Lettre ouverte au Pères missionnaires de La Salette,
suite à mon pèlerinage des 19 & 20 septembre 2024
 
       
 
Argentré-du-Plessis,                                                                  Ce 3 Octobre 2024.
 
           
        Mon Père,
           
        C'est avec bien du respect que je vous écris, comme il convient à un simple laïc envers un prêtre. J'ai lu les jours derniers l'abrégé de la vie de saint Wenceslas, roi de Bohème, fêté le 28 septembre, et voici ce qu'on y trouve : "L'esprit de religion du pieux roi lui faisait honorer les évêques et les prêtres comme Jésus-Christ lui-même ; il les aimait comme des pères, et quand il traitait quelque affaire avec eux, c'était avec une humilité et une déférence profondes".
           
        C'est avec cet esprit que je vous écris maintenant mon Père, à vous et à tous les Pères missionnaires de La Salette et tout spécialement au Père Recteur du sanctuaire, auquel je vous prie de transmettre mon présent mémoire sur l'Apparition de La Salette, ainsi qu'à vos confrères, pour compléter le petit entretien que nous avons eu ensemble le 20 septembre dernier à la Maison de la Réconciliation, sur le site même de La Salette. C'était très-peu de temps avant la messe que vous deviez célébrer à 10H30 à la basilique, et, pour cette raison, notre échange a tourné court. C'est à vous cependant que j'ai remis ma carte de visite après cette messe, à laquelle j'assistai, y ayant inscrit l'adresse Internet du site que j'ai créé pour exposer la thèse de "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (https://www.eglise-la-crise.fr/), Passion ecclésiale que présentement nous vivons (et mourons en même temps, car l'économie de la Passion engendre inéluctablement la mort), et qui est la suite obligée, le prolongement direct, l'explicitation révélée du Message de la Reine des prophètes à La Salette.
           
        Avec ces précisions, je pense, mon Père, que vous devez me remettre, maintenant...
 
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        Dans ce court entretien, après que vous ayez résolu brillamment le problème matériel que je me posais quant à la distance à parcourir par Mélanie et Maximin pour mener leur troupeau de vaches dans ce trou perdu de montagne à partir de la ferme des Ablandins, je vous ai exposé (trop) rapidement le reproche majeur à faire à l'institution des Pères missionnaires de La Salette, depuis qu'ils existent, à savoir : d'occulter et subvertir le sens premier de l'Apparition mariale de La Salette, à savoir le sens APOCALYPTIQUE. Lorsque je fis pélerinage à La Salette en 2019 il y a cinq ans, j'avais déjà exprimé ce reproche, mais sans vraiment argumenter, au Père Jean Stern auquel je m'étais confessé, décédé à présent, dont j'ai lu les gros volumes archivistes très-intéressants sur l'Apparition de La Salette.
           
        C'est en effet essentiellement parce que l'humanité et l'Église rentrent, déjà dès 1846, dans les temps véritablement apocalyptiques (lesquels doivent se terminer eschatologiquement par la Parousie du Christ en Gloire dans notre univers physique, qui génèrera la chute foudroyante de l'Antéchrist-personne et de son règne maudit), que la très-sainte Vierge Marie est venue à La Salette : pour avertir salutairement, et l'humanité toute entière (= "tout mon peuple"), et l'Église elle-même, qu'elles rentraient dans cesdits temps apocalyptiques, caractérisés par des périls spirituels extrêmes et de terribles et affreuses épreuves humaines.
           
        La pénitence et la conversion des âmes que Notre-Dame de La Salette demande, par le canal innocent et très-pur de Mélanie et Maximin, sont donc à comprendre comme étant celles inhérentes aux temps ultimes de la fin des fins, où l'épreuve spirituelle pour garder la Foi sera maximale et exigera l'héroïcité ultime des âmes pour vaincre et être sauvées. Cette pénitence et cette conversion ne sont donc pas seulement celles demandées aux chrétiens dans les temps ordinaires, où l'Église et l'humanité restent toujours debout dans l'être ; bien au contraire, dans les temps apocalyptiques qui s'ouvrent dès la fin de la Révolution française, dénoncés par les annonces répétées de la Reine des prophètes (La Rue du Bac, La Salette surtout, Lourdes, Fatima de manière grandiose, etc.), l'Église et l'humanité des hommes, loin de rester debout, seront anéanties, à terre, foulées aux pieds, dominées par le mal au for externe de "la figure du monde qui passe", dans une kénose humaine radicale, à l'instar du Christ dans l'économie de sa Passion, ego autem sum vermis et non homo. Car dans les temps apocalyptiques, "la bête aura le pouvoir de vaincre les saints du Très-Haut" (Dan VII, 25 & Apoc XIII, 7), et cela concerne au premier chef l'Église Universelle elle-même, laquelle sera soumise à "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53). C'est-à-dire que dès que les temps apocalyptiques s'ouvriront, l'Église va être "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), selon l'oxymore certes tellement renversant révélé par saint Paul, qui s'avère être le fondement essentiel de l'économie de toute Passion, qu'elle soit celle du Christ ou celle de son Épouse, l'Église, à la fin des temps. Cette pénitence et cette conversion inhérentes à la fin des temps exigent donc le sacrifice total de notre humanité, comme livrée à la puissance diabolique dans son for externe à l'instar de celle du Christ dans sa Passion, tant pour l'Église (qui est une "personne morale" ― canon § 100), que pour l'homme individuel. Garder Foi, Espérance & Charité quand l'humanité est totalement sacrifiée dans son for externe est une pénitence et une conversion incomparablement plus dures et méritoires que lorsque l'humanité n'y est pas sacrifiée... D'où le fait que le Ciel envoie la Vierge bénie pour avertir les hommes qu'ils rentrent dans ces temps paroxystiques.
           
        Y ayant réfléchi à mon retour chez moi, il m'apparaît de mon devoir de Charité, de par Dieu et Notre-Dame de La Salette, après le bon et pénitentiel pélerinage que je viens d'accomplir (1.840 kms aller-retour, à partir de ma Petite-Bretagne, en voiture solo...), aidé et fort soutenu dans cette pénitence par la très-bonne organisation à la fois matérielle et cultuelle, liturgique, que vous présidez sur le site de La Salette, vous les Pères missionnaires ainsi que les Sœurs très-dévouées, de vous faire en toute simplicité et déférence cordiales un exposé approfondi sur cedit sens apocalyptique premier de l'Apparition mariale de La Salette, que je ne vous ai que si peu exprimé dans notre petit entretien, et que pour votre part, vous avez si fort gommé malencontreusement, vous les Pères missionnaires de La Salette, en ne faisant que suivre, certes par obéissance (mais une vertu d'obéissance mal comprise), l'espèce d'apostasie déguisée de toute l'Église Universelle, singulièrement celle romaine et pontificale, de ne pas vouloir prendre conscience de l'ouverture de ces temps apocalyptiques dès les temps modernes très-immédiatement post-révolutionnaires, comme je vais mieux l'expliciter tout-à-l'heure.
  
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        Il me semble devoir commencer mon exposé par donner la note générale de l'Apparition de La Salette : celle-ci est incluse dans un cycle d'Apparitions mariales modernes qui ont toutes le caractère de l'universalité, ce qui, il faut tout-de-suite en prendre soigneusement conscience, est totalement inédit dans toute l'histoire de l'Église militante auparavant, dans tous les siècles antérieurs depuis la naissance de l'Église à la Pentecôte il y a 2 000 ans. Quand la très-sainte Vierge apparaît, en effet, avant la période moderne post-révolutionnaire, cela n'a qu'une résonnance privée ou locale ou, à tout le mieux, cantonale (Cf., par exemple, Apparitions en Bretagne, Y. du Menga, 1981, ouvrage qui le montre bien par plusieurs exemples ; en particulier, la touchante Apparition de la Vierge à une jeune sourde-muette de onze ans, Jeanne Courtel, à Querrien-La Prénessaye dans les Côtes-d'Armor, en 1652, est exemplaire quant à la note de non-universalité des Apparitions mariales avant la période moderne : quasi quatre siècles après, cette Apparition mariale n'est toujours pratiquement connue et vénérée que dans le département où elle a eu lieu, bien que la Vierge Marie, merveilleusement baptisée Notre-Dame de Toute-Aide par la dévotion populaire approuvée par l'évêque du lieu, ait demandé à la petite Jeanne que les foules viennent l'y révérer). Ce caractère d'universalité est extrêmement important à prendre en considération pour bien saisir le message profond des Apparitions mariales de ce "Cycle de la Vierge" moderne post-révolutionnaire.
           
        J'écrivais ceci, en 1992 : "Les Apparitions mariales depuis 1830 sont très-différentes de celles qui les ont précédées, elles ont un caractère tout nouveau. On retrouve cette affirmation dans pratiquement tous les auteurs, prêtres ou laïcs pieux, qui ont parlé de ces Apparitions. Ce caractère tout nouveau, on nous le dit, c'est l'universalité.
           
        "Par exemple, pour La Salette (1846), l'Apparition est connue dans toute la France en quelques mois seulement : c'est un prodige incompréhensible, humainement parlant, si l'on tient compte des moyens médiatiques d'alors. «Les pèlerins viennent battre ce haut-lieu de leurs vagues croissantes. Sous les yeux de M. Mélin [curé-doyen de Corps, chef-lieu de canton de La Salette], le défilé quotidien, de quelques unités aux premiers jours de mai, est passé à trois mille le jour de la Pentecôte et à cinq mille le lendemain 31 mai. Il en vient de Paris et de Marseille, de Bourges et de Briançon, de la ville et de la campagne. Et comme les pasteurs accompagnent leurs ouailles, le curé de Corps est obligé de pourvoir au soin des messes à dire. Sa pauvre église devient une cathédrale : cinq, six, huit messes par jour. Le mouvement se maintient pendant tout le mois de juin. (...) Les travaux des champs n'ont pas arrêté le pélerinage de La Salette. Je ne crois pas qu'il y ait eu un tel concours dans aucun sanctuaire à Marie, ni dans le diocèse, ni dans les environs. Cette gorge [de la Bourne] est traversée, tous les jours, par un grand nombre de personnes, qui débouchent sur la montagne avec d'autres pèlerins, qui y arrivent par plusieurs avenues. On y prie, on y chante, on y pleure, à chaque heure du jour. (...) En conséquence, les délégués de Mgr de Bruillard [l'évêque de Grenoble, dont dépendait La Salette], partis le 27 juillet [1847] de Grenoble, parcoururent une dizaine de diocèses en quête de témoignages. “Partout, écrit M. Rousselot, qui rédigera le rapport officiel, partout il n'était bruit que de la célèbre apparition de La Salette, de l'eau de la fontaine merveilleuse, de pèlerinages faits ou à faire à la sainte Montagne, etc.”» (La grâce de La Salette, Jaouen, 1964, pp. 34 & 37)" (Bientôt le Règne millénaire, Louis de Boanergès, p. 365).
           
        Le P. Jean Stern, dans ses Documents authentiques, a fort bien consigné la chose extraordinaire, qui voit le fait de La Salette toucher immédiatement et universellement tout le monde, ... même les impies !, ainsi qu'il ressort d'une lettre d'un certain Jeanture, simple paysan écrivant à son frère : "... Les gens y viennent [à La Salette] en grand nombre et en pèlerinage sans aucun ordre des prêtres. Tous les jours, ils partent de Cors [sic] à 200 et à 300 personnes à la fois pour aller à cette montagne, moi aussi j'y suis allé et nous nous sommes trouvés mille et peut-être samedi prochain nous y retournerons et nous espérons d'être davantage. Car les pénitents se sont décidés d'y aller dire l'office de la Ste Vierge dans cette chapelle. Ce n'est pas les prêtres qui nous invitent d'y aller, car ils n'ont point encore d'ordres pour nous y conduire, c'est un fait de religion qui nous y engage [!]. Les prêtres en sont même étonnés de voir partir les gens et de les voir se mettre en procession sans aucun ordre, et mêmes les plus incrédules de Cors y vont comme les autres et croient la même chose" (La Salette ― Documents authentiques septembre 1846-début mars 1847, Jean Stern, t. 1, p. 149, sq., doc. 36, relation Jeanture).
           
        "Quelle différence avec les apparitions mariales locales des siècles passés, simplement «de dévotion», qui, bien des années après leur manifestation, ne dépassent toujours pas le cadre restreint de la province voire, pour la plupart, du canton !
           
        "Pierre Darimbert synthétisait fort bien, dans un petit ouvrage fervent, toute la problématique : «C'est donc tout un ensemble d'apparitions réunies sous le nom de “Cycle de la Vierge”, qu'il s'agit de considérer, et particulièrement celles qui eurent pour théâtre la chapelle de la Rue du Bac, la montagne de La Salette, la grotte de Lourdes et la lande de Fatima, parce que, plus que toutes les autres, qui les confirment d'ailleurs, mais qui sont souvent des révélations moins générales, parfois simplement épisodiques ou même purement privées, elles revêtent un caractère de solennité exceptionnelle et qu'elles apportent à l'humanité toute entière un Message» (L'aube de Dieu ― les grandes apparitions dans le cadre de l'histoire", 1958, p. 10)" (Bientôt le Règne millénaire, pp. 366-367).
           
