Les Mœurs ecclésiales concordataires avec les États modernes athées, sont la cause première de "la crise de l'Église" ; la subversion de la Foi à Vatican II n'en est que le fruit pourri (3)


Author: admin-blog2 posted in Articles archivés (Blog) on 09-05-2020 09:57:00

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Ce nouvel article très-important comprend trois volets. Celui qui paraît sur le Blog, par rang de date, est évidemment le troisième & dernier. Pour la commodité du lecteur, je mets ici le lien du premier volet de la trilogie (ces trois volets ne sont pas indépendants les uns des autres, ils forment au contraire une suite logique : il faut donc commencer par lire le premier) : 
https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees-partie-1?Itemid=154
  
 
Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(3)
 
           
        [Depuis le Concordat, depuis le 15 juillet 1801 donc, nous sommes dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sous le rapport des Mœurs. En attendant que la corruption des Mœurs pénètre la Foi dans un acte formel d'Église, lui aussi commis théologiquement dans le cadre du Magistère ecclésial infaillible, en écho du Concordat, véritable réponse du berger à la bergère, et ce sera, un siècle et demi plus tard, le 7 décembre 1965, la Liberté religieuse de Vatican II qui le sera.]

        Mais, en 1801, personne ne s'en rend compte. Personne ne se rend compte que l'Épouse du Christ est rentrée dans sa Passion, et c'est peu dire, et surtout pas ce malheureux Pie VII, et pas plus aucun des papes qui le suivront sur le Siège de Pierre jusqu'à nos cataclysmiques jours, fussent-il les plus saints tel, nous allons le voir, le pape Pie X. Aucun pape suivant Pie VII, en effet, ne reviendra sur ce gravissime péché ecclésial-pontifical commis contre les Mœurs de considérer les sociétés politiques non-ordonnées constitutionnellement au Bien commun comme valides et légitimes, laissant donc l'Épouse du Christ sous "la puissance des ténèbres" dans laquelle le Concordat l'avait mise. Il est désormais au contraire convenu, chez les papes post-concordataires, qu'on ne doit plus tenir aucun compte de la profession de Foi du partenaire étatique avec lequel on traite concordat. Et plus le XIXème siècle avance, plus on note un emballement de la pratique concordataire pontificale avec n'importe quelle sorte d'État, qu'il soit constitutionnellement carrément athée comme la France napoléonienne, ou bien de Foi hétérodoxe, comme les États protestants ou schismatiques, et ce, dès l'immédiate suite du Concordat.
           
        Dès 1803 et quasi dans la foulée du Concordat, est signé un concordat avec la République cisalpine à laquelle s'était prostitué ignominieusement non moins qu'hérétiquement le cardinal Chiaramonti, un État constitutionnellement non-ordonné, faut-il avoir à en apporter la précision, à la poursuite du Bien commun. "Il fut conclu entre Ferdinand Marescalchi, fondé de pouvoir de la République cisalpine, et le cardinal Caprara. Ce concordat était en substance l’équivalent du concordat français" (DTC, art. Concordats, col. 736).
           
        En 1814, on voit le cardinal Consalvi, cette cheville ouvrière du Concordat d'esprit lui aussi moderne, courir en Angleterre, l'anglicane et donc non-catholique Angleterre, et envisager très-sérieusement avec le roi et le premier ministre Lord Castlereagh... un concordat. "Consalvi et Castlereagh abordèrent la discussion et réussirent finalement à poser les bases d’un futur concordat. Le Saint-Siège se montrait disposé à admettre un serment de fidélité à la constitution [... hérétique anglicane !] et l’intervention du gouvernement dans la nomination des évêques [!!], mais il se refusait à accorder que tous les écrits venant de Rome fussent soumis à l’exequatur royal. Le Congrès de Vienne interrompit les négociations" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. II, pp. 338-339).
           
        "En 1827, Léon XII, dans le concordat conclu avec Guillaume 1er, roi de Belgique, déclare, à l’article 1, que le concordat conclu entre Pie VII et le gouvernement français en 1801 et qui est en vigueur dans les provinces méridionales du royaume de Belgique, sera appliqué aux provinces septentrionales. Léon XII admet donc pour tout le royaume de Belgique les concessions faites par le concordat de 1801 et les mêmes obligations qu’avait reconnues son prédécesseur Pie VII" (Turinaz, p. 35).
           
        Dans la première moitié du XIXème siècle, on ne compte pas les concordats passés entre le Saint-Siège et les petits États confessionnellement protestants de la Confédération germanique : "La Confédération germanique, établie par le Congrès de Vienne, comprenait tout un groupe d’États protestants comptant de nombreux catholiques auxquels le pape désirait assurer un régime légal. C’était la Prusse, à laquelle les traités de 1815 avaient donné de nouveaux sujets catholiques dans les pays du Rhin ; et c’était aussi un groupe d’États (Bade, Wurtemberg, Hesse, Nassau, Mecklembourg, Oldenbourg, les duchés saxons, Hambourg, Brême et Francfort), qui s’était formé et fait représenter à Francfort pour élaborer un nouveau statut avec le Saint-Siège. (...) Le ministre prussien Hardenberg eut la satisfaction de venir à Rome pour y recevoir la bulle De salute animarum, du 17 juillet 1821, qui organisait l’Église catholique du royaume [constitutionnellement protestant] de Hohenzollern. Au mois d’août 1821, la bulle Provida scolarque sollicitudo organisa la province ecclésiastique du Haut-Rhin. Elle resta d’abord sans exécution, par suite du mauvais vouloir des princes protestants. Les efforts de Léon XII [successeur de Pie VII], qui tenta de leur donner quelques satisfactions par une nouvelle bulle Ad dominici gregis custodie (avril 1827), n’eurent pas, pour la même raison, beaucoup plus de succès. Un concordat fut également conclu avec le Hanovre (bulle Impense Romanorum, 1824). Dans les États [protestants] qui ne conclurent pas de concordat, les catholiques continuèrent à être administrés par un vicaire apostolique ou furent rattachés à l’évêché le plus voisin" (ibidem, t. II, pp. 341-342).
           
        On enregistre aussi un essai de concordat avec le Wurtemberg protestant en 1857, sous le pape Pie IX ; le projet n’aboutit cependant pas… à cause de la haine protestante. Notez bien, ici comme plus tard en 1933 avec un certain Adolf Hitler ou comme avant avec le Directoire antichrétien refusant stupidement le bref Pastoralis Sollicitudo de Pie VI (ce dont il se mordra les doigts mais trop tard), que c’est le diable, aveuglé heureusement par sa haine, qui ne veut pas du concordat, car le pape, lui, LE VEUT BEL ET BIEN, il veut bel et bien manger avec le diable, mais c'est le diable qui, certainement aveuglé par une disposition miséricordieuse de la Providence divine, ne veut pas !!! "Le 8 avril 1857, Pie IX passa avec le roi de Wurtemberg une convention nouvelle que celui-ci fit publier comme ordonnance civile, en réservant l’approbation des États. Ceux-ci la refusèrent le 16 mars 1861, demandant que la question religieuse fût vidée exclusivement par le pouvoir laïque ; en dépit des protestations du pape, le concordat ne fut donc pas appliqué" (DTC, art. Concordats, col. 742). Sort identique pour le concordat protestant badois signé en 1859, cousin germain de celui wurtembergeois…
           
        Comparez, ô lecteur, la nouvelle attitude du Saint-Siège avec des États protestants, constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, enregistrant des concordats avec eux sans le moindre scrupule de conscience (en attendant l’atroce concordat nazi de 1933), avec l’ancienne et traditionnelle règle, qui refusait de le faire, comme nous le rappelle lui-même notre inconséquent Desjardins : "Il est dans les traditions du Saint-Siège d’établir une distinction entre les princes personnellement catholiques et ceux qui ne le sont pas. Le Pape ne contracte pas directement avec les pouvoirs hérétiques ou schismatiques" (Le Concordat, Desjardins, p. 3).
           
        Vous avez dit schismatique ? La Russie constitutionnellement schismatique, donc non-ordonnée à la poursuite du Bien commun, enregistre elle aussi un concordat avec le Saint-Siège le 18 janvier 1818, dont je n’ai malheureusement pu trouver la teneur, mais il y a fort à parier qu’il ne s’agissait pas d’un traditionnel "règlement spirituel accordé par le Souverain Pontife aux évêques de ces contrées" (ibidem) comme dit Desjardins, mais bien d’un concordat en bonne et dûe forme juridique avec le gouvernement tsariste russe schismatique, d’ailleurs réitéré par deux autres concordats respectivement des 3 août 1847 et 23 décembre 1882, en attendant d’essayer de le faire avec la soviétique Russie de Lénine, sous Pie XI, en 1922, comme nous le verrons plus loin…!!!
           
        Mais c'est toujours se faire flouer et renier sa cause le plus qu'on peut, que de manger avec le diable. Ce fut trop évident avec le Concordat, Napoléon exigeant et obtenant de Pie VII les pires concessions attentant aux droits les plus fondamentaux de l'Église. Et voici ce qui arriva avec le concordat russe de 1847 : "Le premier concordat de Pie IX concerne la Russie et la Pologne. Lors de la visite qu’il reçut de l’empereur Nicolas 1er en 1845, le pape lui exposa les griefs des catholiques de Russie, lui remit une plainte en 22 articles, et lui demanda de faire cesser l’oppression religieuse. L’empereur laissa en effet à Rome le comte de Nesselrode afin qu’il pût négocier avec le cardinal Lambruschini ; peu de temps après, il envoya le comte Bludoff comme ministre plénipotentiaire, pour régler les affaires catholiques de son empire. Le concordat fut signé le 3 août 1847 [avec, donc, un gouvernement schismatique], suivi d’un protocole distinct réglementant de nouveaux points et également signé de part et d’autre, et enfin publié par une bulle de Pie IX à la date de 3 juillet 1848. Le concordat (…) décide que les évêques seront institués par le Saint-Siège après entente avec le gouvernement [!]" (DTC, art. Concordats, col. 740-741). Or, voici le sort de tels concordats passés avec des non-catholiques, sort identique à celui napoléonien, et qui aboutit à l’esclavagisme de l’Église nationale ainsi trahie : "… En fait, la convention ne fut pas exécutée ; le gouvernement impérial ne modifia rien à la législation oppressive des catholiques : il alla jusqu’à soumettre à la censure de fonctionnaires laïques et schismatiques les sermons qui devaient être prêchés [!!]. À propos d’une protestation contre une circulaire de l’archevêque de Mobile, le ministère avoua ingénûment qu’à son sens le concordat n’avait rien changé. Il ne tint aucun compte des plaintes formulées par Pie IX en 1852 et 1853" (ibid., col. 741). Et voilà ce qui arrive quand on mange avec le diable, qui n’a nullement l’intention de se convertir ! Le cuillère du pape n'était pas assez longue. On est toujours puni par où l'on pèche.
           
