées et à celle où j'écris maintenant les miennes, rectificatrices. Car, théologiquement, c'est de l'Église Universelle que dépend, et d'elle seule, la validité ou l'invalidité de toute élection pontificale (je n'ai pas lu Mgr Schneider qui soutient lui aussi cette doctrine catholique, au rapport de Mgr Viganò, et c'est bien à tort qu'il le contredit sur cela dans son texte).           
           
        Mais une fois hérétiquement évacué le criterium de l'Église Universelle pour savoir si un pape l'est ou ne l'est pas, ne reste plus alors, l'hérésie appelant l'hérésie, que le libre-examen hétérodoxe de la Foi du pape et le jugement subséquent de déchéance pontificale qu'on en fait, sans avoir aucune autorité pour le faire, si l'on juge que cette foi pontificale est hérétique. Mgr Viganò, hélas pour lui, n'y manque bougrement pas, et après avoir jugé que la Foi de François est hérétique, il le déchoit ou appelle véhémentement dans sa diatribe à le faire (certes, tout catholique peut et même doit faire le constat de l'hérésie dans le Magistère des papes modernes, pas seulement celui de François, mais ce n'est qu'un constat intellectuel qui ne donne aucun pouvoir pour déchoir les papes modernes : théologiquement, seul le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un peut déchoir un pape en place ; le constat seulement intellectuel de l'hérésie dans le Magistère des papes modernes n'est que le premier palier, l'amorce, pour commencer une bonne réflexion de Foi qui, menée à excellente fin, doit aboutir à comprendre et vivre "LA PASSION DE L'ÉGLISE", cedit constat ne doit pas pousser à s'engouffrer violemment tête baissée, avec colère réprouvée, aveuglement et orgueil, dans le schisme sédévacantiste, comme taureau impulsif et passionnel qui fonce sans réflexion sur chiffon rouge).           
           
        En cela, Mgr Viganò adopte une attitude schismatique très-dangereuse pour la pureté de la Foi, attitude qui a été anathématisée dans les hussites et autres wicliffistes, ces pré-protestants, par les Pères du concile de Constance, anathème dont on ne manquera pas de remarquer qu'il foudroie tout le raisonnement de fond de sa diatribe. Jean Hus, par exemple, condamné par le Concile de Constance, professait : "Ce n'est pas parce que les électeurs [du pape], ou une grande partie d'entre eux, ont acclamé telle personne d'après l'observation des hommes, que cette personne est légitimement élue [pape] ; ce n'est pas pour cela qu'il est le vrai et manifeste successeur et vicaire de l'apôtre Pierre, ou dans l'office ecclésiastique d'un autre apôtre. Par conséquent, si les électeurs ont bien choisi ou mal choisi, nous devrions le croire suivant les œuvres de celui qui a été élu : car c'est pour la raison précise que quelqu'un agit selon le bien de l'Église d'une manière pleinement méritoire, qu'il détient cette faculté de Dieu [d'être vrai pape]" (26ème ERREUR).           
           
        Nous sommes là les pieds en plein dans la double hérésie sédévacantiste adoptée par Mgr Viganò, qui professe non seulement que c'est la mise en œuvre du Bien-Fin de l'Église qui est la règle prochaine de la légitimité pontificale mais qui en plus s'arroge le pouvoir de juger si le pape opère ou bien non cedit Bien-Fin de l'Église, et donc s'il est vrai pape ou bien non. Mgr Viganò le formule très-clairement, hélas : "Ainsi, en prenant acte du fait que Bergoglio est un hérétique - et Amoris Lætitia ou sa déclaration sur l'immoralité intrinsèque de la peine capitale suffiraient à le prouver - nous devons nous demander si l'élection de 2013 a été en quelque sorte invalidée par un défaut de consentement, c'est-à-dire si l'élu a voulu devenir pape de l'Église catholique". Et d'insister lourdement, en citant à l'appui Matth VII, 16-20 : "Vous les connaîtrez par leurs fruits. Cueille-t-on des raisins sur des épines, ou des figues sur des ronces ? Ainsi, tout bon arbre produit de bons fruits ; mais le mauvais arbre produit de mauvais fruits. Un bon arbre ne peut produire de mauvais fruits, ni un mauvais arbre produire de bons fruits. Tout arbre qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Vous les reconnaîtrez donc à leurs fruits". Tirez la chevillette du raisonnement, et la bobinette cherra : puisque le pape François produit de mauvais fruits, il n'est donc pas pape, quand bien même le Saint-Esprit l'a adoubé infailliblement comme vrai pape, verus papa, par l'organe transparent de l'Église Universelle représentée par les cardinaux dans leur majorité canonique...           
           
        Or, on vient de le lire, les Pères de Constance anathématisent dans Jean Hus cette proposition comme étant... hérétique. Wycliff, dans une proposition hérétique similaire, est lui aussi condamné par le Concile de Constance, cette fois-ci sous forme de question : "[Les partisans de Wycliff] croient-ils que le pape canoniquement élu, qui a vécu quelque temps, après avoir exprimé son propre nom, est le successeur du bienheureux Pierre, possédant l'autorité suprême sur l'Église de Dieu ?" (24ème ERREUR). Remarquons avec soin que dans cette formulation, il n'est nullement question, pour les Pères de Constance, du criterium de la Foi pour décider si un pape l'est ou bien non, mais uniquement du criterium de l'Église Universelle qui "élit canoniquement" ; or, le sédévacantiste se trompe hérétiquement précisément en mettant le criterium de la Foi à la place de celui de l'Église Universelle assistée du Saint-Esprit, qu'il ose considérer blasphématoirement comme inexistant. Le Concile de Constance pose cette question aux partisans de Wyclif, précisément parce qu'ils ne croient pas que le pape canoniquement élu est avec certitude le successeur de Pierre, mais que sa légitimité est conditionnée par ses œuvres.           
           
        Il est clair que le Concile de Constance, dans ces deux hérésies de Jean Hus et Wicliff, condamne l'affirmation selon laquelle un pape canoniquement élu n'est pas pape avec certitude, nonobstant toute considération de Foi. Ce qui signifie a contrario qu'on doit reconnaître comme successeur de Pierre la personne canoniquement élue par l'Église Universelle, et que cette dernière l'est en toute certitude théologique, nonobstant tout criterium de Foi.           
           
        Donc, la doctrine de la reconnaissance ecclésiale universelle du pape actuel comme règle prochaine de la légitimité pontificale, est la Foi de toute l'Église, et, dans nos derniers temps modernes, les cardinaux Billot et Journet, dans leurs travaux théologiques, n'ont rien fait d'autre que d'exprimer cette Foi de l'Église, à croire sous peine d'anathème formel.
 
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        Mais, dans sa diatribe, comme si cela ne lui suffisait pas d'épouser l'hérésie sédévacantiste dans la mauvaise compagnie des Hus et des Wicliff, Mgr Viganò aggrave son péché schismatique en osant soutenir effrontément que l'Église Universelle se serait trompée en reconnaissant comme vrai pape le premier antipape du grand-schisme d'Occident, Clément VII, ce qui donc, suivez son regard, prouverait bel et bien que l'Église, même dans son universalité, ne serait pas infaillible lorsqu'elle reconnaît un tel pour le Vicaire du Christ actuel. Voilà qui, premièrement, est un pur blasphème contre le Saint-Esprit qui assiste infailliblement en permanence l'Église Universelle depuis la Pentecôte jusqu'à la fin des temps, très-singulièrement dans toute élection pontificale, blasphème doublé, dans le cas cité, d'un pur mensonge historique en ce qui concerne l'antipape Clément VII. Celui-ci, en effet, n'a absolument pas été le sujet d'une approbation par l'Église Universelle de son anti-papauté comme si elle était la vraie, jamais et à aucun moment de l'histoire certes fort tourmentée, bousculée, du grand-schisme d'Occident, nous l'allons voir ensemble sans tarder.           
           
        Ayant en effet déjà énormément écrit pour bien asseoir le caractère certain et indubitable de la règle prochaine de la Légitimité pontificale, en avant et par-dessus toute autre règle ou loi, à savoir la Reconnaissance par l'Église Universelle de la qualité de pape actuel sur un tel, Église Universelle représentée ordinairement, pour cet acte capital, par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un, je ne me fatiguerai pas à le rappeler ici de nouveau, je renvoie le lecteur à mes écrits très-nombreux sur le sujet, qui, en long et en large, le démontrent formellement et surtout irréfutablement (voir, par exemple, ma démonstration théologique de l'intégration de cette loi fondamentale dans le Magistère ordinaire & universel, toujours doté de l'infaillibilité ecclésiale et à croire de Foi, de fide, sous peine d'anathème ipso-facto, au début de cet article : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-fable-s-d-vacantiste-mensong-re-de-la-bulle-de-paul-iv-et-de-son-contexte-historique?Itemid=1 ; on lira aussi avec beaucoup de fruit l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/o-se-situe-lacte-de-droit-divin-qui-fait-certainement-le-pape-actuel-chez-les-cardinaux-qui-l-lisent-canoniquement-dans-le-conclave-ou-chez-les-v-ques-de-lorbe-catholique-qui-approuvent-a-posteriori-l-lection-des-cardinaux-?Itemid=1).           
           
        À un certain moment de la discussion avec ceux qui rejettent la vérité (qui est toujours Jésus-Christ Lui-même, en Personne, "Je suis la Voie, la Vérité et la Vie" ― Jn XIV, 6 ; et plus elle est importante, cette vérité, plus elle EST Jésus-Christ), il ne convient plus, en effet, devant leur mauvaise foi, de la leur présenter à nouveau et plus longtemps : par le long laps de temps pendant lequel la bonne doctrine leur a été sans cesse et de nombreuses fois exposée (... plus de vingt-cinq ans, en ce qui me concerne...) et qu'ils ont sans cesse méprisée perseverare diabolicum, ils se montrent indignes qu'on la leur réexpose une énième nouvelle fois, ce serait même fautif de continuer à le faire, n'étant désormais plus, selon le mot cinglant du Christ Lui-même, que des "chiens et des pourceaux" (Matth VII, 6). C'est l'attitude adoptée par Notre-Seigneur Jésus-Christ Lui-même devant ses ennemis de mauvaise foi, lorsqu'Il comparaît devant eux dans la nuit du Jeudi-Saint, attitude qu'à Sa divine suite, j'adopte donc moi-même. Lorsque le grand-prêtre Caïphe ose Lui demander quelle était sa doctrine, alors que Jésus l'avait sans cesse moult prêchée publiquement pendant trois ans dans leurs synagogues et que donc Caïphe et les anciens du peuple ne pouvaient que la connaître, Jésus les renvoie abruptement à ce qu'Il en avait dit antécédemment et que nul ne pouvait ignorer, surtout pas eux : "Cependant, le grand prêtre interrogea Jésus sur Ses disciples et sur Sa doctrine. Jésus lui répondit : «J'ai parlé ouvertement au monde ; J'ai toujours enseigné dans la synagogue et dans le temple, où tous les Juifs s'assemblent, et Je n'ai rien dit en secret. Pourquoi M'interroges-tu ? Demande à ceux qui M'ont entendu ce que Je leur ai dit ; eux, ils savent ce que J'ai dit»" (Jn XVIII, 19-21).           
           
        Je me contenterai donc ici, dans ce nouvel article, de dénoncer l'erreur historique flagrante dont, pour sa grande honte, se rend coupable Mgr Viganò, à savoir que l'antipape Clément VII aurait soi-disant été approuvé comme vrai pape par l'Église Universelle, ce qui est totalement faux, et par rebond, effet boomerang, cette erreur démasquera le péché de schisme que commet Mgr Viganò en refusant de se soumettre quant au pape François à la grande loi fondamentale basée sur les fondements premiers mêmes de la Constitution divine de l'Église en ce qui concerne la légitimité des élections pontificales, à savoir, l'infaillibilité de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel, encore appelée pacifica universalis ecclesiæ adhæsio, qui est toujours et à chaque fois, un fait dogmatique doté de l'infaillibilité.
 
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        Commençons à lire cette grande et très-douloureuse page historique par le commencement, c'est-à-dire par le dernier pape siégeant au Siège de Pierre dans la paix de l'Église Universelle, avant que le grand-schisme d'Occident ne la déchirât scandaleusement pendant trente-neuf ans fort pénibles à toute la Chrétienté. Il s'agit de Grégoire XI (1331-1378), dernier pape français à remplir le Siège de Pierre jusqu'à nos jours de fin des temps (avant lui, on compte dix papes français dans la liste des papes) ; et d'aucuns, à juste titre, y verront une punition de Dieu sur la France, car le gravissime péché du grand-schisme d'Occident est à mettre principalement sur la tête orgueilleuse et insoumise des cardinaux français, comme nous l'allons voir.           
           
        À cette époque en effet, rappelons-nous que la France avait une énorme prépondérance dans les affaires du Saint-Siège, jusqu'à attirer sur son sol la papauté à Avignon, ce qui était certes un déséquilibre dans le Plan divin, et les saints d'alors, sainte Catherine de Sienne fort notamment, faisaient tout pour ramener le pape à Rome, là où la Providence divine voulait qu'il dirigeât les destinées de toute la Chrétienté. Précisément, Grégoire XI va obéir en 1377 à cette injonction divine de ramener le Siège de Pierre à Rome, il en avait d'ailleurs l'intention dès 1372, pour que finisse ce que les saints du temps appelaient à juste titre l'exil de Babylone qui, pesons bien la chose, dura autant que l'exil juif antique, soit soixante-dix ans mystiques, de 1305 à 1377, avec une succession de papes uniquement français à Avignon, on aurait vraiment dit que la papauté et le Siège de Pierre étaient devenus et à jamais, exclusivement français ("Les sept papes qui siégèrent à Avignon de 1305 à 1377 sont tous français selon le territoire actuel ; en réalité, ce sont des papes de langue d'oc dont la région d'origine dépendait, soit directement du roi de France, soit du roi d'Angleterre -pour ses terres relevant du roi de France-, soit du comté de Provence -qui relevait du Saint-Empire romain germanique-" ― https://fr.wikipedia.org/wiki/Papaut%C3%A9_d%27Avignon), à savoir : Clément V (1305-1314), Jean XXII (1316-1334), Benoît XII (1334-1342), Clément VI (1342-1352), Innocent VI (1352-1362), Urbain V (1362-1370) & Grégoire XI (1370-1378).           
           
        Mais, quelqu'un an seulement après être revenu à Rome, le pape Grégoire, de santé fragile et très-notamment ébranlé par les incessantes révoltes politicardes brouillonnes et agressives du peuple romain, meurt le 27 mars 1378, presque subitement, à quarante-sept ans seulement. Les cardinaux présents à Rome, peu nombreux (seize seulement), presque uniquement des français (quatre, seulement, sont italiens, et un, espagnol), se réunissent alors le plus canoniquement du monde, pour élire son successeur. Ces seize cardinaux, donc, élisent le plus canoniquement du monde en conclave l'archevêque de Bari, Barthélemy, et celui-ci prend le nom d'Urbain, sixième du nom pontifical. Puis, ils en écrivent aux six cardinaux, tous français, qui étaient encore restés à Avignon après le départ du pape Grégoire à Rome en 1377. Et ceux-ci approuvent tous l'élection. L'élection d'Urbain au Siège de Pierre était donc faite et approuvée à l'unanimité absolue du Sacré-Collège cardinalice composé en tout, lors de la mort du pape Grégoire XI, de vingt-trois membres, bien au-delà donc des théologiquement nécessaires deux/tiers plus un (le seul cardinal qui approuva a-posteriori l'élection pontificale d'Urbain VI, étant absent de Rome lors de l'élection, fut le cardinal d'Amiens : "Venant à Rome, de sa légation de Toscane, le vingt-cinquième d'avril, [il] fut reçu en consistoire comme légat, et salua Urbain comme Pape. Ainsi, il fut reconnu expressément par tous les vingt-trois qui composaient alors le Sacré-Collège. Reconnu par tous les cardinaux, il le fut par tous les royaumes chrétiens, notamment par la France, où l'on trouve plusieurs actes datés de son pontificat" ― Histoire universelle de l'Église catholique, abbé Rohrbacher, t. XXI, p. 2).           
           
        Rohrbacher relate fort bien toute l'affaire dans sa très-célèbre Histoire universelle de l'Église catholique parue au XIXème siècle, et on ne saurait mieux faire, pour bien comprendre le fond de toute l'histoire, que de le suivre :           
           
        "Le pape Grégoire XI était mort le vingt-sept mars 1378. Le dix-neuf du mois d'avril, les seize cardinaux qui étaient à Rome écrivirent aux six qui étaient demeurés à Avignon une lettre où ils disaient : «Afin que vous sachiez la vérité de ce qui s'est ici passé, et n'ajoutiez pas foi à ceux qui vous l'ont autrement rapporté, sachez qu'après la mort de notre seigneur et père, le pape Grégoire XI, de sainte et heureuse mémoire, nous sommes entrés en conclave le septième de ce mois, et le lendemain matin, vers l'heure de tierce, nous avons élu librement et unanimement pour Pape le seigneur Barthélemi, archevêque de Bari, homme distingué par l'éclat de grands mérites et de beaucoup de vertus, et nous avons déclaré cette élection en présence d'une très-grande multitude de peuple. Le neuvième de ce mois, l'élu, intronisé publiquement, a pris le nom d'Urbain, et, le jour de Pâques, il a été couronné solennellement dans la basilique du prince des apôtres, aux acclamations d'un peuple innombrable. Nous vous mandons ces choses, afin que, comme vous avez été affligés de la mort du seigneur Grégoire, vous vous réjouissiez avec nous d'avoir obtenu ce nouveau Père ; car nous espérons de celui dont il tient la place sur la terre, que sous son gouvernement l'état de l'Église romaine et catholique refleurira, et que la foi orthodoxe prendra d'heureux accroissements».           
           
        "Cette lettre est signée des seize cardinaux qui étaient à Rome, notamment de Robert de Genève, fait cardinal-prêtre des douze apôtres en 1371 [... qui deviendra l'anti-pape Clément VII, à propos duquel fantasme hérétiquement Mgr Viganò...], et de l'Aragonais Pierre de Lune, fait cardinal-diacre de Sainte-Marie-en-Cosmedin, l'an 1375 [... qui deviendra le trop célèbre anti-pape Benoît XIII...], l'un et l'autre par le pape Grégoire XI. Le cardinal Robert de Genève écrivit en son particulier à l'empereur, Charles IV, au roi de France, Charles V, au roi d'Angleterre, Richard II, témoignant de la libre élections d'Urbain VI. D'autres cardinaux écrivirent individuellement, dans le même sens, à d'autres personnages" (ibid., pp. 1 & 2).
 