        La première chose donc, vous les Pères missionnaires de La Salette, que vous auriez dû prendre en compte quant à l'Apparition mariale de La Salette, c'est son caractère évident d'universalité, prophétiquement annoncé dans l'Apparition elle-même et voulu fort explicitement par la Vierge Marie lorsqu'elle répète deux fois dans le Discours public : "Éh bien, vous le ferez passer à tout mon peuple" (ce repetita bis signifie l'importance capitale de la chose, c'est comme dans la Sainte-Écriture où les enseignements importants sont répétés deux fois, un verset scripturaire suivant immédiatement l'autre pour exprimer la même chose, en prenant des termes littéraires complètement différents mais ayant exactement même signifiance). Or, depuis que le Christ a donné saint Jean pour fils à la Vierge et Mère bénie, au pied de la croix, un saint Jean représentant mystiquement toute l'humanité, tout mon peuple est donc toute l'humanité, c'est-à-dire que rien que par cette formulation, la Vierge et Mère bénie des hommes estampille formellement elle-même sans équivoque ni ambiguïté sa mariale visite à La Salette du caractère d'universalité. Ce caractère d'universalité voulu par le Ciel se montre donc également par le retentissement immédiatement universel de l'Apparition de La Salette dans l'humanité, comme nous venons de le voir, effet d'une cause divine, retour de boomerang si je puis dire, réponse du berger à la bergère, c'est le fruit évident de l'Action miraculeuse du Saint-Esprit dans les âmes puisque, humainement parlant, au vu des moyens médiatiques d'alors, c'est inexplicable.
  
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        Puis ensuite, cette prise de conscience, faite et bien faite, de la note d'universalité caractérisant fondamentalement l'Apparition mariale de La Salette, il fallait évidemment en donner la signification, mission qui revenait au premier chef, il faut bien le dire, aux prêtres eux-mêmes, et singulièrement à vous, les Pères missionnés pour La Salette. Or, théologiquement, cette signification ne peut qu'être la suivante : La forme universelle des Apparitions mariales modernes, dont éminemment celle de La Salette, annonce et prophétise des évènements universels regardant l'humanité toute entière en ce compris l'Église. J'aurai d'ailleurs dû écrire : ... regardant l'Église puis l'humanité toute entière, tant il est vrai que, comme le disait saint Eucher de Lyon (370-449), un Père de l'Église des Gaules, "L'Église est au commencement de toutes choses". Les évènements universels annoncés par le "Cycle de la Vierge" doivent donc toucher d'abord l'Église avant de toucher l'humanité.
           
        Or encore, selon la doctrine catholique, les seuls évènements de caractère universel concernant l'avenir du monde tout entier, qui peuvent surgir dans l'Église militante dans son économie de salut actuelle naissant à la Pentecôte, dite du Temps des nations et de Rome son centre, sont les évènements apocalyptiques de la fin ultime des temps ayant comme terminus la Parousie glorieuse du Christ, son second Avènement. Rien d'autre ne peut, dans l'orthodoxie, être théologiquement entrevu, et surtout pas un changement d'économie de salut dans l'Histoire, comme veulent le croire les pseudo-millénaristes. Ce que, de par Dieu, la très-sainte Vierge Marie est donc venue prophétiser de fondamental dans les temps modernes post-révolutionnaires, très-notamment à La Salette, c'est que l'Église et l'humanité rentrent dans les temps eschatologiques consignés dans l'Apocalypse de saint Jean, à partir de cette multiple prophétie mariale qui commence en 1830, puis se poursuit en 1846, 1858, 1917.
           
        Dans le grand détail, il s'agit de l'Apocalypse générale qui, d'une manière pratique, signifie le tohu-bohu dans toute la structure et l'organisationnel humains, le renversement anthropologique cul par-dessus tête où "tout ordre et toute justice seront foulés aux pieds" (Secret de La Salette donné à Mélanie, dans sa version authentique et surtout intégralement définitive de 1879 : je vais bien sûr revenir sur ce point tellement névralgique, que j'ai seulement effleuré avec vous mon Père, dans notre petit entretien), la subséquente grande tentation antéchristique universelle qui touche toute âme de renier le Christ selon Apoc III, 10, qui irait "jusqu'à séduire les élus s'il se pouvait" (Matth XXIV, 24), l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint qui est l'Église, laquelle, in fine, consistera principalement dans le règne de l'Antéchrist-personne s'instaurant à partir du Siège de Pierre, "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist" (ibid.), lequel règne maudit finira dans le Déluge universel de feu (aussi cataclysmique et radical que le Déluge d'eau de Noé) et son foudroiement par le Christ Lui-même revenant en Gloire dans notre univers physique, pour instaurer le Millenium ou Règne de la Gloire du Christ et de l'Évangile, qu'aura voulu orgueilleusement plagier et supplanter sacrilègement l'Antéchrist dans son règne, Règne christique glorieux visitant substantiellement cette fois-ci non plus seulement la sphère spirituelle, les âmes, l'Église, mais englobant dans cette régénération eschatologique la sphère inférieure de la Création terrestre, Millenium qui sera une nouvelle économie de salut, fort bien professée par le grand saint Irénée de Lyon dès le IIème siècle de notre ère dans le Livre V de son magistral Contra Hæreses, et crue par la majorité des premiers chrétiens, dont la plupart furent martyrs, durant les trois premiers siècles ― pesons bien ces trois siècles : c'est une durée qui va de l'époque de Louis XIV jusqu'à nous !).
           
        C'est tout cela qu'est venue prophétiser la Reine des prophètes dans ce "Cycle de la Vierge" dont La Salette est un maillon des plus importants, et même le plus important de tous car le plus eschatologique dans son appareil et son message propres, prophétie que vous, les Pères missionnés et missionnaires de La Salette, c'est juste de ma part un constat et non un jugement ou une condamnation, vous avez radicalement occulté et subverti, suivant en cela l'apostasie déguisée de l'Église Universelle moderne, hélas "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21) dès le sortir de la Révolution comme je vais mieux l'exprimer tout-à-l'heure.
  
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        Vous allez peut-être "tiquer", mon Père, à l'énoncé que je viens de faire du Millenium, si votre formation est trop classique, scolastique, au sens négatif des termes. Or, cette doctrine très-catholique du Millenium, juive comme issue de Yahweh et non point du tout judaïque au sens péjoratif du terme, qui m'a fait écrire en 1992 tout un historique apologétique, Bientôt le Règne millénaire, sous la signature pseudonymique collective Louis de Boanergès, très-notamment en m'inspirant de l'ouvrage du jésuite Henri de Lubac La postérité spirituelle de Joachim de Flore, qui m'avait tellement passionné que j'en avais lu trois fois et copieusement annoté les deux gros tomes, un de Lubac pourtant bien sulfureux par certains côtés modernistes mais fort apprécié paraît-il par votre feu confrère Jean Stern, cette doctrine très-catholique du Millenium disais-je, est prophétisée très-clairement à La Salette par la Vierge Marie, de manière absolument formelle et non-équivoque.
           
        C'est premièrement dans le Discours public approuvé canoniquement par Mgr de Bruillard, et donc sous le sceau infaillible de l'Église, que se trouve la prophétie explicite du Millenium faite par Notre-Dame à La Salette : "S'ils se convertissent, les pierres et les rochers se changeront en monceaux de blé, et les pommes de terre se trouveront ensemencées par les terres". Pour qui a étudié les écrits des premiers Pères de l'Église millénaristes, comme je l'ai fait, il est fort frappant de voir la similitude parfaite de leur formulation basée sur l'hyperbole, le superlatif, lorsqu'ils décrivent la condition édénique de la terre aux temps du Millenium, avec celle employée à La Salette par la Reine des prophètes. On voit par exemple Papias, évêque d'Hiéropolis au tout premier siècle chrétien, "auditeur de Jean, le disciple du Seigneur et l'ami de Polycarpe [évêque de Smyrne]" (Contra Hæreses, t. V, 33.3 & 33.4), parler de vignes fantastiques dans le Millenium, "qui auront dix mille ceps, sur lesquels pousseront dix mille branches", etc.. Mais comme le fait remarquer le P. Léon Gry, dont le petit opuscule sur le millénarisme écrit sous le pape Pie X fait autorité, Le millénarisme dans ses origines et son développement, 1904, "l'Apocalypse de Baruch et en général toute l'apocalyptique juive contemporaine à Papias reflétaient les mêmes affirmations édéniques, ayant toutes «un fondement dans la tradition préalable» (Gry, p. 69, note 2), c'est-à-dire, tout simplement chez les prophètes de Yahweh, surtout dans Isaïe lorsqu'il traite de la question...
           
        Qui, mieux que la Reine des prophètes de tous les temps, Ancien comme Nouveau Testament, connaît la tradition du langage prophétique pour décrire la condition des fruits de la terre aux temps glorieusement régénérateurs, palingénésiaques, du Millenium ? Personne, n'est-ce pas mon Père, il faut vraiment en convenir ! Et c'est pourquoi, lorsque Notre-Dame de La Salette emploie au plus serré cette dite formulation de toute la tradition prophétique testamentaire pour décrire le Millenium, il n'est point permis de douter qu'elle le fait pour prophétiser autre chose que l'avènement prochain du... Millenium.
  
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        Or, s'il est certain, comme nous venons de voir que c'est le cas, que la Dame de La Salette prophétise le Millenium, alors c'est donc qu'elle entend prophétiser sur les temps apocalyptiques dans tout son message. Et on le sait donc d'une manière certaine puisque sa prophétie du Millenium est approuvée infailliblement par l'Église dans le Discours public (point question ici de s'appuyer sur le Secret de Mélanie Calvat, si controversé, mais sur la voix même de l'Église, infaillible, quant à l'évènement de La Salette).
           
        Le Millenium est en effet le second volet positif de l'Apocalypse, mais il est très-important de comprendre qu'il est indissociablement uni au premier volet qui, lui, est tout entier négatif, s'agissant en effet de la préface ténébreuse de l'avènement du Millenium qui consistera essentiellement et culminera in fine dans l'avènement du règne de l'Antéchrist-personne puis de son foudroiement dans l'épouvantement de toute la Création, sa précipitation dans les abîmes infernaux par la Parousie du Christ en Gloire. La terre, en effet, avant d'engendrer le Millenium, vivra une malédiction comme absolue, mortifère, que saint Irénée nous décrit comme étant la récapitulation cristallisée des 6 000 ans d'iniquités du monde depuis le péché originel, une sorte de possession diabolique extrême et ultime où tout le péché du monde s'extériorisera et s'exprimera jusqu'à "percer la voûte des cieux" (Secret), traversée de châtiments non moins ultimes et extrêmes à la hauteur de ce péché suprême, et que la Parousie exorcisera universellement dans le tremblement et les foudres Boanergès qui ébranleront les assises mêmes du monde. Or, puisque donc on est sûr que Notre-Dame de La Salette prophétise le Millenium, on est donc non moins sûr que lorsqu'elle évoque des châtiments dans son message du même Discours public, ceux-ci ne peuvent avoir fondamentalement traits qu'aux châtiments de nature essentiellement apocalyptique.
           
        Parvenu ici dans le raisonnement du discours de la méthode salettin, il n'est point permis, mon Père, d'être superficiel, et de dire, par exemple : dans le Discours public, la très-sainte Vierge ne fait guère que prophétiser pour la seule région de Corps et de La Salette des noix et des raisins pourris, du blé qui tombe en poussière, des pommes de terre gâtées. Rien là qui regarde des évènements apocalyptiques touchant le monde entier.
           
        Faire pareil raisonnement, si honteusement superficiel, serait oublier que la Reine des prophètes a un respect infini de la personne de ses interlocuteurs, elle respecte donc la petitesse intellectuelle de conception de ses deux petits bergers, enfants paysans simples et naïfs à la culture très-fruste, qui ne savaient même pas le français mais seulement le patoisant de leur petit canton, et qui ne connaissaient, en fait de monde, que leur tout petit univers du canton de Corps. Pour leur prophétiser la fin du monde, car c'est bel et bien son intention, la très-sainte Vierge, sur la montagne de La Salette, va donc le faire en rapetissant microcosmiquement son message à ce seul petit monde du canton de Corps, c'est-à-dire le seul monde universel que pouvaient concevoir et percevoir Mélanie et Maximin. Mais son intention prophétique est bel et bien d'y exprimer des châtiments de nature apocalyptique, c'est pourquoi la nature des châtiments décrits dans le Discours public touchant ce tout petit monde universel, est bel et bien apocalyptique, c'est-à-dire que ce sont des châtiments affreux et terribles, qui aboutissent, en soi, à la mort de l'humanité. C'est bien une fin du monde qui est prophétisée dans le Discours public pour le canton de Corps, certes paraboliquement, c'était juste en fait une image pour dire que, pour prédire dans le futur les châtiments apocalyptiques touchant cette fois-ci macrocosmiquement le monde entier, l'univers entier... ce que, ne manquons surtout pas de nous en faire la réflexion, décrira et explicitera on ne peut mieux le Secret révélé par Mélanie dans sa version définitive de 1879, décrivant dans le grand détail ces châtiments apocalyptiques touchant cette fois-ci le monde entier, l'univers entier.
           