        Je n'ai pas l'intention évidemment de faire un historique suivi de tous ces concordats d'un nouveau genre et d'un genre nouveau, trahissant la Constitution divine de l'Église et y attentant sacrilègement, postérieurs au Concordat napoléonien, ce serait trop long et hors-cadre du simple article que je suis en train d'écrire. Je veux simplement bien asseoir le fait que, depuis le Concordat de 1801, l'Église Universelle est "faite péché pour notre salut", qu'elle est rentrée dans sa Passion sous le rapport des Mœurs. Je vais donc abréger pour la suite, en me focalisant uniquement sur des jalons, des ancrages, des points très-importants de cette gravissime déviance pontificale moderne quant aux Mœurs, sous le chapitre Politique constitutionnel.
           
        Léon XIII succède à Pie IX. Le Ralliement du pape Léon XIII est bien connu, c'était tout simplement une réactivation musclée du "dogme" concordataire mis en route par Pie VI et Pie VII un siècle auparavant et qui s'était un peu essoufflé à la fin du XIXème siècle, à savoir : professer et faire professer aux français et à tout le monde la validité et la légitimité des gouvernements post-révolutionnaires constitutionnellement athées et non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, dans l'occurrence, celui de la France des sectaires de 1880. Je ne m'appesantirai pas sur ce Ralliement abominable, écho de l'abominable Concordat.
           
        Je ferai simplement remarquer que le pape Léon XIII l'appuyait sur la même hérésie, oh, pardon !, le DOGME dont parlait son prédécesseur Pie VI, à savoir que les pouvoirs politiques constitués, établis, entendez par l'homme, avec l'homme et en l'homme, per ipsum et cum ipso et in ipso, sont valides par le fait même, ipso-facto, sans qu'il soit théologiquement besoin de vérifier la mise en conformité de leur constitution avec le Bien commun. Léon XIII, qui est un pape doctrinaire, va élaborer soigneusement cette doctrine hérétique dans l'encyclique Immortale Dei sur la chose politique, encyclique donc parfaitement hérétique sur ce point capital des Mœurs en matière Politique constitutionnelle.
           
        Voici ce qu'il professait, en effet, dès le début de l'encyclique, après un petit préambule classique (qui reprenait quasi mot pour mot le raisonnement de saint Thomas d'Aquin dans son de Regno pour asseoir la nécessité formelle de la société politique parmi les enfants des hommes) : "Comme nulle société ne saurait exister sans un chef suprême et qu'elle imprime à chacun une même impulsion efficace vers un but commun, il en résulte qu'une autorité est nécessaire aux hommes constitués en société pour les régir ; autorité qui, aussi bien que la société, procède de la nature, et par suite a Dieu pour auteur. Il en résulte encore que le pouvoir public ne peut venir que de Dieu. Dieu seul, en effet, est le vrai et souverain Maître des choses ; toutes, quelles qu'elles soient, doivent nécessairement lui être soumises et lui obéir ; de telle sorte que quiconque a le droit de commander ne tient ce droit que de Dieu, chef suprême de tous. Tout pouvoir vient de Dieu". Et le pape, pour mieux se tromper (et tromper universellement ses ouailles), d'originer cette dernière phrase, bien sûr, sur Rom XIII.
           
        Ainsi donc, pour Léon XIII, le pouvoir politique vient de la nature, et après seulement, il "a Dieu pour auteur". C'est-à-dire que le pouvoir politique existe EN AUTONOMIE MÉTAPHYSIQUE PAR RAPPORT À DIEU, de par la nature, et ensuite, mais ensuite seulement, "par suite", il doit se rappeler qu'il a Dieu pour auteur. Nous sommes là en pleine inversion antéchristique. Léon XIII, sans se rendre compte aucunement du caractère radicalement antéchristique de la doctrine qu'il expose, continue dans une logique implacable, et surtout implacablement satanique, à tirer les marrons du feu : le pouvoir public dont il nous a dit qu'il existe en autonomie métaphysique par rapport à Dieu, ne peut venir que de Dieu. Ne peut que. Autrement dit : le pouvoir public qui existe en autonomie par rapport à Dieu, est investi de la toute-Puissance divine APRÈS qu'il ait commencé à exister. Léon XIII est donc en train de nous dire qu'il y a une véritable autonomie métaphysique du pouvoir politique par rapport à Dieu. Et les raisonnements qui suivent ne font qu'illustrer cette doctrine antéchristique radicale : après avoir posé que le pouvoir public préexiste en quelque sorte par rapport à Dieu, le pape veut que cedit pouvoir n'en est pas moins entièrement dérivé et soumis à Dieu. Cependant, c'est dans un après métaphysique qu'il conçoit la chose : le pouvoir public qui existe en autonomie par rapport à Dieu, ne peut cependant que lui être soumis et lui obéir car Dieu est "le Maître de toutes choses", nous dit-il. Mais son exposé présuppose que ledit pouvoir public existe tout-à-fait même dans le cas où il n'est pas soumis à Dieu ! Parce que, précisément, le pouvoir public existe en autonomie métaphysique par rapport à Dieu.
           
        Cette thèse, qui vient d'une scolastique idolâtrique de l'être philosophique, dont saint Thomas d'Aquin lui-même n'est pas exempt (Hegel ne fera que laïciser cette idolâtrie philosophique de l'être de la chose politique et de l'État), est aussi celle de Pie VI et de Pie VII. D'où l'emploi qu'ils font tous d'une terminologie nouvelle pour définir et décrire les pouvoirs politiques. Pie VI définit en effet les pouvoirs politiques de la Révolution : "les autorités constituées" ; plus tard, un autre pape moderne, Pie XI, appellera les pouvoirs publics constitutionnellement athées : "les gouvernements établis". Mais... constitués, établis... par qui ? Éh bien, selon nos papes gnostiques qui idolâtrent l'être de la chose politique, parfaitement hérétiques sur la chose politique constitutionnelle, ce sont des pouvoirs auto-constitués, auto-établis PAR L'HOMME ET LA NATURE, tout simplement. Nous nous trouvons avec un cercle fermé sur l'homme et rien que sur l'homme. Nous sommes donc là en pleine immanence vitale moderniste non pas dans le domaine de la Foi mais dans le domaine des Mœurs, sous le rapport de la Politique constitutionnelle. Donc, déduction ultime : puisque le pouvoir public, comme dit Léon XIII, existe en lui-même et par lui-même, alors, tout pouvoir politique est de soi valide et légitime, qu'il soit ordonné constitutionnellement ou bien non au Bien commun.
           
        Certes, si on continue à lire Immortale Dei, Léon XIII affirme bien que tout pouvoir politique a le devoir formel de s'ordonner au Bien commun. Mais, aux antipodes de ce que nous enseigne saint Paul en Rom XIII, sa pensée est que s'il ne s'y ordonne pas, et surtout s'il n'y est pas constitutionnellement ordonné, il n'en existe pas moins métaphysiquement pour autant, il n'en est pas moins valide. C'est pourquoi d'ailleurs, Léon XIII disait bien, à propos des gouvernements sectaires et antichrétiens de la France des années 1880 : "Respectez la Constitution, mais changez les lois". Pour ce pape dont la cervelle marchait politiquement dans la folie la plus totale, la République française anticléricale de son temps ne pouvait qu'être valide puisqu'elle était une autorité CONSTITUÉE, un gouvernement ÉTABLI. Sur la base de cette constitution de la République française des sectaires qui ne pouvait qu'être bonne parce que naturelle, il fallait, et c'était le devoir que le pape traçait aux catholiques de France, juste changer les mauvaises lois pour les remplacer par des bonnes ! Comme si on pouvait greffer de bons fruits sur un mauvais arbre !! Sa théorie hérétique en matière de Politique constitutionnelle le faisait vivre dans la folie pratique la plus totale... À supposer en effet que les catholiques de 1880 aient réussi à faire passer une bonne loi dans le corpus législatif français, elle aurait été... inconstitutionnelle, puisque la constitution était non-ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Et donc, étant inconstitutionnelle, elle n'aurait pu manquer d'être extirpée sans retard, comme un corps étranger et surtout dangereux, qui doit être ôté et supprimé le plus vite possible. Mais le pape ne pouvait pas comprendre cela, puisque pour lui, la constitution de la République française anticléricale ne pouvait qu'être BONNE, comme étant le fruit d'une "autorité constituée", d'un "gouvernement établi"... La base de cette erreur tragique, c'est l'idolâtrie de l'être politique, de l'en soi politique...
           
        Mais pour nous exorciser et nous délivrer de l'hérésie antéchristique de nos papes modernes en matière de Politique constitutionnelle, reprenons ce que nous enseigne saint Paul. Pour l'Apôtre des nations, le pouvoir public est valide non pas parce qu'il serait censé exister en soi, par l'en soi philosophique idolâtré par nos papes modernes, mais uniquement parce qu'il est constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun. Ce qui signifie que saint Paul met Dieu avant l'homme, dans son raisonnement de fond pour asseoir la validité des sociétés politiques, contrairement aux papes modernes qui, dans le leur, mettent l'homme avant Dieu, et puis, subséquemment, apostasient tout simplement Dieu dans la chose politique. L'Apôtre des nations enseigne en effet clairement aux fidèles qu'ils doivent être toujours soumis à la "puissance" comme il dit en parlant du pouvoir public ou politique, "CAR elle est le ministre de Dieu pour le bien" (Rom XIII, 4), et c'est pourquoi, précise-t-il dans le verset précédent, "les princes ne sont pas à craindre pour les œuvres bonnes mais pour les mauvaises" (Rom XIII, 3). Comme je l'écrivais plus haut : "Comprenons bien ce que nous dit saint Paul. Il ne dit pas, comme l'entendent très-pernicieusement et très-faussement les scolastiques : la puissance est le ministre de Dieu seulement quand elle poursuit accidentellement le Bien commun quand bien même elle n'y est pas ordonnée constitutionnellement, l'Apôtre des Nations nous dit tout au contraire qu'elle est le ministre de Dieu dans son être et son essence même qui la constitue politiquement et la fait tenir dans l'existence. D'où il s'ensuit précisément qu'à chaque et toutes les fois que le bien est opéré dans le for public, elle le loue, car l'agir suit l'être, agere sequitur esse : puisque l'être du pouvoir politique est constitutionnellement ordonné au Bien commun, alors, lorsque ce bien est opéré, il le loue tout naturellement et systématiquement : "«Veux-tu ne pas craindre la puissance ? FAIS LE BIEN ET ELLE TE LOUERA»".
           
