Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(2)
           
       
        [C'est le Concordat passé en 1801 entre Napoléon Bonaparte représentant une République française constitutionnellement athée, donc non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, et le pape Pie VII représentant l'Église catholique, qui va être cet acte par lequel le scandale va arriver, et qui va irrémédiablement, diablement étant en effet le mot et la chose du mot, plonger l'Église Universelle dans l'économie de la Passion du Christ, "LA PASSION DE L'ÉGLISE", sous le rapport des Mœurs... pour commencer.
           
        [Contrairement à ce que pensent en effet communément les esprits qui n'ont pas pris la mesure théologique exacte des choses, survolant très-superficiellement la question sans aucunement réfléchir, croyant avec tout le monde ce que tout le monde croit avec tout le monde, par mauvais habitus concordataire dans lequel tout le monde est aveuglément plongé depuis deux siècles tête sous l'eau comme Bécassine dans son étang, le Concordat est un acte d'enseignement magistériel pontifical ordinaire & universel, doté de soi de l'infaillibilité ecclésiale, un enseignement doctrinal portant sur les Mœurs.
        [La démonstration en est aisée à faire.]
           
 
        Premier point. ― Le Concordat a un objet formel de Mœurs.
           
        Ce n'est pas parce que le Concordat n'a pas un objet de Foi que cela suffit pour en conclure qu'il ne rentre pas dans le cadre de l'infaillibilité du Magistère ordinaire & universel d'enseignement, comme certains esprits vraiment superficiels ont l'air de se l'imaginer. En effet, comme je l'ai rappelé en commençant ces lignes, et ce n'est rien d'autre qu'un rappel des plus basiques, l'Église est dotée du charisme de l'infaillibilité non pas seulement pour la Foi MAIS, À ÉGALITE, POUR LES MŒURS. Il faut et il suffit donc qu'un acte pontifical ait pour objet les Mœurs pour qu'il puisse rentrer dans le cadre du Magistère ordinaire & universel, de soi doté de l'infaillibilité ecclésiale. Ce n'est pas la seule condition pour qu'il puisse y rentrer bien évidemment, mais c'en est une fondamentale. Or, le Concordat napoléonien, qui n'a certes pas pour objet la Foi, personne ne l'a jamais dit, a par contre formellement pour objet les Mœurs, et même, comme je l'ai dit dans mon introduction, le domaine le plus sacro-saint des Mœurs, celui ayant trait au criterium de validité des sociétés politiques : il enseigne en effet formellement aux fidèles la validité d'une société politique non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun ; le Concordat enseigne donc aux fidèles le rejet formel du criterium catholique de la validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul. Son objet est donc formellement les Mœurs.
           
        Deuxième point. ― Le pape, dans le Concordat napoléonien, enseigne en effet formellement la validité de la partie étatique co-contractante avec lui, qui est la République française constitutionnellement non-ordonnée à la poursuite du Bien commun.
           
        Car ce n'est pas parce qu'il n'y a nulle affirmation explicite du pape, dans le Concordat, de cette validité de l'État français de Napoléon, que le pape ne la fait pas, attendu que la structure juridique du Concordat suffit à la faire dire au pape, implicitement certes mais formellement. Tout concordat, qui est toujours un acte de portée internationale, diplomatique et solennel, est en effet une structure juridique synallagmatique qui présuppose formellement la validité de toutes et chacune des parties co-contractantes intervenantes et acceptées dans l'acte concordataire. Donc, le simple fait, pour le pape, d'accepter un partenaire concordataire dans un acte de cette nature est ipso-facto lui réputer formellement validité et, subséquemment, légitimité de toutes les œuvres politiques qu'il tire de son fond constitutionnel. Et le réputer ainsi à la face du monde entier et surtout de l'universalité des catholiques. Dans le Concordat, pour qu'on déduise que le pape professe la validité dudit État français, il n'y a donc nul besoin de déclaration explicite de sa pontificale part, sa seule et tacite acceptation officielle de l'État français comme partenaire concordataire est suffisante à lui faire professer formellement qu'il est valide. Or, l'hérésie réside justement dans le fait que le pape a accepté dans le Concordat napoléonien une partie étatique co-contractante qui était une société politique non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun.
           
        Troisième point. ― Le pape fait bel et bien dans le Concordat un véritable enseignement doctrinal quant aux Mœurs.
           
        Il ne sert de rien, en effet, de dire que le Concordat ne contient pas un enseignement doctrinal ni non plus une définition ex cathedra sur les Mœurs, que c'est seulement un acte pratique qui sous-entend effectivement un enseignement de cette nature, mais qui n'en est pas un. C'est bien sûr tout-à-fait exact : le pape Pie VII, dans le Concordat, n’a pas fait une déclaration doctrinale ainsi explicitement formulée, par exemple : "De par l’autorité de ma Charge apostolique, j’enseigne (ou définis) aux fidèles que, depuis la Révolution française, les pouvoirs politiques non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, doivent désormais être considérés, ceux du présent et ceux qui viendront à l’avenir, comme valides et légitimes". On serait là en présence d’un enseignement doctrinal ou d’une définition dogmatique du pape en matière de Mœurs, magistérielle, et donc de soi rentrant dans le cadre de l’infaillibilité, mais il n'y en a aucune de cette nature dans le Concordat.
           
        Cependant, il n'est pas du tout nécessaire qu'il y ait une déclaration de ce genre dans le Concordat pour qu'il s'y trouve formellement un enseignement doctrinal sur les Mœurs, l'acte concordataire formellement signifiant en lui-même, comme je l'ai exposé dans le point deux, est en effet théologiquement suffisant pour qu'il y ait enseignement magistériel. Saint Thomas d’Aquin, quand il en vient au péché d’apostasie, ne le définit pas seulement comme un reniement de la Foi verbal ou écrit de la part de celui qui commet ce péché, il dit très-clairement que celui qui pose un acte seul signifiant l’apostasie commet le péché formel. Et il donne comme exemple un catholique qui, sans cependant faire aucune déclaration d’apostasie, irait faire un pèlerinage à la Mecque pour vénérer le tombeau de Mahomet. Celui-là aurait commis le péché d’apostasie, même s'il n'accompagne pas son acte par la parole ou par l'écrit. C’est sur la même base qui veut que l’acte humain est signifiant en soi, je veux dire sans être forcément accompagné de la parole ou de l'écrit, que le Droit canon sanctionne également la communicatio in sacris, c’est-à-dire le catholique qui irait participer rituellement à un office non-catholique : celui-là, par ce seul acte, serait sanctionnable. Même s’il n’a fait aucune déclaration accompagnant son acte, du genre : "Je professe qu’il est catholique de pouvoir assister activement à une cérémonie musulmane ou une cène protestante". La théologie, ici, est basée sur la métaphysique naturelle qui veut que le corps est formellement signifiant, et partant, responsable. En d’autres termes, et pour en rester à notre problème, quand le pape pose un acte qui signifie de soi formellement un enseignement doctrinal quant à la Foi ou quant aux Mœurs, cela a une valeur théologiquement aussi forte que si le pape enseignait dans une encyclique. Si l’on soutenait le contraire, alors cela reviendrait à mettre en doute la réalité ontologique du corps dans l’être humain, et donc, on tomberait dans un concept gnostique du Magistère : seul le Magistère-âme compterait (= la parole, l'écrit), mais pas le Magistère-corps (= l’acte humain posé par le sujet autorisé du Magistère, dans notre cas, in casu : le pape seul).
           