        Déjà ici, il faut donc constater que la prophétie des châtiments microcosmiques du Discours public cautionne et prouve l'authenticité de la prophétie des châtiments décrits par Mélanie dans son Secret cette fois-ci de manière macrocosmique, pour l'univers entier. Ils sont en fait l'embryon inchoatif, le microcosme du macrocosme, si je puis dire...
  
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        Il ne va pas être mauvais d'ailleurs de consigner ici que la prophétie microcosmique des châtiments apocalyptiques du Discours public s'est parfaitement réalisée dans le canton de Corps dès les années immédiates suivant l'Apparition, et même, par extension, dans toute la France et une partie de l'Europe (mais nous sommes toujours dans l'ordre du microcosme et de la parabole, non pas encore dans celui du macrocosme et de la réalité, cependant prophétisés par le microcosme parabolique, qui sera celui des châtiments réellement apocalyptiques proprement dit, à la toute-fin de tous les temps, lesquels interviendront dans le cadre du règne de l'Antéchrist-personne). Léon Bloy, le plus grand des petits prophètes modernes, l'avait pour sa part très-bien consigné dans Celle qui pleure, son meilleur ouvrage sur La Salette. Malgré les longueurs, il faut rapporter ces très-importants constats :
           
        "La Sainte Vierge avait dit que les pommes de terre continueraient à se gâter et qu'à Noël, il n'y en aurait plus. Or, dès le commencement de l'hiver [1846], les pauvres gens mouraient de faim dans la montagne : ils n'avaient pas seulement une pomme de terre à manger. Il en fut ainsi dans toute la France et à l'étranger mais surtout en Irlande.
           
        "Elle avait dit que le blé serait mangé par les bêtes et tomberait en poussière. Or, la maladie du «pictin» se déclara en 1851 et causa en Europe des pertes énormes. Voici ce qu'un correspondant de «L'Univers» écrivait sur cette maladie du blé, le 15 juillet 1856 : «J'ai ouvert les alvéoles ou pailles desséchées. Les unes ne renferment aucune graine, les autres renferment un grain amaigri et desséché que rien ne nourrit. Dans les unes et les autres, nous avons trouvé, sous forme de poudre jaune, des petits vers qui, sans doute, produisent tous ces ravages. Chacun peut aujourd'hui constater le même phénomène : il suffit de se rendre au premier champ de blé, de prendre en mains quelques épis, d'ouvrir les corolles marquées à leur racine d'une tache noire, et l'on verra pulluler les animalcules».
           
        "Elle avait dit qu'il viendrait une grande famine et que les hommes feraient pénitence par la faim. Or, la cherté des vivres [dûe à leur carence] aurait amené en France, pour les deux années 1854-1855, la mort de cent cinquante-deux mille personnes, selon les statistiques officielles ; et plus d'un million pour toute l'Europe.
           
        "Elle avait dit qu'avant la famine, les petits enfants prendraient un tremblement et mourraient entre les mains des personnes qui les tiendraient. Or, en 1847, la réalisation de la menace débuta par une grande mortalité des petits enfants dans le canton de Corps. En 1854, dans la France, soixante-quinze mille enfants au-dessous de sept ans moururent de la suette. Un froid glacial les saisissait, suivi d'un tremblement qui amenait la mort après deux heures de souffrances.
           
        "Elle avait dit que les noix deviendraient mauvaises. Or, un rapport adressé en 1852 au ministre de l'Intérieur a constaté que la maladie des noyers avait anéanti cette récolte l'année précédente, dans le Lyonnais, le Beaujolais et l'Isère et que c'était une calamité pour ces régions, dont la récolte des noix est une des principales ressources.
           
        "Elle avait dit que les raisins pourriraient. Or, ce fléau dure encore [Léon Bloy écrit Celle qui pleure en 1908]. Voilà bientôt 60 ans que les raisins pourrissent..." (Celle qui pleure, pp. 174-175).
           
        La réalisation de la prophétie des châtiments annoncés par la Vierge Marie dans le Discours public, n'est donc que trop bien constatée. Pour autant, il est trop facile de prendre acte que ces châtiments n'ont pas entraîné de soi la fin du monde, ils ne sont en fait tombés microcosmiquement sur une humanité non-universelle que pour servir de parabole et d'avertissement salutaires à l'humanité toute entière, pie et impie. De par la Providence divine, il est trop clair qu'ils furent programmés pour être devant les yeux des hommes une prédiction de ce qui va arriver macrocosmiquement à l'univers entier lorsque les temps de la fin seront définitivement ouverts, et qui va affreusement et terriblement arriver cette fois-ci réellement, apocalyptiquement, non pas dans une figure parabolique, c'est-à-dire comme entraînant mortellement de soi l'effective fin du monde par des effets mortifères multiples auxquels personne ne pourra échapper ; c'est en effet de ces temps et châtiments apocalyptiques ultimes qu'Isaïe a prophétisé, en disant : "L'effroi, la fosse et le filet sont sur toi, habitant de la terre. Et voici, celui qui fuira devant l'effroi tombera dans la fosse, et celui qui sera sauvé de la fosse sera saisi par le filet" (Is XXIV, 17-18).
           
        Quant aux châtiments microcosmiques du Discours public, il suffit au contraire de laisser passer quelques années seulement pour voir le monde les surmonter sans problème, sans qu'il n'en reste rien, et même les oublier, cesdits châtiments cessant rapidement leurs mauvais effets et la vie reprenant donc subséquemment son cours très-ordinaire. Qui, en effet, se souvient encore de nos jours, de ces châtiments des années 1850 annoncés dans le Discours public, sinon personne hormis quelques rares spécialistes d'Histoire pointus s'y penchant avec une grosse loupe ? Pour autant, on n'a pas assez remarqué, et surtout vous les Pères missionnaires de La Salette, que le Discours public concernant un petit monde très-localisé (les paysans du canton de Corps, et puis par extension la France et certaines parties de l'Europe) est une première mouture microcosmique très-exacte du Secret donné à Mélanie qui, lui, reprend en seconde mouture macrocosmique exactement le même message, mais concernant, cette fois-ci, universellement le monde entier. Il est en effet annoncé dans les deux textes, 1/ de terribles châtiments, entraînant de soi la mort de l'homme ; 2/ suivis d'un renouvellement palingénésiaque de la terre.
  
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        Je disais donc, mon Père, que le message de Notre-Dame à La Salette est essentiellement d'ordre eschatologique, apocalyptique, il s'agit d'annoncer aux hommes le prochain avènement du Règne de la Gloire du Christ, ce qui ne pourra pas se faire sans que l'humanité toute entière ne subisse préalablement, dans une préface très-ténébreuse liée indissolublement à l'avènement du Millenium et infailliblement prophétisée dans la Sainte-Écriture, singulièrement dans l'Apocalypse de saint Jean, comme une possession diabolique universelle que cristallisera in fine le règne de l'Antéchrist-personne, laquelle ne pourra être radicalement exorcisée de manière cataclysmique que par la Présence parousiaque du Christ en Gloire dans notre univers physique, revenant dans sa seconde Venue pour instaurer le Millenium. Je commençais donc à le bien montrer par la prédiction non-équivoque que la Vierge de La Salette fait de l'avènement du Millenium dans le Discours public.
           
        C'est cela la "grande nouvelle" que la Dame de La Salette vient dire, par le vecteur de ses deux petits bergers innocents, à "tout mon peuple" : "Avancez, mes enfants, n'ayez pas peur ; je suis ici pour vous annoncer UNE GRANDE NOUVELLE". La première phrase de la Reine des prophètes dans le Discours public est déjà l'indication formelle qu'elle ne vient pas à La Salette pour parler uniquement de pénitence, de prière et de conversion des âmes. Ceci, en effet, faut-il avoir à le dire, à dire cette honteuse lapalissade, n'est pas une... "grande nouvelle". C'est en effet de tous les temps qu'il s'agit de faire pénitence, de prier, de se convertir, pour être sauvé. Il est donc rigoureusement impossible de voir le Discours public, introduit par cette phrase qui en donne la note théologique toute entière, n'avoir qu'un sens ascétique commun à tous les siècles ordinaires, comme vous, les Pères missionnaires de La Salette, l'avez trop dit et continuez à le dire, dans un obscurantisme déplorable, étouffeur de la vérité, et donc très-mauvais, mettant hélas vos pas, pour lors, dans ceux des pharisiens stigmatisés ainsi par le Christ : "Malheur à vous, scribes et pharisiens hypocrites, parce que vous fermez le royaume des Cieux devant les hommes ; car vous n'y entrez pas vous-mêmes, et vous ne laissez pas entrer ceux qui désirent entrer" (Matth XXIII, 13). Bien au contraire, comme je l'exprimais en commençant ces lignes, la prière, pénitence et conversion demandées à La Salette sont nouvelles, comme étant ordonnées et inhérentes aux temps apocalyptiques, en adéquation viscérale avec eux.
           
        Cette grande nouvelle est évidemment liée au caractère inédit d'universalité des Apparitions mariales du "Cycle de la Vierge", c'est-à-dire qu'il s'agit d'annoncer, après la bonne nouvelle de l'Évangile, la grande nouvelle du Millenium qui lui fait eschatologiquement suite, qui glorifie l'Évangile à la fin des temps en visitant cette fois-ci non plus seulement la sphère supérieure, les âmes, l'Église, mais encore la Création inférieure, ce qui présuppose théologiquement l'instauration d'une nouvelle économie de salut ; et c'est la raison essentielle, justement, de la Revenue parousiaque du Christ en Gloire dans notre univers physique, car Lui seul, Lumière du monde, par Qui tout a été fait et par Qui tout sera fait, peut instaurer une nouvelle économie de salut (et non point l'Antéchrist-personne, qui prétendra le faire dans son règne maudit, voulant en effet, prophétise Daniel en VII, 25, "changer les temps et les lois", c'est-à-dire prétendant dans un orgueil luciférien pouvoir instaurer lui-même sans Dieu cette dite nouvelle économie de salut du Millenium).
           
        Voilà essentiellement la "grande nouvelle" que la Reine des prophètes veut annoncer à la terre entière, à "tout mon peuple", c'est la nouvelle chiliaste, la nouvelle de l'avènement prochain du Millenium, sorte d'antichambre du Paradis éternel mais qui sera toujours et encore dans le Temps c'est-à-dire avant le Jugement dernier, et hélas qui doit être eschatologiquement précédé, de manière si négative, par de terribles et affreux châtiments et emprises démoniaques sur le monde entier, dont le pire de tous est bien sûr le règne universel de l'Antéchrist-personne.
  
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        Bien d'autres choses, dans l'appareil de l'Apparition, peuvent être signalées pour conforter et prouver cette nature essentiellement apocalyptique-eschatologique-chiliaste du message de la très-sainte Vierge Marie à La Salette.
           
        Le détail vestimentaire le plus apocalyptiquement frappant, le plus millénaristement expressif, est la grande chaîne doublée d'un collier de roses reposant sur les épaules de la Vierge de La Salette. C'est une allusion des plus évidentes au ch. XX de l'Apocalypse, si mal interprété par les scolastiques et autres esprits aloge pénétrés de classicisme, si nombreux et en rangs serrés et compacts dans l'Église des temps passés, y compris parmi les saints, et qui le sont encore. Inutile en effet d'avoir besoin de préciser qu'une grande chaîne sur les épaules d'une femme, complément vestimentaire si étrange et même anormal, ne peut avoir comme but que de délivrer un message très-fort ! Et ce message très-fort, le voici : "Et je vis descendre du Ciel un Ange qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et satan, et il le lia pour mille ans. Et il le jeta dans l'abîme, qu'il ferma et scella sur lui, pour qu'il ne séduisît plus les nations jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés ; après cela il doit être délié pour un peu de temps. Et je vis des trônes, et ils s'assirent dessus, et il leur fut donné de juger. Je vis aussi les âmes de ceux qui avaient été décapités à cause du témoignage de Jésus et à cause de la parole de Dieu, et de ceux qui n'avaient point adoré la bête, ni son image, et qui n'avaient pas pris sa marque sur leur front ni sur leurs mains ; et ils vécurent, et régnèrent avec le Christ pendant mille ans. Les autres morts ne revinrent pas à la vie jusqu'à ce que les mille ans fussent écoulés. C'est là la première résurrection. Heureux et saint celui qui a part à la première résurrection. Sur eux la seconde mort n'a pas de pouvoir, mais ils seront prêtres de Dieu et du Christ, et ils règneront avec Lui pendant mille ans" (Apoc XX, 1-6).
           
        Tout est chiliastement dit, à La Salette, dans ces deux seuls détails vestimentaires : la grande chaîne à gros maillons, c'est la symbolique de la toute-Puissance divine qui réduit à l'impuissance radicale toute l'iniquité des 6 000 ans générée par le péché originel et augmentée considérablement depuis lors par les péchés actuels innombrables des hommes, et qui n'a que trop fait sentir son pouvoir mortifère mis en œuvre maudite par Satan, durant tout ce très-long temps anté-Millenium. Il est évident que si Notre-Dame s'affuble de cette grande chaîne à gros maillons à La Salette, c'est pour enseigner que les Temps sont arrivés où cette "puissance des ténèbres" sera radicalement ôtée de la surface de la terre ainsi qu'il est explicitement prophétisé en détail dans l'Apocalypse de saint Jean au ch. XX, et elle ne peut être ainsi ôté, anéantie in radice, que par l'instauration d'une nouvelle économie de salut, celle du Millenium. Rien que la grande chaîne à gros maillons sur les épaules de Notre-Dame de La Salette prouverait en effet que La Salette prophétise le Millenium.
           