        Quant à la théorie hérétique de nos papes modernes tirée d'une scolastique idolâtrique de la philosophie et appliquée à la Politique, voyons ensemble dans l'ordre pratique, à quel point elle révèle sa folie intrinsèque, aux antipodes de la sagesse divine contenue dans l'enseignement paulinien. On nous dit, Léon XIII est le premier à nous le dire, que toute société politique humainement constituée, établie, est valide, même si elle n'est pas constitutionnellement ordonnée à la poursuite du Bien commun ainsi que l'enseigne saint Paul comme condition sine qua non de sa validité. Fort bien. Mais alors, lorsque cette "puissance" de Mœurs mauvaises intime de mauvais ordres en adéquation avec son mauvais fond constitutionnel, par exemples les lois sur l'avortement ou le mariage gay, est-elle valide, cette société politique ? On répond : non, elle n'est pas valide, et ses ordres ne sont pas légitimes. Et lorsque ces pouvoirs de Mœurs mauvaises intiment de bons ordres aux citoyens, en adéquation avec le Bien commun, est-elle cette fois-ci valide, cette société politique ? On répond : oui, elle est valide, et ses ordres sont légitimes. Ainsi donc, ... ô royaume d'Absurdie intégral !, on aurait, si l'on suivait la théorie de Léon XIII dans Immortale Dei, pour ne prendre que ce document pontifical moderne de fond sur la question politique constitutionnelle, une société politique qui serait valide... en pointillé. Un jour, elle serait valide (lorsqu'elle donnerait de bons ordres en adéquation avec le Bien commun), le lendemain, elle ne le serait plus (lorsqu'elle donnerait de mauvais ordres attentant au Bien commun) : la validité de cette société politique serait un feu clignotant perpétuel !! Et il m'est impossible, à moi simple citoyen, de me rendre compte à chaque et toutes les fois, quand le feu vire sa cuti...
           
        Mais plus grave encore pour dirimer cette thèse folle non moins qu'hérétique : le désordre métaphysique qui la sous-tend. En effet, on veut que ce soit l'acte de la société politique qui fonde son être. Si l'ordre qu'elle donne est bon, alors, la société est valide, c'est-à-dire EXISTE ; mais si l'ordre qu'elle donne est mauvais, alors, la société est invalide, c'est-à-dire N'EXISTE PAS ! Mais, métaphysiquement, on est là en présence d'un désordre radical : ce n'est JAMAIS l'acte qui fonde l'être, c'est toujours l'être qui fonde l'acte, agere sequitur esse ! Métaphysiquement, c'est une absurdité absolue de dire que l’agir politique, bon ou mauvais, va créer ou ne pas créer un… être politique valide ou invalide ! Notez bien comme nous sommes ici dans une inversion radicales des choses, cette inversion qui est le propre de Satan, un des noms de Satan étant en effet revolvere, inversion radicale… Et ne manquez pas moins de noter comme la doctrine catholique de saint Paul repose bien au contraire, quant à elle, les pieds bien plantés dans l'ordre métaphysique parfait, car nous venons de le revoir, pour lui, c'est l'être de la société politique valide qui est d'abord constitutionnellement ordonné au Bien commun, et, subséquemment, par après, les actes qu'elle pose ne peuvent qu'être en adéquation formelle avec cet être bon de son fond constitutionnel : "Car elle est le ministre de Dieu pour le bien" et donc, "veux-tu ne pas craindre la puissance ? Fais le bien, et elle te louera", elle ne pourra que le louer puisque son être y est constitutionnellement ordonné, agere sequitur esse...
           
        Donc, la théorie de nos papes modernes en matière de Politique constitutionnelle est métaphysiquement mauvaise et même satanique. Elle n'est pas moins mauvaise sur le plan de la théologie morale. En effet, ils nous disent : lorsque le pouvoir politique donne un bon ordre, il est valide, et donc le devoir est de lui obéir ; mais lorsque le pouvoir politique donne un mauvais ordre, alors il n'est pas valide, et donc le devoir d'obéissance n'est pas dû. Ce raisonnement inclut un jugement à poser par le simple citoyen sur la moralité de tout ordre donné par le pouvoir politique auquel il est soumis, pour savoir s'il doit le suivre ou bien non. Cette méthode est radicalement et absolument mauvaise. Obliger le simple citoyen à poser un jugement sur tous les ordres qu'il reçoit de son gouvernement est le soumettre à la tentation du "libre-examen" hétérodoxe du Bien commun. Il s'habituera inéluctablement à juger ce qui est bien et ce qui est mal dans ses chefs politiques, mais... sans en avoir les compétences. Car ceux qui reçoivent le plus de lumières de Dieu sur ce qui est en adéquation ou non avec le Bien commun véritable des hommes de toute une nation, ce sont… les chefs politiques eux-mêmes du gouvernement, dont Pie VI nous disait qu’ils sont tous "l’ouvrage de la sagesse divine", et non pas… les simples citoyens. Dieu donne aux chefs, précisément parce qu’ils sont chefs, de bien plus grandes lumières sur le Bien commun à réaliser dans une nation donnée, qu’aux simples citoyens… quand Il en donne à ces derniers. Faire juger tous et chacun des ordres donnés par les chefs des gouvernements, par les simples citoyens, est un énorme désordre sur le plan moral.
           
        Ce problème posé par la théorie hérétique de nos papes novateurs peut vite devenir excessivement lancinant, vital, aussi urgentissime à résoudre par le simple citoyen, qu'il lui est... impossible de le faire, et son âme peut donc être ainsi mise en grand péril de damnation. Supposons, par exemple, un gouvernement mauvais qui déclare une guerre à un autre pays : sera-ce une guerre juste (et dans ce cas, le citoyen catholique aura le devoir de prendre les armes pour défendre son pays), ou bien s’agira-t-il d’une guerre injuste, pour les buts mauvais des chefs mauvais (et dans ce cas, le citoyen catholique aura le devoir de refuser de prendre les armes) ? En vérité, dans la pratique, il sera très-difficile voire impossible pour le simple citoyen, de démêler si la guerre en question est juste ou injuste, car sa toute petite place dans la Nation ne lui permet pas de connaître avec certitude tous les tenants et aboutissants des problèmes internationaux, qui dépassent sa compétence et sa faculté de jugement…
           
        C’est justement pour ce genre de raison majeure, qu’on a le devoir catholique de ne poser son devoir d’obéissance politique uniquement qu’envers des pouvoirs qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, et qui donc sont sûrement valides et légitimes, et qui donc viennent de Dieu, et qui viennent de Dieu non pas par une mensongère pétition de principe comme le veut Léon XIII dans Immortale Dei. Car quand bien même, moi simple citoyen, je ne comprends pas les motivations d’une guerre déclenchée par mes chefs politiques, si je sais qu’ils sont constitutionnellement ordonnés au Bien commun, alors, je peux faire confiance qu’en déclarant cette guerre, mes chefs l’ont fait pour une bonne motivation devant Dieu. Et même si ce n’était pas le cas, ma conscience serait pure et libre, je ne commettrai là aucune faute, qui serait entièrement sur la tête de mes chefs ! Et donc, je peux me rendre au front dans la paix de ma conscience, et, si j’y dois mourir, je pourrais m’écrier en regardant le Ciel qui m’attend, comme ce vaillant et saint chouan avant de s'écrouler sous les balles sans-culottes assassines : "Mon âme est à Dieu et mon corps est au roy !" Mais si je vais au front envoyé par un gouvernement qui n'est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, pour une guerre dont je ne sais trop si elle est juste ou injuste, j’irai, l’âme rongée affreusement d’une atroce angoisse : si je tue ou si je suis tué pour une cause injuste, ne risquerais-je point d’être damné ? En tous cas, je ne pourrai certainement pas mourir en m’écriant, l’âme remplie de la joie profonde que donne le don de soi pour la patrie : "Mon âme est à Dieu, et mon corps est à la République française constitutionnellement… ATHÉE" !!!
           
        La théorie concordataire moderne en matière de Politique constitutionnelle se montre donc, par tous les côtés où on la prend, très-pernicieuse, très-impie, menant très-sûrement au règne de l'Antéchrist-personne.
           
        Mais personne ne se rend compte du gauchissement affreux et terrible de conséquences pour l'Église et pour les âmes catholiques, que constituent les nouvelles Mœurs hérétiques concordataires. Nous sommes rendus maintenant au pape Pie X, saint  Pie X. S'en rendra-t-il compte, lui ? Hélas ! Il ne s'en rendra pas plus compte que son prédécesseur Léon XIII. Tu quoque filii...
           
        Pie X, en effet, ne se montre pas en reste de l’hérétique discours rallié. Il est fort éloigné de dénoncer l’indifférentisme constitutionnel des États en matière de poursuite du Bien commun, c’est parler par antiphrase. Commençons par nous pencher sur ce qu’il écrit dans sa lettre condamnant Le Sillon : "Ce que nous voulons affirmer encore une fois après Notre prédécesseur [... Léon XIII], c’est qu’il y a erreur et danger à inféoder par principe, le catholicisme à une forme de gouvernement" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 297). Certes, Pie X dénonçait ici Marc Sangnier qui posait que le catholicisme supposait nécessairement la forme démocratique de gouvernement. Et ce n'est pas notre problème. Cependant, je cite ce passage parce qu'il illustre bien que Pie X ne comprend pas le vrai problème.
           
        Le problème posé par les gouvernements post-révolutionnaires n'a rien à voir, fondamentalement, avec une question de FORME en effet, mais essentiellement de FOND. Le fond du problème est de n'admettre comme valides, pour suivre l'enseignement catholique de saint Paul, que les pouvoirs politiques qui sont constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, et de rejeter radicalement tous les autres, comme purement inexistants et non-valides. À l'extrême limite, on pourrait poser par hypothèse que peu importerait qu'en France, après la Révolution, il y ait une République ou même une Démocratie, si elle satisfaisait au criterium de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul (... et si Dieu l'agréait ; car il ne faudrait tout-de-même pas oublier qu'il n'est nullement au pouvoir de l'homme de changer d'économie politique à sa volonté ! Mais voilà ce que l'homme moderne ne comprend plus, et pas plus les papes ; ils ne comprennent pas ce que comprenaient les juifs, pourtant rebelles à Yahweh, qui, lorsqu'ils ne veulent plus être gouvernés par des Juges mais par des roys, comme les nations voisines d'Israël, ne pensent pas UN SEUL INSTANT pouvoir instaurer la nouvelle économie politique qu'ils veulent, mais vont demander à Dieu de l'instaurer !). Et il est trop juste de continuer en disant que si une royauté ne satisfaisait pas à cedit criterium, elle ne serait pas plus valide qu'une République qui n'y satisferait pas.
           