        C'est pourquoi l'acceptation par le pape d'un partenaire étatique constitutionnellement non-ordonné à la poursuite du Bien commun dans l'acte synallagmatique d'un concordat qui vaut affirmation formelle de sa validité, signifie en effet formellement que le pape renie et rejette hérétiquement la doctrine catholique partagée par tous ses prédécesseurs sur le Siège de Pierre jusqu’à lui, ou plutôt, pardon, jusqu'au Pie VI de 1796, à savoir qu’un pouvoir politique qui n’est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun ne saurait être valide et légitime. Le Concordat signifie par le Magistère du pape que les catholiques doivent désormais croire très-orthodoxe de considérer comme valide et légitime, quelque pouvoir politique que ce soit, même un pouvoir politique constitutionnellement non-ordonné à la poursuite du Bien commun, voire même anti-Dieu ou anti-chrétien radical.
           
        Cette signifiance formelle de l'acte concordataire co-promulgué par le pape équivaut théologiquement à un enseignement magistériel pontifical.
           
        Ce n'est pas tout, il s'en faut extrêmement. Plusieurs articles dans le Concordat redisent et réaffirment pour leur damnable part, étonnamment et scandaleusement, cette reconnaissance structurelle formelle par le pape de la validité de l'État français athée de Napoléon aux yeux de tous. C’est d’autant plus grave que ce n’est donc plus seulement par la seule structure juridique synallagmatique concordataire, par la forme autrement dit, que la validité et la légitimité de la République française non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, est affirmée par le pape concordataire, ça l’est par des engagements écrits voulus et signés par Pie VII dans le Concordat lui-même, donc de fond. Ainsi, dans le Concordat, il y a convergence, addition simultanée de plusieurs engagements pontificaux, de forme et de fond, qui confortent définitivement, c’est-à-dire de manière absolument formelle et invincible, l'affirmation par le pape de la validité du gouvernement français napoléonien... non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun.
           
        J'en découvre quatre, de ces engagements de fond, que je vais maintenant lister :
           
        A) Le "serment" exigé des clercs français envers le gouvernement de la République française co-contractante au Concordat, est un de ces engagements pontificaux de fond dont je parle. Ce "serment", en effet, exigé du clergé catholique à l’endroit de la République française autant par Napoléon que par le pape concordataire, est, lui aussi, lui encore, une reconnaissance formelle de la validité du gouvernement français… non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun.
           
        En voici, pour commencer, les deux articles concordataires précis :
           
        "Art. 6. Les évêques, avant d’entrer en fonction prêteront directement entre les mains du premier consul le serment de fidélité qui était en usage avant le changement de gouvernement, exprimé dans les termes suivants : Je jure et promets à Dieu, sur les saints Évangiles, de garder obéissance et fidélité au gouvernement établi par la Constitution de la République française. Je promets aussi de n’avoir aucune intelligence, de n’assister à aucun conseil, de n’entretenir aucune ligue, soit au-dedans, soit au-dehors, qui soit contraire à la tranquillité publique, et si dans mon diocèse ou ailleurs, j’apprends qu’il se trame quelque chose au préjudice de l’État, je le ferai savoir au gouvernement. Art. 7. Les ecclésiastiques du second ordre [les curés] prêteront le même serment entre les mains des autorités civiles désignés par le gouvernement".
           
        Comprenons bien ce qu'est un "serment" envers le pouvoir politique. C'est quelque chose de sacré, prenant Dieu à témoin, qui, lorsqu'on est catholique, ne peut être fait qu'envers un pouvoir politique valide. Ou alors si l'on fait un serment envers un pouvoir politique mauvais, on épouse ipso-facto sa cause mauvaise et l'on commet soi-même personnellement le même péché que celui commis par le pouvoir politique mauvais, car le serment est une chose qui engage très-fortement la personne qui le fait. Voici comment Desjardins, un spécialiste du droit qui tâchait à grand'peine et en ahanant fort, dans les années 1880 (c’est-à-dire dans le contexte politico-religieux fort tendu et conflictuel qui voyait la montée des sectaires en France), de faire une apologie du Concordat dans un article que j'ai fort étudié quand j'ai rédigé mon ouvrage J'accuse le Concordat !, comment Desjardins disais-je, expose la question : "Les gouvernements chrétiens ont toujours regardé le serment comme la plus solide garantie de la fidélité des peuples. Ils croyaient avec raison que la pensée de Dieu et des engagements sacrés pris sous le regard de Son infinie Majesté raffermissait mieux que les gros bataillons les institutions fondamentales des royaumes [notons comme ici notre auteur entrevoie très-bien le caractère sacré du serment, qui prend Dieu à témoin ; et donc, son impact extraordinaire sur les âmes quant à la validité et la légitimité de son objet, personne ou institution, à laquelle il est prêté]. C’est pourquoi le serment de fidélité se trouvait alors à l’entrée de toutes les carrières publiques" (Le concordat – Étude théologique, historique et canonique, G. Desjardins, p. 35).
           
        Or, le pape ne peut évidemment obliger ses ouailles consacrées, ici celles françaises, à prêter serment envers un pouvoir politique que si celui-ci est formellement valide. Ainsi donc, que le lecteur note bien qu'un tel devoir d’obéissance intimé dans le Concordat à tout le clergé français envers la République française renforce considérablement, pour sa part, la réputation de sa validité. Selon saint Paul, en effet, le devoir d’obéissance politique est dû aux seules autorités qui sont constitutionnellement ordonnées au Bien commun, et qui donc, sont valides. Donc, puisque le pape insère dans le Concordat un serment d’obéissance à la République française cependant non-ordonnée constitutionnellement au Bien commun, c’est qu’il la répute formellement valide.
           
        Sur le plan de la théologie morale, un serment prêté à un pouvoir politique non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, est un péché infiniment grave, comme mettant l'âme qui le fait dans la voie certaine de la damnation, à tout le moins au for public. Il y a en effet, dans un tel serment, un caractère des plus sacrilèges, car, et Desjardins l’a noté dans son petit rappel historique, le serment solennel envers le pouvoir politique est passé par-devant Maître Dieu, notaire résidant dans le Ciel éternel, et qui, dans son étude notariale, tout Là-haut, enregistre des actes pour l’Éternité... Que bien dire, alors, lorsque le pape intime l'ordre aux évêques et au curés de prêter serment envers un pouvoir politique de péché !! Pie VII osait en effet prendre Dieu à témoin des serments qu'il obligeait ses clercs français de faire envers la République française de Napoléon non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun !!! Mais quand, contre l’enseignement de saint Paul, on ose prendre Dieu à témoin d’obéir à des pouvoirs politiques qui ne sont pas constitutionnellement ordonnés au Bien commun et qui donc ne sont pas valides, et qui donc enfin, ne viennent pas de Dieu, ON JURE TRÈS-GRIÈVEMENT CONTRE DIEU.
           
        Quand la très-sainte Vierge descend sur la montagne de La Salette en 1846, elle se plaint amèrement et en larmes que les paysans et les charretiers ne savent plus dire deux mots sans y placer au milieu le Nom de Dieu, jurant et pestant aux cent mille diables d’enfer. Il me semble que les histoires ne nous révèlent pas un jurement aussi grand dans l’Ancien-Régime, aussi commun (jurer publiquement était d’ailleurs réprimé par les lois très-chrétiennes, par exemple il est connu que le roy saint Louis punissait le jureur public assez terriblement, par le percement de la langue au fer rouge...). Alors, je pose la question : la coutume affreuse du jurement communément répandu, devenu courant chez les petites gens dans le XIXe siècle et le siècle suivant, n’était-elle pas l’affreux écho du serment concordataire, c’est-à-dire du grand jurement collectif et national que faisaient systématiquement tous et chacun de leurs évêques et curés français quand ils étaient investis de leur charge pastorale ???...
           