        Mais, comme si cela ne suffisait pas, cette chaîne à gros maillons est doublée au plus près, au plus serré, d'une chaîne de roses de toutes les couleurs, symbolisant à l'évidence, quant à elle, la condition édénique de la terre lorsque l'iniquité en sera radicalement ôtée par la grande chaîne à gros maillons... Notons avec soin que ce collier de roses de toutes les couleurs débordait sur tout le corps de la très-sainte Vierge car, comme le dira Mélanie extasiée dans sa relation de l'Apparition, la très-sainte Vierge "était toute pleine de roses". Comment s'en étonner, comment pouvoir se surprendre que dans la nouvelle économie de salut terrestre redevenue immaculée du Millenium, il y ait une si grande ressemblance avec l'Immaculée-Conception...! Cette grande chaîne doublée d'un collier de roses montre donc très-bien, à qui veut le voir, le message essentiellement et purement apocalyptique-chiliaste que la Reine des prophètes est venue dire et enseigner à La Salette : 1/ le mal sera anéanti radicalement de la surface de la terre ; 2/ la terre, une fois délivrée du mal, rentre dans l'édénique Millenium.
           
        Remarquons, sur le plan spirituel, que la Vierge bénie porte avec nous l'iniquité du monde, c'est pourquoi elle porte en sautoir cette grande chaîne à gros maillons qui doit anéantir radicalement ce mal universel qui grève et hypothèque toute l'humanité : elle nous montre par-là qu'elle est solidaire avec nous de notre malheureux sort d'enfants d'Adam et Ève. Elle pleure sans cesse devant Mélanie et Maximin car elle partage prophétiquement avec nous les terribles et affreux maux par lesquels l'humanité entière doit passer pour être enfin délivrée de l'antique ornière, de cette diabolique emprise du mal sur la terre. Qui souffrira ces maux avec elle, Vierge Compatissante, qui les souffre avec tant de simplicité et d'amour fort et vrai avec nous à La Salette, est sûr de son salut.
           
        Avec cette grande chaîne que jouxte le collier de roses, on est en fait ici en présence du même enseignement qui sera délivré quelques décennies plus tard par le grand miracle du soleil et de l'arc-en-ciel à Fatima en 1917: le soleil éclatant, c'est le Christ venant régner souverainement dans la Justice, abolissant bien évidemment par le fait même toute puissance du mal qu'Il ne souffrira bien sûr plus en face de Lui ; et l'arc-en-ciel généré par le soleil, symbole de beauté édénique, c'est, effet béni de cette cause, la condition terrestre sous ce Règne christique débarrassé de toute emprise maléfique et de Satan, ce qui ne peut avoir lieu que dans la nouvelle économie de salut du Millenium (de manière tellement obscurantiste, on a certes parlé seulement du miracle du soleil à Fatima, mais la vérité des faits enregistre qu'il s'agit d'un miracle du soleil et de l'arc-en-ciel en même temps, les témoignages des témoins directs de ce grand miracle ne laissent place en effet à aucun doute sur le sens millénariste, là encore, et là encore occulté, dudit miracle ― J'ai exposé tout cela en profondeur, quant à Fatima, en finale de l'article suivant : https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/la-conception-liturgique-pseudo-millenariste-de-mgr-arthur-roche-prefet-de-la-congregation-pour-le-culte-divin-anticipation-vaticandeuse-luciferienne-d-une-nouvelle-economie-de-salut-2?Itemid=1).
  
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        Mais je ne saurai terminer, mon Père, sans parler des deux choses principales reprochées aux hommes par la très-sainte Vierge Marie à La Salette dans le Discours public, comme des fautes très-graves "qui appesantissent le Bras de mon Fils" à savoir : 1/ Le non-respect du septième jour ; 2/ Le jurement du Nom de mon Fils. "Ce sont les deux choses qui appesantissent tant le Bras de mon Fils".
           
        Il est certes extrêmement facile d'en rester à l'interprétation je dirai microcosmique spirituelle de ces deux reproches, et de dire, par exemple, que le non-respect du septième jour ne cible que le fait de travailler le dimanche et/ou de ne pas y aller à la messe, et que le jurement du Nom de mon Fils, c'est lorsque l'homme moderne, dans son individualité, se met en colère et fait des imprécations y mêlant blasphématoirement le Ciel. Cette interprétation serait d'ailleurs confortée, de prime abord, par le fait qu'il y a eu sensiblement dans les mêmes temps que l'Apparition de La Salette, plusieurs apparitions mineures ou locutions privées dans le XIXème siècle tournant autour de ce rappel dominical (cf. Enquête sur les apparitions de la Vierge, Y. Chiron, 1995, pp. 192 & 213), très-notamment la curieuse manifestation mariale mineure, en juin 1873, dont a bénéficié un simple vigneron, Auguste Arnaud, et dont le seul message marial très-succinct est de rappeler l'interdiction de travailler le dimanche (un livre est sorti sur ce fait marial, tout simplement intitulé, pour que nul n'en ignore... Notre-Dame du Dimanche) ; on note également plusieurs apparitions mariales ou locutions privées qui dénoncent le jurement, par exemple avec la Sœur Marie de Saint-Pierre, etc. (sur cela, les papes modernes se sont d'ailleurs mis eux aussi de la partie : "Le 8 août 1843 le Pape Grégoire XVI promulgue un bref pontifical pour l'érection d'une confrérie sous le patronage de saint Louis pour la réparation du blasphème contre le Saint Nom de Dieu" : cf. https://fr.wikipedia.org/wiki/Marie_de_Saint-Pierre_et_de_la_Sainte_Famille).
           
        Mais s'il est donc extrêmement facile d'en rester à ce sens ascétiquement restreint des reproches formulés par Notre-Dame de La Salette dans le Discours public, il est encore plus facile de monter, de s'élever à l'interprétation macrocosmique spirituelle de cesdits reproches. On pourra commencer par noter, par exemple, que Notre-Dame de La Salette ne parle pas du dimanche dans le reproche formulé, mais du septième jour, après avoir évoqué les six jours où l'homme travaille. Cette dénomination ouvre tout-de-suite la porte au sens macrocosmique spirituel, apocalyptique et millénariste.
           
        En effet, si "un jour est comme mille ans et mille ans comme un jour" (II Pet III, 8), si, d'autre part, nous sommes au sixième jour du monde finissant, selon une tradition des plus respectables qui veut que le monde ait bel et bien seulement quatre mil ans d'existence depuis sa Création jusqu'au Christ (comme le chante d'ailleurs dans un couplet le naïf cantique de Noël populaire le plus célèbre, Il est né le divin Enfant, au demeurant pas vraiment naïf en le faisant chanter), un comput des plus simples à partir de cette tradition verrait donc le Septième Jour commencer aux alentours de l'an 2 000 de notre ère. Et alors il n'est pas besoin de tirer longtemps la chevillette pour voir choir la bobinette : en 1846, la très-sainte Vierge, parlant au nom de Dieu dans un "JE" très-significatif dont il y aurait beaucoup à dire (mais, pour ne pas trop rallonger, je ne dirai rien de ce très-millénariste "JE" employé par Notre-Dame de La Salette dans tout le Discours public, car notons bien qu'elle se rend également propriétaire de toute l'humanité, en l'appelant "Mon peuple"...), reproche aux hommes de ne pas se préparer spirituellement à l'instauration du Millenium ou Septième Jour de la Création, Jour de Repos eschatologique pour toute l'humanité à attendre aux alentours de l'an 2 000, et même bien pire que de ne s'y point préparer, carrément de n'en point vouloir, de le rejeter avec une haine pharisaïque mortelle, pour en rester à l'économie du Temps des nations et de Rome son centre, à l'instar des antiques pharisiens qui refusaient la Religion du Fils au nom de la Religion du Père, proférant dans l'intime de leurs âmes le "Nous ne voulons pas qu'Il règne sur nous" (Lc XIX, 14).
           
        Or, ce rejet viscéral du Septième Jour de Repos n'est que trop perceptible dans l'Église parmi les clercs formatés scolastiquement, et vous-mêmes, les Pères missionnaires de La Salette, ne vous en êtes-vous faits, peut-être, c'est à souhaiter, sans en prendre vraiment conscience, que trop la courroie de transmission, de ce rejet d'accueillir et de faire accueillir par les pèlerins venant à La Salette, cette future économie de salut du Millenium ou Septième Jour de Repos, venant non pas supplanter mais glorifier l'économie actuelle du Temps des nations. Et c'est cela qui est un énorme péché, gravissime, à savoir de rejeter la "grande nouvelle" (Discours public) du Septième Jour de Repos, péché comparable ou plutôt parfaitement identique à celui des juifs antiques rejetant la bonne nouvelle de l'Évangile du Fils. Voilà le sens profond de : "Je vous ai donné six jours pour travailler, je me suis réservé le septième et on ne veut pas me l'accorder. C'est ce qui appesantit tant le Bras de mon Fils".
           
        Je vais dire tout-de-suite jusqu'où va, dans l'Église moderne, ce péché de rejeter le Septième Jour, le grand Dimanche eschatologique, mais auparavant, voyons ensemble à quoi correspond macrocosmiquement le second reproche fait aux hommes par Notre-Dame de La Salette, à savoir de jurer le Nom du Fils de Dieu à tout bout de champ et à tout propos. Or, on va se rendre compte que les deux reproches sont comme par hasard extrêmement liés entre eux, si l'on veut bien saisir que jurer, c'est vouloir réduire Dieu à nos volontés du moment, au bas-monde, L'obliger à y vivre immédiatement et à notre gré, aux fins de mettre en œuvre notre propre règne à nous, tel que notre hommerie l'entend. Jurer, c'est bien ce qu'exprimait l'impie Victor Hugo lorsqu'il disait : "Il faudra bien que le Ciel descende sur la terre !...", sous-entendant : "... avec nous, les pécheurs, tels que nous sommes". Mais jurer, vouloir faire descendre de force le Ciel sur la terre, c'est forcer par le péché une parodie du Royaume divin à s'établir sans plus attendre, ce Royaume de Dieu "avec les hommes" (Apoc XXI, 4) qui est bien sûr le Millenium, et non pas encore le Paradis éternel où les choses du Temps seront abolies.
           
        Dans le sens macrocosmique, c'est-à-dire apocalyptique et millénariste, qui seul donne l'intelligence profonde du Message de La Salette, la Vierge cible donc là non pas tant le jurement individuel de chaque homme, mais le jurement collectif et universel de l'homme moderne qui veut régner de par lui-même et ses propres forces intrinsèques, sans tenir aucun compte de Dieu ni de son Christ, et encore moins de la grâce surnaturelle. Et ce jurement universel collectif moderne, c'est bien sûr la Révolution de 1789. Car en donnant délibérément toutes leurs énergies et leurs volontés à vouloir prétendant établir sans plus attendre, par les "droits de l'homme", une parodie du Royaume, les hommes rejettent implicitement avec la même force ce qui y est opposé, à savoir le vrai Royaume, le Millenium.
           
        Il faut donc noter avec attention l'intime connexion entre les "deux choses qui alourdissent tant le Bras de mon Fils" : par deux voies différentes, le mépris du repos dominical et le jurement, c'est au fond le même péché, celui de refuser et rejeter violemment avec grande haine, pharisaïque et mortelle, le Royaume de Dieu, et au sens macrocosmique, cela s'entend du Millenium.
           
        C'est ce refus du Millenium, surtout, qui va nous mériter la prochaine Colère de Dieu, si fort marquée dans le Secret donné par la Vierge à Mélanie, écho par trop fidèle de la parabole évangélique : "Quant à mes ennemis, qui n'ont pas voulu que Je règne sur eux, amenez-les ici, et égorgez-les devant Moi" (Lc XIX, 27).
  
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        Nous sommes dans ce pire du pire de rejeter le Plan divin de l'instauration du Millenium, hélas, mon Père, un pire du pire qui touche d'abord l'Église, comme il avait touché d'abord la Synagogue aux temps du Christ, et il va bien me falloir maintenant labourer la question à fond si je veux être sincère avec vous. C'est à savoir que l'Église Universelle, par le pape, a épousé la révolte de l'homme moderne qui rejette le Millenium, rien qu'en réputant la validité aux nouvelles sociétés politiques issues de la Révolution, et, comme telles, constitutionnellement athées, abominable chose qu'elle a commencé à faire avec le Concordat napoléonien, en 1801, c'est-à-dire, dès le sortir immédiat de la Révolution.
           
        Et c'est précisément ce qui explique la très-violente diatribe de la Vierge dès le début du Secret donné à Mélanie contre les prêtres en général, qu'elle va jusqu'à qualifier, ce qui est très-cinglant, de "cloaques d'impureté". Or, il est évident, dans le milieu du XIXème siècle, que cette accusation d'impureté touchant les prêtres n'est pas celle corporelle, charnelle, sexuelle, comme hélas elle l'est de nos jours, et si répandue. Il faut d'ailleurs bien noter avec grand'soin que dans cette diatribe, la Reine des prophètes, quoique parlant d'impureté, n'évoque à aucun endroit l'impureté charnelle, sexuelle, restant au contraire tout au long d'icelle à l'impureté entendue d'une manière générale. Là encore, il faut sortir du sens restreint pour comprendre cette accusation violente de la Reine des prophètes contre le clergé post-révolutionnaire, hélas extrêmement justifiée, quand on comprend à quoi elle correspond : elle entend parler d'une gravissime impureté essentiellement dans l'ordre des Mœurs qui ont trait à la chose politique constitutionnelle.
           
