Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...?


Author: admin-blog2 posted in Articles archivés (Blog) on 12-09-2019 09:20:00

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Un schisme est-il possible dans l'Église actuelle...?
 
           
        Mes lecteurs me connaissent. Je n'ai pas l'habitude des circonlocutions et autres périphrases en face des questions très-graves qui attaquent mortellement notre Foi catholique et mettent en péril notre salut, je commence au contraire par donner immédiatement la réponse de Foi et de Vérité qui libère l'âme fidèle. Les explications, éventuellement longues et détaillées, viennent après. Parce que, devant un feu violent qui se déclare, il s'agit de commencer par jeter de l'eau dessus tout-de-suite, pas de discuter sur la taille des seaux à prendre pour l'opération.
           
        Voici donc la réponse à la question posée en titre : NON, dans l'ordre théologique, un schisme est absolument et rigoureusement impossible de nos jours, en l'état actuel de l'Église.
           
        Pour le bien comprendre, voyons d'abord la définition exacte du mot schisme, ainsi formulée dans le Droit canon de 1917 : "Celui qui refuse d’être soumis au Pontife suprême ou qui ne veut pas accepter la communion avec les membres de l’Église qui lui sont soumis, est schismatique" (can. 1325 § 2). On pourrait définir le schisme comme une hérésie d'obédience ; ou encore, un péché contre l'Église-Corps quand l'hérésie est un péché contre l'Église-Âme.
           
        La question d'un schisme se résout donc très-simplement : tout fidèle catholique qui se sépare du pape légitime actuel, est schismatique. Or, au moment où j'écris ces lignes et à celui où vous les lirez ô lecteur, le pape légitime actuel, de notoriété ecclésiale universelle publique valant formellement fait dogmatique (et tout fait dogmatique est doté de l'infaillibilité), est Jorge-Mario Bergoglio. Il satisfait en effet à la règle prochaine de la Légitimité pontificale que j'ai exposée en long et en large dans mes nombreux écrits sur la question, très-notamment dans l'avant-dernier article du Blog (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/pot-pourri-dans-un-pourrissoir-ecclesial?Itemid=483), à savoir : la reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ sur un tel, actée par la majorité canonique des cardinaux (2/3 + 1), que je ne fais qu'énoncer brièvement ici et sur laquelle je ne reviendrai pas.
           
        Donc, le syllogisme est très-simple : puisque la Foi fait obligation formelle à tout catholique véritable de professer que François est le pape légitime actuel de l'Église catholique, le schisme actuel se définit ainsi : aux jours d'aujourd'hui, tout fidèle qui refuse de faire obédience au pape François fait schisme formel, est schismatique.
           
        ... C'est ici que commence le gros, l'énorme, problème. Car le pape François manifeste l'hérésie dans son Magistère ecclésial autorisé, de soi formellement doté de l'infaillibilité par le mode ordinaire & universel pontifical lorsqu'il s'adresse à l'Église Universelle (cf. Dom Paul Nau)... ce qui est, hélas, une grande proportion des cas où l'on enregistre de l'hérésie dans son Magistère bergoglien (très-notamment, par exemple, dans l'encyclique extrêmement hétérodoxe d'Amoris Laetitia).
           
        Pour cette raison catholique, des élites conservatrices de l'Église actuelle seraient tentées de faire schisme, en allant volontiers chercher le "pape émérite", Benoît XVI, pourtant fort âgé, pour remplacer François. Dans leur désir, en soi édifiant, de se séparer de l'hétérodoxie doctrinale du pape François, et même de son apostasie (en allant, pour les plus engagés d'entre eux, jusqu'à vouloir déclarer préalablement l'invalidité, soit de son élection au Siège de Pierre, soit de son pontificat après une élection pontificale valide), ils rencontreraient d'ailleurs un soutien implicite, paraît-il (mais ce n'est probablement que propos de journaliste à sensation qui cherche à faire des gros sous), dans certains politiques de droite populiste genre Donald Trump, agacés, à juste titre, du gauchisme forcené et délirant de François, dont le progressisme est si ultra et fanatique qu'il subvertit non pas seulement la sphère catholique mais celle sociopolitique. Ainsi, par exemple, non seulement on voit François se déclarer pour les migrants, mais avec une préférence affichée pour les entr'iceux qui sont musulmans, dans un gaucho-coco-gauchisme politico-religieux tous azimuts absolument indécent et sans aucune retenue ni barrières de sécurité...
           
        Cependant, ces prélats conservateurs sont paralysés, ils ne vont pas jusqu'au bout de leur démarche de se séparer de François pour la bonne cause, on les voit tout-au-contraire s'évanouir complètement avant, comme étonnés eux-mêmes, apeurés, de ce qu'ils ont osé faire, et se réfugier finalement dans un "silence" post-mortem qui avait fort ému Bernard Dumont, le directeur de Catholica dont j'avais commenté l'excellent article il y a un peu plus d'un an (https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/parution-d-un-remarquable-article-sur-la-situation-de-l-eglise-sous-le-pape-francois-mon-commentaire-i?Itemid=1).
           
        Leur attitude, cependant, se comprend fort bien. Qu'ils en aient ou non conscience, la question théologique de fond qui les paralyse dans une parésie invincible est en effet la suivante : comment, par motif de Foi, faire schisme avec un pape légitime actuel qui enseigne mal l'Église Universelle, puisque, de par la Constitution divine de l'Église, il est pour elle la règle prochaine de... la Foi ?!? Et qu'il est donc impossible de toute impossibilité qu'il puisse mal l'enseigner ? Théologiquement, c'est le rond-carré dans toute sa splendeur, il est effectivement rigoureusement impossible qu'un pape puisse mal enseigner l'Église Universelle sans remettre en cause, il faut bien le comprendre, les fondements mêmes de l'Église telle qu'elle a été instituée par Jésus-Christ il y a 2 000 ans. Comme je l'ai exposé dans mon dernier article, avec le pape François nous ne sommes absolument pas, en effet, en présence d'un cas de pape hérétique en tant que docteur privé, mais en face d'un pape qui manifeste l'hérésie dont est infectée TOUTE l'Église, l'Église Universelle, depuis Vatican II (http://www.eglise-la-crise.fr/index.php/component/joomblog/post/sommes-nous-dans-le-cas-d-un-pape-heretique-ou-d-une-eglise-heretique?Itemid=483). En fait, le pape François enseigne actuellement mal l'Église Universelle à partir de l'enseignement autorisé de l'Église Universelle qu'il a trouvé dans Vatican II. La boucle est bouclée. Nous mettons justement le doigt, là, je le fais remarquer, sur une situation ecclésiale-pontificale qui manifeste avec une clarté éblouissante la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à l'économie de la Passion du Christ, que donc vit l'Épouse du Christ de nos jours...
           
        C'est pourquoi il n'y aura pas de schisme. Tout simplement, parce que, théologiquement, il ne peut pas y avoir de schisme sans faire s'écrouler d'un seul coup d'un seul toute l'Église. Nous sommes en effet dans une situation de crucifixion radicale de l'Église dans laquelle faire schisme ne solutionnerait absolument rien, ne sauverait nullement l'Église, bien au contraire. Supposons en effet qu'un schisme contre François, par motif de Foi, soit ecclésialement publiquement déclaré, avec, à sa tête, Benoît XVI : ce schisme ne ferait que montrer à tout regard... la faillite complète et définitive de l'Église, rendrait évident que "les portes de l'enfer ont prévalu contre elle". En effet, ce schisme opéré par motif de Foi contre François révèlerait ipso-facto la faillite de l'Église en montrant à la face du monde entier que le pape actuel légitime, n'est pas, contrairement à la Promesse formelle du Christ, règle prochaine de la Foi pour l'Église Universelle...
           
        Les prélats conservateurs qui réagissent actuellement par motif de Foi contre les atrocités doctrinales de François dont il puise le fond dans Vatican II, ne peuvent donc aboutir à rien. C'est pourquoi, avant de rentrer dans un "silence" catatonique non moins que catacombal, on les voit tourner en rond, faire un pas en avant puis deux en arrière, puis encore deux pas en avant puis un en arrière, etc., mais, au final, dans une impuissance ecclésiale complète d'arriver à rien de rien. La contradiction radicale de leur attitude, écho très-fidèle de la radicale contradiction où est plongée l'Église Universelle elle-même, est si flagrante, si grossière, si folle même, leurs propos disant le blanc et le noir quasi en même temps, qu'elle ne manque pas d'être remarquée par plus d'un catholique resté lucide, extrêmement interloqué et même scandalisé de ces ténèbres de bouteille à l'encre, comme peut l'être tout observateur attentif de la situation ecclésiale contemporaine qui n'a pas (encore) pris conscience de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Voici par exemple quelques réactions musclées trouvées sur Internet :
           
        "La valse-hésitation des cardinaux.
           
        "L’article publié récemment sur l’attitude «schizophrénique» du cardinal Sarah, entre affirmation répétée d’un soutien indéfectible au Pape et opposition sans concession aux orientations de son pontificat, m’a valu de vives critiques. Si l’on peut comprendre la défense de ceux qui voient en lui un futur pape, ce site n’est pas le seul à exprimer une perplexité… qui vaut aussi pour d’autres hauts prélats.
           
        "Une fidèle lectrice (et catholique fidèle) résume bien le sentiment des voix hors-du-chœur : «Le Cardinal Sarah a tout d’un saint homme pourvu d’une haute spiritualité et je n’arrive pas à comprendre comment il peut rester à la Curie. J’ai lu ses trois livres qui montrent, sans jamais accuser explicitement François, qu’il est en profond désaccord avec lui. Comment un homme aussi droit peut-il rester aux côtés d’un Pape comme François ? Est-il aveuglé par la nécessité de rester fidèle au Pape quel qu’il soit ? Pour moi, cet homme est un mystère» [... ce n'est pas le cardinal Sarah qui est un mystère, c'est la situation de l'Église qui est un mystère, le mystère de la Passion du Christ...].
           
        "En juin 2018, nous écrivions : «Cher cardinal Müller : assez avec la découverte de l’eau chaude ! Agissez ! Assez de ce va-et-vient continuel et épuisant : vous dénoncez pour ensuite rassurer (mais qui ??) ; vous lancez le caillou puis vous cachez la main». Et dans cet autre éditorial nous demandions à ces Pasteurs : «Vous dénoncez des dérives gravissimes pour ensuite souligner que vous n’en avez pas après «Tizio, Caïo et Sempronio» [noms génériques donnés par les italiens pour désigner telle ou telle personne qu'on ne veut pas nommer explicitement]. Mais alors, désolé, qui est responsable des faits graves que vous dénoncez ? Qui est le pasteur : vous, ou nous ? Qui a le pouvoir de freiner ces dérives doctrinales que vous dénoncez vous-mêmes ? Maintenant, c’est au tour du cardinal Robert Sarah… D’une certaine façon on peut le comprendre, personne ne veut déclarer le schisme ; et puisque ces pasteurs courageux consultent souvent Benoît XVI… on peut peut-être se poser une ou deux petites questions… On comprend parfaitement les peurs de Müller et de Sarah, et celles de Mgr Schneider, qui, tout en étant courageusement actifs sur les lignes directrices qu’ils s’efforcent de donner, ne vont en fin de compte pas jusqu’aux conclusions...
           