        D'autre part et pour finir, on n'aura pas manqué de noter dans la rédaction des art. 6 & 7 du Concordat, l'incroyable servilité exigée du clergé concordataire "du premier et du second ordre" envers un pouvoir politique non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun : le serment était en effet assorti d'une obligation formelle intimée au clergé de la délation politique de tout contrevenant à l'ordre révolutionnaire... établi. Quel parjure !, quelle ignominie sans nom pour l'Église, que ce p... (censuré) de Concordat napoléonien promu avec une ardeur sans nom par ce triste pape Chiaramonti-Pie VII complètement perverti au républicanisme et même au démocratisme dans sa tête et dans son âme, louchant dessus "l'œil fixé sur une chimère" comme dira Pie X des modernistes ! Comme Napoléon, à cause des mœurs politiques perverties, de la veulerie et de la trahison de Pie VII, avait raison de parler de "MES curés et mes gendarmes" ! Tout, par le Concordat, était désormais à lui...
           
        Ainsi donc, le "serment" exigé des grands-clercs et des clercs français envers la République française de Napoléon, était une affirmation concordataire de plus, de la part du pape, de sa validité.
           
        B) Quant aux très-scandaleuses "prières publiques pour la République" faites rituellement et obligatoirement dans toutes les églises de France & de Navarre, elles ne font qu’aggraver encore plus les choses, en confortant singulièrement, par un deuxième engagement concordataire pontifical de fond donc, la réputation de validité du gouvernement français… non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun.
           
        De quoi s’agit-il ? "Le gouvernement français ne se contenta pas de faire intervenir la religion par le serment de fidélité, il réclama de plus le bénéfice des prières publiques. Il n’eût assurément aucune difficulté à vaincre sur ce point dans les négociations du Concordat. L’article 8 porte que «Dans toutes les églises de France, après les divins offices, on chantera le : Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine salvos fac consules». La récitation de ces prières rentrait dans les plus anciennes traditions de l’Église, qui n’a jamais omis de prier pour la prospérité des États et celle des princes. Déjà sous l’empire de Néron, saint Paul recommandait aux chrétiens d’appeler par leurs prières les bénédictions du ciel sur les chefs du gouvernement, motivant cette recommandation sur la mission qu’ont reçue les princes de nous assurer ici-bas une vie tranquille, en toute piété et chasteté (I Tim, II, 2)" (Le concordat, etc., Desjardins, p. 37). Archi-fausse et scandaleuse comparaison de notre auteur pro-concordataire, presque risible par son illogisme : la nature du pouvoir politique romain dont Néron usait, nonobstant le caractère mauvais de ce "chef de gouvernement", tendait vers le Bien commun, et donc, le raisonnement paulinien s’applique en toute justice à lui ; il n’en est plus du tout de même pour la nature du pouvoir politique dont use Napoléon, qui ne tend pas vers le Bien commun ; et donc, le raisonnement paulinien ne peut lui être appliqué d'aucune manière, comme le veut concordatairement notre mensonger Desjardins. Le chef d’un mauvais gouvernement qui n’est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun, en effet, ne peut pas être réputé, sur le plan catholique, en tout état de cause et de quelque manière que ce soit, "un prince qui nous assure une vie tranquille, en toute piété et chasteté".
           
        Napoléon Bonaparte voulait des prières publiques à l’Église, nullement par piété (... on s’en doute !), mais par un calcul sacrilège puisqu’il introduit la mention de la République constitutionnellement athée dans des formules rituelles, là même où le Fils de Dieu offre son Sacrifice pour tous les hommes qui veulent se sauver (un salut constitutionnellement et officiellement rejeté par ladite République… athée). Le tragique, c'est que le pape concordataire céda honteusement en tous points à Napoléon qui savait très-bien ce qu'il faisait en voulant des articles concordataires qui affirmaient de soi très-fort la validité du pouvoir politique qu'il représentait...
           
        Or donc, cette "prière publique" à l’église Salvam fac Rempublicam est profondément SACRILÈGE. Le lecteur à la Foi pure a déjà compris pourquoi : elle introduit rituellement dans le Lieu-Saint une République non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. Demander à Dieu dans sa prière privée qu’il nous garde une telle République de péché, c’est déjà un gros blasphème. Mais le demander publiquement et rituellement à l’Église, tuediable, voilà un ÉNORME SACRILÈGE !!!
           
        D’autre part, et, comme pour la question du "serment" c’est ce point qui m’intéresse le plus, voilà encore un article concordataire sur lequel le pape s’engage, qui répute formellement la validité du gouvernement républicain français à tous les yeux. Car on ne prie Dieu à l’Église, dans l’acte rituel recouvert de soi de la note de Sainteté de l’Église, que pour ce qui est valide et légitime. Faire prier rituellement pour la République française à l’Église, c’est donc formellement la réputer valide et légitime. Saint Paul, souvenons-nous, lorsqu’il demande qu’on prie pour les roys et gouverneurs, les suppose poursuivre formellement le Bien commun et donc, être légitimes ; il n’aurait au grand jamais demandé qu’on prie pour eux s’il avait eu un seul doute sur cela, il se serait appuyé tout au contraire, comme la Foi commande de le faire, sur le redoutable anathème du Christ : "Je ne prie pas pour le monde" (Jn XVII, 9). Le "monde" ici, dans la bouche du Christ, c’est précisément tout pouvoir politique qui ne reconnaît pas Dieu, qui ne vit pas de la grâce surnaturelle, qui n’est pas constitutionnellement ordonné au Bien commun, qui, enfin, n’est pas… valide.
           
        Mais représentons-nous mentalement un français honnête du XIXème siècle, pas même forcément catholique pratiquant, qui, se trouvant fortuitement au beau milieu d’une grande foule de ses concitoyens assemblés qui invoquent Dieu, entend, dans les pompes, les volutes d'encens et les solennités sacrées, le prêtre prier pour la République française de Napoléon : quelle force de persuasion extraordinaire pour lui prouver que celle-ci est valide et légitime ! Prier Dieu à l'Église publiquement pour une Institution, c'est automatiquement dire qu'elle est valide ! Jamais, voyons, un prêtre ne prierait au cœur de son rite sacré, en présence de son Dieu, pour quelque chose qui ne serait pas valide et légitime, ne pourra-t-il que se dire ! En sortant de la cérémonie, ce français honnête ne peut qu’être absolument convaincu de la validité des nouvelles "autorités constituées"… constitutionnellement athées. Après une telle cérémonie, personne ne pourra plus lui dire que l’Église ne reconnaît pas la validité de la République française… constitutionnellement athée.
           
        C’est justement la raison profonde pour laquelle Napoléon, bien plus malin pour faire triompher sa cause que le pape Pie VII (qui n'avait qu'une idée en tête : favoriser par-dessus tout les nouvelles formes républicaines-démocrates des "novateurs" comme disait Pie VI, mettant à la deuxième place la Cause de Dieu et de son Église), voulait absolument les prières publiques à l’Église (un Napoléon qui, faut-il le préciser, se contrefichait éperdument qu’on prie Dieu pour la République française !) : pour que la République française qu'il représentait, constitutionnellement non-ordonnée au Bien commun, SOIT RÉPUTÉE VALIDE ET LÉGITIME. Cependant, même Desjardins, pro-concordataire, n'a pu s'empêcher de se rendre compte de cette motivation profonde de Napoléon : "[Napoléon] eut assez de sens pour comprendre quelle force ajouterait aux institutions nouvelles la mention solennelle, tous les dimanches répétée, de la République et de ses gouvernants. Nos nouveaux jacobins [des années 1880] le sentent aussi par une sorte d’instinct qui l’emporte sur leur haine de la religion. Ils ont bien effacé de la Constitution les prières publiques faites à l’ouverture des chambres législatives ; mais ils se gardent de supprimer le chant du Salvam fac les jours de dimanche et de fêtes. Malheur au curé qui omettrait ces prières. Promptement dénoncé, il verrait supprimer son traitement et n’aurait plus à attendre que vexation de la part de l’administration" (Le concordat, etc., Desjardins, p. 37).
           