        Puis, après avoir relaté que les cardinaux français étaient encore si puissants qu'ils pouvaient faire à eux tout seuls une élection pontificale valide (ils étaient en effet pas moins de dix-huit cardinaux sur les vingt-trois composant le Sacré-Collège lors de l'élection d'Urbain, soit largement plus des deux/tiers plus un nécessaires pour confectionner une élection pontificale valide), Rohrbacher nous explique qu'étant eux-mêmes divisés entre eux, cardinaux français, sensiblement par moitié, les uns voulant continuer l'élection d'un pape du Limousin, comme les quatre derniers l'avaient été depuis Clément VI, quand les autres n'en voulaient plus, "disant que le monde chrétien s'ennuyait de voir toujours des Limousins sur le Saint-Siège, et qu'il était temps de finir une domination qui semblait héréditaire dans un coin de la France" (ibid., p. 2), chaque moitié cardinalice française ne pouvait plus, à elle seule, atteindre les fameux deux/tiers plus un des voix pour faire une élection pontificale valide. C'est alors que la candidature de l'archevêque de Bari, Barthélemi Pignano, fut avancée et acceptée par tous les partis, les dix-huit cardinaux des deux partis français, les italiens qui n'étaient que quatre, et le seul espagnol, comme aplanissant toute difficulté.           
           
        Pour conclure ce premier point très-important, on peut dire que nulle élection pontificale ne fut plus canonique que celle de l'archevêque de Bari devenu le pape Urbain VI.
 
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        Pour contrer cela, les schismatiques cardinaux français, lorsqu'ils décidèrent six mois après cette élection parfaitement canonique de faire scission avec le nouveau pape, pour la raison que je vais exposer tout-à-l'heure, invoquèrent hautement le tumulte et la non-liberté qui entoura le conclave une fois réuni, fomenté par le peuple romain, ou plutôt sa populace, qui, selon qu'ils l'affirmèrent a-posteriori mensongèrement, entachèrent la nouvelle élection pontificale d'Urbain VI d'invalidité. Ce n'était qu'un mensonger et mauvais prétexte, totalement faux, sataniquement tourné exactement à l'envers de la vérité des faits de ce qui se passa réellement au conclave, et il importe évidemment de bien l'établir.           
           
        Premièrement, l'élection de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre fut décidée par la majorité canonique des cardinaux électeurs AVANT que le conclave fut réuni, et donc hors de tout tumulte et violence faites aux cardinaux. Les cardinaux français ne pouvaient donc pas dire que c'était le peuple romain qui les avait forcé à élire l'archevêque de Bari par tumulte et violence. "Or, ces prélats [les cardinaux électeurs] ne s'accordant pas entre eux, à cause de la haine qu'on portait aux Limousins, ceux-ci, pour donner aussi l'exclusion aux autres, jetèrent les yeux sur Barthélemi Prignona, archevêque de Bari. Ils considéraient son mérite personnel, ses habitudes anciennes avec la cour d'Avignon, où il avait rempli la place de vice-chancelier, ses liaisons avec Pierre de Monterne, cardinal de Pampelune et Limousin, un des six qui étaient demeurés à Avignon, enfin sa qualité de sujet de la reine de Naples, princesse très-affectionnée à l'Église et à la cour romaine. Tout cela fut agité avant l'ouverture du conclave. Les cardinaux y entrèrent le sept avril, et ils y furent gardés par des gens de confiance et nommés de leur part. Ce jour-là même, les cardinaux d'Aigrefeuille et de Poitiers proposèrent l'archevêque de Bari, et trouvèrent déjà les deux tiers des cardinaux assez disposés à le nommer. Le lendemain, après la messe du Saint-Esprit, comme on songeait à terminer l'affaire, (....) le cardinal de Limoges déclara purement et librement qu'il donnait sa voix à Barthélemi, archevêque de Bari, et presque tous les autres cardinaux furent du même avis. L'élection ainsi faite, on différa néanmoins de la publier, parce que l'archevêque était absent et qu'il y avait sujet de craindre qu'en l'annonçant au peuple, qui demandait un Pape romain, il ne se fit quelque tumulte, et que le prélat lui-même, qui était Napolitain, ne fût insulté en venant au palais. On l'appela donc, avec d'autres évêques italiens, sous prétexte de quelques affaires importantes, et, après midi, l'élection fut réitérée d'un consentement unanime" (ibid., pp. 3-4).           
           
        "On pria [les cardinaux] de revenir le lendemain au palais pour ratifier l'élection ; ce qu'ils firent avec tout l'ordre et toute la liberté possibles. L'intronisation se passa de même. Toute la Semaine-Sainte le nouveau Pape, qui avait pris le nom d'Urbain VI, célébra les offices de l'Église avec le sacré collège. Le dimanche de Pâques, le couronnement se fit à l'ordinaire, et les seize cardinaux y étaient présents. Tout le reste du temps qu'ils demeurèrent auprès d'Urbain, ils le traitèrent comme Pape légitime, lui demandant des dispenses et des grâces pour eux et pour leurs amis, lui faisant à leur tour de petits présents, le nommant en public et en particulier, à la messe et dans les autres prières de l'Église, officiant toujours avec lui aux grandes fêtes de Pâques, de l'Ascension, de la Pentecôte et du Saint-Sacrement ; surtout, écrivant de tous côtés qu'ils avaient élu très-unanimement et très-librement le seigneur Barthélemi, archevêque de Bari, présentement appelé Urbain VI. Aux cardinaux électeurs se joignirent Jean de la Grange, cardinal d'Amiens, qui, pendant l'élection, était légat en Toscane et qui, à son retour de Rome, rendit à Urbain tous les hommages dûs au souverain Pontife. Tel est en somme la narration des auteurs italiens et même de quelques autres, comme d'Alphonse, ancien évêque de Jaën, et compagnon de sainte Brigitte, ainsi que de Gobelin Person, né en Westphalie, employé à la cour romaine pendant ces évènements, et qui, dans histoire universelle, transcrit et adopte le récit d'Alphonse" (ibid., pp. 4 & 5).           
           
        "Or, tout cela se passa six heures entières avant qu'il y eût le moindre mouvement parmi le peuple. (...) Quand la populace sut que l'archevêque de Bari avait eu les suffrages, la sédition devint générale parce que ce prélat n'était pas romain. Les cardinaux voulurent s'enfuir, mais on les ramena de force dans le conclave, pour procéder à une autre élection. Le tocsin sonnait à Saint-Pierre, on pillait, on cherchait l'archevêque de Bari, les uns pour le tuer, les autres pour le forcer à se démettre. Cependant les cardinaux ne se laissèrent point intimider ; ils dirent qu'ils n'éliraient point un Pape romain, et que l'élection de l'archevêque de Bari étant faite, ils s'en tiendraient là, dût-il leur en coûter la vie. Enfin, plusieurs personne de considération, entre autres Agapit Colonne et l'abbé du Mont-Cassin, s'entremirent pour faire entendre raison à cette troupe de mutins, que la relation dépeint plutôt comme des gens ivres que comme des factieux. Le calme était rétabli dans la ville dès le vendredi neuvième d'avril. Ce jour-là douze cardinaux s'assemblèrent au palais, annoncèrent le pontificat à l'archevêque de Bari, le pressèrent de l'accepter ; et, après qu'il se fut excusé quelque temps et qu'il eut consenti ensuite, on l'intronisa, on le couronna sans qu'il parût aucun vestige de sédition dans Rome, ou de mécontentement dans la cour romaine" (ibid., pp. 5 & 6).           
           
        L'on voit très-bien, par ce récit des faits exacts tels qu'ils se passèrent dans l'élection pontificale d'Urbain VI, que les cardinaux français qui, six mois après avoir fait l'élection de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, l'avoir canoniquement approuvé et accepté, acceptus et probatus, osèrent soutenir que son élection était invalide parce qu'ils avaient été forcé de l'élire par la sédition du peuple romain, mentirent effrontément et scandaleusement, sataniquement même car la vérité des faits se situait dans l'exact contraire de ce qu'ils dirent alors : loin que le peuple romain les força à élire l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, c'est tout le contraire qui se passa : les cardinaux ayant élu librement l'archevêque de Bari au Siège de Pierre, c'est alors, et alors seulement, que le peuple ou plutôt la populace, fit sédition, ne voulant, dans un entêtement de bourrique du diable, qu'un pape romain et non pas seulement italien comme l'était le napolitain archevêque de Bari !
           
        Rohrbacher est donc très-fondé à conclure son exposé, ainsi : "D'après ces divers témoignages, il y eut de la part du peuple romain quelque mouvement, quelque violence, non pour faire élire l'archevêque de Bari, mais plutôt pour empêcher son élection. D'où il est naturel de conclure que l'élection d'Urbain VI ne fut point l'effet de la violence, mais qu'elle se fit librement par les cardinaux, comme eux-mêmes l'assurent dans leurs lettres à leurs collègues d'Avignon [lettre qu'on a lue plus haut]. (...) Le nouveau pape, Urbain VI, ayant pris possession du Saint-Siège suivant les anciennes coutumes, écrivit à tous les évêques et à tous les princes de la Chrétienté, pour leur notifier la mort de Grégoire XI et sa propre élection par le choix unanime des cardinaux. Celle qu'il écrivit au clergé d'Angleterre est du dix-neuf avril. De leur côté, ainsi que déjà nous l'avons vu, les cardinaux écrivirent dans le même sens, entre autres une lettre commune à l'empereur Charles IV, qui plus tard la rendit publique. (...) «Alors, dit Théodoric de Niem, témoin oculaire, il n'y avait aucune doute, aucun bruit sinistre dans la ville de Rome, même entre les cardinaux ou autres personnes quelconques, que le même Urbain ne fût le vrai Pape, ou qu'il eût été élu par violence ou d'une autre manière peu canonique ; au contraire, tous les cardinaux disaient alors, et par écrit et de vive voix, et en public et en particulier, à tout le monde, même à ceux qui conféraient avec eux à ce sujet, que le même Urbain était vrai Pape, canoniquement et unanimement élu par eux. Telle est la vérité, et on n'a pu la nier». Ce témoignage est bien remarquable" (ibid., pp. 6 & 7).
 
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        Urbain VI étant donc incontestablement vrai pape légitime, verus papa, comme peut-être, si je puis dire, aucun autre pape ne le fut aussi sûrement que lui, comment donc alors se fait-il que, tout-à-coup, l'ensemble des cardinaux qui l'avaient élu en vinrent unanimement à le haïr, à vouloir s'en détacher formellement, au point inouï jamais arrivé dans toute l'histoire pourtant fort tourmentée de l'Église, de mentir sur son élection parfaitement canonique en voulant le considérer seulement comme un intrus sur le Siège de Pierre, c'est-à-dire qu'il n'aurait jamais été pape, et de vouloir subséquemment créer un autre pape ? Je vais donner tout-de-suite cette raison de la haine des cardinaux contre Urbain VI, mais auparavant, je veux en rester à dénouer l'aspect purement théologique de la question. Nous verrons plus loin que si les cardinaux avaient reconnu la canonicité de l'élection pontificale d'Urbain VI qu'ils avaient faite, comme elle l'était formellement en effet, et si, retirant après-coup unanimement leur obédience à Urbain dans la majorité canonique du Sacré-Collège, ils avaient acté canoniquement sa déchéance du suprême Pontificat, cette déchéance prononcée par l'ensemble des cardinaux aurait été parfaitement valide, et Urbain n'aurait plus été pape. Or, aveuglés par la haine qu'ils éprouvaient contre Urbain, les cardinaux français ne prirent pas du tout cette voie qu'ils devaient suivre pour déchoir validement Urbain, au contraire, voulant considérer faussement qu'Urbain n'était qu'un intrus, c'est-à-dire qu'il n'avait jamais été un pape légitime, ils ne le déchurent donc pas du suprême Pontificat comme ils en avaient théologiquement le pouvoir... puisqu'évidemment, on ne déchoit pas un pape qu'on veut considérer comme n'ayant jamais été pape !, ce qui fait donc, pour la fin, que... Urbain VI restait bel et bien, de droit et de fait, toujours le seul pape légitime actuel de l'Église, même après la révolte des cardinaux français contre lui.           
           
        N'oublions pas, en effet, et je l'ai rappelé dans d'autres articles, que la règle est la suivante, concernant la déchéance d'un pape jugé indigne : qui a pouvoir de faire le pape, a aussi pouvoir de le défaire. Or, ceux qui ont pouvoir de faire le pape, ce sont les cardinaux dans leur majorité canonique des deux/tiers plus un, et eux seuls, réunis dans le Sacré-Collège cardinalice ; ainsi donc, pour défaire un pape indigne, c'est le même Sacré-Collège dans sa majorité canonique des deux/tiers plus un qui a également pouvoir, et lui seul, de déclarer déchu tel pape indigne, en lui faisant soustraction d'obédience (ou plus exactement dit, dans les termes théologiques idoines et adéquats : les cardinaux ont pouvoir, de par Dieu, de retirer la matière du Souverain Pontificat à un pape légitimement fait, puisqu'ils ont pouvoir de la lui donner, et Dieu, qui leur a donné ce pouvoir, les suivant, retire quant à Lui la forme du Pontificat à l'instant même où les cardinaux lui en retirent la matière, et donc, matière et forme de ce qui fait le pape étant retirés à ce pape, celui-ci ne l'est plus du tout). Cependant, la Providence divine, dirigeant toutes choses derrière les causes secondes ou humaines, ne permit point que les cardinaux qui avaient élu légitimement Urbain au Siège de Pierre, ne posassent l'acte canonique qui aurait prononcé formellement sa déposition devant toute l'Église, quand bien même, dans le même temps, en brouillons pressés mettant passionnellement la charrue avant les bœufs, mûs par un grand orgueil, ils élisaient en face de lui le premier antipape du grand-schisme d'Occident, Clément VII, sur lequel phantasme Mgr Viganò.           
           
        ... Mais bien sûr, maintenant, il est fort important de dire pourquoi le pape Urbain VI fut, soudain, l'objet de tant d'aversion et même de haine, de la part de tous les cardinaux qui l'avaient élu, au point incroyable de vouloir faire, à la face scandalisée de toute l'Église et du monde, un autre pape à sa place. L'histoire en est fort peu glorieuse, autant du reste des deux côtés, celui du pape et celui des cardinaux, mais, à lire cette affligeante page ecclésiastique, ce nous sera à nous, pauvres cloportes du Seigneur souvent indignes, une bonne leçon d'humilité quant à ce que vaut vraiment l'homme qui veut se diriger uniquement par son propre mouvement, motu proprio, et non sous la mouvance humble de Dieu et de son Esprit-Saint... Je laisse à nouveau Rohrbacher nous l'expliquer, il le fait fort bien :
 
        "Il y avait cinq à six mois que le monde chrétien reconnaissait ainsi unanimement le pape Urbain VI, lorsqu'on apprit tout-à-coup que les mêmes cardinaux, qui avaient déclaré dans leurs lettres l'avoir élu très-librement et très-unanimement, venaient d'en élire un autre le vingt septembre de la même année 1378. Voici les principaux faits de cette déplorable division.           
           
        "Barthélemi Prignano, devenu le pape Urbain VI, serait demeuré en paisible possession de la chaire de Saint-Pierre, s'il avait su se ménager avec les cardinaux. Il semble que cela était aisé avec toutes les qualités qu'on admira dans lui avant sa promotion. Prignano était de Naples, né d'une famille noble, âgé d'environ soixante ans, d'une taille au-dessus de la médiocre et d'une complexion robuste. Il avait été d'abord archevêque de Cirenza, au royaume de Naples ; ensuite, Grégoire XI le transféra au siège de Bari, et lui confia le soin de la chancellerie romaine en l'absence du cardinal de Pampelune. C'était par estime pour son mérite. Il passait pour un des plus habiles hommes de son siècle dans le droit canon et dans le style de la cour de Rome. D'ailleurs grand homme de bien, ennemi de la simonie et du faste, ami des gens de lettres, modeste, dévôt, dur à lui-même, portant sans cesse le cilice, jeûnant tout l'Avent et depuis la sexagésime jusqu'à Pâques, patient dans l'adversité, sensible au malheur des autres, en un mot l'homme du monde le plus digne d'être Pape, s'il ne l'avait jamais été ; c'est la réflexion des auteurs, même italiens. Cela veut dire qu'il lui arriva, comme à bien d'autres, de ne pouvoir porter le poids de sa dignité. Barthélemi Prignano fut un homme presque parfait ; Urbain VI fut, de l'aveu de tout le monde, trop entier dans ses volontés, trop peu liant pour le caractère, et trop précipité dans les vues de réforme qu'il s'était proposées : conduite qui pensa le renverser du trône apostolique, et qui contribua beaucoup à faire naître dans l'Église un schisme de cinquante ans.           
           
        "(...) Le premier trait qui aliéna d'Urbain VI les esprits, fut une invective qu'il hasarda, dès le lendemain de son couronnement, contre les évêques de sa cour. À la fin des vêpres, où il avait assisté avec eux dans sa chapelle, il les retint pour leur dire qu'ils étaient des parjures d'avoir abandonné leurs églises et d'être venus faire leur résidence ordinaire en cour de Rome. Sur quoi, Martin de Salve, évêque de Pampelune et référendaire du pape Grégoire XI, prit la parole et répliqua assez vivement qu'il n'était point un parjure, que son séjour en cour de Rome n'était que pour les affaires générales de l'Église, et qu'au reste, il retournerait volontiers dans son diocèse.           
           
        "Quinze jours après, Urbain tint un grand consistoire ; et, dans un sermon dont le texte était : Je suis un bon pasteur, il attaqua ouvertement, et d'un style même peu convenable, la conduite des cardinaux et des autres prélats, qui le trouvèrent très-mauvais, et qui n'en furent pas plus disposés à retrancher les abus qu'on leur reprochait. Sur la fin d'avril, le cardinal d'Amiens, Jean de la Grange, vint reconnaître le nouveau Pape. Il en fut reçu d'abord avec honneur ; mais bientôt l'humeur prenant le dessus avec Urbain, le cardinal n'entendit plus de sa bouche que des duretés. Un jour, Urbain lui reprocha son avarice et sa perfidie, l'une et l'autre à l'occasion de la guerre qui durait depuis si long-temps entre les rois de France et d'Angleterre. C'était, disait le Pape, un artifice du cardinal, qui, pour s'enrichir en faisant durer sa commission de légat, bien loin de travailler à la paix, comme Grégoire XI le lui avait recommandé, fomentait sous main l'antipathie des deux nations. Une autre fois, il l'accusa d'être l'auteur des divisions entre les rois de Castille, d'Aragon et de Navarre, et d'avoir trompé le Saint-Siège dans les traités conclus avec le duc de Milan et les Florentins. Enfin, dans une autre occasion, il s'échappa jusqu'à dire qu'il n'y avait point de mal au monde que le cardinal d'Amiens n'eût fait. À ce mot, le prélat, piqué au vif, se leva et faisant un geste menaçant : «Comme archevêque de Bari, lui dit-il, vous en avez menti» ; et sur-le-champ, il prit la fuite, suivi de quelques autres cardinaux.           
           
        "C'étaient tous les jours de nouvelles scènes, où paraissait à découvert le caractère inflexible du Pape. Tantôt affectant un grand mépris pour les richesses, il renvoyait avec des injures les collecteurs des revenus du Saint-Siège ; tantôt oubliant ce qu'il devait à la reine de Naples, il traitait avec peu de ménagement Othon de Brunsvick, son mari, et cela dans le temps même que ce prince était à Rome, faisant sa cour avec plus d'assiduité que les officiers du palais et les prélats ; tantôt sans égards pour les premières têtes d'Europe, il disait qu'il saurait bien se faire justice des rois de France et d'Angleterre, dont les divisions avaient causé tant de maux à la Chrétienté. Ces manières si déplacées étonnaient fort les cardinaux, et ils étaient tentés de croire que le faîte des honneurs avait ébranlé le cerveau de ce Pontife" (ibid., pp. 7-10).           
           