        "Éh oui, les conclusions. Le fait est que nous aussi, nous aimerions que la solution de ces problèmes soit immédiate, nous aimerions que les coupables ou les responsables soient sur le banc des accusés, nous aimerions un procès qui puisse expliquer au monde entier que l’Église (une, sainte, catholique et apostolique), la vraie, celle qui a deux mille ans, n’a pas de faute, mais que le modernisme condamné par saint Pie X dans Pascendi Dominici gregis, a gagné… qu’il est entré dans l’Église et qu’il la gouverne. On voulait, on présumait, on prétendait changer l’Église, oubliant qu’il fallait que ce fût l’Église qui nous change pour nous convertir au Christ. La Babel de notre temps, qui a ouvertement et clairement renversé la Mission de l’Église dans le monde, démontre cet échec dont aucun pasteur ne veut prendre la responsabilité. Nous comprenons bien qu’aucun cardinal ou évêque, aujourd’hui, ne veut assumer la responsabilité de déclarer un schisme en état avancé… D’ailleurs si Notre Seigneur Jésus-Christ lui-même permet, et même tolère, cette situation anormale et bizarre non seulement de «deux papes», mais surtout de la Babel que nous vivons, il doit y avoir une raison [... Oui !, il y a une raison ! C'est que Dieu fait vivre à l'Église la Passion du Christ !] !
         
        "Nous comprenons donc qu’on ne peut pas attendre de ces pasteurs qu’ils déclenchent des procès contre les personnes ; mais qu’ils continuent à prendre le troupeau pour des imbéciles, qu’ils continuent à y semer la confusion, qu’ils continuent à lui donner de faux espoirs… dans quel but ? Et donc, chers Pasteurs : inutile de donner des interviews tous les deux jours pour dénoncer l’enfer doctrinal qui nous submerge si vous ne placez pas également les extincteurs, destinés à éteindre les flammes dévorantes… Chers Pasteurs, cher Mgr Sarah, on a parfois l’impression que c’est vous qui alimentez le feu de la vérité, sauf ensuite à vous débarrasser de la responsabilité et des conséquences, laissant le troupeau dans les flammes des disputes… comme si nous avions, nous, le pouvoir d’éteindre cet incendie. Comme le disait Jeanne d’Arc sur le bûcher : «Tenez haut la croix, pour que je puisse la voir à travers les flammes»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/29/la-valse-hesitation-des-cardinaux/).
           
        Autre réaction similaire, d'un catholique du rang :
           
        "Les mots ont un sens s'ils sont étayés par des faits. Les mots qui sont censés ne rester que des mots sont inutiles. L'un des effets de Vatican II a été de créer une quantité effrayante de prélats qui se prennent pour des journalistes. Ils analysent et invitent. Ils commentent et réfléchissent. Ils adorent lire leur nom dans les journaux. Ce qu'ils ne font jamais, ce qu'ils pensent qu'ils n'ont pas le devoir de faire, c'est en réalité AGIR.
           
        "Les mots, sans les faits, sont plutôt vides de sens. Vous devez faire ce que vous dites qu'il faut faire. Un évêque ou un cardinal n'est pas appelé à donner des commentaires sur la Foi. Il est appelé à la défendre activement, à temps et à contretemps, et sans respect pour l'autorité quand cette autorité défie Dieu. Il n'est pas quelqu'un qui fait des commentaires au sujet du pouvoir. Il est l'un de ceux qui l'ont vraiment.
           
         "On pourrait penser que ce concept simple serait clair après 2 000 ans de christianisme. Au lieu de cela, préparez-vous pour le prochain entretien boiteux dans lequel un prélat pense que mouiller ses lèvres est la même chose que siffler [= avant de siffler, on mouille ses lèvres ; ici, l'auteur de la formule veut dire que les prélats conservateurs savent bien se préparer à siffler, c'est-à-dire dénoncer canoniquement l'hérésie de François du haut de leur autorité épiscopale ou cardinalice, mais qu'ils ne sifflent pas !, aucun d'entre eux en effet, ne fait une monition canonique publique contre François en usant de sa légitime autorité épiscopale, que représentent les deux cornes de toute mitre d'évêque, qui sont traditionnellement un héritage des deux rayons illuminant la face de Moïse...]" (http://benoit-et-moi.fr/2019/actualite/des-hauts-prelats-trop-timores.html).
           
        Parmi tous ces conservateurs, le pompon de la contradiction sans complexe semble devoir revenir au cardinal Robert Sarah, qui rafle haut-la-main le 1er accessit avec les félicitations du jury. Il a osé dire dans une récente interview : "Je suis tranquille parce que je suis très fidèle au Pape. Personne ne peut citer un mot, une phrase, un geste par lequel je m’oppose au Pape. C’est ridicule. Je suis au service de l’Église, du Saint-Père, de Dieu. Assez. Les gens écrivent des choses pour s’opposer à nous, contre le Saint-Père, contre les évêques et les cardinaux. C’est ridicule. Nous ne devons pas tomber dans ce piège. Nous devons continuer à enseigner. Ce qu’ils disent ne m’intéresse pas".
           
        Sur Facebook, un simple catholique du rang lui a vertement réajusté sa barrette cardinalice, ainsi : "Éminence, le 18 mars dernier vous avez dit que «l’Église est devenue un repaire de ténèbres». Vous avez ajouté que «l’Église meurt parce que les pasteurs ont peur de parler avec vérité et clarté» ; et encore : «Les théologiens et même les prêtres jouent à déconstruire les dogmes, en les privant de leur sens profond. Le relativisme est le masque de Judas déguisé en intellectuel». Je m’arrête ici. Je pourrais continuer jusqu’à remplir une page entière et fatiguer mes vingt-cinq lecteurs. Qui peuvent de toute façon consulter, s’ils ne l’ont pas déjà fait, vos derniers livres : «La force du silence», «Dieu ou rien» et «Le soir approche et le jour tombe déjà».
           
        "Diantre ! Tout ce que vous avez écrit est un contre-chant conscient à la dérive de l’église de Bergoglio. Point par point : le rejet du relativisme éthique déguisé en «discernement», la défense de la famille naturelle, le thème des sacrements à ceux qui ne sont pas dans la grâce de Dieu, la priorité à la défense de la vie sur celle (païenne) de la nature. Même l’accent mis sur le fait que les Africains (vous venez de ce continent, vous savez et ne proposez donc pas une image idéologique de celui-ci comme centre social) doivent être aidés en Afrique.
           
        "Et maintenant vous vous en sortez avec cette phrase : «Je n’ai jamais parlé contre le Pape François». Cela, c’est de l’hypocrisie purement jésuite, cela s’appelle ménager la chèvre et le chou. Bien sûr : vous n’avez jamais accusé DIRECTEMENT Bergoglio de quoi que ce soit. Mais tout votre travail d’évêque et de savant n’a pas SEMBLÉ par erreur, mais A ÉTÉ et EST en opposition totale à ce que Bergoglio écrit et surtout dit, quand il parle a braccio [= sans préparation, en improvisant] et se révèle pour ce qu’il est.
           
        "Éminence, soyez à la hauteur de vos idées. De quoi avez-vous peur ? De mettre votre position au Vatican en danger ? Ce serait misérable. Et vous n’êtes pas misérable. Craignez-vous que les choses s’effondrent au point de sombrer dans le schisme ? Mais, même si ce n’est pas officiel, le schisme est déjà en cours, Éminence. Les fidèles sont divisés, radicalement divisés. Et j’ajoute que c’est bien ainsi, parce que beaucoup d’entre eux, se mirant dans l’horreur du bergoglisme, ont retrouvé la Foi. La Foi vraie et forte, qui n’est pas «ouverte» au monde mais qui convertit le monde. Et donc, assez avec ce «dire et ne pas dire». Vous, Burke et Müller ressemblez à trois crabes (rouges bien sûr) qui font un pas en avant et trois pas en arrière. Ou trois «milites gloriosi» qui menacent de foncer et s’enfuient à peine une papalina [calotte papale blanche] se pointe-t-elle à l’horizon" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/25/card-sarah-trois-pas-en-avant-deux-en-arriere/).
           
        Ces prélats conservateurs, qui tournent lamentablement en rond sur eux-mêmes, qui se contredisent publiquement non moins que altièrement, sans rougir de honte et sans vergogne, dans la situation cataclysmique ecclésiale-pontificale actuelle, sont vraiment pitoyables. Je pouvais bien écrire, dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial : "Même les réactions de Foi des conservateurs contre les pires vilenies de François, laissent un mauvais goût fadasse dans la bouche, inodore, incolore et finalement sans saveur. (...) Il est trop clair que les prêtres qui réagissent actuellement, petits ou grands, quand bien même ils peuvent être et sont effectivement, pour la plupart, d'excellente volonté, ne vivent plus de la grâce de la Foi intégrale et forte, dogmatiquement bien assise. Et l'explication n'est pas à chercher au loin : ces prêtres et prélats de bonne volonté sont tous de deuxième voire troisième génération ecclésiale après Vatican II, tous ont été formatés dans le moule du concile moderne qu'on leur a enseigné à prendre comme parole d'Évangile" (fin de citation).
           
        Ces pauvres conservateurs ont un chef, il s'appelle Benoît XVI. Voici comment un journaliste italien a lapidairement résumé son attitude :
           
        "BENOÎT XVI : EXTRÊMEMENT LUCIDE EN PENSÉE, PAS TOUJOURS EN ACTES.
           
        "La paura fa novanta (= «La peur fait 90» ; idiome qui serait d’origine napolitaine, intraduisible : 90 serait un nombre associé à la peur). La peur d’un schisme. Une peur qui touche surtout les cardinaux allemands fidèles à l’Église catholique, mais malgré tout allemands et se souvenant du schisme de Luther.
           
        "Cette peur saisit aujourd’hui Benoît XVI. Et cela le maintient en suspens, entre le besoin de dire la vérité et la peur du schisme.
           