        La conclusion de tout ce que dessus est simplissime. Voilà encore un deuxième engagement pontifical concordataire de fond, sûrement le plus scandaleux par son caractère sacrilège, plus sacrilège encore que le serment qui l’est déjà énormément, qui vient, ô combien !, renforcer dans le Concordat la réputation de validité de la République française… constitutionnellement non-ordonnée à la poursuite du Bien commun. Et qui entendait bien... ne s'y ordonner point, malgré lesdites prières rituelles dont elle se contrefichait éperdument, aux cent mille diables d'enfer…
           
        C) Dans le Concordat, le pape Pie VII osait mettre sur pied d’égalité parfaite, quant aux droits et prérogatives dont pouvait jouir par rapport à l'Église tout pouvoir politique, l’ancien gouvernement royal très-chrétien ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, et le pouvoir politique révolutionnaire napoléonien non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. L'art. 16 le stipulait ainsi : "Sa Sainteté reconnaît, dans le premier Consul de la République française, les mêmes droits et prérogatives dont jouissait près d'elle l'ancien gouvernement". Et remarquons bien que cette mise sur même pied d'égalité parfaite entre l'ancien gouvernement des roys très-chrétiens et le nouveau gouvernement révolutionnaire de Napoléon, était déjà faite pour le serment exigé des clercs envers le gouvernement français, comme nous l'avons vu ci-dessus : "Art. 6. Les évêques, avant d’entrer en fonction prêteront directement entre les mains du premier consul le serment de fidélité qui était en usage avant le changement de gouvernement, etc."
           
        La question, infiniment scandaleuse, est à peine à poser : mais sur quoi donc étaient fondés essentiellement lesdits droits et prérogatives dont bénéficiait ce que le pape osait appeler d’une manière profondément blasphématoire "l’ancien gouvernement" (c’est-à-dire, excusez du peu : le gouvernement des roys très-chrétiens, sacral, théocratiquement mis en route par le Christ Lui-même à la Noël 496, par le moyen miraculeux de la Sainte-Ampoule, pour le salut de toutes et chacune des Nations tant que le Temps d’icelles perdurera de par Dieu ; la Noël 496 a été en effet une véritable Épiphanie divine par laquelle le Christ a informé de la Rédemption, au sens théologique fort, toute la sphère sociopolitique, ce qui n’avait pas eu lieu jusque là, même avec les empereurs romains convertis, Constantin et après lui, Justinien), qualificatif méprisant et tellement impie qui montrait très-bien que pour le pape moderne concordataire, c'en était bien fini des pouvoirs politiques constitutionnellement ordonnés à la poursuite du Bien commun, il fallait désormais définitivement passer, comme disait le pape Pie VI, aux "novateurs", c'est-à-dire aux pouvoirs politiques issus de la Révolution, non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun ? Réponse : lesdits droits et prérogatives dudit "ancien gouvernement" étaient basés sur le caractère de validité et légitimité formelles de son pouvoir politique, le reste, c'est-à-dire lesdits droits et prérogatives, en découlant tout naturellement, comme le surcroît du Royaume de Dieu.
           
        Pour que nul n'en ignore, "voici le détail de ces prérogatives d’après Boulay de la Meurthe : «La principale est d’avoir des cardinaux [!!!] ; il faut aussi mentionner le droit pour le gouvernement français d’avoir à Rome un cardinal-protecteur, un auditeur de Rote, un ambassadeur avec des préséances, une juridiction et l’exclusive dans le conclave [!!!], des établissement, une académie des arts et une poste particulière [dans Rome]» (Documents,  t. III, p. 758, cité par DTC, art. Concordats, col. 753). Tuediable & morsangbleu ! Est-ce qu’on se rend bien compte de ce que l’on vient de lire ? Le Concordat accordait en droit à la République française… constitutionnellement athée, des cardinaux avec le droit d’exclusive dans le conclave !!! En vérité, nul besoin d’aller chercher les Nubius et autres Volpe, ces adeptes des Illuminés de Bavière, pour pénétrer secrètement le saint des saints au Vatican aux fins de faire un pape qui serait des leurs, c’est… le pape du Concordat lui-même soi-même qui ouvrait dans cet art. 16 les portes du conclave à l’ennemi…!!!
           
        Donc, le pape, par son affirmation que Napoléon bénéficiait des mêmes droits et prérogatives que ceux dont jouissait "l’ancien gouvernement" comme il dit, réputait par-là même formellement validité et légitimité au gouvernement de la république française… non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. Les droits et prérogatives de "l’ancien gouvernement" n’étaient tels, en effet, qu'en raison précise de sa validité subséquente à l'ordonnance constitutionnelle de son pouvoir à la poursuite du Bien commun. Dire donc du nouveau gouvernement qu’il en bénéficie identiquement, tels quels, c’est affirmer qu'il est pareillement valide et légitime. Dont acte.
           
        D) Mais la prérogative assurément la plus sacrée, la plus suréminente, qui puisse être accordée par l'Église à un pouvoir politique valide et ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, sa suprême marque de confiance envers lui et même de communion intime avec lui, est de lui accorder de nommer les premiers pasteurs de la Nation, archevêques et évêques, chefs des diocèses catholiques. Le pape de Napoléon, oh... pardon !, du Concordat, a bien garde d'y manquer. Il accorde cette prérogative sacrée, via Napoléon, à la République française... non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, sans sourciller ni ciller aucunement des yeux, dans les art. 4 & 5 du Concordat, ainsi rédigés : "Art. 4. Le premier Consul de la République nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la circonscription nouvelle. Sa Sainteté conférera l'institution canonique suivant les formes établies par rapport à la France avec le changement de gouvernement. Art. 5. Les nominations aux évêchés qui vaqueront dans la suite seront également faites par le premier Consul, et l'institution canonique sera donnée par le Saint-Siège, en conformité de l'article précédent".
           
        Comme la prérogative de nommer les premiers chefs de l'Église de la Nation est la prérogative suprême et suréminente d'un pouvoir politique valide, il y a donc ici, de la part de Pie VII, une suprême et suréminente (et surtout abominable) affirmation de la validité de l'État français de Napoléon... non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun !
           
        Récapitulons cette multiple et abominable abomination de la désolation dans le Lieu-Saint.
           
        Nous en sommes à cinq affirmations formelles de la validité de l'État français dans le Concordat, très-fort cautionnées et voulues par le pape Pie VII. 1/ l'acceptation de l'État français dans un concordat dont la forme juridique synallagmatique présuppose formellement la validité de tous et chacun des co-contractants concordataires acceptés ; 2/ le serment obligatoire intimé aux clergé français "du premier et du second ordre" envers la République de Napoléon (art. 6 & 7) ; 3/ les prières publiques à l’Église pour ladite République (art. 8) ; 4/ les mêmes prérogatives et droits transférés tels quels de l’ancien au nouveau gouvernement de ladite République (art. 16), dont 5/ les plus suprêmes et suréminents sont la nomination des premiers pasteurs de France accordée à l'État français de Napoléon (art. 4 & 5).
           