        Barthélemi Prignano, une fois sur le Siège de Pierre, était donc soudain devenu un despote énergumène, au caractère impossible à vivre...           
           
        ... Mais voilà-t-il pas qui nous replonge abruptement dans le problème de notre papauté actuelle, celle de François, lui aussi despote, et despote énergumène ! Dès 2013, il me souvient que François l'avait d'ailleurs annoncé aux cardinaux qui venaient de l'élire : "Vous allez regretter de m'avoir élu pape, vous allez le regretter"... Et dernièrement, n'a-t-il pas sorti qu'il se ressentait comme "une victime du Saint-Esprit" ? Le caractère despotique, tyrannique, de son pontificat est si fort, si marqué, qu'un certain auteur en a fait le titre d'un livre sur lui : Le pape dictateur.
 
        ... Et voilà qui nous replonge aussi dans le pontificat du pape Paul IV, qui fut au moins aussi énergumène despotique que Urbain VI. Ayant la folie paranoïaque de voir des hérétiques partout, ne destitua-t-il pas de sa légation en Angleterre le grand et saint cardinal Réginald Pole sur simple soupçon (infondé) d'hérésie, ce qui eut pour résultat certain de faire triompher définitivement jusqu'à la fin des temps le protestantisme dans toute la nation d'Angleterre, un protestantisme que ce prélat, qui était de la plus haute noblesse anglaise, après la crapuleuse défection du roi Henry VIII duquel il était d'ailleurs parent, était en train de résorber victorieusement par de grands et fort édifiants travaux apostoliques sinon d'anéantir radicalement, de concert avec la très-catholique reine Marie ?           
           
        Paul IV n'alla-t-il pas jusqu'à invectiver le futur pape saint Pie V en lui disant qu'il regrettait de l'avoir créé cardinal, certains craignant dès lors pour lui qu'il soit emprisonné au château Saint-Ange ? Dans une certaine affaire de soupçon d'hérésie contre un très-haut prélat portugais que le pape lui avait commise (avec Paul IV, c'était toujours la même histoire), le cardinal Alexandrin futur saint Pie V tâcha de tempérer la procédure draconienne voulue par le pape, et le tourner à un peu plus de justice envers l'accusé. Mal lui en prit ! "Cela jeta le Pape, que sa santé rendait de plus en plus anxieux et violent, dans un état tel qu'il fit, pendant une demi-heure, de si violents reproches à ce cardinal si hautement estimé dans le Consistoire, que le cardinal Consiglieri déclara qu'on ne pouvait plus vivre ni traiter de quoi que ce soit avec le Pape. Dans un nouveau consistoire, Paul IV réitéra ses reproches envers Ghislieri, le déclara indigne de sa place et assura qu'il regrettait de lui avoir donné la pourpre. Un rapport du 5 Août 1559 mande de Rome qu'on craignait là-bas que le grand-inquisiteur Ghislieri fût emprisonné au château Saint-Ange. Ce fut en ce temps que Paul IV déclara à l'ambassadeur français que l'hérésie était un crime si grave, que si peu qu'un homme en fût atteint, il ne lui restait d'autre moyen de salut que de le livrer au feu immédiatement, sans se soucier qu'il occupât le plus haut rang" (Histoire des Papes depuis la fin du Moyen-Âge, Pastor, t. XIV, p. 256).           
           
        Combien de saints prélats furent victimes des foudres paranoïaques du pape Paul IV, sur simple soupçon d'hérésie non-fondé, calomniés pontificalement mais jamais réhabilités publiquement, leur réputation en étant pontificalement détruite à jamais ! "On en vint aussi [sous Paul IV] contre des évêques et même des cardinaux à des accusations et à des procès aussi incompréhensibles que dénués de fondement. Un véritable régime de terreur commença, qui accabla tout le monde à Rome" (Pastor, p. 232).           
           
        Autre illustration, fort peu glorieuse pour Paul IV, non seulement de son tempérament complètement paranoïaque mais surtout de son incroyable absence de discernement dans la chose spirituelle : au rebours de ses trois prédécesseurs, les papes Paul III, Jules III et Marcel II, qui avaient vu naître la Compagnie de Jésus et en avaient globalement favorisé le développement, Paul IV la suspecta d'emblée (comme d'habitude ! En fait, il suspectait tout le monde qui n'était pas lui !...), et l'entrava, "voulant l'unir à sa propre congrégation, les Théatins. En guerre avec l'Espagne, il va jusqu'à faire perquisitionner chez Ignace [de Loyola] qui, sa mort venant, demande quand même sa bénédiction [... on mesure là toute la sainteté du fondateur des Jésuites, mais on ne saurait en dire autant de Paul IV…]" (Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. Jésuites, p. 966, 2e col.) ! Par ailleurs, il considérait saint Ignace, qu'il avait fréquenté avant son élévation au Souverain Pontificat, comme un… "tyran" (Pastor) !!           
           
        Et que dire de ce pape énergumène qui n'a rien à envier à Urbain VI, quand il osa virer comme un malpropre de la Chapelle papale le plus grand polyphoniste pieux de tous les temps, Palestrina, ce qui entrava gravement sa carrière, sous la raison complètement folle et insensée que le pape ne saurait souffrir d'ouïr les voix de gens mariés dans sa Chapelle !! Etc.           
           
        Certes, ces papes, Urbain VI, Paul IV, et notre inénarrable François, ne sont pas fous, ce qui serait une cause d'invalidation de leur pontificat, ils sont "seulement", si je puis dire, caractériels profonds, énergumaniaques, rendant la vie impossible à leur entourage. Et malheureusement, rappelons-nous que l'entourage du Vicaire du Christ, c'est tout simplement... le monde entier !, à commencer par ceux qui leur sont les plus proches, c'est-à-dire les catholiques... les plus fervents !           
           
        Mais voilà la grande différence avec Urbain VI, qui va engendrer l'affreuse catastrophe : sous Paul IV et François, les cardinaux, évêques, communautés religieuses, et tous ceux qui subissent les coups iniques du pape énergumène et despotique, restent soumis à l'Autorité pontificale, acceptant dans la sainte-Croix du Christ la persécution crucifiante d'un chef peut-être pas mauvais au fond mais à tout le moins très-crucifiant (ce qui est singulièrement le cas avec François, puisque nous vivons les temps de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" ; quant à son pontificat, il ne s'agit donc pas seulement d'une crucifixion personnelle, mais d'une crucifixion institutionnelle, je vais mieux l'expliquer plus loin).           
           
        Le malheur du grand-schisme d'Occident, et ce fut certainement une épreuve voulue par Dieu pour punir une Chrétienté devenue spirituellement paresseuse, c'est qu'il n'en fut pas du tout de même sous Urbain VI. Il trouva en face de lui des cardinaux français très-orgueilleux, très-montés sur le piédestal de leurs hautes prérogatives, habitués depuis sept longues décennies de pouvoir presque absolu sur la papauté durant l'exil babylonien d'Avignon, à considérer le Saint-Siège et ses affaires presque comme... leur propriété. Ils avaient trop en tête d'avoir comme une plénipotence absolue sur les affaires du Saint-Siège, considérant le pape, sans doute tout-de-même pas comme leur subordonné, leur homme-lige, mais comme leur homme d'affaires, et la dernière chose à laquelle ils pouvaient penser fut de se soumettre par pénitence bien chrétiennement entendue à leur "homme d'affaires" au caractère qui se révélait très-difficile. Ils se cabrèrent au contraire immédiatement contre lui avec hauteur, raideur et rancœur pleine d'orgueil, et même haine, ce qui leur fit commettre le très-grave péché de schisme pour toute la Chrétienté. Car ce n'est pas Urbain VI qui le commet, ce gravissime péché, c'est bien eux, les cardinaux à grande majorité française, qui le commettent, lorsqu'ils pseudo-élisent un anti-pape, Clément VII, Rohrbacher, en des propos indignés, va nous le dire tout-à-l'heure. Le scandaleux raisonnement des cardinaux trop puissants de ce temps-là était en effet, sans tenir aucun compte du caractère sacro-saint de la fonction pontificale suprême, que quand un homme d'affaires ne plaît pas, on s'en choisit un autre...           
           
        Ces cardinaux français très-orgueilleux, imbus d'eux-mêmes, de leurs richesses et de leur pouvoir, ne sentirent donc nullement l'énorme péché qu'ils commettaient en refusant d'obéir à un chef qu'ils avaient eux-mêmes créé, sous le vain prétexte, non-chrétien, que ce pape avait très-mauvais caractère et les maltraitait. En fait, c'était Dieu Lui-même qui leur infligeait cette pénitence certes fort pénible, pour leur vie trop peu humble et mortifiée, d'avoir un chef qui révéla, soudainement et à la grande surprise générale, un caractère énergumène et vraiment impossible dès qu'il remplit le Siège de Pierre. Et ils auraient dû l'accepter de bon cœur, cette pénitence, souffrant d'Urbain VI ses mauvais traitements pour réparer leur péché, sinon avec joie spirituelle du moins avec une sainte résignation. Ils auraient dû tous relire la leçon que saint Pierre donnait sur le sujet : "Serviteurs, soyez soumis en toute crainte à vos maîtres ; non seulement à ceux qui sont bons et humains, mais aussi à ceux qui sont difficiles. Car c'est une grâce d'endurer des peines et de souffrir injustement, par motif de conscience envers Dieu. En effet, quelle gloire y a-t-il, si battu pour avoir commis des fautes, vous le supportez ? Mais si, en faisant le bien, vous souffrez avec patience, voilà ce qui est une grâce devant Dieu. Car c'est à cela que vous avez été appelés, parce que le Christ aussi a souffert pour nous, vous laissant un exemple, afin que vous suiviez Ses traces : Lui qui n'a pas commis de péché, et dans la bouche duquel ne s'est pas trouvée de fraude ; Lui qui, injurié, ne rendait point d'injures, et, maltraité, ne faisait point de menaces, mais Se livrait à celui qui Le jugeait injustement" (I Pet II, 18-23).
 
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        Nous en sommes donc maintenant rendus, dans notre histoire, au point crucial, dramatique, où le pape et ses cardinaux se raidissent dangereusement à qui mieux mieux l'un contre les autres, les autres contre l'un, jusqu'à ne pouvoir plus faire autrement que d'arriver au grand clash public. Les cardinaux, prenant prétexte des chaleurs excessives à Rome en été, se retirèrent au nombre de treize à Anagni, et c'est là que, dans un cas de figure qui ressemble étrangement à ce qui a été appelé "la mafia de Saint-Gall" pour, paraît-il, démissionner le pape Benoît XVI (si tant est que cette histoire est vraie), ils commencèrent à comploter leur détachement d'avec le pape Urbain VI.           
           
        "Cependant, le pape Urbain lui-même se mit en route pour Anagni, avec les quatre cardinaux italiens qui étaient demeurés avec lui à Rome. Mais il s'arrêta dans la ville de Tivoli ou Tibur, qui est à moitié chemin. Il apprit de plus d'une manière que les cardinaux français tramaient quelque chose contre lui, qu'ils mettaient en doute la légitimité de son pontificat, et que même ils cherchaient à s'emparer de sa personne" (ibid., p. 11).           
           
        C'est alors que les cardinaux français firent leur premier pas réprouvé dans le schisme, par le péché de mensonge. "En effet, le vingt de juillet, les cardinaux français écrivirent aux cardinaux italiens une lettre où ils leur représentent l'élection d'Urbain VI comme faite par crainte et par violence, et les invitent à venir délibérer avec eux sur les moyens de pourvoir au salut de l'Église romaine, de l'Église Universelle et de la foi orthodoxe. Les cardinaux italiens n'accédèrent point à la téméraire entreprise de leurs collègues : ils demeurèrent avec le Pape, l'aidèrent de leurs conseils. (...) Ils allèrent même, par mandement du Pape, trouver leurs collègues dissidents d'Anagni, pour les réconcilier avec lui ; n'y ayant pu réussir, ils revinrent auprès de sa personne" (ibid., p. 11).           
           
        C'est donc par le mensonge que les cardinaux français commencent leur procédure schismatique qui aboutira à créer leur anti-pape Clément VII : nous avons vu en effet plus haut que loin d'avoir élu Urbain par crainte et par violence de la part de la populace romaine qui soi-disant les aurait obligé à le faire, c'est tout au contraire tellement par leur libre vouloir qu'ils ont élu Urbain au Siège de Pierre, qu'ils ont été capable de soutenir cette élection pontificale même en dépit de la pression et des violences de ladite populace romaine qui, loin de les pousser à élire l'archevêque de Bari... n'en voulait tout au contraire absolument pas, et faisait donc tumulte et violence pour cette seule raison ! Donc, c'est non seulement dans la liberté absolue qu'ils ont élu pape Urbain VI, mais dans une liberté qui souffre persécution ! Le mensonge sur lequel ils osaient s'appuyer pour tâcher de se trouver un argument canonique aux fins d'invalider l'élection pontificale d'Urbain, était donc patent, honteux et flagrant...           
           
        Cependant, les cardinaux français, savamment déboutés de leur prétention d'invalider l'élection du pape Urbain par deux jurisconsultes renommés qu'ils avaient consultés en vain pour asseoir leur volonté de faire schisme, n'éprouvèrent aucun scrupule de s'adresser au... roi de France, Charles V, faisant donc intervenir fort dangereusement la Politique là où il était très-répréhensible de la faire intervenir, à savoir dans une élection pontificale, ce qui, déjà, rien que dans le principe de la chose, les condamnait, condamnait leur cause, étant en soi un crime : "Se plaignant [mensongèrement] d'avoir été contraints d'élire Urbain VI, ils offrirent au roi, veuf depuis quelque temps, de le nommer Pape lui-même" (ibid., p. 11)...!!! Rohrbacher, ici, ne peut empêcher son indignation de saillir : "En vérité, d'après ces faits, qui son hors de doute, nous ne pouvons nous empêcher de répondre comme juré historique : Oui, les cardinaux français sont coupables du grand-schisme d'Occident ; oui, les cardinaux français sont responsables, devant Dieu et devant les hommes, des malheurs de la France et de l'Église" (ibid., p. 12).           
           
        "Mais le mal allait toujours en augmentant. Les cardinaux français d'Anagni se constituèrent juges eux-mêmes de leur différend avec le Pape" (ibid., p. 12). Toute leur procédure pour invalider l'élection d'Urbain VI est elle-même invalide et sans valeur théologique ni canonique aucune, car, comme je l'ai déjà souligné, ils la basent entièrement sur le faux argument très-mensonger que Urbain était un intrus, c'est-à-dire que son élection au Siège de Pierre faite pourtant par les cardinaux français de la manière la plus légitime du monde, ainsi qu'on l'a vu, n'avait, selon eux, aucune valeur, s'appuyant pour le dire sur leur mensonge qu'elle aurait été faite dans la non-liberté de l'Église. Par conséquent, voulant juger un intrus sur le Siège de Pierre, et non un pape légitime comme le fut indubitablement Urbain VI, toute leur procédure tombait à l'eau, ne valait rien. Mais ils répandaient de plus en plus partout dans la Chrétienté leur mensonge, par lettres et libelles venimeux, déclarant désormais à qui voulait l'entendre, urbi et orbi, l'invalidité de l'élection d'Urbain VI au Siège de Pierre...           
           
        Un magistrat de la ville de Florence, outré de colère contre les cardinaux français, leur écrivit une lettre intitulé Aux cardinaux d'au-delà des monts, [de la part de] toute la multitude des fidèles. N'en citons que ceci, bien vert et qui allait au fond du donf de la question : "... Et maintenant, ce Pontife que vous avez créé de vos mains, vous l'appelez dans vos lettres un apostat et un antechrist. Mais s'il est un intrus, qui est-ce qui ne vous appellera pas les criminels auteurs de son intrusion ? S'il est un antechrist, n'est-ce pas vous qui l'avez élevé contre le Christ par vos suffrages ? Il est par trop ridicule de blâmer impudemment ce que vous ne pouvez nier à la face des hommes d'avoir fait vous-mêmes" (ibid., pp. 13-14).           
           
        "Au lieu de répondre, soit alors, soit depuis, à ces questions embarrassantes, les cardinaux français s'efforcèrent de gagner les trois cardinaux italiens [l'un d'eux, car ils étaient quatre à la mort de Grégoire XI, étant décédé entre-temps]. Voici le dernier moyen qu'ils employèrent. Ils écrivirent à chacun des trois une lettre confidentielle, avec promesse de le nommer Pape à la place d'Urbain VI ; on lui demandait seulement le secret. La tentation était bien séduisante : les trois Italiens donnèrent chacun dans le même panneau. Ils se retirèrent d'abord de la cour d'Urbain VI dans le château de l'un d'entre eux, et enfin, se réunirent aux Français.
 
        "Le pape Urbain VI se voyant ainsi abandonné de tous les cardinaux, en créa vingt-neuf autres le dix-huit septembre. Trois n'acceptèrent pas ; sur les vingt-six qui acceptèrent, il y avait deux Français.           
           
        "(...) Ayant appris cette promotion de cardinaux de la part d'Urbain VI, les cardinaux français procédèrent deux jours après à l'élection d'un autre Pape. C'était à Fondi, plus près de Naples, où ils s'étaient retirés d'Anagni dès le vingt-sept août 1378. Ils s'assemblèrent, au nombre de quinze, dans le palais du comte, le vingtième jour de septembre. Les trois cardinaux italiens étaient présents, s'attendant peut-être chacun à être élu. Ils y furent bien trompés. Toutes les voix se portèrent sur le cardinal Robert de Genève, qui prit le nom de Clément VII, mais qui n'est point reconnu comme tel par l'Église romaine, où l'on ne reconnaît de Clément VII que Jules de Médicis, successeur de Léon X, au seizième siècle. Les trois Italiens, Pierre de Porto, Simon de Milan et Jacques des Ursins, se voyant ainsi joués, ne portèrent point de suffrages et se retirèrent le même jour sur les terres du troisième d'entre eux. On prétend toutefois qu'ils saluèrent le nouveau [anti-]pape" (ibid., pp. 14 & 15).
           
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        On voit donc les faits se bousculer à toute vitesse à qui mieux mieux vers le mal pour achever l'œuvre d'iniquité, mysterium iniquitatis, dans la fourchette très-étroite de deux jours seulement, c'était visiblement à qui, du pape et des cardinaux, irait le plus vite pour mal faire, le diable s'en frottant sûrement les mains de plaisir.
 
        Il convient à présent de bien commenter ces derniers faits historiques certains, qui vont débouter radicalement et complètement l'affirmation erronée de Mgr Viganò, qui voudrait que l'élection de Clément VII ait été approuvée par l'Église Universelle. Le texte de Rohrbacher réfute d'ailleurs d'emblée son affirmation controuvée très-clairement, sans équivoque : "... Clément VII, qui n'est point reconnu comme tel [comme vrai pape] par l'Église romaine [qui est le "nom d'humilité" (Journet) de l'Église Universelle quant à tout ce qui touche aux élections pontificales], où l'on ne reconnaît de Clément VII que Jules de Médicis, successeur de Léon X, au seizième siècle". On ne peut s'empêcher de se demander comment Mgr Viganò a pu asseoir l'opinion si manifestement fausse par tous les côtés où on la prend, comme nous l'allons voir maintenant, que le Clément VII du temps d'Urbain VI ait été approuvé par l'Église Universelle...           
           