        "Le pape émérite ondoie, comme un navire dans la tempête, entre un doute et l’autre. Ainsi, un jour, il intervient en lançant un message d’apaisement, un autre, il ne peut rester silencieux, et rappelant le cardinal Meisner, adversaire explicite de Bergoglio, il en fait l’éloge et dit, franchement, ce qu’il pense : la barque de Pierre est «déjà presque renversée» ; de la même manière, un jour il sort un document sur la pédophilie dans l’Église, qui va dans la direction opposée à ce que dit et fait Bergoglio, engendrant un émoi mondial, et un autre, il se prête à une opération de pacification, comme l’interview de Massimo Franco, il y a deux jours, où il se comporte en pompier.
           
        "C’est une tergiversation qui, dans son «absurdité», n’a qu’une seule raison d’être : le doute hamlétique sur ce qui est le pire des maux : les doctrines hérétiques et le comportement trivial de l’argentin, ou bien un schisme mondial, mené par ceux qui sont las de cette «auto-démolition de l’Église à travers ses ministres» ?
           
        "Le même doute, c’est évident, traverse la conscience de son secrétaire, Mgr Gänswein, qui depuis des années s’est aussi engagé dans des déclarations manifestement critiques à l’égard de la nouvelle orientation, et dans des actes de réparation dont la crédibilité apparaît, franchement, faible. Pugnantia te loqui non vides, disaient les anciens : ne vois-tu pas, Gänswein, que tu dis des choses qui se contredisent entre elles ?
           
        "C’est dans cette façon d’agir que l’on reconnaît l’homme Benoît : l’homme doux qui croit toujours qu’il peut par la bonté réparer les choses ; qui ne fait pas usage de son pouvoir de gouvernement, quand il le possède, sauf ensuite à abdiquer, quand il réalise qu’à force de ne pas gouverner, ce sont d’autres qui gouvernent [le mot de Montaigne, montrant le talon d'Achille des grands intellectuels, convient parfaitement à Benoît XVI : "Ces infinis esprits, disait-il, qui se trouvent rognés par leur propre force et souplesse"...].
           
        "Massimo Franco, journaliste fin et honnête, nous l’a fait comprendre, en nous disant qu’il y a beaucoup d’évêques et de cardinaux qui se rendent chez Benoît pour s’exprimer sur ce qui se passe dans «l’église de Bergoglio». Il me suffit de lire entre les lignes et d’avoir dialogué avec certains de ces ecclésiastiques pour comprendre ce qui se passe dans ces rencontres : Benoît les encourage à rester fermes dans une saine doctrine, il montre qu’il souffre beaucoup lui aussi, mais il invite alors, en Allemand qui sent le poids du schisme luthérien sur ses épaules, à être patient, à ne pas «casser l’Église».
           
        "Benoît a peut-être raison, mais il se peut aussi qu’il ait tort sur ce point. Quand tellement de personnes lui ont demandé d’écarter le cardinal Tarcisio Bertone, parce qu’il nuisait à l’Église toute entière, l’homme Benoît a choisi la voie de la douceur, ou du non-gouvernement : il a laissé Bertone à sa place, lui permettant de ruiner son pontificat, puis de se recycler en électeur de Bergoglio. L’homme Benoît fait-il aujourd’hui la même erreur ? Est-il possible de sauver l’unité de l’Église en dehors de la Vérité ? Benoît XVI est-il plus utile à l’unité de l’Église en continuant à envoyer des signaux contradictoires (voir aussi ses applaudissements constants à Müller, opposant évident de Bergoglio), ou le serait-il bien plus si, élevant la voix, reconnue par tous pour son autorité, il forçait Bergoglio à arrêter le bulldozer qui, chaque jour, détruit la Tradition et creuse le fossé entre la hiérarchie et le peuple de Dieu ?
           
        "Inutile de dire que l’auteur de ces lignes est en faveur de la seconde alternative, préférant dans ce cas la parésie d’un autre Allemand courageux, le cardinal Walter Brandmüller : qui, en grand historien qu’il est, connaît bien lui aussi les divisions du passé, mais qui sait aussi que la situation actuelle est peut-être sans précédent. En fait, il ne s’agit plus seulement de mauvaises manières ou de luttes de pouvoir internes, ni même de simple hérésie : nous sommes en effet désormais face à l’apostasie" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/07/22/benoit-xvi-redoute-t-il-un-schisme/).
           
        APOSTASIE. L'auteur, en finale, ne peut s'empêcher, entraîné par la force de ses propres propos, de lâcher le "gros mot", la grande vérité ecclésiale de notre temps que j'ai exprimée avec soin dans mon tout dernier article Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?! : notre situation est une situation d'apostasie propagée par l'Église Universelle elle-même depuis Vatican II, dont les papes post-conciliaires se font, j'allais dire tout naturellement, les... porte-voix. Plus exactement dit, c'est-à-dire plus apocalyptiquement : une situation de GRANDE APOSTASIE, puisque non seulement le monde la manifeste, mais, horresco referens, l'Église aussi, la manifeste, comme l'a fort bien vu et dit Benoît XVI lui-même quant aux mauvaises mœurs des clercs contemporains, en donnant pour cause formelle de ces mauvaises mœurs généralisées, l'absence de Dieu (= apostasie) dans l'Église elle-même : "C’est seulement là où la foi ne détermine plus les actions de l’homme que de tels crimes sont possibles" (Notes, II, 2).
           
        Nous sommes donc bel et bien en présence de la GRANDE APOSTASIE, celle annoncée par saint Paul comme devant accompagner l'arrivée de l'Antéchrist-personne dans notre monde, laquelle arrivée se fera sur "le siège de Rome" a révélé très-pudiquement la Reine des prophètes à La Salette il y a plus d'un siècle et demi ("Rome perdra la Foi et deviendra le siège de l'Antéchrist"), autrement dit, sans voile : "SUR LE SIÈGE DE PIERRE". Et le pape François est une affreuse préfigure et prophétie de ce que, au niveau du prêche doctrinal, fera l'Antéchrist-personne lorsqu'il sera assis sur le Siège de Pierre, il est déjà cette "voix de dragon" dénoncée par l'Apocalypse dans l'Antéchrist-personne, quoique toujours "Agneau", c'est-à-dire Pontife légitime. L'Antéchrist-personne sera en effet légitimement intronisé comme dernier pape de l'Église dans son économie du Temps des nations par des cardinaux de mauvaise doctrine nommés par François et corrompus à peu près au même antéchristique degré que lui, il n'est que de voir le profil des treize nouveaux cardinaux que François va créer le mois prochain, dont certains sont écolo-cocos et d'autres carrément pro-gays (cf. mon grand article sur le sujet : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/AntechristDernierPapeLEGITIMEMisEnForme.pdf) !! Et ces mauvaises créations de cardinaux ne datent pas d'hier. Je rappelle ici la saillie inspirée de l'abbé Fröehly, ce simple curé de campagne qui tenait un petit bulletin tradi de tendance sédévacantiste, dans les années 1965-85 ; il écrivait ceci dans l’une de ses Semaine paroissiale, c'était dans les premières années du pontificat de Jean-Paul II : "... Un prêtre abonné [à mon bulletin] m’écrit ces jours-ci que Notre-Dame de La Salette n’était pas sédévacantiste. Elle n’a jamais dit que le Siège serait vacant. Elle a dit qu’il serait occupé par l’Antéchrist. APRÈS TOUT, POURQUOI PAS, S'IL EST RÉGULIÈREMENT ÉLU ? ET POURQUOI NE LE SERAIT-IL PAS, AVEC LE PERSONNEL QUE LE PAPE POLONAIS MET EN PLACE ?" (La Semaine Paroissiale, n° 1002, 18.XII.83).
           
        J'aimerai maintenant revenir sur un point important, pour continuer à clarifier le plus parfaitement possible l'affreuse situation ecclésiale-pontificale actuelle. Pour cela, je vais adopter par hypothèse la pensée des conservateurs, à savoir que François serait hérétique seulement en tant que docteur privé, et non comme docteur universel des catholiques, comme il l'est cependant indubitablement. Si François était hérétique seulement en tant que docteur privé, alors la question d'un schisme par rapport à lui serait très-différente, et même complètement opposée. En effet, si François n'était qu'un "pape hérétique en tant que docteur privé, cas isolé et individuel, chancre certes cancéreux mais en définitive bénin et de courte durée, dans une Église Universelle qui resterait immuable par ailleurs, exempte, quant à elle, de toute hérésie, entièrement pure, non-contaminée et parfaitement sainte sur le plan doctrinal", comme je l'écrivais dans mon dernier article, alors, ceux qui voudraient se séparer de lui à cause de son hérésie personnelle, loin d'être dans une position de schisme séparant de l'Église, seraient tout au contraire les glorieux mandataires de l'Église Universelle désirant rejeter de son sein immaculé un sujet mauvais et contaminé par Satan.
           
        Dès lors, leur combat contre un pape hérétique en tant que docteur privé, loin de finir dans les marécages sordides où nous les voyons finir actuellement avec François, aboutirait inéluctablement et glorieusement, tout au contraire, à la proclamation ecclésiale universelle de la déchéance dudit pape hérétique en tant que docteur privé, indigne du Pontificat suprême, déchéance solennellement prononcée par le Sacré-Collège cardinalice dans sa majorité canonique des deux/tiers + 1, qui, seule, dans cette dite majorité canonique, peut déchoir un Pontife romain personnellement indigne (seuls, en effet, je le rappelle, les cardinaux de la sainte Église romaine sont de droit divin habilités à désigner positivement le Vicaire actuel du Christ, ou, négativement, à lui retirer la matière du Souverain Pontificat, ce qui a pour effet direct et immédiat de lui retirer également sa forme, à savoir l'Autorité divine pontificale : car qui a pouvoir pour faire un pape, a aussi pouvoir pour défaire un pape ; et lui seul l'a). Si François était un pape hérétique en tant que docteur privé, alors, en fait, ce serait en quelque sorte lui le schismatique par rapport à l'Église Universelle. Ceux qui lutteraient contre lui seraient dans le camp de l'Église Universelle. Et la victoire leur reviendrait assurément, inéluctablement, tôt ou tard.
           