        Mais le pape Pie X ne comprend pas plus que ses prédécesseurs, ce fond exact du problème.
           
        Arrive pour lui la grande épreuve politico-religieuse de son pontificat, la crise de la Séparation de l’Église et de l’État, que ce pape dut affronter en 1904-1905. Dans un très-pénible aveuglement de l'esprit, on va voir que saint Pie X va y professer sans équivoque aucune le discours concordataire pontifical invariable et hérétique depuis Pie VII, commun à tous les papes post-concordataires, en ce compris les plus saints comme c’est ici le cas. Voyons comment il se défend, dans le feu du combat contre les sectaires : " … Ce que vont être, contre Notre présent décret et Nos ordres, les récriminations des ennemis de l’Église, il n’est point difficile de le prévoir. Ils s’efforceront de persuader au peuple que Nous n’avons pas en vue uniquement le salut de l’Église de France ; que Nous avons eu un autre dessein, étranger [!] à la religion ; que la forme de République en France Nous est odieuse, et que Nous secondons, pour la renverser, les efforts des partis adverses ; que Nous refusons aux Français ce que le Saint-Siège a, sans difficulté [!], accordé à d’autres [à savoir, veut dire Pie X, de créer et de choisir leur constitution politique moderne, bien sûr républicaine-démocrate basée sur les "droits de l’homme" !, donc non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun !, puis, comme Napoléon l'a fait avec Pie VII, d’aller ensuite demander un concordat et un coup de goupillon à l’Église ; ce que donc, l’Église… accepte SANS DIFFICULTÉ, c’est saint Pie X qui ose nous le dire !!]. Ces récriminations et autres semblables (…), Nous les dénonçons d’ores et déjà et avec toute Notre indignation, comme des faussetés" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 393).
           
        Saint Pie X donc, là encore si on accepte de prendre le courage de bien lire ce qu’on lit, dénonce avec indignation, c’est lui qui le dit, le fait qu’on veut lui imputer que la constitution droitdel'hommesque républicaine en France lui est odieuse… Il ose déclarer étranger aux sollicitudes de l’Église, la non-ordonnance constitutionnelle à la poursuite du Bien commun des gouvernements adoptée dans les nations après la Révolution, il ose se féliciter des concordats d’essence napoléonienne impie passés avec les gouvernements des autres nations, dont les constitutions, elles non plus, ne sont pas ordonnées à la poursuite du Bien commun. Tu quoque filii…
           
        En vérité, comment ne point voir ici que les vicaires du Christ-Roy préparent de leurs propres mains pontificales les conditions politiques idéales pour le triomphe de la subversion de la Liberté religieuse à Vatican II, l’indifférentisme politique constitutionnel amenant infailliblement à l’indifférentisme religieux, étant en fait rien moins que l’indifférentisme religieux de facto, le tout devant finir par le règne de l’Antéchrist-personne...
           
        Dans la question politique constitutionnelle, il n’est que trop vrai hélas de dire que le pape Pie X, avec le boulet du Ralliement au pied, fut aussi lamentable que son prédécesseur, de très-sinistre mémoire. Ainsi, toujours dans cette crise de la Séparation de l'Église et de l'État en 1904-1905, l’on voit le saint pape réunir un consistoire secret, faire calmement devant les cardinaux le constat de l'antichristianisme virulent du gouvernement français, et poursuivre : " … Tandis que les actes publics du Saint-Siège disent hautement qu'à ses yeux la profession du christianisme peut s'accorder parfaitement avec la forme républicaine, ceux-là [le gouvernement Combes], semble-t-il, veulent, au contraire affirmer que la République, telle qu'elle existe en France, ne peut avoir rien de commun avec la religion chrétienne. Double calomnie [!] qui blesse les Français, à la fois comme catholiques et comme citoyens" (Pie X, essai historique, P. Fernessole, t. II, p. 372).
           
        Quelle pénible chose d'avoir à commenter qu'ici, le saint pape ne comprend rien à rien du fond vrai du problème, se trompe bougrement, complètement, et que les sectaires ont... cent mille fois raison contre lui ! Quelle humiliation de voir que les méchants crient la VÉ­RITÉ ! Et que le pape, le saint pape, NE L'ENTEND PAS ! Que lui crient-ils ? Ils lui crient que la République en France est constitutionnellement antichrétienne, et ne peut qu'être ainsi (en effet, la forme gouvernementale en France ne peut être, par Volonté divine, que royale théocratique ; si donc l'on supprime les roys très-chrétiens, la république qui les supplante ne peut qu'être... antichrétienne viscéralement, elle ne peut être donc que non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun). Or, le pape Pie X, la tête embarbouillée de l'utopie de Léon XIII, fait semblant de croire, ... ou malheureusement croit véritablement !, que ce n'est pas vrai, que les sectaires mentent, et qu'en France, une république peut très-bien être constitutionnellement chrétienne et donc ordonnée à la poursuite du Bien commun ! Mais comment pouvait-il faire un raisonnement aussi fou et déjanté par tous les côtés, puisque la République qu'il avait en face de lui, en 1905, était constitutionnellement athée ?!? C'était toujours et encore l'idolâtrie de l'être politique, scolastiquement entendu, qui possédait son esprit comme celui de tous les papes modernes post-concordataires : la République de 1905 était une société constituée, un gouvernement établi, donc, elle ne pouvait QUE venir de Dieu et y ordonner son agir politique...
           
        Oh, combien, ici, se vérifie douloureusement une nième fois de plus que les fils des ténèbres sont plus habiles que les fils de la Lumière ! La Providence divine, cela crie dans l’occurrence, voulait réapprendre une bonne leçon au Saint-Siège défaillant depuis Pie VII et même Pie VI. Or, l'on voit fort bien dans ce passage que saint Pie X sent l’aiguillon de la providentielle leçon, mais… il ne la comprend pas, il n'en tire rien, las !, lui non plus. La preuve, c'est sa conclusion : "double calomnie !", s’écrie-t-il, indigné. Pour lui donc, c'est une calomnie de dire qu'en France, il ne peut y avoir une république chrétienne de forme post-révolutionnaire moderne… athée !!! On est en pleine folie, en pleine folie totale.
           
        Hélas, hélas, que d'inconséquences sur le Siège de Pierre ! Ainsi, dans l'occasion de la béatification de sainte Jeanne d'Arc en 1909, ne voit-on pas notre pape Pie X, après avoir proféré un sermon enthousiaste sur la vertu française, descendre de son trône pontifical (ce qui était très-rare à l'époque), pour aller… baiser le drapeau tricolore républicain comme je ne l'aurai pas fait d'une prostituée sur le bord du trottoir ?
           
        Passons au pape Pie XI. Alors là, lui, pape moderne, il est carrément fou-furieux de cette nouvelle politique concordataire avec n'importe quel État... il a même une préférence pour ceux qui sont le plus possible non-ordonné constitutionnellement au Bien commun. Et quand certains de ses cardinaux essayent de tempérer son ardeur concordataire envers les pires gouvernements, il tape en colère du poing sur la table, en s'écriant : "C'est MA politique !" Le pape Pie XI, en effet, ne cessera de passer ou de vouloir passer des concordats ou du moins des modus vivendi avec des gouvernements laïcistes voire antichrétiens radicaux.
           
        Levillain, dans son Dictionnaire historique de la papauté, à l’art. Paul VI, résume ainsi pudiquement les sources de l’Ostpolitik, qui commence sous Pie XI, par cette phrase : "Mais [en 1922] le Saint-Siège avait en tête une éventuelle reconnaissance de la Russie [nenni ! il s’agit alors de la léniniste et bolchévique URSS, plus de la Russie ! Mais voyez comme la reconnaissance de l’URSS par le Vatican est tellement contre-nature, répugne tellement, que même la plume de l’historien se refuse inconsciemment à écrire que le Vatican en a eu l’intention !] contre un concordat garantissant les libertés dans l’aire bolchévique [ah ! ici, l’auteur, en revient à la réalité soviétique du contexte historique ; notez en passant comme ici Pie XI ne fait que suivre la pratique de Pie VI avec le Directoire : il s’agit de reconnaître des gouvernements constitutionnellement anti-Dieu !]" (p. 1275, 2e col.).
           
        Pie XI, en effet, c’est hélas historique, n’aurait pas répugné, par la technique concordataire réprouvée, à reconnaître existence (et donc validité) au nouveau gouvernement des Soviets, qui en avait fichtrement besoin à ce moment-là pour s’affirmer politiquement devant les Nations dont aucune ne l'avait reconnu, contre la liberté des chrétiens dans la Russie bolchévisée… Le Vatican, ... ô incroyable scandale !, aurait été le tout premier État à reconnaître la validité du gouvernement des Soviets !!! Ce n’est que par des circonstances indépendantes de la volonté pontificale, que cet abominable concordat entre les plus abominables, qui aurait donné une force politique inouïe aux communistes, qui scandalisait même les démocraties occidentales MAIS PAS LE PAPE, ne fut pas signé. Le scandale pour les âmes fidèles fut en tout cas immense et d’ailleurs l’est toujours. Mais saisissons bien que Pie XI ne faisait là que mener au bout du toub la logique hérétique concordataire des papes modernes : si toute "autorité constituée", tout "gouvernement établi" est valide, alors, aussi, ceux qui sont... constitutionnellement antichrist radical ("ces négociations du Vatican avec les bolcheviques suscitèrent les protestations indignées des Russes émigrés : «Les mains qui touchent la sainte Hostie serrent maintenant celles ensanglantées des assassins», écrivit Merejkovski dans une lettre ouverte au pape Pie XI" ― Il est ressuscité ! n° 17, décembre 2003, pp. 19-20).
           