        Premièrement, nous avons assez vu plus haut que l'archevêque de Bari fut le sujet d'une élection pontificale parfaitement valide, étant donc, depuis lors, le seul pape légitime actuel de toute l'orbe catholique. Comme on l'a déjà vu également, si les cardinaux français qui se sont dressés contre lui avaient reconnu la validité impeccable de son élection au Siège de Pierre, alors, en présence d'un pape vrai pape, ils auraient pu canoniquement, dans la majorité canonique du Sacré-Collège qui donc s'était détachée complètement de lui, acter ensemble sa déchéance, qui aurait eu pleine valeur, sur le plan théologique. Mais, aveuglés par leur passion, orgueil et haine d'Urbain, ils ne voulurent pas même considérer la validité de l'élection pontificale qu'ils avaient pourtant eux-mêmes dûment faite de l'archevêque de Bari au Siège de Pierre ! Ainsi donc, canoniquement, ne voulant considérer Urbain que comme un intrus sur le Siège de Pierre, c'est-à-dire n'ayant jamais été pape, ils se mirent eux-mêmes théologiquement hors-course, ne pensant pas même, dès lors, à acter une déchéance canonique d'un pape qu'ils ne veulent considérer que comme n'ayant jamais été pape. Au final, ce qu'il faut retenir sur le plan théologique, c'est que les cardinaux français n'ont pas acté la déchéance d'Urbain dans leur majorité canonique, et donc, condamnant par-là eux-même leur propre cause, ils n'ont pu empêcher que Urbain VI, qu'ils avaient légitimement élu, ne... restât pleinement et validement le seul pape légitime.           
           
        Et c'est alors que ce pape certainement pape, dès qu'il vit qu'il était abandonné par tous ses cardinaux aveuglés par leur haine et rancœur, va les prendre de vitesse. Il crée pour les remplacer le 18 septembre 1378 vingt-six nouveaux cardinaux, certainement cardinaux puisque lui, Urbain VI, restait toujours certainement vrai pape actuel. Dès lors, le Sacré-Collège se composait désormais, à partir de cette date, non plus seulement des vingt-trois cardinaux créés par Grégoire XI, en place dans le début de la crise, mais était augmenté des nouveaux cardinaux créés par Urbain VI, soit vingt-six, ce qui portait la composition du Sacré-Collège à quarante-neuf cardinaux.           
           
        Or, bien sûr, pour qu'une nouvelle élection pontificale postérieure au 18 septembre 1378 soit valide, comme étant faite légitimement par la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice, il fallait désormais nécessairement qu'elle soit faite par les deux/tiers plus un des... quarante-neuf cardinaux, soit par trente-trois cardinaux.           
           
        Ce qui signifie très-clairement que l'élection de Clément VII faite deux jours après la création de vingt-six nouveaux cardinaux par le pape Urbain, le 20 septembre 1378, par seulement quinze des cardinaux français, n'était pas valide et ne pouvait l'être d'aucune manière, non seulement parce que Urbain VI était toujours vrai pape, mais comme étant faite seulement par une fraction non-canonique du Sacré-Collège, n'étant pas approuvée par les deux/tiers du Sacré-Collège cardinalice plus un, seuls qualifiés pour représenter l'Église Universelle dans toute élection pontificale.           
           
        Ce qui convainc d'erreur totale Mgr Viganò, lorsqu'il dit le plus faussement du monde, trompant gravement ceux qui le lisent : "En 1378, après l'élection du pape Urbain VI, la majorité des cardinaux, des prélats et du peuple ont reconnu Clément VII comme pape, alors qu'il était en réalité un antipape". On se demande franchement où Mgr Viganò a été pêché cela ! "La majorité des cardinaux, des prélats et du peuple" reconnaissant comme pape Clément VII... n'était en réalité réduite qu'à... quinze cardinaux français félons et rebelles claquemurés à volets fermés dans le palais du comte de Fondi, lesquels, n'atteignant nullement par leur nombre réduit la majorité canonique des deux/tiers plus un du Sacré-Collège composé, après le 18 septembre 1378, de quarante-neuf cardinaux, ne pouvaient donc en aucune manière représenter l'Église Universelle à eux tout seuls. C'est pourquoi, immédiatement après sa pseudo-élection, Clément VII se trouve en compétition avec le pape Urbain VI et tous ceux qui lui faisait obédience, à peu près la moitié de l'orbe catholique toute entière, lui ôtant ainsi la moitié des suffrages de toute l'Église. Il est donc complètement faux de dire que Clément VII fut approuvé par l'Église Universelle. Et c'est bien pourquoi l'Église Universelle ne l'a jamais reconnu comme vrai pape, ni sur le moment ni par après, on en a la preuve pratique, de facto, par le simple fait que plus d'un siècle après, un pape postérieur légitime a pris le nom pontifical de Clément VII, et non VIII.           
           
        Non seulement donc, Clément VII ne fut qu'un anti-pape, ayant été élu par une fraction non-canonique du Sacré-Collège alors qu'Urbain était et restait toujours le pape actuel légitime, mais cet anti-pape n'a jamais été le sujet de la Reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de vrai pape actuel, qui ne peut être actée que par la majorité canonique du Sacré-Collège.          
           
        Or, si l'on exclue, comme la vérité historique oblige à le faire, le cas de l'antipape Clément VII, IL N'Y A AUCUN CAS D'ANTIPAPE DANS TOUTE L'HISTOIRE DE L'ÉGLISE QUI AURAIT SOI-DISANT ÉTÉ APPROUVÉ PAR L'ÉGLISE UNIVERSELLE. Je jette le gant et défie bien personnellement tout sédévacantiste de prouver jamais le contraire, en ce compris Mgr Viganò. Ce qui montre bien que la loi fondamentale de la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel sur un tel, est véridique et règle prochaine de la Légitimité pontificale.           
           
        Sur cela, pour le dire en passant, la journaliste tradi Michèle Reboul s'était fort avilie lorsque, dans un accès de fièvre sédévacantiste maligne, elle avait, dans les années 1990 si mes souvenirs sont bons, diffusé une liste de papes salement accouplés avec des antipapes très-nombreux, sans marquer aucune différence entre les uns et les autres, en… "oubliant" juste de préciser qu'AUCUN, parmi les nombreux antipapes listés, n'avait bénéficié de l'acte infaillible de la reconnaissance ecclésiale universelle sur sa schismatique personne…! Le sacrilège mélange laissait à penser au lecteur, d'une manière très-impie, que les élections pontificales n'étaient donc vraiment que, mille pardons, des... "bordels de foutoirs".
 
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        ... Hélas, Mgr Viganò, mû par l'hérésie sédévacantiste, ne trompe pas ses lecteurs seulement sur ce seul point dans son texte, il continue en les trompant sur un autre point important qu'on va maintenant aborder, toujours dans le même mauvais sens sédévacantiste.           
           
        Il voudrait pouvoir arguer, dans plusieurs passages de sa diatribe, que François n'aurait pas l'intention du Bien-Fin de la Papauté, telle qu'elle a été fondée par le Christ. Je le cite : "Ainsi, en prenant acte du fait que Bergoglio est un hérétique - et Amoris Lætitia ou sa déclaration sur l'immoralité intrinsèque de la peine capitale suffiraient à le prouver - nous devons nous demander si l'élection de 2013 a été en quelque sorte invalidée par un défaut de consentement, c'est-à-dire si l'élu a voulu devenir pape de l'Église catholique". Et donc, croit-il pouvoir en déduire, le fait que François ne veuille pas être pape comme le Christ l'a voulu pour l'Église, est une cause dirimante qui invalide son élection de 2013.           
           
        Là encore, on est bien obligé de constater à nouveau que Mgr Viganò s'enferre dans son raisonnement sédévacantiste hérétique, qui fait abstraction totale de l'Assistance du Saint-Esprit à l'Église Universelle dans les élections pontificales, assurant infailliblement, à toutes et chacune d'elles depuis saint Pierre, leur validité formelle, à partir du moment où elles sont théologiquement achevées, ce qui est formellement le cas dès lors que l'acte de Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Pontife romain actuel est acté sur le nouvel élu au Siège de Pierre.           
           
        Voilà comment doit raisonner en effet le catholique orthodoxe, ce que n'est pas hélas, sur le sujet, Mgr Viganò : supposons un papabile hérétique qui n'a pas l'intention de réaliser le Bien-Fin de l'Église, mais cela est caché à la grande majorité des cardinaux qui doivent élire un nouveau pape, et, habile à séduire et déguiser son apostasie, il recueille de plus en plus de voix cardinalices sur sa tête dans le conclave. Éh bien !, il est de Foi, de fide, que ce loup déguisé en agneau ne pourra pas recueillir les deux/tiers des voix cardinalices plus une, théologiquement nécessaires pour le faire vrai pape, verus papa, le Saint-Esprit, qui n'a pas le Bras raccourci, suscitera un évènement ou un autre pour l'empêcher.
           
        C'est ce qu'explique fort bien le cardinal Louis Billot, très-grand théologien néo-thomiste, une des dernières grandes figures cardinalices avant la tourmente vaticandeuse sous les papes Pie X et Pie XI, en prenant l'exemple de Savonarole qui opinait à tort que le pape Alexandre VI était hérétique et que donc il n'était pas pape. Billot objecte immédiatement contre cette opinion le raisonnement de Foi en la matière, que je conseille fort à Mgr Viganò de méditer à deux genoux devant son crucifix : impossible que le pape Alexandre VI soit hérétique formel, puisque il est approuvé et reconnu comme vrai pape par toute l'Église. Et bien sûr, le même raisonnement est à faire quant au pape François. Mais lisons le cardinal Billot dans les mots mêmes qu'il emploie : "… Disons ce mot, au passage, contre ceux qui, cherchant à justifier certaines tentatives de schisme faites à l'époque d'Alexandre VI, allèguent que l'instigateur de ce schisme répandait qu'il avait des preuves très-certaines de l'hérésie d'Alexandre, et qu'il serait prêt à les révéler dans un concile général. Sans donner d'autres raisons qui permettraient de réfuter aisément cette opinion, qu'il suffise de rappeler ceci : il est certain que lorsque Savonarole écrivait ses lettres aux princes [pour dénoncer cette soi-disant "hérésie" d'Alexandre VI], toute la chrétienté adhérait à Alexandre VI et lui obéissait comme au vrai pontife. POUR CETTE RAISON MÊME, ALEXANDRE VI N'ÉTAIT PAS UN FAUX PAPE, MAIS UN PAPE LÉGITIME. DONC, IL N'ÉTAIT PAS HÉRÉTIQUE, au moins dans ce sens qu'un héré­tique cesse d'être membre de l'Église et qu'il est privé en conséquence, par la nature même des choses, du pouvoir pontifical et de toute autre juridiction" (De Ecclesio, cardinal Billot, t. XXIX, § 3, p. 612-613).           
           
        Voilà un point de Foi qui détruit complètement le raisonnement schismatico-hérétique que fait Mgr Viganò quant au pape François dont il veut supposer qu'il est hérétique formel, comme n'ayant pas l'intention de remplir l'office de pape tel que le Christ l'a constitué, et que donc il faut professer qu'il n'est pas pape. Pour paraphraser Billot : Il est certain que lorsque Mgr Viganò écrit sa diatribe pour dénoncer aux fidèles la soi-disant hérésie formelle de François, toute la Chrétienté adhère à François et lui obéit comme au vrai pontife. Pour cette raison même, François n'est pas un faux pape, mais un pape légitime. Donc, il n'est pas hérétique formel, etc.           
           
        Causa finita est, la cause est finie.
 
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        Dans le même ordre d'idées sédévacantistes fausses, Mgr Viganò évoque évasivement aussi le fait que l'élection de François pourrait bien avoir fait préalablement l'objet d'intrigues secrètes de la part de certains cardinaux en liaison avec ce qu'il appelle "l'église profonde" et "l'état profond", ce qui, argue-t-il, invaliderait son élection pontificale... quand bien même celle-ci a fait l'objet de l'infaillible reconnaissance ecclésiale universelle qui assure de fide au catholique qu'elle est valide... mais de cela, le sédévacantiste, on ne le sait que trop, n'a cure, considérant comme inexistant ce Digitus Dei hic est du Saint-Esprit, et donc inexistant le... Saint-Esprit Lui-même, excusez du peu.           
           
        Mgr Viganò rejoint là le raisonnement du cardinal Raymond Burke qui, partant d'une pure supputation complotiste qui n'est absolument pas démontrée, il le reconnaît lui-même, celle dite du "groupe de Saint-Gall" (il est bon de rappeler que le cardinal Kasper a formellement démenti qu'il ait été question d'élection pontificale dans ces réunions, dont il était un des principaux membres), a invoqué le § 79 de la Constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II sur les élections pontificales, lequel, selon lui, pourrait invalider l'élection de François au Siège de Pierre, laquelle pourtant a été théologiquement dûment faite par la majorité canonique des cardinaux jusqu'à son "oui, accepto" et ne peut donc qu'être valide, car elle aurait été possiblement obtenue par un pacte secret entre grands-cardinaux électeurs, en quelque sorte par "délit d'initiés" pourrait-on dire dans un langage de financiers modernes...          
           
        Or, notre cardinal de mouvance conservatrice, et Mgr Viganò derrière lui, visiblement trop pressés, ont mal lu ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II. Je le cite textuellement, tout d'abord : "§ 79. ― De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".           
           
        Cependant, pour bien comprendre la théologie qui sous-tend ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales, il faut lire préalablement le n° 78 où elle est exposée explicitement, qui a trait aux élections pontificales simoniaques. Le cardinal Burke est vraiment en faute de ne l'avoir point fait. Pour ce qui est de moi, que Dieu a consacré et qui me suis consacré à la vérité intégrale et non intégriste quant à la théologie de "la crise de l'Église", je lis donc ensemble ces deux numéros 78 & 79, parce que c'est seulement de cette manière que l'on aura le vrai sens de ce qu'il faut entendre dans le n° 79:       
           
        "§ 78. ― Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23).          
           
        "§ 79. ― DE MÊME, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".   
           
        Voyons maintenant ce que Jean-Paul II mettait dans sa note 23, qui fonde sur la Tradition magistérielle tout le raisonnement qu'il tient dans ce n° 78, qui, lui-même, va être l'assise doctrinale du n° 79 : "Cf. S. PIE X, Const. ap. Vacante Sede Apostolica (25 décembre 1904), n. 79 : Pii X Pontificis Maximi Acta, III, (1908), p. 282 ; PIE XII, Const. ap. Vacantis Apostolicæ Sedis (8 décembre 1945), n. 92 : AAS 38 (1946), p. 94 ; PAUL VI, Const. ap. Romano Pontifici eligendo (1er octobre 1975), n. 79 : AAS 67 (1975), p. 641".           
           
        Ainsi donc, il suffisait de... bien lire (!) la constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales pour invalider complètement le raisonnement sédévacantiste attentatoire à la Constitution divine de l'Église qu'ose tenir le cardinal Raymond Burke, auquel Mgr Viganò se rallie, au moins implicitement. Le raisonnement que tient Jean-Paul II dans ces numéros 78 & 79 est en effet le suivant : si une élection pontificale est délictueuse ou défectueuse, soit par simonie soit par intrigues, sont excommuniés tous ceux qui prennent part active à ce délit ou cette défectuosité, MAIS L'ÉLECTION DU NOUVEAU VICAIRE DU CHRIST AINSI FAITE ET ENTACHÉE, EST ET RESTE VALIDE. Et la même règle fondamentale régit toute élection pontificale qui serait délictueuse ou défectueuse pour une raison ou pour une autre, de droit divin ou de droit canon, car elle est basée sur la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui veut qu'une élection pontificale ne saurait plus être entachée d'aucun vice, ni de forme ni de fond, à partir du moment où elle est reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique du Sacré-Collège cardinalice.        
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs, Jean-Paul II introduit son § 79 par "DE MÊME", qui le lie formellement dans le raisonnement théologique au § 78, c'est-à-dire que le même raisonnement théologique qu'on y a vu, qui excommunie les fauteurs de simonie mais ne touche en rien à la validité de l'élection pontificale simoniaque, s'applique également à une élection pontificale entachée d'intrigues.           
           
        La conclusion est donc des plus certaines : même si l'élection de François succédant à Benoît XVI avait été faite par "délit d'initiés", par intrigues secrètes entre grands cardinaux électeurs, ce qui serait certes un vice dans son élection, les cardinaux qui se seraient rendus coupables d'un tel délit seraient excommuniés, MAIS L'ÉLECTION DU PAPE FRANÇOIS QU'ILS AURAIENT AINSI FAITE FRAUDULEUSEMENT SERAIT ET RESTERAIT VALIDE.           
           
        Mais nous n'avons pas encore recueilli tout le fruit excellent, très-catholique, du raisonnement que tient Jean-Paul II quant aux élections du Pontife romain. Après avoir dit, s'appuyant pour cela sur ses prédécesseurs, les Pie X, Pie XII et Paul VI, dans sa Constitution sur les élections pontificales, que les élections pontificales simoniaques, c'est-à-dire canoniquement entachées, n'en restent pas moins parfaitement valides, il en donne la raison théologique : "... et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23)".           
           
        ― "Comme cela a été établi par mes Prédécesseurs". Jean-Paul II faisait là briève mais fort exacte allusion principalement à la Constitution du pape Pie X sur les élections pontificales, de 1904. Pie X fut effectivement le premier pape à supprimer la nullité des élections pontificales simoniaques.           
           
        ― "Afin que, pour cette raison, (...) ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain" : c'est implicitement professer qu'une élection pontificale théologiquement achevée par la Reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de vrai pape sur le nouvel élu au Siège de Pierre, ne saurait jamais être remise en cause et déclarée invalide, pour quelque cause que ce soit... et c'est précisément là retomber dans la doctrine catholique sur le sujet, que je mets bien haut sur le chandelier dans mon présent article, comme je l'ai sans cesse fait dans tant d'autres que j'ai écris depuis plus de vingt-cinq ans, doctrine catholique hérétiquement niée par les schismatico-sédévacantistes de tout poil.           
           
        Là encore : causa finita est.
 
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        Il me tient beaucoup à cœur et à grand'devoir de régler un autre point, fort important pour bien comprendre le fond de "la crise de l'Église", que le sédévacantiste, par son attitude mentale fanatique et obscurantiste, ne saurait comprendre.           
           
        À lire Mgr Viganò dans sa diatribe virulente, on serait presque tenté de croire que le pape François serait la cause principale de "la crise de l'Église" !, on aurait presque envie d'en déduire : éh bien, mais alors, mais réglons-lui son compte à celui-là, faisons-lui son affaire, destituons-le, et même n'hésitons pas à faire un autre pape, comme les orgueilleux cardinaux français du temps d'Urbain VI l'ont fait et comme des sédévacantistes l'ont fait eux aussi, tout aussi orgueilleusement, ... et pourquoi pas choisir Mgr Viganò lui-même puisqu'aussi bien il a été "élu pape" à la place de François en 2019 par les fanatiques chorévêques sédévacs du Patriarcat Catholique Byzantins (cf. mon précédent article, au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/...%20HABEMUS%20PAPAM%20!!!?Itemid=154), et alors, alors, l'Église pourra repartir sur de bonnes bases...!             
           