        ... Comment dès lors pourrait-on s'étonner, le pape criant si fortement dans le Concordat à tous les échos du Ciel et surtout de l'enfer, à gosier ouvert et à tue-tête, la validité de la République française, de voir le très-sérieux Dictionnaire de Théologie Catholique (DTC), écrire, tout naturellement : "LE CONCORDAT IMPLIQUAIT LA RECONNAISSANCE DE LA RÉPUBLIQUE PAR LE PAPE" (art. Concordats, col. 753)…!
           
        Mais je conclue quant à moi le troisième point de ma démonstration :
           
        Quand bien même il n'y a pas enseignement doctrinal explicite par décret ni non plus par définition dogmatique ex cathedra dans le Concordat napoléonien, il n'y en a pas moins un vrai enseignement formel par le pape sur un point de doctrine capital ayant trait aux Mœurs, à savoir : un pouvoir politique non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, est valide et légitime.
           
        Cela suffit pour faire du Concordat napoléonien un acte du Magistère d'enseignement, susceptible de pouvoir être de soi doté de l'infaillibilité. Il y a certes encore d'autres conditions à remplir pour qu'il soit vraiment un acte de cette nature, que je vais examiner tout-de-suite, mais ce point fondamental est déjà acquis : le Concordat est un enseignement pontifical ordinaire sur la chose des Mœurs par l'acte formellement signifiant du Concordat lui-même.
           
        Avant le Concordat, tout catholique doit croire que le pouvoir politique est valide si, et seulement si, sa Constitution est ordonnée à la poursuite du Bien commun. Après le Concordat, c'est désormais le contraire, tout le contraire, qu'il doit croire, de par l'enseignement magistériel pontifical de Pie VII : le pouvoir politique qui n'est pas constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun est lui aussi valide ; tout pouvoir "constitué" ou "établi" par l'homme est valide, qu'il soit ou bien non constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun (c'est ni plus ni moins une apostasie qui fait passer l'homme avant Dieu, puis qui supprime carrément Dieu). J'ai pris tout-à-l'heure l'exemple d'un français assistant à une grand'messe solennelle à la fin de laquelle les prières rituelles étaient dites pour la République française de Napoléon, Domine, salvam fac Rempublicam ; Domine salvos fac consules : en sortant de l'office où le prêtre priait Dieu pour la République française, il ne pouvait que croire à la validité de la République française...
           
        Il y a donc là enseignement pontifical magistériel formel, quand bien même il n'y a pas encyclique pour le dire ni non plus proclamation dogmatique.
           
        Le Magistère pontifical en effet, n'est pas d'abord une question de forme adoptée par le pape pour l'enseignement qu'il désire donner aux fidèles, c'est essentiellement une question de fond, c'est-à-dire de doctrine regardant la Foi ou les Mœurs. Le bénédictin de Solesmes Dom Paul Nau (1901-1984) est à ma connaissance le théologien qui a serré au plus près et de la manière la plus savante et la plus orthodoxe, cette question du Magistère ordinaire pontifical, dans deux articles très-travaillés qu'il écrivit en 1956 et en 1962. Dans celui de 1956, il nous dit ceci, qui est très-important à considérer pour notre sujet : "Le pape demeure libre, même dans le cas d'un jugement solennel, de choisir le mode d'expression qu'il juge le plus opportun. Il pourrait pour une définition [dogmatique] utiliser une [simple] encyclique ou un radio-message, aussi bien qu'une Constitution apostolique majestueusement inscrite sur une bulle. À plus forte raison en est-il de même pour le magistère ordinaire" (Le Magistère pontifical ordinaire, lieu théologique, Dom Paul Nau, 14 juillet 1956, p. 404, article n° 1 inséré dans la Revue thomiste). C'est ainsi par exemple que le pape Benoît XIV, pour faire passer l’enseignement ordinaire dans la France gallicane rebelle du XVIIIe siècle, aurait bien voulu le sertir dans un document aux formes solennelles, pour marquer l’esprit des français rétifs, mais il fut obligé d'employer les simples encycliques au lieu des bulles, parce que ces dernières étaient protocolairement soumises au placet des Parlements gallicans avant leur diffusion dans la France, et que bien entendu ce placet était refusé.
           
        Nous sommes dans ce même cas de figure avec le Concordat napoléonien. Il y a bel et bien, ou plutôt fort mal, dans le Concordat, enseignement doctrinal formel sur un point de Mœurs de la part du pape : tout fidèle catholique de toute l'orbe catholique est en effet enseigné concordatairement non moins que doctrinalement par le pape qu'un pouvoir politique constitutionnellement non-ordonné au Bien commun est cependant valide et légitime, quand bien même le pape ne prend pour le dire qu'une forme d'appareil extérieur magistériel. C'est tout l'objet de mon troisième point de le bien montrer et démontrer.
           
        Mais nous n'en avons pas encore fini pour décider si, oui ou non, le Concordat rentre dans les actes du Magistère pontifical ordinaire couvert par l'infaillibilité, il nous faut examiner encore deux points capitaux.
           
        Quatrième point. ― Pour qu'un acte ecclésial ressortît du Magistère ordinaire & universel doté de l'infaillibilité, il faut absolument que la doctrine professée soit originée sur la Parole de Dieu. Le P. Héris, o.p., résume ainsi la question : "Pour reconnaître les cas où l'infaillibilité de l'Église est engagée, il suffit de se rappeler que toute doctrine enseignée universellement par les pasteurs chargés de conduire le troupeau du Christ, et donnée manifestement comme appartenant directement ou indirectement à la Révélation, est infaillible" (L'Église du Christ, Le Cerf 1930, pp. 44-45).
           
        Or, dans le Concordat napoléonien, il n'y a nulle déclaration du pape d'appuyer sa nouvelle doctrine, à savoir qu'une société politique non-ordonnée constitutionnellement à la poursuite du Bien commun est valide et légitime, sur la Parole de Dieu ou le Dépôt révélé.
           
        Stricto sensu, c'est bien sûr textuellement vrai : il n'y a pas de déclaration de Pie VII dans le Concordat pour lier et originer théologiquement cette nouvelle doctrine sur la Parole de Dieu. Mais, là encore, il n'y en a... nul besoin. En effet, la fameuse, fumeuse et hérétique doctrine en question est formellement considérée par ses tenants, Pie VII et avant lui le Pie VI de Pastoralis Sollicitudo, comme un DOGME. Pie VI l'affirme très-clairement dans son incroyable Bref : "C’est un dogme reçu dans la religion catholique que l’établissement des gouvernements est l’ouvrage de la sagesse divine" (... propos appliqués monstrueusement, rappelons-nous, au Directoire, gouvernement non-ordonné constitutionnellement à la poursuite du Bien commun comme aucun autre gouvernement de la Révolution ne le fut comme lui...!). Et Pie VII croit à cette doctrine de la même manière formelle que Pie VI : c'est pour lui un dogme défini dans l'Église.
           
        Or, de soi, tout dogme, qui théologiquement est une doctrine définie, une "sententia finalis terminativa" (Dom Paul Nau), s'appuie toujours sur la Parole de Dieu, par le fait même que, précisément, elle est définie. Il n'y a pas d'exemple, dans le catalogue dogmatique de l'Église, et théologiquement il ne saurait y en avoir aucun, de dogme qui ne s'originerait pas sur la Parole de Dieu.
           