        Et en effet. Réputer formellement la validité à un État constitutionnellement athée, comme l'a fait le pape Pie VII rien qu'en acceptant l'État français de Napoléon en 1801 comme partenaire concordataire (à cause de la structure juridique synallagmatique de tout concordat, qui présuppose formellement la validité de toute partie co-contractante), c'est hérétiquement rejeter le criterium catholique de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul dans son célèbre ch. XIII de l'épître aux Romains, qui, quant à lui, ne répute valide que les sociétés politiques constitutionnellement ordonnées au Bien commun, ce que, antinomiquement, ne peut radicalement pas être une société politique constitutionnellement athée.
           
        Il y a donc là, dans cette chose abominable qu'est le Concordat napoléonien, une énorme impureté au niveau des mœurs politiques constitutionnelles commise par l'Église dès le sortir de la Révolution, qui légitime on ne peut mieux la très-violente diatribe de la Vierge bénie contre le clergé de l'époque post-révolutionnaire, au début du Secret de Mélanie. Il faut d'ailleurs noter que si l'on rejette cette analyse doctrinalement exacte que je vais faire dans le détail tout-de-suite, condamnant le Concordat napoléonien, alors le grave et très-sévère anathème, que la Reine des prophètes lance et fulmine sans aucune miséricorde notons-le contre les prêtres du XIXème siècle en général, devient parfaitement incompréhensible, cette période enregistrant en effet moult élan authentique de sainteté et de vrais saints tout court dans bien des membres très-honorables du clergé en général ; l'on ne pourrait alors que comprendre très-bien le rejet scandalisé de cette diatribe mariale contre le clergé du XIXème siècle en général, si on en devait rester à l'impureté entendue au sens restreint charnel et sexuel du terme, cela tombe complètement à faux et ne pouvait que scandaliser... surtout le clergé.
           
        Mais il n'est point question de cela, mon Père, dans la diatribe mariale salettine, il est question de condamner la "mauvaise vie" des prêtres de manière générique, et Dieu sait assez que copuler cléricalement par les mœurs sociopolitiques avec un État constitutionnellement athée, cela déclenche la sainte-Ire de Dieu, cela "demande vengeance, et la vengeance est suspendue sur leurs têtes", parce que cela "crucifie de nouveau mon Fils". C'est vraiment avoir, quand on est prêtre, une très "mauvaise vie", qui va finir par corrompre la Foi elle-même, ce qu'on verra à Vatican II très-notamment par l'apostate Liberté religieuse. Tant il est vrai que si je ne vis pas la Foi comme je la pense (et la doctrine catholique véridique condamne à l'inexistence métapolitique les sociétés constitutionnellement athées), je vais inéluctablement être obligé de penser ma Foi comme je la vis, c'est-à-dire épouser le mal que mes mauvaises mœurs ont commencé à me faire pratiquer...
           
        Le Concordat napoléonien, du côté du pape et donc de l'Église, est en effet intrinsèquement mauvais et pervers, pour la fondamentale raison qu'il a attenté hérétiquement au criterium catholique de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en son célèbres chapitre XIII de l'épître aux Romains, ce qui est grièvement pécher contre les Mœurs ecclésiales, enseignement paulinien que voici (je le résume synthétiquement) : Une société politique est valide et l'exercice de son pouvoir est légitime, si, et seulement si, elle est constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun véritable, normé à la fois sur les lois naturelles et celles surnaturelles ; si une société politique n'est pas ordonnée constitutionnellement à la poursuite dudit Bien commun, par-là même, elle n'est pas valide et n'a aucune existence aux Yeux de Dieu, et bien sûr n'en doit avoir aucune pour les hommes.
           
        Saint Paul, en effet, dans ce chapitre politique de Rom XIII, ne parle que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, à l'exclusion formelle de tout autre. La démonstration en est facile à faire.
           
        Nous en avons la preuve formelle dans le v. 3 dudit chapitre XIII, qui, Lapalisse l'aurait dit, suit immédiatement les deux premiers versets, que voici : "Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures : car il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu, et celles qui existent ont été instituées par Dieu. C'est pourquoi celui qui résiste à l'autorité résiste à l'ordre établi par Dieu ; et ceux qui résistent attirent la condamnation sur eux-mêmes". Et l'Apôtre des nations de continuer immédiatement au v. 3, en disant, sans hiatus : "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises. Veux-tu donc ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN, ET ELLE TE LOUERA".
           
        La pensée de saint Paul est claire : il nous dit là qu'à chaque et toutes les fois que je fais le bien dans l'ordre public, la puissance m'en louera, m'en récompensera. Mais, théologiquement, il est rigoureusement impossible qu'une puissance qui n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun, puisse, à tout coup, à chaque et toutes les fois, me louer pour le bien public que je fais : il ne reste en effet pas assez de grâce dans l'homme taré du péché originel, qu'il soit seul ou réuni avec ses semblables également tarés comme lui, pour pouvoir, à chaque et toutes les fois que le bien public est acté, opéré, louer celui qui le fait. Un pouvoir politique qui n'est pas ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, pourra certes louer quelques biens publics, mais pas tous et à chaque fois, comme l'enseigne saint Paul. Or, depuis le passage du Christ sur la terre, Lui qui a tout racheté dans sa Rédemption y compris la sphère sociopolitique, seul un pouvoir politique chrétien-sacral constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, c'est-à-dire basant son pouvoir politique explicitement sur le Christ, a ce pouvoir de louer tout bien public opéré par l'homme, quel qu'il soit.
           
        Il est donc clair que saint Paul n'entend parler, dans son fameux ch. XIII aux Romains, que des pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, qui, eux et eux seuls, sont capables de louer celui qui fait le bien dans l'ordre public, à chaque et toutes les fois qu'il l'opère. Lorsque saint Paul dit : "Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu", omnis potestas a Deo, cela ne doit être entendu que de la façon suivante : "Il n'y a pas d'autorité ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun qui ne vienne de Dieu". Un point catholique, c'est tout. Les autres "autorités" n'existent tout simplement pas, pour saint Paul, et c'est pourquoi il n'a aucun mot pour elles (le cas de l'Empire romain, qui était le pouvoir politique aux temps de saint Paul, ne contrevient nullement à cette grande loi que je rappelle : sans faute de sa part, le pouvoir romain ne connaît pas Jésus-Christ, certes, cependant, comme toutes les structures politiques de l'Antiquité, sa constitution est ordonnée inchoativement à la poursuite du Bien commun, et c'est pourquoi saint Paul le range dans les autorités politiques "qui viennent de Dieu", auxquelles, donc, le devoir de soumission des chrétiens est dû ; mais il serait hors-sujet et trop long d'en donner toute l'explication ici, je l'ai donnée dans la seconde partie de mon article L'obéissance et le respect dûs aux Autorités politiques légitimes sont-ils dûs à la République française actuelle et aux dépositaires de son "pouvoir"...?, auquel je vous renvoie, mon Père, article que vous pourrez trouver au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/l-obeissance-et-le-respect-dus-aux-autorites-politiques-legitimes-sont-ils-dus-a-la-republique-francaise-actuelle-et-aux-depositaires-de-son-pouvoir?Itemid=483).
           
        C'est bien pourquoi d'ailleurs l'Apôtre des Nations continue très-logiquement son propos, dans le v. 4, par ces mots : "CAR elle [la puissance politique] est le ministre de Dieu pour le bien", qui a même sens et complète très-bien le "CAR les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises" du v. 3. Comprenons bien là encore ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement et très-faussement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, l'Apôtre des Nations nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit, précisément, qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue tout naturellement et systématiquement. Et c'est également pourquoi du reste, toujours aussi logiquement, saint Paul continue ainsi ce v. 4 : "Que si tu fais le mal, crains ; car ce n'est pas sans motif qu'elle [la puissance politique] porte le glaive, puisqu'elle est le ministre de Dieu dans sa colère contre celui qui fait le mal". Notons soigneusement comme saint Paul fait exactement le même raisonnement pour celui qui fait le mal au for public que pour celui qui y fait le bien : celui qui fait le mal au for public doit s'attendre, à chaque et toutes les fois qu'il le commet, à être châtié par "la puissance", comme il dit pour parler des pouvoirs politiques. Or, si à chaque et toutes les fois que je fais le mal au for public, je dois m'attendre à être châtié par la puissance, c'est donc bien que ladite puissance est constitutionnellement ordonnée au Bien commun, et non accidentellement.
           
        Il est donc absolument clair et tout ce qu'il y a de plus indiscutable que dans Rom XIII, saint Paul n'entend parler que des pouvoirs politiques qui sont ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, À L'EXCLUSION FORMELLE DE TOUS LES AUTRES. Or, depuis la Révélation, c'est-à-dire depuis le passage du Christ sur la terre, le Bien commun a un Nom : celui du Christ, celui de Jésus. Tout pouvoir politique donc, depuis lors, pour être ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun sur la terre, doit être explicitement basé sur le Christ, ou, à tout le moins, sur le Dieu Un et Trine, le vrai Dieu catholique. Sous peine, tout simplement, de... ne pas exister métaphysiquement. La doctrine que j'expose ici à la suite de saint Paul, et qui veut qu'un pouvoir politique qui n'est pas constitutionnellement ordonné au Dieu vrai et à son Christ, et donc au Bien commun, n'a aucune existence métaphysique, n'est pas nouvelle, elle est au contraire celle de la Foi catholique, bien connue de tous les papes... avant les papes modernes. Voyez par exemple le pape saint Pie V reprenant vertement le faible roy de France Charles IX d'avoir nommé dans une lettre "empereur" le Pacha turc, en ces termes : "... Votre Majesté désigne le tyran le plus inhumain, qui est en même temps l’ennemi le plus acharné de la Religion chrétienne, sous le nom d’Empereur des Turcs, COMME SI CELUI QUI NE CONNAÎT PAS LE VRAI DIEU POUVAIT JAMAIS ÊTRE EMPEREUR ! Très cher fils en Jésus-Christ, donner le nom d’empereur à un tyran et à un infidèle, ce n’est pas autre chose que d’appeler le mal, bien, et le bien, mal" (Saint Pie V, un pape pour notre temps, Tilloy, p. 248). Pour saint Pie V, comme pour tout vrai catholique, le Politique dérive du Religieux, tout pouvoir politique post-christique qui ne s'appuie pas sur le Dieu vrai et sur son Christ-Messie, explicitement et constitutionnellement, n'existe... tout simplement pas.
           
        Ce criterium de validité des sociétés politiques, basé sur l'ordonnance constitutionnelle obligatoire desdits sociétés politiques à la poursuite du Bien commun, regarde au premier chef, c'est bien le cas de le dire, les Mœurs couvertes par l'infaillibilité de l'Église. Prenons donc bien conscience qu'on ne saurait le rejeter sans pécher hérétiquement contre les Mœurs AUSSI GRAVEMENT QUE SI L'ON TOUCHAIT À UN DOGME DÉFINI DANS LA FOI.
           
        Or, les sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement basées sur les "droits de l'homme", lesquels rejettent formellement le vrai Dieu et son Christ à la source du pouvoir politique, ne satisfont pas à ce criterium paulinien fondamental d'être constitutionnellement ordonnées au Bien commun (on s'en rend compte de nos jours par les lois sur l'avortement, le "mariage gay", etc., mais dès l'État français de Napoléon, le Code civil, base juridique de cet État, introduisait et légalisait le divorce, sans parler de son fondement juridique destructeur de la famille ; il était en effet rédigé, dira un célèbre auteur dont le nom malheureusement m'échappe, "pour un homme qui n'a ni père ni mère, ni enfants", pour l'individu des "droits de l'homme" autrement dit, au détriment de la famille, un individu idéologique formaté par les prétendues Lumières, inexistentiel, qui n'est pas l'homme vivant, c'est-à-dire l'homme-famille, que Dieu crée), et à cause de cela même, elles ne sont pas valides, elle sont radicalement invalides, in radice.
           
        C'est pourquoi le pape Pie VII n'avait théologiquement pas le moindre droit de recevoir dans un concordat comme partenaire co-contractant l'État français de Napoléon qui était un de ces pouvoirs post-révolutionnaires invalides, car le seul fait d'accepter un partenaire concordataire est lui réputer ipso-facto et formellement la validité, à cause de la structure synallagmatique de tout concordat, acte diplomatique solennel qui présuppose juridiquement la validité de tout co-contractant audit acte. Mais dire d'un pouvoir politique constitutionnellement athée et donc invalide, qu'il est valide, c'est une hérésie gravissime comme étant un attentat formel et à son plus haut niveau contre les Mœurs, dont l'Église est garante infailliblement, au même titre que pour la Foi.
           