        Et Pie XI, de continuer cette pratique concordataire avec les pires gouvernements, ainsi :
           
        "… Malgré le laïcisme très marqué de la république tchèque, Pie XI passa en 1928 un modus vivendi avec ses dirigeants francs-maçons, Mazaryk et Benès. Le gouvernement tchèque voulait cet accord afin d’assurer son autorité sur les fortes minorités, particulièrement sur les populations slovaques, qui constituaient un danger permanent pour l’existence même de la république de Tchécoslovaquie. (…) Par ses tractations et ses accords avec les «diaboliques», le pape Pie XI favorisait et maintenait les francs-maçons au pouvoir. Ainsi, en Tchécoslovaquie, quand Mazaryk se retira, Benès fut élu le 18 décembre 1935, président de la république, grâce à l’appui du parti catholique de Mgr Schramek [représentant le parti concordataire soutenu par Pie XI...]" (Il est ressuscité ! n° 17, décembre 2003, p. 14). Même cas de figure avec la Pologne dont Pie XI favorise, en mai 1926, le socialisme franc-maçon au détriment de la résistance catholique nationale derrière Mgr Sapieha…!
           
        ... Comme l'on voit, le concordat chinois actuel promu par le pape François et le cardinal Parolin, n'a rien de vraiment nouveau, quant au partenaire étatique résolument anti-chrétien radical accepté par le pape. La vérité, c'est que les papes modernes sont tellement POSSÉDÉS diaboliquement par cette gnose de l'idolâtrie de l'être politique, qu'ils n'hésitent pas UNE SEULE SECONDE à sacrifier leurs fils chrétiens à cette gnose, comme donc on le voit faire en Chine actuellement, ou comme Pie XI l'avait fait, en reconnaissant les "autorités constituées" du Mexique, dans un cadre hors-concordataire, et exigeant des malheureux Cristeros, ces vrais Chouans, qu'ils obéissent aux ordres du "gouvernement établi" de rendre leurs armes... ce qui eut pour dramatique conséquence leur assassinat sauvage, une fois désarmés, par les francs-maçons au pouvoir...
           
        Mais le pire, ... oui, il peut y avoir encore pire !, est à venir. Passé 1930, "la mainmise brutale du Führer triomphant sur toutes les forces politiques du Reich, la suppression de tous les partis, jetèrent le désarroi parmi les catholiques allemands. Mais Hitler, qui n’avait pas intérêt à se les aliéner de prime abord, offrit au Saint-Siège un concordat avec le Reich, applicable à l’Allemagne entière. Il fut négocié et conclu le 20 juillet 1933, entre le cardinal Pacelli et M. von Papen" (Histoire des papes illustrée, Castella, t. III, p. 233).
           
        Le comportement concordataire pontifical de Pie XI avec les Soviets, il le réitère à l'identique avec… les Nazis, et cette fois-ci donc, cela aboutit, le concordat étant bel et bien signé, quelques lustres pontificalement enténébrés plus tard. "En Allemagne, le concordat de 1933, à peine signé [avec, donc, le gouvernement nazi…], fut violé par Hitler, qui supprima les mouvements d’Action catholique et de jeunesse chrétienne, et s’efforça d’éliminer tout enseignement religieux. Il est incontestable que Pie XI, en signant les accords du Latran [avec l’Italie mussolinienne en 1929] et le concordat allemand de 1933 [avec l’Allemagne nazie], a pu contribuer, à l’époque, À RENFORCER LA POSITION MORALE DES RÉGIMES FASCISTE ET HITLÉRIEN" (Dictionnaire de l’Histoire — Petit Mourre, p. 184, à l’art. Concordat). De la même manière que Pie VI aurait renforcé l'autorité du Directoire si son Bref Pastoralis Sollicitudo avait eu un écho...
           
        C’est tellement évident que la pratique concordataire post-révolutionnaire avec des "autorités constituées", des "gouvernements établis" non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun voire même carrément et ouvertement anti-chrétiens radicaux, soutient le parti de Satan, qu’il n’est même pas besoin d’être catholique pour s’en rendre compte, même les historiens s’en font la pénible réflexion... mais pas les papes moderne, dont l'esprit est visiblement possédé ou aveuglé, par châtiment divin, pour que l'Écriture s'accomplisse, aux fins surnaturelles de "LA PASSION DE L'ÉGLISE".
           
        Cependant, ne quittons pas Michel Mourre pour constater à quel point la longue pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire avec des états pas forcément catholiques, a déjà perverti les meilleurs esprits. Notre historien, en effet, après n’avoir pu s’empêcher de constater que les concordats passés avec Mussolini et Hitler avaient renforcé "la position morale des régimes fascistes et hitlérien", se dépêche, pour se rassurer, d’écrire : "… Mais un concordat est un accord international signé entre le Saint-Siège et un État [en italiques dans le texte] ; il n’implique, de la part de l’Église, aucune marque de sympathie particulière pour le gouvernement ou le régime politique de cet État" (Mourre,   p. 184, 2e col.) ! Mais non mon bon Monsieur, catholiquement, un concordat n’est pas du tout ce que vous dites, un concordat est un accord signé entre le Saint-Siège et un État CATHOLI­QUE, sinon rien !
           
        Mais voyez ici, ô lecteur, comme la pratique pontificale concordataire moderne indifférentiste avec des États dont on se contrefiche si leur constitution est ordonnée ou bien non à la poursuite du Bien commun, a pu pervertir les meilleurs esprits ! Ainsi faussement rassuré, notre historien peut conclure son article par cette dernière phrase : "C’est dans le même esprit que le 18 février 1984 les accords du Latran ont été remplacés en Italie par un nouveau concordat. Le catholicisme n’est plus la seule religion de l’État italien, et l’État renonce à tout contrôle politique ou administratif sur l’Église" (ibid.). Les tradis se sont pâmés de colère sur ce concordat, faisant haro sur Jean-Paul II, et ils ont eu raison bien sûr, mais ce qui est assez curieux, c’est que la plupart d’entre eux n’ont pas du tout pris conscience que cette abomination de la désolation concordataire existe bien avant la "crise de l’Église" vaticandeuse des années 1965 et ce qui s’en est suivi ! Alors, le haro en question, s’ils veulent être logique avec eux-mêmes et leur Foi, être intellectuellement honnête, ils doivent le faire sur Pie VII et son Concordat ainsi que sur TOUS les papes qui l’ont suivi jusqu’à nos jours, y compris les plus saints, comme on vient de le voir avec le pape Pie X ! Car qu’est-ce bien que le concordat italien de 1984, sinon un énième et indénombrable copier-coller de celui français de 1801, dans lequel "l’illustre et très-distingué Commettant" comme un cardinal de Pie VII appelait de ce nom précieuse-ridicule Napoléon, refusait que le catholicisme soit Religion d’État, ce dont Desjardins ose nous dire, sans en rougir de honte jusqu’à la crête, que Pie VII, le pape, le Vicaire du Christ, s’est… "contenté" ?!
           
        Ce concordat nazi, en tous cas, était vraiment scandaleux, plus encore que les Accords du Latran avec Mussolini. Mais en vérité, que bien attendre d’un pape lancé dans son pontificat à toute vapeur concordataire, qui ne voit plus que cela tel taureau devant chiffon rouge, et qui, contre les reproches de certains de ses cardinaux de pactiser trop loin avec les forces politiques du mal, se récriait : "Pour le bien et la paix du monde, je signerais un concordat avec le diable s’il le fallait !"
           
        Ce concordat allemand nazi, "pour le bien et la paix du monde"... en effet !, "avec le diable"... ça c’était beaucoup plus sûr !, eut pour principal effet de… sacrifier d’un trait de plume le parti catholique en Allemagne, qui avait un poids politique capable de contrebalancer les nazis. Une des raisons principales d’Hitler de vouloir ce concordat avec l’Église, était en effet "le désir évident des nazis de se débarrasser, une fois pour toutes, du parti du Centre catholique, qui avait tenu si longtemps en échec le parti national-socialiste. Si l’on pouvait obtenir du Saint-Siège la dissolution de ce parti, il y avait bien des chances que les voix catholiques, en disponibilité pour ainsi dire, se reportassent sur un parti qui aurait fait ouvertement et officiellement alliance avec l’Église [… et voilà comme la signature d’un concordat répute ipso-facto la validité et la légitimité du co-contractant étatique auprès des fidèles, et d’ailleurs de tous les hommes censés !]. On obtiendrait ainsi l’appoint qui manquait encore pour atteindre et dépasser la majorité au sein du corps électoral [bon, très bon, excellent raisonnement, je veux dire… de la part des nazis, naturellement ! Eux, au moins, ils savaient raisonner !].
           
        "De fait, on lit dans le concordat allemand, ce qui suit : «En raison des circonstances actuelles et particulières des affaires en Allemagne, et en considération des garanties créées par les dispositions du présent concordat d’une législation qui sauvegarde les droits et les libertés de l’Église catholique dans le Reich et dans ses États, le Saint-Siège édictera des dispositions excluant pour les ecclésiastiques et religieux l’appartenance aux partis politiques et leur activité à cet égard». Un texte tout semblable se lit au concordat du Latran [mussolinien]. Il en ressort que le Saint-Siège voit, non sans raison, de graves inconvénients à l’entrée des ecclésiastiques dans la mêlée politique [commente, le plus imbécilement du monde, le rédacteur de l’Ami du Clergé dont je tire ces lignes, et qui écrit en 1933 ! Puisque, dans les faits, il s’agissait d’interdire aux clercs de soutenir le… parti catholique, contre le… parti nazi !!].
           
        "(…) L’art. 32 du Concordat allemand ratifie la disparition du Centre catholique. On sait comment finit ce grand parti. L’obéissance à Rome fut entière. Le Centre catholique rentra dans l’ombre et passa à l’histoire. On ne peut pas dire qu’il est vaincu. Il a combattu vaillamment. Il meurt en donnant sa vie pour le Concordat [… c’est-à-dire qu’il donne sa vie pour le parti nazi, frappé pour cela au cœur d’un coup mortel PAR LE PAPE !!!]. Les catholiques allemands ont déjà tiré la conclusion logique : tourner vers l’activité spirituelle et charitable des énergies qui jusqu’ici se consacraient peut-être un peu trop exclusivement à l’action politique extérieure [on croit cauchemarder de lire une telle glose d'un très-rare imbécilisme : mais le rédacteur écrit en 1933, et les esprits peu éclairés, comme le sien le manifeste avec un éclat certes incomparable, ne sont pas encore déniaisés d’Hitler…].
           