         Notre cas est apocalyptiquement extrêmement différent : François est hérétique en tant que docteur universel des chrétiens (seulement matériellement bien sûr, la Providence le voulant ainsi pour que l'Église épouse l'économie de la Passion du Christ "fait péché [matériel] pour notre salut" -II Cor V, 21- ; sinon, si François, et d'ailleurs avec lui tous les papes modernes, étaient formellement hérétiques en tant que docteurs universels des chrétiens, alors cela signifierait ipso-facto que "les portes de l'enfer auraient prévalu contre l'Église"). En telle occurrence, la note anathématisante de schisme est sur la tête... des défenseurs de la Foi, puisqu'ils sont positionnés contre un pape qui professe l'hérésie en tant que docteur universel des chrétiens, suppôt direct et immédiat de l'Église Universelle ! Il y a donc, un enfant du premier catéchisme le comprendrait, impossibilité théologique absolue que les défenseurs de la Foi puissent jamais triompher d'un pape qui professe l'hérésie dans sa fonction de docteur universel des chrétiens, ce serait, s'il y avait pour eux gain de cause et triomphe, la preuve que le Saint-Esprit, contre la formelle promesse du Christ, n'assiste pas le Vicaire du Christ dans cette dite fonction de docteur universel des chrétiens. Et donc la preuve que l'Église Universelle ferait par-là même faillite radicale et définitive, qu'elle ne serait pas de Constitution divine. Mais en fait, notre situation n'est pas celle que je viens de dire pour suivre le raisonnement théologique, elle est celle-ci : François manifeste matériellement l'hérésie en tant que docteur universel des chrétiens, ce qui est synonyme de crucifixion de l'Église ; le combat spirituel des défenseurs de la Foi devrait donc, s'il aboutissait, devoir révéler cette situation, et rien d'autre.
           
        Au début du siècle dernier, sous le pontificat du pape Pie X, était paru un livre, Il Santo, écrit par un moderniste italien, Fogazzaro. Ce moderniste très-ardent et convaincu décrivait, avec, il faut bien l'avouer, une vue des plus prophétiques, la pénétration de l'Église par la subversion moderniste victorieuse. Mais il n'avait pas pu imaginer jusqu'où irait l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint !, il fut à cent lieues de conjecturer que cette subversion serait générée... par le pape légitime lui-même, à partir du Siège de Pierre !! Fogazzaro s'était au contraire imaginé d'innombrables clercs de l'Église catholique tous secrètement inféodés au modernisme mais restant en place sans apparaître au for externe convertis à l'hérésie, autrement dit des crypto-modernistes, et puis, un pape très-catholique qui, aux termes d'enquêtes inquisitrices serrées contres les modernistes, se serait soudain rendu compte qu'ils étaient tellement nombreux dans l'Église, qu'il lui devenait impossible de tous les excommunier sans porter atteinte à l'Église elle-même, et puis encore et puis enfin, ce pape, découragé, épouvanté, ne pouvant que lâcher le bon combat, le bonum certamen dont parle saint Paul, céder devant la puissance trop grande du mal... Et le mal aurait ainsi triomphé, par la bande. Voici comment notre Fogazzaro s'exprimait : "... Maçonnerie catholique ? Oui, maçonnerie des Catacombes ! Vous avez peur, monsieur l'abbé ? Vous avez peur qu'on ne tranche trop de têtes d'un seul coup ? Et moi, je vous dis : Où est la hache qui donnerait un coup pareil ? Isolément, tous peuvent être frappés ; aujourd'hui, le professeur Dane, par exemple ; demain, dom Faré ; après demain, dom Clément. Mais le jour où l'imaginaire harpon de M. l'abbé Marinier pêcherait, attachés par un fil, des laïques de marque, des prêtres, des moines, des évêques, peut-être des cardinaux, quel sera, dites-moi, le pêcheur, petit ou grand, qui, d'effroi, ne laissera pas retomber dans l'eau le harpon et le reste ?"
           
        Cependant, la réalité apocalyptique de l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint que nous vivons présentement dans "l'aujourd'hui de l'Église", nous autres cathos de la fin des temps, est d'une gravité extraordinairement plus grave que n'avait pu l'imaginer notre moderniste Fogazzaro dans ses impiétés et ses délires les plus fous ! Est en effet contaminé par le modernisme ou l'antéchristisation de la Foi, non pas de très-nombreux "membres enseignés" de l'Église quand le "membre enseignant" principal resterait pur de toute contamination, mais est contaminé au premier chef, c'est bien le cas de le dire, le "membre enseignant" par excellence, à savoir le pape lui-même soi-même, quand la sanior pars des "membres enseignés" reste, quant à elle, non-contaminée ! Ceux qui, en effet, sont aujourd'hui pris d'effroi devant l'ampleur cataclysmique du mal pénétrant jusqu'aux "veines de l'Église" (pape Pie X, à propos du modernisme), jusqu'à, effrayés, laisser "retomber dans l'eau le harpon et le reste", ce sont de nombreux "membres enseignés" par le Vicaire du Christ actuel, constatant dans l'effroi, et tétanisés dans ce constat, que la subversion antéchristique dans l'Église est le fait du pape moderne lui-même soi-même !! C'est là tout le problème éprouvé par nos prélats conservateurs actuels...
           
        Dès lors, il n'y a ecclésialement plus rien à faire. Comme il n'y avait plus rien à faire, sauf à faire tout dans le Mystère de la Rédemption, pour ceux qui étaient et demeuraient courageusement, immobiles, tremblants de douleur compassionniste, au pied de la Croix où le Christ était pendu, sans retour possible de dépendaison, POUR NOTRE SALUT. Et c'est la véritable situation de notre Église catholique, de nos jours : elle aussi, en tant qu'Épouse co-rédemptrice du Christ, est pendue au bois de la croix d'ignominie, ... et quelle ignominie affreuse puisqu'elle est le fait du pape !, POUR NOTRE SALUT. Et nous devons l'assister, continuer à le faire, tel saint Jean l'Apôtre au pied de la croix, que j'ai, pour cette raison, pris pour saint-Patron de mon site sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Le poisson pourrit par la tête, dict-on. Or, le symbole de reconnaissance des chrétiens entre eux, dans le premier christianisme persécuté par le monde gréco-romain antique, était le poisson. Et la tête du poisson chrétien, c'est le pape. C'est pourquoi, à l'heure de la mort mystique de l'Église dans son économie de salut actuelle dite du Temps des nations et de Rome son centre, le poisson chrétien pourrit par le pape.
           
        La Papauté de notre temps de la fin des fins est un grand mystère. Comme le faisait remarquer le simple fidèle que j'ai cité tout-à-l'heure, il y a "deux papes" de nos jours apocalyptiques, "situation anormale et bizarre". Benoît XVI a eu beau démissionner le plus canoniquement du monde, contrairement à ce que, parmi les conservateurs, voudraient croire et faire accroire certains extrémistes tentés par l'orgueil sédévacantiste et ne connaissant pas leur théologie, il fait toujours figure de pape actuel. Et effectivement, n'a pas tout faux partout celui qui pense qu'il y a deux papes de nos jours. Comme je l'exprimais quelque peu dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial, la Papauté de la fin des temps est en effet à la fois crucificateur de l'Épouse du Christ et en même temps crucifiée avec l'Épouse du Christ. Les adeptes de la "survie de Paul VI", voyant dans ce dernier un pape crucifié avec l'Épouse du Christ, n'avaient pas complètement tort, ils se sont juste trompés sur le pape qui devait être crucifié dans le cadre de l'Église de la fin des temps, et ils se sont trompés aussi, beaucoup plus gravement cette fois-ci, sur le fait que le pape de la fin des temps doit également crucifier l'Église.
           
        Malgré la démission tout ce qu'il y a de plus canonique de Benoît XVI, il resterait en quelque sorte pape lui aussi, comme pape crucifié avec l'Épouse du Christ, quand François serait pape crucificateur de l'Épouse du Christ. Il y aurait donc dans notre Église contemporaine, deux papes, au moins sur un plan mystique. N'en soyons pas surpris. Les choses hors-temps de la fin des temps rendent possibles ce que la théologie stricte interdit formellement. J'ai condamné dans mon avant-dernier article la position de ceux qui, tel le bouillant curé italien Dom Minutella, professent que Benoît XVI est le seul pape actuel et que François ne l'est pas, mais c'est très-différent si l'on dit que Benoît est toujours pape et que François l'est également. Cependant, une fort belle page de Bossuet va nous expliquer comment cette situation est possible. Dans une de ses nombreuses Lettres, on le voit en effet se poser cette question : "Comment l'Église est-elle son corps [du Christ] et en même temps son épouse ?" Et il répond très-savamment : "Il faut adorer l'économie sacrée avec laquelle le Saint-Esprit nous montre l'unité simple de la vérité par la diversité des expressions et des figures [ce qu'illustre magistralement le fait que, dans la Messe, le Christ est à la fois le Prêtre du Sacrifice et le Sacrifice lui-même]. C'est l'ordre de la créature de ne pouvoir représenter que par la pluralité ramassée, l'unité immense dont elle est sortie ; ainsi, dans les ressemblances sacrées que le Saint-Esprit nous donne, il faut remarquer en chacune le trait particulier qu'elle porte, pour contempler dans le tout réuni le visage entier de la vérité révélée ; après, il faut passer toutes les figures pour connaître qu'il y a dans la vérité quelque chose de plus intime, que les figures ni unies ni séparées ne nous montrent pas ; et c'est là qu'il se faut perdre dans la profondeur du secret de Dieu, où l'on ne voit plus rien, si ce n'est qu'on ne voit pas les choses comme elles sont. Telle est notre connaissance, tandis que nous sommes conduits par la foi" (Lettre de Bossuet à une personne de piété, t. XXXVIII, p. 378, sq., dans l'édition de Versailles, citée par Rohrbacher dans son Histoire universelle de l'Église catholique, t. XXI, p. 160, sq.).
           
        Il m'est plus facile, après lecture de cette page très-inspirée, de conclure que notre papauté actuelle est toujours UNE, mais qu'elle a besoin de deux suppôts humains pour manifester "les deux traits si particuliers qu'elle porte" et qui la caractérise à la fin des temps. Or, ces deux traits sont extrêmement contradictoires puisqu'ils manifestent en plein la "si grande contradiction" (He XII, 3) inhérente à la Passion du Christ, ils consistent en ce que le pape UN de la fin des temps doit à la fois et en même temps être crucificateur de l'Épouse du Christ, mais encore être crucifié avec l'Épouse du Christ. Ces deux traits sont si contradictoires disais-je, qu'une seule personne humaine de pape ne pouvait les manifester à elle toute seule, il fallait donc deux personnes de pape pour les manifester l'un et l'autre... C'est pourquoi nous avons, sur le plan mystique, un Benoît XVI toujours pape, quand bien même cela contredit le plan strictement théologico-canonique qui voudrait qu'il ne le soit plus. Le pape crucificateur de l'Épouse du Christ (qui s'avère être François) ne pouvait pas en même temps être le pape crucifié avec l'Épouse du Christ (qui s'avère être Benoît). Mais les deux composantes de la papauté de la fin des temps doivent absolument être représentées, et c'est pourquoi il y a deux papes lorsque l'Église vit sa fin des temps propre et personnelle, et c'est la situation qu'on enregistre effectivement de nos jours.
           