        Or, ce qui aggrave considérablement la faute commise, c'est que Pie VII, en acceptant l'État français non-valide dans le Concordat napoléonien, lui réputant ainsi hérétiquement la validité, n'a pas seulement commis une faute passagère, dans le de facto, seulement pour l'État français de Napoléon, c'est au contraire dans le principe même de droit divin de la chose qu'il a prétendu changer radicalement le criterium de validité des Sociétés politiques enseigné par saint Paul, appuyé sur une fausse philosophie scolastique idolâtrant l'en-soi, l'être politique, par laquelle on a, depuis le Concordat qui a servi de matrice archétypale à ce nouvel enseignement hérétique pour tous les temps qui lui ont succédé, donné une interprétation hérétique du paulinien Rom XIII, en voulant que le "tout pouvoir vient de Dieu", omnis potestas a Deo, soit à entendre d'une manière absolutiste, qu'il s'appliquât désormais aux pouvoirs constitutionnellement mauvais comme à ceux qui sont constitutionnellement bons, sans plus tenir aucun compte du théologiquement nécessaire et obligatoire ordonnancement constitutionnel au Bien commun du pouvoir politique, ce qui est hérétique.
           
        C'était là pécher, et soumettre l'Église audit péché, en commettant un attentat formel contre les Mœurs, auxquelles sont inhérentes toutes choses regardant le domaine politique constitutionnel, et singulièrement quand il était ni plus ni moins question de renverser le criterium paulinien catholique de validité des puissances, comme dit l'Apôtre des nations en parlant des pouvoirs politiques. C'était là, pour la première fois depuis les assises de l'Église, depuis dix-huit siècles, faire rentrer l'Épouse du Christ dans l'économie de la Passion qui consiste essentiellement à être "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21), le Concordat s'avérant être le portillon du jardin de Gethsémani, c'était là, pour employer la terminologie salettine, commettre cléricalement l'impureté bien plus gravement que s'il ne s'agissait seulement que de celle à entendre au sens restreint de charnelle, sexuelle...
           
        En fait, et pour conclure ce point, c'est à partir du Concordat napoléonien que l'Église rentre dans sa Passion, et l'on comprend alors très-bien, depuis ce dramatique Concordat de 1801, devant cette situation d'impureté radicale des mœurs ecclésiales au plus haut et grave niveau, celui politique constitutionnel, qui ne peut qu'avoir de soi un formidable impact sur les mœurs individuelles des fidèles et des citoyens, on saisit très-bien disais-je, non seulement la violente diatribe de Notre-Dame de La Salette au début du Secret donné à Mélanie, mais encore qu'elle en pleura toutes les larmes bénies de son corps tout le temps qu'elle dénonçait cette situation ecclésiale post-révolutionnaire à Mélanie et Maximin, si préjudiciable au salut des âmes.
           
        En reconnaissant la validité des sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées, énorme faute par laquelle elle est "faite péché pour le salut" (II Cor V, 21) et rentre par-là même dans l'économie de la Passion du Christ, l'Église se soumettait en fait purement et simplement, pieds et mains liés, à la révolte universelle et collective de l'homme moderne, à son jurement pour employer la terminologie salettine, jetant à la Face de Dieu, à propos de son Christ : "Nous ne voulons pas qu'Il règne sur nous".
           
        Ici, j'attire votre attention, mon Père, sur le fait qu'il y a une Apparition intégrée au "Cycle de la Vierge", celle de Pontmain en 1871, dans laquelle la très-sainte Vierge montre sa réprobation totale des prêtres concordatisés, dans la personne du curé Guérin desservant de Pontmain, prêtre pourtant saint et dévôt marial en son privé (cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/le-saint-abbe-guerin-cure-de-pontmain-aux-temps-des-apparitions-a-t-il-plu-en-tout-a-la-tres-sainte-vierge-et-au-bon-dieu?Itemid=1). Dès que le curé Guérin, prêtre concordatisé, arrive sur les lieux de l'Apparition, une petite croix rouge sang apparaît "instantanément" (relation Barbedette) sur le cœur de la Vierge figurant l'Église, confirmant et illustrant en effet on ne saurait mieux ce qu'elle avait dit vingt-cinq ans auparavant à La Salette : "Malheur aux prêtres et aux personnes consacrées à Dieu, lesquelles, par leur infidélité et leur mauvaise vie, CRUCIFIENT de nouveau mon Fils !"...
  
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        La question posée à l'âme de l'homme moderne par La Salette, mon Père, se résout en effet dans une simplicité extraordinaire : il s'agit juste d'accueillir le Millenium, Règne de la Gloire du Christ, ou de le rejeter. Or, l'homme moderne a pris la direction diamétralement opposée à l'accueil du Millenium dans son âme en voulant ériger par ses propres forces un pseudo-royaume à base de "droits de l'homme", c'est cela son collectif jurement si peccamineux, et hélas, l'Église s'est, par la pratique concordataire pontificale avec ces sociétés politiques du mal, elle-même soumise à cette révolte de l'homme moderne, qu'elle épouse donc dès 1801 d'abord par ses Mœurs, au sens le plus haut du terme, celui politique constitutionnel, puis par la Foi qui va elle-même se corrompre occultement, quelqu'un siècle et demi de corruption de la Foi par les Mœurs plus tard, et ce sera Vatican II qui l'enregistrera, très-notamment par l'apostate Liberté religieuse.
           
        L'on comprend alors très-bien pourquoi la Vierge bénie venant révéler aux homme le Plan divin de l'instauration future du Millenium, mais voyant la situation spirituelle atroce du monde, si violemment et radicalement opposé à ce Plan divin, si intrinsèquement et viscéralement tourné contre, puisse en pleurer durant tout le temps que dura l'Apparition de La Salette. On ne peut que rapprocher ces pleurs de la très-sainte Vierge Marie contemplant l'état spirituel dramatique du monde et de l'Église quand elle vient à La Salette, des pleurs de Jésus lorsqu'Il contemple le même état spirituel dramatique de Jérusalem, les temps messianiques d'il y a 2 000 ans étant en effet aussi rejetés des hommes que lorsque, de nos jours modernes, les temps apocalyptiques sont advenus : "Et comme Il approchait, voyant la ville, Il pleura sur elle, en disant : Si tu connaissais, toi aussi, au moins en ce jour qui t'est donné, ce qui te procurerait la paix ! Mais maintenant cela est caché à tes yeux" (Lc XIX, 41-42).
  
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        Tout, en effet, à La Salette, mon Père, a trait fondamentalement au Millenium. Jusqu'aux simples éléments matériels inertes qui sont insérés accidentellement dans l'Apparition. Ainsi, par exemple, de la pierre du "paradis" construit pour s'amuser dans le vallon de la montagne par nos bons petits bergers, Mélanie et Maximin, juste avant que l'Apparition ne se manifeste, et sur laquelle la très-sainte Vierge a reposé délicatement et très-respectueusement ses pieds. Cette pierre, que Maximin avait pris grand'soin d'emporter chez lui comme un trésor, il l'a montré un mois après l'Apparition à deux militaires de passage à La Salette, et l'un d'eux, pour pouvoir en garder un morceau et pour lui et pour son collègue, la cassa en deux. "Mais quelle fut sa surprise en examinant le côté qui avait été cassé d'y trouver la face du Christ" (Documents authentiques, Jean Stern, t. 1, p. 109, doc. 16 bis). Or, ainsi qu'on peut le constater par la reproduction que j'en fais ci-dessous, il s'agit à l'évidence de "la face du Christ-Roy (la couronne sur la tête ne permet pas d'en douter) s'apprêtant à venir bientôt régner (l'heure n'étant pas encore venue, Il apparaît les yeux fermés)" ― "S'ils se taisent [avait dit Jésus à propos de ses disciples et Apôtres le jour des Rameaux, lesquels L'acclamaient en Roy, ce qui scandalisait les pharisiens qui demandaient à Jésus de les faire taire], les pierres crieront" (Lc XIX, 40).
           
        "Éh bien !, ça y est !!, les pierres crient le Millenium, crient le Règne de la Gloire du Christ, à La Salette" (Bientôt le Règne millénaire, p. 376) !!
  
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"M. Angelini, lieutenant au 15ème de ligne.
M. Bordenave même grade, même régiment.
Présents tous deux lorsqu'on a cassé la pierre
qui représente la figure que voici dessinée"
(Documents authentiques, etc., Stern, t. 1, p. 78, doc. 10 bis)  
           
        Certains voudront peut-être voir le Millenium annoncé par Notre-Dame à La Salette comme n'étant rien d'autre qu'une reviviscence de l'Église dans son économie de salut actuelle, dans le cadre du Temps des nations et de Rome son centre, un redivivus ecclésial à partir de la virtus propre à ladite économie du Temps des nations, pour parler simple, une époque ecclésiale glorieuse où la Religion domine le mal, comme du temps de saint Louis IX, par exemple. Le Millenium ne serait rien d'autre, pour ces esprits claquemurés dans l'économie du Temps des nations, que ce qu'on a populairement baptisé le règne du saint pape et du grand monarque... Certaines phrases d'ailleurs du Secret de Mélanie, difficiles à entendre, et on pourrait même dire théologiquement erronées, tendraient à cautionner cette thèse.
           
        Cependant, la théologie mariale rend rigoureusement impossible cette hypothèse. En effet, si la très-sainte Vierge Marie annonce un règne dans un temps géré par l'économie du Temps des nations, il ne peut s'agir que d'un nouveau règne christique à venir par rapport à l'économie de salut en cours dans laquelle cette annonce mariale s'insère, d'une nouvelle économie de salut à venir s'établir de par Dieu dans le futur, quelque acception on donne au terme Millenium. L'annonce mariale ne peut concerner en effet un règne renfermé dans l'économie du Temps des nations, lequel, donc, a trait au passé, à l'économie de salut instaurée par le Christ il y a 2 000 ans. Tout simplement parce que le Saint-Esprit a ordonné l'âme de la Vierge Marie pour toujours précéder ce que fait le Christ, comme l'a montré magistralement son attitude lors du miracle des noces de Cana. Mgr Kerkhofs, le pieux évêque de Banneux, lieu d'Apparition mariale (1933) inséré dans le "Cycle de la Vierge", dans son remarquable commentaire desdites Apparitions, avait noté ce point fort important dans un raccourci saisissant : "Tout vient du Christ, y compris Marie ; tout commence par Marie, y compris le Christ" (Notre-Dame de Banneux, 1950, p. 36). Saint Louis-Marie Grignion de Montfort, dont Mgr Kerkhofs était dévôt, avait dit très-clairement que "la connaissance et le règne du Fils" devaient être précédés par ceux de Marie. Oh ! Combien sont lumineuses les paroles de ce grande apôtre marial lorsqu'il disait : "Marie est l'aurore qui précède et découvre le soleil de justice qui est Jésus-Christ" (Traité de la vraie dévotion, § 6).
           
        Ainsi donc, il ne faut pas chercher l'explication de ce "Cycle de la Vierge", si exceptionnel, dans l'économie du Temps des nations et de Rome son centre, auquel il ne saurait d'aucune manière être théologiquement ordonné, il faut tourner son regard spirituel vers le futur, et comprendre que ces Apparitions, et singulièrement celle de La Salette, précèdent et annoncent, et découvrent, même, pour employer la si juste et forte expression montfortaine, un Règne futur qui n'a pas encore été révélé dans l'Église. Ce qui ne peut bien sûr être que le Millenium, cru et professé par la majorité des premiers chrétiens durant les trois premiers siècles de notre ère, car il n'y en a point d'autre avant le Paradis éternel dans la doctrine catholique...
  
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        La Salette s'inscrit donc, mon Père, dans le "Cycle de la Vierge" auquel est également intégré Lourdes, qui semble être l'Apparition mariale de caractère universel, et donc apocalyptique-chiliaste, la plus accolée, liée, à La Salette. L'on pourra dire que les Apparitions de Lourdes, pourtant intégrées au "Cycle de la Vierge", ne sont pas vraiment marquées du sceau apocalyptique-millénariste. Là encore, c'est une vue bien superficielle des choses.
           
        Commençons par dire que dès 1830, le chrétien spirituel qui n'était pas en retard (y en eût-il beaucoup ?) pouvait être éclairé sur le sens universel, et donc apocalyptique, des Apparitions mariales exceptionnelles de notre temps post-révolutionnaire moderne, dont la première en date est celle de la Rue du Bac en 1830 (n'oublions pas en effet, que la Vierge de la Rue du Bac adresse son message "à chaque habitant de la terre, en particulier", autre formule mais parfaitement identique quant au sens, pour vouloir parler de "tout mon peuple" comme elle le fera à La Salette, c'est-à-dire pour connoter formellement son message d'universalité). Il pouvait donc déjà s'attendre subséquemment à l'avènement du Millenium, du reste clairement prophétisé à la Rue du Bac par le globe d'or surmonté d'une croix que tenait dans ses mains à hauteur d'estomac la Vierge de la médaille miraculeuse, représentant si évidemment la terre inhabitée divinement lorsqu'elle sera dans la condition du Millenium (en opposition marquée avec l'autre globe sous ses pieds, enlacé par le serpent de la Genèse, gris-terreux, symbolisant à l'évidence l'économie de salut actuelle sous l'emprise du prince de ce monde), mais encore, hélas, s'attendre aussi à la préface très-ténébreuse qui doit la précéder devant finir par un exorcisme universel cataclysmique.
           