        "(…) Les nouveaux élus [les clercs nommés nouvellement aux sièges épiscopaux, et "prélats de toute nature"] doivent prêter serment au gouvernement établi [… nazi ! nazi !!], en ces termes : «Devant Dieu et les Saints-Évangiles, je jure et promets, comme il convient à un évêque, fidélité au Reich allemand et à l’État [!!!]. Je jure et promets de respecter et de faire respecter par mon clergé le gouvernement établi suivant les lois constitutionnelles de l’État [!!!]. Me préoccupant, comme il est de mon devoir, du bien et de l’intérêt de l’État allemand, je chercherai, dans l’exercice du saint ministère qui m’est confié, à empêcher tout préjudice qui pourrait le menacer». Cette formule est à peu près identique à celle qui est insérée au Concordat italien" (L’Ami du Clergé, n° 48, 30 novembre 1933, pp. 795-796). L’auteur aurait plus justement encore précisé qu’elle est la décalcomanie de celle du Concordat de 1801 (revoir supra)…!
           
        J'arrêterai là mon historique des concordats post-révolutionnaires, passés par tous les papes modernes depuis Pie VII sans exception aucune dans le mépris hérétique et même apostat total du criterium catholique enseigné par saint Paul quant à la validité des sociétés politiques.
           
        Je crois avoir bien montré que le Concordat napoléonien peut tout-à-fait être baptisé sans eau bénite : le "VATICAN II DES MŒURS".
           
        Il me reste maintenant un seul point à traiter, avant de finir. Montrer comment cette perversion radicale des Mœurs ecclésiales initiée en 1801 a fini par engendrer la perversion de la Foi qui s'est révélée à Vatican II, quelqu'un siècle et demi plus tard.
           
        Théologiquement, le processus est très-simple à décrire.
           
        Un État constitutionnellement athée, non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, logique avec lui-même, professe et pratique au for public... l'indifférentisme en matière de religion. Il n'y a pas de Révélation pour lui, la seule "révélation" qu'il professe, c'est l'HOMME. D'où la "si grande contradiction" (He XII, 3) de tous les papes du XIXème siècle, qui, de jure, dénoncent l'indifférentisme religieux au for public dans de belles encycliques, notamment les papes Grégoire XVI, Pie IX et Léon XIII, et qui, de facto, ne peuvent éviter de fort ratifier et cautionner cedit indifférentisme religieux hétérodoxe par leur pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées ou hérétiques ou schismatiques, qu'ils réputent valides et légitimes.
           
        Il y a là un très-dangereux écartèlement entre ce que l'Église pense et ce que l'Église vit.
           
        Des prêtres clairvoyants le virent déjà, dès cette époque. Par exemple, l'abbé Combes, qui vivait aux temps de Léon XIII, vrai prêtre "tradi" avant la lettre, qui avait eu la charité grande de recueillir près de sa cure la voyante de La Salette, Mélanie Calvat, dans les dernières années de sa vie. Il consigne dans son Journal, à la date du mercredi 21 juillet 1903, que Mélanie a eu une vision sur la mort du pape. Il lui tire immédiatement les vers du nez, car Mélanie a un naturel très-secret et elle se livre difficilement, mais le curé Combe est fort pugnace, et cela donne un très-intéressant entretien entre Mélanie et lui (je mettrai en gras ce qui intéresse plus notre sujet) :
           
        "«... Alors, racontez-moi ce que vous avez vu !», commence l'abbé Combe.
           
        "(Elle se ressaisit et refuse de parler ; il était trop tard ; j’ordonne ; elle pousse des soupirs ; il me faut arracher chaque détail l’un après l’autre ; mais je tiens bon, et voici ses réponses :)
           
        "«Hier soir, je priais pour l’Église et spécialement ses ministres. Je me disais : comment se fait-il que les fidèles soient comme ça [aussi spirituellement dégénérés, veut dire Mélanie] ? Cela doit venir des chefs ! Aussitôt après mes prières, je ne sais si c’était vers minuit, j’entendis : Voici que je vais appeler à Moi mon Vicaire ! En même temps, je vis le pape qui se tordait sur son lit. Ses yeux tournaient à droite et à gauche, si entièrement qu’il n’en restait que le blanc. Je disais à Notre-Seigneur : Je ne veux pas voir cela ! (en le répétant, elle en était encore effrayée !). Dans la chambre du pape, il n’y avait qu’un Monsignor ; il alla vite chercher, il appela.
           
        "(...) «Pourquoi se tordait-il ainsi et tournait-il les yeux d’une manière si effrayante ? Était-ce par souffrance physique ou par épouvante de l’état dans lequel il laissait l’Église ?
           
        "– (avec effroi) «Mon Père, laissez cela !»
           
        "– «Je ne me trompe pas, chère Sœur, ce ne sont point les souffrances physiques qui le tordent, mais...»
           
        "– (Ne me laissant pas achever, et tout bas :) «Oui».
           
        "– «Il se reprocha bien des choses, n’est-ce pas ?»
           
        "– (Silence)
           
        "– «Si les catholiques ne se sont pas défendus, à lui la faute ! Aucun pape n’a demandé plus de sacrifices à ses amis, ni fait plus de concessions à ses ennemis. Vous appelez ça de la bonté ? Vous dites qu’il est très bon ?»
           
        "– «Il avait de bonnes intentions».
           
        "– «Ses encycliques sont magnifiques, mais il les a constamment démenties dans la pratique ! Les fidèles n’y comprennent plus rien, c’est la bouteille à l’encre. Un évêque ajoute dans son catéchisme un chapitre contre le divorce, le pape le lui fait retrancher pour ne pas déplaire au gouvernement ! Il a attaché la Croix de l’Ordre du Christ sur la poitrine de Bismarck ! Ses nonces s’assoient aux banquets, à la droite des femmes illégitimes de nos ministres ! La politique exige cela ? Dieu lui fera voir en quel état il a mis l’Église par sa savante politique, sa politique à longue portée, comme il l’a définie. Pourquoi ne répondez vous pas ? Je ne suppose pas que vous vous défiez de moi !»
           
        "– «Oh non ! mais j’ai de la répugnance à parler ainsi. Jamais je n’ai parlé du pape avec d’autres».
           
        "– «Vous savez bien que si je vous interroge, c’est pour la gloire de Notre-Dame de La Salette, que je ne raconte à personne ce que vous me répondez ? Mais cela servira plus tard».
           
        "De la tête et de la main, elle semble répondre : cela ne sert de rien ! Et en ce moment le Bon Dieu demande autre chose ! Je n’ai pu en obtenir un mot de plus.
           
        "Léon XIII eut cette crise effroyable. On ne sut pas ce qu’il avait vu, mais on l’entendit, à la fin de la crise, dire humblement : «J’avais de bonnes intentions»" (Dernières années de Sœur Marie de la Croix, bergère de La Salette ― Journal de l’abbé Combe, pp. 181-183).
           
        Les réflexions pleines de bon sens du simple mais fervent curé de campagne qu'était l'abbé Combe sont, on le voit, du plus haut intérêt, frappées du sceau de la vérité, en ce qui concerne le pape Léon XIII, et "l'état dans lequel il laissait l'Église".
           
        Voici quelques autres exemples qui illustrent le fait que l'Église, depuis son hétérodoxe pratique concordataire avec des États constitutionnellement athées, était forcée de pratiquer la Liberté religieuse ou l'indifférentisme religieux qui est son frère jumeau :
           
        Copuler (pardon) avec un État constitutionnellement anti-Dieu, quand on s’appelle l’Église du Christ, est en effet source de sacrilèges multiples, sans cesse revenus, et de péril immédiat. En voici une illustration tirée de l’Ami du Clergé, dans sa livraison n° 42 du 20 octobre 1910, trouvée tout-à-fait par hasard au cours de mes recherches : "Liturgie. — [Question angoissée d’un prêtre à l’Ami du Clergé :] À certains jours, les représentants des nations étrangères assistent en corps à la messe, et on leur donne à baiser l’instrument de paix [= la croix du Christ]. Comme il y en a qui sont francs-maçons et d’autres protestants, si le sous-diacre les connaît, que doit-il faire ? [Réponse embarrassée, dilatoire et diluée de l’Ami du Clergé :] En principe, les francs-maçons et les protestants, connus comme tels, ne devraient pas être admis à baiser l’instrument de paix ; mais en raison des complications graves qui pourraient résulter d’un refus public, il n’appartient pas au sous-diacre de trancher lui-même la question, mais il doit en référer à l’autorité supérieure et se conformer à ce qu’elle en ordonnera"…! Et voilà à quelles situations sacrilèges est obligée de se soumettre l’église concordataire ! Va sans dire d’ailleurs que "l’autorité supérieure" a dû faire exactement le même raisonnement que l’Ami du Clergé, c’est-à-dire reculer, préférer le sacrilège divin au scandale humain ! Comment voulez-vous que cette église concordataire soit bénie de Dieu, elle rougit de Lui devant l’homme !!!
           
        L'Église, par sa pratique concordataire hétérodoxe, est également obligée de carrément supprimer Dieu des mœurs des fidèles. C'est très-concret avec le mariage :
           
        Avant le Concordat, ce qui faisait la réputation du mariage dans la chose publique, c’était le mariage religieux. Or, après le Concordat, ce qui répute le mariage dans la chose publique, c’est le contrat civil passé devant César, devant le maire (Article organique LIV. "Ils [les curés] ne donneront la bénédiction nuptiale qu'à ceux qui justifieront, en bonne et due forme, avoir contracté mariage devant l'officier civil"). On est vraiment là en pleine application, voyez comme c’est concret et non plus seulement de la métaphysique lointaine !, du venin apostat : faire passer l’homme avant Dieu. Et notez bien comme il est formellement interdit sous peine de graves sanctions, de ne point faire passer l’homme avant Dieu, dans cette société concordatisée : le curé qui ferait un mariage sans avoir le certificat du maire, serait pénalement sanctionné.
           
        Autrement dit : Dieu, depuis le Concordat, pour unir un homme et une femme, doit demander la permission à César, et un César qui n’est pas, constitutionnellement, seulement SANS Dieu mais CONTRE Dieu, alors que c’est Lui, Dieu, par Notre-Seigneur Jésus-Christ, qui est venu rétablir le mariage dans sa dignité première ! Chaque mariage depuis l’entrée en application du Concordat, est donc en vérité une grave injure, un outrage, un camouflet à Dieu. Croyez-vous vraiment que le Bon Dieu donne autant de bénédictions aux mariages concordataires qu’aux mariages avant le Concordat ? Moi, je crois bien que non. Et cela, on le doit à Pie VII et à tous les papes qui l’ont suivi sur le Siège de Pierre jusqu’à nos jours. Faire un tel changement dans la politique constitutionnelle, c’est donc toucher formidablement aux Mœurs. Cette inversion radicale de la légitimité des mariages, admise donc, au moins implicitement, par la papauté concordataire, va aboutir, en 2013, lors des débats faits dans le cadre de la loi sur le mariage pour tous, à ce que le mariage va être considéré comme une chose qui appartient à la République, et plus du tout à la nature créée par Dieu. Voyez cette incroyable déclaration de Colette Capdevieille, députée socialiste de la 5ème circonscription des Pyrénées-Atlantiques : "Le mariage est une institution républicaine et grâce à ce texte il le deviendra encore davantage. Mais le mariage n’est pas sacré, sauf à considérer que le principe de laïcité est devenu caduc" (intervention de la ci-devant à l'Assemblée nationale, le 30 janvier 2013) !!!
           