        Le grand mystère de la papauté actuelle, à la fois double mystiquement et une théologiquement, est ressenti très-fortement dans le tréfonds des âmes, même quand c'est seulement inconsciemment. Ce ressenti est en effet si fort qu'il touche aussi, à sa façon certes galvaudée, les âmes des... mondains de ce siècle ! On voit par exemple les gens du spectacle s'être saisis de cette situation bi-pontificale très-anormale dans l'Église actuelle, pour en faire, déjà dès maintenant, dès avant la mort des deux papes ou de l'un deux seulement !!!, un... film, "The two Popes". Ce film, d'ores et déjà terminé, qui sera probablement un pénible et énervant nanar, un de plus, est présenté ce mois-ci au festival de Toronto ! Le scénario est complètement idiot et tartuffe, comme il fallait certes s'y attendre de scénaristes qui n'ont pas la Foi, il s'inscrit dans ces thrillers débiles très en vogue dans les années 2000 où le Vatican est le "méchant" qui cache un secret gnostique inavouable propre à détruire radicalement la crédibilité de l'Église (par exemple, que Jésus a eu un enfant avec la pécheresse Marie-Madeleine, et, ô tremblement, catalepsie & damnation !, qu'il y a un descendant actuel de cet enfant !!! Du Da Vinci code, quoi...), mais il a le mérite de montrer à quel point la situation bi-pontificale de l'Église actuelle frappe les esprits, remue nos contemporains... et à juste titre.
           
        S'ils voulaient réveiller en eux des réflexes et des réflexions catholiques, ils comprendraient que cette situation absolument unique et inédite dans les annales de l'Église depuis sa fondation il y a 2 000 ans par Notre-Seigneur Jésus-Christ, révèle que l'Église vit sa Passion et sa fin des temps ultimes. En tous cas, les scénaristes sachant surfer sur la vague des sentiments forts qui frappent les foules (pour faire des films à succès qui rapportent  gros !), cela montre à quel point cette situation ecclésiale bi-pontificale remue les âmes contemporaines. Il y a un fond de vrai même dans le synopsis imbécile du film : un secret terrible et redoutable se cache effectivement derrière cette bipolarisation pontificale actuelle. Mais ce secret n'a rien de gnostique, il est tout simplement que l'Église vit la Passion du Christ usque ad mortem, ce qui prophétise l'imminence du règne de l'Antéchrist-personne. Depuis les deux papes, depuis 2013 donc, l'Église vit en effet ce fameux Ausnahmepontifikat évoqué fort adroitement et très-intelligemment par Mgr Gänswein, le secrétaire particulier de Benoît XVI, dans une mémorable conférence que j'ai relatée dans mon avant-dernier article Pot-pourri dans un pourrissoir ecclésial, c'est-à-dire un pontificat manifestant un état (ecclésial) d'exception. Et quel état ecclésial d'exception !!! Puisqu'il s'agit rien moins que de la Passion de l'Église devant, au final, sous le règne maudit de l'Antéchrist-personne, engendrer sa mort dans son économie de salut actuelle... 2013 est l'Heure (l'heure des méchants - Lc XXII, 53) où la Papauté franchit le portillon du jardin de Gethsémani pour y souffrir puis mourir sous "la puissance des ténèbres".
           
        Cet Ausnahmepontifikat ou état ecclésial-pontifical d'exception, inhérent à l'économie de la Passion du Christ, perturbe beaucoup les esprits faibles ou légers qui n'ont pas une Foi assez forte, les faisant déraper dans les pires sottises ou les propositions favens haeresim pour tâcher de trouver une solution qui, à tout prix, esquive et fuit "LA PASSION DE L'ÉGLISE". Je suis franchement désolé, vraiment navré, d'avoir à compter parmi eux le cardinal Raymond Burke, étant donné par ailleurs l'excellent combat spirituel qu'il mène avec le cardinal Brandmüller contre le prochain synode d'Amazonie, qui s'annonce comme devoir être un véritable acte d'apostasie de toute l'Église, pape en tête. Hélas !, hélas ! Avec bien d'autres qui sont tentés de suivre le cardinal Burke sur cette voie schismatico-hérétique, j'ai en effet la douleur, la honte, et en même temps une certaine sainte-colère étant donné son bagage théologique, ... un bagage de cardinal tout-de-même !, de le voir verser dans une sorte de vision sédévacantiste du problème, en invoquant la possibilité de l'invalidité de l'élection pontificale du pape François...
           
        ... O tempora !! O mores !! Non seulement les papes modernes déraillent, mais les cardinaux modernes, quoique conservateurs, eux aussi...
           
        Le cardinal Burke, en effet, n'a pas eu honte de déclarer dernièrement que "ce serait un argument en faveur de l'élection invalide du pape François s'il pouvait être démontré que le groupe de Saint-Gall s'est engagé dans une «campagne active» pour saper Benoît XVI et pour organiser l'élection d'un pape radicalement différent" ; mais notre cardinal s'empresse de préciser "qu’il ne possède pas de faits démontrables pour cette théorie". Il ne nie pas qu’il y a "certainement" des indices qui pointent vers un conclave invalide, "mais à partir de là, il faudrait en établir des preuves concrètes, je ne sais pas s’il y a des gens qui seraient en mesure de le démontrer ou non".
           
        Un mot, d'abord, sur ce fameux "groupe de Saint-Gall", ce sera rapide : il s'agirait de réunions fermées ayant eu lieu pendant les années du pontificat de Benoît XVI entre des cardinaux progressistes et même ultra-progressistes, genre Daneels ou Kasper, des cardinaux en tous cas très-influents, qui auraient soi-disant comploté ensemble pour renverser Benoît XVI, trop tradi à leur goût, et faire élire François à sa place. Et à partir de là, le cardinal Burke, mais d'autres avec lui, de faire tout un montage pseudo-théologique pour invalider l'élection pontificale de François. On est là dans le grand n'importe quoi scandaleux, la "complotite aigüe", qui met peccamineusement un très-mauvais doute dans l'âme des simples fidèles quant à la Légitimité certaine et formelle de toute élection pontificale théologiquement achevée, comme ayant été reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par les cardinaux dans leur majorité canonique des 2/3, et c'est bien sûr le cas de l'élection pontificale de François. Or, douter et faire douter de la Légitimité certaine et formelle d'une élection pontificale théologiquement achevée, qui est toujours un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, c'est tout simplement s'anathématiser soi-même... et travailler à ce que d'autres âmes faibles ou possédant peu de connaissance en théologie ou inclinées à l'erreur par leurs mauvais penchants, le soient également.
           
        Donc, le cardinal Burke, apparemment, ne... connaît pas sa théologie, la théologie de la Légitimité pontificale, excusez du peu. Partant de cette pure supputation complotiste qui n'est absolument pas démontrée, il le reconnaît lui-même (et par ailleurs, il est bon de savoir que le cardinal Kasper a formellement démenti qu'il ait été question d'élection pontificale dans les réunions dite de Saint-Gall, dont il était un des principaux membres), le cardinal Burke invoquerait un article de la Constitution Universi Dominici Gregis de Jean-Paul II, sur les élections pontificales, promulguée le 22 février 1996, à savoir le n° 79, qui, selon lui, pourrait invalider l'élection de François au Siège de Pierre, ainsi obtenue par un pacte secret entre grands-cardinaux électeurs, en quelque sorte un "délit d'initiés" pourrait-on dire dans un langage de financiers modernes...
           
        Or, notre cardinal, visiblement trop pressé, a mal lu le n° 79. Je cite textuellement ce n° 79, tout d'abord : "79. De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Pour bien comprendre la théologie qui sous-tend ce n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales, il faut lire préalablement le n° 78 où elle est exposée explicitement. Le cardinal Burke est vraiment en faute de ne l'avoir point fait. Pour ce qui est de moi, que Dieu a consacré et qui me suis consacré à la vérité intégrale quant à la théologie de "la crise de l'Église", je lis donc ensemble les deux numéros, 78 & 79, parce que c'est seulement de cette manière que l'on aura le vrai sens de ce qu'il faut entendre dans ce n° 79 :
           
        "78. Si dans l'élection du Pontife Romain était perpétrée (que Dieu nous en préserve !) le crime de simonie, je décide et je déclare que tous ceux qui s'en rendraient coupables encourront l'excommunication latae sententiae et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23).
           
        "79. De même, confirmant les prescriptions de mes Prédécesseurs, j'interdis à quiconque, fût-il revêtu de la dignité cardinalice, de contracter des engagements, tandis que le Pontife est vivant et sans l'avoir consulté, à propos de l'élection de son Successeur, ou de promettre des voix ou de prendre des décisions à ce sujet dans des réunions privées".
           
        Voyons maintenant ce que Jean-Paul II mettait dans sa note 23, qui fonde sur la Tradition magistérielle tout le raisonnement qu'il tient dans ce n° 78, qui, lui-même, va être l'assise doctrinale du n° 79 : "Cf. S. PIE X, Const. ap. Vacante Sede Apostolica (25 décembre 1904), n. 79 : Pii X Pontificis Maximi Acta, III, (1908), p. 282 ; PIE XII, Const. ap. Vacantis Apostolicæ Sedis (8 décembre 1945), n. 92 : AAS 38 (1946), p. 94 ; PAUL VI, Const. ap. Romano Pontifici eligendo (1er octobre 1975), n. 79 : AAS 67 (1975), p. 641".
           
        Ainsi donc, il suffisait de... bien lire (!) la Constitution de Jean-Paul II sur les élections pontificales pour invalider complètement le raisonnement sédévacantiste attentatoire à la Constitution divine de l'Église qu'ose tenir le cardinal Burke. Le raisonnement que tient Jean-Paul II dans ces numéros 78 & 79, est en effet le suivant : si une élection pontificale a été faite par simonie, c'est-à-dire si des voix pour élire le nouveau Vicaire du Christ ont été achetées afin qu'il soit élu, les simoniaques, autant les cardinaux électeurs qui ont accepté qu'on leur achète leur voix pour élire un tel, que les cardinaux qui leur ont fait cette proposition, sont excommuniés, MAIS L'ÉLECTION DU NOUVEAU VICAIRE DU CHRIST AINSI FAITE PAR SIMONIE EST ET RESTE VALIDE MALGRÉ LE CRIME DE SIMONIE DONT ELLE EST ENTACHÉE. Et la même règle fondamentale régit toute élection pontificale qui serait défectueuse pour une raison ou pour une autre, car elle est basée sur la règle prochaine de la Légitimité pontificale qui veut qu'une élection pontificale ne saurait plus être entachée d'aucun vice, ni de forme ni de fond, à partir du moment où elle est reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique du Sacré-Collège. C'est-à-dire que même si l'élection du pape François succédant au pape Benoît XVI avait été faite par "délit d'initiés", ce qui serait un vice dans son élection, les cardinaux qui se seraient rendus coupables d'un tel délit seraient excommuniés MAIS L'ÉLECTION DU PAPE FRANÇOIS QU'ILS AURAIENT AINSI FRAUDULEUSEMENT FAITE SERAIT ET RESTERAIT VALIDE.
           