        Or, bien sûr, il serait ridicule de faire pareil raisonnement. Il faut dépassionner le problème, le dépersonnaliser quant à la fonction pontificale, pour bien comprendre "la crise de l'Église". Loin que celle-ci soit imputable au seul François, et c'est juste une grossière évidence que de le dire, elle remonte beaucoup plus loin, Mgr Viganò d'ailleurs le reconnaît, n'hésitant pas à incriminer Vatican II comme source du mal ecclésial contemporain ; et c'est louable de sa part, lui qui est resté les pieds dans une Église vaticandeuse sans réagir jusqu'à la scandaleuse crise Mc-Carrick, autrement dit jusque très-tard dans ces dernières années donc, étant véritablement un ouvrier de la onzième heure et demi dans le combat de la Foi.           
           
        Prenons par exemple l'allégeance des papes modernes au mondialisme initiatique. Mais je commence par citer le reproche violent fait à François par Mgr Viganò de son mondialisme : "La participation de Bergoglio à un événement sponsorisé par la Fondation Clinton, après d'autres soutiens non moins scandaleux de l'élite mondialiste, confirme son rôle de liquidateur de la faillite de l'Église, dans le but de lui substituer la constitution de cette Religion de l'Humanité qui servira de servante à la synarchie du Nouvel Ordre Mondial".           
           
        Or, la vérité, c'est qu'en faisant allégeance au mondialisme, François ne fait là rien d'autre que prendre la succession et l'héritage maudit de TOUS les papes modernes, peu ou prou.           
           
        Voyons cela de plus près et dans le grand détail, c'est évidemment très-important pour avoir une vraie vue des choses de "LA PASSION DE l'ÉGLISE". Commençons par noter que saint Jean-Paul II a reçu les membres de la Trilatérale en 1983, ces francs-maçons ouvertement mondialistes du pire mondialisme initiatique, dont la Fondation Clinton n'est guère qu'un épigone parmi d'autres, en les accueillant d'un chaleureux : "C'est avec plaisir que je rencontre les membres de la Commission Trilatérale" (cf. Documentation Catholique numéro 1852, p. 516).           
           
        Et Jean-Paul II ne faisait là que suivre Paul VI. Son discours à l'ONU du 4 octobre 1965, où il prostitue d'une manière éhontée, humiliante et affreuse, le Siège de Pierre et toute l'Église à la prostituée de Babylone, au mondialisme, comme peut-être aucun autre pape avant et après lui ne l'a fait, pas même François, le montre abominablement.           
           
        En voici un florilège éloquent : "Les peuples se tournent vers les Nations Unies comme vers l’ultime [!!] espoir de la concorde et de la paix ; Nous osons apporter ici, avec le Nôtre, leur tribut d’honneur et d’espérance [!!!]" ― "En plus de notre hommage personnel, Nous vous apportons celui du second Concile œcuménique du Vatican, actuellement réuni à Rome : en leur nom comme au Nôtre, à vous tous, honneur et salut !" ― "C'est depuis longtemps que Nous sommes en route, et Nous portons avec Nous une longue histoire ; Nous célébrons ici l'épilogue d'un laborieux pèlerinage à la recherche d'un colloque avec le monde entier, depuis le jour où il Nous fut commandé «Allez porter la bonne nouvelle à toutes les Nations !» Or, c'est vous qui représentez toutes les nations [Quelle scandaleuse tricherie dans ces phrases ! Comme si l'Église avaient vécu ses vingt siècles de christianisme aux fins ultimes de pouvoir... épouser le monde dans un colloque, c'est-à-dire un dialogue non-convertisseur, pire, un dialogue où c'est le Vicaire du Christ qui se convertit et convertit l'Église au monde via l'ONU !!! Un colloque qui contredit du tout au tout le commandement évangélique cité !!!] ― "Laissez-Nous vous dire que Nous avons pour vous tous un message, oui, un heureux message, à remettre à chacun d'entre vous. Notre message veut être tout d'abord une ratification morale et solennelle de cette haute institution, (...) convaincu comme Nous le sommes que cette Organisation représente le chemin obligé de la civilisation moderne et de la paix mondiale [!!!]" ― "L'édifice que vous avez construit ne doit plus jamais tomber en ruines : il doit être perfectionné et adapté aux exigences que l'histoire du monde présentera. Vous marquez une étape dans le développement de l'humanité : désormais, impossible de reculer, il faut avancer" ― "Vous ne conférez certes pas l'existence aux États : mais vous qualifiez comme dignes de siéger dans l'assemblée ordonnée des peuples chacune des nations, vous lui garantissez une honorable citoyenneté internationale. C'est déjà un grand service rendu à la cause de l'humanité" ― "... Tel est Notre éloge et Notre souhait, et comme vous le voyez Nous ne les attribuons pas du dehors : Nous les tirons du dedans, du génie même de votre Institution [!!!]"― "Vous êtes une Association. Vous êtes un pont entre les peuples. Vous êtes un réseau de rapports entre les États. Nous serions tentés de dire que votre caractéristique reflète en quelque sorte dans l'ordre temporel ce que notre Église Catholique veut être dans l'ordre spirituel : unique et universel [Propos scandaleusement blasphématoire !!! Paul VI ose dire que l'ONU réalise le Royaume, c'est-à-dire la partie temporelle de l'Église, ni plus ni moins !!! C'est à ce genre de détours que l'on voit bien que les papes modernes ont complètement cédé à la tentation du pseudo-Millenium de l'Antéchrist ou mondialisme initiatique...]. On ne peut rien concevoir de plus élevé sur le plan naturel, dans la construction idéologique de l'humanité [??!]" ― "Qui ne voit la nécessité d'arriver ainsi progressivement à instaurer une autorité mondiale en mesure d'agir efficacement sur le plan juridique et politique ?" ― "Ici encore, nous répétons Notre souhait : allez de l'avant !" ― "Vous avez, Messieurs, accompli, et vous accomplissez une grande œuvre : vous enseignez aux hommes la paix [Propos scandaleux, inouïs, blasphématoires, antéchrists au plus haut point !!! Ce n'est plus le Christ qui donne la paix au monde "Je vous donne MA paix", pour Paul VI c'est l'ONU qui la donne, et c'est le pape qui ose dire cela !!!]" ― "L'ONU est la grande école où l'on reçoit cette éducation, et nous sommes ici dans l'Aula Magna de cette école [!!!]. Quiconque prend place ici devient élève et devient maître dans l'art de construire la paix [!!!]. Et quand vous sortez de cette salle, le monde regarde vers vous comme vers les architectes, les constructeurs de la paix [!!!]" ― "Mais vous, votre courage et votre valeur vous poussent à étudier les moyens de garantir la sécurité de la vie internationale sans recourir aux armes (...). Et pour cela, il faut que grandisse la confiance unanime en cette Institution, que grandisse son autorité ; et le but alors (on peut l'espérer) sera atteint" ― "Vous ne vous contentez pas de faciliter la coexistence entre les nations : vous faites un bien plus grand pas en avant, digne de Notre éloge et de Notre appui : vous organisez la collaboration fraternelle des Peuples. Ici s'instaure un système de solidarité qui fait que de hautes finalités, dans l'ordre de la civilisation, reçoivent l'appui unanime et ordonné de toute la famille des Peuples, pour le bien de tous et de chacun. C'est ce qu'il y a de plus beau dans l'Organisation des Nations Unies, c'est son visage humain le plus authentique [!!!] ; c'est l'idéal dont rêve l'humanité dans son pèlerinage à travers le temps ; c'est le plus grand espoir du monde [!!!] ; Nous oserons dire : c'est le reflet du dessein de Dieu (dessein transcendant et plein d'amour) pour le progrès de la société humaine sur la terre, reflet où Nous voyons le message évangélique, de céleste, se faire terrestre [On voit très-bien ici le pape céder complètement à la tentation de prendre le mondialisme initiatique ou pseudo-Millenium antéchristique pour le vrai Millenium, le vrai Royaume...]" ― "Mais il ne suffit pas de nourrir les affamés, encore faut-il assurer à chaque homme une vie conforme à sa dignité. Et c'est ce que vous vous efforcez de faire. N'est-ce pas l'accomplissement, sous Nos yeux, et grâce à vous, de l'annonce prophétique qui s'applique si bien à votre Institution : «Ils fondront leurs épées pour en faire des charrues et leurs lances pour en faire des faux» (Is II, 4) [Cette prophétie d'Isaïe concerne le Millenium qui sera instauré par le Christ glorieux après la chute de l'Antéchrist-personne... et non avant : continuation de l'illuminisme pseudo-millénariste du pape, qui ose blasphématoirement appliquer les prophéties divines qui ont trait au Royaume de la gloire du Christ ou Millenium, d'essence surnaturelle-eschatologique, au projet mondialiste initiatique antéchristique...] ? N'employez-vous pas les prodigieuses énergies de la terre et les magnifiques inventions de la science non plus en instruments de mort, mais en instruments de vie pour la nouvelle ère de l'humanité ?" (fin de citation).           
           
        Paul VI, dans un passage que je n'ai pas cité de ce dithyrambe spirituellement impudique à la louange de l'ONU, qui nous couvre de honte cuisante et remue en même temps dans notre âme une sainte-colère Boanergès, évoquait la dernière encyclique de Jean XXIII, Pacem in terris, en 1963. Éh oui, il nous faut remonter encore plus haut dans la papauté, pour comprendre que les papes modernes sont pervertis depuis longtemps par le mondialisme initiatique, François n'étant en définitive presque qu'un pâle épigone. Ayons le courage de la Foi de le faire, et parcourons donc un peu cette encyclique de 1963 :           
           
        Pour commencer, notons que c'est la première fois depuis la Révolution, que les "droits de l'homme" sont reconnus bons et sains en soi par un pape dans une encyclique, via la formule de 1948 de la Déclaration universelle des droits de l'homme, éloge de Jean XXIII à peine bémolisé par de vagues réserves non-formulées expressément. Or, bien sûr, les "droits de l'homme" sont le fondement métaphysique du mondialisme initiatique... Mais toute l'encyclique est bâtie sur les "droits de l'homme" d'un humanisme pseudo-chrétien intégral à la Maritain menant inéluctablement au mondialisme, qui va être, comme on va le voir, montré par le pape aux peuples comme une nécessité non seulement primordiale mais urgente à mettre en œuvre (... en 1963 !), un aboutissement de leur destinée commune moralement... obligatoire. Autrement dit, sous Jean XXIII, "valeurs laïques et valeurs chrétiennes sont appelées à se conforter pour promouvoir fraternellement la liberté et l’égalité dans la société qui naît aujourd’hui", comme blablatait l’épiscope Defois qui sévissait à la tête de l'épiscopat français dans les années 1990. C’est-à-dire que cesdites valeurs, mises sur pied d'égalité, deviennent parfaitement synonymes : ce qui signifie que le christianisme se laïcisant de l’intérieur et le laïcisme se christianisant par l’extérieur, se rejoignent et s'épousent pour engendrer le monstre d'iniquité d'une société mondialiste complètement antéchristisée qui sex-appeal le surgissement soudain d'un "homme providentiel" pour la diriger, "l'homme-qui-vient" (Soloviev), l'Antéchrist-personne, venant couronner le mondialisme initiatique dans son règne... que le monde et les papes lui auront préparé.           
           
        Mais restons à notre sujet précis, l'allégeance du pape Jean XXIII au mondialisme onusien. Il ne faut pas chercher loin dans Pacem in terris pour la trouver...           
           
        Après avoir dit qu'à notre époque plus aucun peuple ne peut vivre dans l'indépendance par rapport aux autres peuples (= "On voit par là qu'un pays pris isolément n'est absolument plus en mesure de subvenir convenablement à ses besoins, ni d'atteindre son développement normal. Le progrès et la prospérité de chaque nation sont à la fois cause et effet de la prospérité et du progrès de toutes les autres" ― § 131), le pape, le Vicaire du Christ-Roy, pose la nécessité absolue d'instaurer... un gouvernement mondial : "De nos jours, de profonds changements sont intervenus dans les rapports entre les États. D'une part, le bien commun universel soulève des problèmes extrêmement graves, difficiles, et qui exigent une solution rapide, surtout quand il s’agit de la défense de la sécurité et de la paix mondiales. D'autre part, au regard du droit, les pouvoirs publics des diverses communautés politiques se trouvent sur un pied d'égalité les uns à l'égard des autres ; ils ont beau multiplier les Congrès et les recherches en vue d'établir de meilleurs instruments juridiques, ils ne parviennent plus à affronter et à résoudre efficacement ces problèmes. Non pas qu'eux-mêmes manquent de bonne volonté et d'initiative, mais c'est l'autorité dont ils sont investis qui est insuffisante. Dans les conditions actuelles de la communauté humaine, l'organisation et le fonctionnement des États aussi bien que l'autorité conférée à tous les gouvernements ne permettent pas, il faut l'avouer, de promouvoir comme il faut le bien commun universel" (§§ 134-135).
 
        Après ces prolégomènes qui font plus que flécher, comme Bison futé, la direction à suivre, Jean XXIII, de conclure cqfd : "De nos jours, le bien commun universel pose des problèmes de dimensions mondiales. Ils ne peuvent être résolus que par une autorité publique dont le pouvoir, la constitution et les moyens d'action prennent eux aussi des dimensions mondiales et qui puisse exercer son action sur toute l'étendue de la terre. C'est donc l'ordre moral lui-même qui exige la constitution d'une autorité publique de compétence universelle" (§ 137) !!!
 
        Mais vous voudriez peut-être vous dire, amis chrétiens, que cette "autorité publique de compétence universelle" n'est pas dite par le pape devoir être sous égide de l'ONU, qu'elle pourrait donc ne pas faire référence au mondialisme initiatique ? Détrompez-vous. Jean XXIII, anticipant le délire fou de Paul VI dans Pacem in terris (qui d'ailleurs, probablement, fut écrite par le cardinal Montini futur Paul VI), et, nous allons le voir, ne faisant lui-même que suivre Pie XII sur cela, va explicitement faire découler cette dite autorité mondiale... de l'autorité de l'ONU.           
           
        Après donc avoir posé quasi "théologiquement" la nécessité morale pour nos temps de l'établissement d'un nouvel ordre mondial à base d'humanisme intégral, Jean XXIII poursuivait : "Cet organisme de caractère général, dont l'autorité vaille au plan mondial et qui possède les moyens efficaces pour promouvoir le bien universel, doit être constitué par un accord unanime" (§ 138) ; et de préciser plus damnablement encore : "Pas plus que le bien commun d'une nation en particulier, le bien commun universel ne peut être défini sans référence à la personne humaine. C'est pourquoi les pouvoirs publics de la communauté mondiale doivent se proposer comme objectif fondamental la reconnaissance, le respect, la défense et le développement des droits de la personne humaine. Ce qui peut être obtenu soit par son intervention directe, s'il y a lieu [c'est-à-dire que le pape suppose révolutionnairement une autorité mondiale qui puisse annihiler carrément, dans certains cas, l'autorité souverainiste de toutes et chacune des nations...!!], soit en créant sur le plan mondial les conditions qui permettront aux gouvernements nationaux de mieux remplir leur mission" (§ 139).           
           
        Tout pouvoir est donc donné par le pape à l'organisme juridique international mondialiste sur tout homme (... Bill Gates et Ursula von der Leyen seraient ravis de lire cela, n'est-ce pas leur plan de donner à l'OMS, branche de l'ONU, tout pouvoir vaccinal sanitaire sur toutes les nations, donc sur tous les hommes, en court-circuitant l'autorité des nations ?), et de plus il est évident ici que les droits de la personne humaine sont rigoureusement pensés et normés en adéquation avec la très-athée Déclaration universelle des droits de l'homme dont le pape ose dire qu'il s'agit d'"un des actes les plus importants accomplis par l'ONU" (§ 143)...!!! Convenez avec moi que l'Antéchrist-personne n'aura presque rien à faire quand il prendra les rênes de l'ONU, le pape lui aura mâché tout le boulot, lui aura tout préparé, ayant conféré à l'organisme universel qu'il n'aura qu'à patronner, tous pouvoirs clef en mains ! Il n'aura plus qu'à tourner la clef de contact... C'est alors que se comprend d'autant mieux la grande prophétie apocalyptique : "Je te garderai de l'heure de la tentation qui va s'abattre sur l'univers entier" (III, 10)... une tentation universelle mise en œuvre ou du moins sponsorisée, donc, par les papes modernes.           
           
        Justement, le pape moderne "antéchristisé" de Pacem in terris voit un signe des temps, justement, dans... la création de l'ONU : "Comme chacun sait, le 6 juin 1945, a été fondée l'Organisation des Nations Unies (ONU), à laquelle sont venus se rattacher, par la suite, des organismes intergouvernementaux. À ces organisations ont été confiées de vastes attributions de portée internationale, sur le plan économique et social, culturel, éducatif et sanitaire. Le but essentiel de l'Organisation des Nations Unies est de maintenir et de consolider la paix entre les peuples, de favoriser et de développer entre eux des relations amicales, fondées sur le principe de l'égalité, du respect réciproque et de la collaboration la plus large dans tous les secteurs de l'activité humaine" (§ 142). Puis encore, Jean XXIII approuve la très-athée Déclaration universelle des droits de l'homme : "Nous considérons cette Déclaration comme un pas vers l'établissement d'une organisation juridico-politique de la communauté mondiale" (§ 144) !!! C'est là qu'on voit bien que les papes modernes ont cédé pas à n'importe quel mondialisme, mais au mondialisme initiatique qui mènera au règne de l'Antéchrist-personne. Ce n'est plus seulement du délire abstrait et utopique dans les nuages, c'est de l'apostasie pure et simple.
 
        Puis enfin, quittant le ton neutre et doctoral de l'encyclique, le pape livre le fond de son cœur pontifical, il montre son grand et immense bonheur de... l'existence de l'ONU, dont Pie XII avait dit dans son Message de Noël 1944, nous allons le voir car il faut actionner encore d'un cran en arrière la machine pontificale à remonter le temps, que "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution [menant à la création de l'ONU] avec plus de joie, PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici [que Nous-même]". Jean XXIII n'est pas en reste : "Nous désirons donc vivement que l'organisation des Nations Unies puisse de plus en plus adapter ses structures et ses moyens d'action à l'étendue et à la haute valeur de sa mission. Puisse-t-il arriver bientôt, le moment où cette Organisation garantira efficacement les droits qui dérivent directement de notre dignité naturelle, et qui, pour cette raison, sont universels, inviolables et inaliénables. Ce vœu est d'autant plus ardent qu'aujourd'hui les hommes participent davantage aux affaires publiques de leur propre pays, qu'ils témoignent d'un intérêt croissant pour les problèmes de portée mondiale et prennent une conscience plus vive de leur qualité de membres actifs de la famille humaine universelle" (§ 145).
 