        Puis, en 1846, venait La Salette, avec son même message marial caractérisé par l'universel qu'à la Rue du Bac. Toutefois, même si ce chrétien spirituel appartenait à la classe supérieure de "ceux qui ont l'intelligence des paroles mystiques" (Is III, 3), il ne pouvait avoir la compréhension claire et complète de cette prophétie mariale universelle, donc apocalyptique, qu'avec le Secret donné à Mélanie, et celui-ci, suivant l'ordre établi par la très-sainte Vierge elle-même, ne devait être livré au grand public que dans l'année 1858 ("Mélanie, ce que je vais vous dire maintenant ne sera pas toujours secret ; vous pourrez le publier en 1858").
           
        Or, ce que la Reine des prophètes prophétise dans ce Secret donné à Mélanie concerne surtout les grands châtiments devant finir par le règne de l'Antéchrist-personne, et met très-fort l'accent sur cette préface tellement ténébreuse, terrible et affreuse, qui doit précéder l'avènement du Millenium. Si donc il avait paru en 1858, comme l'ordonnance mariale le voulait, Dieu sait qu'à sa lecture, les chrétiens pouvaient être épouvantés et avoir besoin de consolations, de voir le second volet positif de l'Apocalypse qui est le Millenium, pour affronter ce premier volet négatif qui est principalement l'objet dudit Secret donné à Mélanie. Mais on sait que ce ne fut pas la faute de Mélanie empêchée par le clergé, le Secret dans son texte intégral ne put paraître, et encore, petitement, qu'en 1879. Cependant, la très-sainte Vierge, quant à elle, n'était pas... en retard au rendez-vous qu'elle avait fixé à "tout mon peuple" via Mélanie, le contraire aurait surpris : en 1858 très-exactement, et de manière immédiatement universelle, elle venait à Lourdes, dans l'Apparition la plus consolante du "Cycle de la Vierge" pour réconforter "tout mon peuple" des châtiments devant purifier l'humanité terriblement et affreusement avant l'instauration du Millenium, lesquels, normalement, si les hommes, surtout les ensoutanés, avaient suivi le Plan divin marial, auraient déjà dû être connus universellement dès 1858 par le Secret confié à Mélanie.
           
        Lourdes s'avère donc être l'avers d'une médaille dont le revers est le Secret de La Salette confié à Mélanie. Lourdes, dans le Plan divin marial, était programmé pour équilibrer spirituellement la grande épreuve apocalyptique dans les âmes et dans les corps si bien décrite dans le Secret donné à Mélanie, faisant spectaculairement montre de la toute-Puissance divine qui sera épiphaniquement manifestée dans le second volet positif de l'Apocalypse, à savoir dans le Millenium, supprimant la puissance des ténèbres dont le Secret salettin prophétisait, quant à lui, qu'elle aurait son heure implacable sur toute l'humanité, comme dans la Passion du Christ... À Lourdes, on ne comprit certes pas qu'après avoir révélé qu'elle était L'Immaculée-Conception, elle prophétisait en fait l'imminence de l'avènement du Millenium qui était, quant à lui, la condition de la terre délivrée du péché originel et de tous ses effets nocifs, redevenue en quelque sorte, elle aussi, immaculée. Comme le soulignait à très-bon escient Émile Baumann, Lourdes est une prophétie en actes du Millenium : "À Lourdes, le jaillissement inlassable des miracles perpétue la promesse du salut tangible, d'une vie sans tache et sans douleur. Par une compassion merveilleuse, la Vierge clémente insiste, supplie les hommes de l'entendre, afin que leur pénitence abrège et allège le dû des châtiments. (...) En même temps que le dogme de l'Immaculée-Conception atteste l'inconcevable dignité de la Mère de Dieu, il présage au genre humain son effective Rédemption totale" (La paix du septième jour, 1918, pp. 28-29).
           
        C'est le propre des êtres humains de ratiociner, de rabâcher sans cesse, de répéter souvent ce qui a déjà été dit. Le Ciel parle de manière infiniment différente. Il dit une fois la Parole, celle-ci est baptisée à juste titre par les théologiens de parole substantielle, c'est-à-dire qu'elle crée immédiatement ce qu'elle dit. Lorsque c'est le Ciel qui parle, pas besoin donc, c'est facile à comprendre, de répéter une seconde fois, ce serait supposer que la Parole éternelle est impuissante à créer ce qu'elle dit.
           
        C'est pourquoi, quand bien même le message de La Salette et de Lourdes est au for externe identique, il s'agit en effet dans les deux Apparitions d'inviter l'humanité à la prière, à la pénitence, à la conversion, la Reine des prophètes le fait dans deux Paroles différentes. À La Salette, son message divin aux hommes est de prophétiser essentiellement le premier volet négatif de l'Apocalypse, à savoir ces grands châtiments à porter par toute l'humanité qui vivra et mourra en même temps une vraie possession diabolique, préface ténébreuse de l'avènement du Millenium (et c'est pourquoi notre Mère aimante pleure pendant toute l'Apparition, comme, mon Père, rappelez-vous, je vous le disais dans notre petit entretien). À Lourdes, par contre, son message divin aux hommes est de leur dévoiler le second volet positif de l'Apocalypse, à savoir déjà la victoire complète du Bien sur le mal, en ressuscitant en quelque sorte par des miracles innombrables et spectaculaires la condition édénique de l'homme délivré du péché originel, le plaçant ainsi mystiquement dans le Millenium (c'est pourquoi elle n'a pas une larme à Lourdes, bien que, comme à La Salette elle parle beaucoup de prière, conversion et pénitence, plus même encore, puisqu'elle fait manger de l'herbe à sainte Bernadette, et se badigeonner le visage de boue !).
           
        Plus loin dans son ouvrage, Baumann de dire avec grande justesse : "Celle qui a dit de son être, non simplement : Je suis l'Immaculée conçue, mais : Je suis l'Immaculée-Conception, c'est-à-dire la merveille permanente de la Faute abolie, l'archétype d'une humanité sans souillure" (ibid., p. 140) est à elle seule la meilleure et plus sûre prophétie du Millenium, que la Providence de Dieu destine à l'humanité avant de consommer définitivement les temps du monde.
  
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        Mais à présent, mon Père, n'hésitons pas à aborder la questio magna. Comment convient-il, en théologien, de considérer le Secret donné à Mélanie Calvat, et qu'elle nous dit être intégral dans sa version définitive de 1879 ? Ici, d'emblée, je souscris pleinement au jugement du pape Benoît XV sur la question, dont je résume ici la pensée : "Je crois à la substance du Secret, mais pas à tous ses détails". Je crois que ce jugement est très-sage.
           
        En effet, premièrement, il est indiscutable que le Secret de Mélanie a une origine divine quant à son fond. On y trouve des raccourcis lapidaires merveilleusement ciselés quant au descriptif du premier volet négatif de l'Apocalypse, populairement appelé "les grands châtiments", un souffle prophétique véhément absolument extraordinaire qui sous-tend sans faille ni essoufflement tout le texte, qui ne peut pas venir de l'homme, que l'humain ne peut absolument pas inventer, encore moins une petite ignorante fruste restée sans grande culture même dans son âge avancé, lesquels propos hautement prophétiques ne peuvent donc venir que du Saint-Esprit, la Reine des prophètes les transmettant très-parfaitement par son canal immaculé à la petite bergère des Ablandins, celle-ci, à son tour, nous les révélant tels quels, le texte intégral, vrai et définitif dudit Secret étant la mouture de 1879 (et non celle, fragmentée et incomplète, de 1851).
           
        Exemple notoire et d'ailleurs tellement célèbre : "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist". Voyons, mon Père, soyons sérieux : comment croire un seul instant que Mélanie, jeune ou plus âgée, aurait pu inventer cette phrase absolument incroyable, dans les temps pontificalement glorieux où elle vivait...?! Aux temps de Pie IX et Léon XIII, rappelons-nous que l'église romaine, le Vatican, règne avec une certaine puissance sur le monde, et surtout dans l'orthodoxie la plus impeccable quant à la Foi. Humainement parlant, ayant en tête le Tu es Petrus et la promesse du Christ de l'indéfectibilité de l'Église pétrinienne, il est tout-à-fait impossible qu'un esprit humain, même extraordinairement retors et malin, ait pu inventer que cette église romaine, donc, non seulement en viendrait à perdre radicalement la Foi mais deviendrait in fine le siège du mal absolu, de l'Antéchrist, c'est-à-dire puisse imaginer un pareil destin romain inouï que tout, humainement parlant, rendait fou et impossible en 1879...?! Et ce n'est pas tout, après avoir été le berceau du coryphée du mal, et donc être complètement perverti, le Secret de 1879 continue en finale en apportant ce complément encore plus renversant, à savoir que "Rome païenne disparaîtra", ce qui est ni plus ni moins, en un raccourci extraordinairement lapidaire, prophétiser la mort de l'économie du Temps des nations actuelle, puisqu'elle est basée sur la Rome catholique et pontificale...
           
        Prenons bien conscience que même alors que cette prophétie salettine incroyable se réalise concrètement DE NOS JOURS sous nos yeux, et singulièrement avec le pape François (... qui a encore osé sortir dernièrement qu'au Jugement dans l'au-delà, Dieu ne demandera pas aux âmes si elles ont été à la messe tous les dimanches : il ne reste plus à ce pape incroyable, et surtout incroyablement énergumène, qu'à lire... Notre-Dame du Dimanche, pour réapprendre sur ce point si important le b.a.ba catholique du catéchisme...!!!), les esprits les plus lucides n'arrivent pas même à concevoir la possibilité de cette subversion intégrale du Siège de Pierre par le mal ! Comment donc voulez-vous que, la chose ne pouvant, humainement parlant, absolument pas arriver, elle puisse avoir été imaginée et pensée en 1879 par un esprit assez fruste, alors que le Siège de Pierre, loin d'être dans l'état de déliquescence subversive que nous montrent nos jours post-vaticandeux, est au contraire glorieusement défenseur de la Foi...?! Impossible, évidemment, de professer que "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist" puisse avoir été inventé par Mélanie. Puisque donc il est rigoureusement impossible qu'un esprit humain ait pu inventer sous les papes Pie IX et Léon XIII cette phrase, nous devons donc en tirer la formelle conclusion de son authenticité prophétique, elle est vraiment une prophétie divine, qui d'ailleurs le prouve dans l'horreur, catalepsie & damnation, parce qu'elle voit sa réalisation terrible et affreuse de nos jours post-vaticandeux...
           
        Ce qui me fait revenir au petit entretien que nous avons eu ensemble sur le sujet, mon Père. Comme je vous l'ai dit rapidement, il est rigoureusement impossible de dire que le Secret de 1879 est un faux inventé par Mélanie, ce qui présuppose qu'elle serait une affabulatrice et une menteuse de bas-étage, et une sacrilège en plus, n'hésitant pas à broder de son cru sur les paroles prophétiques divines vraies de la très-sainte Vierge. Mélanie a en effet prouvé par son attitude qu'elle n'est pas une affabulatrice, ni donc une menteuse, ni non plus une sacrilège. La psychologie des affabulateurs en effet veut que ceux qui le sont n'arrêtent jamais de toujours inventer et broder sur le canevas qu'ils ont une première fois bâti, et ce, jusqu'à leur mort. Or, une fois que Mélanie affirme en 1879 qu'elle publie le texte intégral du Secret que lui a confié la Vierge de La Salette, elle ne produit plus aucun autre texte modifié durant plus d'une vingtaine d'années, s'y tenant jusqu'à sa mort en 1904. Ce qui prouve par les faits, non seulement que Mélanie n'était pas une affabulatrice, mais que la version définitive et intégrale du Secret de 1879 est bel et bien authentique.
           
        Ce n'est pas tout, il s'en faut de beaucoup. Cette thèse calomnieuse qui veut que Mélanie aurait été une affabulatrice, ce qui donc est démenti par les faits, est surtout proprement scandaleuse sur le plan théologique marial, car on ne saurait la soutenir sans injurier le plus gravement possible la très-sainte Vierge Marie venant à La Salette : si l'on dit en effet que Mélanie est une menteuse et une affabulatrice, alors cela présuppose que la très-sainte Vierge Marie n'aurait pas été capable, elle qui est l'Immaculée-Conception inhabitée du Saint-Esprit, de se choisir une messagère digne de l'être pour faire passer son message "à tout son peuple"...! C'est tout simplement carrément nier que la très-sainte Vierge soit inspirée du Saint-Esprit, affirmer qu'elle n'a pas su ce qu'elle faisait en choisissant Mélanie, énorme péché marial, convenons-en.
 