        Voici donc la doctrine très-traditionnelle qu'exposait Jean-Paul II dans sa fort édifiante Constitution sur les élections pontificales (... il se montre en effet, dans toute cette Constitution, incroyablement attaché à la Tradition et respectueux d'elle -sauf, cependant, lorsque dans un article, il abolit très-étrangement la loi fondamentale des deux/tiers des voix cardinalices pour faire une élection pontificale valide-, ce qui n'a pas été sans m'étonner grandement mais me réjouir un peu, je l'avoue, de la part de ce pape moderne très-progressiste, peut-être même le pire de tous !, cf. mon grand article qui dénonce son personnalisme subjectiviste au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/LaCanonisationDeJeanPaulIIMisEnForme.pdf...), basée sur la grande loi fondamentale de la Légitimité pontificale, que, je suis bien aise de m'en rendre un juste et mérité témoignage, j'ai sans cesse mise sur le chandelier de l'Église depuis plus de vingt ans, et ai été d'ailleurs le seul à le faire, à savoir : toute élection pontificale théologiquement achevée, c'est-à-dire reçue et approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, receptus & probatus, est formellement valide, sans qu'aucune raison puisse jamais l'invalider pour quelque cause que ce soit.
           
        Mais nous n'avons pas encore recueilli tout le fruit excellent, très-catholique, du raisonnement que tient Jean-Paul II, quant aux élections du Pontife romain. Après avoir dit, s'appuyant pour cela sur ses prédécesseurs, les Pie X, Pie XII et Paul VI, dans son édifiante Constitution sur les élections pontificales, que les élections pontificales simoniaques, c'est-à-dire canoniquement entachées, n'en restent pas moins parfaitement valides, il en donne la raison théologique : "... et qu'est cependant supprimée la nullité ou la non validité de cette élection simoniaque, afin que, pour cette raison (comme cela a déjà été établi par mes Prédécesseurs), ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain (23)".
           
        "Comme cela a été établi par mes Prédécesseurs", en effet. Jean-Paul II faisait là briève mais fort exacte allusion principalement à la Constitution du pape Pie X sur les élections pontificales, de 1904. Pie X fut effectivement le premier pape à supprimer la nullité des élections pontificales simoniaques.
           
        Ainsi que je le faisais remarquer dès L'Impubliable, mon premier ouvrage sur la théologie de "la crise de l'Église" (http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/LImpubliableCompletTERMINUSDEFINITIF7meEdition2015.pdf), ... il y a plus de vingt ans maintenant !, et que je l'ai redit et réécrit dans ma réfutation exhaustive du sédévacantisme faite pour mon site sur "LA PASSION DE L'ÉGLISE" (http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/RefuteSedevacMisEnForme.pdf), ... il y a sept ans à présent !, on ne peut effectivement que percevoir la très-grave dangerosité des bulles pontificales de certains papes de la Renaissance, notamment Jules II (mais encore le fameux Paul IV, cinquante ans après Jules II), qui contenaient l'affirmation de la nullité de toute élection pontificale entachée de simonie ou d'hérésie du papabile ou de brigues & d'intrigues visées par le n° 79, même si elle avait été approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux. Le pape Pie X s'en est bien rendu compte et n'a pas manqué, dans sa Constitution sur les élections pontificales, de supprimer la nullité de ces élections pontificales imparfaites. En excellent théologien (cela ne surprendra personne), Pie X en donnait ainsi la raison théologique : "afin d'ôter un prétexte d'attaquer la valeur de l'élection du Pontife romain". On remarquera que Jean-Paul II reprend très-fidèlement presque mot pour mot les termes du pape Pie X : "afin que ne soit pas mise en cause la validité de l'élection du Pontife Romain"...
           
        Le pape Jules II en effet, affirmait très-explicitement la nullité de toute élection pontificale obtenue par simonie dans sa bulle Cum tam divino de 1506. Et il continuait en disant, d'une manière parfaitement hérétique il faut bien le dire, que l'élection pontificale simoniaque serait nulle même si elle avait été reçue et approuvée par les cardinaux. C'est cette dernière proposition qui est hérétique car la majorité canonique des cardinaux représente toujours l'Église Universelle dans la réception et l'approbation d'une élection pontificale (donc, cette proposition de Jules II supposait que l'Église Universelle toujours assistée du Saint-Esprit qui ne peut ni se tromper ni nous tromper, aurait été trompée dans telle élection pontificale simoniaque... ce qui est supposer l'impuissance du Saint-Esprit à dénoncer le mal dans l'élection pontificale, rien de moins !), proposition hérétique qu'abrogeait formellement le pape Pie X dans sa Constitution de 1904. D'une manière très-sage, Pie X gardait le châtiment pour les fauteurs de simonie dans les élections pontificales, mais déclarait valides les élections simoniaques ainsi mal faites, du moment qu'elles étaient reçues et approuvées par l'Église Universelle. Et en effet, théologiquement, dans ce cas, le droit divin opéré sur les élections pontificales simoniaques par la réception et l'approbation ecclésiale universelle du nouveau Pontife romain, répare sanatio in radice tout vice simoniaque. Et donc, "DE MÊME" (§ 79) continue Jean-Paul II, en est-il pour les élections pontificales qui seraient faites par "délits d'initiés" : les initiés sont frappés ipso-facto d'excommunication latae sententiae, mais l'élection pontificale opérée ainsi par eux reste aussi valide qu'une autre élection pontificale qui n'aurait pas été faite par "délit d'initiés", étant réparée sanatio in radice par le droit divin de l'élection pontificale qui se trouve dans la réception et l'approbation par l'Église Universelle du nouveau Pontife romain, receptus & probatus.
           
        Je ne saurais poursuivre sans dire que les bulles de Paul IV, qui ne sont, cinquante ans plus tard, qu'une décalcomanie de celle de Jules II dont elles sont filles spirituelles, reprenaient exactement le même raisonnement hérétique de fond qu'elle, à savoir, comme le sédévacantiste ne le sait que trop bien ou plutôt que trop mal, d'oser invalider les élections pontificales d'un papabile hérétique en tant que docteur privé, ou faites par brigues & intrigues, même celles approuvées par la majorité canonique des cardinaux représentant ainsi ipso-facto l'Église Universelle, c'est-à-dire théologiquement achevées. Les bulles de Paul IV allaient jusqu'à copier les formules soufflées et boursouflées de Jules II. Toutes ces bulles ne brillent pas fort, en effet, par la simplicité et la clarté dans l'expression, comme si la forme emberlificotée, embrouillée, tarabiscotée et brumeuse, rejoignait le fond doctrinalement défectueux, en était le signe topique. Le cardinal "Lucius Lector", qui écrira sous ce nom de plume un fort livre Le Conclave pendant la vacance du Siège de Pierre à la mort de Léon XIII, a ces lignes sévères et méprisantes mais fort justes sur la forme rédactionnelle de celles de Paul IV : "… Préambule prolixe rédigé dans ce style ampoulé, sonore et creux, qu'ont affectionné parfois les scriptores de la chancellerie pontificale" ; "… toute cette redondance d'un langage riche en pléonasmes menaçants…" (Le Conclave, Lector, pp. 106-107 & 108).
           
        Mais bien sûr, si le pape Pie X abroge juridiquement la bulle de Jules II dans sa Constitution sur les élections pontificales de 1904 pour ce motif théologique principal et précis qu'elle invalide les élections pontificales approuvées par la majorité canonique des cardinaux représentant ipso-facto l'Église Universelle, ce qu'il réprouve à tellement juste titre, les bulles de Paul IV tombent sous la même sentence puisque cette proposition hérétique est expressément formulée par Paul IV et sert de raisonnement de fond dans lesdites bulles. Car que ce soit pour cause d'hérésie, de brigues & d'intrigues, ou de simonie, le motif formel de l'abrogation par Pie X de la bulle de Jules II se retrouve identiquement et absolument dans les bulles de Paul IV : que les sédévacantistes de tout poil prennent donc bien acte que celles-ci sont donc également abrogées, quoique seulement implicitement mais avec la même portée formelle que la bulle de Jules II. Or donc, puisque la bulle de Jules II est explicitement abrogée par Pie X, suivi quant à cela roue dans la roue par Jean-Paul II, sur ce motif théologique principal qu'une élection pontificale approuvée par l'Église Universelle représentée par la majorité canonique des cardinaux, ne saurait jamais être invalide, alors, les bulles de Paul IV sont obrogées, c'est-à-dire abrogées non-juridiquement. C'est le terme exact qui convient lorsque les termes d'une bulle pontificale sont supprimés par une bulle pontificale postérieure, sans cependant que la bulle qui les contient soit elle-même juridiquement et explicitement abrogée. Mais l'obrogation implicite a même valeur formelle pour invalider la bulle pontificale antérieure que l'abrogation juridique explicite. Depuis la Constitution de Pie X, les bulles de Paul IV n'ont donc, dans l'Église, plus aucune valeur par obrogation, pas plus que celle de Jules II par abrogation.
           
        Mais je clos ici ce chapitre qui foudroie radicalement le raisonnement sédévacantiste, quelqu'il soit.
           
        ... Était-ce donc si difficile pour un cardinal de la sainte Église romaine de lire le n° 79 de la Constitution de Jean-Paul II dans le bon sens, cardinal Raymond Burke ? Tel que je viens de le faire, moi petit laïc ? Au lieu d'en faire une lecture parfaitement schismatico-hérétique et d'en tromper ainsi les fidèles qui vous suivent ? En faisant douter de la validité certaine de l'élection pontificale de François, puisqu'elle a été, et est toujours aux jours d'aujourd'hui, présentement reçue et approuvée par l'Église Universelle ? Reçue et approuvée, d'ailleurs, par... vous-même, cardinal Burke, en tant que membre actif du Sacré-Collège cardinalice ayant voix au chapitre quant à la validité non seulement de l'élection pontificale de François, mais de plus, par tacite reconduction de votre première obédience faite le jour de l'élection de François au Siège de Pierre, souscrivant présentement à la légitimité de François en tant que pape actuel de l'Église catholique, puisque, à ce jour, vous ne lui avez nullement retiré canoniquement et publiquement votre obédience !?
           