        Donc : la sauvegarde de ma dignité d'homme ne me vient plus de Dieu par Sa Providence, comme la Foi catholique me l'enseigne, elle est commise aux hommes et doit me venir uniquement par eux... vive la bigbrothérisation orwelienne de la société. Comment, ici, ne pas penser à l'anathème de saint Paul : "QUAND LES HOMMES DIRONT «PAIX & SÉCURITÉ», SUBITEMENT LA CATASTROPHE LES SAISIRA COMME LES DOULEURS PRENNENT LA FEMME QUI VA ENFANTER, ET ILS N'ÉCHAPPERONT PAS"(I Thess V, 3). Combien saint Paul nous révèle là que les hommes déclenchent la Sainte-Colère de Dieu sur eux lorsque, tels les antiques rebelles de la tour de Babel, ils veulent établir par eux-mêmes la paix mondiale...! Alors, voir que ce sont les papes qui les poussent ardemment à cela...!!! Oh ! quelle tristesse de voir que ce sont les papes modernes qui réalisent les prophéties concernant les derniers Temps, qui appellent véhémentement, via le mondialisme initiatique, le règne de l'Antéchrist-personne...           
           
        Et je remonte à présent au pape Pie XII, appelant très-ardemment de tous ses vœux pontificaux, dans le Message de Noël 1944, cette paix mondiale que les hommes créent, se donnent entre eux dans des instances internationales qu'ils érigent eux-mêmes démocratiquement et qui seront le substrat mondialiste initiatique du pouvoir de l'Antéchrist-personne (je tire cela de mon Traité de la religion royale française ou le vrai visage de Clovis, pp. 265, sq.) :           
           
        "... Pie XII, à la fin de la guerre, ne se retient plus. Dans cette dernière allocution urbi & orbi, immédiatement après un petit préambule sur l’espérance surnaturelle apportée par Noël dans les âmes, le pape ose en faire abruptement l’application à l’avènement du... nouvel ordre international, que fait miroiter la prochaine création de l’ONU dont tout le monde parle : «Aurore d’espérance.— Béni soit le Seigneur ! Des lugubres gémissements de la douleur, du sein même de l’angoisse déchirante des individus et des pays opprimés, se lève une aurore d’espérance. Dans une partie toujours croissante de nobles esprits [...?], surgissent une pensée, une volonté de plus en plus claire et ferme : faire de cette guerre mondiale, de cet universel bouleversement, le point de départ d’UNE ÈRE NOUVELLE POUR LE RENOUVELLEMENT PROFOND, LA RÉORGANISATION TOTALE DU MONDE. À cet effet, tandis que les armées continuent à s’épuiser en luttes meurtrières, avec des moyens de combat toujours plus cruels, les hommes de gouvernement, représentants responsables des nations, se réunissent pour des conversations, pour des conférences, en vue de déterminer les droits et les devoirs fondamentaux sur lesquels devrait être reconstruite une communauté des États, de tracer le chemin vers un avenir meilleur, plus sûr, plus digne de l’humanité. Antithèse étrange, cette coïncidence d’une guerre dont l’âpreté tend au paroxysme, et du remarquable progrès des aspirations et des projets vers une entente pour une paix solide et durable ! On peut bien discuter sans doute la valeur, l’applicabilité, l’efficacité de tel ou tel projet, le jugement à porter sur eux peut bien rester en suspens ; MAIS IL N’EN RESTE PAS MOINS VRAI QUE LE MOUVEMENT EST EN COURS [ce dont Pie XII ose se réjouir...]».           
           
        "Puis, on voit Pie XII exalter le principe de «l’unité du genre humain et de la famille des peuples» : «De la reconnaissance de ce principe dépend l’avenir de la paix. Si cette exigence morale trouvait sa réalisation dans une société des peuples qui saurait éviter les défauts de structure et les faiblesses des solutions précédentes [Pie XII fait là allusion à la défunte SDN], alors, la majesté de cet ordre réglerait et dominerait également les délibérations de cette société et l’application de ses moyens de sanction. Pour la même raison, on comprend que l’autorité d’une telle société des peuples devra être réelle et effective sur les États qui en sont les membres, de manière pourtant que chacun d’entre eux conserve un droit égal à sa souveraineté RELATIVE [... Comprenons bien l'incroyable, l'inouï propos de Pie XII : il déclare là, ni plus ni moins, aboli l'économie du Temps des nations, et milite de toutes ses forces pour que soit mis en place ce qui doit la remplacer, une nouvelle économie pseudo-millénariste où tous les peuples se gèreront démocratiquement ensemble et entre eux, autrement dit, c'est carrément vouloir "changer les temps et les lois" comme prophétisait Daniel de ce que voudra faire l'Antéchrist-personne ; car dire de la souveraineté nationale qu'elle ne doit plus être que relative, c'est la supprimer tout simplement, et donc supprimer la nation elle-même qui ne peut vivre et exister que par sa souveraineté absolue, sinon rien : la souveraineté en effet, comme d'ailleurs le dit très-bien l'étymologie du mot, est absolue ou... n'existe pas ; parler d'une souveraineté relative, c'est un oxymore puissant et surtout absurde ; mais Pie XII, dans tous ses Noëls de guerre, est tellement enthousiasmé et entiché de la nouvelle économie de salut politique internationale basée sur un pseudo-Millenium, un mondialisme de nature antéchristique, qu'il ne voit même plus l'absurdité de son propos...]. C’est seulement de cette manière [... donc : en supprimant la souveraineté pleine et entière des États-nations !!] que l’esprit d’une saine [!!!] démocratie pourra pénétrer également dans le domaine vaste et épineux de la politique extérieure».           
           
        "Et Pie XII de conclure le radio-message de Noël 1944, par ce que l’on peut appeler son idée fixe en matière de politique internationale, à laquelle il se dit attachée... plus que personne : «Formation d’un organisme commun pour le maintien de la paix.— Les décisions connues jusqu’ici des Commission internationales [celles qui aboutiront, suivez le guide pontifical, aux... très-maçonniques accords de Yalta !] permettent de conclure qu’un point essentiel de tout aménagement futur du monde serait la formation d’un organisme pour le maintien de la paix ; d’un organisme investi de commun accord d’une autorité suprême [... Comme s'il était au pouvoir de l'homme de s'autorevêtir d'une autorité légitime suprême pour régler la paix du monde, pouvoir qui n'appartient qu'à Dieu et à Lui seul !!! Et c'est le pape qui ose s'accoupler à un tel projet impie qui était celui des hommes de la tour de Babel et qui sera demain celui de l'Antéchrist-personne lui-même !!!] et qui aurait aussi dans ses attributions d’étouffer dans son germe toute menace d’agression isolée ou collective. "PERSONNE ne pourrait saluer cette évolution AVEC PLUS DE JOIE que celui [le pape Pie XII ici veut se nommer] qui a défendu DEPUIS LONGTEMPS le principe que la théorie de la guerre comme moyen apte et proportionné de résoudre les conflits internationaux, EST DÉSORMAIS DÉPASSÉE, (...) PERSONNE ne saurait souhaiter plus ardemment plein et heureux succès à cette collaboration commune, qui est à entreprendre avec un sérieux d'intention inconnu jusqu'ici, que celui [= Pie XII] qui s'est employé consciencieusement à amener la mentalité chrétienne et religieuse à réprouver la guerre moderne et ses monstrueux moyens de lutte. (...) Et si s’ajoute la menace d’une intervention juridique des nations et d’un châtiment infligé à l’agresseur par la Société des États, en sorte que la guerre se sente toujours sous le coup de la proscription et toujours sous la surveillance d'une action préventive, alors l’humanité pourra sortir de la nuit obscure où elle est restée si longtemps submergée [... quel lyrisme châteaubriandesque !] ; elle pourra saluer l’aurore d’une nouvelle et meilleure époque de son histoire.           
           
        "(...) Il y a une chose que Nous savons, c’est que le moment viendra, et peut-être plus tôt qu’on ne pense, où les uns et les autres reconnaîtront que, tout considéré, il n’y a qu’un moyen de sortir du réseau embrouillé dans lequel la lutte et la haine ont enlacé le monde, c’est le retour à une solidarité trop longtemps oubliée, à une solidarité ne se limitant pas à tels ou tels peuples, mais universelle, fondée sur la connexion intime de leurs destinées et sur les droits qui appartiennent également à chacun d’eux [... Mon Dieu, mon Dieu !, mais quelle fougue ! mais quel enthousiasme ! mais quelle ferveur non-dissimulée ! mais quel éclat illuminé dans cet œil pontifical FIXÉ SUR LA CHIMÈRE DU RÈGNE DE L'ANTÉCHRIST-PERSONNE].
 
        Et hélas, ce Noël 1944 n'est pas, de la part de Pie XII, une sorte de lapsus calami, un enthousiasme délirant de passage dû au soulagement que procurait le sortir de l'atroce seconde guerre mondiale, hélas non, c'est exactement tout le contraire qui est vrai : dans ce point d'orgue du Noël 1944, Pie XII ne faisait que dire sans voile ce qu'il suggérait déjà dans TOUS ses Noëls de guerre 1939, 1940, 1941, 1942, 1943 et donc 1944, comme étant sa pensée la plus profonde, six allocutions péniblement humanistes et déjà pro-antéchristiques, proposant aux peuples, à toutes les nations, d'ériger par voie juridique internationale et dans l'entente cordiale de tous, une Société de justice et de paix, pure création humaine sans le Christ au fronton de l'édifice humain ainsi créé, à la première place. D'ailleurs, on vient de le lire, le pape Pie XII ne manque pas d'insister lui-même sur le fait que c'est "depuis longtemps" qu'il milite pour une nouvelle économie de salut sociopolitique internationale où la paix humaine sera garantie par voie... humaine, juridique et morale.           
           
        Dans le Message de Noël 1939 par exemple, alors que la seconde guerre mondiale vient de commencer, Pie XII formule "Les cinq conditions fondamentales d’une juste paix". La troisième va beaucoup nous intéresser : "3. La constitution d’un organisme juridique international. (...) Il est d’une importance décisive, en vue d’une honorable acceptation d’un traité de paix, et pour prévenir soit les entorses futures soit les interprétations arbitraires et unilatérales, que soient constituées des institutions juridiques capables de garantir la loyale et fidèle application des conventions, voire, en cas de nécessité manifeste, de les réviser et de les corriger".
 
        Il n'est pas inutile de noter ici la parfaite convergence de vues du cardinal Pacelli avec... Roosevelt, le franc-maçon Roosevelt ! "La diplomatie vaticane trouve en même temps un allié précieux, et de taille, dans le Président des États-Unis [dès le début de la guerre]. Le pape accueille avec une joie profonde l’envoi d’un représentant personnel de Roosevelt auprès du Saint-Siège, Myron C. Taylor. Trois ans plus tôt, lors de la légation du cardinal Pacelli aux États-Unis, les deux hommes d’État avaient rendu manifeste la conformité essentielle de leurs vues sur la reconstruction du monde [!!!]. Roosevelt n’avait-il pas qualifié le légat de «mon bon, mon vieil ami» ?" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. III, p. 237). On tremble dans l’âme, à lire ça…           
           
        Mais c'est que, la guerre finie, les Noëls suivants continuent tous, peu ou prou, sur la même pensée de fond, qui donc, n'a pas quitté Pie XII durant les quasi vingt ans de son pontificat. La maladie est incurable. Pas question évidemment de les éplucher tous, ne serait-ce que pour garder un fond de bile à peu près sain. Dans le Message de Noël 1956, le pape disait : "Si Nous faisons allusion à ces aspects défectueux [Pie XII venait de critiquer les États qui entravent l'autorité des missions d'observateurs envoyés par l’ONU dans les régions du monde impactées par les conflits armés], C’EST PARCE QUE NOUS DÉSIRONS VOIR RENFORCER L’AUTORITÉ DE L’ONU, surtout pour l’obtention du désarmement général qui Nous tient tant à cœur. (...) En effet, c’est seulement dans le cadre d’une Institution comme celle des Nations-Unies que l’engagement de chacun des États (...) pourra être pris d’un commun accord et transformé en obligation stricte de droit international".           
           
        On l'a compris : une fois de plus, le pape soutient l'érection de la tour de Babel moderne qui prétend réparer les effets du péché originel, par l'homme, et avec l'homme, et en l'homme, per ipsum, et cum ipso, et in ipso, dans une pseudo-liturgie mondialiste sataniquement à l'envers, anthropocentrique, ce péché universel devant être couronné, en finale ultime, par "l'homme d'iniquité" récapitulant en lui l'iniquité universelle, à commencer par celle... pontificale. Ce sera en effet le grand-œuvre de l'Antéchrist-personne ; mais c'est déjà tout le projet ardemment voulu par les papes modernes...           
           
        Pour bien montrer à quel point presque incroyable les papes modernes ont l'esprit possédé, le mot n'est hélas que trop juste, par l'utopie antéchristique de vouloir "changer les temps et les lois", j'ai cité longuement Pie XII, mais il faut hélas apporter la précision qu'il n’est lui-même que la suite des papes Pie XI et encore bien de Benoît XV, dont d'ailleurs il fut la cheville ouvrière ("Mgr Eugenio Pacelli, secrétaire de la Congrégation des Affaires ecclésiastiques extraordinaires, avait été dès 1915, l’artisan et le messager des propositions de Benoît XV, puis le principal architecte de la nouvelle doctrine sous le pontificat de Pie XI, qui en fit son cardinal secrétaire d’État en 1929" ― Dictionnaire historique de la papauté, Levillain, art. guerre mondiale –deuxième-, p. 781, 1ère col.). Il était donc bien normal que je me cristallise sur son pontificat.           
           
        Quant à Benoît XV, dont la majorité du pontificat se déroula durant la première guerre mondiale, voyez que déjà, "dans son message de paix aux chefs des nations belligérantes (Dès le début, 1er août 1917), le Saint-Siège préconisait l’institution d’une procédure internationale d’arbitrage qui viendrait en substitution des forces armée, rétablissant la «force suprême» du droit" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.). Le projet à vocation antéchristique de Pie XII est donc là déjà au moins embryonnairement exprimé…           
           
        Or, hélas !, on se rend compte, en étudiant l'agir du pape Benoît XV pendant toute la première guerre mondiale, qu'il est aussi entiché du projet antéchristique de vouloir que les hommes se donnent à eux-mêmes la paix du monde, que Pie XII quelques courtes décennies plus tard... au point d'accepter de se mettre à dos le monde entier, toutes les parties belligérantes en présence, pendant toute la durée de la guerre, pour soutenir cette idée nouvelle ! L’attitude de ce pape pendant la première guerre mondiale est en effet déjà une anticipation quasi parfaite de celle de Pie XII pendant la seconde guerre mondiale (et probablement donc, le monsignore Pacelli de l'époque, futur Pie XII, en fut l'artisan principal), déjà plus qu’imprégnée de cette maudite gnose antéchristique qui consiste à vouloir "changer les temps et les lois", instaurer soi-même le Millenium parmi les hommes, c'est-à-dire la grande paix universelle, prétendre faire "ce que Dieu s'est proposé de faire" (Donoso Cortès), preuve, soit dit en passant, que cette prise de position pro-antéchristique pontificale, dont le premier acte fut posé immédiatement après la grande Révolution par Pie VII, au moyen de la signature du Concordat napoléonien de 1801, comme je vais l'exposer tout-de-suite, est fort suivie par tous les papes post-concordataires...
 
        On ne peut en effet manquer de souligner ici, à la suite d’un historien qui l’a remarqué lui aussi, ce qu’a de très-singulier et de non-traditionnel l’appel à la paix lancé par Benoît XV au début de la grande guerre : "Dans sa première encyclique, Ad beatissimi, Benoît XV affirma que : «Chaque jour, la terre ruisselle de sang nouveau, se couvre de morts et de blessés. Qui pourrait croire que ces gens, qui se battent les uns contre les autres, descendent d’un même ancêtre, que nous sommes tous de même nature, et que nous appartenons tous à une même société humaine ? Qui reconnaîtrait en eux des frères, fils d’un seul Père qui est dans les cieux ?» À la suite de jugements aussi nets et sans appel, on a considéré que Benoît XV avait été le premier pape à REJETER LA DOCTRINE CATHOLIQUE TRADITIONNELLE D’UNE GUERRE JUSTE" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.). C'est-à-dire : de TOUTE guerre en soi, par principe, veut dire l’historien que je cite, traduisant fort bien la pensée de Benoît XV.           
           
        Car ce n’est pas du tout à l'injustice viscérale des fondements de la première guerre mondiale que fait allusion le pape Benoît XV dans son encyclique, il professe que le principe même d’une guerre juste n’est, en soi, plus possible, que toute guerre est en soi INJUSTE. Or, ceci présuppose théologiquement l’avènement d’une nouvelle économie de salut, et donc, rien que par cette pétition de principe, les papes modernes prêchent pratiquement le nouvel Évangile antéchristique où le royaume de Dieu n’a plus besoin, pour s’actualiser sur cette terre, de la force mise au service du droit du Christ, les vertus morales politiques mûries dans l’homme suffisant, ou plutôt devant prétendument suffire, à en remplir l’office...           
           
        À la fin de la guerre, Benoît XV va explicitement demander une structure internationale pour régler humainement les problèmes de politique internationale. En 1917, le Saint-Siège, en effet, sous l’ordre du pape, fit une Note de paix à l’adresse de tous les belligérants, mais surtout aux Allemands, visant à l’obtention d’un règlement négocié du conflit, qui va carrément évoquer la solution antéchristique d’un organisme juridique international pour régler les conflits. "La note exprimait, en même temps qu’une condamnation TOTALE de la guerre [= de toute guerre en soi], «des propositions plus concrètes et pratiques» pour mettre fin aux hostilités. Elle souhaitait des pourparlers généraux BASÉS SUR L’AFFIRMATION DU DROIT et non pas sur les armes. Ce qui entraînait une réduction des armements ET L’INSTITUTION D’UN ARBITRAGE INTERNATIONAL AYANT UNE FONCTION PACIFICATRICE" (Levillain, art. Benoît XV, p. 220, 2e col.).
 
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        Convenez avec moi que ce rappel de l'histoire pontificale moderne fait presque oublier le mondialisme de François...! Pour le coup, nous avons maintenant une vue panoramique de la vraie situation de "la crise de l'Église", beaucoup plus équilibrée que lorsqu'elle était zoomée, focalisée, sur le seul pape actuel du moment, celui de nos humbles jours terrestres, sur lequel pape actuel certains cèdent à la tentation d'en faire un bouc émissaire, de tout lui mettre sur le dos, de décharger sur lui sa propre souffrance morale de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" que la Providence de Dieu nous destine tous à endurer, nous qui voulons rester fidèles à notre Foi catholique...
 
        ... En avez-vous assez ? Ad nauseam ? Éh bien, moi, non, pas du tout, je vous fais l'aveu que je n'en ai pas du tout assez, bien au contraire, ce rappel historique n'a fait qu'aiguiser mon appétit en faim de loup haletant. Je veux désormais absolument comprendre, maintenant, pourquoi tous ces papes modernes, déjà bien avant le concile Vatican II qui dans notre affaire n'est même pas une ligne de démarcation entre le bien et le mal, pourquoi les Benoît XV, les Pie XII, les Jean XXIII, les Paul VI, les Jean-Paul II, et donc, simple épigone lointain de nos jours, les François, pourquoi, disais-je, ces papes modernes se sont pontificalement convertis à la Prostituée de Babylone, au mondialisme initiatique menant inéluctablement au règne de l'Antéchrist-personne ?           
           