        Par ces quelques exemples qui pourraient être multipliés à l'infini et dans toutes les directions des Mœurs, il est aisé de saisir que si l'Église répute désormais, depuis le Concordat napoléonien, la validité à des pouvoirs politiques qui pratiquent l'indifférentisme religieux au for public, il va bien falloir qu'un jour, l'Église, forcé de pratiquer elle-même cet indifférentisme religieux sur un plan pratique avec le gouvernement qu'elle reconnaît valide, reconnaisse la doctrine de la Liberté religieuse elle-même, cette Liberté religieuse qui est l'expression et la concrétisation théologique dudit indifférentisme religieux au for public. Si en effet je reconnais une existence métaphysique à des êtres, j'en reconnais donc aussi implicitement et formellement aux œuvres qu'ils tirent de leur essence ontologique, quand bien même je ne prends pas conscience tout-de-suite de cette conséquence obligée. Donc, par le seul fait de réputer la validité à des États constitutionnellement athées qui, quant à eux, pratiquent logiquement l'hétérodoxe et antéchristique Liberté religieuse, comme la tirant de leur propre fond, je reconnais une valeur métaphysique formelle à la doctrine de la Liberté religieuse elle-même. Et voilà tout le mal. Car si moi, catholique, je ne vis pas comme je pense (ma Foi condamne la Liberté religieuse), tôt ou tard je vais être obligé de penser comme je vis (canoniser la Liberté religieuse).
           
        Comprenons bien que la Liberté religieuse de Vatican II est la réponse du berger à la bergère, le répondant de jure de la pratique pontificale concordataire post-révolutionnaire de facto : à mauvaises mœurs, mauvaise doctrine. En fait "la crise de l'Église" commence par une déviance au niveau des Mœurs, auxquelles sont inhérentes les choses de la Politique constitutionnelle, et cette déviance, insidieusement, a, pendant un bon siècle et demi, de 1801 à 1965, corrompu de plus en plus la Foi elle-même de l'Église, jusqu'à arriver à la proclamation en droit de la Liberté religieuse dans un décret magistériel conciliaire doté de l'infaillibilité ecclésiale sous le mode ordinaire & universel... Les concordats napoléoniens de facto sont ni plus ni moins que l’hérétique Liberté religieuse de jure de Vatican II : ce sont deux propositions qui, pour s’épeler différemment, sont une seule et même damnable chose… Nous sommes là au fond du fond de "la crise de l'Église".
           
        ... Et cependant, tous ces papes, ces grands-pontifes romains du XIXème siècle et du XXème, sont d'excellentes âmes, en leur for privé, ils ont "bonne intention" comme disait Léon XIII dans la vision de Mélanie Calvat. En fait, ils sont choisis par la Providence divine pour vivre et faire vivre à l'Épouse du Christ "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sans forcément y joindre aucune malice. Quand bien même ils crucifient abominablement l'Église, ils le font "sans savoir ce qu'ils font", comme les bourreaux envers le Christ crucifié, avec "bonne intention". C'est pourquoi je m'empresse de dire que je mets genoux en terre devant tous et chacun d'eux, et que mon amour pour eux est et reste intact, de Pie VII à François. Nous avons plusieurs saints parmi eux, et il m'est fort agréable de dire que le pape Chiaramonti-Pie VII, par qui cependant le scandale concordataire moderne est abominablement arrivé, en fait très-honorable partie : "Le 12 mars 2007, le pape Benoît XVI a autorisé l'ouverture du procès en vue de la béatification de Pie VII. Il a reçu d'ores et déjà le titre canonique de Serviteur de Dieu, à la suite d'un décret papal reconnaissant officiellement l'héroïcité de ses vertus" (Wikipedia, à Pie VII). Le pape Pie VII était en effet un homme bon par tous les côtés, d'une bonté si grande qu'elle pouvait hélas aller jusqu'à la faiblesse (... surtout envers Napoléon Bonaparte). L'historien Crétineau-Joly aura ce commentaire assez étonnant, très-romantique mais cependant fort exact, en contemplant son portrait, et auquel on ne peut que souscrire devant ledit tableau : "Le lait de la bonté humaine lui coulait des lèvres..." 
           
        Mais je ne serai pas juste si je ne complétais pas mon propos en disant que tous ces papes, fautant très-gravement quant aux Mœurs par la pratique concordataire avec des États constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun, non seulement n'ont nullement pris conscience de leur faute (ce qui, nous l'avons vu, est très-visible chez saint Pie X), mais ont tâché, pas très-saintement on ne peut s'empêcher de le dire, de mettre ladite faute sur le dos d'ennemis extérieurs à l'Église, extra muros, histoire de détourner l'attention des fidèles sur le fait que la subversion dans l'Église à partir du XIXème siècle, était de leur fait à eux et non du fait d'ennemis extérieurs... On appelle cela, en psychiatrie, un "transfert de culpabilité". C'est toujours plus facile de frapper sa coulpe sur la poitrine de son ennemi que sur la sienne propre...
           
        C'est le pape Pie IX qui lance le premier le bouchon dans l'eau, un bouchon que, par exemple, Mgr Lefebvre gobera on ne peut mieux, mordant dans l'hameçon pontifical. Ouvrant pour la première fois à un historien laïc, Crétineau-Joly, les archives du Vatican, Pie IX lui montre des documents qui mettent en façade les Carbonari de 1820 en lien avec les Illuminés de Bavière, ayant en projet de subvertir l'Église et singulièrement le Vatican et le Siège de Pierre. De là à faire des francs-maçons et autres illuminés les premiers responsables de ce qui se passera à Vatican II, un siècle plus tard, il n'y avait qu'un pas, qui fut franchi allègrement.
           
        Or, la vérité est tout autre. Ce sont les papes modernes dès immédiatement après la Révolution, c'est-à-dire à partir du pape Pie VII, qui sont les premiers responsables de la perversion et subversion des Mœurs de l'Église en changeant le criterium de validité des sociétés politiques, et qui, subséquemment, ont "ouvert tout grand les portes et fenêtres de l'Église", comme disait Jean XXIII, permettant aux méchants de faire quelque oeuvre secondaire de subversion en rentrant dans l'Église dont le pape leur avait ainsi ouvert portes et fenêtres... Mais la subversion principale et en grand de l'Église, c'est bien eux, les papes concordataires, qui en sont coupables. Les Carbonari de 1820 méditant de pénétrer près le Siège de Pierre aux fins de faire un pape "selon leurs besoins" pouvaient bien aller se faire rhabiller, en effet, quand c'était le pape Pie VII lui-même, dans le Concordat, donc bien avant eux, qui ouvrait les portes du conclave à la République française constitutionnellement athée, par l'art. 16 du Concordat lui accordant les mêmes droits et prérogatives dont jouissait, rappelons-nous, "l'ancien gouvernement" ; or, le principal de cesdits droits était... d'avoir des cardinaux et l’exclusive dans le conclave ! Heureusement, la République française, pendant tout le XIXème siècle dans lequel le droit d'exclusive fut encore valable (jusqu'à Pie X), ne s'en servit pas, mais... elle aurait très-bien pu s'en servir pour empêcher qu'un bon pape soit élu et pour tâcher de mettre sur le Siège de Pierre un mauvais pape "selon ses besoins"... si elle l'avait voulu !! Par la seule faute concordataire, donc, du pape Pie VII ! Comme pour le Bref Pastoralis Sollicitudo de Pie VI ou les concordats soviets et nazis, on est bien obligé de se rendre compte que le pape moderne allait plus loin dans le mal que les méchants, qui restaient en-deçà !!!
           
        Léon XIII suivant Pie IX, tombera lui aussi dans ce "transfert de culpabilité" en tâchant de dire, dans son célèbre exorcisme que c'étaient les méchants (et eux seuls) qui tâchaient de subvertir le Siège de Pierre : "L'Église, épouse de l'Agneau Immaculé, la voici saturée d'amertume et abreuvée de poison, par des ennemis très rusés ; ils ont porté leurs mains impies sur tout ce qu'elle désire de plus sacré. Là où fut institué le siège du bienheureux Pierre, et la chaire de la Vérité, là ils ont posé le trône de leur abomination dans l'impiété ; en sorte que le pasteur étant frappé, le troupeau puisse être dispersé". La tirade est belle, assurément, mais un peu de mea culpa sur la poitrine pontificale n'aurait pas fait de mal, car qui donc, incontinent pendant quasi tout un siècle, subvertissait le plus le Siège de Pierre, sinon le pape moderne lui-même soi-même, par la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement non-ordonnés à la poursuite du Bien commun ?!
           
        Les tradis sont tombés dans le panneau de ce "transfert de culpabilité". Mgr Lefebvre, pour en rester à lui, avait beaucoup retenu ces histoires de francs-maçons que l'historien Crétineau-Joly, aiguillé par le pape Pie IX, avait trouvé dans les archives secrètes du Vatican, et révélé dans son histoire L'Église romaine en face de la Révolution, ouvrage qui fut réédité en 1976, l'année même où Mgr Lefebvre montait au créneau contre la subversion de la Foi à Vatican II.
           
        Le mouvement lefébvriste, et derrière lui tout le mouvement tradi, s'avère n'être, en vérité, qu'un mouvement réactionnaire. Comme tout mouvement réactionnaire, il ne va pas au fond de la question en remontant à la cause première du mal générant "la crise de l'Église". Ainsi, on voit Mgr Lefebvre s'insérer très-bien dans la politique léontreizienne du Ralliement, et continuer avec le mouvement traditionaliste dont il était le chef charismatique, ce qu'il avait toujours fait en Afrique et dans toute sa vie sacerdotale puis épiscopale, c'est-à-dire reconnaître validité à toute société politique constituée, quelle qu'elle soit, même si elle est constitutionnellement athée. Pour lui, comme pour tous les clercs de sa génération qu'ils soient du reste d'esprit tradi ou moderne, les sociétés politiques issus de la Révolution sont valides et légitimes, et donc, pour actualiser ici-bas le Règne du Christ, il s'agit de frayer avec. Ce qui, pour en rester à Mgr Lefebvre, le faisait lui aussi vivre sa Foi dans la folie la plus totale, sur un plan pastoral pratique... tels Léon XIII ou Pie X, ce dernier pape étant pris par lui comme modèle parfait de sa lutte tradi et saint patron de son Institut, Fraternité Sacerdotale Saint Pie X, comme chacun sait (ou encore tel Pie XI, qui, tout en signant des concordats avec les "diaboliques", continuait, dans la contradiction la plus criante, à professer le règne du Christ-Roy sur les nations, en en faisant même, des plus solennellement, une... grande fête liturgique !).
           