        Vous auriez mieux fait, cardinal Burke, de méditer ce que l'un de vos prédécesseurs du temps du pape Pie XI, le cardinal Billot, disait sur le sujet, et que je rapportais il y a plus de vingt ans dans L'Impubliable : "Dieu peut permettre que le Siège apostolique demeure vacant assez longtemps ; il peut permettre même qu'un doute s'élève sur la légitimité de tel ou tel élu ; mais il ne peut pas permettre que l'Église toute entière reconnaisse comme pontife légitime celui qui, en réalité, ne le serait point. Dès l'instant où le pape est accueilli comme tel, et apparaît uni à l'Église comme la tête l'est au corps, LA QUESTION NE SAURAIT PLUS ÊTRE AGITÉE D'UN VICE DANS L'ÉLECTION OU DE L'ABSENCE D'UNE DES CONDITIONS REQUISES POUR SA LÉGITIMITÉ. L'ADHÉSION DE L'ÉGLISE GUÉRIT POUR AINSI DIRE RADICALEMENT TOUT VICE POSSIBLE DE L'ÉLECTION. ET, D'UNE MANIÈRE INFAILLIBLE, ELLE DÉMONTRE L'EXISTENCE DE TOUTES LES CONDITIONS REQUISES" (De Ecclesio, Billot, t. XXIX, § 3, p. 621).
           
        Il est aussi net et théologiquement plus précis encore dans un autre passage : "On doit au moins tenir fermement, comme absolument inébranlable et hors de tout doute, ceci : l'adhésion de l'Église universelle est toujours à elle seule le signe infaillible de la légitimité de la personne du Pontife, et donc de l'existence de toutes les conditions requises à cette légitimité. Et la raison de ceci n'est pas à chercher au loin. Elle se prend en effet immédiatement de la promesse et de la providence infaillibles du Christ : Les portes de l'enfer ne prévaudront pas contre Elle, et encore : Voici que Je suis avec vous tous les jours. Ce serait en effet la même chose, pour l'Église, d'adhérer à un faux Pontife que d'adhérer à une fausse règle de foi puisque le Pape est la règle vivante que l'Église doit suivre en croyant, et de fait suit toujours. Dieu peut certes permettre que parfois la vacance du Siège se poursuive plus longtemps. Il peut aussi permettre qu'un doute se lève sur la légitimité de tel ou tel élu. Mais il ne peut permettre que toute l'Église admette comme pontife celui qui ne l'est pas vraiment et légitimement" (De Ecclesia Christi, Billot, Rome, Éd. 5a, p. 635).
           
        Et, dans un autre endroit de ce dernier ouvrage, aux pp. 612-613, le même vigoureux et sain auteur, une des dernières grandes figures cardinalices avant la tourmente vaticandeuse (rien à voir avec les nôtres), d'illustrer ce qu'il vient de dire par un magistral exemple, qui, est-il besoin de le souligner, concerne en plein notre problème : "… Disons ce mot, au passage, contre ceux qui, cherchant à justifier certaines tentatives de schisme faites à l'époque d'Alexandre VI, allèguent que l'instigateur de ce schisme répandait qu'il avait des preuves très-certaines de l'hérésie d'Alexandre, et qu'il serait prêt à les révéler dans un concile général. Sans donner d'autres raisons qui permettraient de réfuter aisément cette opinion, qu'il suffise de rappeler ceci : il est certain que lorsque Savonarole écrivait ses lettres aux princes [pour dénoncer cette soi-disant "hérésie" d'Alexandre VI], toute la chrétienté adhérait à Alexandre VI et lui obéissait comme au vrai pontife. POUR CETTE RAISON MÊME, ALEXANDRE VI N'ÉTAIT PAS UN FAUX PAPE, MAIS UN PAPE LÉGITIME. DONC, IL N'ÉTAIT PAS HÉRÉTIQUE, au moins dans ce sens qu'un hérétique cesse d'être membre de l'Église et qu'il est privé en conséquence, par la nature même des choses, du pouvoir pontifical et de toute autre juridiction".
           
        Voilà le raisonnement théologique À L'ENDROIT qui résout absolument la question de la légitimité pontificale des papes modernes, notamment celle de François, sataniquement agitée À L'ENVERS par les sédévacantistes de tout poil ou ceux qui sont tentés de le devenir.
           
        Le cardinal Journet lui-même, un cardinal de Paul VI pourtant bien libéral par certains côtés, exposait également dans L'Église du Verbe Incarné, en termes rapprochés, cette loi fondamentale de la Constitution divine de l'Église, incroyablement... oubliée (??!) par les sédévacantistes et par... le cardinal Raymond Burke : "IV. Validité et certitude de l'élection [pontificale]. — L'élection, fait remarquer Jean de Saint-Thomas, peut être invalide lorsqu'elle est faite par des personnes non qualifiées, ou lorsque, faite par des personnes qualifiées, elle pécherait par vice de forme ou porterait sur un sujet inapte, par exemple un dément ou un non-baptisé. MAIS L'ACCEPTATION PACIFIQUE DE L'ÉGLISE UNIVERSELLE S'UNISSANT ACTUELLEMENT À TEL ÉLU COMME AU CHEF AUQUEL ELLE SE SOUMET, EST UN ACTE OÙ L'ÉGLISE ENGAGE SA DESTINÉE. C'EST DONC UN ACTE DE SOI INFAILLIBLE, ET IL EST IMMÉDIATEMENT CONNAISSABLE COMME TEL (conséquemment et médiatement, il apparaîtra que toutes les conditions prérequises à la validité de l'élection ont été réalisées. L'acceptation de l'Église s'opère soit négativement, lorsque l'élection n'est pas aussitôt combattue ; soit positivement, lorsque l'élection est d'abord acceptée par ceux qui sont présents et progressivement par les autres. Cf. Jean de Saint-Thomas, II-II, qu. 1 à 7 ; disp. 2, a. 2. Nos 1, 15, 28, 34, 40 ; pp. 228 et suivantes)" (Le Verbe Incarné, Journet, excursus VIII,   p. 624).
           
        Saint Alphonse de Liguori, dernier théologien que je citerai à la barre parmi l'unanimité des théologiens du premier ordre sur cette question, expose cette grande loi théologique que je rappelle, en des termes encore plus forts : non seulement, enseigne-t-il, elle est le signe formel d'une élection pontificale valide, mais une élection qui ne le serait pas à l'origine le deviendrait formellement par la SEULE reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de Vicaire du Christ sur l'occupant du Siège de Pierre. Il rejoint là tout-à-fait le raisonnement du pape Pie X non moins que du pape Jean-Paul II. Lisons-le : "Peu importe que dans les siècles passés quelque pontife ait été élu de façon illégitime ou ait pris possession du pontificat par fraude [hélas, c'est par trop vrai que jusqu'au décret libérateur de Nicolas II en 1059, il y eut bien des élections pontificales rien moins que pures, ce que notre saint auteur ne veut exprimer ici, par respect pour l'Église, qu'avec le voile de Noé] ; il suffit qu'il ait été accepté ensuite comme pape par toute l'Église, CAR DE CE FAIT IL EST DEVENU LE VRAI PONTIFE. Mais si pendant un certain temps, il n'avait pas été accepté vraiment et universellement par l'Église, pendant ce temps alors le siège pontifical aurait été vacant, comme il est vacant à la mort du pape" (Saint Alphonse de Liguori, Verità della fede, in Opere, etc., vol. VIII, p. 720).
           
        Tous ces raisonnements sédévacantistes à propos de François, ecclésialement impies, surtout quand ils sont tenus par des... cardinaux (!), ne sont pas sans rappeler la fable complotiste du cardinal Siri, qui aurait soi-disant été élu pape dans le conclave devant élire en 1963 Jean-Baptiste Montini, le futur Paul VI, mais que des cardinaux progressistes inféodés à la franc-maçonnerie auraient soi-disant forcé, dans l'aula conclavique même, de laisser la place à Montini ; et donc, raisonnaient les inventeurs de cette fable (... qui supposait, soit dit en passant, l'excommunication au moins d'un cardinal, celui qui aurait trahi ce secret conclavique...), l'élection de Paul VI n'ayant pas été faite dans la liberté de l'Église, son élection était invalide ! Ils n'oubliaient qu'une chose, si tant est que cette sornette d'histoire aurait jamais pu être vraie (ce qui bien sûr n'était pas le cas) : l'élection pontificale de Paul VI a été reçue et approuvée par l'Église Universelle, donc elle était vraie et indubitable, tout vice de forme étant réparé sanatio in radice par cette seule reconnaissance ecclésiale universelle de sa qualité de Vicaire du Christ, comme le formule fort bien saint Alphonse de Liguori dans sa Dogmatique que je viens de citer. Toutes ces sordides histoires complotistes donc, théologiquement, ne valent en effet strictement rien pour invalider une élection pontificale, dès lors qu'elle a été dûment approuvée par l'Église Universelle au moyen du Sacré-Collège cardinalice canoniquement unanime...
           
        Inutile donc, pour en rester à François, d'aller chercher une éventuelle entente préalable entre cardinaux progressistes, sorte de "délit d'initiés" conclavique, pour invalider son élection au Siège de Pierre, cela n'a strictement aucune valeur. Le cardinal Burke aurait tout-de-même dû comprendre cela. Pour qu'un tel "délit d'initié" puisse avoir de la valeur pour invalider l'élection de François, il aurait fallu sine qua non que l'acte de reconnaissance ecclésiale universelle de la qualité de pape n'ait pas été posé par les cardinaux après son élection conclavique sur sa personne, lors de la cérémonie très-solennelle d'intronisation du nouveau pape, le dimanche dans l'octave de l'élection conclavique. Or, cet acte a été dûment posé pour François. Et comme c'est un fait dogmatique doté de l'infaillibilité, alors, il répare théologiquement tout vice dans l'élection pontificale dont il s'agit, quelqu'il soit.
           
        ... Merci de revoir votre copie, cardinal Raymond Burke !
           
        François est donc bel et bien le Vicaire du Christ actuel de l'Église catholique, apostolique et romaine.
           
        Et c'est justement bien pourquoi, précisément, l'Église vit de nos jours... sa Passion, vit... l'abomination de la désolation dans le Lieu-Saint.
           
        Les temps actuels sont tellement donnés à "la puissance des ténèbres", que les gens, c'est terrible et affreux à dire, semblent n'avoir plus d'âme, ils n'ont plus conscience qu'ils ont une âme immortelle qui vit de Dieu sinon rien, et ne comprennent donc plus du tout le langage de l'âme, ils vivent au contraire leur vie intellectuelle et spirituelle au niveau de l'animal psychologisé, sociologisé. Le pape Benoît XVI vient d'en faire la désolante expérience.
           