        Puisque donc les tenants de cette nouvelle doctrine la considèrent comme un dogme, elle est donc censée s'appuyer sur la Parole de Dieu, par principe théologique formel, et, à la limite, il n'est même pas besoin de savoir sur quelle Parole de Dieu ils l'appuient pour savoir que cette condition est remplie. La simple affirmation de leur part que c'est un dogme suffit (... nous savons cependant fort bien sur quelle Parole scripturaire ils osent l'appuyer : sur une lecture hérétique de Rom XIII et de saint Pierre s'exprimant à l'identique de saint Paul sur le sujet politique).
           
        Il reste un dernier point important à examiner :
           
        Cinquième point. ― Le P. Héris vient de nous le rappeler, un enseignement magistériel couvert par l'infaillibilité ecclésiale doit obligatoirement être doté de la note d'universalité. Dom Paul Nau donne la raison théologique de cette nécessaire note d'universalité des documents magistériaux couverts par l'infaillibilité ecclésiale, ainsi : "D'après ces Promesses [du Christ], la garantie [d'infaillibilité] n'est pas promise inconditionnellement à l'autorité suprême, mais seulement à celle-ci dans sa relation à l'Église universelle, seule bénéficiaire des Promesses divines [d'infaillibilité]. (…) Les textes scripturaires qui nous témoignent de cette dernière [l'expression formelle de la volonté du Christ concernant le charisme d'infaillibilité], nous montrent ce privilège, non pas attaché à l'autorité suprême comme telle, mais à la relation de cette dernière à l'Église universelle, dont il a pour but de conserver la Foi dans son unité et son intégrité" (Le Magistère pontifical ordinaire, lieu théologique, Nau, article n° 2 inséré dans la Revue thomiste, 1962, pp. 362 & 389‑390).
           
        Or, on pourrait faire l'objection suivante : si certes le Concordat émane du pape qui, de soi, représente à lui tout seul l'Église Universelle dans tout enseignement ordinaire, il ne s'adresse qu'à la nation française, aux français. Étant universel en amont, il ne l'est pas en aval, aux destinataires de l'enseignement. Ne s'adressant pas à l'universalité des fidèles, le Concordat n'est donc pas l'expression du Magistère ordinaire & universel, il n'est donc pas couvert par l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Ainsi donc, on objecterait que le Concordat ne puisse ressortir d'un document ecclésial doté de l'infaillibilité parce qu'il ne s'adresserait pas à l'universalité des fidèles catholiques. Cependant, l’argument ne tient pas longtemps debout. La raison en est qu’un acte pontifical magistériel qui s’adresse à une simple fraction de l’Église peut fort bien, malgré cela, avoir vocation universelle. Ce n’est même pas rare.
           
        Dom Paul Nau, cette autorité suréminente sur la question que je continue de citer, va plus loin encore, et a parfaitement raison de le faire, en posant que les discours du pape sur un sujet doctrinal adressés à une simple fraction du monde catholique, rentrent la plupart du temps dans le cadre de l'infaillibilité, à cause de leur retentissement universel sur les âmes : "Il faut se garder de se fier uniquement à des indices trop matériels. Une constitution apostolique, une encyclique, un radio-message au monde ont sans doute une destination expressément universelle. Il n'est pas certain pourtant que leur répercussion doive être toujours plus étendue que celle d'une lettre ou d'une allocution qui ne sont directement adressées qu'à un groupe restreint, mais moins comme ultime destinataire que comme porte-voix ou amplificateur. Tel est le cas d'abord des lettres ou allocutions adressées aux évêques. Docteur enseignant les Maîtres, Pasteur instruisant les Pasteurs, le pape exerce alors un magistère virtuellement universel (l'expression est du R.P. Congar, Bulletin de théologie, RSPT XXXVII, 1953, p. 734). C'est ce qui fait l'importance capitale des encycliques, de celles surtout qui sont adressées à l'épiscopat tout entier. Mais le pape peut choisir d'autres intermédiaires. Par un extrême souci de tact et de délicatesse, Pie XII a tenu, pour rappeler certaines lois plus délicates de la morale conjugale, à les confier à des auditoires de techniciens, médecins ou sages-femmes. Il est indubitable pourtant que de tels discours voulaient avoir et ont eu en fait une audience autrement plus large que celle de leurs seuls auditeurs immédiats. Le souverain pontife l'a affirmé aux jeunes époux : c'est à tous les foyers qu'il entendait s'adresser et les divers enseignements, donnés partiellement à chaque audience, formaient bien dans sa pensée un corps uni de doctrine. La même chose est affirmée des enseignements donnés aux curés de Rome, qui valent pour tous les chefs de paroisse : Lettre de la Secrétairerie d'État au cardinal Lercaro, dans O. R., 16 septembre 1954" (Le Magistère pontifical ordinaire, lieu théologique, Nau, article n° 1, 1956, pp. 405-406).
           
        Or, on est tout-à-fait dans ce cas de figure avec le Concordat.
           
        Au rapport des historiens, cet acte concordataire premier du genre après la Révolution, servira de matrice à tous les concordats postérieurs passés entre le Saint-Siège et les autres États que la seule France, bouleversés par la Révolution française et l’épopée napoléonienne. Le Concordat napoléonien sera une sorte de canevas archétypal de ceux qui le suivront, en Europe bien sûr, mais par après, sur la lancée, DANS LE MONDE ENTIER. La grande majorité des concordats du XIXe siècle, puis bien entendu plus encore ceux du XXe, seront en effet systématiquement formatés sur celui napoléonien. "De 1800 à 1830, l’Église conclut avec les diverses nations plus de trente concordats dont le modèle est le Concordat signé le 15 juillet 1801 par le pape Pie VII et le premier consul Bonaparte" (Ecclesia — encyclopédie populaire des connaissances religieuses, Blood & Gay, 1941, p. 461). "Le Concordat fera, en France, système ; à l'extérieur, exemple, à travers l'Europe d'abord, plus tard, au début du règne du pape Pie IX, en Amérique latine même" (Claude Langlois, directeur d'études à l'École pratique des hautes études-Sciences religieuses, art. Le Concordat et le régime des cultes reconnus).
           
        Or, bien entendu, ce caractère matriciel du Concordat napoléonien pour les concordats postérieurs à lui, n’est pas seulement une question de forme, c’est malheureusement surtout du fond dont il s’agit, à savoir essentiellement de considérer comme chose désormais théologiquement admissible, normale, et même souhaitable, de pratiquer et professer implicitement l’indifférentisme absolu quant à l'ordonnance ou la non-ordonnance constitutionnelle à la poursuite du Bien commun du partenaire étatique concordataire. C’est bien le Concordat napoléonien qui donne universellement, dans le monde entier, ce damné branle de signer désormais des concordats avec des États non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, et, du reste, plus généralement, de se permettre de "dialoguer" avec des pouvoirs politiques non-catholiques sans qu’il y ait forcément de concordat à la clef. C’est-à-dire en définitive, de vouloir vivre désormais dans une société "chrétienne-laïque" et non plus "chrétienne-sacrale" (laquelle exige formellement un partenaire concordataire constitutionnellement ordonné à la poursuite du Bien commun).
           
        L'enseignement doctrinal sur les Mœurs du Concordat a donc une destination théologique UNIVERSELLE, et non particulière.
           