        Or bien, la réponse, je n'ai pas à la chercher au loin, elle réside toute entière dans la faute gravissime que commit le pape Pie VII au sortir même de la Révolution, lorsque, par le truchement d'un concordat avec l'État révolutionnaire français sous Napoléon, il a formellement reconnu la validité et la légitimité des États modernes issus de la Révolution, tous constitutionnellement athées et non-basés sur le Christ. Or, c'est là que gît le péché originel de "la crise de l'Église" jusqu'à ce que mort s'ensuive, usque ad mortem.           
           
        Il faut bien saisir en effet que les papes modernes ont chuté et se sont soumis à la Bête antéchristique dès la fin de la période révolutionnaire française, par le Concordat napoléonien (1801), parce que celui-ci répute formellement validité et légitimité à une République constitutionnellement athée (à cause de la structure synallagmatique de tout concordat, qui présuppose juridiquement formellement la validité de toute partie co-contractante dans l'acte concordataire : donc, le simple et seul fait, pour le pape, d'accepter un partenaire concordataire, quel qu'il soit, est ipso-facto lui réputer formellement la validité, ce que le pape Pie VII fit donc pour la République française de Napoléon... constitutionnellement athée).           
           
        Or, évidemment, à partir du moment où est accepté par la papauté le principe de réputer et reconnaître validité et légitimité aux sociétés constitutionnellement laïques au sens athée du qualificatif, dans l'ordre sociopolitique national puis international (car ce nouveau branle donné par le concordat napoléonien va être la règle adoptée sans faille avec tous les autres gouvernements constitutionnellement athées, dans la suite des temps post-révolutionnaires), c'est le principe laïc-athée de ces sociétés qui, dès lors, devient le moteur spirituel énergétique du monde. Ce n'est plus le Bien qui est la locomotive du monde via le Siège de Pierre et l'Église de droit divin, c'est le mal. La dynamique métapolitique des choses est désormais, après le Concordat napoléonien, dans les mains du mal, de ces sociétés constitutionnellement athées prises dans leur ensemble planétaire universel, auxquelles tous les papes, depuis Pie VII, ont scandaleusement fait béni-oui-oui, c'est-à-dire tous les papes du XIXème siècle puis du XXème en ce compris même les plus saints en leur for privé comme Pie X. Jusqu'à arriver à Vatican II qui va mettre ad extra dans la Foi, très-notamment par l'apostate Liberté religieuse, cette corruption des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, à laquelle avait cédé l'Église dès le sortir de la période révolutionnaire, et qui n'était vécu jusque là par elle qu'ad intra, occultement, jusqu'à Vatican II (j'explique tout cela en profondeur dans l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=1).
           
        Après le concordat napoléonien, le pape, et bien sûr l'Église toute entière derrière lui, n'était plus dès lors qu'un wagon parmi les autres, pourquoi pas le premier, mais obligatoirement à la traîne, derrière la locomotive d'un mondialisme initiatique qui ne dira pas son antéchristique nom tout-de-suite, obligé de céder encore et encore et toujours encore plus au mal et de suivre les mauvais aiguillages toujours plus mauvais de la locomotive des nations constitutionnellement athées du monde entier, pour finir, en notre temps, par carrément épouser la cause du mondialisme initiatique, du règne de l'Antéchrist-personne...           
           
        Si en effet l'on reconnaît la validité à des sociétés constitutionnellement athées, alors, lorsque par une dynamique naturelle et suivant l'avancement des temps menant tous les peuples au Millenium, cesdites sociétés élaborent entre elles une structure mondialiste, il faut donc les suivre dans leur mondialisme hétérodoxe et initiatique patronné par Satan... et, avalant notre honte de catholique et la rougeur au front jusqu'à la crête, l'on a vu à quel point d'enthousiasme délirant et fou Pie XII et surtout Paul VI l'ont fait.
 
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        Mais on voudra maintenant me voir mettre en avant et bien expliquer comment la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE", contrairement aux autres thèses professées dans les mouvances tradis qui, toutes, versent soit dans l'hérésie soit dans le schisme, résout victorieusement dans la pureté de la Foi intégrale, et elle seule, le problème théologique gravissime posé par "la crise de l'Église", dont on voit bien à présent, après mon petit rappel historique, qu'elle semble, sur le plan humain, vraiment insoluble, Mgr Viganò reconnaissant lui-même que "cette situation est humainement irrémédiable, parce que les forces en jeu sont immenses et parce que la corruption de l'Autorité ne peut être guérie par ceux qui la subissent".           
           
        Je vais le faire une énième fois. Pour autant, il me semble avoir le droit de dire préalablement, ayant déjà tellement exposé dans mes travaux "LA PASSION DE L'ÉGLISE", que je serai moralement vraiment en droit, pour avoir à le faire de nouveau ici, de dire, comme Notre-Seigneur Jésus-Christ : "Ô génération incrédule et perverse, jusques à quand serai-Je avec vous ?, jusques à quand vous souffrirai-Je ?" (Matth XVII, 16), ou de prendre à mon compte ce qu'Il a répondu la nuit du Jeudi-Saint, comme je l'ai rapporté au tout début de ces lignes : "J'ai parlé ouvertement au monde ; j'ai toujours enseigné dans mes écrits «LA PASSION DE L'ÉGLISE» depuis plus de vingt-cinq ans, et je n'ai rien dit en secret. Pourquoi m'interrogez-vous ? Demandez à ceux qui m'ont lu et qui ont compris ce que j'ai écrit ; eux, ils savent ce que j'ai dit"... Mais je veux m'oublier, ne penser qu'à faire charitablement mon devoir pour le salut des âmes, sans retour sur moi-même, car, qu'on me permette, avec un brin de malice, de pasticher François : "qui suis-je pour juger" ceux qui ne comprennent pas (encore) "LA PASSION DE L'ÉGLISE"...??           
           
        Donc, voici. Dans le petit rappel historique pontifical que je viens de faire, nous avons bien vu ensemble que la papauté moderne, en ce compris bien sûr François, pèche contre les fondements mêmes de la Constitution divine de l'Église et de sa Foi catholique : pour en rester au seul mondialisme initiatique, impossible de le compatibiliser avec la Foi et les fondements surnaturels de l'Église. Mais il faut bien prendre conscience que ces papes modernes ne pèchent pas dans leur personne pontificale privée, comme bien des courants tradis ont voulu s'y cantonner frileusement et mensongèrement, ils pèchent in Persona Ecclesiae, au nom et pour le compte de l'Église Universelle, ce qui est très-clair avec le concile Vatican II qui met en jeu le Magistère ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité, très-notamment dans le pire décret conciliaire qui, sur le plan doctrinal, n'est même plus de l'hérésie mais carrément de l'apostasie, celui de la Liberté religieuse.           
           
        Ce qui signifie très-clairement que, en fait, nous devons premièrement bien saisir et prendre fortement conscience que, dans notre affaire, c'est l'Église qui pèche, et non les personnes pontificales privées en cause, puisque celles-ci ont toute péché in Persona Ecclesiae.           
           
        Immédiatement bien sûr, nous vient en face des yeux de la Foi, que l'Église, Épouse immaculée du Christ, ne peut absolument pas pécher, la deuxième Note positive que nous récitons avec ferveur dans le Credo à toutes les messes le dimanche, interdit de le dire : "Je crois (...) à l'Église, une, SAINTE, catholique et apostolique". 
           
        ... Alors, l'Église a-t-elle péché, ou bien non ?           
           
        C'est là, justement, dans la réponse à faire à la question, que se situe le nœud gordien à dénouer, toute la problématique est là, nœud que nous ne pouvons pas dénouer si nous restons trop dans des raisonnements purement humains, nous ne pouvons au contraire que passer à pieds joints sur la solution catholique à y apporter, sans même l'apercevoir...           
           
        L'Église ne peut absolument pas pécher ? En êtes-vous bien si sûr que cela, que l'Église ne peut pas pécher d'une certaine manière sans coulpe, sans séparation d'avec le Saint-Esprit...? Vous venez en effet de dire que l'Église Universelle est l'Épouse immaculée du Christ, mais alors, précisément parce qu'elle est immaculée dans sa ressemblance d'épousailles parfaites avec le Christ, cela signifie qu'elle réplique dans sa propre vie ecclésiale tous les moments de la Vie terrestre du Christ, y compris bien sûr le terrible et affreux moment de la Passion du Christ. En effet, si, comme le formule lui-même Mgr Viganò dans sa diatribe, nous vivons une "passio Ecclesiæ" qui nous fait "parcour[ir] la Via Dolorosa de la Croix", il devient capital et urgentissime pour nos âmes, de comprendre en quoi consiste très-précisément l'économie surnaturelle de la Passion du Christ pour bien saisir, par décalcomanie spirituelle, ce qu'a à vivre son Épouse immaculée dans sa fin des temps à elle, qui est notre période moderne...           
           
        Or, nous avons beaucoup de chance : saint Paul, l'inégalable Apôtre des nations quant aux révélations transcendantes, nous l'a défini parfaitement. Il nous a révélé l'essence de l'économie de la Passion du Christ en ces termes lapidaires et tout-à-fait essentiels : "Le Christ a été fait péché pour notre salut" en II Cor, V, 21 (ce qu'il complète en précisant aux Hébreux qu'il s'agit là d'une "si grande contradiction" ― He XII, 3).           
           
        Tout est dit, là, en si peu de mots, mais transcendants, pour que nous comprenions et vivions victorieusement dans la Foi, cette terrible et affreuse "crise de l'Église" qui est "PASSION DE L'ÉGLISE", dans l'attente non pas tant de la mort de cette Église dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre (car qui est crucifié à la croix de la Passion, en meurt sans merci, le Christ l'a montré dans sa Passion archétypale de toute passion), laquelle aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, mais dans l'attente ou plutôt l'Espérance de la Résurrection de l'Église dans une nouvelle économie de salut glorieuse, qui sera le fameux Millenium, que cherche à supplanter, justement, le mondialisme initiatique, aidé en cela par les papes modernes aussi trompés que les antiques grands-prêtres juifs lors de la première Passion, celle du Christ.           
           
        Tout est dit, en effet, dans cette révélation "Le Christ a été fait péché pour notre salut". Grâce à saint Paul, nous avons, dans le principe même de la Foi, la certitude que ce péché du monde que l'Église épouse par les papes modernes, est, de sa part, absolument sans aucune espèce de coulpe ou faute séparant de la vie de la grâce et de Dieu, par le texte même de saint Paul, qui précise fort bien... la seule chose qu'il était justement capital de préciser, à savoir que le Christ (= et donc l'Église de nos jours) "est fait(e) péché POUR NOTRE SALUT", lorsque le Christ ou l'Église ont leur Passion respective à vivre. Saint Paul, en effet, ne dit pas seulement que le Christ a été "fait péché", mais qu'Il a été fait péché "pour notre salut". Or, cette dernière précision interdit formellement de supposer que Jésus-Christ dans sa Passion ait pu être fait péché avec coulpe (comme l'avait blasphématoirement supposé Luther), même la plus petite soit-elle, car il est en effet impossible que ce qui est fait pour le salut puisse contenir quelque coulpe que ce soit. S'il y avait eu une quelconque coulpe dans la manière dont le Christ a été fait péché pour endurer sa Passion, alors, saint Paul aurait été obligé de dire que le Christ a été fait péché pour... notre damnation. Et non pour notre salut.           
           
        Ainsi donc, de par la Lumière du Saint-Esprit, nous savons maintenant, grâce à saint Paul, que si le Christ a pu être "fait péché" sans aucunement cesser d'être le Saint des saints pur de toute coulpe devant Dieu, cela signifie que l'Église, lorsqu'elle vit elle-même l'économie de la Passion à la fin des temps, et c'est très-précisément notre situation ecclésiale contemporaine, va donc être elle-même également faite péché sans coulpe aucune.           
           
        Voilà qui, déjà, apporte un singulier éclairage sur le positionnement moral que nous devons adopter envers tous ces papes modernes qui hérissent le poil de notre Foi : ils ont péché in Persona Ecclesiæ, certes, mais sans aucune coulpe, car le Saint-Esprit les a plongé tous dans un aveuglement spirituel invincible justement pour faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion dont le péché matériel est l'élément fondamental, le caractère essentiel. Et donc, tout en rejetant avec toute la vigueur de notre Foi leur péché, nous devons le faire sans condamner en quelque manière que ce soit ces papes qui l'ont commis, mais toujours, au contraire, en voyant en eux l'image du Christ qui vit sa Passion... Mgr Williamson avait eu une très-belle phrase pour le dire : "Que personne donc qui veut sauver son âme ne suive ni ces prélats [modernes] ni leurs successeurs, mais en même temps que personne n'oublie que ceux-ci ne sont pas autant coupables de la destruction de l'Église du Christ comme l'auraient été leurs prédécesseurs nés dans des temps vraiment plus normaux. Bénies les âmes catholiques qui savent abhorrer leurs erreurs sans cesser d'honorer leur office" (Kyrie Eleison, Problème profond, 17 novembre 2012). C'est la quadrature du cercle ? Non, c'est juste le crucifiement de nos âmes catholiques sur la croix du salut, en co-rédempteurs, à l'exemple du Christ donnant libéralement sa vie pour le salut du monde. La récompense du juste, sur cette terre, est en effet d'être... crucifié. Le Christ l'a montré. Ainsi donc, nous ne devons pas prendre dans notre vie de Foi cette Passion ecclésiale que nous avons à vivre pour un châtiment, mais plutôt comme une... récompense.          
           
        Il importe maintenant extrêmement d'expliquer comment le Christ et donc l'Église puissent être théologiquement "faits péché" sans avoir à connaître, au sens biblique du terme, la coulpe du péché, chose qui semble, à première vue humaine, radicalement impossible. Nous sommes là en fait dans une question technique de théologie morale extrêmement intéressante (parce que, soit dit en passant, elle impacte énormément la situation spirituelle des âmes de nos jours, sans que même, la plupart du temps, elles en prennent conscience), beaucoup plus que dans une question de théologie dogmatique. Je l'ai fort expliqué dans mon exposé de fond sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE", au lien suivant https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/13-la-passion-de-l-eglise/7-la-passion-de-l-eglise-2, et je serai en droit d'y reporter, sans plus m'attarder dans ce présent article. Mais je veux faire mon devoir jusqu'au bout, et vais continuer à l'expliquer.           
           
        Comment, donc, le Christ, puis l'Église de nos jours, peuvent-ils être "faits péché" sans pécher réellement, c'est-à-dire avec coulpe séparant de Dieu ?           
           
        Tout simplement en étant faits purement péché matériel. C'est ce distinguo élémentaire de théologie morale qui nous permet de comprendre parfaitement comment le Christ puis l'Église à sa suite, peuvent être faits péché sans que s'y joigne ni adjoigne d'aucune manière une quelconque coulpe de péché.           
           
        Qu'est-ce qu'un péché purement matériel ?           
           
        Je rappellerai à ce sujet les distinctions classiques en la matière : un péché est mortel (= formel) uniquement lorsque trois conditions sont réunies ENSEMBLE, et ensemble SEULEMENT, à savoir : 1/ la matière mortelle du péché commis, 2/ la connaissance pleine et entière qu'il s'agit d'une faute matériellement mortelle au moment de la commettre, 3/ et la conscience et le vouloir pleins et entiers de le faire au moment de l'acte peccamineux. S'il manque deux voire même une seule de ces trois conditions au moment de l'acte peccamineux, celui-ci peut bien n'être... rien du tout, pas même forcément un péché véniel ni même une imperfection. C'est ce que les théologiens appellent un simple péché matériel.           
           
        L'exemple qui est classiquement donné d'un péché matériel sans aucune coulpe rajoutée, est celui d'un soldat qui, dans le cadre d'une guerre juste, par exemple pour défendre le sol de sa patrie injustement agressée, tue un soldat ennemi. Ce soldat patriote a commis la matière d'un vrai péché, par ailleurs fort grave, l'homicide, et cependant, non seulement ce péché ne contient aucune coulpe séparant de Dieu, mais ce soldat défendant sa patrie sera loué de cet acte de péché matériel d'homicide non seulement par les hommes, ses compatriotes, mais par Dieu Lui-même.           
           
        D'autres exemples de péchés matériels sans aucune coulpe les accompagnant peuvent être tirés du Martyrologe : des martyrs sont sortis de cette vie par un péché matériel de suicide. 1/ sainte Apolline, fêtée au 9 février, au temps des grandes persécutions des premiers siècles chrétiens, après avoir été affreusement torturée, a couru se jeter d'elle-même dans le feu en s'échappant des mains des bourreaux : stricto sensu, il y a donc là la matière d'un péché mortel de suicide, mais l'Église a considéré que notre sainte avait été animée par la pure motion du Saint-Esprit pour le commettre, et donc son péché matériel de suicide excluait toute espèce de faute réelle ou coulpe ; c'est pourquoi l'Église n'a pas eu la moindre hésitation pour canoniser cette grande martyre ; 2/ une autre jeune sainte de quinze ans, pour échapper aux persécutions des séducteurs païens, s'est jetée du toit de sa maison et est morte sur le coup, autrement dit, elle a, elle aussi, commis un péché matériel de suicide, ce qui, là non plus comme pour sainte Apolline, n'a nullement empêché l'Église de la canoniser (il s'agit de sainte Pélagie, fêtée au 12 juin).           
           
        On peut tirer aussi de la sainte Écriture des exemples de péché matériel sans coulpe, je n'en retiendrais que deux, en l'occurrence des péchés matériels de mensonge. 1/ Jacob ment à Isaac son père devenu aveugle, pour en recevoir la bénédiction du droit d'aînesse, lui disant qu'il est Esaü après s'être revêtu d'une tunique de poils afin de se faire passer pour son frère aîné velu : "... Qui êtes-vous, mon fils ? Jacob lui répondit : Je suis Esaü votre fils aîné" (Gn XXVII, 18-19) & "Isaac, le [Jacob] bénissant donc, lui dit : Êtes-vous mon fils Esaü ? Je le suis, répondit Jacob" (Gen XXVII, 23-24). Le mensonge est patent, flagrant, mais il est inspiré par le Saint-Esprit à Jacob et est évidemment exempt de toute coulpe. Il ne faut pas oublier en effet qu'Esaü avait auparavant vendu à Jacob son droit d'aînesse contre un plat de lentilles, et qu'il n'en était plus digne. 2/ Mais il y a mieux, si je puis dire ! On prend l'Ange Raphaël en flagrant délit de mensonge, dans l'admirable histoire de Tobie. Or, faut-il le dire, cet Ange de Dieu était incapable de la moindre coulpe, étant confirmé en la grâce divine impeccable. On est donc absolument certain qu'il ne commit dans l'affaire qu'un péché purement matériel sans aucune coulpe quelle qu'elle soit, lorsque, répondant à la question du père de Tobie qui lui demande qui il est, il répond, avant que Tobie père accepte qu'il serve de guide à Tobie fils, pour son long voyage : "Je suis Azarias, fils du grand Ananias. Et Tobie répondit : Vous êtes d'une race illustre. Mais je vous prie de ne pas vous fâcher, si j'ai désiré connaître votre race. L'Ange lui dit : Je conduirai votre fils en bonne santé, et le ramènerai de même" (Tb V, 18-20). Mais après le voyage et son bon succès, le soi-disant "Azarias" révèle à Tobie qui il est véritablement, un Ange de Dieu : "Car je suis l'Ange Raphaël, l'un des sept qui nous tenons en la présence du Seigneur" (Tb XII, 15).           
           