        Ses fameuse Notes ciblent on ne peut mieux la cause première et formelle de l'affreuse dégénérescence générale des mœurs chez les prêtres contemporains : l'absence de Dieu. L'absence de Dieu dans une âme est synonyme d'APOSTASIE, elle en est en tout cas la résultante formelle quand cette âme était chrétienne avant d'apostasier. C'était on ne peut mieux mettre le doigt sur la cause profonde du problème des mœurs cléricales contemporaines. Le cardinal Sarah ne s'y est pas trompé, ainsi que je le notais dans mon précédent article : "Comment pourrions-nous résumer la thèse de Benoît XVI ? Permettez-moi de le citer simplement : «Pourquoi la pédophilie a-t-elle atteint de telles proportions ? En dernière analyse, la raison en est l’absence de Dieu» (III, 1). Tel est le principe architectonique de toute la réflexion du pape émérite. Telle est la conclusion de sa longue démonstration. (...) La crise de la pédophilie dans l’Église, la multiplication scandaleuse et effarante des abus a une et une seule cause ultime : l’absence de Dieu. (...) La crise des abus sexuels est le symptôme d’une crise plus profonde : la crise de la foi, la crise du sens de Dieu. (...) Le pape Ratzinger veut montrer et démontrer qu’un climat d’athéisme et d’absence de Dieu crée les conditions morales, spirituelles et humaines d’une prolifération des abus sexuels".
           
        ... Éh bien ! La plupart des universitaires qui ont commenté le texte du pape Benoît XVI n'ont même pas été capable de prendre conscience de cette cause... première !! Ils sont passés complètement à côté de Dieu, raisonnant dans du vide métaphysique, Dieu semblant vraiment leur être devenu une notion complètement étrangère et inconnue, qu'ils sont désormais absolument incapables d'appréhender... sorte d'illustration supplémentaire de la grande Apostasie que nous trouvons à tous les carrefours, toutes les avenues de notre contemporanéité ! Benoît XVI en fait ainsi la judicieuse et lapidaire remarque :
           
        "Benoît XVI continue de suivre avec assiduité ce qui se passe dans l’Église. En quelques lignes, denses et riches d’implications, écrites dans la revue allemande de théologie Herder Korrespondenz, il répond très clairement à ceux qui ont critiqué ses Notes explosives parues en février dernier sur les abus sexuels dans l’Église. «Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît pas du tout, et donc ce que je voulais précisément souligner comme le point clé de la question n’est pas abordé». C’est en ces termes que le Pape émérite Benoît XVI répond par quelques lignes publiées par Herder Korrespondenz à quelques-unes des critiques issues de son texte de réflexion sur la question des abus sexuels dans l’Église catholique.
           
        "«La contribution de Mme Aschmann («La vraie souffrance catholique en 1968», Herder Korrespondenz, juillet 2019, 44-47), malgré sa partialité, lit-on dans le numéro de septembre du journal, peut inspirer une réflexion plus approfondie, mais en réponse à ma publication dans Clergy Paper on the Abuse Crisis (No 4/2019, 75-81), elle est néanmoins insuffisante et typique du déficit général dans la réception de mon texte. Il me semble que dans les quatre pages de l’article de Mme Aschmann, le mot Dieu que j’ai placé au centre de la question, n’apparaît pas. J’ai écrit : «Un monde sans Dieu ne peut être qu’un monde sans sens» (78). «La société occidentale est une société dans laquelle Dieu est absent de la sphère publique et n’a rien d’autre à dire. Et c’est pourquoi c’est une société dans laquelle la mesure de l’humanité est de plus en plus perdue» (79). Pour autant que je puisse voir, dans la plupart des réactions à ma contribution, Dieu n’apparaît nulle part, et donc précisément ce que je voulais souligner comme le point-clé de la question n’est pas abordé. Le fait que la contribution d’Aschmann néglige le passage central de mon argument, tout comme la plupart des réactions dont j’ai eu connaissance, me montrent la gravité d’une situation dans laquelle le mot Dieu semble souvent marginalisé dans la théologie»" (http://www.benoit-et-moi.fr/2020/2019/08/27/et-le-mot-dieu-etait-absent/).
           
        "Dieu est mort", avaient écrit les soixante-huitards en mai 1968 ; ce n'était qu'un demi-mensonge ou une demie-vérité comme on veut.
           
        C'est cela la GRANDE APOSTASIE prophétisée par saint Paul comme signe topique de la fin des temps et de l'arrivée imminente de l'Antéchrist-personne...
           
        Mais Benoît XVI, lorsque dans les années du concile moderne, il n'était encore qu'un théologien écouté, Joseph Ratzinger, aurait dû se rendre compte que l'absence de Dieu ou apostasie était présente déjà... dans Vatican II. Dans mon dernier article, Sommes-nous dans le cas d'un pape hérétique ou d'une Église hérétique...?!, je citais en effet l'abominable décret vaticandeux Nostra Aetate, ouvertement syncrétiste et hérétique. Qu'osaient y dire les Pères, à propos des guerres des Croisés du Moyen-Âge contre les musulmans ? Guerres entreprises sous l'autorité du pape, avec comme héraut saint Bernard de Clairvaux, dont le motif spirituel principal était de délivrer les Lieux-Saints d'une fausse religion et les remettre sous le Règne du Christ-Dieu ? C'était donc une guerre sainte EN NOM DIEU, AYANT DIEU POUR CAUSE PREMIÈRE. Éh bien, ils osaient en dire ceci : "Si, au cours des siècles, de nombreuses dissensions et inimitiés se sont manifestées entre les chrétiens et les musulmans, le Concile les exhorte tous à OUBLIER LE PASSÉ et à s'efforcer sincèrement à la compréhension mutuelle" ! Chose incroyable !!! La défense de la vraie Religion et du vrai Dieu contre les idolâtres musulmans dans le monde moyen-oriental, entreprise par nos glorieux ancêtres, est hypocritement devenue, dans la bouche tordue et blasphématoire des Pères vaticandeux... "de nombreuses dissensions et inimitiés" !!! Comme s'il s'agissait de querelles ayant des causes purement humaines, dans lesquelles la Cause de Dieu n'aurait aucune place !!! Et d'exhorter scandaleusement à "oublier le passé", c'est-à-dire en l'occurrence : "oublier le vrai Dieu" !!! Autrement dit : les Pères de Vatican II n'avaient plus aucune conscience de la motivation principale, DIEU, la Cause de Dieu, dans les guerres du Moyen-Âge contre les musulmans. Nous sommes là en pleine APOSTASIE, oubli de Dieu. Et cette fois-ci, non par les soixante-huitards non-catholiques, mais par tous les Pères réunis una cum le pape de l'Église contemporaine...
           
        "L'Église est au commencement de toutes choses" (saint Épiphane). Elle est donc au commencement du monde. Si l'Église est devenue apostate, alors le monde l'est aussi. Et c'est la situation que nous avons à vivre, en attendant le Seigneur, expectans expectavi Dominum et intendit mihi (J'ai attendu, et encore attendu le Seigneur, et Il a fait attention à moi ― Ps XXXIX, 2).
           
        Ce monde et l'Église devenue "Babel", cette Église et ce monde babelysé, appellent leur châtiment suprême, comme Jérusalem en l'an 70 de notre ère. Car les cris de leurs iniquités conjointes "percent la voûte des Cieux" (Secret de La Salette).
           
        Quelques années avant le grand châtiment qui détruisit Jérusalem de fond en comble, figure du grand cataclysme qui attend l'Église-Babel et notre monde contemporain, surgissait un prophète à Jérusalem.
           
        "Quatre ans avant le commencement de la guerre, lorsque Jérusalem était encore dans une profonde paix et dans l'abondance, Jésus, fils d'Ananus, qui n'était qu'un simple paysan, étant venu à la fête des Tabernacles qui se célèbre tous les ans dans le temple en l'honneur de Dieu, cria : «Voix du côté de l'Orient, voix du côté de l'Occident, voix du côté des quatre vents, voix contre Jérusalem et contre le temple, voix contre les nouveaux mariés et les nouvelles mariées, voix contre tout le peuple !» Et il ne cessait point jour et nuit de courir par toute la ville en répétant la même chose. Quelques personnes de qualité, ne pouvant souffrir des paroles d'un si mauvais présage, le firent prendre et battre de verges sans qu'il dit une seule parole pour se défendre ni pour se plaindre d'un si rude traitement, et il répétait toujours les mêmes mots. Alors, les magistrats croyant, comme il était vrai, qu'il y avait en cela quelque chose de divin, le menèrent vers Albinus, gouverneur de Judée. Il le fit fouetter jusqu'au sang, et cela même ne put tirer de lui une seule prière ni une seule larme ; mais à chaque coup qu'on lui donnait, il répétait d'une voix plaintive et lamentable : «Malheur, malheur sur Jérusalem !» Et quand Albinus lui demanda qui il était, d'où il était et ce qui le faisait parler de la sorte, il ne lui répondit rien. Ainsi, il le renvoya comme un fou, et on ne le vit parler à personne jusqu'à ce que la guerre commençât. Il répétait seulement sans cesse ces mêmes mots : «Malheur, malheur sur Jérusalem», sans injurier ceux qui le battaient, ni remercier ceux qui lui donnaient à manger. Toutes ses paroles se réduisaient à un triste présage, et il les proférait d'une voix plus forte dans les jours de fête. Il continua d'en user ainsi durant sept ans cinq mois sans aucune intermission et sans que sa voix en fût ni affaiblie ni enrouée. Quand Jérusalem fut assiégée, on vit l'effet de ses prédictions, et faisant alors le tour des murailles de la ville, il se mit encore à crier : "Malheur, malheur sur la ville, malheur sur le peuple, malheur sur le temple !", à quoi, ayant ajouté : "Malheur sur moi !", une pierre lancée par une machine le renversa par terre, et il rendit l'esprit en proférant ces mêmes mots. Que si l'on veut considérer tout ce que je viens de dire [Flavius Josèphe relate d'autres faits miraculeux qui avertissaient les juifs de la prochaine ruine fatale de Jérusalem], on verra que les hommes ne périssent que par leur faute, puisqu'il n'y a point de moyens dont Dieu ne se serve pour leur salut et pour leur faire connaître par divers signes ce qu'ils doivent faire" (Guerre des juifs contre les romains, Flavius Josèphe, Livre VI, ch. XXXI).
           
        Serions-nous plus méchants, et donc plus punis, que les juifs déicides aux temps de Notre-Seigneur Jésus-Christ ?
           
        Car nous ne voyons pas de prophètes crier sur nos péchés............ 
           
        Ô Marie conçue sans péché, secours des chrétiens, priez pour nous qui avons recours à vous !!
 
En la fête du Très-Saint Nom de Marie,
Ce 12 Septembre 2019.
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.