        L’Histoire enregistre en effet que ce mouvement hétérodoxe initié par le Concordat prend immédiatement après lui son essor réprouvé dans toutes les directions universelles possibles, très-notamment sous l’impulsion énergique et très-décidée du cardinal Hercule Consalvi, la cheville ouvrière du Concordat (et qui le fut aussi de l'élection de Chiaramonti au Siège de Pierre), le bras droit de Pie VII qui en avait fait son secrétaire d'État, lequel cardinal, "développe les relations du Saint-Siège AU-DELÀ DE LEUR CERCLE HABI­TUEL" (Wikipédia, art. Ercole Consalvi).
           
        Quel était ce cercle habituel, dans lequel s'inscrivaient tout naturellement les partenaires acceptés par le pape dans les concordats, avant celui de 1801 ? Pas difficile de le décrypter : seuls les pouvoirs politiques catholique, comme étant ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun, étaient admis à traiter avec l'Église ; les autres n'y avaient aucun droit, parce que, théologiquement, ils... n'existaient tout simplement pas ! L'Église suivait alors l'enseignement de l'Apôtre des nations en Rom XIII, qui, je l'ai dis plus haut, ne traite que des "puissances", comme il dit, qui sont valides comme poursuivant constitutionnellement le Bien commun, n'ayant aucun mot pour les autres... qui n'existent tout simplement pas pour saint Paul.
           
        Même Desjardins est bien obligé de reconnaître ce point fondamental, dans son article contradictoirement pro-concordataire : "§ 1. En style ecclésiastique, on appelle concordat une convention relative aux intérêts spirituels d’ordre public, conclue entre le souverain Pontife, d’une part ; de l’autre, avec une nation catholique, représentée par ses chefs spirituels ou temporels. Cette convention prend, le plus souvent, la forme d’un traité international" (Le concordat, etc., Desjardins, p. 1). L’Histoire ecclésiastique enregistre d’ailleurs dans les faits cette première grande règle, sans exception aucune (ce qu’on sait de manière sûre, l’histoire des concordats ecclésiastiques étant en effet très-connue puisque ce système est récent dans l’Église, comme voyant le jour seulement dans les débuts de la Renaissance entre les princes catholiques et le pape : "Les concordats sont de date relativement récente. On n’en compte que six avant le XVIIIe siècle, douze dans le XVIIIe siècle, et trente-deux dans le XIXe siècle, jusqu’à 1863" ― Les concordats et l’obligation réciproque qu’ils imposent à l’Église et l’État, lettre de Monseigneur Turinaz, évêque de Nancy et de Toul, à un professeur du grand séminaire de Nancy, 1888, p. 51).
           
        Le Concordat de 1801 a donc véritablement, indéniablement, une notation théologique d'universalité. Avant lui, l’Église ne pactisait pas avec des États non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun ; après lui, qui l’enregistre pour la première fois de toute l’histoire de l’Église, cela devient universellement possible, et c'est lui qui initie dans toutes les nations cette nouvelle théologie hérétique quant aux Mœurs.
           
        En s'appuyant sur le Concordat de 1801, on voit en effet les grands-clercs, pape en tête, s'engager à fond du donf dans cette voie-là. Pervertie par le Concordat, l'Église ira de Charybde en Scylla, gauchissant de plus en plus ses Mœurs concordataires. Sans parler de l'antéchristique concordat passé par Pie XI avec Hitler en 1933, on verra, sous Paul VI, le Saint-Siège passer concordat avec la Tunisie en 1964, avec, donc, pour la première fois de toute l’histoire de l’Église, un État… confessionnellement MUSULMAN !!! Saint Pie V a dû s'en retourner violemment dans sa tombe, lui qui, dans une sainte-colère, disait que reconnaître le pouvoir politique du Pacha turc n'était "pas autre chose que d'appeler le mal, bien, et le bien, mal" ! Même les historiens se rendent compte de ce changement complet, de ce tournant à 180° : "L’accord de 1801 ouvrit en Europe l’«ère des concordat». Mais ces traités, signés entre le pouvoir spirituel et des puissances temporelles laïcisées, parfois non-catholiques, étaient TOUT DIFFÉRENTS des concordats des siècles passés, du type de celui de 1516 entre Léon X et François 1er" (Le petit Mourre, dictionnaire de l’Histoire, art. Église, pp. 244-245).
           
        Au fond, principalement par et avec le système concordataire universel dérivé du Concordat, il ne s’agit ni plus ni moins que de la refonte générale, la recréation, religieuse après celle politique, d’un NOU­VEAU MONDE, novus ordo sæculorum, sorti de… la Révolution. Rohrbacher s’en rend bien compte lui aussi, de son côté, lorsqu’il commente ainsi la suppression en corps d’institution de tous les évêques français lors du Concordat : "Il s’agissait d’une opération unique dans l’histoire ; il s’agissait, par un même acte, d’anéantir tout un monde et d’en créer un autre" (Histoire, etc., Rohrbacher, t. XXVII, pp. 578-579). Après le Concordat de 1801, les églises nationales de tous les pays vont donc très-véritablement devenir, les unes après les autres, par contagion, contamination, au moyen de multiples concordats passés avec elles sur le modèle français napoléonien pendant tout le XIXe siècle et encore le XXe, politiquement parlant des églises de la Révolution plus que des églises catholiques : par le seul système concordataire, elles seront en effet toutes obligées de reconnaître comme légitimes, valides, des pouvoirs politiques… constitutionnellement athées et non-ordonnés constitutionnellement à la poursuite du Bien commun. Le système concordataire napoléonien élargi à toute l’orbe catholique va faire en effet, comme le dit très-bien Hippolithe Taine, une RECRÉATION de l’Église universelle, ce qui est très-visible en France.
           
        Le Concordat en France en effet, supprime en corps d’institution et par un seul acte, TOUTE l’église nationale, radicalement, par la démission obligée de TOUS ses évêques exigée par Pie VII dans le Concordat, poussé à cela par Napoléon à qui il cédait tout et le reste, et le reste du reste. C'est en toutes lettres dans les art. 3 & 4, ainsi formulés : "Sa Sainteté déclare aux titulaires des évêchés français qu'elle attend d'eux avec une ferme confiance, pour le bien de la paix et de l'unité, toute espèce de sacrifices, même celui de leurs sièges. D'après cette exhortation, s'ils se refusaient à ce sacrifice, commandé par le bien de l'Église (refus, néanmoins, auquel sa Sainteté ne s'attend pas), il sera pourvu par de nouveaux titulaires au gouvernement des évêchés de la circonscription nouvelle, de la manière suivante : Article 4. Le premier Consul de la République nommera, dans les trois mois qui suivront la publication de la bulle de sa Sainteté, aux archevêchés et évêchés de la circonscription nouvelle. Sa Sainteté conférera l'institution canonique suivant les formes établies par rapport à la France avec le changement de gouvernement".
           