        Le Saint-Esprit, donc, comme on le voit, est fort éloigné de ne pas utiliser, quand c'est nécessaire pour l'avancement du Royaume de Dieu sur cette terre toujours soumise au "prince de ce monde", le moyen du péché matériel sans coulpe, comme quelque chose qui n'est pas du tout indigne de Lui ni de sa Sainteté sans faille...!           
           
        Dans un contexte évidemment fort différent des exemples qui précèdent, c'est dans cette même situation théologique de péché matériel sans coulpe que l'Église se trouve, depuis qu'elle est rentrée dans la Passion, ce qui est le cas dès le Concordat napoléonien quant aux Mœurs seulement, et depuis Vatican II quant aux Mœurs et à la Foi.           
           
        Mais bien entendu, si ce péché matériel commis par les papes modernes in Persona Ecclesiae n'a aucune incidence sur la Note de sainteté de l'Église, il en a, et terriblement, pour revêtir au for externe l'Épouse immaculée du Christ de malédiction suprême, d'apparence de péché, ce qui la fait rentrer dans l'économie de la Passion. C'est d'ailleurs précisément ce qui explique que l'Église, maudite comme une lépreuse, singulièrement depuis Vatican II, et de plus en plus léprosée plus le temps avance, désormais pieds et mains liés sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53), radicalement impuissante au for externe public contre toute forme de mal, n'aura plus aucune force contre "l'homme de péché, le fils de la perdition" (II Thess II, 3), l'Antéchrist-personne, lorsque celui-ci paraîtra en ce très-bas monde, pour la punition des impies et la parfaite purification des justes, lequel Antéchrist-personne, pour sa condamnation, mettra à mort l'Épouse du Christ léprosée et clouée sur sa croix co-Rédemptrice, dans son règne.           
           
        Cette situation de voir notre Église contemporaine être "faite péché" serait certes désespérante si nous n'avions la certitude de Foi qu'elle l'est "POUR NOTRE SALUT". Alors, il n'y a plus à désespérer, il y a au contraire, avec une grande joie intérieure dans l'âme, à souffrir généreusement en union avec l'Épouse du Christ, en gardant la sainte-patience par la méditation incessante de la Passion du Christ, en attendant que le Christ vienne en Parousie, après la mort de l'Église dans son économie de salut actuelle, la ressusciter dans une gloire incomparable et inconnue du temps des nations, celle du Millenium, qu'elle aura précisément méritée par les affres de la Passion, et nous avec si nous savons souffrir avec elle.           
           
        Je souhaite ce bon courage à tous mes lecteurs.
 
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        Je ne saurai terminer ce nouvel article sans commenter ce que dit Mgr Viganò dans ce passage : "La question fondamentale est de comprendre le plan subversif de l'Église profonde qui, utilisant les méthodes dénoncées à l'époque par saint Pie X à l'égard des modernistes, s'est organisée pour réaliser un coup d'État au sein de l'Église et amener le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre".           
           
        Il y a là plusieurs points de vue gravement faux. Le premier est de décrire "la crise de l'Église" comme une subversion du Bien par les forces du mal sans que le Bien puisse faire autre chose qu'être inéluctablement subverti et vaincu par le mal, ce qui est tout simplement dire que le Saint-Esprit est vaincu dans l'Église, que Dieu est vaincu par Satan, que les portes de l'enfer ont prévalu contre l'Église, et enfin, tomber peu ou prou dans le manichéisme qui veut croire à deux Dieu, un Dieu du Bien à parité avec un Dieu du mal, puisque ce dernier aurait soi-disant pouvoir de vaincre, s'il s'y prend bien, le Dieu du Bien !           
           
         Le descriptif que fait Mgr Viganò ne répond pas du tout à la question à la fois spirituelle et théologique de fond quant à "la crise de l'Église", que voici : comment se fait-il que la "barrière immunologique" surnaturelle des Pères Enseignants de toute une génération ecclésiale donnée una cum le pape actuel, ait pu, par exemple à Vatican II, être ainsi abaissée au point que le mysterium iniquitatis puisse subvertir ladite génération ecclésiale et lui faire commettre des actes d'hérésie magistériellement promulgués et sous couvert de l'infaillibilité ecclésiale, de par le mode ordinaire & universel ? Dire que le fait de la subversion a eu lieu, comme le fait Mgr Viganò, ne résout absolument rien du tout : ce qu'il faut expliquer, c'est POURQUOI, malgré la Présence toute-puissante du Saint-Esprit dans un concile universel, cette dite subversion a pu avoir la possibilité de triompher, POURQUOI le fait de la subversion a-t-il pu exister ?           
           
        La raison essentielle et principale de la subversion des "membres enseignants" à Vatican II ne réside donc absolument pas, comme l'imaginent d'une manière complotiste et même favens hæresim très-malsaine Mgr Viganò et tant d'autres esprits conservateurs avec lui, vivant leur Foi dans l'obscurantisme et l'inintelligence profonde des assises de "la crise de l'Église", dans des forces ténébreuses qui auraient soi-disant le pouvoir de subvertir naturellement l'Église (cette thèse, en effet, est parfaitement hérétique, en cela qu'elle donne en soi une force victorieuse aux puissances du mal pour renverser l'Église, comme si, ... ô blasphème !, Satan était plus fort que le Christ), elle réside dans le fait que c'est l'Église ELLE-MÊME qui a perverti ses Mœurs, par la pratique concordataire pontificale avec des sociétés politiques constitutionnellement athées, dont elle a subséquemment été obligée d'épouser les Mœurs athées, puis, enfin, en bout de course fatidique, d'en corrompre sa Foi : ne vivant plus comme elle pensait, elle s'est réduite à devoir penser comme elle vivait. Vatican II a été la fin de cet écartèlement contre-nature entre la Foi et les Mœurs vécu depuis le concordat napoléonien pendant tout le XIXème siècle et le début du XXème, en faisant correspondre désormais les mauvaises mœurs avec... la mauvaise Foi (Liberté religieuse), faisant cesser la tension insupportable d'une doctrine catholique contre les nouvelles mœurs adoptées, mais la faisant cesser hélas en cédant au mal.       
           
        On me dira sans doute que je ne fais là que reculer le problème de fond : si l'explication que je donne de la corruption de la Foi à Vatican II est vraie, et elle est vraie, c'est-à-dire s'il est vrai que ce sont les Mœurs mauvaises de l'Église adoptées par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées qui ont fini par pervertir radicalement la Foi de l'Église à Vatican II, alors, comment est-il théologiquement possible que les Mœurs de l'Église aient pu être, elles aussi, elles les premières, perverties de par le Concordat napoléonien qui est LE VATICAN II DES MŒURS, puisqu'aussi bien, le charisme de l'infaillibilité est donné par le Christ à son Église autant pour les Mœurs que pour la Foi, l'Église étant en effet infaillible non pas seulement pour la Foi mais aussi, à parité, pour les Mœurs ?           
           
        Voilà en effet une très-excellente question, et moi, avec le courage de la Foi, je vais donner la bonne réponse, je ne vais pas fuir, fuir "LA PASSION DE L'ÉGLISE". La réponse réside dans un adage antique : Jupiter commence par rendre fous ceux qu'Il veut perdre, quos vult perdere Jupiter dementat. Dieu met un voile d'aveuglement dans l'esprit des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donnée, qu'elle soit celle des Mœurs avec Pie VII ou celle de la Foi avec Paul VI, pour que, aveuglés, ils mettent l'Église qu'ils représentent, sans faute aucune de leur part (croyant même faire le mieux du mieux en faisant le pire du pire), dans l'économie de la Passion du Christ qui consiste essentiellement à "être fait péché pour le salut", par des actes magistériels matériellement mauvais. Ils sont ainsi "perdus", de Volonté divine (il ne s'agit pas bien sûr d'une perdition éternelle, mais d'une perdition temporelle, dans la figure du monde qui passe, comme celle du Christ perdu, abandonné par son Père sur la croix, et mourant, dans un but de Rédemption et de co-Rédemption ecclésiale). Parce que cette Heure fatidique décrétée par la Providence divine, dont a parlé le Christ lorsqu'Il eut à vivre et mourir sa Passion ("Voici l'heure et la puissance des ténèbres" ― Lc XXII, 53), est venue, pour l'Épouse comme pour l'Époux.           
           
        Et c'est pourquoi "Jupiter" aveugle l'esprit des "membres enseignants" de la génération ecclésiale prédestinée de toute Éternité à faire rentrer l'Église dans l'économie de la Passion : pour qu'elle soit "faite péché pour notre salut", ce qui est l'essence même de la Passion. Et depuis 1801 quant aux Mœurs et depuis 1965 quant aux Mœurs & à la Foi, nous vivons une Église "faite péché pour le salut". Et nous allons le vivre jusqu'à la mort, usque ad mortem, car une fois cloué sur le bois de la croix, le Christ "fait péché pour notre salut" ne fut pas décloué (... il n'y aura donc pas de bon pape à venir reprenant la bonne doctrine pour terminer "la crise de l'Église", comme semble le prédire Mgr Viganò, après le clouement doctrinal de l'Église à et par Vatican II...)Cette mort de l'Épouse du Christ dans son économie de salut actuelle, dite du Temps des nations et de Rome son centre, aura lieu dans et par le règne de l'Antéchrist-personne, tel qu'annoncé par les saintes Écritures infailliblement. Puis, enfin, parousiaquement, viendront le Christ Jésus en Gloire et son Royaume glorieux...           
           
        Je précise que j'exposais tout cela dans un précédent article rédigé il y a plus de trois ans sur Mgr Viganò, Le survol théologique très-superficiel de Mgr Viganò pour solutionner "la crise de l'Église" générée par Vatican II, qu'on trouvera au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-survol-tres-superficiel-de-mgr-vigano?Itemid=1.           
           
        Deuxième point gravement déficient dans le propos relevé ci-dessus de Mgr Viganò, et il est loin d'être le seul à se tromper sur ce sujet. Il est certes tout-à-fait dans le vrai lorsqu'il nous dit que le but du mysterium iniquitatis dans l'Église, est d'amener "le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre". Mais encore faut-il bien préciser que ledit prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre, c'est l'Antéchrist lui-même soi-même, et non pas un prétendu autre et second personnage qu'une obscurantiste et fausse interprétation très en vogue dans le passé, qui s'est faussement connoté de traditionnelle, a voulu baptiser "faux-prophète" et voir à côté de l'Antéchrist-personne lui-même, comme deux personnages distincts et  différents l'un de l'autre. Il n'y a PAS de deuxième personnage du mal qui, soi-disant, viendrait faire des prodiges devant l'Antéchrist-personne, il n'y a qu'UN faux-prophète, c'est l'Antéchrist-personne lui-même, lequel est dans la sainte-Écriture appelé ainsi, faux-prophète, par antonomase (= "figure de style, dans lequel un nom propre ou bien une périphrase énonçant sa qualité essentielle, est utilisé comme nom commun, ou inversement, quand un nom commun est employé pour signifier un nom propre" Wikipedia ― Exemple : dire de quelqu'un qu'il est un Tartuffe pour dire qu'il est un hypocrite), et même par antonomase d'excellence (= "Plus spécifique, l’antonomase d'excellence utilise un nom commun pour désigner la «valeur superlative» dans le domaine où une personne s’est illustrée. Cette variété est presque toujours précédée de l'article défini singulier, et commence normalement par une majuscule" Wikipedia ― Exemple : dire de l'Antéchrist-personne qu'il est LE faux-Prophète, comme le plus grand faux-prophète qui existera jamais sur cette terre ; et c'est exactement ce que fait saint Jean dans l'Apocalypse...), comme je l'expliquais je crois fort bien et avec soin dans un article écrit sur le sujet il y a un peu plus de deux ans, qu'on pourra lire au lien suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-faux-prophete-l-antechrist-sont-une-seule-et-meme-personne-et-non-deux?Itemid=1.           
           
        D'ailleurs, si on voulait bien réfléchir un peu, et même extrêmement peu, on ne manquerait pas de remarquer qu'il est parfaitement ridicule de voir un faux-prophète venir faire la retape de la doctrine du mal devant l'Antéchrist-personne. Car en effet, pourquoi le faux-prophète est-il dit faire des prodiges, dans la sainte-Écriture ? Il est dit faire des prodiges pour séduire au mal celui ou ceux devant qui il les fait. Il est donc parfaitement absurde de dire qu'un personnage appelé le faux-prophète ferait des prodiges devant l'Antéchrist... puisque ce dernier, étant le coryphée du mal, l'homme d'iniquité le plus corrompu qui pourra jamais exister sur terre, n'a évidemment nullement besoin qu'on fasse des prodiges devant lui pour le... convertir au mal ! L'interprétation pseudo-traditionnelle est donc complètement absurde (et pas seulement, il s'en faut de beaucoup, pour cette seule raison), soutenue en grande majorité, soit dit en passant, par les mêmes auteurs classiques, de préférence saints, qui nous ont si bien trompé sur la question du Millenium. Nous sommes là, en vérité, devant une fausse doctrine traditionnelle. La vérité, c'est que donc le faux-prophète EST l'Antéchrist-personne lui-même, et c'est alors qu'on comprend très-bien que la sainte-Écriture nous dit qu'il fera des prodiges devant la Bête pour séduire au mal ceux devant qui il les fera, car la Bête dont il est question dans les passages de l'Apocalypse où il est montré un faux-prophète à côté de la Bête (ch. XVI, XIX & XX), n'est pas la Bête de la terre, c'est-à-dire l'Antéchrist-personne, mais la Bête de la mer, c'est-à-dire tous les peuples corrompus de la terre qui auront cédé au mal en acceptant le marquage 666...           
           
        Mais voilà ce à quoi je veux arriver dans mon explication : si l'on dit, et Mgr Viganò a parfaitement raison de le soutenir, que la fin ultime du mysterium iniquitatis dans l'Église est d'"amener le prophète de l'Antéchrist sur le Trône de Pierre", alors, cela prophétise que ce sera l'Antéchrist-personne LUI-MÊME SOI-MÊME qui viendra occuper le Trône de Pierre, remplir le Saint-Siège... comme un possédé du démon autrement puissant, énergumène et furieux, que les Urbain VI, les Paul IV et les François le furent et le sont encore pour ce dernier. Il est à peine besoin de faire remarquer ici que c'est exactement ce que nous prédisait Notre-Dame à La Salette, venant dire en Reine des prophètes que "Rome perdra la Foi ET DEVIENDRA LE SIÈGE DE L'ANTÉCHRIST". Et il est encore plus inutile de dire que le seul but de l'Antéchrist-personne, une fois sur le Siège de Pierre, sera de tuer l'Épouse du Christ, dans son économie de salut actuelle dite du temps des nations et de Rome son centre, ce que la Providence de Dieu, pour son châtiment éternel, lui permettra de faire, car cela rentre dans le Plan divin pour l'instauration du Millenium.
 
        La seule question alors qui reste vraiment à résoudre, encore en suspens, absolument redoutable, c'est juste celle-ci : l'Antéchrist-personne viendra-t-il dans le Siège de Pierre comme un intrus, ainsi que dans le grand-schisme d'Occident les cardinaux français avaient voulu le voir dans Urbain VI, ou alors, viendra-t-il en tant que dernier pape... légitime, dûment intronisé par la majorité canonique des cardinaux du Sacré-Collège, dont on a vu qu'ils sont la règle prochaine de toute légitimité pontificale, comme représentant formellement, et eux seuls, l'Église Universelle ?, et dont on sait trop bien de nos jours ce qu'ils valent, pour parler par antiphrase, c'est-à-dire à quel point ils sont majoritairement tout-à-fait capables d'acquiescer et de souscrire au mal... et même au plus grand mal possible, ce que représentera l'Antéchrist-personne cherchant à accéder, en grand séducteur, au Siège de Pierre...?? Est-ce que, horresco referens, ce ne serait pas par hasard cela que la sainte-Écriture appelle, dans une formulation mystérieuse jamais vraiment élucidée jusqu'à présent : l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint...???           
           
        C'est la terrible et très-redoutable question à laquelle j'ai tâché de répondre, en m'accrochant à la Foi très-fort et en tremblant, mais sans pusillanimité, dans un grand article que j'ai écrit il y a quasi sept ans, et qu'on pourra trouver au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf.
 
GrandSchismeDOccident2           
           
        Il me semble que je ne peux mieux mettre le point final à ce nouvel article consacré à la très-respectable figure de Mgr Carlo-Maria Viganò, qu'en recopiant la conclusion de mon article écrit sur lui il y a plus de trois ans à présent :           
           
        "Je n'ai plus rien à dire, sauf ceci : Mgr Viganò et Mgr Schneider sont de bons et édifiants «lanceurs d'alerte», je les estime sincèrement et ai grand respect pour eux, car, en tant que prêtres du Seigneur, ils ont su faire humblement et publiquement machine arrière et tâcher, tant bien que mal, de reprendre le flambeau de la vraie Foi, à la face de toute l'Église, alors qu'ils étaient déjà propulsés très-loin dans les nuées modernistes par le tremplin de Vatican II. Réagir avec vigueur, même imparfaitement (comme je suis hélas obligé de le dire dans ce présent article, pas par plaisir, de Mgr Viganò, et il y aurait aussi beaucoup de choses à redire quant à Mgr Schneider), après cinquante ans de tromperie ecclésiale dont on est victime, est peut-être beaucoup plus méritoire aux Yeux du Seigneur que réagir aux lendemains même du concile moderne sans en être soi-même aucunement contaminé, ce qui fut le cas des premiers traditionalistes.           
           
        "Mais je dis qu'il faudrait qu'ils aient le courage maintenant d'aller jusqu'au bout de leur conversion, au bout de la Foi, qui leur révèlera que la «crise de l'Église» s'épèle «PASSION DE L'ÉGLISE», qu'elle est dernière, vraiment «la der des der», et de nature apocalyptique.         
           
        "Fasse le Ciel que mon présent écrit, rédigé ad aedificationem et non ad destructionem, leur vienne en aide" (fin de citation). 
 
En la fête de sainte Thérèse d'Avila,
grande mystique au cœur si viril,
Ce 15 octobre 2023.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
           
        P.S. : Voici le lien de l'Association Exsurge Domine, récemment créée par Mgr Viganò pour soutenir les personnes consacrées, prêtres et religieux, persécutées dans l'Église bergoglienne. Quand bien même Mgr Vigano le fait (pour l'instant) avec un esprit schismatique, on ne peut que soutenir, pour ceux qui le peuvent, son œuvre, surnaturellement positive : https://exsurgedomine.it/fr/
 
 
 
 Teresa de Jesús
 
 
 
 
15-10-2023 10:57:00
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