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        Il y a, disais-je, d'incroyables raccourcis lapidaires prophétiques dans le Secret version intégrale de 1879, mon Père, que nos jours funestes et mauvais confirment hélas on ne peut mieux. J'ai déjà cité "Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist", voyons quelques autres exemples :
           
        ― "Les chefs, les conducteurs du peuple de Dieu ont négligé la prière et la pénitence, et le démon a obscurci leurs intelligences ; ils sont devenus ces étoiles errantes que le vieux diable traînera avec sa queue pour les faire périr". N'est-ce pas parfaitement illustré par les papes modernes à commencer par Pie VII Chiaramonti signant le Concordat napoléonien, complètement converti non pas seulement au républicanisme dans sa formule athée et impie des "droits de l'homme", mais déjà au démocratisme, ce que prouve son incroyable sermon à ses ouailles d'Imola, en 1797, avant même de devenir pape...? Cet "obscurcissement de leurs intelligences" ne se voit-elle pas singulièrement dans TOUS les papes suivant Pie VII jusqu'à nos jours, sur le chapitre regardant les Mœurs de l'Église tellement important du Politique constitutionnel...? L'on voit en effet tous ces papes devenus sur le sujet des "étoiles errantes" finir non seulement par avaliser la démocratie constitutionnellement athée moderne (Pie XII dans son message de Noël 1944), mais épouser le mondialisme initiatique en copulant de plus en plus avec l'ONU, dont Pie XII Pacelli appelait indécemment à cors et à cris la création pendant toute la seconde guerre mondiale dans ses Messages de Noël 1939-45, sans parler du dithyrambe complètement IMPUDIQUE de Paul VI à l'ONU en 1965, embrassant dans un discours indécent cette institution franc-maçonnique comme je ne le ferai pas d'une prostituée sur le bord du trottoir, tout cela, et bien plus encore, prouvrant, hélas on ne peut mieux, le bien-fondé de la diatribe mariale dénonçant le clergé au tout début du Secret donné à Mélanie...  
           
        ― "Dieu permettra au vieux serpent de mettre des divisions parmi les régnants, dans toutes les sociétés et dans toutes les familles". Faut-il faire un dessin quant à l'actualité criante et même brûlante de cette prophétie du Secret...?
           
        ― "Dieu abandonnera les hommes à eux-mêmes". Ah...! Les hommes modernes sont tellement abandonnés de la Providence divine que, subséquemment désormais animalisés dans leurs âmes, ils... ne s'en rendent même plus compte, et marchent donc, parfaitement décervelés et inconscients, vers l'abîme comme s'ils marchaient vers le Ciel.
           
        ― "La société est à la veille des fléaux les plus terribles et des plus grands évènements ; on doit s'attendre à être gouverné par une verge de fer et à boire le calice de la colère de Dieu". Quel commentaire à faire de ce passage incroyablement actuel, à l'heure où tout le monde voit bien que le 666 se met en place, par le Forum Economique Mondial de ce nazi déguisé de Klaus Schwab et de cet illuminé satanique de Bill Gates...!
           
        ... Mais je vais arrêter là de mes citations du Secret de 1879 (non sans préciser cependant que j'avais déjà fait, en 2013, un commentaire du verset "l'Église sera éclipsée", dont le but était de contrer l'hérésie sédévacantiste, cf. https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/commentaire-catholique-de-la-prophetie-de-notre-dame-a-la-salette-l-eglise-sera-eclipsee?Itemid=1), car je me rends compte que je n'en suis qu'au tout début du texte, mais que je suis tout simplement en train de le recopier presque intégralement, trouvant quasi tout de l'ordre de ces raccourcis lapidaires manifestement inspirés du Saint-Esprit !
  
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        Ceci dit, et qui doit être dit, mon Père, de cette substance de fond du Secret de 1879 qui ne peut qu'être prophétiquement véridique comme venant du Saint-Esprit par le canal immaculé de la Reine des prophètes, au rapport même de Benoît XV, il n'en reste pas moins, pour être complet sur le sujet, qu'il faut noter des obscurités voire même des erreurs, dans le Secret intégral, auxquelles d'ailleurs faisait discrètement allusion le même pape.
           
        Pour moi, la plus grande erreur est d'ordre eschatologique, c'est là où le Secret nous dit dans sa finale que la chute de l'Antéchrist-personne sera opérée par saint Michel Archange, ce qui contredit II Thess II, 8, où saint Paul nous révèle que c'est le Christ en Gloire Lui-même qui terrassera l'Antéchrist-personne : "Et alors se manifestera cet impie, que le Seigneur Jésus tuera par le souffle de Sa bouche, et qu'Il détruira par l'éclat de Son avènement". Or, la différence, sur le plan eschatologique, n'est pas de petite conséquence, elle est au contraire énorme. Si l'on dit en effet que c'est saint Michel Archange qui terrassera l'Antéchrist-personne, alors, on fait abstraction de la Parousie, c'est-à-dire de la Présence du Christ dans notre univers physique, et donc, subséquemment, on rend impossible l'instauration du Millenium qui suit ce terrassement de l'Antéchrist-personne, laquelle ne peut avoir lieu que par un Acte divin posé par le Christ-Dieu Lui-même : saint Michel Archange en effet n'est pas habilité à instaurer une nouvelle économie de salut, celle du Millenium, seul le Christ-Dieu en Personne est habilité à le faire.
           
        Certes, à la défense de l'affirmation du Secret qui veut voir saint Michel Archange présider au terrassement de l'Antéchrist-personne, on pourrait croire être fondé à citer Apoc XX qui nous le dépeint par un Ange ("Et je vis descendre du Ciel un Ange qui avait la clef de l'abîme et une grande chaîne dans sa main. Il saisit le dragon, l'antique serpent, qui est le diable et satan, et il le lia pour mille ans, etc."). Mais une tradition exégétique de grande valeur veut que lorsque dans la Sainte-Écriture vétérotestamentaire, il est question d'un Ange, il s'agit en fait du Verbe de Dieu, du Christ Lui-même, quoiqu'encore non-incarné. Saint Hilaire de Poitier en donne de multiples et très-intéressants exemples dans son Traité de la Trinité. Il est évident que cela s'applique également au texte néotestamentaire de l'Apocalypse. On ne saurait donc retenir la thèse que le Secret véhicule, à savoir que ce sera saint Michel Archange qui terrassera l'Antéchrist-personne.
           
        Cette sévère déviance eschatologique est fort aggravée par le fait que le Secret nous dépeint la palingénésie ou restauration de la terre dans son état édénique, sans que celle-ci soit générée par le Christ Lui-même mais seulement par les éléments naturels : "Alors l'eau et le feu purifieront la terre et consumeront toutes les œuvres de l'orgueil des hommes, et tout sera renouvelé : Dieu sera servi et glorifié". Il est clair ici que le Secret ne fait pas intervenir le Christ Pantocrator immédiatement et directement, quant à la régénération spirituelle de la terre, suivant d'ailleurs en cela très-logiquement sa grave déviance quant au terrassement de l'Antéchrist-personne, et donc, il n'y a pas là prophétie formelle de l'instauration du Millenium... Autre grosse erreur dans ce passage : l'eau est indiquée, en jumelé avec le feu, comme devant participer à la régénération palingénésiaque de la terre. Cela contredit la révélation scripturaire infaillible qui nous enseigne que le feu seul, sous mode de déluge universel, sera l'élément naturel qui le fera, sous motion divine, pour finir notre âge présent du Temps des nations, par exemple : "Quant aux cieux et à la terre d'à présent, ils sont gardés par cette même parole, et réservés pour le feu, au jour du jugement et de la ruine des impies" (II Pet III, 7). Cela contredit de plus la Promesse de Yahweh de ne plus se servir de l'eau comme instrument universel pour châtier puis régénérer la terre : "J'établirai Mon alliance avec vous ; et toute chair ne périra plus désormais par les eaux du déluge ; et il n'y aura plus à l'avenir de déluge qui extermine toute la terre" (Gn IX, 11).
           
        Il y a certes d'autres obscurités voire des erreurs historicistes moins graves dans le Secret intégral. Qu'en bien penser, alors...? Ici, je n'en sais trop rien, je n'ai vraiment pas de réponse, quoiqu'y ayant réfléchi bien des fois. Mais ce qu'il faut retenir avant tout, mon Père, c'est que cela ne remet de toutes façons nullement en cause le fond extrêmement inspiré du Secret, le pape Benoît XV en fait foi, et j'y accorde ma croyance sur cela. C'est si vrai que, quand bien même nous venons de voir que le Secret a un exposé doctrinalement très-imparfait sur le Millenium, le fond du Secret le sous-entend tellement que le cardinal de Cabrières (1830-1921), violemment opposé au Secret, ne manquait pas d'y voir... "l'antique erreur des anciens millénaires" : "La nature de ce Secret est si étrange, il semble favoriser d'une façon si précise [!] les erreurs des anciens millénaires en annonçant une rénovation qui s'accomplirait dans le temps et sur la terre, qu'on hésite nécessairement à lui attribuer une origine céleste" (Le fait de La Salette, Louis Bassette, 1955, p. 408). Sauf à prendre en compte sa note d'erreur quant au Millenium, que le cardinal professe dans une ignorance des plus honteuses par un classicisme outré voire politisé (de Cabrières était en effet un ardent légitimiste), il a sur le reste parfaitement raison, le sens général du Secret est bel et bien celui-là, chiliaste, millénariste.
 
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        Une chose aussi est à remarquer avec grand'soin, et qui est très-importante. Les vies humaines des deux bergers privilégiés de La Salette, Mélanie Calvat et Maximin Giraud, se sont déroulées toutes deux identiquement, après l'Apparition de 1846, sous une forme victimale évidente : tous deux n'arrivent pas à se fixer socialement dans la vie, Mélanie changeant sans cesse et très-souvent de lieu de résidence et même de pays, et Maximin passant d'un travail à un autre sans jamais pouvoir faire carrière, ils n'ont pas de situation professionnelle ou vocation religieuse bien définie qui tienne, et leur vie est au for externe comme excommuniée par rapport au monde. Cela signifie qu'ils sont dans la vie comme deux âmes-victimes. Le Bon Dieu a donc visiblement formaté leurs âmes pour manifester dans leur vie humaine la condition de l'humanité soumise à l'Apocalypse, à savoir d'être terrassé humainement parlant, d'être dans une sorte de kénose humaine, de voir leurs vies humaines respectives vivre en quelque sorte une Passion. Et cela épouse on ne peut mieux la Parole divine dite à La Salette, à savoir de révéler au monde le premier volet négatif de l'Apocalypse. En quelque sorte, la vie des deux voyants est une continuation du message profond de La Salette, une parabole vivante et des plus édifiantes...
           
        L'Apparition mariale de La Salette, Discours public et Secret donné à Mélanie, est de toutes façons explicitement ordonnée à l'avènement du Millenium. Laissons Léon Bloy le dire merveilleusement bien dans La femme pauvre : "À La Salette ou ailleurs, avez-vous dit. Éh bien !, moi, je vous affirme que cet endroit est particulièrement fréquenté par les Tonnerres de l'Apocalypse et qu'il n'y a pas d'autres points du globe où puissent aller ceux qu'intéresse le dénouement à venir de la Rédemption. C'est à La Salette, et non pas ailleurs, que peuvent être fortifiés ceux qui savent que tout n'est pas accompli et que la grand'messe du Consolateur n'a pas commencé".
           
        ... Amen !
  
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        Voilà, mon Père. Je vous ai parlé à âme et cœur ouverts comme je n'aurai certes pu le faire, même dans un très-long entretien, à la Maison de la Réconciliation sur le site de La Salette. Il était donc sans doute providentiel que notre entretien le 20 septembre soit écourté : j'en suis resté sur ma faim, et cela m'a incité rétrospectivement à rédiger ce long mémoire sur La Salette.
 
        En 2019, c'était le 8ème pélerinage à La Salette que je faisais, j'ai composé une prière, que je dis matin et soir depuis lors, et que voici : "Notre-Dame de La Salette, donnez-moi la grâce de vaincre surnaturellement toute forme de mal inhérente à la Passion-fin des temps que nous vivons".
           
        J'ai 67 ans. Cela fait, au bas mot, quarante ans que je médite dans mon âme le Mystère de La Salette qui s'insère dans le cadre de la fin des fins de tous les temps historiques, la "der des der" comme disaient les poilus de Verdun, fin des fins que, tous, consciemment ou bien non, nous vivons et mourons à la fois dans nos jours crucifiés, surtout ecclésialement, et je vous livre donc ici en toute simplicité le fruit de cette méditation de, je peux bien dire, toute ma vie.
 
En la bénie fête de sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus,
bêtement appelée "petite" par antiphrase,
ce 3 octobre 2024.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.
 
        P.S. : La seule brochure qui reproduit intégralement et authentiquement toute l'Apparition de La Salette avec le Secret donné dans son entier à Mélanie, est celle que la bergère, devenue adulte, a publié en 1879, munie de l'Imprimatur épiscopale. Il y a dans ce texte TOUT le vrai récit de ce qui concerne exactement le fait de La Salette, rien de plus, rien de moins.
        
        S'y voit notamment la très-haute et amoureuse vie mystique de l'âme de Mélanie, elle fond littéralement d'amour en présence de la très-sainte Vierge et, outre l'innocence pleine de charme naïf avec laquelle elle raconte sa grande amitié d'âme avec Maximin, sa relation de l'Apparition mariale de La Salette est des plus touchantes, digne des plus belles pages de spiritualité de nos plus grands saints. J'oserai dire que tout chrétien contemporain se doit d'un grand devoir de lire au moins une fois dans sa vie ces pages surnaturellement lumineuses et si édifiantes, et bien sûr qui initient à la Prophétie de notre temps.
        
        On pourra trouver un fac-similé de cette brochure, pour les lecteurs qui ne la connaîtraient pas, au lien suivant : https://melanie-de-la-salette.fr/livres/brochure-1879/brochure.pdf
 
 Sainte Therese Presentation 02 12 21
 
Sainte Thérèse de l'Enfant-Jésus (1873-1897)