        Je n'en veux pour preuve que le dernier livre que Mgr Lefebvre écrivit avant de mourir, en 1991, Ils L'ont découronné (= Ils ont découronné le Christ-Roy). Or, le dernier chapitre de son livre est intitulé Jésus-Christ, roi des républiques ! Dès l'abord de l'affirmation, on constate déjà qu'elle est étymologiquement dans l'absurdité la plus folle : un roy n'est en effet roy que d'un... royaume, c'est le royaume d'Absurdie de parler d'un roi qui serait roy d'un... État républicain (il y avait certes des "républiques" locales, des villes franchisées, etc., dans l'Ancien-Régime de nos roys très-chrétiens, mais elles étaient toutes insérées dans la Royauté nationale, et sujets formels du roy de France) ! Donc, il appert de la présentation des choses que Mgr Lefebvre faisait dans son livre Ils L'ont découronné, que le premier à découronner Jésus-Christ, c'était... l'auteur du livre, c'était... lui-même !!
           
        Mais il y a pire, bien pire, dans cette présentation des choses qu'il osait faire de la Royauté du Christ. C'est que les États républicains modernes sur lesquels Mgr Lefebvre voulait faire "régner" le Christ-Roy dans son livre, loin d'être des Républiques naturelles comme dans l'Antiquité, ne sont que des anti-Républiques, comme étant constitutionnellement athées. Alors, vouloir faire régner le Christ-Roy sur des républiques naturelles est déjà une absurdité, mais que dire lorsque l'on prétend faire régner le Christ-Roy sur des républiques ouvertement anti-Dieu dans leurs Constitutions basées sur "les droits de l'homme" révolutionnaires !! Nous ne sommes plus là en présence d'une simple absurdité, c'est un blasphème intégral contre le Christ, puisqu'on veut qu'Il règne sur des sociétés politiques... qui Lui sont ouvertement, haineusement et explicitement, rebelles et opposées ! Mais, tel on a vu plus le pape Pie X le saint Patron de la Fsspx le faire, Mgr Lefebvre était complètement aveuglé quant à cette absurdité totale et impie de considérer les gouvernements modernes constitutionnellement athées comme pouvant être les sujets de... la Royauté du Christ-Roy !!! Et cela, parce qu'il n'avait pas pris conscience que "la crise de l'Église" commençait par la perversion des Mœurs ecclésiales initiées par le concordat napoléonien du pape Pie VII, cette dite perversion consistant principalement dans la reconnaissance de la validité des sociétés politiques post-révolutionnaires constitutionnellement athées...
           
        Mgr Lefebvre, et d'une manière générale tout le mouvement tradi derrière lui (en ce compris les sédévacantistes et les "ralliés", etc.), luttait donc contre la subversion de la Foi dans l'Église tout en continuant à entretenir dans son âme la subversion des Mœurs ecclésiales qui avaient généré cette subversion de la Foi dans l'Église. Son combat ne pouvait donc qu'être stérile, ne pas aboutir. Or, si je parle ainsi de Mgr Lefebvre, ... paix à son âme !, car ce fut de toutes façons un combattant de la Foi valeureux !, c'est parce que son combat spirituel quant à "la crise de l'Église" résume et synthétise tout le combat tradi, toutes casquettes, chapelles, gonfanons et étiquettes confondues. Aucune mouvance tradi en effet n'a pris en compte la cause première de "la crise de l'Église" que je mets sur le chandelier dans ce nouvel article, qui consiste dans la subversion des Mœurs ecclésiales par le concordat napoléonien de Pie VII, et tous en sont restés à la cause seconde et subséquente de cette subversion, à savoir la seule corruption de la Foi à Vatican II. Mais Vatican II, comme je l'exprime dans le titre de mon article, n'est que le FRUIT POURRI de la pratique concordataire pontificale avec des États constitutionnellement athées. On ne saurait donc, comme l'a fait, et cependant fort bien fait quant à cela, Mgr Lefebvre, dire : J'accuse le Concile !, si en même temps, on ne dit pas : J'accuse le Concordat !, comme je l'ai fait moi-même dans mon livre (cf. au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/stories/users/43/JaccuseLeConcordat.pdf).
           
        L'aveuglement qui frappe notre génération humaine est tellement grand, que les évidences surnaturelles les plus évidentes ne touchent même plus les âmes, les réalités de la Foi cependant les plus visibles ne sont plus vues. À ce stade, on touche du doigt que l'homme n'est vraiment plus rien lorsqu'il est châtié de Dieu, sous le coup de sa Justice. Car cet aveuglement universel qui frappe l'homme moderne, surtout quand il est prêtre du Seigneur, est un châtiment de Dieu.
           
        La conclusion de tout cela n'est vraiment pas réjouissante.
           
        Ça nous la fiche vraiment très-mal, à nous tous, les catholiques actuels, de devoir constater que "la crise de l'Église" ne date pas de la mort de Pie XII ou de Vatican II, comme on se l'est paresseusement tellement dit depuis des lustres dans l'obscurantisme le plus honteux, mais qu'elle prend date un siècle et demi auparavant, dès Pie VII, dès immédiatement après la Révolution. Toutes les grandes statues du XIXème siècle et début XXème, que les tradis vénéraient comme des rocs solides de la Foi pour tenir bon la Tradition, les Pie IX, les saint Pie X, les cardinal Pie, et tutti quanti, s'écroulent donc lamentablement : eux aussi, en vérité, étaient déjà contaminés par l'esprit de l'Antéchrist, de manière occulte, sous le chapitre politique constitutionnel des Mœurs. Ils se croyaient forts dans la Foi, et nous les croyions tels, mais ils ne se rendaient pas compte que leurs Mœurs contredisaient radicalement leur Foi et leurs belles encycliques doctrinales. Il n'est hélas trop vrai que pendant tout le XIXème siècle, les papes modernes post-concordataires ont brandi très-haut la Foi, tout en pratiquant les Mœurs de l'anti-Foi. Il est certes très-humiliant de voir qu'aucun catholique ne se soit rendu compte de la subversion des Mœurs de l'Église, par le biais du Politique constitutionnel dès l'immédiat sortir de la Révolution. Et ce, par... les papes, par... les Vicaires du Christ qui ont reçu du Christ-Dieu la vertu suréminente de garder l'Épouse de toute subversion !! C'est peut-être bien pourquoi, d'ailleurs, on ne s'en est pas rendu compte, personne ne s'en est rendu compte, précisément à cause du prestige moral surnaturellement suréminent de la fonction pontificale suprême. Le catholique ne s'est rendu compte de cette subversion sournoise et occulte que lorsqu'elle a débouché brutalement dans la Foi, grosse et visible comme éléphante enceinte dans un corridor, par le tsunami doctrinal que fut Vatican II. 
           
        … Oh ! Je sais pertinemment bien que beaucoup n’aimeront pas qu’on remonte jusque là, et surtout sans voile de Noé, dans les causes de ce qu’il est convenu d’appeler "la crise de l’Église"… C’est de toutes façons à faire trembler, je l’avoue, et même, dans un premier sursaut impulsif et révolté de l'âme, à être amené dans la tentation de remettre en cause la Foi catholique. Mais le second sursaut doit nous faire nous ressaisir supérieurement dans la Foi : il s'agit en fait de monter au Calvaire Rédempteur là où est pendue cette fois-ci non plus Jésus sur la Croix du salut, mais son Épouse mystique, notre Mère et Église très-chère, Dame la sainte-Église.
           
        Certains ne voudront pas aller jusque là. J’entends déjà des : "Qui mange du pape en crèvera !" plus ou moins aigre-doux, de la part d’âmes pusillanimes qui ont peur que ça fasse mal, qui s'apeurent l'âme, voulant continuer à grignoter tout doucettement les "vérités diminuées" auxquelles elles se sont accoutumées, et qu’elles veulent croire capables de les sustenter surnaturellement jusqu’à l’Éternité bienheureuse…
           
        "Qui mange du pape en crèvera !", dites-vous ? Éh bien, je tiens à vous rassurer. Voilà qui ne peut me toucher. Et vous savez pourquoi ? Tout simplement parce que je suis déjà mort. Et même mort-lié pour ceux qui voudront bien se pencher sur l’onomastique et l’anthroponymie de mon nom.
           
        En effet, bien que je ne m'en sente pas digne, je fais partie de cette très-sainte et très-inconnue corporation de saint Lazare, la corporation des morts avec bandelettes (parce que la "puissance des ténèbres" a tellement peur que ses membres ressuscitent, ce qui leur est glorieusement promis de par Dieu, que les faire mourir ne lui suffit pas, il faut qu’elle les lie au surplus…) ; et pas seulement par une affiliation lointaine genre "tiers-ordre" mais au plus près des membres actifs dirigeants et besogneux (je dois cependant cette précision que j’en fais partie après avoir vu ma pauvre humanité lutter jusqu’à l’agonie pour "que ce calice s’éloigne de moi"…).
           
        Et donc, conséquemment et subséquemment, la mort ne peut plus rien contre moi, désolé, je ne peux pas… crever. Attendu qu’il est impossible de faire mourir quelqu’un qui est… déjà mort ! Depuis les lointaines origines du monde, il ne s’est pas trouvé, en effet, un seul exemple du contraire.
           
        ... Plus sérieusement, je veux dire au lecteur que je ne peux, dans ma méditation spirituelle, qu’admirer et adorer profondément, avec grand émerveillement, la Providence divine qui a ainsi formaté dans la mort liée le disque-dur de mon âme dès ma naissance, afin donc, entre autres raisons connues de Dieu seul et un peu de moi (pour ce qu’Il a bien daigné m’en révéler), de me permettre de manger du pape sans en crever.
           
        Puisqu’il fallait bien que quelqu’un en mangeât pour débrouiller dans la vérité vraie en vérité qui libère, l’apocalyptique "PASSION DE L'ÉGLISE" qui est la nôtre.
 
En la fête de Notre-Dame des affligés,
ce 9 mai 2020,
Vincent Morlier,
Écrivain catholique.