        Or, rappelons-nous que lesdits évêques destitués en corps de nation par Pie VII de cette manière scandaleusement superficielle et tellement désinvolte qu'on voit dans le Concordat, étaient les successeurs légitimes de ceux gallo-romains puis mérovingiens qui fondèrent la France non seulement religieuse, mais celle sociale et encore bien celle purement politique ! Ce sont eux en effet qui élevèrent politiquement Clovis à la royauté sur une Gaule virtuellement Unie pour commencer, créant ainsi ce que le géant romain n'avait pu faire ! En vérité, comment mieux montrer qu’on voulait détruire complètement, radicalement, la France RÉELLE, c’est-à-dire celle sacrale, aux fins et profit de la nouvelle fondation d’une AU­TRE France religieuse et politique non-réelle, car faite de main d’hommes et non-sacrale ! Et c'était le pape qui mettait le plus et le mieux la haute-main à cela !! La France politique réelle est en effet très-véritablement née par un acte collectif des évêques gallo-romains derrière saint Rémy de Reims, c’est historique (cf. mon ouvrage L’extraordinaire conversion de Clovis ou le devoir catholique de NE PAS voter, au lien suivant : http://www.eglise-la-crise.fr/images/pdf.L/L'extraordinaireConversionDeClovis.pdf), évêques gallo-romains dont justement les évêques de Louis XV et Louis XVI, que le pape démissionnait tous de force comme des malpropres, étaient les légitimes successeurs ! En fait, le pape Pie VII, perverti de républicanisme et même de démocratie, tirait là sacrilègement un trait annihilateur sur la France réelle, religieuse mais encore politique, d’ailleurs sans même se rendre compte de ce qu'il faisait, tel un vil barbare, un méprisable vandale qui ne sait pas penser, un sanglier dévastateur qui ravage la Vigne du Seigneur, ô douleur et mille hontes !
           
        On a parlé, après le concile Vatican II, pour définir ce qu’était devenue l’Église, d’"église conciliaire", le mot est du cardinal Benelli dans une lettre écrite à Mgr Lefebvre en 1976, je crois qu’on ferait tout aussi bien de parler d’"église concordataire" pour définir l’Église après le Concordat de 1801. C'est-à-dire une Épouse du Christ désormais "faite péché pour le salut", sous "la puissance des ténèbres", soit concordataires, soit conciliaires.
           
        "Église universelle concordatisée avec le monde néo-païen" par le Concordat napoléonien et tous ceux qui le suivirent sur sa damnée lancée. Je pourrai tout aussi bien dire : "monde ecclésialement concordatisé". Tant il est vrai que le mystère de l'Antéchrist est un mystère de symbiose entre le monde et l'Église, devenus ensemble par copulation spirituelle la grande Prostituée de Babylone dénoncée par saint Jean dans l'Apocalypse.
           
        Le 20 juin 2000, dans un article intitulé Presque tous les pays ont signé des concordats avec Rome, l'agence de presse catholique Zenit relatait ce qui suit, du plus haut intérêt : "Dans le monde entier, les pays désirent plus que jamais entretenir des relations stables avec le Vatican. Ce désir se traduit par un nombre extraordinaire de «concordats» signés entre Rome et les autres capitales au cours de ces dernières années. Entre 1950 et 1999, 128 concordats ont été signés entre Rome et différents états. Ce chiffre a été rendu public lors d'un congrès international organisé par l'Université Pontificale de la Sainte Croix à Rome : celle-ci a réuni en un seul volume tous les concordats signés au cours de ces cinquante dernières années. Au cours des 9 années qui viennent de s'écouler, le Vatican a signé 43 concordats avec d'autres états. Ce nombre important est en partie dû au fait qu'après la chute du Mur de Berlin, d'anciens pays communistes se sont hâtés d'établir des relations diplomatiques avec Rome, afin que l'Église catholique sorte de l'illégalité [… inutile de préciser que ces "anciens pays communistes" ne sont pas constitutionnellement catholiques]. À leur suite, d'autres nations du Moyen-Orient, de l'Asie et de l'Afrique sont venues frapper à la porte de Rome pour établir des accords juridiques. Il s'agit d'un véritable marathon, avec en moyenne 19 concordats par an [!]. Antérieurement à 1989, c'est surtout avec des pays européens et des pays d'Amérique latine que le Vatican a signé des accords internationaux"  (http://www.zenit.org/english/archive/0006/ZE000620.html ― la loi m’oblige à mettre en référence cette adresse Internet, cependant j’avertis le lecteur qu’elle est désormais invalide)…!
           
        … Mais, pour en revenir et rester à la question du jour, je pense avoir bien montré, et même surdémontré, pour ce cinquième point, que le Concordat de 1801 est doté de la note d'universalité, son enseignement doctrinal quant aux Mœurs ayant en effet une résonnance et un écho formels pour le monde entier. Pour employer le juste mot de Dom Paul Nau : la nation française est "moins l’ultime destinataire [du Concordat] que le porte-voix ou l’amplificateur [de celui-ci en direction des autres nations]". Ce qui, d’ailleurs, rentre fort bien dans le cadre de sa mission divine auprès des peuples… une mission divine qui, depuis la Révolution, marche sataniquement à l’envers, "face de Dieu dans les ténèbres" (Léon Bloy, à propos de Napoléon), mais qui marche toujours, tant il est vrai que "les dons et la vocation de Dieu sont sans repentance" (Rom XI, 29).
           
        Comme, d’autre part, on a vu dans les quatre premiers points que le Concordat est un acte pontifical qui ressort du Magistère ordinaire quant aux Mœurs, alors, avec le Concordat, nous sommes bel et bien en présence d’un acte magistériel pontifical ordinaire… et universel. Ce qui signifie qu'il est intégré par le fait même, ipso-facto, dans les actes magistériels dotés de l'infaillibilité ecclésiale.
           
        Le Concordat n'est d'ailleurs pas noté de la note d'universalité seulement en aval, comme s'adressant à l'universalité des fidèles, mais parce qu'il est promulgué et promu en amont par l'universalité des "membres enseignants" d'une génération ecclésiale donné una cum le pape. Il est donc vraiment universel par tous les côtés. Je faisais en effet remarquer plus haut que Chiaramonti avait été élu au Siège de Pierre alors que les cardinaux connaissaient fort bien son sermon scandaleusement républicain-démocrate ; ce qui signifiait que plus des deux/tiers des cardinaux était déjà convertis à cette hérésie du rejet du criterium catholique de validité des sociétés politiques enseigné par saint Paul en Rom XIII, lorsque Pie VII monte sur le Siège de Pierre. En fait, disais-je, Chiaramonti fut élu pape par ses pairs cardinaux en 1800... pour signer le Concordat. On en a la preuve par le fait que "la petite, puis la grande Congrégation [commissions cardinalices ad hoc que Pie VII avait créées pour régler la question du Concordat], et même tout le Sacré-Collège" (DTC, art. Concordats, col. 754), approuvèrent comme un seul homme le Concordat, après quelques discussions rapides sur certains articles…
           
        Le Concordat est très-véritablement un acte du Magistère pontifical ordinaire & universel de soi doté de l'infaillibilité.
           
        Par-là même, comme je le disais plus haut, l'Église rentre dans l'économie de la Passion du Christ, elle est "faite péché pour notre salut" (II Cor V, 21), dans une "si grande contradiction" (He XII, 3), et sous "la puissance des ténèbres" (Lc XXII, 53).
           
        Depuis le Concordat, depuis le 15 juillet 1801 donc, nous sommes dans "LA PASSION DE L'ÉGLISE" sous le rapport des Mœurs. En attendant que la corruption des Mœurs pénètre la Foi dans un acte formel d'Église, lui aussi commis théologiquement dans le cadre du Magistère ecclésial infaillible, en écho du Concordat, véritable réponse du berger à la bergère, et ce sera, un siècle et demi plus tard, le 7 décembre 1965, la Liberté religieuse de Vatican II qui le sera.
 
 
 
À suivre, dans la troisième & dernière page :
Les Mœurs ecclésiales concordataires
avec les États modernes athées,
sont la cause première de "la crise de l'Église" ;
la subversion de la Foi à Vatican II
n'en est que le fruit pourri
(3)
 

https://www.eglise-la-crise.fr/index.php/fr/component/joomblog/post/les-moeurs-ecclesiales-concordataires-avec-les-etats-modernes-athees?Itemid=154

 
 
 

08-05-2020 07:59:00
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